les gens de l'oubli #30 "épauler"

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N°30 / ÉTÉ 2010 / SOMMAIRE maison dela solidarité 29 rue Edmond dar∫ois 92230 Gennevilliers T 01 47 90 49 03 F 01 47 33 60 93 [email protected] sécurité identitaire, religieuse et physique face aux mouvements migratoires, parlant même de profiteurs. Toutes ces inquiétudes génèrent un rejet, une incompréhension et, partant, une certaine indifférence aux problèmes des autres. Et pourtant, dans notre pays, l’égalité des chances peut et doit devenir une réalité. En partageant, il y a de la place pour tous car, par exemple, la France manque de main d’œuvre, en particulier dans la restauration, dans le bâtiment, dans les hôpitaux. Combattre l’Indifférence ! Il y a urgence. Heureusement, tous ne restent pas insensibles face à ces injustices et à ces raisonnements. Des fondations, des associations, des hommes et des femmes, conscients des atteintes à la dignité de l’homme, n’entendent pas en rester là. Ils cherchent à sensibiliser et à expliquer combien il est important, indispensable et profitable de se re- connaître tous égaux et de donner les mêmes chances à chacun. Dans les quartiers dits sensibles, des associations de quartier font un travail considérable pour aider à souder la population, et ça marche. Femmes, adolescents et adultes collaborent activement pour une compréhension et une reconnaissance mutuelle. Au début des années 90, des habitants de Gennevilliers et d’Asnières ont remarqué que des gens restaient toute la journée à errer dans les rues, sans occupation et sans le moindre abri pour se poser et se reposer. Ils créèrent alors une association dans le but d’accueillir ceux-ci pendant la journée. En 2004, un tsunami d’une rare violence a provoqué un désastre naturel sans précédent. En janvier 2010, Haïti est à son tour dévastée par un terrible séisme. L’émotion collective qu’ont provoqué ces deux événements parmi tant d’autres, a été la cause d’un élan de solidarité de la part du monde entier. Du fait de la rapidité et de l’ampleur de ces phénomènes, les gens ne sont pas restés indifférents. À l’opposé, personne n’a pu voir des reportages des jeux paralympiques de Vancouver de mars 2010. Indifférence totale, d’ailleurs en partie imposée par les médias. Plus près de nous, des problèmes apparemment moins spectaculaires, mais au combien tragiques car touchant les populations, ne sont pas traités avec les moyens nécessaires, et tendent à s’enliser dans une grande indifférence. Comment ne pas parler des handicaps accumulés que représente en France le fait d’être un immigré et, pire, de couleur ? Pour certains, leurs parents, pourtant immigrés de longue date, n’ont pas pu leur faire franchir les étapes à l’insertion, faute de moyens. p. 1 Combattre l’indifference : pourquoi ? p. 2/3 Aider, accompagner, soutenir... C’est quoi… ? De quoi parle t-on ? Quelques définitions De qui parle-t-on ? Nouveau public de la maison : les jeunes de moins de 25 ans Aider, agir,… oui, mais présentement dans quelles situations sommes-nous ? p. 4 Bilan d’hiver Ils nous ont quittés Solidairement Nôtres (nos partenaires), horaires,… Dans un article publié dans le journal La Croix du 25 janvier 2010, sous le titre « Etranger en France, Français à l’Etranger », Hamid Senni explique son parcours du combattant, pour s’en sortir, compte tenu des innombrables discriminations qu’il a dû subir et continue de subir. Pour poursuivre des études supérieures, il a même dû partir à l’étranger. Alors qu’il est né en France, qu’il se pensait Français, on l’opposa, lui et ses semblables, aux Français de souche. Il appartenait à l’immi- gration post-coloniale et non européenne. Un bagage lourd à porter qui fait qu’aujourd’hui, en France, il se sent Français de seconde classe. Ce contexte d’exclusion sociale et culturelle quotidienne conduit lentement mais infailliblement vers une perte identitaire avec, pour conséquence notamment, la création de ghettos. On en mesure actuellement les conséquences dans divers quartiers de banlieue. L’indifférence ! N’y a-t-il pas, caché sous ce terme, des craintes, des peurs, des grandes inquiétudes qui en seraient la cause ? Peur du présent, peur de l’avenir. De fait, le taux de chômage a fortement augmenté. La pénurie de logements sociaux mais aussi le montant des loyers dont le poids sur un petit salaire devient insupportable, la tendance à la mono- parentalité, la précarité dans le travail, contraignent les plus fragilisés à abandonner leur logement pour se réfugier dans une caravane, dans une tente, dans une cage d’escalier ou, pire, dans la rue, ce qui en fait des marginalisés. D’autres craignent pour leur AGRÉÉE PAR LA FONDATION ABBÉ PIERRE .../ suite page 2 épauler! COMBATTRE L’INDIFFERENCE : POURQUOI ? par Régis Toulemonde, président

