L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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IFPEK Institut de formation en ergothérapie de Rennes L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile L’accompagnement d’une population vieillissante dans les démarches de prévention UE6.4.S6 : Evaluation de la pratique professionnelle et recherche En vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’ergothérapeute Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faire sans le consentement de l’auteur est illégale. PAPET Aurore 2014/2015

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IFPEK

Institut de formation en ergothérapie de Rennes

L’ergothérapeute, acteur du

maintien à domicile

L’accompagnement d’une population vieillissante

dans les démarches de prévention

UE6.4.S6 :

Evaluation de la pratique professionnelle et recherche

En vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’ergothérapeute

Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faire

sans le consentement de l’auteur est illégale.

PAPET Aurore

2014/2015

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IFPEK

Institut de formation en ergothérapie de Rennes

L’ergothérapeute, acteur du

maintien à domicile

L’accompagnement d’une population vieillissante

dans les démarches de prévention

Sous la direction de Bénédicte Dubois, directrice de mémoire

UE6.4.S6 :

Evaluation de la pratique professionnelle et recherche

En vue de l’obtention du diplôme d’Etat d’ergothérapeute

Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faire

sans le consentement de l’auteur est illégale.

PAPET Aurore

2014/2015

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Résumé

Les personnes vieillissantes, population en pleine expansion, rencontrent parfois des

difficultés dans leur vie quotidienne. Elles entament, dans certains cas, des démarches afin

anticiper l’apparition de limitations d’activité. Par le biais d’associations et des caisses de

retraites, l’ergothérapeute intervient dans le cadre de la prévention pour le maintien à domicile

de cette population. Sa participation, généralement brève et concernant le domicile, lieu

porteur de représentations, peut parfois sembler restreinte.

Ce travail de recherche étudie l’accompagnement d’un ergothérapeute comme

approche favorisant le maintien à domicile d’une population âgée. Via diverses lectures, des

concepts clés sont développés, tels que le maintien à domicile, le vieillissement et le processus

d’intervention en ergothérapie.

Ensuite, un recueil de données effectué par le biais d’entretiens semi-directif auprès

de personnes âgées questionne l’intérêt de la mise en place d’un suivi par un ergothérapeute.

Actuellement, les personnes envisagent difficilement d’entamer les démarches pour adapter

leur domicile. De ce fait, l’ergothérapeute doit ajuster sa pratique professionnelle.

Mots clés : personnes âgées, maintien à domicile, ergothérapie, accompagnement

Abstract

People growing old, as there are more and more of them, sometimes find themselves

in tricky situations in their every day lives. Some, start taking measures in anticipation of

declining abilities. Through different associations and retirement offices, thus occupational

therapists take part in implementing preventive steps to help people stay at home. Their

intervention, which is usually brief and take place at the person’s home, place full of meanings,

can sometimes seem restricted.

This research projects aims to review occupational therapists advice and support as an

approach to keep the elderly at home. Fundamental concepts in occupational therapy, such

as aging, intervention process and helping people staying at home, are addressed in literature.

Data collected through semi-directive interviews with older people make us wonder

whether setting up a follow-up by an occupational therapist is worthy of interest. For the

moment, old people struggle with the idea of modifying their homes. Therefore, occupational

therapists must adjust their professional practice.

Keywords : elderly, staying at home, occupational therapy, advice and support

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« Vivre, c'était vieillir, rien de plus ».

(Simone de BEAUVOIR)

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Je remercie sincèrement,

Mme Dubois, directrice de mémoire, qui a su me guider et m’accompagner,

les ergothérapeutes et les personnes qui ont pris du temps pour participer à cette étude,

mes amis et futurs collègues avec qui j’ai vécu des moments merveilleux

et mes proches, qui m’ont épaulé tout au long de mes études.

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Sommaire

Introduction ........................................................................................................................... 1

PARTIE 1 : Problématique .................................................................................................... 3

PARTIE 2 : Cadre conceptuel...............................................................................................12

1. Le maintien à domicile, une demande sociale aux composantes multiples ....................12

2. La participation des personnes vieillissantes .................................................................18

3. L’ergothérapeute, un pivot dans le maintien à domicile d’une population âgées ............24

PARTIE 3 : Modèle d’analyse ...............................................................................................30

1. Méthodologie du recueil ................................................................................................30

2. Analyse des entretiens ..................................................................................................33

PARTIE 4 : Discussion .........................................................................................................43

1. Analyse croisée des données des entretiens et des apports théoriques ........................43

2. Vérification de l’hypothèse .............................................................................................47

3. Quelques pistes de réflexions .......................................................................................48

Conclusion ...........................................................................................................................51

Bibliographie ........................................................................................................................52

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Introduction

La population âgée a considérablement augmenté ces dernières années. De ce fait,

les besoins en soins, en accompagnements et en structures adaptées se sont multipliés.

Maintenir les personnes à domicile devient alors un véritable enjeu de santé publique.

Par ailleurs, il est possible de distinguer quatre critères définissant la dimension de

« problème de santé publique » : la fréquence, la gravité, l’existence de mesures de prévention

et de traitements efficaces et un bon rapport coût / efficacité de ces mesures. Avec la loi n°

2004-806 du 09 août 2004, l’Etat est devenu responsable de l’établissement des politiques de

santé publique. Les actions de prévention, permettant de sensibiliser les personnes âgées aux

problématiques inhérentes au maintien à domicile, se sont alors propagées.

Dans cette optique et à titre d’exemple, la caisse assurance retraite et sécurité au

travail (CARSAT) organise régulièrement des forums, ayant pour but principal d’aider les

personnes à anticiper les aménagements et adaptations nécessaires au « bien vieillir chez

soi ». Ces évènements sont adressés aux personnes âgées et à leurs proches mais aussi aux

aidants. Des conférences et des ateliers sont proposés pour éduquer et répondre aux

questionnements d’une population vieillissante. Ceux-ci tournent autour de l’aménagement,

mais aussi sur tout ce qui concerne les démarches pour obtenir des financements. De

nombreux partenaires, tels que des associations, des professionnels engagés et des

bénévoles, se sont donc mobilisés.

Les personnes âgées, intéressées par le discours des ergothérapeutes, cherchent

désormais des techniques pour faciliter leur quotidien. Ainsi, dans le cadre des études, la

participation à un de ces évènements permet de rencontrer une population qui est, aujourd’hui,

en bonne condition physique et mentale. Mais aussi d’alimenter le questionnement conducteur

de cette étude. En outre, les personnes vieillissantes, rencontrées au cours des stages et

expériences extra-scolaires, considèrent souvent les maisons de retraites comme une fatalité

à éviter. Cependant, elles sont tout de même envisagées dans le cas d’une aggravation

considérable de l’état de santé, même si cela n’entre pas dans leur projet de vie.

L’ergothérapeute se présente alors comme un acteur clé, pouvant répondre à certains

besoins et attentes d’une telle population. Ce professionnel ayant une vision globale,

considérant chacun des aspects de la vie d’une personne, intervient dans certaines situations

de la prévention pour le maintien à domicile. Actuellement, il agit principalement en donnant

des conseils pour l’aménagement grâce à une visite du lieu d’habitation. Cette dernière permet

d’établir un diagnostic ergothérapique dans le but d’émettre des préconisations en lien avec le

projet de vie de la personne.

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Afin d’approfondir ce sujet, l’étude débutera par un recueil d’expériences de stage. Lors

de ces dernières, la confrontation avec des personnes âgées, nécessitant des adaptations de

leur domicile, a amené des questionnements autour de la place de l’ergothérapeute dans les

politiques de prévention. De façon à compléter ces interrogations, des lectures préliminaires

seront menées, constituant alors une première exploration des notions abordées. Par la suite,

une problématique et des hypothèses, ont alors été formulées. Il s’agit d’amener un

approfondissement sur l’importance de l’accompagnement par un ergothérapeute pour

favoriser le maintien à domicile d’une population vieillissante. En conséquence, les notions de

maintien à domicile, de vieillissement et de processus d’intervention en ergothérapie seront

développées. Les éléments apportés amorceront alors la résolution des hypothèses. Ces

derniers, seront croisés aux résultats aboutissant de l’établissement d’une méthodologie de

recherche et d’une analyse d’entretiens, réalisées auprès de personnes âgées. Cela

permettra, lors d’une discussion, de valider ou d’invalider les hypothèses. En regard de ces

conclusions, de nouveaux axes de réflexion, autours de la prévention et des différents acteurs

pouvant y participer, achèveront ce mémoire.

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PARTIE 1 : Problématique

Le stage, effectué durant le deuxième semestre dans un service de suite et de

réadaptation, a permis un premier contact avec la population gériatrique. Lors de celui-ci, une

visite a été effectué au domicile de madame X, personne ayant des séquelles suite à un

accident vasculaire cérébral. Le but était d’apporter des modifications et adaptations au

domicile pour permettre à la personne de rentrer chez elle après son hospitalisation. C’est par

le biais d’observations et de mise en situations faites à domicile que l’ergothérapeute a pu

communiquer un compte rendu, contenant des préconisations, des plans et un argumentaire.

Ce document était transmis à la personne et à sa famille. Il pouvait être communiqué aux

artisans choisis pour intervenir chez la personne, afin de les guider dans la réalisation des

travaux.

Au regard de la situation de Mme X, des aides humaines ont également dû être mises en

place. En effet, ayant subi une perte d’autonomie importante, Madame X est devenue

dépendante d’une tierce personne pour la plupart des activités de la vie quotidienne. Son

degré de dépendance a pu être mesuré grâce à la grille nationale AGGIR : Autonomie

Gérontologie Groupes Iso-Ressources (cf. annexe 1). Cette grille permet d’attribuer un groupe

iso-ressource (GIR), en fonction du niveau d’autonomie et d’indépendance de la personne1.

Mme X a ainsi été attribuée au GIR 4.

Les travaux à effectuer à son domicile, avaient pour but de lui redonner une indépendance. Il

était primordial pour cette personne de retourner chez elle. Elle ne voulait pas envisager

l’entrée en maison de retraite, alternative examinée par la famille. Le travail de

l’ergothérapeute était donc d’accompagner Mme X dans son projet, en lui permettant de

rentrer chez elle dans les meilleures conditions possibles. Avec l’aide de l’assistante sociale,

la famille fut accompagnée dans les démarches nécessaires afin d’obtenir des financements.

Les travaux pour adapter le domicile pouvaient donc être entamés dans les plus brefs délais.

Cette situation, rencontrée aussi dans d’autres circonstances, permet de comprendre

l’importance du retour à domicile pour les personnes et le rôle de l’ergothérapeute pour les

accompagner dans cette démarche.

Cependant, lors de ce même stage, une situation différente a été observée. Une

personne âgée a été hospitalisée suite à une chute, victime d’une fracture du fémur et du

poignet. Après un temps de récupération nécessaire, cette personne est rentrée chez elle sans

aucune séquelle. Dans son dossier patient, il a été remarqué que ce n’était pas sa première

hospitalisation suite à une chute. De plus, elle ne présentait aucune pathologie pouvant

expliquer les circonstances de survenue des chutes. Il pouvait donc être supposer que son

1 Dr Lucien Mias, 2009. Cf. annexe 2

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domicile n’était pas fonctionnel et pouvait entrainer des situations dangereuses. Or, comme

elle n’avait pas de perte d’autonomie et d’indépendance significative, l’hôpital n’a pas estimé

nécessaire l’intervention d’un ergothérapeute pour évaluer le domicile.

Suite à cela, plusieurs questions ont été soulevées : L’hospitalisation est-elle une étape

obligatoire pour conduire à une adaptation du logement et donc permettre le maintien à

domicile d’une personne ? Aussi, est-il possible de déduire que la perte d’autonomie de la

personne âgée est une des conditions pour bénéficier d’une aide concernant l’aménagement

du domicile ?

En France, la population continue de vieillir. Ce constat découle de l’augmentation de

l’espérance de vie mais aussi du vieillissement de la génération baby-boom née entre 1947 et

1973. De plus, « En 2060, une personne sur trois aura ainsi plus de 60 ans » (INSEE2, 2010).

Or, en vieillissant, l’état de santé se détériore ce qui conduit souvent à des hospitalisations.

Ces dernières sont plus fréquentes et plus longues avec l’avancé en âge. Le coût, qui leur est

imputé, est donc considérable. Entre autres, une étude estime à un milliard trente-quatre

millions d’euros les conséquences financières des chutes de la personne âgée, chaque année

en France3. Le nombre de personnes âgées augmentant, il est un réel enjeu de santé publique

que d’accompagner ces personnes.

C’est pour cela qu’en 1962, la commission Laroque introduit l’expression « politique de la

vieillesse ». Il faudra cependant attendre 1980 pour qu’une véritable prise de conscience des

conséquences du vieillissement de la population soit explicitée dans le rapport « vieillir

demain » du commissariat général (Barres & Henrich & Rivaud, 2010).

Mais en France, qu’est-ce qu’une personne âgée ? Selon l’arrêté du 13 mars 1985 « est une

personne âgée, toute personne plus âgée que la moyenne des autres personnes de la

population dans laquelle elle vit ». L’INSEE établit qu’au « 1er janvier 2011, l'âge moyen des

hommes en France atteint 38,9 ans et celui des femmes 41,9 ans ».

Il est donc difficile de donner une définition de personne âgée. En France, nous nous reportons

à l’âge de référence pour obtenir les prestations financières. Ainsi, pour bénéficier d’une

pension retraite, l’âge minimum est fixé à 62 ans pour les assurés nés à compter du 1er janvier

1955.4 Les aides financières telles que l’allocation personnalisée à l’autonomie (APA), sont,

quant à elles, attribuées à partir de 60 ans.

D’après le rapport du conseil économique et social de la région de Bretagne (CESR),

les personnes de plus de 65 ans, habitant cette région, représentent, en 2003, plus de 17,6%

2 Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) 3 Conférence de presse 2008, Prévenir les chutes et leurs conséquences chez les personnes âgées 1er site européen d’information et de conseil 4 Le service publique de la diffusion du droit, 2011

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de la population globale. La Bretagne fait donc partie des régions de France connaissant un

vieillissement assez prononcé. En plus de toutes les démarches mises en place autour de la

personne âgée dépendante, la région de Bretagne développe des moyens pour améliorer la

qualité de vie des personnes vivant à domicile. Elles concernent 90% des personnes de plus

de 60 ans. La région Bretagne réfléchit ainsi à des « passerelles permettant de sécuriser, en

douceur, les trajectoires de vie des personnes vieillissantes »5, ceci dans une optique de

favoriser le maintien des personnes âgées dans leur domicile.

Plus précisément en Ille-et-Vilaine, la politique en faveur du maintien à domicile des

personnes âgées semble aussi se développer. En 2011, le département se munit pour la

première fois d’un « schéma départemental pour le maintien à domicile des personnes âgées

et des personnes handicapées ». Cette démarche a pour but de « répondre au souhait des

personnes âgées qui est de rester vivre le plus longtemps possible et dans les meilleures

conditions dans leur cadre de vie habituel »6. Les données démographiques montrent que le

nombre de personnes de plus de 80 ans s’élève à 45 327 en 2010. Les calculs prévisionnels

montrent une augmentation de 14% de ce nombre entre 2010 et 2015 soit 51670 personnes

âgées de plus de 80 ans en 2015. Dès lors, le Conseil Général d’Ille-et-Vilaine a décidé de

renforcer les aides déjà mises en place autour de la personne âgée, de développer les services

d’aide humaine à domicile et d’améliorer les conditions de vie des personnes en adaptant leur

environnement (domicile, loisirs, transports…).

La politique actuelle est donc de développer la prévention pour le maintien à domicile

des personnes âgées. Il est possible de distinguer trois types de prévention : «

- La prévention primaire vise à limiter un certain nombre de risques pour la santé.

Elle modifie l’incidence des pathologies (vaccination).

- La prévention secondaire s’attache à réduire la prévalence d’une maladie au sein

d’une population donnée par des actions de santé publique qui permettent une

prise en charge précoce (dépistage).

- La prévention tertiaire s’organise autour des actions de rééducation et de

réadaptation dans le but de diminuer la prévalence des incapacités chroniques,

séquelles de maladies ou d’accident. » (Deberdt, 2001)

Dans le domaine du maintien à domicile, la prévention primaire correspond à

l’information et à la formation des personnes de tout âge et de tout horizon, aux problématiques

qu’engendre le vieillissement de la population. Il faut préciser que cette approche est encore

peu développée.

5 CESR, 2007, p. 9 6 Conseil général d’Ille-et-Vilaine, 2011, p. 2

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Actuellement, le gouvernement adopte une politique qui est davantage de l'ordre de la

prévention secondaire. En effet, il cible la population âgée de plus de 60 ans et la sensibilise

aux conséquences du vieillissement par des actions de santé publique.

Grâce à cette politique, les acteurs agissant autour du maintien à domicile des

personnes âgées se sont eux aussi multipliés. Ainsi, suite à la loi du 2 janvier 2002, les Centres

locaux d’information et de coordination (CLIC) voient le jour. Ils sont des espaces d’accueil,

d’écoute, d’information, de conseil et d’orientation destinés aux personnes de plus 60 ans, aux

personnes en situation de handicap et aux professionnels du secteur social et de la santé

(Conseil général d’Ille-et-Vilaine, 2011). En Ille-et-Vilaine, certaines associations présentes

depuis plusieurs années, se spécialisent dans l’accompagnement pour l’adaptation du

domicile. A titre d’exemple, le PACT HD 357 et la CDHAT8 accompagnent et conseillent les

personnes âgées et/ ou handicapées dans la réalisation de travaux pour adapter leur domicile.

Ils interviennent pour faire une évaluation du domicile mais aussi pour accompagner les

familles dans les démarches pour financer ces travaux.

Les caisses de retraites jouent aussi un rôle important dans la prévention pour le maintien à

domicile. En Ille-et-Vilaine, plusieurs sont actives telles que : la CARSAT, la Mutualité Sociale

Agricole (MSA), la Mutuelle Générale de l'Education Nationale (MGEN), la Mutualité Française

Bretagne (MFB), etc. Il faut aussi prendre en considération les complémentaires retraites telles

que l’Association générale des institutions de retraite complémentaire des cadres et

l’Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés (Agirc et Arrco).

Ainsi, la politique gouvernementale a permis de développer les aides en faveur des

personnes âgées et ce, dans de nombreux secteurs. De ce fait, le nombre d’acteurs de la

prévention pour le maintien à domicile est en constante augmentation. Mais, quelle est la place

de l’ergothérapeute dans cette démarche ?

Ce début de réflexion amène à poser la question de départ suivante :

Comment l’ergothérapeute peut-il être un acteur d’une politique de prévention

en faveur du maintien à domicile d’une population vieillissante ?

Pour orienter les recherches relatives à la question de départ, Mme E, ergothérapeute

dans un cabinet libéral, a été interviewée.

L’entretien exploratoire est retranscrit en annexe 3.

Mme E est une ergothérapeute qui participe activement à la prévention pour le maintien

à domicile des personnes âgées. Il est important pour elle de bien cerner les différents aspects

7 Protection, Amélioration, Conservation et Transformation de l'Habitat en Ille-et-Vilaine 8 Centre de Développement pour l'Habitat et l'Aménagement des Territoires

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de la prévention. Pour bien agir, il faut prendre en compte la personne dans sa globalité. Il faut

s’intéresser en partie à « comment ils vivent chez eux » (E) et donc considérer les habitudes

de vie, la sécurité dans le domicile, les aires de circulation et la fonctionnalité des pièces.

Mme E intervient auprès des personnes âgées, principalement de deux manières.

Tout d’abord, elle a opéré par le biais de bailleur sociaux. Cette société d’HLM9 a fait appel à

elle, suite à un projet de la fondation de France au cours des années 2004-2005. Des fonds

ont été débloqués pour leur permettre de « mettre en place des services, des aménagements,

des adaptations » (E) afin que les personnes âgées puissent vivre chez elles le plus longtemps

possible. Elle a proposé à cette société des services d’ordres différents. Ainsi, elle est

intervenue dans un premier temps pour former les gérants d’immeubles. Elle a mis au point à

leur intention, un formulaire permettant de cerner la problématique du logement en fonction de

la personne. Les gérants d’immeuble pouvaient ainsi être plus autonomes dans leur décision

concernant l'intervention d'artisans pour l’adaptation du logement.

Ensuite, elle a participé à la conception d’un cahier des charges permettant l’adaptation des

logements de manière standard. Pour cela, elle a d’abord visité des appartements pour

comprendre la problématique. Le plus souvent, la salle de bain était inadaptée à la personne.

Mme E, dans son cahier des charges, a donc fournit des plans et arrêté du matériel spécifique,

en prenant en compte le rapport qualité/prix et la facilité à se fournir le matériel par les artisans.

Grace à cet outil, le bailleur peut désormais guider seul l’adaptation de la salle de bain, pour

chacun de ses appartements.

Deuxièmement, Mme E intervient auprès de caisse de retraite. Elle est en contact avec

l’Agirc et Arrco, prestataires qui s’occupent de gérer les demandes et les dossiers dans le

cadre du « bien vieillir chez soi ». Suite à la demande d’un bénéficiaire, la caisse de retraite

complémentaire contacte Mme E afin de connaître ses disponibilités en vue d'un déplacement

au domicile du demandeur. Après acceptation, elle intervient auprès des personnes en

s'appuyant sur un questionnaire proposé par les caisses de retraites complémentaires. Ce

questionnaire a été conçu par l’Association Nationale Française des Ergothérapeutes (ANFE).

Il permet de réaliser un diagnostic du domicile mais contient aussi des questions sur la

médication, les loisirs, les déplacements, etc.

Le déplacement de l’ergothérapeute n’entraine pas systématiquement la réalisation de

travaux. En effet, de simples aides techniques peuvent suffire. Au contraire, dans certaines

conditions un maintien au domicile n'est pas envisageable et le changement de lieu de vie

s'impose. Lorsque la personne a besoin de plus d’informations, Mme E les oriente vers le CLIC

le plus proche.

9 Habitation à Loyer Modéré

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Les personnes sont concernées par ces dispositifs à partir de 70 ans pour le cas de la

société d’HLM et 75 ans pour les caisses de retraite. Généralement, ces personnes sont en

« pleine forme » (E). Elles peuvent parfois se retrouver en situation de handicap de par leur

vieillissement, ou à la suite d’une opération importante. Les caisses interviennent alors pour

éviter une nouvelle hospitalisation et les coûts importants engendrés par celle-ci. Mais

fréquemment, les personnes faisant appel à ce service sont celles qui sont le plus actives.

Ainsi l’ergothérapeute peut être un acteur de la prévention pour le maintien à domicile

de différentes manières. Il peut intervenir au domicile de la personne pour analyser la situation

et donner des conseils afin d’améliorer la qualité de vie de cette personne. Il peut aussi former

et informer les professionnels ou les personnes intéressées lors de rencontres organisées,

afin de discuter des différents moyens mis à disposition pour favoriser le maintien à domicile.

C’est par le biais d’acteurs tels que les caisses de retraite, les bailleurs sociaux, ou

autres, que les ergothérapeutes peuvent intervenir auprès d’une population vieillissante en

dehors du secteur hospitalier. Dans le cas étudié précédemment, l’ergothérapeute exerce en

libéral.

D’après l’ANFE, au 1er Janvier 2014, la France compte 9 122 ergothérapeutes et ce

nombre continu d’augmenter chaque année. Parmi eux, 7,9 % travaillent en cabinet libéral. La

Bretagne est l’une des régions bénéficiant d’une densité d’ergothérapeutes pour 100 000

habitants des plus élevée de France. Cependant, le nombre d’ergothérapeutes en exercice

libéral par rapport au nombre d'ergothérapeute total est légèrement inférieur à la moyenne

française.

Le rapport du ministère de la santé montre que le nombre d’ergothérapeutes exerçant dans

un établissement de soins et de prévention est quasiment nul et n’a pas évolué depuis ces

quatre dernières années.

Par conséquent, faire appel à un ergothérapeute exerçant en libéral reste l’une des meilleures

solutions pour faire bénéficier les personnes vieillissantes du système de prévention pour le

maintien à domicile.

Les ergothérapeutes agissent aussi pour le développement de la prévention par le biais

de forum et d’interventions auprès de personnes âgées. Pour exemple, chaque année les

caisses de retraite organisent des journées de sensibilisation sur le thème du vieillissement,

de l’habitat, de la chute, etc. Des ergothérapeutes sont généralement conviés pour partager

leurs connaissances avec les personnes présentes. Leur rôle est souvent de faire découvrir

les outils qu’ils peuvent préconiser si nécessaire et de montrer les différents types

d’adaptations qui peuvent être mises en place chez les personnes.

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En Ille-et-Vilaine, ces journées d’informations permettent avant tout de faire connaitre

l’ergothérapie. Les professionnels peuvent être représentés par différentes sphères. A ce titre,

l’ergothérapeute peut faire partie d’un CLIC, mais souvent, ce sont des étudiants en

ergothérapie qui prennent la responsabilité de renseigner les populations sur leur métier.

Mais le rôle de l’ergothérapeute dans la prévention pour le maintien à domicile se

limiterait-il à cela ?

Le premier stage de 3ème année, a permis de se confronter à la population vieillissante.

Les personnes rencontrées, d’environ 80 ans, n’avaient pas de handicap particulier. Elles

présentaient seulement certaines répercussions sur leur santé, dues au vieillissement.

Certaines personnes éprouvaient une baisse de performances principalement sur le plan

moteur mais aussi sur le plan cognitif. Ce sont les effets directs de la sénescence. Cette baisse

de performances n’entrainait pas de situation de handicap importante. Elles ne pouvaient donc

pas bénéficier d’aide pour les personnes handicapées, délivrées en fonction du GIR. Ces

personnes adaptaient leur quotidien en fonction de leurs capacités. Ainsi, les activités

devenues difficiles à réaliser ont disparues de leurs habitudes de vie, ou ont été diminuées,

afin de ne pas créer de douleurs supplémentaires. Ces personnes ont tout de même fait appel

à un ergothérapeute dans le cadre de la prévention : « bien chez moi ».

En effet, certaines caisses de retraites proposent, à tous leurs bénéficiaires de plus de

80 ans, le déplacement d’un ergothérapeute à domicile afin de réaliser un diagnostic de

l’habitat. Ensuite, pour bénéficier de cette prestation, les intéressés devront en faire la

demande par courrier. A ce titre, les caisses de retraites demandent une participation

symbolique de quinze euros. Lors du stage, des interventions ont eu lieu au domicile de sept

personnes différentes. Avec l’expérience de l’ergothérapeute et les cas vu en stage, il ressort

trois types de demandes et d’attentes différentes.

Premièrement, certaines personnes voulaient seulement s’informer sur les différentes

possibilités d’adaptation en cas d’utilisation d’un fauteuil roulant. Pour elles, se retrouver en

situation de handicap, c’était devoir se déplacer en fauteuil roulant. Elles font généralement

appel à un ergothérapeute parce qu’elles sont intéressées par les informations qu’il peut leur

fournir. Cependant cette démarche se fait en l'absence de projet réel. Elles veulent seulement

se renseigner, mais elles n’agiront probablement pas car « pour l’instant elles vont bien ».

Ces personnes en bonne santé, remplissent donc le critère pour bénéficier de prestation pour

la prévention du maintien à domicile. De ce fait, il serait important de les sensibiliser à

l’importance d’anticiper les travaux d’aménagements.

Deuxièmement, d’autres personnes âgées ont commencé les démarches

d’aménagement de leur domicile et désiraient persévérer dans cette voie. Généralement, elles

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ont déjà modifié la salle de bain en remplaçant la baignoire par une douche. Elles se

renseignent alors auprès de l’ergothérapeute pour aménager les autres pièces et pour

s’assurer que les aménagements réalisés sont convenables.

Dans ce cas-là, il a été parfois parfois constaté des salles de bain non fonctionnelles, alors

qu’elles avaient été rénovées récemment. La confrontation est donc délicate car il est

nécessaire d’expliquer que la salle de bain ne sera pas adaptée s’ils viennent à être victime

d’un handicap moteur. Parfois même, l’agencement peut créer des situations dangereuses,

avec des risques de chute importants si le sol est humide. Les personnes n’étant pas encore

dans cette situation d’incapacité, ne se sentent pas forcément concernées par notre discours.

Pour l’instant, elles sont satisfaites d’avoir fait les démarches de remplacer la douche par une

baignoire, même si elles n’ont pas forcement pensé à un futur dans lequel elles se

retrouveraient avec un handicap important.

En dernier lieu, des personnes avec un véritable projet d’aménagement de leur

domicile ont été rencontrée. C’est fréquemment l’un des membres du couple qui ressent

davantage de difficultés pour certaines activités de la vie quotidienne. La demande du couple

étant de rester ensemble, chez eux, le plus longtemps possible, ils s’interrogent plus

profondément sur la faisabilité de leur projet.

Dans tous les cas, la prestation de l’ergothérapeute restait la même. Tout d’abord elle

réalisait une évaluation par le biais d’observations et de bilans. Cela permettait de comprendre

les envies et les besoins de la personne, d’analyser l’autonomie et l’indépendance de celle-ci

dans ses activités de vie quotidienne. Mais également de prendre en considération

l’environnement humain, matériel et architectural. Ensuite, l’ergothérapeute pouvait émettre

des conseils lors de la visite. Ces derniers pouvaient aussi bien porter sur des aides techniques

et des aménagements, se montrant utiles dans l’immédiat, que sur des modifications

architecturales pouvant être apportées dans le futur. L’ergothérapeute rédigeait finalement un

compte rendu envoyé à la personne. Celui-ci comprend un résumé des évaluations permettant

de comprendre la situation de la personne, des préconisations sous forme d’argumentaire ou

de plans pour réaliser les aménagements et les travaux nécessaires. Le but étant de sécuriser

et de rendre le domicile le plus fonctionnel possible. Il est joint également une liste de

fournisseurs en matériels adaptés aux besoins de la personne et une liste d’associations

accompagnant la personne dans les démarches nécessaires à l’obtention de financements.

Une synthèse du rapport était alors envoyée aux caisses de retraites. Cependant, il n’était pas

possible d’obtenir des informations sur la suite de la démarche des personnes suivant ayant

bénéficiées de l’intervention. Les demandeurs réaliseront-ils les travaux préconisés par

l’ergothérapeute ? Si oui, une personne les accompagnera-elles dans leur démarche ? Y-aura-

t-il une vérification des travaux effectués ?

Page 17: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 11

Serait-il donc pertinent de faire intervenir un ergothérapeute après le diagnostic du domicile ?

