Les Gens Heureux Lisent Et Boivent Du Café

8/10/2019 Les Gens Heureux Lisent Et Boivent Du Caf

1/95


2/95

Les gens heureux lisent et boivent du caf

de

Agns Martin-Lugand

Guillaume et Simon-Aderaw, ma vie


3/95

Nous comptons bien quil sera surmont aprs un certain laps de temps, etnous considrons quil sera inopportun et mme nuisible de le perturber !

(Sigmund Freud, propos du deuil, Deuil et Mlancolie , in Mtapsychologie)


4/95

1.

- "aman, sil te pla#t $ - %lara, &ai dit non - Alle', (iane )aisse-la venir avec moi - %olin, ne me prends pas pour une imbcile Si %lara vient avec toi, vous alle'tra#ner, et on partira en vacances avec trois &ours de retard - *iens avec nous, tu nous surveilleras + - %ertainement pas u as vu tout ce quil reste .aire $ - /aison de plus pour que %lara vienne avec moi, tu seras peinarde - "aman + - 0on, trs bien 1ile' + 2ust + 3e ne veu4 plus vous voir

5ls taient partis en c6a6utant dans lescalier 3avais appris quils .aisaient encore les pitres dans la voiture, au moment o7 lecamion les avait percuts 3e mtais dit quils taient morts en riant 3e mtais dit que

&aurais voulu tre avec eu4 8t depuis un an, &e me rptais tous les &ours que &aurais pr.r mourir aveceu4 "ais mon c9ur battait obstinment 8t me maintenait en vie :our mon plus ;randmal6eur

*autre sur mon canap, &e .i4ais les volutes de .ume de ma ci;arette, quand laporte dentre souvrit 1li4 nattendait plus mes invitations pour venir c6e' moi 5ldbarquait comme &ama (unsou..le, &e lenvo>ai au sol :our ne pas le voir entreprendre son mna;e quotidien, &epartis dans la cuisine me rec6ar;er en ca.ine mon retour, rien navait c6an; de place )es cendriers dbordaient tou&ours ?les tasses vides, les bo#tes de plats emporter et les bouteilles &onc6aient encore latable basse 1li4 tait assis, les &ambes croises, et me .i4ait )e voir avec cet airsrieu4 me dcontenan


5/95

bas dans une 6eure "on corps .ut parcouru dun .risson, mes mains se mirent trembler, la bile memonta la ;or;e - ors de question, &e nirai pas au cimetire u mentends $ - :our eu4, me dit-il doucement *iens leur rendre 6omma;e, cest au&ourd6ui

que tu dois > aller, ant esquisserun pas dans ma direction 3e partis en courant dans ma c6ambre "al;r le tremblement de mes mains, &e

russis men.ermer double tour 3e mcroulai, le dos contre la porte, et repliai mes&ambes contre ma poitrine )e silence qui avait enva6i lappartement .ut bris par lesoupir de 1li4 - 3e repasse ce soir - 3e ne veu4 plus te voir - 1ais au moins le..ort de te laver, sinon cest moi qui te .ous sous la douc6e Ses pas sloi;nrent, et le claquement de la porte mindiqua quil tait en.inparti 3e restais prostre la tte dans les ;enou4 de lon;ues minutes, avant de poser lere;ard sur mon lit quatre pattes, &avanantes, cli;notantes Son corps bou;eait peine, sonvisa;e tait couvert decc6>moses 3tais reste paral>se plusieurs minutes devant cespectacle 1li4 mavait suivie, et sa prsence mavait empc6e de me..ondrer )a


6/95

tte de %olin stait l;rement tourne dans ma direction, ses >eu4 avaient accroc6les miens 5l avait trouv la .orce desquisser un sourire Sourire qui mavait permisdavancer vers lui 3avais pris sa main, il avait serr la mienne - u devrais tre avec %lara, mavait-il dit avec peine - %olin, %lara estC

- 8lle est en salle dopration, mavait coupe 1li4 3avais lev la tte vers lui 5l avait souri %olin en .u>ant mon re;ard Da avaitbourdonn dans mes oreilles, c6aque parcelle de mon corps stait mise trembler, mavue stait voile 3avais senti la main de %olin serrer plus .ort la mienne 3e lere;ardais, tandis quil coutait 1li4 lui donner des nouvelles de %lara et lui e4pliquerquelle allait sen sortir %e menson;e mavait ramene brutalement la ralit (unevoi4 brise, %olin avait dit quil navait pas vu le camion, il c6antait avec %lara 3avaisperdu lusa;e de la parole 3e mtais penc6e vers lui, &avais pass ma main dans sesc6eveu4, sur son .ront Son visa;e stait nouveau tourn vers moi "es larmesrendaient ses traits .lous, il avait d& commenc dispara#tre, &avais su..oqu 5l avaitlev la main pour la poser sur ma &oue

- %6ut, mon amour, mavait-il dit %alme-toi, tu as entendu 1li4, %lara va avoirbesoin de toi 3e navais rien trouv pour c6apper son re;ard rempli despoir pour notre .ille - "ais toi $ avais-&e russi articuler - %est elle qui compte, mavait-il dit en essu>ant une larme sur ma &oue "es san;lots avaient redoubl, &avais appu> mon visa;e sur sa paume encorec6aude 5l tait encore l 8ncore 3e ma;rippais cet encore - %olin, &e ne peu4 pas te perdre, lui avais-&e murmur - u nes pas toute seule, tu as %lara, et 1li4 va bien soccuper de vous 3avais secou la tte sans oser le re;arder - "on amour, tout va bien aller, tu vas tre coura;euse pour notre .ille Sa voi4 stait brusquement teinte, &avais paniqu et relev la tte 5l semblaittellement .ati;u 5l avait puis ses dernires .orces pour moi, comme tou&ours 3emtais colle lui pour lembrasser, il > avait rpondu avec le peu de vie qui lui restait3e mtais ensuite allon;e contre lui, &e lavais aid poser sa tte sur moi ant quiltait dans mes bras, il ne pouvait pas me quitter %olin mavait murmur une dernire.ois quil maimait, &avais tout &uste eu le temps de lui rpondre avant quil ne sendormepaisiblement 3tais reste plusieurs 6eures le tenir contre moi, &e lavais berc, &elavais embrass, &e lavais respir "es parents avaient tent de me .aire partir, &avais6url %eu4 de %olin taient venus voir leur .ils, &e ne les avais pas laisss le touc6er 5lntait qu moi )a patience de 1li4 avait .ini par me .aire cder 5l avait pris son tempspour mapaiser avant de me rappeler que &e devais aussi dire au revoir %lara "a .illeavait tou&ours t le seul tre sur cette terre pouvoir me sparer de %olin )a mortnavait rien c6an; "es mains staient dcrispes et avaient lEc6 son corps 3avaispos mes lvres une dernire .ois sur les siennes et &tais partie )e brouillard mavait enveloppe sur le c6emin qui me conduisait vers %lara3avais ra;i seulement devant la porte - Non, avais-&e dit 1li4 3e ne peu4 pas - (iane, il .aut que tu ailles la voir Sans quitter la porte des >eu4, &avais recul de quelques pas avant de men.uir


7/95

prcipitamment dans les couloirs de l6Bpital 3avais re.us de voir ma .ille morte 3enavais voulu me souvenir que de son sourire, de ses boucles blondes emmles quivirevoltaient autour de son visa;e, de ses >eu4 ptillants de malice, le matin mmequand elle tait partie avec son pre

Au&ourd6ui, comme depuis un an, le silence r;nait en ma#tre dans notreappartement :lus de musique, plus de rires, plus de conversations sans .in "es pas me ;uidrent automatiquement vers la c6ambre de %lara out > taitrose (s linstant o7 &avais su que nous aurions une .ille, &avais dcrt quelint;ralit de la dcoration serait de cette couleur %olin avait utilis un nombrep6nomnal de subter.u;es pour me .aire c6an;er davis 3e navais pas cd 3e navais touc6 rien ? ni sa couette roule en boule, ni ses &ouetsparpills au4 quatre coins, ni sa c6emise de nuit par terre ni sa petite valise roulettes o7 elle avait mis ses poupes pour les vacances (eu4 peluc6es n> taientplus, le doudou avec lequel elle tait partie et celui avec lequel &e dormais

Aprs avoir re.erm la porte en silence, &e pris la direction du dressin; de %olin3> attrapai une nouvelle c6emise 3e venais de men.ermer dans la salle de bains pour prendre une douc6e, quand

&entendis 1li4 revenir (ans la pice, un ;rand drap recouvrait le miroir, toutes lesta;res taient vides, le4ception des bouteilles de par.um de %olin :lus aucunarti.ice .minin, plus de maquilla;e, plus de crmes, plus de bi&ou4 )e .roid du carrela;e ne me .it pas ra;ir, &e men moquais )eau coulait sur moncorps sans maccorder le moindre bien-tre 3e remplis ma main du s6ampoin; la.raise de %lara )odeur sucre me tira quelques larmes mles dun rcon.ort morbide"on rituel pouvait commencer 3asper;eai ma peau du par.um de %olin, premirecouc6e de protection 3e .ermai les boutons de sa c6emise, deu4ime couc6e 3en.ilaison sweat capuc6e, troisime couc6e 3e nouai mes c6eveu4 mouills pour conserverleur odeur de .raise, quatrime couc6e Au salon, mes dc6ets avaient disparu, les .entres taient ouvertes, et unebataille semblait tre livre dans la cuisine Avant daller re&oindre 1li4, &e clo#trai denouveau le s&our )a pnombre tait ma meilleure amie 1li4 avait la tte dans le con;lateur 3e mappu>ai au c6ambranle de la portepour lobserver 5l avait revtu son uni.orme et remuait les .esses en si..lotant - 3e peu4 savoir ce qui te met de si bonne 6umeur $ - "a nuit dernire )aisse-moi prparer le d#ner, et &e te raconte tout 5l stait tourn vers moi et me .i4ait 5l sapproc6a et respira pro.ondment plusieurs reprises - Arrte de me reni.ler comme un c6ien lui dis-&e - 5l va .alloir que tu arrtes


8/95

- Si tu as .aim, commande une pi''a u es incapable de cuisiner quoi que cesoit u raterais mme un plat sur;el - %est bien pour


9/95

- 0ien sr que si, tout le monde comprend ce que tu endures "ais ce nest pasune raison pour tteindre Da .ait un an quils sont partis, il est temps de vivre 0ats-toi,.ais-le pour %olin et %lara - 3e ne sais pas me battre, et de toute .aeu4 1li4 me prit dans ses bras et me .or


10/95


11/95

point de c6ute, &e .inis par .ermer les >eu4 et poser mon doi;t au 6asard 3entrouvris une paupire et me rapproc6ai 3utilisai mon autre 9il aprs avoirretir mon doi;t pour dc6i..rer le nom )e 6asard avait c6oisi le plus petit villa;epossible, lcriture tait peine lisible sur la carte "ulrann> ! 3e me4ilais "ulrann>

%tait le moment, &e devais annoncer 1li4 que &e partais vivre en 5rlanderois &ours, cest le temps quil me .allut pour rassembler le coura;e ncessaire Nousvenions de .inir de d#ner, &e mtais .orce avaler c6aque bouc6e pour le satis.aireAvac6i dans un .auteuil, il .euilletait une de ses broc6ures - 1li4, laisse tomber tes ma;a'ines - u tes dcide $ 5l se releva dun bond et se .rotta les mains - 27 partons-nous $ - oi, &e nen sais rien, mais moi &e vais vivre en 5rlande

