Les officines du groupe Saturninus-Satto et leur clientèle ...

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Les officines du groupe Satuinus-Satto et leur clientèle du Bischwald : Etude de la slgWée oée et des estampWes sur slglUée unie Le problème de l'importance du marché local pour les officines du groupe Saturninus-Satto a été abordé dans le passé principalement par M. Lutz(I). Les informations dont il disposait alors provenaient de fouil- les ponctuel les et limitées géographiquement ce qui compliquait singu- lièrement le travail et ne permettait pas de tirer de conclusions définiti- ves. Aujourd'hui nous disposons d'éléments complémentaires. C'est pour contribuer à une meilleure connaissance du sujet que nous avons cru bon entreprendre cette publication. En effet, la plaine du Bischwald que nous prospectons depuis de très nombreuses années (près de 18 sites(2») permet d'avoir une vision d'ensemble précise sur une ré- gion étendue. La première difficulté à laquelle nous nous sommes heur- tés a été l'extrême morcellement des tessons recueillis où ne figurent parfois plus qu'un ou deux motifs. Nous avons cependant jugé utile de faire une publication aussi complète que possible, car chaque tesson, aussi modeste soit-il, doit être reporté dans le décompte final(3). Pour ce travail nous nous sommes largement référés à de nombreux ouvrages consacrés aux officines et à la producti on du groupe Saturninus-Satto et qui constituent désormais une référence de base(4). Voyons donc quelle est la situation des communications. Le Bischwald et le réseau routier meuant aux officines du groupe Satuminus-Satto . 1) - M. LUTZ, L'atelier de Satuinus et de Satto à Mittelbnn ( Mosee) e supplément à Gallia, Paris, 1970, p. 291 . - M. Lutz, La sigillée de Bouchepo, XXX' supplément à Gaia, Paris, 1977, p. 184. 2) B HOERNER, L a plaine d u Bischwald à l'époque gallo-maine, dans Les Cahiers Lorrains, 1981, le< trimestre, p. 13 et s. Nota : - une erreur s'est glissée dans les coordonnées du site Bistroff Hartenbusch, en réalité x = 919,10 - deux nouveaux sites ont été découverts depuis notre publication : y = 1 153,07 1 . Grostenquin lieu·dit Zwischen den Dôrfern x = 922,17 Y = 1150,72 2. Bistroff lieu-dit Entenfang x = 918,72 Y = 1153,72. 3) Nous devons beaucoup à Monsieur Lutz, sans l'aide duquel ce travail serait resté dans l'ombre. L'auteur l'en remercie vivement. 4) M. LUTZ, - L'atelier de Satuin us et de Salto à Mittelbronn, - L a sigillée de Bouchepo, E. DELORT, - Les vases oés de la Moselle, Nancy, 1953; - céramique de Satto et de Satuinus ( A.S.H.A.L., XL, 1935, pp. 355); - L 'atelier de Satto, vases unis, 3. marques, dans Mémoires de l'A cadémie Na- tionale de Metz, CXVIIIe année, t.XVII, 1948) . 129

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Les officines du groupe Saturninus-Satto et leur clientèle du Bischwald :

Etude de la slgWée ornée et des estampWes sur slglUée unie

Le problème de l'importance du marché local pour les officines du groupe Saturninus-Satto a été abordé dans le passé principalement par M. Lutz( I ) . Les informations dont il disposait alors provenaient de fouil­les ponctuelles et limitées géographiquement ce qui compliquait singu­lièrement le travail et ne permettait pas de tirer de conclusions définiti­ves . Aujourd'hui nous disposons d'éléments complémentaires .