Lors de ce stage, une autre situation a été rencontrée. Il était nécessaire d’intervenir

dans l’appartement d’une personne suite à la demande d’un bailleur social. La locatrice n’était

pas satisfaite de la pomme de douche installée lors de l’aménagement de la salle de bain. La

visite a été effectuée avec le gardien d’immeuble, intervenant généralement après les travaux

pour vérifier le respect du cahier des charges, établit par l’ergothérapeute en amont. Après

avoir observé la salle de bain, il a été constaté que les barres d’appui ne correspondaient pas

à ce qui avait été préconisé dans le cahier des charges. De plus, n’étant pas fixées

correctement, elles pouvaient créer une situation de danger lorsque la personne monterait

dans sa douche.

Ainsi, lorsqu’un suivi est mis en place, une personne se déplace pour vérifier les travaux et ce,

même si elle n’est pas qualifiée pour réaliser une analyse complète. L’ergothérapeute pourrait-

il intervenir dans ce suivi ? Une formation du personnel des bailleurs sociaux pourrait-elle

améliorer la qualité du suivi ?

Au regard de ces nouvelles informations, la question de recherche peut être formulée :

Comment l'ergothérapeute, en tant qu'acteur dans la prévention

secondaire, peut-il améliorer son rôle dans le maintien à domicile d'une

population vieillissante?

Hypothèse 1 : L’ergothérapeute, en mettant en place un suivi et un accompagnement dans les

démarches d’amélioration de l’habitat, favoriserait le maintien à domicile d’une telle population.

Hypothèse 2 : L’ergothérapeute, en délivrant une formation aux différents acteurs afin de

s’assurer de la qualité des interventions, participerait au maintien à domicile des personnes

vieillissantes.

L'hypothèse 1 sera retenue et traitée, en prenant en compte la population d’Ille-et-Vilaine.

Page 18: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 12

PARTIE 2 : Cadre conceptuel

1. Le maintien à domicile, une demande sociale aux

composantes multiples

Cette première partie sera consacrée à l’explication des principes clés régissant le

maintien à domicile. Il met en jeu de nombreux fondements que plusieurs auteurs ont été

amenés à décrire. Ainsi, après avoir défini le terme « domicile » et l’ensemble des concepts

inhérents à celui-ci, les mécanismes sous-jacents au maintien à domicile seront présentés.

Enfin, l’évaluation, outil de l’intervention à domicile, sera analysée.

1.1. Le domicile : plus qu’un habitat, un « chez soi »

Le terme même de domicile réunit plusieurs concepts complexes qui ont évolués avec

les époques et les sociétés. Parfois défini comme « lieu ordinaire d’habitation, demeure légale

et habituelle », il est aussi complété par l’expression « à domicile » qui correspond à « la

demeure même de quelqu’un, chez soi »10.

Les rapports départementaux, régionaux et autres documents officiels réduisent

souvent le maintien à domicile à l’adaptation de « l’habitat ». L’habitat se rapporte davantage

à l’environnement physique et non à l’aspect psychique inhérent au domicile. En définitive, les

écrits s’intéressent à l’aménagement de l’habitat des personnes vieillissantes dans son aspect

technique, en se basant sur des normes énoncées par les lois. C’est cette approche objective

qui est aussi appliquée aux réflexions relatives à l’adaptation des bâtiments, des quartiers, des

villes, etc.

Or, B. Ennuyer rappelle que l’aménagement de l’environnement et du domicile donne aussi

« la possibilité psychique d’appropriation de ces différents espaces ce qui permet à la

personne quel que soit son âge de s’y construire et de s’y reconnaître une identité et ensuite

de la conserver jusqu’au bout de sa vie »11. De plus, le domicile réunit, selon lui, des notions

qui dépassent celles de l’habitat ou habitation (terme aussi mentionné par la définition du

dictionnaire français). Effectivement, le domicile renvoi au principe d’attachement, qu’il

explique comme étant le phénomène qui se produit lorsqu’une personne vit de nombreuses

années dans son domicile. Toute la subtilité du terme domicile nécessite alors d’être éclaircie.

10 Le petit Robert, 2014 11 ENNUYER, Bernard, 2014, p.21

Page 19: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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E. Djaoui12, dans son ouvrage « intervenir au domicile », explique dans un premier

temps plusieurs concepts mettant en lien le domicile et la formation de l’identité. Il renvoi au

terme « propre » dans les sens « propriété » et « approprié ». Ces deux notions sont

complémentaires en ce sens qu'une personne devient juridiquement propriétaire après l’achat

d'un domicile, mais ne peut ressentir cette qualité qu'après s'être approprié l’espace.

L’investissement de cet espace se fait alors par l’aménagement, la personnalisation et ce, afin

d’atteindre non seulement un certain confort mais aussi un sentiment de bien-être. Une

évolution s’observe de génération en génération, l’hygiène et le confort ne suffisent plus,

désormais le domicile doit permettre de se différencier par l’apport d’objets décoratifs et d’arts

ménagers. Le lieu de vie devient une représentation de soi, de son identité. Lorsque l’espace

est décoré au goût de la personne, alors il devient son « chez-soi ».

Le domicile donne donc une image de la personne qui y vit, mais aussi une projection du

niveau social de cette dernière. En effet, même si le domicile correspond généralement à la

personnalité de son habitant, il est aussi souvent aménagé selon certains critères sociaux en

vigueurs. Le domicile ne doit pas paraître comme étant en marge de la société actuelle, car

inviter des personnes chez-soi c’est permettre de s’inclure socialement. Personnaliser son

environnement est donc aussi un moyen de se valoriser.

Cependant, E. Djaoui insiste sur le fait que pour se sentir chez-soi, le domicile de la

personne doit répondre à certains critères. Il doit symboliser « l’espace psychique » de

l’habitant, c’est-à-dire le lieu où s’exprime sa singularité. Il nécessite aussi d’être un espace

sécuritaire. L’habitant se crée une bulle incarnant ses besoins psychoaffectifs, séparant alors

ce qui est « lui » de ce qui ne l’est pas. La sécurité permet d’affronter les événements difficiles

« pendant les périodes de fragilité […] mais aussi pendant des moments de souffrance

psychique où l’on a besoin de fuir le monde temporairement » (Djaoui, 2008, p.112). Le chez-

soi devient aussi un lieu protégeant : les proches, les animaux, les objets à valeur

sentimentale, etc. Il respecte aussi l’intimité de l’habitant. En outre, le domicile constitue un

espace dans lequel les jugements sont abrogés et où la personne peut exprimer,

complètement et sans crainte, sa personnalité.

Ces concepts permettent alors de mieux comprendre l’importance que peut avoir le

lieu de vie pour l’individu. Le maintien à domicile permettrait alors la conservation de l’identité

de la personne, garantissant ainsi un contexte favorable à un vieillissement dans de bonnes

conditions.

12 Psychologue, responsable de formation à l’institut de formation sociale des Yvelines, membre du centre international de recherche, de formation et d’intervention psychosociologiques

Page 20: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 14

1.2. Le maintien à domicile, une volonté croissante de la

population vieillissante à satisfaire

1.2.1. Le maintien à domicile, un projet souvent perçu comme

l'aménagement de l'habitat

Pour mieux comprendre l’expression « maintien à domicile », il semble important de

s'attarder en premier lieu sur la notion de « maintien ». Une des définitions du verbe maintenir

données par le petit Robert est « conserver dans le même état, faire ou laisser durer » 13. Cela

fait ainsi référence à la volonté de « garder » les personnes dans leur domicile.

A la suite d'une large réflexion théorique et sémantique, B. Ennuyer14 a développé une

définition du maintien à domicile. Celle-ci souligne le fait que « c’est d’abord et avant tout

l’expression du désir de nombreuses personnes qui ont fait les choix de demeurer dans leur

domicile jusqu’au bout de leur âge et de leur vie » (Ennuyer, 2014, p.29). Pour lui, il est donc

primordial de prendre en considération la volonté de la personne de rester chez elle. Dès lors,

découle naturellement des questionnements en termes d'éthique. Le maintien à domicile ne

peut se faire contre le grès de la personne âgée.

Les politiques actuelles promeuvent le maintien à domicile et ce principalement pour

des raisons financières. En effet, la population âgée augmentant, le constat d’un manque de

structures pouvant les accueillir questionne et encourage les démarches pour le maintien à

domicile. Néanmoins, il faut noter la récurrence de la formule « maintien à domicile le plus

longtemps possible ». Celle-ci implique une fin inévitable qui est l’incapacité de vivre à domicile

jusqu’à la fin de sa vie. Actuellement, la majorité des personnes âgées décède dans un milieu

hospitalier ou dans une clinique privée. Leurs conditions de santé ne leurs permettent

probablement pas de rester à domicile. Néanmoins, la part des personnes âgées décédant à

domicile est supérieure à celle vivant en maison de retraite15.

A cet égard, B. Ennuyer souligne l’importance de ne pas « réduire le maintien à domicile à une

question de santé publique » (Ennuyer, 2014, p.14). Certes, les conséquences sur la

population font du maintien à domicile un véritable enjeu de santé publique mais il implique

principalement une réflexion sur les habitudes de vie et sur l’environnement des personnes

âgées.

Par ailleurs, il est souvent fait référence à « la culture du domicile ». Cette dernière

peut être définie de la façon suivante : « la culture du sur mesure, de l’individuel, du subjectif

13 Le petit Robert, 2014 14 Ingénieur, sociologue, directeur d’une association d’aide à domicile 15 Insee, 2011

Page 21: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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et du primat du sujet » (Ennuyer & Djaoui, 2006, p.5). En effet, il est devenu primordial, dans

notre société actuelle, de prendre en compte les besoins et envies que peuvent exprimer les

personnes âgées. Cela dans le but de respecter leur mode de vie et de favoriser un cadre de

vie social correspondant aux attentes de celles-ci. Ainsi, aider la personne vieillissante à rester

à domicile ne doit donc pas se limiter à la réalisation d’aménagements. Il faut se centrer sur

son projet et, de ce fait, maintenir les éléments de son identité par une collaboration étroite et

des propositions adéquates. De la sorte, l’adhésion de la personne à son projet de maintien à

domicile peut être attendue.

Néanmoins, pour assurer un bon suivi et donc un maintien à domicile dans les

meilleures conditions possibles, la personne a besoin de « soutien ». D’après B. Ennuyer,

l’accompagnement global de la personne nécessite la mise en place d’aides humaines, d’aides

techniques et/ou d’aides financières. Cela implique alors l’intervention de plusieurs

professionnels tels que les aides-soignants, les infirmiers, les assistantes sociales, les

ergothérapeutes, etc.

Ainsi, d’un point de vu ergothérapique, il semble fondamental de s’intéresser plus précisément

à l’aménagement du domicile en lui-même.

1.2.2. L’aménagement du domicile pour favoriser l’autonomie et

l’indépendance

Aujourd’hui, plus de 72,1% des personnes âgées de plus de 65 ans sont propriétaires16.

Ces derniers sont les premiers concernés quant à la nécessaire réflexion autour de

l’adaptation de leur domicile afin de s’y maintenir. Ils doivent anticiper les apparitions

d’éventuelles incapacités liées au vieillissement. De cette manière, ils peuvent prévenir

certaines situations de handicap dans leur quotidien.

Or, d’après le processus de production du handicap (PPH), « une situation de handicap

correspond à la réduction de la réalisation des habitudes de vie, résultant de l’interaction entre

les facteurs personnels (les déficiences, les incapacités et les autres caractéristiques

personnelles) et les facteurs environnementaux (les facilitateurs et les obstacles) »

(Fougeyrollas & Cloutier, 1998, p142). De ce fait, tous les éléments concernant la personne

sont à prendre en compte, puisque tous interviennent dans la survenue d’une situation de

handicap.

A cet égard, maintenir l’autonomie et l’indépendance dans ces activités de vie

quotidienne est, à cet âge, une priorité. Pour ces raisons, il est parfois nécessaire d’apporter

16 Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, 2012

Page 22: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 16

quelques aménagements afin de les faciliter et sécuriser. En effet, des personnes peuvent

éprouver des difficultés dans certaines tâches et de ce fait se limiter quant à leur réalisation,

alors que d’autres se mettent en danger pour pouvoir les accomplir. Aussi, l’environnement

peut être inadapté et engendrer des situations à risque pouvant entraîner un accident

domestique tel que la chute.

Les aménagements types, pouvant être mis en place chez la personne âgée, ont été

décrits par H. Corlay et E. Trouvé. Ils concernent généralement les sanitaires (toilettes et salle

de bain), la cuisine, la chambre, la pièce de vie principale. L’objectif étant de favoriser

l’accomplissement des activités quotidiennes tout en conservant les propriétés conviviales de

certaines pièces. Les espaces privés devront être sécuritaires et satisfaire les besoins de la

personne. D’autres éléments sont aussi à prendre en compte tels que la qualité de l’éclairage

notamment sur les passages sombres, avec des obstacles ou étant souvent utilisés la nuit. En

proposant des systèmes d’ouverture des portes, des fenêtres et des moyens de

communication simplifiés, les personnes âgées gagneront aussi en autonomie. Enfin, il est

aussi essentiel de concevoir les déplacements extérieurs pour permettre aux personnes âgées

de sortir de chez elles, conserver une vie sociale et donc éviter l’isolement17.

L’ergothérapeute est alors un intervenant de qualité pouvant aider, conseiller et

accompagner les personnes âgées dans ces démarches. Il vise à prévenir et compenser les

situations de handicap inhérentes au vieillissement. Il prend aussi en considération la

dimension affective que les personnes éprouvent pour leur logement, en veillant à ne pas le

modifier considérablement.

Pour se faire, le professionnel se déplace chez la personne pour observer et évaluer les

aménagements qui seront nécessaires pour son maintien à domicile.

1.3. L'évaluation du professionnel au domicile, une étape clé

dans le projet de maintien à domicile

Il est primordial de s’interroger sur les moyens à mettre en place pour améliorer la

qualité de vie des personnes âgées et diminuer les situations de dépendance. L’intervention

dans le lieu de vie apparaît alors comme une possibilité pour évaluer les adaptations qui seront

nécessaires pour garantir un maintien au domicile.

Selon E. Djaoui, lorsqu’un professionnel se déplace chez une personne, il se met en

place une « relation d’hospitalité ». En effet, l’habitant accepte de recevoir le professionnel

17 CORLAY, H. & TROUVE, E., 2009. L’aménagement du domicile des personnes âgées.

Page 23: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 17

chez lui, avec à l’esprit que ce dernier puisse observer, analyser son domicile, son espace

privé. En contrepartie, le professionnel se doit d’être à l’écoute de l’accueillant et ce, sans

émettre de jugement. Il doit même mettre à disposition ses connaissances et compétences

afin de trouver des solutions qui faciliteront le quotidien de la personne.

La mise en place d’une relation de confiance est essentielle pour espérer un bon

déroulement de l’évaluation. D’après le dictionnaire « Larousse », évaluer signifie « déterminer

approximativement, la durée, la quantité, le nombre, l’importance de quelque chose »18.

« L’évaluation, pratique extrêmement délicate dans la mesure où cela exige d’examiner la vie

de la personne dans ses multiples dimensions psychiques, sociales et matérielles ainsi que

les ressources offertes par l’environnement social du domicile, est d’une importance cruciale.

» (Djaoui, 2008, p. 71).

Cependant, le problème de la durée de cette intervention se pose. En effet, le

professionnel l'exécute en moyenne au cours d'un laps de temps assez court, allant de une à

deux heures. Pourtant, ce délai est d'une importance cruciale puisqu'il doit permettre

l'instauration d'une relation avec la personne demandeuse mais aussi comprendre et intégrer

ses habitudes de vie.

B. Ennuyer fait la distinction entre « demande » et « besoins ». L’habitant évoque plutôt des

désirs, des espoirs, qui se traduisent par l’envie de rester chez soi. L’évaluateur, lui, analyse

comment le domicile peut répondre aux besoins fondamentaux de l’être humain. Ce sera donc

à lui de faire le lien entre la demande et les besoins observés.

Les besoins fondamentaux ont été décrits par de nombreux auteurs et parmi eux,

Virginia Henderson, en a défini quatorze. Pour cette dernière, l’ordre de priorité n’a pas

d’importance, chacun d’entre eux doit être satisfait. Si un besoin n’est pas assouvi, cela peut

influencer négativement la qualité de vie de l’individu. Ainsi, par exemple, l’évaluateur va

observer si le demandeur peut se vêtir et se dévêtir, peut réaliser ses soins d’hygiène, etc.19

Cependant, connaître les besoins humains et vouloir s’assurer qu’ils soient comblés

ne suffit pas. Il est important de prendre en considération les souhaits de la personne, afin de

prioriser les aménagements qui pourront être proposés. De cette manière, la personne

participe aux choix dans les adaptations et se sent actrice dans son projet de vie. L’évaluation,

outil souvent à visée objective, doit être utilisée de façon personnalisée pour correspondre à

chaque personne qui sera étudiée.

18 Le petit Larousse, 2013 19 SIDERAL-Santé, 2008

Page 24: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 18

2. La participation des personnes vieillissantes

En France, la population âgée augmente chaque jour et ce, sûrement grâce à une

amélioration des conditions socio-économiques de ces dernières années. Cependant,

comment se traduit le vieillissement ? A quel âge est-on vieux ? Quelles sont les influences

sur la participation sociale ?

« Le vieillissement est un processus constant. Il débute bien avant la vieillesse, qui est son

aboutissement. » (Kalfat & Souzeon, 2009, p. 13)

2.1. Le vieillissement un processus biologique

D’après le dictionnaire de la gérontologie sociale « le vieillissement est un processus

qui débute à la naissance de l’individu et s’achève à sa mort » (Vercauteren, 2010, p. 248).

Ce mécanisme naturel et inévitable recouvre le vieillissement physiologique ainsi que le

vieillissement pathologique. Le vieillissement physiologique, ou sénescence, est « caractérisé

par la diminution des réserves fonctionnelles dans la plupart des systèmes physiologiques et

par une augmentation de la vulnérabilité à la plupart des maladies et au risque de mort »

(Miller, 1994, cité par Bazerolles, 2009, p. 64). Le vieillissement pathologique se distingue lui

par l’apparition de maladies en plus du processus de sénescence comme la démence,

l’insuffisance cardiaque, etc.

Selon K. Dujardin et P. Lemaire, le vieillissement physiologique s’accompagne

généralement d’une diminution des performances cognitives. A titre d’exemple, il a été prouvé

que les capacités attentionnelles, mnésiques et langagières peuvent être altérées.

« L’attention désigne notre capacité à orienter nos ressources mentales vers une source

d’information » (Dujardin & Lemaire, 2012, p. 30). Elle joue aussi un rôle dans certaines

fonctions supérieures telles que la mémoire, la résolution de problèmes, etc. Le vieillissement

attentionnel peut donc avoir des conséquences sur le quotidien, notamment pour la conduite,

les déplacements à l’extérieur, la réalisation de deux tâches simultanément.

La mémoire est une fonction regroupant plusieurs systèmes nommés, à savoir : la mémoire

de travail, la mémoire épisodique, la mémoire sémantique, la mémoire implicite et la mémoire

procédurale. Certaines entrent en jeu dans le stockage et l’utilisation des informations sur le

moment (mémoire de travail), alors que les autres interviennent davantage sur le long terme.

Il faut noter que l’altération de ces différents systèmes est souvent irrégulière, même si un

consensus formule que les effets du vieillissement se traduisent généralement par « une

Page 25: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 19

diminution de la capacité à initier des opérations cognitives efficaces au moment de l’encodage

et de la récupération de la mémoire » (Dujardin & Lemaire, 2012, p. 46)

Le vieillissement du langage, quant à lui, dépend de nombreux facteurs. Même si des

modifications de performances sont souvent observables, celles-ci sont influencées par le

milieu socio-culturel de la personne. Aussi, la qualité de la perception et du traitement des

informations sensorielles (auditives ou visuelles) peut influencer l’activité langagière et

l’aisance dans les échanges.

En définitive, un déclin cognitif généralisé s’observe au fur et à mesure des années. Plusieurs

hypothèses, réunies par H. Kalfat et H. Sauzéon, pourraient expliquer les conséquences du

vieillissement sur les performances cognitives. Synthétiquement, la première hypothèse

évoque un déclin à l’origine d’une raréfaction des connections neuronales entrainant « un

ralentissement de la vitesse de traitement »20 de l’information. La seconde s’interroge sur

l’implication de la diminution des capacités attentionnelles sur les autres fonctions supérieures.

La dernière, émane de théories en liaison avec les origines de la maladie d’Alzheimer et

suppose une dégradation de certaines zones préférentielles du cerveau dont les principales

seraient les régions frontale et préfrontale.

Des changements s’opèrent aussi à d’autres niveaux. En outre, les cellules et les tissus

changent de propriétés, entrainant une multiplication des rides, une hypertrophie des muscles,

une altération des systèmes articulaires, etc. De plus le vieillissement se manifeste par une

diminution des capacités physiques, une altération des organes sensoriels, une dégradation

des systèmes cardio-respiratoire et digestifs, etc. Ceux-ci entrainent alors l’apparition

progressive de situations de handicap.

Mais attention, « Le vieillissement n’est plus conçu comme un processus d’usure se

déroulant uniformément, mais comme un processus en « cascade », irrégulier et multiforme,

provoquant des « chutes » et des « rebonds ». » (Kalfat, H. & Souzeon, H., 2009, p. 14). Les

êtres humains ne sont donc pas tous égaux lorsqu’il s’agit de vieillissement, cette inégalité

s’observant aussi pour les différentes parties du corps. La sénescence des cellules et donc

des organes est hétérogène au sein même d’une personne.

A cet égard, « La gériatrie distingue trois modes principaux de vieillissement : le

vieillissement réussi, le vieillissement habituel et le vieillissement avec pathologies sévères. »

(Bourrellis & Bazerolles, 2009, p. 41). Il est appelé « réussi » si la personne ne présente pas

de pathologie et qu’elle a peu de risque d’en développer. Dans cet état, l’autonomie de la

personne est conservée. Dans le vieillissement habituel, elle commence parfois à décliner,

d’autant plus que les risques d’apparition de maladie augmentent. Le troisième type de

vieillissement est marqué par le développement de pathologies entrainant une dépendance et

20 KALFAT, H. & SOUZEON, H., 2009, p. 15

Page 26: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 20

des situations de handicap. Par ailleurs, « selon les études 12 à 33 % des personnes âgées »

font parties de celles qui ont un vieillissement « réussit » (Bourrellis & Bazerolles, 2009, p. 41).

De nombreuses personnes âgées conservent donc une autonomie et une indépendance

pendant de longues années.

2.2. La vieillesse un phénomène social

La vieillesse est souvent définie comme « la dernière période de la vie humaine [qui

est aussi] caractérisée par le ralentissement des activités biologiques » (Le petit Robert, 2014).

Ce temps évolue en fonction des sociétés. Plusieurs éléments entrent en jeu dans l’évolution

de cette représentation.

Tout d’abord, l’augmentation de l’espérance de vie contribue fortement à ce

phénomène. « L'espérance de vie à la naissance (ou à l'âge 0) représente la durée de vie

moyenne - autrement dit l'âge moyen au décès - d'une génération fictive soumise aux

conditions de mortalité de l'année » (INSEE, 2014c). Ainsi, les nouveau-nés en 2014 ont une

espérance de vie à la naissance de 79,3 ans pour les hommes et de 85,5 ans pour les femmes

(INSEE, 2014b).

Par conséquent, ces soixante dernières années ont été les témoins d’un accroissement

considérable de la population de personnes âgées. Effectivement, d’après une étude de

l’INSEE (2014), en 1950 les personnes de plus de 60 ans représentaient 16,3 % de la

population totale en France et seulement 3,8 % des français étaient âgés de plus de 75 ans.

Aujourd’hui, 24,4 % de la population est âgée de plus de 60 ans et le pourcentage des

personnes de plus de 75 ans a quasiment triplé, en atteignant les 9,2 %. Le nombre de

centenaire recensé en France est certainement le marqueur le plus significatif de cette

évolution ; en 1950 seulement 200 personnes avaient atteint les cent ans, alors qu’en 2015,

ils seraient plus de 22.000 (Blanplain Nathalie, 2010).

Dans la continuité, les personnes à la retraite ont désormais de nombreuses années

de vie devant elles. « L’âge de la retraite est maintenant bien différent de l’âge de la

dégradation sensible de la santé. » (Boulmier, 2011, p. 30). L’apparition de difficultés dans la

vie quotidienne ne s’associe plus à l’âge de la retraite. La personne n’est plus définie comme

« âgée » dès lors qu’elle cesse toute activité professionnelle. D’après l’organisation mondiale

de la santé (OMS), « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et

ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité » (OMS, 1946). Or,

d’après E. Trouvé, la fin de la « vie active » n’entraine pas forcement des préoccupations sur

le changement de situation professionnelle, la perte d’un salaire mensuel et de la

Page 27: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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reconnaissance sociale qui en résulte. Au contraire elle permet « la réalisation de soi grâce à

du temps retrouvé [et] une nouvelle implication dans la vie familiale » (Trouvé, 2009, p. 9).

Le modèle qui s'est forgé au lendemain des deux conflits mondiaux, séparant la population en

trois générations est révolu. Précédemment, il était possible de distinguer des étapes clés de

la vie qui étaient : la jeunesse, temps de l'éducation ; l'âge adulte, correspondant à la vie

professionnelle et la vieillesse, commençant dès la retraite. Aujourd'hui, la période dite de la

vieillesse s'est complexifiée et peut être séparée en trois âges distincts : « les 60-75 ans,

jeunes retraités, seniors, l’âge de la performance ; les 75-85 ans, autonomes l’âge des « poly-

mini-handicaps » ; enfin les plus de 85 ans, qui abordent les problèmes de dépendance. »

(Boulmier, 2011, p. 31).

Pourtant, l'ouverture des droits aux aides pour les personnes âgées se fait souvent

entre 60 et 65 ans. A ce titre, l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), attribuée

sous condition de revenus faibles, peut être demandée dès 65 ans, soit peu de temps après

l'âge moyen de la retraite21. La loi prévoit donc qu’une personne devient âgée et peut bénéficier

d’aide en lien avec sa situation entre soixante et soixante-cinq ans.

L’évolution des représentations de la vieillesse permet alors de comprendre que

l’intérêt des acteurs dans la prévention se porte, pour l'instant, sur une population plus âgée

que celle définit par la loi. Pour ces derniers, les situations de handicap liées au vieillissement

n’apparaissent que plus tard. Effectivement, les plus de soixante ans sont généralement très

actifs. La retraite est souvent propice à l’investissement dans de nouvelles activités, ainsi les

personnes jouissent d’un nouveau statut social.

2.3. L’influence du vieillissement sur la participation sociale

Tout au long de la vie, l’homme évolue dans une société en alternant les rôles sociaux.

Ces derniers sont « des normes et des attentes sociales et culturelles, portant sur la

performance occupationnelle, qui sont associées à l’identité personnelle et sociale de

l’individu » (Meyer, 2013, p.170). Selon S. Meyer, un individu peut en jouer divers en

vieillissant. L’articulation de ces différents rôles rend la personne et son histoire unique, lui

permettant peu à peu de construire son identité. Cette construction se fait en lien avec

l’environnement et le regard des autres individus. Détenir un rôle, dans le système social

actuel, est valorisant car cela donne une fonction, une position, parmi les siens. L’individu

s’engage alors à remplir des obligations sociales et c’est en les accomplissant qu’il participe à

la société.

21 Direction de l’information légale et administrative, 2015

Page 28: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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La participation sociale apparait alors comme primordiale dans la construction d’un

statut social et donc d’une identité. L’expression « participation sociale » a été citée et définie

à de nombreuses reprises.

A l’instar de la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées

qui en fait mention dans son article 1 : « Par personnes handicapées on entend des personnes

qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables

dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective

participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres » (Nation unies, 2006). Cet

article met alors en valeur l’importance de la participation sociale, puisque si elle est

incomplète ou impossible, la personne est définie, par le texte, comme étant en situation de

handicap.

D’après le processus de production du handicap, un des modèles de pratique en

ergothérapie, « Une situation de participation sociale correspond à la pleine réalisation des

habitudes de vie, résultant de l’interaction entre les facteurs personnels (les déficiences, les

incapacités et les autres caractéristiques personnelles) et les facteurs environnementaux (les

facilitateurs et les obstacles). » (Fougeyrollas & Cloutier, 1998, p142).

Cette définition met donc en lien trois éléments, chacun influençant les deux autres.

Effectivement, comme il a été expliqué auparavant, la dégradation de l’état de santé, inhérente

au vieillissement, intervient directement dans l’apparition de situations de handicap, limitant

alors la participation sociale. Mais aussi, l’environnement, autant social que physique, prend

une part importante dans la vie de l’individu. C’est pour cela qu’il faut considérer aussi bien le

domicile, que l’environnement socio-culturel de la personne pour étudier sa participation.

« La participation sociale est autant liée à l’individu lui-même, qu’à la place qui lui est

faite dans les politiques publiques (luttes contre l’isolement, mobilisation du potentiel

d’engagement des seniors, politique des transports, de l’accessibilité et de l’habitat…). […]

[En effet, après un certain âge, les] cercles d’actions que sont les espaces privés, les espaces

semi-privés/semi-publics, les espaces publics ont tendance à se rapprocher » (Bourrellis &

Bazerolles, 2009, p. 43). Parfois même, couplé à un état de santé dégradé, ils se restreignent

à la chambre voire le lit de l’individu. C’est pour cela que l’environnement doit être pensé

comme facilitateur de la participation, en répondant aux besoins et attentes de la population.

Ceci dans le but de prolonger l’activité de la personne âgée en dehors de chez elle.

Un environnement adapté facilite donc la réalisation des habitudes de vie et favorise

l’autonomie et l’indépendance. « Une habitude de vie est une activité courante ou un rôle social

valorisé par la personne ou son contexte socioculturel selon ses caractéristiques »

(Fougeyrollas & Cloutier, 1998, p135). Dès lors, les habitudes de vie de chaque individu

participent à l’élaboration du rôle social tenu par celui-ci. Dans le PPH, douze grandes

Page 29: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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catégories d’habitudes de vie ont été décrites, dont notamment les habitudes liées : à la prise

de responsabilités (financières, civiles, familiales), aux relations avec les autres, aux activités

d’une personne dans sa communauté (vie associative, vie spirituelle et pratiques religieuses),

etc.

Or, il a été remarqué que « près de 30 % des 60-75 ans sont adhérents actifs d’une

association, contre moins de 10 % des moins de 40 ans. Les 70-79 ans sont tout aussi

nombreux que les 60-69 ans à s’impliquer dans les associations, les taux d’adhésion ne

chutent qu’après 80 ans » (Cavalier, 2007, cité par Bourrellis & Bazerolles, 2009, p. 43).