"on ton stait voulu le plus naturel possible 1li4 6appait lair comme unpoisson en train de su..oquer - /emets-toi - u te .ous de moi $ u nes pas srieuse =ui a pu te donner une ide pareille $ - %olin, .i;ure-toi - Da > est, elle est din;ue u vas aussi mannoncer quil est revenu dentre lesmorts pour te dire o7 partir - u nas pas besoin dtre mc6ant 5l aurait aim aller l-bas, cest tout 3> vais sa place - 26 non, tu ne vas pas > aller, me dit 1li4 trs sr de lui - 8t pourquoi s deC deC - (e quoi $ - (e ru;b>men man;eurs de moutons - )es ru;b>men te ;nent $ :remire nouvelle (6abitude ils te .ont plutBt dele..et 8t puis tu crois que partir en 6aJlande se d.oncer sur une pla;e pendant lapleine lune et revenir avec forever randon tatou sur la .esse ;auc6e, cestmieu4 $ - ouc6C ;arce "ais ce nest pas comparable u es d& mal en point, tu vastre irrcuprable - Arrte 3ai dcid que &e partais en 5rlande plusieurs mois, tu nas rien medire - Ne compte pas sur moi pour taccompa;ner 3e me levai et me mis ran;er tout ce qui me tombait sous la main - ant mieu4, parce que tu nes pas invit 3e nen peu4 plus davoir un toutouderrire moi u mtou..es + criai-&e en le re;ardant - (is-toi bien une c6ose, &e vais trs vite recommencer ttou..er 5l pou..a de rire et, sans me quitter des >eu4, salluma tranquillement uneci;arette - u veu4 savoir pourquoi $ :arce que &e ne te donne pas plus de deu4 &ours u


12/95


13/95

*ieille-du-emple "a rue une poque, &> passais mes &ournes ? au4 terrasses,dans les boutiques, dans les ;aleries et quand &e travaillais )e simple .ait d> tre merendait 6eureuse, avant Au&ourd6ui, dissimule sous la capuc6e dun sweat de %olin, &e .u>ais lesdevantures, les 6abitants, les touristes 3e marc6ais sur la route pour viter ces .outus

poteau4 qui obli;eaient slalomer out ma;ressait, &usqu la dlicieuse odeur depain c6aud qui sc6appait de la boulan;erie o7 &avais mes 6abitudes "on pas ralentit lapproc6e des Gens :lus dun an que &e n> avais pas mis lespieds 3e marrtai sur le trottoir den .ace sans > &eter un coup d9il 5mmobile, la ttebasse, &e plon;eai la main dans une de mes poc6es, il me .allait de la nicotine 2n mebouscula, et mon visa;e se tourna involontairement vers mon ca. littraire %ette petitevitrine en bois, la porte au centre avec sa cloc6ette lintrieur, ce nom que &avaisc6oisi, il > avait si4 ans, )es ;ens 6eureu4 lisent et boivent du ca. !, tout meramenait vers ma vie avec %olin et %lara

)e matin de linau;uration avait t marqu par la panique ;nrale )es travau4ntaient pas .inis, nous navions pas encore dball les livres 1li4 ntait pas arriv,&tais seule me battre pour que les ouvriers acclrent la cadence %olin mavaittlp6on tous les quarts d6eure a.in de sassurer que nous serions prts pour lasoire douverture c6aque .ois, &avais raval mes larmes et ri comme une bcasse"on trs c6er associ, beau comme un camion, avait point le bout de son ne' enmilieu daprs-midi, alors que &e .rBlais la crise d6>strie parce que lensei;ne ntaitpas encore .i4e au-dessus de la .a


14/95

Au&ourd6ui, cinq ans plus tard, tout avait c6an;, %olin et %lara ntaient plus l3e navais aucune envie de retravailler, et tout, dans ce lieu, me rappelait mon mari etma .ille )a .iert de %olin quand il venait .ter une victoire au tribunal, les premiers pas

de %lara entre les clients, la premire .ois quelle avait crit son prnom, assise aucomptoir devant une ;renadine @ne ombre se dessina cBt de moi, sur le trottoir 1li4 mattrapa contre lui etme bereu4 - (iane, tu ne peu4 pas me laisser tout seul ici - Da .ait plus dun an que tu bosses sans moi, et &e ne suis pas connue pour mone..icacit au travail Alle', conseille-moi des livres Sans aucun entrain, il mindiqua ses pr.rences, &acquiesait du re;ard


15/95

- 3e te les apporterai c6e' toi, cest trop lourd - "erci 3e vais te laisser, &ai encore beaucoup de c6oses .aire "on re;ard dvia vers un petit recoin derrire le bar 3e men approc6ai, ;uidepar la curiosit @n cadre contenant des p6otos de %olin, %lara, 1li4 et moi 5l avait t.ait avec soin 3e me retournai vers 1li4

- /entre c6e' toi maintenant, me dit-il doucement 5l tait prs de la porte, &e marrtai cBt de lui, lui embrassai dlicatement la&oue et sortis - (iane + Ne mattends pas ce soir, &e ne viendrai pas - 2F, demain

- %olin + "on c9ur palpitait, ma peau tait moite, &e tEtonnais de tous les cBts dans le lit)a .roideur et le vide de sa place rpondaient mon appel :ourtant, %olin tait l, ilmembrassait, ses lvres picoraient la peau de mon cou, elles taient descendues de

larrire de mon oreille &usqu mon paule Son sou..le dans ma nuque, ses motsmurmurs, nos &ambes entrelaces 3e repoussai les draps et posai mes pieds nus surle parquet )appartement tait clair par les lumires de la ville )e bruit du bois quicraquait sous mes pas me rappela celui des petits pieds de %lara qui courraient verslentre quand elle entendait les cls de %olin dans la serrure %6aque soir, ctait le mme rituel Nous tions blotties lune contre lautre dansle canap %lara en c6emise de nuit et moi impatiente de retrouver mon mari 3e passaidans lentre, %olin avait &uste le temps de dposer ses dossiers sur la console avantque la petite ne saute dans ses bras (ans le noir, &e marc6ai sur leurs pas, dans lesalon o7 ils me re&oi;naient %olin avan rester pour toutconserver intact, &avais eu tort :lus de dossiers, plus de bruit de cls dans la serrure,plus de courses sur le parquet 3e ne reviendrais &amais ici

rois quarts d6eure de mtro pour rester bloque en bas de lescalier de sortie"es &ambes taient de plus en plus lourdes aprs c6aque marc6e )entre tait touteproc6e de la station, &e ne le savais pas Au moment de .ranc6ir les ;rilles, &e me disque &e ne pouvais pas arriver les mains vides 3entrai c6e' le .leuriste le plus proc6e,cela ne manquait pas dans le coin - 3e voudrais des .leurs - *ous tes au bon endroit + me rpondit la .leuriste en souriant %est pour uneoccasion particulire $ - :our l-bas, dis-&e en dsi;nant le cimetire - *ous voule' quelque c6ose de classique $ - (onne'-moi deu4 roses,


16/95

- )es blanc6es, lui dis-&e Ne les emballe' pas, &e les prends la main - "aisC - %est combien $ 3e laissai un billet, arrac6ai les roses de ses mains et sortis prcipitamment "acourse .olle se stoppa sur les ;raviers de lalle principale 3e tournai sur moi-mme,

scrutai de tous les cBts, o7 taient-ils $ 3e ressortis et mcroulai par terre1brilement, &e composai le numro des Gens - )es Gens 6eureu4 picolent et senvoient en lair, &coute - 1li4, sou..lai-&e - 5l > a un problme $ - 3e ne sais pas o7 ils sont, tu te rends compte $ 3e suis incapable daller lesvoir - =ui veu4-tu aller voir $ 3e ne comprends rien 27 es-tu $ :ourquoi pleures-tu $ - 3e veu4 voir %olin et %lara - u esC tu es au cimetire $ - 2ui

- 3arrive, ne bou;e pas 3e ntais alle quune seule .ois au cimetire, le &our de lenterrement 3avaisre.us s>stmatiquement de m> rendre Aprs mtre en.uie de l6Bpital, le &our de leurmort, &e n> avais pas remis les pieds Sous le re;ard 6orri.i de mes parents et de ceu4de %olin, &avais annonc que &e nassisterais pas la mise en bire "es beau4-parents taient partis en claquant la porte - (iane, tu deviens compltement .olle + stait e4clame ma mre - "aman, &e ne peu4 pas > assister, cest trop dur Si &e les vois dispara#tre dansdes bo#tes,


17/95


18/95

Alors, &e vais men aller u te souviens %olin, tu voulais quon aille en 5rlande, &ai ditnon, &tais bteC &> vais pour quelque temps 3e ne sais pas o7 vous tes, tous lesdeu4, mais &ai besoin de vous, surveille'-moi, prot;e'-moi 3e vous aimeC (urant quelques instants, &e .ermai les >eu4 :uis &e me relevai avec di..icult,mon quilibre tait prcaire, ma tte tournait, 1li4 maida me stabiliser sur mes

&ambes Nous pr#mes la direction de la sortie sans nous retourner et sans un mot Avantde descendre dans le mtro, 1li4 sarrta - u vois, &usque-l &e ne te cro>ais pas quand tu disais que tu voulais ten sortir,mavoua-t-il "ais ce que tu as .ait au&ourd6ui me prouve le contraire 3e suis .ier de toi

3avais attendu la veille de mon dpart pour tlp6oner mes parents (epuisque &e leur avais annonc ma dcision, ils navaient eu de cesse de me convaincre derester 5ls mavaient tlp6on tous les &ours, et mon rpondeur avait .onctionn merveille - "aman, cest (iane

(errire, ctait le bruit 6abituel de la tlvision, le volume au ma4imum - %omment vas-tu, ma c6rie $ - 3e suis prte partir - 8ncore ta ren;aine + %6ri, cest ta .ille, elle veut tou&ours partir @ne c6aise crissa sur le carrela;e, et mon pre prit le combin - Hcoute, ma petite .ille, tu vas venir passer quelques &ours c6e' nous, c6iatre dont &e tai parl $ Da te .erait du bien - "aman, , &e ne veu4 pas vivre avec vous et &ene veu4 pas que 1li4 maccompa;ne 3e veu4 la pai4, vous comprene', &e veu4 treseule, &en ai marre dtre surveille Si vous voule' me &oindre, vous connaisse' monnumro de portable Ne me sou6aite' surtout pas bon vo>a;e

)es >eu4 ;rands ouverts, &e .i4ais le pla.ond 3attendais que mon rveil sonne3e navais pas .erm l9il de la nuit, et le .ait davoir raccroc6 au ne' de mes parentsnavait rien voir avec mon insomnie (ans quelques 6eures, &embarquerais borddun avion, direction l5rlande 3e venais de vivre ma dernire nuit dans notre


19/95

appartement, dans notre lit @ne dernire .ois, &e me blottis la place de %olin, le visa;e en.oui dans sonoreiller, &e .rottai mon ne' contre le doudou de %lara, mes larmes les mouillrent )e biprsonna, et comme un automate, &e me levai (ans la salle de bains, &e d;a;eai le miroir, &e me vis pour la premire .ois

depuis des mois :erdue dans la c6emise de %olin 3observai mes doi;ts dtac6erc6aque bouton, &e d;a;eai une paule, puis la seconde )e tissu ;lissa sur mon corpset tomba mes pieds 3e lavai mes c6eveu4 une dernire .ois avec le s6ampoin; de%lara 8n sortant de la douc6e, &vitai de re;arder la c6emise au sol 3e m6abillai en(iane, un &ean, un dbardeur et un pull prs du corps 3eus le sentiment dtou..er, &eme dbattis pour retirer le pull et attrapai le sweat capuc6e de %olin, &e len.ilai etrespirai nouveau 3e le portais d& avant sa mort, &e men accordais encore le droit @n coup d9il ma montre mindiqua quil ne me restait que peu de temps @nca. dans la main, une ci;arette au4 lvres, &e c6oisis quelques p6otos au 6asard et les;lissai dans mon sac main 3attendais dans le canap l6eure du dpart, en remuant nerveusement les

doi;ts ? mon pouce buta sur mon alliance 3e ne manquerais pas de rencontrer dumonde en 5rlande, ces ;ens verraient que &tais marie, ils me demanderaient o7 estmon pou4, et &e serais incapable de leur rpondre Sans me sparer de cette ba;ue, &edevais la cac6er 3e dcroc6ai la c6a#ne que &e portais mon cou, la .is ;lisser dansmon alliance et replaeu4 taient rou;es et ;on.ls 5l empestait lalcool et le tabac 5lnavait pas besoin de parler pour que &e sac6e que sa voi4 tait enroue 5l commen


20/95

3.

