MASTER ALIMENTATION · 1 MASTER ALIMENTATION Parcours « Sienes Soiales Appliuées à...
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MASTER ALIMENTATION
Parcours « Sciences Sociales Appliquées à l’Alimentation »
MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE
L’aide alimentaire en France,
appliquée aux épiceries sociales et solidaires
Présenté par :
Lucie SERRES
Année universitaire : 2013 - 2014 Sous la direction de : Christophe Serra-Mallol
UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II - LE MIRAIL
INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME,
DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION
3
L’ISTHIA de l’Université de Toulouse Le
Mirail n’entend donner aucune
approbation, ni improbation dans les
projets tutorés et mémoires de
recherche. Ces opinions qui y sont
développées doivent être considérées
comme propres à leur auteur(e).
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« Aujourd’hui, on a plus le droit ni
d’avoir faim, ni d’avoir froid.
Dépasser le chacun pour soi, je pense
à toi, tu penses à moi. »
Chanson des Restos du Cœur, fondés
par Coluche.
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Remerciements
Je tiens à remercier mon responsable de mémoire, Monsieur
Christophe Serra-Mallol, pour sa disponibilité et son
accompagnement tout au long de ma réflexion. Ainsi que
l’ensemble du personnel de l’ISTHIA, et plus
particulièrement les professeurs et les intervenants de cette
année de Master 1 en Sciences Sociales Appliquées à
l’Alimentation.
Je tiens également à remercier chaleureusement Céline
Vernhes pour son accueil dans le réseau ANDES, et la
bienveillance de l’ensemble des intervenants au sein des
épiceries sociales et solidaires de Toulouse, Tarbes, Auch,
Gaillac et Castres.
Je tiens enfin à remercier Ingrid, Manon, Justine et Ibrahim,
mes collègues et amis pour leur présence et leur soutien
tout au long de cette année.
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Sommaire
I. Contextualisation de l’aide alimentaire en France. ........................................................ 11
I.1. Principales notions associées à l’aide alimentaire. ........................................................... 11
I.1.1. La pauvreté et la précarité. ........................................................................................ 11
I.1.2. La sécurité et l’insécurité alimentaire. ...................................................................... 12
I.1.3. La définition et les modalités d’accès à l’aide alimentaire. ....................................... 14
I.2. Enjeux actuels de l’aide alimentaire. ............................................................................... 17
I.2.1. Les acteurs de l’aide alimentaire. .............................................................................. 17
I.2.2. Les bénéficiaires de l’aide alimentaire. ..................................................................... 25
II. Alimentation des bénéficiaires de l’aide alimentaire. .................................................... 29
II.1. Construction des hypothèses de recherche. ..................................................................... 29
II.1.1. Approche économique. ............................................................................................. 29
II.1.2. Approche nutritionnelle............................................................................................. 32
II.1.3. Approche sociologique de l’alimentation .................................................................. 33
II.2. Vérification des hypothèses. ............................................................................................. 37
II.2.1. Hypothèse 1 : Le libre choix et la participation financière donnent une place
d’acteur aux bénéficiaires. ....................................................................................................... 38
II.2.3. Hypothèse 2 : Les ateliers de cuisine et les repas partagés permettent la création
de lien social. ............................................................................................................................ 44
III. Méthodologie probatoire. ................................................................................................ 52
III.1. Focus groupe. .................................................................................................................... 52
III.2. Entretien individuel semi-directif. ..................................................................................... 57
III.3. Observation. ...................................................................................................................... 63
Bibliographie ............................................................................................................................. 69
Annexe A : Composition du focus groupe. ............................................................................... 72
Annexe B : Retranscription du focus groupe. ........................................................................... 73
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Introduction générale
La volonté d’approfondir la notion d’aide alimentaire est venue de ma sensibilité à la
thématique de la précarité. Le choix de mon stage de licence en Sciences Sociales
Appliquées à l’Alimentation s’est alors tourné tout naturellement vers une structure
d’aide alimentaire. Et c’est au côté de l’Association Nationale pour le Développement des
Epiceries Solidaires (ANDES) que j’ai eu l’opportunité de découvrir une forme d’aide
alimentaire relativement nouvelle. Crées à la fin des années 1990, ces épiceries peuvent
aujourd’hui si elles le souhaitent, devenir membre de ce réseau national. Cette
expérience riche humainement m’a également montré que l’aide alimentaire actuelle
tend à s’inscrire dans une volonté plus globale d’inclusion sociale, et dans « le respect du
goût, des cultures et des habitudes »1 de chacun des individus.
Nous pouvons lire au début de cet hiver : «Les Restos du cœur passent la barre du
million d'inscrits »2. Qu’y a-t-il à comprendre dans ce nouveau record ? Sinon tenter de
répondre au mieux aux besoins alimentaires de l’ensemble de la population en France.
L’aide alimentaire peut être appréhendée au travers des sciences sociales, et plus
particulièrement de l’approche sociologique qui se positionne à l’interface de l’individuel
et du collectif. Nous nous interrogerons sur les déterminants sociaux de la précarité, ainsi
que sur la prise en considération des individus en situation d’exclusion sociale en tant
qu’acteurs de la société à part entière. Cela nous amène à la question de départ suivante:
De quelle manière l’aide alimentaire française est-elle le reflet d’une volonté nationale ?
Autrement dit, comment le collectif prend t-il en charge les modalités d’application du
droit à l’alimentation ?
Pour y répondre, nous commencerons par contextualiser l’aide alimentaire française au
travers des principales notions qui y sont associées et de ses enjeux actuels. Pour ce faire,
nous nous pencherons sur l’interaction entre les différents acteurs composants ce
système. Ce cadrage théorique permettra de formuler notre problématique de recherche.
1http://www.epiceries-solidaires.org/l_historique.shtml (consulté le 10-02-2014)
2http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/12/19/01016-20131219ARTFIG00376-les-restos-du-coeur-passe-la-
barre-du-million-d-inscrits.php (consulté le 19-12-2013)
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Ensuite, nous nous intéresserons à l’alimentation des bénéficiaires de l’aide alimentaire,
et plus particulièrement des épiceries sociales et solidaires. Cela afin d’étudier des
notions appliquées à l’aide alimentaire telles que le libre choix, la participation financière
ou le lien social. Cette deuxième partie se construira autour des hypothèses de recherche.
Enfin, une méthodologie probatoire sera proposée dans l’objectif de développer cette
réflexion par la suite. Elle fera appel à des outils de recueil de données qualitatives tels
que l’entretien semi-directif, le focus groupe ou l’observation.
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I. Contextualisation de l’aide alimentaire en France.
Dans un premier temps, nous allons définir notre objet d’étude qu’est l’aide
alimentaire en France au travers des principales notions qui y sont associées. Puis, nous
chercherons à mieux appréhender les acteurs de ce système, afin de dégager les
principaux enjeux de l’aide alimentaire. Enfin, nous nous intéresserons de plus près au
mangeur précaire.
I.1. Principales notions associées à l’aide alimentaire.
Le cadrage théorique sur l’aide alimentaire a pour objectif de rompre avec les prés-
notions. Les définitions qui y sont associées permettront ainsi d’appréhender la
complexité de cet objet d’étude.
I.1.1. La pauvreté et la précarité.
Du fait de ces formes multiples, la notion de pauvreté est complexe à
appréhender. Une définition sociologique de la pauvreté (PAUGMAN, 2005) distingue
trois approches statistiques parmi lesquelles l’approche monétaire, l’approche subjective
et l’approche par les conditions de vie. Au travers d’un regard d’expert, la première
approche s’intéresse au strict revenu des ménages. La deuxième prend en compte les
déclarations de l’individu quant à sa situation financière et son bien-être. Enfin, la
dernière approche se penche sur l’effet cumulatif des inégalités et se demande dans
quelle mesure l’individu a-t-il la possibilité de participer à la vie sociale.
Le paradigme de la pauvreté fait référence à une situation de manque (BRESSON, 2007).
Elle peut être d’ordre économique et matériel, mais également sociale et affective.
Le paradigme de la précarité (BRESSON, 2007) s’inscrit dans le processus de
mondialisation et de modernisation de nos sociétés. Aujourd’hui, les représentations
sociales véhiculées correspondent à une « société du risque », c'est-à-dire
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qu’objectivement le risque n’a jamais été si bas. Et pourtant, il occupe une place de plus
en plus importante dans l’esprit des individus. Les dynamiques sociales et politiques de la
modernité font alors référence à un processus d’individualisation, ce dernier amenant à
une incertitude généralisée.
A partir du rapport « Grande pauvreté et précarité économique et sociale », le Conseil
économique et social (CES) définit la pauvreté et la précarité en 1987 :
« La précarité est l’absence d’une ou plusieurs des sécurités, notamment celle de l’emploi,
permettant aux personnes et familles d’assumer leurs obligations professionnelles,
familiales et sociales, et de jouir de leurs droits fondamentaux. L’insécurité qui en résulte
peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et
définitives. Elle conduit à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de
l’existence, qu’elle devient persistante, qu’elle compromet les chances de réassumer des
responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir prévisible ».
Le droit à l’alimentation s’inscrit tout particulièrement dans ces droits fondamentaux. La
notion de précarité est à différencier de la pauvreté qui s’installe dans le temps,
atteignant plusieurs domaines de l’existence tels que l’hébergement, l’alimentation ou la
santé.
La précarité correspond ainsi à un état transitoire d’insécurité, parmi lesquelles
l’insécurité alimentaire.
I.1.2. La sécurité et l’insécurité alimentaire.
La première définition de la sécurité alimentaire est posée par le Sommet mondial
de l’alimentation en 1974, puis elle est reprise et élargie en 1996 :
« La sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont
économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre
et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour
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leur permettre de mener une vie active et saine ». (Sommet mondial de l’alimentation,
1996)
La sécurité alimentaire est ainsi appréhendée en terme d’accès à l’alimentation. Elle peut
être fonction de la situation économique de l’individu, mais également de ses capacités
physiques ou de son environnement social. Le concept de sécurité alimentaire est ainsi
multidimensionnel, s’articulant autour d’une sécurité quantitative, sanitaire et
nutritionnelle.
La sécurité alimentaire repose alors sur quatre piliers (BURNIER et DUBOIS, 2012) :
- L’accès à l’alimentation est la capacité à produire ou à acheter son alimentation,
grâce à un savoir faire et des moyens de production ou à un pouvoir d’achat
suffisant.
- La disponibilité alimentaire correspond à la quantité de denrées alimentaires
présentes sur le marché, pour couvrir l’ensemble des besoins de l’individu.
- La qualité de l’alimentation correspond à l’ensemble des besoins nutritionnels
d’un individu, c'est-à-dire ses besoins énergétiques et ses besoins en
micronutriments (fer, iode, vitamine A...). A cela s’ajoute la qualité sanitaire des
aliments, autrement dit leur innocuité sur la santé. Au travers de ses préférences
alimentaires, le point de vue du mangeur est également pris en compte, en
s’appuyant sur les dimensions hédonistes, sociales et culturelles de l’alimentation.
- La régularité d’accès, de disponibilité et de qualité alimentaire est également
nécessaire. Elle peut alors se retrouver confrontée à l’instabilité des prix et des
revenus.
Si les conditions préalablement définies par la sécurité alimentaire ne sont pas
réunies, nous nous trouvons dans une situation d’insécurité alimentaire.
L’insécurité alimentaire correspond à une incapacité économique, sociale ou physique à
répondre aux besoins quantitatifs et qualitatifs de l’alimentation humaine (HERVIEU,
2012). S’y ajoute la notion de préférence alimentaire qui correspond aux choix des
individus en fonction de leurs goûts. Cependant, les individus touchés par l’insécurité
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alimentaire ne se limitent pas aux seuls utilisateurs de l’aide alimentaire, même si cette
représentation reste encore largement répandue en France (BOCQUIER, CAILLAVET,
DARMON et VIEUX, 2010).
L’Etude ABENA (CESAR, 2007) réalisée en 2004-2005 par l’Institut de veille sanitaire (InVS)
interroge l’alimentation et l’état nutritionnel des bénéficiaires de l’aide alimentaire.
L’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) poursuit cette réflexion au
travers de l’Enquête Individuelle sur les Consommations Alimentaires (INCA2) en 2006-
2007. Elle cherche ainsi à distinguer différentes causes d’insécurité alimentaire. La
« situation d’insécurité alimentaire pour raisons financières » représente 12,2 % des
adultes en France. Ces études soulignent la place majeure que représente cette aide dans
l’alimentation des bénéficiaires.
Notons que l’aide alimentaire de nos sociétés modernes correspond à l’ensemble
des dispositifs mis en place pour réduire les situations d’insécurité alimentaire. C’est
pourquoi nous avons défini, dans un premier temps, les notions de pauvreté et de
précarité, de sécurité et d’insécurité alimentaire. Cela nous amène à la définition même
de l’aide alimentaire et aux critères pour y accéder.
I.1.3. La définition et les modalités d’accès à l’aide alimentaire.
L’aide alimentaire est un système complexe qui fait appel à diverses notions telles
que l’économie, le droit ou la sociologie. Dans un premier temps, il est nécessaire de la
définir afin d’en dégager les enjeux actuels.
A l’origine les structures traditionnelles d’assistance fournissent une aide alimentaire
d’urgence (PAUGMAN, 2013). Les premières banques alimentaires sont alors crées en
1984, en France, pour compléter le système d’aide sociale mis en place. Cette aide
ponctuelle s’est ensuite étendue dans le temps, devenant régulière pour certains. De
plus, le public s’est élargit, passant de l’accueil des individus en situation de pauvreté
installée à celui des individus en situation de précarité.
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Le droit français définit l’aide alimentaire pour la première fois le 27 juillet 2010. Au
travers de la Loi n°2010-874 de modernisation de l’agriculture et de la pêche (LMAP), il
apporte un cadre de fonctionnement à l’aide alimentaire en France. L’Article L. 230-6 du
Code Rural nous dit « L’aide alimentaire a pour objet la fourniture de denrées alimentaires
aux personnes les plus démunies ».
D’après le Conseil National de l’Alimentation, l’aide alimentaire s’adresse aux individus en
situation de précarité et vise les objectifs suivants (HERVIEU, 2012) :
- répondre à des situations d’urgence ;
- offrir une alimentation diversifiée, de qualité et en quantité suffisante ;
- inciter la personne démunie à prendre soin d’elle, dans un processus de
« renarcissisation » ;
- éviter le gaspillage ;
- constituer un outil d’inclusion sociale, voire économique.
Afin d’avoir une meilleure visibilité des besoins réels et des enjeux actuels de l’aide
alimentaire, une habilitation et des indicateurs d’activités sont aujourd’hui nécessaires à
toute structure percevant des contributions publiques. La LMAP a pour l’objectif de
« garantir la fourniture de l’aide alimentaire sur une partie suffisante du territoire et sa
distribution auprès de tous les bénéficiaires potentiels, d’assurer la traçabilité physique et
comptable des denrées et de respecter de bonnes pratiques d’hygiènes relatives au
transport, au stockage et à la mise à disposition des denrées ». L’accent est mis dans ce
texte de loi sur la sécurité sanitaire des aliments. Cela signifie que les denrées
alimentaires distribuées par l’aide alimentaire ne doivent pas représenter un risque pour
la santé des consommateurs.
Nous appellerons « bénéficiaire » toute personne s’approvisionnant sur une période
donnée, au moins une fois dans une structure d’aide alimentaire. De ce fait, les individus
en situation d’insécurité alimentaire n’y sont pas tous représentés ; certains pouvant être
plus marginalisés ou faire appel à d’autres formes de solidarité.
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L’accès à l'aide alimentaire est soumis à « l’étude de la situation économique du
demandeur et de sa famille ou à une situation avérée de vulnérabilité ou de fragilité
passagère » (HERVIEU, 2012).
Pour les Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS) et les Centres Intercommunaux
d’Action Sociale (CIAS) différents critères d’éligibilités à l’aide alimentaire entrent en jeux.
Ceci permet d’effectuer un meilleur ciblage des publics accueillis. Nous retrouvons ainsi
des critères de résidences, de ressources, de situation familiale et de statut du
demandeur. De manière plus générale c’est la notion de « reste à vivre » qui est centrale.
Ainsi, le rapport du Secours Catholique « Ressource, crise et pauvreté » le définit en 2009
de la manière suivante :
« Le reste à vivre individuel journalier de l'aide alimentaire résulte de la différence entre
les ressources et les dépenses contraintes. Les ressources sont : salaires, prestations
sociales, pensions, indemnités, retraites. Les dépenses contraintes sont : loyers et charges,
assurances et mutuelles, fluides (électricités, eaux, gaz, fuel), impôts, taxes et redevances,
téléphone et internet, transport (essence, carte bus-métro), scolarité, cantine, garde
d'enfants, remboursement de crédits. »
C’est le critère le plus souvent utilisé par les acteurs de l'aide alimentaire pour valider
l’accès des bénéficiaires. Cependant, son mode de calcul peut varier en fonction de la
structure d'accueil. Dans tous les cas, son calcul correspond de manière plus succincte à la
formule suivante : Reste à vivre = Ressources – Charges – Crédits.
Ainsi, nous avons pu observer que les notions associées à l’aide alimentaire
dépassent l’approche strictement économique. Cependant, les critères qui définissent
son accès se font sur cet indicateur seulement économique qu’est le reste à vivre.
La définition de cet objet d’étude qu’est l’aide alimentaire en France nous amène
à nous interroger sur les différents acteurs qui composent ce système.
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I.2. Enjeux actuels de l’aide alimentaire.
L’institutionnalisation de l’aide alimentaire correspond à une prise en charge par le
collectif de situations de vie plus personnelles. Ainsi, « les institutions régulatrices […]
vont circonscrire en termes de légitimité la conduite des acteurs » (PARSON, 2005).
Autrement dit, l’institutionnalisation permet dans une certaine mesure d’intégrer les
attentes et les comportements des différents acteurs.
I.2.1. Les acteurs de l’aide alimentaire.
L’aide alimentaire est un système à part entière, au sein duquel de nombreux acteurs
sont en interactions. Parmi lesquels nous retrouvons :
Les acteurs institutionnels :
- la Commission Européenne,
- les Ministères en charge de la cohésion sociale, de l’agriculture et de
l’alimentation,
- les collectivités territoriales,
- les Centres Communaux ou Intercommunaux d’Action Sociale (CCAS et CIAS).
Les associations caritatives.
Les acteurs économiques de la chaîne alimentaire.
Le grand public.
Nous nous intéresserons ici plus particulièrement aux programmes européens et
nationaux encadrant l’aide alimentaire afin d’en dégager les enjeux actuels. Nous
développerons également le mode de fonctionnement des CCAS et CIAS, ces acteurs
sociaux étant en lien directs avec une grande partie des bénéficiaires. Enfin, nous
proposerons un panorama des associations caritatives et des formes d’aides alimentaires
proposées aujourd’hui en France.
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I.2.1.1. Les acteurs institutionnels.
Les acteurs institutionnels correspondent à l’Union Européenne et aux pouvoirs
publics de la France. On y retrouve également les collectivités territoriales avec les
régions, les départements et les communes. Différents programmes ont été mis en place
tels que le Programme Européen d’Aide aux plus Démunis ou le Programme National
pour l’Alimentation.
Les acteurs des pouvoirs publics correspondent à la Commission Européenne et aux
instances gouvernementales de la France. Ces dernières s’articulent autour du Ministère
de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche, du ministère de la santé et du
secrétariat d’Etat au logement. Cet encadrement politique de l’aide alimentaire a donné
lieu à différents programmes que nous allons décrire et analyser.
Le Programme Européen d’Aide aux plus Démunis (PEAD) a été mis en place en
1987 afin de redistribuer des denrées aux populations les plus démunis. Les produits sont
issus d’un troc entre les excédants de stocks de la Politique Agricole Commune (PAC) et
des denrées fournis par l’agroalimentaire, suite à un appel d’offre européen. Ce
programme connait de nombreuses évolutions au fil des années. Notamment en 1995, où
le processus de réforme de la PAC a mené à une forte réduction de ces stocks. Une
allocation financière est alors allouée aux Etats membres pour effectuer des achats
directs de denrées sur le marché. Ainsi, la proportion de produits achetés est passée de
moins de 1% du budget total du PEAD avant 2005, à 85% en 2008. En 2011, il s’élevait à
72,7 millions d’euros pour la France.
Le Programme National d’Aide Alimentaire (PNAA) a été mis en place en 2004, par
le gouvernement français afin de palier à la diminution des stocks d’intervention de la
PAC. L’arrêt de la distribution de viandes cette même année a également motivé la mise
en place de ce programme afin de diversifier l’aide alimentaire. Il est géré par la Direction
Générale de la Cohésion Sociale et a pour objectif d’acheter des produits non fournis par
le PEAD dans une volonté de diversification de l’offre proposée aux bénéficiaires. Il
souhaite également soutenir les actions des associations caritatives dans une volonté
d’accompagnement et d’insertion des bénéficiaires. Il représente 7 à 10 millions d’euros
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par an. Notons une forte augmentation de ce budget à l’année 2008 avec près de 20
millions d’euros pour atténuer les effets de la crise économique et sociale.
Ces deux programmes sont ensuite répartis au travers des associations principales :
Tableau 1 : Nombre de bénéficiaires du PEAD/PNAA par association en 2010.
Associations Nombre de
bénéficiaires du
PEAD/PNAA
Fédération française des Banques
Alimentaires
740 000
Secours populaire français 1 344 669
Restos du Cœur 819 000
Croix-Rouge française 45 863
Source : Conseil National de l’Alimentation. Aide alimentaire et accès à l’alimentation des
populations démunies en France. Avis n°72 du 22 mars 2012. 131 pages.
Le Programme Alimentation et Insertion (PAI) a été mis en place suite au constat
de l’exclusion sociale des bénéficiaires de l’aide alimentaire et de l’importance des
déséquilibres nutritionnels et du taux d’obésité. Il a été présenté par Dominique Versini,
Secrétaire d’Etat chargée de la lutte contre la précarité et l’exclusion, le 16 septembre
2003, dans le cadre du Plan National de Lutte contre l’Exclusion. L’alimentation des
bénéficiaires est ici appréhendée en tant que porte d’entrée à la recréation de lien social.
C’est également l’opportunité de faire de la sensibilisation à l’équilibre alimentaire et aux
recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS). L’étude ABENA (2004-
2005) en a découlé, visant à analyser l’articulation entre les comportements alimentaires
des bénéficiaires et leurs conditions de vie.
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Le Programme National pour l’Alimentation (PNA) est issue de la LMAP de juillet
2010, dans une volonté de mise en œuvre d’une politique publique de l’alimentation. Son
premier axe est alors de faciliter l’accès de tous à une alimentation de qualité. Ce
programme vise les objectifs suivants :
- assurer l’accès économique à une alimentation sûre, diversifiée, en quantité
suffisante et de bonne qualité nutritionnelle et gustative ;
- mettre en place les conditions d’un libre choix de son alimentation selon ses
souhaits, ses contraintes et ses besoins nutritionnels.
L’ensemble de ces acteurs pose ainsi un cadre législatif de l’aide alimentaire. Cette
volonté collectivement partagée devra alors être mise en application au travers d’acteurs
de terrain.
Parmi les collectivités territoriales, c’est plus particulièrement les départements qui
définissent et mettent en œuvre la politique d’action sociale. Ils travaillent alors en liens
étroits avec les communes et plus spécifiquement les Centres Communaux ou
Intercommunaux d’Action Sociale.
L’aide alimentaire constitue l’intervention la plus fréquente parmi les actions de lutte
contre l’exclusion. La mission principale des communes, par le biais des CCAS et CIAS, est
la prévention et le développement social de la commune. Cela passe par l’analyse des
besoins sociaux de la population, l’accompagnement des démarches d’accès aux droits et
la mise en place d’aides autour de l’individu.
Les CCAS et CIAS ont diverses modalités d’action en terme d’aide alimentaire telles que
les chèques d’accompagnement personnalisés , les colis alimentaires, les bons d’accès à
une épicerie sociale ou l’aide à la restauration scolaire.
Ces acteurs de l’aide alimentaire sont également en interaction avec les
associations caritatives présentes sur le terrain. Ils se doivent d’être en cohésion et
complémentaires.
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I.2.1.2. Les associations caritatives.
Les associations caritatives participent au système de distribution direct de l’aide
alimentaire. Elles sont de type loi 1901, c'est-à-dire qu’elles ne génèrent pas de profil en
dehors d’investissements participants directement à leur fonctionnement.
Le PEAD et le PNAA placent les denrées issues de l’aide alimentaire sous la responsabilité
directe des pourvoir publics. Leur transport, leur stockage et leur distribution est ensuite
assurée par des associations dites « tête de réseau ». Cette organisation s’est mise en
place en 1987 suite au PEAD, au travers de quatre associations dites « tête de réseau ».
Ces dernières ont accès aux denrées issues des programmes d’aide alimentaire européens
et nationaux. Elles réalisent également des opérations de collectes et d’achats grâce aux
dons.
Leur fonctionnement peut légèrement varier d’une association à l’autre, avec des formes
d’aides diversifiées.
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Tableau 2 : Les associations « tête de réseau ».
Association Fonctionnement Formes d’aide
alimentaire
Participation
financière
Fédération
française
des Banques
Alimentaires
Représente, coordonne
et anime le réseau des
79 Banques
Alimentaires.
Récupère des denrées
auprès de l’industrie
agro-alimentaire et de la
distribution.
En partenariat avec
d’autres associations
et
CCAS/CIAS :
- Paniers repas
- Epiceries
- Repas chauds
et collations
Revente des
denrées aux
associations à un
prix minime.
Secours
populaire
français
Aide alimentaire comme
porte d’entrée dans une
approche globale de
l’individu.
Volonté de renforcer le
lien social.
- Libres-services
- Paniers repas
- Maraudes
Participation
financière
symbolique.
Restos du Cœur Permettre l’accès à une
alimentation en quantité
et en qualité.
Suivi des familles dans
une démarche de
réinsertion.
- Paniers repas
- Repas chauds
- Aide spécifique
bébés
Aide gratuite.
Croix-Rouge
française Distribution alimentaire
adaptée aux besoins.
- Paniers repas
- Repas chauds
- Maraudes
Aide gratuite ou
à un prix
symbolique.
Source : Conseil National de l’Alimentation. Aide alimentaire et accès à l’alimentation des
populations démunies en France. Avis n°72 du 22 mars 2012. 131 pages.
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Suite à la LMAP de 2012, un arrêté du 25 février 2013 liste les structures de droit
privé habilitées au niveau national pour recevoir des contributions publiques destinées à
la mise en œuvre de l'aide alimentaire. Ainsi, l’Association Nationale pour le
Développement des Epiceries Solidaires (A.N.D.E.S) a reçu cette habilitation et peut à son
tour habiliter les épiceries sociales et solidaires membres de son réseau.
Cette habilitation vise les objectifs suivants3 :
- permettre aux épiceries solidaires de recevoir des contributions publiques au titre
de leur activité d'aide alimentaire, ainsi que les denrées du PNAA et du PEAD ;
- éviter à ces épiceries les formalités d'habilitation régionale ;
- attester du professionnalisme des structures, en particulier en termes de normes
d'hygiène et de traçabilité.
Ainsi, les épiceries sociales et solidaires sont nées il y a près de 20 ans, à l’initiative
des communes et des associations sur le terrain. Elles permettent aux personnes en
situation de précarité de faire leurs courses à hauteur d’une participation financière de 10
à 30% du prix du marché. Ce mode de fonctionnement cherche ainsi à sortir du modèle
de l’assistanat, en permettant de revaloriser le bénéficiaire dans une dynamique de
réappropriation de la gestion de leur budget. Les sommes économisées pourront alors
être réinvesties dans d’autres postes de dépenses (logement, énergies…) ou permettront
le remboursement de dettes.
Les épiceries « sociales » voient le jour sous l’impulsion des municipalités ou des
communautés des communes. C’est pourquoi, elles sont gérées principalement par les
CCAS et CIAS. D’une autre part, les épiceries « solidaires » correspondent à « un
regroupement d’individualités ou d’associations qui font appel à des financements
croisés » (HERVIEU, 2012). La distinction entre ces deux formes d’épiceries tend à
s’effacer, les CCAS et CIAS participants à l’exploitation et au financement d’une grande
partie d’entre elles afin de pérenniser leur fonctionnement.
3 http://epiceries-solidaires.viabloga.com/news/habilitation-nationale-de-l-a-n-d-e-s (consulté le 22-02-2014)
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Ce dispositif est aujourd’hui en développement et s’inscrit dans une volonté
d’autonomisation des bénéficiaires. Cette forme d’aide alimentaire est complémentaire à
celles précisées précédemment ce qui demande une concertation des acteurs locaux.
Les épiceries sociales et solidaires se veulent au delà de la stricte aide alimentaire en
proposant un lieu d’accueil, d’écoute et d’échanges. Diverses animations sont alors
proposées : des ateliers de cuisine, de diététique ou de gestion de budget. Cet ensemble
s’inscrit dans une volonté de création de lien social.
Ces différentes associations caritatives proposent alors des formes d’aides
alimentaires particulières.
I.2.1.3. Les formes de l’aide alimentaire.
L’ensemble des associations caritatives propose différentes formes d’aides
alimentaires en fonction des particularités des individus dans leurs modes de vie.
L’objectif visé est de s’approcher au plus près de la complexité de leurs besoins.
25
Tableau 3 : Les formes d’aide alimentaire.
Forme de l’aide Fonctionnement Choix alimentaire Apports spécifiques
Paniers / Colis Permet à une famille
de faire des repas
complets pour 1 à 2
semaines.
Préparé à
l’avance ou
constitué par le
bénéficiaire.
Denrées alimentaires
équilibrées.
Repas chauds Destiné à des
personnes sans abri
ou isolées.
Pas de choix.
Aller vers les individus
en rupture avec la
société.
Bons d’achat
d’urgence
Achats auprès
d’enseignes locales
en coopération.
Libre choix ou
dédié à une
famille d’aliment.
Aide d’urgence.
Epiceries sociales et
solidaires, Libres-
services de la
solidarité
Achats à hauteur de
10 à 30% du prix du
marché.
Liberté de choix. Favorise l’autonomie
des bénéficiaires.
Source : Conseil National de l’Alimentation. Aide alimentaire et accès à l’alimentation des
populations démunies en France. Avis n°72 du 22 mars 2012. 131 pages.
Le bénéficiaire de l’aide alimentaire appartient alors à un système à part entière. Il est
au croisement de ces interactions entre les différents acteurs de l’aide alimentaire.
I.2.2. Les bénéficiaires de l’aide alimentaire.
Le profil des bénéficiaires de l’aide alimentaire est large et hétérogène. Nous
retrouvons des étudiants et des personnes âgées, des salariés et des chômeurs, des
personnes sans domicile fixe et des familles. L’Institut de Conseil, Sondage et
26
Analyse (CSA), en collaboration avec la Fédération française des Banques Alimentaires
(FFBA) nous apporte des éléments d’éclaircissement grâce à son baromètre biannuel4.
En 2010, les travailleurs représentent 26% des bénéficiaires de l’aide alimentaire. La part
des chômeurs est quant à elle de 19%. Parmi les bénéficiaires de l’aide alimentaire, 70%
vit avec moins de 1000 € nets par mois, par individu. L’augmentation du chômage est
associée à une plus forte part des contrats à durée indéterminée ou des emplois à temps
partiel. Cela met le doigt sur une forme de précarisation de l’emploi.
Certaines situations de vie peuvent aboutir à une situation de précarité. Ainsi, les
personnes seules avec enfant représentaient 25% des bénéficiaires en 2006, passant à
53% en 2010. De plus, les personnes séparées, divorcées, veuves ou célibataires sont
passées de 47% en 2008, à 72% en 2010. Ici, la précarisation semble être causée par une
forme de rupture familiale.
Nous observons également ces dernières années, une proportion de retraités en
augmentation. Parmi les causes de précarisation se trouvent également la maladie et le
handicap.
