Le Taurillon dans l'arène - n°14

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Le Taurillon dans l’Arène Dans ce numéro : Edito 1 L’Euro, notre économie et notre monnaie 2 Quelle défense pour l’Europe ? 3 Gestion durable des forêts : l’UE sort du bois ! 4 et 5 L’entrée de la Croatie dans l’Union européen- ne, compromise par une décision du TPIY 6 L’avortement en Europe 7 Agenda 8 Profession de foi d’un Européen convaincu Qui dit mois de mai, dit Fête de l’Europe pour les Européens que nous sommes. A l’image du 14 juillet pour les Français, les Européens ont leur fête et cette fête tombe le 9 mai. Elle commé- more le « discours de l’Horloge » du 9 mai 1950 prononcé par Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères. Ce discours, qui marque le début de la construction européenne, posait les premières pierres de la réconciliation franco- allemande. Schuman, inspiré de Jean Monnet, a proposé aux Allemands de mettre en com- mun leur charbon et leur acier, de sorte que ces matières, qui leur servaient à se faire la guer- re, deviennent un bien commun qu’ils auraient intérêt { proté- ger. Alors que les blessures de la Seconde Guerre mondiale n’é- taient pas encore pansées, il lui a fallu une sacrée dose d’audace mais aussi de courage politique pour proposer un tel plan. L’His- toire démontrera que ce fut une réelle réussite : après le charbon et l’acier, c’est l’ensemble des biens que nous avons partagé avec nos voisins européens. L’idée qui a conduit { la cons- truction européenne était sim- ple : comment garantir la paix aux citoyens des pays euro- péens ? La réponse n’a pas été beaucoup plus compliquée : mettre en commun nos biens et nos richesses, afin d’être plus forts ensemble. Cela fait mainte- nant plus de 60 ans que cette construction européenne garan- tit la paix à nous tous, citoyens européens. Beaucoup estiment, à raison, que cela n’est plus suffisant. C’est vrai ! Mais c’est au moins un élément nécessaire et indis- pensable que nous, jeune géné- ration, nous nous devons de ne pas oublier. C’est pourquoi les Jeunes Euro- péens militent pour la construc- tion européenne, non pas de façon béate, approuvant tout ce qui est estampillé « UE », mais en tant que citoyens, critiques et exigeants. Nous ne confondons pas l’Europe et sa raison d’être avec ceux qui la gouvernent, s’en servent parfois, et la rejettent d’autres fois. Nous dénonçons avec vigueur et sincérité les comportements opportunistes de nos dirigeants quand ils ne vont pas dans le sens de l’inté- rêt européen. Les Hommes qui les ont précédés pour écrire cette page de l’Histoire méri- tent que l’on porte le même idéal qu’eux, et c’est la raison pour laquelle nous militons. Nous le faisons en dehors de tout clivage partisan avec des adhérents de toutes les croyan- ces politiques. Ce qui nous réunit c’est la croyance en cette Europe, que l’on soit de gauche ou de droite, d’un centre ou d’un autre, vert ou rouge, nous pensons que l’Union européen- ne et ses 500 millions de ci- toyens sont un ensemble qui compte, que c’est au sein de cet ensemble que nous pourrons le mieux défendre nos intérêt, et qu’enfin c’est clairement le combat politique de notre gé- nération. Alors, pour cette fête de l’Europe 2011, rejoignez- nous ! Nicolas Jean Mai 2011, n° 14 Les Jeunes Européens-Bordeaux au pique-nique européen - avril 2010 (par Matthieu Dubourg)

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Le journal mensuel et gratuit des Jeunes Européens-Bordeaux

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Le Taurillon dans

l’Arène

Dans ce numéro : Edito 1

L’Euro, notre économie et notre monnaie

2

Quelle défense pour

l’Europe ?

3

Gestion durable des forêts : l’UE sort du bois !

4

et

5

L’entrée de la Croatie dans l’Union européen-ne, compromise par une décision du TPIY

6

L’avortement en Europe

7

Agenda 8

Profession de foi d’un Européen convaincu

Qui dit mois de mai, dit Fête de

l’Europe pour les Européens que

nous sommes. A l’image du 14

juillet pour les Français, les

Européens ont leur fête et cette

fête tombe le 9 mai. Elle commé-

more le « discours de l’Horloge »

du 9 mai 1950 prononcé par

Robert Schuman, alors ministre

français des Affaires étrangères.