3e me tenais devant ma voiture de location, mes valises au4 pieds, les brasballants, les cls la main (es ra.ales de vent sen;ou..raient dans le parIin; et me.aisaient perdre lquilibre (epuis ma descente davion, &avais limpression de .lotter 3avais suivimcaniquement les passa;ers &usquau tapis roulant pour rcuprer mes ba;a;es :uisun peu plus tard, c6e' le loueur, &avais russi comprendre mon interlocuteur - endpit de son accent couper au couteau - et si;ner le contrat "ais l, devant la voiture, .ri;ori.ie, courbature, e4tnue, &e me demandaisdans quel bourbier &e mtais mis en tte de patau;er 3e navais pas le c6oi4, &e voulaistre c6e' moi, et c6e' moi, ctait dsormais "ulrann>

3e dus m> reprendre plusieurs .ois pour allumer une ci;arette %e vent cin;lantne baissait &amais,


21/95

- "erci beaucoup - %tait un plaisir Au revoir, bonne route 5ls me .irent un si;ne de tte et encore un ;rand sourire (epuis quand les t>pesqui soccupaient des v6icules de locations taient-ils aimables et serviables $

3tais mi-parcours et &e commen (evant ce cotta;e dont &avais peine re;ard lesp6otos sur lannonce 3avais d traverser tout le villa;e et prendre la route c6aotiquede la pla;e pour arriver au bout de mon priple 3aurais des voisins, une autre maison se tenait cBt de la mienne @n petitbout de .emme arriva vers moi et me salua de la main 3e me .or, ta propritaire u as .ait bonne route $ - 8nc6ante de .aire votre connaissance 8lle re;arda avec amusement la main que &e lui tendais avant de la serrer - u sais, ici tout le monde se conna#t 8t tu ne passes pas un entretiendembauc6e Ne tavise pas de me lancer du madame tout bout de c6amp "mepour des questions de respect ou de bonne ducation, daccord $ 8lle minvita entrer dans ce qui allait sous peu devenir c6e' moi 3e dcouvrisun intrieur cos>, c6aleureu4 Abb> narrtait pas de parler, &e ncoutais pas la moiti de ce quelle disait, &esouriais btement et bou;eais la tte pour lui rpondre 3eus droit au descripti. de toutela batterie de cuisine, des c6a#nes cEbles, des 6oraires de mares, sans oublier ceu4de la messe %est l que &e la coupai


22/95

- 3e ne crois pas en avoir besoin, &e suis .Ec6e avec l;lise - Nous avons un srieu4 problme, (iane u aurais d te rensei;ner avant devenir ici Nous nous sommes battus pour notre indpendance et notre reli;ion u visdsormais parmi des 5rlandais cat6oliques et .iers de ltre Da commen, &e suis dsole, &eC 8lle clata de rire - (tends-toi, pour lamour du ciel %est une bla;ue Da .ait &uste partie de mes6abitudes /ien ne tobli;e maccompa;ner le dimanc6e matin 8n revanc6e, un petitconseil, noublie &amais que nous ne sommes pas an;lais - 3e men souviendrai 8lle reprit avec entrain sa visite ;uide lta;e, ma salle de bains et mac6ambre 3allais pouvoir mtaler en dia;onale dans mon lit, ctait un double Iin; si'eNormal, au pa>s des ;ants - Abb>, la coupai-&e, merci, tout est par.ait 3e ne vais manquer de rien - :ardonne mon ent6ousiasme, mais &e suis tellement 6eureuse que quelquun

6abite le cotta;e pendant l6iver, &e tattendais avec impatience 3e te laisse tinstaller 3e laccompa;nai de6ors 8lle en.ourc6a un vlo et se tourna vers moi - *iens prendre un ca. c6e' nous, tu rencontreras 3acI

:our ma premire nuit, en si;ne de bienvenue, les lments se dc6a#naient )event claquait, la pluie .rappait les .entres, la toiture craquait 5mpossible de trouver lesommeil mal;r la .ati;ue et le lit con.ortable 3e repensais cette &ourne

*ider ma voiture avait t encore plus prouvant que la remplir, mesvalises taient parpilles travers tout le s&our 3avais t deu4 doi;ts de baisserles bras en me rendant compte que &e navais rien man;er 3e mtais prcipite dansla petite cuisine )es placards et le .ri;o dbordaient Abb> avait certainement d me ledire, et &e ne lavais pas remercie =uelle 6onte =uelle incorrection de ma part3aurais loccasion de la croiser un &our ou lautre pour me4cuser %omme elle melavait dit, "ulrann> tait vraiment minuscule ? une rue principale, une suprette, unestation essence et un pub 3e ne risquais ni de me perdre ni de .aire c6au..er la cartebleue dans les boutiques )accueil de ma propritaire me rendait perple4e 8lle semblait attendre unerelation privil;ie, ce ntait pas du tout prvu au pro;ramme 3allais repousser auma4imum son invitation, &e ntais pas l pour tenir compa;nie un couple depersonnes E;es, &e ne voulais .aire connaissance avec personne

3avais tenu plus dune semaine sans sortir du cotta;e, le plein de coursesdAbb> et les cartouc6es de ci;arettes embarques mavaient permis de survivre 5lmavait aussi .allu tout ce temps pour ran;er mes a..aires %tait di..icile de me sentirc6e' moi, rien ne me rappelait ma vie davant )a nuit ntait pas claire par leslampadaires ni anime par les bruits citadins )orsque le vent .aiblissait, le silence endevenait oppressant 3aurais rv que mes voisins Ktou&ours absentsL .assent une


23/95

;rosse .te pour avoir une berceuse )es odeurs enttantes des pots-pourris navaientrien voir avec celle du parquet cir de notre appartement, et lanon>mat descommerces parisiens tait d.initivement trs loin 3e commenons 5l > avait de tout, alimentation, vtements, et mme des souvenirs touristes (ailleurs, &e devais tre la seule .olle me risquer ici @ne constante, lemouton tait partout, sur les tasses en porcelaine, au ra>on bouc6erie pour le ra;ot, etvidement dans les pulls et les c6arpes 5ci, on levait ces petites btes pour sennourrir et sen vtir %omme au temps de la pr6istoire avec les mammout6s - (iane, &e suis contente de te croiser ici, me dit Abb> que &e navais pas vuearriver

- 0on&our, lui rpondis-&e aprs avoir sursaut - 3e pensais passer c6e' toi au&ourd6ui out va bien $ - 2ui, merci - u trouves ce que tu veu4 $ - :as vraiment, il n> a pas tout ce que &e c6erc6e - u veu4 dire ta ba;uette et ton .roma;e $ - 8u6C &eC - , &e te c6arrie u as .ini $ - 3e crois, oui - Suis-moi, &e vais te prsenter @n sourire clatant au4 lvres, elle mattrapa par le bras et me ;uida vers les unset les autres 3e navais pas parl autant de monde depuis des mois )eur ;entillessetait presque dran;eante Aprs une demi-6eure de mondanits, &e russis en.in prendre le c6emin de la caisse 3e pouvais tenir le si;e pendant au moins di4 &oursSau. que &allais tre obli;e de sortir de c6e' moi, &e navais trouv aucune e4cusepour re.user linvitation dAbb>, &avais simplement russi n;ocier quelques &ourspour me prparer

5l .aisait bon vivre, c6e' mes propritaires 3tais con.ortablement installe dansle canap, devant un ;rand .eu de c6emine, une tasse de t6 brlant la main 3acI tait un colosse la barbe blanc6e Son calme temprait le4altationpermanente de sa .emme Avec un naturel dconcertant, il stait servi une pinte deGuinness quatre 6eures de laprs-midi Des rug!ymen mangeurs de moutons et!uveurs de !i"re !rune, me dis-&e pour complter la description de 1li4 8t la birebrune me .it aussitBt penser %olin 3e parvins toute.ois soutenir la conversation 3e lavais demble oriente surleur c6ien, :ostman :at, qui mavait saut dessus mon arrive et qui depuis nequittait pas mes pieds :uis &e parlai de la pluie et du beau temps - en.in surtout de lapluie -, et du con.ort du cotta;e Aprs quoi &e commen


24/95

- *ous tes dici $ 1inis-&e par leur demander - 2ui, mais on a vcu (ublin &usqu ma retraite, rpondit 3acI - 8t que .aisie'-vous $ - 5l tait mdecin, le coupa Abb> "ais dis-nous plutBt ce que tu .ais, toi, cestbien plus intressant 8t surtout, &e suis curieuse de savoir pourquoi tu es venue

tenterrer ici "enterrer, &ustement, la rponse tenait dans sa question - 3e voulais voir du pa>s - oute seule $ %omment se .ait-il quune &olie .ille comme toi ne soit pasaccompa;ne $ - )aisse-la tranquille, la sermonna 3acI - %e serait trop lon; vous e4pliquer 0on, &e dois vous laisser 3e me levai, rcuprai ma veste, mon sac main et pris la direction de la sortieAbb> et 3acI me suivirent 3e venais de &eter un .roid :ostman :at me .it trbuc6er plusieurs reprises, il courut de6ors ds que la porte .ut ouverte - Da ne doit pas tre de tout repos, un ;ros bb pareil + leur dis-&e Ket &e pensai

alors %laraL - 26, (ieu merci, il nest pas nous - qui est-il $ - 8dward Notre neveu 2n le lui ;arde quand il est absent - %est ton voisin, min.orma Abb> 3tais d en me retenant par lebras )e neveu en question descendit de voiture Avec son visa;e dur et son airddai;neu4, il ne minspira aucune s>mpat6ie 3acI et Abb> allrent vers lui 5l sadossa sa portire en croisant les bras :lus &e le re;ardais, plus &e le trouvais imbuvable 5lne souriait pas 5l transpirait larro;ance )e ;enre passer des 6eures dans la salle debains travailler son looI daventurier n;li; 5l se la &ouait intouc6able - 8dward, tu tombes bien + lui dit Abb> - A6 $ :ourquoi $ - 5l tait temps que tu rencontres (iane 5l tourna en.in la tte dans ma direction 5l baissa ses lunettes de soleil, daucuneutilit compte tenu de la brume, et me dtailla des pieds la tte 3eus limpressiondtre une pice de bouc6er sur un tala;e 8t au re;ard quil me lan


25/95

ma prsence - 3e vous avais dit que &e ne voulais personne cBt de c6e' moi 8lle est lpour combien de temps $ 3e toquai son dos comme une porte Son corps se raidit 5l se retourna, &e neme reculai pas et me mis sur la pointe des pieds

- u peu4 tadresser directement moi, tu sais 5l arqua un sourcil, visiblement contrari que &ose lui parler - Ne viens pas sonner c6e' moi, me rpondit-il en menvo>ant un re;ard me;lacer le san; Sans plus de manires, il se dtourna, si..la son c6ien et partit au .ond du &ardin - Ne te .ais pas de mouron, me dit 3acI - 5l ne voulait pas quon loue le cotta;e, il na pas eu son mot dire 5l est &uste demauvaise 6umeur, enc6a#na Abb> - Non, &uste mal lev, marmonnai-&e bientBt 3tais coince, ma voiture tait bloque par celle de mon voisin 3appu>ai sansinterruption sur le Ila4on Abb> et 3acI clatrent de rire avant de rentrer c6e' eu4

