Les Lettres et L'Absolu. Valéry, Sartre, Proust

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This article was downloaded by: [Stony Brook University] On: 18 October 2014, At: 22:26 Publisher: Routledge Informa Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954 Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH, UK Symposium: A Quarterly Journal in Modern Literatures Publication details, including instructions for authors and subscription information: http://www.tandfonline.com/loi/vsym20 Les Lettres et L'Absolu. Valéry, Sartre, Proust Giovanni Gullace a a Tulane University Published online: 06 Sep 2013. To cite this article: Giovanni Gullace (1963) Les Lettres et L'Absolu. Valéry, Sartre, Proust, Symposium: A Quarterly Journal in Modern Literatures, 17:1, 76-79, DOI: 10.1080/00397709.1963.10732765 To link to this article: http://dx.doi.org/10.1080/00397709.1963.10732765 PLEASE SCROLL DOWN FOR ARTICLE Taylor & Francis makes every effort to ensure the accuracy of all the information (the “Content”) contained in the publications on our platform. However, Taylor & Francis, our agents, and our licensors make no representations or warranties whatsoever as to the accuracy, completeness, or suitability for any purpose of the Content. Any opinions and views expressed in this publication are the opinions and views of the authors, and are not the views of or endorsed by Taylor & Francis. The accuracy of the Content should not be relied upon and should be independently verified with primary sources of information. Taylor and Francis shall not be liable for any losses, actions, claims, proceedings, demands, costs, expenses, damages, and other liabilities whatsoever or howsoever caused arising directly or indirectly in connection with, in relation to or arising out of the use of the Content. This article may be used for research, teaching, and private study purposes. Any substantial or systematic reproduction, redistribution, reselling, loan,

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Symposium: A QuarterlyJournal in Modern LiteraturesPublication details, including instructions forauthors and subscription information:http://www.tandfonline.com/loi/vsym20

Les Lettres et L'Absolu. Valéry,Sartre, ProustGiovanni Gullacea

a Tulane UniversityPublished online: 06 Sep 2013.

To cite this article: Giovanni Gullace (1963) Les Lettres et L'Absolu. Valéry, Sartre,Proust, Symposium: A Quarterly Journal in Modern Literatures, 17:1, 76-79, DOI:10.1080/00397709.1963.10732765

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structure of the Marivaux dialogue-the backward and forward plays onmeaning, in turn complicated by the ambiguity of the repliques-makesof the typical playa cohesive substance indeed. As a result, the critic of onefacet of a given play is often faced with the necessity of speaking of severalthings at once. Dr. Ratermanis has not always answered this challengeeffectively. Notably, his use of parenthetical and parallel structures is attimes difficult to unravel, as can be illustrated by the first paragraph beginningon p. 51. This, of course, will constitute only a minor irritation to the wellmotivated reader, but it could perhaps discourage those with only a casualinterest in Marivaux.

Syranne Universiry JOSEPH I. DONOHOE

LoUIS BOLLE: us Lettres et I'Absolu. Valery, Sartr«, Proust. Geneve, Perret­Gentil, 1959· 159 pp.

..... UNE FONCTION des letlres n'est-elle pas d'exprimer Ie temps et leur temps:tendre un miroir a l'epoque-c-sinon meme annoncer la figure de l'avenir;transposer le precaire, le passager sur le plan de ce qui dure?" Voila laquestion que M. Bolle se pose et a laquelle il tache de donner une reponseet une illustration en prenant a temoin trois ecrivains qui, malgre leurapparente dissemblance, sont au fond domines par une merne exigence:degager le sens secret de l'etre et de la vie. Cette idee de ternporalite d'uncote (qui donne le sentiment du changement, de I'ecoulement, du precaire),et I'idee de l'absolu, de l'autre (qui nous fait immediatement penser a lafixite, a I'immuabilite, au permanent), pourraient a premiere vue se preterala chicane, car elles contiennent deux notions antithetiques, Mais regarderles deux termes dans leur antithese nous ameneraie loin de la pensee del'auteur. "Tendre un miroir al'epoque" signifie pour M. Bolle poser l'eternelen l'opposant au temporel, se servir du precaire pour mieux faire ressortirle permanent.

La litterature du XXe siecle, dans la variete de ses formes et dans lamultiplicite de ses ouvrages les plus caracteristiques, semble abien des egardsmarquee par une profonde hantise: la hantise de l'absolu. Elle exprime uneconscience en crise-crise des valeurs philosophiques, morales et socialesqui servaient d'appui a la vie et qui justifiaient l'action humaine. L'espritmoderne, par son analyse penetrante du sens de l'existence, mais aussi parson manque de foi, a Ientement cree un vide immense autour de l'homme.Ayant brise Ies cadres traditionnels de pensee, il a donne a la conscienceIe vertige du newt, Ie sentiment de l'ablme qui hante Ies ecrivains duxxe siecle, De Ia cette inquietude metaphysique et cette recherche soucieused'un point solide, que la litterature interprete et exprime sous Ies aspectsIes plus dramatiques et parfois Ies plus vains. Les ecrivains modernes sepreoccupent moins de la realite apparente que de la realite cachee; ils