C'est pour contribuer à une meilleure connaissance du sujet que nous avons cru bon entreprendre cette publication . En effet , la plaine du Bischwald que nous prospectons depuis de très nombreuses années (près de 18 sites(2») permet d'avoir une vision d'ensemble précise sur une ré­gion étendue . La première difficulté à laquelle nous nous sommes heur­tés a été l'extrême morcellement des tessons recueillis où ne figurent parfois plus qu'un ou deux motifs . Nous avons cependant jugé utile de faire une publication aussi complète que possible , car chaque tesson , aussi modeste soit-il , doit être reporté dans le décompte final(3) . Pour ce travail nous nous sommes largement référés à de nombreux ouvrages consacrés aux officines et à la production du groupe Saturninus-Satto et qui constituent désormais une référence de base(4) .

Voyons donc quelle est la situation des communications .

Le Bischwald et le réseau routier meuant aux officines du groupe Satuminus-Satto.

1) - M. LUTZ, L'atelier de Saturninus et de Satto à Mittelbronn (Moselle) XXIIe supplément à Gallia, Paris, 1970, p . 291 .

- M. Lutz , La sigillée de Boucheporn, XXXII' supplément à Gallia, Paris, 1977, p. 184 . 2 ) B HOERNER, La plaine du Bischwald à l 'époque gallo-romaine, dans Les Cahiers Lorrains, 1981 , le< trimestre , p. 13 et s. Nota : - une erreur s'est glissée dans les coordonnées du site Bistroff Hartenbusch , en réalité x = 919,10 - deux nouveaux sites ont été découverts depuis notre publication : y = 1 153 ,07

1 . Grostenquin lieu·dit Zwischen den Dôrfern x = 922 , 17 Y = 1 150 ,72

2. Bistroff lieu-dit Entenfang x = 918 ,72 Y = 1 153,72.

3) Nous devons beaucoup à Monsieur Lutz , sans l 'aide duquel ce travail serait resté dans l'ombre . L'auteur l'en remercie vivement. 4) M. LUTZ, - L'atelier de Saturnin us et de Salto à Mittelbronn,

- La sigillée de Boucheporn, E. DELORT, - Les vases ornés de la Moselle, Nancy , 1953 ;

- La céramique de Satto et de Saturninus (A.S.H.A.L. , XLVI, 1935 , pp. 355-406) ; - L 'atelier de Satto, vases unis, 3. ()()() marques, dans Mémoires de l'Académie Na-

tionale de Metz, CXVIIIe année , t .XVII , 1948) .

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Par officines du groupe Saturninus-Satto nous entendons celles de B lickweiler , Boucheporn , Chémery , Mittelbronn et Eincheville(5 ) . L'on trouvera , ci-dessous , la carte du système routier reliant ces officines en­tre-elles , telle que l 'a dressée M. Lutz(6) .

Wo r m s

� o f f i c i n e s 1 5 k m ,

Cartographie. M. Le Moigne , Metz.

L'importante voie Metz-Grostenquin-Keskastel Sarre-Union , per­mettait au Bischwald de se raccorder aux officines de Boucheporn , Mit­telbronn et Blickweiler et de le mettre en communication directe avec le complexe Chémery-Eincheville . Une part importante de la production de ce complexe a d'ail leurs dû transiter par le Bischwald , pour rejoindre la Sarre puis le Rhin , le « limes » rhénan ayant constitué un débouché de premier ordre(7) . Ce trafic incessant des marchandises a certainement contribué à la prospérité de la région , comme nous le verrons par la sui­te(8) .

Voyons maintenant les découvertes de sigillée :

5) M. LUTZ et P. WEILER, Eincheville-Le Tenig, nouvel atelier de potiers ? dans Les Cahiers Lor­rains, 1981 , 1" trimestre , p. 33 et s . 6) M . LUTZ, Relations entre les officines de céramique sigillée gallo-romaines de la Moselle et de la Sarre dans A . S.H.A.L. , LXIII, 1963 , p. 34. 7) M . LUTZ, L'atelier de Saturninus et de Salto à Mittelbronn, p. 290 et 291 . 8) Le tesson VVRI (pl . 2) trouvé sur l a voie romaine près de Viller semble être témoin de ce trafic.