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Journal de la Maison de la Solidarité à Gennevilliers (Fondation Abbé Pierre). Sujet de ce numéro 30 : " épauler ".

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N°30 / ÉTÉ 2010 / SOMMAIRE

maisondelasolidarité

29 rue Edmond dar∫ois92230 GennevilliersT 01 47 90 49 03F 01 47 33 60 [email protected]

sécurité identitaire, religieuse et physique face aux mouvements migratoires, parlant même de profiteurs. Toutes ces inquiétudes génèrent un rejet, une incompréhension et, partant, une certaine indifférence aux problèmes des autres. Et pourtant, dans notre pays, l’égalité des chances peut et doit devenir une réalité. En partageant, il y a de la place

pour tous car, par exemple, la France manque de main d’œuvre, en particulier dans la restauration, dans le bâtiment, dans les hôpitaux.

Combattre l’Indifférence ! Il y a urgence. Heureusement, tous ne restent pas insensibles face à ces injustices et à ces raisonnements. Des fondations, des associations,

des hommes et des femmes, conscients des atteintes à la dignité de l’homme, n’entendent pas en rester là. Ils cherchent à sensibiliser et à expliquer combien il est important, indispensable et profitable de se re-connaître tous égaux et de donner les mêmes chances à chacun.

Dans les quartiers dits sensibles, des associations de quartier font un travail considérable pour aider à souder la population, et ça marche. Femmes, adolescents et adultes collaborent activement pour une compréhension et une reconnaissance mutuelle. Au début des années 90, des habitants de Gennevilliers et d’Asnières ont remarqué que des gens restaient toute la journée à errer dans les rues, sans occupation et sans le moindre abri pour se poser et se reposer. Ils créèrent alors une association dans le but d’accueillir ceux-ci pendant la journée.

En 2004, un tsunami d’une rare violence a provoqué un désastre naturel sans précédent. En janvier 2010, Haïti est à son tour dévastée par un terrible séisme. L’émotion collective qu’ont provoqué ces deux événements parmi tant d’autres, a été la cause d’un élan de solidarité de la part du monde entier. Du fait de la rapidité et de l’ampleur de ces phénomènes, les gens ne sont pas restés indifférents. À l’opposé, personne n’a pu voir des reportages des jeux paralympiques de Vancouver de mars 2010. Indifférence totale, d’ailleurs en partie imposée par les médias.

Plus près de nous, des problèmes apparemment moins spectaculaires, mais au combien tragiques car touchant les populations, ne sont pas traités avec les moyens nécessaires, et tendent à s’enliser dans une grande indifférence. Comment ne pas parler des handicaps accumulés que représente en France le fait d’être un immigré et, pire, de couleur ? Pour certains, leurs parents, pourtant immigrés de longue date, n’ont pas pu leur faire franchir les étapes à l’insertion, faute de moyens.

p. 1 Combattre l’indifference :

pourquoi ?

p. 2/3 Aider, accompagner, soutenir...

C’est quoi… ?

De quoi parle t-on ?

Quelques définitions

De qui parle-t-on ?

Nouveau public de la maison :

les jeunes de moins de 25 ans

Aider, agir,… oui, mais présentement

dans quelles situations sommes-nous ?

p. 4 Bilan d’hiver

Ils nous ont quittés

Solidairement Nôtres (nos partenaires), horaires,…

Dans un article publié dans le journal La Croix du 25 janvier 2010, sous le titre « Etranger en France, Français à l’Etranger », Hamid Senni explique son parcours du combattant, pour s’en sortir, compte tenu des innombrables discriminations qu’il a dû subir et continue de subir. Pour poursuivre des études supérieures, il a même dû partir à l’étranger. Alors qu’il est né en France, qu’il se pensait Français, on l’opposa, lui et ses semblables, aux Français de souche. Il appartenait à l’immi-gration post-coloniale et non européenne. Un bagage lourd à porter qui fait qu’aujourd’hui, en France, il se sent Français de seconde classe. Ce contexte d’exclusion sociale et culturelle quotidienne conduit lentement mais infailliblement vers une perte identitaire avec, pour conséquence notamment, la création de ghettos. On en mesure actuellement les conséquences dans divers quartiers de banlieue.