Ce discours, qui marque le début

de la construction européenne,

posait les premières pierres de

la réconciliation franco-

allemande. Schuman, inspiré de

Jean Monnet, a proposé aux

Allemands de mettre en com-

mun leur charbon et leur acier,

de sorte que ces matières, qui

leur servaient à se faire la guer-

re, deviennent un bien commun

qu’ils auraient intérêt { proté-

ger. Alors que les blessures de la

Seconde Guerre mondiale n’é-

taient pas encore pansées, il lui a

fallu une sacrée dose d’audace

mais aussi de courage politique

pour proposer un tel plan. L’His-

toire démontrera que ce fut une

réelle réussite : après le charbon

et l’acier, c’est l’ensemble des

biens que nous avons partagé

avec nos voisins européens.

L’idée qui a conduit { la cons-

truction européenne était sim-

ple : comment garantir la paix

aux citoyens des pays euro-

péens ? La réponse n’a pas été

beaucoup plus compliquée :

mettre en commun nos biens et

nos richesses, afin d’être plus

forts ensemble. Cela fait mainte-

nant plus de 60 ans que cette

construction européenne garan-

tit la paix à nous tous, citoyens

européens.

Beaucoup estiment, à raison,

que cela n’est plus suffisant.

C’est vrai ! Mais c’est au moins

un élément nécessaire et indis-

pensable que nous, jeune géné-

ration, nous nous devons de ne

pas oublier.

C’est pourquoi les Jeunes Euro-

péens militent pour la construc-

tion européenne, non pas de

façon béate, approuvant tout ce

qui est estampillé « UE », mais

en tant que citoyens, critiques et

exigeants. Nous ne confondons

pas l’Europe et sa raison d’être

avec ceux qui la gouvernent, s’en

servent parfois, et la rejettent

d’autres fois. Nous dénonçons

avec vigueur et sincérité les

comportements opportunistes

de nos dirigeants quand ils ne

vont pas dans le sens de l’inté-

rêt européen. Les Hommes qui

les ont précédés pour écrire

cette page de l’Histoire méri-

tent que l’on porte le même

idéal qu’eux, et c’est la raison

pour laquelle nous militons.

Nous le faisons en dehors de

tout clivage partisan avec des

adhérents de toutes les croyan-

ces politiques. Ce qui nous

réunit c’est la croyance en cette

Europe, que l’on soit de gauche

ou de droite, d’un centre ou

d’un autre, vert ou rouge, nous

pensons que l’Union européen-

ne et ses 500 millions de ci-

toyens sont un ensemble qui

compte, que c’est au sein de cet

ensemble que nous pourrons le

mieux défendre nos intérêt, et

qu’enfin c’est clairement le

combat politique de notre gé-

nération. Alors, pour cette fête

de l’Europe 2011, rejoignez-

nous !

Nicolas Jean

Mai 2011, n° 14

Les Jeunes Européens-Bordeaux au pique-nique européen - avril 2010 (par Matthieu Dubourg)

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L’euro, notre économie et notre monnaie

Retrouvez ces

articles sur le

Taurillon.org !

La crise financière alimentée par les marchés et passée { l’économie réel-le a démontré les faiblesses structu-relles de nos économies européen-nes. Pour de nombreux politiques et chroniqueurs constatant les effets et conséquences de la crise, la monnaie unique est digne de tous les maux. D’autres esprits chagrins allant jus-qu’{ prôner un retour aux monnaies nationales et le recours aux dévalua-tions dénoncent la perte de la souve-raineté économique et la rigueur meurtrière de Frankfort sur le pa-nier de la ménagère européenne. Le mois dernier, Le Taurillon a fait le point sur l’état de santé de l’euro et sur la portée d’une Union monétaire en situation de crise. La gouvernance économique européenne se doit être réformée. À la croisée des chemins l’Europe doit faire le choix entre replis nationaux et intégration des politiques économiques européen-nes. Quelles solutions sont envisa-gées et quelle est la pertinence d’un regard fédéraliste sur cette crise ?

