les gens de l'oubli #33

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AGRÉÉE PAR LA FONDATION ABBÉ PIERRE N°33 / 2012 / SOMMAIRE maison dela solidarité 29 rue Edmond dar∫ois 92230 Gennevilliers T 01 47 90 49 03 F 01 47 33 60 93 [email protected] aux soins ! favoriser l'accès p. 1 Edito Difficultés d’accès aux soins et rôle de la permanence du réseau ARèS92 10 ans de prévention médicale à la Maison de la Solidarité p. 2/3 Exposition santé Les acteurs de santé à la Maison p. 4 Hommage à Maïté Horaires, remerciements Hygiène, alimentation, dépistage, orientation et prise en compte des souffrances psychiques sont, avec les autres formes de suivis sociaux pris en charge par l’équipe et les activités socioculturelles, les différents facettes de l’accompagnement dont peut bénéficier chacune des personnes accueillies et visant à sa (ré-) insertion sociale. Par ailleurs, le réseau ARèS92, en lien avec l’hôpital Louis Mourier, organise régulièrement des campagnes de prévention « hors les murs » telles celle présentée dans cette édition des « Gens de l’oubli » qui a eu lieu à la Maison de la Solidarité. ÉDITORIAL par Anne Cosquer, directrice …/ suite page 2 Prendre soin et soigner sont deux objectifs essentiels de la Maison de la Solidarité : prendre soin en permet- tant aux personnes accueillies de se laver, d’avoir des vêtements propres et de pouvoir prendre, au moins, un petit déjeuner ; et soigner le corps et l’esprit en souffrance grâce, d’une part, à différentes perma- nences médicales sur place et, d’autre part, à un vaste réseau partenarial. En effet, au sein de la Maison, chaque mardi un médecin du réseau de santé ARèS92 assure une consultation de dépistage et d’orientation. Le but est de diriger les personnes accueillies vers un médecin généraliste ou spécialiste, ou vers une structure hospitalière lorsque l’état de santé l’exige. Tous les jeudis, depuis 10 ANS !, Robert Gastone, fidèle médecin bénévole (exerçant également à Médecins du Monde) assure des conversations médicales avec les personnes accueillies. Une grande relation de confiance s’est établie avec la population que nous recevons, composée majoritairement d’hommes. Une psychologue, salariée de la Maison, a une consul- tation une matinée par semaine. Son travail est complété par l’intervention de l’unité mobile santé mentale et précarité, sous forme d’une permanence hebdomadaire de son infirmière et de consultations ponctuelles du médecin psychiatre. Egalement, un podologue est présent à la Maison de la Solidarité tous les quinze jours. L’année 2011 a été marquée par des restrictions des droits des étrangers à l’accès aux soins. Pour obtenir l’AME, il faut maintenant, en plus des papiers à fournir : la preuve de domicile, avec une seule associa- tion faisant des domiciliations dans les Hauts-de-Seine, les papiers d’identité, compliqué quand on les a perdus ou qu’on se les est fait voler, la déclaration de ressources, obligatoire bien que purement théorique quand on n‘a pas de papiers pour travailler, les preuves que l’on est depuis plus de trois mois en France, et la photo… il faut maintenant payer 30 euros. C’est un comble, pour des personnes qui n’ont pas de quoi manger ni se loger. Pour obtenir le droit d’asile en tant qu’étranger malade (DASEM), c’est le parcours du combattant, et il n’y a que très peu de cas où c’est reconnu : en pratique seulement pour les gens qui ont le sida ou une hépatite virale grave. En effet, la loi dit maintenant qu’il suffit que le traitement de la mala- die existe dans son pays d’origine pour que le fait de rester en France ne soit plus justifié. Sans se préoccuper du fait que l’on ait les moyens ou non de se faire soigner si l’on rentre au pays. Certains demandeurs d’asile qui étaient logés par des asso- ciations se retrouvent expulsés de leurs logements lorsque leur demande est refusée, parfois avec une famille. Ils se retrouvent à la rue. Et si le droit au séjour pour soins est accepté pour un enfant malade, un seul des parents sera autorisé à rester, le reste de la famille est expulsable. La consultation d’accès aux soins d’ARèS92, animée par un médecin et trois étudiants (deux internes en 3 e cycle de médecine générale et un(e) étudiant(e) en 5 e année de DIFFICULTÉS D’ACCÈS AUX SOINS ET RÔLE DE LA PERMANENCE DU RÉSEAU ARÈS92 par le docteur Martine Lalande

