les gens de l'oubli n°28

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N°28 / 1 Er TRIMESTRE 2009 / SOMMAIRE p. 2 La Maison va s'agrandir... p. 3 La Maison p. 3/4 Quand les murs murmurent... Les vies de bout de ficelle Financements maison dela solidarité 29 rue Edmond dar∫ois 92230 Gennevilliers T 01 47 90 49 03 F 01 47 33 60 93 [email protected] attentes du public accueilli et aux nécessités du service. Il ne s’agit pas seulement ici d’une remise en conformité des installations. Il s’agit de permettre d’accomplir notre mission d’accueil. Accueil inconditionnel de tous ! Oui, mais voilà. Par exemple : Pour accéder aux sanitaires (W.C., douches, lavabos) et aux lave-linge installés au sous-sol, les accueillis doivent emprunter un escalier abrupt, excluant ainsi d’office les personnes à mobilité réduite. La fourniture d’eau chaude ne suit plus. Il n’y a pas de salle pour les entretiens individuels d’accompagnement. Alors que les tâches administratives ne cessent d’augmenter, les salariés et les bénévoles ne disposent que d’un minuscule bureau. C’est en permanence le jeu des chaises tournantes. Comment, dans ces conditions, continuer de proposer un accueil digne de ce nom sans adapter nos moyens ? Alors arrive un temps où il faut prendre des décisions. Certes, certains pourraient se demander s’il n’aurait pas été plus judicieux, dans le contexte actuel, d’utiliser l’argent à satisfaire les besoins du public accueilli plutôt qu’à des travaux coûteux. La réponse est sans ambiguïté : pour fonctionner efficacement dans la durée, il faut d’abord investir. La provenance des fonds n’est d’ailleurs pas la même (un tiers de fonds publics, deux tiers de fonds privés). C’est pourquoi le Conseil d’Administration a pris la décision de lancer ces travaux d’aménagement à partir de novembre 2008. Il est probable que, pendant leur durée, l’accueil sera parfois perturbé mais il faut penser à l’après. C’est pour cela qu’il fallait décider de les faire. La Maison de la Solidarité a ouvert ses portes le 1 er février 1995. Les locaux, achetés grâce à un don de la Fondation Abbé Pierre, ont été aménagés à cet effet au cours des années 1993 / 1995. Mais les fondateurs pensaient alors que ce lieu d’accueil fonctionnerait pendant quelques années seulement, c’est-à-dire le temps nécessaire pour résorber la misère et réinsérer les plus démunis. Hélas, nous savons tous qu’il n’en est rien et que de plus en plus de personnes viennent frapper à la porte de notre centre d’accueil. Et ce n’est pas seulement à cause des horaires d’ouverture élargis et de nouveaux services. La situation ne cesse de s’aggraver partout. Faut-il le souligner : en 2007, 19 848 passages, 2 697 douches, 1 254 lessives. Ainsi, treize ans après leur ouverture, les locaux ne sont plus adaptés aux AGRÉÉE PAR LA FONDATION ABBÉ PIERRE BIEN SÛR QU’IL FALLAIT LES FAIRE par Régis Toulemonde, président L’HISTOIRE D’UN PROJET ET DE SON FINANCEMENT par Michèle Joubeaux Notre président Régis Toulemonde, dans son éditorial, présente les travaux que la Maison de la Solidarité a commencé d'entreprendre. Mais avant d’en arriver à cette phase, il aura fallu beaucoup de temps, d’énergie, d’obstination, pour mettre au point le projet et obtenir les financements indispensables. Nous vivions depuis longtemps à l’étroit dans notre Maison puisque notre famille s’agrandit d’année en année. Nous réfléchissons, comment améliorer cette situation ? En février 2003, nous évoquons la possibilité d’un agrandissement en terrasse, de la mise en place d’un Algéco dans la cour. Pour des raisons techniques il faudra abandonner l’idée de s’installer sur la terrasse. Quant à l’Algéco, après des recherches, nous avons des propositions de location mais aucun des modèles ne correspond à la place disponible. Il faut abandonner ces deux projets. L’idée de construire, dans la cour, une sorte de chalet agréable à regarder, confortable, germe dans les esprits. Les calculettes sont mises à contribution… et cela donne le tournis. Avril 2004, le projet a évolué : construction de deux bureaux dans la cour avec escalier extérieur, démolition et reconstruction pour un autre usage du bureau existant, achat d’une bande de terrain appartenant à la DDE, qui jouxte notre bâtiment, ce qui permettrait de voir plus grand pour nos futurs locaux prévus pour le médecin, un atelier soins et coiffure… Janvier 2005 : rencontre avec les Services de la mairie pour présenter notre projet. Septembre 2005 : chiffrage des travaux, mise au point du projet, recherche des entreprises de \ suite page 2 att ention chantier !

description

Le n°28 du journal édité par la Maison de la Solidarité (Fondation Abbé Pierre) à Gennevilliers. Sujet : l'agrandissement du lieu d'accueil — le chantier en cours — l'historique de la Maison depuis 1995.