L’indifférence ! N’y a-t-il pas, caché sous ce terme, des craintes, des peurs, des grandes inquiétudes qui en seraient la cause ? Peur du présent, peur de l’avenir.

De fait, le taux de chômage a fortement augmenté. La pénurie de logements sociaux mais aussi le montant des loyers dont le poids sur un petit salaire devient insupportable, la tendance à la mono-parentalité, la précarité dans le travail, contraignent les plus fragilisés à abandonner leur logement pour se réfugier dans une caravane, dans une tente, dans une cage d’escalier ou, pire, dans la rue, ce qui en fait des marginalisés. D’autres craignent pour leur

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épauler!COMBATTRE L’INDIFFERENCE : POURQUOI ? par Régis Toulemonde, président

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par Claudine Jutteau-Muller

Accompagnement : se joindre à quelqu'un pour le suivre, le guider, l’épauler. En matière sociale : présence physique, psychologique et professionnelle d'un inter-venant dans une phase d'adaptation, de réadaptation ou d'intégration sociale, dans le but d'assurer son bon déroulement.

Précarité : absence d'une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d'assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. L'insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendue et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives.

Exclusion sociale : relégation ou marginalisation sociale de personnes ne correspondant pas ou plus au modèle dominant d'une société. Elle n'est généralement ni véritablement délibérée ni socialement admise mais constitue un processus plus ou moins brutal de rupture, parfois progressive, des liens sociaux.

DE QUOI PARLE T-ON ? QUELQUES DÉFINITIONS

par Claudine Jutteau-Muller

1,15 €… C’est le prix d’un ticket de métro… Il peut faire basculer une vie ou la pénaliser pour des années.

Quand on est sans ressource, quand les aléas des hébergements obligent les « Accueillis » de la Maison de la Solidarité à des déplacements quotidiens pour dormir au chaud chaque soir, quand les sans-papiers se font « cueillir » par un simple contrôle de titre de transport… ce petit bout de carton peut devenir un mur !

Ainsi, le jeune Simon 23 ans, après cinq ans de « galère » vient de stabiliser sa situation de grande précarité (enfin un travail stable, un hébergement hôtelier), mais il commence sa vie avec une dette à la RATP et à la SNCF de 10 700 € ! En effet, une amende non réglée peut rapidement atteindre des montants exorbitants, avec les pénalités de retard qui vont s’accumuler.

Accompagner ce jeune isolé, c’est l’aider à faire des courriers, à prendre rendez-vous auprès du médiateur de la RATP à la Maison de Justice et du Droit, c’est demander au 115 d’attester des hébergements éloignés, c’est rédiger des rapports sociaux pour expliquer, argumenter, négocier, c’est intervenir auprès du centre des Impôts… Au final, la dette de 10 700 € se soldera à 1 500 €.

Pour ceux qui sont sans papiers, pour ceux qui ont de très petits moyens, peu ou pas du tout de revenu, prendre les transports est devenu anxiogène. Leur cœur bât au rythme des contrôles, avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, amendes, pénalités, dettes, centre de rétention, expulsion…

L’aide parfois consiste à offrir des moyens de circuler. Toute une vie tient parfois pour eux à un bout de carton de 6,5 centimètres.

AIDER, ACCOMPAGNER, SOUTENIR... C’EST QUOI… ?

C’est ainsi qu’avec l’aide de la Fondation Abbé Pierre, la Maison de la Solidarité a ouvert ses portes, le 1er février 1995, aux personnes en grande précarité et souffrant d’exclusion, avec pour but de permettre à chacun de retrouver sa dignité en se sentant reconnu, et de proposer les services indispensables à la satisfaction des besoins élémentaires d’hygiène et alimentaire.

