LEON BLOY Le Salut Par Les Juifs

7/29/2019 LEON BLOY Le Salut Par Les Juifs

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Bloy, Lon (1846-1917). Lon Bloy. Le Salut par les Juifs dition nouvelle, revue et modifie par l'auteur. 1906. In-8 , XII-163 p..

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LN BLY

JL/fZ/ OJ \ JL/ UL J

PAR LES

JUIFS

.,,ex quitus Cbristussecundum carnem,

ROM. IX, 5,

DITIONNOUVELLEREVUEET MODIFIEPAR L'AUTEUR

PARIS

LIBRAIRIE HENRI ANIR

JOSEPH VICTORJON & C'

4, Rue Dupuytren

1906


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LE SALUT

PAR LES

JUIFS


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DU MME AUTEUR

LB RVLATEURDUGLOBE,ChristopheColombet sa Batificationfuture. PrfacedeJ. Barbey d'Aurevilly. (puis.)

PROPOSD'UNENTREPRENEURDEDMOLITIONS.

LB PAL.pamphlethebdomadaire. (Les 4 numros parus.)LE DSBSPRB,roman. (L'dition Soirat est puise.)UNBRELAND'EXCOMMUNIS.(Barbey d'Aurevilly Ernest Hello

Paul Yerlane.)CHRISTOPHECOLOMBDEVANTLESTAUREAUX.LA CHEVALIREDELAMORT.(Marie Antoinette.)SUBURDBSANQ(1870-1871), avec un portrait de l'auteur en

1893: (puis.)

LONB;.OYDEVANTLESCOCHONS.HISTOIRESDSOBLIGEANTES.ICI ONASSASSINELESGRANDSHOMMES,avec un portrait et un

autographe d'Ernest Hello.LA FEMMEPAUVRE,'pisode contemporain.Lu MENDIANTINGRAT,Journal de Lon Bloy.LE FILSDBLOUISXY), avec un portrait de Louis XYJ], en

hliogravure.JE M'ACCUSE...Pagesirrespectueusespour EmileZolaetquelques

autres. Curieuxportrait de Lon Bloy 18ans.EXGSEDESLIEUXCOMMUNS.LES DERNIRESCOLONNESDB L'GLISE(Coppe, Brunetire,

Huysmans, etc.)MONJOURNAL,suite du Mendiant Ingrat.QUATRBANSDBCAPTIVITB COCHONS-SUR-MARNE,suite du Men-

diantIngrat et de MonJournal. (Deux portraits de l'auteur.)BELLUAIRESETPORCHERS.(Autre portrait.)


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LON BLOY

LE SALUT

PAR LES

JUIFS

...ex quibujf Cbristussecundum carnem.

ROM. IX, 5.

DITIONNOUVELLEREVUEET MODIFIEEPAR L'AUTEUR

PARIS

LIBRAIRIE HENRI ANIR

JOSEPH V1CTOR1 ON & C

4,. Rue Dupuytren

. 1906 ....


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7/ a t tir de cet ouvrage2o exemplaires sur papier de Hollande

et 4 exemplaires sur papier duJaponnumrots ta presse


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Le Salut par les Juifs, publi en 1892, a t'

enterr douze ans. L'diteur, un excellent &

digne homme form du limon de la terre tout

exprs pour la production typographique de ceseul ouvrage, ayant tout coup chang de mtier,

emporta comme une proie, dans sa nouvelle de-

meure, ta multitude apprciable des exemplairesinvendus. "Nous n'avions pas de contrat et cette

massed'imprims

luiappartenant, je

dus me rsi-

gner, deux lustres vr demi, la squestrationarbitraire du plus considrable de mes livres, y ai

racont cette aventure douloureuse vr ce prju-dice norme la page 214. de Mon Journal .

L'dition nouvelle que voici est corrige en

divers endroits, sans modifications essentielles. On


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Le Salut par les Juifs

estpri, toutefois,

de considrerque

tes moindres

changements ont une importance extrme dans un

plaidoyer purement exgtique dont ta porte

pourrait tre suppose incalculable si l'humanit

contemporaine tait curieuse encore des Affirma-tions ou Similitudes rvles.

A part l'inspiration surnaturelle, on peut direque le Salut par les Juifs est, sans aucun doute,

le tmoignage chrtien le plus nergique vr le plus

pressant eh faveur de la T{ace Ane, depuisl'onzime chapitre de saint Paul aux Romains.

Si leurfaute,

dit cetaptre,

est ta richesse

du monde vr leur diminution ta richesse des nations,

que sera-ce de leur plnitude ?

Si leur perte est la rconciliation du monde,

quelle sera leur assomption, sinon ta vie d'entre

tes morts ?

Le Salut par les Juifs, qu'on croirait une para-

phrase de ce chapitre de saint Paul, fait observer,

ds la premire ligne, que le Sang qui fut vers sur

la Croix pour la Rdemption du genre humain, de

mme que celui qui est vers invisibtement, chaque

jour, dans te Calice du Sacrement de l'Autel, estVI


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naturellement e? surndtureltement du sang juif,

l'immense fleuve du Sang Hbreu dont la source est

en Abraham e? l'embouchure aux Cinq Plaies du

Christ.

Et c'est tout. Il n'y a plus rien savoir. Le

monde juif apercevra-t-il enfin ce livre qui

l'honore au del de toute esprance er qui ne luia rien cot ?

19 Novembre 1905.Octave de la Ddicace des glises.

LON BLOY


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A

RASSA MAR1TAW

Jeddie ces

pagescrites la gloire catholiquedu Dieu

d'Abraham,

d'saac

etde Jacob


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DE PROFUND1S

DU FOND DE L'ABIME, JSUS CLAME VERS

SON PRE, ET CETTE CLAMEUR VEILLE, DANS

LES ENTRAILLES LES PLUS INTIMES DES GOUFFRES, INFINIMENT AU-DESSOUS DE CE QUI PEUT TRE

CONU PAR LES ANGES, 1ND1C1BLEMENT PLUS BAS

QUE TOUS LES PRESSENTIMENTS ET TOUS LES

MYSTRES DE LA MORT, LE TRS-TOUFF,LE TRS-LOINTAIN, LE TRS-PLE GMISSEMENT

DE LA COLOMBE DU PARACLET QUI RPERCUTE

EN CHO LE TERRIBLE 2>E J>T{0TUM>1$.

ET TOUS LES BLEMENTS DE L'AGNEAU

VIBRENT AINSI DANS LA FOSSE POUVANTABLE,SANS QU'IL SOIT POSSIBLE DE SUPPOSER UNE SEULE

PLAINTE EXHALE PAR LE FLLS DE L.'HOMMEQUI NE RETENTISSE PAS WBM1QJUBMBNT DANS LES

IMPOSSIBLES EXILS O S'ACCROUPIT LE CONSO-

LATEUR...


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LE

SALUT PAR LES JUIFS

Ex quibus Christussecundumcarnem.

ROM.IX, 5.

J

5 S|| ALUS EX JUDTEIS EST. Le Salut vient

Wm des Juifs! (i)

il Pf>| J'ai perdu quelques heures pr-cieuses de ma vie lire, comme tant d'autres

infortuns, les lucubrations anti-juives deM. Drumont, et je ne me souviens pas qu'il ait

cit cette parole simple et formidable de Notre

Seigneur Jsus-Christ, rapporte par saint Jeanau chapitre quatrime de son vangile.

(i) SatusEXJudxb, QUIASatusA Judxit. Rponse un tout petitdocteur qui contestaitmatraduction.


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Si ce journaliste copieux daigna jamais

s'enqurir des Textes sacrs et s'il est en mesurede dmontrer, pour ma confusion, que ce pr-

cepte considrable est mentionn dans tel ou tel

des volumineux pamphlets dont il assomme

rgulirement ls peuples chrtiens, il faut

dire alors que cet hommage au Livre saint est si

merveilleusement aphone, pnombral, rapide et

discret qu'il est presque impossible de l'aperce-voir et tout fait impossible d'en tre frapp.

C'est quelque chose pourtant, ce tmoi-

gnage du Fils de Dieu !

Je sais bienque

saintAugustin

en a terri-

blement affaibli la porte dans sa pauvre exgsedes deux murailles , qu'il est loisible de con-

sulter au quinzime trait du commentaire fameux

de ce vnrable Docteur.

Mais on tait alors au ve sicle ; la Rproba-tion d'Isral avait commenc

depuisl'exorbitante

catastrophe de Jrusalem ; l'espce humaine, moiti conquise dj par les successeurs de

Pierre, avait irrmdiablement fronc son cceur

et s'tait endurcie pour toute la dure des tempscontre la descendance excre des bourreaux

du Christ.


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L'effrayantebrlure des

premiresPerscu-

tions se cicatrisait enfin et les grandes semailles

du sang des Martyrs taient accomplies.La pdagogie du Surnaturel tombait aux

thologiens, aux explicateurs, aux philosophesdsabuss, et la gnante assertion de Celui qui

fut appel le TUS du Tonnerre pouvait trecarte respectueusement, sans aucun danger de

scandale ou de simple tonnement pour une

glise toute rouge qui vagissait encore dans son

berceau.

Cette parole demeure cependant. Elle sub-

siste, malgr tout, en sa force mystrieuse, etressemble quelque gemme trs-sombre, d'un

troublant clat, rendue plus inestimable parl'inattention tmraire des conomes ou des

contrleurs de la Foi.


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E Salut vient des Juifs l Texte confon-

dant qui nous met furieusement loinde M. Drumont 1 A Dieu ne plaise

que je lui dclare la guerre, ce triomphant!La lutte, vraiment, serait par trop ingale.

Le pamphltaire de la France Juive peut se

vanter d'avoir trouv le bon coin et le bon

endroit. Considrant avec une profonde sagesseet le sang-froid d'un chef subtil que le caillou

philosophai de l'entregent consiste donner

prcisment aux ventres humains la glandedontils raffolent, il inventa contre les Juifs la volca-

nique et pertinace revendication des'pices de

cent sous.