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N°28 / 1Er TRIMESTRE 2009 / SOMMAIRE

p. 2 La Maison va s'agrandir...

p. 3 La Maison

p. 3/4 Quand les murs murmurent...

Les vies de bout de ficelle

Financements

maisondelasolidarité

29 rue Edmond dar∫ois92230 GennevilliersT 01 47 90 49 03F 01 47 33 60 [email protected]

attentes du public accueilli et aux nécessités du service. Il ne s’agit pas seulement ici d’une remise en conformité des installations. Il s’agit de permettre d’accomplir notre mission d’accueil.

Accueil inconditionnel de tous ! Oui, mais voilà.

Par exemple : Pour accéder aux sanitaires (W.C., douches, lavabos) et aux lave-linge installés au sous-sol, les accueillis doivent emprunter un escalier abrupt, excluant ainsi d’office les personnes à mobilité réduite. La fourniture d’eau chaude ne suit plus. Il n’y a pas de salle pour les entretiens individuels d’accompagnement.

Alors que les tâches administratives ne cessent d’augmenter, les salariés et les bénévoles ne disposent que d’un minuscule bureau. C’est en permanence le jeu des chaises tournantes.

Comment, dans ces conditions, continuer de proposer un accueil digne de ce nom sans adapter nos moyens ? Alors arrive un temps où il faut prendre des décisions. Certes, certains pourraient se demander

s’il n’aurait pas été plus judicieux, dans le contexte actuel, d’utiliser l’argent à satisfaire les besoins du public accueilli plutôt qu’à des travaux coûteux.

La réponse est sans ambiguïté : pour fonctionner efficacement dans la durée, il faut d’abord investir. La provenance des fonds n’est d’ailleurs pas la même (un tiers de fonds publics, deux tiers de fonds privés). C’est pourquoi le Conseil d’Administration a pris la décision de lancer ces travaux d’aménagement à partir de novembre 2008. Il est probable que, pendant leur durée, l’accueil sera parfois perturbé mais il faut penser à l’après.

C’est pour cela qu’il fallait décider de les faire.

La Maison de la Solidarité a ouvert ses portes le 1er février 1995. Les locaux, achetés grâce à un don de la Fondation Abbé Pierre, ont été aménagés à cet effet au cours des années 1993 / 1995. Mais les fondateurs pensaient alors que ce lieu d’accueil fonctionnerait pendant quelques années seulement, c’est-à-dire le temps nécessaire pour résorber la misère et réinsérer les plus démunis.

Hélas, nous savons tous qu’il n’en est rien et que de plus en plus de personnes viennent frapper à la porte de notre centre d’accueil. Et ce n’est pas seulement à cause des horaires d’ouverture élargis et de nouveaux services. La situation ne cesse de s’aggraver partout.Faut-il le souligner : en 2007, 19 848 passages, 2 697 douches, 1 254 lessives. Ainsi, treize ans après leur ouverture, les locaux ne sont plus adaptés aux

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BIEN SÛR QU’IL FALLAIT LES FAIRE par Régis Toulemonde, président

L’HISTOIRE D’UN PROJET ET DE SON FINANCEMENTpar Michèle Joubeaux

Notre président Régis Toulemonde, dans son éditorial, présente les travaux que la Maison de la Solidarité a commencé d'entreprendre. Mais avant d’en arriver à cette phase, il aura fallu beaucoup de temps, d’énergie, d’obstination, pour mettre au point le projet et obtenir les financements indispensables.

Nous vivions depuis longtemps à l’étroit dans notre Maison puisque notre famille s’agrandit d’année en

année. Nous réfléchissons, comment améliorer cette situation ?

En février 2003, nous évoquons la possibilité d’un agrandissement en terrasse, de la mise en place d’un Algéco dans la cour. Pour des raisons techniques il faudra abandonner l’idée de s’installer sur la terrasse. Quant à l’Algéco, après des recherches, nous avons des propositions de location mais aucun des modèles ne correspond à la place disponible. Il faut abandonner ces deux projets.