3e vis 8dward arriver dans mon rtroviseur 5l avan .it ;rimper le c6ien Sa lenteur me4asprait, &etapai sur mon volant (une pic6enette et sans un re;ard dans ma direction, il envo>ason m;ot sur mon pare-brise 8n dmarrant, il .it crisser ses pneus, et une va;uedeau crasseuse sabattit sur ma voiture )e temps dactionner mes essuie-;laces, ilavait disparu Sale t>pe

3e devais trouver une tec6nique pour viter de me .aire tremper c6aque .oisque &e sortais prendre lair Au&ourd6ui, &e mtais encore .ait avoir :remire dcision,renoncer au parapluie, totalement inutile, puisque &en avais cass quatre en quatre

&ours (eu4ime dcision, ne plus me .ier au4 ra>ons de soleil, qui disparaissaient aussivite quils arrivaient roisime et dernire dcision, me prparer pour sortir lorsquilpleuvait, car le temps den.iler mes bottes, trois pulls, mon manteau et une c6arpe,laverse pouvait passer, et &e rduirais le risque dtre mouille 3essaierais lorsquelenvie men prendrait "a tec6nique .onctionnait %est ce que &e me dis en masse>ant la premire .oissur le sable pour contempler la mer )e 6asard mavait ;uide au bon endroit, &taiscomme seule au monde 3e .ermai les >eu4, berce par le bruit des va;ues quisc6ouaient quelques mtres de moi )e vent maltraitait ma peau et .aisait coulerquelques larmes, mes poumons semplissaient do4>;ne iod (un coup, &e .us propulse en arrire 3ouvris les >eu4 pour me retrouver .ace .ace avec :ostman :at qui me lc6ait le visa;e 3eus les plus ;randes di..icults merelever 3essa>ais tant bien que mal denlever le sable qui couvrait mes vtements,quand le c6ien dtala au son dun si..lement 3e levai la tte 8dward marc6ait un peu plus loin 5l tait .orcment pass toutprs de moi, il ne stait pas arrt pour me dire bon&our %e ntait pas possible quil nemait pas reconnue =uand bien mme, son c6ien venait de sauter sur quelquun, lamoindre des politesses aurait t de venir se4cuser 3e pris le c6emin du retour, biendcide en dcoudre 8n bas du sentier qui menait au4 cotta;es, &e vis son MM .iler


26/95

vers le villa;e 5l nallait pas sen tirer si bon compte 3e ;rimpai dans ma voiture 3e devais trouver ce mu.le et lui .aire comprendre qui il sadressait rs vite, &e reprai son tas de boue ;ar devant le pub 3e pilai,sautai du v6icule et entrai dans le bar comme une .urie 3e scannai la pice pourreprer ma cible ous les re;ards conver;rent vers moi Sau. un

8dward tait pourtant bien l, install au comptoir, seul, penc6 sur un &ournal,une pinte de Guinness la main 3e .on


27/95

rve

3avais retrouv mes repres 3e ne m6abillais plus, &e man;eais nimporte quoi,nimporte quand 3e dormais une partie de la &ourne Si le sommeil ne venait pas, &e

restais dans mon lit observer le ciel et les nua;es, bien au c6aud sous la couette 3ecomatais devant des niaiseries la tlvision, qui se trans.ormaient en cinma muetlorsque ctait en ;alique 3e parlais %olin et %lara en .i4ant leurs p6otos 3e vivaiscomme c6e' nous, :aris, mais sans 1li4 %ependant, le soula;ement tant espr nevenait pas Aucun poids en moins sur la poitrine, aucun sentiment de libration 3enavais envie de rien, &e narrivais mme plus pleurer )e temps passait, et les

&ournes me semblaient de plus en plus lon;ues

%e matin-l, au lieu de rester dans mon lit, &e dcidai dinvestir le ;ros .auteuil.ace la pla;e Aprs des &ours passs contempler le ciel, &allais me divertir en

re;ardant la mer 3e .is mes rserves de ca. et de ci;arettes, menroulai dans un plaidet calai un coussin derrire ma tte "on attention .ut dissipe par des aboiements 8dward et son c6ien sortaient%tait la premire .ois que &apercevais mon voisin depuis lpisode du pub 5l avait un;ros sac sur lpaule :our mieu4 voir ce quil .abriquait, &e rapproc6ai mon .auteuil de la.entre 5l .ila vers la pla;e Ses c6eveu4 bruns taient encore plus en bataille que la.ois prcdente 5l disparut de mon c6amp de vision en passant derrire un roc6er 5l rapparutune demi-6eure plus tard, posa son sac et .ouilla dedans 5l maurait .allu des &umellespour savoir ce quil tra.iquait 5l saccroupit, &e ne vo>ais que son dos 5l resta dans cetteposition un lon; moment "on ventre ;ronda, ce qui me rappela que &e navais rien man; depuis la veille3e partis dans la cuisine me prparer un sandwic6 )orsque &e revins au salon, 8dwardavait disparu "a seule occupation de la &ourne venait de sac6ever 3e mcroulaidans le .auteuil et avalai mon encas sans apptit )es 6eures passrent, &e ne bou;eais pas "es sens sveillrent en vo>ant leslumires de c6e' 8dward steindre 5l sortit en courant pour repartir e4actement aumme endroit que dans la matine 3e passai mon plaid sur les paules et sortis sur laterrasse pour mieu4 lobserver 3e distin;uais un ob&et dans ses mains 5l le porta 6auteur de son visa;e, &e crus reconna#tre un appareil p6oto 8dward resta l-bas une bonne 6eure )a nuit tait tombe quand il remonta dela pla;e 3eus tout &uste le temps de me baisser pour quil ne me voie pas 3attendisquelques minutes avant de rentrer c6e' moi

"on voisin tait p6oto;rap6e *oil 6uit &ours que mes &ournes se calaient surles siennes 5l sortait di..rents moments, tou&ours un appareil p6oto en main 5larpentait toute la baie de "ulrann> 5l pouvait rester immobile des 6eures durant, il nera;issait ni la pluie ni au vent qui par.ois sabattaient sur lui GrEce mes investi;ations, &avais appris un tas de c6oses 5l tait encore plus


28/95


29/95

3e mtais secoue et &avais tent de renouer avec la lecture "ais cet aprs-

midi, le rcon.ort ntait pas au rende'-vous @n courant dair .roid arrivait dans mondos "es mains taient ;eles )e cotta;e tait encore plus silencieu4 que d6abitude3e me levai, .rottai mes bras et marrtai un instant devant la baie vitre, le temps tait

mauvais (e ;ros nua;es obstruaient le ciel, la nuit allait tomber plus vite, ce soir 3ere;rettais de ne pas savoir .aire un .eu de c6emine 8n posant ma main sur unradiateur, &e .us surprise par sa temprature 3allais crever de .roid si le c6au..a;e taiten panne 3e voulus allumer la lumire )a premire lampe resta dsesprmentteinte 3appu>ai sur un autre interrupteur sans plus de rsultat 3appu>ais sur tous lesinterrupteurs :lus de courant Noir total 8t moi dedans oute seule 0ien quil men cotEt, &e courus tambouriner la porte d8dward 3e .inis paravoir mal la main .orce de taper sur le bois 3e me dcalai pour essa>er de voir travers une .entre Si &e restais seule une minute de plus, &allais devenir .olle3entendis de drBles de bruits derrire moi et &e pris peur - 3e peu4 savoir ce que tu .ais $ questionna-t-on dans mon dos

3e me retournai dun bond 8dward me surplombait de toute sa 6auteur 3e medcalai sur le cBt pour lui c6apper "a peur devint totalement irrationnelle - 3ai .ait une erreurC &eC &eC - u quoi $ - 3e naurais pas d venir 3e ne te dran;erai plus Sans le quitter des >eu4, &e continuai reculer dans le c6emin "on talon butasur une pierre, &e me retrouvai les quatre .ers en lair, les .esses dans la boue 8dwardsapproc6a de moi 5l semblait .uribard, mais me tendit la main - Ne me touc6e pas 5l simmobilisa, arqua un sourcil - 5l .allait que &e tombe sur une 1ran


30/95

- :ourquoi $ - 3e me demande si ce nest pas un serial Iiller - u as .um de la laine de mouton $ - 3e nai pas dlectricit, aide-moi - u as vri.i que les plombs navaient pas saut $

- Non - *a voir 3obis 1li4 )e portable tou&ours coll loreille, &allai en.oncer le bouton dudis&oncteur outes les lumires sallumrent, tous les appareils se mirent en marc6e - Alors $ demanda 1li4 - %est bon, merci - u es sre que tu vas bien $ - 2ui, va .inir ta nuit, &e suis vraiment dsole 3e raccroc6ai sans plus attendre 3e mcroulai par terre 3tais dcidmentincapable de r;ler le moindre problme sans laide de quelquun, mes parents avaientraison 3avais envie de me donner des claques


31/95

4.

Hcouter de la musique men .aire e4ploser les t>mpans, &avais oubli lessensations que


32/95

Si &avais t un 6omme, il men aurait coll une 3e poursuivis - )a p6oto est un art, ce qui requiert un minimum de sensibilit 2r tu en estotalement dpourvu %onclusion, tu nes pas .ait pour ce mtier 0on, coute, &ai prisbeaucoup de plaisir discuter avec toiC non, &e plaisante, alors e4cuse-moi, &ai mieu4 .aire

3e le d.iai du re;ard, tendis la tlcommande en direction de la c6a#ne etpoussai le volume au ma4imum 3e me mis ;i;oter sous ses >eu4 avant de lui claquerla porte au ne' 3e4ultais en dansant et en c6antant tue-tte =uest-ce que ctait bon de luiavoir clou le bec + 3avais bien envie de continuer mamuser et de .inir le travailcommenc, &allais lui pourrir sa &ourne %tait .orcment le ;enre de mec aller boireun verre pour se calmer

%ontrairement la premire .ois, &entrai dans le pub dune manire civilise 3esaluai les clients dun ;este de la main a;rment dun sourire 3e commandai un verre

de vin rou;e et pa>ai ma consommation rubis sur on;le, avant de masseoir unedistance respectable de mon voisin 5l tait encore plus ren.ro;n que d6abitude, &avais vraiment d lui taper sur lesner.s 5l &ouait avec son briquet, mEc6oire crispe, il vida dun trait sa bire avant denrecommander une autre dun simple si;ne de tte 5l planta son re;ard dans le mien 3elevai mon verre dans sa direction et bus une ;or;e 3e pris sur moi pour ne pasrecrac6er %e vin, sil mritait vraiment cette appellation, tait imbuvable cBt, unepiquette en bouteille de plastique aurait t recommande par un sommelier =uavais-

&e cru $ rouver un millsime au .in .ond de ce bled irlandais, o7 lon ne buvait que de laGuinness et du w6isI> $ :our autant, ais parti c6e' toi u nas pas de p6otos dvelopper $ - u mas .ait ;Ec6er une pellicule entire au&ourd6ui, alors ne me parle pas demon travail u ne dois mme pas savoir ce que cest, le travail Sans me laisser le temps de rpondre, il enc6a#na - 3e nai pas besoin de te conna#tre pour savoir que tu ne .ais rien de tes

&ournes u nas pas une .amille ou des amis qui tattendent ailleurs $ )a peur me .it ba.ouiller, il avait repris le contrBle - Non, videmment + =ui voudrait de toi $ u es sans intrt u as bien d avoirun mec, mais il est mort dennuiC "a main dcolla toute seule 3e .rappai tellement .ort que sa tte partit sur lecBt 5l se .rotta la &oue et .it un sourire en coin


33/95

- 3aurais touc6 un point sensible $ "a respiration sacclrait, les larmes montaient - 3ai compris, il ne voulait plus de toi 5l a eu bien raison de te lar;uer - )aisse-moi passer, lui demandai-&e alors quil me barrait laccs ma voiture 5l me retint par le bras et me re;arda droit dans les >eu4