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C'tait l'infaillible secret de tout dompter,de tout enfoncer et de jucher son individu sur

les crtes les plus altissimes.

Dire au passant, ft-ce le plus minable rci-

piendaire au pourrissoir des dsesprs : Ces

perfides Hbreux, qui t'claboussent, t'ont vol

tout ton argent; reprends-le donc, gyptien!crve-leur lavpeau, si tu as du cceur, et poursuis-les dans la mer Rouge.

Ah! dire cela perptuellement, dire cela

partout, le beugler sans trv dans des livres ou

dans des journaux, se battre mme quelquefois

pour que cela retentisse plus noblement au-deldes monts et des fleuves! mais surtout, oh! sur-

tout, ne jamais parler d'autre chose, - voil la

recette et l'arcane, le mdium et le retentum de

la balistique du grand succs. Qui donc, mon

Dieu! rsisterait cela?

Ajoutons que ce grand homme revendi-

quait au nom du Catholicisme. Or, tout le

monde connat le dsintressement sublime des

catholiques actuels, leur mpris incassable pourles spculations ou les manigances financires

,et le dtachement cleste

qu'ilsarborent. J 'ai

fait des livres, moi-mme, en vue d'exprimer

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Le Salut par tes Juifs

l'admiration presque douloureuse dont me satu-rent ces coliers de la charit divine et jesens bien qu'il m'et t impossible de m'en

empcher.11 est donc ais de concevoir l'imptuosit

de leur zle, quand les tripotantes mains de

l'Antismite vinrent chatouiller en eux le pres-sentiment de la Justice. On peut mme dire

qu'en cette occasion, les cailles tombrent d'un

grand nombre d'yeux et le gnreux Drumont

apparut l'aptre des tides qui ne savaient pas

que la religion ft si profitable.


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jfSj3%j UELQUES profanes, iJ est vrai, se sont

mP / demand quelle victoire essentielle

WS%]1 rsidait, pour Ja morale mme pra-tique, dans l'indniable fait d'avoir entreprisde substituer au fameux Veau d'or un cochon

du mme mtal, et quel avantage prcieux leCatholicisme allait retirer de ces rcriminations

d'agio.Car enfin, M. Drumont entrait en hros

dans Babylone, aprs avoir dconfit toutes lesnations smitiques, et les admirateurs de ci

conqurant reniflaient sur lui l poussire du


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saint roi Midas, mle aux onguents et auxcinnamomes dont s'adonise coutumirement la

carcasse des dieux mortels.

Pour parler moins lyriquement, a marchait

ferme, les gros tirages se multipliaient et les

droits d'auteur s'encaissaient avec une prcision

rothschildienne qui faisait baver de concupis-cence toute une jalouse populace d'crituriers

du mme acabit qui n'avaient pas eu cette plan-tureuse ide et qui rsolurent aussitt de

s'acharner aux mmes exploits.Tous les livides mangeurs d'oignons chr-

tiens de la Haute et Basse Egypte comprirentadmirablement que la guerre aux Juifs pouvaittre, la fin des fins, un excellent truc

pour cicatriser maint dsastre ou ravigotermaint ngoce valtudinaire.

On a vu jusqu' des prtres sans nombre,

parmi lesquels devaient se trouver pourtantde candides serviteurs de Dieu, s'enflammer

l'espoir d'une bousculade prochaine o le sangd'Isral serait assez rpandu pour soler des

millions de chiens, cependant que les. intgresmoutons du Bon Pasteur brouteraient, en

bnissant Dieu, les quintefeuilles et les trfles

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d'or dans les pturages envis de la Terre depromission.

L'entranement avait t si soudain et si

prodigieuse l'impulsion que, mme aujourd'hui,nul d'entre eux ne parat s'tre avis de savoir, dcidment, s'i n'y aurait pas quelque

danger grave, pour un cceur sacerdotal, pti-tionner ainsi l'extermination d'un peuple que

l'glise Apostolique Romaine a protg dix-

neuf sicles; en faveur de qui sa Liturgie la plusdouloureuse parle Dieu le Vendredi Saint;

d'o sont sortis les Patriarches, les Prophtes,

les vanglistes, les Aptres, les Amis fidleset tous les premiers Martyrs ; sans oser parlerde laVierge-Mre et de Ntre Sauveur lui-mme,

qui fut le Lion de juda, le JUIF par excellence de

nature, un Juif indicible! et qui, sans doute,avait employ toute une ternit pralable

convoiter cette extraction.Mais, quoi ! ne fallait-il pas suivre jusqu'au

bout le cupide saltimbanque, organisateur et

prdicateur de cette croisade pour le boursicaut,

qui ne cesse de prchailler la petite semaine

sur le petit nombre des lus du Coffre-fort

Tout-Puissant? et quelqu'un pourrait-il citer

J I


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une seule protestation catholique, lorsque s'tala,sur nos reculantes murailles, l'effroyable effigiede ce Turlupin sacrilge : en armure de chevalier

du Saint Spulcre et foulant aux piedsMOSE!!!?

Ah ! cela dit tout.


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IV

fM Sm N voil donc tout fait assez.

ll?Sw Jc Ie rpte, il n'entre pas dans

M&Sl ma pense, ni dans mon sujet, d'in-

sister particulirement sur ce personnage dont letriomphe et pu tre plus grand encore saris le ri-

dicule dconcertant de sa vanit de pion parvenu,et qui, d'ailleurs, vient d'tre frapp durement

par un rigoureux arrt de cour d'assises, (i)Mais comment ne pas le nommer au moment

d'aborder cette incomparable question d'Isralqu'il se glorifie sottement d'avoir abaisse jus-

qu'au niveau crbral des bourgeois les plusimbciles ?

Je dois tre peu souponnable d'amourtendre pour les descendants actuels de cette race

(i) le Salutpar tesJuifs a t crit en.1892.

l3


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fameuse. Voici, pour commencer, ce que j'cri-vais, il y a six ans, dans un livre de colre quel'hostilit gnrale s'effora d'touffer par tous

les moyens imaginables. Le Moyen Age, disais-je en parlant des

Juifs, avait le bon sens de les cantonner dans

des chenils rservs et de leur imposer unedfroque spciale qui permt chacun de les

viter. Quand on avait absolument affaire ces

puants, on s'en cachait comme d'une infamie et

on se purifiait ensuite comme on pouvait. La

honte et le pril de leur contact tait l'antidote

chrtien de leur pestilence, puisque Dieu tenait la perptuit d'une telle vermine.

Aujourd'hui que le christianisme a l'air de

rler sous le talon de ses propres croyants et

que l'glise a perdu tout crdit, on s'indignebtement de voir en eux les matres du monde,

et les contradicteurs enrags dj Traditionapostolique sont les premiers s'en tonner. On

prohibe le dsinfectant et on se plaint d'avoir

des punaises. Telle est l'idiotie caractristiquedes temps modernes. (i)

(i)le

Dsespr,p.201. dition

Solrat,la seule

recommandepar l'auteur.

'4


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Je ne vois pas le moyen de changer un quartde ligne cette page gracieuse. Plus que jamaisil est clair pour moi que la socit chrtienne

est empuantie d'une bien dgotante engeanceet c'est terrible de savoir qu'elle est perptuelle

par la volont de Dieu.

Au doublepoint

de vue moral etphysique,le Youtre moderne parat tre le confluent de

toutes les hideurs du monde.


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V

ffiroWil E trouvant Hambourg, l'an pass,

mffaMw j'eus, l'instar des voyageurs les plusJb MJ ordinaires, la curiosit de voir le

March des Juifs.La surprenante abjection de cet emporium

de dtritus emphytotiques est difficilement

exprimable. 11 me sembla que tout ce qui peut

dgoter de vivre tait l'objet du trafic de cesmercantis impurs dont les hurlements obsquieuxm'accrochaient, me cramponnaient, se collaient

moi physiquement, m'infligeant comme le

malaise fantastique d'une espce de flabellation

glatineuse.

Et toutes ces faces de lucre et de servitude

J7


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avaient la mmeestampille

redoutablequi

veut

dire si clairement le Mpris, le Rassasiement

divin, l'irrvocable Sparation d'avec les autres

mortels, et qui les fait si profondment identi-

ques en n'importe quel district du globe.Car c'est une loi singulire que ce peuple

d'anathmes n'ait pu assumer la rprobationcollective dont il s'honore qu'au prix fabuleux du

protagonisme ventuel de l'individu. La Race

rejete n'a jamais pu produire aucune sorte de

Csar.

C'est pour cela que je me dfie de la tradition

ingnieuse, mais peu connue, j'imagine, quidonne des Hbreux pour anctres au peupleromain et remplace les compagnons d'ne parune colonie de Benjamites, expliquant la

Louve des deux Jumeaux fondateurs par l'in-

scrutable prdiction d'Isral mourant : Benja-

min LUPUS rapax, mane comedet prsedam etvespere dividet spolia. Benjamin, loup rapace,au matin mangera la proie et au vpre divisera

les dpouilles. (i)Les immondes fripiers de Hambourg taient

(i) Gense,chap. 49, v. 27.

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bien, vraiment, de cette homogne famille demnechmes avaricieux en condition chez tous

les malpropres dmons de l'identit judaque,telle qu'on la voit grouiller le long du Danube,en Pologne, en Russie, en Allemagne, en Hol-

lande, en France mme, dj, et dans toute

l'Afrique septentrionale o les Arabes, quelque-fois, en font un odieux mastic bon frotter les

moutons galeux.Mais o ma nause, je l'avoue, dpassa toute

conjecture et tout espoir, ce fut l'apparitiondes Trois Vieillards!...


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VI

lllitl) E cs nommc les Trois Vieillards,\mi&ml parce que je ne sais aucune autre

&SzJ))j\ manire de les dsigner. Ils sont peut-tre cinquante en cette ville privilgie qui ne

semble pas en tre plus fire. Mais je n'en avais

que trois devant les yeux et c'tait assez pour

que les dragons les plus insolites m'appa-russent.