L’étude de l’Union Nationale des Centres Communaux d’Action Sociale (UNCCAS)5 de
2011 confirme cette tendance. Avec une augmentation de ces catégories de publics : les
personnes en situation d’emploi, les retraités et les familles monoparentales.
L’étude ABENA cherche alors à replacer l’alimentation des bénéficiaires dans des
trajectoires plus larges. Elle dégage trois catégories d’organisation alimentaire :
- Les personnes « dépendantes » de l’aide alimentaire, qui sont en particulier les
demandeurs d’asiles ou « sans papier » s’inscrivant dans une trajectoire migrante.
- Les personnes « assistées » de l’aide alimentaire disposant d’un reste à vivre
supérieur à 3 €. Elles vont ainsi développer des stratégies d’approvisionnement en
privilégiant le rapport prix/calorie. Cela nécessite une certaine mobilité et une
capacité à transformer les produits frais.
4 Baromètre 2010 des Banques Alimentaires. http://www.banquealimentaire.org/sites/default/files/dp_csa_2010.pdf.
5 Guide « L’aide alimentaire des CCAS en pratique ». Octobre 2011. www.unccas.org.
27
- Les personnes « soutenues » par l’aide alimentaire viennent chercher un
complément d’approvisionnement, cela afin de redistribuer les dépenses vers
d’autres postes.
L’aide alimentaire est donc un système complexe au sein duquel de nombreux
acteurs entrent en interaction. Il s’adresse à des personnes en situation d’insécurité
alimentaire, mais vise le plus souvent un objectif plus large d’inclusion sociale.
Cela nous amène à la problématique suivante : En quoi faire du bénéficiaire de
l’aide alimentaire un acteur, peut-il être créateur de lien social ? Pour y répondre, nous
nous intéresserons au mangeur précaire et plus particulièrement à son alimentation. Afin
de répondre à cette problématique nous formulerons des hypothèses de recherches,
appliquées à une forme d’aide alimentaire particulière : les épiceries sociales et solidaires.
29
II. Alimentation des bénéficiaires de l’aide alimentaire.
Comme nous avons pu le voir précédemment, l’aide alimentaire est un système
complexe faisant appel à différentes notions et au sein duquel de nombreux acteurs
interagissent. Cette deuxième partie, s’intéressera plus particulièrement au mangeur
précaire et à l’alimentation des bénéficiaires de l’aide alimentaire. Pour ce faire nous
étudierons leur alimentation au travers des approches économiques, nutritionnelles et
sociologiques. Puis, nous tenterons de répondre à nos hypothèses de recherche.
II.1. Construction des hypothèses de recherche.
L’accès à l’aide alimentaire se fait principalement sur les données économiques
associées à un contexte de précarité. Le croisement de différentes approches concernant
l’alimentation des populations précaires, nous permettra de dégager les principaux
enjeux associés au fait de recourir à une aide alimentaire. Les préférences du mangeur,
comme du mangeur précaire « légitiment l’approche pluridisciplinaire obligeant chaque
spécialiste à penser son approche comme complémentaire à celle des autres » (CORBEAU,
2007).
II.1.1. Approche économique.
Le nombre de bénéficiaires de l'aide alimentaire est calculé à partir des
d'informations transmises par les associations caritatives dites « têtes de réseau ». De ce
fait, seules les personnes ayant recours à l'aide alimentaire sont comptabilisées. Selon
l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), ils seraient 3,5
millions d'individus à en avoir bénéficié en 2010, soit 25 % de plus qu'en 2008. Cela
correspond à 5,4 % de la population.
Cependant, ces données sont à relativiser face aux 8 millions de personnes considérées
en situation de pauvreté. Ainsi, 5 millions de personnes se trouvant en dessous du seuil
de pauvreté ne feraient pas appel à l'aide alimentaire en France. Ces données ne
semblent donc pas refléter la réalité sociale actuelle du pays. Et les méthodes et critères
30
de comptabilisation peuvent varier d’une étude à l’autre, illustrant un certain manque de
cohérence.
C’est pourquoi en 2010, la LMAP a mis en place des indicateurs communs d'activités.
Aujourd’hui, sont observés et analysés : le nombre de bénéficiaires et de ménages, ainsi
que leurs profils. A cela, s’ajoute des données sur la quantité et la qualité des denrées
alimentaires distribuées.
L'INSEE réalise des enquêtes « budget de famille » tous les cinq ans, dans l'objectif
de dégager les principaux postes de consommations dans le budget des ménages. La
structure du budget dépendra alors des caractéristiques de ce ménage, plus
particulièrement de son revenu et de sa taille. Parmi ces principaux postes du budget,
nous retrouvons l'alimentation mais également le logement, le transport et les services.
En ce qui concerne la consommation, il existe cinq quintiles correspondant à des niveaux
de vie. Le premier quintile correspond aux 20 % des ménages au niveau de vie le plus
faible. Pour ces ménages les plus modestes, le logement occupe le premier poste de
dépenses (24,8 % des consommations) suivi du poste alimentation (17,2 %). Cette
répartition diffère pour les ménages les plus aisés (cinquième quintile), pour lesquels
nous retrouvons dans l'ordre croissant les postes des transports, des loisirs, de la culture,
et enfin de l'alimentation (12,9%).
31
Figure 1 : Structure de la consommation selon le quintile de niveau de vie en 2006.
Source : Enquête Budget de famille (INSEE). Structure de la consommation selon le quintile
de niveau de vie en 2006.
Cette répartition correspond à la loi d’ENGEL selon laquelle « la consommation s’accroit
avec le revenu disponible, mais moins que proportionnellement à l’accroissement de ce
dernier » (STEINER, 2005). Ainsi, plus le revenu augmente , plus la part du budget
destinée à l'alimentation baisse en pourcentage des dépenses totales. Autrement dit, un
ménage à faible niveau de vie verra son pourcentage de dépense pour l'alimentation
augmenter par rapport à son budget total.
L’approche économique nous montre donc l’incidence d’une situation de précarité
sur les dépenses associées à l’alimentation. L’aspect quantitatif que représente la part du
budget des ménages destinée à l’alimentation peut être compléter par une approche plus
qualitative. C’est pourquoi, nous aborderons les caractéristiques nutritionnelles de
mangeur en situation de précarité.
32
II.1.2. Approche nutritionnelle.
Au cours de l’année 2009, l’enquête INCA 2 réalise une observation des pratiques
alimentaires en France. Son analyse est publiée par l'Observatoire National de la
Pauvreté et de l'Exclusion Sociale (ONPES) et met en lien les revenus des ménages, la
sécurité alimentaire, et le statut nutritionnel des bénéficiaires de l’aide alimentaire6.
Parmi les résultats, nous retrouvons chez les individus en situation d'insécurité
alimentaire les caractéristiques suivantes :
- Une consommation de fruits et légumes, et de poisson plus faible.
- Une consommation de produits sucrés et de féculents plus importante.
L’enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité (BOCQUIER,
CAILLAVET, DARMON et VIEUX, 2010) montre un lien entre le statut socio-économique et
l’obésité. Sa prévalence étant d’autant plus importante que le revenu du foyer est faible.
Ainsi, la fréquence de l’obésité (POULAIN, 2012) est de 4,5% chez les individus non
précaires, contre 11% chez les bénéficiaires du revenu minimum d’insertion. Les liens
entre l’obésité et la précarité s’analysent au travers de deux hypothèses. La première
correspond à une réponse biologique associée à une situation de risque. La seconde
hypothèse, quant à elle sociologique, répond à la dégradation des conditions de travail
qui se traduirait par des transformations des ressources économiques et relationnelles.
L’approche nutritionnelle renvoie alors à des problématiques de politique de santé
publique. C’est une des raisons pour lesquelles le gouvernement a mis en place le
Programme National Nutrition Santé (PNNS) en 2001. Depuis, une étude réalisée par la
Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation, et des Statistiques (DREES) a
observée une baisse de la prévalence (HERVIEU, 2012) de l’obésité dans la population,
mais cette réduction est moins significative chez les enfants issus de familles
défavorisées. Dans ce contexte de précarité, l’obésité est une des pathologies
principalement associées à l’alimentation. A celle-ci, s’ajoutent d’autres problèmes de
santé tels que le diabète ou les risques cardio-vasculaires.
33
Ainsi, l’approche nutritionnelle met en relation la situation économique des
individus avec leur équilibre alimentaire. Ce dernier est alors en lien direct avec l’état de
santé des individus et la prévalence associée à certaines pathologies. Cependant,
l’alimentation a des fonctions plus larges que celle de la nutrition. C’est pourquoi nous
allons nous intéresser à ses aspects sociaux.
II.1.3. Approche sociologique de l’alimentation
Nous nous positionnerons dans le paradigme interactionniste dans lequel nous
retrouvons plus particulièrement des auteurs tels que MEAD, GOFFMAN ou BECKER.
Cette approche s’éloigne du déterminisme ou du fonctionnalisme social pour s’intéresser
de plus près aux « significations particulières que prennent pour les acteurs concernés les
choses, les êtres ou les institutions » (FILLIEULE, 2005). Ainsi, le processus interactionniste
privilégie l’interprétation des rôles du point de vue des acteurs. L’individu intériorise des
normes sociales plurielles qui vont participer à un ordre social dynamique. En effet, ce
dernier se construit de phénomènes culturels et structurels s’inscrivant dans un contexte.
Cette approche demande donc de s’intéresser aux acteurs et à la situation. En ce qui nous
concerne, nous traiterons du mangeur précaire bénéficiant de l’aide alimentaire.
Marcel MAUSS définie le « fait social total » comme un « phénomène social qui
rassemble une société entière, en intégrant toutes ses dimensions (religieuses, juridiques,
économiques…) » (ALLEN, 2005). De la même manière, l’alimentation est à appréhender
en tant que phénomène social total (CORBEAU, 2007). Cela signifie que l’alimentation est
une grille de lecture de nos sociétés. Au travers de celle-ci, nous identifions un ensemble
de valeurs, de normes et d’attitudes participant à la construction des comportements
alimentaires.
34
Le mangeur est un être pluriel dont l’alimentation répond à diverses fonctions, parmi
lesquelles :
- La fonction nutritionnelle : elle correspond à l’apport d’énergie par les calories,
les vitamines et l’ensemble des nutriments. C’est une approche biologique qui est
nécessaire mais non suffisante pour reconnaitre un aliment comme tel.
- La fonction hygiénique : toute denrée alimentaire doit être exempt d’éléments
toxiques et ne pas provoquer de troubles suite à son ingestion. Elle se rapproche
de la qualité sanitaire des aliments.
- La fonction psychosensorielle : les qualités organoleptiques d’un produit
alimentaire vont provoquer des sensations psychophysiologiques telles que le
plaisir ou le dégoût. Elle fait appel aux cinq sens dont le goût, l’odeur, l’ouïe, le
toucher et la vue.
- La fonction sociale : elle correspond à l’ensemble des normes socioculturelles
préexistantes à l’individu. L’aliment devient porteur de sens au travers des
symboles qui lui sont associés. Il peut ainsi devenir porteur d’intégration ou
d’exclusion au groupe.
L’alimentation est ainsi un acte complexe faisant appel à des fonctions complémentaires
et indissociables. Elle peut être source d’intégration ou d’exclusion à un groupe de part
les symboles qu’elle véhicule. Elle est également porteuse de risque et de plaisir
alimentaire. Le mangeur précaire devra alors composer avec les contraintes économiques
qui sont les siennes et les différentes fonctions de l’alimentation.
« A une époque où l’économie semble vouloir imposer sa loi dans tous les secteurs
sous couvert de « gestion » rationalisée, il faut aussi souligner que son point de
vue, pour respectable qu’il soit, n’est pas plus important que celui des autres
sciences. » (CORBEAU, 2007).
35
Nous nous proposons d’étudier le mangeur au travers d’une approche
interactionnelle et triangulaire (CORBEAU, 2007) . Le « triangle du manger » est composé
de trois sommets en interaction permanente. Il se compose d’un mangeur et d’un aliment
identifiés, auxquels s’ajoute une situation particulière. La déconstruction de ce triangle
permet de l’appréhender en tant que « grille d’interprétation et de compréhension du
phénomène social total alimentaire » (CORBEAU, 2007). Cette lecture permet de
s’éloigner d’une vision trop normative et figée de l’alimentation, permettant à la fonction
symbolique de reprendre une place dans ce système.
Figure 2 : Le « triangle du manger ».
Source : CORBEAU Jean-Pierre. Centre de Recherche et d’Information Nutritionnelles
(CERIN). Pour une approche plurielle de notre alimentation. Université François Rabelais,
Tours. N° 104. Novembre-Décembre 2007. 4 pages.
36
Les critères d’indentification du mangeur s’inscrivent dans des itinéraires
socioculturels pluriels. Le comportement alimentaire d’un mangeur fait suite à
l’intégration de modèles, de valeurs et de normes. Il est ainsi marqué par des
déterminants sociaux tels que le sexe, l’âge, la position géographique ou la catégorie
sociale. Au cours de diverses rencontres, ces influences vont construire l’individu en tant
que mangeur. Sa trajectoire sera ainsi source d’appartenance et de différentiation au
groupe social.
Ce sommet du triangle du manger a une dimension synchronique, c'est-à-dire qu’il varie
dans le temps et dans l’espace. La dimension diachronique correspond quant à elle aux
mutations des comportements alimentaires de l’individu. Celui-ci s’inscrit à la fois dans
une histoire collective et une trajectoire individuelle. Ces mutations perpétuelles
amènent à la considération d’un « mangeur pluriel ».
Les caractéristiques des aliments varient également dans le temps et dans
l’espace. Dans le temps, parce que nous assistons à une transformation des modes de
productions et de transformation au fil des avancées technologiques. Dans l’espace,
lorsque le mangeur est confronté à un même moment à des variations de coût, de qualité
ou de goût. L’aliment est également porteur d’une symbolique. Par exemple, il s’inscrit
dans une situation ordinaire ou festive porteuse elle même de représentations.
L’interaction entre le type de mangeur et le type d’aliment va alors se réaliser dans une
situation identifiable.
Les caractéristiques de la situation peuvent être habituelles ou exceptionnelles,
influençant directement les valeurs associées à l’aliment. Le mangeur peut se retrouver
seul, en situation commensale c'est-à-dire à côté des autres, ou en situation conviviale
dans un moment de partage alimentaire. Ces situations de commensalité et de
convivialité permettent alors d’inscrire le mangeur dans une forme de sociabilité, mais
également de régulation sociale. La multiplication des situations a alors une incidence sur
la réflexivité du mangeur, pouvant amener à des modifications de ses comportements
alimentaires.
37
La situation de précarité en tant que déterminant social influe sur l’alimentation des
individus. Nous avons vu qu’elle pouvait avoir des répercussions tant quantitatives que
qualitatives. Suite à ces diverses approches, nous nous interrogerons sur la place du
mangeur précaire dans ses choix alimentaires. De plus, nous chercherons à appréhender
les enjeux pouvant être associés à la participation financière de ce dernier. Enfin, nous
nous demanderons si l’investissement de la situation du manger ne permettrait pas la
création de lien social.
II.2. Vérification des hypothèses.
A partir de la problématique, nous allons élaborer des hypothèses pour tenter
d’apporter un éclairage sur la place qu’occupent les bénéficiaires de l’aide alimentaire.
Pour ce faire, notre terrain d’étude s’est porté sur les épiceries sociales et solidaires.
Autrement dit, de quelle manière les épiceries sociales et solidaires prennent-elles en
compte la complexité du mangeur pluriel ? Un focus groupe a pu être réalisé au cours de
cette année scolaire dans le cadre d’un travail de groupe (Annexes A et B). Ainsi, étaient
réunis des professionnels et bénévoles d’épiceries qui ont pu partager leurs points de vue
sur la thématique de l’aide alimentaire. Ce fût l’occasion de recueillir des témoignages
variés et complémentaires. Un terrain d’observation participante a également pu être
réalisé lors de mon stage de troisième année en licence de Sciences Sociales Appliquées à
l’Alimentation. En lien directe avec une coordinatrice régionale de l’Association Nationale
pour le Développement des Epiceries Sociales et Solidaires (ANDES), j’ai pu être accueillie
par huit épiceries de la région Midi-Pyrénées.
38
II.2.1. Hypothèse 1 : Le libre choix et la participation financière donnent une
place d’acteur aux bénéficiaires.
La notion d’acteur renvoie à des individus en capacité d’élaborer leurs actions.
Dans un contexte donné, cela signifie que la personne se réfère à un ensemble de valeurs
et de croyances qui prennent sens pour elle. Elles peuvent se traduire par le fait que
l’acteur va adapter, modifier ou faire évoluer les formes de ses pratiques alimentaires au
fil des situations qu’il va rencontrer.
La forme d’aide alimentaire proposée par les épiceries sociales et solidaires
s’inscrit dans une volonté de respect de la dignité des individus.
« La volonté c’est vraiment de les investir et de ne pas trop changer leur quotidien
qu’ils puissent encore choisir leurs produits qu’ils puissent payer, qu’ils gardent une
certaine dignité. » (femme, étudiante en économie sociale et familiale)
Ces dispositifs, le libre choix et la participation financière, traduisent la volonté d’invertir
les bénéficiaires dans leurs modes de consommation.
II.2.1.1. Sous-hypothèse : Le libre choix permet de prendre en compte
l’interaction entre les particularités du mangeur et les
caractéristiques des aliments.
Un des principes fondateurs des épiceries, comme le souligne le réseau A.N.D.E.S,
est le libre choix des denrées pour le bénéficiaire. Cette vision semble partagée par les
professionnels des épiceries sociales et solidaires.
« leur liberté de choix […] leur permet de choisir ce dont elles ont envie, comme
n'importe quel consommateur»7
7 http://www.epiceries-solidaires.org/qu_est_ce_qu_une_epicerie_sociale_ou_solidaire.shtml (consulté le 05-03-2014)
39
« qu’ils puissent choisir eux mêmes qu’on les impose pas qu’ils aient le choix
d’acheter comme tout le monde comme personne normale sans qu’on impose »
(femme, bénévole)
La notion de libre choix renvoie ici à une certaine forme de normalité dans les modes de
consommation. L’individu faisant appel à cette forme d’aide alimentaire bénéficie ainsi de
ce statut de consommateur.
Cependant, nous avons observé précédemment que l’aide alimentaire met en
interaction de nombreux acteurs. Parmi eux se trouvent les fournisseurs des
associations : le PEAD, la Banque Alimentaire, les entreprises commerciales et les dons du
public. En premier lieu, le choix des denrées proposées par les épiceries dépendra alors
de leurs approvisionnements.
Ainsi, nous nous intéressons au point de vue de professionnels d’épiceries sociales et
solidaires quant aux denrées alimentaires qui leurs sont proposées.
« ça c’est le gros problème […] on n’arrive pas à commander on nous impose »
(femme, responsable d’épicerie)
« Il faut les écouler en fait ces stocks. Sauf qu’on ne peut pas les imposer aux
gens… » (femme, responsable de l’accueil des étudiants)
Une première dissonance est ici observée, comment laisser libre choix aux bénéficiaires
lorsque l’épicerie est elle-même contrainte dans ses approvisionnements ?
« sur certains produits où on n’aura pas un stock immense […] il faut qu’il y ai une
restriction à un moment donné par famille » (femme, assistante sociale)
Les professionnels de l’aide alimentaire se sont donc organisés pour écouler les stocks
excédentaires et distribuer équitablement les produits limités. L’individu en situation de
précarité aura ainsi le choix dans la limite de l’offre proposée par les épiceries.
Au-delà de ces contraintes matérielles, les acteurs des épiceries sociales et
solidaires ont-ils une autre forme de régulation des choix des bénéficiaires ?
40
« le bénévole accompagne le bénéficiaire donc il y a une relation de conseil au
niveau des produits et d’échange pendant ce temps de courses » (femme,
responsable de l’accueil des étudiants)
« on ne vérifie pas, mais j’ai des gens les premières fois, je leur demandais de faire
leur menus sur papier pour faire leurs courses » (femme, directrice d’épicerie)
Une première forme est une relation de conseil qui semble s’établir de la part des
professionnels et des bénévoles vis-à-vis des bénéficiaires. Cela présuppose-t-il qu’ils en
ai besoin ? Est-ce une demande des bénéficiaires ou une prés-notion des différents
intervenants ?
« Ouvrir le champ de consommation, après si on essaye d’imposer, les familles elles
viennent plus, ça c’est sûr. » (femme, assistante sociale)
« Ils préfèrent payer 5 euros plutôt qu’un euro pour des produits qu’ils n’ont pas
choisis… » (femme, responsable de l’accueil des étudiants)
Nous pouvons noter que les bénéficiaires s’adressent en partie à ces structures d’aide
alimentaire pour la liberté de choix qui leur est proposée.
« Je regarde toutes les semaines […] je prends tous les clients et je regarde ce qu’ils
achètent. Voilà… Alors c’est pas pour voir ce qu’ils mangent mais attention […] Il
pourra être recadré la semaine d’après en disant « Mais si c’est pour acheter juste
ça… » » (femme, directrice d’épicerie)
Une certaine légitimité est ici annoncée quant au rôle de contrôle des achats des
bénéficiaires. Le cursus semble se porter sur les réels besoins de ces derniers. Viennent-ils
seulement rechercher un apport alimentaire nutritionnel ou souhaitent-ils
s’approvisionner en produits plus qualitatifs et vecteurs de plaisir ? Il semblerait que se
soit d’avantage une notion d’équilibre et de diversité alimentaire qui soit demandée de la
part des professionnels et des bénévoles des épiceries.
La diversité des profils accueillis fait appel à des réponses multiples et adaptées.
41
« on peut pas les aider tout de suite, car il y a une délai d’attente. Donc on les
renvoie vers des aides alimentaires d’urgence, donc avec les colis alimentaires »
(femme, étudiante en économie sociale et familiale)
L’intervention des professionnels ou des bénévoles pourrait alors être interprétée
par les bénéficiaires comme une forme d’ingérence sur leurs modes de consommation.
De ce point de vue, le choix est une des attentes des bénéficiaires, permettant le respect
de leurs préférences alimentaires.
Les particularités du mangeur sont donc prises en compte par le choix qui lui est proposé.
Celui-ci permet à l’individu de se référer à son système culturel, de valeurs et de normes
dans la construction de son comportement alimentaire. C’est un facteur de mise en
relation des particularités du mangeur et des caractéristiques de l’aliment.
II.2.2.2. Sous-hypothèse : La participation financière des bénéficiaires
réduit le sentiment d’exclusion sociale et participe à leur
valorisation.
Une intervenante du focus groupe nous précise que « à l’épicerie il y a toujours…
ce principe de participation» (femme, assistante sociale) . Nous pouvons nous interroger
sur la perception des bénéficiaires quant à leur participation financière dans l’achat de
denrées alimentaires.
« j’ai déjà entendu assez souvent des familles qui me disent moi je me vois pas aller
vers des structures qui distribuent des colis alimentaires parce qu’il y a […] cette
question d’être vu comme une personne qui est dans la demande, dans l’assistanat
[…] à défaut de le payer monétairement … il faut le payer d’une autre manière »
(femme, assistante sociale)
Cette professionnelle nous fait partager la notion d’assistanat qui peut-être associée au
don alimentaire. Le modèle de l’aide alimentaire gratuite n’aurait donc pas de coup
42
monétaire pour le bénéficiaire mais il pourrait prendre d’autres formes telles que le
sentiment de honte ou d’exclusion sociale.
« rendre la personne responsable, quand justement on a des soucis au niveau
financier, on se sent toujours en dessous, et dans la honte […] Donc on inverse les
choses pour qu’ils se prennent en main un peu. Le message qu’on fait passer, c’est
de prendre le plus possible en main sa vie en fait.» (femme, responsable de
l’accueil des étudiants)
« garder justement cette dignité et de pas se dire qu’ils sont assistés dans le sens
où ils sont dans une certaine difficulté » (femme, bénévole)
Cette participation financière permet de s’inscrire dans une démarche de valorisation des
bénéficiaires : « elles se sont au contraire réjouies [de payer] elles se sont senties
valorisées » (femme, responsable de l’accueil des étudiants). Le levier d’action de la
participation financière permettrait ainsi de modifier les représentations des bénéficiaires
quant au sentiment de honte et de dépendance qui peut être associé au fait de recourir à
l’aide alimentaire.
« quand une personne arrive pour la première fois à l’épicerie pour faire les
courses… elle arrive tête baissée et elle vous dit bonjour comme ça au bout des
semaines c’est je monte la tête j’arrive je monte la tête » (femme, directrice
d’épicerie)
« l’idée c’est on peut faire quelques chose, on peut vraiment faire quelque chose
par exemple ces produits là… au lieu de les avoir, de les jeter de les gaspiller, on les
revalorise,… l’idée c’est d’être engagé même dans la société […]Tu es solidaire toi
aussi dans le fait que tu manges quelque chose au lieu de le jeter… » (femme,
responsable de l’accueil des étudiants)
Cette valorisation des bénéficiaires les amène ainsi à réinvestir leur alimentation, et de
manière plus générale, à développer un sentiment d’inclusion sociale.
43
Pour le bénéficiaire, les économies réalisées par l’ouverture d’un accès à l’épicerie
permettront d’être réinvestie dans un projet.
« On agit directement sur leur budget et sur l’alimentaire. C’est ça l’intérêt des
épiceries […] cet argent ils vont pouvoir le toucher. À un moment ils pourront le
réinvestir » (femme, directrice d’épicerie)
« L’épicerie solidaire c’est aussi par les économies réalisées à l’épicerie puisque ce
n’est pas de l’assistanat [...] Ce n’est pas qu’on donne à manger bêtement. … on
aide les gens … à reprendre pied […] tout en mangeant correctement. » (femme,
directrice d’épicerie)
Au-delà de l’aspect financier, nous pourrions dire que c’est également le moyen
de réinvestir le bénéficiaire dans ses comportements d’achats. Cette capacité d’action
participe à une volonté de responsabilisation des bénéficiaires. L’aide alimentaire
proposée s’inscrit alors dans un processus plus global qui est de leur redonner une place
d’acteur.
44
II.2.3. Hypothèse 2 : Les ateliers de cuisine et les repas partagés permettent la
création de lien social.
Cette hypothèse fait appel à diverses notions associées telles que l’éducation, la
commensalité, ou la socialisation.
« C’est le lien social, juste le lien social apprendre aux gens à mieux cuisiner, à
cuisiner des choses qui savent pas et faire passer un temps de convivialité. »
(femme, directrice d’épicerie)
II.2.3.1. Sous-hypothèse : Les ateliers de cuisine permettent de faire
passer des messages nutritionnels.
L’environnement est ici plus informel, d’après une bénévole « les ateliers
permettent justement de casser des barrières ».
« On se sert de tout ce qui va avoir lieu pendant l’atelier. C’est vraiment un outil »
(femme, étudiante en économie sociale et familiale)
De cette manière, les ateliers deviennent également un support à la diffusion
d’informations.
« on fait vraiment un cours […] c’est tout un travail qui est à faire avec l’éducation
avec les gens. » (femme, directrice d’épicerie)
Dans un premier temps, les ateliers cuisine proposent une approche nutritionnelle en
s’appuyant sur les recommandations du PNNS.
« en France et il y a le programme, le programme national alimentaire, le PNNS
aussi, donc nous on s’inscrit aussi là-dedans […] c’est aussi dans ce cadre là »
(femme, responsable de l’accueil des étudiants)
« il y a de subventions pour que nous mettions en place des ateliers donc pour
promouvoir forcément c’est la santé, c’est c’est c’est la même chose, ça va
ensemble » (femme, responsable de l’accueil des étudiants)
45
Cela correspond en partie à la volonté de faire changer les comportements alimentaires
des bénéficiaires, au regard de la plus forte prévalence des pathologies liées à
l’alimentation telles que l’obésité ou le diabète. C’est donc un levier d’action sur l’état de
santé d’une partie des individus en situation de précarité.
« si elle fait un atelier diète et elle fait un plat en même temps, elle fait un atelier
cuisine […] où on va mettre le moins de gras possible, ou on va mettre le moins de
féculent possible et ça devient un plat […] Triste » (femme, directrice d’épicerie)
Il semble intéressant de faire passer des messages nutritionnels par la mise en pratique
de recettes. Dans quelle mesure serait-il possible d’inverser cette approche ? Pour
intégrer des notions de diététique et surtout d’équilibre alimentaire au sein des ateliers
de cuisine.
« l’année dernière, la diététicienne est arrivée, elle a posé un pot de 800g de
Nutella […] Et elle a posé a coté tout ce qu’il y avait dans le pot […] Et elle leur a
fait goûter les ingrédients séparément » (femme, directrice d’épicerie)
Nous assistons dans cet exemple à une déconstruction du plaisir alimentaire. Nous
pouvons nous interroger sur l’intérêt de cette seule approche. La nutrition ne pourrait-
elle pas aller de pair avec le plaisir alimentaire ?
« des leçons de diététique mais vraiment où elle faisait cuisine, les gens venaient
de moins en moins » (femme, directrice d’épicerie)
« On va aussi leur rappeler qu’il y a des ateliers … si ils souhaitent participer […] en
tant qu’animatrice c’est que c’est compliqué quand je dois attendre une demi-
heure et que je me rend compte qu’il y a personne… » (femme, assistante sociale)
Une limite est ici observée dans le cadre des ateliers diététiques. Etant donné les
difficultés de mobilisation, cette approche strictement nutritionnelle ne semble pas
correspondre totalement aux attentes des bénéficiaires.
Ces ateliers permettent également une approche sensorielle de l’alimentation.
Cela signifie que nous faisons d’avantage appel aux cinq sens : l’odorat, le goût, l’ouïe, la
vue et le touché. Cette approche semble prendre plus en compte la notion de plaisir.
46
« réussir à les intégrer par les ateliers de manière à ce qu’il y ait un premier contact
avec les aliments qu’ils n’ont pas l’habitude de manger » (femme, assistante
sociale)
Cela illustre le fait que la connaissance associée aux denrées alimentaires est essentielle.
En effet, ne pas connaitre un produit peut être source de risque et donc de méfiance pour
le mangeur.
« c’est expliquer aussi aux gens comment, comment on cuisine » (femme,
directrice d’épicerie)
« ce même produit, on peut le cuisiner de 4000 manières donc c’est pendant aussi
ce temps la qu’on va leur expliquer tout simplement » (femme, bénévole)
« les potirons ils ne partent pas. Comment on fait ? » […] on m’a dit « Mais on ne
sait les cuisiner ». Donc le lendemain, il y avait un atelier cuisine. […] Et à l’heure
actuelle, dès qu’on a du potiron, il part. » (femme, directrice d’épicerie)
De plus, sa préparation peut nécessiter un ensemble de compétences pour pouvoir le
consommer. Les ateliers de cuisine peuvent ainsi apporter une première familiarité avec
l’aliment, et proposer des recettes, des modes de cuisson ou d’assaisonnement. C’est
donc une éducation alimentaire qui est ici proposée.
« c’est des moments assez sympas parce que même sans nous, il y a déjà du savoir
et plein de techniques qu’elles peuvent s’échanger » (femme, étudiante en
économie sociale et familiale)
« on a même des bénéficiaires qui font des ateliers » (femme, directrice d’épicerie)
« elles se sentent bien et elles se disent « Et tiens, si je vous apprenais »… »
(femme, directrice d’épicerie)
De cette manière, les bénéficiaires deviennent acteurs à part entière dans ces ateliers. Ils
peuvent y assister et participer, mais sont également une source de proposition.
« Est-ce qu’elle a envie d’être éduquée ? » (femme, étudiante en économie sociale
et familiale)
47
Ainsi, les épiceries proposent une forme d’éducation alimentaire. Celle-ci correspond à
l’éducation à la diversité des cultures alimentaires (CORBEAU, 2012). Le paradigme de la
culture alimentaire s’inscrit dans un processus de valorisation des individus, s’éloignant
d’une vision normative de l’alimentation. L’éducation alimentaire favorise ainsi
l’interaction sociale dans un mouvement dynamique. Il semblerait donc que l’éducation
alimentaire ne puisse pas être un mouvement à sens unique des professionnels vers les
bénéficiaires. Elle se trouverait davantage dans l’interaction qui peut naitre entre les
différents participants.