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Voici le numéro 33 — printemps 2012 — du journal "les gens de l'oubli" de la Maison de la Solidarité (Fondation Abbé Pierre) à Gennevilliers. Sujets entre autre : Difficultés d’accès aux soins et rôle de la permanence du réseau ARèS92 ; 10 ans de prévention médicale à la Maison ; Exposition santé "Les acteurs de santé à la Maison" ; Hommage à Maïté

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N°33 / 2012 / SOMMAIRE

maisondelasolidarité

29 rue Edmond dar∫ois92230 GennevilliersT 01 47 90 49 03F 01 47 33 60 [email protected]

aux soins !favoriser

l'accès

p. 1 Edito

Difficultés d’accès aux soins

et rôle de la permanence

du réseau ARèS92

10 ans de prévention médicale

à la Maison de la Solidarité

p. 2/3 Exposition santé

Les acteurs de santé à la Maison

p. 4 Hommage à Maïté

Horaires, remerciements

Hygiène, alimentation, dépistage, orientation et prise en compte des souffrances psychiques sont, avec les autres formes de suivis sociaux pris en charge par l’équipe et les activités socioculturelles, les différents facettes de l’accompagnement dont peut bénéficier chacune des personnes accueillies et visant à sa (ré-)insertion sociale.

Par ailleurs, le réseau ARèS92, en lien avec l’hôpital Louis Mourier, organise régulièrement des campagnes de prévention « hors les murs » telles celle présentée dans cette édition des « Gens de l’oubli » qui a eu lieu à la Maison de la Solidarité.

ÉDITORIALpar Anne Cosquer, directrice

…/ suite page 2

Prendre soin et soigner sont deux objectifs essentiels de la Maison de la Solidarité : prendre soin en permet-tant aux personnes accueillies de se laver, d’avoir des vêtements propres et de pouvoir prendre, au moins, un petit déjeuner ; et soigner le corps et l’esprit en souffrance grâce, d’une part, à différentes perma-nences médicales sur place et, d’autre part, à un vaste réseau partenarial.

En effet, au sein de la Maison, chaque mardi un médecin du réseau de santé ARèS92 assure une consultation de dépistage et d’orientation. Le but est de diriger les personnes accueillies vers un médecin généraliste ou spécialiste, ou vers une structure hospitalière lorsque l’état de santé l’exige.

Tous les jeudis, depuis 10 ANS !, Robert Gastone, fidèle médecin bénévole (exerçant également à Médecins du Monde) assure des conversations médicales avec les personnes accueillies. Une grande relation de confiance s’est établie avec la population que nous recevons, composée majoritairement d’hommes.

Une psychologue, salariée de la Maison, a une consul-tation une matinée par semaine. Son travail est complété par l’intervention de l’unité mobile santé mentale et précarité, sous forme d’une permanence hebdomadaire de son infirmière et de consultations ponctuelles du médecin psychiatre.

Egalement, un podologue est présent à la Maison de la Solidarité tous les quinze jours.

L’année 2011 a été marquée par des restrictions des droits des étrangers à l’accès aux soins.