La vieillesse apparaît alors comme une période permettant de changer de centres d’intérêts,

voire d’activité. Par ailleurs, C. Lafon rappelle que « Vieillir, en tant que tel, est une évolution

physiologique normale. La plupart des personnes âgées restent autonomes et lucides jusqu’au

dernier moment de leur vie. » 22. Néanmoins, les incapacités, généralement liées à l’avancée

en âge, entrainent parfois des limitations d’activités.

C’est pourquoi, « un des rôles de l’ergothérapeute est de promouvoir la participation

en facilitant l’occupation » (Meyer, 2013, p.169). L’ergothérapeute doit mettre à profit ses

savoirs pour favoriser la participation de la personne à son environnement. Ce dernier pourra

alors agir sur les trois sphères, intervenant autour de l’individu : les facteurs personnels, les

facteurs environnementaux et les habitudes de vies.

22 Lafon, 2007, p.75

Page 30: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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3. L’ergothérapeute, un pivot dans le maintien à domicile

d’une population âgées

« L'ergothérapeute est un professionnel de santé qui fonde sa pratique sur le lien entre

l'activité humaine et la santé » (ANFE, 2014a). Il met ses connaissances et ses compétences

professionnelles au profit des personnes en situation de handicap. Son objectif premier est de

favoriser l’autonomie et l’indépendance, en limitant l’impact des situations de handicap sur le

quotidien, tout en prenant en compte les habitudes de vie de l’individu dans son

environnement.

Ainsi, au cours de cette dernière partie, l’analyse d’un exemple d’intervention

d’ergothérapeutes auprès d’une population âgée permettra d’appréhender toutes les

composantes inhérentes à une telle démarche. Ensuite, l’accompagnement, concept clé de la

pratique professionnelle, nécessitera une étude approfondie. Enfin, une exploration des

compétences de l’ergothérapeute sera faite afin de mieux saisir son rôle dans le maintien à

domicile.

3.1. Exemple d’un processus d’intervention en ergothérapie

dans les démarches nécessaires au retour à domicile après

hospitalisation

Une analyse, publiée en 2009 par C. Bourrellis23, détaille les démarches employées

dans le retour à domicile de personnes âgées hospitalisées. Cette analyse est basée sur une

étude d’entretiens réalisés auprès de dix ergothérapeutes exerçant dans des services de

gérontologie de plusieurs hôpitaux parisiens. Ces professionnels interviennent souvent dans

la préparation du retour à domicile ou dans les démarches pour le maintien à domicile de leurs

patients. De ce fait, les étapes de la rééducation, conduites dans le but de récupérer des

incapacités acquises, ne seront pas détaillées.

Ainsi, dans un premier temps, les ergothérapeutes entreprennent la réalisation

d’évaluations pour rechercher les capacités et les compétences restantes et ce afin de prévoir

les besoins en aides techniques et humaines, ou pour déterminer les risques éventuels

d’accidents domestiques. Par ailleurs, les évaluations sont menées par le biais de mises en

situation écologiques, réalisées en milieu hospitalier ou au domicile de la personne. Celles-ci

permettent de regrouper les informations sur l’autonomie et l’indépendance au quotidien,

23 Ergothérapeute cadre de santé, cadre expert en soins à Paris

Page 31: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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l’assistance de l’entourage, les conditions de vie antérieures à l’hospitalisation, la fragilité de

l’aidant principal ou du conjoint, la présence de troubles d’ordre cognitifs ou comportementaux

et les risques liés à l’environnement et aux troubles de la personne. Les proches jouent alors

un rôle primordial, puisqu’en leur absence la décision finale menant au retour à domicile peut

être influencée.

Ensuite, ils préparent les compensations à mettre en place pour les situations de

handicap, détectées lors de l’évaluation. Différents types d’aides sont examinés tels que les

aides humaines, les aides techniques, les aménagements du domicile, l’amélioration de

l’accessibilité et la recherche de moyens financiers. Les moyens sont considérés selon les

besoins et les attentes du patient. Cependant, le cas d’un refus des aides par la personne,

alors que l’ergothérapeute estime qu’elles sont essentielles, peut compromettre dans certaines

situations le retour au domicile. De ce fait, les changements préconisés respectent au

maximum l’intégrité du domicile de l’individu ainsi que l’opinion de ses proches.

Conjointement, les ergothérapeutes favorisent les nouveaux apprentissages par

l’éducation des personnes âgées à l’utilisation de techniques de compensation. Cela porte

alors sur l’intégration d’aides techniques pour pallier les incapacités physiques mais aussi à

l’initiation au matériel électronique auparavant non utilisé. De même, l’ergothérapeute vérifie

les capacités d’adaptation des personnes âgées qui, en rentrant à domicile, se trouveront

fréquemment face à de nouvelles situations. La personne doit suffisamment progresser lors

de son hospitalisation pour pouvoir rentrer au domicile dans de bonnes conditions et être en

capacité de faire face aux circonstances inattendues.

A cet égard, les ergothérapeutes disposent de divers moyens. La préconisation d’aides

techniques s’accompagne communément de multiples essais pour déterminer le modèle final

ainsi que l’utilisation la plus adéquate. Les aides techniques sont alors testées à domicile, pour

s’assurer de la concordance avec leur milieu de vie. En outre, ces essais sont réalisés lors de

la visite à domicile. Cette dernière mène à la rédaction d’un compte rendu réunissant toutes

les préconisations, en aménagements et en aides techniques, nécessaires au retour à

domicile. Ce compte rendu constitue généralement une liste de conseils rédigés avec

précaution afin de s’assurer de l’adhésion du patient aux modifications de son lieu de vie. Il

est aussi revu en présence de la famille, jouant un rôle clé dans la préparation et la réalisation

des travaux. Par conséquence, la mise en place d’un suivi apparaît essentielle. Elle permet à

l’ergothérapeute de s’assurer de la continuité du projet de la personne, tout en réévaluant la

pertinence des préconisations formulées.

En définitive, la préparation du retour à domicile se fait en fonction de la motivation du

patient et de la participation de la famille au projet. La visite à domicile joue alors un rôle dans

la prise de conscience de la situation par le patient, concernant autant les facteurs facilitateurs,

les obstacles au niveau de l’environnement, que les capacités et les limites personnelles.

Page 32: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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Néanmoins, la prise de décision se fait en équipe pluridisciplinaire. Les échanges avec chacun

des professionnels interagissant autour de la personne orientent les objectifs dans la prise en

charge globale de la personne. Le retour à domicile constitue donc un processus complexe,

mettant en jeu divers acteurs, où l’intervention de l’ergothérapeute est indispensable. Tout au

long de la prise en charge du patient, ce dernier prend successivement le rôle de rééducateur,

d’évaluateur, de formateur, de conseiller et d’accompagnateur dans les démarches pour le

maintien à domicile de la personne.

3.2. L’accompagnement : une approche professionnelle

appliquée aux personnes âgées

L’accompagnement est un concept clé dans la pratique de tout professionnel. La

définition de ce terme renvoie souvent au verbe « accompagner ». Ce dernier peut être défini

comme « aller quelque part avec quelqu’un [ou encore par] mettre en place des mesures visant

à atténuer les effets négatifs de quelque chose »24.

L’accompagnement prend place au fur et à mesure dans le vocabulaire des

professionnels de santé. Maela Paul25 explique alors que la définition prend en compte trois

orientations majeures : la relation, le mouvement ayant pour but d’orienter et l’action qui

s’accorde avec l’autre. Ainsi, pour elle, il s’agit davantage d’une ressource visant l’autonomie

qu’une aide voulant faire à la place (Paul, 2012).

A cet égard, elle fait émerger trois thèmes emblématiques: la socialisation,

l’autonomisation et l’individualisation. La personne est au cœur de ce système.

L’accompagnement doit être adapté aux particularités de l’individu. Cependant, le thérapeute

doit prendre en compte ce dernier avec ses singularités et l’accompagner pour qu’il trouve sa

place au sein d’un groupe social. Le but est alors de favoriser la relation à autrui et de limiter

l’isolement. De même, l’autonomisation palie la marginalisation, malgré sa logique individuelle.

En effet, « l’autonomie de la personne va de pair avec son insertion dans la communauté

sociale et passe par le rétablissement de la capacité à restaurer des liens » (Paul, 2004,

p.105). De plus, le projet de vie permet la construction d’un guide afin d’orienter

l’accompagnement, mais il n’est cependant pas suffisant. Et, il faut aller au-delà de l’objectif,

en visant toujours le dépassement de soi.

24 Le petit Larousse 2014 25 Formatrice consultante auprès des professionnels de l'accompagnement, chargée de mission et d'orientation au CNAM des Pays de la Loire, chargée d'enseignement à l'Université de Nantes en sciences de l'éducation et en formation continue (pratique des histoires de vie).

Page 33: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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Ensuite, elle décrit quatre postures professionnelles d’accompagnement. La première,

ou posture du « pourvoyeur » est centrée sur la résolution de problèmes sans prendre en

compte la personne. « L’intercesseur », lui, prend position, agit et intervient pour la personne,

voire à la place de celle-ci. La posture « d’interprète » est nécessaire dans une situation où

deux parties sont déjà en interaction. Dans ce cas, le professionnel connait les deux parties et

fait office de traducteur afin de s’assurer de la réalisation, tout en maintenant la relation. Enfin,

le « passeur » s’illustre plus facilement dans l’accompagnement en fin de vie. Sa présence et

son attitude favorise le passage des épreuves difficiles tout en stimulant les échanges et les

relations à l’autre.

Par ailleurs, il confère aux professionnels d’adopter la « bonne posture » ou de l’articuler de

manière à ce qu’elle soit adaptée à la situation. Dès lors, la relation de confiance, basée sur

le respect de l’autre, peut être mise en place. L’accompagnant devra être « disponible, présent,

ouvert, attentif et être capable de mobiliser la disponibilité, la présence, l’ouverture l’attention »

(Paul, 2012, p.14).

M. Portner, dans son ouvrage, détaille alors « sept principes pour l’accompagnement

des personnes âgées ». Ces pratiques résultent de la conception d’une approche centrée sur

la personne. Parmi celles-ci, la prise en compte du vécu propre de la personne est essentielle

pour l’atteinte des objectifs communs. Chaque vécu peut influencer la réaction et la

compréhension envers les propositions du professionnel. De ce fait, en considérant la

personne dans sa globalité, l’échange devient plus productif. Ensuite, le professionnel doit

observer l’individu en considérant les facultés de ce dernier et non en se focalisant seulement

sur ses incapacités. En effet, « les potentialités permettant d’assumer les changements et de

compenser les atteintes de l’âge ne résident pas dans le déficit, mais dans les ressources »

(Portner, 2012, p. 40). Enfin, la responsabilité personnelle doit être respectée et conservée.

La personne pouvant exprimer ses choix et ses envies, décidera des projets mis en place la

concernant.

Dans la situation d’un projet de maintien à domicile, l’ergothérapeute prendra alors un

rôle de consultant. « Par définition, le consultant peut donner son avis mais pas décider. »

(Paul, 2004, p.30). En créant une relation de confiance, il orientera et conseillera la personne

vers la solution la plus adaptée à son vécu, sa personnalité, ses envies et ses besoins. Le

choix final appartiendra donc à la personne âgée.

L’ergothérapeute met aussi au service de la personne son regard d’expert, concernant les

démarches pour le maintien à domicile. Ce professionnel, portant un regard global, dispose

de nombreux outils lui permettant d’offrir une approche adaptée à la situation.

Page 34: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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3.3. L’ergothérapeute, un professionnel disposant de

compétences clés pour le soutien de la population vieillissante

La profession d’ergothérapeute est réglementée par plusieurs articles du Code de la

santé publique. Ceux-ci expriment l’obligation d’être titulaire d’un diplôme d’état en

ergothérapie pour pouvoir exercer ce métier. Par ailleurs, l’obtention de ce diplôme requière

la validation de connaissances théoriques et de compétences professionnelles. Ces dernières

sont référencées et constituent un guide pour la pratique professionnelle des ergothérapeutes

en formation (cf. annexe n°4). A la fin des études les compétences doivent être maitrisées afin

de les utiliser à bon escient, en fonction du cadre professionnel. De la sorte, l’ergothérapeute

dispose de plusieurs outils lorsqu’il exerce auprès d’une population en gérontologie.

En effet, parmi ce référentiel, plusieurs compétences paraissent indispensables dans

l’intervention pour le maintien à domicile. Tout d’abord, l’ergothérapeute doit être en capacité

d’observer et d’évaluer une situation afin de recueillir les données pertinentes concernant la

personne. Suite à cela, il construit un diagnostic ergothérapique, traduisant les besoins et

attentes. Le but principal étant de préparer la méthode à employer pour réduire les éléments

influençant l’autonomie et l’indépendance de l’individu dans son environnement. Pour rappel,

l’autonomie se définit par « la capacité à se gouverner soi-même; elle présuppose la capacité

de jugement, c’est-à-dire prévoir et choisir, liberté d’agir, d’accepter ou de refuser en fonction

du jugement » (Dr Khelifa Ahmed, 2014). Dans la pratique ergothérapique, l’autonomie et

l’indépendance sont deux notions essentielles mais difficilement dissociées. Néanmoins,

l’indépendance « correspond à un niveau de satisfaction des besoins de la personne qui

adopte, en fonction de son état, des comportements appropriés ou qui accomplit elle-même

des actions sans l’aide d’autrui » (Sidéral santé, 2007). Ces deux éléments régissent la

formulation des objectifs à atteindre.

Ensuite, l’ergothérapeute doit être en mesure de « concevoir et conduire un projet

d’intervention en ergothérapie et d’aménagement de l’environnement »26. Celui-ci devra être

personnalisé afin de proposer des adaptations et aménagements de l’environnement en lien

avec la problématique de la personne tout en respectant ses habitudes de vie.

De plus, il préconise des aménagements et adaptations pour permettre à la personne

d’évoluer dans son environnement de manière sécuritaire et autonome. A ce titre, il se doit

d’informer l’individu sur le but et l’utilisation de l’aide, en évaluant par des essais, la pertinence

de celle-ci à la situation.

26 Observatoire national des emplois et des métiers de la fonction publique hospitalière, 2008.

Page 35: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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Enfin, il mène son intervention par l’établissement d’une relation de confiance et ce, par le

biais d’une communication à double sens. Il doit être attentif, accueillant et à l’écoute de la

personne, mais aussi proposer un discours adapté à celle-ci et à son niveau socio-culturel.

Les modèles conceptuels constituent eux aussi un outil essentiel dans la pratique d’un

ergothérapeute. « Un modèle conceptuel est une représentation mentale simplifiée d’un

processus qui intègre la théorie, les idées philosophiques sous-jacentes, l’épistémologie et la

pratique. » (Morel-Bracq, 2009). En utilisant un modèle, l’ergothérapeute peut ainsi

argumenter et justifier sa méthodologie d’intervention. Cela lui procure un cadre et des outils

d’évaluations en corrélation avec les objectifs qui seront formulés en fonction de l’individu.

A titre d’exemple, le PPH, modèle bio-psycho-social, permet d’observer et d’analyser une

situation dans sa globalité. En effet, chacun des aspects de la personne est considéré : les

facteurs personnels, les facteurs environnementaux, les habitudes de vie.

Il est à noter que ces outils sont adaptés et utilisés auprès d’un public gériatrique. Selon

E. Driessen, en 2009, 20% des ergothérapeutes exerçaient en gériatrie. Pour elle, la

particularité de cette orientation professionnelle est « l’importance de la prévention,

notamment celle de la désadaptation liée au vieillissement ». Dès lors la démarche

ergothérapique est influencée et s’oriente vers plusieurs objectifs déterminants. L’un des

premiers est l’évaluation de la personne et de son environnement afin de déterminer les

limitations d’activités et de cerner ses habitudes de vie. Ensuite, il est nécessaire de « prévenir

la douleur et la désadaptation motrice, […] rééduquer par le biais d’activités, […] réadapter par

le biais de mises en situation de scènes de la vie courante » (Driessen, 2009). Enfin, les

conditions de retour ou de maintien à domicile doivent être vérifiées et améliorées pour que la

personne âgée puisse vivre chez elle dans les meilleures conditions possibles.

Ainsi, pour répondre aux objectifs préétablis, la personne est mise au cœur de la prise

en charge. L’ergothérapeute doit alors « accompagner la personne âgée et/ou handicapée,

son entourage et le personnel soignant et aidant dans le projet de maintien à domicile »

(Lieffroy, Bretecher & Le Gac, 2006). C’est grâce à son expérience et l’acquisition de

compétences en lien avec le maintien à domicile, que l’ergothérapeute peut mener à bien son

intervention.

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PARTIE 3 : Modèle d’analyse

1. Méthodologie du recueil

1.1. Objectif de l’étude

Ce modèle d’analyse a pour objectifs, par le recueil de données sur le terrain, de répondre

à la question établie lors de la première partie de ce travail de recherche. :

Comment l'ergothérapeute, en tant qu'acteur dans la prévention secondaire, peut-il

améliorer son rôle dans le maintien à domicile d'une population vieillissante?

Pour répondre à cette question, il a été choisi de démontrer l’hypothèse 1 :

L’ergothérapeute, en mettant en place un suivi et un accompagnement dans les démarches

d’amélioration de l’habitat, favoriserait le maintien à domicile d’une telle population.

1.2. Population ciblée

Choisir une population afin de recueillir des informations pertinentes, dans la recherche de

la validation ou l’invalidation de l’hypothèse, constitue une étape clé. Pour ce faire, des critères

d’inclusions et d’exclusion ont été établis.

Ainsi, la sélection de la population s’est faite, en premier lieu, en fonction de leur âge, qui

devait être supérieur à 80 ans. Ce critère fait entre autres référence aux conditions établis par

les caisses de retraite pour ouvrir le droit à certains avantages. A cet égard, ils devaient avoir

bénéficié d’une visite à domicile et d’un compte rendu, réalisés par un ergothérapeute dans le

cadre de la prévention pour le maintien à domicile. La recherche s’est aussi limitée à une

population référencée en Ille-et-Vilaine.

Par ailleurs, les personnes âgées ne devaient pas être locataires de leur logement et dans

l’incapacité de réaliser eux-mêmes leurs travaux. Ils ne devaient pas présenter de troubles

psychiques afin de s’assurer de la qualité et de la validité des échanges. Enfin, les personnes

ayant profité d’une entrevue avec un ergothérapeute suite à une hospitalisation ont été exclues

de cette recherche.

Finalement, six entretiens ont été réalisés, soit dix personnes interrogées car dans

plusieurs cas, les volontaires étaient en couple et ont participé tous les deux pour répondre

aux questions. Cette population a été rencontrée lors du premier stage de troisième année.

Les personnes sélectionnées répondaient ainsi à tous les critères. La présence d’une relation

Page 37: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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antérieure a permis de faciliter la prise de contact pour réaliser cette étude. A chaque fin de

visite à domicile réalisée lors du stage, un document, faisant foi de leur accord pour participer

à un entretien à posteriori, a été distribué et signé. De ce fait, les personnes étaient

conscientes de la possibilité d’un nouveau contact afin de répondre à quelques questions.

Ainsi, les entretiens réalisés pour ce travail de recherche étaient espacé d’environ deux à trois

mois de la visite à domicile réalisée par l’ergothérapeute.

Néanmoins, trouver d’autres personnes répondant à ces critères fut une tâche impossible.

Les caisses de retraites ne pouvaient pas divulguer les informations personnelles de

personnes engagées dans le processus de prévention pour le maintien à domicile et ce, par

respect de la loi.

De ce fait, les personnes interrogées se trouvaient dans un périmètre de 40 km de la ville de

Rennes.

1.3. Choix de l’outil : entretien

La modalité choisie pour mener la recherche est l’entretien semi-dirigé. Au regard, de la

population interrogée et de l’hypothèse à traiter, celui-ci semble le plus pertinent pour recueillir

des données qualitatives. Par le biais de questions ouvertes, la personne, libre de s’exprimer,

donne des informations concernant ses expériences, ses représentations mais aussi ses

idées, ses préférences et ses attentes.

Par conséquent, un guide d’entretien a été réalisé afin de préparer, au mieux, les questions

posées lors de l’entrevue (cf. annexe n°4). Elles sont au nombre de six. Elles balayent alors

les différents thèmes abordés lors du questionnement de départ et de la recherche théorique.

Elles guident l’analyse de données et permettront, ultérieurement, de confronter les réponses

des individus aux concepts étudiés lors des diverses lectures.

1.4. Passation des entretiens

Pour réaliser les entretiens, des appels téléphoniques ont été effectués afin de convenir

d’un rendez-vous. Entre les appels et la date de la rencontre, une à deux semaines ont été

nécessaires. Les entretiens ont eu lieu au cours du mois de février, au domicile de chaque

personne, c’est-à-dire dans un environnement calme, connu de la personne et donc propice

aux échanges. Les personnes ayant répondu vivent pour la plupart en couple et dans deux

cas seuls.

Tous les entretiens ont été précédés d’une introduction. Celle-ci permettait de présenter la

démarche de recherche. Par ailleurs, le sujet de recherche n’était présenté que succinctement.

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Puis, une demande d’autorisation d’enregistrer les entretiens était formulée. Lors de cette

demande, les règles concernant l’anonymisation de chacun de leur propos et situation de vie

ont été précisées.

En outre, les entretiens ont été enregistrés via un dictaphone. La durée moyenne des

entretiens est de vingt minutes. La retranscription (cf. annexes 5 à 9), de chacune des

entrevues, réalisée ultérieurement permet une analyse complète de tous les échanges

effectués.

1.5. Les limites rencontrées :

Tout d’abord, lors de l’établissement de la méthodologie de recherche, la création du guide

d’entretien a dû être réalisée rapidement, pour les accomplir avant le départ en stage effectué

dans un autre département. De ce fait, les questions n’ont pas pu être testées sur une

population d’essai.

A cet égard, les personnes âgées s’étendaient souvent dans leur récit de vie. De plus,

elles se focalisaient sur les aménagements préconisés par l’ergothérapeute dans le compte

rendu. Par conséquent, les réponses des personnes ne correspondaient pas toujours aux

attentes formulées pour chaque question

Ensuite, pour obtenir des entretiens de qualité, l’interrogateur doit maitriser des techniques

de communication. C’est pour cela qu’une amélioration de la qualité des questions de relance

peut s’observer au fur et à mesure des entretiens. Dès lors, en gagnant en expérience, il était

plus facile de jouer sur les interrogations, pour obtenir certaines informations et recentrer les

personnes pour qu’elles répondent plus précisément aux questions.

Néanmoins, l’entretien d’une des personnes a été exclu de l’analyse de contenu. Cette

personne, n’ayant pas compris le but de la démarche de l’ergothérapeute, comme l’intérêt

d’organiser une entrevue à posteriori, une incohérence s’est installée dans les réponses. Dû

à l’âge très avancé de la personne, la reformulation se serait avérée trop difficile à présenter

au sujet pour que l’entretien puisse aboutir, ou être validé.

Par ailleurs, un seul de type de population a été interrogé, ce qui peut limiter la pertinence

des résultats dans certains domaines. Il aurait pu être intéressant d’interroger des personnes

âgées ayant bénéficié de l’intervention d’un autre ergothérapeute ou encore s’entretenir

directement avec des ergothérapeutes intervenant auprès de la population ciblée pour

compléter le recueil de données.

Enfin, organiser des entrevues avec des personnes déjà rencontrées au cours d’un stage,

constitue à la fois un avantage et un inconvénient. En effet, même si cela fut plus facile de

trouver des personnes répondant aux critères de l’étude, leurs réponses ont pu être

influencées par l’expérience commune qu’est la visite à domicile.

Page 39: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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2. Analyse des entretiens

Cette analyse est menée sur la retranscription de cinq entretiens, réalisées auprès de neuf

personnes différentes. Pour faciliter la compréhension de la lecture des entretiens, les

personnes interrogées ont été associées à une lettre. Les réponses des deux membres d’un

même couple sont distinguées par l’appellation « M » ou « Mme ». Après avoir retranscrit les

entretiens, de nombreuses relectures ont été nécessaires afin de faire ressortir plusieurs

thèmes principaux. Un code couleur a été mis en place, permettant alors de sélectionner les

phrases importantes, correspondantes à chacun des thèmes. Un tableau (cf. annexe n°10)

récapitulant ces derniers ainsi que les sous thèmes conducteurs, a été créé dans le but

d’organiser et de croiser le contenu des entretiens tout en facilitant leur étude.

La suite, permet alors d’expliciter et commenter les éléments mis en lumière lors de

l’analyse de ces entretiens.

2.1. L’initiation de la démarche pour l’amélioration du domicile

Les éléments déclencheurs d’une telle démarche

Plusieurs facteurs sont intervenus dans l’amorce de la démarche, entrainant des

questionnements sur le maintien à domicile.

Pour certains, ce sont les informations entendues et les sensibilisations par divers média qui

les ont interpelé :

- « On entend parler de ça régulièrement et donc on s’y intéresse » (M et Mme B).

- « C’est vrai qu’on entend beaucoup de choses » (Mme D).

Dans un cas, les réunions ou journées d’informations ont joué leur rôle :

- « Je suis déjà allée à des réunions des trucs comme ça » (Mme D).

Pour d’autres, les caisses d’assurance retraite constitue le principal déclencheur, par l’envoi

d’un flyer à ces assurés :

- « C’était ton assurance qui avait envoyé un questionnaire. Si c’était pas la première,

c’était la deuxième ou troisième fois qu’on le recevait » (M et Mme A).

- « C’est l’organisme de retraite finalement qui nous a fait une information » (M et Mme

F).

Enfin, l’expérience personnelle permet aussi, parfois, de débuter ces questionnements :

- « Je fais de la téléassistance », « je vois beaucoup de choses dans les campagnes »

(M et Mme B).

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La prise de décision d’entamer les démarches

Dans les plupart des cas, les interlocuteurs étaient dans une démarche commune :

- « Bon ben on verra sachant qu’on avait une maison qui était déjà quand même pas

mal » (M et Mme B).

- « J’aime bien prévoir, j’aime bien organiser, c’est pour éviter d’être pris au dépourvu »

(Mme F).

Dans une des situations, un des interlocuteurs était davantage concerné par ce type de

démarche :

- « C’est surtout mon mari, qui a pris la décision » (Mme A).

- « Elle raisonne pas comme ça pour l’instant » (M A).

Les attentes de cette rencontre

Tous expriment, à leur manière, qu’en faisant appel à l’ergothérapeute, ils cherchaient à

obtenir des informations, des idées, des renseignements, mais aussi apprendre de nouvelles

choses et pousser leur réflexion dans les aménagements de leur domicile.

- « Vous nous auriez donné quelques idées » (M et Mme A).

- « On avait envie d’apprendre des choses » (M et Mme B).

- « On avait envie de connaître ce qu'on pouvait faire, ce qu'on pouvait réaliser quoi,

pour nous aider », « on a appelé pour avoir des informations » (M et Mme C).

- « Pour avoir premièrement des renseignements » (Mme D).

- « On voulait réfléchir éventuellement » (M et Mme F).

Les objectifs derrière cette démarche

Ainsi, les personnes ont fait appel à l’ergothérapeute pour continuer leur démarche de

recherche d’informations pour améliorer leur quotidien :

- « Dans l’ensemble améliorer… la façon de vivre en ayant peut-être un petit handicap »,

« conserver la maison où nous habitons » (M et Mme A).

- « Qu’on voit ce qui va, ce qui va pas… à domicile, pour améliorer notre vieillesse » (M

et Mme B).

- « On cherche à améliorer notre confort » (M et Mme C).

Dans les cas suivants, les individus étaient dans une réelle démarche de conseils en

aménagements de leur domicile :

- « Dans le but là quand même au démarrage... de faire quelque chose, de faire une

douche » (M et Mme C).

- « Prévoir les aménagements plutôt que de s’affoler et que la chute arrive » (M et Mme

F).

Page 41: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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2.2. L’ergothérapeute un nouveau professionnel

Une découverte pour tous

Les personnes, découvrant l’ergothérapie, ont généralement été agréablement surprises. En

observant l’ergothérapeute évaluer le domicile et donner oralement les premières

préconisations, ils se sont aussi aperçus de l’étendue de ses compétences.

- « Les organismes sociaux en parlent régulièrement. Je découvre qu’est-ce que c’était

l’ergothérapeute » (M et Mme A).

- « Je connaissais pas ça, je ne savais même pas que ça existait… » (M et Mme B).

- « On a une nièce qui est ergothérapeute... on voyait pas à quoi ça se rapportait », « je

pensais pas que c'était aussi complet », « moi j’ai été étonné de son savoir-faire

manuel » (M et Mme C).

- « C’est un métier qui va se développer » (M et Mme F).

La compréhension de ses rôles

Suite à la découverte de l’ergothérapie, il est intéressant de noter les définitions qu’ils

attribuent au métier d’ergothérapeute. Chaque interprétation est propre à la personne, mais

toutes se rejoignent pour dire que l’ergothérapeute est avant tout là pour les aider à rester

chez eux dans les meilleures conditions possibles.

- « Regarder toutes les pièces pour voir ce qui peut être aménagé », « donner des

conseils pour pouvoir faire appel à tel ou tel organisme », « que vous veniez sur place

et que vous donniez des conseils… personnels […] professionnels ! » (M et Mme A).

- « Si on a besoin d’améliorer notre maison on saura à qui s’adresser pour avoir des

conseils justement » (M et Mme B).

- « Je pense que vous pouvez beaucoup beaucoup aider les gens » (M et Mme F).

2.3. Les avis formulés sur l’intervention

Une satisfaction globale de l’intervention de l’ergothérapeute

Pour toutes ces personnes, l’intervention de l’ergothérapeute n’a été que bénéfique. En effet,

les descriptions qui en sont faites montrent que les objectifs ont été atteints.

- « Elle avait répondu à toutes nos attentes » (M et Mme A).

- « C’est ce qu’on demandait », « c’est ce qu’on attendait, » (M et Mme C).

Le contact est aussi bien passé entre l’ergothérapeute et les bénéficiaires.

- « Vous êtes à l’écoute », « personnes aimables » (M et Mme A).

- « Sympa » (M et Mme F).

Page 42: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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La qualité du compte rendu a aussi été relevée et appréciée. De ce fait, les préconisations

abordées lors des visites ont été prises en compte et étudiées plus amplement. De plus, celui-

ci a permis de répondre dans la plupart des cas à leurs questionnements.