Tout ce qui portait une empreinte quel-

conque de modernit s'vanouit aussitt pourmoi et les youtres subalternes qui me coudoyaienten fourmillant comme des moucherons d'abat-

toir s'interrompirent d'exister. Ils n'en avaient


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plus le droit, n'tant absolument rien auprs de

ceux-ci.

Leur ignominie, que j'avais estime complte,

irrprochable et savoureuse autant que peutl'tre un lixir de maldiction, n'avait plus la

moindre sapidit et ressemblait de la noblesse

encomparaison

de cet indvoilable cauchemar

d'opprobre.

L'aspect de ces trois fantmes dgageaitune si nonpareille qualit d'horreur que le blas-

phme seul pourrait tre admis l'interprter

symboliquement.

Qu'on se reprsente, s'il est possible, lesTrois Patriarches sacrs : Abraham, Isaac et

Jacob, dont les noms, obnubils d'un impn-trable mystre, forment le Delta, le Triangle

quilatral o sommeille, dans les rideaux de la

foudre, l'inaccessible Ttragramme!

Qu'on se les figure, j'ose peine l'crire, ces trois personnages beaucoup plus qu'hu-

mains, du flanc desquels tout le Peuple de Dieu

et le Verbe de Dieu lui-mme sont sortis ;

qu'on veuille bien les supposer, une minute,

vivants encore, ayant, par un trs-unique miracle,

survcu la plus centenaire progniture des*


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immolateurs de leur grand Enfant crucifi ; ayantpris sur eux, Dieu sait en vue de quels irr-

vlables rmrs ! la destitution parfaite,l'ordure sans nom, la turpitude infinie, l'intaris-

sable trsor des excrations du monde, les hues

de toute la terre, la vilipendaison dans tous les

abmes, et l'tonnement ternel des Sraphinsou des Trnes les voir se traner ainsi dans la

boue des sicles...!


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vn

Q Ste? H! certes, oui, dans l'esprit de cette

i#PP?lt vision qui paratra sans doute insen-.jgjg B se, les trois tres affreux ralisaient

bien l'archtype et le phnomne primordial de

Ja Race indlbile qui accomplit, depuis bientt

deux mille ans, le prodige sans gal de survivre,elle aussi, ses exterminateurs et d'en appeler

ternellement tous les enfers de sa substantiellervocation.

Mais, bon Dieu ! quels pouvantablesanctres !

Ils taient vraiment trop classiques pour ne

pas se manifester aussi dtestables que sublimes.

Depuis Shakespeare jusqu' Balzac, on a terri-

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blement ressass le vieil Hbreu sordide et

crochu, dnichant l'or dans les immondices, dans

les tumeurs de l'humanit, l'adorant enfin tel

qu'un soleil de douleurs et un Paraclet d'amour,

co-gal et co-ternel son Jhovah solitaire.

Us ralisaient triplement ce monstre en

leursidentiques personnes, ajoutant

l'horreur

banale de cet ancien mythe littraire les affres

dmesures de leur vridique prsence...Abraham, Isaac, Jacob, descendus jusqu'

ces Limbes nfastes !... Car mon imagination,dmte par l'pouvante, leur dcernait instinc-

tivement les Appellations divines.Et, ma foi ! je renonce les dpeindre,

abandonnant ce treizime labeur d'Alcide aux

documentaires de la charogne et aux cosmo-

graphes des fermentations vermineuses.

Je me souviendrai longtemps, nanmoins,

de ces trois incomparables crapules que je voisencore dans leurs souquenilles putrfies, pen-ches fronts contre fronts, sur l'orifice d'un sac

ftide qui et pouvant les toiles, o s'amon-

celaient, pour l'exportation du typhus, les

innommables objets de quelque ngoce archi-

smitique.

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Je leur dois cet hommaged'un souvenir

presque affectueux, pour avoir voqu dans

mon esprit les images les plus, grandioses qui

puissent entrer dans l'habitacle sans magni-ficence d'un esprit mortel.

Je dirai cela tout l'heure aussi clairement

qu'il me sera donn de le dire.En attendant, j'affirme, avec toutes les ner-

gies de mon me, qu'une synthse de la question

juive est l'absurdit mme, en dehors de l'accep-tation pralable du Prjug d'un retranche-

ment essentiel, d'une squestration de Jacob dans

la plus abjecte dcrpitude, sans aucun espoird'accommodement ou de retour, aussi longtemps

que son Messie tout brlant de gloire ne

sera pas tomb sur la terre.


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vin

11!!!!'} USQUA cc Jour a Parfa'tc justiced'en

J KIJ I haut ou d'en bas continuera d'exiger

'&&JJ)M imprieusement qu'on l'excre en levomissant. Rigoureusement, je sais bien que les

Isralites peuvent tre appels nos frres , au mme titre, j'en ai peur, que les plantes ou

les animaux dnomms ainsi par le sraphiquesaint Franois, qui ne s'est jamais tromp. Mais

les aimer comme tels est une proposition quirvolte la nature. C'est le surfaste miraculeux

de la saintet la plus transcendante ou l'illusion

d'une religiosit imbcile.

H n'a pas fallu moins que l'autorit d'un des

Douze pour certifier qu' lie 'fut semblable

nous , car ce prophte qui eut le Feu pour

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serviteur, parat avoir t beaucoup plus qu'unhomme; mais les Juifs ns ou natre depuis la

Grand'Messe du premier Vendredi Saint ne

peuvent jamais tre nos semblables.

Leur chair triste, rfractaire tout mlange

pendant un si grand nombre de sicles, nous

avertit surabondamment de leur prodigieux tatd'exception dans l'humanit.

C'est la Souche, malgr tout, de Notre

Seigneur Jsus-Christ, rserve par consquent,inarrachable, immortelle, effroyablementbranche, sans doute, au lendemain du solen-

nel Crucifigatur , mais intacte en son supportet dont les racines adhrent au plus profond des

entrailles de la Volont divine.

C'est pour cela qu'ils sont tous imperturba-blement identiques et si compltement rsorbs

dans la personne extrieure de leurs paniquesvieillards. Les haillons noirs et la puanteursnile n'y changent absolument rien, et c'est

parce que je voyais avec prcision tous les mil-

lionnaires contemporains, mles ou femelles,

qui font l'orgueil de nos synagogues parfumes,dans les trois carcasses mentionnes plus haut,

qu'elles m'impressionnrent si durablement.

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Le Salut par les juifs

L'histoire des Juifs barre l'histoire du genrehumain comme une digue barre un fleuve, pouren lever le niveau. Us sont immobiles jamaiset tout ce qu'on peut faire c'est de les franchir

en bondissant avec plus o moins de fracas,sans aucun espoir de les dmolir.

On l'a suffisamment essay, n'est-ce pas?et l'exprience d'une soixantaine de gnrationsest irrcusable. Des matres qui rien ne rsis-

tait entreprirent de les effacer.. Des multitudes

inconsolables de l'Affront du Dieu vivant se

rurent leur tuerie. La Vignesymbolique

du

Testament de Rdemption fut infatigablementsarcle de ces parasites vnneux ; et ce peupledissmin dans vingt peuples, sous la tutelle

sans merci de plusieurs milliers de princes chr-

tiens, accomplit, tout le long des temps, son

destin de ferqui

consistaitsimplement

nepasmourir, prserver toujours et partout, dans les

rafales ou dans les cyclones, la poigne de boue

merveilleuse dont il est parl dans le saint'Livre

et qu'il croit tre le Feu divin, (i)Cette nuque de dsobissants et de per-

(i) Machbes,Livre II, ch. i.

3i


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fides, que Mose trouvait si dure, a fatigu lafureur des hommes comme une enclume d'un

mtal puissant qui userait tous les marteaux.

L'pe de la Chevalerie s'y est brche et le

sabre finement tremp du chef musulman s'y est

rompu aussi bien que le bton de la populace.

H est donc bien dmontr que rien n'est faire, et, considrant ce que Dieu supporte, il

convient, assurment, des mes religieuses de

se demander une bonne fois, sans prsomptionni rage imbcile et face face avec les Tn-

bres, si quelque mystre infiniment adorable ne

se cache pas, aprs tout, sous les espces de

l'ignominie sans rivale du Peuple Orphelin con-

damn dans toutes les assises de l'Esprance,mais qui, peut-tre, au jour marqu, ne sera pastrouv sans pourvoi.


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IX

acWATIENCE ! coutez ceci, vous, les

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rite notable que, dans les Livres sacrs, le motARGENT est synonyme et figuratif de la vivante

Parole de Dieu. (1) D'o dcoule cette con-

squence que les Juifs dpositaires anciens de

cette Parole, qu'ils ont fini par crucifier quandelle est devenue la Chair de l'Homme, en ont

retenu, postrieurement leur dchance, lesimulacre, pour accomplir leur destin et ne paserrer sans vocation sur la terre.

C'est donc en vertu d'un dcret divin

qu'ils possderaient, n'importe comment, la

plus large part des biens de ce monde. Grande

joie pour eux! mais qu'en font-ils? (i)Ce qu'ils font de l'argent, je vais vous le

dire, ils le crucifient.Je demande pardon pour cette expression

assez gnralement inusite, je crois, mais quin'est pas plus extravagante, si on y regardebien, que cette autre : Manger de l'argent ,dont la monstruosit relle, divulgue, ferait

expirer d'effroi les innombrables humains quil'utilisent.

J 'ai dit exactement ce que je voulais dire.

(i) Ps. xi, 7.(2) ChristopheCotombdevantlesTaureaux,p. 108.

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Ils le crucifient, parce que c'est la manire juived'exterminer ce qui est divin.

Les symboles et les paraboles du Saint

Livre sont pour toujours, l'glise, infaillible,

n'ayant pas plus ratur les figures qu'elle n'a

congdi les prophties. C'est l'ternit seule-

ment qui a leur mesure et les Juifs ayant gorgle Verbe fait chair, aprs l'avoir trs-jalouse-ment gard, aussi longtemps qu'il n'clatait pas leurs yeux charnels, pousrent leur insu

l'effroyable pnitence d'tre fixs jamais dans

leur sacrilge et de continuer avec rage sur l'in-

destructible Symbole ce qu'ils avaient accomplisur la chair passible du vrai Dieu.