Pour obtenir l’AME, il faut maintenant, en plus des papiers à fournir : la preuve de domicile, avec une seule associa-tion faisant des domiciliations dans les Hauts-de-Seine, les papiers d’identité, compliqué quand on les a perdus ou qu’on se les est fait voler, la déclaration de ressources, obligatoire bien que purement théorique quand on n‘a pas de papiers pour travailler, les preuves que l’on est depuis plus de trois mois en France, et la photo… il faut maintenant payer 30 euros. C’est un comble, pour des personnes qui n’ont pas de quoi manger ni se loger.

Pour obtenir le droit d’asile en tant qu’étranger malade (DASEM), c’est le parcours du combattant, et il n’y a que très peu de cas où c’est reconnu : en pratique seulement pour les gens qui ont le sida ou une hépatite virale grave. En effet, la

loi dit maintenant qu’il suffit que le traitement de la mala-die existe dans son pays d’origine pour que le fait de rester en France ne soit plus justifié. Sans se préoccuper du fait que l’on ait les moyens ou non de se faire soigner si l’on rentre au pays.

Certains demandeurs d’asile qui étaient logés par des asso-ciations se retrouvent expulsés de leurs logements lorsque leur demande est refusée, parfois avec une famille. Ils se retrouvent à la rue. Et si le droit au séjour pour soins est accepté pour un enfant malade, un seul des parents sera autorisé à rester, le reste de la famille est expulsable.

La consultation d’accès aux soins d’ARèS92, animée par un médecin et trois étudiants (deux internes en 3e cycle de médecine générale et un(e) étudiant(e) en 5e année de

DIFFICULTÉS D’ACCÈS AUX SOINS ET RÔLE DE LA PERMANENCE DU RÉSEAU ARÈS92par le docteur Martine Lalande

Quelles maladies associées à la toux ?

Depuis de nombreuses années le réseau de santé ARèS 92 assure, au sein de la Maison de la Solidarité de Gennevil-liers, une consultation de dépistage et d’orientation qui permet à de nombreux accueillis de renouer un contact avec la « médecine » alors qu’ils sont dans l’errance depuis de nombreux mois.

EXPOSITION SANTÉ

Qu’est ce qu’un médecin traitant ?

Que vous évoque le mot TABAC ?

médecine), se tient tous les mardis matins pour essayer d’aider les accueillis à trouver un médecin et se faire aider pour obtenir des droits. On remplit alors un dossier pour connaître la personne, sa situation sociale et familiale, et ses problèmes de santé et/ou psychologiques. Nombreuses sont les personnes qui ont une situation psychologique précaire, et la permanence faite par la psychologue est précieuse pour les aider. Il arrive aussi que l’on sollicite le psychiatre du réseau de Nanterre pour une personne un peu plus en difficulté sur le plan de la santé mentale.

En cas de besoin de consultation médicale, deux ou trois cabinets situés au centre de Gennevilliers servent de relais et reçoivent les personnes qui ont besoin de soins dans la journée ou dans la semaine, grâce en particulier aux jeunes médecins nouvellement installés ou en stage dans ces cabi-nets. Ils sont payés, ainsi que leurs prescriptions (qui doivent se limiter aux médicaments et examens indispensables) par le réseau ArèS92, en attendant que les personnes aient l’AME.

Pour obtenir une couverture sociale, la consultation de la déléguée solidarité de la sécurité sociale, une fois par quin-zaine, est bienvenue et très efficace. La coordinatrice sociale du réseau ARèS92 apporte elle aussi une aide précieuse, et la monitrice éducatrice peut accompagner les gens qui ont des difficultés à s’orienter ou à s’exprimer.Deux remarques au sujet de la consultation d’accès aux soins : d’abord l’aide précieuse et indispensable de Fatima pour la traduction et son rôle de relais pour orienter et conseiller les accueillis dans toutes leurs démarches de santé. Ensuite les difficultés du réseau ARèS92 dont la subvention pour les frais de santé avant obtention des droits, aupara-vant allouée par le conseil général, n’a pas été versée pour 2011, le réseau ayant été obligé de prendre sur ses fonds propres pour payer les factures engagées. De plus, le poste du médecin coordinateur animant ces consultations qui était auparavant un temps partiel payé par l’hôpital Louis-Mourier, est devenu lui aussi à la charge du réseau (avec une subvention de l’ARS) après sa suppression dans le cadre de la restructuration de l’hôpital.

