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LES ENFANTS D’HAÏTI FACE A LA CRISE : SITUATION ET REALITES Evaluation rapide de l’impact de la crise actuelle sur la situation des enfants en Haïti Mars 2004 US

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LES ENFANTS D’HAÏTI FACE A LA CRISE : SITUATION ET REALITES

Evaluation rapide de l’impact de la crise actuelle sur la situation des enfants en Haïti

Mars 2004

US

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LES ENFANTS D’HAÏTI FACE A LA CRISE : SITUATION ET REALITES

Evaluation rapide de l’impact de la crise actuelle qui prévaut en Haïti sur la situation des enfants

Enquête, Analyse, conception, production :

UNICEF, Save the Children-Canada, World Vision

Save the Children-US, Plan International

Port-au-Prince, Mars 2004

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1. INTRODUCTION

Sous l’initiative de l’UNICEF, convaincues de la nécessité d’une évaluation rapide de l’impact de la crise politique sur la situation des enfants en Haïti, plusieurs institutions travaillant dans le domaine de l’enfance, notamment Save the Children-Canada, World Vision, Plan International et Save the Children-US ont rapidement rejoint cette idée et ont convenu de l’importance d’une telle action qui viserait à rassembler les informations importantes capables de guider leurs stratégies et interventions avec et pour les enfants dans le contexte de l’urgence actuelle. Cette démarche détient une importance particulière lorsqu’on considère que les enfants ont non seulement un besoin spécial de protection, mais qu’ils sont aussi des détenteurs et acteurs de défense de leurs droits, qui sont indivisibles et universels. En effet, les quatre principes directeurs de la Convention relative aux droits de l’enfant : non-discrimination, survie et développement, intérêt supérieur de l’enfant et participation ont deux implications majeures pour la protection des enfants. La première est qu’ils font de ceux-ci/celles-ci de véritables sujets ou détenteurs actifs et légitimes de droits, habilités à en exiger la réalisation. La seconde, qui est un corollaire de la précédente, consiste en la détermination d’un ensemble de structures, groupes, d’acteurs, reconnus comme les débiteurs de ces droits. Ces derniers sont ainsi imputables de la situation des droits de l’enfant, puisque responsables d’en garantir le respect. Dans ce cadre d’intervention il est important donc pour nous de déterminer quelle place nous maintenons et en fonction de quelle position nous croyons devoir jouer un rôle dans l’amélioration des conditions des enfants. Qui sont alors ces débiteurs de droits ? Peut-être du fait que la Convention relative aux droits de l’enfant soit imposable en particulier aux États, d’aucuns pensent que seuls les gouvernements (organes agissant au nom des États) sont considérés comme tels. C’est vrai qu’ils restent les premiers à avoir la responsabilité d’assurer l’application de la Convention, mais il incombe également à d’autres groupes, institutions et structures de la société, y compris les enfants eux-mêmes et leurs familles, de jouer un rôle actif dans la réalisation des droits garantis aux enfants par ladite Convention.

La figure suivante représente les différents paliers dans l’environnement de l’enfant où l’on retrouve les débiteurs de droits : Famille, Communauté, Institutions partenaires, Politiques et programmes nationaux, Environnement de la politique macro-économique. Dans le cadre du présent travail, nous voulons d’abord mettre l’emphase sur la dimension société civile, en particulier le rôle des agences internationales du partenariat centrées sur les enfants, qui, eux-mêmes, dans la situation présente de crise, nécessitent des mesures de protection spéciale. Il est important de remarquer à travers les couches de protection de l’enfance, que l’indivisibilité des droits des enfants et la co-responsabilité (ou responsabilité partagée) des débiteurs de droits créent la nécessité d’une approche intégrée associant la famille, les communautés, la société civile, l’État et la communauté des États à travers les organisations multilatérales dans la prise en charge et la protection des enfants. Aussi, les institutions du partenariat qui appartiennent à la troisième couche de protection de l’enfance, comprennent bien dans le cadre de ce travail l’importante nécessité d’intégrer une stratégie effective visant à intervenir à travers ou avec le support essentiel des familles et des

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Figure 1. Les cercles de responsabilité ou couches de protection de l’enfant L’enfant communautés respectives pour apporter aux enfants le soutien nécessaire à assurer leur survie et leur protection dans l’étoffe de la crise humanitaire, mais dans une optique de développement. De même, elles ne négligeront aucunement l’influence et le rôle des autres couches superposées et la nécessité de leurs politiques et leurs paramètres d’intervention.

2. CONTEXTE, JUSTIFICATION ET MANDAT

Haïti a été spécialement marquée, depuis les vingt dernières années, par une détérioration progressive des conditions socio-économiques sur fond de crise politique. Pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, il est classé au 150ème rang sur 173 Pays, selon le rapport de l’ONU sur le

L’enfant La F ill

La Communauté

Les institutions Partenaires

Politiques et Program- mes nationaux

L’environnement de la

politique

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développement humain de 2003. Cette situation combinée aux faiblesses structurelles et institutionnelles a eu un impact à long terme sur plusieurs secteurs de développement dont la sécurité alimentaire, l’eau et la sanitation, la santé et la nutrition. Dans un tel contexte, Haïti est susceptible à une détérioration rapide des indicateurs dans le cadre d’une urgence complexe. Avec une population estimée à plus de 8 millions d’habitants, constituée de plus de 48% d’enfants vivant dans un contexte caractérisé par une densité moyenne de 290 habitants au km2 et qui peut atteindre 1,480 habitants au km2 en zone urbaine1, on peut facilement deviner ce que peut représenter l’impact sur les enfants d’une tension politique aiguë et des conflits armés qui entraîne une atmosphère de peur sur fond de misère et de marasme économique. Près de 52% des enfants proviennent de milieux pauvres ou très pauvres. Cela constitue près de 3 millions de filles et de garçons qui vivent dans des conditions difficiles. Sur la base des informations disponibles en automne 2003, il n’aurait pas été exagéré de déclarer qu’une grande majorité d’enfants dans le pays tant en milieu rural qu’en milieu urbain étaient à risque2. Une étude sur le VIH-SIDA indiquait en 2000 que sur la base des indicateurs de santé, d’éducation et de revenu, 25% des enfants d’Haïti était en situation de vulnérabilité. Malgré des efforts de la part de différents secteurs, la situation d’un grand nombre d’enfants à la veille des derniers évènements était déjà critique. La crise politique qui s’est intensifiée pendant les derniers mois a entraîné des effets négatifs considérables sur la situation déjà alarmante de santé des filles et des garçons, caractérisée par un taux de vaccination touchant seulement 50% des enfants, un état de malnutrition chronique touchant plus de 25% d’entre eux, et un accès limité aux médicaments et aux services sociaux de base. À côté de cela, l’intensification de la crise s’est accompagnée de violence, particulièrement pendant les affrontements entre gangs armés. Tous les départements du pays ont été affectés par l’insécurité et beaucoup d’entre eux ont été isolés des structures de distribution de produits de première nécessité. A un moment où les services sociaux de base que sont la santé, l’éducation, l’emploi sont à peine assurés pour la population dans son ensemble, on doit s’interroger sur ce qui est fait pour l’enfant de manière générale, pour l’enfant en danger en particulier. La pénurie alimentaire, l’absence d’électricité, d’eau potable, l’absence de services publics en général, semble sévir partout. De plus, l’exode de beaucoup de familles vers d’autres régions jugées plus sécurisantes, non seulement à l’intérieur du pays, mais encore vers l’extérieur (la République Dominicaine, la Jamaïque, Cuba, Canada et les Etats-Unis d’Amérique), a eu et continue à avoir des conséquences considérables sur les enfants. Beaucoup d’organisations de soutien aux enfants ont dû interrompre leurs activités sur le terrain, ce qui a entraîné une absence de support aux familles touchées au bénéfice des enfants. Le pays dans son ensemble a été pratiquement affecté par les pressions populaires telles les manifestations et les actes de banditisme des groupes armés. Ainsi, Cap-Haitien, Port-de-Paix, Fort-Liberté, Hinche, Gonaives, Port-au-Prince, Cayes, Jérémie, Jacmel, pour ne citer que les chef-lieux des départements ont tous été des acteurs de la crise politique. Les secteurs de la santé, de l’éducation, du transport, de la communication, de la sécurité alimentaire, sont

1 La prévention et la protection des mineurs en danger. MICIVIH. Juillet 1997. Rapport final 2 Programme integré de réponse aux besoins urgents des communautés et des populations vulnérables (PIR), Système des Nations Unies, République d’Haïti, mars 2003, page 3.

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profondément affectés. L’administration publique a cessé ses activités dans le pays pendant au moins trois mois. Dans diverses régions, des enfants ont été impliqués dans les conflits et ont été confrontés à un environnement très hostile, surtout que les violences leur rendent difficile l’accès aux services de santé, de nutrition, de logement, de recréation et d’éducation. Les enfants en situation particulièrement difficile ont vu leurs conditions s’aggraver. Ainsi, les enfants de rue et les enfants en domesticité sont devenus particulièrement vulnérables. Les premiers, parce qu’ils vivaient directement dans les rues ou les violences se passaient, les seconds parce qu’ils ont été les premiers à être utilisés par les familles pour les services, ce qui les a exposé souvent aux situation d’insécurité. Face à cette situation fort complexe, des institutions travaillant sur la question des enfants, l’UNICEF, Save the Children-Canada, World Vision, Save the Children-US et le Plan International, ont senti la nécessité de rapidement collecter des informations sur la situation réelle des enfants en fonction de leurs besoins et des risques auxquels ils sont confrontés, et ce, à travers le pays. Cette collecte et analyse de l’information permettront l’identification de stratégies à adopter dans la réponse à donner à ces besoins. Ces institutions s’inscrivant dans une approche de droit, elles ont aussi orienté ce travail dans une démarche de responsabilité et d’imputabilité.

3. CONCEPTS ET DEFINITIONS

Comme mentionné plus haut, ce travail d’évaluation rapide se focalise principalement sur le besoin de prise de décision relevante dans une situation d’éventuels besoins humanitaires des enfants.

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Aussi il nous est important avant toute analyse d’informations recueillies sur le terrain d’opérer des tentatives de définitions ou d’éclaircissements de certains paramètres clés permettant aux lecteurs de bien cerner la plateforme de nos assertions. Définition de l’enfant Comme défini à l’article premier de la Convention sur les droits de l’enfant, l’enfant s’entend de « tout être humain âgé de moins de 18 ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable.» La législation haïtienne est conforme à cet article et pour tout ce qui concerne le public cible visé à travers ce document, l’intervalle d’âge se situe entre 0 et 18 ans, même si chaque cas particulier peut se rapporter beaucoup plus à un groupe d’âge qu’à un autre. L’enfant de rue Si nous prenons ici le temps de faire ressortir la définition entendue de l’enfant de rue, c’est parce que la mauvaise interprétation de ce concept fait que parfois, et même dans le cadre de ce travail, d’autres catégories d’enfants sont interprétées comme étant des enfants de rue. Aussi, qu’il ne soit pas surprenant pour des enquêteurs que des enfants signalés en tant que telle ne soient pas codifiés comme étant des enfants de rue, parce qu’ils ne répondent pas à tous ou une grande partie des critères sous-mentionnés : L’enfant de rue est caractérisé par les paramètres suivants3 :

• Il-elle vit en groupe (cartel). Bien que constituant son pôle de référence, le groupe ne régit pas totalement sa vie car il est et demeure un être doté d’un esprit d’indépendance.

• Il-elle est un mendiant, selon l’âge et il s’adonne à un ensemble de petits travaux, tels: essuyer les voitures, porter un colis, pratiquer la prostitution…

• Il-elle mène une vie d’adulte généralement. Ses besoins et ses loisirs ne sont pas toujours de son âge.

• Il-elle est souvent sale et il se nourrit, non pas en fonction de ses besoins, mais en fonction des gains de sa journée.

• Son quotidien est empreint de violence. • Il-elle est le plus souvent dans une situation de santé précaire. Les maladies de peau, les

gastrites et les MST [maladies sexuellement transmissibles] sont monnaie courante. • Il-elle développe un sentiment de malaise car il est marginalisé par les institutions et les

individus. • Il-elle reconnaît et interprète les situations de risque et de danger, établit un jugement

pertinent et agit en conséquence; • Il-elle reconnaît et interprète les nécessités de l’autre, les met de son côté et les convertit

en opportunités; • Il-elle reconnaît et adopte des postures, attitudes et langages adaptés selon les

circonstances; apprend, gère, crée et recrée des langues codées, gestes, etc. • Il-elle connaît l’espace public avec un maximum de détails, les routes, espaces de

ressources, lieux de fuite et refuges… L’enfant en domesticité Aux fins du présent travail, la domesticité infantile s’entend de la situation d’une fille ou d’un garçon de moins de 18 ans travaillant dans un foyer qui n’est pas celui de ses propres parents (biologiques ou adoptifs), où elle/il accomplit des corvées ménagères (nettoyage, lessive,

3 Save the Children-Canada, Plan International: les enfants de rue à Port-au-Prince, novembre 2003.

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préparation des repas, garde des enfants plus jeunes, etc.), fait des courses et exécute toutes autres tâches requises par ses parents d’accueil (ainsi que leurs enfants et autres occupants de la maison) ; et ce, en échange de gîte, nourriture, vêtements, soins et, dans certains cas, éducation4. L’Agenda humanitaire Même en l’absence d’une définition partagée, un certain consensus a été connu au niveau de l’agenda humanitaire en ce qui a trait aux éléments clés qui le constituent, à savoir la protection de la vie, la santé, la subsistance et la sécurité physique. Cependant dans plusieurs cas, et aussi dans le nôtre, l’agenda humanitaire ne peut être réduit à ces éléments seulement, qui ne peuvent représenter que des priorités communes et ne refléter qu’un souci général de diminution de la souffrance et de préservation de la dignité. L’agenda humanitaire pour Haïti, surtout dans le cadre d’une intervention centrée sur l’enfant, devrait comprendre une dimension de pénétration de l’intérieur psychosocial du problème de société à laquelle on est aujourd’hui confronté. En effet, face à une situation de désastre anthropique, plusieurs paramètres de long terme peuvent être considérés comme des paramètres d’urgence. Besoin humanitaire Le concept de besoin humanitaire est logiquement tout aussi indéfini que celui de l’agenda humanitaire. Il est utilisé dans notre cas dans le sens de :

• La description des besoins humains de base de l’enfant. • La description d’un manque à ce niveau. • La description d’un besoin d’une forme particulière d’assistance ou d’une autre

intervention humanitaire. Ce travail recommande à la fois une analyse basée sur le « risque critique », compris comme étant le produit de menaces et de vulnérabilités présentes et imminentes et une analyse basée sur le concept même ambigu de « besoin ». En effet, même si dans le cas d’une intervention humanitaire, une analyse de risque critique en relation aux menaces clés à la vie, la santé, la subsistance et la sécurité, fournit une base plus forte pour une distinction plus claire entre la définition d’un problème et la formulation des solutions y relatives, l’analyse du concept de besoin nous est chère dans notre cas, car il s’agit aussi pour nous d’imprégner notre démarche d’une approche de droits de l’enfant. Protection humanitaire Pour le besoin de notre analyse, nous adopterons une définition de la Inter-Agency Standing Committee qui définit les activités de protection humanitaire comme : « toute activité visant à la création d’un environnement qui conduit au respect des êtres humains, qui prévient ou mitige les effets de certains abus spécifiques, et qui restore des conditions de dignité par la réparation, la restitution et la réhabilitation. » Le Secrétaire Général de l’ONU Koffi Annan a introduit la notion de « droit à la protection »5 qui devient une dimension importante du travail de l’UNICEF en ce qui concerne les enfants. Le droit de l’enfant de recevoir de l’assistance humanitaire aussi bien que celui des organisations concernées de l’offrir, sont des principes fondamentaux fixés et réglementés par les normes et principes internationaux. Aussi nous tiendrons bien en considération que la protection humanitaire dans la pratique et surtout dans le cas des filles et des garçons doit adresser les violations à différents niveaux. 4 UNICEF, op.cit., p. 2 5 HPN, Network paper, Decembre 2003, page 4.