- « Le compte rendu était fidèle à la visite » (M et Mme A).

- « Choses auxquelles on n’aurait pas pensé », « c’était quand même assez poussé »

(M et Mme B).

- « On est content d’avoir eu votre avis » (M et Mme F).

Un manque de comparaison entre les professionnels ergothérapeutes

Néanmoins, certains nuancent leur contentement, par le manque d’expérience qu’ils ont

avec des professionnels tels que les ergothérapeutes. Ainsi, ils ne peuvent juger de la qualité

des propositions formulées par l’ergothérapeute.

- « N’ayant pas eu recours déjà à quelqu’un » (M et Mme A).

- « Comme on en a pas vu d’autres on peut pas dire, comparer à d’autre » (M et Mme

B).

Une visite à domicile ressentie positivement

Par ailleurs, les personnes n’ont pas ressenti la visite comme une intrusion dans leur espace

personnel. Ils ont compris l’intérêt de laisser l’ergothérapeute observer et évaluer chacune des

pièces de leur domicile.

- « Vous n’avez rien forcé, si on ne voulait pas ouvrir une porte, je ne pense que pas

que vous auriez forcé de l’ouvrir », « beaucoup de discrétion (M et Mme A).

- « Cela nous a pas du tout dérangés », « elle nous a mis à l’aise » (M et Mme B).

- « Ça ne m’a pas dérangé » (Mme D).

- « Ça nous a vraiment pas perturbé, au contraire » (M et Mme F).

Une intervention riche en apports

Ainsi, ce qu’ils retiennent de cette expérience, sont tous les éléments qu’ils ont pu apprendre

par le biais de l’ergothérapeute. En effet, certains voient des bénéfices dans la manière de

concevoir leur domicile et d’autres expriment un changement de mentalité, notamment une

amélioration de la compréhension du handicap.

- « Maintenant on pense différemment » (M et Mme A).

- « On peut dire que ça nous a apporté quand même beaucoup d'idées », « on sait peut-

être un peu mieux ce qu'on veut ou ce qu'on veut pas », « ça nous donne confiance »

(M et Mme C).

- « Ça donne quand même des idées », « Certaines choses réalisables peut-être

facilement, d’autres moins », « d’éclaircir un peu si j’avais eu vraiment l’intention de

faire quelque chose, de mieux savoir quoi faire » (Mme D).

Page 43: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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- « ça m’a fait aussi évoluer », « ça a participé à notre réflexion hein », « envisagé l’état

éventuel du fauteuil roulant », « prendre une décision concernant le maintien dans cette

maison, pas déménager immédiatement dans un appartement » (M et Mme F).

2.4. Les notions de vieillesse et de vieillissement

Leur âge, une information importante

Ces personnes assument leur âge. Même si elles sont conscientes que c’est un nombre

avancé, il ne constitue pas forcément, pour eux, une preuve d’être des personnes âgées.

- « On a 80 tous les deux » (M et Mme A).

- « On a 78 et 80 » (M et Mme B).

- « Comme on est en forme, on oublierait presque notre âge » (M et Mme C).

- « On accepte de vieillir », « on est déjà des petits vieux » (M et Mme F).

L’influence de l’expérience sur les représentations de la vieillesse

Il est à noter que c’est souvent la confrontation avec d’autres personnes, subissant plus

fortement les effets du temps et donc du vieillissement, qui fait évoluer les représentations sur

la vieillesse. Parfois même, cela a contribué à l’accélération de l’entrée dans les démarches

pour améliorer le domicile. Malgré cela, certains restent défaitistes sur le bienfondé de telles

démarches.

- « J’ai été bercé dans le handicap », « le maintien à domicile, il a des limites. », « le

maintien à domicile est bon jusqu’à un certain point, il arrive qu’il y ait plus moyen de

maintenir une personne à domicile » (M et Mme B).

- « Ton frère qui va avoir 87 ans […]il est rendu à l’hôpital et la douche est toujours pas

faite », « monsieur à 90 ans... mais il est aussi alerte que moi » (M et Mme C).

- « J’ai des sœurs de 90, 92 ans etc. bon ça va aller en diminuant » (M et Mme F).

Les éléments rattachés à la santé ou au handicap

Effectivement, le vécu du vieillissement est souvent associé à des accidents domestiques.

Ainsi, les situations difficiles, dans lesquelles ils ont pu se retrouver, sont souvent assimilées

aux conséquences du vieillissement. Leurs expériences personnelles influencent leur

définition de handicap. C’est en partie pour cela, qu’ils se considèrent tous plus ou moins en

bonne santé et donc peu concernés par la possibilité de devenir handicapé.

- « Si on se casse une jambe et qu’on reste invalide un petit peu quoi », « il peut nous

arriver quelque chose et qui nous détruit assez rapidement » (M et Mme A).

- « On peut faire un AVC », « vous avez l’Alzheimer qui tourne autour de tout le monde,

vous avez le cancer » (M et Mme B).

Page 44: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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- « J’espère bien de jamais être en fauteuil roulant… ça pour l’instant je suis autonome »,

« le handicap d’être obligé d’être en fauteuil » (Mme D).

- « On a quand même la chance d’être à peu près tous les deux en bonne santé mais

avant on raisonnait comme si on allait rester comme on est » (M et Mme F).

Les évolutions observées ou envisagées dans le temps

Pour ces individus, la notion de temps est très subjective. Certains ont conscience du

caractère éphémère de leur situation, mais n’envisage pas une dégradation de leur santé dans

l’immédiat. En outre, une des personnes interrogées remarque l’évolution de ces

représentations dans les époques.

- « Il y a 50 ans on ne réfléchissait pas comme ça du tout », « on espère rester sur nos

deux pieds très longtemps » (M et Mme A).

- « Pour l’instant on se porte assez bien », « on aurait 10 ans de moins, on le ferait peut-

être nous-même » (M et Mme B).

- « Ça continuera peut être pas. Ça peut se dégrader d’un jour à l’autre » (Mme D).

- « Oui bon c’est bon maintenant, oui mais dans 5 ans, déjà est-ce qu’on sera là ? », «

on aura encore vieilli » (M et Mme F).

Les exemples de participation sociale

Lors des entretiens, les interrogés ont parfois exprimés des limitations dans la vie

quotidienne. Celles-ci entrainent occasionnellement des situations de handicap. Cependant,

ils sont en capacités de réalisés seuls de nombreuses tâches de la vie quotidienne et ont donc

des difficultés à envisager l’apparition de nouvelles restrictions de participation.

- « Si pour le jardin, parce que ça, ça nous coûte de nous baisser de plus en plus pour

désherber » (M et Mme A).

- « On vient de faire un chantier de bois tous les deux, tronçonner les branches », « on

a du mal à marcher » (M et Mme B).

- « Moi j'ai du mal quand je suis bien allongée dans la baignoire à me remettre à genou

ou debout » (M et Mme C).

- « Tout ce que je peux faire quand même. Je fais mes courses, le ménage », « ma

petite cuisine », « je me suis toujours débrouillée dans la maison », « le jour que je ne

conduirai plus » (Mme D).

- « Oui parce qu’on a de la chance d’être quand même à peu près en bonne santé, on

peut encore réfléchir », « on éprouve des difficultés à monter les escaliers » (M et Mme

F).

Page 45: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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La disparition d’un des membres du couple, une réalité

Dans certaines situations, la disparition d’un des membres du couple est sujette à des

inquiétudes. Les femmes vivant plus longtemps que les hommes, il est souvent considéré par

ces individus que la femme restera seule, à la fin. Or, pour celles-ci, rester seules dans le

domicile est difficilement envisageable.

- « D’autant qu’elle sait que je vais partir le premier de toute façon », « moi si je suis

seule moi de toute façon je ne pourrais pas rester là » (M et Mme A).

- « Si on reste un tout seul, comme ça arrive toujours, il y en a qui part le premier, on

sait pas si on pourra rester dans cette grande maison. » (M et Mme B).

2.5. Les démarches pour l’amélioration du domicile

Les connaissances antérieures à l’intervention de l’ergothérapeute

Finalement, les personnes interrogées ont connaissance de certaines démarches

nécessaires à l’amélioration du domicile. Ils savent donc où s’adresser pour obtenir davantage

d’informations mais aussi pour trouver de l’aide dans la réalisation de certains aménagements.

- « Ben les organismes on va voir au CCAS ou des choses comme ça si on a besoin de

femme de ménage ou une aide pour les extérieurs », « si on les fait pas soit même, ou

si on a pas un copain pour le faire, trouver un artisan » (M et Mme A).

- « On a connaissance de ce qui se fait pour améliorer les choses et à la rigueur où

s’adresser » (M et Mme B).

- « Se mettre à peu près en conformité », « il faut avoir les devis » (M et Mme C).

- « Faut quand même des organismes agréés », « on pourrait les faire à ma place, je

sais, il y a des organismes » (Mme D).

Les démarches réalisées ou envisagées précédemment

Certaines personnes ont envisagé des solutions pour l’avenir et les démarches qu’elles

engendreraient. De plus, certains ont commencé, d’eux-mêmes, à apporter des améliorations

à leur domicile afin de prévenir les limitations dans leurs activités de vie quotidienne.

- « on avait pris les devants, vous savez que, la salle on avait enlevé la baignoire pour

mettre la douche », « les toilettes aussi » (M et Mme A).

- « soit se diriger vers un établissement qui est plus approprié ou alors faire des travaux

dans la maison », « je ferai installer un Stannah, pour monter dans les chambres »

(Mme D).

- « Soit on aménageait notre maison progressivement soit on envisageait d’aménager

dans un appartement » (M et Mme F).

Page 46: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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Les démarches entamées suite à l’évaluation de l’ergothérapeute

Suite à l’intervention de l’ergothérapeute, peu de personnes ont suivi ses préconisations. Ce

sont principalement des démarches, dans le but de compléter les informations délivrées par

l’ergothérapeute, qui ont été entreprises. Pour ce faire, divers moyens ont été utilisés,

différentes personnes et associations ont aussi été contactées.

- « Sur internet j’ai découvert les aménagements » (M et Mme A).

- « Alors on a vu le CLIC la CDHAT », « on s'est déplacé à la maison de commune » (M

et Mme C).

- « On a consulté un menuisier tout ça, pour faire les premières améliorations » (M et

Mme F).

Les préoccupations financières

Ces dernières prennent une grande place dans l’esprit des personnes. Or, il peut être

remarqué que plus les personnes se sont renseignées et ont donc avancé dans les

démarches, plus ils se sentent concernés et inquiétés par les frais que peuvent engendrer des

modifications de leur domicile.

- « On s'est presque rendu compte en faisant la démarche qu’il faudrait être plus

handicapé qu’on l’est pour arriver à avoir quelque chose », « c’est obligatoire d’avoir le

siège... fixe […] pour avoir... (signe des mains le mot argent) », « l'enveloppe n’est pas

extensible ! », « C’est obligé que ça coûte cher » (M et Mme C).

- « C’est des prix exorbitants » (Mme D).

- « Ça reviendrait vraiment trop cher », « on a quand même pas de problème de…

financier… bon on roule pas sur l’or » (M et Mme F).

Les limites auxquelles faire face dans ces démarches

Toutefois, les individus sont conscients des difficultés qu’ils vont rencontrer s’ils décident de

faire des travaux. Parfois, ils leur ont déjà fait face dans leur démarche et se retrouvent alors

en difficulté car ils ne trouvent pas de solutions.

- « Le problème c’est d’avoir l’artisan qui viendra mettre trois poignées ici ou là », « pour

les ascenseurs entres autres, on ne connait pas d’association, ou d’artisan,

d’entreprise qui font ça » (M et Mme A).

- « L’artisan n’a pas forcement les connaissances. », « on aurait bien aimé avoir des

artisans locaux », « elle nous a dit non ça c'est pas possible parce que les toilettes sont

trop petites » (M et Mme C).

- « Les trucs administratifs c’est pas facile » (Mme D).

-

Page 47: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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2.6. Les réalisations futures et les décisions finales

Les travaux retenus et mentionnés suite à la visite à domicile

Même, si la plupart ne seront jamais réalisées, de nombreuses propositions données par

l’ergothérapeute ont été mentionnées lors des entretiens. De ce fait, il peut être espéré que

son intervention a marqué les personnes et les a orientés vers des aménagements adaptés à

leur situation. Néanmoins, dans une situation, la personne (Mme D) n’envisage absolument

pas de réaliser d’aménagements, probablement à cause de l’ampleur des travaux nécessaires

à l’adaptation de son logement.

- « C’est beaucoup de petites bricoles à aménager », « on a acheté des rubans pour

coller les tapis, on a commencé » (M et Mme A).

- « Elargir les portes, mettre une porte, ouvrir dans l’autre sens, pour rentrer dans les

WC » (M et Mme B).

- « La douche sûr ! […], les barres d’appui », « les tapis bien sûr » (M et Mme C).

- « Je tiens pas à modifier la maison et je préfère la laisser telle qu’elle est » (Mme D).

- « Des mains courantes », « on va aménager d’abord des marches plus basses »,

« mettre soit un ascenseur, soit un monte escalier » (M et Mme F).

L’état de santé, une condition pour prendre une décision

Les personnes, n’envisageant pas de réaliser des travaux, expliquent qu’elles n’en voient

pas l’utilité puisque qu’elles n’en ont actuellement pas et n’en auront probablement jamais

besoin. Cependant, elles reconsidèreront l’engagement dans des démarches lorsque leur état

de santé se dégradera.

- « On ne prendra pas de décision comme ça, avant d’avoir un problème », « faire des

travaux avant… non… avant d’avoir besoin, non je crois pas » (M et Mme A).

- « On n’est pas rendu au point où on a besoin de tout ça », « réfléchir à ce qu’on pourrait

faire justement, si notre santé diminue… » (M et Mme B).

- « Si un jour je suis appelée à être en fauteuil roulant, bon ben faudra que je déménage,

ça sera la seule solution. Prendre un appartement de plain-pied », « si ça se trouve

jamais j’en aurais besoin » (Mme D).

- « Si on arrive plus à vivre dans cette maison, ben on envisagera à ce moment-là de

déménager dans un appartement avec ascenseur », « on n’est pas dans l’urgence »

(M et Mme F).

La notion de temps présente dans les discours

Les nuances de temps sont très souvent employées par les individus. Cela leur permet de

nuancer leurs réponses. Actuellement, ils ne se voient pas entamer des démarches, mais dans

l’avenir, si le besoin est présent, ils examineront les possibilités qui s’offrent à eux.

Page 48: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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- « Pour l’instant on a pas bougé », « pour nous il n’y a aucune urgence »(M et Mme A)

- « C’est une chose qui est possible à faire dans un temps futur, mais qu’on a pas

besoins pour l’instant. » (M et Mme B).

- « Pour l’instant je crois que je vais laisser courir », « c’est réalisable, mais bon… dans

l’immédiat non » (Mme D).

- « On va pas tout bouleverser directement », « et puis si besoin on poursuivra », « on

verra au fur et à mesure » (M et Mme F).

D’autres éléments intervenant dans la réflexion

L’élément commun, pouvant influencer les décisions des interrogés, est la famille. Son

intervention n’apparaît pas toujours comme nécessaire mais plutôt appréciée par les sujets.

- « Ben j’ai un neveu qui va venir » (M et Mme A).

- « je suis aidée quand même pour faire certaines démarches … mes enfants

viendraient », « de toute façon là leur intention, de toute façon c’est de … ça serait de

prendre une petite maison et de déménager d’ici » (Mme D).

- « on a vu notre fille qui a dans ses amis un architecte » (M et Mme F).

Les conditions pour envisager de recontacter un ergothérapeute ou un

professionnel

Actuellement, la plupart ne veulent pas encore s’engager dans des modifications de leur

environnement. Ainsi, les personnes n’envisagent de recontacter l’ergothérapeute seulement

dans certaines conditions. Ces dernières sont souvent liées à l’aggravation de leur état de

santé. Néanmoins, certains considèrent ne pas avoir besoin de recontacter l’ergothérapeute,

puisque qu’il a donné toutes les informations utiles. Dès lors, il suffira de contacter des

professionnels de l’aménagement.

- « Pas spécialement, parce que les personnes, je pense, qui ont envie, c’est à nous de

faire les demandes » (M et Mme A).

- « On aurait peut-être besoin de recontacter l’ergothérapeute pour qu’elle nous fasse

passer un sas », « Oui, si un jour on a besoin de faire une amélioration de la maison… »

(M et Mme B).

- « S’il y a l’étape suivante monte escalier ou ascenseur là je pense que ça serait

intéressant de voir un vrai professionnel » (M et Mme F).

Par ailleurs, le seul couple ayant débuté des démarches concrètes entraînant un

aménagement de leur salle de bain, se trouve en difficulté face aux différents professionnels

rencontrés. C'est pourquoi, ils envisagent de recontacter l’ergothérapeute dans la finalisation

de leur projet.

- « Dans la réalisation, oui, je pense... ça sera un besoin », « peut-être qu’on vous refera

appel pour […] pour conseils quoi » (M et Mme C).

Page 49: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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PARTIE 4 : Discussion

L’analyse des entretiens a permis de soulever plusieurs points importants dans le discours

des personnes âgées. Certaines conclusions résultent alors de la confrontation de ces

données aux concepts théoriques développés antérieurement. Ces dernières permettent de

valider ou d’invalider l’hypothèse formulée suite à la question de recherche. Par ailleurs, de

nouveaux questionnements émergent suite à l’évaluation de la pertinence de l’hypothèse.

1. Analyse croisée des données des entretiens et des

apports théoriques

En recoupant et en analysant les entretiens réalisés avec les personnes âgées, il a été

remarqué une évolution dans leurs propos. Ce changement s’observe d’un point de vue

temporel. En effet, l’intervention de l’ergothérapeute au domicile de ces personnes a

déclenché des modifications dans leurs représentations. Leur discours se transforme selon

trois temps. Tout d’abord, il est intéressant de noter les informations faisant référence à la

période antérieure à la démarche pour l’amélioration de leur habitat. Ensuite, la confrontation

aux idées et préconisations de l’ergothérapeute marque une première étape dans l’évolution

de leurs mentalités. Enfin, le dernier changement s’observe quelque temps après l’intervention

de l’ergothérapeute, une fois que le compte rendu et les informations, qui ont été divulgués,

ont été intégrés.

1.1. L’état d’esprit antérieur à l’initiation des démarches pour

l’amélioration du domicile

De prime abord, il est essentiel de relever le type de motivations qui conduisent les

personnes âgées à contacter les caisses de retraites pour faire déplacer un ergothérapeute.

La curiosité est celle qui les ont tous animés en amont. En effet, pour la plupart d’entre eux,

l’objectif était d’obtenir des informations sur le maintien à domicile, sans but précis. Ils voulaient

donc se renseigner sans s’engager dans aucune démarche, à l’exception d’un couple, M et

Mme C. Ces derniers étaient les seuls à présenter une réelle volonté d’améliorer leur domicile.

Néanmoins, la pièce qui les intéressait principalement était la salle de bain. Ils attendaient

donc moins de conseils pour le reste de leur environnement.

Par ailleurs, les personnes interrogées avaient de bonnes connaissances dans les

démarches pour l’aménagement du domicile. Celles-ci concernaient aussi bien les

associations et organismes où s’adresser pour obtenir les aides, que les artisans environnant

Page 50: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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pouvant exécuter leurs travaux. De ce fait, en contactant l’ergothérapeute, ils avaient déjà

envisagés ce que ce professionnel pouvait leur apporter. Parfois, les individus avaient déjà

effectué des améliorations dans leur domicile. Une fois encore, cela concernait

majoritairement la salle de bain et les toilettes. Ceci peut éventuellement s’expliquer par

l’accroissement des publicités concernant le remplacement de la baignoire par une douche.

La raison pour laquelle ces travaux ont été envisagés reste cependant inconnue. Il peut être

espéré que ce soit dans une optique de conserver et d’améliorer l’autonomie et l’indépendance

au quotidien.

Toutefois, ces personnes n’ont pas affiché une volonté inconditionnelle quant au désir de

rester chez eux jusqu’à la fin de leurs jours. En effet, plusieurs ont mentionné la possibilité de

changer de domicile et donc de passer ainsi d’une maison à un appartement. Mais, ces

personnes ne considèrent pas l’entrée en maison de retraite comme une possibilité. Pour

celles-ci, l’essentiel est donc de se sentir chez eux. Le domicile en lui-même importe peu, c’est

plutôt ce qu’il contient qui en fait sa valeur sentimentale.

Enfin il a été fortement enrichissant que d’écouter leur vision de la vieillesse. Comme il a

pu être démontré auparavant, l’âge de la retraite représente la période définie comme celle de

l’entrée dans la vieillesse. Or, ces personnes se sentent jeunes et globalement en bonne

santé. Les personnes âgées sont celles qui les entourent et non eux-mêmes. D’une certaine

manière, il peut être estimé que certains refusent partiellement de vieillir. Aujourd’hui, ils ont

l’impression d’être autonomes et indépendants dans la majorité des situations de la vie

quotidienne, ou du moins les plus importantes. Ils conçoivent pourtant que cet état peut

changer à tout moment. La santé se dégrade avec l’âge, pour eux c’est une réalité, mais elle

ne mène pas toujours à un handicap. Ce dernier n’est pas encore, à ce stade, dans leurs

esprits.

1.2. L’intervention de l’ergothérapeute, une étape importante

influençant les représentations du handicap

Cette expérience a été vécue comme une découverte. Les personnes, ne connaissant pas

réellement ce métier, ont été agréablement surprises de l’étendue du savoir-faire de

l’ergothérapeute. De ce fait, elles ont été plutôt réceptives aux propos de ce professionnel. La

méthode employée par ce dernier, consistant à se déplacer à domicile puis à envoyer un

compte rendu écrit des préconisations, a été reconnue comme très satisfaisante. En effet,

l’ergothérapeute a répondu à leurs attentes, en leur donnant les informations qui leur

semblaient essentielles. Les réponses et propositions ont même dépassé leurs espérances

car des sujets, non envisagés au préalable par les personnes âgées, ont été abordés. Par

conséquent, ils considèrent désormais l’ergothérapeute comme un expert dans

Page 51: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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l’aménagement du domicile. Celui-ci peut effectivement aider et conseiller les personnes dans

les démarches administratives et techniques. Dès lors, certaines personnes ont aussi accepté

de recevoir des critiques sur l’environnement qu’ils avaient pensé et construit.

Ensuite, lors de son intervention, l’ergothérapeute a sensibilisé ces personnes au

handicap. En effet, les notions de vieillissement et de limitation sont souvent abordées.

Chacun propose alors sa vision de l’avenir et des difficultés qu’il pourrait rencontrer. La

situation de handicap la plus évoquée est celle de la nécessité de se déplacer en fauteuil

roulant. Néanmoins, cette condition apparaît extrême et donc peu probable pour ces individus.

Parfois même, c’est l’unique incapacité qui est énoncée. Cela amène alors à penser que la

sensibilisation aux autres types de situations de handicap n’a pas été conséquente. Il est

possible que les actions de prévention n’aient pas eu l’impact escompté : attirer l’attention des

personnes âgées sur les limitations d’activités qu’ils rencontreront en vieillissant. .Autrement,

l’éventualité d’être lourdement handicapé étant considérée comme bouleversante, marque

plus facilement les pensées et reste alors dans les discours. Dans tous les cas, leur

représentation du handicap étant limitée, la volonté d’entamer des démarches pour anticiper

l’avenir reste insuffisante.

1.3. L’influence de l’interprétation et l’intégration des

informations délivrées lors de la visite à domicile sur le projet

de vie

D’une manière générale, les personnes ont retenu de nombreuses informations

promulguées par l’ergothérapeute. Parmi celles-ci, les différents aménagements qui

pourraient être apportés à leur domicile. Étonnamment, deux types de préconisations les ont

marquées. Premièrement, celles mentionnant les petits aménagements tels que les barres

d’appuis ou les bandes doubles faces pour fixer les tapis au sol. Ces derniers, représentent

un faible investissement financier et temporel. Ceci explique éventuellement pourquoi ces

personnes songent plus sérieusement à les mettre en place. Deuxièmement, celles abordant

les travaux de grandes importances. Ceux-ci sont très couteux et entrainent généralement une

restructuration du domicile, comme par exemple la pose d’un ascenseur ou d’une plateforme

élévatrice. Ces travaux sont pourtant préconisés dans le cas d’un handicap entrainant

l’utilisation d’un fauteuil roulant. Or, comme remarqué précédemment, les personnes se

sentent rarement concernées par la possibilité de se déplacer en fauteuil roulant. De ce fait, il

est déroutant qu’elle soit autant énoncée, d’autant plus qu’elle ne représente qu’une ultime

solution, en cas de handicap important. C’est pourquoi ce type d’aménagement n’est pas pris

en compte dans le projet de vie, tant que le besoin n’est pas présent. Au regard de la

population interrogée, il est même très probable qu’ils n’en aient jamais l’utilité.

Page 52: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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Dès lors, les aides techniques et astuces aussi proposées par l’ergothérapeute n’ont pas été

prises en compte. Celles-ci avaient pour but de faciliter le quotidien et représentaient peu ou

pas de travaux. Cependant, certaines demandaient un investissement plus ou moins

conséquent. Ceci peut être une des explications du désintérêt de ces personnes envers ces

préconisations. Par ailleurs, elles pouvaient aussi entrainer des modifications apparentes du

domicile et donc représenter un changement trop important.

En définitive, l’intervention de l’ergothérapeute a tout de même permis à ces personnes de

prendre des décisions concernant leur projet de vie. Ainsi, deux types de réactions ont été

observés chez les personnes âgées. La première est la décision de ne rien changer « pour

l’instant ». Ces personnes ont bien entendu les propositions de l’ergothérapeute, ce dernier

ayant répondu à leurs attentes. Malgré tout, ils ont décidé de ne pas donner suite aux

aménagements abordés en leur présence. Ils mettent, pour le moment, ces informations de

côté. Elles seront réétudiées dans le cas où l’un d’entre eux se trouve dans une situation de

handicap nécessitant d’adapter leur logement de cette manière. A cet égard, permettre aux

individus d’anticiper l’apparition d’un handicap est le but premier de l’intervention de

l’ergothérapeute, dans le cadre de la prévention pour le maintien à domicile. En effet, en

sensibilisant ces personnes, il était attendu de leur part de commencer à progressivement

réaliser des aménagements. Cette démarche a pour ambition d’éviter aux personnes âgées

de se retrouver dans la situation où ils doivent effectuer les travaux subitement, où dans celle

où ils seraient dans l’incapacité de rentrer chez eux. Or, pour eux, la fin de vie ne rime pas

avec handicap. L’intervention de l’ergothérapeute les aura principalement sensibilisées aux

différentes éventualités qu’ils rencontreront en vieillissant. Ils détiennent donc toutes les

informations pour agir et contacter les personnes qualifiées en cas d’aggravation de leur état

de santé. La deuxième consiste à commencer les démarches pour améliorer le domicile. Cette

situation concerne M et Mme C. Suite à leur rencontre avec l’ergothérapeute, ces derniers ont

contacté des associations puis des artisans. Des devis ont alors été demandés et réalisés.

Les conseils et suggestions de ces nouveaux interlocuteurs ne correspondaient pas toujours

au compte rendu de l’ergothérapeute. Parfois même, les artisans mettaient en cause la

faisabilité des plans prévus par l’ergothérapeute, tout en mettant aussi de côté les envies des

personnes. De plus, face au prix de certaines propositions, les demandeurs se sont alors

retrouvés en difficulté, perdus entre les différents choix. C’est pour ces raisons qu’ils ont émis

le besoin de recontacter l’ergothérapeute.

Ainsi, dans ces deux cas l’ergothérapeute est considéré comme un conseiller, compétent dans

l’aménagement du domicile. Néanmoins, son accompagnement n’est pas toujours nécessaire,

car tous ne perçoivent pas le besoin d’obtenir d’autres conseils sur ce sujet. Certains estiment

même que l’aide, pouvant leur être apportée par d’autres professionnels et associations, serait

suffisante.

Page 53: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 47

2. Vérification de l’hypothèse

L’analyse des cinq entretiens effectués auprès de personnes âgées, vivant en Ille-et-

Vilaine, avait pour but de valider ou d’invalider l’hypothèse suivante : L’ergothérapeute, en

mettant en place un suivi et un accompagnement dans les démarches d’amélioration de

l’habitat, favoriserait le maintien à domicile d’une telle population.

Dans les situations analysées, l’accompagnement trouve son intérêt dans deux contextes.

Tout d’abord, pour aider et conseiller les personnes engagées dans des démarches pour

l’amélioration de leur domicile. En effet, il permettrait d’apporter une assistance dans la

poursuite et la vérification de l’adaptation de l’environnement, proposée par d’autres

professionnels. Dès lors, l’ergothérapeute s’assurerait que les personnes ne soient pas

découragées face à des difficultés trop importantes. Il jouerait aussi un rôle de médiateur,

entre les artisans et les personnes âgées, afin de vérifier que les aménagements

correspondent aux attentes et besoins des individus. De même, il pourrait guider les

personnes dans les étapes nécessaires pour obtenir des financements, aspect parfois

primordial dans la réalisation de travaux.

Ensuite, la mise en place d’un suivi permettrait, dans certaines situations, de continuer à

sensibiliser les personnes aux risques d’augmentation des limitations à domicile. De ce fait,

les individus pourraient se décider plus facilement à envisager voire, entamer des

aménagements concrets de leur environnement.

L’hypothèse formulée est donc pertinente. Néanmoins, elle n’est que partiellement

validée, puisqu’un seul couple éprouvait le besoin d’être accompagné dans les démarches.

En effet, la mise en place d’un suivi ne peut être forcée, la personne doit avant tout en ressentir

le besoin. Or, les personnes interrogées ne sont pas encore prêtes à admettre les effets du

vieillissement biologique et, par la suite, envisager d’adapter le logement en conséquence.

Ainsi, l’hypothèse envisagée pour répondre à la question de recherche ne suffirait pas.

L’accompagnement est une approche pouvant répondre aux besoins que d’une petite partie

de la population âgée. Alors, la réponse au questionnement de départ se trouverait peut être

dans une pratique supplémentaire, préparant et favorisant la mise en place d’un

accompagnement et d’un suivi. Le développement de la prévention primaire constituerait,

possiblement, une piste à approfondir.

Page 54: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 48

3. Quelques pistes de réflexions

Au regard des résultats obtenus, il paraissait intéressant de chercher si d’autres études

sur le même sujet avaient été réalisées. En effet, la population rencontrée n’était

principalement par désireuse de réaliser des travaux, mais cela concerne-t-il aussi les autres

personnes aux caractéristiques similaires ?