II.2.3.2. Sous-hypothèse : Les ateliers de cuisine et les repas partagés
permettent la création d’une situation de commensalité.
La commensalité (FISHLER, 2012) est un des aspects les plus marquants de la
sociabilité humaine. La sociabilité étant un processus interactif grâce à la communication
et aux échanges entre les individus, qui peuvent s’inscrire dans la reproduction sociale ou
développer des dynamiques créatrices. Au sens littéral, le terme de commensalité signifie
« manger à la même table » que d’autres personnes. Cependant, nous observons des
changements dans les modèles alimentaires existants, allant vers plus d’individualisation.
Cela se traduit par un relâchement du lien social lorsque les repas ne sont pas pris en
communs. Ce partage de nourriture permet une structuration de l’organisation sociale et
le temps du repas est une forme de structuration du temps social. Nous pouvons nous
demander si la commensalité est en déclin dans nos sociétés modernes ou si nous
assistons davantage à une recomposition de ce modèle ? La commensalité est un facteur
à la fois d’inclusion et d’exclusion sociale. Elle peut permettre la création d’une situation
d’intégration. Les ateliers de cuisine et les repas partagés semblent s’inscrire dans cette
volonté de création d’une situation de commensalité.
Cela se traduit de différentes manières. Tout d’abord, les professionnels des
épiceries relèvent l’aspect convivial de ces ateliers.
« Premier plan, c’est la convivialité » (femme, directrice d’épicerie)
48
« Le côté convivial est indispensable.» (femme, responsable de l’accueil des
étudiants)
Ainsi, ce sont des moments de partage entre les professionnels, les bénévoles et les
bénéficiaires.
« C’est des petits mots qui peuvent être lancés et puis ben on rigole, on discute,
on… voilà. C’est tout ça qui fait la convivialité[…] qui au final détendent
l’atmosphère et font… voilà. On est bien, on est bien ensemble » (femme, directrice
d’épicerie)
« l’intérêt c’est aussi que les gens essayent de se croiser, qu’ils croisent différentes
personnes » (femme, étudiante en économie sociale et familiale)
Les ateliers de cuisines et repas partagés au sein des épiceries permettent également la
rencontre de l’altérité, c’est une « ouverture d’esprit à d’autres cultures » nous dit une
étudiante en économie sociale et familiale.
« Dès qu’on est dans le collectif de toute façon entre les traditions... » (femme,
étudiante en économie sociale et familiale)
Ces ateliers créent donc une situation de partage, où se rencontrent des
personnes de différents statuts sociaux mais aussi de diverses cultures. La rencontre de
l’autre, et l’ « être ensemble » ouvrent à une certaine compréhension de chacun à
l’altérité. D’après FISCHLER « l’on est ce que l’on mange », partager la même nourriture
nous permet alors de nous rassembler pour mieux nous comprendre.
Ces ateliers correspondent également à une instance de socialisation alimentaire.
Celle-ci se traduit par la rencontre à l’autre et la construction des identités qui va en
découler.
« Les théories plus récentes de la socialisation mettent l’accent sur la complexité
du social. L’interrelation entre les multiples influences sociales et culturelles
conduit à un processus de socialisation plurielle qui transforme les individus tout
au long de leur vie ». (DUPUY et WATIEZ, 2012).
49
Appliquée au paradigme interactionniste, la socialisation s’inscrit alors dans une
conception relationniste, entre les individus et leur environnement social.
De cette manière, des ateliers de cuisine sont proposés aux parents et aux enfants. Une
approche intergénérationnelle est ici développée par les épiceries.
« on fait des ateliers de cuisine avec les mamans ou papa, pour leur apprendre à
cuisiner […] et puis ce moment de cuisine c’est aussi un moment de convivialité et
de pouvoir parler » (femme, directrice d’épicerie)
Au-delà de la création d’une situation de commensalité, nous pouvons y lire une forme de
socialisation inversée.
« Les enfants ils vont s’impliquer, est ce que ils vont avoir une influence sur la
consommation des parents, est-ce que par exemple ils vont dire « ah maman j’ai
bien aimé tel produit qu’on a vu, est ce que tu peux la prochaine fois en acheter ?
» » (femme, responsable de l’accueil des étudiants)
« il vaut mieux passer pratiquement par les enfants pour faire réagir les parents »
(femme, directrice d’épicerie)
L’implication des enfants semble donc un levier d’action à la modification des
comportements alimentaires de leurs parents.
Parmi les bénéficiaires de l’aide alimentaire 49% ressentent un besoin
d’accompagnement8. L’aide alimentaire deviendrait alors une porte d’entrée à la
recréation de lien social au travers de l’écoute et du dialogue. Elle permettrait également
de retrouver une meilleure image de soi, mise à mal par des difficultés de vie et des
situations d’isolement social.
« c’est vrai que nous il y a pas que l’alimentaire… on répond à un besoin vital…
mais pour apporter d’autres choses du lien social par exemple… » (femme,
responsable de l’accueil des étudiants)
8 Guide « L’aide alimentaire des CCAS en pratique ». Octobre 2011. www.unccas.org.
50
Le terme de « crise du lien social » est aujourd’hui évoqué dans une volonté de cohésion
plus forte de la société (PAUGMAN, 2008). Dans un contexte de montée de
l’individualisme pour nos sociétés moderne, nous pouvons retrouver l’expression d’une
défense du vivre ensemble, où les peurs pourraient être dépassées afin de se lier les uns
aux autres. Et c’est bien là tout le défit d’une société qui doit répondre à ce paradoxe
humain : une volonté d’épanouissement personnel encouragée par l’autonomie des
individus et un besoin d’interactions sociales pour sa propre construction identitaire.
Les hypothèses de recherche ici développées n’ont pu être qu’en partie vérifiées.
C’est pourquoi, nous proposons une méthodologie probatoire qui permettrait d’apporter
des réponses plus ciblées à notre problématique.
52
III. Méthodologie probatoire.
Afin d’approfondir les réponses aux hypothèses précédentes, nous proposons une
méthodologie probatoire basée sur la collecte et l’analyse de données qualitatives. Nous
donnerons plus particulièrement la parole aux bénéficiaires de l’aide alimentaire. Pour ce
faire, nous utiliserons les trois outils suivants :
Le focus groupe nous permettra d’avoir divers points de vue sur notre objet
d’étude et plus spécifiquement en ce qui concerne le libre choix et la
participation financière des bénéficiaires. L’interaction crée par cet outil
pourrait faire naitre de nouvelles pistes de réflexion.
L’entretien individuel semi-directif pourra être appliqué à la vérification de
nos deux hypothèses. Cette approche a pour objectif d’établir une relation de
confiance avec les individus pour peut-être mieux libérer la parole de certains.
L’observation se déroulera pendant les ateliers de cuisine et les repas
partagés. Celle-ci permettra d’appréhender d’un point de vue extérieur, les
caractéristiques de cette dynamique de groupe et la création de lien social.
III.1. Focus groupe.
Le focus groupe est une technique de recherche qui consiste à réaliser un entretien en
groupe sur un sujet préalablement définit. Il est destiné à observer et analyser un
ensemble de valeurs, de représentations et de comportements. L’interaction de ses
participants permet d’élaborer un discours plus hétérogène et représentatif de réalités
diverses. De plus, la parole de certains d’entre eux pourrait désinhiber d’autres
participants plus réservés.
Ainsi, nous mettrons en place deux focus groupes destinés aux bénéficiaires de l’aide
alimentaire. Ils chercheront à répondre à notre première hypothèse : le libre choix et la
participation financière donnent une place d’acteur aux bénéficiaires. Ils se composeront
de six à huit personnes, afin de développer au mieux chacune des thématiques. De plus,
un nombre trop élevé d’intervenants pourrait freiner la participation de chacun d’entre
53
eux. Les discussions seront animées et accompagnées par un animateur. Chacune de ces
séances devrait durer deux à trois heures, et sera retranscrite intégralement pour être
ensuite analysée.
Le premier focus groupe regroupera des bénéficiaires de l’aide alimentaire inscrits
dans des épiceries sociales et solidaires. Il serait souhaitable que différentes épiceries
soient représentées afin d’avoir une vision plus générale de leur fonctionnement. Les
profils des bénéficiaires devront également varier. Ils devront être de sexe, d’âge,
d’origine sociale et géographique différents. Cela afin avoir une meilleure représentation
des publics accueillis par les épiceries. Il serait donc souhaitable d’avoir des parents de
famille monoparentale, des étudiants, des retraités, des chômeurs, des travailleurs ou
encore des personnes immigrées. Cette liste est non exhaustive et représente différentes
catégories socioprofessionnelles.
Le second focus groupe s’adresserait également à des bénéficiaires de l’aide
alimentaire, mais faisant appel à d’autres structures que les épiceries sociales et
solidaires. C’est par exemple le cas du Secours Populaire Français qui propose un libre-
service des denrées alimentaires et demande une participation financière symbolique.
Faire échanger des bénéficiaires des épiceries avec ceux d’autres formes d’aide
alimentaire permettrait ainsi de mieux appréhender ce que représentent le libre choix et
la participation financière. Cela permettrait également d’approfondir les modalités de
mise en application de ces deux principes.
Les deux focus groupes s’appuieraient sur le guide d’entretien suivant :
54
Tableau 4 : Guide d’animation de la séance de focus groupe.
Introduction.
Bonjour, merci pour votre participation. Je réalise une étude sur l’aide alimentaire en France, et
votre parole en tant que bénéficiaire m’intéresse. Cette discussion sera enregistrée pour pouvoir
être retravaillée mais ne vous inquiétez pas elle restera anonyme. Si vous êtes prêt(e) nous allons
commencer.
Présentation de la séance et des règles du jeu :
Nous allons procéder par association libre d’idées, c'est-à-dire que je vais vous dire un mot et
vous réagirez en disant ce qu’il vous évoque. Chacun d’entre vous peut y réagir pour apporter ces
propres idées. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses donc ne vous censurez pas, mais
écoutez-vous et laissez-vous parler.
Présentation des participants :
- Prénom
- Age
- Situation familiale (seul ou en couple, avec ou sans enfants)
- Situation professionnelle
- Association dont vous bénéficiez
Alimentation des bénéficiaires.
Alimentation
Si je vous dis « alimentation », quels sont les mots auxquels cela vous
fait penser ?
- Adjectifs
- Situations
- Sentiments, impressions
A quoi fait-elle référence (nutrition, économique, santé, convivialité,
rituel…) ?
55
« Bien manger »
Si je vous dis « bien manger», quels sont les mots auxquels cela vous
fait penser ?
- Adjectifs
- Situations
- Sentiments, impressions
« Bon repas »
Si je vous dis « bon repas », quels sont les mots auxquels cela vous fait
penser ?
- Adjectifs
- Situations
- Sentiments, impressions
Aide alimentaire.
Aide alimentaire
Si je vous dis « aide alimentaire », quels sont les mots auxquels cela
vous fait penser ?
- Adjectifs
- Situations
- Sentiments, impressions
A quelles situations doit-elle répondre ? D’après vous, que doit-elle
apporter (quantité, qualité, santé, plaisir, échanges, insertion…) ?
Epiceries sociales et
solidaires
Comment fonctionnent les épiceries ?
D’après-vous, à quelles situations doivent-elles répondre et que
doivent-elle apporter ?
L’aide proposée correspond-t-elle à vos besoins et à vos attentes ?
Y voyez-vous des différences avec d’autres formes d’aide alimentaires ?
Lesquelles (avantages, inconvénients) ?
56
Principes des épiceries sociales et solidaires.
Libre choix
Si je vous dis « libre choix », quels sont les mots auxquels cela vous fait
penser ?
- Adjectifs
- Situations
- Sentiments, impressions
Que représente ce libre choix pour vous ?
Est-il satisfaisant et suffisant ?
Correspond-t-il à vos besoins et vos attentes ?
Correspond-t-il à vos préférences alimentaires ?
Vous sentez-vous libre dans ce choix (influence des professionnels et
bénévoles, messages nutritionnels…) ?
Participation
financière
Si je vous dis « participation financière », quels sont les mots auxquels
cela vous fait penser ?
- Adjectifs
- Situations
- Sentiments, impressions
Que représente cette participation financière pour vous ? Comment
percevez-vous le fait de payer à un prix réduit ces courses ?
Etes-vous satisfait des prix ? Correspondent-ils à votre situation ?
Préférez-vous payer (par rapport à d’autres formes d’aides
alimentaires) ?
57
Conclusion :
Nous allons faire un tour de table pour que chacun nous dise ce qu’il a retenu de cette séance. Ou
si vous souhaitez ajouter des éléments que nous n’avons pas abordés.
Je tiens à remercier chacun d’entre vous pour sa participation et les échanges riches que nous
avons fait naître.
III.2. Entretien individuel semi-directif.
L’entretien individuel est une méthode sociologique destinée au recueil de données
qualitatives. Il consiste à se retrouver en face à face avec des individus choisis en fonction
de notre problématique et de nos hypothèses de recherche. Il est semi-directif lorsque
cette discussion est formalisée par le suivi de thématiques près-établies. La personne est
alors assez libre dans son expression. C’est à l’interviewer que revient la tâche de ne pas
orienter ses questions, tout en cherchant à répondre à ses hypothèses. La diversité des
profils interrogés permet alors une meilleure visibilité du phénomène étudié, même si
dans ce cas, ce n’est pas la représentation objective de l’objet qui est recherchée. C’est
davantage la complexité du phénomène que nous tenterons d’appréhender au travers de
ces témoignages.
Ces entretiens individuels semi-directifs s’adresseront aux bénéficiaires de différentes
épiceries sociales et solidaires. Ils permettront d’apporter des réponses plus spécifiques à
nos deux hypothèses de recherche. Tout comme les focus groupes, il est nécessaire que
soient représentés divers profils de bénéficiaires ayants accès aux épiceries. Nous ferons
une vingtaine d’entretiens qui devraient durer une à deux heures en fonction des
réponses apportées. Ils seront ensuite retranscrits pour être analysés.
58
Pour ce faire, nous réaliserons les entretiens semi-directifs auprès de :
- quatre personnes retraitées ;
- quatre étudiants ;
- deux parents de famille monoparentale ;
- deux parents de famille ;
- deux personnes seules sans enfants ;
- deux personnes en couple sans enfants ;
- quatre personnes immigrées.
Il faudra également que soient représentés parmi eux des travailleurs et des chômeurs.
Ces entretiens s’appuieront sur le guide suivant :
59
Tableau 5 : Guide d’entretien individuel semi-directif.
Introduction :
Bonjour, merci pour votre participation. Je réalise une étude sur l’aide alimentaire en France,
et votre parole en tant que bénéficiaire m’intéresse. Si vous êtes d’accord je souhaiterais
enregistrer notre conversation afin de pouvoir la retravailler. Mais ne vous inquiétez pas
cette discussion restera anonyme. Si vous êtes prêt(e) nous allons commencer.
Thèmes Sous-thèmes Questions Relances
Présentation du
bénéficiaire
Présentation de la
personne
Pouvez-vous vous
présenter en quelques
mots ?
Prénom, âge
Situation professionnelle
Situation familiale (seul ou
en couple, avec ou sans
enfants)
Alimentation
Que pouvez-vous nous
dire de votre
alimentation ?
Qu’est ce que « bien
manger » pour vous ?
Quels produits ?
Combien de fois par jour ?
Avec qui ? Où ?
A quelle occasion ?
Cuisinez-vous ? Aimez-
vous ça ?
60
Représentations
du bénéficiaire
sur l’aide
alimentaire
Aide alimentaire Qu’est ce que l’aide
alimentaire pour vous?
Que doit-elle apporter ?
A quelles situations doit-
elle répondre ?
Sous quels critères ?
Présentation de
l’association
Pouvez-vous présenter
l’association dont vous
êtes bénéficiaire ?
Nom et localisation de
l’association
Comment l’avez-vous
connu ?
Pourquoi y avez-vous fait
appel ?
Que venez-vous y
chercher ?
61
Fonctionnement
de l’épicerie
Liberté de choix
Que représente le choix
proposé par l’épicerie
pour vous ?
Etes-vous satisfait du
choix proposé ? Est-il
suffisant ?
Correspond-t-il à vos
besoins et vos attentes ?
Correspond-t-il à vos
préférences alimentaires ?
Vous sentez-vous libre
dans ce choix (influence
des professionnels et
bénévoles, messages
nutritionnels…) ?
Participation
financière
Comment percevez-vous
le fait de payer à un prix
réduit vos courses ?
Quels sentiments
associez-vous à cette
participation financière ?
Etes-vous satisfait des
prix ?
Préférez-vous payer (par
rapport à d’autres formes
d’aide alimentaire) ?
62
Ateliers au sein
des épiceries
Ateliers proposés
Par quels ateliers
proposés êtes-vous
intéressé ?
Y avez-vous déjà
participé ? Pourquoi ?
Correspondent-ils à vos
besoins et vos attentes ?
Avez-vous d’autres idées
d’ateliers ?
Ateliers de cuisine
Que recherchez-vous
dans les ateliers de
cuisine ?
Y avez-vous déjà
participé ? Pourquoi ?
Y apprenez-vous des
choses ? Cela correspond-
t-il à vos attentes ?
Y-t-il des messages
nutritionnels ? Comment
les recevez-vous ? Y êtes
vous sensible ?
De quelle manière vous
sentez-vous impliqué dans
ces ateliers?
Souhaiteriez-vous
participer à la proposition
des recettes ?
Repas partagés
Que représente le fait de
manger avec d’autres
personnes pour vous ?
Qu’en attendez-vous ?
Est-ce que vous y voyez
une situation de partage ?
Y êtes-vous à l’aise ? Vous
sentez-vous surveillé ?
63
III.3. Observation.
L’observation est une méthode d’enquête qualitative qui permet la collecte de
données observables. Elle s’appuie sur plusieurs éléments tels que l’espace, le temps, les
gestes ou les chiffres. Cet outil s’appuie donc sur un suivi attentif des comportements et
des pratiques des individus composants un échantillon. Cette observation peut-être
participante ou extérieure. Dans tous les cas, l’observateur prend une place dans la
situation afin de l’observer de l’intérieur.
Tout en prenant en compte le fait que notre présence est déjà inhabituelle, nous ferons le
choix d’une observation extérieure afin minimiser notre impact sur le déroulement
habituel de la situation. Cette méthode nous permettra de répondre à la deuxième
hypothèse : les ateliers de cuisine et les repas partagés permettent la création de lien
social.
Pour ce faire, nous réaliserons des observations auprès de différents ateliers de
cuisine et repas partagés. Nous proposons d’en réaliser quatre, dont :
- Deux observations dans des épiceries sociales et solidaires en milieu urbain,
- Deux observations dans des épiceries sociales et solidaires en milieu rural.
Cette distinction de milieu nous permettra ainsi d’observer si il existe des différences
dans le rapport au lien social.
Nous nous appuierons sur le guide d’observation suivant :
64
Tableau 6 : Guide d’observation des ateliers.
Thèmes Sous-thèmes Observations
Participants Nombre
Age
Sexe
Origine
Animateur(s) Nombre
Age
Sexe
Statut et origine
Quand ? Heure
Durée
Fréquence
65
Où ? Lieux, caractéristiques de la cuisine
Quoi ? Thèmes et recettes proposées
Comment ? Organisation et animation
Matériel dont dispose le(s)
animateur(s)
Matériel à disposition des bénéficiaires
Répartition de la parole
Répartition des rôles
Flux Interactions et échanges
Dynamisme de l’atelier, de(s)
animateur(s) et des bénéficiaires
66
L’ensemble de ces outils a pour objectif de recueillir davantage de données sur
l’alimentation des bénéficiaires de l’aide alimentaire, et plus particulièrement des
épiceries sociales et solidaires. Cela afin d’appréhender au mieux la complexité et la
diversité des situations rencontrées dans un contexte de précarité
67
Conclusion générale
Nous avons pu observer tout au long de cette étude que la crise économique et
sociale de 2008 a entrainé un mouvement de précarisation dans la société française. Cela
est rendu visible par l’augmentation des bénéficiaires de l’aide alimentaire mais
également par la diversité des profils rencontrés. Ainsi, il y a une forte augmentation chez
les bénéficiaires des familles monoparentales, des étudiants, des retraités ou des actifs
ayant un emploi précaire. L’alimentation de ces derniers étant fortement influencée par
leur niveau de vie, nous observons une plus forte prévalence de certaines pathologies
chez ces populations. L’aide alimentaire vient donc fournir une aide d’urgence en denrées
parfois vitales. Mais au-delà, elle cherche à répondre à ces inégalités de santé. Cette
volonté se traduit par la mise en place de politiques nutritionnelles telles que le
Programme National Nutrition Santé.
Cependant, il est nécessaire d’appréhender l’alimentation comme un acte complexe,
alliant cette fonction nutritionnelle à d’autres telles que l’exclusion ou d’inclusion sociale.
Les épiceries sociales et solidaires s’inscrivent dans cette volonté, en appréhendant l’aide
alimentaire en tant que support à la création de lien social. Elles mettent donc au centre
de leur action des valeurs telles que le respect de la dignité et de l’autonomie de ses
bénéficiaires. Dans son fonctionnement cette forme d’aide alimentaire propose ainsi le
libre choix et une participation financière des bénéficiaires. Les épiceries sociales et
solidaires proposent donc de sortir du modèle de l’assistanat vers celui de la
responsabilisation. Celui-ci permet de faire des bénéficiaires de l’aide alimentaire des
acteurs à part entière. Il serait intéressant d’aller étudier les avantages et les limites d’une
telle organisation.
Ensuite, les épiceries sociales et solidaires proposent divers ateliers parmi lesquels des
ateliers de cuisine et des repas partagés. Ces derniers créent une situation plus
informelle, favorable au dialogue et au partage. C’est aussi l’opportunité de faire passer
des messages nutritionnels. Mais au-delà, la création d’une situation de commensalité
permet de s’inscrire dans une dynamique d’inclusion sociale. Les bénéficiaires pouvant
devenir force de propositions.
68
Cette forme d’aide alimentaire semble donc prendre en compte le mangeur
précaire dans sa complexité. Même si certaines dissonances peuvent être observées au
travers des représentations des professionnels et des bénévoles. La volonté de
professionnalisation des épiceries part la mise en place d’un réseau national pourrait
donc traduire la nécessité de valeurs communes à l’ensemble des acteurs du système de
l’aide alimentaire. La poursuite de cette étude par la mise en application de la
méthodologie probatoire permettrait d’affiner notre regard sur l’aide alimentaire ainsi
que sur les besoins et les attentes de ses bénéficiaires.
69
Bibliographie
Ouvrages
BRESSON Maryse. Sociologie de la précarité. Collection 128. 2007. 126 pages
PAUGMAN Serge. Le lien social. Que sais-je ?. PUF. 2008. 125 pages.
PAUGMAN Serge. Les formes élémentaires de la pauvreté. PUF. 2013. 290 pages.
Articles
CORBEAU Jean-Pierre. Centre de Recherche et d’Information Nutritionnelles (CERIN).
Pour une approche plurielle de notre alimentation. Université François Rabelais, Tours. N°
104. Novembre-Décembre 2007. 4 pages.
Rapports
BOCQUIER A., CAILLAVET C., DARMON N.,VIEUX F. Les travaux de l’Observatoire Nationale
de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale 2009-2010. L’insécurité alimentaire pour raisons
financières en France. La documentation Française Editeurs. 602 pages.
CESAR Christine. Etude ABENA 2004-2005. Comportements alimentaires et situations de
pauvreté. Aspects socio-anthropologiques de l’alimentation des personnes recourant à
l’aide alimentaire en France. Institut de veille sanitaire. Université de Paris 13,
Conservatoire national des arts et métiers. Saint-Maurice, 2007. 110 pages.
HERVIEU Bertrand. Conseil National de l’Alimentation. Aide alimentaire et accès à
l’alimentation des populations démunies en France. Avis n°72 du 22 mars 2012. 131
pages.
70
Dictionnaires
ALLEN N.J. Dictionnaire de la pensée sociologique. Sous la direction de BORLANDI
Massimo, BOUDON Raymond, CHERKAOUI Mohamed, VALADE Bernard. Quadrige/PUF.
2005. 770 pages.
BURNIER Daniel, DUBOIS Lise. Dictionnaire des cultures alimentaires. Sous la direction de
POULAIN Jean Pierre. Quadrige/PUF. 2012. 1465 pages.
FILLIEULE R. Dictionnaire de la pensée sociologique. Sous la direction de BORLANDI
Massimo, BOUDON Raymond, CHERKAOUI Mohamed, VALADE Bernard. Quadrige/PUF.
2005. 770 pages.
FISHLER Claude. Dictionnaire des cultures alimentaires. Sous la direction de POULAIN Jean
Pierre. Quadrige/PUF. 2012. 1465 pages.
PARSON Talcott. Dictionnaire de la pensée sociologique. Sous la direction de BORLANDI
Massimo, BOUDON Raymond, CHERKAOUI Mohamed, VALADE Bernard. Quadrige/PUF.
2005. 770 pages.
PAUGMAN Serge. Dictionnaire de la pensée sociologique. Sous la direction de BORLANDI
Massimo, BOUDON Raymond, CHERKAOUI Mohamed, VALADE Bernard. Quadrige/PUF.
2005. 770 pages.
STEINER Philippe. Dictionnaire de la pensée sociologique. Sous la direction de BORLANDI
Massimo, BOUDON Raymond, CHERKAOUI Mohamed, VALADE Bernard. Quadrige/PUF.
2005. 770 pages.
71
Table des annexes
Annexe A : Composition du focus groupe. .......................................................................... 72
Annexe B : Retranscription du focus groupe. ...................................................................... 73
72
Annexe A : Composition du focus groupe.
Intervenants Sexe Statut professionnel Profil
1 Femme Etudiante en économie sociale
et familiale
« La réflexive » : cette personne a pris une place intéressante. Elle intervenait de manière réfléchie, avec une prise de distance, et des nuances dans ses propos. Par son statut de stagiaire, elle avait un regard particulièrement intéressant sur l’alimentation des bénéficiaires. Elle a également posé beaucoup de questions aux autres personnes, qu’elle considérait plus spécialistes et expérimentées dans le domaine des épiceries solidaires.
2 Femme Assistante sociale « La timide » : elle s’est beaucoup effacée à coté de ses collègues.
3 Femme Directrice d’épicerie
« La dominante » : elle a pris beaucoup plus la parole que les autres, répondant à toutes les questions, coupant parfois la parole aux autres intervenants. C’est son statut de responsable dans l’épicerie, son ancienneté dans le métier et son âge qui lui ont permis de prendre ce rôle.
4 Femme Responsable des étudiants
« L’expert » : elle a dans un
premier temps pris une position
d’observatrice avant de prendre
confiance et de beaucoup
intervenir dans le débat. Elle avait
vraiment des messages à faire
passer, avec de forts engagements.
Spécialisée dans la prise en charge
des étudiants, c’est une éco-
citoyenne fortement engagée.
5 Femme Bénévole pour les étudiants
« La timide » : elle s’est beaucoup effacée à coté de ses collègues. salariées.
73
Annexe B : Retranscription du focus groupe.
« Alimentation santé précarité », le 05/02/14.
Bonjour Mesdames !
Je vois qu’aujourd’hui, il y a une forte domination féminine (rire), les hommes sont en
minorité.
Permettez-moi tout d’abord avant de commencer par commencer par des
remerciements. Merci de vous être déplacées on sait qu’on est mercredi et que ce n’était
pas évident étant donné que la majeure partie de vos structures reçoivent leurs produits
alimentaires les mercredis. Donc on sait que vous avez consenti un sacrifice pour
l’accorder à des étudiants merci.
… Comme je vous l’ai dit durant la tournée … cette table ronde a pour thématique
l’alimentation, la santé et la précarité. C’est un sujet qui nous concerne nous étudiants …
Vous recevez dans vos structures des familles, des personnes âgées, des étudiants et
parfois même des salariés dits précaires.
Donc on ne pouvait pas espérer avoir des personnes mieux placées dans leur domaine
que vous. … Vous êtes … toutes des professionnelles respectives dans vos domaines. Donc
merci de votre participation.
En gros si on avait à imager on peut dire qu’on est dans une salle de classe et vous êtes
nos professeurs, mais la chance qu’on a : on a 5 professeurs au lieu d’en avoir une…. C’est
une chance merci pour cela.
Pour commencer j’aimerais qu’on commence par faire les présentations. Étant donné
charité bien ordonnée commence par soi, alors je vais commencer par faire ma
présentation. Je m’appelle I, j’ai 26 ans et je suis étudiant en première année de master
sociologie l’alimentation à l’ISTHIA. M tu veux faire ta présentation…
… Moi c’est M… je suis dans la même promo que I en master 1 sociologie appliquée à
l’alimentation, donc sur le même travail qu’I et j’ai 23 ans….
Je vous laisse continuer.
- 5 X*** je travaille avec 4 R*** … nous nous occupons toutes les deux de l’accueil des
étudiants à l’épicerie E***.
- … 4 R*** (rire) coresponsable avec 5 … On a une journée dédiée aux étudiants. À E***
qui se trouve dans le quartier Bellefontaine. Et on a une bonne majorité des étudiants de
l’université du Mirail depuis 3 ans.
74
- P*** 3 je suis la présidente de l’épicerie solidaire M*** nous aussi nous accueillons des
étudiants du Mirail de l’école nationale d’architectures de l’ifec et d’autres petites
structures, d’autres petites écoles, des étudiants puisqu’il y a même des lycées qui sont
amenés à vivre tout seuls et donc avec des finances très réduites voilà.
- 2 B*** je suis assistante sociale de la structure épicerie solidaire M***. … Je suis dans le
domaine de l’accueil, de l’orientation. On fait … les inscriptions des étudiants, des
familles, des personnes qui souhaitent s’inscrire à l’épicerie… suite à ça, avec ma collègue
conseillère en économie sociale et familiale on fait en condition voilà… pour le reste on
verra plus tard
- … C’est 1 V***, je suis la stagiaire conseillère en économie sociale et familiale de
l’épicerie S***. J’ai 25ans et je suis en dernière année, puis que je passe mon diplôme
d’état, je soutiens mon mémoire au mois d’octobre.
Comme vous aurez pu le remarquer durant ce tour de présentation vous faites toutes
partie des structures différentes. Juste pour élucider les points qui pourraient être …, je
ne dirais pas des points de divergences… Juste pour éclairer sur certains points. J’aimerais
savoir c’est quoi votre structure exactement ? C’est quoi la nature de votre structure ?
- 3 : C’est-à-dire ?
Votre structure ce qu’elle est en elle-même ?
- 3 : Association… Alors les trois…, les trois épiceries qui sont présentes sont trois
associations… et on fait partie du même groupement c’est-à-dire du GESMIP. Le gesmip
est un groupement d’épicerie solidaire de Midi-Pyrénées. Qui a à peu près deux ans et on
fait partie du même groupement pour essayer de travailler pratiquement dans les mêmes
conditions d’accueil et d’accès à l’épicerie avec des dossiers vraiment qui ont été
travaillés en commun. Sur ces trois épiceries on peut dire qu’on a vraiment trois dossiers
identiques.
- 4 : On collabore
- 3 On collabore ! si une des associations, admettons n’avait plus assez de place… quand
on fait trop plein il faut attendre à ce que d’autre gens s’en aillent. On se communique les
dossiers pour dire ben tiens toi tu pourras si possible prendre une famille si c’est dans
l’urgence
Donc vous travaillez en communion ! Vous travaillez en collaboration !