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La Croix-Rouge Internationale a développé une définition de la protection qui est de plus en plus accepté par les membres de la communauté internationale. Elle cite, en Anglais, que : Protection encompasses all activities aimed at ensuring full respect for the rights of the individual in

accordance with the letter and the spirit of the relevant bodies of law, i.e. human rights law, international humanitarian law, and refugee law. Human rights and humanitarian organizations must conduct these activities in an impartial manner (not on the basis of race, national or ethnic

origin, language or gender).6 Un cadre a été élaboré et joint à cette définition. Il illustre la nature hiérarchique et interdépendante des activités de protection :

• Action réactive : prévenir les abus et leur récurrence, et/ou alléger les effets immédiats. • Action remédiale : réhabilitation, restitution, compensation, et réparation afin de restaurer

la dignité des populations et d’assurer des conditions adéquates de vie. • Action de construction de l’environnement : action politique, sociale, culturelle,

institutionnelle, économique, et légale permettant le plein respect des droits de l’individu7. Dans le cas particulier des enfants, il existe peu de définition écrite de la protection des enfants en pratique8. Cependant, le droit humanitaire international accorde à l’enfant une protection étendue, c’est-à-dire que l’enfant bénéficie de la protection générale accordée aux populations civiles ne participant aux hostilités, mais de plus, en raison de sa vulnérabilité particulière, il lui est reconnu un régime de protection spéciale. Depuis la publication en 1996 du Rapport de Graça MACHEL, plusieurs initiatives ont été entreprises sur la question de la protection de l’enfant (voir les révisions du projet SPHERE en cours ou les besoins des enfants sont incorporés en secteur transversal9. Une des avancées de la Conférence de Winnipeg (2000) sur les enfants affectés par les conflits armés a été de soulever le fait que les filles et les garçons affectés par les conflits armés ont besoin de réponses à long terme qui vont les soutenir ainsi que leurs familles et communautés à bâtir des vies constructives et durables.

4. DEMARCHE METHODOLOGIQUE

La démarche retenue pour l’évaluation rapide s’est articulée autour de deux outils de recherche :

6 ICRC (2001) Strengthening Protection in War: a search for professional standards, ICRC, Geneva. 7 Ibid. 8 Save the Children a développé une definition préliminaire. On entend par là toute action qui prévient ou mitige tout dommage fait aux enfants et facilite la rélisation de leurs droits. 9 Voir le document “the role of education in protecting children in conflict”, Susan Nicolai and Carl Triplehorn, March 2003.

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• Une enquête quantitative, à l’aide d’un questionnaire, opérée dans 31 zones. Ce questionnaire comprenait quatre axes principaux, qui sont en lien avec l’agenda humanitaire considéré soit : La sécurité physique et protection de la vie La santé et la nutrition L’éducation La réhabilitation

• Et une enquête qualitative opérée dans des zones supplémentaires significatives, mais où

pour des raisons de logistique, de temps, de sécurité ou de pénétration, les questionnaires n’ont pas pu être acheminés. Cette enquête est totalement constituée d’évaluations narratives de la situation dans ces zones, qui apportent des données aussi pertinentes utilisées dans les analyses.

Nous mettrons donc ici l’accent en particulier sur le questionnaire, l’échantillonnage, les techniques de collecte des données, le dépouillement, le modèle d’analyse, les limites et les forces du travail. L’élaboration et le mode d’utilisation du questionnaire Le questionnaire élaboré avec la participation des trois des partenaires de ce travail, comprenait les éléments qui ont été jugés nécessaires pour tirer les informations en lien avec les paramètres de l’agenda humanitaire, mais focalisées sur les enfants. Il a été conçu pour être rempli par des personnes cadres des organisations après qu’elles aient recueilli les informations sur le terrain. Cette méthode a été utilisée afin de minimiser la duplication des questionnaires, tout en ayant une bonne lecture de la situation dans chaque zone ciblée par l’enquête. L’échantillonnage L’unité d’analyse choisie pour ce travail a été la « zone ». Elle est constituée ‘une commune choisie avec toutes ses sections communales. Les critères de sélection de ces zones ont été les suivantes :

• Le niveau des tensions et des conflits • L’importance de cette zone dans le département (en terme d’étendue) • La considération d’autres facteurs existants de détérioration des conditions des enfants

même en dehors des conflits armés Il a été bien discuté au départ de l’aspect représentatif que devrait avoir le document. Cet aspect n’a pas été négligé et même les coins les plus difficiles ont été priorisés au niveau de l’enquête, dès qu’il a été jugé nécessaire d’en recueillir des informations valables pour l’analyse. Les zones touchées sont codifiées et étalées dans l’annexe. De même, comme mentionné, certaines régions ont pu envoyer des informations en dehors du questionnaire, qui sont traitées de manière qualitative, même si elles n’ont pas été codifiées. Les informations ont été recueillies pour la plupart auprès d’organisations internationales et locales, des hôpitaux, des centres de santé, des notables, de participants aux gangs et groupes armés. Pour ces derniers, les informations ont pu être collectées par un réseau de personnes ressources établi dans tous les départements, et ayant lien avec Save the Children-Canada.

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La carte 1 nous fait une présentation des zones touchées par l’enquête. Un total de 438 questionnaires ont été traités en dehors des informations supplémentaires, dont :

• 150 pour le département de l’Ouest, • 85 pour le Plateau Central, • 75 pour l’Artibonite. • 34 pour le Nord • 22 pour le Nord-est • 21 pour le Nord-ouest • 18 pour le Sud-est • 21 pour le Sud • 12 pour la Grand’anse

Cependant il faut dire que le nombre de questionnaires recueillis par département ne dit pas nécessairement tout sur l’aspect qualitatif de l’information reçue globalement. Un département ayant envoyé moins de questionnaires peut cependant avoir eu beaucoup plus de rigueur dans le remplissage de ces formulaires. Pour l’ouest on a reçu 54 questionnaires remplis rien que pour Anse-à-Galets et Pointe-à-Raquettes. Les 438 questionnaires nous ont été envoyés par 31 zones. En plus de celles-là, nous avons reçu des informations pour 13 supplémentaires. La collecte des données Ce travail a été réalisé sur la base d’une collaboration entre plusieurs institutions, ce qui a rendu la collecte des données plus facile. En dehors d’autres organisations non directement impliquées, les partenaires de ce travail : l’UNICEF, Save the Children-Canada, Save the Children-US, World Vision, Plan International ont utilisé des enquêteurs dans leurs zones respectives d’intervention. De plus, un groupe de coordonnateurs faisant partie d’un réseau entraîné dans les techniques d’enquête a été utilisé et a joué un rôle important dans la collecte d’informations. Au niveau des institutions, les données ont été recueillies par enquête directe; du côté des coordonnateurs régionaux, les informations ont été recueillies dans un premier temps sur le terrain, avant d’être synthétisées et reportées dans les questionnaires, ce qui nous a beaucoup facilité la tâche dans la lecture des données recueillies. Les enquêteurs ont été les cadres des organisations susmentionnées dans les différentes zones ciblées et les coordonnateurs du réseau des personnes-ressources établi dans les neuf départements. Ces personnes-ressources déjà entraînées sur les processus d’enquête n’ont eu besoin que de très peu d’informations supplémentaires concernant le questionnaire; les cadres des différentes organisations ont été dirigés par les personnes de référence au niveau de la table ronde des partenaires commanditaires du travail. Le dépouillement Les données recueillies par l’enquête sont ensuite reportées dans un cadre qui permettra une lecture plus facile pour le traitement et la formulation de tableaux et de structures imagées. Bien entendu, les questionnaires ont demeuré à côté pour de nouvelles consultations lors de l’analyse. Comme mentionné plus haut, des informations ont été recueillies dans 13 zones à partir de synthèses narratives. Elles n’ont pas pu être codifiées dans le cadre de la base de données brute

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mais elles sont directement utilisées qualitativement lors de l’analyse et ont permis une meilleure compréhension des situations. Carte 1. Zones touchées par l’enquête

Le processus de dépouillement a été très long vu le nombre de questionnaires traités hormis les textes reçus. Cependant la multiplicité des questionnaires traités pour une région nous a permis d’avoir une description de la situation qui est plus proche de la réalité. Lorsque beaucoup de questionnaires sont traités pour la même zone, qui est notre unité d’analyse, les informations sont synthétisées en y opérant un « rapprochement.» Le modèle d’analyse Le choix du modèle d’analyse adopté dans le cadre de ce travail est inspiré des principes d’une approche des droits de l’enfant liés aux principes d’intervention en situation d’urgence qui veulent

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que les décisions soient basées sur des analyses de risques et de besoins10. Les recommandations à tirer de cette analyse doivent dans notre cas servir à une pluralité d’acteurs ayant chacun une méthodologie privilégiée. Aussi il a fallu prendre en compte toutes les dimensions programmatiques, dans l’optique que cette évaluation jouera un rôle non marginal mais essentiel dans les prises de décisions des différentes agences. Les limites et les forces du travail Les limites. Ce travail reste dans le cadre d’une évaluation rapide. Il répond à une situation d’urgence dans un contexte fort complexe. Des évaluations plus profondes devront être réalisées dans les semaines et mois à venir afin d’obtenir une meilleure compréhension de la situation, surtout lorsqu’on s’engage dans la spécificité. D’autre part, une chose importante à considérer est que, dans une même région, deux zones assez connexes peuvent avoir connu des situations totalement différentes en termes d’insécurité, de traumatismes, d’impact sur les enfants et les scénarios moyens considérés dans ce travail pour les départements peuvent présenter entre les zones des variances et des écarts-types assez importants. Les forces. Malgré que ce travail ait été opéré dans une situation de tension générale, la stratégie utilisée a été très appropriée, car elle s’est assise sur la détermination et l’utilisation de forces et d’informateurs locaux. En effet nos informateurs ont été d’une part des cadres de développement qui sont locaux, qui ont une connaissance parfaite de leurs milieux, et d’autre part, des cadres d’organisations nationales et internationales ayant beaucoup d’années d’expérience de travail dans leurs zones respectives. De plus, pour une évaluation rapide, on peut dire que les éléments recherchés ont été quand même significativement filtrés afin d’arriver à une grande justesse de mise en relief de la situation du terrain. Enfin l’une des grandes forces de ce travail est la production d’une importante coordination entre différents acteurs importants travaillant avec les enfants. Ce précédent détient la potentialité d’une bonne continuité dans le futur. En effet, l’expérience permet à chacun des acteurs de déterminer d’importantes sources de support éventuel pour des actions futures. En même temps, ce travail peut constituer entre eux l’étincelle d’une grande action conjointe et bien coordonnée, même à très court terme.

5. LES ENFANTS FACE A LA CRISE : SITUATION ET REALITES

10 Humanitarian Policy Group. Briefing, September 2003. Page 2.

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Prenant en compte notre compréhension des concepts de « agenda humanitaire », de « besoin humanitaire » et de « protection humanitaire » considérés plus haut, nous pensons qu’il est important de rentrer maintenant dans le cœur des facteurs qui constituent la primauté de l’exercice humanitaire en crise d’urgence, augmentés de ceux qui sont indispensables en fonction de certaines spécificités de la crise haïtienne. Essayons d’abord, en ce qui concerne les enfants, de faire ressortir, avec les données recueillies et codifiées, la situation des enfants dans les différentes zones du pays en lien avec les paramètres de l’agenda humanitaire, notamment la sécurité physique et la protection de la vie, la santé et la nutrition, l’éducation, la réhabilitation. Ensuite nous présenterons un récapitulatif qui adresse une synthèse narrative rapide des situations spécifiques. Dans le contexte d’une approche programmatique des droits de l’enfant, détenteur de droits et d’intérêts supérieurs, les différentes situations à travers le pays, malgré leurs spécificités, connaissent une similarité dans le sens profond de « l’interprétation sociale » de la conjoncture et de l’état structurel du pays. Les enfants d’Haïti sont globalement en proie aux même difficultés partout : celles d’un besoin d’une « existence » et d’un rehaussement de sa personne, comme pourrait le comprendre le cadre de la globalisation. Comme mentionné au niveau de la méthodologie, l’unité d’analyse est la zone, c’est-à-dire une commune choisie selon plusieurs critères et ses sections communales. D’une manière générale, le nombre de zones touchées au niveau d’un département est lié à l’intensité des conflits qui y sévissaient où qui y sévissent. Dans le cadre de l’enquête, un total de 31 zones ont été touchées à travers le pays, la répartition par département est représentée à la figure 2. Comme il est à remarquer, six régions ont été explorées au niveau du département du centre et

Figure 2. Répartition du nombre de régions touchées par l’enquête selon le département

4

2

3

6

5

4

3

2

2

Nord

Nord-ouest

Nord-est

Centre

Artibo

Ouest

Sud-est

Sud

Grand'anse

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cinq dans l’Artibonite où les conflits se sont concentrés. En ce qui concerne l’Ouest, il nous faut signaler qu’au moins trois zones touchées (Léogane, Grand-Gôave, Petit-Gôave), n’ont pas été codifiées, donc pas représentées ici.

5.1 LA SÉCURITÉ PHYSIQUE ET LA PROTECTION DE LA VIE

Haïti est en proie depuis plus de trois années à une crise politique qui a pris une courbe exponentielle depuis le début mois de décembre 2003. L’intensification de cette crise s’est accompagnée d’une violence extrême qui a, directement et indirectement, profondément affecté les enfants, toutes catégories confondues. Les conflits entre différentes fractions armées ont entraîné une situation intenable, surtout lorsqu’on considère que près de la moitié de la population sont des enfants. La carte 2 nous fait une présentation de l’intensité des conflits par département.

Carte 2. Présentation de l’intensité des conflits par département.

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5.1.1 Présence de gangs armés et d’enfants impliqués Beaucoup d’enfants ont même participé dans les gangs armés comme acteurs manipulés. Comme l’indique les tableaux et les figures suivantes, dans 22 des 31 zones codifiées par l’enquête, soit 71% des régions, les personnes et organisations contactées ont dénoncé la présence de gangs armés et en même temps, 32% de ces régions (10 régions sur 31) ont indiqué la présence d’enfants dans les gangs armés. Tableau 1. Présence de gangs armés dans les zones ciblées

Département Zones touchées Présence de gangs armés Oui Non

Nord 4 2 2 Nord-est 3 3 0

Nord-ouest 2 0 2 Artibonite 5 5 0

Centre 6 5 1 Ouest 4 2 2

Sud-est 3 2 1 Sud 2 1 1

Grand’anse 2 2 0 Total 31 22 9

Figure 3. Présence de gangs armés dans les zones ciblées en pourcentage.

Présents71%

Non présents

29%

La présence de gangs armés n’a pas été signalée dans le département du Nord-ouest. Cependant il a été reporté que beaucoup de civils étaient armés. En ce qui concerne l’ouest il y deux faits importants à signaler. D’abord lorsqu’une information est donnée concernant la Capitale de Port-au-Prince, on doit prendre en compte son ampleur, comme pour notre exemple, Port-au-prince a été infestée de gangs armés et elle peut contenir à elle seule plus de gangs que le pays en entier. En même temps, les villes de Léogane, de Grand-Goâve et de Petit-Goâve n’ont pas été codifiées, mais la présence de beaucoup de gangs armés dans leurs zones nous a également été signalée.

