BLOY Léon - Mon Journal 1892-1917-

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    - ATTENTION : CONSERVEZ CETTE LICENCE SI VOUS REDISTRIBUEZ CE FICHIER ---

    cense ABU

    -=-=-=-=-

    rsion 1.1, Aout 1999

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    comporter la prsente notice.

    --------------------- FIN DE LA LICENCE ABU --------------------------------

    - ATTENTION : CONSERVEZ CET EN-TETE SI VOUS REDISTRIBUEZ CE FICHIER ---

    DENT journbloy>

    DENT_AUTEURS bloyl>

    DENT_COPISTES swaelensg>

    RCHIVE http://abu.cnam.fr/ >

    ERSION 1>ROITS 0>

    ITRE Mon journal (1892-1917)>

    ENRE prose>

    UTEUR Lon Bloy (1846-1917)>

    OTESPROD>

    on Bloy (1846 -1917), romancier et pamphltaire catholique, et auteur d'un Journ

    892 -1917) au ton souvent violent. Nous avons plac en fin de fichier la liste d

    rsonnes cites dans les deux tomes (1896-1899 et 1899-1900) de ce Journal, ainsi

    e l'numration des autres oeuvres de L. Bloy.

    on Bloy (1846 - 1917), French catholic novelist and pamphleteer, also author of

    ten virulent diary (1892 - 1917). The list of persons mentioned in these two

    lumes

    'Mon Journal' (1896-1899 and 1899-1900) as well as a listing

    other works by L. Bloy can be found at the end of the file.

    NOTESPROD>

    --------------------- FIN DE L'EN-TETE --------------------------------

    ----------------------- DEBUT DU FICHIER journbloy1 ----------------------------

    ABLE DES MATIERES :

    ME PREMIER

    roduction

    96 - 1897

    ur exasprer les imbciles (Lettre sur l'incendie du Bazar de Charit)

    99

    x-sept mois en Danemark.

    hannes Joergensen et le mouvement catholique en Danemark

    ME SECOND

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    00

    Sicle des charognes

    ilogue

    te alphabtique des noms cits dans cet ouvrage

    ========

    96 -1899

    ur faire suite au *Mendiant Ingrat*

    e temps est un chien qui ne mord que les pauvres.*

    Mendiant ingratfinissait en novembre 1895. Huit ans se sont couls et c'est toujours la mme chose!

    ns l'intervalle, ce Mendiant a crit, Dieu sait quel prix ! une demi-douzaine de livres que ses ennemis eux-mmes ne

    uvent pas mpriser. Son existence entire a donc t un tel prodige de douleur, un plerinage si infernal que les juges lesoces conviennent de l'exagration du chtiment.

    ns doute il est difficile de trop punir un rfractaire qui a choisi de crever de faim pour Jsus-Christ, mais, tout de mme, bien loin. D'autres pauvres qui le connaissent ne peuvent s'empcher de voir l une contrefaon de l'interminable enfer, elques riches chrtiens, admirateurs ou soi-disant tels de l'oeuvre de Lon Bloy, leur paraissent les dmons de cet enfer.sayez, en effet, de vous reprsenter l'absurdit monstrueuse, l'aberration satanique dlimite comme il suit.

    e arme qui fut, autrefois, victorieuse du monde et qu'on croyait grande autant qu'invincible, il y a si peu de temps enco

    olument vaincue. La trahison ou l'imbcillit des chefs et la reculade continuelle de soldats sans testicules ont amen ceultat. Le dsastre parat immense, irrparable. Un seul rsiste qu'on ne peut pas dmolir, un aventurier, si on veut, un cau, un gendarme du Vagabond, une espce de dsespr magnanime. Il n'y a que lui pour dire qu'il ne faut jamais se rendmais accepter de conditions, mme honorables, et-on sur la gorge mille couteaux, et qu'aussi longtemps qu'un homme rut se tenir sur ses deux pieds, Dieu est dans cet homme pour tout rparer, pour tout sauver.

    bien, cet unique est abhorr, maudit, reni, conspu inaperu. Ceux qui devraient combattre avec lui, souslui et pourquels il meurt chaque jour, non contents de l'abandonner l'ennemi, dressent contre lui des chiens froces. Et si, par unracle de Dieu, quelques-uns, voyant de loin la gnrosit de ce combattant solitaire, s'arrtent, une minute, fixs paronnement, c'est pour dclarer bientt qu'une telle indiscrtion de courage les met en danger

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    ur parler sans mtaphore et la premire personne, ainsi qu'il convient un chrtien qui est absolument seul, je dis que lholiques riches sont des bourreaux inexcusables. J'ai trouv parfois du secours chez des gens sans Dieu qui voyaient au artiste en moi. Les catholiques n'ont pas vu cela ni autre chose, et ceux, en grand nombre, qui auraient pu si aisment fae moins douloureuse, ont t souvent mes plus implacables ennemis.

    m'assure que je peux compter sur mille acheteurs pour chacun de mes livres, ce qui permet de les diter, sans autre gain

    vrai, que le vague honneur de publier des ouvrages d'o la fange ne ruisselle pas. Or on peut calculer humblement que templaire achet est lu, en moyenne, par trois personnes. Me voil donc, malgr l'insuccs brillant et inamovible procur ostilit silencieuse du journalisme, escort de trois mille lecteurs qui ne peuvent tre ni des illettrs ni des concierges, cae rarement au-dessous de la tte et jamais au-dessous du coeur.

    -il croyable que, du milieu de cette foule, il ne me vienne jamais un homme ? Quelques pauvres m'ont dit en pleurant lepuissance. Jamais un riche ne s'est montr. Il y en avait pourtant et mes livres leur criaient assez ce qu'il fallait faire. --garde, misrable, ce qu'on souffre pour Dieu et pour toi. Vois cette famille sans pain et ce pre forc de se dtourner de ire du Fils de Dieu pour aller, dans des tourments indicibles, vers la gloire de l'Esprit-Saint qui est de mendier avec une

    ondante ignominie. Entends aussi le faible rle de ces innocents qui meurent

    Qu'avez-vous fait pour moi ? crivais-je dernirement un de ces maudits qui m'avait affirm de la faon la plus nergiqn admirationet son amour. Que feriez-vous si je vous appelais mon aide, si je criais vers vous au Nom de Notre Sauvecifi ? Rien de plus dsesprant que ces interrogations jetes tant de fois et tellement en vain.

    n'imagine pas d'iniquit plus compltement abominable que celle des Pres Augustins de l'Assomption faisant servir brutissement dfinitifde la socit catholique une influence colossale. En ce sensLa CroixetLe Plerin, dont le succs fu, ont t des meules de btise incomparables. Pendant vingt ans les mes chrtiennes en furent systmatiquement et

    squieusementaplaties. Jamais le Dmon n'avait rencontr d'aussi aimables serviteurs.

    savaient qui j'tais, ceux-l, m'ayant reu chez eux, autrefois, lorsque ma vie littraire n'avait pas encore commenc, avame qu'existassentLa CroixetLe Plerin. Ils savaient, avant tout le monde et mieux que personne, quelle machine de gu

    pouvais tre. Ils disposrent bientt de ressources immenses. Leur devoir strict et t de m'armer avec honneur, de m'utmidablement. Ils ont trouv plus expdient de m'abandonner, de me dvouer la mort, de me laisser, le tiers d'une vie, dccasion prochaine du dsespoir, prfrant la moelle gnreuse dont j'aurais pu ranimer ce pauvre monde catholique enonie, les dbilitantes et sentimentales sucreries de leur officine. Et il y avait des mes qui attendaient de moi leur pain !

    La rgle de notre Ordre nous DEFEND de faire L'AUMONE , m'a dit, un jour, l'un d'entre eux. Cette parole, monstrueu

    dans l'acceptation littrale, entendue au spirituel, est strictement diabolique.

    les a balays comme de la vermine et on a bien fait. Les affreux catholiques de ce temps ont ce qu'ils mritent et ils l'auplus en plus. Aprs les rguliers les sculiers, la fermeture ou la profanation des glises, les enfants livrs aux dmons,

    bolition du christianisme. Il y a bien trente ans que je vois cela et j'tais garon le crier si fort que les murs en auraientmbl. Aujourd'hui, que faire ? Il n'y a plus de prtres, il n'y a plus d'hommes, il n'y a plus de femmes, il n'y a plus d'enfaut-tre. Toute ressource terrestre semble dissipe.

    mporte, je suis forc de vocifrer jusqu' la fin, tant missionn pour le Tmoignage. Nul moyen d'chapper. Ds que je

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    imbe, on m'applique la question, et, si vous voulez le savoir, tel est le secret de mon existence littraire. Chacun de meres est un AVEU arrach par la torture. C'est ainsi que mes bourreaux ont obtenuLe Dsespr, Sueur de Sanget tous lres sans exception.La Femme pauvre, elle seule, a ncessit l'enfoncement coups de maillet d'un nombre de coins tot invraisemblable. Aujourd'hui je me sens vieux et broy et la mort me sera douce aprs une telle vie.

    cru bien longtemps qu' force de souffrir je verrais venir un librateur quelconque, un homme de Dieu ou un homme saeu qui, me voyant seul contre tous, prs de prir et m'estimant une force perdue, me donnerait simplement ce qu'il faut phever mon oeuvre en paix, comme les grandes gens d'autrefois fondaient des monastres ou construisaient des basiliques

    salut de leurs mes. De quels lans dsesprs n'ai-je pas appel cet Inconnu dans les heures d'excessive drliction !

    ne l'appelle plus, mais je veux esprer que la justice posthume, accorde, mme par les catholiques opulents, aux artisteserrs, sera profitable mes enfants et que mes trente ans de supplice leur vaudront, un jour, un morceau de pain.

    gny, 28 aot 1903.

    /

    ux qui ont luLe Mendiant ingratcomprendront sans peine qu'aprs l'gorgement de la fin, il ait fallu quelque temps pouimer. Pendant des mois, mon Journal fut presque entirement interrompu A peine ai-je pu retrouver, pour la premire antout, quelques brouillons de lettres, quelques notes rapides et quasi tlgraphiques. Je sentais si bien que rien n'tait finiprparait, au contraire, une nouvelle srie de tourments et j'tais si profondment dcourag !

    96//

    nvier

    . -- Enqute duMercuresur Dumas fils qui vient de crever. Ma rponse :

    ici mon opinion pour le temps et pour l'ternit :

    fils Dumas fut un sotet un hypocrite.

    s pleurs ignobles de la presse ou les lamentations de quelques gteux, tels que Coppe, n'autorisent pas supposer que luvelle gnration littraire puisse tre assez basse pour accorder une importance quelconque la disparition de ce mult

    -- Henry de Groux, provisoirement domicili Bruxelles, m'apprend qu'un Belge riche donnerait volontiers une sommeoir une lettre autographe o je lui dirais ce que je pense de l'ignoble article de Zola publi par le Figaro l'occasion des

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    nrailles de Verlaine.

    agment d'une lettre au grand rabbin Zadoch Kahn.

    92, la suite d'un scandale copieux procur par M. Drumont, j'crivis le Salut par les Juifsdans un dsintressement inn que je fusse tortur par la misre, uniquement pour la justice et pour rendre gloire Dieu dont les promesses Isral s

    ernumet ne peuvent effaces. Ce livre, conu dans le sens des oracles de l'Ecriture, devait aller, sous peine de nant, jus

    nd des choses. Il me fallut donc adopter la mthode recommande par saint Thomas d'Aquin, laquelle consiste puiserbord l'objectionavant de conclure. Mthode excellente et d'une grande loyaut philosophique, mais qui me fit malvenir

    ux mme que je prtendais honorer comme nul chrtien ne l'a fait, je crois, depuis dix-neuf sicles. On ne voulut voir qumisses en ngligeant d'observer que leur violence tait calcule pour donner toute sa force ma conclusion Vous-mme

    ette lettre, naturellement, resta sans rponse, le destinataire n'tant pas homme consentir la rvision d'un jugement injimbcile].

    vrier

    . -- A. M. E. Marlier, Bruxelles :

    er monsieur, avec une joie parfaite, je vais donc vous dire ce que m'a fait prouver la chose de M. Zola dpose le long garo, le 18 janvier dernier. J'ai souvent parl de ce gros individu, et quelques-uns de mes articles ont assez retenti pour qns littraires ne puissent ignorer la nature de mes sentiments. Mais je suis tellement copieux quand il s'agit de ce solita

    veut prsentement nous lafaireau sanglier, qu'il me semble toujours que je n'ai rien dit.

    mme tout le monde, j'avais lu le Figaro, et mon premier mouvement avait t de rpondre par une engueulade confortabns leMercure. Aussitt malheureusement, je calculai que le numro de fvrier, devant tre imprim dj, ma prose ne poe insre que dans celui de mars, et l'normit du retard me dgota.

    cataplasme, cependant, m'tait rest sur le coeur, et je me prcipite, aujourd'hui, vers l'occasion de l'expulser.

    Zola tait crivain, -- ce que Dieu, j'en conviens, aurait pu permettre -- une ou deux pages lui eussent amplement suffi, dgtemps, pour empiler toute sa scrtion intellectuelle. La petite couillonnade positiviste dont il s'est fait le Gaudissart n'iment pas une Somme philosophique trs-encombrante et peut aisment s'abriter sous n'importe quoi. Les quatre cents l

    useuses que le Figaro nous tala, se rduisent en fin de compte la trouvaille peu transcendante, la truffe modeste quci : Tout crivain qui ne gagne pas d'argent est un rat.Je dfie qu'on trouve autre chose.

    uvre Verlaine au tombeau ! Dire pourtant que c'est lui qui nous a valu cette cacade ! Pauvre grand pote vad enfin de senille de tribulation et de pch, c'est lui que le rpugnant auteur des Rougon-Macquart, enrag de se sentir conchi desnes, a voulu choisir pour se l'opposer dmonstrativement lui mme, afin qu'clatassent les supriorits infinies du sale

    goce de la vacherie littraire sur la Posie des Sraphins. Il a tenu piaffer, promener toute sa sonnaille de brute autourcueil de cet indigent qui avait cri merci dans les plus beaux vers du monde

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    - Te voil donc une bonne fois enterr ! semble-t-il dire. Ce n'est vraiment pas trop tt. A ct de toi, je ressemblais unangeur et mes vingt volumes tombaient des mains des adolescents lorsqu'ils entendaient tes vers. Mais, cette heure, je

    omphe. Je suis de fer, moi, je suis de granit, je ne me sole jamais, je gagne quatre cent mille francs par an, et je me fousuvres. Qu'on le sache bien, que tous les peuples en soient informs, je me fous absolument des pauvres et c'est trs-bien ils crvent dans l'ignominie. La force, la justice, la gloire solide, la vraie noblesse, l'indpassable grandeur, c'est d'tre riors seulement on est un matre et on a le droit d'tre admir. Vive mon argent, vivent mes tripes et bran pour la Posie ! s le plus adorable gnie des sicles .

    on pouvait douter que Verlaine ait t vritablement le plus haut pote contemporain, le porphyrognte et l'enfant-roi dsie gar parmi les crapules, quel tmoignage plus certain que cette rage du richissime potentat des mufles ?

    mirons le flair de cet incomestible pourceau. On a pu braire des lamentations sur la charogne du fils Dumas ou de tels anzes du succs facile, sans qu'il intervnt. La fin prochaine du glabre Coppe ne le troublera pas davantage. Ceux-l ne lnent ni ne le condamnent. Mais Verlaine, c'est autre chose.

    'lance alors comme un proprio furibond sur un locataire malheureux qui dmnagerait la cloche de bois.

    - Un instant, gueule-t-il, vous oubliez qu'il y a Moi et que je suis Moi et que tout ici appartient Moi. Le garno littrairen exclusive proprit, et je ne laisserai rien sortir. Je suis un travailleur, MOI ! j'ai vendu beaucoup de merde, j'en ai fait

    core plus, et je vitupre les rveurs qui ne paient pas leur loyer.

    Ayant t infiniment plus cochon qu'aucun homme ne l'avait jamais t, ayant avili, avec un succs incomparable, tout ceuvait tre avili, je veux qu'on reconnaisse en moi le patron, le chef absolu, le calife, et j'en appelle toute la racailleurgeoise dont les suffrages m'ont exalt. Je suis l'Unique, et c'est un dsordre insoutenable que quelqu'un soit admir sann ordre ou ma permission .

    st la qualitdes suffrages que subodore infailliblement Zola. Il a un instinct de vieux Juif pour discerner la bonne monnvec la mauvaise, que, pour son compte, il reoit toujours et dont il est forc de se contenter. Les raisons, trs-soigneusemsimules, de sa fureur, apparaissent, malgr lui, dans l'ostentation de ses Haines . Quoi qu'il fasse, il se sent goujat, eonsolable de ne traner derrire lui qu'une goujate multitude.

    rlaine rat ! Barbey d'Aurevilly rat ! Villiers de l'Isle-Adam rat ! Il y en a peut-tre un quatrime dont le nom est xtrmit de sa plume, mais il ne l'crira pas, parce que le titulaire est encore vivant et que cela pourrait lui faire un bout dlame. Parbleu ! ceux-l rgnrent et rgnent encore, sans argent, sur l'aristocratie de la jeunesse que dgote le mercantpulacier du croquant de lettres. Et voil ce qui ne se pardonne pas.

    ut de mme, avouons-le, c'est une chose un peu stupfiante que le ddain de ce compilateur assommant et malpropre pos artistes. J'ai connu surtout d'Aurevilly, dans l'intimit de qui j'eus l'honneur de vivre plus de vingt ans, et je me rappellepce d'agonie du trs-haut et trs-magnanime crivain, quand ses fonctions de critique l'obligeaient lire un roman de Zaginez un aigle captif dans une fosse d'aisances, ne ft-ce qu'une heure, un quart d'heure, une minute mme, qui lui semsicles des sicles !

    maintenant, cher monsieur, vous allez me demander sans doute comment il est possible, malgr tout, que Zola ait commffe d'un article aussi insolent et aussi grotesque. Mon Dieu ! la rponse est simple. Zola est un sot. Port par le caprice de

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    rtune une situation littraire inoue, il est devenu, par excellence, le mime de cette desse, suivant l'expression devnal. Demain ou aprs-de-l'Isle-Adam rat ! Il y en peut-tre un quatrime main, peut-tre, elle le prcipitera dans un abrdures. Mais le malheureux qui et pu tre un honnte savetier de plume et que son lvation prodigieuse a complteme

    l, ne s'en doute gure et se croit certain d'avoir conquis, pour l'ternit, son scandaleux triomphe.

    esurant son propre mrite la toise de son succs, selon la mthode des bourgeois dont il est le jus de viande le plusncentr, mais, comme eux, trop faible pour porter une prosprit colossale, il en est venu se croire l'Oracle, le Pre desmires, le Parangon de l'entendement, et la notion du ridicule, si elle exista jamais en lui, s'est anantie.

    e penser d'un pontife, oubli comme une vieille chaussette, quand on enterrait Verlaine, et qui, furieux des loges un pedifs prodigus ce grand lyrique, pousse l'insoupon de la rigolade jusqu' pleurailler ceci :

    h ! quoi vraiment, parmi les matres de notre jeunesse, rien que des foudroys, des inconnus et ds incomplets ? (Verlainrbey, d'Aurevilly, Villiers de l'Isle-Adam). Pas un homme qui ait eu quelque chose dire la foule et que la foule ait entZola, par exemple). Pas un homme aux ides vastes et claires, dont l'oeuvre se soit impose avec la toute-puissance de lait, clatante comme le soleil ? (Idem). Pas un homme sain, fort, heureux, etc Vraiment, cela est bien extraordinaire, ce

    clusif des gnies malades. A matres inconnus qui NE SE VENDENT PAS, disciples obscurs, excuss de ne pas se vend

    ur moi, le solitaire est l'crivain qui s'est enferm dans son oeuvre (Il y a quelqu'un !) libre de toute influence et qui ne farairement que ce qu'il veut, inbranlable sous les injures.*

    branlable sous les injures, je le veux bien. Le dernier cheval de fiacre en dirait autant, s'il tait dou de la parole et il le dut-tre en meilleur style. Se vendre ou ne pas se vendre, tel est le monologue de cet Hamlet. Je crois trs-fort qu'il n'y a qux choses qui pourraient agir sur Zola la trique ou le manque d'argent. Riche et bien portant, le drle est inexpugnable.

    us n'avons pas mme le bnfice de son tonnante sottise, trop dense pour tre comique. Cette sottise est tout le secret dfroyable ennui de ses livres, o nul ne put jamais dcouvrir un seul trait de cette aimable bonhomie franaise qui fait

    donner jusqu'au pdantisme et qui peut mme, quelquefois, faire oublier un instant les plus salopes entreprises contre l'maine -- pour laquelle Jsus est mort et qui vit ternellement.*

    ns date. [Vers cette poque et pour l'unique fois de ma vie, je me vis forc d'accepter le travail de mise en ordre et en frajournal de route d'un commis-voyageur transatlantique. Inutile d'ajouter que je fus compltement roul. Cette besogne,itule Sous les Tropiques, devait tre publie en volume avec cette prface qui sera rvlatrice pour quelques personnesnveillantes, inexactement informes de mes vilenies].

    i, Mesdames et Messieurs, je suis un voyageur de commerce et mme un commis-voyageur, comme on disait du temps

    lzac. Je le dclare, non sans faste et sans dlices. Je suis commis-voyageur, comme on est artiste ou cyclope, gnral ouador, et j'ose me flatter de n'tre pas absolument le dernier des caporaux dans l'arme toujours active de ces agilesnqurants de l'univers. Qui pourrait me faire un crime de n'tre pas tranger au secret orgueil d'avoir dompt la Cordilliul la Pampa, brav les fusillades et les mitraillades en permanence dans toutes les villes en feu de l'Amrique du Sud, drnambouc Buenos-Ayres, de Buenos-Ayres Valparaiso, de Valparaiso Guayaquil et de Guayaquil Panama, dans lcifique dessein d'assurer du fil aux Brsiliennes et aux Patagones ou de parer de nos soieries les plus rares, les beautsmptueuses du Prou et de l'Equateur ?

    ! je l'avoue, plus d'une fois je fus tent de me prendre pour un hros, et il m'est arriv de gmir sur la dsolante petitessglobe o Juvnal tmoigne qu'Alexandre le Grand ne trouvait pas le moyen de respirer. Mon Dieu ! oui, j'eusse aim

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    alader le firmament, ngocier dans la Lune, crer des tournes dans Mars ou dans Jupiter, tonner de mes offres lelancolique Saturne, populariser quelques-unes de nos maisons de nouveauts jusque dans le lointain Neptune.

    duit la circonfrence mdiocre de notre plante, je me suis appliqu du moins noter attentivement mes impressions oservations d'une plume candide arrache avec douceur l'aile symbolique du pied de Mercure

    public jugera-t-il exorbitante cette ambition d'un reprsentant de commerce qui, non satisfait d'obsder l'Orient et l'Occi

    ses chantillons, pousse l'audace professionnelle jusqu' taler, sous forme d'essai littraire, l'outrecuidant avis de la prn rayon de nouveauts dans la chevelure flamboyante d'Apollon ? Pourquoi pas ? Je me suis laiss dire que la littraturemme autrefois l'empire de Byzance -- tait tellement avilie que tout le monde pouvait y prtendre, et la plus ombrageusetique ne m'interdit pas d'esprer que je suis au niveau de tout le monde.

    'importe ? d'ailleurs, si mon livre, ft-il crit en thibtain ou botocudos et part-il excogit par une vache du Brahmapount la queue serait demeure aux mains d'un sectateur expirant de akya-Mouni, -- ah ! oui, vraiment, qu'importe ? si, toume, il est utile quelques-uns et s'il peut avancer du pas d'un insecte, le triomphe universel de notre industrie.

    ars

    -- Lettre d'un trs-jeune homme riche, marseillais et bien promis aux lettres, me dclarant qu'il est protestant, mais que igion importe peu . Encore un qui ne marche pas dans l'Absolu. Annonce de sa visite prochaine. Il sera bien reu s'il mnte les beauts du protestantisme !

    ril

    - Visite du trs jeune homme qui djeune chez nous. Engloutissement par ce penseur de quelques provisions trs-maigrquelles on comptait pour subsister demain. Il est juste assez bien lev pour ne pas parler de son protestantisme, mais il retient avec un tact provenal, de ses voyages en Angleterre et de l'agrable confort de sa vie.

    - Dimanche de Pques. Commencement d'un nouveau carme plus rigoureux.

    - Faut-il que Dieu m'aime pour que cette faveur de vous rencontrer m'ait t donne ! Lettre d'un autre Marseillais mne, ami du prcdent [et appel devenir, quelques mois plus tard, le plus somptueux de mes lcheurs].

    ai

    -- Je suis forc, ce matin, de conduire notre petite Vronique chez un ami,pour que cette enfant puisse manger.

    -- Mise en vente de la Chevalire de la Mort, rdite par leMercure de France. C'est mon premier volume depuis lesstoires dsobligeantes.

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    forcer rpondre violemment. Alors, crire une lettre de rupture d'une dignit insurpassable. On a ce qu'on mrite, je l'aaucoup dit. Pourquoi ai-je si facilement accord le pied d'galit tant de petits bonshommes qu'il aurait fallu laisser surpeigne ? Celui-l s'estimait mon suprieuret ne ddaignait pas de m'arroser de ses conseils. Voir, sur ce prcieux garondiant ingrat, note de la page 412.

    tobre

    . -- Lettre de Groux, toujours Bruxelles. Je lui suggre de noter, chaque jour, les vilenies ou les sottises belges qu'ilservera, en vue d'une brochure que nous signerions tous deux et dont le titre serait :L'annexion de la France la Belgiq

    - Ignoble folie des ftes franco-russes. Toute la France est sous la botte du jeune Tsar. a nous met loin de la Moskowame de Sbastopol.

    - Forc de courir l'autre extrmit de Paris, je suis puni durement de n'avoir pas suivi le conseil qui m'tait donn dendre le chemin de fer de Ceinture. Je trouve un mur de cinq cent mille hommes qui barre Paris dans son milieu, comme

    nterrement de Victor Hugo. Me voil noy deux heures dans la foule, souffrant d'un pied malade, au comble de l'indigna

    Tsar a pass tout prs de moi avec toute la chie-en-lit, sans que je passe l'apercevoir, tant la haie de viande patriote taitmpacte entre moi et cet avorton.

    revenait de l'Acadmie franaise o le Moscovite perspicace, persuad, comme tous les trangers instruits, que lesadmiciens font quelque chose, avait command une sance de dictionnaire. Le vieux Coppe, investi du premier rle dte farce, a t admis baiser la main de la Tsarine !. C'est effrayant de songer ce qu'il y a de liquide sousune Franceublicaine.

    tendu le cri : Vive Hanotaux ! qui est bien certainement le cri le plus tonnant du sicle.

    iance franco-russe.Ab aquilone pandetur malum super omnes habitatores terr (Jrm. 1, 14).

    -- A Mme de P. :

    adame, vous tes parfaitement gracieuse d'avoir bien voulu m'crire et en de tels termes. Mais j'en suis heureux surtout pchre femme qui me charge de vous exprimer sa gratitude. Songez que, depuis huit ans que Dieu l'a place sur mon che

    e n'entend et ne lit que des maldictions ou des paroles ddaigneuses l'adresse de son mari.

    je venais d'crire un nouveau chapitre de la Femme pauvrequi l'avait transporte. Une fois de plus, elle s'tait indigne justice exceptionnelle, inexplicable humainement, dont je suis victime. Votre lettre a t pour elle une sensation exquiserachissement dlicieux.

    us comprendrez sans doute, Madame, le sentiment d'quit qui me fait vous parler ainsi du premier coup de l'admirablempagne qui je dois de n'tre pas mort. Ds le premier jour, me voyant pauvre, extnu de chagrins, prs de succomber,t quitt. Elle croyait voir en moi de la grandeur et voulut me sauver tout prix. Nous avons souffert ensemble peu prqu'on peut souffrir, et notre vie, en si peu d'annes, a t un tel pome de douleur qu'il nous suffit de regarder en arrire

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    urer ensemble.

    fin c'estpour ellesurtout que j'cris, c'est son intuition merveilleuse qui me guide, et si je mrite les louanges extraordinnt vous m'honorez, c'est qu'il m'est donnsouvent de traduire avec bonheur ses ides ou ses sentiments.

    -- Au trs-jeune homme dont il fut parl plus haut, 26 mars et 4 avril :

    i non est mecum contra me est. Si vous n'avez jamais t mon ami , ce que j'ignorais la dernire fois que je vous ai vuus tes ncessairement mon ennemi, aussi bien que M. de Saint-J. dont vous pousez les sentiments. Il est donc inutile dcrire dsormais. Mon temps est prcieux. Je vous ai fait l'honneur de vous recevoir ma table. Plein de gratitude, vous s honor vous-mme en me faisant hommage de quelques vtements, sans la facture. Nous voil quittes.

    lettre de M. de Saint-J. est d'une rare hypocrisie. Il ne veut pas me rendre ma correspondance, dit-il, pas mme les deuxres dont il fut combl par ma femme. Ceci est d'un beau goujatisme marseillais. Je comprends maintenant la quittance q

    a envoye. Il voulait acheter ainsi mes autographes. Bonne combinaison commerciale. Il y a des gens qui les ont pays per, mme dans le monde juif. Mais voil. Je tiens rester son dbiteur, et je lui renvoie son papier en deux morceaux.

    surplus, dites ce monsieur que je suis parfaitement sr qu'il abusera de mes lettres autant qu'il pourra s'il ne l'a dj faoute, pour finir, que je garde les siennes jusqu'au jour o il aura opr la restitution que j'exige, fort en vain sans doute, st pas prcisment un gentilhomme que j'ai affaire. Les lettres de M. de Saint-J. sont peu prcieuses, il est vrai, l'auteutant pas dou. Mais elles peuvent tre utiles un romancier et surtout un proscrit ayant se dfendre contre beaucoupnnemis ignobles.

    Henry de Groux :

    on cher Henry. Quoique nous soyons loin de Nol, je pense qu'il ne faudrait pas attendre un jour de plus pour saigner leses. Dites notre ami qu'il est temps de tuer tous les cochons qu'il peut avoir sous la main. La chair savoureuse de cesmaux est extrmement demande et attendue, chaque jour, avec une impatience que vous ne pouvez concevoir.

    -- Carte postale d'Henry de Groux, illustre d'un trs-beau pourceau. Il est plein de bonne volont (Henry de Groux), mpas de btes sous la main l'instant mme. Il parat qu'il y a trs-peu de cochons en Belgique.

    -- Aprs une dmarche douloureuse et sans rsultat, je m'aperois, en redescendant un escalier qui me semble celui de

    bme, que j'ai perdu un bijou de peu de valeur, mais prcieux par le souvenir. Ayant invoqu dsesprment saint Antoindoue, l'objet fragile et intact m'est aussitt montr par terre, en un endroit o cinquante personne passent par minute. C'emme si Dieu me disait : Ne crains rien, je suis avec toi.

    vembre

    - A un mdecin de banlieue :

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    veraitindubitablement.

    quoi me serviraient des annes de souffrances effroyables procures par une attitude qui n'a pas chang un seul jour et qun unique raison d'tre, si, mon ge de cinquante ans et pour le plus important de mes livres, je dois qumander le suffrn infrieur ou solliciter des frontispices dont le meilleur ne vaudrait certes pas la fire nudit d'une couverture d'diteur din ! le faux gnie, ador -- prenez-y garde -- de tout le mondeet de l'atelier de qui je suis sorti combl d'ennui et mmerement pntr d'horreur ! y pensez-vous ?

    beau et grand livre, je le crois du moins, vous est ddi. Au nom de Dieu, ne vous mettez pas en peine du reste. Les hompeuvent rien pour moi. Rien.

    cembre

    . -- Lettre remarquable de mon nouvel diteur :

    cidment je ne vous demanderai pas de changer un mot cet angoissant journal. Comment pourriez-vous y consentir ?tre vie a ressembl peu celle des autres, et vous devez sentir et parler autrement qu'eux. J'estime, au surplus, que ma msimplement d'diter le moins mal possible la pense de l'auteur. Je me ferais scrupule de sortir de ce rle et de souhaiter

    us faussiez, ne ft-ce que par omission, ce que -- sincrement -- vous jugez devoir tre dit.

    Edmond Deman .

    -- Demande de secours un ami de Bruxelles :

    nne a t rude comme tant d'autres. Recherche atroce du pain de chaque jour courses horribles, dmarches vaines,pdients douloureux enfin temps perdu et travaux sans cesse ajourns ou interrompus La Femme pauvredevait tre livrditeur en octobre, puis en novembre, puis en dcembre et maintenant, bien qu' force de peine et de labeur cette oeuvre ta fin, je ne peux esprer d'tre prt avant les premiers jours de fvrier. Encore faudrait-il que les six semaines qui nousarent de cette poque ne fussent pas gaspilles cruellement.

    moment parat unique. D'un ct la Femme pauvre, le plus important de mes livres, l'oeuvre de ma pleine maturit, atteec impatience et curiosit par beaucoup de gens, m'assure-t-on, devant paratre au printemps. D'autre part, leMendiant irnal de ma vie qui ressemble trs-peu de vies, je vous en rponds, longue plainte agressive et vengeresse qu'aucun libr

    isien n'osait publier et qui sera dite Bruxelles, vers la mme poque, par M. Deman.

    ntez-vous, cher monsieur, l'importance pour moi de la publication simultane de ces deux livres ? Mais il faut qu'on m'aur l'amour de Dieu ou pour l'amour de l'art, faites quelque chose

    97/

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    nvier

    . -- Reu 500 francs de l'ami implor le 17 dcembre.

    - J'apprends que la dtermination de cet homme a t l'effet d'une lettre vhmente d'Henry de Groux. [L'effort, d'ailleu t renouvel. J'ai su, deux ans plus tard, que mon bienfaiteur fut guri soudainement de tout besoin de me venir en aid

    r o il apprit que mon catholicisme tait autre chosequ'une attitude littraire.]

    ur ne rien changer un certain ordre tabli, leMercure de Franceveut supposer que l'Acadmie franaise, compose dearante membres, et l'Acadmie de Goncourt, forme de dix, s'entendent pour ramener quarante le chiffre total desmortels, d'o cette question : Quels sont les dix Acadmiciens liminer ? Ma rponse :

    vote pour l'limination totale de l'un et l'autre paquet. A peine excepterais-je M. Victor Cherbuliez qui sait le suisse et J.ysmans qui crit assez proprement le hollandais.

    y a aussi Paul Bourget Mais depuis qu'on l'a fait duc de Broglie, il m'pouvante.

    - Reu article d'un monsieur sur la Chevalire de la Mort. II est dit que ce livre est dment, hystrique, ordurier Ce si loin qu'on pourrait croire de ce jeune Suisse qui me conseillait, en 92, d'crire pour les jeunes filles nobles . (Voirndiant ingrat, p. 91.)

    - Mon cher monsieur Deman, je suis un peu humili d'avoir t devanc par vous. J'allais prcisment vous annoncer lauvelle dont vous me flicitez. J'avais crit Marlier que je connaissais dj et qui m'envoya 500 francs, l'anne dernire,

    ement d'un autographe command. Je l'avais pri de m'aider finir mon roman. C'est cette prire qu'a rpondu son nouvoi de mme somme.

    rtes jamais argent ne vint plus propos J'ai donc fait violence mon ingratitudecoutumire, et j'ai immdiatement remesi bien que j'ai pu.

    pendant je vous dois, vous, toute la vrit. Il aurait fallu le double pour que ma chienne d'existence ft quilibre tant be mal jusqu' l'achvement de la Femme pauvreet duMendiant. Fournisseurs et propritaires ont dj presque tout avalus savez comment je vis. Pas un centime de revenu et ma plume seule pour subsister. Je ne peux raisonnablement comp

    e sur Dieu et sur les hommes, connus ou inconnus, dont Dieu dispose le coeur pour moi. Dans une telle situation, qui immiracle continuel, il est trop vident qu'un secours faible est toujours dvor d'avance Mon cher Deman, abusez de votreuation Bruxelles. Qutez pour moi . Vous le savez, il m'est tout fait gal de passer pour un mendiant, puisque j'ai lasource de l'ingratitude.

    -- Chapitre XV, deuxime partie de la Femme pauvre. Essai de caricature grandiose.

    -- Un souffle de mort a pass sur notre maison.

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    -- Remarqu, au verset 14, chapitre IX desActes, le grondif alligandi , qui donne toutsaint Paul.Hic habet potestaLLIGANDI omnes.

    -- Jour triste comme tous les jours de notre vieille misre. On peut vivre peu prs aujourd'hui, mais aujourd'hui seulemis, des chances du dmon. Et il faut travailler avec cela !

    vrier

    -- L'historien de Naundorff, Otto Friedrichs, perdu de vue depuis des annes, m'crit que le Roi du Fumier des Lysa cere la noce -- si on peut dire que le pauvre homme l'ait jamais faite -- et qu'il serait quitable de ne pas rditer cet opuscumant appendice la Chevalire de la Mort. J'en conviens sans difficult et je le prie de venir. Qui sait si, par lui, je neurrais pas trouver les fonds ncessaires la confection d'un livre sur Naundorff ? Depuis des annes, je songe cetomparable drame.

    -- Achev le chapitre XXIII, deuxime partie de la Femme pauvre. J'avoue m'estimer autant pour ce morceau que Napo

    ur la grande manoeuvre de Ratisbonne, dont il se disait si fier.

    -- A l'occasion des affaires de Crte, le loyal serviteur du sultan et de quelques autres potentats, Hanotaux, estversellement conspu. Quelle injustice ! Comme si Gabriel tait un homme de gnie et comme s'il tait moins salaud qucession !

    ttre d'un propritaire de province qui me parle du divin Matre, en se demandant lui-mme s'il ne doit pas jeter dans la s-pauvres gens pour qui je l'ai implor.

    -- Quelle ide magnifique pour le chapitre XXVI ! L'incendie de l'Opra-Comique, transpos en dlire d'amour divin dme de Clotilde ! J'y ai travaill cette nuit avec ivresse.

    ars

    - Fin de la Femme pauvre.

    Vous devez tre bien malheureuse, ma pauvre femme, lui disait un prtre qui l'avait vue tout en larmes devant le Saintcrement expos et qui, par chance, tait un vrai prtre.

    e suis parfaitement heureuse, rpondit-elle. On n'entre pas dans le Paradis demain, ni aprs- demain, ni dans dix ans, onre aujourd'hui, quand est pauvre et crucifi.

    Hodie mecum eris in Paradiso, murmura le prtre qui s'en alla, boulevers d'amour.

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    me dit que cet endroit est irrsistible. A la condition d'tre chrtien, j'imagine, et d'avoir besoin du Paradis.

    - Visite d'Otto Friedrichs qui plat l'ide d'un livre de moi sur Naundorff. Il promet de chercher immdiatement les fon

    - Naissance de Madeleine, ma seconde fille. L'Homme tant immortel, chaque naissance est un nouveau gouffre. Gouffeu, sur le Paradis, sur l'Enfer, sur l'Irrvocable, sur l'Irrparable, sur l'Absolu Je me suis amus constater que notre petiadeleine est ne neuf heures et demie du matin, sous l'influence directe de Saturne et au dclin de Jupiter. Que ces dm

    ent ternellement confondus !

    -- A Henri Provins, auteur duDernier Roi lgitime de France, deux volumes qu'il vient de m'envoyer avec une lettrencouragement :

    onsieur, j'ai reu ce matin, en mme temps que vos lignes si obligeantes, les deux volumes que vous avez bien vouluenvoyer. Notre ami Friedrichs m'avait inform hier de votre adhsion gnreuse notre projet. Dieu fasse qu'il se raliselus de dix ans que j'y songe.

    st temps deparler aux mes. Jusqu' ce jour, il me semble qu'on ne s'est adress qu'aux intelligences et la cause de LouVII est dsormais suffisamment instruite. Il faut maintenant qu'un artiste indpendant et fort fasse entrer dans les coeurs ion de magnificence morale et de douleur. Je ne sais rien de plus grand dans ce sicle ni dans aucun sicle.

    os rver d'tre cet artiste, cet crivain. Vos expressions me prouvent que vous ne me jugez pas trop tmraire. Vous saut-tre que ma situation d'crivain est parfaitement unique

    i un historique exact, mais trop servi).

    eu le salaire que je pouvais attendre. On m'a calomni tant qu'on a pu, on m'a fait endurer la plus dure misre. Enfin onassin deux de mes enfants. Cependant on n'a pas pu me dmolir et le livre qui va paratre fera bien voir que je suis viva

    vais voulu faire de la prostitution comme tant d'autres, je serais riche, c'est bien certain, et je n'aurais pas besoin qu'on maide. Il est vrai que je ne songerais gure Louis XVII, qui fut un mendiant sublime.

    -- Baptme de notre petite Madeleine. Parrain et marraine, deux agonisants. [La marraine a t enterre deux ans plus tparrain, Henry de Groux, n'a pas t enterr. Une nuit d't de 1900, il gorgea sa pauvre me qui se tranait ses pieds

    nglotant ; mais lui-mme parat vivre encore. J'cris ceci le 15 septembre 1903.]

    --Enqute du Spectateur catholiqued'Anvers. Au directeur :

    onsieur, puisque je suis vos yeux un penseur europen et que vous m'accablez de l'honneur d'une consultation, voicsi peu de mots que possible, ma rponse vos trois questions :

    Les Nations chrtiennes sont-elles solidaires les unes des autres ?

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    surment et incontestablement. Elles sont solidaires du mme crtinisme, du mme goujatisme, de la mme lchet, de lme frocit, de la mme avarice, de la mme bicyclette et de la mme ignominie.

    Les intrts de la civilisation chrtienne peuvent-ils tre sacrifis au souci de maintenir la paix tout prix ?

    La question ainsi pose est absolument inintelligible. Mais peu importe. Je suis, avant tout, pour la barbariechrtienne.

    Y a-t-il deux morales, une morale de l'individu et une morale de l'Etat ?

    l n'y en a plus aucune.

    -- A Henry de Groux :

    nom de ce mme Dieu dont je parle sans cesse, ne vous emballez pas trop sur les Grecs. Il n'y a pas au monde un peuplins intressant, et tout le bruit qu'on fait autour d'eux n'est qu'une vile blague. Je refuse absolument de compatir ces

    hismatiques, habitants d'une terre voue, depuis trois mille ans, tous les dmons, et dont les anctres au moyen ge ont er toutes les Croisades. Leur histoire n'est qu'une trane de pourriture et de sang.

    ttitude actuelle de l'Europe est parfaitement infme, sans doute ; mais ne remarquez-vous pas que tout ce potin grec esttout en vue de faire oublier l'Armnie, dont l'pouvantable massacre n'a mu aucun de nos chevaleresques tudiants, qulent aujourd'hui de se faire tuer pour la Grce et qui seraient fort embts si on les prenait au mot ?

    urtant, savez-vous ce que c'est que l'Armnie ? C'est le pays le plus mystrieux du monde, le lieu choisi pour laconciliation. C'est l que le dluge prit fin et que recommena la multiplication humaine.

    puis une dizaine de sicles, au moins, il n'y a jamais eu qu'une Question d'Orient, question triple face et triple tour.termination ou du moins expulsion des Musulmans, extermination des Grecs et conqute du Saint-Spulcre. Tout le restbcillit ou mensonge.

    ais que penser de ce Pape qui s'occupe de politique parlementaire pendant qu'on dbite par petits morceaux deux ou troislle chrtiens en Armnie ? Ah ! il faut avoir une foi robuste et ne vraiment compter que sur Dieu !

    -- Henri Provins, mcontent du Fumier des Lysqu'il vient de lire, ne veut plus m'aider faire mon livre sur Louis XVIIponse :

    onsieur, j'interromps la lecture de votre trs-intressant ouvrage pour rpondre la lettre bien imprvue que vous m'avezonneur de m'crire. C'est l'occasion du Fumier des Lysque j'ai renou connaissance avec Friedrichs, perdu de vue depugtemps. Lui aussi m'exprima, mais d'une tout autre manire, son mcontentement, me priant de ne pas rditer ce petit

    mphlet dont il me montrait l'injustice. Sur-le-champ je lui rpondis, en substance, que j'y consentais volontiers, et que jeais de venir me voir, ayant lui faire une communication dont il apprcierait l'importance. Il vint en effet chez moi et jentretins de mon projet, ancien dj, d'un livre sur Louis XVII, projet que les difficults d'une existence exceptionnelleme

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    lheureuse ne m'avait pas permis de raliser.

    question se posait ainsi. Tout ce qui pouvait tre crit pour dmontrer que le fils de Louis XVI n'est pas mort au Templeis que son effrayante vie s'est prolonge jusqu'en 1845, a t crit par vous, Friedrichs, et par d'autres, et il n'y a plus yenir. Nul plus que moi n'est persuad du fait de la survivance, nul autant que moi n'est pntr de la beaut surnaturelle stre depropitiationet d'iniquit. Je crois mme qu'il est difficile de s'exprimer cet gard, avec plus de force que je net prcisment dans le Fumier des Lys.

    ais voici une suite bien incontestable de ce mystre. C'est l'indiffrence de la multitude. Le fait de l'vasion et de la vie eLouis XVII, avec toutes ses consquences historiques, est et demeure, aujourd'hui comme il y a cinquante ans, le secret it groupe que ses prtentions politiques exposent l'hostilit de tous les partis et que certaines individualits ont comprocompromettent horriblement.

    il est profondment injuste et partant contraire la gloire de Dieu, qu'une grande chose qu'il a voulue, soit inconnue ouprise. Existe-t-il un moyen, un expdient pour que cela change ? c'est--dire pour que la grandiose misre de Louis XVt authentiquement, notoirement et universellement restitue l'histoire ? Je n'en connais qu'un, mais j'y ai confiance.

    pposez, disais-je mon visiteur, qu'un romancier vigoureux, connaissant cette merveilleuse histoire, l'et dramatise snire. Elle serait depuis longtemps connue et des sympathies sans nombre eussent t l'effet certain d'une pareille rvlamagination est l'arc de triomphe du coeur de l'homme. C'est aussi une porte que les artistes seuls peuvent ouvrir. Si donccroyez tel, voici l'occasion. Je viens prcisment d'achever une oeuvre qui me tenait captif. Pourquoi ne profiterais-je p

    loisir pour entreprendre, avec votre secours et celui de vos amis, le seul livre qui manque encore la cause de Louis XVulement ce secours est indispensable. Vous avez bien compris, n'est-ce pas, Henri Provins ? que je ne demandais pas unaire, ni une aumne, mais uniquement le moyen matriel de faire un livre.

    edrichs me rpondit avec une grande simplicit qu'il trouvait cela trs-juste et me donna entendre qu'une telle ouvertur

    isait fort. Il me promit, en consquence, de faire les dmarches ncessaires. Pour ce qui est du Fumier des Lys, ce fut unl d'avance, qu'il n'y avait pas revenir sur ce sujet et que j'aurais uniquement en vue de rhabiliter la mmoire du granortun sans me proccuper le moins du monde de sa descendance. Quelques jours aprs, il m'informa qu'il s'tait assur re adhsion, et je vous crivis d'une manire que je croyais suffisamment explicite. J'tais donc fort loign de prvoir lupule qui vous arrte aujourd'hui.

    us me dites que vous croyez la solidarit, la rversibilit des douleurs de l'innocence au profit des coupables, au rachsang. Assurment il est impossible d'tre chrtien sans y croire, et j'ai crit plusieurs volumes pour ne dire que cela. Maiutez qu'il y a de la tmrit prtendre que les Bourbons soient jamais rejets. Hlas ! je crains qu'il n'y ait une grandeprudence prtendre qu'ils ne le soient pas. Les catholiques sont, en conscience, tenus de croire aussi I'Infaillibilit pa

    l est bien incontestable que le sacre de Napolon par Pie VII est un fait historique en mme temps qu'un acte vraimentpnez y garde ! un acte intressant la discipline, sinon de l'Eglise, au moins de la chrtient.

    us dites encore que Louis XVII aurait du mourir au Temple, si sa race avait t rejete. Et pourquoi ? Il me semble, auntraire, que la destine terrible de ce prince errant et malheureux est bien plus concluante que n'et t sa mort obscure dix ans, et qu'on voit ainsi mille fois mieux la main de Dieu sur une race qui a tout fait, depuis l'Edit de Nantes et laitimation des btards, pour dtruire la foi chrtienne dans le royaume trs-chrtien.

    rtes, la dynastie napolonienne ne parat pas moins rejete et pour des crimes du mme genre, car il n'y a pas une grande

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    it de prvarications parmi ceux qui rgnent sur la terre. Faudrait-il en conclure que Napolon IV est mort ncessairemZoulouland ? Celui-l aussi a son acte de dcs lgal autant que britannique, et je voudrais bien savoir quel est l'hommetat qui oserait le contresigner en toute sret de conscience.

    surplus, monsieur, je suis convaincu trs-profondment que les dmocraties ne sont pas plus viables aujourd'hui que lesnarchies et qu'au fond tout est rejet, parce que nous touchons une poque mystrieuse o Dieu veut agir tout seul complaira. J'ai dit cela, rpondant d'avance votre objection, plusieurs endroits de la Chevalire de la Mort, et mon nouvere et t une occasion meilleure de le dire.

    ! oui, ce livre, je l'avais rv pour la Gloire de Dieu exclusivement. Vous pouvez en croire un crivain pauvre qui accepes souffrances pour la vrit et la justice. Celui qui repose dans le cimetire de Delft m'aurait compris, lui qui ne voulaite roiet qui ne rclamait la France que le droit de porter le nom de son pre. J'avais rv de montrer, dans la lumire d'irmation absolue et irrfragable, la magnificence inoue de ce Pnitent cras sous les pchs de sa race et souffrant par t ce que l'homme peut souffrir. Que dire encore ? J'avais rv de le montrer tout accabl de ces Lys de France qui ne sonvain symbole et prfigurant ainsi les gestes venir du Dieu terrible, dans la tribulation excessive de ce fardeau.

    i, je crois que c'et t grand, et je ne veux pas encore y renoncer. Si ceux qui m'ont fait esprer leur concours se drobe

    eu y pourvoira. S'il faut souffrir encore pour cela, j'y consens, ayant, d'ailleurs, pass ma vie souffrir. Ne vous mettez ds en peine de moi, monsieur, et veuillez recevoir

    --Appris la mort de Rodolphe Salis, l'avaleur de sabres littraires et artistiques, le triste rodomont qu'il plut Dieu de mcommencement de mes critures, comme un avis paternel du nant de ce terrible labour. Le cabaretier gentilhomme n invention, enrichi aux dpens de quarante artistes pauvres exploits par lui, est all crever misrablement au bord d'unchat, sans avoir pu jouir, une heure, de son opulence. J'ai la sensation de quelque chose de maudit qui croule au loin deri.

    -- Continuation des ennuis avec Henri Provins, qui semble n'avoir rien compris ma dernire lettre et qui m'crit d'unenire obscure et peu aimable. Il est obsd de la pense que je tiens dshonorer son Prince. Je suis forc de renouvelersurance trs-formelle et trs-solennelle de ne pas toucher ce pauvre Charles XI, qui rgne, en Hollande, sur une quinzpartisans disperss.

    -- Idiotie. Depuis trois jours ou plutt trois nuits, bien que nous soyons au temps de la pleine lune, impossible d'apercevastre. Il n'y a pourtant pas de nuages. Le limpide ciel est cribl d'toiles, et je parais tre seul remarquer ce prodige.rification faite, il n'y a pas de prodige. La lune se lve tard et se montre peu.

    -- Fin des obstacles. Friedrichs me donne l'argent recueilli jusqu' ce jour pour la main-d'oeuvre du futur livre sur Naun

    -- Au mdecin de banlieue du 6 novembre :

    vrit, mon cher monsieur, il est impossible d'tre plus mdecin de Montrouge. Voici donc l'argent que vous me rclame je vous envoie sans plus attendre, non cause de la carte insolente que vous avez glisse hier dans ma bote, en sonnannsie, mais uniquement parce qu'il se trouve que votre gracieuse humeur s'est manifeste juste au moment o j'tais ensure de vous satisfaire.

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    vous aurais donn 500 francs de bien meilleur coeur que je ne vous donne cette faible somme, si, lorsque vous ftes appgner ma femme, vous aviez avou humblement que son mal vous dconcertait et qu'au lieu de commencer un traitementallut, grand'peine, arrter l'effet pernicieux, vous eussiez loyalement et du premier coup dclar votre impuissance. Manse qu'il n'y a pas de mdecin capable de cette humilit-l.

    -- A la suite d'une rosserie de prtre, ayant eu l'occasion de consulter le missel, je trouve ceci l'office du jour, 4e frie dimanche deLtare : Lutum fecit ex sputo Dominus : et linivit oculos meos : et abii, et lavi, et vidi, et credidi Deo. C'es

    mme cela que Dieu fait ses prtres, avec de la boue et du crachat. Cela suffit pour la gurison des ophthalmies et des cc

    ctures sur Naundorff. Bibliographie copieuse, mais uniforme. Historiquement, Otto Friedrichs, d'abord, et Henri Provinsaucoup plus tard, ont peu laiss glaner. A l'exception de quelques pages, telles queLe Droit du Pass, de l'admirable Vl'Isle-Adam, opuscule perdu au milieu d'un volume de contes, tout le reste est peu prs identique dans la niaiserie ou lechage dclamatoire. L'infortune, dchausser l'imagination, du Vagabond dpossd et t presque supportable sans

    pprobre littraire. Et pour que cet opprobre ft la mesure qui convenait, il a fallu que le plus misrable crivain naundoNaundorff lui- mme. Depuis quelques jours, je lis chez Friedrichs la correspondance manuscrite du fils de Louis XVI siens. C'est pouvantable

    gement trop dur. Friedrichs publie aujourd'hui, -- chez Daragon -- la Correspondance intime et indite de Louis XVII, dmier volume, que j'ai sous les yeux, modifie beaucoup mon impression d'il y a huit ans. Quand le second aura paru, je merve de revenir sur ce sujet, consciencieusement. -- 3 mai 1904, en corrigeant les preuves du prsentJournal.]

    ril

    -- Lettre peu intelligible d'un petit jeune homme qui semble demander un autographe en forme de prface relier avec ntation de Saint Antoine. II voudrait savoir mon prix. Cela vient de Marseille. Dfions-nous.

    onsieur, comme je suppose qu'il s'agit du livre de Flaubert et que je serais dsol de vous contraindre mobiliser vosances , voici de ma main et pour RIEN, la prface que vous me demandez avec tant de tact :

    TENTATION DE SAINT ANTOINE par Gustave Flaubert est un des livres les plus sots et les plus abjects dont s'honore

    rature contemporaine.

    rez,

    on Bloy.

    -- Pour me consoler de Naundorff, entrepris la lecture de la Vie d'Anne-Catherine-Emmerich, par le P. Schmoeger, troiumes traduits de l'allemand, que je viens d'acqurir enfin, l'ayant dsire longtemps. Je ne connais pas de livre plus beaus ignor. S'il tait lu de vingt personnes par diocse, Dieu changerait la face du monde.

    ai

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    - Excessive difficult de se comporter avec un pauvre imbcile qui est malheureusement le parrain de notre petite Vronne sait pas ce que c'est que les imbciles. Comment expliquer leur besoin, aprs des annes d'humilit, de devenir tout tmraires, de tirer le glaive, d'accompagner Spartacus dans le Picenum ?

    - Incendie duBazar de Charit. Un grand nombre de belles dames ont t carbonises, hier soir, en moins d'une demi-hn pro mundo rogodit le Seigneur. Admirable sottise de Coppe. Elles s'taient runies pour faire le bien , crit-il. To

    nde, bien entendu, accuse Dieu.

    - L'agitation au sujet de l'incendie continue. Songez donc ! Des personnes si riches, en toilettes de gala et qui avaient leutures la porte ! Leurs voitures ternellement inutiles ! Tout a pour l'amour des pauvres. Oui, tout a. Quand on est ricst qu'on aime les pauvres. Les belles toilettes sont la rcompense de l'amour qu'on a pour la pauvret. Et voil qui condavangile. Le Nonce du pape tait venu bnir la Truie qui file, un instant avant le feu. Il tait peine sorti que cela commedex tremebundus ante januam.

    - A mon ami Andr R. :

    our exasprer les Imbciles*

    us me demandez quelques mots sur la rcente catastrophe. J'y consens d'autant plus volontiers que je souffre de neuvoir crier ce que je pense.

    spre, mon cher Andr, ne pas vous scandaliser en vous disant qu' la lecture des premires nouvelles de cet vnementouvantable, j'ai eu la sensation nette et dlicieuse, d'un poids immense dont on aurait dlivr mon coeur. Le petit nombre

    times, il est vrai, limitait ma joie.

    fin, me disais-je tout de mme, enfin !ENFIN ! voil donc un commencement de justice.

    mot deBazaraccol celui de CHARITE ! Le Nom terrible et brlant de Dieu rduit la condition de gnitif de cetmonde vocable ! ! !

    ns ce bazar donc, des enseignes empruntes des caboulots, des bordels,A la Truie qui file, par exemple ; des prtres,

    igieuses circulant dans ce pince-cul aristocratique et y tranant de pauvres tres innocents !

    le Nonce du Pape venant bnir tout a !

    ! mon ami, quelle brochure crire !L'incendiaire du Bazar de Charit.

    nt que le Nonce du Pape n'avait pas donn sa bndiction aux belles toilettes, les dlicates et voluptueuses carcasses queuvraient ces belles toilettes nepouvaientpas prendre la forme noire et horribles de leurs mes. Jusqu' ce moment, il n'y

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    cun danger.

    ais la bndiction, laBndiction, indiciblement sacrilge de celui qui reprsentait le Vicaire de Jsus-Christ et par consus-Christ lui-mme, a t o elle va toujours, c'est--dire au FEU, qui est l'habitacle rugissant et vagabond de l'Esprit-Sa

    ors, immdiatement, le Feu a t dchan, et TOUT EST RENTRE DANS L'ORDRE.

    autem faciente eleemosynam, nesciat sinistra tua quid faciat dextera tua : Ut sit eleemosyna tuaIN ABSCONDITO (M3 et 4).

    Vous vous tes joliment fichue de cette Parole, n'est-ce pas ? belle Madame, et vous avez voulu exactement le contraire.n, voil. Il y avait justement un pauvre qui avait trs-faim, qui nul ne donnait et qui tait le plus affam des pauvres. C

    uvre c'tait le Feu. Mais Notre-Seigneur Jsus-Christ en a eu piti, il lui a envoy sa bndiction par le domestique de socaire et, alors vous lui avez fait l'aumne somptueuse et tout fait manifestede vos savoureuses entrailles. Pour ce qui ere droite et de votre gauche , soyez tranquille. La Parole s'accomplira au point que mme vos larbins superbes et

    masquins ne parviendront pas les distinguer l'une de l'autre et qu'il faudra attendre pour cela jusqu' la Rsurrection d

    orts.

    m facis eleemosynam, noli tuba canere ante te, sicut hypocrit faciunt in synagogis, et in vicis, ut honorificentur ab

    minibus. Amen dico vobis, receperunt mercedem suam(Matth., VI, 2).

    Elle n'est pas non plus pour toi cette Parole. n'est-ce pas, marquise ? Tout le monde sait que l'Evangile fut crit pour lanaille, et tu aurais joliment reu Celui qui aurait os te conseiller de vendre in absconditotes trompettes et tes falbalaur le soulagement des malheureux ! Mais, tout de mme, tu recevras ta rcompense et, demain matin, vicomtesse, us ramassera la pelle, avec vos bijoux et votre or fondus, dans les immondices

    qu'il y a d'affolant, de dtraquant, de dsesprant, ce n'est pas la catastrophe elle-mme, qui est en ralit peu de chose ala catastrophe armnienne, par exemple, dont nul, parmi ce beau monde, ne songeait s'affliger.

    n, c'est le spectacle vritablement monstrueux de l'hypocrisie universelle. C'est de voir tout ce qui tient une plume mentrontment aux autres et soi-mme. Enfin, et surtout, c'est le mpris immense et tranquille de tous peu prs sans excepur ce que Dieu dit et ce que Dieu fait.

    caractre spcial et les circonstances de cet vnement, sapromptitudefoudroyante, presque inconcevable, qui a rendupossible tout secours et dont il y a peu d'exemples depuis de Feu du Ciel, l'aspect uniforme_ des cadavres sur qui le Symla Charit s'est acharn avec une sorte de rage divine, comme s'il s'agissait de venger une prvarication sans nom, tout curtant tait assez clair.

    ut cela avait la marque bien indniable d'un chtiment et d'autant plus que des innocents taient frapps avec des coupabqui est l'empreinte biblique des Cinq Doigts de la Main Divine.

    tte pense si naturelle : Dieu frappe, donc il frappe avec justice, ne s'est prsente l'esprit de personne, ou, si elle s'est

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    sente, elle a t carte immdiatement avec horreur.

    ! s'il s'tait agi d'une population de mineurs, gens aux mains sales, on aurait peut-tre vu plus clair, les yeux tant beaucins remplis de larmes. Mais, des duchesses ou des banquires qui s'taient runies pour faire le bien , comme l'a

    sitivement dit le gnreux gaga Franois Coppe, songez donc, chre Madame !

    son autorit plnire, le journalLa Croixa canonis les victimes. Rappelant Jeanne d'Arc (!!!) dont c'tait peu prs

    nniversaire, l'excellent eunuque des antichambres dsirables, le P. Bailly, a parl de ce bcher o les lys de la puret onls aux roses de la charit

    magine que les chastes lys et les tendres roses auraient bien voulu pouvoir ficher le camp, ft-ce au prix de n'importe quenre de prostitution ou de cruaut, et je me suis laiss dire que les plus vigoureuses d'entre ces fleurs ne ddaignrent passsommer les plus faibles qui faisaient obstacle leur fuite.

    Chacun pour soi, Madame ! Ce mot a t entendu. C'tait peut-tre la Truie qui filait.

    ur revenir La Croix, ne vous semble-t-il pas, Andr, que ce genre de blasphme, cette sentimentalit dmoniaque appee nouvelle catastrophe, comme certaines substances attirent la foudre ? On ne fait pas joujou avec les formes saintes, et cre peur de galvauder ainsi le nom de Charit, qui est le Nom mme de la Troisime Personne Divine.

    il, cher ami, tout ce que je peux vous dire de cet incendie. Je vous remercie de m'avoir donn ainsi l'occasion de megonfler un peu. J'en avais besoin.

    endez-vous, d'ailleurs, et prparez-vous de bien autres catastrophes auprs desquelles celle du Bazar infme semblera

    nigne. La fin du sicle est proche, et je saisque le monde est menac comme jamais il ne le fut. Je dois vous l'avoir djsque je le dis qui veut l'entendre ; mais, en ce moment, je vous le dis avec plus de force et vous prie de vous en souven

    t enim tunc tribulatio magna, qualis non fuit ab initio mundi usque modo, neque fiet Orate(Matth., XXIV, 21).

    vous embrasse en attendant.

    -- A un trs-malheureux homme :

    on cher Marcel, j'apprends que vous tes souffrant et triste et que vous vous plaignez de ne pouvoir prier. Si vraiment vouvez pas prier, ne priez pas, mais dites souvent le Nom de Jsus, rien que ces deux syllabes qui ont une vertu mystrieusus serez secouru. Je vous l'affirme sur l'honneur de Dieu. J'ai pri, j'ai communi pour vous. Mais, que puis-je, si vous nez pas vous-mme ? Courage, mon ami. N'oubliez pas que vous avez t rachet comme les autres.

    -- Encore une enqute. On ne me rate jamais. Une revue veut savoir ce que je pense du clricalisme :

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    Clricalisme est un mot vague et lche, une pourriture de mot que je rejette avec dgot.

    on veut entendre par l le Catholicisme romain, c'est--dire l'uniqueforme religieuse, voici ma rponse bien nette aux trestions :

    e suis pour la Thocratie absolue, telle qu'elle est affirme dans la Bulle Unam Sanctamde Boniface VIII.

    Je pense que l'Eglise doit tenir en main les Deux Glaives, le Spirituel et le Temporel, que tout lui appartient, les mes etps, et qu'en dehors d'Elle il ne peut y avoir de salut ni pour les individus ni pour les socits.

    Enfin j'estime qu'il est outrageant pour la raison humaine de mettre en question des principes aussi lmentaires.

    soir, comme Jeanne mettait la petite Madeleine dans mes bras, je lui ai fait remarquer combien il est profitable de porteson coeur un de ces innocents. C'est comme si on portait des reliques de martyr.

    -- Fte de Notre-Dame Auxiliatrice. Mise en vente de la Femme pauvre.

    -- Visite dsastreuse auBon Marcho on m'avait charg d'acqurir divers objets. J'en sors fumant de colre, spiransnarum et cdis, ayant engueul plusieurs personnes. Le contact de cette foule m'est absolument odieux et dtermine en mtesse la plus orageuse. Je ne peux plus du tout supporter le Monde.

    -- A Octave Mirbeau :

    de mes amis, le capitaine Bigand-Kaire, m'apprend que vous voulez bien parler de mon nouveau livre,La Femme Pauvin Journal. II ne pouvait me donner une nouvelle plus agrable, et je pense que toute expression de gratitude vous semblpeu banale.

    vant l'cart, plein de mpris pour le monde et n'ayant rien pous de lui, j'ai eu l'honneur longuement, profondment sal'hostilit universelle. Quoi de plus juste ?

    t t rvoltant qu'une pareille faon ne me valt pas le renom d'un rat, d'une crapule, d'un assassin disponible, d'un lc

    n sodomite, enfin et surtout d'un mendiant immonde, puisque je suis pauvre. J'ai donc vcu sur cette lgende, mal, il est

    jour, il y a trois ans, quelques chevaliers de l'critoire russirent me faire perdre la situation qui tait mon unique ressux de mes enfants en sont morts. Ce compte sera rgl, -- non par ma plume.

    vous envoie, en mme temps que cette lettre, un exemplaire de mon livre et un doux pamphlet qui vous amusera peut-tus comprendrez que l'auteur de ces choses et de plusieurs autres du mme genre ne peut pas tre de ceux qui demandenicles aux confrres. Il a fallu, certes ! que Bigand prt cela sur lui ! Il a russi chez vous, Dieu soit lou ! Vous paraissez Justice pour laquelle je meurs depuis dix ans. L'occasion n'est pas banale et vous ne chercherez pas en vain le coeur du

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    rouv quand vous chercherez son coeur.

    e page au moins de la Femme pauvrefut critepour vous. C'est la page 311-12, quand je raconte mes propres funraillepseudonyme autobiographique et presque clbre de Can Marchenoir. Oui, cet endroit-l, j'ai pens vous, Mirbeau, peu d'amertume, je le confesse, mais non pas, peut-tre, sans esprance, j'ose l'avouer

    n

    - Arrive d'Henry de Groux avec sa femme et sa petite fille. Hospitalit cette famille.- Rencontr Rosny sur la plate-forme d'un tramway. Rcent chevalier de la Lgion et imbcile peu cach dans le prpucmbre de l'Acadmie Goncourt, il se montre, je ne sais pourquoi, trs-insolent, trs-goujat. J'ai pu dsarmer de Groux quiurait d'envie de le gifler. A quoi bon ? Il y a deuxRosny, dont l'un n'a jamais t vupar personne. On ne sait qui est le dest le membre, qui est le giflable. On ne sait pas quelle sale affaire on pourrait se mettre sur les bras.

    - La prsence des de Groux dans la maison rend notre vie trs-difficile.

    - Carte de Lugn-Po, qui j'ai envoy la Femme pauvre. Il me demande : pour son thtre une pice -- moi !

    -- LeJournalpublie une fort belle chronique de Mirbeau sur la Femme pauvre; mais qui imputer l'insertion de cet artet pu m'tre si profitable -- le seul jour peut-tre de toute l'anne o les Parisiens ne lisent mme pas leurs journaux, c

    e le jour du Grand Prix ?

    Octave Mirbeau :

    onsieur, je viens de lire votre gnreux article et je ne veux pas attendre une heure pour vous remercier. La page 311 estrieusement dmentie. Vous remercier ! hlas ! comment le pourrais-je sans sottise ? Votre temprament est trop analoguen pour que vous ne sentiez pas ce que votre vaillance a d me faire prouver.

    us tes le premier. Cela dit tout. J'ignore ce que vous avez risqu pour moi, car il n'y a pas de feuille plus hostile Lone leJournal, et tous les Xau de la boutique ont d frmir J'admire que vous ayez pu vous arranger de mon Absolu chrtir enfin l'auteur de vos livres est spar de moi par plusieurs abmes. On a beaucoup parl de mon orgueil parce que je suitaire. Et comment pourrais-je ne pas tre un solitaire ?

    us avez trs-bien vu, du moins, que je ne suis pas de ce sicle, et je n'aurais pu le dire mieux. Ah ! certes, non, je n'en sue suis entr dans la vie littraire trente-huit ans, aprs une jeunesse effrayante et la suite d'une catastrophe indicible qavait prcipit d'une existence exclusivement contemplative. J'y suis entr comme un lu disgraci entrerait dans un enfeue et de tnbres, flagell par le Chrubin d'une ncessit implacable,Angelus Domini coarctans eum. A la vue de mes hmpagnons nouveaux, l'horreur m'est sortie par tous les pores. Comment se pourrait-il que mes tentatives littraireseussere chose que des sanglots ou des hurlements ?

    st possible que ma situation, uniformment pouvantable depuis treize ans, soit modifie par votre article. Mais combiea fallu souffrir ! Enfin tout sera dit par moi dans leMendiant ingrat, journal de quatre annes de ma vie que va publier u

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    teur belge, aucun trafiquant de papier sale n'ayant os, Paris, se charger d'un livre aussi dangereux. Chaque chien aur , dit le proverbe

    --Premier effet agrable de l'article de Mirbeau. Edmond Lepelletier y rpond dansL'Echo de Paris, sans loquence, maec un rare discernement. Il informe son public [qui sera, un jour, le public de Franois Coppe,] que je suis un crapaudqueux et rpugnant , un drle , un tre vil et plat , un alin la fois ridicule et mchant , un pleutre , un isson , un poltron , un vomisseur d'injures , un scribe de choses immondes . Rien de trs-invent dans tout anze ans que ces choses s'impriment partout. Mais, chez Edmond, c'est si candide et il y a une telle dpense de bonne foi

    emple : Sa pauvret, d'ailleurs n'est que relative. (La pauvret, de Lon Bloy, bien entendu). Il habite la villa d'une damre et gnreuse, l-bas, Montrouge j'ai failli en pleurer d'attendrissement.

    a rponse immdiate : Mon cher Edmond, grand'merci pour cette chaleureuse rclame !

    l'air aussi d'offrir Mirbeau le choix entre la jean-foutrerie et le crtinisme pour avoir parl de moi comme il l'a fait, alme jusqu' le menacer d'un combat.

    casion pour Mirbeau d'offrir en retour ce paladin quelques coups de pied au derrire en notifiant qu'il lui est vraimentpossible de croiser ce qu'on est convenu d'appeler le fer avec un adversaire ddaign par Lon Bloy. Mais il faudrait querbeau ft mon ami ou, du moins, un magnifique. Ce serait trop demander.

    -- Un ancien ami, congdi pour avoir entrepris quelques salets sur une jeune fille qui nous est confie, se venge par ure o je suis trait de Judas (???)

    --De Groux djeunant chez nous avec le capitaine Bigand-Kaire, ddicataire de la Femme pauvre, fait d'incroyables et vorts pour l'entraner au carnage de Lepelletier. Pourquoi dtruire cet insecte profitable ?

    -- Article filial de Svrine sur Jules Valls, propos de mon livre. -- Un rude crivain, tout de mme ! -- Oui, pre

    -- A Svrine :

    adame, votre article est assurment ce que j'aurais pu ambitionner de plus flatteur, puisque vous avouez ne l'avoir crit qus la griffe et la dent du plus imprieux besoin de justice. Avoir pu vaincre en vous le ressentiment d'une blessure atrocuoique bien involontaire) jusqu'au point de vous faire prouver pour moi quelque chose de fraternel , certes, voil une

    toire qui n'est pas banale.

    chose la plus facile du monde, c'est d'tre injuste. Quoi de plus simple cependant que de se demander si un homme qui rque j'ai risqu et qui sacrifie ce que j'ai sacrifi, n'obit pas, ft-ce en aveugle, une consigne, un ordre absolu de sanscience, non moins imprieux que le sentiment suprieur auquel vous avez noblement cd ? Cela parat, en effet, trs-

    mple et d'une quit rudimentaire. Mais, en ce qui me concerne, peu de gens s'en sont aviss. Les mes contemporainesndent assez bas, croyons-nous, Madame, et le choix libred'une existence pouvantable est une sorte d'ide gothique etntaine qui n'obtient pas trs-facilement audience.

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    vous sera compt, Svrine, de n'avoir vu en moi, malgr tout, ni un sot ni une me vile, et d'avoir eu la vaillance de le dla vous sera grandement compt par Quelqu'un qui n'est pas les hommes, en vrit.

    -- A Henri Provins, que la Femme pauvrea fort mu :

    er monsieur, relisant votre dernire lettre en une heure d'angoisse, j'ai senti, ce matin, que j'avais mal fait de n'y pas rpons doute, au point de vue strict et banal de convenances mondaines, cette lettre ne comportait pas de rponse. Mais ce po

    e ne doit pas tre celui d'un solitaire tel que moi, et il est bien certain que vos pages m'ont t bienfaisantes.

    enfaisantes, en vrit. Songez que je suis rellement le protagoniste perptuel de toutes mes fictions, que j'incarne exacteprix de quelles douleurs ! tous les souffrances, tous les saignants, tous les dsols que j'ai tent de faire vivre en leur

    pposant mon me. Cela d'une manire si complte, si absolue qu'il me faudra ncessairement, duss-je en mourir, menssubstantier, en Louis XVII pour arriver le peindre.

    uis XVII ! Il faudra -- Dieu veut peut-tre que ce soit le point culminant de ma carrire d'crivain -- il faudra de toutecessit, que je prenne mes tortures de pre, de chrtien, d'artiste, que je ramasse en une fois les agonies de la misre, de

    umiliation, de la calomnie, les affres mortelles de cette vie de proscrit et de diffam qui est la mienne, pour entrer dans lroyablement perce du douloureux prince. Il faudra que j'habite cette me qui fut, sans doute, la plus solitaire des mes, tablisse ma demeure, que je fasse mienne, par l'affinit intuitive de mes propres souffrances, l'infortune absolumentgalable de cet homme qui Dieu demanda de vivre dans l'obscurit, dans l'ignominie, dans le ridicule, avec le fardeau datorze sicles sur le coeur !

    aiment je ne sais pas si je pourrai jamais dire la dconcertante et surnaturelle majest d'un pareil destin, certainement unut ce qui pouvait tre crit pour lucider le point d'histoire l'a t par vous ou par d'autres. Il s'agit maintenant de faire plfaire sangloter, d'ouvrir les cluses de la compassion sur le malheur inou de Louis XVII. C'est la tche que j'ai entreprise Dieu ait piti de moi !

    omesse qui n'a pas t tenue et qui ne pouvait pas l'tre. J'ai fait ce qu'il m'a t donn de faire, et le Fils de Louis XVI, p1900, n'est pas indigne d'un crivain qui ses ennemis eux-mmes ont souvent accord de la force et de la grandeur. M

    e voulez-vous ? Louis XVII tait par trop infrieur son infortune. Sa mdiocrit excessive tuait la compassion. Octobre903.]

    tenais surtout vous dire combien votre lettre m'a t douce. Ma vie ne l'est pas. Souvent elle est plus que dure, et vous mpris que les pages sombres de mon livre ne pouvaient pas tre de l'invention. A une certaine profondeur, les gmissemsanglots ne s'inventent pas. Depuis longtemps je n'ai qu' puiser dans mes souvenirs pour crire les livres les plus

    uloureux. Comme tous les tres pris d'Absolu, j'ai trs-peu d'amis. J'ai mme autant d'ennemis que si j'tais un hommeitique. Ayant eu l'occasion, autrefois, de dnoncer quelques turpitudes, il est conforme aux pratiques de ce monde que ls vils goujats de plume s'arrogent le droit de me calomnier et de m'outrager chaque fois qu'ils pensent le pouvoir fairepunment. C'est pour cela que l'expression d'une sympathie vraie me parat si dlicieuse.

    -- Dpart soudain et mystrieux de la famille de Groux. Bienheureuse fin de cette dtraquante hospitalit.

    -- Lettre de Maeterlinck :

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    onsieur, je viens de lire la Femme pauvre. C'est, je pense, la seule des oeuvres de ces jours o il y ait des marques vidennie, si, par gnie, l'on entend certains clairs en profondeur qui relient ce qu'on voit ce qu'on ne voit pas et ce qu'onmprend pas encore ce qu'on comprendra un jour. Au point de vue purement humain, on songe involontairement auRoion ne trouve pas d'autres points de repre dans les littratures. Croyez, Monsieur, mon admiration trs-profonde.

    aurice Maeterlinck.

    llet

    -- Le jubil de la vieille gueuse Victoria, Londres, m'empche de toucher une pauvre somme horriblement ncessaire

    - A Rachilde :

    childe, ma chre amie, dcidment votre article est ce que j'ai eu de mieux jusqu' ce jour. Vous avez vu plus loin et plu

    fond que les autres et vous avez eu la force incroyable, alors que tant de btises vous sollicitaient, vous imploraient ux genoux, de n'en couter qu'une seule. Cela tient sans toute ce que vous avez nglig de lire le chapitre central de more (p. 141). Vous prsentez ma Femme pauvrecomme une femme honnte, hlas ! oubliant ou mconnaissant que j'ai clent pome uniquement et prcisment en haine des honntes femmes. a c'est une gaffe, avouez-le.

    pendant vous avez vu le reste. Je vous passe, bien entendu, le joug d'une religion abominablement meurtrire , lieummun emprunt la riche collection de Franois Coppe et sans doute bni par votre cochon d'abb Charbonnel. Il faut us passer a puisque vous tes impure et trs-imparfaite et que vous errez dans les tnbres extrieures .

    puis persuad que vous m'avez lu avec toute l'humilit disponible, ce qui est la vraie posture pour apercevoir ce queperoivent pas les superbes.

    r exemple, je vous dois une vive reconnaissance pour m'avoir lav de l' pouvantable orgueil que me reprochentariablement des juges qui ne savent pas le sens de ce mot. L'orgueil est, en effet, le seul vice dont il est impossible de se

    fendre sans ridicule On peut se dfendre d'avoir du gnie, mais non d'tre un orgueilleux. Je vous remercie d'y avoir pen

    souvent voulu vous parler de vos livres vous, Rachilde, et vraiment c'est trop difficile. Trs- sincrement, je ne sais qnser de vous. Si vous tiez sciemment une sclrate, parbleu ! Mais vous tes une perverse ingnue, et j'avoue que cela mraque. Vous allez aux tnbres instinctivement, comme les plantes vont la lumire. Vos livres n'ont mme pas l'excusende, c'est pouvantable. J'avais cru et je m'tais dit que l'abomination froide de la Princesse des Tnbresne pouvait pa

    passe. Erreur. LesHors-Naturevont plus loin, et ils y vont comme je viens de le dire, sans viande, ainsi que des dmon

    ors, c'est bien simple,je ne connais pas votre limite, et vous me faites peur.

    ici tout ce que peut vous dire l'homme d'Absolu, le Chrtien. Ne vous tes-vous jamais demand ce que devaient produitaines mes vos horrible livres, malheureusement saturs d'Art ? Il vous plat de dclarer que vous tes une inconsciente

    cifique bestiole. Cependant j'ai cru voir en vous quelque chose comme de la bont. Oh ! je peux me tromper, certes ! ma

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    fin, dans cette hypothse, je n'arrive pas concevoir que vous ne soyez jamais, ft-ce une seule heure, tourmente parquitude.

    nne Rachilde :

    adame, du fond de notre solitude, je vous envoie un merci pour avoir dit que mon mari est un homme de gnie. Mais, cronous sommes loin du dsespoir. C'est le mot qu'on ne prononce jamais ici.

    suis parfaitement sre que Lon Bloy sait o il va, et je suis, par consquent, parfaitement heureuse de le suivre. Vouserchez l'Absolu votre manire. Je suis donc avec vous, ne dussions-nous jamais nous rencontrer, car j'ai horreur de ladiocrit et j'aime ceux qui osent aller jusqu'au bout.

    savais bien que vous sentiriez le surnaturel divindans certaines pages de la Femme pauvre. Autrement, quoi bon tre amon ? Comme vous devez vous ennuyer quelquefois ! Dans ces moments-l, Madame, croyez ma trs vive sympathie.

    -- A un mandarin qui m'a envoy 500 francs, mais dont les vues sont exclusivement humaines et qui m'crit en mme t choses trs-sages :

    er monsieur, je reois, ce matin, les 500 francs que vous voulez bien m'envoyer pour le service du Prince dshrit et pampathie pour l'auteur non moins dshrit de la Femme pauvreJe vous supplie, de pratiquer mon gard cette charitfonde qui consiste se demander ce que Dieu a donn une de ses cratures et ce qu'il exige d'elle en retour. Pourquoi

    pposeriez-vous pas que ma vocation est peut-tre unique ? Longtemps avant d'avoir crit une seule ligne, j'avais comprisacrifice de tout bonheur terrestre m'tait demand et j'avais accompli ce sacrifice. Je recommande votre attention les pDsespr, de 179 184. Ce sont, je crois, les plus centrales de ce livre, celles qui expliquent tout, et c'est par ces pages

    rpondais, dix ans l'avance, la lettre que vous venez de m'adresser

    us me jugez humainement sans prendre garde que je suis prcisment hors de tous les points de vue humains et que c'este ma force, mon unique force. La vrit bien nette et qui clate dans tous mes livres, c'est queje n'cris que pour Dieu.

    plorez que je me sois mis dans une situation telle que je ne puis faire tout le bien qu'on serait en droit d'attendre de moi.yons, cher ami, qu'en savez-vous ? Vous me parlez des enseignements du christianisme, soit. Il est une chose que l'Eglisjours enseigne et qui est la doctrine de tous les saints, sans exception. C'est que le salut d'une seule me importe plus q

    utien du corps de cent mille pauvres. Cela n'est pas dfini en dogme ; mais c'est tellement li la Doctrine essentielle, role de Dieu, qu'il est impossible d'tre chrtien si on en doute.

    ! bien, si le don d'crire m'a t accord, n'est-il pas infiniment plausible de conjecturer que j'ai surtout la mission d'agirmes ? Une telle mission est assurment bien trangre l'esprit du monde, de ce monde pour qui Jsus a dit formellemil ne priait pas (non pro mundo rogo) et qui regarde les mes comme moins que rien. Mais vous qui vivez dans ce mondme la faon d'un tranger, puisque vous avez donn le meilleur de votre effort une cause qu'il mprise, vous ne pou et vous ne devez pas ne pas me comprendre.

    il la deuxime fois que vous me reprochez le moyen ge comme si vous n'en tiez pas vous- mme de ce Moyen Age q, aprs les Temps Apostoliques, la plus belle poque du monde. Une poque o on croyait, o on aimait jusqu' en mourtait fidle jusque dans les supplices, o on se sacrifiait compltement, o le Corps et le Sang de Jsus-Christ passaient tes choses. De quelle poque tes-vous donc ou croyez-vous tre lorsque vous donnez spontanment votre argent un a

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    scrit, conspu de la multitude et qui vous est peine connu, pour l'amour d'un prince malheureux que toute la terre a renvous en dplaise, vous tes, votre insu et en la manire qui vous est donne, oui, vous tes simplement un de ceux-l

    n allaient la conqute du Saint-Spulcre, et Dieu qui reconnat les sie