Le groupe REUNICA et l’association ADERE ont mené un travail de recherche-action

en 2008 qu’ils ont appelé : Soutien à domicile et ergothérapie (SADEER). La mise en place

d’un tel projet, dans quatre départements (Paris, Essonne, Côte d’Or, Saône-et-Loire) avait

pour but de :

- « Prévenir les situations de dépendance auprès des personnes âgées de plus de 75

ans,

- Optimiser l’adéquation entre le domicile et la personne âgée afin de lui permettre de

continuer à y vivre dans de bonnes conditions,

- Renforcer le positionnement du groupe REUNICA sur cette approche innovante. Le

programme se propose, en effet, de contribuer à des actions de sensibilisation et de

diffusion de la connaissance sur la prise en charge des personnes âgées en

ergothérapie. » 27.

Succinctement, ils ont, tout d’abord, envoyé un flyer d’information aux personnes âgées

de plus de 75 ans afin de leur proposer les services d’un ergothérapeute. Suite à la réponse

des personnes par courrier, un ergothérapeute se déplaçait pour recueillir des données et

évaluer le domicile. Ultérieurement, un compte rendu contenant les préconisations de

l’ergothérapeute était envoyé. Puis, deux appels téléphoniques ont été passés à postériori. A

deux mois de l’intervention, l’appel provenait de l’ergothérapeute et avait pour objectif

d’évaluer les répercussions, de la visite à domicile et des propositions détaillées dans le

compte rendu, sur les personnes âgées. A six mois, les appels, effectués par une cellule de

coordination, avaient pour but d’analyser l’impact de l’action sur le mode de vie des

participants.

De nombreux résultats et conclusions sont alors ressortis de cette étude. Parmi ceux-ci,

seuls quelques-uns seront détaillés par la suite. Dans leur démarche, finalement, 64% des

individus n’ont effectué aucun travaux ni aménagement suite à l’intervention de

l’ergothérapeute, contre 29 % qui ont réalisé une partie ou la totalité des préconisations

délivrées. Un premier constat a alors été formulé : dans le cas des personnes ayant aménagé

et adapté leur logement, il est estimé que la visite à domicile des ergothérapeutes a permis :

27 SEVE-FERRIEU, N., MEEUS, P., HERCBERG, E., & experts, 2010, p. 6

Page 55: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 49

- « Soit de confirmer le ressenti de la personne et, en lui proposant des solutions, de la

soutenir dans un projet de modification,

- Soit d’être le déclencheur d’une prise de conscience qui elle-même a pu aboutir à un

processus de changement. »28

Par ailleurs, la visite à domicile a globalement contribué à la sensibilisation des personnes

âgées à la relation entre limitation d’activités et adaptation du logement. Néanmoins, les

individus qui ont été les plus réceptifs sont ceux qui ont déjà expérimentés des traumatismes,

une chute grave, etc. Dans ces cas, les personnes étaient davantage concernées par

l’intervention de l’ergothérapeute. Il était aussi plus facile pour elles d’envisager la mise en

place des aménagements préconisés. Certaines ont même bénéficié d’un accompagnement

par un ergothérapeute dans les démarches pour améliorer leur domicile. C’est pour ces

raisons que l’étude a permis d’ajouter la mise en place d’un suivi comme une des raisons

favorisant la mise en œuvre d’aménagements. Cependant, cela concerne moins d’un tiers de

leur population. L’autre part ne se sent pas impliquée dans de telles démarches puisqu’elle

n’a pas encore été confrontée à de sérieux problèmes de santé.

Dès lors, il peut être interrogé l’intérêt d’intervenir en amont, pour sensibiliser plus tôt, les

personnes aux risques encourus au domicile, en vieillissant. En effet, il pourrait être pertinent

de développer la communication autour de ces problématiques. En s’adressant à un public de

plus en plus jeune, le cheminement nécessaire pour envisager d’adapter son domicile pourrait

débuter auparavant. L’ergothérapeute, trouverait sa place en proposant des formations et

informations aux personnes vieillissantes, aux familles, aux bénévoles impliqués dans des

associations, pour aider les personnes âgées, ainsi qu’aux professionnels participant au

maintien à domicile.

Par conséquent, il peut être imaginé que les ergothérapeutes s’investissent davantage

dans des actions de l’ordre de la prévention primaire. A titre d’exemple, des ateliers, organisés

au sein d’évènements pour la prévention, proposeraient aux retraités et à leurs familles de

découvrir du matériel, des aides techniques et des aménagements qui simplifieraient à l’avenir

leur quotidien. Les ergothérapeutes donneraient aussi quelques normes d’aménagement à

connaître, comme pour la salle de bain. Ainsi, ils seraient en capacité de faire face plus

facilement aux artisans et à leurs propositions parfois peu conventionnelles. Ils seraient aussi

informés sur les situations à risques et comment les reconnaître.

D’après les éléments recueillis, la prévention, malgré un rôle important dans la diffusion

d’informations, est limitée quant à son impact sur l’opinion des personnes âgées interrogées.

De plus dans la littérature, peu de recherches sont centrées sur l’efficacité de la prévention.

Ce phénomène s’est principalement développé depuis ces dix dernières années. Il est donc

28 SEVE-FERRIEU, N., MEEUS, P., HERCBERG, E., & experts, 2010, p. 78

Page 56: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 50

trop récent pour avoir été testé et analysé à grande échelle. De ce fait, il parait difficile

d’émettre un avis représentatif des effets de la prévention, sur la population française.

Par conséquent, il pourrait être intéressant de s’interroger aussi sur le rôle des autres

acteurs pouvant intervenir dans la prévention. De nombreux professionnels opèrent chez les

personnes âgées. Effectivement, les aides à domicile, les infirmières et les bénévoles des

associations, luttant contre l’isolement social, interagissent avec la population âgée, dans son

milieu de vie. Ces professionnels sont donc en contact direct avec les individus et leurs

situations de vie, c’est pour cette raison qu’ils sont des collaborateurs à ne pas négliger. Dès

lors, ils pourraient éventuellement intervenir dans le dépistage des situations à risques,

observées en milieu écologique. L’implication des médecins, notamment en milieu rural,

pourrait également être un atout puisque leurs avis sont souvent pris en compte par les

personnes âgées.

Au regard de ces remarques, de nouvelles questions peuvent être formulées : Comment

ces différents acteurs pourraient-ils devenir des partenaires dans la prévention pour le

maintien à domicile des personnes vieillissantes ? Comment l’ergothérapeute pourrait

contribuer à développer cet aspect de la prévention ?

Ces derniers éléments permettent alors, en s’intéressant à la place des multiples

professionnels travaillant auprès des personnes âgées, d’étendre la portée de la question de

recherche, formulée au début de ce mémoire.

Page 57: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 51

Conclusion

Le maintien à domicile des personnes âgées est l’une des nouvelles préoccupations

des politiques de santé. L’ergothérapeute, en tant qu’acteur de la prévention, intervient dans

l’adaptation du domicile d’une population vieillissante. Or, « anticiper son vieillissement et son

logement est le meilleur moyen d’y passer confortablement ces vieux jours. » (CORLAY, H. &

TROUVE, E., 2009, p. 356). Ce dernier point correspond aussi à l’une des priorités pour les

personnes âgées : vivre chez eux le plus longtemps possible. Pour ce faire, certains individus

auraient besoin d’accompagnement dans les démarches.

Ce travail de recherche a permis d’analyser l’intérêt de la mise en place d’un

accompagnement, par un ergothérapeute, suite aux évaluations effectuées au domicile des

personnes ne présentant aucun handicap. En interrogeant directement les personnes âgées,

les réponses ont explicité leurs pensées et leurs opinions, sur cette problématique. Pour la

population interrogée, il était difficile de faire la différence entre « avoir un handicap » et être

« en situation de handicap ». De plus, « le dramatique de la vieillesse, ce n'est pas qu'on se

fait vieux, c'est qu'on reste jeune » (Oscar Wilde). Par conséquent, anticiper, sur les limitations

qui vont se développer en vieillissant, n’est pas toujours agréable, et donc peu souvent réalisé ;

C’est pourquoi la prévention primaire ne doit pas être négligée, car elle joue aussi un rôle

important dans la préparation des personnes aux effets et aux risques inhérents au

vieillissement.

Fréquemment, la pratique des ergothérapeutes est tournée vers le curatif. Ainsi,

lorsqu’ils interviennent au domicile, c’est dans l’ambition d’adapter l’environnement au

handicap de la personne. L’ergothérapeute doit donc transformer son approche. Actuellement,

elle est centrée sur la rééducation des personnes en situation de handicap et la réadaptation

à leur environnement. Au regard de ce nouvel aspect, elle doit prôner l’anticipation et la

prévention auprès d’un public ne présentant pas de handicap. Cette pratique, étudiée au cours

de ce travail, est donc peu courante mais en constante évolution.

Pour finir, le contact avec la population vieillissante, par le biais de l’évaluation à

domicile, fut une expérience très formatrice. Elle a permis de se confronter à un public

spécifique nécessitant une adaptation constante de la pratique ergothérapique à leurs

problématiques atypiques. Participer au maintien à domicile et au bien être d’une telle

population a donc permis d’appréhender une nouvelle forme de pratique professionnelle. Il

serait donc intéressant, dans notre activité professionnelle, de tester les notions décrites tout

au long de cette étude, sur le terrain.

Page 58: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Page | 52

Bibliographie

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(consulté le 28 Avril 2015)

Page 63: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Table des abréviations

AGGIR : Autonomie Gérontologie Groupes Iso-Ressources

AGIRC et ARRCO : Association générale des institutions de retraite complémentaire des

cadres et Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés

ANFE : Association Nationale Française Ergothérapeutes

APA : Allocation personnalisée à l’autonomie

ASPA : Allocation de Solidarité aux Personnes Agées

CARSAT : La Caisse assurance retraite et sécurité au travail

CDHAT : Centre de Développement pour l'Habitat et l'Aménagement des Territoires

CESR : Conseil économique et social de la région de Bretagne

CLIC : Centre local d’information et de coordination

GIR : Groupe iso-ressource

HLM : Habitation à Loyer Modéré

INSEE : Institut national de la statistique et des études économiques

MFB : Mutualité Française Bretagne

MGEN : Mutuelle Générale de l'Education Nationale

MSA : Mutualité sociale agricole

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

PACT HD 35 : Protection, Amélioration, Conservation et Transformation de l'Habitat en Ille-et-

Vilaine

PPH : Processus de Production de Handicap

Page 64: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Table des annexes

Annexe n°1 : Fiche AGGIR modèle APA ............................................................................... 1

Annexe n°2 : les groupes iso-ressources .............................................................................. 2

Annexe n°3 : entretien exploratoire ....................................................................................... 3

Annexe n°4 : les compétences en ergothérapie .................................................................... 8

Annexe n°5 : Guide d’entretien .............................................................................................. 9

Annexe n°6 : Entretien avec M et Mme F .............................................................................10

Annexe n°7 : Entretien avec M et Mme B .............................................................................14

Annexe n°8 : Entretien avec M et Mme G .............................................................................17

Annexe n°9 : Entretien avec Mme R .....................................................................................21

Annexe n°10 : Entretien avec M et Mme P ...........................................................................24

Annexe n°11 : Tableau d’analyse des entretiens ..................................................................28

Page 65: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

1

Annexe n°1 : Fiche AGGIR modèle APA

Dr Lucien Mias, 2009. La grille A.G.G.I.R. Gérontologie en institution … comme à domicile [en

ligne]. Disponible sur Internet : « http://papidoc.chic-cm.fr/19texteaggir.html » (Consulté le 14

décembre 2014)

Page 66: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

2

Annexe n°2 : les groupes iso-ressources

GIR

1

Correspond aux personnes âgées confinées au lit ou au fauteuil, dont les

fonctions intellectuelles sont gravement altérées, et qui nécessitent une présence

indispensable et continue d'intervenants. Dans ce groupe se trouvent les

personnes en fin de vie.

GIR 2

Comprend deux groupes de personnes âgées:

celles qui sont confinées au lit ou au fauteuil, dont les fonctions

intellectuelles ne sont pas totalement altérées et qui nécessitent une prise

en charge pour la plupart des activités de la vie courantes

celles dont les fonctions mentales sont altérées mais qui ont conservé leur

capacité de se déplacer (souvent dénommées les "déments ambulants").

GIR 3

Correspond aux personnes âgées ayant conservé leurs fonctions intellectuelles,

partiellement leur capacité à se déplacer mais qui nécessitent plusieurs fois par

jour des aides pour leur autonomie corporelle. De plus, la majorité d'entre elles

n'assurent pas seules l'hygiène de l'élimination tant anale qu'urinaire.

GIR 4

Comprend deux groupes de personnes:

celles qui n'assument pas seules leur transfert mais qui, une fois levées,

peuvent se déplacer à l'intérieur du logement. Elles doivent parfois être

aidées pour la toilette ou l'habillage. La grande majorité d'entre elles

s'alimente seule.

celles qui n'ont pas de problèmes pour se déplacer mais qu'il faut aider

pour les activités corporelles ainsi que les repas.

GIR 5

Correspond aux personnes qui assurent seules leurs déplacements à l'intérieur

du logement, s'alimentent et s'habillent seules. Elles nécessitent une aide

ponctuelle pour la toilette, la préparation des repas et le ménage.

GIR 6 Regroupe toutes les personnes qui n'ont pas perdu leur autonomie pour les actes

discriminants de la vie courante.

Dr Lucien Mias, 2009. La grille A.G.G.I.R. Gérontologie en institution … comme à domicile [en

ligne]. Disponible sur Internet : « http://papidoc.chic-cm.fr/19texteaggir.html » (Consulté le 14

décembre 2014)

Page 67: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

3

Annexe n°3 : entretien exploratoire

Avec Mme E, Ergothérapeute, le 26/09/2014

Le sujet que je traite est : comment l’ergothérapeute peut être un acteur d’une politique de

prévention en faveur du maintien à domicile d’une population vieillissante ?

Pouvez-vous me parlez sur ce sujet ?

Mme E, ergothérapeute (E) : « Ok, la prévention va être sur différents domaines… sur l’habitat, sur

tout ce qui concerne la santé, et tout ce qui concerne les loisirs, j’en oublie peut-être… »

Qu’est-ce que vous entendez par loisirs ?

E : « Activités, activités extérieures, rencontres, parce que laisser les gens rester chez eux sans sortir,

ce n’est pas de la prévention et au niveau de la dépression cela n’aide pas beaucoup. Mais aussi tout

ce qui est activités sportives ou les clubs de paroles, d’échecs etc… cela fait donc aussi partie d’une

prévention pour maintenir la santé mentale.

Il y a donc la santé physique et mentale.

En parlant de prévention on peut aussi penser à apprendre à la personne à organiser son pilulier pour

qu’elle ne se trompe pas de médicaments. On intervient donc dans ce domaine, tout au moins pour

conseiller, autant sur le type de pilulier que sur l’infirmière qui passe. On a donc plutôt un rôle de conseil

dans ces cas-là. Moi j’ai travaillé, mais plus à Montréal, sur les médicaments, en France on le fait moins.

Par exemple : le choix du pilulier s’il sonne ou s’il ne sonne pas. »

Donc vous intervenez plus au niveau des aides techniques ?

E : « Oui, c’est en aide technique, surtout que dans ce cas-là la population est vraiment concernée.

Cependant, je suis allée chez un petit papi la dernière fois avec la caisse de retraite complémentaire, …,

c’était costaud, parce que la table ici (celle sur laquelle nous étions) était remplie de médicaments, il

nous a sorti une prescription, mais ce n’était pas la bonne, ce n’était pas la dernière. Donc voilà, lors

des visites à domicile, c’est aussi le genre de chose qu’il faut vérifier et savoir si tout va bien à ce niveau-

là, parce que la mauvaise prise des médicaments peut entrainer des chutes, des pertes de mémoire,

etc… Et dans le cas de la prise de médicaments contre l’hypertension, contre le diabète etc… cela peut

finir à l’hôpital.

Donc ça je dirais que ce sont des choses annexes par rapport à l’aménagement du domicile. »

On pourrait dire que c’est ce que vous faites en plus lors des visites ?

E : « Normalement, lors des visites organisées par les caisses de retraite complémentaire, ce sont des

choses que l’on doit vérifier. Dans le formulaire il y a aussi bien tout ce qui est médication, les loisirs,

les déplacements parce que c’est bien d’avoir des loisirs mais il faut pouvoir s’y déplacer. Certains

financent des tickets de taxi pour que justement ils puissent aller voir leur famille, ou se rendre au

cinéma, ou au restaurant avec des amis, etc… donc cela aussi fait partie de la prévention. On est dans

tous les domaines… »

Il est vrai que j’ai déjà pensé à la problématique des déplacements, des loisirs, mais pas au pilulier,

alors que même si c’est tout bête, c’est très important.

E : « Le nombre de personnes âgées qui finissent à l’hôpital parce qu’ils ont fait des malaises à cause

des médicaments qui ne sont pas pris, ou mal pris, parce qu’ils ont pris les 3 à la fois car ils ont oublié

ceux du matin, c’est phénoménal, ils peuvent aussi ne pas avoir ajusté la prescription par rapport à la

dernière ordonnance. C’est donc souvent qu’ils n’y pensent pas ou qu’ils se sont trompés de boîte. Donc

que l’infirmière passe faire les boîtes de médicaments, c’est important et à Montréal, c’était carrément

la pharmacie qui faisait ça. Les médicaments étaient vendus à l’unité. Le pharmacien a du stock et pour

un mois s’il faut tant de pilules, on donne tant de pilule. Ce n’est pas comme pour nous qui achetons

trois boîtes et il nous reste cinq pilules. C’est plus facile à remplir.

Par rapport aux personnes âgées, la prévention c’est aussi s’intéresser à comment ils vivent chez eux,

à la sécurité à domicile, mais aussi toutes les habitudes de vie, les repas. On n’est pas forcément dans

Page 68: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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l’aménagement, mais comment vivre à domicile. Dans la prévention, on peut aussi penser à la

dénutrition qui peut amener à des malaises et/ou autres. Il faut aussi penser sécurité, histoire qu’ils ne

se brûlent pas, qu’ils ne mettent pas le feu à la maison, qu’ils ne fassent pas exploser l’immeuble.

Quant aux aménagements, il est bien de tout d’abord observer la circulation dans le logement, comment

la personne peut se rendre dans le logement, etc. Mais aussi comment elle se lave, et quel type de salle

de bain lui correspondra le mieux. Il faut faire un état des lieux de la cuisine, du séjour s’il y a des tapis

ou des fils qui traine et de l’éclairage. Avec le bailleur HLM, dans le kit travaux pour les personnes

âgées, on retrouve en général, le changement de la baignoire pour une douche. »

Excusez-moi, mais qu’est-ce que le kit travaux ?

E : « C’est un kit travaux pour les personnes âgées délivré par le bailleur social. Moi, je travaille

beaucoup avec (nom de société HLM) et ils ont un protocole pour les personnes âgées qui font des

demandes. Dans un premier temps on s’occupe de la salle de bain et c’est à ce niveau-là que j’interviens

le plus souvent. Ensuite, si besoin on met en place une électrification des volets roulants (la

motorisation). Qu’est ce qui a d’autre… en général, on relocalise les sorties de gaz, parce que c’est

souvent sous l’évier, accessible à quatre pattes, et comme ceux sont des personnes super anxieuses

par rapport au gaz, on rapproche les commandes pour que ce soit plus accessibles et qu’ils n’aient pas

à se mettre à quatre pattes. On met aussi des prises électriques à bonne hauteur, pour brancher

l’aspirateur et d’autre trucs et qu’ils n’aient pas à se baisser. En général, on monte une prise par pièce

dans les logements anciens. Après il y a d’autre adaptations possibles selon les personnes, mais celles-

là sont les choses quasi obligatoires. »

Comment les bailleurs sociaux font ils appel à vous ? Comment s’est mis en place le système qui leur

permet de vous engager ?

E : « Avec (Nom de société HLM), cela a été un projet de la fondation de France en 2004, 2005, où il y

a eu un financement pour mettre en place des services, des aménagements, des adaptations, voir ce

qu’on pouvait faire pour les personnes âgées en gros. Ils se sont basés sur ce kit, salle de bain et autres,

pour améliorer le logement, pour que les personnes puissent y vivre le plus longtemps possible.

Au commencement j’ai formé les gérants, j’ai mis au point des formulaires justement, pour qu’ils aillent

rencontrer les personnes âgées et savoir s’il y avait des besoins ou pas. Les formulaires permettent de

dégrossir la problématique du logement, du moins la simplifier, parce que pour eux c’était trop gros. De

plus que certain, surtout les gérants d’immeubles les plus anciens, viennent du bâtiment, alors que

maintenant il y a des formations qui sont faites pour, ce qui leur donnent une approche plus sociale.

Mais au départ, je me souviens, de certains qui étaient super sympas mais ils n’osaient pas demander

si la personne était capable de lever le bras, ou de s’assoir et de se relever, etc… pour eux ce n’était

pas possible à demander à un locataire. Donc je leur ai dit, attendez, surtout que les personnes âgées,

en général, te racontent toutes leurs opérations, leurs trucs… si vous ne demandez pas, c’est bien beau

la barre d’appui, mais si le bras a des douleurs et que la barre d’appuie on la met à gauche et que c’est

le bras gauche, ça ne va pas servir.

En général, ce que je fais, par exemple pour les tours d’ici, comme les logements sont tous pareils, j’en

adapte un ou deux et puis après les plans sont faits, et c’est eux, quand il y a des demandes, qui

s’occupent de gérer ça, je n’interviens pas forcement partout. Mais quand il y a des transformations

dans un bâtiment, j’interviens une première fois pour qu’après eux ils puissent le refaire.

Donc avec la fondation de France on a formé les gérants, et puis après on a arrêté du matériel pour

que ce soit toujours à peu près le même matériel, parce que financièrement c’est plus rentable et puis

comme ça ils savent ce qu’on préfère comme matériel au niveau solidité, taille, fonctionnalité etc. Par

exemple les strapontins, si on ne peut pas s’assoir dessus… les plombiers eux prennent le moins cher,

celui qui tient pas ou on ne peut pas rester assis dessus plus de 20 minutes. Donc voilà, chaque année

on arrête un cahier des charges. »

Vous définissez un guide d’aides techniques ?

E : « Oui, comme ça on donne aussi ce qui est le plus facile à trouver, puisque nous ne travaillons pas

avec les boutiques de fournitures médicales, et puis les plombiers ne se fournissent pas là, plutôt dans

des boutiques de matériels pour plombier, donc il faut qu’on s’adapte à ce qu’ils peuvent trouver, en

Page 69: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

5

respectant quelque part un rapport qualité/prix. Et puis, comme ils ont des logements partout en

Bretagne, il faut pouvoir trouver le matériel partout en Bretagne. »

(nom de société HLM) est donc sur toute la Bretagne ?

E : « Oui, ils ont des logements sur toute la Bretagne, des logements HLM puisque c’est un bailleur

HLM. »

Vous ne travaillez qu’avec eux ?

E : « Principalement, eux en bailleur HLM, après dans les autres HLM j’y ai travaillé de façon ponctuelle,

suite à des demandes au niveau du handicap que de la personne âgée.

Après je peux travailler avec les caisses de retraites complémentaires. »

Et comment cela fonctionne avec eux ?

E : « Alors, on est référencé, et quand ils ont des demandes dans le coin, ils nous envoient un message :

« est-ce que vous pourriez intervenir dans telle ville ? ». Ensuite, on a des formulaires à remplir, des

questionnaires… Des fois on ne fait pas de travaux, des fois il y a juste besoin d’aides techniques, des

fois cela peut être de proposer de changer de lieu de vie. »

En fait, vous pouvez être appelé par plusieurs caisses de retraite ?

E : « C’est avec l’AGIRC-ARRCO, qui est un prestataire qui s’occupe de toutes les demandes et qui

s’occupe de gérer les dossiers dans ces cas-là. »

Et lorsque vous vous déplacez pour faire un diagnostic, vous avez des bilans ?

E : « Oui, ce sont les documents du prestataire. C’est un formulaire spécifique qu’il nous envoit. Avant

c’était un autre prestataire donc c’était un autre bilan. Et des fois, on peut adhérer à un contrat

d’autonomie dans les assurances. Et certaines caisses nous appellent pour ça, donc là ce sont encore

des formulaires différents, des prestations différentes, etc… »

Les bilans correspondent au métier d’ergothérapie ?

E : « Oui, oui ce sont des bilans ergo. Ils sont faits, par exemple ceux de l’année dernière, par l’ANFE.

Au niveau de la population, est ce que vous avez une idée de la tranche d’âge que vous touchez ?

E : « Les caisses de retraites prennent en charge à partir de 75 ans et le concept de bien vieillir

s’applique dès 75 ans. Pour les HLM c’est plutôt 70 ans. Mais après je n’ai pas forcement tous les âges

en tête. »

Et comment la procédure s’enclenche ?

E : « Ce sont des demandes soit de la personne, soit avec le bailleur social. En fait ce bailleur a des

gérants d’immeubles qui connaissent leurs locataires et ils sont capables de dire si depuis quelques

temps cela ne va pas trop bien et s’il serait temps de leur proposer quelque chose.

Quand il y a eu l’appel à projet, ils ont envoyé un courrier à toutes les personnes de plus de 70 ans. Ils

ont aussi fait des séances d’informations et je pense que cela existe encore un peu, ils ont dû relancer

ça. En fait, ils font un goûter avec séances d’informations sur ce qu’ils peuvent proposer pour aménager

les logements, etc. Dans ces cas-là, ils font appel à d’autre prestataire, les CLIC, les conseillères en

gérontologie, il peut y avoir des services de portages de repas, donc des services d’aide à la personne

qui sont présents lors de ces goûters. En même temps, le but du jeu et de s’ouvrir, se relier à la

communauté. »

Vous travaillez aussi en collaboration avec les CLIC ?

E : « Oui, oui, on va dire que je suis connue. Après je réfère souvent le CLIC, quand j’interviens pour le

« bien vieillir », en notant les coordonnées pour la personne pour qu’elle aille chercher de l’information

si nécessaire. Mais maintenant je ne me déplace plus dans tout le département, avant il prenait en

compte les frais de déplacements mais plus maintenant, donc je me limite. C’est toujours les CLIC que

je connais, celui de Rennes, de Chantepie, etc… Donc je réfère les CLIC pour qu’ils aillent chercher de

Page 70: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

6

l’information plus sociale, sur les maisons de retraite, des fois ils se posent des questions, donc je leur

indique qu’ils peuvent aller chercher l’information auprès d’eux, mais aussi sur des activités, sur des

services comme le portage de repas, etc… parce que souvent ils ne connaissent pas les CLIC. »

Avec les bailleurs sociaux, est ce que vous avez fait une enquête sur les retombées de votre démarche ?

E : « A l’époque oui, d’ailleurs on avait fait des présentations aux champs libres. Avec la fondation de

France et la caisse de consignation et dépôts qui financent les HLM, on organisait de temps en temps

des journées et lors de celles-ci on présentait le projet.

Il y a aussi eu des questionnaires, mais je n’y ai pas participé. Ce n’est pas moi qui fais toutes les

statistiques. »

Pour finir, mon sujet étant trop large, puisque la prévention est un sujet vaste, qui peut toucher plein de

secteur, vous me conseilleriez de me réduire plutôt à quoi ?

E : « A ce que tu aimes tout d’abord. Mais effectivement, cela serait plus sur la prévention des chutes.

Après dans la prévention des chutes, il n’y a pas d’ergo, mais ça serait bien, par exemple, tout ce qui

est fait par la CRAM : les ateliers équilibrage. Ils sont généralement fait par des kinésithérapeutes et

des psychomotriciens, mais parce qu’en fait nous n’avons pas de structures qui soient capables de

répondre à la demande en ergo. Ce qui est bête. En tant qu’ergo j’aimerais changer le contenu, parce

que lorsqu’ils travaillent l’équilibre « monter descendre les marches » etc…, il n’y a jamais rien qui est

fait à domicile. Donc ils ne savent pas si la barre d’appui est du bon côté, puisqu’il n’y a pas de visite à

domicile de faite dans le cas de cet ateliers équilibrage. On en avait parlé avec la CRAM.

De plus certains, participent aux ateliers trois quatre fois. Mais à quoi cela sert de faire l’atelier trois

quatre fois ? Soit le but n’est pas atteint sur le travail de prévention des chutes, et au niveau de l’équilibre

comme tel. Soit ils ont une pathologie et que ce n’est pas un atelier qui leur convient et il faudrait

vraiment qu’ils fassent autre chose. Soit dans des cas, c’est le lien social qu’ils ont aimé et il faudrait

peut-être leur trouver une activité. Mais de faire 3 ou 4 fois le même atelier d’équilibre… pourquoi ?...

ou alors il n’est pas efficace. Où est la problématique ? : L’efficacité, le lien social, la condition physique

qui descend et même s’ils réessayent cela ne fonctionne pas et donc est ce que c’est le lieu pour.

La prévention des chutes est donc importante. Surtout que c’est généralement après une chute, lorsque

la personne s’est cassé la hanche, qu’elle est orientée vers une maison de retraite. Et en France c’est

le gros problème, on peut avoir un ergo qu’une fois qu’on est passé par l’hôpital, ce qui est un peu tard.

Après pour tout ce qui est social, je pense qu’on est un acteur mais on n’est pas le primordial, par contre

on est capable d’être en alerte pour dire au service concerné qu’il y a un souci. »

Dans mes lectures, j’ai pu voir un début de prévention réalisée vers 60/65 ans, mais en réalité quel âge

est le plus concerné par la prévention ?

E : « Euh… maintenant on bosse toujours à 60/65 ans ! Après il y a plusieurs préventions. Par exemple,

si on fait des travaux à cet âge-là, ou qu’on veuille changer de maison parce qu’on a 5 chambres parce

qu’on a eu des enfants, que c’est trop grand et que maintenant on veut changer… la prévention

intervient pour permettre de faire penser aux gens qu’il faudrait plutôt une maison de plain-pied, avec

une douche, des choses comme ça. C’est ça la prévention, c’est sûr qu’au niveau de la santé entre 40

et 60 ans cela ne change pas grand-chose à part se dire qu’il faut faire du sport, et pas manger trop

gras etc…

Quelque part pour ton mémoire je pense que cela serait plus simple de partir de ce que demandent les

caisses de retraite, c’est-à-dire à partir de 75 ans.