130

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Site

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Q ,c � E! z :r' , = .. " il , ' .!::! ,, = z .c - = .... .. � : .... �

A) Inventaire de la sigillée ornée 1) Satuminus-Satto

N° Style

Classem. Références Eléments du décorilO) d'inventairr Delort(9)

0 G V A LH 68 R 1 2-5 23

LH 74 M 5' série VO 43/6626 2-1 1 -22 22-29

LH 76 M 5' série V0 44/3S67 2-22 22

LH 78 M 1 2-22

LH 69 MG ou G 1 2-22

LH 75 V 46 40

LH 70 1

LH 71 1

LH 72 2

LH 73 2 2

LH 77 1 2

LH 79 2 33

LH 80 2-20

LH 81 1 2 23

L" I l 1 V l '' série 2 2

LSL 12 41 LSL 14 3 1 -7

ITG 72 R 23

ITG 81 F feston N° 1 2 2-27 6

ITG 7S MG ou G 2-23

ITG 73 MG ou G 2

ITG 71 V 3' série 2-46 26-40

ITG 74 2-21

Provenance et Observations

P

6 ? CHEMERY

32 CHEMERY

16 CHEMERY

sigillée noire

estampille SA-3 TURNINUS 2

CHEMERY

1 6 CHEMERY

1 V1�ER 1 VVR 1 VOIe Ro, F 1 feston NO s l 9) Le classement Delort et les références données dans la colonne suivante sont tirés de l 'ouvrage d'E. DELORT, Vases ornés de la Moselle, Nancy , 1 953. 10) Nous avons adopté la classification proposée par M. Lutz dans L 'atelier de Saturninus et de Salto à Mittelbronn, p. 46 et s . Ainsi : o = Oves G = décor Géométrique V = décor Végétal ou Floral A = décor Animal P = décor de Personnages De même dans la colonne style R = Rinceaux F = Festons A = Arcades M = Métopes V = Vendanges Ch = Chasse M-G ou G = Métopes-Géométriques ou Géométriques (tessons pour lesquels une identification pré­cise est impossible) .

131

Fig.

PL. 1

Pl . I

Pl . 1

Pl. 1

Pl . 1

Pl. 1

Pl . I

Pl. 1

Pl I

PI. 2 1

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SATURNINUS SATTO

Site

.. Q :Ï f;o;l � Z . . � 1i i 1: .. � i ...

Z

i �l Ç,!) -

Z -� -a-z i i!: � rI:J. = 0 = � ... "

GROSTEN-QUIN J..poIz m

t .. O � � ... !-o ! � s;a =

N° �'inventaire

TIW 30

TIW 29

TIW 31

TIW 32

TIW 34

TIW 33

GJ I 37

GJ I 20

GJ I 21

GJ II 31

GJ II 33

GJ 11 36

GJ II 32

GJ 11 34

GJ II 35

GJ III 17

GJ III 15·16

BK 9

BK 13

BK 18

BK 25-31

BK 1 1·12

BK 19

BK 10

BK 16

BK 20

BK 22

132

Style C1assem. !Références

Delort

R 1re famille à feuil. de D.

MG ou G

M

M Hl< série V0 5118867 mais avec G22

M

R 4' famille V0 24!9608 Proche

F N° 4 VO 29/4751

R

R

R

R 1re famille

A arcade N° 3

Ch 1re série

Eléments du décor Provenance et

Fig. Observations

0 G V A P 1 2·5 36 Pl . 1

2 2·23 Pl . 1

2 18

18

2

2

2 2·23·9 22 Pl. 1

2

2

1 2 sans engobe à l'intérieur (lignes G2 verticales)

idem appartient au même 2·14-23 Pl . 1 vase : ŒEMERY

1 2 33

2·27 18 6 Pl . 1

1

2

23 34-48 Pl . 1

2·26-29 33·38 CHEMERY Pl . 2

1 1 2·22 1 1 1 1 frise inférieure

2 2·5

22 ? 23 sigillée noire Pl . 2

2 24

estampille SATURNINUS

2 2·23 23·24 rinceaux à feuilles! Pl . 2 18 et 26 mm sans frise ni astragales

2 2·37 33 4947 PI . 2

22 42 Pl . 2

32·33

2

2

2-22 ?