Sur le plan de la prévention, deux jeunes médecins ont fait un travail d’écriture de textes illustrés par des photogra-phies sur l’HTA, le tabac et le médecin traitant. La séance habituelle du 1er décembre sur le SIDA a été animée par deux médecins coordinateurs du réseau (exerçant tous deux dans la ville) et leurs étudiants, et un projet de test rapide de dépistage du sida est prévu pour début 2012, associé à une vaccination contre la grippe pour les volontaires. En atten-dant, ceux qui souhaitaient faire le dépistage du sida ont été adressés au CDAG de Gennevilliers.

L’apport des jeunes médecins est évident dans tout ce travail et les consultations et actions auxquelles ils participent sont très formatrices pour leur exercice futur.La participation du médecin coordinateur aux réunions et travaux de l’ODSE est très utile à la connaissance des droits des étrangers et de leur évolution. En espérant qu’un chan-gement de gouvernement en 2012 permettra d’obtenir enfin une situation plus humaine pour les personnes étrangères vivant en France, et pour les personnes vivant en situation de précarité, en particulier dans le domaine du logement et de l’emploi.

AME : aide médicale d’état.

ARèS92 : réseau de santé pour le sida, les addictions et la précarité dans le nord des Hauts-de-Seine.

ARS : agence régionale de santé, qui regroupe toutes les directions administratives de santé et sociales pour la région (Ile-de-France).

CDAG : centre de dépistage anonyme et gratuit.

DASEM : droit au séjour pour soins pour étranger malade.

HTA : hypertension artérielle.

ODSE : Observatoire des droits à la santé des étrangers, collectif d’associations exerçant une vigilance et des actions pour défendre ces droits.

…/ suite page 1

Toujours plus de soins de pédicurie effectués à la Maison de la Solidarité. On retrouve quelques fidèles qui ont besoin de soins réguliers, en général mensuels, pour des cors et ongles épaissis pouvant gêner la marche. Mais aussi de nouveaux patients ayant besoin de soins ponctuels : ongles incarnés, paies infectées, mycoses… ou d’un conseil, d’une orientation vers un autre professionnel de santé. C’est aussi parfois un temps pour échanger, bavarder et rire. Un grand merci à toute l’équipe de la Maison de la Solidarité qui fait un travail énorme toujours avec le sourire.

Cette année fut l’occasion d’asseoir ma place, les permanences se sont poursuivies le mercredi de neuf à douze heures. Au fil des mois, le nombre de personnes me sollicitant est allé grandissant, me laissant de moins en moins la possibilité de flâner dans la salle, aller à la rencontre de ceux qui restent en retrait. Cet état de fait c’est équilibré par un travail de coordination avec l’équipe qui a favorisé les rencontres par un travail d’orientation. Si certains m’ont sollicité tout le long de l’année, la majorité me consultent de manière ponctuelle. Ma présence vise à offrir un espace d’accueil de la parole, d’expression des souffrances et difficultés, ce travail trouve sa pertinence dans la manière dont il peut s’organiser dans une sorte de maillage avec l’ensemble de l’équipe ainsi qu’avec les partenaires extérieurs.

Dans cette optique, j’ai participé aux « réunions des soignants » qui ont lieu tous les deux mois. Pour la moitié des personnes rencontrées en entretien, j’ai été en contact téléphonique avec des partenaires ou en lien avec l’équipe. Mon travail s’est concentré dans le cadre des entretiens dans le bureau car le temps manque pour

être sur des missions d’accompagnement. Dans le courant de cette année, il a été possible d’accompagner une personne aux urgences psychiatriques afin de permettre une hospitalisation à la demande d’un tiers puis de lui rendre visite. Pour une autre, j’ai effectué un accompagnement au commissariat afin de permettre un dépôt de plainte.