Ceux-ci viennent parce que, pour certains, ils n’ont pas pu surmonter les problèmes auxquels ils ont été confrontés, et ils se sont effondrés. D’autres, ce sont les plus nombreux maintenant, ont fui leur pays parce qu’en guerre, ou à cause de la famine, ou encore faute de trouver du travail, dans l’espoir d’un avenir meilleur ici.

Salariés et bénévoles accueillent ces personnes dont les attentes et les besoins sont très différents les uns des autres, en fonction de chaque parcours. Il faut beaucoup de temps d’écoute pour accueillir, donner confiance, comprendre puis pouvoir venir en aide. Et ici aussi, ça marche.

Dans ce numéro des Gens de l’Oubli, nous expliquons qui sont ces publics et comment la Maison de la Solidarité combat ces injustices, lutte contre l’indifférence et aide à soulager les souffrances du public accueilli. Financièrement, les pouvoirs publics ont soutenu jusqu’à maintenant cette action sociale de terrain, laquelle repose en très grande partie sur les associations.

Qu’en sera-t-il dès cette année, avec la disparition de la DDASS et la réforme des services de l’État en charge du social ? Dans l’esprit de la réforme en cours, on passe d’une logique partant de la satisfaction des besoins des personnes, à une logique de marché public avec appel d’offres et une tarification pour chaque prestation : douche, lessive, petit-déjeuner, etc. En quelque sorte, une logique du social rentable.

Les associations deviendraient ainsi prestataires de service avec un cahier des charges ! Comment alors continuer de proposer un accueil et un accompagne-ment personnalisé, dans le respect de l’autre ? Nous réfléchissons à la manière d’y parvenir sans tomber dans le mercantilisme, au détriment du public accueilli à ce jour.

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tu entres en exclusion. »Alors tu t’aperçois que tu n’as plus de choix :

« Quand il faut choisir

Quand il faut choisir entre un morceau de pain et une sanisette,

Entre le journal du matin, pour lire les offres d’

emploi, et une douche municipale,

Entre une nuit d’amour et un lit nécessaire,

Entre un peu de ta∫ac et trois courriers tim∫r

és,

Entre une nuit d’hôtel et un repas honnête,entre une ca

rte orange et un pull d’hiver,

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D’hommes (85%), de femmes (15%).Majoritairement Sans domicile vivant dans la précari-té, les Sans papiers, travail, revenus, mais surtout des Sans toit.

Pourquoi viennent-ils ? :Pour mille et une raison : exclusion familiale pour les plus jeunes, drame personnel, perte de la situation sociale, maladies psychiques, chômage, perte des liens familiaux, accidents de la vie, immigration, rupture de relations sociales, toxicomanie, prison, handicap physique.

La liste est longue des raisons qui poussent les personnes que nous accueillions à franchir le seuil de notre porte :

• Pour sortir de la solitude, pour faire du lien, pour trouver une écoute, un lieu où exister, un lieu où ils ne sont pas « sous contrainte ».

• Pour exister ! Cela peut paraître curieux, mais chercher un lieu où l’on rencontre l’autre, où l’on a une existence sociale où l’on vous connaît, où l’on vous reconnaît, permet de rester dans le monde des « inclus », au-delà des difficultés ou des problématiques qui sont les leurs.

• Bien entendu aussi pour y trouver de l’aide ou du soutien, dans les batailles quotidiennes qui sont les leurs pour vivre dignement. L’aide prend donc des formes extrêmement variables, selon la situa-tion sociale de la personne accueillie, les revenus ou l’absence de revenu, les conditions « d’habitat », la situation administrative, le besoin de se laver et de laver son linge, de prendre un petit-déjeuner (qui est parfois le seul repas de la journée).

Il est impossible ici de dresser la multiplicité des formes d’aides et d’accompagnement proposés à celles et ceux qui viennent à la Maison. Chaque rencontre, chaque histoire nécessite d’adapter les réponses et les partenariats. La Maison de la Solidarité ne propose, en effet, pas du « Prêt à porter » mais du « sur mesure ».

DE QUI PARLE-T-ON ?

par Claudine Jutteau-Muller

Petit rappel : selon les statistiques officielles, au plan national, 25 à 30% des personnes SDF ont moins de 25 ans !