- 4 : On essaye
- 3 : On essaye plus ou moins …ce n’est pas facile… on est pris dans nos épiceries et ben il
y a pas vraiment… j’ai de la chance d’avoir et une assistante sociale et une conseillère
mais ça c’est un choix que le conseil d’administration a fait et on s’en réjouit parce que
75
nous en tant que présidentes bénévoles etc. prendre des dossiers et avoir à faire aux
personnes et de gérer leur problème ben c’est très compliqué ! Quand il faut et les
problèmes pour amener l’alimentation à l’épicerie et que ce soit une alimentation saine
et correcte dieu sait que c’est difficile… Et puis gérer les dossiers des personnes avec les
problèmes ça c’est vraiment quelque chose de pas facile… Il faut vraiment avoir l’esprit. Il
faut au moins un ou une qui a l’esprit libre pour avoir vraiment à faire toute cette
démarche vers le commercial. Au niveau des achats et trouver des fournisseurs, à bas prix
tout en ayant de la qualité… le travail pour qu’il puisse vraiment scinder à deux.
Pour vous madame… vous avez dit dans votre présentation que vous étiez une épicerie
solidaire. C’est quoi une épicerie solidaire ?
- 2 : Épicerie solidaire… le principe c’est concrètement…, qu’on puisse avec les produits
qui sont en fin de distribution… dans des structures commerciales telle que tous les
partenaires commerciaux… qui n’arrivent plus à écouler certaines denrées parce qu’ils
arrivent en fin de date par exemple. L’économie solidaire… va permettre de récupérer ces
produits là … avec des avantages pour le partenaire commercial qui va laisser une partie
de ces produits qui auraient pu atterrir à la poubelle … si on les avait pas récupérés pour
pouvoir le redistribuer … à des personnes qui sont dans le besoin… le principe surtout
d’une épicerie solidaire c’est que la personne quand elle arrive, on n'est pas sous la forme
d’un colis rien n’est gratuit. La personne va dépenser une participation … qui va de 10 à
30% de la valeur marchande qu’on va pouvoir trouver à l’extérieur … ce produit… à
l’épicerie il y a toujours… ce principe de participation. Alors après je vous parle de
partenaires commerciaux, mais aussi la banque alimentaire en terme de partenaire, dans
le cheminement des produits vers l’épicerie.
….Vous partagez cette définition de l’épicerie solidaire ?
- 3 : l’épicerie solidaire c’est aussi par les économies réalisées à l’épicerie puisque ce n’est
pas de l’assistanat c’est pouvoir payer ses dettes avec l’économie réalisée. C’est aussi ça !
... Ce n’est pas qu’on donne à manger bêtement. … on aide les gens … à reprendre pied
pour pendant un certain temps, à payer ce qu’ils ont à payer tout en mangeant
correctement. Il n’y a pas que des produits de récupération. Il y aussi des produits qu’on
récupère qui sont dans un magasin normal… Nous travaillons avec" uniterre"," uniterre"
c’est un … une association qui a été montée par une dame qui a fait exactement les
mêmes études que vous il y a trois ans…. Et donc qui a monté" uniterre". Elle permet à
des agriculteurs qui sont en difficultés, et donc qui touchent le RS A… On fait des
précommandes de fruits et légumes à l’année. Elle a réussi à les faire financer par
l’Europe. Donc pour les agriculteurs ils sont payés au juste prix puisque le prix est avec les
agriculteurs et" uniterre". Pour les épiceries c’est gratuit. Par contre nous on revend à
30% du montant qui a été payé à l’agriculteur.
76
Si je comprends bien vous travaillez… avec des partenaires, ces partenaires c’est
seulement un partenaire, c’est" uniterre" seulement ?, ou bien il y en a d’autres ?
- 3 : non il y a d’autres… il y a la banque alimentaire. Il y a "revivre"." Revivre" est un
groupement aussi qui a été monté après le" gesmip"… il cherche des industriels qui
auraient des trop plein de… ça peut être des produits de toilette, de maison, de
nourriture… après c’est revendu, c’est revendu aux prix de la logistique aux épiceries... On
a" ANDSS", on a "uniterre", qu’est-ce qu’on a encore ? Pour nous on a" simply market
"qui travaille avec nous… ADN, don solidaire, donc il y a quand même beaucoup
d’associations qui travaillent avec nous… du moins on travaille avec eux.
Vous vous êtes… soliciale, vous travaillez également en partenariat avec des partenaires
comme "uniterre, simply market"… ?
- 1 : oui oui oui on est à peu près toutes les épiceries … chaque épicerie se différencie…
On a tous recourt à différentes plateformes de fournisseurs.
… vous avez combien de fournisseurs ?
- Je ne les connais pas tous de tête mais ... il y a la banque alimentaire ANDSS, ADN, don
solitaire, la Cistella, don a solidaire, revivre, …. ( 3 : 8 à peu près…c’est à peu près ça, c’est
à peu près 8 fournisseurs… on essaye aussi de ne pas ) c’est difficile à gérer…. Au niveau
des commandes.
- 3 : … admettons pour revivre on commande… on commande et on va le chercher… mais
admettons …. La Cistella… pour l’instant c’est facile à gérer on commande toutes les
semaines et on vient nous livrer. Uniterre ça commence et c’est un peu plus difficile parce
que vu le climat actuellement il y a des choses qui sont pourries… et donc là c’est un peu
difficile à gérer. don solidaire et don en nature c’est des catalogues… on a un numéro…
sur leur site… on va voir de temps ce qu’il y a et par rapport à ce qu’il y a on commande et
ils nous livrent… la banque alimentaire malheureusement et ça c’est le gros problème
dans Midi-Pyrénées, et pas seulement les épiceries solidaires…on n’arrive pas à
commander on nous impose.
- 4 : Ce n’est pas la même mentalité je pense
- 3 : On nous impose donc ils n’ont toujours pas compris admettons… une famille on va
puis lui faire surtout si elle est musulmane, on ne va pas lui faire à manger du cassoulet
ou des lentilles au porc toutes les semaines… ou des raviolis. Donc ils n’ont toujours pas
compris … régulièrement pour nous qui avons 600 personnes à donner à manger,
régulièrement tous les 15 jours on ramène 400 boites de chaque qu’on ne vend pas. Et ça
c’est l’Europe…
- 4 : Il faut les écouler en fait ces stocks. Sauf qu’on ne peut pas les imposer aux gens…
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- 3 : l’épicerie n’est pas faite pour imposer aux gens ce qu’ils ont besoin de manger…
L’épicerie est faite… les gens viennent. Vous en avez fait l’expérience. vous venez vous
faites vos courses comme si vous faisiez vos courses dans un magasin normal. C’est déjà
dur pour une personne qui a des difficultés financières de faire le pas de rentrer à
l’épicerie. Alors si en plus on doit lui dire ce qu’il a à manger… ça ne peut pas aller.
- 2 : la différence qu’il peut y avoir ça va être sur certains produits ou on n’aura pas un
stock immense. Ça sera peut-être… la quantité soit limitée dans le mois ou dans la
semaine parce qu’on le propose à tout monde et que donc il faut qu’il y ait une restriction
à un moment donné par famille. Ça peut être soit par famille, donc elle passe une fois par
semaine, elles ont droit qu’à ça sur certains produits, ou alors par mois parce ça va être
des produits tels que la lessive par exemple… par choix on a préféré toutes les familles
puissent avoir accès à telle chose mais peut être de manière plus réduite par soucis
d’avoir une action d’équité.
- 3 : Du style on a donc 600 personnes, actuellement on a 225 familles, hier on a été à la
banque alimentaire nous avons eu 10 kilos de sucre…
Si je comprends bien vous parlez de colis, mais je pensais que les colis étaient… relatifs
aux épiceries sociales ?
- 3 : Alors une épicerie sociale n’est pas une épicerie solidaire.
- 4 : On ne parlait pas de colis non plus (rire) … on parlait de stock au fait. on parle de
stock…
- 3 : une épicerie sociale c’est une épicerie qui va donner des colis. Une épicerie sociale et
solidaire il y a un travail social qui est fait avec des conseillers, des assistantes sociales sur
tous les problèmes, où les gens participent financièrement… c’est pas du tout la même
chose. les restos du cœur vont vous des colis, le secours populaire va vous faires des colis,
la croix rouge va vous faire des colis, et ça va être pour certains c’est zéro pour d’autres ça
va être 20 centimes. Nous les épiceries les gens quand ils viennent ils vont payer entre 10
et 30% de la valeur du produit…
- du marché en fait ça veut dire qu’ils vont économiser tout le reste. Au fait on agit
directement sur leur budget et sur l’alimentaire. C’est ça l’intérêt des épiceries puisque
sur certains produits 90% du prix. Donc forcément cet argent ils vont pouvoir le toucher.
À un moment ils pourront le réinvestir.
… Je peux dire que c’est une différence entre épicerie sociale et épicerie solidaire, même
si elle est plus ou moins minime !
- 4 : et l’aide alimentaire avec les colis, c’est complètement différent.
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- 1 : La différence si vous voulez c’est que les colis alimentaires on va être plutôt dans
l’urgence. Une personne qui se présente à l’épicerie et qui nous dit voilà je suis en
difficulté, je veux venir chez vous. Souvent ils ont un peu l’idée de vouloir je veux venir
chez vous je veux payer moins cher je veux venir comment ça se passe ?…. Alors P…
parlait des dettes. Mais ça peut être aussi la voiture qui tombe en panne j’en ai besoin
pour travailler, j’ai besoin d’en acheter une autre. Alors que ça peut être une personne
qui gère très bien son petit budget jusqu’à présent… ou alors on a des familles qui payent
des cours d’aide à la scolarité pour leurs enfants, pendant l’année, pendant 6 mois,
pendant 3 mois, ils vont avoir besoin de soutien pour pouvoir payer les aléas de la vie... si
c’est une urgence vraiment besoin d’un colis alimentaire on les redirige vers les structures
comme vous disait P… il y a plein d’autres associations qui le font… Nous on est vraiment
dans l’accompagnement social, la prise en charge de leur budget, comment on va
redresser la situation. Là il faut qu’ils aient la possibilité d’attendre éventuellement
quelques semaines voire un mois, un mois et demi d’avoir accès à l’épicerie…On a tous le
même dossier d’accès qu’on remplit dans un premier temps puis après le dossier est
étudié et si une fois le dossier est étudié qu’on les rappelle pour leur dire vous êtes
acceptés ou non. Et si ils sont acceptés là c’est à nouveau les travailleurs sociaux qui
reçoivent la personne... il y a vraiment une prise en charge alors que le colis alimentaire je
pense qu’on connait quasiment rien si ce n’est … l’effectif… dans la famille ils sont
combien est-ce qu’il y a des enfants est-ce qu’il y a des allergies et encore allergie je ne
suis pas sure qua dans les colis alimentaire…. La volonté c’est vraiment de les investir et
de ne pas trop changer leur quotidien qu’ils puissent encore choisir leurs produits qu’ils
puissent payer, qu’ils gardent une certaine dignité. On se différencie vraiment des colis
alimentaires.
D’accord c’est pas du tout pareil et vous vous en pensez quoi à propos des colis la
différence qui pourrait avoir entre épicerie sociale et
- 5 C’est par rapport justement au fait qu’ils puissent choisir eux mêmes qu’on les impose
pas qu’ils aient le choix d’acheter comme tout le monde comme personne normale sans
qu’on impose justement des boites de conserves qu’ils n'ont justement pas envie de
manger. Et ça leur permet de garder justement cette dignité et de pas se dire qu’ils sont
assistés dans le sens où ils sont dans une certaine difficulté, mais ils sont assistés par
imposition je peux dire comme ça.
Et vous pensez quoi de ce proverbe anglais qui dis « ce qu’on achète coûte moins cher
que ce qui est offert » ?
- Silence
- 2 : Je pense que (rire)… le sens moins cher peut-être qu’il n’est plus monétaire dans
cette phrase là mais il est moins cher dans le sens …quand on donne quelque chose
quelque part vous le payez à un autre moment … alors c’est pas que des notions c’est
79
vraiment des choses que l’on peut retrouver comme moi je suis en entretien des
personnes qui sont là depuis trois mois ou même qui arrivent en premier entretien avant
même que les dossiers soient acceptés ou pas… la volonté de venir vers une épicerie
solidaire c’est aussi ce principe là... j’ai déjà entendu assez souvent des familles qui me
disent moi je me vois pas aller vers des structures qui distribuent des colis alimentaires
parce qu’il y a du monde il y a de l’attente il y a cette question d’être vu comme une
personne qui est dans la demande, dans l’assistanat , alors j’aime pas trop ce mot-là .
mois cette phrase je l’entends comme ça …. c’est-à-dire à défaut de le payer
monétairement … il faut le payer d’une autre manière comme si sous la forme d’un colis,
d’un don de la société d’un don ou d’autrui, donné des personnes. Moi… je la comprends
comme ça.
- 4 : ben nous on l’expérience… on a eu des colis alimentaires pendant des années, quand
je dis des années c’est plus de dix ans… Quand on est passé à la forme de l’épicerie…
c’étaient les mêmes, les mêmes personnes venaient mais elles étaient contentes en fait,
ça ne les a pas dérangées… Elles payaient un euro pour le colis et ensuite elles ont passé à
10¨% du prix… elles payent peut-être 20 euros on va dire mais elles se sont au contraire
réjouies elles se sont senties valorisées. Quand je dis des personnes, je parle des familles
pour 20 euros c’est vraiment des familles nombreuses… Pour un étudiant c’est pas du
tout ça il y en a qui avec 5 euros ils repartent pour la semaine…. Ils préfèrent payer 5
euros plutôt qu’un euro pour des produits qu’ils n’ont pas choisis… parce quand on reçoit
nous en particulier les étudiants… je ne suis pas travailleur social… c’est pour cela je ne les
mets pas non plus face à ces contraintes de vérifier leur situation parce que je travaille en
partenariat avec d’autres avec des assistantes sociales d’ici, de la fac du Crous… ce sont
elles qui font ce travail de travailleur social, mais moi je mets à l’aise l’étudiant lui disant
c’est seulement une période de ta vie. C’est que pour un temps court. C’est sûrement pas
le moment justement de rentrer dans un système où tu penses que tu vas galérer toute ta
vie.. l’idée c’est on peut faire quelques chose, on peut vraiment faire quelque chose par
exemple ces produits là… au lieu de les avoir, de les jeter de les gaspiller, on les
revalorise,… l’idée c’est d’être engagé même dans la société. de penser consommer
différemment, on peut vraiment transformer les choses au lieu de se dire holalala je suis
dans la précarité… c’est horrible. Moi j’essaye d’enlever tous ces freins-là lui dire ça va… il
y a vraiment de quoi sentir à l’aise. Ce que tu fais là c’est bien. Tu es solidaire toi aussi
dans le fait que tu manges quelque chose au lieu de le jeter… c’est une participation aussi
je dirai à un niveau plus global je dirai même à niveau de la société. À penser et à manger
différemment.
…. J’aimerais savoir comment vous gérez vos DLC ? DLUO ?
- 4 : ça dépend des produits au fait. Déjà on informe ! Parce qu’en fait il y a beaucoup de
ben voilà… peut-être qu’en général on ne sait pas certains produits on peut les manger
après la date. La différence entre date limite et date optimale… il y a beaucoup de
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produits. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais il y a des lois qui viennent de passer
aussi, ça va se faire, les dates ça va changer.
- 3 : ils commencent à changer puisque ça change dans certains pays... Admettons pour
les DLUO en Angleterre, ils ont complètement abandonné c’est ça… donc admettons on
ne met plus de date, ou on met vraiment la date finale du produit… et pas commerciale…
un yaourt vous pouvez le garder 45 jours après la date qui est marquée, une boite de
conserve si ce n’est pas bombé, du riz des pâtes, du sucre…. Tout ça c’est à vie, on l’a
testé ! C’est un petit peu dommage. Nous on fait avec une diététicienne régulièrement
avec les nouveaux arrivants on fait vraiment un cours ou on leur apprend les dlc, les
dluo… leur apprendre aussi que ce n’est pas parce qu’il y a une date de marquée qu’on ne
peut plus le manger qu’on met tout de suite à la poubelle, c’est tout un travail qui est à
faire avec l’éducation avec les gens. Après ça pose vraiment aucun souci une fois qu’ils
ont bien compris ça pose plus de soucis.
M : …J’ai essayé de noter les idées principales qui en sont ressorties. Vous êtes toutes des
épiceries solidaires qui est à différencier des épiceries sociales. Une épicerie solidaire,
vous récupérez des produits en fin de vie… (3 : pas qu’en fin de vie) ou alors vous achetez
des produits… en tout cas vous les récupérez par des partenaires. Un certain nombre de
plateformes qui vous… fournis. La notion de fin de vie en fait c’est une notion
commerciale... C’est dans le terme commercial que vous l’avez employé en tout cas je
pense… ce ne sont pas des colis que vous distribuez ce n’est pas gratuit. C’est 10 à 30% du
prix de fabrication de vente (3 :… de vente… 4 : dans le marché en fait, le prix des grandes
surfaces. 3 : Sur certains produits où on n'a pas les prix on va aller sur le site internet d’un
magasin quelconque et puis on prend les prix) Et donc les grandes notions c’est pourvoir
ses dettes avec les économies qu’on réalise quand on vient faire ses courses dans des
épicerie (3 : c’est pas que ses dettes ! Admettons nous l’année dernière on a aidé une,
famille, un maman qui était toute seule avec ses enfants, qui n’était jamais partie en
vacances… elle travaillait en mi-temps… tout était parfait, sauf qu’elle ne pouvait pas
partir ben l’argent qu’elle a économisé lui a permis de partir 4 jour en camping pour l a
première fois avec ses enfants…. 4 : Ça peut être un projet personnel…. mais moi je dirais
aussi nous pour les étudiants ça être aussi vraiment indispensable… 3 : pour les étudiants
c’est même pas faire des économies c’est pouvoir manger correctement… 4 et payer son
loyer je leur explique qu’on va économiser d’un côté bon ben tu peux payer ton loyer… 5 :
… diminuer leurs heures de travail justement pendant les examens enfin de pouvoir
travailler plus pour avoir leur diplôme… M : donc il y a vraiment une importance
d’accompagnement, de valorisation des différentes personnes… la notion de faire ses
courses, la notion de choix, de cette liberté qui est la grande différence avec les épiceries
sociales, où on donne des colis, on n'a pas cette notion de choix, on a la gratuité totale
mais c’est des cas d’urgence mais du coup si j’ai bien compris plutôt le social… il y a un
effet de stigmatisation vous parliez qu’on retrouve pas c’est la grande différence… 4 :
qu’on veut effacer en tout ca… 3 : dans la plupart des épiceries solidaires… on fait des
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ateliers alors que ce soient des ateliers de cuisine, des ateliers diététiques… petits
gourmands enfants grand parents ou enfant, alors que dans le social il y aura pas tous ces
ateliers… 4 c’est vrai que nous il y a pas que l’alimentaire… on répond à un besoin vital…
mais pour apporter d’autres choses du lien social par exemple…, selon la personne ça
dépend de sa situation… M : est-ce que vous avez d’autres choses fortes qui différencient
les épiceries sociales des épiceries solidaires… dans une épicerie solidaire quand il y a un
travailleur social… le moindre problème que peut va voir le bénéficiaire. Il peut tout de
suite aller voir la conseillère ou l’assistante sociale en disant j’ai problème et ça peut être
réglé très rapidement… nous on a un partenariat avec patrimoine et société d’hlm donc
en lien direct avec les conseillères… dès qu’il y a problème à la première dette de loyer,
elles vient vers nous et on peut tout de suite arrêter le processus de l’endettement et des
fois les gens viennent un mois deux et puis c’est réglé… alors que si on avait laissé trainer
l’affaire ben ça peut aller très vite… d’accord tu as d’autres choses à rajouter M ?)
J’aimerais rebondir sur quelques chose… vous parlez d’activité gourmande pour les
enfants… vous parlez d’atelier gourmand, vous parlez d’atelier cuisine, et vous parlez de
quelques autres ateliers ?… ces activités elles tournent autour de quoi ?
- 3 : atelier diététique… alors il y a la diététique avec une diététicienne… elle prend les
gens pour leur expliquer les DLC, les DLUO, leur expliquer des petites choses qu’on va pas
faire ses courses quand on a faim… elle peut faire aussi des recettes avec des
personnes…, admettons si on a des familles qui sont diabétiques… elle peut organiser des
ateliers pour leur apprendre, elle peut prendre aussi ces gens individuellement… bien
souvent les gens ne peuvent pas aller voir une diététicienne, parce que ça coûte assez
cher… après vous avez des ateliers dits de cuisines.. nous on fait des ateliers de cuisine
avec les mamans ou papa, pour leur apprendre à cuisiner surtout les légumes parce qu’on
a plein de légumes… donc on leur apprend à cuisiner et puis ce moment de cuisine c’est
aussi un moment de convivialité et de pouvoir parler sur certains sujets qui peuvent les
freiner. Quand il y a eu l’affaire Merah chez nous … ça a été des ateliers de cuisine qui
n’en finissaient pas parce qu’il fallait que tout ce qu’elles avaient sur le cœur, tout ce qui
avait été fait, il fallait que ça sorte et qu’elles en parlent entre elles… il y a des ateliers
petits gourmands qui se font entre maman enfant, maman enfant diététicienne, il y a les
ateliers... des ateliers budget aussi... on fait pas des ateliers budget pour dire aux gens
vous avez ça de revenus … c’est vraiment leur apprendre à lire une facture de loyer une
facture d’EDF … de mise en garde quand on prend un crédit,… c’est des choses comme
ça… pour nous comme pour soliciale on a un partenaire avec Cultura et on fait des
ateliers et chez Cultura… on va chez Cultura faire des ateliers, ou ils viennent chez nous
faire des ateliers de déco de fabrication de bijoux… un tas de choses
- 1 Loisir créatif
- 3 : …Loisir créatif et ça peut être énormément…
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- 3 : …On a la coiffure…
- 4 : …Pour l’estime de soi
- 3 : …Là on a des esthéticiennes et pas diététicienne qui viennent trois semaines d’affilée
pour apprendre à se maquiller à faire ses ongles… et c’est quelque chose qui fait du bien
et le dernier atelier qu’on a fait c’est aller marcher tous les lundis à la Ramée …
- 2 : …dans un premier temps ce que je dirais c’est vous aurez remarqué c’est surtout des
femmes qui viennent vers nous... dans le principe d’aller vers l’épicerie en premier lieu
vraiment ce sont les mamans qui viennent vers notre structure… moi c’est rare que j’ai eu
des messieurs, ça se compte vraiment sur les doigts des deux mains ou alors on a
monsieur et madame parce que madame ne sait pas bien lire ou bien parler mais au final
ceux qui viennent faire les courses c’est la maman
- 3 : Et qui porte les sacs…
- 2 : … moi j’arrive très peu à voir à des papas… on arrive mais ça reste très ponctuel on a
beau essayer mais je crois c’est un travail de longue haleine on y est pas encore… en
terme d’atelier on essaye d’aller vers autres chose aussi… la fac du Mirail a une
association qui est venue vers nous… qui fait notamment en fait le petit jardin que vous
dans les … sur le parc là ils sont venus vers nous en se disant on aimerait aussi que les
habitants du quartier viennent notamment vers le jardin et s’investissent aussi dans ce
travail… on va essayer tout doucement aller vers ça … est-ce que ça captera ou pas les
papas je ne sais pas ….
- 3 : Peut-être les messieurs qui sont retraités qui s’ennuient peut être faire un mixte
enfant retraité…
Vous avez les mêmes activités dans toutes les épiceries…
- 4 : …à peu près … là je note les idées justement… parce que c’est super intéressant.
- 3 : …le Gesmip ça sert aussi à ça
- 4 : On sait regrouper justement c’est pour ça c’est une force…
- 3 :…On sait donner nos petits trucs.
- 4 : J’allais dire par différence avec les grandes surfaces nous ne sommes pas
concurrentiels du tout.
- 1 : On est sectorisé rien que par rapport à ça, on ne peut pas se faire concurrence … on
reçoit un public uniquement qui dépend...
- 3 : …Si on se fait concurrence…. C’est même pas de la concurrence… c’est parce qu’on
nous demande de prendre telle ou telle famille… ou même nous il nous arrive d’avoir des
83
familles qui arrivent de Bagatelle… et on leur dit Bagatelle il y a oui mais ... mais si il y a
trois mois c’est il y a trois mois d’attente on ne peut pas non plus.
- 4 : …on a trop de demandes pour concurrentiel aussi... aussi c’est complètement à
l’opposé de l’état d’esprit ça sert à rien de faire de l’économie solidaire si c’est pour avoir
les mêmes ingrédients que dans l’économie classique.
D’accord… du coup ces activités comment elles sont appréhendées par les bénéficiaires ?
Supposons je viens d’arriver dans la structure je ne connais pas la structure… vous parlez
d’atelier de confessions de bijoux avec la pâte fumo… j’arrive ben je ne connais pas les
activités on me propose cela. Comment je pourrais l’appréhender ou bien comment les
clients d’une manière générale l’appréhendent ?
- 3 :… c’est un choix de la personne… on ne peut pas demander à un bénéficiaire qui vient
juste d’arriver de venir toute de suite aux ateliers ce n’est pas possible. il faut qu’ils
commencent à connaitre la structure à savoir ce que leur apporte l’épicerie et puis à
connaitre aussi les gens qui y travaillent… Une fois que ça se dénoue un petit peu c’est
beaucoup facile… si on dit à une personne qui arrive la semaine vous venez à … non il
viendra jamais.
- 1 : après nous là on va vraiment se différencier des autres épiceries c’est qu’on est tout
petit déjà… quand on reçoit les personnes une fois qu’elles sont acceptées qu’on reçoit
les personnes pour faire signer il y a un petit contrat puisqu’on est quand même dans une
relation de confiance … on établit tout ça, on les fait comprendre nous on est là pour eux
il y a aussi des règles à respecter... on leur explique le fonctionnement on leur demande
de faire au moins un atelier sur leurs parcours d’épicerie après si ils se le sentent pas on
n'est pas là pour les forcer c’est gratuit pour eux s’il veulent pas voilà hein… mais… ce que
je veux dire c’est que du coup l’épicerie est bien présentée dans son … on présente une
fois sortie du bureau. On sert du bureau il y a la caisse juste à côté il y a l’animatrice qui
s’occupe des stocks et de l’encaissement qui est là. Les bénévoles on n' en a que deux, ils
sont souvent par là si ils les voient pas la première semaine ils les voient la deuxième.
Assez rapidement ils comprennent le fonctionnement… on est qu’à 70 je crois 70
maximum peut être 80 familles…
- 3 : 70 c’est beau Ça c’est beau pour l’emplacement… et puis en un an
- 1 : Pour dire la relation est déjà quand même pas la même... nous c’est toujours la
même personne qui va l’accueillir qui va l’encaisser, qui va lui parler des ateliers….
- 4 : … il y a pas tant de salariés que ça il y a pas tant de bénévoles… chacun son poste
mais dans l’état d’esprit je partage tout à fait ça c’est ma volonté d’être très proche c’est
volontaire en tout cas…
- 1 : Je ne dis pas que vous n’êtes pas là-dedans.…
84
- 4 : … moi au fait pour les étudiants je me retrouve très bien là-dedans.
- 3 : Même si on est très nombreux chacun a sa place son travail je pense la base c’est la
relation avec les autres personnes…
- 3 : Et puis savoir reconnaitre la difficulté moi je sais la dame qui va s’occuper des fruits
et légumes je lui ai demandé d’être très attentif aux personnes quand ils arrivent de voir
si ils ont un problème parce qu’on les voit tout de suite… d’ailleurs ce qui est marrant si
on veut dire quand une personne arrive pour la première fois à l’épicerie pour faire les
courses… elle arrive tête baissée et elle vous dit bonjour comme ça au bout des semaines
c’est je monte la tête j’arrive je monte la tête bonjour vous allez bien… là dès qu’on arrive
à ça on a passé une sacrée étape .. là on peut dire on fait un travail avec les ateliers de
discussion. Voilà il y a plein de choses… mais il faut ce temps d’adaptation à l’épicerie
J’aimerais juste vous entendre à propos de l’arrivée d’un nouveau bénéficiaire comment
ça se passe dans votre structure ?
- 5 : …. On reçoit des lettres… un courrier des assistantes sociales, on travaille avec elles
ou soit également via d’autres étudiants qui connaissent d’autres étudiants qui sont en
difficulté... de bouche à oreille on va les recevoir on va faire un point concernant leur
situation et ben après on les explique un peu les modes de fonctionnement de comment
ça se passe à l’épicerie et comme P*** vient de le dire d’entrée on va pas… on va leur
laisser le temps de s’adapter pour qu’on puisse rentrer un peu plus en profondeur sur
leur problème… quand ils arrivent ils parlent pas forcement tout de suite de ce qui se
passe dans leur vie… Pas qu’au niveau alimentation il y a d’autres problèmes ça peut être
un problème de papier administratif comme ça peut être un problème de logement ça ils
leur disent pas forcement de suite. Et donc lors du premier contact on pose un minimum
de questions et en fonction de leur réponse on essaye de… voir si on peut aller un peu
plus loin lors du premier contact. Voir vraiment quelles sont les difficultés qu’est-ce qu’on
peut leur proposer comme solution. C’est des critères qui vont sont communs ou vous
avez d’autres critères spécifiques…des critères pour l’arrivée d’un nouveau bénéficiaire ?
- 4 : il y a une base commune…
- 3… il y a quelques différences…
- 2 : … à savoir ce qui nous concerne on va avoir trois types de publics avec des caractères
différents... on a effectivement les étudiants qui vont avoir une inscription sur l’année
scolaire et en terme d’inscription et de condition d’inscription on est sur la présentation
des cartes étudiants…le fait d’être étudiant ça va déjà amener l’accès à la structure... on
leur explique que c’est sur l’année scolaire mais si au bout d’un certain temps si on voit
qu’ils viennent plus on les désinscrit quand même parce que ça fait une place à libérer
pour les autres. Ensuite on va avoir les retraités qui sont non imposables et qui sont dans
la demande qui habitent le quartier... dans ce cas il y a la présentation de ce qu’ils ont en
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retraite et va pouvoir seulement avec ça et leur carte d’identité s’inscrire l’année civile et
ensuite on a des familles c’est autre chose… on va considérer que sont dans une période
actif en fait. On va leur demander. On agit plus sur le budget si vous voulez. Alors qu’ils
vont être financés savoir le reste à vivre qu’on va calculer qui va doit être compris entre …
euros par personne dans les foyers. Besoin justificatif de ressources de charge d’impayé
de crédit s’ils en ont et on va donc avec eux définir un projet et donc la commission
d’attribution va donc regarder le reste à vivre et le projet… et donc ça sur un temps
d’accès de trois renouvelables deux avec… on regarde tous les trois mois l’évolution de la
situation. Le passage à la commission pour pouvoir statuer la pertinence ou pas de l’accès
encore à l’épicerie on va regarder aussi la participation aux ateliers également mais ça ne
va pas être le principal critère dans le…
- 3 :… et le comportement à l’épicerie
- 2 : … et le comportement à l’épicerie on regarde aussi l’aspect famigene... s’il vient
régulièrement ou pas ... on leur demande de venir une fois par semaine... mais on peut
s’adapter … c’est-à-dire on leur dit qu’ils ont le choix… mais le tout est de nous de
prévenir avant et de nous prévenir aussi s’ils ne peuvent pas venir … c’est dans le
contrat… qu’on a signé avec aux ça va de trois mois…. On va aussi leur rappeler qu’il y a
des ateliers … si ils souhaitent participer… inscrire à un atelier... on leur demande de venir
parce qu’il y a des intervenants extérieurs ou pas forcement même moi en tant
qu’animatrice c’est que c’est compliqué quand je dois attendre une demi-heure et que je
me rend compte qu’il y a personne… ces genres de chose qui vont faire dans le respect du
fonctionnement de l’épicerie on aura besoin qu’ils s’engagent aussi de leur côté… nous on
a trois catégories de publics…
D’accord et vous vous partagez ces mêmes catégories de publics ?