Je me suis donné pour principe de recevoir toute personne me sollicitant, même quand la barrière de la langue arrête la possibilité d’un travail à visée thérapeu-tique. J’essaye alors, tant que faire ce peut, de saisir quelque chose de la dynamique dans laquelle se trouve cette personne.

La plupart de ceux qui s’adressent à moi cumulent de multiples difficultés, tant sociales que physiques ou psychiques. La violence des situations de vies, l’urgence parfois vitale dans laquelle certains se trouvent peut venir arrêter le travail de la pensée. C’est alors, me semble-t-il, que mon écoute et mon attention gardent de leur pertinence afin de tenter de construire, autour de ces personnes, un maillage de professionnels qui pourra, dans sa cohérence, devenir soutenant pour aider à dépasser les situations de crise, tenter de pouvoir envisager la construction d’un avenir plus serein.

LE PODOLOGUE,JEAN-BAPTISTE Berder

LA PSYCHOLOGUENOÉMIE DURR

Quelles maladies associées à la toux ?

Depuis de nombreuses années le réseau de santé ARèS 92 assure, au sein de la Maison de la Solidarité de Gennevil-liers, une consultation de dépistage et d’orientation qui permet à de nombreux accueillis de renouer un contact avec la « médecine » alors qu’ils sont dans l’errance depuis de nombreux mois.

EXPOSITION SANTÉ

L’objectif de cette consultation est de favoriser l'accès aux soins des personnes et/ou des familles les plus défavorisées dans le cadre d'une démarche d'insertion par la santé, d’améliorer l'orientation vers les profes-sionnels et structures de la ville, d’organiser l'accès à des consultations spécifiques, vers les personnes de ressources mais pas de faire « à la place de… ». C’est pour cette raison qu’aucune prescription n’est faite par les médecins du réseau présents les mardis matin.

C’est dans ce cadre que deux internes de médecine générale en stage au sein du réseau ont cherché un moyen de transmettre aux accueillis, le plus simple-ment possible, des messages de santé, de prévention, de médecine.

Au cours de petits entretiens individuels ou collectifs, elles leurs ont posé quelques questions ouvertes sur des grands thèmes de santé :

Qu’est ce qu’un médecin traitant ?

Que vous évoque le mot TABAC ?

Qu’est ce qu’un vaccin ?

Quelles maladies associées à la toux ?

Que vous évoquent les drogues ?

Qu’est ce que la tension artérielle ?

Ces entretiens ont été photographiés. Elles étaient donc en possession de leurs mots et de leurs images, auxquelles elles ont mêlé leurs mots de jeunes méde-cins pour les guider…

Qu’est ce qu’un vaccin ?

Qu’est ce qu’un médecin traitant ?

Que vous évoque le mot TABAC ?

Que vous évoquent les dr

ogues ?

Qu’est ce que la tension artérielle ?

Sur cette idée, elles ont construit des « posters » éduca-tifs bien sûr non exhaustifs qui aspirent à un outil pratique pour guider leur santé au quotidien.L’ensemble s’inscrit dans un effort artistique, de photo-graphies en noir et blanc prises au cœur de la Maison de la Solidarité afin de rendre cet apprentissage médi-cal le plus ludique possible.

Le réseau ARèS 92 a également initié une action de dépistage du VIH « hors les murs », en partenariat avec le CDAG de l’hôpital Louis Mourier, au sein de la Maison de la Solidarité, à l’occasion de la Journée Mondiale de lutte contre le SIDA. Cette action s’est déroulée le mardi matin, de 9 heures à 13 heures, les 6, 13 et 20 décembre 2011 et sera poursuivie en 2012. Une étude détaillée de cette expérience est prévue afin de savoir  si le TROD (test rapide d’orientation diagnostique) est acceptable dans une consultation d’accès aux soins auprès de personnes en situation de grande précarité mais aussi s’il est techniquement faisable dans un lieu peu médicalisé. Au cours de ces trois matinées, 33 tests ont été réalisés.