Crucifier l'argent? Mais quoi! c'est l'exalter

sur la potence ainsi qu'un voleur; c'est le dres-

ser, le mettre eh haut, Visoler du Pauvre dont il

est prcisment la substance!...

Le Verbe, la Chair, l'Argent, le Pauvre...Ides analogues, mots consubstantiels qui dsi-

gnent en commun Notre Seigneur Jsus-Christdans le langage que l'Esprit-Saint a parl.

Car, sitt qu'on touche l'une ou l'autre de

ces effrayantes Images, qui sont si nombreuses,

elles accourent toutes la fois et mugissent de

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tous les cts comme des torrents qui se hte-raient en bondissant vers un gouffre unique et

central.

C'est moi ! crie chacune d'elles. C'est moi, l'Argent, qui suis le Verbe de

Dieu, le Sauveur du monde! C'est moi qui suis la

Voie, la Vrit, la Vie, le Pre du sicle futur !,.. C'est moi, le Verbe, qui suis l'Argent, la

Rsurrection, le Dieu fort, le trs-bon Vin, le

Pain vivant, la Pierre angulaire !... C'est moi, la Chair, la chair dbile, qui

suis pourtant la Joie des Anges, la Puret des

Vierges, l'Agneau des agonisants et le bonPasteur des morts !...

Et c'est moi toujours, moi le Pauvre, le

Pre des pauvres, qui suis le Trsor des fidles,trsor de vermine et d'abjection, en mme temps

que le Roi des Patriarches et la Force des

Martyrs ! C'est bien moi qui suis l'Esclave, leConspu, l'Humili, le Lpreux, le Mendiant

horrible dont tous les Prophtes ont parl... et

le Crateur des voies lactes et des nbu-

leuses, par-dessus le march!

Mais qui donc pourrait avoir des penses

dignes de tels objets ?


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X

wfx H ! quand J sus clamait vers son Pre :v%w9sv

Yj&mfy (


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L'impassible Argent, l'excrable et saint

Argent par le moyen duquel Dieu voulut qu'onl'achett Lui-mme comme une pice de btail,

fut alors investi, pour l'effroi du genre humain,

de la Survivance mystrieuse et profondment

symbolique dont les enfants de Jacob allaient

tre les curateurs.Par le prodige d'un aveuglement qui dpasse

toute misre et dcourage toute piti, le plus

ple des mtaux remplaa, pour un peuplecondamn durer toujours, le Dieu livide qui

expirait entre deux voleurs.

En consquence, j'estime que c'est l'enfan-

tillage sans innocence d'une mulation mercan-

tile, d'incriminer obstinment cette foule mlan-

colique pour sa flonie et pour sa cupidit sans

bornes. 11 vaudrait mieux, sans doute, s'efforcer

d'apercevoir,ne ft-ce

quedans un sillon

d'clair, travers la colonne de fume ftide quise tient toujours sur son front de guerre, le

spectacle prodigieux de son chtiment sans fin.

Je le disais, il n'y a qu'un instant, on a vaine-

ment assomm, grill, pilonn les Juifs, pendantdes sicles et sur la

superficiede tous les

empires. Ils sont forcs par Dieu, invinciblement

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et surnaturellement forcs, d'accomplir lesabominables cochonneries dont ils ont besoin

pour accrditer leur dshonneur d'instruments

de la T{demption.On recommencerait aujourd'hui le mme

carnage avec le mme insuccs, puisqu'ils ne

peuvent absolument pas s'empcher d'tre cequ'ils sont et qu'il leur faut, au moins, l'arrive

d'lie et le dclouement des Mains et des Pieds

du Christ pour obtenir leur pardon.


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X]

SII \ A symPatn'e Pour ies Jui s est un signe

ci- e turpituc e c'esT bizn entendu. 11jfcamjffl est impossible de mriter l'estime d'un

chien quand on n'a pas le dgot instinctif de

la Synagogue. Cela s'nonce tranquillementcomme un axiome de gomtrie rectiligne, sans

ironie et sans amertume. *

Je m'embarrasse peu, quant moi, de ceque les thologiens ou les conomistes leur

reprochent. Il me suffit de savoir qu'ils ont com-

mis le Crime suprme, en comparaison duqueltous les crimes sont des vertus, le Pch sans

nom ni mesure qui touche l'Intgrit divine et

qui n'aurait aucune chance de rmission si la

4'


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prire insense de Jsus, ivre de tourments sur

sa Croix folle, n'intervenait pas.lis ont dtest le PAUVRE, d'une dtestation

infinie. Ils l'ont tellement dtest, que pour

l'outrager et le torturer leur convenance, il a

fallu qu'ils rassemblassent de partout et qu'ils

appelassent leur secours

l'nergiede feu

souterrain des ressentiments hrditaires contre

un Sabaoth qui chtiait si terriblement, autre-

fois, leurs transgressions.Il a fallu qu'avec la patience de plusieurs

millions de fourmis qui s'acharneraient

construire unemontagne,

ils accumulassent,

l'avance, pendant des gnrations, contre

l'Homme Unique et volontairement dsarm, les

plus froces tmoignages du Livre implacableo l'Esprit du Dieu d'Isral avait crit sa colre.

Retournant contre lui l'excessive menace de

leurs vieuxtextes,

ils semblaient lui dire ; Ton

Pre nous a battus de verges, mais-nous allons

te flageller avec des scorpions . (i) Nous

froisserons ta chair avec les pines et les

chardons du dsert , (2) etc.

(1) Ttyis,LivreIII, chap. 12.

(2)Juges,chap. 8.4


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Les clameurs de possds qui prcdrentla Sentence et qui accompagnrent, comme une

basse continue, l'incommensurable Supplicefurent assurment la plus complte manifestation

de l'horreur humaine pour la Pauvret.

Ce dlire surnaturel ne pourra jamais tre

dpass et lorsque la houle des populacesdmentielles grondera de joie sr les cadavres

des Deux Tmoins- dont l'Apocalypse a

prophtis l'immolation, ce ne sera pas plus

pouvantable.11 n'est pas ncessaire d'avoir fait de puis-

sants travaux d'exgse pour savoir qu'en effetJsus-Christ fut le vrai Pauvre, dsigncomme tel chaque page de l'Ancien ou du

Nouveau Testament, l'unique parmi les phis

pauvres, insondablement au-dessous des Jobsles plus vermineux; le diamant solitaire et l'escar-

boucle d'Orient de la pauvret magnifique, et

qu'il fut enfin la Pauvret mme annonce pardes Voyants inflexibles que le peupl avait

lapids.11 eut pour compagnes les trois pauvrets ,

a dit une sainte. 11 fut pauvre de biens, pauvred'amis, pauvre de Lui-mme. Cela dans ls

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profondeurs de la profondeur, entre les parois

visqueuses du puits de l'Abme.

Puisqu'il tait Dieu et qu'il n'avait acceptde venir que pour prouver qu'il tait Dieu en se

manifestant vraiment pauvre, il le fui dans l'irrar

diation et la plnitude infinies de ses Attributs

divins.

11 n'y eut donc pas d'autre Victime que le

Pauvre et les excs absolument incomprhen-sibles de cette Passion toujours actuelle,

flagrante perptuit, dont l'athisme lui-mme

ne peut assoupir l'effroi, sont inexplicables aux

gens qui ne savent pas ce que c'est que la

Pauvret, a l'lection dans la fournaise de la

pauvret , selon le mot d'isae qui montra tes

choses futures zX qui fut sci entre deux poteaux.


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XI1

g|c> ESJ uifs ont l'honneur indlbile d'avoir

llBlr' trac uit l'usage de l'humanit, laJ J ISf haine du Pauvre, en un style de tour-

ments dont l'loquence a supplant toutes les

pouvantes connues.

] 1ssurent tellement l'normit de leur besogne

qu'ils inventrent le Couronnement d'pines,

pour qu'il ft irrfragable dsormais qu'ilsavaient eu le pouvoir de conditionner, au moins,un vrai Roi de l'abjection et de la douleur.

Crmonie sans exemple jusqu'alors, dont

les savants du vieux Temple ne devaient pas

ignorer le sens profond. Les pines sont l'ingr-

dient essentiel de la maldiction suprme, depuis

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le Dsastre initial, et la moisson des pines la

place de la moisson du froment est un lieucommun des plus hbraques.

Ils se rappelaient sans doute le cri du

Lamentateur : Humiliez-vous et asseyez-vous

par terre, dplorable troupeau du Seigneur, car

la couronne de votregloire

est tombe de votre

tte ; (1) et peut-tre aussi les ptales de sangvivant qui sortaient du front du Christ les fai-

saient-ils penser avec rage au Coronemus ROSIS

du cantique blasphmatoire de la Sagesse. (2)Mais savaient-ils, ces docteurs pleins d'iro-

nie et decruaut, que cette Couronne effroyable

rgnerait sur eux jamais et les opprimerait plusdurement que le Pharaon, puisqu'elle tait posesur le chef mourant de Celui qui ne pouvait avoir

d'autre successeur que l'odieux argent dont

ils devinrent, aprs sa mort, les misrables

esclaves?Car c'est un mystre fort troublant. La

mort de Jsus spara essentiellement l'Argentdu Pauvre, le prfigurant du prfigur, en la

(1) Jrm., chap. i3, v. 18.

(2) Chap. 2, v. 8.

*

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mme faon qu'elle spare le corps de l'me dansles trpas ordinaires.

L'glise universelle ne du Sang divin eut

le Pauvre pour son partage, et les Juifs, retran-

chs dans l'imprenable forteresse d'un rcalci-

trant dsespoir, gardrent l'Argent, le blme

argent griff de leurs sacrilges pines et ds-honor par leurs crachats, comme ils eussent

gard sans tombeau le cadavre d'un Dieu

sujet la corruption, pour qu'il empoisonntl'univers !