- 1 : … même public oui mais après je pense que c’est parce qu’on est tout frais…mais pas
que je sache … on a des étudiants… moi je suis étudiant j’étais de passage pendant deux
mois et demi sur mi-octobre novembre et décembre là je viens juste de revenir depuis
lundi je ne maitrise pas encore toute la structure… mais des étudiants on a eu des
colocations … je ne pense pas que le contrat se soit fait avec la carte d’identité et pour
l’année scolaire … oui pardon la carte étudiant voilà … c’est peut être une idée… qu’elle
voudrait mettre en place mais je ne suis pas sûre que ça soit fait. Et pour les retraité je ne
pense pas non plus qu’on fonctionne de la même manière… je pense vraiment que tous
les accès ce soit fait de trois mois pour peut-être pas bloquer les places…
- 3 : nous au niveau des retraités c’est un travail… dans le secteur où l’on est il y a rien !
c’est-à-dire un quelqu’un qui a du mal à se déplacer ou quoiqu’il en soit il faut qu’il
prenne le bus il faut qu’il ait au minimum à Basso Cambo... là en ouvrant ben le mercredi
matin c’est ouvert aux personnes âgées… elles se retrouvent entres elles se sont connues
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au club du troisième Age machin voilà , elles parlent voilà , c’est très très convivial , moi
j’aime beaucoup le mercredi c’est assez rigolo c’est très convivial çà pas prend la tête…
- 1 : Comme E*** des demi-journées au fait ?
- 3 : Il y a que le mardi matin…
- 3 Ils ont une heure de rendez-vous mais bon… si j’ai regardé tard la tard et je me suis
levée un peu tard pour elles, elles sont à la retraite elles ont le temps … elles savent que
c’est ouvert entre 9h et midi et le midi on ferme de toute façon… par contre si elle
peuvent pas venir parce qu’elles ont un empêchement elles téléphonent toujours à la
responsable …en lui demandant si elles peuvent venir à un autre moment…
Du coup la durée de fréquentation de l’épicerie, elle tourne autour de combien de temps
dans votre structure…
- 4 : Ça dépend parce que ça peut être trois mois renouvelables une fois… je pense qu’on
s’adapte… au niveau des familles non c’est plus strict mais ça fonctionne pareil avec des
pareils de durée et ça peut être tous les trois.
- 1 : nous c’est neuf mois maximum
- 4 : …. nous au niveau des exigences c’est différent.
Vous recevez que des étudiants ?
- Nous deux oui !... les autres jours dans l’épicerie c’est famille du quartier Bellefontaine.
Vous êtes ouvert combien de jours da ns la semaine ?
- Quatre…
Lesquels ?
- 4 et 5 : … de mardi à vendredi et nous les jeudis pour les étudiants
Vous recevez des étudiants aussi dans votre structure c’est ça non ?
- 1 : … il y en a quelques uns mais ils ne sont pas de manière spécifiques…. soit la demi-
journée…Soit avec un contrat particulier… nous ils sont reçus dans le même cadre avec
des rendez-vous d’une semaine sur l’autre… il y a pas d’accueil spécifique.
- 4 : Nous E… j’ai voulu faire quelque chose de spécial pour les étudiants. E m’a permis
d’ouvrir une journée pour les étudiants…. On se retrouve aussi avec d’autres selon les
…quartiers il faut les accepter… on s’est rendu compte que c’est une nouvelle population,
une partie de la population qui est en précarité… comme par contre les personnes
âgées… je pense les épiceries vont s’ouvrir aux personnes âgées …et vont prendre
conscience.
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- 3 Nous on a 70 personnes âgées… 70 personnes âgées c’est énorme.
- 4 : Je pense entracte va aussi accueillir des personnes âgées et voilà….
…Est-ce qu’il y a des caractéristiques communes qui caractérisent les bénéficiaires ?
1 : Et vous vous recevez que des étudiants ?
4 : Nous deux oui mais le reste enfaite les autres jours dans l’épicerie c’est les familles du
quartier de Bellefontaine.
I : Vous êtes ouverts combien de jours dans la semaine ?
4 : Et bien 4.
5 : 4
4 oui 4
5 : 4 jours
I : Lesquels ?
4 et 5 : De mardi à vendredi.
I : D’accord.
4 : Et nous le jeudi.
I : D’accord. Et vous vous recevez des étudiants aussi dans votre structure, c’est ça non?
1 : Du coup il y en a quelques-uns mais ils sont pas reçus de manière spécifique soit à la
demi-journée comme E*** soit avec un contrat particulier comme fait M****. Nous ils
sont reçus dans le même cadre avec des RDV d’une semaine sur l’autre et il n’y a pas
d’accueil
4 : Nous E*** existait et y a 3 ans j’ai voulu faire quelque chose de spécial pour les
étudiants donc on m’a permis d’ouvrir une journée donc après on se retrouvait aussi avec
d’autres selon les quartiers. Bon il faut les accepter. C’est un peu qu’on s’est rendu
compte que c’est une nouvelle population, fin partie de la population qui est en précarité
comme par contre les personnes âgées. Je pense aussi que les épiceries vont s’ouvrir aux
personnes âgées et vont prendre conscience.
3 : Nous on en a 70%
4 : C’est ça ! C’est vraiment un souci aussi
3 : 70% de personnes âgées c’est énorme ! C’est énorme !
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4 : Voilà, voilà. Moi je pense qu’on va forcément accueillir des personnes âgées.
I : D’accord. Mais est-ce qu’il y a des caractéristiques communes qui caractérisent les
bénéficiaires ?
1 3 4 : Les projets, les projets.
1 : Là, ça c’est la base de l’épicerie : c’est le projet.
3 : Le projet.
1 : Il faut qu’ils aient un…
3 : Quelqu’un qui va venir à l’épicerie en disant. « Bon vous m’inscrivez, on fait un dossier
parce que c’est nettement moins cher. » Ca va être non, ça va être non. S’ils arrivent
comme ça, ça va être non ! « Vous avez un projet ? Ouèh ben j’achèterai des vêtements. »
C’est non ! Ce n’est pas ça un projet. Un projet ça a été murement réfléchi. Les gens
savent déjà c’est vrai que quand même 80% c’est des dettes, facile c’est vraiment les
dettes à régler. Des surendettements, des loyers… des. l
4 : Les minimas sociaux aussi.
3 : Les minimas sociaux.
4 : Qu’ils se retrouvent en difficulté financière. Vous voyez. ? C’est pas ouvert au grand
public en fait les épiceries solidaires.
I : D’accord. Et du coup est ce que les étudiants ils se retrouvent dans leur projet. J’ai du
mal à comprendre.
4 : Le projet rien que de manger équilibré, manger tous les jours, tous les repas et réussir
les études. Voilà ca y est on y est arrivé Si on arrive au bout, on sort le champagne on l’a
fait quelques fois. On l’a fait quelques fois et aussi difficultés par rapport aux papiers
qu’ils ont été embauchés. On en a eu quelques-uns là. Ahlala mais c'était… On était super
heureux.
5 : Ouèh
4 : Alors dans ces cas-là, je ne regarde pas autant.
5 : Bien sûr !
4 : Vous voyez, on fait le point sur la situation au fur et à mesure. Mais après aussi les
étudiants, ils bougent beaucoup. Donc il y en a pas mal, la plupart du temps, c’est quand
même eux qui viennent nous dire « bon ben merci beaucoup. Et bon ben je continue mes
études ailleurs ou... Mais merci parce que sinon je n’aurais pas mangé, je n’aurais pas
réussi ».
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3 : Nous on a un étudiant l’année dernière, J****, qui nous a avoué qu’il faisait 2 travails.
Qu’il avait 2 boulots et qu’il avait pu grâce à l’épicerie, qu’il avait pu vraiment se
consacrer à ses études
4 : Parce que l’étudiant, c’est 1/2 qui est obligé de travailler pour financer ses études. ?
3 : Parce que c’est pas parce qu’on est allé à l’école d’architecture qu’on a des parents
4 : Exactement
3 : …voilà.
4 : C’est clair
3 : C’est pas parce que vous êtes à la fac que vous avez des parents… voilà.
4 : Même à L’Arsenal.
3 : Même à L’Arsenal.
4 : Y a beaucoup d’africains donc… et c’est pas vrai, il n’y a pas de bourse dans le pays
pour soutenir les étudiants, y en a de moins en moins. Alors c’est vrai qu’on est face à ça.
C’est une minorité dont les parents peuvent financer les études. Moi je pense qu’on agit
sur la majorité et pas du tout sur une minorité. En fait c’est mon état d’esprit, de discours.
C’est ce que je veux faire reconnaitre aussi auprès des assistantes sociales en qu’elles
soient vraiment actrices. Qu’elles se rendent compte qu’il faut agir sur une majorité, c’est
pas du tout.... On est pas dans des cas isolés. Il faut en prendre conscience. C’est aussi
important et de plus en plus on le voit dans les journaux, chez les jeunes et chez les
étudiants en particulier.
I : J’aimerais juste revenir sur un point. C’est un qui a
3 : Haha
I :C’est vous qui avez évoqué ce point. Vous parlez de convivialité dans les activités.
Pouvez-vous m’expliquer c’est quoi cette convivialité qui se passe dans les activités ?
5 : déjà c’est la façon de recevoir les gens
I : D’accord
Déjà si vous les recevez avec « Bonjour Mr, Bonjour Mme » voilà. C’est d’apprendre les
prénoms des gens. C’est tout un travail. Mais déjà quand vous accueillez si je vous dis
bonjour monsieur, que je vous dit bonjour i****. C’est différent. Avoir toujours le sourire
même quand on a des… on a tous des problèmes. On a tous nos problèmes. Mais quand
les gens arrivent et bien nos problèmes restent à la maison et si en plus eux ont des
problèmes et que nous on leur rajoute nos problèmes. Ca va pas. Et puis c’est… c’est de
90
faire un atelier qui soit un atelier rigolo. Voilà… rigolo. De les faire participer même si ils
n’y arrivent pas. C’est des petits mots qui peuvent être lancés et puis ben on rigole, on
discute, on… voilà. C’est tout ça qui fait la convivialité. C’est à Mr est là et bien Paf on va
lui faire faire la vaisselle. Qu’est-ce que c’est marrant de lui faire faire la vaisselle. Et
toutes les femmes sont HEUREUSES ! Bon c’est des, voyez, c’est des choses très bêtes très
bêtes mais qui au final détendent l’atmosphère et font… voilà. On est bien, on est bien
ensemble
5: Les ateliers permettent justement de casser des barrières.
3 : Voilà.
5 : Et c’est là où tout le monde se lâche.
3 : Moi la plus belle chose que j’ai eu en atelier, c’est il y avait une dizaine de personnes et
de voir des mamans, des mamans avec le foulard retirer leur foulard pendant l’atelier et
me dire « oh t’as vu nos cheveux ». Ah mais vous êtes belles, vous êtes magnifiques. Et
elles étaient heureuses. Et moi, pour moi, ça été quelque chose de… je me suis dit «pour
quelle arrivent à enlever leur foulard pendant un atelier, c’est qu’elles sont bien ».
4 : Oui parce que normalement c’est dans l’intimité
3 : C’est dans l’intimité, la famille
4 : Donc elles se sentent en confiance
3 : Elles se sentent en confiance.
I : Et du coup, quelles sont les activités les mieux valorisées dans votre structure que vos
bénéficiaires préfèrent. Les activités que les bénéficiaires mettent en avant
2 : Préfèrent ?
I : Préfèrent.
4 : Je ne sais pas si on a assez de recul mais on va dire que ce sont les ateliers gourmands.
On va dire qu’avec les enfants, enfants et parents là Alors ça… ça… ça marche pas mal
dans le sens.
Alors après on peut avoir du mal à capter les gens. Ca peut être vraiment un travail de
longue haleine aussi. Mais c’est vrai que réussir à passer aussi par des activités avec les
enfants, on est sur des mercredis après-midi, des temps où des enfants parfois restent là
la maison. Donc du coup quand on leur parle de ces ateliers là « ah ben ouèh pourquoi
pas, Je suis à la maison avec les enfants ». Les enfants sortent pas
M : C’est des ateliers parents/ enfant autour de la cuisine ?
91
3 : Oui oui. Ca peut être enfants/parents/ grands parents. Ca peut être, des grands
parents qui n’ont pas de petits enfants ou des petits enfants qui n’ont pas de grand
parents. C’est vraiment un mix.
4 : Et surtout ça vous je pense que ça donne de la vie dans le quartier parce que c’est en
plein centre. Enfin je veux dire, y a les immeubles autour.
3 : Oui oui
4 : Je pense que la place que c’est la place du marché un peu... la place publique. Ca se
passe là quoi. Y a vraiment une vie.
I : D’accord
M : Est-ce que du coup, c’est des temps où vous accédez à des discussions plus intimes,
plus profondes peut être ?
4 : Ben oui oui. C’est clair.
2 : Peut-être plus sur les ateliers cuisine?
3 : Les ateliers cuisine plus. Les ateliers petits gourmands c’est difficile d’aller parler d’un
problème que va avoir un enfant. Mais sur les ateliers cuisine oui parce que vous avez
entendu pendant toute la préparation de la cuisine, vous avez. ben on a les oreilles qui
trainent, donc il suffit de lancer une fois que l’on attend la cuisson et que l’on s’assoie
autour de la table, de lancer Pouf « le mot », le bon mot et les dames se mettent à parler,
à expliquer et voilà… c’est… il faut juste avoir des grandes oreilles à ce moment-là.
4 : C’est sûr. S’intéresser aux gens
3 : Et s’intéresser aux gens.
I : Et du coup, ces activités, comment elles sont mises en place par vos structures ?
2 : Alors ben nous, c’est la maintenant la conseillère et moi-même. Et ensuite sur des
ateliers tels que diététique, ça va être la diététicienne de la Banque alimentaire qui va
intervenir. Et voilà ensuite il faut penser au projet donc il faut au préalable planifier sur
l’année. Si vous voulez on a aussi via uniterre on a aussi essayé un maximum utiliser des
produits d’uniterre, c’est à dire réussir à ce que des produits qui ne sont pas forcément
achetés à un moment donné, réussir à les intégrer par les ateliers de manière à ce qu’il y
ait un premier contact avec les aliments qu’ils n’ont pas l’habitude de manger. Donc des
quelques choses comme ça aussi. Donc voilà après il y a plusieurs facteurs aussi : réussir à
utiliser des produits de l’épicerie parce que aussi il faut forcément faire avec ce que l’on a
et pas aller chercher ailleurs ce qu’on a parce que bon… Il faut aussi se l’acheter donc
voilà. Et un accès possible aussi parce que l’idéal ça serait qu’ils reproduisent ces recettes
chez eux. Alors avec ou sans les enfants. Dans l’idéal, ce sont des petites recettes toutes
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simples quand ce sont avec des enfants forcément. Et on essaie de pas accès trop sur le
sucré, sur du sucré/salé parce que bon voilà. On essaye de mélanger un peu tout ça. Alors
des fois, on va aborder des thèmes sur la nutrition ou avec la diététicienne par exemple.
Mercredi prochain on avait prévu d’aborder les catégories alimentaires avec les enfants
pour un peu travailler tout ça, repartir sur des bases aussi. On essaie d’apporter
différentes choses. Alors des fois on n’aborde pas des thèmes comme ça, des fois c’est
juste le temps de la cuisson, je ne sais pas on a fait une galette des rois, on a fait une
petite couronne avec les enfants. Ca peut être tout à fait ludique comme ça peut être des
fois on va essayer d’amener des notions.
I : Et du coup durant ces activités qu’est ce qui est privilégié ? Qu’est-ce que vous mettez
en avant ?
2 : Dans l’idéal moi ce que je peux faire, quand je fais des ateliers cuisine c’était plus la
convivialité. Sur des sur les ateliers gourmands y a la convivialité, ça c’est certain. Mais y a
aussi réussir à apporter des nouvelles recettes, de nouveaux aliments pour que les
parents et les enfants travaillent ensemble sur la cuisine quoi. Au départ on aborde
souvent « Alors tu fais des choses à la maison ? Est-ce que tu aides maman ? Est-ce que tu
aides papa ? Des choses comme ça toutes bêtes alors des fois elle me dit « je ne fais pas
grand-chose » ou « ah oui j’épluche des patates » pour faire des frites. Alors là du coup,
on essaie de mettre les parents et les enfants sur des activités communes pour vraiment
réussir qu’au travers de l’atelier, il y ait un travail avec les parents et les enfants.
I : D’accord
2 : Ce n’est pas toujours évident à instaurer. Bon on y arrive tout doucement.
I : Donc c’est la convivialité que vous mettez en avant. Et vous, dans votre structure
comment ça se passe ? Vous mettez quoi en avant ?
1 : Ben je ne sais pas combien d’atelier vous avez par semaine, mais nous on n'en a que le
lundi. Déjà c’est 2 par semaine donc on essaie de tourner entre atelier cuisine, atelier
créatif petit à petit on intègre même si au début on a eu du mal à faire accrocher
3 : Ben c’est très difficile
1 : C’est compliqué et du coup le fait que ce soit le lundi, et bien on n’a pas les enfants
donc là ça demande encore le travail en partenariat. Là c’est compliqué pour les
associations. Trouver un autre local pour mettre en place les ateliers le mercredi après-
midi parce que le week-end on ne travaille pas donc…
3 : On essaie
1 : Voilà ! En tout cas, on n’est pas sur les lieux. Pour nous avant tout, c’est la convivialité
puis leur montrer l’intérêt aussi de sortir, de voir des personnes… Et puis souvent on les
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voit à la sortie de l’atelier « Vous passez par où pour rentrer ? » Et puis c’est Hop, ils
rentrent ensemble. Ça c’est super sympas, ou dans la discussion. Enfin, moi j’apprécie
beaucoup ces moments parce qu’y a même une petite mamie… Alors moi par contre, je
n’appelle pas les usagers par leur prénom. Moi ça, je n’y arrive pas.
4 : Tu n’es pas obligé.
3 : Après, vous n’êtes pas obligé. Moi, c’est plus facile pour moi parce que d’abord
j’habite le quartier
4 : Exactement !
3 : Depuis… Donc voilà. J’ai été directrice de l’association de quartier donc tout le monde
me connait.
4 : C’est clair.
3 : Et que je connais beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde. Par contre après, alors là
à part avec les gens sur mon association avec qui j’ai travaillé en collaboration, que je les
tutoie. Je ne me permettrai jamais d’aller tutoyer
4 : Après c’est un choix
3 : … une personne âgée admettons.
4 : Oui
3 : Alors, je vais l’appeler par son prénom, et ça, elle est très contente. Par contre, on va
rester sur le vous
4 : Voilà
3 : Parce que voilà c’est de la politesse.
4 : C’est un choix. Pas du tout une obligation. Ce n’est pas dans les normes de l’épicerie.
3 : Nous on demande que A**** et E**** se font appeler Mme et leur nom de famille et
elles restent dans le vous et c’est tout à fait normal. Ca met vraiment la barrière au niveau
du social et de l’administratif.
4 : Voilà parce que parfois il y a des difficultés au niveau des barrières justement. On fait
des règles parce qu’il y a besoin d’un cadre ce qui permet aux personnes qui cherchent
toujours à… (Fait un geste de repoussement)… A repousser les limites. Mais c’est pas non
plus la majorité.
3 : Par contre, la jeune femme qui s’occupe de l’épicerie se fait appeler P****. Elle… elle
se fait appeler P****. Même s’ils la tutoient ou quoi, elle a assez de répondant pour faire
barrage…
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4 : Pour se faire respecter.
3 : … Pour se faire respecter voilà. Mais c’est vrai qu’au niveau de l’administratif et du
social, c’est vraiment quelque chose qu’elles font et c’est vraiment très très bien.
4 : Oui parce que je pense que les besoins ils sont parfois tellement grands, qu’il faut en
tant que professionnel, il faut vraiment mettre des limites. Et puis là savoir dire « Je ne
sais pas ». Donc on renvoie vers d’autres… On ne va pas prendre en charge la personne.
Je pense que c’est important de savoir « Voilà ce que je peux faire » « Ce que je ne ferai
pas ou »
3 : On est là pour un projet.
4 : Voilà ! Je pense que c’est important de rester dans le cadre.
I : D’accord. Donc en dehors du fait que ces activités sont des moments de convivialité,
est ce que vous passez par ce moment de convivialité pour faire passer des messages
3 : Bien sûr
1 : Oui
4 : Ben bien sûr.
I : Comme quoi ? C’est quoi ces messages ?
4 : Comme… Ben ça dépend si c’est…
3 : Ca dépend, ça dépend
4 : Voilà. Ca dépend si c’est cuisine et que je veux mettre en place … et que je veux passer
le message de… ben déjà de prendre du recul sur la société de consommation. Donc… pas
acheter à tout prix et pas n’importe quoi, acheter intelligemment. Y a des produits qui
sont très peu chers et qui sont très bons au niveau nutritionnel. Donc je vais faire venir
des intervenants, des spécialistes. C’est une association qui va venir et ils sont vraiment
engagés. Alors moi c’est ce qui m’intéresse pour les étudiants : c’est les amener dans un
niveau d’engagement. Vraiment oui d’éducation. Alors voilà oui ça peut être la santé
parce que ça passe par l’alimentaire. On peut toucher vraiment beaucoup de domaines.
On peut aussi se dire qu’on peut lutter contre le gaspillage alimentaire par exemple.
I : D’accord.
1 : Après il y a tout ce qui est ouverture d’esprit à d’autres cultures, à d’autres…
4 : Ben oui forcément.
1 : Et puis, il y a des techniques de cuisine, plein de petites choses qu’elles s’échangent.
Des choses qu’elles font comme chez elles et tout le monde réagit « Mais ah bon ! Tu fais
95
comme ça, mais… ?! » Donc là c’est des moments assez sympas parce que même sans
nous, il y a déjà du savoir et plein de techniques qu’elles peuvent s’échanger ou qu’ils
peuvent s’échanger parce qu’on a des hommes nous aussi qui cuisinent. Ca commence
3 : Mais c’est très bien parce qu’on a même des bénéficiaires qui font des ateliers.
1 et 4 : Oh oui oui
3 : Elles arrivent à un moment où elles se sentent bien et elles se disent « Et tiens, si je
vous apprenais »…
4 : A E**** alors voilà ça y est. On en a mis en place et c’est une bénéficiaire qui fera les
ateliers cuisine
1 : Ah mais qui va en faire plusieurs ?
4 : Ah mais je vais voir
1 et 3 : Ah parce que nous c’est ponctuel
3 : nous c’est ponctuel
4 : Oui je sais donc c’est pour ça, je vais aller voir.
3 : Mais c’est bien
4 : C’est intéressant
1 : C’est souvent des recettes qu’elles ont envie de partager ou juste…
3 : L’année dernière, Mme *****, qu’est-ce qu’elle nous avait fait que c’était si bon ?
(regarde 2 pour qu’elle réponde)
2 : C’était du poisson…
3 : Un poisson avec des bananes plantains et tout. Ca a tellement été bon que quand on a
fait la fête de fin d’année, avec les 3 autres épiceries, et bien c’est ce qu’elle a fait. En plus
grand et tout le monde était content
I : D’accord. Et du coup, en dehors de cette conscientisation, pour prendre conscience de
la consommation de masse, y a pas d’autres messages qui sont passés ?
3 : Ben si…
4 : Si si, ça c’est moi.
3 : Si bn il y a déjà… tout simplement la politesse
4 : Oui c’est sûr…
96
3 : La politesse c’est quelque chose on ne va pas faire des leçons à l’épicerie. Mais dire «
Bonjour », c’est pas grand-chose « Bonjour ». « Au revoir » c’est pas grand-chose, mais ça
il faut...
1 : On est vraiment dans … pas le recadrage parce que ça serait un peu trop strict de dire
ça…
3 : Des fois peut-être
1 : Mais on les ramène pour certains petit à petit, ne serait-ce que déjà leur demander
d’être à l’heure, si ils sont trop en retard par rapport au RDV
3 : Prévenir si on ne peut pas venir
1 : Voilà, appeler.
3 : On a un RDV et décaler. Enfin c’est des petites choses comme ça.
4 : Je pense que ces populations en fait, il y en a pas mal qui sont au chômage et je pense
qu’on le sait par ailleurs que et bien arriver à l’heure et tout ça c’est le cadre des horaires
un peu… qui est mis en difficulté parce qu’ils n’ont plus ce rythme de travail en fait.
3 : Nous on se demandait même à un moment de demander aux bénéficiaires qui arrivent
de venir au moins un mardi matin, parce que le mardi matin on va faire les courses pour
toute la semaine donc c’est costaud, de venir au moins un mardi matin pour venir nous
aider et le monsieur qui est venu hier m’a dit, quand il est parti « Mais je ne m’étais pas
imaginé tout le boulot qu’il y avait ». Evidemment, quand l’épicerie ouvre, tout est beau,
tout est bien rangé, tout est plein. Sauf que derrière, il y a un travail de 5 heures à 10 et
c’est… Voilà.
1 : Vous les rendez bénévoles alors en fait. Ils passent de ce statut…
3 : Alors et bien c’est une fois, une fois. Seulement pour qu’ils comprennent. Parce que
moi, rien ne me met plus en colère quand j’arrive aux rayons des yaourts et que je vois
tous les yaourts qui sont mis n’importe comment parce qu’on est allé chercher celui du
fond ou parce que celui du chocolat bien j’en ai besoin que de 2 donc je casse tout. Non
ça c’est pas possible, c’est pas possible (Approuvé par 4). Donc c’est aussi apprendre aux
gens à respecter les produits et pour les respecter je crois qu’il faut qu’ils voient le travail
qui est fait derrière
4 : Et puis, moi je trouve ça très très très bien. Franchement, en plus ce sont des gens,
pour la plupart qui n’ont pas de travail. Ils ont du temps par contre et c’est très valorisant
de mettre la main à la pâte. En tout cas, moi j’ai beaucoup d’étudiants qui sont venus
étoffer mon équipe de bénévoles. Pour commencer, j’avais personne. Enfin, j’avais que
moi.
97
1 : Tout en étant bénéficiaire ?
4 : Exactement. Bon ça c’est vraiment particulier
1 : Ah non moi…
4 : Et ça marche très bien parce que justement, il y a un cadre. Y a jamais, y a pas d’abus.
1 : Ah non je ne dis pas ça
4 : Non mais ça peut. Comment imaginer comment c’est possible. Et bien je pense que
c’est très simple. Je force personne bien sûr je suis toujours...
3 : Les étudiants c’est autre chose
4 : Et puis ils ont envie au contraire. L’étudiant au contraire, on peut vraiment le pousser
la dedans et même l’engagement associatif fait valoriser dans la fac. Ils peuvent gagner
des points en fait, des UE avec ça. Donc je vais mettre en place justement une UE
d’engagement bénévole. Mais bon, c’est la particularité je pense des étudiants. Après les
autres jours, il y a des bénéficiaires ou d’anciens bénéficiaires qui sont devenus
bénévoles. C’est vrai. Après c’est pas une majorité, c’est sûr.
3 : Non
4 : Alors que moi dans mon équipe, il y en a beaucoup. C’est pas pareil.
3 : Nous on n’y tient pas, nous on y tient pas.
4 : Voilà, c’est quand même pas pareil.
3 : On n’y tient pas.
I : Mais vous travaillez en partenariat avec des diététiciennes, une esthéticienne. Et est-ce
que durant ces activités, vous pouvez profiter de ces activités pour faire passer des
messages ?
3 : Alors la diététicienne, bon on la laisse mener sa petite, petite… Elle connaît son métier
donc elle sait reconnaître les gens qui ont des problèmes sur l’alimentaire ou autre. Là on
ne s’en occupe pas vraiment quand il y a la diététicienne
2 : Elle va suivre la diététique. Après je ne sais pas ce que vous entendez par « message ».
I : Et bien « message », ça peut être des messages de convivialité, de politesse. Ca peut
être des messages nutritionnels. Ca peut être…
3 : Ah ben la diététicienne, ça sera des messages nutritionnels
4 : Ca c’est sûr
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3 : C’est sûr que…
1 : Après il y a des personnes qui ne veulent pas et qui ne s’attendent pas à autre chose
que rien de que le fait d’être à un atelier quoi, d’être avec des gens. Ce sont des gens qui
sont seuls toute la journée, avec la TV. Bon après je prends les cas extrêmes
4 : Oui c’est vrai.
1 : … Après y a des mamans qui gèrent leur famille. Mais ne serait-ce que cela, se dire « ça
y est, j’ai une heure où… je ne vais pas être à la maison, où je ne vais pas penser à quoi
que ce soit. Je suis là, Je vais entendre les autres… » Parfois ils participent très très très
très peu, ils prennent très peu d’initiative…
4 : Ils écoutent
1 : Voilà, ils écoutent, ils sont contents. Voilà, ils se réintègrent un peu plus. Mais il n’y a
pas forcément un message derrière, y a pas de prise en charge des personnes. On leur
propose. Ils viennent, ils ne viennent pas… Enfin une fois qu’ils sont inscrits, il faut qu’ils
viennent parce que nous on s’engage derrière à… Y a un gros travail derrière. Mais après,
une fois qu’ils sont là, on ne peut pas exiger d’eux… C’est pas des cours, y a pas de …
4 : Je dirais que c’est déjà un public fragile…
1 : Oui voilà.
4 : On est là pour enlever des fardeaux et pas pour en rajouter.
1 : Oui leur rajouter
4 : Même les ateliers à budget en fait, c’est pas du tout moralisateur
3 : Surtout pas
4 : Et les étudiants qui sortaient de là, ils étaient super contents. Ils disaient aux autres
étudiants « Mais il faut que tu le fasses ! » parce que la personne qui était là était super
joviale et c’était « Attention ! Ne vous faites pas avoir ! » De rendre la personne
responsable, quand justement on a des soucis au niveau financier, on se sent toujours en
dessous, et dans la honte. Et la personne qui intervenait était un ancien banquier et il
disait « Attention ! Attention ! Ne vous faites pas avoir ! » Il peut y avoir des abus de la
part de la banque. Vous voyez ? Donc on inverse les choses pour qu’ils se prennent en
main un peu. Le message qu’on fait passer, c’est de prendre le plus possible en main sa
vie en fait. Essayer de ne pas subir parce que c’est quand même ça. Et quand on a des
dettes, des galères, et bien on subit la vie et c’est là, qu’on lâche pied.
I : Okay. Peut-être que je me suis mal exprimé parce qu’en fait, quand je parlais j’avais
cette anecdote qui me venait à l’esprit. Durant la tournée d’entretiens exploratoires, j’ai
99
fait un entretien avec une responsable d’une épicerie et elle me disait qu’il y avait une
maman qui venait et qu’à chaque fois qu’elle venait, elle n’achetait que des gâteaux, que
des gâteaux. Et elle s’est rendue compte que la maman était dans l’obligation d’acheter
des gâteaux parce que son enfant ne se nourrissait que de gâteaux.
3 : Oui alors en étant chez nous, moi je regarde toutes les semaines et je prends du temps
puisqu’on l’a sur ordinateur donc c’est facile, je prends tous les clients et je regarde ce
qu’ils achètent. Voilà… Alors c’est pas pour voir ce qu’ils mangent mais attention, si il y a
une famille qui va m’acheter du Nutella, des gâteaux, du coca… Il pourra être recadré la
semaine d’après en disant « Mais si c’est pour acheter juste ça…
4 : C’est pas le nécessaire
3 : … C’est pas le nécessaire, donc c’est que vous n’avez pas besoin de l’épicerie. C’est ou
on revient à acheter de l’alimentation normale. Alors qu’ils achètent un pot de Nutella, de
toute façon, nous on en sort une fois par mois, y en autant qu’il y a de famille après, il n’y
en a plus. Un par famille, point final. Re-acheter des fruits, des légumes, du poisson…
okay. Si la personne me dit « Ah non non moi je viens ici c’est… »Et bien au revoir Mme
quoi. C’est que vous n’avez pas besoin de nous.
1 : Alors soit c’est qu’il y a un travail à faire parce que y a une alimentation qui n’est pas
adaptée parce qu’ils ont des enfants, donc ils sont ouverts au fait de les accompagner et
de les aider, effectivement ça, ça peut être intéressant. Soit ceux sont des personnes qui
font leurs courses ailleurs et qui viennent chez nous juste pour les extras et dans ce cas-là,
effectivement… Mais ça, ça demande de la communication, effectivement. Et on est un
peu obligé de les pister, regarder ce qu’ils font.