- Ne tavise plus &amais de .aire aimes larmes 3e tremblais tellement que mes cls tombrent 3e me battais avec lapoi;ne quand la voiture d8dward partit en trombe Sans tre un meurtrier, cet 6ommerestait dan;ereu4

3tais assise par terre au milieu du s&our @ne .aible lumire clairait la pice)a premire bouteille de vin ntait pas loin dtre .inie Avant dcraser ma ci;arette,

&utilisai le m;ot pour allumer la suivante 3e .inis par attraper mon tlp6one - 1li4, cest moi

- =uoi de neu. au pa>s des moutons $ - 3e nen peu4 plus, &e suis bout - =uest-ce que tu dis $ - 3e te promets, &ai essa>, &e me suis .orce, mais &e n> arrive pas - Da va passer, me dit-il doucement - Non + Da ne passera &amais, > a plus rien, plus rien du tout - %est normal que tu nailles pas bien, ces &ours-ci )anniversaire de %lararemue trop de souvenirs - u iras la voir, demain $ - 2ui, &e moccupe delleC /entre la maison - 0onne nuit 3e titubai &usqu la cuisine 3abandonnai le vin 3e no>ai le &us doran;e dans ler6um, mon verre dans une main, la bouteille dans lautre, &e repartis mcrouler3usquau petit matin, &e bus, .umai et pleurai )e &our tait lev quand mon estomac commen


34/95

tempte maidait partir @n c6ien abo>a tout prs de moi, &e sentis quil me reni.lait, quil me donnait despetits coups de tru..e pour me .aire ra;ir )orsquun si..lement retentit, il sloi;na3allais pouvoir .inir mon vo>a;e - =uest-ce que tu .ais l $

3e reconnus la voi4 rauque d8dward et la peur menva6it 3e me recroquevillaisur moi-mme, .ermai les >eu4 de toutes mes .orces et mis un bras sur ma tte pourme prot;er - 1ous-moi la pai4 + lui lan


35/95

3e navais pas envie de me rveiller, et pourtant mes sens se mettaient en veil"es >eu4 papillonnrent )es murs de ma c6ambre ntaient pas ;ris, ils taient blancs3e lanait pas ;rand-c6ose "esvtements poss sur un sc6e-serviettes taient secs 3Btai ma c6emise avecsoula;ement 3e la ;ardai la main, ne sac6ant quen .aire 3e reprai le panier lin;esale 3avais d& dormi dans son lit, alors mapproc6er de son caleer 3tais prte a..ronter 8dward, etpeut-tre rpondre ses questions 3tais lentre de son s&our, &e me balaneu4 en ;rand d.aut dtreaimable, ctait un cordon-bleu des 9u.s brouills (e temps en temps, &e levais le ne'de mon assiette 5mpossible de deviner ses penses ni de soutenir son re;ard trs


36/95

lon;temps 3e me mis observer autour de moi @n seul constat, 8dward taitbordlique 5l > en avait partout ? du matriel p6oto, des ma;a'ines, des livres, des tasde vtements, des cendriers moiti pleins @n paquet de ci;arettes entra en collisionavec ma tasse, &e tournai la tte vers mon 6Bte - u en crves denvie, me dit-il

- "erci 3e descendis de mon tabouret, pris ma dose de nicotine et me diri;eai vers labaie vitre - 8dward, &e dois te4pliquer ce qui sest pass 6ier - u ne dois rien du tout, &aurais aid nimporte qui - %ontrairement ce que tu crois, &e nai pas l6abitude de me donner enspectacle comme eu4 :ersonne

ne pouvait tre aussi dur - Au revoir, lEc6a-t-il - Si tu as besoin de quelque c6ose, n6site pas - 3e nai besoin de rien 5l me claqua la porte au ne' 3e restai devant un lon; moment =uel con, ce mec

3e dus .aire un ;rand mna;e de printemps pour remettre la maison en ordre 8nmatire de cuite et de ;ueule de bois, peu importe le pa>s, les e..ets taient les mmes 1li4 avait &ou son rBle de t6rapeute merveille en mcoutant de lon;ues6eures au tlp6one 3e venais de traverser une nouvelle crise et &tais encore debout3allais me lancer dans une nouvelle tentative de ;urison 3e c6erc6ais le mo>en d> parvenir lorsquon .rappa la porte 3e .us surprise dedcouvrir mon voisin )es dieu4 taient contre moi 3e ne lavais pas revu depuis que

&tais partie de c6e' lui, une semaine auparavant, et &e ne men portais pas plus mal -0on&our, dit-il sobrement - 8dward - 1inalement, &ai un service te demander :eu4-tu ;arder mon c6ien $ - Abb> et 3acI ne le ;ardent pas, 6abituellement $ - 3e pars trop lon;temps pour leur laisser - =ue veu4-tu dire par trop lon;temps $ - (eu4 semaines ou plus - =uand veu4-tu que &e le prenne $ - "aintenant 5l ne manquait pas de culot 8t il avait laiss tourner le moteur de sa voiture,6istoire de bien me mettre le couteau sous la ;or;e %omme &e pris mon temps pour luirpondre, il eut un rictus et me dit P - 2F, laisse tomber - u permets $ 3e peu4 r.lc6ir $ - /.lc6ir $ :our ;arder un c6ien $


37/95

- %est demand si ;entimentC (accord, amne-le 5l alla ouvrir le co..re de son MM, do7 :ostman :at sauta :lus a..ectueu4 queson ma#tre, il me .it la .te, ce qui marrac6a un sourire - 3> vais, dit 8dward 5l stait install au volant

- Attends, il na pas de laisse $ - Non, tu si..les, et il revient - %est tout $ 8dward .erma sa portire et dmarra en trombe ou&ours le mme con 8t ilprenait la sale 6abitude de me claquer toutes les portes au ne'

*oil trois semaines que &tais do;-sitter rois semaines 8dward se .outait demoi "ais le c6ien tait s>mpa ? mon meilleur ami du moment "on seul ami dans cebled, en .ait 5l me suivait partout, il dormait avec moi =uand &e me mettais lui parler,

&e me .aisais un peu peur Genre vieille mmre c6ien-c6ien "me si en ;uise de

c6ien-c6ien celui-ci tenait la .ois de lEne et de lours @n mlan;e ind.inissable 3e dcouvrais les &oies davoir un compa;non quatre pattes 3aimais .aisait Au&ourd6ui, &e minquitais plusque d6abitude 5l avait disparu depuis trop lon;temps 3tais en na;e .orce de courir sur la pla;e 3e crac6ais mes poumons )a ttepenc6e, les mains sur les ;enou4, &e reprenais ma respiration quand &e reconnuslaboiement de :ostman :at 5l revenait vers moi accompa;n dune inconnue 3e misma main en visire :lus elle sapproc6ait, plus &e me disais que &e naurais pas pupasser cBt de cette .ille sans la remarquer 8lle devait avoir peu prs mon E;e 8lleportait un mini-Iilt avec des ran;ers au4 pieds )a pneumonie la ;uettait, elle e46ibaitun dcollet plon;eant peine recouvert par un blouson de cuir @ne masse boucle etauburn lui servait de ti;nasse Avant darriver ma 6auteur, elle attrapa un bEton et lelaes un coup c6e' toi $


38/95

8lle passa son bras sous le mien, nous .it .aire demi-tour et nous entra#na endirection du cotta;e %ette .ille ntait pas la s9ur d8dward, leurs parents ne pouvaientpas avoir en;endr deu4 en.ants si di..rents )eur seul point commun tait la couleurde leurs >eu4, ceu4 de 3udit6 avaient le4acte teinte de ceu4 d8dward, le mme bleu-vert

3e la .is entrer, elle scroula directement dans le canap et mit les pieds sur latable basse - u veu4 un ca., un t6 $ - u es .raner et les.actures 8lle continua de &acasser, une vraie pipelette :uis, comme si une mouc6e lavaitpique, elle se leva dun bond - 3e te laisse, Abb> et 3acI mattendent 8lle tait d& partie dans lentre - Attends, tu oublies tes clopes - Garde-les, cest de la contrebande, &ai un petit accord avec les docIers, me dit-elle en me .aisant un clin d9il - u ne vas pas rentrer pied, il .ait nuit u veu4 que &e te ramne $ - u ri;oles $ @n peu de4ercice pour mes cuisses demain

3udit6 revint le lendemain comme prvu :uis le surlendemain rois &ours quelleenva6issait mon espace vital :arado4alement, sa prsence ne mtou..ait pas 8lle me.aisait rire %tait une provocatrice-ne 8lle mettait en valeur ses .ormes di;nes decelles dune actrice italienne et &urait comme un c6arretier ds quelle ouvrait labouc6e ? cocItail dtonant 8lle mabreuvait du rcit de ses 6istoires damourabracadabrantes Autant elle navait peur de rien et tait sre delle, autant elle se.aisait avoir par le premier beau ;ar


39/95

- 3e lui devais un service 8lle me re;arda, suspicieuse Sans relever, &e minstallai sur le canap enrepliant mes &ambes sous mes .esses - 8dward a-t-il tou&ours t comme


40/95

con.iance 5l est convaincu quil sera tra6i ou abandonn 5l ma appris me dbrouillertoute seule et ne compter sur personne 5l ma tou&ours prot;e et na &amais 6sit

&ouer des poin;s pour me d.endre de t>pes trop entreprenants son ;ot - 5l est violent $ - :as vraiment, il se bat quand on lemmerde, ;enre quand on le pousse bout

- 3e crois bien que cest ce que &ai .ait, marmonnai-&e 8lle me re;arda en plissant les >eu4 - u nas quand mme pas peur de lui $ - 3e ne sais pas, il est vraiment dsa;rable avec moi 8lle clata de rire - Da, cest sr que ta venue le .ait c6ier, mais ne tinquite pas, il a des principes8ntre autres, ne &amais lever la main sur une .emme 5l serait plutBt du ;enre secourirla demoiselle en dtresse - 3ai du mal ima;iner que celui dont tu me parles soit mon voisin

3udit6 repartait pour (ublin le lendemain 8lle mavait retrouve pour ma baladequotidienne avec :ostman :at Nous tions assises dans le sable @ne .ois de plus,elle c6erc6ait en conna#tre davanta;e sur moi - u cac6es quelque c6ose =ue .abriques-tu ici $ 3e narrive pas accepter queni Abb> ni moi na>ons russi te tirer les vers du ne' - 5l n> a rien dire "a vie nest pas intressante, &e tassure 3e partis la rec6erc6e de :ostman :at 5l avait encore c6app masurveillance 3e courus en direction du sentier des cotta;es, &avais tou&ours peur quunevoiture le renverse ou, pire, qu8dward arrive et trouve son c6ien laiss en libert 3e remis la main dessus et le tirai par son collier pour le ramener vers la pla;e cet instant, le MM d8dward arriva devant les cotta;es :our bien prouver lautorit que

&avais sur le canid, &e le tins .ermement &usqu ce que son ma#tre soit cBt de nous5l lui .it la .te, et 8dward me .usilla du re;ard 2n resta l se &au;er, le c6ien passantde lun lautre @n 6urlement strident retentit 3udit6 arrivait en courant 8lle sauta sur son .rre3e crus distin;uer lesquisse dun sourire sur le visa;e d8dward 8lle .init par le lEc6er8lle lui attrapa le menton et le .i4a en .ron


41/95

8dward leva les >eu4 au ciel et partit devant 3udit6 me prit dans ses bras - 3e reviens dans deu4 semaines pour les vacances de NoQl, &irai te voir et tupasseras au4 aveu4 - 3e ne crois pas 3e lui rendis son treinte, la prsence de cette .ille me .aisait du bien

3e restai sur la pla;e les re;arder partir 3udit6 sautillait cBt de son .rre,6eureuse dtre avec lui )ui, sa manire, devait ltre tout autant


42/95

5.