L’idée de construire, dans la cour, une sorte de chalet agréable à regarder, confortable, germe dans les esprits. Les calculettes sont mises à contribution… et

cela donne le tournis.

Avril 2004, le projet a évolué : construction de deux bureaux dans la cour avec escalier extérieur, démolition et reconstruction pour un autre usage du bureau existant, achat d’une bande de terrain appartenant à la DDE, qui jouxte notre bâtiment, ce qui permettrait de voir plus grand pour nos futurs locaux prévus pour le médecin, un atelier soins et coiffure…

Janvier 2005 : rencontre avec les Services de la mairie pour présenter notre projet. Septembre 2005 : chiffrage des travaux, mise au point du projet, recherche des entreprises de

\ suite page 2

attention

chantier !

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gros-œuvre, de chauffage et d’électricité, démolition, cloisons, carrelage (entreprises de réinsertion dans toute la mesure du possible).

Janvier 2006 : le CA donne son accord sur le projet et la recherche de financement va commencer.

Février 2006 : nous demandons à une agence immobilière d’estimer notre bien et de nous proposer des lieux à acheter tels qu’entrepôt, garage… sur la ville, pas loin du métro… afin d’étudier toutes les possibilités et de ne rien négliger. Les coûts sont exorbitants pour des lieux non adaptés. On oublie.

Les demandes de permis de construire et de démolir sont déposées en mairie le 17 février 2006 : quatre mois d’attente. L’accord nous parviendra en décembre 2006 (validité deux ans).

En mars, démarches auprès de la mairie pour une demande de toit provisoire durant les travaux afin que l’accueil ne soit pas interrompu. Accueil favorable.

Entre temps, nous contactons les Services de la mairie pouvant nous guider afin de présenter des demandes de financement auprès du Conseil Général et du Conseil régional entre autres. Prise de contact également avec le PACT-ARIM.

Début avril 2006, le conseil régional nous adresse le dossier de demande de financement. Il faudra trois mois pour rassembler les 21 pièces demandées. Lettres,

« LA MAISON DE LASOLIDARITÉ VA S’AGRANDIR, SE TRANSFORMER…

par Christiane Acas

E. a passé la porte, il y a longtemps, 6 mois après son ouverture.

Il a vu toutes les transformations sur la terrasse, les placards pour la bagagerie…

Il attend le changement, mais il a pris ses habitudes, il aime venir aussi comme cela.

Il aimait quand c’était plus humain, quand il y avait moins de monde mais il mesure bien les besoins nouveaux, le nombre plus important de personnes dans la rue.

Il attend les améliorations de la Maison : « Qu’elle prenne jeunesse ».

Lui, la Maison de la Solidarité, c’est ses racines.

C’est le « bonheur » de retrouver chaque jour ses copains, l’équipe de salariés et de bénévoles.

Il ne veut pas rester seul, la solitude n’est pas bonne conseillère, on « rabâche » toujours la même chose.

Alors, si la Maison de la Solidarité apporte un peu plus de bonheur à chacun, il est d’accord et, si en plus on pense à un bout de jardin… »

L'HISTOIRE D'UN PROJET…\ suite page 1 appels téléphoniques auprès des Impôts, du notaire,

des entreprises de repérage d’amiante et de plomb, des Domaines pour une estimation de notre bien…

Le dossier sera déposé le 3 juillet au conseil régional. Nous l’avons particulièrement soigné, il fait 5 cm d’épaisseur, il ne manque aucun des documents demandés. Etant inconnus du conseil régional, la couverture est agrémentée de belles photos de notre Maison afin attirer l’attention.

La récompense arrivera dès septembre 2006 : accord pour une subvention de 100 000 €, le maximum que nous pouvions espérer. Durée du financement : deux ans.

En juin 2008, les travaux n’étant pas encore commencés par cause de financement insuffisant, le conseil régional en est informé, et nous demandons une prolongation de la subvention. Début septembre, la demande est rejetée. C’est la consternation, sans cette somme il est impossible d’envisager les travaux. C’était sans compter avec la chargée de mission qui suit notre dossier ; nous présentons la situation des

financements le 25 septembre, et le 20 octobre nous apprenons que notre demande est acceptée. Ouf ! les coups de pioche vont pouvoir commencer.