3 : On est obligé de les pister en fin de compte. Alors mine de rien voilà… Et là, par contre
on peut faire intervenir la diététicienne si on voit que la famille est complètement perdue
au niveau alimentaire, et bien voilà, on peut demander à la diététicienne de les recevoir,
de voir avec eux, de faire le point.
M : Est-ce que vos 3 épiceries ont des diététiciennes ?
3 : Alors, nous on travaille avec la diététicienne de la banque alimentaire. Tout le monde y
a accès.
1 : A partir du moment où on est client à la banque alimentaire.
4 : Donc forcément oui.
3 : Donc c’est vrai que depuis 2 ans, on a quelqu’un qui est très bien et qui a été
embauchée définitivement. Donc on est sûr d’avoir toujours la même voilà.
M : Est-ce que je peux faire un point ?
100
I : Oui oui.
M : Donc les ateliers, on va essayer de recadrer un petit peu. Il y a donc plusieurs types
d’ateliers : cuisine qu’on essaie d’être intergénérationnel, de beauté, de coiffure,
d’esthétique. Il y a une nouveauté autour des jardins peut être avec cette problématique
des papas. Parce que c’est beaucoup des mamans qui viennent faire des courses, qui
participent aux ateliers. Et c’est qu’elle est la place qu’on fait aux papas ? Ces ateliers ne
sont pas imposés, ça reste un choix. Il est conseillé d’en faire un par mois, ou du moins
dans la période d’inscription. Alors j’ai peut être repéré 2 objectifs : qui serait la
convivialité et de rendre les gens heureux et qu’ils ressortent avec le sourire. En première
chose qui ressort de tout… Et après, en deuxième objectif, de faire passer des messages :
donc de comment utiliser les produits de l’épicerie, des messages de politesse, de
respect, de consommation… Mais qui ne seraient pas le principal objectif. En fait, ces
messages ça vient vraiment en second plan. Est-ce que j’ai… ?
3 et 4 : Oui oui
3 : Premier plan, c’est la convivialité voilà.
1 : On se sert de tout ce qui va avoir lieu pendant l’atelier. C’est vraiment un outil pour
qu’ils soient bien. Mais après, ils en font ce qu’ils veulent de tout ce qu’on leur apporte.
On n’est à vérifier s’ils vont refaire la recette et tout ça…
3 : Exactement. Alors moi, il y a deux ans on avait eu des gros potirons et tout le monde a
dit « les potirons ils ne partent pas. Comment on fait ? ». Et bien, je me suis mis à côté des
potirons et puis on m’a dit « Mais on ne sait les cuisiner ». Donc le lendemain, il y avait un
atelier cuisine, Pouf, on a fait un atelier potiron. Et à l’heure actuelle, dès qu’on a du
potiron, il part.
4 : Mais bien sûr.
3 : Voilà. Et ce que l’on a fait aussi, c’est un livre de cuisine. Ca a été pris en photo voilà.
Donc on en a fait un livre. On a fait des présentations sur 1 mois sur assiette, sous forme
de vérine au moment de Noël, voilà. Et chacun amenait son assiette, sa vérine, sa petite
nappe pour qu’on prenne des photos et ça se passait très bien et ça fonctionne bien.
M : Est-ce qu’on fait une petite pause ? Ca vous va ou… ?
3 : C’est pour vous.
I : Et bien c’est à vous de voir.
4 : Moi il faudrait que je parte à midi moins 10.
I : Oui je pense que ça serait bien de faire une petite pause.
101
M : 10 minutes
………………………[PAUSE]…………………….
[Reprise après la pause]
I : On va reprendre le débat, la table ronde. Alors, je serai tentée de dire que vous avez
certainement lu ou pas lu forcément, mais vous avez plus ou moins compris l’esprit de
l’écrivain africain d’origine malienne, enfin peule exactement [NOM DU GARS] qui dit
dans une de ses citations « Que nous garde de ne pas fabriquer des générations de
mendiants. Donc je pense que vous avez compris cela. Je pense que vous ne voulais pas
rendre les individus dépendants d’un système, vous voulez les rendre autonomes pour
faire leurs achats par le biais de 10 à 30 pourcents etc… C’est une bonne chose. Et après la
pause, j’aimerais juste que l’on reparte sur ce point : étant donné que vous avez pris un
café, il y en a qui dégustait des gâteaux… J’aimerais savoir maintenant, c’est quoi pour
vous, le bien manger.
3 : Le bien manger… Alors le bien manger c’est déjà, se faire sa cuisine et pas faire des
plats préparés. On fait ouvrir et on fait réchauffer. Le bien manger, c’est déjà…
4 : cuisiner
3 : Cuisiner ! Essayer de cuisiner des produits… frais ou surgelés. Mais au moins des
produits frais. Le bien manger ça passe déjà par savoir mettre une table. C’est bête ce que
je dis, mais avoir une jolie nappe, avoir des couverts bien mis, avoir tout ce qu’il faut sur
la table, déjà ça donne envie de manger. Et puis quand on arrive dans la cuisine et si en
plus ça sent bon, c’est fini.
I : Et c’est quelque chose que vous partagez entre vous cette définition du bien manger ?
2 : Pour moi, ça fait plus appel à l’équilibre alimentaire.
I : C’est quoi le rapport entre le bien manger et l’équilibre alimentaire ?
2 : Alors ce que j’entends par équilibre alimentaire, c’est la possibilité de varier ses
aliments en fait, et de ne pas être sur, et bien sur, sur des choses qu’on mange tout le
temps, sans forcément varié en fait. Par exemple, je ne sais pas comment expliquer plus
que ça… Oui c’est la variété en fait qu’on peut…
3 : C’est cuisiner des choses différentes.
5 : C’est-à-dire manger des légumes, manger de la viande, du poisson. C’est pas manger
des pâtes tous les jours
3 : Ou des pizzas, des Mc DO
102
5 : Voilà, ou des hamburgers. C’est voilà, manger des lentilles, des haricots, du poisson…
Parce que souvent, on se rend compte au niveau des étudiants, d’où l’importance des
ateliers, c’est de leurs apprendre à cuisiner parce qu’ils vont toujours tout de suite vers
les plats, les boites de conserve ou les plats préparés juste à réchauffer au micro-ondes et
voilà… d’où l’importance des ateliers où on leur apprend à cuisiner, à… On leurs montre. Il
y en a qui ne connaissent pas ce que c’est un radis. C’est tout bête. Voilà, un radis ça sert
à faire la soupe, la salade,… et le bien manger c’est ça aussi. C’est de varier toutes sortes
de produits qu’on va cuisiner et pas juste des boites de conserve, pas juste des plats tout
faits.
I : D’accord donc bien manger…
3 : Et de partager !
4 : Le côté convivial est indispensable. Et le plaisir aussi.
I : D’accord. Donc bien manger = plaisir = convivialité = manger varié = équilibre
alimentaire
4 : Oui et = bonne santé.
I : D’accord.
4 : Voilà, le lien entre ce que je vais faire rentrer entre guillemet, ingurgiter… Ca va avoir
des conséquences…
I : D’accord.
3 : T’as pas l’air d’accord ?!
……. [BUG DANS L’ENREGISTREMENT – IL MANQUE 4 SEC ] ……
4 : On est là pour palier à ça justement ceux qui ne peuvent pas. Nous on fournit de bons
produits, mais à moindre coût.
5 : C’est pour ça, qu’on va aller chercher d’autres, d’autres… Enfin on ne va pas que
travailler avec la banque alimentaire par exemple. On va aller chercher d’autres
structures justement pour aller…
4 : Du bio par exemple.
3 : Et Uni terre nous donne beaucoup de bio.
4 : Uni terre c’est sûre que c’est génial.
3 : C’est du bio. Hier on nous a livré je ne sais combien de douzaines d’oeufs qui avaient
été ramassés le matin. Donc et bien là, c’est à nous de faire comprendre aux gens, et
expliquer parce que même un oeuf à la coque, et bien les gens ne savent pas le faire. Ca
103
parait bête, mais c’est vrai. Qu’un enfant, lui donner un oeuf à la coque par semaine, ça
lui fera du bien. Il aura des protéines, il aura un tas de choses. Et ça, je pense que ça fait
partie de notre domaine, notre travail.
M : Du coup, vous pensez que les épiceries solidaires, elles ont les moyens, elles donnent
les moyens de, elles ont les moyens de permettre aux…
3 : Alors, elles n’ont pas les moyens, elles n’ont pas les moyens. Mais elles essaient de
donner les moyens voilà en choisissant.
4 : Vous vous avez trouvé les moyens parce que…
3 : Voilà, avec Uni terre.
4 : Avec Uni Terre, c’est vraiment l’objectif de… au maximum, de donner aux personnes
qui n’ont pas les moyens financiers, de donner d’aussi bons produits que celui qui
gagnera bien sa vie, qui pourra se permettre d’acheter.
3 : Tout en aidant les agriculteurs à pouvoir eux aussi bien vivre.
4 : Exactement. D’où ce côté solidaire… C’est une chaîne de solidarité.
I : Le bien manger ça prend donc en charge plusieurs facteurs
3 : Oui et puis c’est pas parce qu’on va pas acheter des produits chers, qu’on va pas
pouvoir bien faire à manger. Voilà, une purée …et bien une purée. Il faut juste apprendre
à faire une purée. Moi je suis effrayée et je n’en veux plus, de voir ces boites de purée en
flocons, alors qu’on prend des pommes de terre et on fait une purée. Mais la plupart des
gens, ne savent plus faire de purée. A dire aux mamans « vous avez ¼ de patates, ¼ de
carottes, ¼ de poireaux, ¼ de tomates ou de n’importe quoi et vous faites à manger pour
vos bébés ». Et on remplace le petit pot.
1 : Y a des produits où il faut quand même… enfin ce discours il s’adapte sur certains
plats, je suis d’accord. Mais après, il y a certains produits comme la viande où si on va au
moins cher, on est plus dans la qualité.
3 : Ah non , non.
4 : On parlait pas de…
3 : … Je ne parlais pas de viande en fait. Je ne parle pas de viande.
4 : Mais il y a d’autres circuits.
Mettons les poissons. Pour les poissons, on travaille avec les produits de la mer, avec les
paniers de la mer pardon… On fait venir des poissons qui ont été péchés sur le nord de la
France, sur Boulogne sur mer. C’est des poissons qui n’ont pas été vendus, de ça, c’est
104
monté un chantier d’insertion, où ils ramassent tous les poissons, ils traitent, ils les
mettent en sachet d’1 kilo et nous on peut arriver à avoir pour 3 euros 1 kilo de poisson, 1
kilo de … là, on a eu des ailes de raie. On a vendu des ailes de raie à 3 euros le kilo. Donc
bon voilà…
4 : Et pourquoi ils ont été invendus ? C’est pas du tout parce qu’ils n’étaient pas bons.
C’est le système économique, commercial,… C’est parce qu’ils ne sont pas calibrés.
3 : Ils sont mal calibrés c’est tout.
4 : Je ne sais quoi. Ils n’ont pas la forme qu’il faut, qu’on a mis des normes et qu’en fait,
qui sont complètement stupides.
3 : Parce que les ailes de raie vont être « ou trop petites ou trop grosses » que les gens ne
veulent pas les acheter. Donc et bien nous, on a la chance de pouvoir les récupérer.
4 : L’idée c’est… le discours encore, c’est revenons en arrière. Moi je trouve. Revenons à
du naturel parce que c’est pas cher. C’est l’inverse. On est allé vers des produits
transformés tout ça. On est allé vers des produits chers qui n’apportent pas de bonnes
choses au niveau nutritionnel. Alors que si on revient à des bases, on s’en sortira mieux et
on sera en meilleure santé.
I : Et donc, du coup le bien manger ça passe par le côté nutritionnel.
4 : Oui
3 : Ah ben oui
4 : Complètement.
3 : Oui complètement.
I : C’est-à-dire ?
4 : C’est-à-dire l’équilibre alimentaire ? Le….
I : Parce que j’entends dans votre discours …. Qu’il y a un lien entre le bien manger et la
nutrition.
4 : Et bien moi je n’arrive pas à comprendre comment on ne peut pas… C’est un
synonyme nutrition et … non ? Ou alors, qu’est-ce que vous entendez par bien manger ?
I : Moi personnellement, j’ai… C’est une bonne question.
3 : Voilà !
4 : Vous voyez !
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1 : Bien manger ça veut aussi dire forcément le goût et donc on est pas du tout dans la
nutrition.
4 : Alors là je pense aussi que ça dépend de l’âge, du vécu… Ah forcément, c’est des
facteurs.
5 : De la culture
4 : Et de la culture bien sûr. Ce que je mange, ça me rend en bonne santé ou pas. Et bien
forcément, il y a besoins d’interventions de diététique. On a besoin de connaître des
notions de diététique. Après c’est pas forcément, si on ne fait le lien alors c’est juste
plaisir sans se soucier de savoir si ça me fait du bien ou pas.
1 : Oui alors du coup, on s’éloigne de la nutrition, de l’aspect nutrition.
4 : Et oui je pense. C’est pour cela qu’on ne fait pas tout à fait le lien pourtant il est
complètement imbriqué.
3 : A petite doses…
5 : Raisonnablement
3 : Raisonnablement. Si un dimanche, et bien on passe devant le pâtissier et qu’on voit, je
ne sais pas, un gâteau avec de la crème, qu’on a envie. Il ne faut pas se dire « Ah oui non
mais il ne faut pas parce que… »
4 : Au contraire
3 : On le mange point final. Mais, on va en manger un tous les 15 jours
4 : C’est ça
3 : Ou tous les mois.
3 : On va en manger un tous les 15j ou tous les mois. Voilà c’est ça, se faire plaisir euh on
a des enfants aah mamie tu nous fais un hamburger, okay, on fait un hamburger, moi je
vais chez mon boucher acheter la viande, je vais, voilà, je fais mon hamburger,
4 : ah exactement, il sera super, il sera tout à fait équilibré,
3 : vous voyez, il peut être équilibré et là ce sera du plaisir
4 : oui, doublement, ce sera du plaisir, ce sera meilleur gustativement en fait et moins
cher, on s’y retrouve
M : Par exemple, si je vais à une de vos épiceries j’ai le moyen de bien manger
3 : exactement
106
4 : oui, non mais parce qu’on a un peu plus de recul, je suis super surprise, parce que
unitaire je trouve ça génial (rires) je veux dire de soutenir des agriculteurs dans nos
épiceries, pour moi c’est bon, on a atteint un but et donc on peut forcément le faire, on
pourra sûrement le faire pour la viande parce que ça existe en parallèle, en fait, l’idée
c’est que, c’est qu’il y a comme une économie parallèle moi je trouve, on est en train
d’avancer en parallèle et on est pas obligés de continuer à suivre bêtement euh ce qui ce
qui en plus ce qui épuise les familles surtout qui sont en précarité c’est elles qui sont le
plus endettées et
3 : Je pense qu’il faut aussi apprendre aux gens à cuisiner d’autres choses que de la
viande
4 : Mais bien sur
3 : On a pas besoin de manger de la viande à tous les repas
4 : exactement donc ça c’est de la nutrition, il faut le savoir, au contraire ça rend malade
3 : si on varie avec du poisson, des légumes, on a pas forcément besoin d’avoir de la
viande à tous les repas, c’est pas possible
4 : Et en fait après quand on pousse on sait que c’est pas bon non plus pour la santé
I : Ah d’accord, et du coup les bénéficiaires quand ils arrivent dans votre structure, qu’est-
ce qu’ils achètent le plus souvent ?
3 : Alors chez nous c’est les légumes, nous on a on a entre unitaire et la sistela euh on fait
plus de 800kg de fruits et légumes par semaine sur 5 demi-journées
4 : c’est génial, je crois qu’on va aller les voir
3 : nous c’est vraiment le et d’ailleurs, actuellement on est obligé de faire vigiles devant la
porte d’entrée et d’appeler les gens pour qu’ils rentrent parce que les gens sont, ont
tellement peur de manquer hein on se croirait comme les temps de guerre ou on a peur
de manquer euh qu’on a des gens qui ne vont pas respecter les horaires de passage et qui
vont arriver à 2h à l’ouverture et qui vont vouloir se faufiler et acheter des légumes
croyant qu’il n’y en a pas assez pour pour les 5 demi-journées, voila
M : Et du coup dans les autres épiceries ça n’a pas l’air d’être les fruits et légumes qui
4 : Si beh parce que nous on a pas des familles en fait c’est pour ça fin’ je veux dire nous
les étudiants c’est nous qui les poussons à s’arrêter devant le rayon fruits et légumes ils
en prennent oui, mais il faut cuisiner, en même temps moi je leur dis, la carotte tu
l’épluches , tu la croques comme ça ,c’est pas si difficile au contraire, t’auras les vitamines
en fait encore plus donc c’est pas, c’est-à-dire qu’il faut faire le pas en fait donc c’est pour
ça qu’on compte aussi sur les ateliers en fait
107
3 : Nous on a de la chance c’est quand même d’avoir un bel espace pour les fruits et
légumes et donc on les valorise et c’est vrai que, vous-même si vous avez les fruits et
légumes
4 : eh beh il y en a moins
3 : vous pouvez pas en mettre plus que la surface voila
1 : nous on a 2 étalages, nous on a un dehors donc euh je veux dire quand ils arrivent
c’est la première chose qu’on fait, les fruits et légumes déjà, donc ils choisissent dehors
ensuite ils rentrent ils vont au fond il y a le nouvel étalage donc ils choisissent et euh on
met de côté donc ça y est les fruits et légumes c’est fait et après ils passent avec leur petit
caddie et ils font leurs courses pour le reste.
3 : c’est ce qui se passe aussi
4 : après il y a une différence de goût aussi, par rapport à manger un légume bio, donc
c’est-à-dire même peu importe, même si il n’est pas bio mais qu’il a été, qu’il vient de
chez l’agriculteur et celui qu’on va acheter en supermarché ou que nous le supermarché
va nous rétrocéder, c’est là le goût, il est c’est pas possible, c’est pas comparable donc
j’imagine je comprends très bien que le bénéficiaire arrive et qu’il veuille ces produits là.
3 : On refait des vieux légumes comme les topinambours, les
4 : oui oui oui
3 : les choses comme ça on en a mais quand on en a ça part à une vitesse bou c’est c’est
impressionnant quoi
4 : surement que dans les supermarchés ça partirait pas mais parce qu’il y a pas
3 : déjà ça ne partirait pas parce que au niveau prix
4 : c’est pas possible
3 : c’est à peu près 5 euros au marché alors que nous je crois on le vent 0.30centimes de
kilo
4 : c’est ça
I : D’accord, du coup le bien manger ça passe par les fruits et les légumes
4 : oh beh oui disons qu’on est en France et il y a le programme, le programme national
alimentaire, le PNNS aussi, donc nous on s’inscrit aussi là-dedans. Moi les ateliers que je
vais mettre en place c’est aussi dans ce cadre là. En fait
3 : Nous on fait beaucoup de choses avec les fruits et légumes
108
4 : il y a de subventions pour que nous mettions en place des ateliers donc pour
promouvoir forcément c’est la santé, c’est c’est c’est la même chose, ça va ensemble.
I : D’accord
M : Vous disiez que il y a beaucoup de légumes mais même juste les pommes de terre il y
en beaucoup qui ne savent pas, qui ne savent plus faire de purée et après vous dites que
les topinambours ils en achètent, ils se jettent sur
3 : c’est les personnes âgées surtout
Mais je me suis rendue compte que quand on en eu les premières fois, donc les
personnes âgées voila il en achetaient et quand j’ai vu que les familles n’en achetaient
pas, tout simplement même des étudiants ils sont venus me demander comment les
cuisiner et tout simplement en leur expliquant bah qu’on les fait cuire ou a la vapeur ou
dans l’eau ou alors on peut en faire des frites c’est délicieux euh bon alors cuit a la vapeur
c’était ouais, puis après on fait une vinaigrette, par contre on parle de bien nettoyer, faire
des frites là ça parlait et je sais qu’il y a des gens qui en ont fait, voilà, je pense que c’est
expliquer aussi aux gens comment, comment on cuisine
4 : on vous a peut-être pas dit que le bénévole accompagne le bénéficiaire quand il fait
ses courses
5 : pendant ses courses
M : Vous pouvez nous expliquer par exemple
Brouhaha
3 : Pas chez nous
1 : J’allais le dire aussi
4 : Bon dans beaucoup d’épiceries mais après peut être qu’on peut pas le faire dans
toutes
1 : c’est vraiment différent
M : Et du coup les différentes façons
3 : Nous on a les mêmes ( 1 et 3 ), parce que c’est nous qui avons commencé et on a fait
des petits voilà
4 : on peut faire ça donc le bénévole accompagne le bénéficiaire donc il y a une relation
de conseil au niveau des produits et d’échange pendant ce temps de courses en fait
I : Du coup ces conseils ça tourne autour de quoi ?
109
4 : Et beh forcément de l’alimentaire, pas que bien sûr si la personne nous parle d’autre
chose pendant qu’elle fait ses courses beh voilà, elle nous parle d’autre chose, d’un autre
problème ou même pas, d’autre chose mais euh c’est surtout ah tiens est ce que tu as vu
ce produit là
5 : et leur permettre aussi de connaitre comme je vous le disais tout à l’heure il y a pas
mal d’étudiant qui ne connaissent pas et fin toute sorte de légumes et par exemple on a
des topinambours euh ils connaissent pas ce que c’est, il ne savent pas ce que c’est donc
pendant ce temps la aussi euh ben on va leur dire euh prenez ça euh vous pouvez le
cuisiner comme ça en donnant enfin pendant le temps de courses on explique comment
on peut cuisiner les différents légumes ou comment on peut, comment on peut cuisiner
une viande même si c’est toujours la même viande mais comment pouvoir le cuisiner
différemment pour que pour qu’on n' ait pas l’impression de manger toujours la même
chose, on part du même produit mais ce même produit, on peut le cuisiner de 4000
manières donc c’est pendant aussi ce temps la qu’on va leur expliquer tout simplement
I : D’accord et donc du coup toute à l’heure vous évoquez le plan national nutrition santé,
donc si je comprends bien moi je suis sénégalais je suis pas français donc pour manger il
faut que je regarde le plan nutrition santé
4 : Je veux dire qu’en France en fait on a des messages par rapport à la nutrition et ce que
j’appelle le bien manger aussi, eh beh la nutrition on va dire mais on a ces messages
partout en fait, on les a à la télé ils sont dirigés aussi vers les enfants en fait, très tôt,
après on les voit inscrits un peu partout donc c’est un peu enfin en France c’est un peu un
état d’esprit le bien manger, ça fait partie d’une valeur
1 : on peut avoir des contre informations, on peut avoir une publicité à la télé avec les 5
fruits et légumes et 10secondes après
4 : ah beh ça
1 : une publicité macdo
4 : beh c’est normal c’est pas la télé qui est dernière le plan
3 : ces publicités là il y a un bandeau qui passe
1 : encore faut il être je ne pense pas que les enfants savent
3 : je pense que les enfants, sur les enfants quand on fait des ateliers admettons petits
gourmands et qu’il y a la diététicienne moi je me rappelle, il y a l’année dernière, la
diététicienne est arrivée, elle a posé un pot de 800g de nutella.
3. Elle a posé un pot de 800g de Nutella. Et elle a posé a coté tout ce qu’il y avait dans le
pot
110
1. et dans le coca cola aussi…
4. à oui
3. Et les enfants Quand ils ont vu toute l’huile qu’il y a avait « ah c’est ca qu’on mange »
«oui c’est ca que vous avez ». Et elle leur a fait goûter les ingrédients séparément
4. Rire, a oui c’est sur
3. LI s y en a qui en achète plus
I : ET du coup, si je comprends bien, la diététicienne elle a un rôle à jouer dans le
processus de bien manger
Ah oui
I : vous en pensez quoi du rôle de la diète
1 : je ne l’ai jamais vue en action, elle n’est pas venue dans nos ateliers. Nos ateliers
cuisines on les fait plus trop avec. Enfin je ne sais pas trop pourquoi
3 : Nous on lui fait faire surtout des ateliers diététiques, vraiment ce n’est pas vraiment
forcément la cuisine, puisque au niveau de la cuisine. Il faut qu’il y ait vraiment des peps
dans l’atelier, de la convivialité, donner l‘envie aux gens de faire l’atelier et surtout aux
gens de déguster. Camille est quelqu’un de charmant gentil, elle connait son métier sur le
bout des doigts, mais si elle va nous faire admettons, un plat qui sera pour une famille
sans aucun soucis, Il y a trop de contraintes diète et ça ne plaît pas à nos bénéficiaires, par
contre si c’est pour faire des plats à des gens qui ont des soucis de santé, diabète , ça
c’est ok c’est bon
4. oui, Ca c’est sûr, on s’adapte
3. Mais des gens qui n’ont pas forcément de problèmes et qui ont envie de passer un
moment convivial et très gourmand.
M : Et alors qu’est ce qui vous entendez concrètement par ateliers diététique, qu’est ce
qui se passe concrètement pendant un atelier diététique ?
3. si elle fait un atelier diète et elle fait un plat en même temps, elle fait un atelier cuisine.
Bien souvent elle va faire un plat qui va être, ou on va mettre le moins de gras possible,
ou on va mettre le moins de féculent possible et ça devient un plat…
Allégé ?
3. Triste
RIRE
111
1. Elle intellectualise un eu trop les recettes
3. Oui c’est ca, et c’est triste, c’est triste
4. C’est le risque de la diététique
3. c’est vraiment de la diététique et c’est vraiment très triste. Moi j’ai vu l’année dernière
arriver au moment de la dégustation et qu’elle me dise « c’est bon hein ?! » « Hum hum
», j’en prends un petit bout et je laisse l’assiette et Je m’en vais très rapidement pour pas
avoir à lui dire que ce n’est pas possible.
m. Et vos bénéficiaires, ils participent à ces activités ?
3. alors moi je me suis rendue compte que quand c’était avec la diététicienne, Je ne parle
pas de la diététiques, des leçons de diététique mais vraiment où elle faisait cuisine, les
gens venaient de moins en moins et pour avoir « Et Patricia est ce que tu ne veux pas
refaire les cours de cuisine ? » parce que il y avait d’autres choses, alors après qu’on fasse
attention et qu’on ne mette pas 10 cuillères de crème des choses comme ça ok mais
après
4 : on peut faire des choses bonnes, très bonnes
3. on peu se faire plaisir sans...
4. oui sans …
1 : donc c’est de la vrai diététiques de la pure, c’est vraiment de la pure théorie ?
3. oui !
1. ils sont assis et
3 : elle explique bien avec de la nourriture
2. elle répond aussi aux questions de DLC
3. les DLUO, l’hygiène, Comment faire ses courses, Qu’est-ce qu’on doit donner à un
enfant. Un enfant le matin, il n’a pas besoin d’avoir que des cornflakes Ou autre, savoir
aussi les calories qu’a besoin un enfant avant de partir à l’école.
I : Est-ce qu’ils ont d’autres canaux d’approvisionnement vos bénéficiaires ?d’autre
épicerie, des super marchés, des grandes surfaces, pour bien manger ?
5 : je pense que nos étudiants n’ont pas forcément les moyens d’aller ailleurs, c’est pour
ça qu’on les accueille. Ils y en a beaucoup qui ont
Des problèmes de papiers administratifs, de logement
112
De pouvoir acheter ailleurs je pense que non ils n’ont pas les moyens, donc ils vont chez
nous
Même en payant que 10% on se rend compte, on se rend compte qu’il y en a qui arrivent
même pas à les payer
Qui demandent à payer la semaine d’après ou 15j après et pourtant ca représente une
somme…, ça peut représenter 2 euros, Dès fois ils ne les ont pas. Donc acheter ailleurs je
pense qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter ailleurs
I : C’est ce que vous partagez vous ?
1 : Par rapport a quoi, parce que nous on ne fait pas crédit,
4. Allez acheter ailleurs.
1. ah, allez acheter ailleurs euh ben nous je pense qu’il y en a qui le font. Mais on n'est
pas du tout sur le même public, c’est pas du tout pareil, nous on est sur des familles, des
gens qui ont cuisiné, qui connaissent les marchés, qui connaissent bien leur quartier
4. qui ont sans doute des aides sociales
1.Qui oui voilà et puis comme je vous disais tout à l’heure, c’est des personnes qui
arrivent, souvent qui se présentent, on a besoin d’aide, on peut pas les aider tout de
suite, car il y a une délai d’attente Donc on les renvoie vers des aides alimentaires
d’urgence, donc avec les colis alimentaires et il arrive que les personnes
soient passées par un mois de colis alimentaire avant d’arriver et avoir accès chez nous
donc il connaissent bien le circuit et parfois de changer de quartier, ils sont déjà passé par
d’autres épiceries
3 : après, je l‘ai vu de mes propres yeux, il y a des étudiants qui font les fins de marché,
faire les poubelles des grandes surfaces
4. les fins de marché encore
1. moi je suis la première à la faire
4 : il y a des choses qu’on peut faire qui sont dé-dramatisantes et intelligentes. Mais les
poubelles oui
3. Les poubelles des grandes surfaces
5 : Quoi que maintenant les poubelles des grandes surfaces, avant même la sortie, ils ont
mis des enclos et ils javellisent tout de suite
113
4 : nous mettons le jeudi soir quand il nous reste des choses, bon on peu pas les garder
pour la semaine d’après, déjà tous les gens de l’épicerie prennent ce qu’ils ont besoin,
mais on essaie de faire des cagettes propres
En mettant et on les met à la sortie de l’épicerie pour que les gens puissent les prendre.
Mais c’est vrai que si on écoutait ces messieurs qui font des lois on devrait les mettre
dans les poubelles, mettre de l’eau de javel…
I : Donc ces bénéficiaires quand ils arrivent dans les épiceries qu’est-ce qu’ils privilégient ?
2. Moi je pense qu’ils vont faire leurs courses ailleurs parce qu’on n’a pas tout et on leur
dit qu’on n’a pas tout
2 : quand on est sur des grandes familles, il y a pas de tout et donc c’est normal qu’ils
aillent faire leurs courses ailleurs aussi. Ca c’est normal il n’y a aucun tabou la dessus et
tant mieux si ils le peuvent. C’est aussi faire des économies pour acheter des choses par
ailleurs ce n’est pas plus mal quoi
I : Et du coup dans l’épicerie qu’est ce qu’ils vont privilégier comme produit exactement ?
1. Moi je pense les fruits et légumes
3. Les produits d’épicerie, les produits frais
4 : il faut que vous sachiez qu’on essaye d’avoir le plus de produits variés possible donc
c’est tout a fait faisable de vivre avec seulement ce qu’il y a dans les épiceries, selon les
épiceries bien sûr. Donc moi pour les étudiants, il n’a pas besoin d’aller acheter ailleurs
3 : qui viennent qu’à l’épicerie
4. bon après il y a des semaines, ou il n’y a pas de viande, bon bah faut faire avec autre
chose, les oeufs par exemple, ca amène les protéines donc ce n’est pas gênant. Je ne vais
pas aller dépenser l’argent que je n’ai pas parce qu’il me faut un apport en protéine. Il y
en aura peut-être la semaine d’après
1 : Nous on leur dit n’achetez que ce dont vous avez besoin. Ils ont l’habitude d’avoir un
caddie de 50 euros pour la semaine, il ne faut pas qu’ils viennent dans l’idée qu’il faut
qu’ils dépensent ces 50 euros à l’épicerie, étant donné qu’on est a 10% du prix. Surtout
retenez-vous et profitez de dégager de faire des économies
4. Tous on leur dit surtout c’est réfléchir et prendre du recul
I : et donc du coup si je comprends bien, je suis nouveau dans l’épicerie, ma période de
fréquentation de l’épicerie va varier en fonction des produits disponibles dans l’épicerie ?