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Tableau 2 . Présence d’enfants des les gangs armés.

Département Zones touchées Présence d’enfants dans les gangs armés Oui Non

Nord 4 0 4 Nord-est 3 1 2

Nord-ouest 2 0 2 Artibonite 5 2 3

Centre 6 2 4 Ouest 4 2 2

Sud-est 3 1 2 Sud 2 1 1

Grand’anse 2 1 1 Total 31 10 21

Figure 4. Présence d’enfants des les gangs armés en pourcentage.

32%

68%

PrésentsNon présents

A l’exception du département du nord et du nord-ouest où la situation paraît moins préoccupante, on trouve des enfants dans les gangs armés partout dans le pays. Certains sont des enfants de rue, qui naturellement sont entraînés par les intéressés, d’autres accompagnent des membres de leurs familles dans les scènes de violence. Le Nord constitue un département où malgré l’ampleur des conflits et la présence de beaucoup de gangs armés, les enfants n’y ont, semble t-il, pas fait partie. Il a été dans le Sud-est, à Jacmel, surprenant de remarquer quelques enfants de rue (même en nombre très restreint) avec les gangs armés, d’après ce qui nous a été rapporté.

5.1.2 Enfants blessés et/ou tués Sans avoir de chiffres exacts, nous pouvons dire que beaucoup d’enfants ont été physiquement victimes de ces conflits. Certains ont été blessés, plusieurs ont été tués, surtout dans le cas des enfants de rue à Port-au-Prince. Doublement victimes, ils ont été manipulés, utilisés, et parfois, pour avoir été témoins de crimes trop importants, certains ont été exécutés. La situation qui a entraîné une réduction des activités économiques les a rendus encore plus vulnérables à la manipulation pour assurer leur survie. Le CARLI, comme le Foyer Lakay ont dénoncé l’assassinat de plusieurs enfants de rue à Port-au-Prince. Selon les données recueillies à travers le pays, il y a

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presque partout des cas d’enfants tués ou blessés par balles, à l’arme blanche, ou lorsqu’ils ont été battus dans les écoles par des groupes. 11 régions enquêtées ont indiqué que des enfants ont été blessés soit par balles, par armes blanches, soit battus par des gangs, soit en prenant la fuite lorsqu’il y a des actes de violence. On peut citer des cas d’enfants blessés à Ouanaminthe, à Fort-Liberté, à Port-de-paix (bastonnés), à la Petite Rivière de l’Artibonite, à Dessalines, aux Gonaïves, à Savanette, dans la zone métropolitaine, aux Cayes, etc. De même, il a été indiqué au niveau de cinq zones que des enfants ont été tués pendant les actes de banditisme liés à la crise politique. Un enfant a été tuée d’une balle à Ouanaminthe au cours d’une manifestation, des cas ont été reportés pour Fort-Liberté, Beaucoup d’enfants sont morts dans la zone métropolitaine, en particulier des enfants de rue comme nous l’avons indiqué précédemment; un enfant a été tué à Jacmel dans une bande à pied, une fille a été tuée par balle à Jérémie. Les figures suivantes nous montrent le nombre de zones (sur 31) où des cas d’enfants blessés et/ou d’enfants tués ont été reportés. Il est aussi évident que des enfants furent blessés ou tués dans d’autres zones qui n’ont pas été codifiées comme Petit-Gôave, par exemple.

Tableau 3 . Zones ayant indiqué des cas d’enfants tués et d’enfants blessés.

Département Zones touchées Enfants blessés et/ou tués Oui Non

Nord 4 0 4 Nord-est 3 2 1

Nord-ouest 2 1 1 Artibonite 5 3 2

Centre 6 1 5 Ouest 4 1 3

Sud-est 3 1 2 Sud 2 2 0

Grand’anse 2 1 1 Total 31 12 19

Figure 5. Zones en % ayant indiqué des cas d’enfants tués et d’enfants blessés.

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Cas d'enfants blessés

et/ou tués reportés

39%

Non reportés

61%

5.1.3 L’insécurité En ce qui concerne l’insécurité d’une manière générale, il n’est pas un endroit enquêté qui n’a pas connu une situation « anormale », chacune avec ses caractéristiques, mais toute avec un déterminant commun : la montée de la crise politique et la faiblesse des institutions de l’Etat. Le tableau suivant présente la situation d’insécurité qui sévit dans les différentes zones. Tableau 4. Caractéristiques de l’insécurité par zone.

Département Zones touchées Caractéristiques de l’insécurité Nord 4 Banditisme, vol à main armée, absence d’autorités

légales, agression physique et verbale, incendie, malversations policières

Nord-est 3 Vol et règlements de compte. Nord-ouest 2 Violence physique et verbale, trafic de drogue,

intimidation. Artibonite 5 Profusion d’armes, pillage, banditisme, absence

d’autorités légales, tirs nourris. Centre 6 Règlement de compte, hold-up, malversations policières,

black-out. Ouest 4 Pillage, assassinat, enlèvement, vol à main armée, tirs

nourris, règlement de compte, malversations policières. Sud-est 3 Vol à main armée par des évadés de prison, banditisme

(chimères), vol de bétail. Sud 2 Attaque sur les commerçants, assassinats, tirs

sporadiques la nuit. Grand’anse 2 Vol, Menaces, black-out, tirs sporadiques

D’après les commentaires des rapports narratifs reçus, les zones qui semblent avoir été un peu moins touchées par l’insécurité ont été la partie ouest du Nord-Ouest, la partie est (Bainet à Côte-de-fer) et la partie ouest (Belle-Anse à Anse-à-Pitres) du Sud-est, la partie ouest de la Grand’Anse (Abricot aux Irois). Cependant dans la partie est du Sud-est, le vol de bétail s’était beaucoup augmenté avec la crise.

5.1.4 Les enfants en domesticité De même, il ne faut pas oublier les enfants en domesticité. Il en existe partout dans les zones enquêtées et en dehors des enfants des rues, ils ont été les plus maltraités et exposés aux

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 20 de 62 Mars 2004

conséquences de la crise. En effet, d’une part, la situation économique des familles ne les permettait plus de subvenir aux besoins de leurs propres enfants comme décrit plus haut. Le manque de protéines, de vitamines, de minéraux et de d’aliments énergétiques qui frappe les enfants en général, a eu une incidence beaucoup plus grave sur les enfants en domesticité. Ils ont pratiquement été terriblement secoués par la crise politique, économique et sociale que connaît Haïti. Plus loin, les familles naturellement priorise la protection de leurs propres enfants. Aussi pendant les situations de conflits, les enfants en domesticité sont ceux qui sont envoyés dans les rues pour l’achat de produits qui sont d’ailleurs difficilement accessibles sur le marché, la collecte de l’eau, et même la vente de produits pour les familles marchandes.

5.1.5 Les enfants en prison En ce qui concerne les enfants en prison, il a été signalé seulement à Port-au-Prince que leur nombre a apparemment augmenté au début de la crise. Cependant, pendant la crise, le Fort national (prison pour enfants et femmes) a été vidé. Pour le reste du pays, il n’y a pas pratiquement d’enfants en prison et ceci pour deux raisons : la première est que d’une façon générale, on retrouve rarement des enfants en prison dans les villes de province; la seconde est que la plupart des prisons de la République ont été vidées durant les conflits entre les opposants au pouvoir en place et les policiers cantonnés dans les commissariats.

5.1.6 Les filles violées Le nombre de filles violées a augmenté avec la crise, mais dans des zones de conflits intenses bien déterminées. Dans la zone métropolitaine, beaucoup de cas ont été reportés. Kay Fanm a pris en charge 20 cas de filles violées. D’autres cas ont été pris en charge par des centres de santé. A Petit-gôave, plusieurs cas de viols de mineurs comme d’adultes ont été reportés. Des filles ont aussi été violées à Fort-Liberté, Gonaїves et à Jérémie. Cependant dans ces derniers cas, les actes sont plutôt cachés par les familles victimes.

5.1.7 Les enfants trafiqués Enfin la situation du trafic des enfants ne saurait passer sous silence. S’il est vrai que cette question ne faisait pas directement l’objet de cette enquête, il n’en demeure pas moins vrai que d’après des sommaires narratives recueillies au niveau de certains départements, le trafic des enfants aurait même connu une certaine augmentation pendant la crise. Les informations ont été reçues au niveau des zones frontalières, mais relatent cependant que ce problème provient aussi d’autres départements à partir desquels le processus est organisé. Le département du Nord semble être très concerné par le trafic, de même le passage est organisé à partir de la région du Centre, un peu moindre mais quand même dans le sud-est. Beaucoup de familles très pauvres ont eu, pendant la crise, à envoyer un bon nombre d’enfants en République Dominicaine aux fins de mendicité, de travaux agricole, et commerce du sexe. Cette situation a été accélérée par la fermeture des écoles.

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5.2 SANTÉ ET NUTRITION

Les conditions de santé des enfants d’Haïti, déjà classées parmi les pires du monde, se sont énormément aggravées avec la crise. L’enquête opérée à travers tout le pays indique qu’aucun hôpital dans les communes touchées ne disposait d’assez de médicaments ni de personnel soignant. Cette absence de certains médicaments importants a causé la mort de beaucoup d’enfants et de jeunes à travers le pays. Certains orphelins du SIDA, eux-mêmes infecté par le VIH, n’ont pas pu trouver les ARV nécessaires à leur survie et sont morts par manque de nutrition et de médicaments. Dans plusieurs villes importantes du pays, le nombre de lits disponibles pour les enfants dans les hôpitaux est très limité. Certains hôpitaux ne disposent pratiquement pas de toilettes, voire les centres de santé. A Port-au-prince, l’Hôpital général a dû suspendre ses services pendant plus d’un mois. Dans beaucoup de régions, le personnel des centres de santé a dû abandonner les centres et les hôpitaux suite aux menaces, et beaucoup d’enfants blessés (par des fils de fer, des bouteilles cassées, des éclats de vitres), souvent en fuyant la violence causée par les gangs armés, n’ont pas pu trouver de soins appropriés. 5.2.1 Personnel de santé, matériels et médicaments Si des hôpitaux et des centres de santé ont été fermés seulement dans trois des 31 zones touchées, il n’en demeure pas moins vrai que dans tous les cas, ils ne disposaient pas suffisamment de médicaments, de matériels ou de personnel soignante. Le tableau suivant nous montre les réponses fournies en ce qui a trait à la présence de médicaments et de personnel de santé dans les différentes zones. Tableau 5. Personnel de santé et médicaments dans les hôpitaux et centres de santé.

Département Zones touchées Personnel de santé Médicaments Suffisant insuffisant Suffisant insuffisant

Nord 4 1 3 0 4 Nord-est 3 0 3 0 3

Nord-ouest 2 0 2 0 2 Artibonite 5 0 5 0 5

Centre 6 0 6 0 6 Ouest 4 0 4 0 4

Sud-est 3 0 3 0 3 Sud 2 0 2 0 2

Grand’anse 2 0 2 0 2 Total 31 1 30 0 31

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Cette absence de moyens, de médicaments et de soins, a encore empiré les indicateurs de santé globale des enfants, en entraînant une augmentation de la mortalité et de la morbidité infantile à travers le pays. La pénurie de gaz a profondément perturbé la marche de beaucoup d’hôpitaux et de centres de santé. Des stocks de vaccins réfrigérés ont été perdus pendant que l’approvisionnement a été coupé. Les activités de vaccination ont donc été ralenties ou suspendues dans plusieurs régions, ce qui potentiellement peut provoquer une ressurgissance de certaines maladies des enfants, évitables par vaccination. Au Cayes par exemple, l’hôpital ne dispose pas de médicaments à la section de pédiatrie et la pharmacie est fermée la nuit. Les cas d’urgence de nuit peuvent être fatals, plusieurs cas de décès ont été ainsi reportés. 5.2.2 Nutrition Au niveau nutritionnel, la situation est très préoccupante pour les enfants, surtout avec la crise qui sévit. Au sein des familles à travers le pays, l’augmentation des prix des produits de première nécessité a entraîné une misère sans précédent. Dans certains endroits, en particulier ceux qui ont le plus été éloignés des centres d’approvisionnement, le coût de la vie a même triplé, les familles ne peuvent plus se procurer de certains produits nécessaires à la santé de leurs enfants comme des produits importants à base de protéines, de vitamines, et d’énergie. La figure suivante nous donne une idée de l’augmentation des prix au niveau des départements. Le pourcentage présenté est moyen partout, car pour un même département, ils ont été indiqués différents entre les zones. Selon le niveau d’accès à l’approvisionnement, ils peuvent passer de 50 à 150%. Figure 6. Pourcentage d’augmentation des prix des produits de première nécessité à travers le pays.

75%

50%60%

83%

60%

42%

65%55%

94%

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

Nord

Nord-ou

est

Nord-es

t

Artibon

ite

Centre

Ouest

Sud-es

tSud

Grand'a

nse

Nous notons que l’augmentation des prix a eu un lien avec le niveau de conflit existant et l’accès à un département. Le centre accusait une augmentation moyenne de 83%, le Nord de 94%, le Nord-

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ouest de 75%. Si dans le Nord-est et le Sud-est il y a eu une augmentation de seulement 50 et 42% respectivement, c’est parce que ces départements ont accès à la frontière. En effet Anse-à-Pitres par exemple s’approvisionne en République Dominicaine et l’augmentation des prix dans cette commune a seulement été de 20%. Il en est de même pour Ouanaminthe où il a été d’environ 40%. La figure suivante nous donne une idée de la réduction de la ration alimentaire des enfants apportée par la crise. Elle présente les indications des 31 zones touchées avant la crise et ces mêmes indications après la crise. Haïti a déjà été un pays avec une majorité d’enfants en état de malnutrition. Cette problématique a augmenté avec la crise et beaucoup d’enfants se sont retrouvés en situation de n’avoir à absorber, et encore difficilement, qu’un petit repas mal balancé par jour.

Figure 7. Nombre de repas reçu quotidiennement par les enfants

Avant la crise

14

13

4

0 5 10 15

Nombre de zones

1 Fois

2 Fois

3 Fois

Dans 14 zones du pays sur 31 touchées par l’enquête, il a été indiqué que les enfants mangeaient une fois par jour, et dans 13 zones, qu’ils mangeaient 2 fois par jour, avant la crise.

Figure 8. Nombre de repas reçu quotidiennement par les enfants

Pendant la crise

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7

24

0

0

0 5 10 15 20 25

Nombre de zones

Presque rien

1 Fois

2 Fois

3 Fois

Pendant la crise, beaucoup d’enfants du pays n’ont eu presque rien à manger dans certaines zones, soit 7 sur les 31 zones. Pour le reste, c’est-à-dire les plus chanceux, cette ration a été réduite tout simplement à une fois par jour (24 zones sur les 31). Cette situation est récapitulée au tableau suivant. N’oublions pas que pour les régions, les données présentées représentent la moyenne ou la médiane. Tableau 6. Présentation brute de la ration alimentaire quotidienne des enfants.