Sur la dernière période, entre septembre 2009 et mars 2010, nous avons accueilli 26 jeunes de moins de 25 ans dont trois femmes et 23 hommes (dix sont sans papiers). L’observation de terrain, tirée des entretiens individuels, est riche d’enseignements sur les parcours de vie des jeunes que nous accueillons. A travers leur singularité, il existe des similitudes récurrentes dans les histoires de vie, des événements marquants qui les ont conduits à affronter très tôt, trop tôt, des difficultés de vie.

La crise a pour l’effet de bousculer les solidarités fa-miliales. Le jeune sans emploi dans une famille déjà fragilisée peut se voir mis à la porte du logement.En effet, avant d’être des « SDF », les jeunes accueillis se sont fréquemment trouvés « sans famille fixe », « sans repères fixes », « sans scolarité fixe » « sans formation fixe », « sans métier fixe » ou « sans métier »… Tout se passe comme si, au fil du temps, ils avaient perdu progressivement l’ancrage indispensables à leur construction : placement familial, famille d’accueil, retour dans la famille, foyers...

Les ruptures familiales, les réconciliations, les abandons de tous les « cocons protecteurs » que sont la famille et l’école les ont rendus très précocement « autodidactes de la galère ». Ils ont d’ailleurs une forme de maturité forgée dans leurs multiples expériences cumulées, et une énergie fabuleuse, dont ils ne savent pas toujours que faire.

Les accueillants de la Maison de la Solidarité s’efforcent de leur proposer un cadre, des repères, et parfois d’y trouver des « pairs » capables de les accompagner dans leurs multiples priorités de vie quotidienne. C’est ainsi leur permettre de découvrir la confiance en eux-même, qui leur manque pour « oser » rêver leur vie dans la stabilité et le désir de se réaliser.

Accompagner, aider pour ce qui les concerne, c’est leur permettre de rencontrer des adultes cohérents et capables de leur proposer des étayages.

par Benjamin Steinberg

Je vous épargnerai l’énoncé de nos craintes quant à l’orientation de la politique gouvernementale qui semble se diriger vers un rétrécissement de l’aide apportée aux personnes en grandes difficultés, en éliminant sans doute celles en situation dite « irrégulière ». Nous aurons l’occasion de reparler de ce sujet très important.

Dans l’immédiat, nous vivons une crise économique et financière d’où résulte en particulier l’augmentation du chômage qui va se poursuivre inexorablement. Dans ces conditions, trouver un emploi, même provisoire et même irrégulier (au noir pour employer un mot plus banal), devient de plus en plus difficile.

Par ailleurs, pour se loger, les conditions sont encore plus compliquées, pour ne pas dire impossibles pour les personnes étant en même temps à la recherche d’un emploi.

Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance du nouveau et récent rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre sur « l’état du mal logement ». Le déficit entre les besoins réels et le parc disponible s’est encore accru et la loi Dalo, qui affirme pour chacun d’entre nous le droit au logement, est sans réelle efficacité. (www.fondation-abbe-pierre.fr rubrique publications)

Puisqu’il s’agit de parler du présent, il faut aussi évoquer l’initiative gouvernementale autour du thème de l’identité nationale. Sans réelle nécessité, menée dangereusement, elle favorisa un climat de méfiance en particulier à l’égard des populations déjà discriminées et a suscité une réaction chauvine comme en témoignent notamment certains résultats des dernières élections régionales. Est-il nécessaire de préciser qu’une telle situation ne favorise pas les régularisations nécessaires des sans-papiers ?!

Tous ces obstacles majeurs ne sont pas nouveaux, mais les combattre est de plus en plus nécessaire et égale-ment de plus en plus difficile.

AIDER, AGIR,…

OUI, MAIS PRÉSENTEMENT

DANS QUELLES SITUATIONS

SOMMES-NOUS ?

tu entres en exclusion. »Alors tu t’aperçois que tu n’as plus de choix :

« Quand il faut choisir

Quand il faut choisir entre un morceau de pain et une sanisette,

Entre le journal du matin, pour lire les offres d’

emploi, et une douche municipale,

Entre une nuit d’amour et un lit nécessaire,

Patrick

Entre un peu de ta∫ac et trois courriers tim∫r

és,

Entre une nuit d’hôtel et un repas honnête,entre une ca

rte orange et un pull d’hiver,

NOUVEAU PUBLIC DE LA MAISON :

LES JEUNES DE MOINS DE 25 ANS

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ILS NOUS ONT QUITTÉS

UNE GRANDE AMIE NOUS A QUITTES : JOSETTELe vendredi 19 mars 2010, Agnès, Lavinia et Ludivine, membres du club des « Fans » de Nolween Leroy, sont revenues à la Maison de la Solidarité nous parler de Josette décédée début mars à l’âge de 66 ans.