Le conseil économique et social, en 2007, a développé le concept « bien vieillir en Bretagne ». J’ai

participé pour montrer ce que pouvait faire l’ergothérapeute. Ils ont fait un recueil contenant le compte

rendu des enquêtes etc… ils détaillent les choses qui peuvent être mises en place. En fait ils sont allés

voir tous les acteurs de la région pour voir ce qui était fait sur « le vivre ensemble », la santé. »

Une toute dernière question, quand vous parlez de votre intervention auprès des personnes âgées de

75 ans, est ce que ce sont des personnes ayant déjà un handicap ?

Page 71: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

7

E : « Non, ce sont plutôt des personnes qui se retrouvent en situation de handicap à cause de leur

vieillissement. Elles peuvent avoir été déjà opérées comme pour une prothèse de hanche, ou des

choses comme ça, mais ils sont rentrés sans avoir eu l’intervention d’un ergo. Le but étant d’éviter une

hospitalisation future, ce qui revient moins cher aux caisses de retraites.

En général, ceux que je vois par le biais des caisses de retraites ce sont des papis et mamies qui sont

en pleine forme. Même si je pense que dans les caisses de retraite il doit avoir certaines personnes qui

sont un peu limitées mais ce ne sont pas eux qui répondent. Ceux qui se posent des questions sont

généralement ceux qui sont assez actifs. »

Page 72: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

8

Annexe n°4 : les compétences en ergothérapie

1. Evaluer une situation clinique et élaborer un diagnostic ergothérapique

2. Concevoir et conduire un projet d’intervention en ergothérapie et d’aménagement de

l’environnement

3. Mettre en œuvre et conduire des activités de soins, de rééducation, de réadaptation,

de réinsertion et de réhabilitation psychosociale en ergothérapie

4. Concevoir, réaliser, adapter les orthèses provisoires, extemporanées, à visée

fonctionnelle ou à visée d’aide technique, adapter et préconiser les orthèses de série,

les aides techniques ou animalières et les assistances technologiques

5. Elaborer et conduire une démarche d’éducation et de conseil en ergothérapie et en

santé publique

6. Conduire une relation dans un contexte d’intervention en ergothérapie

7. Evaluer et faire évoluer la pratique professionnelle

8. Rechercher, traiter et analyser des données professionnelles et scientifiques

9. Organiser les activités et coopérer avec les différents acteurs

10. Former et informer

Observatoire national des emplois et des métiers de la fonction publique hospitalière, 2008. Etude

prospective des métiers sensibles de la fonction publique hospitalière : monographie d'ergothérapeute.

[S.l.] : Ministère de la santé et des sports.

Page 73: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

9

Annexe n°5 : Guide d’entretien

1. Pourquoi avez-vous répondu positivement à l’annonce « bien chez moi » ?

2. Qu’est-ce que vous pouvez me dire concernant l’intervention de l’ergothérapeute ?

3. Comment avez-vous ressenti / vécu la visite à domicile ?

4. En quelles mesures pensez-vous que cette visite a participé à l’amélioration de votre

domicile ?

5. Quels ont été vos questionnements, vos difficultés, vos remarques après cette visite ?

6. Quelles améliorations pourraient être apportées à l’intervention de l’ergothérapeute

selon vous?

Page 74: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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Annexe n°6 : Entretien avec M et Mme A

Rencontre le : 13/02/15, deux personnes présentes : M et Mme A

Pourquoi avez-vous répondu positivement à l’annonce « bien chez moi » ?

M A: « On a 80 tous les deux, à quelques mois près, et on réfléchit quand même… on pense tout au

moins à l’avenir, le plus loin possible, mais… »

Qu’est-ce que vous entendez par réfléchir à l’avenir ?

M A : « Conserver la maison où nous habitons. Habiter la maison surtout et puis la rendre disponible

puisqu’on s’aperçoit avec le… accessible, avec le temps… quand on a construit la maison on aurait dû

y penser mais, il y a 50 ans on ne réfléchissait pas comme ça du tout… »

Mme A : « Mais ça c’est tout le monde ! »

M A : « Non mais maintenant l’environnement et tous les organismes sociaux en parlent régulièrement.

Je découvre qu’est-ce que c’était l’ergothérapeute, puisque… c’était une profession complètement

inconnue. »

(vers Mme A) Vous aussi vous étiez intéressée pour savoir comment aménager votre maison ?

Mme A : « C’est surtout mon mari, qui a pris la décision. »

M A : « Ça c’est vrai. »

Vous vous sentez plus concerné ?

M A : « Ça veut pas dire que… non on est concerné tous les deux pour autant… mais … non … elle

raisonne pas comme ça pour l’instant. D’autant qu’elle sait que je vais partir le premier de toute façon…

Qu’est qu’on peut dire autrement ?... »

Par rapport à votre maison vous pensez qu’il y a des éléments que vous auriez aménagés

différemment ?

Mme A : « Avant s’aurait été surtout au point de vu terrain, on aurait fait certainement, si nous avions

construit une deuxième fois, par exemple, on aurait certainement fait les agencements de salle d’eau,

de chambre au rez-de-chaussée, on en aurait fait automatiquement une chambre au rez-de-chaussée,

et ça c’était… maintenant on pense différemment… »

M A : « C’est l’évolution quoi du … vieillissement des personnes »

Vous espériez donc, que rencontrer l’ergothérapeute permettrait de répondre à vos questions ?

Mme A : « Oui pour voir ce que vous nous auriez donné quelques idées, qu’auraient pu dans l’ensemble

améliorer… la façon de vivre en ayant peut être un petit handicap quoi… pas un gros parce que…avec

les portes… de toute façon ça ne serait pas possible, mais bon avec un petit handicap peut être qu’il y

a des possibilités de rester et de se faire aider aussi… c’était ça aussi le… »

Qu’est-ce que vous pouvez me dire concernant l’intervention de l’ergothérapeute ?

Mme A : « Vous êtes à l’écoute, des personnes, heu…, vous avez à cœur de regarder toutes les pièces

pour voir ce qui peut être aménagé… »

M A : « Et ce qui est indispensable surtout… »

Mme A : « Donner des conseils pour pouvoir faire appel à tel ou tel organisme disons… qui puissent

nous venir en aide par exemple… »

M A : « On a découvert, les comment…, sur internet j’ai découvert les aménagements de placards sans

problème, c’est formidable… »

Mme A : « Ben, en ce moment c’était surtout la question de savoir si on pouvait installer … soit un monte

escalier ou soit un petit… un petit lève…comment qu’on appelle… un élévateur parce qu’un ascenseur

c’était pas possible… extérieur quoi, qui serait en cas de problème de jambes quoi… si on se casse

une jambe et qu’on reste invalide un petit peu quoi … »

Qu’est-ce que vous avez pensé de la méthode d’approche de l’ergothérapeute ?

M A : « La première chose, le long de votre parcours, en arrivant « nous arrivons tout à l’heure »…

s’assurer qu’on avait bien retenu le rendez-vous. Ça c’est peu de chose mais j’ai trouvé ça très

positif… »

Mme A : « Ah oui, avertir ! »

M A : « C’est peu de chose mais très important en même temps. »

Page 75: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

11

Par rapport, au compte rendu ?

Mme A : « Oui les questions qui sont à poser pour heu… oui c’est… c’est un plus parce que… autrement

… Ben les organismes on va voir au CCAS ou des choses comme ça si on a besoin de femme de

ménage ou une aide pour les extérieurs ou pour tout, bon on va voir les associations qui sont créés

dans la ville. »

M A : « Il n’y a pas que les associations… »

Mme A : « Mais le fait que vous veniez sur place et que vous donniez des conseils… personnels… »

M A : « Professionnels ! »

Mme A : « Non mais la façon de procéder quoi, c’est un plus pour… »

M A : « Le CCAS… il fonctionne très bien d’ailleurs… mais il se trouve débordé par un tas d’organismes,

il y a au moins 5 ou 6 qui se sont installés tout récemment sur (nom de ville) pour le ménage, pour

s’occuper des personnes âgées… tout ça. Alors c’est plus des associations c’est du business … »

Mme A : « Ça dépend à quoi elles sont reliées… si elles sont reliées de la région, du national, du

département, de la ville… elles, elles ont pas le même impact quoi… je pense. »

M A : « C’est pas financé de la même manière surtout… Les CCAS c’est l’aide sociale, c’est la ville

quoi… par priorité. Tandis que les autres … si on peut avoir à faire à des aides possibles sûrement,

quand on prend une personne d’un autre service, sous condition de ressources… de toute façon de nos

jours c’est normal et heureusement… et je pense que ce n’est pas suffisant… parce que c’est pas

contrôlé assez. »

Mme A : « Je ne sais pas… c’est hors sujet pour l’instant… »

Comment avez-vous ressenti / vécu la visite à domicile ?

Mme A : « Bien avec des personnes aimables… »

Comment avez-vous ressenti le fait que nous avons visité toutes les pièces ?

Mme A : « Oui, oui… avec beaucoup de discrétion je pense… et de gentillesse, vous n’avez rien forcé,

si on ne voulait pas ouvrir une porte, je ne pense que pas que vous auriez forcé de l’ouvrir… par

exemple. L’approche … »

M A : « Efficace et discrète. »

Mme A : « Oui ! »

En quelles mesures pensez-vous que cette visite a participé à l’amélioration de votre domicile ?

Mme A : « Pour l’instant on a pas bougé… (rire)… mais si quand même, il faut être franc on a quand

même acheté des … pour coller les tapis… on a acheté des rubans pour coller les tapis, on a

commencé ! oui voilà on en a collé un là… mais on continue. Vous voyez il y a quand même eu une …

chose positive. »

M A : « Ça fait pas longtemps, quinze jours, trois semaines, maximum. C’est pas du double face, c’est

une face collante et sur le tapis et l’autre est antidérapante sur le sol. Ça ne laisse pas de trace au sol…

le double face, automatiquement, que ce soit sur du carrelage ou sur du parquet, ça marque

indéfiniment… »

Mme A : « Autrement il y avait les rampes d’escalier… ça n’a pas bougé pour l’instant (rire). »

Vous me disiez, tout à l’heure que vous vouliez réfléchir, est ce que notre intervention vous l’a permis ?

Mme A : « Oui aussi, de réfléchir dans la suite de vos objections pour telle ou telle chose. »

M A : « On avait pris les devants, vous savez que, la salle on avait enlevé la baignoire pour mettre la

douche… »

Mme A : « Et les toilettes aussi, ben autrement. »

M A : « Même si vous avez jugé que la poignée était un peu trop haute. »

Mme A : « Oui mais ça c’est des petites choses, autrement c’était le bras. »

M A : « A la limite si on pouvait le baisser… mais ça … c’est pas dans l’urgence. Remettre une deuxième

rampe dans l’escalier pour descendre au sous-sol, c’est bien mais ça réduit encore l’espace quoi. »

Mme A : « Mais pas pour monter au grenier… là haut là… à la place de la corde… »

M A : « Oui, mais dans le grenier on y va pas de toute façon »

Mme A : « Si, mais si on y va quand même, moi je fais le repassage là-bas, on range beaucoup de

choses en haut dans le grenier… si on y va… »

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Quels ont été vos questionnements, vos difficultés, vos remarques après cette visite ?

Mme A : « On en a parlé mais bon les remarques… »

M A : « Le compte rendu était fidèle à la visite. »

Mme A : « Oui, il y a rien eu de… n’ayant pas eu recours déjà à quelqu’un, on a trouvé que vos questions

étaient… heu vos suggestions étaient bonnes quoi. »

Mme A : « Les placards… non on a pas eu spécialement de remarques. »

Est-ce que vous auriez aimé qu’on réponde à d’autres questions qui vous sont peut-être venues après ?

Mme A : « Non parce que vous avez même suggéré que moi si je conduisais pas, si y avait besoin

d’aller demander à une association pour voilà, nous transporter dans un endroit ou dans un autre, vous

voyez, c’est une question qu’on ne s’était même pas posé. Ben vous nous l’avez proposée en disant

« ben ça existe, c’est un fait »… voilà autrement… on en a pas rediscuté spécialement… tant qu’on est

pas confronté à des problèmes… »

M A : « C’est beaucoup de petites bricoles à aménager… si on les fait pas soi-même, ou si on a pas un

copain pour le faire, trouver un artisan… c’est pas demain qu’on risque peut-être d’être servis. »

Vous avez des difficultés à trouver un artisan ?

M A : « Pour monter les poignées… »

Mme A : « Ben tu n’as pas de mal à trouver un artisan quand même sur (nom de ville) ! »

M A : « Le problème c’est d’avoir l’artisan qui viendra mettre trois poignées ici ou là. C’est un chantier

trop petit. »

Mme A : « Oui mais bon ... il y a toujours des personnes … si, il y a … quand on fait le moindre… pour

les radiateurs, pour le chauffage… il y a des artisans qui se déplacent… c’est la même chose pour le

reste. »

M A : « Les renseignements c’est pas évident, on se déplace pour un chantier mais pas pour… l’esprit

civique n’est pas présent dans ce domaine je crois, et puis ils ont le sens du travail, un homme à tout

faire qui se déplace avec son camion et qui fait tout et n’importe quoi… »

Mme A : « Oui ben un réparateur quoi… il y en a toujours… »

Quelles améliorations pourraient être apportées à l’intervention de l’ergothérapeute selon vous?

M A : « De l’amélioration de vos rapports dans le cadre du …. Avec le client quoi. »

Mme A : « Comment tu as trouvé pour téléphoner… l’association. »

M A : « Non c’était ton assurance qui avait envoyé un questionnaire. Si c’était pas la première, c’était la

deuxième ou troisième fois qu’on le recevait. Et puis un jour je me suis dit et pourquoi pas tenter, donc

on va voir ce qui est bien et ce qui n’est pas bien… Bon, la rencontre, moi j’en ai gardé un très bon

souvenir, une des preuves c’est que vous êtes là aujourd’hui. Oui, l’une comme l’autres c’était parfait. »

Concernant le compte rendu, comment vous a-t-il paru ?

M A : « Il est bien, il y a de très belles photos. »

Mme A : « Le compte rendu a été fidèle à ce qu’on avait parlé, ce que vous aviez expliqué. »

Concernant l’accompagnement, le suivi ?

Mme A : « Pour l’avenir ? Après la visite que vous avez faite, vous avez donné le compte rendu. Bon

on est libre de faire ou de pas faire, est ce qu’au bout de quelque temps vous ré-intervenez pour voir si

on a bougé ou quoi non ? C’est pas votre travail ? C’est à nous de… »

Justement, est-ce que cela vous aurait intéressé ?

Mme A : « Pas spécialement, parce que les personnes, je pense, qui ont envie, c’est à nous de faire les

demandes, hein… je trouve. »

M A : « Je pense à l’ascenseur à l’entrée, si ça doit se présenter, je crois qu’il faudra avant qu’on est

malheureusement un accident quoi. Je crois que c’est… on ne prendra pas de décision comme ça,

avant d’avoir un problème. »

Mme A : « Oui parce que nous on en voit pas l’intérêt, c’est sûr que… »

M A : « Pour nous il n’y a aucune urgence, on espère rester sur nos deux pieds très longtemps… »

Mme A : « C’est comme une maladie, c’est comme autre chose, on n’est pas sûr de rester, cela peut

nous prendre du jour au lendemain, c’est pour ça que c’est sûr qu’on ne va pas faire de frais. »

M A : « On est plutôt d’un caractère optimiste, mais bon si tu es toute seule… »

Page 77: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

13

Mme A : « Ben non, pas trop, mais bon… c’est sûr que de toute façon si tu es seul ou si je suis seule…

moi je suis seule moi de toute façon je ne pourrais pas rester là, toi tu resteras peut-être mais bon ça

… »

Pourquoi ?

Mme A : « Parce que, moi seule, avec l’extérieur je me ferais peur là-dedans… un pavillon moi

maintenant… il y a tellement de visiteurs… je suis plutôt peureuse, alors … je me vois mal rester seule

et puis. Et pourtant il y a plein de femme seule dans le quartier, dans des pavillons plus grands que le

nôtre… il y a des personnes qui ont même plus de 90 ans qui sont toujours seules et qui trottent et qui

ont très peu d’aide autours d’elles. C’est heureux… je sais pas… comment on réagit quand on est seul

quand il y a un décès malheureusement... Bon mais tous les deux faire des travaux avant… non… avant

d’avoir besoin, non je crois pas. »

C’est-à-dire que lorsque vous penserez à faire des travaux, à ce moment-là vous recontacterez

quelqu’un ?

Mme A : « Oui je pense plutôt, oui parce que ça serait pour avoir si vous avez des organisations que

vous connaissez qui font par exemple ce genre de travail, ou pour les ascenseurs entres autres, on ne

connait pas d’association, ou d’artisan, d’entreprise qui font ça. »

M A : « Il y en aurait une à (nom de ville), il faut qu’on aille la voir, c’est tout, histoire de se documenter. »

Mme A : « Autrement… ah si pour le jardin, parce que ça, ça nous coûte de nous baisser de plus en

plus pour désherber. Ben j’ai un neveu qui va venir, on va refaire la pelouse, mais j’aimerais justement

peut-être diminuer un peu le potager et puis refaire des surfaces où il y a moins d’herbes, avec des

gravillons… pour qu’on puisse avoir moins de travail dehors ! »

D’accord, mais pour cela vous n’avez pas besoin de conseils de professionnels ?

Mme A : « Ben non surement pas non… »

M A : « Et puis l’ergothérapeute c’est pas son problème. »

Mme A : « Non, non la preuve on essaye d’améliorer pour avoir le moins de travail. »

Donc vous n’estimez pas nécessaire de revoir un ergothérapeute ?

Mme A : « Non pas besoin hein ? »

M A : « Elle avait répondu à toutes nos attentes, c’est certain. Mais on va continuer quand même, pour

les tapis c’est quelque chose qu’on avait pas pensé, vous avez insisté fortement là-dessus. »

Page 78: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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Annexe n°7 : Entretien avec M et Mme B

Rencontre le : 16/02/15, deux personnes présentes : M et Mme B

Pourquoi avez-vous répondu positivement à l’annonce « bien chez moi » ?

M B : « Heu, je vais peut-être répondre en premier, j’ai été bercé dans le handicap puisque j’ai eu un

accident de la route il y a 32 ans et j’ai été président de l’association de la FNATH pendant 20 ans y

compris 5 ans au bureau départemental. Donc j’ai été de ce fait au CCAS, donc je suis à l’ADMR depuis

22 ans, donc je suis bercé dans le social donc on entend parler de ça régulièrement et donc on s’y

intéresse. Et puis de part, moi je vais placer des téléassistances chez des gens, je vois dans quelles

conditions ils vivent et ce qui faudrait quelque part seulement apporter, qui leur ferait du bien… c’est

surtout pour ça que j’ai répondu… j’ai dit bon ben on verra sachant qu’on avait une maison qui était déjà

quand même pas mal … organisée, mais bon il y a toujours quelques petites choses à faire… voilà

surtout le principe… si tu as quelque chose à dire de plus toi ? »

Mme B : « Ben non, j’ai accepté parce que étant donné que j’avais des difficultés avec mes mains pour

me servir de mes mains. Et depuis je me suis rendue compte que c’est le canal carpien qui va falloir

réopérer… Non … moi je suis pour aider les jeunes justement. »

Oui, mais cette démarche-là était pour vous…

Mme B : « Oui, mais je vous ai accepté parce que si on bloque les portes les jeunes n’apprendront

jamais et ne verront jamais les difficultés qu’il y a chez les personnes âgées. »

M B : « On est baigné…heu… moi je suis baigné avec les personnes âgées quand même. Donc j’ai

accès, je vous dis, ça fait 22 ans que je fais de la téléassistance, des établissements et autres choses…

vous devez connaître ça à Rennes, certainement… et heu… donc je vois beaucoup de choses dans les

campagnes, beaucoup de maisons qui sont pas…parfaites… et le maintien à domicile, il a des limites. »

C’est-à-dire qu’est-ce que vous entendez par limites ?

M B : « Ben le maintien à domicile est bon jusqu’à un certain point, il arrive qu’il y ait plus moyen de

maintenir une personne à domicile, parce que c’est jour et nuit qu’il faut quelqu’un… donc le maintien à

domicile n’est plus possible et malheureusement il y en a… ça coute tellement cher en maison de retraite

et en plus vous avez des gens qui ont les moyens mais qu’ils ne veulent pas sortir de chez eux, j’en

connais des comme ça… qui ont les possibilités financières et d’ailleurs personne en héritage encore

en plus… donc c’est l’état qui héritera… pourquoi qu’ils ne profitent de ça… mais bon ça s’est autre

chose… donc j’ai vu surtout ça quoi, c’est surtout pour ça que moi j’ai accepté. »

D’accord, est ce que c’est parce que vous vous entiez concernés ?

M B : « Un petit peu concerné, voilà, concerné… plus pour les autres que pour moi, mais en même

temps je me dis tiens pour nous pour qu’on voit ce qui va, ce qui va pas… à domicile, pour améliorer

notre vieillesse. »

Pour améliorer votre vieillesse du coup… dans une démarche future ?

M B : « Ah ben bien sûr, dans l’immédiat on en a pas besoin… pour l’instant on se porte assez bien

puisque… bon ça va être dans votre rapport mais bon … on vient de faire un chantier de bois tous les

deux, tronçonner les branches, donc on n’est pas rendu au point où on a besoin de tout ça, mais il

viendra un jour… comme tout le monde… on a 78 et 80… heu… »

Mme B : « Il faut y réfléchir quoi… voir ce qui se fait pour améliorer. »

Qu’est-ce que vous pouvez me dire concernant l’intervention de l’ergothérapeute ?

Mme B : « Moi, je connaissais pas ça, je ne savais même pas que ça existait… et si on a besoin

d’améliorer notre maison on saura à qui s’adresser pour avoir des conseils justement… »

M B : « C’est bien parce qu’on a connaissance de ce qui se fait pour améliorer les choses et à la rigueur

où s’adresser, là on a quelqu’un déjà où s’adresser, la dame qui est venue, vous par la suite… je ne

sais pas si vous serez dans le secteur, mais bon… donc on a à qui s’adresser si on avait un besoin

quelconque… et une petite anomalie, un embarras… heu bon … qu’est-ce qu’on fait de ça, comment

on fait, si c’est pas dans notre rapport. »

Vous pensez peut-être la recontacter après ?

Mme B : « Oui, si un jour on a besoin de faire une amélioration de la maison… »

Page 79: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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Sinon, qu’avez-vous pensez de l’interaction avec l’ergothérapeute ?

M B : « Ouais bien, le courant est bien passé, bon je pense que… on a laissé faire aussi les choses, on

vous a laissé voir tout ce qui avait de possible à voir, heu… on a rien caché, je pense vous avez été

assez satisfaite de notre contact aussi, je pense… »

Comment vous a paru le compte rendu ?

M B : « C’était assez clair, il y avait des choses auxquelles on n’aurait pas pensé, par exemple de

supprimer un meuble sous un lavabo pour approcher avec un fauteuil, bon moi j’aurais pas pensé, je

m’en serais approché du lavabo comme ça, est ce que j’y aurais pensé … je ne sais pas. Donc si, si,

si, il y a eu un bon contact… comme on en a pas vu d’autres on peut pas dire, comparer à d’autre mais,

non on est satisfait, le courant est bien passé, vous avez dû le voir par vous-même, qu’on a pas eu de

problème pour vous accueillir… donc ça reste un bon entretien… »

Comment avez-vous ressenti / vécu la visite à domicile ?

M B : « Bon là c’est pousser peut être un petit peu loin, mais le social ça manque dans les mairies, les

communes, il y a des personnes qui ont de gros problèmes… et c’est le social de la mairie qui devrait

aller voir ces gens parce qu’ils sont connus tous ces gens-là… et ils ne savent pas à qui s’adresser pour

obtenir quelque chose, pour améliorer quelque chose, il y en a qui ne savent pas du tout, pas du tout… »

Mais plus précisément vous, comment avez-vous ressenti la visite à domicile ?

Mme B : « Bien ! »

M B : « Très bien, si on a accepté de vous laisser venir c’est qu’on avait envie d’apprendre des choses,

hein ? Apprendre des choses, et on a été très satisfait de l’entrevue. Cela nous a pas du tout dérangés,

on est ouvert… »

Mme B : « Oui, nous ça nous a pas dérangés… »

En quelles mesures pensez-vous que cette visite a participé à l’amélioration de votre domicile ?

M B : « Pour l’instant non, puisqu’on a rien fait… heu… bon on sait qu’on avait les chenilles des portes

qui, apparemment, était faites pour des fauteuils, vous nous avez dit qu’elles n’étaient pas suffisantes,

hein ?, mais bon dans l’immédiat on ne va pas les changer. »

Mme B : « Non mais le fauteuil on anticipe »

M B : « Oui, et puis y a différents fauteuils… il y a des fauteuils avec accoudoirs, des fauteuils, je pense,

sans accoudoirs qui passent plus aisément. Bon, nous on envie de rien changer pour l’instant… je

pense que la première chose qu’on change s’il y avait besoin ça serait de baisser le sol de la douche… »

Mme B : « Ah oui ! »

M B : « Mais bon on va pas le faire dans l’immédiat… on s’en passe bien comme ça. »

Vous répétez que « pour l’instant vous n’avez rien fait », mais qu’est-ce que nous vous avons apporté ?

Mme B : « Ben cela nous a permis de réfléchir à ce qu’on pourrait faire justement, si notre santé

diminue… »

M B : « Se détériorerait … »

Pour vous, que veut dire « la santé qui se détériore » ?

Mme B : « Par exemple, on a du mal à marcher, comme j’ai été un moment moi… »

M B : « On peut faire un AVC du jour au lendemain et on est plus maître de ses mouvements comme

on l’est actuellement, vous savez il y a tellement de choses… que… vous avez l’Alzheimer qui tourne

autour de tout le monde, vous avez le cancer qui tourne autour de tout le monde, il peut nous arriver

quelque chose et qui nous détruit assez rapidement, et qui nous mettrait dans l’obligation, peut-être, de

faire quelque chose plus rapidement qu’on le pense… mais dans l’immédiat on se passe assez bien,

tant mieux pour nous ! »

Quels ont été vos questionnements, vos difficultés, vos remarques après cette visite ?

M B : « On avait pas pensé à ça par exemple, notamment je vous dis à supprimer un meuble sous un

lavabo pour pouvoir approcher… élargir les portes, mettre une porte, ouvrir dans l’autre sens, pour

rentrer dans les WC par exemple, ça j’aurais pas pensé, c’est une chose qui est possible à faire dans

un temps futur, mais qu’on a pas besoins pour l’instant. »

Pour vous, nous avons répondu à toutes vos questions ?

Page 80: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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M B : « Ben oui parce que, c’est voir un petit peu le travail qui a à faire pour améliorer… bon il suffit de

prendre un menuisier, il nous change les portes de sens, la salle de bain il suffit de prendre un plombier

qui nous casse le carrelage et qui nous refait un béton, tout ça sera utilement facile, on aurait 10 ans

de moins, on le ferait peut-être nous-même… mais bon maintenant on va quand même éviter de

s’attaquer à ça. »

Et vous madame ?

Mme B : « Non, non … »

M B : « Non l’entretien a été très bien, je pense qu’on a répondu assez facilement, on a rien à dire sur

votre questionnement, vous nous avez un travail… l’ergo avez travail et vous qui est en étude, vous

étiez là pour assimiler un petit peu tout ce qui était dit et tout ce qui était vu, on a rien à dire à tout ça

c’était correct… et on est là aussi pour… on sait qu’il faut aider les jeunes à se parfaire… on l’a pris

aussi dans le sens, pour nous, mais en même temps que cela vous apporte quelque chose à vous

aussi… je sors peut-être du sujet... »

Mme B : « Il en faudra des gens comme vous… »

Quelles améliorations pourraient être apportées à l’intervention de l’ergothérapeute selon vous?

M B : « Non… on a une maison de plein pied, de partout, donc qui est assez pratique, on en parlait

encore ce midi, vous voyez, on apporte notre bois à l’intérieur comme ça et avant on avait une maison,

et il fallait monter à l’étage, heu… on ne se voit plus monter un caisson de bois comme ça… ça ne

passerait plus… bon ben tout le reste qui est à faire, je sais pas si j’irais pas bien, mais… il est peut-

être à faire, il sera peut-être jamais fait… on peut partir d’un seul coup aussi… »

Mais par rapport au compte rendu ?

Mme B : « Je pense que vous n’avez rien d’autre…. »

M B : « Oui c’était bon… »

Par rapport à la relation avec l’ergothérapeute ?

M B : « Très bien, elle nous a mis à l’aise… aucun regret ! »

Vous me disiez avant, que vous pensiez peut être, recontacter des personnes si besoin, si un jour, pour

faire des travaux. Recontacteriez-vous un ergothérapeute ?

Mme B : « On peut avoir un handicap qu’on a pas aujourd’hui… et puis auquel on ne pense pas, et à

ce moment-là on aurait peut-être besoin de recontacter l’ergothérapeute pour qu’elle nous fasse passer

un sas… »

M B : « Et puis il y a des avancées partout… dans tout ce que vous nous avez proposé comme trucs,

on est en 2015, imaginez qu’en 2020 on a un problème, c’est 5 ans, c’est pas si loin que ça, il y a des

choses qui auront changé dans 5 ans dans le domaine de l’aménagement. Donc on serait peut être

heureux de vous recontacter à ce moment-là, pour avoir les dernières nouvelles de ce qui se fait, où on

peut l’obtenir, comment on peut faire…c’est dans ce sens-là. »

Justement, quels ont été vos questionnements sur le « comment on peut faire » ?

M B : « Pour l’instant on a pas de question, c’était quand même assez poussé… on a rien d’autre à

signaler »

Mme B : « Non parce que si un jour, on sait jamais, si on reste un tout seul, comme ça arrive toujours,

il y en a qui part le premier, on sait pas si on pourra rester dans cette grande maison. Parce que c’est

important… »

M B : « Donc à ce moment-là, on aurait pas d’aménagement à faire… »

Mais si c’est votre choix de rester chez vous, vous savez avec l’ADMR qu’il y a beaucoup de choses

qui peuvent être mises en place…

M B : « Tout à fait, je sais de ce côté-là, où m’adresser pour obtenir quelque chose… mais heu… vous

savez que, quand il en reste qu’un dans la maison, vous avez l’électricité qui coûte le même prix, le

chauffage qui coûte le même prix, l’eau coûte peut-être un peu moins cher parce qu’elle en dépense un

peu moins… les impôts sont les mêmes, peut-être pas les impôts sur le revenu, mais la taxe d’habitation,

la taxe foncière, toutes ces choses-là sont les mêmes… et un ne peut plus suffire avec les retraites qui

y a maintenant, et quand on nous parle de plutôt les diminuer… donc ça ne va pas aller dans le bon

sens. C’est tout ça ! si on reste encore 10 ans, j’ai demandé au cardiologue la semaine dernière, il m’a

dit que tout allez bien alors…j’ai demandé si j’en avais encore pour 10 ans, mais elle ne m’a pas

répondu… »

Page 81: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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Annexe n°8 : Entretien avec M et Mme C

Rencontre le : 18/02/15, deux personnes présentes : M et Mme G

Rencontre le : 18/02/15, deux personnes présentes : M et Mme C

Pourquoi avez-vous répondu positivement à l'annonce « bien chez moi ›› ?