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cherchent l'invisible derriere Ie visible, dans Ie but de sander nos destins.La litterature du passe se fondait sur une realite universellement acceptee,sur un concept de la vie bien defini, La litterature rnoderne, au contraire,porte precisement sur Ie sens et la valeur de la realite elle-meme, sur lavalidite des concepts philosophiques consacres par Ie temps. Sa sphered'action se situe, par consequent, aux limites extremes du reel, Hi ou Ie reeltouche au neant, BIle n'est plus, comme autrefois, un amusement de societeou un moyen de propagande ideologique au morale: elle est une recherchede valeurs absolues, recherche qui reflete Ie malaise et les preoccupationsmetaphysiques de l'ame contemporaine, La litterature moderne semble eneifet decidement compromise par Ie langage philosophique.

M. Louis Bolle a bien senti cette preoccupation rnetaphysique qui constituel'unite profonde des ouvrages les plus marquants de ce siecle, et il a reussia la saisir et la mettre en relief dans son livre dont Ie titre est deja tressignificatif. Le choix de M. Bolle est sans doute tres heureux, car les auteursqu'il etudie presentent une parente frappante que personne n'avait encoresoupconnee, Son livre se compose de quatre etudes sur Valery, quatre surSame, et un long essai sur Proust. A premiere vue, l'ouvrage pourraitsembler un recueil d'articles fort differents l'un de l'autre: mais a la lectureon s'apercoit immediatement de la forte unite ideale qui lie dans un ensembleorganique et intelligent les pieces qui Ie composent. Les quatre etudes surValery ("La coquille," "Le theatre interieur," "L'amateur d'abstractions,""Venus couchee") portent de preference sur le probleme de la creationartistique par rapport a une conception totale de Yesprit. Ici M. Bolle aapporte des lumieres nouvelles qui illustrent d'une maniere probante lespreoccupations metaphysiques valeriennes, L'eeuvre d'art n'est, apres tout,que la concretisation, par l'action dynamique de l'imagination, de la meta­physique du poete, L'image de la coquille, formant par sa salivation cetteenvelope solide, un double ciel concave, est assurernent bien choisie pourexprimer ce proces de secretion d'ou sort I'ceuvre d'art comme expressionde l'absolu. Pour Valery, la coquille fut toujours un objet de meditation.Stendhal a dit une fois qu'un ecrivain ne doit pas pretendre ala profondeur.Mais M. Bolle fait remarquer que si les domaines de la pen see et de la poesiesont distincts, cela n'empeche pas que la metaphysique et la poesie puissents'eclairer l'une l'autre dans leur recherche a la fois distincte et commune.Aux yeux de Valery I'ceuvre d'art revele la puissance et l'universalite del'esprit: elle est done la negation de la contingence. L'homme existe parson "faire": il est ce qu'il peut, mais aussi ce qu'il veut. La volonte depuissance justifie l'ceuvre et edifie l'auteur: elle reside dans Ie virtllel ainsique l'absolu reside dans l'aete. Le poeme demeure pour Valery un compromisentre Ie hasard et l'absolu, entre l'esprit et le corps. L'reuvre d'art n'estque Ie chateau de l'ame du poete, la belle coquille dont la spirale nousconduit vers l'absolu insaisissable, Valery conceit l'absolu comme une [diefixe (c'est Ie titre d'un de ses livres) et tendre vers cette "idee fixe," c'estenvisager la poesie comme toute autre chose qu'un plaisir de jouer avecdes mots, qu'une pure alchimie verbale, Que la theorie valerienne de la poesienous amene ala poesie ou non, c'est une question qui sort du cadre de notrediscussion et qu'on ne peut pas aborder ici, d'autant plus que Valery poete

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a souvent contredit Valery theoreticien, M. Bolle, en tout cas, trouve dansla pensee de I'ecrivain une ambiguite qui en fait toute la richesse.

Les etudes sur Sartre ("Jean-Paul Sartre et la Iitterature,' "Sartre etBaudelaire," "Saint Genet ou la theologie d'un voyou," "Sur la Nausee")nous ramenent au meme probleme des valeurs absolues porte sur un terraindifferent mais plus dramatique. M. Bolle trouve ici la merne hantise, lameme aspiration vers I'eternel, vers Ie permanent. Roquentin decouvre,a la fin de son journal, que raconter une histoire-son histoire-c'estrnalgre tout vaincre Ie temps et la nausee (qui nait du deroulementuniforme du temps), se sauver en surmontant la contingence. Et lorsqu'ilsonge a la negresse qui chante Some of these days, il se demande: "Alors,on peut justifier son existence un tout petit peu?" La creation artistiquejoue pour lui un peu Ie role du jugement dernier, un role liberateur: elleserait comme l'organe de l'esprit absolu. Le heros de la Naesi« cherche aechapper al'absurdite de l'existence et a la contingence, par la musique. nsemble qu'en recreant la vie par Ie recit, il decouvre un monde nouveau,une voie de salut, quelque chose qui ait un sens. Cette voie de salut, c'estl'art lui-meme, Mais depuis la Nausee la pensee de Sartre a subi une certaineevolution. Dans ses essais sur Baudelaire, sur Genet, sur la Iitterature, l'art(et la poesie en particulier) est mis en question. L'a:uvre devient pour luiun simple moyen pour illustrer des idees: elle n'est plus une fin, maisl'instrument de la pensee, Cependant, si Sartre fait perdre a la poesie sa J