L’euro symbole fort de l’intégra-tion européenne :

N’en doutons pas l’euro est l’épou-vantail des détracteurs de l’intégra-tion européenne et des partisans du repli national, c’est avant tout { ce titre que la monnaie unique est dé-criée comme gabegie économico-politique des autocrates de l’axe Frankfort-Bruxelles. L’euro est la concrétisation d’une politique moné-taire commune. Que dénoncent-ils ? Une perte de notre souveraineté monétaire ? Les Etats membres ont décidé de mettre une partie de leur souveraineté en commun par le biais de transferts. Que dire des souverai-netés nationales isolées { l’heure de la mondialisation, alors que les nou-velles puissances économiques com-

me la Chine tendent à faire la pluie et le beau temps sur les marchés financiers ? Un euro trop fort puis un euro trop faible ? L’euro, monnaie récente, a eu besoin d’ancrer sa légi-timité sur les marchés, aujourd’hui sa dégringolade est commentée avec frayeur. Or l’euro retrouve sa valeur normale ; la valeur à parité de pou-voir d’achat de l’euro par rapport au dollar est entre 1,15 dollar et 1,2 dollar, nous nous en approchons ce qui est bon signe. Comment justifier un retour aux monnaies nationales qui, en période de crise, engendre-rait une envolée des taux d’intérêts, une explosion des endettements, le recours aux dévaluations ou encore la fuite des capitaux ? Le Taurillon et les Jeunes Européens-France dénon-cent ces stratégies politiques d’ap-prentis sorciers, faisant des citoyens les otages d’une désinformation, au moment même où se profilent les candidatures aux présidentielles de 2012.

Une coordination des politiques économiques européennes laxiste

et insuffisante

Ne tombons pas dans l’excès inverse, il y eu de graves manquements dans les premières années de la zone eu-ro, qui ont conduit la crise { l’extrê-me, notamment en Grèce ou en Ir-lande. L’Union économique et moné-taire (UEM) souffre cruellement d’insuffisances et d’un laxisme des dirigeants européens en matière de politique économique européenne. Comment penser la création d’une politique monétaire sans coordina-tion effective des politiques écono-miques ? Aujourd’hui le défi { rele-ver est à la fois politique et économi-que. A travers les hésitations de l’Allemagne jouant d’arguments juridiques, nous avons vu les limites

d’une gestion intergouvernementale qui a un temps amplifiée la crise. L’Union doit se doter d’un mécanis-me permanent de gestion de la crise qui responsabilise les Etats et qui garantisse une gouvernance démo-cratique par l’intermédiaire du Par-lement européen. Des initiatives telles que les euro-obligations, qui permettraient la mise en commun d’une partie de la dette, va dans le bon sens. La gestion nationale et discrétionnaire des politiques bud-gétaires a amplifié la crise, une meilleure utilisation des mécanis-mes de surveillance est à prévoir. A cela s’ajoutent les écarts de compé-titivité entre Etats que les stratégies européennes actuelles ont du mal à cibler mais aussi la compétitivité de l’Union { l’extérieur avec un man-que cruel de stratégie commune lors des grandes rencontres comme celles du G20. Les Etats membres sont actuellement face à une inter-rogation politique importante qui conditionnera la viabilité de l’Union européenne dans les années à venir. Soit ils font le choix de restreindre leurs marges de manœuvre nationa-les pour élaborer des réponses eu-ropéennes à la mesure des défis d’une économie mondialisée, ou bien de limiter l’empreinte euro-péenne sur les politiques nationales en risquant de se soumettre sur le long terme aux choix économiques et politiques des économies émer-gentes.

Pierre-Jean Verrando, président des Jeunes Européens - France

Source : fdecomite, sur Flickr certains droits réservés

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Quelle défense pour l’Europe ?

Source : Kévin Perrottet

A l’occasion de leur conférence « Quelle défense pour l’Europe ? », les Jeunes Européens - Bordeaux ont reçu, mercredi 30 mars 2011, le Contre-amiral Jean Dufourcq, direc-teur à l'institut de Recherche straté-gique de l'École militaire et rédac-teur-en-chef de la revue Défense nationale, ainsi qu’Olivier Védrine, membre du Team Europe (réseau de conférenciers de l’Union européen-ne) et président du Collège Atlanti-que-Oural. Cette rencontre a permis de dresser un bilan de l’Europe de la défense et de s’interroger sur les défis que devra relever l’Union euro-péenne afin de mener à terme cet ambitieux projet.