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2) Maître aux boucliers et aux casques

Site N° Classem.

Références Eléments du décor( l l ) Provenance et

d'inventaire Delort(9) Observations 0 G V A P

ce potier a travaillé TETING-sur- ge série Z-29 Z-26 cavalier dans les 4 officines NIED ITG 76 Chasses VO 88/5575 Z-2 R-A23 V0 83nsll ainsi qu'aux

MARTRES-DE-VEYRE(l2j

Tattellllolz ITG BO Z-I idem GoIdp1Ib

1 GROSTENQUIN 1 GJI 19 J"00 1 1 Z-I 1 1 1 1 idem

GROSTENQUIN 6' série Z-7 GrudriesdI GGD I Arcades Z-34 Z-32 idem

R-A23

femme à la BISTROFF 8' série draperie idem KIoster BK 8 sans sépa- dieu-terme

rations VO 87/9356

3) Maître aux volutes

Site N° Classem. Référence Provenance et

d'inventaire Lutz(13) Lutz Eléments du décor<l I ) Observations Boucheporn 0 G V A P

GROSTENQUIN GJl 18 festons 5 JapoIzl animaux pl . 19 fig. 78 72 25 BOUCHEPORN

(?)

Les planches qui précèdent soulèvent les réflexions suivantes :

a) Saturninus-Satto

Sur les 60 tessons de sigillée ornée répertoriés , 54 appartiennent aux maîtres Saturninus-Satto . Ces chiffres révèlent d'une part la très forte diffusion de leurs produits sur le marché local et d'autre part leur pré­pondérance vis à vis des autres potiers ayant fabriqué de la sigillée ornée à leurs côtés dans les quatre grandes officines déjà citées .

1 1 ) - L'indice Z désigne la classification proposée par H. ZUMSTEIN, dans La céramique du " Po­tier aux bouc/iers et aux casques " au musée de Strasbourg, Re,\ue Archéologique de J 'Est, 6O bis, 1967 .

- L'indice R désigne la classification proposée par G .B . ROGERS dans Poterie Sigillée de la Gaule Centrale, J, les motifs non figurés, XXVII' supplément à Gallia, Paris, 1974 .

- Les références relatives au décor de Personnages $ont tirées de l'ouvrage d'E. DELORT, Va-ses ornés de la Moselle, o. c.

12) M. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, p. 155 et s . , R. TERRISSE, Les céramiques gallo-ramai­nes des MaÎtres-de- Veyre (Puy-de-Dôme) , XIX' supplément à Gallia, Paris, 1968. Les résultats des fouilles menées en 1980 sur l'officine du Vieux-Fresne à Gueugnon confirmeraient la présence sur ce site du Maître aux boucliers et aux casques (F. COGNOT, L 'archéologie en Saône-et-Loire, dans Re­vue archéologique Sites, nO 10, p . 60) .

133

Fig .

Pl. 3

Pl. 3

Fig.

Pl. 3

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SATURNINUS-SA TTO

PL. 1

134

' c h . o 1 , , � 3 e M ,

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é c h o 2 3 e M o . . ,_ .......... -

RNINUS-SATfO SATU

PL. 2

135

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Un regoupement des différents styles reconnus permet de dresser le tableau suivant :

Métopes-Style : Rinceaux Festons Arcades Métopes Géométrique ou Vendanges Chasse

Nb. de tessons

Géométrique

8 3 1 6 4 3

On retrouve ainsi én gros les fréquences de fabrication , des diffé­rents styles observés à Chémery . Seuls manquent la légende de Polyphè­me ainsi que les Griffons et les Dioscures . Quant à l 'attribution des tes­sons à un atelier précis cela reste un problème délicat . Il convient tout de même de remarquer que ceux dont l'origine a pu être précisée semblent se rattacher au complexe de Chémery .

b) Le « Maître aux boucliers et aux casques » .