Josette était membre de ce club qui, avec Nolwenn Leroy, soutient la Fondation Abbé Pierre. On se souvient qu’elle et plusieurs de ses fans étaient venus en présence de Nolwenn, le 17 octobre 2007, à la Maison, remettre un chèque à la Fondation.Josette et ses fans portent tout autant dans leur cœur la Maison de la Solidarité, et ce sont eux qui ont offert les pastels de l’Abbé Pierre et de Nolwenn. Agnès, Lavinia et Ludivine ont redit combien Josette était attachante, généreuse, d’une grande qualité d’âme et oh combien dévouée à la Fondation. Elles ont à nouveau remis un don, collecté lors de la cérémonie de ses obsèques.

Nous leur exprimons toute notre reconnaissance et adressons nos remerciements à tous les donateurs. Elles seront toujours les bienvenues.

JUSQU'AU

JUSQU'AU

HORAIRES D’ACCUEIL 1·4 AU 14·12· 2010

lundi au jeudi : 8h à 12 hvendredi : 8h à 11 hmardi de 13 h 30 à 16 h : Ateliers femmes

Les après-midi : sont réservés aux accompagnements individuels et aux ateliers.

Fermeture annuelle en août.

SOLIDAIREMENT NÔTRESConstruire ensemble des « Chemins des possibles » au quotidien pour celles et ceux qui franchissent notre porte, nécessite des partenariats efficaces. Merci pour leur confiance et nos fructueuses collaborations à nos partenaires associatifs.ACIAT, ARES 92 (Réseau santé), Armée du Salut, Ateliers d’écriture E. Bing, Centre Israélite de Montmartre, Centre 72 de Bois Colombes, Centre Magellan, Cœur de femmes (Paris), Croix Rouge Française de Gennevilliers, ESP 92, Femmes Solidaires, Intervalle, La table de Cana, La PIE Pôle insertion et d’enseignement, L’Appart Gennevilliers, L’Escale, L’Etrier, L’Ordre de Malte (Fleuron Saint Michel à Asnières et Fleuron Saint Jean), 115, Pharmacie des Agnettes, Plein Grés, Samu social, Secours Catholique d’Asnières et de Gennevilliers, Sida paroles, Secours Populaire Français de Gennevilliers, Secours Catholique de Gennevilliers, Ville Univers, Réseau Solidarité Accueil 92, Village d’enfants de Plaisir, M. Christine Tartaud.

Aux partenaires institutionnels :Ateliers Santé Ville (Ville de Gennevilliers), Centre médico-psychologique de Gennevilliers, C.C.A.S. d’Asnières (Centre d’hébergement du Havre), C.C.A.S. de Gennevilliers et de Levallois, La HALDE, La Maison du Développement, Culturel de la Ville de Gennevilliers et l’Espace Educatif des Grésillons, La Maison de la Justice et du Droit, Assistantes sociales des C.V.S. des villes avoisinantes.

Aux Donateurs :But, Ikéa, Carrefour Solidarité, C&A, Dalum Papier, Fondation ANBER, Fondation APPOS, Fondation BRUNEAU, Centre 72, COLAM Initiatives, Education et Santé des Jeunes, Fondation EIFFAGE, Fondation Julienne Dumeste, GDB International, Fan Club de Nolween.

Financements :Conseil régional Ile-de-France, conseil général des Hauts-de-Seine, DDASS, Fondation Abbé Pierre, Mairie de Gennevilliers, Mairie d’Asnières, Politique de la Ville.

LES GENS DE L’OUBLI - n°30Directeur de publication et président de l’AssociationRégis Toulemonde

Comité de rédaction : Stéphane Barbanchon, Jeanine Boisard, Bernard Legrand, Olaf Mühlmann, Benjamin Steinberg.