Christine Chandemerle, directrice administrative du réseau ARèS 92.

JUSQU'AUHORAIRES D’ACCUEIL

Au printemps :

lundi - jeudi : 8 h - 12 h

vendredi : 8 h - 11 h

Nous tenons à remercier tous nos partenaires pour leur aide précieuse et leur dévouement envers la Maison de la Solidarité.

REMERCIEMENTS

Par la fenêtre au 5e étage de l’hôpital on apercevait un ciel lourd et gris, tu ne supportais plus cette chambre. J’étais venue passer un petit moment avec toi le matin avant mon départ pour le Lot et comme toujours ton sourire illuminait cette atmosphère. Tu allais sortir, retrouver ta maison, « ton manteau » comme tu me le nommais. Ce fut un moment où nos mains se sont serrées, où j’ai massé ton ventre gonflé si douloureux, nous avons projeté d’aller faire les soldes rue des Bourguignons à mon retour,… y croyais-tu vraiment ?Tu m’as offert ce livre d’Etty Hillesum, femme juive déportée et décédée à Auschwitz qui écrivait « je sais déjà tout et pourtant je considère cette vie belle et riche de sens à chaque instant ». Il t’avait beaucoup touché, implicitement, ces mots étaient aussi les tiens…

Maité, je t’ai d’abord croisée pour la première fois dans une réunion syndicale sur notre lieu de travail puis je t’ai retrouvée à la Maison de la Solidarité où tu étais déjà engagée… Ce lieu tu t’y es investie comme bénévole rapidement car tu avais l’amour des autres, puis tu t’es impliquée très vite dans la Commission Culture. Je citerai un agréable souvenir, celui de cette ballade dans l’île de la Cité que nous avions organisée, très beaux moments d’échanges, comme tu les affectionnais, avec une dizaine d’accueillis dont certains allaient à Paris pour la première fois… on était heureuses d’avoir pu apporter un moment de plaisir, de partage ; ton visage souriant reste présent dans cette Maison.

Nous nous sommes vite reconnu des racines identiques, mêmes origines géographiques et culturelles, lotoises (6 km nous séparaient) et paysannes, ceci ne pouvait que favoriser la naissance d’une amitié profonde… Maité, tu as été admirable dans ton combat contre la maladie de ces deux années et particulièrement depuis septembre où une douleur plus vive s’installait…

Tu voulais profiter de tous les instants de répit pour vivre intensément ; je pense à ce repas où je vous avais fait la mique et à la bonne crise de fou rire déclanchée après les bêtises de Francis, je pense à ce jour où je t’ai accompagnée chez ton dentiste et où nous avons pu prendre le temps de farfouiller dans un magasin, toi la femme coquette et élégante tu avais trouvé un petit haut qui te faisait plaisir… ces moments étaient à chaque fois une victoire, tu disais « je suis contente d’avoir pu le faire ».

Maité, tu parlais peu de ta souffrance sauf lorsqu’elle a été trop dure à porter mais tu continuais à t’intéresser à notre vie, à notre entourage même ces derniers jours lorsque nous échangions par téléphone ou SMS.

Francis, je voudrais te remercier de nous avoir ouvert ta porte pour lui rendre visite car cela ne devait pas être toujours évident d’avoir du monde dans votre intimité, tu t’es battu avec elle.

Francis, Christophe, Olivier, vous ses sœurs et ses frères et tous ses proches qui êtes loin de Gennevilliers, si cela peut vous apporter un peu de réconfort sachez que Maité nous parlait souvent de vous et vous aimait très fort.