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xni

12&W

AS qui donc peut s'intresser ces%% || vnrables 1mages sur lesquelles pour-Hffil tant le monde a vcu, et qui voudrait

s'efforcer de les comprendre? Un travail tel quecelui-ci ne souffre gure qu'on les carte, et

comment chapper la dcourageante certitude

qu'on ne sera pas entendu ?Ils ont l'air parfois si contradictoires, ces

vocables, familiers ou rares, dont le sens littralest si divers et l'acception spirituelle si in-

variable, qui disent tous leur manire la Sub-

stance infinie et qui ne sont que des voiles d'un

tissu changeant au devant du mme tabernacle!

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On est tent de les croire incohrents ou ca-pricieux parce qu'ils se prcipitent quelquefoisles uns sur les autres et qu'ils semblent tour

tour se dvorer ou s'enlacer amoureusement.

Quand on les regarde avec fixit, ils se com-

pntrent soudain et se coalisent en un seul

front, pour se multiplier derechef aussitt qu'ons'efforce de les saisir.

Et quand, plein de lassitude, on s'en d-

tourne pour contempler de vaines ombres dans

les miroirs nigmatiques de cet univers, ils

arrivent insidieusement, comme des obsesseurs

trs-subtils, et ils environnent l'esprit de leurstranches silencieuses...

On a beau savoir qu'ils sont les flots d'un

identique Ocan et qu'ils ne peuvent rompre les

digues de l'Unit absolue, l'ondoyance perp-tuelle de leurs aspects et le conflit apparent

de leurs couleurs dconcertent infailliblementl'orientation la plus attentive.

Il faut prendre son parti de n'obtenirjamate

que d'intermittents clairs, car Jsus lui-mme,

venu, disait-il, pour tout accomplir , ne s'ex-

prima qu'en paraboles et. similitudes.

L'interprtation des Textes sacrs fut autre-

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Le Salut par les Juifs,

fois considre comme le plus glorieux effortde l'esprit humain, puisqu'au tmoignage de

l'infaillible Salomon, la gloire de Dieu est de

cacher sa parole . (i)C'tait, alors, le temps des matres et le

rgne tranquille des spculations d'en haut.

Maintenant, c'est l'heure des domestiques et lavictoire dcisive des curiosits d'en bas.

11 est donc au moins superflu d'esprer un

peu d'attention et je me garderais soigneuse-ment d'y prtendre, si je ne savais pas.qu'onmeurt de faim dans les tables du Pasteur et

qu'un grand nombre de voix rclament dj laclef du sicle prochain o les indigents supposent

que la Providence a mis en rserve le rassasie-

ment des esprits.

J 'ai la douleur de ne pouvoir proposer mes

ambitieux contemporains un rvlateur authen-

tique. La conciergerie des Mystres n'est pasmon emploi et je n'ai pas reu la consignationdes Choses futures. Les prophtes actuels sont,

d'ailleurs, si compltement dnus de miracles

qu'il parait impossible de les discerner.

(i) Proverbes,chap. iS, v. 2.

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Mais s'il est vrai qu'on en demande, parune consquence naturelle de ce point de foi

qu'il doit en venir un jour, je voudrais savoir

pourquoi on ne les demande jamais l'unique

peuple d'o sont sortis tous les Secrtaires des

Commandements de Dieu.


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XJ V

[plpmS E sais bien qu'il y a l'histoire du figuier

f|p||l|i

maudit pour avoir t trouv sans

rM&mlrJk fruit, lorsque Jsus tait affam. Ilest vrai que ce n'tait pas encore le temps des

figues . L'vangile en fait la remarque.11 dit mme, qu'il n'y a pas lieu de dsesprer

tout fait si on creuse l'entour et qu'on yverse des excrments .

(i)Un

peude

patience,il sera to.ujours temps de l'abattre s'il s'obstine ne produire aucun fruit.

Ce pauvre figuier qui n'a rien donner au

pauvre Christ, parce que le temps de ses figuesn'est pas venu, m'intresse passionnment. Car

[i) tue, XIII, 8.

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il est l'indiscutable symbole du peuple juif dont

il exprime souverainement la prosprit.Mais ne fallait-il pas qu'en attendant le

dluge des immondices pour l'exubrance d'une

fcondit ultrieure, il donnt tout de mme un

fruit quelconque ce Rdempteur impatient quil'avait maudit, et n'est-il pas permis de conjec-turer que l'impntrable Tratre qui rsumait sibien la Race bifide, se suspendit prcisment

cet arbre de dsespoir sous le feuillage duquel tous

les bons Hbreux de la tradition s'asseyaientavec confiance.

Ce doit tre l'tonnement des Esprits du

ciel de. rapprocher du sort des Juifs, dater

de cette horrible primeur, les antiques pro-messes de domination glorieuse et d'allgresse in seternum dont leurs Livres sont saturs.

A l'apparition du Pauvre, imprvue depuisdeux mille ans, tout ce qu'il y avait de spirituelen eux a dcamp et leur nature charnelle

d'idoltres compteurs d'argent s'est manifeste.

Judas est leur type, leur prototype et leur

surtype, ou, si on veut, le paradigme certaindes ignobles et sempiternelles conjugaisons de

leur avarice, ce point qu'on les croirait tous


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sortis, en mme temps que les intestins, du ventre

crev de ce brocanteur de Dieu.

C'tait un filou vulgaire, un Klephte,selon le grec, dit le doux vangliste saint

Jean, et c'tait lui qui tenait la bourse . 11 la

tient encore, plus que jamais, et c'est cela,

exclusivement,

qui

nous procure le spectacle

gnreux des indignations journalires de l'ac-

phale contempteur de Sem.

Le Moyen Age, qui avait peine la notion

du porte-monnaie et dont le coeur chavirait

d'amour, n'alla jamais au del des trente pices

d'argent quilui

paraissaient"t peut-treune

somme fabuleuse et qu'il et prfre sans

doute moins considrable, pour que l'opprobrede son Dieu ft encore plus cousin germain de

l'humiliation des souffre-douleur qui deman-

daient l'aumne en son Nom.

Les chrtiens d'alorscomprenaient

fort

bien qu'il n'y a dans le drame tumultuaire du

Vendredi Saint que deux personnages : les Juifset le Pauvre, et ils partageaient quitablementleurs simples mes entre l'adoration douloureuse

et l'horreur sans bornes, abandonnant tout le

reste aux docteurs subtilsqui parlaient

latin..

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Je ne saisplus

exactement oj'ai

lu l'aven-

ture assez nave de cet ancien chevalier, sigeanten sa qualit de haut notable dans un synodeassembl pour le jugement ecclsiastique d'un

rabbin turbulent qui avait mis en circulation de

damnables gloses contre la Vierge Marie.

Aprsune

longue disputeo l'audacieux

circoncis avait aisment confondu les tho-

logiens ignares qu'on lui opposait, et le louche

silence qui prcde l'vacuation d'un arrt sans

misricorde ayant commenc, le vieil homme

vtu de fer, qui n'avait pas encore fait acte de

vivant, descendit avec lenteur de la stalle en

cceur de vieux chne o il avait paru sommeiller

et, s'approchant du talmudiqe : Juif, dit-il, tu as bien parl, mais il reste

un argument que tu n'avais pas prvu et qui te

laissera sans rponse.A ces mots, il

dganeson immense

pede Ptolmas ou d'Antioche et le fend en deux,comme un Sarrasin flon, de la tte aux pieds.

De telles anecdotes sont prcieuses pour

exasprer les imbciles et rafrachir l'imaginationdes bons chrtiens.


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XV

RJF1 UMBLE e* grand Moyen-Age, poque

pEf ll ^ P us cnere tous ceux clue esiJBbaBa clameurs de la Dsobissance impor-tunent et qui vivent retirs au fond de leurs

propres mes 1

Les trois derniers sicles onf beaucoup fait

pour le raturer ou le dcrier, en altrant par tous

les opiums les glorieuses facults lyriques duvieil Occident. 11 existe mme un courant nou-

veau d'historiens-critiques et documentaires, de

qui cette besogne odieuse est le permanentsouci.

Mais je crois bien que les Mille ans de

pleurs, de folies sanglantes et d'extases conti-

5;


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nueront de couler travers les doigts des

pdants, aussi longtemps que le coeur humainn'aura pas cess d'exister; et c'est une remarque

trange que les Juifs sont, en somme, les tmoins

les plus fidles et les conservateurs. les plus

authentiques de ce candide Moyen Age qui les

dtestait pour l'amour de Dieu et qui voulut tant

de fois les exterminer.

J 'voquais, en commenant, le souvenir de

ces malpropres et sublimes individus qu'il me

fut donn de contempler Hambourg,

animaux si bien conservs dans leur purin, si

intacts, si prodigieusement immaculs de tout

ce qui n'tait pas la vermine des ascendants oudes proches, que j'eus l'angoisse de me sentir en

prsence du mme troupeau qui faisait vomir les

gens ns sous le rgne de Philippe Auguste ou

de Frdric Barberousse et dissmins sous la

terre ou dans les sillons des cieux, depuis tant

de gnrations qu'ils sont morts en se souve-

nant de la mort du Christ.

J 'entrevis l'norme grandeur de ces tempslointains o la militante glise qui avait domptl'univers et dont les pieds d'Immacule Concep-tion se posaient sur le cou des rois, broyait

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pourtant sa puissance contre un peuple de

vermisseaux qui lui rsistait sans jamais mourir.On et pu dire, semble-t-il, que cet obstacle

impossible vaincre l'avertissait, en pleinevictoire, de sa condition prcaire d'poused'un Dieu sanglant qui tout avait rsist...

Devenue comme la mer, elle dut, en frmis-

sant, prendre pour elle-mme la concise pro-hibition du Seigneur : Tu viendras jusqu'ici et

tu ne passeras pas plus avant, et c'est ici quetu briseras l'enflure de tes ondes. (i)

Nanmoins, la guerre aux Juifs ne fut

jamais, dans l'glise, que l'effort mal dirigd'un grand zle charitable et la Papaut les

abrita gnreusement contre la fureur de tout

un monde.

{t)Job, XXXVI1I, ii.


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XVI

iw Sm. xsFECTAm exspectavi, chantaient les

B Si) cnr ticns* attendant la Rsurrectionm Cj des morts.

Bxspectaveram et adhuc exspectabo, rec-

tifiaient avec profondeur les gmissants d'Isral.

J 'avais attendu et je veux attendre encore.

Votre Messie n'est pas mon Messie et quand

mme tous vos tombeaux s'ouvriraient, j'atten-drais toujours !

La patiente glise de Jsus considrait

silencieusement ces suspendus ternels, fortifis

par un indicible espoir et dont nul sauveurn'aurait pu porter la pnitence pouvantable,

cependant que les basiliques et les monastres

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carillonnaient la

gloired'un Enfant

Juif quitait mort dans l'ignominie pour sauver les

vagabonds.Les sanglots ou les chants des cloches, dont

tous les empires chrtiens frissonnaient d'amour,

frappaient en vain l'me obstine de ces orphe-

lins de Lviathan.Cranciers d'une Promesse imprissable que

l'glise jugeait accomplie et forts d'un Pacte

sempiternel enregistr par l'Esprit-Saint jusqu'trois cents fois, le Fils de Marie leur paraissait peine l'gal de ce roi lpreux qui rgna sur

Jrusalem, qui fut plein de lpre jusqu'au jourde sa mort et le terrible habitant d'une maison

solitaire, pour son crime d'avoir usurp l'encen-

soir des fils du grand prtre, (i)Comme ils devaient mpriser les pompes

douloureuses du Christianisme, ces guenilleux

indompts qui pensrent toujours que la Gloiredu Dieu d'zchiel avait besoin de leur propre

gloire!Ahl l'glise avait beau leur dire : Celui

qui a vendu son frre, un fils d'Isral, et qui en

(i) Paralipomnes,'Hv.Il, chap. 26.62


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a reu le prix, doit subir la mort , (i) toute lapostrit de Jacob pouvait lui rpondre :

Si vous nous croyez semblables Can

parce que nous sommes errants et fugitifs sur la

terre, souvenez-vous que le Seigneur a marqud'un SIGNE ce meurtrier, pour que ceux qui le

trouveraient ne le tuassent pas (2) et voyez,aprs cela, combien sont vaines vos menaces

d'extermination.

Nous avons la parole d'honneur de Dieu

qui nous a jur son alliance ternelle et nous

refusons de le dlier. Cette parole subsiste

jamais et, quand elle s'accomplira, vous devien-drez notre esclave.

Si c'est son Fils que nous avons crucifi,

qu'il se sauve donc lui-mme, ce Sauveur des

autres, puisque nous avons promis de croire en

lui quand il descendra de sa Croix.

(1) Deutronome,XXIV, 7.(2) Gense,IV, i5.


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XV11

MAgWfel T a Mre des fidles, glace d'hor-

KS J rcur' contmuc, dans l'introublable

'MMM^ srnit de sa Liturgie, les Lamenta-tions sublimes :

Comment est-elle accroupie dans' la

solitude, la Cit pleine de peuple? Elle est

faite comme une veuve, la Dominatrice des

nations ; la Princesse des provinces est devenue

tributaire. En larmoyant elle a pleur dans la nuit et

ses larmes sont en ses joues ; il n'est aucun de

ses bien-aims qui la console : tous ses amis

l'ont mprise et lui sont devenus ennemis.

Juda a chang de lieu cause de l'afflic-

tion et du cumul de la servitude. 11 a habit

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Le Salut par ls Juifs^

parmi les gentils et n'a pas trouv de repos; tous

ses perscuteurs l'ont apprhend dans les lieuxtroits.

Les chemins de Sion pleurent parce qu'il

n'y a personne qui vienne la Solennit : toutes

ses portes sont dtruites, ses prtres gmissants,ses vierges sordides, elle-mme oppressed'amertume.

Les trangers ont t mis sa tte et ses

ennemis se sont enrichis, parce que le Seigneura parl sur elle, cause du grand nombre de ses

injustices. Ses tout petits ont t conduits en

captivit devant la face de celui qui leur fait

tribulation.

Jrusalem, Jrusalem, reviens au Sei-

gneur ton "Dieu!

Et de la fille de Sion s'est vad tout son

dcor : ses princes ont t faits comme des

bliers qui ne trouvent point depacage

et s'en

sont alls sans force devant la face de celui quiles pourchassait.

Jrusalem s'est souvenue du jour de son

affliction et de l'inconstance de toutes les choses

dsirables qui taient siennes, pour les avoir

eues ds les anciensjours, lorsque

sonpeuple

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tombait dans la main hostile et qu'il n'tait

point d'auxiliateur. Les ennemis l'ont vue et sesont moqus de ses sabbats.

Jrusalem a grivement pch, c'est pour-

quoi elle a t faite instable. Tous ceux qui la

glorifiaient l'ont mprise, parce qu'ils ont vu

son ignominie; elle-mme en gmissant est

retourne en arrire. Ses ordures sont sur ses pieds et elle n'a

pas eu souvenance de sa fin. Elle est mise en bas

effroyablement, n'ayant point de consolateur.

Vois, Seigneur, mon affliction, puisque l'ennemi

s'est dress.

Jrusalem, Jrusalem, retourne-toi vers

ton Seigneur Dieu!

L'adversaire a mis sa main sur toutes les

choses dsirables qu'elle possdait; car elle a

vu les nations qui taient entres dans son sanc-

tuaire,desquelles

tu avais commandqu'ellesn'entrassent en ton glise.

Tout son peuple est gmissant et cher-

chant le pain; ils ont donn toutes les choses

prcieuses pour avoir de quoi manger la rfec-tion de leur me. Vois, Seigneur, et considre

que jesuis devenue trs vile.

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O vous tous qui passez par le chemin,

soyez attentifs et voyez s'il est une douleurcomme ma douleur; car le Seigneur m'a ven-

dange, ainsi qu'il l'a dit au jour du dchane-

ment de sa fureur.

11 a envoy le feu d'en haut dans mes os

et il m'a ouvert l'entendement. 11 a tendu le filet

devant mes pieds, il m'a force de retourner en

arrire; il m'a laisse dsole, tout le jour

broye de tristesse.

Le joug de mes iniquits a veill dans sa

main : elles ont t enroules et poses mon

cou ; mavigueur

est extrmement affaiblie et le

Seigneur m'a abandonne une puissance dont

je ne pourrai me dlivrer, (i) Jrusalem, Jrusalem, amende-toi pour

l'amour de ton pauvre Dieu qui t'implore !

(i) OfficedeTnbres,i" nocturneduJeudi Saint.


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XVI11

[if SKl SUS sera en agonie jusqu' la fin duim Mmi monde, crivait Pascal, le plus

(s Xik dplorable, je crois, d'entre les grandshommes qui se sont beaucoup tromps.

Pense d'une haute beaut triste que le

jansniste farouche, assurment, n'et pas expli-

que, et qui ne pouvait tre, ses propres yeux,qu'une hyperbole de pit.

11 serait peu facile, toutefois, d'exprimer

quel point cette combinaison de syllabes a le

pouvoir d'obsder un coeur profond qui la

supposerait plus qu'humaine...

A force d'aimer, le Moyen Age avait com-

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pris que Jsus est toujours crucifi, toujourssaignant, toujours expirant, bafou par la popu-lace et maudit par Dieu lui-mme, conform-

ment au texte prcis de l'ancienne Loi : Celui

qui pend au bois est maudit de Dieu . (i)Comment aurait-il pu ne pas abhorrer les Juifs?

La Passion tait pour lui si contemporaine,si flagrante, le Sang du Christ si tide encore,si vermeil, et ses oreilles bourdonnaient si fort

de la Clameur excrable !

Ce peuple dmoniaque ne hurlait-il pas,s'adressant au Lche condamn laver ternel-

lement ses mains homicides : Que son sangsoit sur nous et sur nos enfants ? 11 fallait bien

le satisfaire, en accomplissant, par la vilipendai-son jamais d'un peuple entier, le pnal verset

de ce Testament Nouveau, prophtique autant

que l'Ancien dont il fut dit qu'un iota ou un point

ne passera pas aussi longtemps que subsisterontle ciel et la terre.

Les souffrances de Jsus furent le pain et le

vin du Moyen Age, son cole primaire et le

pinacle sourcilleux de sa clergie. Elles furent sa

(i) "Deutronome,XXI, 23,

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demeure,son

foyer pleinde brandons et d'tin-

celles, son lit pour natre et pour mourir et,

quelquefois, le paradis de ses Saints qui n'imagi-naient pas mieux que de pleurer avec la Mre

aux Sept Glaives et le Bon Larron, pendant des

ternits.

Elles furent et devaient tre, en effet, lagrande motion, le pome toujours nouveau, la

rdivive priptie d'un drame toujours angois-sant, pour une socit nave o les facults

d'enthousiasme et de dilection flamboyrentavec une magnificence que les seules fournaises

du Paraclet pourront rallumer un jour.La Pauvret du Seigneur tait sentie mer-

veilleusement par ces tendres fpules, et la com-

passion pour un Dieu si lamentable faisait quel-

quefois mourir d'autres pauvres qui prenaientvolontiers, par-dessus leurs propres misres,

tout ce qu'ils pouvaient porter de son fardeau.Pour mieux souffrir avec lui, ils se serraient

contre la Vierge navre qui tient sur ses

genoux comme sur une croix nouvelle, (i)

son grand Fils mort et arrache de sa Tte, avec

(i) SainteBrigitte, llv. i, chap. 10.

V


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des tenaillesprcieuses,

les durespines qu'ony enfona.

Vous tes douloureuse et lacrymable,Notre Dame Vierge Marie, disaient-ils ; quiVous comparer ou Vous galer? Votre contri-

tion est comme la mer. Faites-moi pleurer avec

Vous,faites-moi porter

la mort du Christ,faites-moi le convive de sa Passion et le miroir

de ses Plaies. (i)Elle seule pouvait leur conter la peine infinie

du Dieu Sans-avoir qu'elle avait mis humble-

ment au monde chez des animaux et qui ne

s'taitjamais repos

d'avoir duchagrin

et de

festoyer la tribulation.

(i ) OfficedesSept"Douleurs.


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XIX

Wt


94/185


Humanit sainte et armes alors contre lui dela toute-puissance d'imptration pour' un uni-

vers frapp de folie, s'levrent comme un

grand nombre de vagues autour de sa Croix

solitaire...

Avant que tout ft consomm, quand

toutes les prophties anciennes avaient achevd'engendrer leurs effroyables accomplissements, lorsqu'aprs quatre fois mille ans d'humilia-

tion, la Femme est enfin debout, devant l'Arbre

de vie, les pieds sur la tte du Serpent et le

front dans les douze toiles, toute la descen-

dance misrable du premier Dsobissant,magnifie par ma Compassion, apparut dans

la splendeur de mes larmes.

Le Calice d'amertume infinie que Jsus priaitson Pre d'carter de lui, sous les oliviers,et qui pouvantait son Ame sacre jusqu' la

Sueur de sang et jusqu' l'Agonie, il fallaitmaintenant le boire de la main de Celle qu'ilavait choisie ds le commencement pour tre le

ministre sans tache de la plus cruelle partie de

son Supplice.

Puisqu'il s'tait plaint d'avoir soif, il fallait

bien qu'il le vidt jusqu' la dernire goutte, et ilr

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ne devait lui tre permis d'expirer que lorsquetoutes les larmes des gnrations seraient sorties

de ce vritable Calice de son Agonie qui tait

Mon Coeur!

L'Ange qui l'avait assist la veille s'tait

enfui vers le ciel, son Pre venait de l'aban-

donner, la sentence rigoureuse : Malheur celui qui est seul , se ralisait en lui d'une

manire infinie et sans exemple.Sa Mre elle-mme lui tait devenue comme

une trangre, depuis qu'il s'en tait dpouill

pour son disciple, avant de demander boire.

11 tait dsormais seul seule et face face avec Judith, comme un Holopherne clou

dans le lit de sa perdition, (i)Le soleil dj s'obscurcissait pour chap-

per l'horreur de cette confrontation silencieuse

et les morts commenaient se dmener dans

leurs spultures.... Buvez, mon Fils, disaient les voix

dsoles de mon abme, -^ buvez ces larmes de

tristesse et ces larmes de colre. Le fiel n'avait

pas assez d'amertume et le vinaigre n'avait pas

[i) pUredeta messedesSeptDouleurs.


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assez d'acidit pour teindre une soif pareille la vtre.

Buvez ces larmes d'orphelins, de veuves et

d'exils ;Buvez ces larmes d'adultres, de parri-

cides et de dsesprs ;

Buvez encore ceci qui est l'ocan deslarmes de l'Avarice, de la Concupiscence char-

nelle et de l'Orgueil ;Buvez enfin ces larmes d'argent qui seront

dsormais l'unique patrimoine en Isral, et qu'un

jour la drision sacrilge des faux chrtiens

rpandra sur le catafalque vermiculeux de lavanit des morts.

Tout cela, c'est ce que le Peuple de Dieu

a gard pour le rafrachissement de votre

seconde Agonie, et c'est par moi qu'il vous

l'offre, parce que c'est moi que vous dsigntes

cruellement pour vous en abreuver avant votredernier souffle.

Vous avez dit que ceux qui pleurentsont bienheureux , et c'est parce que je pleureles larmes de toutes les gnrations que toutes

les gnrations m'appelleront Bienheureuse .

Je n'avais parl que six fois dans l'van-

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4 Le Salut par tes Juifs

gile. Telle fut ma Septime Parole, inentenduede l'vangliste ma droite et de Madeleine

ma gauche, mais laquelle rpondit le cri puis-sant du Consummatum.

Jsus baissa sa Tte effrayante pour quela Mort pt s'approcher...

Et le Voile du Temple fut dchir du hauten bas, comme la robe de Caphe ou le ventre

du Proditeur, pour exprimer que les Juifscruels n'auraient plus que des tabernacles

dserts.


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99/185

XX

Pfe^ ES dsolationset les terreurs de

|I||fo) l'vangiletaient ambiantes tel

vmm. point pour ces bonnes gens d'autre-

fois, que leur aversion l'gard des Juifs

empruntait la nature mme de leur sensibilit

quelque chose de prophtique.Non seulement les Juifs avaient crucifi

Jsus; que dis-je?non seulement ils le cruci-

fiaient actuellement devant eux, mais encore ils

refusaient de te faire descendre de sa Croix en

croyant en lui.

Car tous les mots du Texte sont vivants.Pour ces mes profondes et amoureuses, il

nepouvait tre question de rhtorique ou de

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Le Salut "par les Juifs

vaine littrature, quand il s'agissait de la Parolede Dieu.

Les faiseurs de livres, qui ont tout dilapid,dormaient encore dans les limbes des maternits

futures, et l'horreur et t grande, si quelqu'uns'tait avis de supposer que l'Esprit-Saint avait

pu raconter une anecdote ou relater un incidentaccessoire, lagable sans inconvnient.

On ne trouvait pas, dans le Livre, une syl-labe qui ne se rapportt, en mme temps, au

pass et l'avenir, au Crateur et aux cratures, l'abme d'en haut et l'abme d'en bas,

enveloppant tous les mondes la fois d'ununique clair, comme le tournoyant esprit de

l'Ecclsiaste qui passe en considrant les

univers in circuitu, et qui revient en ses proprescercles .

Ce fut d'ailleurs, toute poque, l'infail-

lible pense de l'glise qui retranche d'elle,ainsi qu'un membre pourri, quiconque touche

cette Arche sainte remplie de tonnerres : la

Rvlation par les critures, ternellement

actuelle au sens historique et universelle, absolu-

ment, au sens des symboles.

En d'autres termes, la Parole divine est

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infinie, absolue, irrvocable de toute manire,

itrative surtout, prodigieusement, car Dieu ne

peut parler que de Lui-mme.

Ces mes simples taient donc raisonnable-

ment persuades que la Raillerie juive, con-

signe par les deux premiers vanglistes, n'est

rien moins qu'une chance prophtique de

l'histoire de Dieu raconte par Dieu, et leur

instinct les avertissait que le Rgne terrestre

du Crucifi et la fin glorieuse de son permanent

Supplice dpendaient, en quelque inexprimablefaon, de la bonne volont de ces infidles.


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103/185

XXI

tfWSi R' eur volnt> prcisment, taitllilfeJ'! mferna'e Ces maudits se savaient

ySiisii puissants et leur dtestable joie con-

sistait retarder indfiniment ce Rgne glorieuxattendu par les captifs, en ternisant la Victime.

Le Salut de tous les peuples tait, par leur

malice, diaboliquement suspendu, au sensfigur comme au sens propre, et celui des

Aptres qui avait t pharisien et qui compre-nait sans doute ces choses mieux que personne,s'tait vu forc d'avouer qu'on n'tait sauv

qu' en esprance , rien qu'en esprance, et

qu'il fallait encore attendre la Rdemption, en

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exhalant, avec le dolentEsprit

du Seigneur, des

gmissements innarrables . (1)Le refus de ces canailles immobilisait

effroyablement, par minutes et par secondes, les

plus rapides pisodes et toutes les pripties de

la Passion.

Le ftide Judas baisait toujoursson Matre

au Jardin et le dplorable fils de la Colombe,

Simon-Pierre, ne s'arrtait plus de le renier en

se chauffant au Vestibule.

Crachats, Soufflets, Meurtrissures pleu-vaient sans interruption ni merci, en mme

temps que le vacarme des Injures et le fracassurnaturel des Cinq mille Coups de lanires

plombes mentionns par la tradition, retentis-

saient plus horriblement que jamais, grossis et

multiplis par tous les chos de la Douleur de

la terre, comme le carillon des ouragans.

Sous le haut portique d'une colossaledemeure d'o semblaient sortir les tnbres, le

morose Pilate se lavait les mains depuis mille

ans et songeait sans doute se les laver mille,

ans encore, pour savoir s'il n'obtiendrait pas de

(i) 1{om.,Vlll, 24, 26.

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quelque ocan ce qu'il avait inutilement esprde tous les fleuves.

Et devant ce juge oblique, l'impardonnableCouronne, l'authentique Buisson de feu quicoiffait le Fils de la Vierge, enfonait toujoursses pointes atroces dans le Chef divin du

Supplici que le travail des flagellateurs avaitfait brlant comme un tison.

L'norme cri des tueurs de Dieu grondait

plus fort que le rugissement obstin d'une

cataracte, aggrav par la voix plaintive des

agneaux destins l'immolation pascale, qu'on

entendait chaque instant du ct de la Piscine

probatique...Et cette Croix de dmence, le clouement

et le dclouement du Christ, ses langueurs

inexprimables et les Sept Paroles qu'il pronona,la Station de la Mre et cette Mort d'entre les

morts qui pouvanta le soleil pendant trois

heures; tous les dtails enfin de cette ribote

scandaleuse de tortures dont le seul pressen-timent consume les extatiques, taient impitoya-blement distincts.et discernables, fixs jamaisdans le

tempset dans

l'espace, ankyloss parun infrangible vouloir.

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Descendat NUNC de cruce... Qu'il descendemaintenant de sa croix et nous croirons en lui.

Destructeur du temple de Dieu, sauve-toi toi-

mme. 11 n'y avait pas sortir de cetultimt.

Rien ne finissait parce que rien ne pouvait finir

et que les choses finissantes renaissaient aussitt

partout.On saignait avec Jsus, on tait cribl de

ses plaies, on agonisait de sa soif, on tait

soufflet tour de bras en mme temps que sa

Majest sacre, par toute la racaille de Jrusalem,et les enfants mme qui n'taient pas ns

tressaillaient d'horreur dans le ventre de leursmres, quand on entendait le Marteau du

Vendredi Saint.

Les laboureurs sanglotants allumaient alors

de pauvres flambeaux dans les sillons de la terre,

pour que cette nourrice des malheureux ne ft

pas infconde par l'inondation des tnbres

qui s'pandaient du haut du Calvaire, ainsi qu'uninterminable panache noir, au moment du

Dernier Soupir.C'tait, en ce jour, le grand Interdit de la

compassion et du tremblement. Les oiseaux

migrateurs et les fauves habitants des b'ois

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s'tonnaient de voir les hommes si tristes, et lesanimaux sans colre suaient d'angoisse au fond

des tables en entendant pleurer leurs pasteurs.Les chrtiens l'image d'un Dieu Trs-

Haut descendu si bas se reprochaient avec

amertume de l'avoir fait leur ressemblance et

craignaient de regarder le plafond des cieux...

Depuis les Matines du Jeudi absolu jusqu'l'immense allluia de la Rsurrection, le monde

tait livide et silencieux, artres lies, forces

percluses, chef languide et coeur dolent .

Arbitraire absolu de la Pnitence. Une seule

porte lugubre environne de ples monstres

accusateurs tait entr'ouverte pour aller Dieu..Les vitraux clatants s'teignaient. Les bonnes

cloches ne tintaient plus. C'tait peine si on

avait l'audace de natre et on n'osait presque

plus mourir.

Vainement on s'efforait de consoler la

Vierge aux pes dont les yeux brls de

larmes ressemblaient deux soleils morts. Cette

Face maternelle, qui paraissait exiler tout r-

confort, tait devenue un volcan d'effroi et

jetait parterre les multitudes...

Qu'il descende! hurlaient toujours les

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chacals de la Synagogue. Pourquoi donc, Isral? Est-ce pour le dvorer, ce nouveau

Joseph engendr dans ta vieillesse, qui tu as

fait une si belle tunique de diverses cou-

leurs (i) et que voici dans les bras en croix*

de cette Rachel immobile qu'on ne peut pas

consoler?

(i) Gense,XXXVII,3.


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XX11

jfe$Sl? RIONS pour les perfides Juifs, pour

I WT cluc ^ Seigneur Notre Dieu enlve

J6VSil le voile de leurs coeurs etqu'ilsreconnaissent, eux aussi, Notre Seigneur Jsus-

Christ. Sempiternel Dieu Tout-Puissant, qui ne

rejetez de votre misricorde pas mme la perfidieJuive, exaucez les prires que nous dfrons

vous, cause de l'aveuglement de ce peuple,

pour qu'ayantconnu la

lumirede

votre vritqui est le Christ, il soit arrach de ses tnbres.

Telles taient et telles seront jusqu' la FIN

les prires de l'glise pour l'tonnante postritd'Abraham. Prires absolument solennelles quine sont rcites publiquement que le seul jour

du Vendredi Saint.En ce moment-l, sans doute, les coeurs

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Le Satut par ls Juifs

d'autrefois s'arrtaient de battre et le silence des

colres tait prodigieux, dans l'espoir universel

d'entendre venir des lieux souterrains le prlimi-naire soupir de la conversion du Peuple obstin.

On sentait, confusment que ces hommes

de crasse et d'ignominie taient, quand mme,les

geliersde

la Rdemption, que Jsus taitleur captif, que l'glise tait leur captive, queleur consentement tait ncessaire la diffusion

des allgresses et que c'tait pour cela qu'unmiracle persistant gardait leur progniture.

En accomplissement de la plus impntrable

des lois, ils taient puissamment ancrs dansleur volont mauvaise d'assoupir la Force de

Dieu et d'ajourner implacablement sa Gloire,

pour qu'en effet l'une et l'autre parussent oisives

en prsence des dsespoirs de l'humanit,

jusqu' l'heure admirablement occulte o la

Propitiation douloureuse du Verbe fait Chairserait consomme dans tous ses membres.

Et cette heure furtive, Jsus lui-mme avait

dclar ne la point connatre, affirmant que nul, except le Pre, ne la connaissait!... (i)

(i)Marc, XIII, 32.

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Mais o le mystre devenait intolrablecompltement, c'tait l'ide que ce moment

unique, dsir famliquement, depuis tous les

ges, par l'universalit des cratures, dpendaitencore et toujours de ces mmes Juifs, cranciers

inexorables de l'Esprit-Saint, qui mettaient

opposition sur le Sang du Christ.Les sicles avaient coul comme de l'eau

et les gnrations vivantes s'taient empilessur les gnrations mortes. On avait beau pro-duire des titres ou des cdules paraphs de ce

prcieux Sang et contresigns du sang de tous

les Martyrs; on ne rencontrait jamais quel'odieux visage de ces usuriers du Consolateur

et la magnificence de Dieu restait close.

C'est en ce sens que les Juifs, si durement

opprims par les adorateurs de la Croix, faisaient

couler en revanche tant de pleurs chrtiens

derrire eux, et de si terribles pleurs qu'on auraitpu croire vraiment que la Mer rouge s'tait

lance leur poursuite... et c'est pourquoi

l'glise avait le courage de prier pour eux d'un

coeur dchir.


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XX111

vJ|p J3 ESJ uifs ne se convertiront que lorsque

wiiSSvJ J sussera descendu de sa

Croix,et

jfttfffljc] prcisment Jsus ne peut en des-

cendre que lorsque les Juifs se seront convertis.

Tel est l'impossible dilemme o le Moyen

Age se tordit comme dans les branches d'un

tait. Aussi ne s'interrompait-il de maudire

ou de massacrer ces antagonistes abominablesque pour se traner leurs pieds, en les sup-

pliant, avec des sanglots, d'avoir piti du Dieu

ptissant.11 n'existe pas de pome qui puisse tre

compar cet agenouillement insens de toutes

les nations devant un troupeau de brutes fan-

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Le.Satut partes J ifs~~"^

geuses, pour les implorer au JVO/H de la Sagesse

ternelle en agonie : Quid feci tibi, aut in. quo contristavi te ?

O mon peuple! que t'ai-je fait et en

quoi t'ai-je consist? Rponds-moi. Parce que je t'ai men hors de la terre

d'Egypte, tu as prpar une croix ton Sau-

veur;.. Parce que je t'ai .guid quarante ans dans

le dsert et que je t'ai nourri de manne, et queje t'ai introduit dans une terre trs-bonne, tu as

prpar une Croix ton Sauveur... Qu'ai-je d faire en outre pour toi que je

n'aie poinf fait? Je t'ai plant comme ma vignemagnifique, devenue pour moi trs-amre, cartu as abreuv ma soif de vinaigre et tu as percd'une lance le ct de ton Sauveur...

A cause de toi, j'ai flagell l'Egypte avecses premiers-ns, et tu m'as livr

pourtre

fouett...

J'ai march devant toi dans la colonne de

nues, et iu m'as conduit au prtoire de Pilate...

Je t'ai repu de manne dans le dsert, ettu m'as donn des soufflets et des coups de

verges... "'.'.'94


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A cause de toi, j'ai frapp les rois des

Chananens, et tu as frapp mon chef d'un

roseau...

Je t'ai donn le sceptre royal, et tu as

donn ma tte une couronne d'pines... Que t'ai-je donc fait ? mon peuple!... Je

t'ai exalt engrande

force, et tu m'assuspendu la Croix patibulaire... (i)

Imploration vaine et refus insultant toujours

identique. 11 a mis sa confiance en Dieu. QueDieu le dlivre donc maintenant, s'il tient lui,

puisque ce sauveur des autres a prtendu qu'iltait son Fils ! La menace de l'croulement

des cieux n'aurait pu leur arracher une autre

rponse.

(i) OfficeduVendrediSaint. Adorationde laCroix.


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117/185

XXIV

|H|g A Race anathme fut donc toujours,IBUir Pour lcs chrtiens, la fois un objet

jfikui l d'horreur et l'occasion d'une crainte

mystrieuse.Sans doute, on tait le troupeau soumis de

la douce et puissante glise, infaillible et

indfectible, au sein de laquelle on tait assurde ne pas prir; mais on savait bien aussi que le

Seigneur n'avait pas tout dit, que sa rvlation

parabolique ou similitudinaire n'tait pntrable

qu' une faible profoncsur...On sentait l qtfe!c[{i'ctybse qui n'tait pas

expliqu; que l'glise, elle-mme ne connaissait


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pas tout fait et qui pouvait tre infinimentredoutable.

Autrement, pourquoi ces fureurs, ces sup-

plications ?

Si on avait la force ou l'audace de s'aventurer

jusqu'au bord du gouffre, de se pencher sur

l'effrayant entonnoir des arcanes indvoils,c'tait mourir par le vertige de songer seule-

ment qu'Isral, si fort contre Dieu et qui

mprisait tant les leons du Christ, tait, nan-

moins, l'unique, peut-tre, ayant eu vritable-

ment le droit et la confondante prrogative

d'exhaler partir du cinquime millnairede la Catastrophe primordiale la cinquimerevendication du Pater nos ter : Remets-nous

nos dettes comme nous remettons ' nos

dbiteurs ?

Quelles dettes? Quels dbiteurs ?

Puisque les fils de Jacob ont le pauvre pourcrancier, le Pauvre qui est Fils de Dieu,

ne faut-il pas qu'ils soient leur tour, en un

sens plus mystrieux, les cranciers de ce

prodigue Esprit-Saint dont Jsus aurait, par sa

mort, laiss protester les critures?....

Et cette mort elle-mme, qui fut leur

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ouvrage, ne serait-elle pas alors, et par cons-quent, la canaillerie profonde et parfaite, la

sclratesse en abme que la prcision liturgiquea dsigne sous le nom trs-particulier de

perfidie juive ?

Ne s'agissait-il pas, en effet, pour ne pas

sortir des comparaisons abjectes qui convien-nent si parfaitement au Dieu de l'abjecte huma-

nit, de faire des frais au Consolateur pourle contraindre satisfaire, avec une extrme

usure, ft-ce dans vingt sicles, aux dpens du

douloureux Christ qui continuerait saigner et

mourir sur le bois d'opprobre, en attendant

que les exacteurs cruels s'estimassent dsint-

resss ?

Car le Salut n'est pas une plaisanterie de

sacristains polonais, et quand on dit qu'il a cot

le sang

LEON BLOY Le Salut Par Les Juifs

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