Les 5 tessons qui se rattachent au « maître aux boucliers et aux cas­ques », placent celui-ci loin derrière ses compagnons Saturninus et Satto , mais suffisent à attester la diffusion de ses produits dans la Plaine du Bischwald . Cette information est certainement importante si l'on pense que jusque une date récente on ne connaissait en Moselle que deux points d'exportation : Sarrebourg et St-Ulrich(l4l . Ce potier ayant travaillé dans les quatre officines du groupe Saturninus-Satto ainsi qu'aux Martres-de-Veyre il serait sans doute hasardeux d'attribuer les tessons recueillis à tel ou tel atelier mais ils proviennent certainement de la Gaule de l'Est .

1

M A I T I E A U X V O L U T E S M A I T I E A U X . O U C L I E I S E T A U X C A S Q U E S

G G D 1

é c h o

0L.! _-,-�r_�f c rn

PL. 3

14) M. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, p. 180.

136

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c) Le « Maître aux volutes »

Bien que représenté par un seul tesson la présence du « maître aux volutes » mérite d'être signalée puisqu'on ne l'a rencontrée jusqu'à pré­sent que sur trois sites( 1 5 ) (Sarre-Union , Vechten et Arentsburg) pour la Gaule et le Limes rhénan . Ce maître a exercé ses activités à Boucheporn où il est classé parmi les potiers indigènes ayant de fortes affinités avec les potiers argonnais( 1 6) .

B) Inventaire des estampilles sur sigillée lisse 1) Estampilles anépigraphiques

GJI 38 Pl . 4

Etoile à 1 2 branches avec point central cerclé , support Curie 21 ( 17 ) Chémery n° 97( 1 8) . Ce type d'estampille se rencontre égale­ment à Eincheville{ l9 ) .

ESTAMPILLES N° Réf. FORME OFFICINE d'inventaire DELORT DRAG. D'ORIGINE

@ GJI 38 97 Curie 21 Chémery-Eincheville

� LSL lO 88 40 Chémery-

Qo Eincheville

� LH 63 84 Chémery

o 0

� LH 64 89 ? Chémery

0 0 °0 BK 21 88 40

Chémery-=® o Eincheville 0 . °

� GJ III 13 86 ? Chémery

Pl . 4

15) L. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, p. 182. 16) M. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, p. 142 et s . 17) D'après M . LUTZ. 18) E. Delort, L 'atelier de Satto, pl. 1 1 . Cf. également l'article de M. LUTZ, les Estampilles anépi­graphiques sur vases sigillés de la Gaule de l 'Est, dans Cahiers Alsaciens d'Archéologie d'Art et d'Histoire, 1967, p. 201 et s . 19) M . LUTZ, P . WEILER, Eincheville, p. 40.

137

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ESTAMPILLES 0 2 'leM é c ho 1 !

Œl GQI i RR·F )

138

N° Réf. FORME OFFICINE d'inventaire DELORT DRAG. D'ORIGINE

G.J III 1 4 89 ? Chémery

Chémery-

GJ III 1 8 13 Eincheville

CASSIUS ou Mittelbronn

42 MEB9lCUS

Curie 21 Chémery

LH 66 40

MEOOICUS

59 TTW 26 PECULIARlS

40

BK 30

BK 29

Pl . 5

44 MEfffiU

61 PECULIARlS

18/31

Chémery­Eincheville ou Boucheporn

Chémery

Chémery

Chémery

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é c ho ESTAMPILLES N° Réf. FORME OFFICINE

0 1 2 3 eM d'inventaire DELORT DRAG. D'ORIGINE , 1 1 1

@ LSL 13 5

Chémery CAPITU

LSL 10 Pl . 4

LH 63 Pl . 4

LH 64 Pl . 4

B K 2 1 Pl . 4

Pl . 5 (suite)

Rosace à 10 points avec point central cerclé , support DRAG. 40. Chémery nO 88(20) . Cette estampille fut également recueillie à Eincheville(2 1 ) .