Pour ce qui est du conseil général, une première demande est adressée en juillet 2006, beaucoup d’autres suivront, sans succès. Par contre, la Fondation Abbé Pierre nous soutient, ainsi que de nombreuses fondations privées et la mairie de Gennevilliers. Le budget n’est pas bouclé, il faut être encore tenace et relancer les structures qui n’ont pas répondu à notre demande, contacter d’autres partenaires.

Nous avons adressé plus de 80 lettres de demande de financement auprès d’industriels, de mairies, de ministères, de fondations privées. Ces dernières seront les premières à répondre favorablement avec la Région.

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QUAND LES MURS MURMURENT, IL FAUT TENDRE L’OREILLEpar Ghislaine Valadou

Quand j’ai découvert ce qui allait devenir la Maison de la Solidarité ? C’était en novembre 1994. Pierre Andrieux fut mon guide de l’époque.

On entrait de plain-pied, dans une salle où il fallait slalomer entre des planches, contourner des blocs de placoplâtre, des rouleaux de tuyaux en plastique colorés, enjamber des sacs de ciment. C’était vraiment « le chantier ». Les ouvriers de l’entreprise d’insertion « l’Etrier » s’affairaient du côté de la cuisine.

Le carrelage de cette grande salle était posé, ainsi que les radiateurs. Pierre m’expliquait « Cette grande ouverture allait donner place a une baie vitrée, enfin peut-être… L’architecte y tient beaucoup, de toute façon, l’entrée sera là, avec une ou deux grandes fenêtres si la baie vitrée n’est pas acceptée ». Alors moi, l’idée de la baie vitrée entre la rue et l’accueil m’a immédiatement séduite.

Pierre continuait les présentations. Sur le mur opposé, il prévoyait une cheminée : « Là, au milieu. On accède à la terrasse par une échelle mais c’est provisoire. » Au sous- sol une buanderie, pour les douches, lave-linge et sécheuses.

Ce qui deviendra l’espace cuisine était surélevé. Eclairé par deux puits de lumière au plafond. J’y ai vu immédiatement une scène pour réaliser des spectacles. Je posais la question « Y’a –t-il une cloison de séparation ? » « Non, tout est ouvert !», Alors qu’est-ce que j’ai aimé cette réponse, j’avais lu le projet.

Ce beau « volume » généreux, ouvert, laissant pénétrer la lumière, qui était entrain de se bâtir là, devant moi, était en cohérence avec le texte d’intention de cet accueil solidaire et militant. MAISON.

Dans ma tête je signais déjà… Je commençais à rêver… Cet accueil collectif pour rompre l’isolement, où tout le monde peut se rapprocher ou s’éloigner sans être abandonné des autres.

En sortant joyeuse, de cette première visite, je vais terminer ma journée au cinéma, voir « Forrest Gump » qui vient de sortir en salle. Forrest Gump, ce jardinier d’Alabama, affecté d'un quotient intellectuel inférieur à la moyenne, qui découvre la course à pieds et se met à courir de plus en plus loin. IL rencontre les présidents de l’Histoire américaine, sur trente ans. Un beau film plein d’espoir.

Je me souviens de la bande annonce avec la phrase « La vie c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur lequel on va tomber. »

\ suite page 4

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LA MAISONpar Luc Barre, architecte DPLG

Je me souviens de 95, quand nous avons visité avec Joêlle Abancourt et quelques-uns cet atelier de carreleur qui est devenu la maison de la Solidarité. Il y avait des étagères partout, du carrelage, des sacs de colle, une fosse pour vidanger les voitures au milieu de la grande salle… c’était magnifique d’imaginer ce qu’on allait en faire.

La Maison accueillait, et accueillait de plus en plus, et pour ceux qui y travaillaient, c’était presque sur les genoux. Ghislaine, qui avait toujours des grands projets et qui mettait toujours des roses sur ses décolletés, aurait construit sur les arbres, sur les nuages.

On a cherché où et comment agrandir. Sur le toit, en sous sol, chez le voisin… Finalement, n’ayant aucune imagination, on est resté chez nous, et on a fait ce projet d’un petit bâtiment en bois sur deux niveaux. Mais ne vous en faites pas, on va y mettre, dans la Maison, tout le « confort moderne » : le chauffage, l’eau chaude, des sanitaires neufs, des douches spacieuses, de quoi chauffer le corps… Pour ce qui est de réchauffer – je veux parler du cœur – c’est la gentillesse, la disponibilité, les sourires, les conseils, l’aide… Enfin bon, on ne va pas jeter des fleurs à l’équipe de Claudine… Mais en vrai, croyez-moi, parole d’architecte, les lieux, ça sera bien, et beau, et un peu plus grand – sauf la cour. Mais l’accueil, juré ! ça sera encore mieux.