M C : « On avait envie de connaître ce qu'on pouvait faire, ce qu'on pouvait réaliser quoi, pour nous

aider. Etant donné notre vieillissement... »

Mme C : « Etant donné notre âge... 78 bientôt et 80 passés... 78 en septembre... on voit autour de nous

comment ça se passe, chez les personnes âgées... »

M C : « Oui chez des amis, comme dans la famille... »

Mme C : « Qui vieillissent plus vite que nous encore, et qui ont eu des besoins... »

M C : « Oui, on a même de la famille plus jeune qui sont moins alerte que nous. »

Mme C : « Alors c'est ça qui nous fait prendre les devants, si on peut appeler ça. »

Pour vous c'est quoi « prendre les devants » ?

Mme C : « C’est surtout la douche, c’est ça qui nous intéresse parce que, là moi... encore toi tu n'as pas

trop de mal, moi j'ai du mal quand je suis bien allongée dans la baignoire à me remettre à genou ou

debout, on a rien où s'accrocher, d'une part, que seulement à la robinetterie qui risque de lâcher. On

cherche à améliorer notre confort. »

M C : « On a appelé pour avoir des informations quoi...

Qu’est-ce que vous pouvez me dire concernant l’intervention de l’ergothérapeute ?

M C : « On peut dire que ça nous a apporté quand même beaucoup d'idées. »

Mme C : « D’idées et moi je l’ai trouvé complète, moi j’ai été étonné de son savoir-faire manuel, on

dirait, sur Ia, comment qu'on appelle ça... »

M C : « Heu... la configuration de l'ensemble de la salle d'eau... »

Mme C : « Tout ce qui est matériel quoi, plus… le savoir-faire d'un... ne serait-ce que les égouts… le...

enfin tous ces... qui dépendent plutôt de professionnels autres, je m’imaginais... »

M C : « C'est-à-dire...ergothérapeute... moi personnellement... »

Mme C : « On soigne l'humain... »

M C : « On a une nièce qui est ergothérapeute... on voyait pas à quoi ça se rapportait. Elle nous avait

expliqué un petit peu quand même après quoi... mais... »

Vous connaissiez donc déjà l’ergothérapie.

M C : « Ouais mais très peu. »

Mme C : « Moi très peu... je pensais pas que c'était aussi complet dans le sens du mot. »

Comment vous a paru le compte rendu ?

M C : « Normal... normal hein... si on veut apporter quelque chose aux gens, il faut savoir... »

Mme C : « Et même cela nous a aidé dans les devis quand ils nous posent des questions quand même...

on sait peut-être un peu mieux ce qu'on veut ou ce qu'on veut pas... mais ils ne tiennent pas toujours

compte de... »

M C : « Non ils ne sont pas toujours d’accord... »

Mme C : « Parce qu’elle était un peu pour la douche à l’italienne, et nous c’est pas possible... »

M C : « Ben non c'est pour vendre une cabine... »

Mme C : « Eux c'est plus de travail, c'est plus long. »

M C : « Mais on est qu’à l'ébauche encore du… »

Mme C : « Parce qu’ils nous ont proposé... moi j’ai dit je veux voir, on va pas s’engager là- dedans si...

il vient d'ailleurs vendredi… je crois. »

M G : « Alors on a (nom d’entreprise), vous l'avez mentionné, donc on a pris (nom d’entreprise), on avait

téléphoné parce qu'on avait eu ça par le CLIC, la maison de commune, ça c'est connu puisque ça

apparait dans la presse, vous connaissez certainement... Alors. .. lui c’est un autre système quoi si vous

voulez... vous allez comprendre tout de suite puisque, ils posent la douche et une paillasse... alors ils

Page 82: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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vous construisent... et alors il y a pas de raccord de faïence, et ils le mettent une hauteur, mais je crois

que c'est 85, alors 85 ça le fait pas hein... »

Mme C : « A cause de mon porte savon... »

M C : « Oui, oui voilà... on en avait parlé d'ailleurs du porte savon... alors ce qui faudrait... mais on a

pas de devis on a rien du tout... »

Mme C : « Il doit nous envoyer, mais on a rien... »

M C : « Oui mais ça c’est (nom d’entreprise) qu’on va voir... »

Mme C : « Oui mais celui-là il doit nous envoyer... »

M C : « Ah oui, il doit nous l'envoyer aussi, mais on va voir et comparer, peut-être qu’on vous refera

appel pour... (rire) »

Qu’entendez-vous par « refaire appel » ?

M C : « Ben je sais pas, pour conseils quoi... c'est ce que nous disait madame E (l’ergothérapeute). »

Donc vous voudriez refaire appel à l'ergothérapeute ?

M C : « Oui, je sais pas... alors comment ça se passe si on lui fait appel ? Alors soit on va la voir, soit

que... »

Je pense qu’iI faut la recontacter et vous verrez avec elle.

M C : « Oui parce que là on a aussi... on aurait bien aimé avoir des artisans locaux... »

Mme C : « C’est-à-dire que là on a appelé quand même un copain, qui on fait par quelqu’un du coin, et

puis ben il ne pouvait pas nous recevoir... mais là faut qu'on rappelle... moi j'ai envie de voir... »

M C : « Alors naturellement, ce qu'on nous a conseillé parce qu'on a vu ce, je sais pas si vous

connaissez, alors on a vu le CLIC la CDHAT, c’est obligatoire d’avoir le siège... fixe. »

Mme C : « Pour avoir... (signe des mains le mot argent) »

M C : « Ouais, si y a, si on a, je sais pas... »

Mme C : « Parce que c'est vrai que moi je préfèrerai un siège... »

M C : « Mobile, ce qu'on avait dit, on en avait discuté quoi hein... »

Mme C : « Et une chose quand même, on s'est presque rendu compte en faisant la démarche qu’il

faudrait être plus handicapé qu’on l’est pour arriver à avoir quelque chose... et je sais pas... on se rend

compte de ça... et il y a plus de sous… alors plus on fait les devis rapidement, peut-être qu’il y en

aura... »

M C : « L'enveloppe n’est pas extensible ! »

Mme C : « Mais bon, alors c’est pour ça que eux ils sont quand même très chers et le monsieur qui fait

à domicile... qui... je pense qu'iIs seront quand même moins cher. »

M C : « Non mais on a vu une autre douche, je sais pas si on l'avait vu, chez des amis là, alors c'est

eux qui l'ont fait mais il y a 5 ans hein déjà quoi, monsieur à 90 ans... mais il est aussi alerte que moi

(rire) mais il était de formation d’ailleurs de carreleur, c’est lui, il a retapé tout ça quoi mais, c'est une

simple douche mais c'est super hein. »

Mme C : « Parce que, même qu'on a pas la même faïence, du moment que c'est bien enfermé, on peut

mettre tout blanc et au besoin on repeint tout blanc... parce que eux, c'est sûr, que c’est des prix assez

élevés. »

M C : « Mais là ce monsieur il a bien réussi parce qu’il a marié des carreaux alors que c'était des 10x20,

je crois, et là ça doit être du 20x20 qu'il a mis, mais alors dans des teintes qui vont très très bien... c'est

super, mais c’est à voir... »

Si ça ne vous dérange pas on pourra éventuellement en reparler après.

Comment avez-vous ressenti / vécu la visite à domicile ?

M C : « Ben on vous attendait »

Mme C : « Ben oui, bien, parce que c’est ce qu’on demandait. Très bien puisque c’est ce qu’on attendait,

c'est de savoir où on va, qu'est-ce qu’on fait... »

M C : « Qu’est-ce qu'on peut faire surtout... »

Et concernant le contact avec l’ergothérapeute ?

M C : « Ah ben très facile avec vous (rire) »

Mme C : « Les deux ne nous ont pas impressionnées, on commence à avoir de l'expérience vu notre

grand âge. »

Page 83: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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En quelles mesures pensez-vous que cette visite a participé à l’amélioration de votre domicile ?

M C : « Ça nous a fait peut-être prendre conscience de notre âge (rire), c'est possible. »

Mme C : « Oui, comme on est en forme, on oublierait presque notre âge. »

M C : « Moi j’oublie même (rire) »

Mme C : « C’est les journaux quand ils parlent de quelqu’un... après 75 ans ce sont des personnes

âgées, des vieux il faut se rendre à l'évidence. »

Vous me parliez de votre salle de bain, on peut en déduire que cela vous a permis de commencer à

réfléchir, voire même de commencer des démarches ?

Mme C : « Ah ben oui, oui, oui, la preuve c’est qu’on ça n’a fait que nous booster dans notre démarche

première. »

Vous me disiez plus tôt que vous étiez en recherche d’informations, finalement vous êtes allés au-delà ?

Mme C : « C’était dans le but là quand même au démarrage... de faire quelque chose, de faire une

douche... c'était dans ce but là... «

M C : « On se rend bien compte, quand on arrive à un certain âge, quand on voit tout autour de nous... »

Mme C : « Et je dirais quand même ce qui nous a activé dans notre démarche, c’est que ton frère qui

va avoir 87 ans, ils avaient prévu de faire une douche, alors c'est tellement long, que lui, il est rendu à

l'hôpital, bon lui il a 7 ans de plus, il est rendu à l’hôpital et la douche est toujours pas faite, et il en aura

plus besoin puisqu'il ne reviendra plus à la maison... je pense aussi que c’est ça qui nous a boosté... »

Vous ne vous êtes donc pas seulement intéressé à un changement de la salle de bain ?

M C : « Oui, alors on a vu, le problème des toilettes, mais forcément la porte est plus petite, mais il n’y

a pas que ça, parce que la dame de la CDHAT, elle nous a dit non ça c'est pas possible parce que les

toilettes sont trop petites, ou alors il faut démolir la cloison, puis mettre tout ça ensemble, il n'y a pas de

possibilité d’utiliser pour quelqu'un en fauteuil roulant... dans le cas du fauteuil roulant... on peut

améliorer, des barres pour se mettre debout etc. quoi, ça on peut quoi, mais heu... ça sera pris en

compte d’ailleurs, mais autrement non, les toilettes c’est pas possible quoi… c’est pas possible... il y a

pas de mobilité... c’est trop réduit quoi. »

Mme C : « Il n'y a pas d'obligation de faire ça parce que personne ne donnerait rien, c'est ça... »

M C : « Alors ben là il en est question sur... on a posé la question, on dit vous nous faites un devis pour

heu... »

Mme C : « Enfin ça d’accord une barre d’appui... »

M C : « Mais pour ce qui est du monte-charge (rire), le monte escalier... mais c'est simplement, on aura

pas tellement de surprise du prix, je pense, parce que, quand on voit déjà un commercial qui vient,

heu... c’était une ancienne pharmacienne... c'est pas donné. »

Quels ont été vos questionnements, vos difficultés, vos remarques après cette visite ?

M C : « On va vous faire voir, mais c'est juste la disposition de la cabine, c'est tout. C’est des suggestions

mais les deux nous ont fait la même remarque... »

Mme C : « Non c'est la première qui nous a fait la remarque, et c'est nous qu'on a amené à la deuxième,

à (nom d’entreprise), c’est nous qu’on l’a amené puisque c’est le premier qui nous avait fait part de... la

robinetterie serait à l’autre coin, pour avoir l’ouverture directe avec un fauteuil, si on a un fauteuil, sans

enlever le bidet... »

M C : « Oui enfin, on va vous faire voir... »

Donc une autre personne a répondu à vos questionnements ?

M C : « Elle nous a apporté des compléments... »

Mme C : « Ben je dirais que, chaque personne apporte toujours un complément... on trouve toujours un

petit truc dans chaque entretien. »

Quelles améliorations pourraient être apportées à I’intervention de l’ergothérapeute selon vous?

M C : « La douche sûr ! La douche, les barres d’appui... »

Mme C : « Alors la douche, les tapis bien sûr, elle a dit pas de tapis, alors ça je le savais parce que je

travaillais en maison de retraite mais... »

Alors je vais reformuler, ce n’est pas par rapport à votre maison, mais par rapport à notre travail /

démarche.

Page 84: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

20

M C : « On aura que des remarques positives... »

Et par rapport au compte rendu ?

M C : « D'ailleurs par rapport à votre rapport, quand on s'est déplacé à la maison de commune, on lui a

fait voir, le CLIC aussi on lui a fait voir, ils ont été surpris. »

Mme C : « Agréablement surpris, j'ai jamais vu quelque chose d'aussi bien présenté (rire) »

M C : « Non mais c’est vrai, on vous le dit parce qu’on nous l’a dit... »

Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Mme C : « Ça nous donne confiance quand même, dans la mesure où, il faut le dire... »

M C : « Et Madame X qui est venue pour la CDHAT, la dernière, heu... elle était surprise aussi... elle

était surprise parce que c’était quand même... »

Mme C : « Ils ont même fait une photocopie je crois... ils sont partis avec, ben on a dit oui, il y a rien qui

nous... »

M C : « Mais ils étaient surpris... de la disposition... »

Mme C : « Mais même, de toute façon, (nom d’entreprise) là, on a dit qu’on a pas envie du siège là,

fixe... ben je vais voir ça avec l’ergothérapeute, je vais… je sais plus, il y a avait encore autre chose...

je pense qu'il… on va pas dire qu’ils essayent de la faire changer d'avis mais... de se mettre en accord. »

Vous pourriez donc recontacter l’ergothérapeute par rapport à ces questions ?

Mme C : « Ah ben c'est possible oui ! »

M C : « Tout à fait, mais il faut avoir les devis et puis bon on va en voir d’autres... d'ailleurs c'est le CLIC

qui nous a donné ça, il y a quelqu'un, c’est de la région de (nom de ville), mais c'est un artisan, là

aussi... »

Mme C : « Mais si on peut avoir ce monsieur, qui habite... c'est où ? »

M C : « C’est sur (nom de ville) »

Mme C : « Et puis même si on a envie de changer la fenêtre, il y a son frère qui fait la même chose,

ceux sont des portugais qui travaillent... (rire) comme l'ancien temps on dirait. Et puis, ils sont moins

cher souvent que tous ces… mais bon... et puis ça aide à avoir des idées aussi. C’est obligé que ça

coûte cher, ça peut-pas être autrement. »

En quoi verriez-vous un avantage à recontacter l’ergothérapeute, peut-être sur le long terme?

M C : « Dans la réalisation, oui, je pense... ça sera un besoin de... parce qu’est ce que ce sera ça... est-

ce que ce sera un artisan... il faut essayer de se mettre à peu près en conformité quoi... surement pour

se mettre en conformité... parce que l’artisan n’a pas forcement les connaissances. »

Mme C : « Mais oui c'est ça, mais je pense que l'artisan doit faire confiance, je suppose... là si c'est

l'artisan qu'on parle là, il faut que ce soit nous avec l’ergothérapeute qu'on amène, en disant c’est ça

qu’on veut... je pense... »

M C : « Mais ça ce n'est que de l’ébauche pour l’instant (rire) »

Mme C : « Mais on va le faire tant qu’il est chaud quand même... on y va... il faut... parce qu’en fin

d'année il n'y aura plus de sous... bon »

M C : « Est-ce qu’on en aura ?... C’est pas forcement beaucoup quoi… on est juste à la limite...

Mme C : « Donc est-ce qu'on ne fera pas une croix sur tout le… on ne sait pas, mais on aura fait la

démarche. »

M C : « Mais on fera quelque chose c'est sûr ! »

Page 85: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

21

Annexe n°9 : Entretien avec Mme D

Rencontre le : 18/02/15, une personne présente : Mme D

Pourquoi avez-vous répondu positivement à l’annonce « bien chez moi » ?

Mme D : « Pour avoir premièrement des renseignements… c’est vrai que chaque personne désire rester

chez lui, c’est certain… mais bon arrive un moment c’est quand même plus difficile, faut choisir… soit

se diriger vers un établissement qui est plus approprié ou alors faire des travaux dans la maison… mais

moi je me suis renseignée apparemment pour ma salle d’eau, la porte c’est pas possible… »

Donc vous vous êtes renseignée après notre intervention ?

Mme D : « Oui, oui, oui, j’ai pris des renseignements et on m’a dit non c’était pas la peine de tenter pour

que je puisse passer avec un fauteuil. Donc ça pose déjà problème, alors j’ai l’impression que

j’effectuerais sans doute pas les travaux, hein …, je tiens pas à modifier la maison et je préfère la laisser

telle qu’elle est, si un jour je suis appelée à être en fauteuil roulant, bon ben faudra que je déménage,

ça sera la seule solution. Prendre un appartement de plain-pied, sans marche… faudra trouver… à

(nom de ville) il y a des petits appartements pour des personnes âgées, il y a quand même une marche

assez haute pour sortir… ils ne font pas tout, tout ce qu’ils doivent faire pour les personnes âgées hein…

malheureusement. »

Donc pour résumer, vous vouliez avoir des renseignements pour savoir comment faire pour rester chez

vous ?

Mme D : « Voilà, pour savoir comment ça se passait. »

Quelles étaient vos attentes ?

Mme D : « Je n’en avais pas, parce que j’espère bien ne jamais être en fauteuil roulant… ça pour

l’instant je suis autonome, évidemment je ne le resterai peut être pas, l’avenir on le connait pas,

malheureusement. »

Qu’est-ce que vous entendez par autonome ?

Mme D : « Ben faire tout ce que je peux faire quand même. Je fais mes courses, le ménage, on m’aide

au ménage un peu bien sûr, mais pas… ma petite cuisine tout ça je fais tout… mais je vous le dis bien,

ça continuera peut être pas. Ça peut se dégrader d’un jour à l’autre, hein, il s’agit quelque fois d’un

accident, ça c’est vite arrivé… »

Qu’est-ce que vous pouvez me dire concernant l’intervention de l’ergothérapeute ?

Mme D : « Ouais, bon ben j’ai été… très bien… satisfaite des renseignements qu’on m’apporte… ça

donne quand même des idées… qui sont bien enregistrées quand même (rire). Certaines choses

réalisables peut-être facilement, d’autres moins. Certaines choses… ça apporte quand même de

bonnes idées. »

Quand vous parlez de choses « réalisables », c’est-à-dire que vous comptez peut être les réaliser ?

Mme D : « Pour l’instant non, pour l’instant je crois que je vais laisser courir … parce que ça entraine

quand même je trouve dans beaucoup de frais… et puis bon… j’engage les frais, si ça se trouve jamais

j’en aurais besoin (rire), c’est pour ça que j’hésite un peu… »

Auriez-vous besoin de quelque chose pour éviter d’hésiter ?

Mme D : « Non pas précisément, parce que bon ben tout ce qu’on m’a donné comme idées c’est vrai

que c’est réalisable, mais bon… dans l’immédiat non, toujours pas… je vois pas l’utilité… De toute

manière, j’ai l’impression que quand on commence des travaux, bon ben il faut continuer de toute façon,

il faut tout faire dans la lancée, comme on dit…. Oui. »

Qu’avez-vous pensé de notre manière d’aborder les choses ?

Mme D : « Ben c’est bien, c’est vrai, c’est concret, ça nous donne quand même beaucoup d’idées, qu’on

aurait pas autrement, c’est vrai… ça m’a plu… »

Comment avez-vous ressenti / vécu la visite à domicile ?

Mme D : « Ben j’étais prévenue de toute façon… ça ne m’a pas dérangé… bon que vous alliez dans

toutes les pièces non. »

Cela vous a étonné que nous allions dans toutes les pièces ?

Page 86: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

22

Mme D : « Non, parce que je sais que vous vouliez voir comment c’était et ça se comprend… c’est

normal (rire)… »

Et concernant le contact avec l’ergothérapeute ?

Mme D : « Bon ça a bien passé… c’est bien oui… »

En quelles mesures pensez-vous que cette visite a participé à l’amélioration de votre domicile ?

Mme D : « Si ça m’a apporté des idées que je n’aurais pas pensé, c’est vrai… pour la marche et puis

l’autre côté, scier la porte j’aurai jamais pensé… heu… oui ça te donne quand même certaines idées…

mais ça fait pas tilt chez moi… »

Vous parliez de fauteuil roulant, notre intervention vous a permis d’envisager cette situation ?

Mme D : « Un peu, un peu, c’est ça surtout, voilà le handicap d’être obligé d’être en fauteuil, alors là

c’est vrai que ça pose problème pour la maison, ça je sais bien… »

Pour vous, c’est quoi le handicap ?

Mme D : « Il y a quand même la facilité avec les cannes, je trouve qu’on peut quand même se déplacer

assez facilement, hein, moi quand j’ai eu ma fracture du genou, je suis allée dans mes toilettes jour et

nuit avec mes deux cannes, bon évidemment si le cas s’aggrave, si le handicap s’aggrave ça serait

peut être autre chose… bon j’ai eu mes prothèses de hanche, je me suis toujours débrouillée dans la

maison hein… on a nos habitudes, il faut prendre le temps, ne pas courir surtout… »

Si j’ai bien compris, notre intervention vous a surtout apporté des idées ?

Mme D : « Oui, oui, d’éclaircir un peu si j’avais eu vraiment l’intention de faire quelque chose, de mieux

savoir quoi faire… »

Quels ont été vos questionnements, vos difficultés, vos remarques après cette visite ?

Mme D : « Ben je trouve que, c’est vrai que je suis pas la première dans ce cas-là, j’ai déjà rencontré

des gens qui me l’ont dit, c’est vrai que, ben quand on fait appel à un ergothérapeute, en principe, bon

ben il faudrait vraiment aménager la maison tel qu’il faudrait quoi, en cas de handicap. Bon s’il n’y a pas

de handicap, si les travaux sont faits, et ça risque après quelque fois de poser problème… »

En fait, vous avez eu l’impression qu’on vous donnait des outils qu’en cas de handicap…

Mme D : « Oui plutôt, oui… »

Il n’y a pas eu d’éléments pour prévenir la période avant le handicap ?

Mme D : « Ben jusqu’ici non… »

D’accord… alors justement est ce que vous trouvez que cela manquait ?

Mme D : « D’autres idées ? Vous savez, c’est peut-être pas facile non plus, même l’ergothérapeute, lui,

il peut pas savoir… enfin si, il voyait pas tous les jours, c’est certain… mais bon … le problème est qu’on

ressent quand même qu’il faut engager, faut … trop de choses, je trouve, et en plus bon ben faut quand

même des organismes agréés, tout ça, c’est pas rien comme engagement… Moi ça me bloque un

peu… »

Vous n’êtes pas à l’aise avec ces démarches là ?

Mme D : « Non, peut-être qu’on pourrait les faire à ma place, je sais, il y a des organismes pour mais

bon, je suis pas… »

Auriez-vous besoin d’être accompagnée dans ces démarches-là ?

Mme D : « Ah non, la décision n’est pas là, elle est pas là… il faut d’abord que je sois d’accord pour

faire quelque chose sinon c’est pas la peine, que je fasse venir quelqu’un… bon je suis déjà allée à des

réunions des trucs comme ça… bon c’est vrai qu’on entend beaucoup de choses. Au départ, déjà bon

ben je disais, il y a dix ans, si j’ai un handicap je ferai installer un Stannah, pour monter dans les

chambres…bon c’est même pas installable dans tous les escaliers, apparemment, bon c’est des prix

exorbitants, et en plus, en plus on m’a dit que les escaliers étaient abimés après, j’en sais rien… moi

j’ai des gens, on m’a dit, des gens qui ont du mal à revendre leur maison après, parce que à cause de

ça justement… alors moi je préfère la mienne telle qu’elle est, la quitter si je suis obligée et puis c’est

tout, ça sera la décision qui sera à prendre. »

Donc vous êtes prête à changer de lieu de vie, plutôt que de rester chez vous ?

Mme D : « ben rester chez moi, je peux être quelquefois dans des maisons et être chez moi quand

même, mais avec une maison plus… plus correcte pour moi. Que tout est de plain-pied, quand je suis

dans la maison, je suis dans la maison, j’ai pas de marches ni rien, bon ben là c’est déjà une bonne

Page 87: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

23

chose… bon maintenant dans les appartements, les portes sont aménagées pour les fauteuils roulants,

tout est… en principe, c’est ce qu’on suppose beaucoup… peut-être pas tous (rire)… »

Quelles améliorations pourraient être apportées à l’intervention de l’ergothérapeute selon vous?

Mme D : « Je pense que vous avez fait votre travail correctement, le compte rendu est bien, parce qu’il

contient tout ce qui a été dit ici… »

Vous me disiez qu’il y a avait trop d’informations sur le handicap lourds, auriez-vous préféré plus

d’informations sur des handicaps plus légers ?

Mme D : « Ben non, parce que pour vous, c’est vrai que c’est le risque, c’est la personne qui est vraiment

plus autonome du tout, donc si elle veut rester chez elle, là évidement elle est obligée d’avoir de l’aide,

et il faut quand même tout le nécessaire aussi pour que l’aide soit apportée. Si c’est pas conçu pour,

les aides… »

Vous n’êtes donc pas intéressée pour avoir d’autres contacts ?

Mme D : « Pour donner suite, non, non… je crois je laisserai tomber plutôt…mais bon si un jour j’en

avais vraiment l’intention, je suis aidée quand même pour faire certaines démarches … mes enfants

viendraient… c’est vrai que les trucs administratifs c’est pas facile… »

Donc, vous vous appuierez sur vos enfants ?

Mme D : « Oui je pense, de toute façon là leur intention, de toute façon c’est de … ça serait de prendre

une petite maison et de déménager d’ici, si je ne peux plus être dans ma maison ici, sans travaux, ils

préfèrent que je la laisse tel quel…. En plus le problème est, c’est évidemment que quand je conduis

j’ai peur de ressortir, mais le jour que je ne conduirai plus, ben si je trouve un logement, même dans un

bourg, ça serait plus sympa (rire). Bon ben là, on a beau être un petit coin où il y a des retraités, mais

bon … faut faire appel aux voisins, c’est pas évident, même qu’on a pas de voisins… »

Page 88: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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Annexe n°10 : Entretien avec M et Mme F

Rencontre le : 19/02/15, deux personnes présentes : M et Mme F

Début de l’entretien sans le mari de Mme, arrivé de ce dernier après 3 minutes d’entretien.

Pourquoi avez-vous répondu positivement à l’annonce « bien chez moi » ?

Mme F : « Parce que de toute façon j’aime bien prévoir, j’aime bien organiser, c’est pour éviter d’être

pris au dépourvu, faire des aménagements quand on est encore à peu près en bonne santé. »

C’est-à-dire, qu’est-ce que vous envisagez ?

Mme F : « Ne serait-ce que les différences de niveaux dans la maison, des petits aménagements.

Comme vous aviez dit aussi, des mains courantes et puis…heu… après votre passage… vous nous

avez mis en lumière que faire des travaux dans la pièce continue là, ça nous… ça reviendrait vraiment

trop cher, et qu’on aura encore vieilli donc, ça sera peut-être le moment de s’en aller, de…voilà, ça nous

a quand même fait réfléchir à ça. »

Vous me parliez de faire des aménagements avant que ce soit trop tard…

Mme F : « Voilà, prévoir les aménagements plutôt que de s’affoler et que la chute arrive ou… avant

d’avoir des problèmes (rire), on en a, mais pas trop quand même. »

Arrivée de M F.

J’ai posé la question suivante à votre femme : Pourquoi avez-vous répondu positivement à l’annonce «

bien chez moi » ? Elle me disait que c’était plutôt pour prévoir, pour anticiper c’est ça ?

M F : « Oui, oui, et puis… comme, nos forces diminues, on voulait réfléchir éventuellement… enfin on

avait un premier choix, soit on aménageait notre maison progressivement… soit on envisageait

d’aménager dans un appartement, donc on avait une opportunité ici à (nom de ville), et donc on voulait

faire le … fin, continuer notre réflexion avant de décider finalement… donc finalement nous avons opté

pour l’aménagement progressif de notre maison… voilà… »

Qu’est-ce que vous entendez par progressif ?

M F : « Et ben, parce qu’on va pas tout bouleverser directement, par exemple supprimer la dénivellation

qu’il y a au salon et puis sur la chambre qui est au RDC, donc on va aménager d’abord des marches

plus basses, pour faciliter le changement de niveau, on va mettre des petites rampes… »

Mme F : « Je l’ai déjà dit… »

M F : « C’est ce que tu as dit alors... »

Donc pour résumer, vous comptez faire de petits aménagements au début ?

M F : « Et puis si besoin on poursuivra, par exemple si on éprouve des difficultés à monter les escaliers,

bon ben on envisage dans un deuxième temps de mettre soit un ascenseur, soit un monte escalier

finalement… Mais l’option finale, finalement de supprimer le dénivelé, donc … non … je pense qu’on y

renoncera… heu… voilà… si on arrive plus à vivre dans cette maison, ben on envisagera à ce moment-

là de déménager dans un appartement avec ascenseur et en location… hein ?... Donc on a fini notre

réflexion et pour le moment on va faire des petits aménagements et puis voilà… »

Qu’est-ce que vous pouvez me dire concernant l’intervention de l’ergothérapeute ?

M F : « Ben ça a participé à notre réflexion hein… »

Mme F : « Et moi cette réflexion là ça m’a fait aussi évoluer, parce que on a quand même la chance

d’être à peu près tous les deux en bonne santé mais avant on raisonnait comme si on allait rester

comme on est… mais bon il suffit de regarder autour de soi, j’ai des sœurs de 90, 92 ans etc. bon ça

va aller en diminuant, on est comme tout le monde, moi j’ai pris conscience de ça, là en réfléchissant là

avec vous de tout ça. Et ça je crois qu’il faut pas avoir dans votre métier, évidemment il faut que ce soit

dit gentiment, mais il faut pas avoir peur de le dire… bon vous n’allez pas dire brutalement aux gens

« ah oui mais vous vous rendez pas compte, vous allez devenir des petits vieux » (rire), c’est à nous

de… »

M F : « Ben on est déjà des petits vieux !»