souverainete, sa fonction liberatrice qui permet a l'homme de sortir de lalourdeur du quotidien, c'est qu'il a cru devoir chercher d'autres voies desalut. Ses a:uvres refletent en effet toutes ses preoccupations philosophiques.Dans Situations II, il ecrit: "Ce qui fait ... l'originalite de notre position,c'est que la guerre et l'occupation, en nous precipitant dans un monde enfusion, nous ont fait ... redecouvrir l'absolu au sein de la relativite merne."Que cet absolu soit un concept metaphysique de la liberte, que ce soit 1astabilite absolue de l'en-soi ou l'aspiration au couple impossible en-soi-pour-soi(etre immuable et conscience) qu'on peut atteindre seulement par la mort(etre-p0llr-/a-mort), cela n'importe: l'a:uvre de Sartre reste comme la recherchela plus desesperee de valeurs absolues.

Tout l'effort de Proust a ete tendu vers la conquete du passe, mais nonpas seulement pour raviver l'image des etapes d'une vie. II a condarnneun art realiste de surface qui se contente de la description de ce qui est vu.Proust dirige son regard vers quelque chose de plus essentiel: la realiteabsolue du temps, qui le delivre d'un present mediocre et gris, pour luiouvrir une perspective en profondeur, pour lui donner une foi. Dans unelettre a Jacques Riviere, Proust dit que la conclusion de son a:uvre estabsolument dogmatique, qu'elle affirme une verite a la fois absolue et sen­sible. M. Bolle, dans l'etude consacree a l'auteur de la Recherche du TempsPerdu, "Structure, perspectives et duree dans l'a:uvre de Marcel Proust,"a jete beaucoup de lumiere sur l'essence meraphysique de l'a:uvre de Proust.Son essai fait preuve d'un attachement particulier a cette a:uvre monu­mentale dont la structure s'apparente a celle d'une spirale: succession decercles symbolisant I'itineraire du heros vers la hauteur, vers I'eternel,

L'analyse de Valery, de Sartre et de Proust pourrait bien s'appliquer a

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Le livre de M. Bolle temoigne d'une profonde intelligence et d'uncgrande sensibilite devant les problemes qui tourmentent la consciencemoderne. L'auteur semble vivre lui-meme Ie drame de la vie devant I'ablme,semble atteint Iui-meme par le sentiment du neant qui envahit l'existence,semble lui-rnerne chercher au-dela du monde visible un point d'appuisolide pour s'y accrocher. Cette disposition d'esprit lui permet de saisirdans toutes ses nuances cette hantise de I'absolu qui constitue I'essence dela Iitterature de ce siecle, Son livre, ecrit dans un style eleve, aigu, et d'uneextraordinaire concision, est d'une frateheur, d'une originalite d'images etde pensee, qui en rend la lecture extremement interessante, non seulementpar la clarte des idees mais aussi par la maitrise de I'execution,

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BOOKS RECEIVED

GIOVANNI GULLACE

DECKER, HENRY W. Pure Poetry, 192J-1gjO: Theory and Debate in France.Berkeley and Los Angeles, University of California Press, 1962. 131 pp.

FADDA, ANNA MARIA. Edward MorganForster eil Decantismo. N.p., Palumbo,n.d, 157 pp.

GALPIN, ALFRED. Fauriel in ItalY: Unpublished Correspondence (1822-182J).Roma, Edizioni di Storia e Letteratura, 1962. 124 pp.

KANES, MARTIN. Zola's "LA Bete humaine": A Study in Literary Creation.Berkeley and Los Angeles, University of California Press, 1962. 138 pp.

KOLBERT, JACK. Edmond Jaloux et sa tritique Iittirair«. Geneve, Droz; Paris,Minard, 1962. 223 pp.

KUHN, REINHARD. The Return to Reality: A Stu4J of Francis Vieli-GrifJin.Geneve, Droz; Paris, Minard, 1962. 177 pp.

LEHMANN, A. G. Sainte-BeUtJe: A Portrait of the Critic (1804-1842). Oxford,Oxford University Press, 1962. 430 pp.

SCHOLBERG, KENNETH R. LA poesla re/igiosa de Miguel de Barrios. Ohio StateUniversity Press, 1962. 357 pp.

ZAYED, GEORGES. LA Formation litteraire de Verlaine. Geneve, Droz; Paris,Minard, 1962. 412 pp.

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