L’actualité récente a offert de multi-ples exemples témoignant de l’im-passe dans laquelle semble se trou-ver la défense européenne. Les ac-cords franco-britanniques signés en novembre dernier, notamment, re-présentent un recul dans le proces-sus de construction d’une défense commune dans la mesure où ils lais-sent { l’écart les autres Etats mem-bres. Le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN constitue également un frein au dé-veloppement d’une défense euro-péenne indépendante de l’Alliance atlantique. Enfin, plus récemment, c’est la question de l’intervention en Libye qui a mis en lumière la persis-tance de divergences au sein de l’U-nion européenne concernant les problèmes militaires. Il apparaît donc que, dans le domaine de la dé-fense comme dans d’autres, l’Europe ne parvienne pas { parler d’une seu-le voix.

Dans ce contexte, la conférence a permis de souligner certaines diffi-cultés inhérentes au projet de défen-se européenne. Comme l’a fait re-marquer à juste titre le Contre-amiral Durfourcq, dans le passé, les Etats européens n’avaient été en guerre qu’avec leurs voisins directs. A ses débuts, la construction euro-péenne était d’ailleurs une réponse au drame des deux guerres mondia-les nées sur le continent. En ce sens, la notion même de défense en Euro-pe s’est trouvée ainsi anéantie par l’intégration européenne. Qui est « l’ennemi » désormais ?

Le Contre-amiral Dufourcq a rappelé que l’Europe est faite de visions conditionnées par le positionnement

géopolitique de chaque Etat, de vi-sions qui ne sont pas nécessaire-ment convergentes. Le Royaume-Uni s’est pour sa part toujours attaché { éviter le rassemblement continental par crainte de l’émergence d’une puissance qui pourrait lui dicter sa loi. Londres souhaite une coalition tournée vers l’Atlantique et regarde la Russie comme un espace hostile. L’Allemagne témoigne quant { elle d’une vision continentale de la réali-té géopolitique européenne et en-tend s’appuyer sur le triangle de Weimar, c’est-à-dire l’axe Paris-Berlin-Varsovie, pour assurer la paix en Europe. Enfin, la France a déve-loppé au cours de son histoire une posture complète et globale qui ten-te de tirer tous les avantages qu’elle peut de son potentiel géographique, militaire et industriel. La vision fran-çaise repose sur trois dimensions : continentale, méditerranéenne et atlantiste. La construction d’une défense européenne ne peut ainsi être que la synthèse de ces trois visions distinctes, mais aussi de cel-les des autres Etats membres. La Pologne notamment a un intérêt particulier en tant qu’Etat tampon entre les sphères d’influence de l’Eu-rope et de la Russie. Le constat de ces divergences suggère alors que le premier obstacle à la construction d’une Europe de la défense réside probablement dans la définition de ses objectifs.

Olivier Védrine a, quant à lui, tenu à insister sur l’importance de l’axe Paris-Berlin-Moscou. Il a rappelé que, pour la première fois depuis Yvan le Terrible (1530-1584, pre-mier tsar de Russie), l’ennemi de la Russie ne se trouve plus { l’Ouest

mais { l’Est, vers d’Extrême-Asie. Il faut donc promouvoir le rapproche-ment avec cette Russie qui se dé-couvre européenne depuis la fin de la Guerre froide. Dans cette pers-pective, la réorganisation de l’OSCE permettrait d’intégrer les intérêts de l’OTAN, de l’Union européenne et de la Russie, sans menacer les inté-rêts de l’OTSC. A ce premier défi, le Contre-amiral en ajoute deux, souli-gnant ainsi que l’Eurasie, l’Euro-méditerranée et l’Euratlantique sont les trois axes que l’Union euro-péenne doit privilégier. Ces espaces font en effet partie de notre voisina-ge immédiat : nous subissons ce qui s’y passe ou nous en profitons. Nous devons donc leur proposer une inté-gration sous une forme ou sous une autre

Enfin, Olivier Védrine n’a pas man-qué de souligner que, { l’instar du pouvoir américain qui relève à la fois du hard et du soft power, une « Europe puissance » appelle une « Europe politique ». Le retour des nationalismes nuit ainsi { l’Europe en tant que puissance globale. L’ab-dication de la défense s’explique avant tout par un manque de vision politique, peut-être dû à des élargis-sements trop rapides. Au terme de la conférence, il est donc apparu que la nécessaire union se ferait autour d’un noyau dur, probable-ment autour d’un axe Paris-Berlin, et que cette union devrait impérati-vement être incarnée par des repré-sentants plus emblématiques d’une volonté de s’affirmer sur la scène internationale que l’actuel triumvi-rat Barroso-Van Rompuy-Ashton.