Avant la crise Pendant la crise 1 fois 2 fois 3 fois Presque rien 1 fois 2 fois

Dans 14 zones

Dans 13 zones

Dans 4 zones

Dans 14 zones

Dans 13 zones

Dans 4 zones

Sur 31 régions enquêtées Sur 31 régions enquêtées

Cette situation reste préoccupante, et spécialement dans certains endroits très marginaux et marginalisés comme par exemple le Nord-ouest et la partie est du département du Sud-est, notamment la zone de Grand-gosier à Anse-à-Pitres en passant par Banane. Certains hôpitaux et centres de santé qui fournissaient au moins un repas à leurs patients, en particulier les enfants, ont dû, à quelques exceptions près, abandonner ces activités. En lien avec cette même situation, le tableau suivant présente les éléments essentiels les plus manquants dans l’alimentation des enfants, à cause de la diminution considérable du pouvoir d’achat des familles. Le pays a aujourd’hui besoin d’une augmentation tant de sa portion de protéine que de vitamine à mettre à la disposition des enfants. Les différentes régions enquêtées au niveau des départements ont fait ressortir les informations suivantes. Tableau 7. Éléments manquants dans l’alimentation des enfants selon les réponses recueillies dans les zones d’enquête. Protéines Vitamines Énergie Fer Calcium

Nord √ √ √ √ √ Nord-est √ √ √ √ √

Nord-ouest √ √ √

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 25 de 62 Mars 2004

Artibonite √ √ √ √ Centre √ √ √ Ouest √ √ √ √

Sud-est √ Sud √

Grand’anse √ En ce qui concerne l’eau et la sanitation, les conflits ont détruit beaucoup de l’infrastructure existante déjà insuffisante. Une crise d’eau sévit déjà de nos jours à Port-au-Prince, dans plusieurs villes du pays le niveau de sanitation est très médiocre. Port-de-Paix vit sous la boue et le système d’eau potable est en défaillance, ce qui entraîne une augmentation énorme des cas de diarrhées et d’autres maladies infectieuses. L’eau potable est rare et constitue un problème majeur au niveau de la population. Jacmel connaît le même problème en ce qui a trait au fonctionnement du système d’eau potable. La situation environnementale est très précaire, dans certaines villes comme St-Marc et même certains endroits de la capitale, des cadavres jonchaient dans les rues et les détritus, ce qui a provoqué des problèmes de santé publique. Port-au-Prince et plusieurs grandes villes du pays étaient recouvertes de détritus.

5.3 ÉDUCATION

Les données recueillies à travers le pays nous indiquent que, à part quelques exceptions dans toutes les régions, le système scolaire a été pratiquement stoppé depuis le mois de décembre 2003. Cette fermeture a été due aux différentes positions des groupes politiques, des menaces proférées à l’endroit des professeurs et des élèves par les gangs armés et certains acteurs politiques, les manifestations anti ou pro-gouvernementales, la crainte des parents et des enfants face à l’insécurité. Dans les autres régions où la situation d’insécurité n’a pas sévi, les écoles sont aussi restées fermées, en particulier les écoles nationales, dans la logique d’une adaptation au contexte global. Le tableau suivant nous présente la situation à travers les zones enquêtées. Tableau 8. Situation du système éducatif au milieu de la crise. Écoles fermées Enseignants

menacés Élèves menacés

Zones touchées

oui non oui non oui non

Nord 4 3 1 1 3 1 3 Nord-est 3 3 0 1 2 1 2

Nord-ouest 2 1 1 1 1 1 1 Artibonite 5 5 0 5 0 2 3

Centre 6 6 0 3 3 3 3 Ouest 4 4 0 2 2 2 2

Sud-est 3 3 0 1 2 1 2 Sud 2 2 0 2 0 1 1

Grand’anse 2 2 0 2 0 2 0 Total 31 29 2 18 13 14 17

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Cette situation de suspension des activités scolaires a créé beaucoup de frustration, de stress chez les familles et même des problèmes psychologiques chez beaucoup d’enfants. Dans plusieurs régions du pays, la cantine offerte dans les écoles a été pratiquement la seule source de nutrition de beaucoup d’enfants. Avec la fermeture des écoles, les organisations de soutien ont dû suspendre l’approvisionnement des cantines et un taux de malnutrition sévère a été remarqué dans certaines régions, notamment Port-de-Paix, Fort-Liberté, Pointe-à-Raquettes, Anse-à-Pitres, pour ne citer que celles-là. Dans beaucoup de zones cependant, on retrouve toujours quelques écoles qui ont essayé tant bien que mal de laisser leurs portes ouvertes aux élèves, surtout là où les conflits ont été moins importants. Ce sont pour la plupart des écoles congréganistes et presbytérales. Cependant, cela n’a pas été sans risque pour les enfants. C’est ainsi que des élèves ont eu à subir des actes de bastonnade de la part des gangs armés. 5.4 LA RÉHABILITATION 5.4.1 Atmosphère de peur En dehors de quelques zones isolées à travers le pays, comme Jean-Rabel, Saut-d’eau, Pointe-à-raquettes, Anse-à-pitres, on peut dire que toutes les régions du pays ont connu une atmosphère de peur, surtout à partir de décembre 2003, décrite par 24 zones sur 31 (tableau 9). Cette pression psychologique, plus aiguë dans certaines zones comme Gonaïves, St-Marc, Port-au-prince, Cap-Haïtien, Mirebalais, Petit-Gôave, Trou-du-nord, Hinche, St-Raphaël et un peu moins dans d’autres endroits connexes à ces régions a eu un impact considérable sur les enfants et les jeunes. Cette atmosphère de peur a été même dans beaucoup de cas renforcée par la présence de cadavres dans les rues, exposés à la vue des enfants. Ce fait a été constaté à Trou-du-Nord, Ouanaminthe, St-Marc, Gonaïves, et surtout dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. De plus pour les autres zones, l’absence de cette image traumatisante ne signifie pas que les enfants n’ont pas été témoins d’actes d’assassinat. Tableau 9. Zones ayant indiqué une atmosphère de peur.

Département Zones touchées Atmosphère de peur Oui Non

Nord 4 3 1 Nord-est 3 3 0

Nord-ouest 2 1 1 Artibonite 5 5 0

Centre 6 5 1 Ouest 4 2 2

Sud-est 3 1 2 Sud 2 2 0

Grand’anse 2 2 0

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 27 de 62 Mars 2004

Total 31 24 7 5.4.2 La migration interne et externe De plus, comme facteur psychologique important, la situation de crise a produit un mouvement de migration interne important lorsque les conflits ont commencé à s’intensifier. La peur et le besoin de sécurité ont porté beaucoup de familles, accompagnées de leurs enfants, à abandonner leur environnement naturel d’existence pour aller chercher refuge ailleurs. Sur les 31 régions questionnées, il a été révélé dans 71% que beaucoup de familles ont dû abandonner leurs maisons pour se réfugier dans d’autres zones. Environ une centaine de familles ont fui les Gonaïves pour les localités avoisinantes. Il en est de même pour St-Marc, Ouanaminthe et Trou-du-Nord. Le tableau et la figure suivante nous présentent la situation de migration dans les zones d’enquête. Tableau 10. Migration des familles et personnes comme indiqué par les zones.

Département Zones touchées Cas de familles ou personnes ayant

abandonné la zone

Cas de familles ou personnes réfugiées

dans la zone Oui Non Oui Non

Nord 4 2 2 1 3 Nord-est 3 3 0 3 0

Nord-ouest 2 0 2 1 1 Artibonite 5 4 0 3 2

Centre 6 5 1 5 1 Ouest 4 2 2 2 2

Sud-est 3 1 2 1 2 Sud 2 2 0 0 2

Grand’anse 2 2 0 2 0 Total 31 22 9 18 13

Figure 9. Zones touchées par les migrations.

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71%

29%

Zone ayant connuune forte

migration desfamilles

Zones avec unesituation plus ou

moins stable

A Port-au-prince, beaucoup de familles ont laissé pour les Etats-Unis, le Canada, la République Dominicaine et la province. A Dessalines, plus de dix familles ont rejoint les Etats-Unis et d’autres les sections communales. Dans le département du centre beaucoup de familles ont fui vers la République dominicaine, ce qui a encore compliqué la situation des enfants. 50 familles de Lascaobas, 10 familles de Savanette, 15 de Mirebalais, sont parties vers la frontière. Le nombre approximatif de familles ayant abandonné une zone et rejoint une autre n’est pas déterminé au niveau du pays. Cependant il reste clair que cette situation a beaucoup déséquilibré les enfants qui, dépourvus de tout: activités scolaires, récréation, nutrition adéquate, connaissent une situation aiguë de misère. Avec cette conjoncture, les enfants ont eu à vivre des situations exceptionnelles. Ils ont été témoins, ils ont été contraints, ils ont été victimes. Le besoin de mise en place en Haïti aujourd’hui de structures de prise en charge psychologique des enfants devient nécessaire. A Port-au-Prince les enfants de rue en particulier représentent un groupe social très affecté. Beaucoup ont été témoins de scènes de violence, de pillage et de tuerie. Certains d’entre eux, témoins gênants, ont même été exécutés. Certains enfants du Champ-de-mars par exemple, ont dû fuir cet endroit, par peur de représailles, après avoir personnellement vu des gens qu’ils connaissent bien dans des actes de pillage. De même, certains d’entre eux, auteurs aussi d’acte de pillage, sont recherchés, et craignant pour leur vie, ils sont obligés de se cacher. Beaucoup d’enfants, surtout dans les zones de conflits ardus, ont eu à constater les cadavres dans les rues, à se mettre à couvert lorsque leurs familles ont été attaquées, et aussi à suivre des membres de leurs familles dans des actes de banditisme. Des enfants ont participé dans les gangs armés, surtout dans l’Ouest, l’Artibonite, le Sud, et même le Sud-est. 5.4.3 Les enfants de rue Au moins 19, soit 61% des zones touchées ont indiqué la présence d’enfants de rue dans les communes. Il est vrai que dans certains cas la compréhension de la notion « d’enfant de rue » peut être erronée, cependant il revient pour nous de comprendre que dans l’œil des conflits liés à la crise politique, beaucoup d’enfant qui passent leur existence un peu plus « outdoor » qu’au sein d’une famille ont été particulièrement exposés et ont subi directement les conséquences de cette guerre, de la catastrophe économique qui l’a accompagnée, et du traumatisme qu’elle a engendré. La figure 10 donne une idée de la présence d’enfants des rues sur la surface enquêtée. Beaucoup ont été victimes pour avoir participé directement aux conflits armés, d’autres pour avoir été témoins

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 29 de 62 Mars 2004

de crimes, et enfin d’autres pour avoir été coupés de leurs sources de revenus lorsque les activités ont cessé dans les rues des principales villes du pays. Cette situation s’est décrite par un état général de stress, de malnutrition, d’affectation psychologique.

Figure 10. Présence d’enfants de rue dans les zones.

0

5

10

15

20

Enfants de rueprésents

Pas d'enfantsde rue

reportés

5.4.4 Les enfants trafiqués Les enfants victimes de trafic vers la République Dominicaine constituent aussi un groupe en situation spécialement difficile qui a vraisemblablement augmenté avec la crise, selon les rapports recueillis des départements frontaliers. Pour la plupart originaire du département du Nord, ces enfants, surtout à cause de la fermeture des écoles et des conflits entre groupes armés, ont été envoyés par leurs familles ou infuencés par des amis qui y ont déjà l’habitude. Aidés au prix fort par les passeurs, beaucoup ont atterri dans la République voisine, surtout comme petits mendiants ou prostitués. Des cas ont aussi été relatés au niveau des Anse-à-Pitres et de Belladère. Certaines institutions qui travaillaient avec les enfants défavorisés ont dû fermer leurs portes, soit par la suspension des sources de soutien, soit parce qu’elles ont été attaquées, bouleversées ou mises à sac par des gangs armés ou des groupes de pillards. Des cas ont été recensés dans la zone métropolitaine, dans le Nord-est etc. Les enfants se sont retrouvés du jour au lendemain abandonnés à eux-mêmes. Un plan global de support à ces institutions devrait être étudié à court terme par les institutions de soutien du secteur associatif. Les deux tableaux suivants font d’abord état des traumatismes vécus par les enfants ainsi que les problèmes qu’ils endurent d’une part, des besoins immédiats à quoi ils font face d’autre part. Tableau 11. Traumatismes et problèmes des enfants par département. Département Peur Déscola-

risation Manque de nutrition

Trafic Manque de loisir

Manipu-lation

Bandi-tisme

Violence sexuelle

Violence psycho-logique

Prostitu-tion clandes-tine

Nord √ √ √ √

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 30 de 62 Mars 2004

Nord-est √ √ √ √ √ Nord-ouest √ √ √ Artibonite √ √ √ √ √ √

Centre √ √ √ √ √ Ouest √ √ √ √ √

Sud-est √ √ √ √ Sud √ √

Grand’anse √ √ √ √ √ Tableau 12. Besoins urgents des enfants. Département Santé Nutrition Scolari-

sation Eau potable

Lutte contre le trafic

Sécurité Loisir Appui psycho-social

Lutte contre prosti-tution

ARV et médica-ments

Nord √ √ √ Nord-est √ √ √ √

Nord-ouest √ √ √ √ √ Artibonite √ √ √ √

Centre √ √ √ √ √ √ Ouest √ √ √ √ √

Sud-est √ √ √ √ √ Sud √ √

Grand’anse √ √ √ √

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 31 de 62 Mars 2004

6. VUE D’ENSEMBLE DE LA SITUATION

6.1 État de la situation des enfants en lien avec l’agenda humanitaire Il convient maintenant d’opérer un récapitulatif caractérisé par un « rapprochement » entre les facteurs prioritaires à considérer dans la situation d’urgence que connaît Haïti, en fonction de l’agenda humanitaire, et les résultats issus de l’analyse des informations recueillies sur le terrain au niveau des différents départements. Aussi nous allons maintenant reprendre en un tableau synthétique, l’ensemble de la situation, comme présentée par les données indiquées par le terrain. Ce tableau récapitulatif est dessiné plus bas. Cependant, il faut tenir à l’esprit qu’il s’agit d’une évaluation rapide et que les faits présentés ne peuvent fournir une précision rigide.

Tableau 13. Sécurité physique et la protection de la vie.