4 : non, on les alimente toutes les semaines les produits. En fait dans l’épicerie il y a
différents métiers
114
Chacun à son poste, un métier qui ressembles au commercial car on doit réfléchir
comment s’approvisionner, comme un autre magasin avec une autre mentalité mais c’est
le même métier. Mais dans le même lieu on a aussi des travailleurs sociaux. Vous voyez,
c’est intéressant. On a réuni 2 choses qui ne se réunissent pas ailleurs
3 : on a de tout, à part les travailleurs sociaux, car il n’y en n'a pas, on en est certain dans
les grandes surfaces
Au niveau du magasin, on a le commercial, on a la mise en rayon, les commandes
5 : on s’est professionnalisé
1 : quand ils arrivent en fin d’accès en épicerie on les incite à acheter des produits qui
vont durer longtemps, le lait les produits secs. Le lait pour les familles ça marche … quand
on leur explique en plus ils peuvent le garder 4 mois au-delà de la DLUO ils sont encore
plus contents.
En fin d’accès on reste sur les DLUO et à nouveau l’intérêt de l’information
3 : je pense que quand les gens ont compris ce que c’est qu’une DLC, une DLUO, combien
de temps on peut conserver les produits par famille, je pense qu’on a déjà gagné
beaucoup de chose.
4. après on a des laitages aussi, je pense que c’est un produit important
3. Oui les yaourts, le beurre, Les fromages
4. on ne trouve pas ça dans toutes les épiceries
M : il faut qu’ils achètent des produits qui constituent la base de leur alimentation pour
avoir suffisamment pour une semaine mais en même temps il faut qu’ils se fassent plaisir,
Comment ils arrivent a...
4. Je pense qu’ils arrivent à se faire plaisir. Ce faire plaisir ce n’est pas toujours manger le
truc super gras, il faut arrêter…
3 : on ne vérifie pas, mais j’ai des gens les premières fois, je leur demandais de faire leur
menus sur papier pour faire leurs courses car il ne suffit pas d’acheter, on remplit le frigo
et on laisse 15 jours dans le frigo et ah la date est dépassée et le truc est pourri et on met
ça à la poubelle
De faire des menus par jour, ça permet voila et il vous le montre ça vous permet de dire,
ah vous faites des pâtes là,
Bon et ben demain soir avec le restant de pâtes on va faire un gratin. C’est du bon sens et
c’est apprendre à cuisiner avec les restes et à pas faire de gâchis
115
I : il y a des pics d’approvisionnement ? Supposons l’arrivée des fêtes, à des périodes
particulières
3. c’est à retardement, là on a les chocolats de noël
5. c’est en décalage en fait
4 : plutôt parce que si on dépend des grandes surfaces, ils vont nous les donner quand la
période est passée. Les clients des magasins n’en achètent plus, donc on les donne aux
épiceries
3 : nous on a de la chance parce qu’on fait partie du réseau ANDES, on travaille avec la
Cistella qui a un partenariat avec Ferrero, donc admettons pour noël on a eu les
calendriers de l’avent. Pour 3 francs 6 sous les gens ont eu des calendriers mais les
familles qui ne sont pas de religion catholique, elles ont fait pour les enfants
1. C’était sympa du coup, on a pu leur expliquer ce que c’est que noël, et que noël ce
n’était pas qu’une fête de cadeaux
M. Est-ce que vous avez des produits de marques
3. oh oui
4 : on a les mêmes produits
3. A part ce qui vient de l’union européenne, et encore car on a le chocolat au lait qui
vient de l’union européenne, c’est de la marque.
1. la crème au chocolat, C’est mont blanc
4. c’est des aprioris
1. c’est pas le même emballage mais il suffit de le savoir
4 : on a ces produits là parce qu’ils sont chers et qu’ils n'ont pas réussi à les écouler dans
les grands magasins et ils font de la défiscalisation
3. ou l’emballage a changé
3 : on a eu des bouteilles d’ISIO4, 5000 de lancées sur la région pour les épiceries, Parce
que l’étiquette avait été collée à l’envers, nous qu’est ce qu’on en a à faire de l’étiquette,
mais c’est des bouteilles a 15 ou 17 centimes au lieu de 4 euros.
M. Défiscaliser, c'est-à-dire ?
4. Une entreprise nous fait un don, il le défiscalise, c'est-à-dire qu’il payera moins d’impôt
Il faut déjà que nous, on fasse la démarche au niveau del' impôt pour avoir le droit de
défiscaliser, à signer ces papiers donc il faut être reconnu solidaire
116
M : juste sur le bien manger qu’est-ce qu’on en a dit
Bien manger = bonne santé
Ce serait plutôt un état d’esprit
C’est cuisiner, des produits frais donc pas de produits tout préparés, Boîtes pizzas, le
moins possible
C’est aussi mettre la table, c’est des odeurs, c’est donner envie de manger
C’est partager, c’est le goût, c’est le plaisir que ça apporte mais il y a aussi le coté
équilibre alimentaire
Avec cette forte, la possibilité de varier en fait, d’équilibrer, donc manger des légumes, du
poisson, de la viande
Et du coup les épiceries solidaires permettent à leurs bénéficiaires de bien manger, avec
des bons produits et a bas coût.
Est-ce que vous avez les quantités suffisantes dans vos épiceries
Vous semble dans de bonnes proportions
3 : et bah c’est nous quand on reçoit le mardi matin on divise en 5, tout ce qu’on a on
divise en 5. Et on sait que le mardi après-midi, une dizaine de personnes c’est des rapaces
donc il y a des choses qu’on ne met pas en rayon et après leur passage on les remet pour
que les autres en aient
1 : Parce que c’est toujours les mêmes qui viennent le mardi a 14h ?
3. Ah oui tu sais on a 225 familles on peut pas tourner
4. c’est des listings
1. Nous si ils sont là aujourd’hui, c’est que la semaine d’avant ils étaient la vendredi, Puis
la semaine d’après on décale, à chaque fois on décale d’un jour, si ils ont rdv en début de
semaine
4. c’est quoi l’intérêt
1. L’intérêt, c’est que nous on est livré le mardi donc si ils viennent le mardi, ils ont plus
de choix mais ils sont limités en terme de quantité si par contre, ils viennent le vendredi
ils auront moins de choix mais ils sont plus limités parce que malgré les limitations il y a
des produits qui sont épuisés.
3 : nous on a chambres froides, vitrines, congélateurs, on a beaucoup de choses donc on
peut essayer d’avoir le maximum de disponible pour chaque jour
117
1 : Donc une personne qui prend rendez-vous le mardi à 14h
3 : elle viendra tout les mardis a 14h, elle aura les mêmes choix qui si quelqu’un vient le
jeudi a 15h
1 : oui mais alors du coup au niveau social comment vous faites, parce que nous l’intérêt
c’est aussi que les gens essayent de se croiser, qu’ils croisent différentes personnes.
3 : En fait il y a tellement de personnes qu’ils croisent forcement des gens, on a 40
familles par jour.
1. Vous avez plusieurs personnes sur le même horaire ?
3. bien sûr
4. il y en a plusieurs qui se servent à la même heure, oui
3. Vous vous avez 50m², donc ce n’est pas possible, nous on a une épicerie qui fait 134m²,
plus une cuisine plus les réserves, c’est pas du tout les mêmes structures. Moi c’est une
véritable épicerie c’est comme un petit casino
4 : au niveau forme c’est un magasin, c’est juste nous qui mettons le cadre
L’important c’est que la personne est plus gênée, on met plus aide alimentaire
1 : ça nous arrive qu'il y ait des gens qui rentre et qui commence à faire leurs courses
3. oui forcement, mais on les connait les gens
I : on a entendu bien mangé égale équilibre nutritionnel, égale nutrition, égale plaisir
Une formule en 3 mots
2 : fin moi je sais pas… C’est associé de la variété de produits à différents repas
3 : sain varié convivial
4 : convivialité sain équilibré
M : est-ce que plaisir et santé s’opposent ?
3. non ca s’oppose pas
5. Ça se complète
4 : Moi je suis toujours surprise de goûter les fruits et légumes bio au sens de ça vient du
producteur c’est pas cher parce que c’est direct et ça n’a aucun, ce n’est pas comparable
avec ce que l’on achète en grande surface donc
118
Oui c’est bon donc c’est du plaisir et c’est me meilleur pour la santé et on ajoute en plus
c’est bon pour le porte monnaie, ca c’est incroyable ! Cet équilibre On l’avait avant, il
suffit de revenir
1 : leur faire goûter le plaisir, les initier à aller au marché, ne pas hésiter à négocier, mais
une fois que c’est fini comment faire ? L’information importante c’est évidemment de
revenir aux produits naturels non transformés
4. parce que ils sont pas chers en fait
1. Là ou je me suis aperçue que pas mal de personnes étaient réceptives notamment pour
celles qui ont un congélateur ou un freezer du moins, c’est d’acheter 1 kilo et plus 500
gramme de sachets de légumes et vraiment à l’état brut et là on revient à des prix, bon
qui reste plus chers que l’épicerie mais abordables
À l’état brut et là on revient sur des prix qui restent plus chers que l’épicerie, mieux que
les conserves et là on revient dans cuisiner, transformer soi même
4 : un kilo de par exemple de légumes surgelés, on en mange plus longtemps, on fait des
portions, la boite on en mange plus
3 : la boîte ça part à la poubelle, tu en manges une fois et tu vas jeter le reste
1 : et parce que c’est pas génial et tu es dans l’obligation de consommer dans les jours qui
suivent
3. et il y a des gens qui savent pas cuisiner les restes
1. Donc il y a tout cet accompagnement de l’après épicerie
4. il y a des associations qui font ca, qui sont dans l’éducation à l’alimentaire
1. Oui mais alors là on revient aussi dans la problématique, la personne est ce qu’elle a
envie d’être aidée ?
Est-ce qu’elle a envie d’être éduquée
4. mais c’est pas lourd comme ça en fait
3 : le souci il faudrait que sur chaque association, on ait le double, ou le triple de locaux et
de personnes
4. Non, moi je pense qu’il faut renvoyer vers les autres, travailler en collaboration
3. Oui mais tu sais déjà, quand on a les gens qui ont déjà du mal à être chez nous et à
venir à des ateliers
Ils ne sont pas forcément tout de suite en capacité d’aller dans d’autres associations
119
I : ça va de pair avec la nutrition, Il lit un texte …
4 : bah c’est un résumé de tout ce qu’on a dit. On est vraiment acteurs de
problématiques, Partenaires de problèmes, Il y a des structures gouvernementales
publiques dans la promotion de la santé qui se rendent compte qu’on est au plus près,
c’est que par exemple pour le diabète c’est souvent des personnes qui sont en situation
de précarité. Bon j’ai pas les stats mais ça se retrouve en fait mais par problème de
désinformation, de manque d’information mais aussi peut être d’avoir subi la vie et pas
toujours avoir été heureux
3. Non et dans tout les plats qu’on leur propose quand on leur fait des colis, beaucoup de
plats européens qui arrivent, vous mangez que ca vous devenez diabétique en peu de
temps parce que c’est vraiment pas équilibré
3. c’est vrai qu’il y a un lien
1 : la société va te rappeler à payer ton loyer, l’électricité mais jamais t’imposer de faire
les courses de telle ou telle manière, heureusement chacun respecte ses religions, mais
ce que je veux dire c’est que il y a des personnes qui arrivent à l’épicerie, qui n’ont jamais
eu d’aides et là ca fait 2-3 mois ca va pas du tout, mais qui on toujours fait attention à
payer leur loyer
On va dire que maintenant c’est l’électricité, ils sont menacés. Donc c’est la société
3. c’est qu’est-ce qu’on paye ?
1 : on a des impératifs légaux, administratifs donc on va délaisser tout ce coté,
vestimentaire et alimentaire
3. je pense aussi que le fait d’avoir des familles qui se décomposent avant de se
recomposer, où la maman va se retrouver avec des gamins et être obligée de bosser et ne
pas être là aux heures de repas, donc ça va être acheter une pizza et les enfants bah le
soir on est tout seuls bah on se fait une pizza et un coca.
4 : j’ai des mamans étudiantes, qui me disent je prends ce plat là parce que c’est génial
Donc perso je les ai goûtés, je les trouve horribles je me dis qu’est-ce que je fais, je dis, je
dis pas ? Je sais pas
J’espère qu’elle viendra à l’atelier
3. C’est très compliqué, c’est les culpabiliser aussi
4. c’est ça alors qu’elles font ce qu’elles peuvent. C’est ça aussi. Après on peut se
rattraper sur un autre repas aussi, je ne sais pas si vous savez, au niveau nutritionnel quoi,
120
ça va si à un moment on prend le plat cuisiné et que le lendemain on a plus de temps à
cuisiner…
3 : si c’est une fois de temps en temps ça va mais si c’est tous les jours…
M : quelqu’un qui viendrait faire ses courses et qui n’achèterait jamais de fruits et
légumes
4. ben, on en parle
3. c’est pour ça que je regarde tous les tickets
M. Vous leur en parlez à eux
4. ah oui, on a une relation de toute façon
3 : je vais leur en parler ou je le transmets aux assistantes sociales qui quand elles les
reçoivent font le point avec eux
M. et en général, c’est compris par les bénéficiaires
3. Oui oui elles savent le travail que l’on fait, elles savent qu’on est pas là pour les
déglinguer mais pour les aider au plus près. Elles le savent donc elles le prennent bien,
elles savent qu’il n’y a aucune méchanceté
4. Et elles ne nous doivent rien non plus
I : Le bien manger passe par la nutrition
3.4.2. oui
I. exemple de Manon qui mange des bonbons
3 : on lui met la fessée et au coin !
RIRE
I. Si elle ne pose pas de questions
4 : on propose, va s’en rendre compte selon les courses
3. on s’en rend compte, En voyant les tickets, de ce qui est acheté ou pas
4 : Moi j’ai un exemple, un étudiant, il a fait son tour bon déjà la première fois il n’a rien
acheté. Bon là en plus c’était avec l’assistante sociale, donc si elle nous l’a envoyé c’est
qu’il a besoin.
Okay comment ça se fait vous n’achetez rien, il faut m’expliquer, je lui ai pas dit il faut
m’expliquer mais je veux savoir, je veux comprendre, donc il a dit cette semaine j’ai pas
121
besoin, j’ai ce qu’il faut, là je comprends c’est bien, vous gérez le budget mais la semaine
prochaine, vous achèterez ? parce que l’idée ce n’est vraiment pas de venir à l’épicerie et
de ne pas manger. Il y en a ils viennent ils prennent pour deux euro, je pense que je vais,
Je pense qu’il y en a, je vais regarder un peu plus ce qu’ils prennent. Parce que là, soit il a
un gros souci et même avec nous on ne peut pas le régler et il faut les rediriger vers
d’autres, soit il a pas compris et il y en a qui nous ont pas compris qu’il vaut mieux
acheter avec nous, mais là je le dis clairement. Là il y a une personne qui est venue pour
la première fois
Qui a dit je ne regarde pas, je lui réponds, mais on est jeudi, vous revenez que dans une
semaine, il faut manger d’ici là, le fruit là vous n’allez pas l’acheter ailleurs, je fais vite la
comparaison, elle calcule. Elle a dit, oui c’est vrai et elle est retournée acheter le fruit
donc vous voyez, on fait ça cool toujours et elle m’a dit merci, ils sont toujours
reconnaissants. C’est quand ils passent à la caisse qu’ils se rendent compte, ils disent «
Ahh oui ! ». Surtout la première fois, la différence est énorme
3 : ah oui on l’entend souvent mais on aime bien
I : Donc si je comprends bien vous les accompagnez pour qu’ils puissent bien se nourrir ?
4. on propose en tout cas oui
M : est-ce que ça marche aussi dans l’autre sens ? Viennent-ils vers vous ? vous
sollicitent-ils ?
3.4. oh oui
I. vous avez toujours les réponses appropriées ?
3 : on essaye
4 : en même temps je trouve que franchement en France, les infos on les a, si on veut
bien. On les entend tout le temps, les gens aussi les ont mais bon y faut accompagner ça.
Je pense que si on se tient au courant, c’est pas si difficile que ça de savoir ce qu’il
faudrait faire pour être en bonne santé, entre guillemets, il faut pas exagérer non plus…
3 : il y a pas que l’alimentaire qui rend malade
I : Les sollicitations en terme alimentaire ca émane toujours des bénéficiaires, ou il y a
d’autres structures qui sont à l’extérieur qui vous font des sollicitations ?
2 : oui oui
3 : oui à la mairie de Toulouse, il y a C*****
4 : Ah oui santé-ville, moi aussi j’y ai participé.
122
3 : elle essaye de faire des ateliers, mais nous ça nous prend vraiment trop de temps, sur
le diabète …
4 : C’est là où je dis ce serait bien qu’on ne fasse pas chacun de notre côté, parce que
c’est lourd et ça va être lourd pour tout le monde
3 : notre problème avec santé-ville c’est que c’est trop lourd et c’est que c’est fait sur la
Reynerie et ici il y a jamais rien et on a pas des journées entières à aller…
4 : Moi j’ai passé une année mais parce que moi je peux me libérer par rapport aux autres
salariés, alors que les autres pas du tout ils sont débordés, ce n’est pas possible
3 : Nous c’est le même problème, on a pas assez de temps, pas assez de monde…
4 : Après moi je pense que si on peut se faire bénéficier les uns des autres. Mais c’est plus
nous qui allons faire venir, peut-être. Ou au moins leur faire de la publicité au sein de nos
publics, leur recommander ce qu’ils proposent.
M : A soliciale aussi, vous parvenez à répondre aux sollicitations des différents
bénéficiaires ?
3 : En un an, c’est fou ce que Linda a réussi à mettre en place. Donc c’est pas pareil elles,
sont quoi, elles sont à deux, donc c’est un peu compliqué aussi
1 : après ça tourne pas autour de l’alimentation, les gens nous sollicitent
C’est peut-être des problèmes de papiers, d’administration, ils arrivent avec un sac de
courses rempli de papiers et d’enveloppes pas encore ouvertes. Non ça ne tourne pas
trop autour de l’alimentation.
3 : au départ c’est régler les problèmes
4 ; c’est régler les soucis. Mais après c’est vrai qu’une fois qu’on a réglé l’alimentaire, la
nourriture ils l’auront
Je pense ils sont rassurés. On a vraiment répondu aux besoins donc après on peut faire
autre chose
I : les questions qui se posent avec l’atelier santé ville sont relative à l’alimentation et la
santé ?
3 : santé santé
2 : je crois comprendre que c’est comment mettre en réseau les différentes structures,
faire un travail mutuel
4 : évènement où on va promouvoir le sport mais également l’alimentaire enfin
l’éducation à la nutrition
123
M : est-ce que vous avez des besoins en termes de formation, d’informations en termes
de nutrition ? Ou vous à titre personnel vous avez déjà suivi des formations ?
1 : Nous c’est notre métier
4 : c’est ça nous on a le professionnel. je pense qu’on ne peut pas ouvrir une épicerie sans
travailleurs sociales
3 : c’est très difficile sans travailleurs sociaux
1 : ça n’existe quasiment pas
3 : que ce soit une conseillère ou une assistante sociale car elles ont été formées à toutes
ces difficultés-là. Elles peuvent répondre à l’accompagnement
1 : c’est là qu’on se différencie d’une épicerie, c’est l’accompagnement, il y a vraiment la
prise en charge mais la prise en considération de la personne, de son vécu, de sa famille,
dans son quotidien. On est vraiment dans le quotidien. L’alimentation c’est au quotidien.
2 : par contre moi, en tant qu’assistante sociale, le coté alimentaire c’est pas du tout
quelques chose que l’on voit en formation.
4 : Mais dans le formation de la conseillère, oui. C’est vraiment très très très large. Ils
touchent vraiment à tous les domaines, le budget et l’alimentation
1 : on est conseillères en économie donc on doit tout voir
M : Vous n’avez pas tant besoin d’information au niveau équilibre alimentaire
3 : après c’est nos connaissances personnelles qui font
1 : et notre travail en collaboration avec les diététiciennes car au bout d’un moment une
même personne ne peut pas endosser plus de savoir que possible et c’est leur rôle
3 : Il faut avoir des gens avec différentes casquettes, ça fait plus sérieux enfin c’est pas
que ça fait plus sérieux mais le personne qui va pas avoir toujours la même personne en
face de lui pour lui apprendre ou lui faire connaitre quelque chose , c’est important aussi
I : c’est plutôt travailler en partenariat
Tous : oui oui
4 : on l’a construit le partenariat. On est allé chercher ce que l’on avait besoin dans les
épiceries
3 : Au début pour ouvrir une épicerie solidaire, moi c’est une réflexion que j’ai eu avec
moi-même très longtemps en me disant mais c’est pas possible de voir tous ces gens qui
mangent mal, qui achètent cher, qui ont des dettes . Voilà c’était ce travail là , comment
124
faire pour que les gens aient à manger et puissent acheter de bons produits comme moi
je peux le faire et payer leurs dettes, par avoir peur le matin ou en pleine nuit d’avoir
l’huissier qui se pointe pour se faire expulser, … Voilà ça commence comme ça la réflexion
et après on monte une épicerie solidaire autour
1 : Des formations à proprement dites je ne pense pas, des formations diplomantes mais
tout ce qui va être réunion c’est toujours super de se retrouver, en table ronde, de se
retrouver entre professionnels. Enfin moi je découvre en tous cas
3 : on apprend des uns des autres, des petites choses que l’on a entendues et on essaye
de les transformer
M : l’idée de l’atelier santé ville c’est de faire une demi-journée pour les professionnels
associatifs de Toulouse
3 : c’est intéressant sauf si c’est que de la parlotte et qu’il y en a que un qui parle, on
écoute et on note, on l’a fait et ça c’est non non non
4 : on aura pas le temps aussi de multiplier les choses. Je pense que se serai plus
pertinent que ces personnes là viennent intervenir et chacun fait son métier. Je suis
vraiment pour la mutualisation, ce n’est pas une personne qui doit tout savoir faire
3 : pour avoir fait des réunions avec Karine, au bout de la troisième, on a dit non, ça ne
sert à rien. On n'a pas le temps
1 : Mais pourquoi ?
4 : Moi je l’ai fait plusieurs mois, et on arrive au final à un évènement, donc ça mobilise
beaucoup d’associations de Toulouse, du quartier, c’est super mais je suis sûr que ça se
fait à d’autres niveaux, toutes les associations elles sont toujours prises
1 : il y a eu un évènement lié à l’alimentation ?
3 : oui, enfin l’année dernière c’était sport, manger bouger
4 : mais je pense que c’est toujours sur le thème de l’alimentation
1 : Mais manger bouger c’est national ça
4 : en fait on a des conseillères dans nos structures, elles sont formées. Hier on est allé à
une formation, notre conseillère n'est pas venue, elle a dit mais moi je connais déjà tout
ca, En plus c’est son jour de congés c'est bon
En plus on bénéficie des livrets PNNS, on les a, on est reparti avec des cartons.
125
3 : C’est-à-dire que nous les réunions qui ont été faites, on est toutes les deux, la seule
épicerie solidaire et après c’était que des associations sportives qui ne savaient même pas
ce que nous on faisait et qui cherchaient pas à savoir
4 : ce n’était pas trop pertinent que nous on y soit
1 : hormis le fait que vous soyez une association du quartier
3 : nous c’est très compliqué car on est la seule association du quartier, donc on est obligé
d’aller à la Reynerie, ou on en a rien à fiche de notre association et de ce que l’on fait. La
seule chose c’est qu’on a rencontré deux trois associations qui s’occupent de femmes et
qui ont pris contact et maintenant viennent régulièrement accompagner des future
bénéficiaires
4 : voilà l’intérêt c’est de nous connaître, mais bon on a d’autres lieux. Moi je l’ai
expérimenté et c’est clair que personne d’autre dans l’épicerie ne serait venu si ce n’est
que moi qui peut dégager du temps mais je ‘ai fait un an et c’est quand même pas notre
truc.
1 : Mais tu as réussi à mobiliser des bénéficiaires de ton épicerie ?
4 : m’Oui mais pourtant c’est des gens du quartier mais ça fait double emploi, faudrait
que ce soit le centre social qui le fasse.
3 : ils ont fait une journée c’était un samedi après-midi, en février, nous on y était , on a
fait un jeu sur, le fameux jeu sur la nourriture, c’était formidable mais on a vu personne
de notre épicerie, Ça été fait pour le quartier de la Reynerie.
1 : c’est déjà difficile de les mobiliser sur nos ateliers
4 : ils se déplacent pas les gens ils ne vont pas d’un quartier à l’autre
4+5 partant
I : quand je suis venu faire l’entretien avec vous, à leur arrivée il faut satisfaire le besoin
de manger et après ils sont dans la structure, ils peuvent avoir d’autres considérations,
savoir comment bien manger
3 : le première fois, c’est plutôt on regarde, on voit, on prend mais comme s'ils venaient
qu’une fois, donc vraiment venir chercher ce qui est possible, on est même obligé de leur
dire, vous revenez la semaine prochaine, donc on y va doucement. Et puis plus ils
viennent plus ils prennent de temps, plus ils regardent les produits, ils posent des
questions et donc à mieux acheter
1 : effectivement, soit il y a des personnes qui vont se jeter, soit il y a des personnes qui
arrivent parce que on est le dernier recours et ils ont vraiment plus de sous et donc vont
126
prendre deux trois choses alors on a tendance à leur dire, il faut prendre un peu plus pour
la semaine, car votre prochain rendez-vous c’est dans une semaine et si c’est pour dans
deux jours aller faire des courses ailleurs autant les faire maintenant. Donc on a les deux
tendances qui se rejoignent et se justifient aussi. Et avec le temps, ils ne se familiarisent
avec les produits avec les lieux avec les personnes, même si les produits sont différents
d’une semaine à l’autre car il n’a pas forcement les mêmes, on cherche à garder les
mêmes emplacements, ils ont donc leur petits repaires et ça se passe plutôt bien.
I : on va close le débat, merci
3 : on vous sollicitera peut être pour les journées table d’hôte pour que vous puissiez
rencontrer les agriculteurs, les cuistots car on essaye de faire venir des cuisiniers célèbres
quand même, nous aussi on va faire notre master chef
J : Mais du coup ils ne réagissent pas vraiment, ils apprennent sur le coup
2 : Oui, ils apprennent sur le coup
J : Mais après
M : Parce qu’après ils le consomment davantage, ils le...
3 : Après ce qui a été très bien l’année dernière quand on a fait justement cette journée
avec avec K****** euh elles avaient fait l’odeur, la vue, le goûter ,et le toucher et ce qui
fait que il y avait des questions ils avaient les yeux bandés, ils touchaient pour reconnaitre
et puis à la fin ils avaient fait des brochettes de fruits et tous les enfants partaient avec les
brochettes de fruits, on a jamais eu autant de monde voilà et même les odeurs, c’était
assez, reconnaitre
J : Ils ont bien réagi
3 : Et on était même très étonnés parce que les enfants des fois reconnaissaient mieux
que leurs parents
4 : Et du coup dans les ateliers gourmands vous en avez parlé ou même dans les ateliers
cuisine ?
Les enfants ils vont s’impliquer, est ce que ils vont avoir une influence sur la
consommation des parents, est-ce que par exemple ils vont dire « ah maman j’ai bien
aimé tel produit qu’on a vu, est ce que tu peux la prochaine fois en acheter ? »
3 : oui oui ou ne pas en acheter
Admettons le nutella, je parlais du nutella la l’expérience. On a 2 mamans dont une qui
est la responsable de l’épicerie donc son fils a fait, depuis qu’il y a eu ça, elle n’a plus
jamais acheté un pot de nutella, parce que le gamin après avoir vu tout ce qu'il y avait
127
dans le pot de nutella , de lui avoir fait goûter tout ce qu’il y avait à l’intérieur, il a dit c’est
terminé, je n’en mangerai plus.
M : Est-ce qu’on a des effets pareils quand ils cuisinent parfois des fruits des légumes ou
des choses qu’ils n’ont pas l’habitude ?
3 : oui admettons l’année dernière on avait fait des chips de légumes, parce que les
parents bien souvent ils disent ouais les légumes gnagnagna, je leur avais dit, faites des
chips que ce soit avec les carottes, les pommes de terre les avec n’importe quoi on peut
faire des chips, il s’agit, il suffit de prendre un joli verre et d’installer les chips dans le
verre et un gamin, il vous les mange.
J : Les enfants ils vont bien recevoir les messages nutritionnels, mieux que les parents
3 : Mieux que les parents oui et moi je dis qu’il vaut mieux passer pratiquement par les
enfants pour faire réagir les parents.
J : Vous travaillez là dessus
3 : Ah oui c’est
1 : Mais les plus grands macdo et compagnie, ils l’ont tous compris, il n’y a pas de secret
3 : Mais les parents qui sont là à l’âge de 35 enfin 25-35 ans c’est pratiquement des
enfants de la malbouffe hein pour la plupart c’est des enfants de la malbouffe. C’est vrai.
Donc si on veut que la génération d’après fasse bien à manger, retourne au marché etc
etc beh c’est aux enfants qu’il faut apprendre. Moi qui fais de la cuisine, et Dieu sait que
j’en fais de la cuisine bon j’ai des enfants qui font de la cuisine et qui mangent mais mes
petits enfants, jamais ils me diront mamie tu nous amènes à macdo ou à quick etc ou quoi
que ce soit par contre ils disent tu nous amènes au restau c’est oui.
J : Mais avant toute à l’heure vous avez parlé de hamburger fait maison et vous disiez oui
alors ça ça va être nutritionnellement meilleur. Alors okay il ne va pas y avoir les additifs
mais c’est la même chose. Vous avez quand même du ketchup.
3 : pas forcément
J : si vous mangez ça avec des frites
1 : Enfin la viande, moi je travaille au macdo tous les soirs, je peux te dire que le steak
haché c’est pas le même que celui que t’achètes à la maison surtout quand tu le vois
sortir du congèl.
3 : Mais t’es pas obligé, t’es pas obligé
1 : A macdo c’est pas du fromage, le steak haché, c’est pas du steak haché.
128
3 : Si tu coupes une tranche de gruyère fine et que tu l’a fait fondre ça a pas le même goût
que je ne sais pas comment ça s’appelle.
J : Au final c’est plus pour le goût en fait que vous le faites
3 : Il y a le goût mais il y a aussi le, un gosse qui va manger à macdo une heure après il a
faim, moi si je fais un macdo à la maison je peux te dire qu’après t’as pas faim. Fin’un
hamburger
1 : Si vous regardez un peu des études je crois qu’il y a un peu plus de 10ans, il y a une
étude qui avait prouvé que dans les pains macdo ils mettaient des anti-vomitifs c’est-à-
dire que naturellement ton corps le rejette c’est pour dire à quel point on n'est pas censé
manger tout ce qu’il y a dedans, ils le mettent dans le pain parce qu’ils ne peuvent pas le
mettre dans les steaks hachés qui sont hyper contrôlés mais c’est fin’
3 : Si tu mets de la salade ça va être une salade maison que toi t’as achetée, qui vient du
marché, que tu vas avoir lavée et épluchée par toi-même et qui va avoir quoi une demi-
journée à macdo je suis sûre que les salades c’est du tout prêt c’est dans des grands sacs
1 : Encore ça je pense que les gens peuvent acheter la salade en sachets ça reste
3 : As-tu déjà mangé une salade en sachet si elle n’est pas lavée ni quoi que ce soit
1 : Beh oui parce que je suis étudiante et que je fais avec ce que je peux. Mais ce que je
veux dire c’est qu’on ne peut pas leur demander non plus de rentrer dans une
préparation qui demande énormément de temps.
3 : Oh éplucher une salade ça demande pas énormément de temps.
1 : Beh ouais mais il faut déjà une essoreuse, j’en n'ai pas.