Page 89: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

25

Mme F : « Oui mais là, moi ça, ça m’a fait prendre conscience… oui bon c’est bon maintenant, oui mais

dans 5 ans, déjà est-ce qu’on sera là ?, et dans quel état… bon ça n’ira pas en s’améliorant… et donc

je trouve que c’est bien qu’il y ait un arrêt comme ça, pour réfléchir à… sans paniquer…

Sinon, ne pas… dans la réflexion que je viens de faire… faut peut-être amener les personnes à dire

« ah oui, vous prévoyez ça mais »… dire que bon on va pas rester éternellement dans l’état où on est…

C’est pas facile à dire hein, (rire). »

M F : « Ce qu’on avait pas du tout envisagé c’est l’état éventuel du fauteuil roulant… bon… ben il faut

intégrer ça aussi… donc bon pour nous je pense que … on verra au fur et à mesure, mais on peut pas,

étant donné la constitution de la maison, on peut pas trop anticiper là-dessus… »

Mme F : « Oui je pense qu’il faut pas que vous ayez peur de faire comprendre ça aux gens quoi…

gentiment (rire). »

M F : « Ben vous l’avez fait très gentiment ! »

Mme F : « Oui, oui mais, déjà si on fait cette démarche, de faire appel à vous, je pense que c’est déjà

un peu positif… »

Qu’est-ce que cela vous a apporté d’avoir fait la démarche ?

Mme F : « Ben ça allait de soi, le métier existe, bon ben je trouve que c’est très très bien de faire ça…

franchement c’est bien… Bon on a de la chance on accepte de vieillir (rire), donc heu… non, non, c’est

bien... et je pense que vous pouvez beaucoup beaucoup aider les gens… franchement je crois hein.

C’est vrai, j’ai réfléchi, et c’est un métier qui va se développer et c’est très bien… parce que c’est vrai

qu’il y a des personnes qui s’affolent vraiment de vieillir, bon nous nous avons de la chance, nous

sommes tous les deux et on a quand même pas de problème de… financier… bon on roule pas sur l’or

mais on a pas à se plaindre… donc on est déjà favorisé quoi … mais les gens qui ont des gros soucis,

ah mais là, ça doit les aider beaucoup… »

Comment avez-vous ressenti / vécu la visite à domicile ?

Mme F : « Ben très positif hein ? très bien, on savait que ça allait se passer comme ça… franchement

c’était positif pour nous… »

Et concernant le contact avec l’ergothérapeute ?

Mme F : « Très bien, sympa, ça nous a vraiment pas perturbé, au contraire. »

Et vous monsieur ?

M F : « Moi pareil, moi je pense que, c’est l’organisme de retraite finalement qui nous a fait une

information concernant cette étape… Bon, je pense que ça peux arriver à 80 ans comme pour nous, ça

peut arriver à 75 ans ou à 70, mais plus vite on le fait …cette réflexion concernant…heu... la fin de vie,

je pense que c’est une étape nécessaire, donc il faudrait que les organismes de retraite continuent à

faire cette information, je pense que c’est bien. »

En quelles mesures pensez-vous que cette visite a participé à l’amélioration de votre domicile ?

M F : « C’est pas immédiat, mais c’est pas encore fait. »

Mm F : « Ça se fait ce mois-ci, voilà. »

Il y a quand même une échéance qui est en train de se mettre en place ?

M et Mme F : « Oui, oui tout à fait, c’est en route. »

M F : « On a décidé une première étape de travaux. »

Mme F : « C'est-à-dire qu’on avait quand même avant réfléchi à un tas de chose ... On est content

d’avoir eu votre avis. »

M F : « C’est un facteur déclenchant quand même. »

Pour vous ça été vraiment le déclic cette visite ?

Mme F : « On peut dire on y va. »

Le compte rendu vous a aidé à bien tout resituer ?

M F : « Oui oui. »

Mme F : « Vous nous avez quand même expliqué tout ce qui peut se faire, même des choses très bêtes

comme « les mains courantes » tout ça, les 36 solutions, tous ces petits détails là. On a vu quand même

que c’était vraiment devenu maintenant… »

Page 90: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

26

M F : « Oui le carnet d’adresse ça peut être intéressant aussi. Il faudrait peut-être insister aussi sur les

incidences fiscales, parce que je crois que c’est récent, l’aménagement de la maison pour y vivre ça

peut donner lieu à des réductions d’impôts je crois. C’est quelque chose qui peut échapper à des gens. »

Quels ont été vos questionnements, vos difficultés, vos remarques après cette visite ?

M F : « Ça nous a aidé, d’abord à prendre une décision concernant le maintien dans cette maison, pas

déménager immédiatement dans un appartement. Ça c’est une première étape, puis en suite la

deuxième chose, ben c’est d’entamer les travaux, voilà. »

Tout ça sont plutôt vos remarques, mais est-ce que vous avez eu d’autres questions, auxquelles vous

auriez aimé avoir des réponses et auxquelles vous n’aviez pas pensé avant ?

M F : « Non. »

Vous me parliez d’informations fiscales et autres, vous auriez aimé avoir plus d’informations peut être

à ce sujet ?

M F : « Oui ça serait important d’insister là-dessus peut être oui. »

Vous avez fait comment pour avoir ces informations-là ?

M F : « Je ne sais pas. »

Mme F : « Sur les pubs, sur le particulier… »

M F : « Oui oui, des choses comme ça. »

Mme F : « Parce que même l’autre jour quand le jeune menuisier est venu là, tu vois il n’était pas du

tout au courant. »

M F : « Non non »

Mme F : « Il faudrait même à la limite que ça… c’est bizarre qu’il ne sache pas ça. »

M F : « Bah c’est assez récent hein donc voilà… »

Donc, pour vous il ne manquait pas d’information dans ce que l’on vous a dit ?

M F : « Non pas du tout. »

Quelles améliorations pourraient être apportées à l’intervention de l’ergothérapeute selon vous?

M F : « Non à part ce que l’on vient de dire. »

Mme F : « C'est-à-dire nous c’est le cas un petit peu on n’est pas dans l’urgence, je suppose que

quelque fois vous intervenez un peu dans l’urgence des retours d’hôpital, de, non. »

En fait, pas pour ces cas-là, pas en passant par les caisses de retraites. En retour d’hôpital il y a des

ergothérapeutes dans les hôpitaux donc, on rencontre généralement une population qui est dans la

même situation que vous.

Mme F : « A oui d’accord, oui, oui. »

M F : « Oui, oui d’accord. »

Et par rapport au compte rendu, pour vous il n’y avait pas d’amélioration à apporter ?

M F : « Non j’ai pas, j’ai pas de. »

Mme F : « On peut résumer en disant que nous, ça nous a, on s’est dit ça y est on est informé, on y va,

on commence les aménagements, ça se fait, vous avez pas ça. »

M F : « Enfin on a vu notre fille qui a dans ses amis un architecte qui est passé nous voir et qui qui a

confirmé en fait, ce que vous aviez décidé, hein les améliorations possibles, voilà. »

Vous avez fait appel à un autre professionnel ?

M F : « Après on a consulté un menuisier tout ça, pour faire les premières améliorations voilà. »

Pensez-vous vous auriez eu besoin de l’aide d’un professionnel pour vous aider dans ses démarches

de recherche d’artisans ?

M F : « Non… ha si, pour certains ça peut… nous on n’a pas eu ce besoin. Mais pour certains, pour

certains ça peut effectivement être un carnet d’adresse on avait le, je crois l’adresse d’une entreprise

spécialisée à (nom de ville). Bon on ne l’a pas contactée, parce qu’on n’en sentait pas le besoin. Mais

je pense que par exemple s’il y a l’étape suivante monte escalier ou ascenseur, là je pense que ça serait

intéressant de voir un vrai professionnel pour faire le tri des gens entre les différentes offres possibles

voilà. »

Qu’est-ce que vous entendez par un vrai professionnel ?

M F : « Un spécialiste de l’aménagement pour personnes âgées. Pour des solutions, pour des solutions

précises, donc choix des matériels, heu… un artisan quoi. »

Page 91: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

27

Mme F : « Oui adapté à chaque sa maison. »

A votre avis, est-ce qu’il y aurait eu besoin de recontacter l’ergothérapeute pour plus d’informations ?

M F : « Non ça c’est présenté pour nous, mais ça peu s’adapter oui d’accord. »

Mme F : « Oui parce qu’on a de la chance d’être quand même à peu près en bonne santé, on peut

encore réfléchir, Mais bon c’est ça aussi, ça dépend de l’état des demandeurs. »

Mm F : « Et même avec les mômes sur le moment, mais mais, on ne sait jamais. »

M F : « Même s’il y a des aménagements plus spécifiques, plus pointus, bien oui là on aura besoin

d’aide certainement. »

Mais certainement pas l’aide de l’ergothérapeute, ça serait l’aide plutôt d’artisans spécialisés.

M F : « Oui voilà ! »

Page 92: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

28

Annexe n°11 : Tableau d’analyse des entretiens

M et Mme A M et Mme B M et Mme C Mme D M et Mme F

Init

iati

on

de la d

ém

arc

he

Les éléments déclencheurs

« on pense tout au moins à l’avenir » « c’était ton assurance qui avait envoyé un questionnaire. Si c’était pas la première, c’était la deuxième ou troisième fois qu’on le recevait »

« on entend parler de ça régulièrement et donc on s’y intéresse » « je fais de la téléassistance » « je vois beaucoup de choses dans les campagnes »

« Je suis déjà allée à des réunions des trucs comme ça » « c’est vrai qu’on entend beaucoup de choses »

« déjà si on fait cette démarche, de faire appel à vous, je pense que c’est déjà un peu positif » « c’est l’organisme de retraite finalement qui nous a fait une information »

Décision

« C’est surtout mon mari, qui a pris la décision » « elle raisonne pas comme ça pour l’instant »

« j’ai dit bon ben on verra sachant qu’on avait une maison qui était déjà quand même pas mal »

« j’aime bien prévoir, j’aime bien organiser, c’est pour éviter d’être pris au dépourvu »

La raison

« vous nous auriez donné quelques idées »

« concerné… plus pour les autres que pour moi » « on avait envie d’apprendre des choses »

« on avait envie de connaître ce qu'on pouvait faire, ce qu'on pouvait réaliser quoi, pour nous aider » « on a appelé pour avoir des informations »

« pour avoir premièrement des renseignements… »

« on voulait réfléchir éventuellement » « plus vite on le fait …cette réflexion concernant…heu... la fin de vie »

Le but

« conserver la maison où nous habitons » « dans l’ensemble améliorer… la façon de vivre en ayant peut-être un petit handicap »

« qu’on voit ce qui va, ce qui va pas… à domicile, pour améliorer notre vieillesse »

« dans le but là quand même au démarrage... de faire quelque chose, de faire une douche » « On cherche à améliorer notre confort »

« c’est vrai que chaque personne désire rester chez lui »

« prévoir les aménagements plutôt que de s’affoler et que la chute arrive »

M et Mme A M et Mme B M et Mme C Mme D M et Mme F

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Une découverte

« les organismes sociaux en parlent régulièrement. Je découvre qu’est-ce que c’était l’ergothérapeute » « on aurait certainement fait les agencements de salle d’eau, de chambre au rez-de-chaussée »

« je connaissais pas ça, je ne savais même pas que ça existait… »

« moi j’ai été étonné de son savoir-faire manuel » « on a une nièce qui est ergothérapeute... on voyait pas à quoi ça se rapportait » « je pensais pas que c'était aussi complet »

« c’est concret, ça nous donne quand même beaucoup d’idées »

« c’est un métier qui va se développer » « l’ergothérapeute, lui, il peut pas savoir… enfin si, il voyait pas tous les jours »

Les rôles

« regarder toutes les pièces pour voir ce qui peut-être aménagé » « donner des conseils pour pouvoir faire appel à tel ou tel organisme »

« si on a besoin d’améliorer notre maison on saura à qui s’adresser pour avoir des conseils justement »

« quand on fait appel à un ergothérapeute, en principe, bon ben il faudrait vraiment aménager la maison tel qu’il faudrait quoi, en cas de handicap »

« Je pense que vous pouvez beaucoup beaucoup aider les gens »

Page 93: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

29

« que vous veniez sur place et que vous donniez des conseils… personnels […] professionnels ! »

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Globalement

« très positif » « efficace et discrète » « Bon, la rencontre, moi j’en ai gardé un très bon souvenir » « elle avait répondu à toutes nos attentes » « n’ayant pas eu recours déjà à quelqu’un »

« on est satisfait » « ça reste un bon entretien » « comme on en a pas vu d’autres on peut pas dire, comparer à d’autre »

« c’est ce qu’on demandait » « c’est ce qu’on attendait, » « on aura que des remarques positives »

« très bien… satisfaite des renseignements » « vous avez fait votre travail correctement »

« très bien, on savait que ça allait se passer comme ça » « franchement c’était positif pour nous »

Sur le contact

« vous êtes à l’écoute » « personnes aimables » « gentillesse »

« le courant est bien passé » « il y a eu un bon contact »

« ben très facile » « bon ça a bien passé » « sympa »

Par rapport au compte

rendu

« le compte rendu était fidèle à la visite » « fidèle à ce qu’on avait parlé » « vos suggestions étaient bonnes quoi. »

« C’était assez clair » « choses auxquelles on n’aurait pas pensé » « c’était quand même assez poussé »

« cela nous a aidé dans les devis » « ils ont été surpris. […] agréablement surpris, j'ai jamais vu quelque chose d'aussi bien présenté »

« le compte rendu est bien » « qu’il contient tout ce qui a été dit »

« On est content d’avoir eu votre avis » « Vous nous avez quand même expliqué tout ce qui peut se faire »

Le ressenti/

« vous n’avez rien forcé, si on ne voulait pas ouvrir une porte, je ne pense que pas que vous auriez forcé de l’ouvrir » « beaucoup de discrétion »

« Cela nous a pas du tout dérangés » « elle nous a mis à l’aise »

« les deux ne nous ont pas impressionnées »

« ça ne m’a pas dérangé » « ça nous a vraiment pas perturbé, au contraire »

Les apports

« maintenant on pense différemment » « de réfléchir dans la suite de vos objections pour telle ou telle chose »

« on peut dire que ça nous a apporté quand même beaucoup d'idées » « on sait peut-être un peu mieux ce qu'on veut ou ce qu'on veut pas » « savoir où on va, qu'est-ce qu’on fait » « ça nous donne confiance » « ça nous a fait peut-être prendre conscience de notre âge »

« ça donne quand même des idées » « Certaines choses réalisables peut-être facilement, d’autres moins » « ça m’a apporté des idées que je n’aurais pas pensé, c’est vrai » « d’éclaircir un peu si j’avais eu vraiment l’intention de faire quelque chose, de mieux savoir quoi faire »

« ça nous a quand même fait réfléchir » « ça m’a fait aussi évoluer » « ça a participé à notre réflexion hein » « envisagé l’état éventuel du fauteuil roulant » « C’est un facteur déclenchant quand même » « prendre une décision concernant le maintien dans cette maison, pas déménager immédiatement dans un appartement »

Page 94: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

30

« ça n’a fait que nous booster dans notre démarche première »

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L’âge

« on a 80 tous les deux » « on a 78 et 80 »

« étant donné notre âge... 78 bientôt et 80 passés » « comme on est en forme, on oublierait presque notre âge » « on se rend bien compte, quand on arrive à un certain âge »

« un petit coin où il y a des retraités »

« on accepte de vieillir » « on est déjà des petits vieux »

L’expérience, les

connaissances

« un tas d’organismes, il y a au moins 5 ou 6 qui se sont installés tout récemment sur (nom de ville) pour le ménage, pour s’occuper des personnes âgées »

« j’ai été bercé dans le handicap » « le maintien à domicile, il a des limites. » « le maintien à domicile est bon jusqu’à un certain point, il arrive qu’il y ait plus moyen de maintenir une personne à domicile » « les difficultés qu’il y a chez les personnes âgées »

« Etant donné notre vieillissement » « on commence à avoir de l'expérience vu notre grand âge » « ton frère qui va avoir 87 ans […]il est rendu à l’hôpital et la douche est toujours pas faite » « monsieur à 90 ans... mais il est aussi alerte que moi »

« ils ne font pas tout, tout ce qui doivent faire pour les personnes âgées »

« j’ai des sœurs de 90, 92 ans etc. bon ça va aller en diminuant »

Les éléments de santé, le

handicap

« si on se casse une jambe et qu’on reste invalide un petit peu quoi » « il peut nous arriver quelque chose et qui nous détruit assez rapidement »

« j’avais des difficultés avec mes mains pour me servir de mes mains » « on peut faire un AVC » « vous avez l’Alzheimer qui tourne autour de tout le monde, vous avez le cancer » « on peut partir d’un seul coup aussi »

« on voit autour de nous comment ça se passe, chez les personnes âgées » « on a même de la famille plus jeune qui sont moins alerte que nous »

« j’espère bien de jamais être en fauteuil roulant… ça pour l’instant je suis autonome » « le handicap d’être obligé d’être en fauteuil » « il y a quand même la facilité avec les cannes » « la personne qui est vraiment plus autonome du tout, donc si elle veut rester chez elle, là évidement elle est obligée d’avoir de l’aide » « j’ai eu ma fracture du genou » « j’ai eu mes prothèses de hanche »

« faire des aménagements quand on est encore à peu près en bonne santé » « on a quand même la chance d’être à peu près tous les deux en bonne santé mais avant on raisonnait comme si on allait rester comme on est » « on va pas rester éternellement dans l’état »

L’évolution dans le temps

« il y a 50 ans on ne réfléchissait pas comme ça du tout »

« pour l’instant on se porte assez bien » « On peut avoir un handicap qu’on a pas aujourd’hui »

« qui vieillissent plus vite que nous encore »

« ça continuera peut-être pas. Ça peut se dégrader d’un jour à l’autre »

« vous allez devenir des petits vieux » « oui bon c’est bon maintenant, oui mais dans 5

Page 95: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

31

« on espère rester sur nos deux pieds très longtemps »

« imaginez qu’en 2020 on a un problème » « on aurait 10 ans de moins, on le ferait peut-être nous-même » « c’est 5 ans, c’est pas si loin que ça »

« je disais, il y a dix ans, si j’ai un handicap »

ans, déjà est-ce qu’on sera là ? » « on aura encore vieilli »

La participation

sociale

« si pour le jardin, parce que ça, ça nous coûte de nous baisser de plus en plus pour désherber »

« on vient de faire un chantier de bois tous les deux, tronçonner les branches » « on a du mal à marcher » « on apporte notre bois à l’intérieur » « on ne se voit plus monter un caisson de bois comme ça »

« moi j'ai du mal quand je suis bien allongée dans la baignoire à me remettre à genou ou debout » « je travaillais en maison de retraite »

« tout ce que je peux faire quand même. Je fais mes courses, le ménage » « ma petite cuisine » « je me suis toujours débrouillée dans la maison » « on a nos habitudes, il faut prendre le temps » « le jour que je ne conduirai plus »

« Oui parce qu’on a de la chance d’être quand même à peu près en bonne santé, on peut encore réfléchir » « on éprouve des difficultés à monter les escaliers »

La disparition d’un membre

du couple

« D’autant qu’elle sait que je vais partir le premier de toute façon » « moi je suis seule moi de toute façon je ne pourrais pas rester là »

« si on reste un tout seul, comme ça arrive toujours, il y en a qui part le premier, on sait pas si on pourra rester dans cette grande maison. »

« nous nous avons de la chance, nous sommes tous les deux »

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Les connaissances

« Ben les organismes on va voir au CCAS ou des choses comme ça si on a besoin de femme de ménage ou une aide pour les extérieurs » « si on les fait pas soi-même, ou si on a pas un copain pour le faire, trouver un artisan »

« bon il suffit de prendre un menuisier » « je sais de ce côté-là, où m’adresser pour obtenir quelque chose » « on a connaissance de ce qui se fait pour améliorer les choses et à la rigueur où s’adresser »

« se mettre à peu près en conformité » « il faut avoir les devis »

« faut quand même des organismes agréés » « on pourrait les faire à ma place, je sais, il y a des organismes »

« un spécialiste de l’aménagement pour personnes âgées »

Les démarches réalisées ou envisagées

antérieurement

« on avait pris les devants, vous savez que, la salle on avait enlevé la baignoire pour mettre la douche » « les toilettes aussi »

« soit se diriger vers un établissement qui est plus approprié ou alors faire des travaux dans la maison » « la quitter si je suis obligée et puis c’est tout » « je ferai installer un Stannah, pour monter dans les chambres »

« soit on aménageait notre maison progressivement soit on envisageait d’aménager dans un appartement » « finalement nous avons opté pour l’aménagement progressif de notre maison »

Page 96: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

32

Les démarches entamées

« sur internet j’ai découvert les aménagements »

« elle nous a apporté des compléments » « chaque personne apporte toujours un complément » « alors on a vu le CLIC la CDHAT » « on s'est déplacé à la maison de commune »

« quand le jeune menuisier est venu là » « on a consulté un menuisier tout ça, pour faire les premières améliorations »

L’aspect financier

« sous condition de ressources » « on ne va pas faire de frais »

« peut plus suffire avec les retraites » « ça coute tellement cher en maison de retraite »

« on s'est presque rendu compte en faisant la démarche qu’il faudrait être plus handicapé qu’on l’est pour arriver à avoir quelque chose » « en fin d'année il n'y aura plus de sous » « c’est obligatoire d’avoir le siège... fixe […] pour avoir... (signe des mains le mot argent) » « il y a plus de sous » « l'enveloppe n’est pas extensible ! » « iIs seront quand même moins cher » « on aura pas tellement de surprise du prix » « C’est obligé que ça coûte cher »

« c’est des prix exorbitants » « ça entraine quand même je trouve dans beaucoup de frais »

« Il faudrait peut-être insister aussi sur les incidences fiscales » « ça reviendrait vraiment trop cher » « on a quand même pas de problème de… financier… bon on roule pas sur l’or »

Les limites

« le problème c’est d’avoir l’artisan qui viendra mettre trois poignées ici ou là » « pour les ascenseurs entres autres, on ne connait pas d’association, ou d’artisan, d’entreprise qui font ça »

« alors comment ça se passe si on lui fait appel ? » « l’artisan n’a pas forcement les connaissances. » « on aurait bien aimé avoir des artisans locaux » « ils ne sont pas toujours d’accord » « elle nous a dit non ça c'est pas possible parce que les toilettes sont trop petites »

« on ressent quand même qu’il faut engager » « les trucs administratifs c’est pas facile »

Page 97: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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Les travaux mentionnés

« un monte escalier […] un élévateur […] un ascenseur » « c’est beaucoup de petites bricoles à aménager » « on a acheté des rubans pour coller les tapis, on a commencé »

« je pense que la première chose qu’on change s’il y avait besoin ça serait de baisser le sol de la douche » « élargir les portes, mettre une porte ouvrir dans l’autre sens, pour rentrer dans les WC »

« c’est surtout la douche » « des barres pour se mettre debout » « la douche sûr ! La douche, les barres d’appui » « les tapis bien sûr »

« je tiens pas à modifier la maison et je préfère la laisser telle qu’elle est » « mais ça fait pas tilt chez moi… » « on m’a dit non c’était pas la peine de tenter pour que je puisse passer avec un fauteuil »

« des petits aménagements » « des mains courantes » « on va aménager d’abord des marches plus basses » « des petites rampes » « mettre soit un ascenseur, soit un monte escalier »

Le rapport avec la santé

« on ne prendra pas de décision comme ça, avant d’avoir un problème. » « faire des travaux avant… non… avant d’avoir besoin, non je crois pas » « avec un petit handicap peut-être qu’il y a des possibilités de rester » « je crois qu’il faudra avant qu’on est malheureusement un accident quoi »

« on n’est pas rendu au point où on a besoin de tout ça » « mais le fauteuil on anticipe » « réfléchir à ce qu’on pourrait faire justement, si notre santé diminue… » « qui nous mettrait dans l’obligation, peut-être, de faire quelque chose plus rapidement qu’on le pense… »

« il n'y a pas de possibilité d’utiliser pour quelqu'un en fauteuil roulant »

« si un jour je suis appelée à être en fauteuil roulant, bon ben faudra que je déménage, ça sera la seule solution. Prendre un appartement de plain-pied » « si ça se trouve jamais j’en aurais besoin » « moi je préfère la mienne telle qu’elle est, la quitter si je suis obligée »

« si on arrive plus à vivre dans cette maison, ben on envisagera à ce moment-là de déménager dans un appartement avec ascenseur » « on n’est pas dans l’urgence »

La notion de temps

« pour l’instant on a pas bougé » « pour nous il n’y a aucune urgence » « il y avait les rampes d’escalier… ça n’a pas bougé pour l’instant »

« dans l’immédiat on en a pas besoin… » « pour l’instant non, puisqu’on a rien fait » « nous on envie de rien changer pour l’instant » « c’est une chose qui est possible à faire dans un temps futur, mais qu’on a pas besoins pour l’instant. » « bon on va pas le faire dans l’immédiat » « bon dans l’immédiat on ne va pas les changer » « mais dans l’immédiat on se passe assez bien, tant mieux pour nous »

« on va le faire tant qu’il est chaud »

« pour l’instant je crois que je vais laisser courir » « c’est réalisable, mais bon… dans l’immédiat non »

« on va pas tout bouleverser directement » « et puis si besoin on poursuivra » « Ca se fait ce mois-ci, voilà » « on s’est dit on ça y est on est informé, on y va, on commence les aménagements » « on verra au fur et à mesure » « on peut pas trop anticiper là-dessus » « C’est pas immédiat, mais c’est pas encore fait »

Autres éléments influençant

« Bon on est libre de faire ou de pas faire » Famille : « Ben j’ai un neveu qui va venir »

« on a une maison de plain-pied, de partout, donc qui est assez pratique »

« je vois pas l’utilité… De toute manière, j’ai l’impression que quand on commence des travaux, bon ben il faut continuer de toute

Famille : « on a vu notre fille qui a dans ses amis un architecte »

Page 98: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

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façon, il faut tout faire dans la lancée » Famille : « je suis aidée quand même pour faire certaines démarches … mes enfants viendraient » « de toute façon là leur intention, de toute façon c’est de … ça serait de prendre une petite maison et de déménager d’ici »

recontacter l’ergothérapeute

ou un professionnel

« pas spécialement, parce que les personnes, je pense, qui ont envie, c’est à nous de faire les demandes » « oui parce que ça serait pour avoir si vous avez des organisations que vous connaissez qui font par exemple ce genre de travail » « non pas besoin hein »

« on aurait peut-être besoin de recontacter l’ergothérapeute pour qu’elle nous fasse passer un sas » « il y a des choses qui auront changé dans 5 ans dans le domaine de l’aménagement. Donc on serait peut-être heureux de vous recontacter à ce moment-là » « Oui, si un jour on a besoin de faire une amélioration de la maison… »

« ah ben c'est possible oui » « ça aide à avoir des idées aussi. » « dans la réalisation, oui, je pense... ça sera un besoin » « il faut que ce soit nous avec l’ergothérapeute » « peut-être qu’on vous refera appel pour […] pour conseils quoi »

« Moi ça me bloque un peu » « il faut d’abord que je sois d’accord pour faire quelque chose »

« s’il y a l’étape suivante monte escalier ou ascenseur là je pense que ça serait intéressant de voir un vrai professionnel »

Page 99: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

Table des matières

Introduction ..................................................................................................................................... 1

PARTIE 1 : Problématique .............................................................................................................. 3

PARTIE 2 : Cadre conceptuel ....................................................................................................... 12

1. Le maintien à domicile, une demande sociale aux composantes multiples ............................ 12

1.1. Le domicile : plus qu’un habitat, un « chez soi » ............................................................. 12

1.2. Le maintien à domicile, une volonté croissante de la population vieillissante à satisfaire 14

1.2.1. Le maintien à domicile, un projet souvent perçu comme l'aménagement de l'habitat14

1.2.2. L’aménagement du domicile pour favoriser l’autonomie et l’indépendance .............. 15

1.3. L'évaluation du professionnel au domicile, une étape clé dans le projet de maintien à

domicile ..................................................................................................................................... 16

2. La participation des personnes vieillissantes.......................................................................... 18

2.1. Le vieillissement un processus biologique ...................................................................... 18

2.2. La vieillesse un phénomène social.................................................................................. 20

2.3. L’influence du vieillissement sur la participation sociale .................................................. 21

3. L’ergothérapeute, un pivot dans le maintien à domicile d’une population âgées .................... 24

3.1. Exemple d’un processus d’intervention en ergothérapie dans les démarches nécessaires

au retour à domicile après hospitalisation .................................................................................. 24

3.2. L’accompagnement : une approche professionnelle appliquée aux personnes âgées .... 26

3.3. L’ergothérapeute, un professionnel disposant de compétences clés pour le soutien de la

population vieillissante ............................................................................................................... 28

PARTIE 3 : Modèle d’analyse ....................................................................................................... 30

1. Méthodologie du recueil ......................................................................................................... 30

1.1. Objectif de l’étude ........................................................................................................... 30

1.2. Population ciblée ............................................................................................................ 30

1.3. Choix de l’outil : entretien ................................................................................................ 31

1.4. Passation des entretiens ................................................................................................. 31

1.5. Les limites rencontrées : ................................................................................................. 32

2. Analyse des entretiens ........................................................................................................... 33

2.1. L’initiation de la démarche pour l’amélioration du domicile .............................................. 33

Page 100: L’ergothérapeute, acteur du maintien à domicile

2.2. L’ergothérapeute un nouveau professionnel ................................................................... 35

2.3. Les avis formulés sur l’intervention ................................................................................. 35

2.4. Les notions de vieillesse et de vieillissement .................................................................. 37

2.5. Les démarches pour l’amélioration du domicile............................................................... 39

2.6. Les réalisations futures et les décisions finales ............................................................... 41

PARTIE 4 : Discussion .................................................................................................................. 43

1. Analyse croisée des données des entretiens et des apports théoriques ................................ 43

1.1. L’état d’esprit antérieur à l’initiation des démarches pour l’amélioration du domicile ....... 43

1.2. L’intervention de l’ergothérapeute, une étape importante influençant les représentations du

handicap.................................................................................................................................... 44

1.3. L’influence de l’interprétation et l’intégration des informations délivrées lors de la visite à

domicile sur le projet de vie ....................................................................................................... 45

2. Vérification de l’hypothèse ..................................................................................................... 47

3. Quelques pistes de réflexions ................................................................................................ 48

Conclusion .................................................................................................................................... 51

Bibliographie ................................................................................................................................. 52

Table des abréviations .................................................................................................................... 1

Table des annexes .......................................................................................................................... 2