Les démarches se poursuivent auprès de notre voisine, la DDE, pour tenter d’obtenir la jouissance d’une parcelle de terrain et ainsi compenser le manque d’espace de la cour après travaux. Les premières démarches ont été faites en 2005, elles se poursuivent actuellement.

Après tout cela, il est facile d’imaginer notre joie lorsque nous pourrons offrir de bonnes conditions

d’accueil aux personnes qui fréquentent la Maison, et de meilleures conditions de travail pour les salariés. La pugnacité aura payé.

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LES GENS DE L’OUBLI - n°28Directeur de publication et président de l’AssociationRégis Toulemonde

Comité de rédaction du n° 28 : Jeanine Boisard, Bernard Legrand, Olaf Mühlmann, Benjamin Steinberg.

Notre joyeuse frappeuse de textes : Michèle Maffre

Notre fidèle correctrice : Jeanine Boisard

Pour toute remarque, contactez-nous au 01 47 90 49 03.

Directrice de la Maison : Claudine Muller

Crédits photos : D.R. Maison de la Solidarité, Olaf Mühlmann

Conception graphique : Olaf Mühlmann http://design.lgr.free.fr

Impression : LNI

Imprimé sur papier 100% recyclé, Cyclus print 115g/m2

JUSQU'AUHORAIRES D’ACCUEIL D'HIVER

jusqu'au 31 mars 2009lundi - vendredi : 8 h - 12 h & 18 h - 21 h 30

après-midi : rendez-vous et ateliers culturels.

Les premiers coups de pioche n'auraient pas été possibles sans :

- les financements publics du conseil régional Ile-de-France, la ville de Gennevilliers et la ville d'Asnières-sur-Seine ;

- le concours financier des fondations et partenaires privés :

. Fondation Abbé Pierre . Fondation ANBER . Association APPOS . Fondation BRUNEAU . Centre d'entraide 72 de Bois-Colombes . Association COLAM INITIATIVES . Education et Santé des Jeunes . GDB International . Fondation JULIENNE DUMESTE

Nous tenons également à remercier M. François Eck et M. Benoît Mialaret pour leur aide précieuse et leur dévouement envers la Maison de la Solidarité.

REMERCIEMENTS

« La fracture sociale » est l’un des principaux thèmes de la campagne présidentielle. Jacques Chirac est élu.

Le 1er février 1995, 8 heures. C’est le premier jour. Les murs sont brut de décoffrage, de larges traces d’enduit blanc un peu partout. Des gros bancs d’église, deux tables, quelques chaises. Au plafond, les ampoules à lumière nue. Le parfum de ce premier café partagé se mélange à l’odeur du ciment qui imprègne la grande salle. Nous sommes une dizaine, avec des balais et des chiffons, pleins d’émotion d’être là, dans l’attente du premier accueil, et avec le sentiment de commencer une histoire humaine que nous avons à construire de l’intérieur pour que cette Maison soit un lieu habité. Trois semaines après, l’inauguration : aux murs, des peintures prêtées par des amis artistes.

En juin, les murs prennent de la couleur avec un chantier-école et la participation totale et solidaire de trois accueillis. Des ateliers de concertation, nuanciers en main, donneront la tendance : « Claire–pas–trop–vive ». Je fais glisser subrepticement des couleurs plus vives sur la bagagerie et dans les sanitaires. Il faudra savoir attendre, être patient, que ce tissage humain se tricote, se brode, se noue, s’entrelace, s’accepte dans sa différence pour que la couleur des murs devienne le reflet de ce lieu d’accueil chaleureux et joyeux.

Pendant ce temps là, les hautes autorités ministérielles, sportives et publicitaires cherchent un nom pour le futur stade de 80 000 places de Saint-Denis. Après des mois de votes, les accueillis nous annoncent le nom vainqueur : « Stade De France ». Leur humour prend le dessus par le sigle : SDF : Stade de France, sans domicile fixe, sans difficulté financière…

La petite maison dans la cour de 35m2 est devenue « Mon bureau–vestiaire des bénévoles (à l’époque entre 25 et 30 personnes) – stockage alimentaire et d’hygiène–secrétariat–archives–administratives /associatives / accueillis »

Une seule porte d’accès : mon bureau. Excellent pour la communication des aventuriers- accueillants, mais un peu fatiguant pour téléphoner et écrire des projets. Mais nous étions tous tellement transportés par l’enthousiasme de ce qui naissait jour après jour, que rien n’arrêtait ce « navire de la Solidarité ». Pour donner de la couleur au ciment de ce multiplex-service, nous avons même travaillé tout un week-end de 14 juillet le jour pour peindre, et la nuit pour traiter les sols en plusieurs couches !