Sécurité physique et la protection de la vie

Département Vol à Main armée

Enlève-ment

Agres-sion et/ou abus sexuels

Absence d’auto-rité légale

Enfant dans les gangs

Trafic de drogue

Pillage et incen-die

Trafic d’enfants

Malversa-tions policières

Agres-sion physique ou verbale

Nord √ √ √ √ Nord-est √ √ √ √ √

Nord-ouest √ √ √ Artibonite √ √ √ √

Centre √ √ √ √ √ Ouest √ √ √ √ √ √ √ √

Sud-est √ √ √ √ Sud √ √ √

Grand’anse √ √ √ √

Tableau 14. Santé et nutrition

Santé et Nutrition

Département Personnel insuffi-sant

Médicaments insuffi-sants

Enfants blessés et/ou tués

Malnu-trition

Ration réduite à 1 fois par jour

Manque de protéines de vitami-nes et minéraux

Personnel médi-cal mena-cé

Absence de ARV

Problème de vacci-nation

Problè-me d’eau potable

Nord √ √ √ √ √ √ √ Nord-est √ √ √ √ √ √ √

Nord-ouest √ √ √ √ √ √ √ √ √ Artibonite √ √ √ √ √ √ √

Centre √ √ √ √ √ √ √ Ouest √ √ √ √ √ √ √ √

Sud-est √ √ √ √ √ √ √ √ Sud √ √ √ √ √ √ √ √ √

Grand’anse √ √ √ √ √ √

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 32 de 62 Mars 2004

Tableau 15. Éducation

Éducation Département Écoles

fermées Quelques écoles ouvertes

Professeurs menacés

Élèves menacés

Type de menaces

Nord √ √ √ √ Agression physique et/ou verbale Nord-est √ √ √ √ Agression physique et/ou verbale

Nord-ouest √ √ √ √ Agression physique et/ou verbale Artibonite √ √ √ Agression physique et/ou verbale

Centre √ √ √ √ Agression physique et/ou verbale Ouest √ √ √ √ Agression physique et/ou verbale

Sud-est √ √ √ √ Agression physique et/ou verbale Sud √ √ √ Agression physique et/ou verbale

Grand’anse √ √ √ Agression physique et/ou verbale

Tableau 16. Réhabilitation

Réhabilitation Département État de

peur Aban-don des zones

Réfugies dans les zones

Violence psychologique

En-fants de rue affec-tés

En-fants trafi-qués

Violence sexuelle

En-fants en prison

En-fants armés

Prostitu-tion clandestine

Nord √ √ √ Nord-est √ √ √ √ √ √ √ √

Nord-ouest √ √ √ Artibonite √ √ √ √ √ √

Centre √ √ √ √ √ √ √ Ouest √ √ √ √ √ √ √ √ √

Sud-est √ √ √ √ √ √ √ Sud √ √ √ √ √

Grand’anse √ √ √ √ √ √ √ √

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7. POUR UNE APPROCHE PROGRAMMATIQUE DES DROITS DE L’ENFANT Une programmation des droits de l’enfant signifie l’utilisation des principes des droits de l’enfant pour planifier, implanter, gérer, et évaluer des programmes dans le but global de renforcer la réalisation de ces droits comme définis dans le droit international. Comme mentionné précédemment, un changement important au niveau du développement a été la modification de la perception du statut des enfants dans les dernières décennies. La Convention relative aux droits de l’enfant a explicitement reconnu leur statut de détenteurs de droit. En conséquence, la programmation des droits de l’enfant repose sur le principe que :

« les enfants sont détenteurs de droits et qu’il y a des débiteurs de ces droits. »

Ainsi, la responsabilité de l’État est centrale dans la protection des droits de l’enfant de même que le soutien que celui-ci doit accorder aux parents. Cependant en plus des responsabilités et obligations de l’État, d’autres groupes ont des obligations à l’égard des enfants (parents, communautés, associations/ONG, etc.) et doivent être considérés dans les stratégies de tout projet. La mise en œuvre de cette approche de travail signifie que :

• Les enfants seront mis au centre de notre action et qu’ils seront reconnus comme des détenteurs de droits et des acteurs sociaux;

• Les familles seront reconnues comme les premiers prestataires de soins et de protection aux enfants et qu’elles seront supportées dans ce sens;

• La dimension genre sera prise en compte afin d’apporter des solutions inclusives qui se focalisent sur les filles et les garçons;

• Une vision holistique des droits de l’enfant sera tenue tout en faisant des choix stratégiques en considérant les acteurs spécifiques;

• Les objectifs seront fixés en termes de réalisation des droits de l’enfant. Tenant en compte que les quatre phases inclues dans le cycle d’une intervention sont l’analyse de situation, l’établissement des priorités, l’implantation de stratégies, le suivi et l’évaluation, il est donc clair que l’établissement de priorités va faire suite à ce travail d’évaluation rapide qui met en relief une analyse de la situation. Aussi Il y a deux points à considérer dans le cadre de la fixation des priorités : il s’agit des principes des droits humains et de l’approche basée sur les droits. Cette démarche couplée aux informations recueillies plus haut devrait constituer la toile de fond des recommandations. L’approche basée sur les droits Aux fins d’une meilleure compréhension de la démarche qu’on veut suivre, il est bon d’essayer de définir l’approche basée sur les droits en la comparant à l’approche basée sur les besoins. Les deux sont basées sur un désir d’aider les enfants à survivre et à se développer. Les deux cherchent à identifier une gamme d’assistance et d’actions qui sont nécessaires pour atteindre ce développement. Elles se différencient dans leurs hypothèses sous-jacentes et les implications de ces hypothèses pour la programmation. Nous avons pris le soin de mettre en évidence cette approche car dans les situations d’urgence, on a le plus souvent tendance à prioriser l’approche basée sur les besoins. Le tableau suivant (tableau 14) met en évidence les traits clés des deux approches et démontre comment elles peuvent être placées dans des positions différentes au sein d’un même continuum. De là, on peut plus facilement comprendre pourquoi nous priorisons l’approche basée sur les droits. Tableau 17. Perspective de besoins et de droits.

Perspective de besoins Perspective de droits

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Charité privée Responsabilité publique, politique, morale et légale; obligation, devoir

Bénévolat, volontariat, (facultatif) Obligation Bien-être, aumône, Charité Droits légaux, revendications, garanties, justice,

équité, liberté Adresse les symptômes Adresse les causes profondes Buts et objectifs partiels – vise à atteindre le plus grand nombre d’enfant (Exemple, les enfants de l’Artibonite ont été tous immunisés)

But et objectifs complets – tous les enfants ont le même droit (Exemple : tous les enfants de l’Artibonite sont immunisés signifie que le droit à l’immunisation n’est pas encore réalisé)

Hiérarchie des besoins . Certains besoins sont plus importants que d’autres (par exemple : nourriture avant éducation)

Les droits ne peuvent être divisés, ils sont indivisibles et interdépendants

Les besoins varient en fonction de la situation, l’individu et l’environnement

Les droits sont universels (les mêmes partout)

La détermination des besoins est subjective Les droits sont basés sur des standards internationaux

Perspective de court-terme, remplir les « gaps » Perspective de long-terme Projets ciblant des groupes spécifiques d’enfants

Approche holistique

Les enfants ont besoin d’aide Les enfants ont droit à l’aide Le gouvernement doit faire quelque chose mais personne n’a d’obligations définies

Le gouvernement a des obligations morales et légales

Les enfants peuvent participer pour améliorer la livraison de service

Les enfants sont de part leurs droits des participants actifs

A cause de la limitation des ressources, des enfants peuvent être négligés

Tous les enfants ont le même droit de réaliser son potentiel

Chaque intervention a son but mais il n’y a pas but global unifié

Il y a un but global auquel toutes les interventions contribuent

Certains groupes ont l’expertise technique pour remplir les besoins des enfants

Tous les adultes peuvent jouer un rôle pour l’atteinte des droits des enfants (et les enfants eux-mêmes)

Ce tableau qui vient d’être dressé permet facilement de voir comment la planification d’une intervention dans une approche globale de synergie et de complémentarité entre les différentes agences est important et comment des interventions de court-terme devrait se situer dans le cadre d’une stratégie bien définie de long terme.

8. RECOMMANDATIONS

Les recommandations sont directement adressées aux agences internationales, partenaires dans ce cadre de ce travail. Elles ont un caractère général, car elles découlent d’une évaluation « rapide » de la situation. Certes, des études supplémentaires doivent nécessairement être réalisées afin d’approfondir les diverses problématiques. Toutefois, les données préliminaires peuvent déjà orienter les interventions. Un élément crucial à retenir est que le contexte haïtien était déjà en position d’extrême vulnérabilité avant le conflit, le conflit ne pouvait qu’entraîner une détérioration rapide des indicateurs humanitaires. Les interventions et stratégies à prioriser sont présentées à la carte 3.

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 35 de 62 Mars 2004

Carte 3. Interventions et stratégies à prioriser.

8.1 Recommandations générales

1. Dans le souci d’une action efficace visant un impact global et significatif sur l’enfance en Haïti, concerter et mettre en place une stratégie d’intervention coordonnée dans l’optique d’une programmation des droits de l’enfant.

Ce travail a été initié par des organisations internationales qui jouent un rôle important en Haïti dans le domaine de l’enfance, mais qui en même temps, à plusieurs égards, interviennent avec des approches et des expertises différentes. Aussi, il serait recommandé que les interventions planifiées à la lumière de cette évaluation soient empreintes de cohérence, de synergie, de complémentarité, afin d’arriver à un plus grand impact global sur les enfants et au niveau du pays. Face aux défis en Haïti, la coordination, la concertation sont incontournables.

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 36 de 62 Mars 2004

2. Utiliser ce cadre de travail pour créer et maintenir un système de coordination, d’échanges et de soutien mutuel entre les partenaires de référence.

Il serait bon que les partenaires en présence, commanditaires et réalisateurs de ce travail profitent de ce cadre pour maintenir une coopération beaucoup plus ferme qu’avant, qui pourrait s’avérer fructueuse pour le futur. Il est bien évident que, selon notre compréhension de l’approche basée sur les droits de l’enfant étalée plus haut, l’accomplissement de ces droits, tenant compte des limites et des différents centres d’expertise, ne sera réalisé qu’à partir de la mise en commun des forces.

3. Employer des stratégies qui tiennent en compte le fait que les besoins humanitaires d’aujourd’hui en Haïti sont causés par des désastres anthropiques (conflits armés et déboisement) et non naturels, et qu’il faut de toute façon envisager des stratégies de long terme en communion avec les actions de court terme.

Il est important de maintenir à l’esprit, dans le cadre des interventions, que les mesures et décisions à prioriser doivent s’inspirer de la dimension anthropique de la situation haïtienne. En effet les troubles et les désastres causés par l’homme nécessitent des stratégies de réhabilitation qui font de toute façon appel au moyen ou long terme. Les paramètres de l’agenda humanitaire ne peuvent pas être considérés seulement au niveau de la dimension « intervention d’urgence de court terme.» 8.2 Recommandations spécifiques Santé et nutrition

4. Planifier et implanter à court terme, à travers tout le pays, un programme d’urgence de santé et de nutrition centré sur l’enfant.

La situation de santé et de nutrition des filles et garçons en Haïti est un problème national. Si dans bien des cas elle a considérablement empiré avec la crise, il n’en demeure pas moins vrai que dans certaines régions moins touchées par les conflits la situation a toujours été chronique et grave. Ce programme qui tient une place important dans les zones de conflits intenses comme l’Artibonite, l’Ouest, le Centre et le Nord, devrait trouver une emphase spéciale dans le Nord-Ouest et dans la partie est du département du sud-est partant de Belle-Anse pour arriver à la frontière. Ce programme devra en même temps comprendre une dimension préventive importante en terme de formation et d’information et être lié au système éducatif en cours. De plus, il ne faudra pas négliger un appui important à l’amélioration du système d’approvisionnement en eau potable dans diverses régions. Le problème de l’accès à l’eau potable est l’une des premières causes de maladies infectieuses chez les enfants.

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 37 de 62 Mars 2004

Réhabilitation

5. Planifier et implanter à court terme, dans les zones les plus affectées par les dernières violences, c’est-à-dire le département de l’Ouest, de l’Artibonite, du Nord et du Centre, un programme d’appui psychosocial et de DDRR (désarmement, Démobilisation, Réhabilitation, Réinsertion) centré sur les enfants.

Comme il a été décrit au travers de ce document, le besoin d’appui psychosocial est énorme pour beaucoup d’enfants qui ont vécu dans les zones de conflits armés et grandes violences. Beaucoup ont été traumatisés par ce qu’ils ont subi, mais aussi par ce qu’ils ont perpétré. Ce programme devrait mettre beaucoup l’accent sur la musique, l’art en général, la récréation, les jeux, le sport etc. Il devra aussi tenir compte que les adultes ont aussi pu être traumatisés. Le stress placé sur les parents est un élément important à retenir aussi dans une perspective de protection de l’enfant.

6. Mettre beaucoup d’accent sur la question du trafic des enfants vers la République dominicaine, la question des enfants de rue, des enfants en domesticité et des enfants en conflit avec la loi.

L’aggravation de la crise politique en Haïti et les situations de conflits qui y sont liées n’a pas aidé au ralentissement du trafic des enfants sur la frontière. Au contraire, elles l’ont renforcé. Aussi, s’il y a déjà un programme de lutte contre ce trafic sur la frontière, il serait bon de le renforcer, si ce dernier n’existe pas encore de façon effective il serait bon de mettre l’accent sur l’implantation d’un programme approprié, avec les acteurs de référence. De plus, les enfants de rue et les enfants en domesticité dont la situation a toujours été très problématique ont été encore plus affectés par la crise, parce qu’ils vivaient déjà dans une situation de grande vulnérabilité. Beaucoup d’efforts ont été déjà fait en Haïti dans ces domaines. Des organisations ont travaillé à la ratification de la Convention 182 sur le travail des enfants, il est important aujourd’hui de profiter du contexte actuel pour faire aboutir cette démarche. Ensuite le pays nécessiterait un plan national de lutte contre la domesticité où tous les acteurs concernés, en particulier les partenaires de ce présent travail, devraient apporter leur contribution. En ce qui concerne les enfants de rue, qui ont été particulièrement affectés par la crise, beaucoup d’expériences ont été jusqu’à présent acquises. Les acteurs en présence devraient concerter, réviser les interventions et aboutir à un plan commun qui devrait contenir, entre autres, d’une part une stratégie de réhabilitation sociale et d’autre part une stratégie de prévention basée sur la mise sur pied de structures locales de prévention à travers le pays, travaillant avec les enfants à risque. Les enfants en conflit avec la loi, qui sont le plus souvent des enfants de rue, sont pris en otage par un système judiciaire défaillant. Leurs cas devraient être l’objet d’une attention particulière et les organismes concernés devraient travailler avec l’État en place pour mettre à leur disposition une ou des structures spéciales de réhabilitation. Dans ce même ordre d’idée, de l’accent doit être mis tant sur un plaidoyer pour la ratification du code de l’enfant, que sur une campagne nationale d’informations sur le contenu de ce code. Sécurité physique et protection

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7. Soutenir le gouvernement dans la mise en place d’une stratégie globale de protection de la sécurité physique des enfants, et dans la mise en œuvre de cette stratégie surtout dans le département de l’Ouest, en particulier dans la zone métropolitaine.

La sécurité physique est du ressort des autorités établis et ne peut être fournie par les agences d’appui. Aussi il serait intéressant que l’Etat haïtien soit supporté dans une stratégie spécifique visant à rendre le pays « child-friendly » (adapté aux enfants), caractérisée par la mise en place de structure de prévention et de protection, la formation des débiteurs de droits, des responsables légaux de la sécurité publique, dans un cadre des droits de l’enfant. Nous pouvons prendre comme exemple le cas de beaucoup de filles et de garçons des rues à Port-au-prince qui ont été filmés dans des actes de pillage et qui sont maintenant recherchés. Ils craignent pour leur vie et se sont mis à couvert. La question de la réhabilitation, de la sécurité et de la protection doit se poser.

8. Utiliser ce cadre de travail pour créer et maintenir un réseau national de référence, capable de porter réponse partout dans le pays en cas de désastres naturels ou anthropiques.

Il serait bon qu’un réseau national de référence, incluant au moins les chefs-lieux de département (au mieux toutes les communes) soit activé et renforcé de façon que des réponses rapides puissent être apportées en tout endroit en cas de désastres naturels ou anthropiques. Il pourrait comprendre par exemple les AMCs de la SEJSSC ou des groupes de jeunes opérant localement. En effet, dans le cadre de l’enquête, il a été en maintes fois suggéré que l’UNICEF décentralise son approche, soit par la mise en place de structures sous-jacentes régionales, soit par la constitution d’un réseau de partenaires régionaux capables d’intervenir en toute situation nécessitant une protection spéciale pour les enfants. C’est un sujet qui pourrait être abordé de cette façon. Éducation

9. Aider à l’implantation, à court, moyen et long terme, d’un programme national d’éducation civique adressé aux enfants et aux jeunes, dans les écoles et les associations locales des neuf départements du pays.

Le gouvernement vient de décréter qu’Haïti est en situation d’urgence. Cependant il nous faut maintenir à l’esprit que cette situation provient de causes qui sont anthropiques. Ainsi, il y a aussi urgence en Haïti aujourd’hui à orienter la vision existante vers les pratiques de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la justice. Il faut mettre beaucoup d’accent sur la nécessité de préparer les générations futures, c’est-à-dire les enfants du présent, à pouvoir initier un vrai contrat social.