Rosace à 8 points avec point central cerclé , support indéterminé . Chémery nO 84(22) . Ce type d'estampille semble relativement rare à Chémery où l 'on n'a découvert que 4 exemplaires(23 ) .

Rosace brisée dont il ne subsiste que 5 points répartis autour d'un anneau intérieur très fin , support indéterminé , très vrai­semblablement Chémery nO 89(24) .

Rosace à 10 points avec point central cerclé , support DRAG. 40. Chémery nO 88 idem que LSL 1 0 , idem Eincheville .

GJ I I I 1 3 Rosace brisée dont il ne subsiste que 4 points répartis autour Pl . 4 d'un cercle intérieur, support indéterminé , très vraisemblable­

ment Chémery n° 86(25 ) .

GJ I I I 1 4 Rosace abîmée dont i l subsiste 9 points répartis autour d'un Pl . 5 cercle interne , support indéterminé , vraisemblablement Ché­

mery nO 89(26) .

2) Estampilles épigraphiques

GJ 111 18 CASSIVS , support indéterminé , cartouche rectangulaire avec Pl . 5 côté droit arrondi , le tout dans un cercle de 27 mm de diamètre :

Chémery n° 13(27) . Ce potier a également travaillé à Mittel­bronn(28) ainsi qu'à Eincheville(29) .

20) E. DELORT. L 'atelier de Satco. pl. I l . Egalement : M. LUTZ. Les estampilles anépigraphiques sur vases sigillés de la Gaule de FEst. O . C . , 1 967.

21) M. LUTZ, P. WEILER, Eincheville, O . C . , p. 40.

22) E. DELORT, L 'atelier de Satto. O . C . , pl . I l . 23) id. , p. 103.

24) id. , pl. I l . 25) id. , pl . I l . 26) id. , pl . I l . 27) i. d. p l . 1 . 28) M. LUTZ, R . P . MORAND/HARTMANN, L a céramique de Mittelbronn, dans A . S. H. A . L. , UV, 1954, p . 89 et M. LUTZ. L 'officine de céramique gallo-romaine de Mittelbronn, dans Gallia , XVII , 1959, 1 .

29) M. LUTZ et P. WEILER, Eincheville. O . C . , p. 40 .

139

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LSS 1 Pl . 5

LH 66 Pl . 5

MEBBICUS support Curie 21(30) cartouche rond avec point central , le tout dans un grand cercle de 54 mm de diamètre : Chémery n° 42(3 1 ) . On retrouve ce potier à Boucheporn(32) et à Eincheville(33) , mais ce type d'estampille paraît spécifique à Chémery .

MEBBICUS , support indéterminé , cartouche rectangulaire brisé : Chémery nO 40(34) (certaines lettres sont « tremblées ») . Ce type se rencontre aussi à Boucheporn et Eincheville(35) .

TTW 26 PECULIARIS support DRAG. 40 cartouche rectangulaire Pl . 5 dans un cercle de 29 mm de diamètre Chémery nO 59(36) .

BK 30 Pl . 5

BK 29 Pl . 5

LSL 13 Pl . 5

MEBBU (MEBBULUS) support indéterminé cartouche rec­tangulaire : Chémery nO 44(37) (certaines lettres sont « tremblées ») .

PECULIARIS support DRAG. 18/31 cartouche rectangulaire dans un double cercle de 46 et 92 mm de diamètre : Chémery nO 61 (38) .