Merci Maité, « Petite » Maité, pour ce que tu m’as donné, l’amitié, le courage, le plaisir de la vie, l’ouverture aux

autres, au monde, à la connaissance. Tu m’avais deman-dé il y a peu de temps « pourrons-nous continuer à communiquer ? » Je suis sûre que quand je passerai devant la maison de Catus, où tu n’as pas pu revenir, une petite étoile me sourira…

Au revoir Maité, tu resteras présente dans mon cœur.

On s’est rencontré en 2008 par l’intermédiaire de la Maison de la Solidarité où tu étais bénévole depuis 2004, à l’écoute des accueillis, proche des membres du CA et de l’équipe de professionnels pour ne laisser personne au bout d’un chemin – sans espoir. Nous avons monté une commission pour redynamiser le projet socioculturel de la maison. Tu t’es investie tout de suite dans l’accompagnement des sorties, puis la maladie t’a freinée dans ton élan.

J’ai été ton amie. Depuis peu finalement – 3 ans seule-ment mais ce fut un temps riche de respect et d'amitié forte. Tu as eu la force encore en Novembre de venir avec moi jusqu'au salon du loisir et du savoir faire on a vu de jolies choses tu aurais voulu broder une nappetu as acheté des cartes de vœux – des petites choses pour les cadeaux de Noël tu pensais toujours aux autres on a ri – on a rêvé on a même déjeuné par terre, faute de place mais je veillais sur toi je savais l'échéance proche...

Alors que dire quand nous nous rencontrions porter l'espoir – te raconter des choses de la vie celles que tu ne pouvais plus vivre – parler sobrement de la mort parce qu'elle fait partie de la vie parler de Francis qui se débrouillerait, tu en étais sûre, même si tu doutais de l’entretien nickel de ta maison mais tu exagérais – tu voulais que tout soit parfait. Vous aviez fait tant de belles choses ensemble. Tu racontais tes souvenirs de voyages… parler de tes enfants – différents – mais que tu aimais tant tout en respectant leur indépendance

tout en mélangeant confiance et peurs – comme tous les parents as-tu eu le temps de leur écrire une lettre à chacun pour leur dire que tu les aimais – comme nous l'avions évoqué ? Tu aurais tant voulu savoir ce que serait leur vie – on a même imaginé… qu’un jour, une poussière viendrait faire pleurer mes yeux et si c’était toi ??? Maïté – tu as lutté jusqu'au bout – courageuse –battante

– parlant  peu de ta souffrance – juste si on te posait la question pour nous questionner à ton tour sur notre santé – nos envies – notre vie...

Avant de partir… tu as tricoté des écharpes pour nombreuses d'entre nous – souvenir de toi comme une laine qu'on ne détricotera jamais parce que tu n'es plus au bout des aiguilles. Je viens de découvrir une dédicace sur un livre que tu m'avais donné tu savais – tu aurais bien voulu rester encore avec nous... tu as aimé la vie.

Maïté, tu étais tout cela et plus encore un petit bout de femme – discrète mais tellement présente ne souffre plus. Maïté, pars tranquille tu vas nous manquer terri-blement mais tu as laissé tant de force à travers tes rencontres avec les autres que tu resteras présente à la Maison de la Solidarité avec nous, avec moi.

Merci Maïté

MAITÉ, par Stéphanie Cornuet

MAITÉ, par Christiane Acas

LES GENS DE L’OUBLI - n°33Directeur de publication et président de l’AssociationRégis Toulemonde

Comité de rédaction : Stéphane Barbanchon, Jeanine Boisard, Olaf Mühlmann, Benjamin Steinberg, Ghislaine Valadou.

Notre joyeuse frappeuse de textes : Michèle Maffre

Notre fidèle correctrice : Jeanine Boisard

Pour toute remarque, contactez-nous au 01 47 90 49 03.

Directrice de la Maison : Anne Cosquer

Crédits photos : D.R. Maison de la Solidarité, Olaf Mühlmann, Olivier Pasquiers · le bar Floréal

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Au revoir Maïté, tu resteras

présente dans notre cœur.