10. Prendre en compte que la remise en état du système éducatif peut être une excellente occasion de transformer l’éducation afin qu’elle réponde mieux aux besoins du pays et comprendre en même temps que l’éducation peut aussi servir de mécanisme contribuant à la prévention des situations d’urgence.

Le système éducatif haïtien a des faiblesses qui méritent d’être diminuées et des forces qui méritent d’être renforcées. En même temps, a bien des points de vue, il a été affecté par la crise politique et mérite aujourd’hui une attention spéciale. Aussi il peut être intéressant de faire d’une pierre deux coups, d’intensifier l’approche « écoles amies des enfants » afin d’apporter ce qui manque et d’exploiter pleinement les potentialités.

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L’éducation demeure inaccessible pour un grand nombre d’enfants en Haïti. Malgré les investissements réalisés aussi bien par l’État que l’aide internationale, les statistiques demeurent édifiantes au niveau de l’éducation de base. 46% de la population est analphabète et plus de 500,000 enfants d’âge scolaire n’ont pas accès à l’école et, ce, malgré un taux net de scolarisation au primaire de 60% (FAFO, 2003). L’espérance de vie scolaire est d’environ 4 ans (PNUD/BCP, 2000). 355 élèves sur 1000 finiront le primaire (six années), ceci nécessitera 14 ans en moyenne. Cette situation est particulièrement exacerbée dans le milieu rural et dans les villes secondaires de provinces (RNDH, 2002). 20% des professeurs ont la formation nécessaire pour enseigner dans les zones urbaines contre seulement 8% dans les zones rurales. Aussi la question de la qualité de l’éducation offerte même bien avant le conflit a toujours constitué une grande problématique en Haïti.

9. CONCLUSION L’impact d’une crise a des répercussions directes ou indirecte sur le bien-être des enfants et ce, nonobstant leur niveau de proximité au conflit. Cet impact peut être ressenti à court, et si rien n’est fait à moyen et long terme. Sa mitigation est donc fondamentale dès le conflit et dans la phase post-conflit. En règle générale, les confits armés brisent les familles, les communautés, augmentent la possibilité d’exploitation des enfants. Les conflits érodent les différents niveaux de protection des enfants. Conséquemment, durant et même après un conflit, il n’est pas rare de voir que les filles et garçons peuvent souffrir aussi bien d’une détérioration de leur santé, qu’une augmentation de la malnutrition, les rendant plus vulnérables à des menaces sérieuses de santé. Non seulement la qualité des services est-elle affectée, mais ces derniers sont parfois complètement arrêtés. Le conflit peut parfois résulter d’une situation où les garçons et filles perdent le sens et la valeur de l’utilisation de la démocratie et du dialogue afin de résoudre les conflits. Des études démontrent que des enfants placés dans des situations de conflits pendant des années ont une compréhension limitée des rôles et responsabilités d’un citoyen et de la démocratie, ce qui est crucial dans une situation de post-conflit et une phase de reconstruction.11. ll faut aussi tenir compte que, les enfants ne sont pas seulement victimes des conflits, ils sont parfois amenés à y jouer des rôles protagonistes. Quoique la CDE requiert des gouvernements d’assurer la survie, la protection et la prise en charge des filles et garçons en situation de conflit, la réalité est que les droits des enfants comme les plus vulnérables membres de la société, sont souvent bafoués. Il est tout aussi important de réaliser que le conflit n’est pas le seul obstacle au respect des droits de l’enfant. Dans bien des cas, le non-respect de plusieurs des droits de l’enfant existait avant le conflit à proprement parler. 11 See INEE – Interagency Network for Education in Emergencies. Teachers Activity Book. Peace Education programmed

(www.ineesite.org)

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La situation actuelle des enfants en Haïti interpelle le gouvernement, les agences de l’ONU, les organismes internationaux de développement, les organisations nationales, et surtout les familles et les communautés. Le plan est d’agir, et comme nous l’avons fait ressortir dans les recommandations, d’agir stratégiquement; d’agir en bonne reconnaissance de l’interconnection des déterminants du bien-être et du développement des enfants et du besoin subséquent d’une meilleure intégration des programmes; d’agir en reconnaissance du temps requis pour le changement fondamental qui doit être apporté par les enfants d’aujourd’hui et du besoin de patience et de persistance, de planification du court-terme avec une vision de long terme; d’agir en reconnaissance de l’espace limité qu’on doit accorder aux théories et aux analyses et du besoin subséquent de l’apprentissage amélioré par tâtonnements (trial-and-error), surtout avec les filles et les garçons. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Livelihoods and protection. Humanitarian Practice Network. Network Paper. Décembre 2003. Humanitarian needs assessment and decision-making. Humanitarian Practice Network. Briefing. September 2003. L’éducation dans les situations d’urgence et pour la reconstruction. UNICEF, Document de travail. Juin 1999. La prévention et la protection des mineurs en danger. MICIVIH. Juillet 1997. Rapport final. A design of regional development : a prospective, multisectorial and interdisciplinary analysis. Arsel Jerome, Universität Kassel. Novembre 1994. Child rights programming. A handbook for the Save the Children Alliance members. Version finale, Mars 2002. Les enfants de rue à Port-au-prince, état des lieux. Save the Children-Canada et Plan International. Novembre 2003. La problématique de la domesticité infantile en Haïti : regard sur la réponse. Save the Children-Canada. Octobre 2003. Interagency Network for Education in Emergencies. Teachers Activity Book. Peace Education programmed (www.ineesite.org). The role of education in protecting children in conflict. Susan Nicolai and Carl Triplehorn, March 2003.

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ANNEXE Annexe 1 Termes de référence

Evaluation rapide de l’impact de la crise actuelle qui prévaut en Haïti sur la

situation des enfants

Rationnel L’intensification de la crise socio-politique en Haïti a certainement des impacts sur la vie et le bien être des enfants, mais non encore évalués dans leurs dimensions réelles en raison de l’inexistence de documentation chiffrée ou d’appréciation objective. Toutefois, il est un fait que cette situation est en train de réduire de manière considérable l’accès, déjà restreint, des enfants aux soins de santé, à la nourriture, au logement, à l’éducation et à l’information, tous des droits fondamentaux devant permettre la réalisation de leur droit à la vie, à la survie et au développement. En effet, la violence dans les rues est en augmentation avec des implications directes sur le respect des droits des enfants et des femmes. Selon les rapports, les départements tels que l’Artibonite, le Plateau Central, le Nord, le Nord-est et le Nord-ouest sont profondément touchés par des scènes de violences extrêmes. De nombreuses familles seraient victimes d’exactions, d’assassinats, de menaces ; leurs maisons seraient brûlés, leurs commerces saccagés.

Comme conséquence, les déplacements internes vers la campagne ou vers des villes moins affectées par le conflit deviennent très courants, ce qui contribue à la dislocation familiale, à des souffrances psychologiques chez les enfants et les femmes et à l’alourdissement des charges en terme de nourriture, frais scolaires et de subsistance chez les familles qui accueillent les victimes.

L’implication des enfants dans le conflit en tant qu’acteurs ou victimes devient de plus en plus fréquente, principalement à Port-au-Prince, aux Gonaïves et au Cap Haïtien.

Des ONG des droits humains et des droits de l’enfant rapportent une augmentation de la délinquance juvénile, avec la présence d’enfants et de jeunes armés dans les quartiers les plus défavorisés des principales villes du pays. Les viols de filles et de femmes sont devenus un crime très courant dans certaines villes comme Port-au-Prince, St-Marc. Durant les trois derniers mois de 200312, l’Hôpital de l’Université d’Etat a reçu, chaque mois, environ vingt cas de viols de filles. La majorité étant dans la tranche d’âge de 10 à 14 ans.

Les enfants des rues sont en situation d’extrême fragilité. Selon des informations, des enfants des rues seraient exécutés dans les rues à Port-au-Prince.

Une recherche datée de novembre 2003 réalisée à Port-au-Prince indique que malgré la croissance démographique de la ville, la population des enfants des rues n’a pas augmenté. Ceci semble assez 12 URAMEL, Projet contre la violence, 2004

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surprenant dans un contexte d’extrême pauvreté, mais peut cependant servir d’indicateur de la dégradation de la situation d’une ville qui n’arrive pas à absorber les demandes des enfants des rues ou pourrait refléter un taux de mortalité très élevé, ce qui reste à confirmer13.

Plus loin et encore comme conséquence immédiate de cette situation de crise, il est rapporté une recrudescence du phénomène des boat people, des exilés politiques et de l’émigration aux Etats-unis et au Canada de familles entières ou des membres de certaines autres. En décembre 2003, 10,000 haïtiens auraient immigré illégalement en République Dominicaine. Il est prévu des mouvements massifs vers la Jamaïque, les îles françaises et Cuba.

Aussi, il est donc devenu impératif qu’une évaluation soit mise à exécution de manière urgente afin que les multiples impacts de la crise sur les enfants soient appréhendés et analysés le plus rapidement possible et les besoins de réponse urgente dégagés.

Termes de Référence L’UNICEF, Save the Children-Canada, World Vision, Save the Children-US, le Plan International, se proposent de produire un document d’évaluation rapide de l’impact de la crise actuelle sur les enfants en Haïti, capable d’identifier les besoins et formuler des éléments de recommandations sur les stratégies à adopter afin de pouvoir apporter une réponse humanitaire à ces besoins urgents. Objectif général de l’évaluation Identifier les besoins dont les enfants sont en train de faire face et les risques à quoi ils sont exposés tant dans les zones de grands affrontements que dans les zones d’insécurité globale. Objectifs opérationnels

• Collecter des informations dans toutes les zones du pays touchées par la crise socio-politique ; • Produire un document mettant en relief les besoins, les vulnérabilités et risques, ainsi que les

approches d’intervention à utiliser. Résultats attendus

• Meilleures connaissances de la situation de besoins et de vulnérablités des enfants dans les différentes régions du pays ;

• Une plus grande maîtrise des stratégies d’intervention à privilégier pour toucher optimalement les enfants affectés et/ou exposés.

Approche méthodologique

• Elaborer un questionnaire simple et direct permettant de collecter des données rapidement dans un contexte fragile et délicat ;

• Utiliser les organisations ayant accès aux zones d’urgence afin d’avoir accès à certaines informations ;

• Utiliser les réseaux de personnes faisant partie des populations touchées afin de recueillir des informations directement à partir du questionnaire ;

13 Les enfants des rues à Port-au-Prince : Etats des lieux, Save the Children-Canada, Plan International, Novembre 2003.

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• Opérer directement autant que possible et sur les terrains où il est possible pour collecter certaines informations sur les enfants touchés.

• Compiler, dépouiller et analyser les informations recueillies ; • Produire un document de synthèse avec des recommandations.

Durée de l’évaluation 1 mois. Du 19 Février au 19 Mars.

Sources d’information

• Contacts personnels avec des adultes et des enfants vivant dans les zones de l’évaluation • Enfants des rues • Enfants dans les prisons • Personnes vivant dans les communautés, leaders communautaires • Personnes ayant fui la violence • Journalistes • Responsables ou personnel des centres de santé • Responsables des prisons / Juges de paix • Rapports/Documents disponibles

Méthode de collecte

• Observation directe • Discussions de groupes • Entretiens structurés et semi-structurés • Entretiens avec personnes clés • Revues documentaires

Processus

• Elaboration du calendrier de travail • Elaboration du budget • Elaboration des guides d’entretiens • Contact avec les personnes impliquées • Collecte des données • Analyse de l’information • Elaboration du rapport d’évaluation • Présentation du rapport/conclusion

Rôle des participants clés UNICEF

• Développement des Termes de références • Appui financier et logistique sur la base d’un budget de consensus SAVE/UNICEF • Participation à la préparation du calendrier et du budget • Participation à la réalisation de l’enquête à Port-au-Prince et dans les aires ou se retrouvent ses

partenaires institutionnels sur le terrain : Nord-Ouest et Artibonite (CARE), Nord/Nord-est (CRS, PAM), Sud/Sud-est (CRS)

• Participation à l’analyse • Participation à la préparation du rapport

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 44 de 62 Mars 2004

• Présentation des résultats Save the Children-Canada

• Révision des termes de reference • Production du questionnaire • Appui financier et logistique sur la base d’un budget de consensus SAVE/UNICEF • Chronogramme des activités • Coordination du travail • Collecte d’information à partir d’un réseau de personnes clés (Artibonite, Sud-est, Grand’Anse • Dépouillement et analyse • Production du document

World Vision

• Réaction sur le questionnaire et finalisation avec SCC • Collecte de données sur le terrain (Centre, Nord-Ouest, Nord, La Gonâve) • Réaction sur l’ébauche du document final

Plan International

• Collecte de données sur le terrain (Nord-est, Sud-est) • Réaction sur l’ébauche du document final

Save the Children-US

• Collecte de données sur le terrain (Centre, Ouest) • Réaction sur l’ébauche du document final

Procédures et logistiques

• Zones : Tout le pays, avec emphase particulière dans les Départements du Nord, Nord-est, Nord-ouest, Artibonite, Centre et Ouest

• Save the Children utilisera son réseau pour obtenir les informations à travers ses partenaires dans tous les Départements du pays, avec emphase sur les zones prioritaires citées ci-dessus

• UNICEF utilisera son réseau pour obtenir des informations au niveau du Nord-ouest, du Nord, dans l’Ouest, aux Cayes.

• UNICEF donnera des fonds destinés à couvrir les frais à fournir aux enquêteurs (forfait). • Save the Children-Canada donnera des fonds destinés à couvrir la cartographie et une partie des

enquêteurs. • World Vision collectera les données dans ses zones de travail. • Save the Children-US collectera les données dans ses zones de travail. • Plan International collectera les données dans ses zones de travail.

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Chronogramme d’activités Février Mars Jours Activités

19 20

21 22

23 24

25 26

27 28

29 1

2 3

4 5

6 7

8 9

10 11

12 13

14 15

16 17

18 19

Questionnaire et TOR

Collecte des informations

Dépouillement et analyse

Production du rapport

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Annexe 2 Questionnaire

Questionnaire de collecte de données sur l’impact de la situation de crise actuelle sur les enfants d’Haïti

Nom de l’enquêteur : Fiche # : Nom de la personne, de l’institution interviewée (si applicable) : Date de l’entretien : Lieu de l’entretien : Département : Commune : Section communale: Population : Zone rurale ou urbaine :

1. Situation générale 1.1 Atmosphère de peur Oui Non 1.2 Présence de cadavres dans les rues Oui Non 1.3 Cas d’enlèvement Oui Non 1.4 Est-ce que des familles ont abandonné la zone ? Si oui, combien environ ? Si oui, où sont-elles allés ? 1.5 Est-ce que des familles se sont réfugiées dans cette zone ? Si oui, combien environ ? Si oui, d’où viennent-elles ? 1.6 Y a t-il des gangs armés dans la zone ? Si oui, sont-ils menaçants ? Si oui, contre qui ? Si oui, quels types de menaces font-ils ? 1.7 Y a t-il des enfants dans les gangs armés ? (décrivez) 1.8 Y a t-il d’autres problèmes d’insécurité dans la zone ? Si oui, pouvez-vous les décrire ?

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1.9 Combien de fois par jour les enfants en général dans la zone mangeaient avant la crise ? Combien de fois par jour mangent-ils maintenant ? Quels élément important avaient-ils dans leur alimentation qui manquent maintenant ?

1.10 Pouvez-vous nous dire de combien (en %) les prix des produits de premières nécessité ont augmenté dans votre zone ? Est-ce que cette augmentation des prix empêche aux familles de se procurer certains produits qu’ils ont l’habitude d’acheter ? Exemples.