CAPITU , support indéterminé , cartouche rectangulaire brisé dans un cercle : Chémery n° 5(39) .

C) Evolution du marché local

Jusque vers la fin du 1er siècle , la céramique gallo-belge constituait la vaisselle fine de base utilisée dans le Bischwald(40) . Jusque là la sigillée était peu répandue , surtout la sigillée ornée , dont on n'a retrouvé que deux tessons étrangers de la Gaule de l'Est .

En cette fin de 1er siècle , l 'industrie de la sigillée avait déjà amorcé depuis plus d'un siècle , son lent déplacement vers le « limes » rhénan , immense marché , cause de la « Puissance attractive de l'Est »(41) . C'est dans ce contexte qu'apparaît en pays médiomatrique , le groupe Saturni­nus-Satto , d'abord à Boucheporn , puis à Chémery vers la fin de l 'époque

30) D'après M . LUTZ 31 ) E. DELORT, L 'atelier de Satto, o.c . , pl . I . 32 ) M. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, o.C . , p . 40. 33) M. LUTZ, P . WEILER, Eincheville, o.c . , p . 40 . 34) E. Delort , L 'atelier de Satto, o.c . ,pl. I . 35 ) M. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, o.c. , p. 40, M. LUTZ, P. WEILER, Eincheville, o.c. , p. 40 . 36) E . DELORT, L 'atelier de Satto, o.c . , pl. II . 37) id. pl . I . 38) id. pl. I I . 39) id. pl. I . 40) Ce fait ne paraît pas limité à notre région, la même constatation a été faite à St-Ulrich : M. LUTZ, Le domaine gallo-romain de St-Ulrich (Moselle) 1, dans Gallia XXIX, 197 1 , I. p. 39. 4 1 ) M. LUTZ, La puissance attractive de l 'Est, dans Les Dossiers de l 'Archéologie, n° 9 , 1975 , p . 5 1 e t s .

140

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flavienne . A cette époque où, le « limes » rhénan restait le débouché économique essentiel , le marché local présentait déj à , de bonnes possi­bilités de vente , puisque les habitants , nombreux , en étaient encore au stade des premières acquisitions de sigillée . Une situation économique générale favorable (début de la grande prospérité liée à la dynastie anto­nine) ayant dû entraîner une hausse du pouvoir d'achat favorisa certai­nement ce commerce en milieu rural(42) . De ce fait , très tôt après son ou­verture , l'officine de Chémery connut un remarquable succès dans le Bischwald comme le montrent non seulement la sigillée ornée , mais sur­tout les nombreuses estampilles sur sigillée unie , qui dans leur très large majorité , proviennent de cet atelier. Boucheporn paraît avoir eu un rayonnement bien moindre , mais sa vocation était davantage tournée vers un aspect de recherches techniques et de mises au point que vers une productivité intense . Tout au long de la première moitié du Ile siè­cle , le succès du groupe Saturninus-Satto ne se démentit pas et la clientè­le locale resta très attachée à ses produits (la sigillée provenant des offici­nes n'appartenant pas au groupe est peu abondante à cette époque) . Les raisons d'une telle fidélité peuvent s'expliquer par différents facteurs :

1 . proximité des officines, surtout du complexe de Chémery , entraînant un prix de vente plus bas vus les frais de transport faibles et le contact direct producteurs-consommateurs .

2 . bonne qualité des produits proposés .

3 . une agressivité commerciale des autres officines de l'époque moins forte (période de splendeur pour la Gaule de l'Est) .

Dès le milieu du Ile siècle , cette situation évolue , et l'on voit appa­raître sur la marché local , de plus en plus fréquemment , les produits de l'Argonne , de Haute-Yutz et peut-être de Metz(43) . La sigillée de Trèves est représentée en petite quantité . Ce changement coïncide une fois de plus avec une étape importante de l 'histoire de Chémery puisque c'est justement peu après le début de la 2e moitié du Ile siècle que Chémery ferme ses portes . Le fait troublant est l 'extrême discrétion de l'officine de Mittelbronn qui travaille alors à plein . Jusqu'à présent aucun produit typique de cette officine n'a pu être identifié . Ce phénomène , s'i! se confirme , ne manquera pas de poser des questions (cet atelier semble avoir exporté davantage vers l'Est notamment vers le Danube) .