Notre joyeuse frappeuse de textes : Michèle Maffre

Notre fidèle correctrice : Jeanine Boisard

Pour toute remarque, contactez-nous au 01 47 90 49 03.

Directrice de la Maison : Claudine Jutteau-Muller

Crédits photos : D.R. Maison de la Solidarité, Olaf Mühlmann

Conception graphique : rübimann design http://www.rubimann.com

Impression : LNI Gennevilliers

Imprimé sur papier 100% recyclé, Cyclus print 115g/m2

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Inauguration

des nouveaux locaux

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UN VOISIN – UN FRÈREpar Pierre Andrieux

98 ans ! Michel de la Villéon, prêtre à Asnières, vient de mourir. C'était un voisin : quelques rues à traverser et nous étions chez lui. Mais il était surtout voisin parce que nous avions ce même désir d'aider les pauvres, les mal-aimés à se relever, à retrouver leur dignité. Nous étions en com-union de pensée, lui qui n'a pas cessé de consacrer sa vie en se mettant à leur service. C'est pour cela qu'il aimait aussi nous rencontrer.

Co-fondateur de Villes Univers, il n'avait qu'un désir : tisser la fraternité entre gens de tous horizons. Il n'y a pas les pauvres de Gennevilliers et les pauvres d'Asnières. Il n'y a que des hommes, des femmes, meurtris qui ne se reconnaissent pas par leur lieu d'habitation mais par leurs blessures. C'est à ce titre que nous pouvons dire que nous avons perdu un frère de la Maison de la Solidarité.

est née d’une envie de mutualiser les compétences ; l’accueil de jour et le centre d’hébergement cheminant en toute complémentarité pour rendre l’hiver supportable. On peut aussi citer Le Relais, centre d’hébergement d’urgence de Levallois-Perret, les péniches de l’ordre de Malte (le « Fleuron Saint Jean » au quai de Javel à Paris 15e et le « Fleuron Saint Michel » au pont de Gennevilliers), le bateau de l’Armée du Salut (l’ « Amiral Georgette Gogibus » au pont de Neuilly), le Centre Israélite de Montmartre et l’incontournable 115 avec lequel nous avons tissé des liens profonds et sincères…

Toutes ces structures ont contribué à mettre à l’abri temporairement ou durablement un nombre très important de nos accueillis… L’axe de la santé n’a pas été oublié durant cette période propice à tous les maux… Les médecins de l’association ARES 92, de Médecins du Monde et du SAMU Social furent d’une disponibilité exemplaire…

En conclusion, l’hiver 2009/10 fut marqué par une gestion de l’urgence plus efficace suite aux différents réseaux activés, une meilleure connaissance de nos publics, des temps d’échanges plus productifs, et surtout une prise en compte globale des individus et leur implication plus prononcée dans leur histoire de vie.

BILAN D’HIVER par Stéphane Barbanchon

Comme chaque année, la Maison de la Solidarité aborde la période hivernale (15 décembre au 31 mars) avec la volonté d’atténuer les morsures du froid et les multiples dangers de l’isolement.

Les financements DDASS permettent le renforcement de l’équipe par quatre cdd temps plein pour proposer une ouverture sur une amplitude horaire plus importante, la mise à disposition d’une offre de services étoffée par les repas du midi et du soir, tout en conservant l’accompagnement individuel fortement axé sur la recherche d’un hébergement.

Les chiffres de fréquentation, en baisse par rapport à l’année précédente, restent importants pour cette édition 2010 avec des moyennes de 63 passages en matinée, 43 le midi et 27 en soirée. Conséquences directes, la maîtrise des flux a rendu l’hiver plus paisible et permis une écoute plus attentive. Le suivi et l’accompagnement individuels furent le socle d’une meilleure connaissance des publics et de leurs multiples problématiques. Les orientations et les positionnements en furent d’autant plus judicieux pour les personnes accueillies et pour nos différentes structures partenaires.

Au-delà de la connaissance des publics, le travail de mise en réseaux, consolidé et enrichi tout au long de l’année, a porté pleinement ses fruits sur cette période sensible. J’en veux pour exemple le HAVRE, structure d’hébergement de la ville d’Asnières-sur-Seine, avec qui nous travaillons depuis deux ans en étroite collaboration. L’idée de travailler ensemble