2. Situation des enfants et des familles 2.1 Y a t-il des centres de santé et/ou hôpitaux devenus non fonctionnels ? Si oui, combien ? 2.2 Y a t-il des centres de santé et/ou hôpitaux encore fonctionnels ? Si oui, combien ? 2.3 Type de services fournis par ceux qui sont fonctionnels : 2.4 Le personnel de santé sur place est-il suffisant ? 2.5 Les médicaments sur place sont-ils suffisants ? 2.6 Y a-t-il des centres de santé et/ou hôpitaux qui donnaient de la nourriture aux patients ? Si oui, sont-ils toujours en mesure de la faire ? 2.7 Le personnel de santé reçoit-il des menaces ? Si oui, de la part de qui ? 2.8 Enregistrez-vous des enfants blessés ? Si oui, dans quelles circonstances ? 2.9 Y a t-il dans votre zone des enfants tués ? Si oui, combien environ et comment ? 2.10 Y a-t-il des enfants de rue dans votre zone ? Si oui, ont-ils été victimes de la situation ? Si oui, comment ?

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Participent-ils aux conflits ? Pouvez-vous nous donner des chiffres ? 2.11 La situation des enfants en domesticité s’est elle aggravée dans les familles ? Si oui, pouvez-vous nous décrire comment ? 2.12 Le nombre d’enfants en prison a t-il augmenté avec la crise ? Pouvez-vous nous donner des chiffres ? 2.13 Le nombre de filles violées a t-il augmenté avec la crise ? Pouvez-vous nous donner des chiffres ? 2.14 Les écoles sont-elles fermées dans la zone ? Si oui, depuis quand ? Y en a t-il qui fonctionnent ? Si oui, qui sont-elles ? 2.15 Les enseignants ont-ils été menacés ? Si oui, par qui ? Si oui, comment ? 2.16 Les élèves ont-ils été menacés ? Si oui, par qui ? Si oui, comment ? 2.17 Y a-t-il des institutions (orphelinats, centres pour handicapés etc.…) qui travaillent avec les enfants dans la zone ? Quels sont leurs besoins maintenant ? Y a-t-il des institutions qui travaillaient avec les enfants et qui ont été fermées ? Si oui, pourquoi ? Que sont devenus les enfants ? D’après qu’est-ce qui doit être fait pour remédier à cette situation ?

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2.18 Quels genres de d’abus, de problèmes, ou de traumatismes, que les enfants en général ont subi dans votre zone ? (essayez de nous donner si possible des informations sur leur âge et leur sexe) 2.19 Quels sont les besoins immédiats les plus importants que la crise a créé ou augmenté chez les enfants dans votre zone ? (essayez de nous donner si possible des informations sur leur âge et leur sexe) 2.20 D’après vous, qui connaissez la réalité et la zone, quelle stratégie devrait une organisation comme l’Unicef mettre en place pour pouvoir toucher directement et efficacement ces enfants ? 2.21 Autres commentaires :

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Annexe 3 Codes des Villes et régions

Villes (Régions) et Codes

Code Ville Departement NE01 Trou-du-Nord Nord-est NE02 Ouanaminthe Nord-est NE03 Fort-Liberté Nord-est NO01 Port-de-paix Nord-ouest NO02 Jean-Rabel Nord-ouest A01 Petite Rivière de l’Artibonite Artibonite A02 Verettes Artibonite A03 Dessalines Artibonite A04 St-Marc Artibonite A05 Gonaïves Artibonite C01 Lascahobas Centre C02 Savanette Centre C03 Mirebalais Centre C04 Saut d’eau Centre C05 Maïssade Centre C06 Hinche Centre O01 Zone métropolitaine Ouest O02 Anse-à-galet Ouest O03 Pointe-à-Raquette Ouest O04 Pétion-ville Ouest SE01 Jacmel Sud-est SE01 Belle-Anse Sud-est SE03 Anse-à-Pitres Sud-est S01 Cayes Sud S02 St-Louis du Sud Sud GA01 Jérémie Grand’Anse GA02 Miragôane Nippes N01 Acul du Nord Nord N02 Milot Nord N03 Plaine du Nord Nord N04 Cap-Haitien Nord

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Zones, Régions, ou villes non codifiées parce que les informations n’ont pas été recueillies avec le questionnaire mais sous d’autres formes. Petit-Goâve, Grand-Goâve, Leogane, Aquin, Belladère, Thomonde, St-Raphaël, Dondon, Ennery St-Michel de l’Attalagne, Bombardopolis, Bassin Bleu, St-Louis du Nord

Annexe 4 Base de données brutes

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Countrywide rapid assessment

Base de données brutes de l’enquête sur la situation des enfants

Nord-est Nord Nord-

ouest Artibonite Centre Ouest Sud-est Sud Grand’

Anse Atmosphère de peur

NE01/NE02/ NE03 : oui

N01 : oui N02 : non N03 : oui N04 : oui

NO01 : Oui NO02: non

A01/A02/A03/ A04: oui A05 : oui

C01/C02/C03/ Oui C04 : non C05 : oui C06 : oui

O01 : oui O02/O03 : non O04 : oui

SE01 : oui SE02 : non SE03 : non

S01/S02 : oui GA01 : oui GA02 : oui

Cadavre dans les rues

NE01/NE02: oui NE03 :non

N01 : non N02 : non N03 : oui N04 : non

NO01/NO02 : non

A01/A02/A03/ Non A04: oui A05 : oui

C01/C02/C03/ C04/C05/C06 : non

O01 : oui O02/O03 : non O04 : oui

SE01/SE02/ SE03 : non

S01/S02 : non GA01/GA02 : non

Enlèvement NE01/NE02 : non NE03 : oui

N01 : non N02 : non N03 : non N04 : non

NO01/NO02 : non

A01/A02/A03/ Non A04: oui A05 : non

C01 : non C02 : oui C03/C04 : non C05/C06 : non

O01 : oui O02/O03 : non O04 : oui

SE01/SE02/ SE03 : non

S01/S02 : non GA01/GA02 : non

Abandon de la zone par des familles

NE01 : 200 vers Cap, RD NE02 : 100 Vers NE03, Cap NE03 : ND Vers Nord, Ouest, RD

N01 : non N02 : non N03 : oui Vers : ND N04 : oui Vers autres communes, PAP, USA

NO01/NO02 : non

A01 : non A02 : oui, 3 Vers ND A03 : oui, 10 Vers USA A04 : oui Plusieurs 100 Vers sections communales A05 : oui 100 vers localités voisines

C01 : oui, 50 Vers RD, PAP, milieu rural C02 : oui, 10 Vers RD C03 : oui, 15 Vers Frontière et milieu rural C04 : non C05 : oui (12) Vers PAP C06 : oui Vers PAP, sections communales

O01 : oui Vers province, USA O02 : oui Vers ND O03 : non O04 : ND

SE01 : oui Vers sections communales SE02/SE03 : Non

S01 : oui (100) Vers sections communales S02 : oui (7) Vers PAP

GA01: Oui Vers zones avoisinantes GA02 : oui Vers zones avoisinantes

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Réfugiées dans la zone (familles)

NE01 : ND De NE03, Cap NE02 : ND De NE03, Cap NE03 : ND De : ND

N01 : oui (15) De Cap-Haïtien N02 : non N03 : non N04 : non

NO01 : oui De Gonaives NO02 : non

A01 : oui, 8 a 10 A02 : oui, 50 De Gonaives, St-Marc, Petite Riviere A03 : oui Plusieurs 100 De Gonaives, St-Marc, PAP A04 : non A05 : non

C01 : oui, 100 De Belladere, Pernal, Savanette, PAP C02 : oui, 20 De PAP C03 : oui, 60 De PAP C04 : oui De ND C05 : non C06 : oui De PAP

O01 : oui De la province O02 : oui De ND O03 : non O04 : ND

SE01 : oui De PAP, Cayes SE02/SE03 : non

S01 : non S02 : non

GA01 : oui De PAP GA02 : oui De Petit-goave, PAP

Gangs armes NE01 : Oui Menacants Contre Lavalas Type : ND NE02 : Oui Menacants Contre Lavalas Type : ND NE03 : Oui Menacants Contre tout le monde Type : Incendie, menace de mort, Vol, pillage

N01 : non N02 : non N03 : oui Menaçant contre les opposants au régime : menace de mort N04 : oui OP lavalas menaçant Opposants Type : menace de mort, incendie

NO01 : non NO02: non mais civils armés

A01/A02/A03/ A04: oui Menaçants Contre opposants a Lavalas, commerçants, personnalités Type : agression physique, verbale, incendie, menace de mort A05 : oui Menaçants Contre Policiers et partisans Arisitide Menace de mort

C01/C02/C03/ C04/C06 : Oui Menaçants Contre autorités civiles Partisans opposition Paysans et marchands Type : arrestation, agression, vols a main armée Pillage Représailles Incendie C05 : non

O01 : oui Menaces contre la population, commerçants Type : enlèvements, assassinats, viols, vols a main armée O02/O03 : non O04 : oui Menaçants : non

SE01 : oui Menaces contre étudiants, élèves et Anti-Lavalas Agression verbale, menace de mort SE02 : non SE03 : oui Menaçant Contre les populations des sections avoisinantes Vol à main armé

S01 : oui Menaçants Menaces contre les anti-Lavalas Menaces de mort S02 : ND

GA01/GA02 : oui Menaçants Menace contre opposants à Lavalas Circulation armes au poing

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Enfants dans les gangs

NE01 : non NE02 : non NE03 :oui Voitures incendiées, Armes a feu, gazoline

N01 : non N02 : non N03 : non N03 : non

NO01/NO02 : non

A01: oui A02: non A03: non A04 : non A05 : oui

C01 : non C02 : oui C03 :non C04 : oui C05/C06 : non

O01 : oui O02/O03 : non O04 : oui

SE01 : oui À Cayes-Jacmel, ils accompagnent parfois leurs familles dans des actes SE02/SE03 : non

S01 : oui Remarqués dans les gangs de chimères et aussi du front de résistance S02 : non

GA01 : oui Enfants de 10 à 15 ans GA02 : non

Problèmes d’Insécurité dans la zone

NE01 : vol NE02 : vol NE03 : règlements de compte

N01 : Actes de banditisme, vol N02 : Absence d’autorités légales N03 : non N04 : vol à main armé, agression physique et verbale

NO01 : Intimidation Violence physique et verbale Trafic de drogue NO02 : non

A01 : trop de gens armes A02 : tirs et cas de pillages A03 : pas de policiers A04 : banditisme, absence de justice A05 : insécurité sanitaire (cadavre dans les rues)

C01/C02/C03/ Tirs nourris Règlement de compte C04 : non C05 : oui Cas de hold-up C06 : oui Black out, vol, règlement de compte, malversations policières

O01 : pillage, incendie O02/O03 : insécurité alimentaire O04 : voleurs

SE01 : oui Vol à main armée, évadés de prison, règlement de compte SE02/SE03 : oui Banditisme, vol de bétail

S01 : Attaque sur les commerçants Chimères en fuite font des crimes pour se venger S02 : Individus tirent dans la nuit en traversant la nationale 2

GA01 : oui Black-out, vol Insécurité alimentaire GA02 : oui Menaces, vol Tirs

Nutrition des enfants

NE01 : Avant 1 fois Maintenant 1 fois Eléments manquant : beaucoup NE02 : Avant 1 fois Maintenant 1 fois éléments manquants : beaucoup NE03 : Avant 1 fois

N01 : Avant 3 fois Maintenant 1 fois Éléments manquants : Lait, viande, légumes N02 : avant 1 à 2 fois Maintenant 2 fois Éléments manquants : Protéines et vitamines

NO01 : Avant 1 fois Maintenant 1 fois Eléments manquants : Vitamine A, protéines NO02 : avant 1 fois Maintenant presque pas

A01/A02 : avant 2 fois Maintenant 1 fois Éléments manquants : légumes, viande, protéine, fer, calcium A03 : avant 1 fois Maintenant 1 fois difficilement Éléments

C01 : Avant 1 fois Maintenant presque pas C02 : Avant 2 fois Maintenant presque pas Manquant : Protéines : viande, œufs, lait C03/C04 : avant 1 fois Maintenant presque pas

O01 : avant 2 fois maintenant 1 fois Éléments manquant : Protéines, fer O02/O03 : avant 1 fois Maintenant 1 fois difficilement O04 : avant 3 fois Maintenant 1 fois Manquant :

SE01 : avant 2 à 3 fois Maintenant 1 fois Elément manquant : viande, lait SE02 : avant 1 à 2 fois maintenant 1 fois SE03 : avant 1 fois Maintenant 1 fois Éléments

S01 : avant 2 fois Maintenant 1 fois S02 : avant 1 fois. Maintenant 1 fois Eléments manquants : Viande, poisson

GA01 : avant 2 fois Maintenant 1 fois ou rien Eléments manquants : Viande, lait GA02 : avant 1 à 2 fois Maintenant 1 fois difficilement Eléments

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Maintenant 1 fois éléments manquants : beaucoup

N03 : Avant 2 fois Maintenant 1 fois Éléments manquants : Protéines et vitamines N04; avant 2 fois Maintenant 1 fois Éléments manquants : protéines, vitamines

manquants : lait viande A04 : avant 1 a 2 fois Maintenant 1 fois difficilement Élément manquant : quantité de calories A05 :avant 2 fois Maintenant 1 fois Élément manquant : légumes, protéines, haricot

Manquant : pois, viande, lait C05 : avant 2 à 3 fois, maintenant 1 fois Manquant : éléments énergétiques C06 : 2 fois avant 1 fois difficilement maintenant éléments manquants : protéines et vitamines

viande, lait manquants : protéines, fer, vitamines

manquants : Lait, viande, légumes

Augmentation des prix

NE01/NE02/ NE03 : 60% Baisse du pouvoir d’achat

N01 : 100% Difficile d’acheter du lait, viande, sucre, sel N02 : 50% Difficile d’avoir du gaz, huile sucre, riz N03 : 75% Difficile d’avoir céréale et carburant N04 : 50 à 75%

NO01 : 100% Baisse considérable du pouvoir d’achat NO02 :50%

A01/A02/A03/ 50 a 60% A04: 80 a 90% Difficile de se procurer: lait, viande, pois. A05 : 40% Difficile de se procurer le lait, le sucre, haricot

C01/C02/C03/ C04 : 30 a 100% Difficile d’acheter lait, pois, viande, propane C05/C06 : 100% Difficile d’avoir de l Huile, du pois, du riz

O01 : 50% a 100% O02 : 25% a 50% O03 : 100% O04: 50% Difficile; pois lait, sucre

SE01 : 30 à 50% SE02 : 50 à 75% SE03 : 20% SE01/SE02 : difficile de se procurer de la viande, lait, huile, sucre blanc, pois SE03 : continue à s’approvision-ner en RD

S01/S02 : 30 à 40% Difficile d’avoir du riz de l’huile, de la viande, savon, pois

GA01 : 50 à 60% Difficile d’avoir : huile, gaz, savon

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Centres de santé/hôpitaux

Devenus non fonctionnels : NE01/NE02/ NE03 : non Encore fonctionnels : NE01/NE02/ NE03 : oui Services NE01/NE02/ NE03 : tout Personnel suffisant : NE01/NE02/ NE03 : non Médicament suffisant : NE01/NE02/ NE03 : non Nourriture aux patients NE01/NE02 : oui NE03 : non Possibilité de continuer : NE01 : non NE02 : très difficile NE03 : NA Menaces sur le personnel : NE01/NE02 : non NE03 : oui Bandits armes