L'officine de Blickweiler reste en-dehors de cette étude faute de do­cuments suffisamment explicites permettant d'identifier la part de céra­mique du groupe Saturninus-Satto s'y rattachant . Sa date de fonctionne­ment et ce que l'on connaît de son aire de diffusion permettent de suppo­ser que son influence resta très limitée (période de fonctionnement à cheval entre Chémery et Mittelbronn(43a) .

42) J .J . HAIT, Histoire de la Gaule romaine. Paris , 1970, p. 170. 43) On ne peut que regretter l'absence de publication en ce qui concerne cet atelier. 43a) R. KNORR, F. SPRATER, Die Westpfi;}zischen Sigillatat6pfereien von Blickweiler und Eschweiler-Hof, 1927 .

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D) Répartition du marché local entre les différents potiers du groupe Saturninus-Satto

Dans le domaine de la sigillée ornée , les maîtres Saturninus et Satto eurent un rôle prépondérant sur le marché local , comme nous l'avons déjà précisé plus haut . Cependant , un autre maître potier travaillant dans leur entourage , et bénéficiant du même circuit de distribution , réussit également à pénétrer ce marché : le « maître aux boucliers et aux casques » , dont les produits se retrouvent sur un certain nombre de sites, mais en quantité bien moindre . Cela peut s'expliquer par :

- une production , très soignée , qui n'atteignit jamais les quantités indus­trielles fabriquées par Saturninus-Satto .

- un prix de revient plus élevé avec toutes les conséquences qui durent en découler . La question reste posée .

Outre le « maître aux boucliers et aux casques » , il est permis de penser que d'autres potiers , associés au groupe Saturninus-Satto (<< maître à la rosette », « maître à la rosette croix », etc . (44» , pénétrè­rent , aussi dans la plaine du Bischwald , proportionnellement à leur pro­duction , qui fut loin d'atteindre les chiffres de Saturninus-Satto , ni même , ceux du « maître aux boucliers et aux casques ». Les chances de retrouver leur trace sont faibles, mais l'avenir devrait combler certaines lacunes , de même que devrait apparaître plus nettement le rôle , peut­être modeste , joué par les potiers ne faisant pas partie du groupe Satur­ninus-Satto , mais ayant travaillé dans les mêmes officines (un exemple nous est fourni en la personne du « maître aux volutes ») .

Dans le domaine de la sigillée unie , les estampilles semblent prou­ver que les ventes furent réparties de façon beaucoup plus équilibrée en­tre les différents potiers .

Il n'est donc guère douteux que dès ses débuts , le complexe de Ché­mery trouva un marché favorable dans le Bischwald. De son côté la po­pulation locale dut bénéficier de l 'implantation d'ateliers de céramique à caractère très industriel à ses portes . Les échanges ne pouvaient qu'en être favorisés et il est possible , sinon probable , qu'une partie de la main d'œuvre s'y recrutait .

Conclusion

Notre étude fait nettement ressortir les limites actuelles de nos connaissances , raison pour laquelle le marché local , en ce qui concerne le groupe Saturninus-Satto , fut,jusqu'à une époque récente , sous-estimé . L'avenir dira si la situation rencontrée , dans le Bischwald, prévalait pour l 'ensemble du pays médiomatrique . Si tel était le cas , l 'importance du marché régional prendrait sans aucun doute , de toutes autres propor­tions que celles qu'on lui attribue actuellement .

Bertrand HOERNER

44) Cette hypothèse paraît vérifiée par la découverte toute récente d'un tesson du « maître à la ro­sette croix » .

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