3e navais pas eu de nouvelles de 1li4 depuis plus dune semaine %tait lecomble, &e c6erc6ais aprs lui Au bout de trois tentatives dappel, il dcroc6a en.in - (iane, &e suis overbooI + - 0on&our quand mme + - 1ais vite, &e suis dbord par mes prparati.s de NoQl - =uas-tu prvu $ - es parents mont appris que tu ne passais pas les .tes c6e' eu4, ils montinvit, &ai dit non, ils essaieraient encore de me .aire e4orciser la place, cest la .tedu slip ">Ionos - A6 $ 2F

- 3e tappelle mon retour 5l raccroc6a 3e restai quelques instants le tlp6one coll loreille (e mieu4 enmieu4, loin des >eu4, loin du c9ur =ue mes parents naient pas insist pour que &erentre pour les .tes,


43/95

table basse, les ;uirlandes lumineuses, un#ingle ellsremasteris en bruit de .ond,tout > tait 8n moins de quelques minutes, Abb> et 3udit6 se c6ar;rent de me mettre laise 8lles me .orcrent masseoir, 3udit6 me tendit une tasse de t6, et Abb> uneassiette remplie de cooIies, de carrot caIe et autres pains dpices croire quellesvoulaient me .aire ;rossir 3acI riait en secouant la tte

(epuis deu4 6eures, &assistais un spectacle 3udit6 tait assise par terre et.aisait des paquets-cadeau4 quelle dposait au .ur et mesure au pied du sapin Abb>tricotait une c6aussette de NoQl 3tais en dcala;e complet avec cette ambiance Dad;oulinait de bons sentiments, &e ne cro>ais plus tout 8dward se retourna dun coup - (e quoi parle'-vous $ %e nest pas lArme du salut, ici Son corps tait tendu comme un arc, &e naurais pas t tonne de voir de la.ume sortir de ses oreilles - u nen as pas marre dtre con $ lui rpondit sa s9ur 2n a invit (iane pourNoQl, et tu nas pas ton mot dire Si


44/95

pas NoQl - "aisC - Ninsiste pas - 1ais comme tu veu4, me dit 3acI "ais si tu c6an;es davis, la porte test;rande ouverte

- "erci beaucoup 3e vais vous laisser, il se .ait tard - /este d#ner, me proposa Abb> - Non, merci Ne bou;e' pas, &e connais le c6emin 3udit6 se mit en retrait Abb> me prit nouveau contre elle 3e vis son re;ardrprobateur se poser sur son neveu 3allai dposer un baiser sur la &oue de 3acI quime .it un clin d9il 3e me postai devant 8dward qui me re;arda droit dans les >eu4 - "erci, lui murmurai-&e pour que personne ne mentende u viens de me rendreun ;rand service u as du bon .inalement - 1ous le camp dici, marmonna-t-il entre ses dents - Au revoir, lui dis-&e voi4 6aute 5l ne rpondit pas 3e lan


45/95

5l .reina dun coup sec 3e voulais sortir le plus vite possible, mais impossible dedtac6er ma ceinture - u as besoin daide $ - )a .erme + 6urlai-&e 3e russis .inalement me4tirper de l et, pour une .ois, cest moi qui lui claquai

la porte au ne' 8n.in, la portire - 3o>eu4 NoQl + me lan barricader

Nous tions le R dcembre, il tait on'e 6eures, et quelquun .rappait maporte 3udit6 8lle me bouscula pour entrer - NoQl est .ini +

8lle partit dans la cuisine se servir un ca. et revint scrouler dans le canap - 5l > a vraiment un truc pas net avec toi, me dit-elle 3ai une .aveur tedemander - 3e tcoute -ous les ans, anise la soire du Terde lAn 3e me sentis blmir 3e me levai et allumai une ci;arette - )e patron du pub me conna#t depuis toute petite, il ne peut rien me re.user usais, "ulrann>, il n> a que des vieu4, et ils ne sont vraiment pas branc6s cotillons(onc, il me prte le pub, et &en .ais ce que &en veu4 2n a pass de sacrs moments,l-bas - 3ima;ine - c6aque .ois, tous mes potes viennent, cest de la .olie .urieuse 2n picole, onc6ante, on danse sur les tablesC 8t cette anne, nous aurons une 1raneu4 avant de lui rpondre - %est bon, &e viendrai, mais &e ne resterai pas lon;temps - %est ce que tu dis Alle', cest parti, &ai du pain sur la planc6e 8lle .ila comme une tornade 3e me..ondrai dans mon .auteuil, et me pris la tteentre les mains


46/95

3avais russi convaincre 3udit6 que &e pouvais me passer de son aide 3esavais encore m6abiller toute seule et &e supposais que ses conseils vestimentairesauraient t du plus mauvais ;ot

3e contemplais mon re.let devant la ps>c6 de ma c6ambre 3avais le sentimentdtre d;uise, et pourtant ctait moi que &e redcouvrais 3e me re;ardai lon;uementdans le miroir )e constat tait simple, &avais vieilli, &tais marque (es rides avaient.ait leur apparition, et re;arder de plus prs, &avais des c6eveu4 blancs 8t puis &epensai %olin Alors, &e masquai certaines traces de mon c6a;rin avec du maquilla;e3assombris mes paupires et appliquai une paisse couc6e de mascara sur mes cils,

&e mis mes >eu4 en valeurs pour lui :ar r.le4e, &e nouai mes c6eveu4 en c6i;nondsordonn, quelques mc6es tombaient dans mon cou, il les attrapait tou&ours 3em6abillai en noir des pieds la tte, pantalon, dos nu et escarpins "on seul bi&ou,mon alliance qui pendait entre mes seins

3tais devant le pub )e parIin; tait complet, la .te devait d& battre sonplein 3allais me retrouver .ace un tas dinconnus 3allais devoir parler, sourire et celame semblait au-dessus de mes .orces 3e poussai la porte en sou..lant un ;rand coup )a c6aleur me surprit %taitbond,


47/95

bar, il sirotait son verre et me re;ardait 3eus limpression dtre passe au dtecteurde mtau4 - "a s9ur a encore .ait des siennes, dit-il avec un rictus au4 lvres 8lle atou&ours t .ascine par les c6iens errants - 8t toi, tu vas a;resser combien de personnes $

- Aucune, part toi %e sont mes amis - =ui voudrait tre ami avec toi $ 3e tournai les talons )a soire sannon


48/95

8lle penc6a la tte sur le cBt et le dtailla sous toutes les coutures 5l remplissaittous les critres pour quelle tombe dans le panneau, son blouson de cuir, son tee-s6irttellement col v quon aurait pu voir son nombril, et son crEne ras - 3e suis trs 6eureu4 de .aire ta connaissance, lui dit-il en &ouant de son sourirec6armeur

- 8t moi donc 3espre que (iane est prteuse 3e .ilai un coup de pied discret mon sducteur de meilleur ami, etaccessoirement narcissique - inquite, on a toute la soire pour .aire plus ample connaissance, mais il > aun truc que &e dois te dire - 3e suis tout ouJe, lui rpondit-elle en battant des cils - Da ne collera &amais entre nous - 26 + 3e ne me suis &amais .ait rembarrer si vite 3e pue de la ;ueule $ 3ai untruc entre les dents $ - Non, tu nas &uste rien entre les &ambes 3e levai les >eu4 au ciel 3udit6 clata de rire

- 2F Aide-moi au moins la retenir &usquau petit matin, lui dit-elle en medsi;nant du menton - 3e sais e4actement ce quil .aut .aire pour


49/95

planta en .ace de moi - 2n ne peut mme pas .umer en pai4, dis-&e - *a dire ton mariole de .outre la pai4 ma s9ur - 8lle na pas lair de se plaindre - 1ais-le d;a;er de l, sinon &e men occupe

3e me redressai et mapproc6ai de lui 3e posai un doi;t sur son torse, qui sevoulait tout aussi menaeu4sancrrent dans les miens 5l se colla moi et serra mon poi;net plus .ort - Ne me pousse pas bout + - Sinon quoi $ u me .rappes $ - 36site - (;a;e, maintenant

3e tirai une dernire bou..e sur ma ci;arette, crac6ai la .ume en direction deson visa;e et laissai tomber mon m;ot ses pieds %e nest quune .ois lintrieurque &e ralisai que mes &ambes tremblaient - 86 bien dis donc, ctait c6aud entre toi et le voisin, me dclara 1li4 en arrivant cBt de moi - 3ai essa> de tarran;er le coup 3e le plantai pour aller au ravitaillement, il me .allait un verre )es 6eures d.ilaient 3e ne sentais plus mes pieds .orce de danser 3emamusais vraiment, &tais l;re et nen revenais pas Sau. que mon tat dbritavanc commenndrome de la petite vieille 3e .usperturbe par une voiture qui me colla )e conducteur .it des appels de p6ares 3e


50/95

ralentis volontairement )a raction .ut immdiate, il dbo#ta dun coup de volant et me.it une queue de poisson 3e reconnus la voiture d8dward 5l voulait la ;uerre, il allaitlavoir (evant c6e' moi, &e serrai le .rein main et partis en courant c6e' lui - 2uvre tout de suite cette porte + urlai-&e en tambourinant Sors de l

immdiatement 3e me mis .aire les cent pas en continuant lui crier dessus 3e nen pouvaisplus, &attrapai des caillou4 par terre et les envo>ai valdin;uer contre sa porte et ses.entres - u es compltement cin;le + cria-t-il en sortant en.in de c6e' lui - %est toi le malade u nes quun c6au..ard doubl dun connard .ini + 2n var;ler nos comptes une bonne .ois pour toutes - *a cuver ailleurs - 3e suis pire quune san;sue :lus tu me diras de partir, plus &e resterai - 3aurais mieu4 .ait de te laisser moisir sur la pla;e - u ne sais pas de quoi tu parles, e4plosai-&e en lui tapant dessus u ne sais

rien 3e co;nais de toutes mes .orces, &essa>ais de le ;ri..er 5l se d.endaitmollement en esquivant mes attaques simplement avec ses bras - %alme-toi + 8ntendis-&e 1li4 me dire derrire moi 5l passa un bras autour de ma taille, me souleva et mloi;na d8dward 3econtinuai .rapper dans le vide - )Ec6e-moi, &e vais ltriper - Da ne vaut pas le coup, me rpondit-il en resserrant sa prise autour de moi 3e laneu4 ;rands ouverts :uis il secoua la tte - Aussi ;ivrs lun que lautre, marmonna-t-il, prt rentrer c6e' lui - /este l, on nen a pas .ini, lui dit 1li4 5l me posa, et prit mon visa;e en coupe - u vas me promettre de rentrer c6e' toi, et d> rester, daccord $ - Non - )aisse-moi r;ler


51/95

.