Constance Magnanou

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Gestion soutenable des forêts : l’UE sort enfin du bois !

Source : (de gauche à droite) Christian Pinaudeau, Gérard Dussouy, Yohan Baril, et

Carlos Alves (par Matthieu Dubourg)

Dans le cadre de l’année internatio-

nale des forêts et de la semaine du

développement durable, les Jeunes

Européens-Bordeaux ont organisé le

jeudi 7 avril un café-débat sur le rôle

de l’Union européenne (UE) dans la

gestion durable des forêts. Retour sur

cette thématique pour que vous ne

regardiez plus de la même façon la

forêt des Landes, votre chaise ou bien

encore votre journal préféré, le Tau-

rillon dans l’Arène !

L’arbre qui cache une forêt de me-

naces et d’opportunités

Si vous pensez encore qu’une forêt

n’est une succession d’arbres, vous

faites l’impasse sur bon nombre de

services qu’elle nous offre gratuite-

ment chaque jour comme la filtra-

tion de l’eau douce, la limitation de

l’érosion des sols, la régulation des

précipitations, l’hébergement de la

moitié de la biodiversité terrestre, le

stockage du carbone, la protection

contre les tempêtes et les raz-de-

marée, la contribution à de nom-

breuses activités de subsistance ou

récréatives (chasse, cueillette, pro-

menade) ainsi que l’un des berceaux

de l’innovation, de l’art, de la spiri-

tualité et de traditions culturelles.

Nous avons donc de la chance puis-

que les surfaces boisées s’étendent {

nouveau dans l’UE en atteignant

aujourd’hui environ 35 % de sa su-

perficie (soit 160 millions d’hecta-

res) alors que la moyenne annuelle

mondiale est une déforestation de

13 millions d’hectares (l’équivalent

de la superficie de la Grèce). Cepen-

dant, la vigilance doit être de mise

derrière ces chiffres car la plupart

des forêts sont fragmentées, jeunes

(moins de 100 ans) et elles peuvent

perdre 90 % de leur biodiversité en

passant d’un état naturel { une plan-

tation composée d’une seule espèce.

L’UE ne pouvait pas passer { côté

d’un sujet si essentiel. Elle a donc,

depuis le début des années 1990,

proposé des solutions pour que l’ex-

ploitation des forêts en Europe et

dans le Monde ne se fasse pas au

détriment des êtres humains et de la

planète.

Les décisions prises pour les forêts

européennes

L'UE a tout d’abord fait un pas im-

portant vers la préservation des

forêts européennes à travers la créa-

tion, en 1992, d’un réseau de sites de

protection de la nature, appelé

« Natura 2000 ». Près de 30 % des

sites Natura 2000 comprennent des

habitats forestiers et 30 % contien-

nent des éléments boisés et des es-

pèces apparentées. De plus, la mise

en place de la stratégie forestière de

l’Union européenne (en 1998) et de

son plan d’action (en 2006) a per-

mis de mettre en application les

objectifs relatifs à une gestion sou-

tenable des forêts (notamment ceux

des conférences européennes sur la

protection des forêts, les objectifs

de Lisbonne concernant la croissan-

ce économique durable et la compé-

titivité, et ceux de Göteborg relatifs

à la préservation quantitative et

qualitative des ressources naturel-

les).

Concrètement, cela se traduit par

des engagements financiers impor-

tants. D’une part, 9 { 10 milliards

d'euros sur la période 2007-2013

(un doublement par rapport à la

période précédente) via le Fonds

européen agricole pour le dévelop-

pement rural. En effet, les 344 000

entreprises de la filière bois

(sylviculture, construction, indus-

trie du papier, des emballages, de

l’édition, du recyclage, etc.) em-

ploient plus de trois millions d’euro-

péens et totalisent chaque année un

chiffre d’affaires d’environ

350 milliards d’euros. Les forêts

peuvent également compter sur le

règlement « Forest Focus » de 2007

et son instrument financier

« Life+ », doté d’un budget de 2,14

milliards d'euros (pour la période

2007-2013). Forest Focus contribue

ainsi à la protection des forêts

contre la pollution de l’air, l’érosion

de la biodiversité et le changement

climatique, ainsi qu’{ la prévention

des incendies et à l'évaluation des

activités de surveillance.