3 : Alors et un truc de grand-mère, un torchon hein
1 : c’est ce que je fais oui mais après ça reste humide oui enfin mais il y a aussi l’aspect
gustatif
J : mais les bénéficiaires qui viennent chez vous ils ont quand même faim certains vont
être amenés à manger des produits euh par exemple de macdo par exemple même si ils
vont venir chez vous
3 : Ah beh ils ont le droit
J : je vais me faire plaisir en faisant ça. Mais au final vous allez leur donner des
informations nutritionnelles en leur disant ce serait bien de manger ce type de produits
mais au final mais moi j’aimerais bien
3 : ça veut dire qu’on peut faire comme tout le monde
129
1 : Mais après on est tous pareils
3 : Se payer un macdo une fois de temps en temps si on en a envie, oui mais si on fait voir
aux gens combien ils dépensent quand ils vont acheter pour 4 ou 5 personnes euh qui
vont à macdo, c’est pratiquement l’argent pour la semaine si ce n’est pas plus pour
l’épicerie en ayant vraiment tout ce qui faut
J : Mais du coup est ce que vos bénéficiaires ils vous le disent qu’ils vont
3 : Bien sûr
J : Et du coup vous
1 : Mais nous on ne cherche pas forcément à le savoir
3 : Chacun
1 : Si ils n’achètent pas tous les légumes fin nous je sais que c’est la première chose qu’on
fait quand ils arrivent. Ils disent non non des fruits et légumes je n’en veux pas. On dit beh
pourquoi ? C’est presque ah oui beh pourquoi. Après ils nous donnent leur réponse, c’est
parce qu’on en a déjà acheté. On va aller chercher le ticket de caisse.
J : Mais du coup vous allez quand même mettre en avant tout ce qui est fruits et légumes
1 : Oui, on va leur montrer que quand même il faut que ce soit normal
3 : Chez nous pour les 2 c’est vraiment nos produits phares
1 : Que ce soient des compotes que ce soient des produits crus , cuits
3 : Admettons sur les commandes unitaires puisqu’on fait des commandes à l’année, moi
j’ai commandé pour les beaux jours, du persil, de la ciboulette, du basilic, alors j’ai
demandé à ce qu’il y ait une partie qui soit en pot. Pour que justement les gens ils
puissent se faire une petite jardinière chez eux. C’est aussi réapprendre aux gens à
manger, une salade de tomates beh bof surtout que actuellement elles ne sont pas
terribles mais quand on va avoir celles des producteurs, les cœurs de bœuf qui vont
arriver hein et ben ils mettent juste du basilic, de la fleur de sel et puis une goutte d’huile
et encore.
J : Mais quand vous vous rendez compte que vos bénéficiaires ils n’ont pas vraiment un
équilibre nutritionnel vous pouvez dire bon
1 : Après si c’est de leur plein grès
J : Vous dites quoi, est ce que vous avez une réaction
2 : Après l’an dernier par exemple il y avait une intervention avec la diététicienne et en
fait une dame qui venait du CADA (centre d’accueil de l’aide à la personne) qui avait pour
130
habitude de ne manger que 2 fois par jour, le matin et le soir et c’est comme ça, la
diététicienne n'a pas essayé de changer, c’est comme ça, on impose pas. Imposer ça sert
à rien, il faut faire avec la culture des gens, il faut essayer d’ouvrir le champs
1 : Montrer quel est l’intérêt
2 : Ouvrir le champ de consommation, après si on essaye d’imposer, les familles elles
viennent plus, ça c’est sûr.
3 : C’est pas parce qu’on est en France qu’on a la science infuse. Quand on va en voyage à
l’étranger on s’aperçoit que les gens mangent complètement différemment de nous, il y a
dans certaines sociétés où on va manger un petit peu toutes les 2h et ils se portent très
bien.
In : Du coup pour l’éducation alimentaire c’est un petit peu difficile à gérer cette euh
différence de culture qu’il peut y avoir.
2 : Moi je pense que le principal c’est qu’il y ait la variété quoi que ce soit , même si ils
mangent toutes les deux heures, au final si ce n’est pas la même chose on arrive à un
équilibre alimentaire dans le sens ou on arrive à avoir de la variété dans la journée donc
au final on y est on a pas besoin d’avoir 3 repas cadrés. Après oui euh je veux dire c’est
vrai que le grignotage c’est pas forcément la meilleure des choses. Mais on peut que
donner des conseils après , de là à appliquer à la lettre.
1 : Déjà ce sont des gens qui arrivent un peu, fin pour l’aspect social, ils déballent une
grosse partie d’eux même.
3 : C’est difficile de faire le pas
1 : Exactement, déballer leur facture, quand on remplit le premier dossier on est quand
même obligé d’avoir des données très personnelles, tout ce qui est factures, on est obligé
de tout avoir, pour justifier que financièrement ils sont en difficulté, ils vont avoir accès à
un droit qui est de payer moins cher la partie alimentaire mais il faut qu’ils justifient, c’est
comme tout ce qui va être en location, on justifie pourquoi on va avoir à ce droit-là.
Ib : Après vous portez un message envers la personne, dans votre épicerie si elle prend
que des gâteaux, là cette personne elle a plutôt besoin d’un accompagnement parce que
nutritionnellement ça ne respecte pas les normes nutritionnelles.
3 : Mais ça ça va demander des mois, ça ne va se faire comme ça, c’est des mois
1 : Et de la volonté
3 : De la volonté de la personne et alors de nous oui parce que des fois ça fatigue aussi
d’avoir quelqu’un d’être toujours en train de pousser pousser mais faut que la personne
elle ait la volonté de changer, il faut déjà qu’elle ait la volonté de pouvoir se sortir de la
131
misère où elle est avec ses dettes et tout. Premier geste : toc toc toc, l’épicerie c’est déjà
un gros pas, vraiment c’est énorme ça d’être reçu et de mettre à nu sa vie parce qu’il faut
qu’elle explique, pour un peu qu’elle soit en instance de divorce, qu’elle ait été battue par
son mari ou vice versa, tout ça il faut le raconter, il faut qu’on comprenne aussi le besoin,
voilà, c’est déjà sacrément difficile, donc on peut pas demander à des gens qui ont eu
l’habitude de se nourrir que de gâteaux admettons mais si des fois elle se nourrit que de
gâteaux c’est peut être parce qu’elle n'a pas de quoi faire la cuisine.
In : Elle n'a pas le matériel
3 : Le matériel ou la cuisinière, qu’elle n’a pas une cuisinière électrique ou l’électricité
1 : Il a aussi le sucre psychiquement, les gens qui mangent du sucre quelque part c’est
parce que
M : C’est source d’énergie
1 : Ouais et quelque part c’est source de plaisir aussi, de relaxation, de confort, il y a un
certain aspect qui rassure
Ib : Après vous vous proposez des gâteaux de légumes dans vos ateliers de cuisine, c’est
ce que Linda me disait, que ça vous arrive de faire des gâteaux de légumes pour initier à
la consommation de légumes.
1 : Des gâteaux de légumes je ne sais pas je n’ai pas été
3 : Des cakes, des choses comme ça oui oui on en fait mais ce n’est pas forcément ce que
les gens préfèrent, il préfèrent qu’on leur apprenne à vraiment cuisiner un légume, qu’on
fasse avec un légume 2 ou 3 recettes voila
J : Quand par exemple il y a un bénéficiaire qui est étranger, si le thème c’est que lui fasse
à manger pour tous les autres et que vous voyez que eh ben il verse un litre d’huile
admettons
3 : Alors la justement on fait très attention, quand on a eu le fameux poisson cuisiné, avec
les bananes plantains, bon c’est des poissons qu’ils font avec du piment et tout là on s’est
dit waou et oh cool voilà donc elle a été très cool la dame elle a fait un pimenté léger et
un autre plus pimenté,
De l’huile admettons c’est une bouteille par semaine et c’est largement suffisant.
2 : Après certes il y a la question de c’est un plat gras, mais on peut aussi le compenser
avec des légumes, on va dire aux gens ça c’est prohibé, arrêtez.
J : Le produit est très gras et si on rajoute des légumes ça va équilibrer
132
1 : Après on va leur demander de temporiser un peu les quantités, tout ce qui est cuisine
collective c’est compliqué. Quand on est sur de la viande et que sur 6 personnes on en a 3
ou 4 qui mangent hallal, on achète hallal d’où les autre vont être. Moi je sais qu’à chaque
fois c’est un casse-tête parce que pourquoi les autres mangeraient hallal alors que nous
3 : Alors nous on a fait le choix, et ça s’est un choix, on n’achète plus, absolument plus de
viande hallal par contre on va dépenser de l’argent pour du poisson.
1 : Du coup vous ne faites aucun atelier à base de viande.
3 : Non
1 : Pour l’instant on fait Hallal, euh et on en parle avant.
3 : Je ne vois pas pourquoi on obligerait les gens qui mangent de la viande Hallal à 6 faire
manger ceux qui n’en mangent pas et vice et versa, donc nous la viande on a réglé le
problème, niet
Ib : Après vous votre spécificité c’est qu’il y a 50-50% de population d’origine étrangère/
non étrangère. Et vous dans votre épicerie, c’est comment à ce niveau-là ?
1 : Un peu plus de personnes étrangères, en tous cas dans les ateliers à chaque fois on
était en majorité en fait je pourrais pas trop dire, c’est compliqué parce qu’il y a aussi
ceux qui sont d’origine étrangère et qui ne pratiquent pas la cuisine qui s’en fichent et
après il y a ceux à outrance, il y a une maman qui un jour est arrivée un matin et qui m’a
ramené des petits pots pour bébé oui euh il y a de la viande dedans, des petits pots pour
4 mois, donc euh je dis oui c’est marqué dessus, après je conçois que peut être elle a pas
lu qu’elle ne sait pas forcément lire, il n’y a pas de soucis mais euh donc elle a exigé de se
faire rembourser donc je lui ai dit non on le rembourse pas si vous voulez l’échanger à la
limite on va échanger je vais voir avec Linda mais a un moment on ne peut pas
rembourser, il faut être responsable de ses achats et donc on lui a échangé. Mais j’avais
vraiment été marquée par cette attitude-là. D’autres personnes qui vont l’être à outrance
et c’est typiquement le genre de personne qui va pas accepter en atelier de manger autre
chose que du Hallal
2 : Ca tu ne peux pas lui reprocher c’est normal c’est dans l’application de sa religion
1 : Non mais du coup comment l’imposer aux autres alors.
2 : C’est là que se pose la question de la viande je suis d’accord.
3 : Il arrive un moment stop
1 : Il y a aussi des ateliers végétariens, comment montrer qu’on peut équilibrer avec des
légumineux, les légumes et les féculents protéines qu’il y ait toutes les familles parce
133
qu’on a aussi des végétariens, ça c’est encore autre chose mais du coup l’idée. Dès qu’on
est dans le collectif de toute façon entre les traditions...
3 : Si on commence à regarder, nous on le dit bien au départ on est une épicerie solidaire
laïque. Chacun fait ce qu’il veut avec sa religion et ça ne regarde que lui et à l’extérieur de
l’épicerie.
1 : Je pense que c’est le meilleur comportement comme ça on ne se prononce pas
pendant les ateliers.
Ib : Après pour ce qui est de l’équilibre nutritionnel dans votre structure supposons moi je
suis sénégalais et je sais que quand je cuisine je peux prendre la bouteille
3 : D’huile
Ib : Et ça se finit dans la poêle. Là si vous aviez à me conseiller, ce serait quoi le conseil ?
1 : Si vous le vivez bien et de votre plein grès je ne vois pas en quoi je vais aller à votre
encontre
3 : Et si vous faites du sport et si vous bougez et si
Ib : Je ne fais pas de sport
3 : Bon si vous allez danser tous les samedis hein c’est du sport aussi aller danser.
1 : A partir du moment où c’est exprimé comme quelque chose qui va pas, là on va
s’assoir, on va se poser et on va dire qu’est-ce qui vous convient pas qu’est ce qui,
aujourd’hui vous n’allez pas bien, qu’est-ce qu’on peut envisager de modifier au niveau
alimentation ? Non pas du tout et beh on va s’axer sur autre chose.
3 : Ou est-ce qu’il y a autre chose ?
In : Bon justement le fait de mettre plein d’huile ça peut faire partie de la culture etc mais
ça peut être aussi une conséquence au fait qu’on ait manqué d’une certaine quantité
d’alimentation, d’un certain type d’alimentation pendant un certain temps parce qu’on
avait pas assez d’argent et du coup on va acheter consommer des produits gras par
exemple ou se diriger vers un certain type de produit qui n’est pas forcément bon, ne pas
allez forcément dans le long terme plus dans le court terme pour pouvoir se faire plaisir.
3 : A nous a voir aussi quand on fait des ateliers cuisine comme ça de faire des ateliers ou
il va y avoir, ou on va plutôt prendre des poêles ou casseroles adaptées à du sans graisse
on va dire et de faire voir aux gens qu’on peut très bien cuisiner sans en mettant à peine
une cuillère à soupe d’huile pour cuisiner.
J : Ça change le goût !
134
3 : On peut compenser par des épices des herbes ...
J : Et la personne qui est habituée à faire d’une certaine façon c’est compliqué
1 : Il faut qu’elle le conserve
J : C’est compliqué de dire à la personne
3 : On est pas là pour dire aux gens mais on peut leur faire voir que
J : Mais du coup quand il y a des questions nutritionnelles c’est eux qui sont acteurs de la
demande c’est eux qui vont, après c’est vous si vous voyez vraiment le caddie comme par
exemple quand il n’y a que des gâteaux que des sodas et là c’est vous qui réagissez mais
sinon c’est eux qui vont vous demander.
1 : De toute façon ils ont déjà fait la démarche de venir donc souvent si il y a un souci si il
y a quoi que ce soit si ils ont envie de parler, ils viennent, en venant ils ont déjà fait le plus
gros.
3 : Hier j’étais à l’épicerie quand les gens faisaient leurs courses donc je me balade dans
l’épicerie et j’ai vu une dame avec euh j’ai toujours pas compris si c’était son mari ou son
fils bref c’était de gros paquets de pain de mie des gâteaux, des chocolatines des jus de
fruits, quand je les ai vu je leur ai dit, vous savez que c’est un au choix par famille et par
semaine. J’en fais quoi ? Et beh vous les reposez et vous continuez vos courses. Et donc la
fille qui était à la caisse avait bien vu le manège, elle m’avait entendue et quand elle est
passée à la caisse, ils avaient tout reporté et il n’y avait plus que un de chaque et il lui a
dit mais c’est à chaque fois comme ça ? Elle lui a dit oui.
In : Alors ils n’ont pas la possibilité justement au début de prendre des produits en
quantité parce que s’ils ont manqué en quantité
3 : Pas ce genre de produits. Si ils prennent 5 paquets de riz, 5 paquets de pâtes, des
conserves, aucun soucis, fin’conserves de légumes, aucun souci par contre s’ils me
prennent au niveau 10 tablettes de chocolat un pot de nutella des Ferrero, des gâteaux,
des, ce n’est pas possible.
In : Est-ce que vous voyez qu’au début par exemple quand ils arrivent dans l’épicerie ils
favorisent plutôt la quantité que la qualité ou l’inverse.
3 : Au départ, les 2 premières fois c’est plutôt la quantité en se disant mais si ils avaient
parce qu’ils ne connaissent pas le fonctionnement de l’épicerie donc en se disant beh la
fois d’après il y en a moins ou il n’y en a pas ou voilà, c’est plutôt ça. Après il y a des gens
qui font différemment leurs courses admettons quand ils allaient en grande surface de
prendre le café pour le mois mettons puis la fois d’après ils vont prendre les pâtes pour le
mois voilà c’est des choses comme ça.
135
1 : Après il y en a qui sont très stratégiques je pense que quand même il y en a qui
arrivent qui ont compris que c’était moins cher , qui voient des produits de marques et
qui vont pas forcément accès sur la quantité, sur un paquet de 5 kilo de pâtes neutres et
vont peut-être prendre de la marque parce qu’ils sont contents d’avoir accès à ce qu’ils
pensent être de meilleure qualité, qui ne l’est pas forcément.
3 : C’est même sur les produits d’entretien, nous la lessive on la met une fois par mois,
d’accord, on en met euh alors après celui qui n’en a pas eu vient nous le demander et on
en a en réserve beh oui parce que sinon il y a des gens , on a eu une dame une fois euh
c’était un baril de lessive par semaine, ils étaient 4. Alors il est arrivé un moment, parce
qu’on contrôle tout, ou je lui ai dit ah beh désolée là vous êtes au moins pendant 5 mois
sans avoir de lessive, ah bon et pourquoi ?, écoutez, je suis mariée, j’ai eu des enfants,
euh j’en ai fait quelques lessives donc je sais un baril combien de temps ça dure
M : Et qu’est-ce qu’elle en faisait de cette lessive ?
3 : Elle les revendait
1 : Elle les revendait
Ca c’est pour tout
3 : Mais bien sûr, ils les revendent. Et de l’Ariel, hein, un bidon comme ça, qu’on vient
chercher toutes les semaines.
Mais c’est même pas sur les produits, c’est sur tous les produits, sur l’alimentation, sur
n’importe quoi.
L’autre jour, il y a une dame, on la voit, elle vient toutes les semaines, qui vient
d’habitude , elle va prendre un litre de lait, un paquet de yaourt, c’est très light ce qu’elle
prend, elle prend quelques fruits, quelques légumes, elle vient la semaine dernière, elle
arrive avec une dame, elle me dit c’est mon aide-ménagère.
1 : Ah oui beh ça on l’a tous eu
3 : Et je la vois prendre 10kg de fruits, 10kg de légumes beh enfin et à un moment quand
elle est passée à la caisse je suis allée la voir, je lui ai dit vous êtes combien aujourd’hui ?
Alors elle me regarde elle me dit mais non non je fais les courses pour 15 j, j’en profite j’ai
une voiture. Okay on a laissé faire, sauf que les 15j, elle était la hier et l’aide-ménagère
est arrivée, je lui ai demandé tout simplement d’attendre dehors et qu’elle fasse les
courses pour elle, je lui ai dit vous savez ce n’est pas un droit ni un du l’épicerie, donc ça
peut s’arrêter du jour au lendemain, et elle a repris ses petites habitudes, voilà.
1 : Il y a de l’abus partout.
136
3 : Il y a de l’abus partout mais nous le problème c’est que quand on fait les courses pour
un certain nombre de bénéficiaires et qu’on est pas là c’est des projets, on est pas là pour
nourrir des gens qui n’en ont pas besoin ou parce que c’est moins cher.
M : Et du coup vous n’êtes pas allée voir la dite aide-ménagère pour
3 : Euh beh quand j’ai ouvert la porte elle m’a entendue
M : Peut-être si elle avait besoin d’une inscription à part entière
3 : Ils sont en demande, on a eu des aides- ménagères qui sont venues nous voir euh qui
accompagnaient des gens et qui sont venues nous voir pour savoir comment elles
pouvaient faire ou voilà. Et là on fait des dossiers pareils. Il n’y a pas de passe-droit.
1 : Si ils commencent déjà par frauder
M : Ouais déjà ça commence mal.
3 : Ca commence mal
1 : Après tout le monde fait des erreurs, mais que ce ne soit pas plusieurs fois.
In : Ca ne doit pas être facile à gérer tout ça.
3 : Ouais surtout qu’il faut avoir le sourire, alors des fois le sourire il est un peu crispé.
In : On peut être formé et justement ces points-là
3 : Beh le problème c’est que quand il y a 5, 10, 20 familles bon ça va on le prend bien
mais quand on arrive à des, à un certain nombre, il arrive un moment ou ça fatigue aussi,
et c’est pour ça que bien souvent quand on ferme 3 semaines en été, 15j à Noel et tout,
mais c’est pas, c’est pas pour, comme bien souvent on nous l’a reproché ah beh vous
prenez des vacances c’est parce que on est obligé de fiou, faire le vide. Et moi qui habite
en plus pratiquement au pied du bureau, euh pour vraiment faire le vide je suis obligée
de partir à l’étranger.
M : Sinon même en dehors de l’épicerie on vient vous solliciter pour
3 : Ah beh de toute façon je sors de chez moi, c’est ah bonjour Patricia, tu vas bien ? Ah
alors on ouvre quand l’épicerie, ah et puis... Bon il n’y a que quand il y a mon mari avec
moi, personne ne pose de questions parce qu’il jette un œil tellement agréable que.
Mais oui c’est c’est compliqué, c’est c’est très pratique mais très contraignant
M : Vous vous connaissez bien
3 : Ca fait 20ans que j’habite le quartier donc forcément je connais bien les gens quoi
137
In : Ca doit être difficile du coup moralement et puis même de laisser quand même une
barrière entre
3 : Moi je sais faire, bon j’ai appris, beh là j’ai l’expérience, j’ai appris quand je sors de
l’épicerie je ferme et c’est fermé c’est ma vie c’est ma vie c’est mon mari c’est mes
enfants, c’est mes petits-enfants et voilà. Alors après si je voyais quelqu’un bien
évidemment euh je voilà, il est arrivé qu’on vienne frapper à ma porte, voilà.
J : Et les activités que vous organisez, c’est l’après-midi, c’est quand ?
2 : Beh pour les enfants forcément c’est le mercredi après-midi et pour beh euh la cuisine
c’est aussi l’après-midi.
3 : Le lundi après-midi
J : Mais euh du coup ces ateliers cuisine vous en attendez quoi au final ?
3 : Nous, perso, rien.
J : Est-ce que vous vous êtes dit en faisant ces activités, on a des objectifs, sur le court
terme, sur le long-terme.
3 : C’est le lien social, juste le lien social apprendre aux gens à mieux cuisiner, à cuisiner
des choses qui savent pas et faire passer un temps de convivialité. Moi le lundi après-midi
quand je fais la marche c’est pas forcément pour moi que je l’a fait, moi j’y vais tous les
dimanches mais parce que je sais que j’ai 6 personnes qui viennent avec moi et qui si je
ne les amenaient pas elles iraient jamais. PArce que elles sont seules chez elles, parce que
euh bah quand on est tout seul on n’a pas forcément envie, voilà.
Ib : C’est pour lutter contre l’isolement
3 : Oui, voilà un peu
1 : Si est on est sectorisé c’est un peu pour cet intérêt là aussi, c’est pour faire vivre le
quartier, les rassembler autour d’une chose.
J : j’ai une dernière question, fin’ ça a pas vraiment à voir. Par rapport à tout ce qui est
PNNS, parce que vous en avez un peu parlé mais pour vous est ce que c’est bien, est-ce
qu’il faudrait revoir ça est-ce que vous appliquez ce qui est dit dans le PNNS, comment
est-ce que les bénéficiaires ils réagissent par rapport à ce message, est-ce qu’ils sont
conscients qu’il y a un message.
3 : Les bénéficiaires... je vais vous dire il en rien à fiche.
1 : Ca c’est clair
3 : Mais alors rien à fiche. Nous les épiceries on subit
138
J : Vous subissez le PNNS vous voulez dire ?
3 : Bien sûr on subit
1 : C’est un outil
J : C’est un outil mais est-ce que vous êtes d’accord avec ça ? ce qui est dit dans le PNNS ?
3 : Non, pas sur tout
Ib : Après vous êtes partagés, parce que Sonia elle est beaucoup sur le PNNS.
3 : Sonia, c’est bon, c’est les étudiants, c’est une autre démarche qu’elle a. Et nous c’est
vraiment les familles et puis bon je pense que Sonia là sur les marchandises, elle récupère
tout ce qui vient d’entrac’t donc elle s’en occupe pas du tout. C’est pas du tout alors que
nous voilà, on récupère tout, on y va, on choisit enfin on choisit pas.
1 : Je suis pas sûre qu’elle aille à la banque alimentaire
3 : Non c’est Jean-Louis, c’est entrac’t qui y va donc elle récupère tout ce qui vient du
magasin entrac’t.
1 : Accompagner les étudiants pendant leurs courses je suis pas sûre qu’elle soit dans la
gestion de
3 : Elle est pas du tout dans la gestion de, non non pour savoir comment marche entrac’t
voilà.
In : Parce qu’elle avait l’air de dire que l’éducation nutritionnelle c’était important.
3 : Ah non mais ça que ça soit important oui mais on elle prend, l’épicerie quand elle
reçoit ses étudiants c’est dans l’épicerie d’entrac’t. L’épicerie d’entrac’t elle a déjà
fonctionné 2. Hein et entrac’t ils vont faire les courses ils ont quasiment, ils ont moins de
familles que nous et ils vont récupérer de la marchandise tous les jours, ils ont
complètement un autre fonctionnement que nous, ils ouvrent aux étudiants, entrac’t
c’est une épicerie protestante, pour ça que je dis que nous on est laïque, voilà.
Ib : Ah okay c’est pas pareil alors.
3 : Non, c’est pas pareil. Donc un après-midi par semaine, ils ouvrent à tous toutes leurs
ouailles on va dire. Bon c’est complètement, c’est vraiment un fonctionnement
complètement différent du nôtre.
1 : La gestion du stock est complètement différente, quand elle disait nous on les suit
pendant leur courses, elle elle les suit pendant leurs courses tout simplement parce qu’ils
ont des mini scannettes je ne sais pas si vous voyez, et ils scannent tous les produits. Nous
jamais de la vie.
139
3 : Nous on a une caissière et
1 : Pendant qu’ils font leurs courses déjà ils ont les prix affichés plus ou moins, on essaye
au maximum sur tous les produits, eux, ils n’ont même pas les prix je crois.
3 : Non
1 : Ils n’ont même pas les prix sur les produits qu’ils prennent donc l’accompagnement
fin’.
3 : C’est différent admettons à entrac’t quand vous faites les courses ils sont
accompagnés d’un bénévole. Le bénévole s’arrête sur euh une étagère et il va dire ça
vous avez le droit, ça un, ça ... Nous euh ils font leurs courses comme quand on va en
superette.
In : Quand ils arrivent vous leur montrez quand même un peu.
1 et 3 : Ah beh oui on leur explique
2 : Il y a des affiches sur les produits limités quand même
3 : On explique aux gens
In : Des affiches du PNNS ?
3 : Non, non, des affiches
1 : De prix, de limitations
Brouhaha incompréhensible
1 : La viande on en aura quasiment jamais, du poisson frais n’en parlons pas.
3 : Ouais, c’est poisson surgelé qu’on a, que j’achète et qu’on partage.
1 : Les produits laitiers, ça va être les yaourts et le fromage, qu’on aura par semaine et le
vendredi, s’il n’y en a plus, il n’y en a plus. Donc oui la pyramide alimentaire.
3 : Nous c’est encore différent, bon ça va changer à Soliciale. Nous on au partenariat de
compétences et de produits avec Simply Market hein donc on va 2 fois par semaines, le
mardi et le mercredi on va à Simply Market, donc on peut récupérer, on récupère tout ce
qui est à date courte, sur 5-6j, on récupère aussi des choses qui ont euh qui ont changé de
packaging on va dire et qui donc qui ne vont plus être vendues, style à Noël, pour Noël on
a eu des, c’est ...
140
Table des figures
Figure 1 : Structure de la consommation selon le quintile de niveau de vie en 2006. 31
Figure 2 : Le « triangle du manger ». ................................................................................... 35
Table des tableaux
Tableau 1 : Nombre de bénéficiaires du PEAD/PNAA par association en 2010. ................ 19
Tableau 2 : Les associations « tête de réseau ». ................................................................. 22
Tableau 3 : Les formes d’aide alimentaire. ......................................................................... 25
Tableau 4 : Guide d’animation de la séance de focus groupe. ........................................... 54
Tableau 5 : Guide d’entretien individuel semi-directif........................................................ 59
Tableau 6 : Guide d’observation des ateliers. ..................................................................... 64
141
Table des matières
I. Contextualisation de l’aide alimentaire en France. ........................................................ 11
I.1. Principales notions associées à l’aide alimentaire. ........................................................... 11
I.1.1. La pauvreté et la précarité. ........................................................................................ 11
I.1.2. La sécurité et l’insécurité alimentaire. ...................................................................... 12
I.1.3. La définition et les modalités d’accès à l’aide alimentaire. ....................................... 14
I.2. Enjeux actuels de l’aide alimentaire. ............................................................................... 17
I.2.1. Les acteurs de l’aide alimentaire. .............................................................................. 17
I.2.1.1. Les acteurs institutionnels. .................................................................................... 18
I.2.1.2. Les associations caritatives. ................................................................................... 21
I.2.1.3. Les formes de l’aide alimentaire. ........................................................................... 24
I.2.2. Les bénéficiaires de l’aide alimentaire. ..................................................................... 25
II. Alimentation des bénéficiaires de l’aide alimentaire. .................................................... 29
II.1. Construction des hypothèses de recherche. ..................................................................... 29
II.1.1. Approche économique. ............................................................................................. 29
II.1.2. Approche nutritionnelle............................................................................................. 32
II.1.3. Approche sociologique de l’alimentation .................................................................. 33
II.2. Vérification des hypothèses. ............................................................................................. 37
II.2.1. Hypothèse 1 : Le libre choix et la participation financière donnent une place
d’acteur aux bénéficiaires. ....................................................................................................... 38
II.2.1.1. Sous-hypothèse : Le libre choix permet de prendre en compte l’interaction
entre les particularités du mangeur et les caractéristiques des aliments. .............................. 38
II.2.2.2. Sous-hypothèse : La participation financière des bénéficiaires réduit le
sentiment d’exclusion sociale et participe à leur valorisation. ................................................ 41
II.2.3. Hypothèse 2 : Les ateliers de cuisine et les repas partagés permettent la création
de lien social. ............................................................................................................................ 44
142
II.2.3.1. Sous-hypothèse : Les ateliers de cuisine permettent de faire passer des
messages nutritionnels. ............................................................................................................ 44
II.2.3.2. Sous-hypothèse : Les ateliers de cuisine et les repas partagés permettent la
création d’une situation de commensalité. ............................................................................. 47
III. Méthodologie probatoire. ................................................................................................ 52
III.1. Focus groupe. .................................................................................................................... 52
III.2. Entretien individuel semi-directif. ..................................................................................... 57
III.3. Observation. ...................................................................................................................... 63
Bibliographie ............................................................................................................................. 69
Annexe A : Composition du focus groupe. ............................................................................... 72
Annexe B : Retranscription du focus groupe. ........................................................................... 73
143
Mémoire de Master 1 Alimentation Parcours « Sciences Sociales Appliquées à l’Alimentation »
L’aide alimentaire en France, appliquée aux épiceries sociales et solidaires
Résumé : Actuellement, l’aide alimentaire en France doit répondre aux besoins d’une population
précaire hétérogène et grandissante. Nous nous attacherons à comprendre le contexte et les
enjeux de cette aide alimentaire, au travers de l’analyse de ce système complexe où différents
acteurs entrent en interaction. Cela afin de mettre en évidence les déterminants sociaux et
économiques pesant sur l’alimentation des bénéficiaires. Néanmoins, le modèle de l’assistanat
semble aujourd’hui remis en question et demande à s’interroger sur la place d’acteur laissée
mangeur précaire. Pour ce faire, nous étudierons plus particulièrement l’alimentation des
bénéficiaires des épiceries sociales et solidaires, au travers de deux de leurs principes fondateurs :
le libre choix et la participation financière. Nous chercherons également à appréhender les
ateliers de cuisine et les repas partagés en tant qu’outils à la création de lien social.
Mots clefs : aide alimentaire – précarité – mangeur – alimentation – épiceries sociales et
solidaires – lien social.
Summary : Actually, the food aid in France must meet the needs for a precarious population
heterogeneous and growing. We will endeavor to understand the context and the stakes of this
food aid, through the analysis of this complex system where various actors enter in interaction.
That in order to highlight the social and economic determinants weighing on the food of the
recipients. Nevertheless, the model of the assistantship seems today called in question and
request to consider the place of actor left precarious eater. With this intention, we will more
particularly study the food of the recipients of the social and interdependent groceries, through
two their principles founders: the free choice and the financial participation. We will also seek to
apprehend the workshops of kitchen and the meals shared as tools with the creation of social
bond.
Key words : food aid – precarious – eater – eating habits - social and interdependent groceries –
social bond.
UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II - LE MIRAIL INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME,
DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION