Cometiques naturels: lecons du futur 3/3

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D ossier en 3 parties : la première partie, dédiée aux leçons du passé répond à des interrogations éthiques importantes sur les produits anti-âge, les nutricosmétiques… La deuxième partie cerne 8 défis ou tendances fortes d’aujourd’hui. Cette troisième et dernière partie nous projette en 2029 et décrit ce que pourraient (et devraient) être le cosmétique et la beauté naturels de demain. Cosmétiques naturels : les leçons du futur (3/3) 57 Mars/Avril 2009 Veille et innovation COSMÉTIQUE Sauveur Fernandez Sauveur Fernandez est consultant en marketing vert et innovation responsable. Fondateur de l’Éconovateur en 2001, pionnier français des principes de la communication responsable, il décrypte les tendances à venir, et aide les entreprises à la création de produits et services éthiques. 4 rue de Chaffoy - 30 000 Nîmes Tél. : 06 11 40 19 91 Mail : [email protected] Site : www.econovateur.com 1 – La fin des mannequins allumettes ? 2029 vivra certainement une schizophrénie esthétique assu- mée. Pour le meilleur, la notion de beauté physique idéale sera plus diffuse : on acceptera plus facilement les rondeurs, les rides naturelles, bref, une beauté plus naturelle, plus dé- contractée et moins canonisée. Cependant, les besoins de modèle et de reconnaissance sociale ne disparaitront pas mais prendront des formes nouvelles ou plus subtiles : on se bride les yeux (L’Asie fascine), on arbore des tatouages-ma- quillages identitaires ou symboliques de son évolution spiri- tuelle, de ses croyances intimes… 2 – Mon entreprise cosmétique est une coopé- rative agricole… En 2029, les entreprises possèdent en propre ou en filière des jardins ou sites agricoles de production. Elles travaillent main dans la main avec des ONG qui veillent à ce que les ressources botaniques naturelles soient bien gérées. Ces alter entreprises savent aussi allier initiative individuelle, responsabilité collective et performance économique en se dotant de nouvelles structures de type coopératif-mondialisé : une centaine de producteurs, et cueilleurs de plantes indé- pendants de la Drôme peuvent par exemple posséder 10 micro usines écologiques de cosmétique disséminées sur le territoire (pour un écobilan positif ), sous marque commer- ciale chinoise financée par capital collectif du Japon, Brésil et Côte d’Ivoire, (les marques étrangères ont désormais obliga- tion de récolter et produire dans le pays même de commer- cialisation). 3 – Des marques globales aux micro-marques régionales Les clients, peuvent être aussi les actionnaires de ces entre- prises : ils prennent plaisir à aller chercher eux-mêmes « leur » cosmétique en allant régulièrement rendre visite sur place ou par Internet aux plantes qui entreront dans la composition de leurs cosmétiques préférés ! Certains s’investissent même dans la conception des produits. Corollaire de cette « glo- calisation », des micro-marques à l’identité régionale forte, implantées dans leur région et récoltant-fabricant sur place sauront trouver leur public. 4 – L’artisan cosméto-herboriste de quartier Les commerçants de quartier vont accueillir une variante de l’herboriste d’antan : le cosméto-herboriste qui, connaissant mieux ses clients mieux que quiconque, propose des crèmes hydratantes « maison » ultra-fraîches adaptées au tempéra- ment et au type de peau de chacun. 5 – La crème de jour qui soigne le rhume Les consomm’acteurs ont appris à choisir leurs produits cos- métiques en fonction de leur état de santé, de leur moral, et de leur bien-être intérieur ! On choisira par exemple une crème corps tonique au thym et à la lavande si on est un peu enrhumé ! 6 – L’emballage se fait aussi conservateur Les savoirs en conservateurs naturels ont beaucoup progres- sé. Bien que moins nécessaires (les consommateurs ont pris l’habitude de placer leur cosmétique au frigo ou d’utiliser des crèmes ultra-fraîches à date d’utilisation limitée), des so- lutions innovantes voient le jour. Par exemple les emballages en bois-conservant : il s’agit d’un bois proche du cèdre qui diffuse très lentement une essence capable de conserver cer- taines pâtes (savons, baumes à base cireuse…) pendant des mois sans aucun adjuvant. 7 – L’ère des services : les nouveaux temples de beauté En 2029 les marques fabricantes de cosmétiques proposent aussi leurs propres services à la personne avec des instituts de beauté revisités : désormais la beauté de l’esprit compte autant que celle du corps. Les soins corporels côtoient des « psycho-cosmétiques » sous forme de traitements ho- listiques originaux issus d’anciennes thérapies tibétaines, taôistes, védiques… Traitement par les vibrations positives des sons, la lumière (luminothérapie), les gestes énergétiques (mudras), les pierres et cristaux (lithothérapie), etc. Les pre- miers traitements par réalité virtuelle voient aussi le jour. 8 – 2029, tout bio, tout bon ? Les cosmétiques et traitements holistiques naturels de beau- té font désormais partie de la société. L’ère de la pétrochimie sonne son glas… remplacée par les sciences biotechnologi- ques (nanotechnologies, cellules souches…). Ces nouveaux savoirs high-tech ont prouvé leur apport positif, mais conser- vent toujours leur ambiguïté de science sans conscience. La beauté reste aussi comme toujours tributaire de la hiérarchie sociale ou symbolique à laquelle on appartient (comme les peuples primordiaux actuels encore proches de la nature). Heureusement les contestataires de demain rêveront à un 2049 encore plus désirable…

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Dossier en 3 parties : la première partie, dédiée aux leçons du passé répond à des interrogations éthiques importantes sur les produits anti-âge, les nutricosmétiques... La deuxième partie cerne 8 défis ou tendances fortes d’aujourd’hui. Cette troisième et dernière partie nous projette en 2029 et décrit ce que pourraient (et devraient) être le cosmétique et la beauté naturels de demain.

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Dossier en 3 parties : la première partie, dédiée aux leçons du passé répond à des interrogations éthiques importantes sur les produits anti-âge, les nutricosmétiques… La deuxième partie cerne 8 dé� s ou tendances fortes d’aujourd’hui. Cette troisième et dernière partie nous projette en 2029 et décrit ce que pourraient (et devraient) être le cosmétique et la beauté naturels de demain.

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Mars/Avril 2009

Veille et innovationCOSMÉTIQUE

Sauveur Fernandez

Sauveur Fernandez est consultant en marketing vert et innovation responsable. Fondateur de l’Éconovateur en 2001, pionnier français des principes de la communication responsable, il décrypte les tendances à venir, et aide les entreprises à la création de produits et services éthiques.

4 rue de Chaffoy - 30 000 Nîmes Tél. : 06 11 40 19 91Mail : [email protected] Site : www.econovateur.com

1 – La fin des mannequins allumettes ?2029 vivra certainement une schizophrénie esthétique assu-mée. Pour le meilleur, la notion de beauté physique idéale sera plus di� use : on acceptera plus facilement les rondeurs, les rides naturelles, bref, une beauté plus naturelle, plus dé-contractée et moins canonisée. Cependant, les besoins de modèle et de reconnaissance sociale ne disparaitront pas mais prendront des formes nouvelles ou plus subtiles : on se bride les yeux (L’Asie fascine), on arbore des tatouages-ma-quillages identitaires ou symboliques de son évolution spiri-tuelle, de ses croyances intimes…

2 – Mon entreprise cosmétique est une coopé-rative agricole…En 2029, les entreprises possèdent en propre ou en � lière des jardins ou sites agricoles de production. Elles travaillent main dans la main avec des ONG qui veillent à ce que les ressources botaniques naturelles soient bien gérées.Ces alter entreprises savent aussi allier initiative individuelle, responsabilité collective et performance économique en se dotant de nouvelles structures de type coopératif-mondialisé : une centaine de producteurs, et cueilleurs de plantes indé-pendants de la Drôme peuvent par exemple posséder 10 micro usines écologiques de cosmétique disséminées sur le territoire (pour un écobilan positif ), sous marque commer-ciale chinoise � nancée par capital collectif du Japon, Brésil et Côte d’Ivoire, (les marques étrangères ont désormais obliga-tion de récolter et produire dans le pays même de commer-cialisation).

3 – Des marques globales aux micro-marques régionalesLes clients, peuvent être aussi les actionnaires de ces entre-prises : ils prennent plaisir à aller chercher eux-mêmes « leur » cosmétique en allant régulièrement rendre visite sur place ou par Internet aux plantes qui entreront dans la composition de leurs cosmétiques préférés ! Certains s’investissent même dans la conception des produits. Corollaire de cette « glo-calisation », des micro-marques à l’identité régionale forte, implantées dans leur région et récoltant-fabricant sur place sauront trouver leur public.

4 – L’artisan cosméto-herboriste de quartierLes commerçants de quartier vont accueillir une variante de l’herboriste d’antan : le cosméto-herboriste qui, connaissant mieux ses clients mieux que quiconque, propose des crèmes hydratantes « maison » ultra-fraîches adaptées au tempéra-ment et au type de peau de chacun.

5 – La crème de jour qui soigne le rhumeLes consomm’acteurs ont appris à choisir leurs produits cos-métiques en fonction de leur état de santé, de leur moral, et de leur bien-être intérieur ! On choisira par exemple une crème corps tonique au thym et à la lavande si on est un peu enrhumé !

6 – L’emballage se fait aussi conservateurLes savoirs en conservateurs naturels ont beaucoup progres-sé. Bien que moins nécessaires (les consommateurs ont pris l’habitude de placer leur cosmétique au frigo ou d’utiliser des crèmes ultra-fraîches à date d’utilisation limitée), des so-lutions innovantes voient le jour. Par exemple les emballages en bois-conservant : il s’agit d’un bois proche du cèdre qui di� use très lentement une essence capable de conserver cer-taines pâtes (savons, baumes à base cireuse…) pendant des mois sans aucun adjuvant.

7 – L’ère des services : les nouveaux temples de beautéEn 2029 les marques fabricantes de cosmétiques proposent aussi leurs propres services à la personne avec des instituts de beauté revisités : désormais la beauté de l’esprit compte autant que celle du corps. Les soins corporels côtoient des « psycho-cosmétiques » sous forme de traitements ho-listiques originaux issus d’anciennes thérapies tibétaines, taôistes, védiques… Traitement par les vibrations positives des sons, la lumière (luminothérapie), les gestes énergétiques (mudras), les pierres et cristaux (lithothérapie), etc. Les pre-miers traitements par réalité virtuelle voient aussi le jour.

8 – 2029, tout bio, tout bon ?Les cosmétiques et traitements holistiques naturels de beau-té font désormais partie de la société. L’ère de la pétrochimie sonne son glas… remplacée par les sciences biotechnologi-ques (nanotechnologies, cellules souches…). Ces nouveaux savoirs high-tech ont prouvé leur apport positif, mais conser-vent toujours leur ambiguïté de science sans conscience. La beauté reste aussi comme toujours tributaire de la hiérarchie sociale ou symbolique à laquelle on appartient (comme les peuples primordiaux actuels encore proches de la nature). Heureusement les contestataires de demain rêveront à un 2049 encore plus désirable…