0ou;er dans mon lit me .aisait mal au crEne 3essa>ais pniblement douvrir les>eu4, ils me piquaient 3avais la bouc6e pEteuse et des courbatures Avant davoirpos le pied par terre, &e savais que la &ourne serait interminable Da mapprendrait .aire la .olle en soire 3ouvris les rideau4 pour tenter de me rveiller qui tait cettevoiture ;are devant c6e' moi $ 3e sentais quil me manquait un dtail norme propos de la veille "on premier s6oot de ca.ine de la &ourne me remettrait les >eu4en .ace des trous )a descente des marc6es .ut douloureuse, tant &avais mal au4c6eveu4 5l > avait un corps tal sur mon canap )a brume se dissipa 1li4 5l avait un bras et un pied qui tra#naient par terre 5l tait tou&ours 6abill et ron.lait

comme un camion Son visa;e restait invisible - /veille-toi, lui dis-&e en le secouant - ais-toi, &e veu4 dormir - %omment vas-tu $ u te sens bien $ - 3ai limpression dtre pass sous un rouleau compresseur 5l sassit, ;arda la tte baisse et se .rotta le crEne - 1li4, re;arde-moi 5l leva la tte vers moi Son arcade sourcilire tait .endue, et il avait un bel 9ilau beurre noir 5l sen.on


52/95

- Da pissait le san;, et sa lvre a doubl de volume ape-men cinq + 3e .is la danse de la victoire

Sous la douc6e, &e riais encore des e4ploits de 1li4 5l navait pas arrt de

parler pendant le petit d&euner 5l mavait donn des nouvelles de :aris, il mavaitracont le dmna;ement de notre appartement "es parents et ceu4 de %olin staientservis dans nos a..aires, il ne restait plus rien 8nsuite, il avait dress le bilan pour lesGens )es recettes semblaient au point mort @n &our ou lautre, il .audrait reprendrela..aire en main 8nroule dans mon drap de bain, &e r.lc6issais mon manque denvie derentrer en 1rance 3e croisai mon re.let dans le miroir, et un dtail me c6i..onna "anuque tait nue - 1li4 + - =uoi $ cria-t-il en montant lescalier quatre quatre - 3ai perdu mon alliance

3e me mis san;loter - =uest-ce que tu dis $ - 3e lavais autour du cou 6ier soir - Ne tinquite pas, on va la retrouver u as d la perdre au pub, 6abille-toi (i4 minutes plus tard, nous tions en route )e pub tait .erm, &indiquai 1li4le c6emin &usque c6e' Abb> et 3acI 3udit6 aurait la cl 3allai .rapper la portependant que 1li4 .ouillait la voiture - =uelle surprise de te voir au&ourd6ui, me dit Abb> en mouvrant - 0on&our Abb>, &e voudrais voir 3udit6, cest ur;ent - 8lle dort, mais &e peu4 peut-tre taider - 3e dois entrer dans le pub, &ai perdu quelque c6ose, 6ier soir, lui dis-&e avecdes larmes dans les >eu4 - "a c6rie, que tarrive-t-il $ - Sil te pla#t, aide-moi

3tais dans les bras de 1li4 quand Abb>, 3acI et 3udit6 nous re&oi;nirent aupub 3udit6 .on, tout ce que &e peu4 te dire, cest que ctait muscl "ais on sen.ic6e, occupe-toi de (iane - Si tu le dis 0on, toi maintenant, me dit-elle en ouvrant la porte Da a intrt tre important, parce que &e veu4 tirer cette 6istoire au clair - Da lest 3e pntrai dans le pub et restai ptri.ie quelques instants - u as d& .ait le mna;e $ - 2ui, cest ouvert ce soir 3e venais &uste de me couc6er quand Abb> ma sortie


53/95

du lit "ais tu as perdu quoi, au .ait $ - @n bi&ou 3e commen est pour rien, me dit 1li4 en sapproc6ant de moi *iens, on vac6erc6er tous les deu4 %6acun de nous partit dun cBt du pub 3e me tra#nai par terre, &e caressai leparquet dans lespoir que mes doi;ts rencontrent la c6a#ne - (iane, mappela doucement Abb> en sa;enouillant mes cBts (iane,re;arde-moi 8lle posa sa main sur mon bras - 3e nai pas le temps - (is-nous ce que tu c6erc6es, on peut taider - 3ai perdu mon alliance 3e la porte autour du cou

- u es marie $ demanda 3udit6 )es mots re.usrent de sortir - )aissons (iane c6erc6er seule, dit Abb> 3e men.ermai dans ma bulle, &e nentendis plus rien de ce qui se passait autourde moi 3avan a rien, me rpondit 1li4 - u nas pas bien re;ard 3e mcroulai au sol et me tins le ventre en pleurant 1li4 me prit dans ses braset me ber sans les voir - 3e vais continuer c6erc6er, &e la retrouverai promit 3udit6 Abb> et 3acI se contentrent de me serrer contre eu4, &e ;ardai les bras le lon;du corps, le re;ard dans le va;ue 1li4 me soutint &usqu la voiture 5l attac6a maceinture de scurit et emprunta la route du cotta;e 5l maida me couc6er Aprs mavoir .ait avaler un cac6et daspirine, ilsallon;ea cBt de moi et me prit dans ses bras 3e perdis la notion du temps 3tais


54/95

vide - 3e dois > aller, me dit-il 3ai mon avion prendre u veu4 rentrer avec moi $ - Non, &e reste ici - 3e tappelle rapidement 3e lui tournai le dos 5l membrassa 3e neus aucun ;este pour lui 3coutai le

son de ses pas 5l .erma silencieusement la porte de la demeure 3entendis sa voituresloi;ner 3tais seule 8t %olin et %lara taient morts une seconde .ois

(epuis trois &ours, &e restais prostre dans un .auteuil du s&our 3e tenaistou&ours la main les p6otos de %olin et %lara Avant de repartir (ublin, 3udit6 taitvenue me dire au revoir 8lle navait pas retrouv mon alliance )orsque des coups retentirent de nouveau ma porte, cest en tra#nant des piedsque &allai ouvrir 8dward se tenait sur le seuil - u es la dernire personne que &e veuille voir, lui dis-&e avant de commencer re.ermer la porte

- Attends, me rpondit-il en la bloquant avec son poin; - =uest-ce que tu veu4 $ - e donner


55/95

pas eu le cran de remercier mon voisin comme il se devait Alors que &e prenais le ;rand air, assise sur la pla;e, &e vis :ostman :at;ambader vers moi 5l vint c6erc6er des caresses et se couc6a mes pieds 5l tombait point nomm, &e commeneu4 - u nes pas plus bavard que lui, 6ein $ - 0on&our, me dit une voi4 rauque derrire moi (epuis quand tait-il l $ - 0on&our - Sil te ;ne, vire-le - Non, au contraire 8dward eut un sourire en coin 3tais certaine quil avait tout entendu 5lsaccroupit et dposa un sac par terre 5l sortit un appareil p6oto, salluma une ci;arette

et me tendit son paquet sans un mot 3e me servis et pris mon coura;e deu4 mains - 3e voulais te remercier - %est bon - Non, &e voudrais .aire quelque c6ose pour toi (is-moi - u es ttue :uisque tu insistes, pa>e-moi une bire ce soir, au pub 5l se releva et partit en direction de la mer - plus tard, me lan


56/95

- 84cuse-moi, &e nai pas compris, tu as parl en .ran


57/95

(epuis qu8dward et moi avions enterr la 6ac6e de ;uerre, nous narrtions pasde nous croiser ? sur la pla;e, c6e' Abb> et 3acI, o7 &e passais de plus en plus detemps, et mme par.ois au pub 3e marc6ais sur la pla;e 3avais embarqu :ostman :at c6ien pendantqu8dward prenait des p6otos 8n revenant prs de lui, &e le vis ran;er son matriel

prcipitamment - =ue .ais-tu $ - 3e nai pas envie de me .aire tremper, &e rentre - :etite nature 5l me sourit - u devrais en .aire autant - u ri;oles, il > a &uste trois petits nua;es - Da .ait presque si4 mois que tu vis ici, et tu nas pas encore compris le climat3e te &ure quon va essu>er un srieu4 ;rain 5l partit en direction de c6e' lui en a;itant la main :ostman :at 6sitait entre sonma#tre et moi 3e lui lan 8dward avaitdu talent, si le clic6 tait de lui - 8n.ile


58/95

- %est un interro;atoire $ - NonC nonC dsole, &e suis trop curieuse 3e commen plaisais, et puis &e cro>ais que tu aimais vivre prsdelle - 5l .allait que &e c6an;e de vie 5l se re.erma comme une 6u#tre et se leva subitement - u restes d#ner $ )a surprise passe, &acceptai la proposition 8dward sa..aira au4 .ourneau4, etinterdiction totale pour moi de laider (urant le repas, il me parla de 3udit6, de ses parents, de son oncle et de sa

tante "oi &e me con.iai sur mes rapports de plus en plus con.lictuels avec ma .amille 5leut la pudeur de ne me poser aucune question sur %olin et %lara 3e montrai les premiers si;nes de .ati;ue - %est qui, la petite nature $ me demanda 8dward - 5l est temps que &e rentre 8dward me raccompa;na lentre 3> remarquai un sac de vo>a;e pos terre - u pars $ - (emain matin, &ai un reporta;e 0el.ast - =ue .ais-tu de ton c6ien $ -u le veu4 $ - Si


59/95

- 3e navais pas ralis que tu revenais au&ourd6ui - 3e peu4 repartir, si tu veu4 - 5mbcile, entre 5l me suivit &usquau salon, le c6ien dai;na lui .aire la .te, mais repartitrapidement se vautrer sa place 8dward se mit tout observer autour de lui

- u .ais le tour du propritaire $ lui demandai-&e - :as du tout, mais ait rien, il .aisaitnuit - 3ai cuisin pour la premire .ois depuis plus dun an et demi au&ourd6ui, et &aiencore en tte les portions .amiliales 3en ai pour un r;iment 3aimerais bien que tud#nes avec moi - %e serait mal poli de re.user - "erci, rpondis-&e en baissant la tte (urant le d#ner, 8dward me raconta sa semaine 3e le .is rire avec mes dboiresdus au4 .u;ues de son c6ien certains moments, &e survolais la scne, &e parta;eaisavec plaisir un repas c6e' moi avec celui que &appelais mon .umier de voisin il > avaitencore quelques &ours %tait surraliste Aprs avoir lanc une ca.etire, &e revins dans le s&our, et &e trouvai 8dward,ci;arette au4 lvres, debout au milieu de la pice 3e ne distin;uais pas ce quil avaitdans les mains et quil re;ardait 5l leva le visa;e et planta ses >eu4 dans les miens - *ous .ormie' une belle .amille 3e mapproc6ai de lui et saisis la p6oto quil tenait 3e massis, et il saccroupit cBt de moi %tait une de nos dernires p6otos de .amille, quelques semaines avantleur mort - 3e te prsente %olin et %lara, lui dis-&e en caressant le visa;e de ma .ille - 8lle te ressemble - u trouves $ - 3e vais te laisser dormir 5l en.ila son caban, si..la son c6ien et partit en direction de lentre - 3e pars dans trois &ours pour les #les dAran, dclara-t-il - u veu4 que &e ;arde :ostman :at $ - Non, viens avec moi - ein $ - Accompa;ne-moi l-bas u ne seras pas d


60/95

!.

3e ne r.lc6is pas lon;temps avant daccepter la proposition d8dward Nouspart#mes sous les re;ards mduss dAbb> et 3acI, qui il con.iait :ostman :at pourloccasion )e tra&et en voiture et la traverse en mer se .irent dans le plus ;rand dessilences Avec lui, &apprenais ne pas parler pour ne rien dire peine le pied pos sur l#le, il mentra#na une de ses e4trmits, la luminosittait prtendument par.aite pour ses p6otos %est l que &e commen


61/95

- Si - :ourquoi as-tu voulu le .aire $ - 2n sen moque 1ais quelque c6ose, nimporte quoi, tire-moi par les pieds, maisne me laisse pas l - N> compte pas

)e salaud 3e le sentis sallon;er cBt de moi - =uest-ce que tu .ais $ Sans un mot, il se rapproc6a davanta;e de moi, passa un bras par-dessus mondos et me serra contre lui 3e ne bou;eai tou&ours pas - Avance avec moi, me dit-il doucement 3e secouai la tte =uand &e sentis 8dward amorcer le mouvement vers le bord,

&e camou.lai ma tte dans son cou - 3e vais tomber - 3e ne te lEc6erai pas 3e d;a;eai lentement mon visa;e )e vent me .ouetta, et mes c6eveu4volti;rent dans tous les sens 3ouvris doucement les >eu4 et &eus le sentiment dtre

aspire dans un ;ou..re en dcouvrant les va;ues se .racasser contre la paroi )a prised8dward se ra..ermit 3e cli;nai des >eu4, &e me laissai aller, &e ne pouvais riencontrBler, tout mon corps se relEc6a 3e .inis par tourner la tte vers 8dward 5l mere;ardait - =uoi $ )ui demandai-&e - :ro.ite du spectacle 3e lui &etai un dernier coup d9il et me penc6ai nouveau 8dward .init par selever, il mattrapa par la taille et me mit debout 3esquissai un sourire - 2n va rentrer, mannon


62/95

- 0on&our, dit-il simplement 3tais trouble - Alors, ces p6otos $ =uestionnai-&e pour passer autre c6ose - 3e verrai au tira;e, pas avant 3ai .ini pour la &ourne u veu4 marc6er unpeu $

3e levai le visa;e vers lui 3e le .i4ai, &avais envie de lui prendre la main, et rienne men empc6a 5l mattira contre lui 3> restai quelques instants, c6amboule par lesentiment de scurit qui me submer;eait 3e .inis par mloi;ner lentement 3e marc6aivers la mer, &e re;ardai en arrire, 8dward me suivait, &e lui souris, il me rendit monsourire

3avais dormi la moiti de la &ourne, et pourtant &tais puise 3allais encoretomber comme une masse - =uas-tu prvu demain $ (emandai-&e 8dward devant la porte de mac6ambre

- 3ai trouv un bateau pour aller passer la &ourne sur une autre #le au lar;e - 3e peu4 venir avec toi $ 5l sourit, et passa une main sur son visa;e - )aisse tomber, &e vais tencombrer, lui dis-&e en ouvrant la porte de mac6ambre - 3e nai pas dit non 3e me retournai et le re;ardai - *iens avec moi, mais tu vas devoir te lever au4 aurores @n sourire stira au coin de ses lvres - + 3e suis capable de me rveiller + - (ans ce cas, &e passe te c6erc6er si4 6eures 5l se rapproc6a de moi et eut le mme ;este que dans laprs-midi, il membrassasur la tempe

3avais pro;ramm le rveil de la c6ambre et celui de mon portable )orsquetoutes les sonneries se dclenc6rent, &e .is un bond dans mon lit 3eus le sentimentdavoir peine dormi 3e crus mcrouler de .ati;ue sous la douc6e %est totalement auradar que &ouvris ma porte si4 6eures ptantes )es >eu4 mi-clos, &e vis 8dward, .raiscomme un ;ardon - u viens de quelle plante $ lui demandai-&e la voi4 enroue de sommeil - 3e dors peu - 5l > a des couc6ettes sur le bateau $ 5l me .it si;ne de le suivre 5l .it un croc6et par la cuisine pendant que &emappu>ais au mur de lentre en me demandant comment &allais tenir toute la &ourne - iens, me dit-il 3ouvris les >eu4 5l me tendait une tasse t6ermos - %est bien ce que &e crois $ - 3e commence te conna#tre - "erci, mon (ieu +


63/95


64/95

- %omme


65/95


66/95

3ouvris les >eu4, et mes premires penses .urent pour lui 3e re;ardai mamontre, notre bateau partait dans une 6eure 3e me douc6ai, m6abillai, ran;eai mesa..aires et .ermai mon sac (ans le couloir, &e &etai un coup d9il la porte de sa

c6ambre, elle tait ouverte 3allai voir sil tait encore l :ersonne )e mna;e avaitd& t .ait 3e me rendis la cuisine Seul le propritaire s> trouvait 5l me sourit et metendit une tasse de ca. 5l entreprit de me servir encore un de ses petits d&euners dontil avait le secret - Non merci 3e nai pas trs .aim, ce matin - %omme vous voule', mais pour la traverse, cest mieu4 davoir quelque c6osedans le ventre - 3e me contenterai du ca. 8n restant debout, &e bus quelques ;or;es - *ous ave' vu 8dward $ =uestionnai-&e - 5l est tomb du lit 8ncore moins causant que d6abitude, vous ima;ine' $

- (i..icile croire - 5l est parti sur le port, et puis il est revenu r;ler vos nuits - 8t l, o7 est-il $ - @n vrai lion en ca;e, il vous attend de6ors - A6C 3e d;lutis et .inis mon ca., sous l9il ;o;uenard de mon 6Bte - *ous tes toute pEle %est cause de la traverse ou d8dward $ - =uel est le pire $ 5l clata de rire 3e lui .is un petit si;ne de la main pour le saluer et me diri;eai vers lentre 8dward ne remarqua pas mon arrive )e visa;e .erm, il tirait sur sa ci;arettecomme un .orcen 3e lappelai doucement 5l se tourna, me .i4a avec une e4pressionindc6i..rable sur le visa;e et savan 5l esquissa un sourire, prit ma main et mentra#na vers le port :lus nousavancions, plus &e me rapproc6ais de lui 3e .inis par entrelacer nos doi;ts 8n arrivant sur le bateau, nous dmes nous lEc6er pour quil se dc6ar;e de son.ardeau 3e le suivis sur le pont 5l > avait un vent dcorner les b9u.s 5l alluma uneci;arette quil me tendit, &e la pris et lobservai allumer la sienne 5l sappu>a aubastin;a;e 2n .uma en silence )e bateau quitta l#le Nous navions pas bou; - Da va secouer, me dit 8dward en se redressant - u restes l $ - :our le moment /entre, si tu pr.res 3e me campai sur mes pieds et maccroc6ai mon tour la rambarde Datan;uait d&, et le vent me .aisait mal au4 oreilles, mais pour rien au monde &e naurais


67/95

voulu tre ailleurs (un coup, &e .us labri 8dward stait install derrire moi, sesbras autour de mon corps, ses mains sur les miennes - :rviens-moi si tu te sens mal, me dit-il loreille )e rire tait perceptible dans sa voi4, &e lui donnai un l;er coup de coude dansles cBtes

Nous e..ectuEmes toute la traverse serrs lun contre lautre et sans c6an;erun mot %tait tellement bon de pro.iter de tout a;e 5l prit nouveau ma main dans lasienne pour re&oindre le parIin; :endant que &e montai dans la voiture, il c6ar;ea leco..re )orsquil ;rimpa son tour, il soupira pro.ondment 5l dut sentir que &elobservai, il se tourna et me re;arda droit dans les >eu4 - 2n rentre $ - %est toi le c6au..eur (urant tout le tra&et, nous nous en.ermEmes c6acun dans nos penses 8nde6ors dun .ond musical, seul le bruit de lallume-ci;are se .aisait entendreAlternativement, nous enc6a#nions les ci;arettes )e pa>sa;e d.ilait sous mes >eu4, et

&e tripotais ma c6a#ne et mon alliance 3e nosais plus re;arder 8dward )orsque &e visle panneau de "ulrann>, &e me raidis 5l ;ara la voiture devant mon cotta;e et laissa lemoteur tourner - 0on, &ai du boulot - :as de problme, lui rpondis-&e prcipitamment en descendant de la voiture 3e claquai la portire plus .ort que &e ne le sou6aitais 3e rcuprai mes a..airesdans le co..re 8dward ne bou;ea pas et ne dmarra pas pour autant Arrive devant laporte du cotta;e, &e partis en qute de ma cl )orsque &e mis en.in la main dessus, &e.ulminais tellement que &e narrivai pas trouver le trou de la serrure Sil navait rien me dire, il navait qu partir 3e lEc6ai tout et me retournai prcipitamment 3e percutai 8dward 5l me rattrapapar la taille avant que &e ne tombe en arrire :lusieurs secondes passrent :uis il melEc6a 3e passai ma main dans mes c6eveu4, il salluma une ci;arette - u pourrais me re&oindre c6e' moi, ce soir $ me proposa-t-il - 3eC ouiC &en ai envie Nous nous re;ardEmes lon;uement )a tension monta dun cran 8dward secoual;rement la tte - plus tard 3e .ronant se penc6er 5l ramassa ma cl et ouvrit laporte - %est mieu4 comme


68/95

".

3e venais de sortir de la douc6e 8lle avait t lon;ue, bouillante et rela4ante3tais nue devant le miroir et &observais mon corps *oil bien lon;temps que &e n>avais pas prt attention 5l stait teint la mort de %olin 8dward lavait rveilldoucement 6ier 3e savais ce qui se passerait entre nous ce soir 3usque-l, &e pensaisque plus aucun 6omme ne me touc6erait )aisserais-&e les mains et le corps d8dwardremplacer ceu4 de %olin $ 3e ne devais pas penser dratante, mettre une ;outte de par.um aucreu4 de mes seins, lisser mes c6eveu4, c6oisir de la lin;erie, m6abiller avec lenvie desduire

)a nuit tait tombe 3tais dans tous mes tats, telle une adolescente transiedamour, pour un 6omme que &e 6aJssais il > avait peu de temps encore 8t l, quelques6eures sans lui me mettaient en tat de manque 3e &etai un coup d9il par la .entre,les lumires c6e' lui taient allumes Avant de commencer me ron;er les on;les, &e;rillai une ci;arette 3errai dans la pice, &avais des bou..es de c6aleur, et puis &taisprise de .rissons quoi bon attendre plus lon;temps $ 3en.ilai mon blouson de cuir,attrapai mon sac main et sortis =uelques mtres sparaient nos cotta;es, &e trouvaiquand mme le mo>en dallumer une autre ci;arette 3e marrtai au milieu du c6emin,

&e me dis que &e pourrais .aire demi-tour, il nen saurait rien, &e lui tlp6onerais, &e luidirais que &e ne me sentais pas bien 3tais terri.ie, &allais .orcment le dcevoir, &e nesavais plus comment .aire 3e ris toute seule /idicule, voil ce que &tais, ctaitcomme le vlo, eu4 dans les miens "a respiration sa..ola, et le semblant de calme dont

&avais pens .aire preuve partit en .ume - 8ntre - "erci, lui rpondis-&e dune toute petite voi4 5l se dcala pour me laisser passer :ostman :at me .it la .te, cela ne medtendit pas le moins du monde 3e sursautai lorsque &e sentis la main d8dward seposer dans le bas de mon dos 5l me ;uida &usquau salon - 3e te sers un verre $ - 2ui, &e veu4 bien 5l membrassa sur la tempe et partit derrire le bar :lutBt que de le suivre des>eu4, &e pr.rai observer autour de moi pour me convaincre que ctait le mme8dward quavant notre s&our sur les #les dAran, que nous allions passer une soiretout .ait normale et amicale, que &e mtais .ait des .ilms sur nous deu4 Son bordell;endaire et ses cendriers qui dbordaient allaient me rassurer 3e scannai la piceplusieurs .ois de suite, en proie la plus ;rande panique - u as .ait le mna;e $


69/95

- Da ttonne $ - :eut-tre, &e ne sais pas - *iens tasseoir 3e &etai un coup d9il dans sa direction 5l me .it si;ne de minstaller dans lecanap 3e posai mes .esses sur le rebord 3e pris le verre de vin quil me tendait sans

le re;arder 3e devais tout pri4 trouver un truc pour combattre ma nervosit 3attrapaiune ci;arette, &e neus pas le temps dallumer mon briquet quune .lamme apparut sousmon ne' 3e remerciai 8dward 5l sassit sur la table basse en .ace de moi, but une ;or;e de Guinness et mere;arda 3e piquai du ne' 5l souleva mon menton - out va bien $ - 0ien sr =uas-tu .ait au&ourd6ui $ u as travaill $ 8t les p6otos,


70/95

sur le canap 3e laissai c6apper un soupir de plaisir au moment o7 nos peau4 nuesse touc6rent pour se coller lune lautre 3e sentis sa barbe me c6atouiller le cou, ildposa un baiser prs de mon oreille - u es sre de toi $ murmura-t-il 3e le re;ardai, passai la main dans ses c6eveu4, lui souris et lembrassai %est

cet

Les Gens Heureux Lisent Et Boivent Du Café

Documents

Transcript of Les Gens Heureux Lisent Et Boivent Du Café