L’accueil des personnes ne faisait que grandir, les services s’amplifiaient, deux embauches salariées étaient venues renforcer l’équipe en place. Et à la fin d’une journée plus éprouvante, quelqu’un a dit : « Ce n’est plus possible de continuer comme ça, examinons les possibilités. »

On perça une porte dans le multiplex de 100m2 qui entre temps avait prospéré avec des placards, des espaces bureau le long des murs. On déménagea le stockage alimentaire/hygiène 3 mètres plus loin, et acheta un grand frigo congélateur.

Pendant que les technocrates noircissaient les pages de milliers de dossiers mis à l’étude sur : « L’état du mal-logement » ! tandis que les expulsions repoussaient avec les bourgeons ! que les squatteurs étaient pourchassés de lieux en lieux, nous nous lançons pleins d’énergie et d’humanisme dans une recherche action culture : « Chacun cherche son toit », avec les accueillis et une équipe pluridisciplinaire. Réfléchir avec la connaissance que nous avions capitalisée des années écoulées.

En 2002, nous accueillons 859 personnes, la maison est traversée par 13 266 passages, la marche de l’immigration est en route, tous les signaux s’allument. Le Conseil d’Administration se compose de douze personnes. Nous sommes cinq personnes salariées à temps plein, trois intervenants ponctuels, quinze bénévoles sur l’accueil, et sept intervenants missionnés sur les projets culture.

Chirac est réélu avec 82,2% devant Le Pen à 17,7%.

« Je veillerai à ce que les principes de liberté, d'égalité et de fraternité inspirent constamment l'action de mon gouvernement…

…Cela signifie pour moi une solidarité renforcée. Une solidarité concrètement attentive aux difficultés de chaque Français. Une solidarité qui fasse reculer la précarité et qui redonne l'espoir à ceux qui l'ont perdu… ». (1)

Les lave-linge avaient rendu leur moteur déjà deux fois. Les sécheuses, elles aussi, suivaient leurs copines de lavage. Un cumulus supplémentaire pour les douches s’était ajouté. Un an après, un autre en binôme. Nous devions en être à l’achat de notre 15e cafetière, du 6e fer à repasser, et tout le reste à la suite…

Le public avait changé, il avait vieilli avec la crise, il s’était diversifié. Les femmes avec leurs enfants avaient franchi la porte. L’accueil restait incondition-nel, fidèle au texte fondateur du projet ; le travail social s’était modifié. Mais les murs, lessivés réguliè-rement, et recolorisés, eux ne s’étaient pas écartés pour autant. L’escalier raide et étroit de la buanderie était dangereux pour les enfants, et impraticable pour les personnes impotentes.

Les moindres recoins de la Maison étaient immobilisés par les corps anesthésiés de fatigue.

En 2005 le Conseil d’Administration met à l’étude l’agrandissement de la Maison, cette année-là durant la période hivernale, nous ouvrons l’accueil de 8 heures à 22 heures.

Forrest Gump lui avait couru pendant 3 ans 2 mois 14 jours et 16 heures, avant de s’arrê ter. Nous, voilà déjà presque 14 ans que nous sommes à flot sans interruption, et le port n’est toujours pas visible, la route s’annonce encore longue il ne nous reste qu’à agrandir le bateau.

(1) Allocution de M. Chirac, président de la République, lors de la cérémonie d'investiture. Le jeudi 16 mai 2002.

QUAND LES MURS MURMURENT,…\ suite page 3

LES VIES DE BOUT D’FICELLE Ce livre est une sélection de textes écrits par les « Accueillis » de la Maison de la Solidarité, entre 2004 et 2008, dans le cadre d’un atelier d’écriture animé par Françoise Le Golvan-Subtil, de l’association Elisabeth Bing.

En vente à la Maison de la Solidarité au prix de 12 €.Les bénéfices de cette vente serviront à financer les ateliers d’écriture de l’année 2009.