Devenus non fonctionnels : N01/N02: non N03/N04: non Encore fonctionnels : N01/N02/N04 : oui N03 : non Services : Soins préventifs et curatifs, éducation familiale N02 : tous Personnel suffisant : N01 : non N02 : oui N04 : non Médicament suffisant : N01 : non N02 : non N04 : non Nourriture aux patients : N01/N02/N04 : oui N01/N04 :Plus en mesure de la faire N02 : oui Menaces sur le personnel : N01/N02 : non N04 : oui Bandits armés

Devenus non fonctionnels : NO01/NO02 : non Encore fonctionnels : NO01/NO02 : oui Services NO01 : Tout NO02 : consultation générale Personnel suffisant : NO01/NO02 : non Médicament Suffisant : NO01/NO02 : non Nourriture aux patients : NO01 : oui Possibilité de continuer : non NO02 : non Menaces sur le personnel : NO01/NO02 : non

Devenus non fonctionnels : A01/A02/A03/ A04: non A05 : oui (2) Encore fonctionnels: A01/A02/A03/ A04: oui A05 : oui (1) Services: tous les services Personnel insuffisant Médicaments insuffisants Nourriture aux patients : non Menaces : A01 : non A02 : oui Bandits armes A03 : oui Bandits armes A04 : oui Militants politiques A05 : oui Gangs armés

Devenus non-fonctionnels : C01/C02/C03/ C04/C05/C06 : non Encore fonctionnels : C01/C02/C03/ C04/C05/C06 : oui Services : tous les services Personnel insuffisant Médicament insuffisant Nourriture aux patients : C01/C02/C03/ C04 : non C05 : oui et continue à la faire C06 : non Menaces sur le personnel : C01 : oui Gangs armes C02 : non C03 : oui C04 non C05 : non C06 : oui De la part de partisans du pouvoir

Devenus non fonctionnel : O01 : oui O02/O03 : non O04 : non Encore fonctionnels : O01 : oui O02/O03 : non O04 : oui Services : O01 : tous les services Médicaments insuffisants O04 : ND Personnel insuffisant O04 : ND Menaces : oui O04 : non

Devenus non fonctionnels SE01 : oui 3 Centres SE02/SE03 : non Encore fonctionnels SE01 : oui Hôpital et 7 centres SE02/SE03 : oui Type de service : tout Personnel suffisant : non Médicament suffisant : non Nourriture aux patients SE01 : oui SE02/SE03 : non Continuation : SE01 : hôpital oui mais CS non Menaces : SE01 : oui OP Lavalas Familles de malades SE02/SE03 : non

Devenus non fonctionnels : S01 : non S02 : non Encore fonctionnels : S01/S02 : oui Type de services : tous Personnel suffisant : non Médicament suffisant : non Nourriture aux patients : non Menace sur le personnel : oui Chimères Lavalas

Devenus non fonctionnels : GA01 : non GA02 : non Encore fonctionnels : GA01/GA02 : oui Type de services : tous Personnel suffisant : non Médicament suffisant : non Nourriture aux patients : non Menace sur le personnel : non

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Enfants blessés

NE01 : non NE02 : oui, balles des assaillants NE03 : oui, fuite par peur

N01/N02/N03 N04 : non

NO01 : oui 21 1 enfant par balle dans manif, 20 battus dans l’école par OPs NO02 : non

A01 : oui Conflits entre eux, accidents moto, bicyclettes A02 : non A03 : oui Balles au ventre A04 : non A05 : oui Par balles chez eux

C01 : non C02 : oui Affrontements dans les rues C03 : non C04 : non C05/C06 : non

O01 : oui Par balles Armes blanches O02/O03/O04 : non

SE01 : oui Conflit entre deux bandes à pieds SE)2/SE03 : non

S01/S02 : oui Conflit entre la Savane et Pont Combo

GA01 : non GA02 : non

Enfants tues NE01 : non NE02 : oui, 1 Par balle dans une manif. NE03 : oui ND

N01/N02/N03 : N04 non

NO01/NO02 : non

A01/A02/A02/ A04: non A05: non

C01/C02/C03/ C04/C05/C06: non

O01: oui Par balles O02/O03/O04 : non

SE01 : oui 1 par arme blanche SE02/SE03 : non

S01/S02 : non GA01 : oui 1 fille par balle GA02 : non

Enfants de rue

NE01/NE02 : oui Victimes? Oui Activités réduites Participation aux conflits : non NE03 : non

N01/ : oui Victimes : non N02 : non N03 : oui Victimes : non N04 : oui Victimes oui Réduction totale des activités

NO01 : oui Victimes? Oui Menaces et battus par des jeunes Participation aux conflits : non NO02 : non

A01/A02/A03 Oui Stress, malnutrition A04 : oui Réduction des activités A05 : oui Plus d’activités Participation aux conflits : A01 : oui A02/A03/A04/ Non A05 : oui (30)

C01/C02/ Non C03 : oui Malnutrition Violence Participation aux conflits : non C04 : non C05 : non C06 : oui Victimes : oui Absence d’activités Participation aux conflits : non

O01 : oui Victimes : oui Activités réduites Exécution Participation aux conflits : oui O02/O03 : non O04 : oui Affectés par réduction des activités

SE01 : oui Victimes :oui Influencés, parfois ils accompagnent des chimères Participation aux conflits : oui 20 garçons SE02/SE03 : non

S01 : oui Victimes : non Participation aux conflits : Parfois on les utilise S02 : non

GA01 : oui Victimes : oui Ils n’obtiennent plus d’assistance Participation aux conflits : oui GA02 : oui Victimes : oui Activités du port ralenties

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Enfants en domesticité

NE01/NE02/ NE03 Aggravation de la situation, encore plus maltraites, pénurie de nourriture

N01 : non N02 : Les familles ne peuvent pas s’en occuper N03 : ND N04 : souvent exposés au danger

A01/A02/A03/ A04: Exposition aux dangers Malnutrition Subissent le stress des familles A05 : oui, ils sont obligés d’affronter les rues pour faire les commissions

C01/C02/C03/ C04 Aggravation de leur misère Cas de trafic C05/C06 : reste pareille

O01/O02/O03 O04 : Aggravation de leur situation

SE01 : aggravation de leur situation SE02/SE03 : Trafic vers RD

S01/S02 : La situation est dure et les familles priorisent leurs propres enfants

GA01/GA02 : oui Surtout ceux dont les responsables sont des marchandes

Enfants en prison

NE01/NE02/ NE03 Pratiquement pas d’enfants en prison

N01/N02/N03/ N04 : non

NO01/NO02 : non

A01/A02/A03/ A04: Non A05 : pas de prison

C01/C02/C03/ C04/C05/C06 : non

O01 : oui O02/O03 : non O04 : non

SE01/SE02/ SE03 : non

S01/S02 : non GA01/GA02 : non

Filles violées NE01/NE02 : Pas de filles violées NE03 : oui Chiffre ND

N01/N02/N03/ N04 non

NO01/NO02 : non

A01 : non, 2 cas A02 : non, 3 cas A03 : non A04 : Non recensés A05 : ND

C01/C02/C03/ C04/C05/C06 : non

O01 : oui O02/O03/O04 : non

SE01/SE0/ SE03 : non

S01/S02 : non GA01 : oui On cache les cas GA02 : non

Écoles NE01 : fermées sauf 1 Enseignants menaces : non Élèves menaces : non NE02 : fermées sauf 3 Enseignants

N01 : fermées sauf congréganistes missionnaires, presbytérales Enseignants menacés : N01 : non Élèves menacés : non N02 : écoles ouvertes Enseignants;

NO01 : Fermées et certains ouvertes NO02 : non fermées Enseignants menaces : oui Agression verbale NO02 : non Élèves NO01

A01/A02/A03/ A04/A05: fermées Enseignants menaces A01/A02/A03/ A04/A05: oui Manifestants et OP, ganga armés Menace verbale, tirs d’armes

C01/C02/C03/ C04/C05/C06 : fermées C05 : 4 ouvertes Enseignants menaces C01/C03/C06 : oui C02/C04/C05 : non Élèves menaces

O01 Fermées : oui Enseignants menaces : oui Élèves menaces : oui O02 : Fermées : oui Ouverts : non O03 : Fermées : oui Ouvertes : oui O04 : fermées

SE01 Fermées : oui Ouvertes : quelques unes Enseignants menacés : oui Par Ops Lavalas Agression verbale, tirs sur leurs maisons Élèves

S01/S02 : Fermée : oui Ouvertes : non Enseignants menacés : oui Par Ops lavalas armés Élèves menacés : S01 : oui Dans les manifestations

GA01 : Fermées : oui Ouvertes : non Enseignants menacés : oui Par partisans Lavalas Agression verbale,

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menaces : non Élèves menaces : non NE03 : toutes fermées Enseignants menaces : oui Agression verbale et physique Élèves menaces : oui Agression verbale et physique

non menacés Élèves non menacés N03 : fermées Enseignants non menacés Élèves non menacés N04 : fermées Enseignants menaces : oui Agression verbale et physique Élèves menaces : oui Agression verbale et physique

menaces : oui Agression verbale et physique NO02 : non

Élèves menaces : A01 : non A02 : oui Par manifestants Menaces verbales A03 : non A04 : non A05 : oui Par gangs armés

C01/C03/C06 : oui C02/C04/C05 : non

menacés : oui Par Ops Jets de pierre SE01/SE02 : Fermées oui Ouvertes : certaines Enseignants, élèves menacés : non

S02 : non menace d’incendie Élèves menacés : oui Par Ops Lavalas Lors des manifestations GA02 : Fermées : oui Ouvertes : non Enseignants menacés : oui Par Ops Lavalas Menace de mort et d’incendie Élèves menacés : oui Par Ops Lavalas Menaces de représailles

Institutions NE01/NE02 : Existantes Besoin en nourriture NE03 : Existantes Besoin en nourriture, sécurité,

N01/N02/N03 : non N04 : existantes Besoin en médicaments, nourriture Fermées : non

NO01 : Existantes : besoin en nourriture, matériels, essence Fermées : non NO02 : NA

A01/A02/A03/ A04/A05 : oui Besoins en nourriture, vêtements, matériels scolaires A01/A02/A03/ A04/A05 Fermées : non

C01/C02/C04/ C05 : Non C03/C06 : oui Besoins en produits de premières nécessités C01/C02/C03/ C04/C05/C06 : Fermées : non

O01 : Existantes : besoins en matériels, ressources humaines Institutions fermées : oui Enfants abandonnés a

SE01 : oui Besoin en nourriture, vêtement, matériels et équipement Institutions fermées : non SE02/Se03 : non

S01 : oui Besoins en matériels sanitaires, produits de premières nécessités Fermées : non S02 : non

GA01 : oui Besoins : médicaments, nourriture, vêtements, formation Fermées : non GA02 : non

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 60 de 62 Mars 2004

matériels, logistiques NE01/NE02 Fermées : non NE03 Fermées : oui Manque de sécurité et de finances Enfants abandonnés a eux-mêmes Remède : sécurité et matériels

eux-mêmes Remède : sécuriser et appuyer en matériels O02/O03 : non O04 : oui Besoin en nourriture et vitamines Fermées : ND

Abus traumatismes, problèmes des enfants

NE01/NE02 : La peur Scolarisation NE03 : Peur, logement, nutrition Scolarisation

N01 : Santé Loisir N02 : domesticité N03 : ND N04 : Peur Nutrition Scolarisation

NO01 : Peur, nutrition, santé, Scolarisation NO02 : misère extrême

A01/A02/A03/ A04 Peur Nutrition Loisir Santé Violence A05 : utilisation comme espions, éclaireurs

C01/C02/C03 C04/C05/C06 Peur Pas de loisir Scolarisation Abus psychologique

O01 : Peur Faim O02/O03 Épidémie Nourriture O04 : Manque de nourriture Peur Abus psychologiques

SE01 : peur abandon scolaire, nourriture Problème d’électricité SE02/SE03 : Manque de nourriture et de médicaments

S01 : Abandon Banditisme S02 : Violence sexuelle Punition corporelle

GA01 : Violence psychologique Frustration, prostitution clandestine GA02 : Peur Violence psychologique Prostitution

Besoins immédiats importants des enfants

NE01/NE02 : Besoins en produits de premières nécessités NE03 : Eau potable Médicaments Nutrition

N01 : Nutrition Sanitation N02 : Santé et nutrition N03 : ND N04 : Protéines, vitamines,

NO01 : Nutrition Santé Eau potable Médicaments Sanitation ARV NO02: Nourriture, santé, paix

A01/A02/A03/ A04: Nutrition Paix Loisir Appui psychosocial A05 : Nourriture, vitamines,

C01/C02/C03/ C04 : Nutrition Médicaments Vêtements

O01 : Nutrition Scolarisation Appui psychosocial Kits anti-sida O04 : Paix, Appui psychosocial

SE01 : sécurité, nourriture, eau potable SE02/SE03 : Trafic vers RD, nutrition, santé

S01 : nourriture Logement Sécurité S02 : Réhabilitation maisons Nourriture Vêtements

GA01 : Produits de consommation, Énergie, espace de loisir GA02 : Nourriture Loisir

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 61 de 62 Mars 2004

Réouverture des écoles Système d’irrigation Subvention des institutions de bienfaisance

médicaments Scolarisation

appui psychosocial

Appui psychosocial Lutte contre prostitution

Stratégie à prioriser

NE01/NE02 Développer un programme d’urgence limite dans le temps avec les familles directement NE03 Passer par les institutions déjà sur place et cordonner un programme de secours parallèle et/ou intègre bien supervise

N01 : infrastructures sociales N02/N03 : ND N04 : Intervention directe avec le support des groupes locaux organisés

NO02 : Unicef doit intervenir selon la réalité de la zone

Investissement au niveau des hôpitaux, centres de santé, écoles primaires privées, orphelinats -Centres multifonction-nels (santé, éducation, loisir) A05 : campagnes dans les écoles, spots contre la violence

C01 : ND C02/C03 : passer par institutions travaillant ds la zone C04 : Fondation d’un comite représentatif: mère, Pasteur, prêtre C05 : centre de nutrition et cliniques mobiles

O01 : Recenser Appuyer les organisations communautaires Passer par les écoles

SE01 : Croix-Rouge Sud-est, ASPE, SCC, Caritas SE02/SE03 Développe-ment d’un programme de santé-nutrition dans les zones de Belle-anse à Anse-à-Pitres qui sont extrêmement pauvres et sèches.

S01 : Renforcer les organisations d’aide aux enfants Aider les enfants de rue Créer centre d’accueil S02 : Etablir partenariat avec une institution de la zone Avoir un agent de terrain dans la zone Mettre en place un comité d’urgence

GA01 : Former un comité interinstitu-tionnel Promouvoir participation personnalités crédibles Aider les centres sur le plan financier, matériel, socio-psychologi-que

Commentaires

NE01/NE02 : Aucun

N04 : Urgence d’aider les

Nécessite d’intervention rapide de

A05 : Urgence pour que les

C02 : Combattre le trafic des

Formation psychosociale des

S01 : La situation demande une

Création d’un comité de

Les enfants d’Haïti Évaluation rapide Face à la crise Page 62 de 62 Mars 2004

NE03 Urgence d’intervenir, enfants très touches, situation socio-économique précaire

enfants en concentrés de protéines, vitamines et en appui psychosocial

UNICEF organismes travaillant sur les droits de l’enfant interviennent

enfants vers RD C05 : penser après l’urgence à encadrer les familles dans la santé et l’agriculture

encadreurs des enfants

intervention d’urgence. La sécurité doit encore être apportée. Il faut planifier une bonne stratégie pour atteindre les enfants

coordination entre les différents orphelinats de la GA pour une action globale donc efficace et transparente en faveur des enfants