Les actions de l’UE en faveur des

forêts dans le monde

L’UE est l’un des principaux impor-

tateurs de bois sur la planète. Or, le

WWF et Greenpeace estiment que

20 % du bois commercialisé en Eu-

Page 5: Le Taurillon dans l'arène - n°14

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Europe est d’origine illégale. Pour

protéger à la fois les forêts tropica-

les, ses habitants et les acteurs res-

ponsables qui effectuent une exploi-

tation soutenable et achètent du bois

certifié, les institutions européennes

ont pris les devants en interdisant

sur le marché européen tout bois ou

produit dérivé issu d’une exploita-

tion illégale. Renforcé par les euro-

députés, le règlement du 20 octobre

2010 (dit « FLEGT ») est entré en

vigueur et sera appliqué en mars

2013.

Au niveau international, l’UE s’est

également engagée à appliquer les

décisions politiques prises ces der-

niers mois. Notamment, en octobre

2010, lors du Sommet de Nagoya sur

la biodiversité dont un des objectifs

est de réduire de moitié au moins le

rythme d’appauvrissement de tous

les habitats naturels. De même, lors

de la conférence de Cancun sur les

dérèglements climatiques (en dé-

cembre 2010) où le mécanisme

« REDD+ » a été précisé. « Réduire

les Emissions issues de la Déforesta-

tion et de la Dégradation des forêts »

se réalise en valorisant financière-

ment les arbres debouts plutôt qu’a-

battus. Il s’agit donc de prévenir les

émissions de carbone et d’inciter {

sa séquestration tout en promouvant

une gestion qui bénéficie aux per-

sonnes qui vivent de la forêt. Plu-

sieurs milliards d’euros sont espérés

de la part des pays responsables de

l’élévation de la température

moyenne sur la planète afin d’ali-

menter ce mécanisme innovant qui

entrera en fonction en 2013.

Au final, bien que les forêts euro-

péennes se caractérisent par une

grande diversité de conditions géo-

graphiques, climatiques et socio-

économiques, l’UE a réussi { mettre

en place les premiers éléments d’u-

ne stratégie forestière cohérente.

Cependant, on peut toujours repro-

cher aux institutions communautai-

res de ne pas aller assez loin, assez

vite.

La meilleure solution pour entraîner

le changement est donc que chaque

citoyen européen se saisisse très

concrètement du sujet et montre son

intérêt pour une gestion soutenable

des forêts : en entamant la conversa-

tion avec vos proches et vos élus, en

recyclant vos déchets en bois, en

achetant des produits (meubles, bois

-énergie, emballages, impressions)

recyclés et/ou labellisés (Ange bleu,

écolabel européen, PEFC et surtout

FSC, seul label international qui ga-

rantit à la fois une gestion soutena-

ble des ressources, les droits des

salariés de la filière et ceux des ha-

bitants qui vivent de la forêt).

En décrétant 2011 « année interna-

tionale des forêts », l’ONU réussi {

mettre en lumière la nécessité de

plus et mieux protéger ces écosystè-

mes, et surtout leur rôle essentiel

pour la survie des populations loca-

les et le bien-être de chaque être

vivant sur Terre. L’année ne fait que

commencer : « Aux arbres, ci-

toyens ! »

Matthieu Dubourg

Fête de l’Europe 2011

Les Jeunes Européens-Bordeaux partici-

pent { la fête de l’Europe !

Découvrez l’Europe dans toute sa diversi-

té et sa richesse du 9 au 2 1mai ! Nom-

breuses expositions, dégustations, anima-

tions, concerts et même projections de

films, vous sont proposés !

Venez à la rencontre des défenseurs de

l’Europe et débattre avec eux ! Retrouvez

tout le programme sur :

www.europe-bordeaux.eu.

Page 6: Le Taurillon dans l'arène - n°14

L’entrée de la Croatie dans l’Union européenne, compromise par la décision du TPIY ?

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Le 15 avril dernier, le général Ante Gotovina a été condamné à 24 ans de prison pour crime de guerre par le Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie (TPIY). En juin 2001, le général Ante Gotovi-na est inculpé par le procureur Carla Del Ponte pour crime de guerre. En 2005, la candidature d’entrée de la Croatie dans l’Union européenne est bloquée : l’Etat croate est en effet soupçonné de dissimuler le Général, en fuite depuis quatre ans… soup-çons qui seront par la suite démen-tis. Le 7 décembre 2005, Ante Goto-vina est arrêté en Espagne, et sera incarcéré { La Haye, dans l’attente de son procès. Durant ce procès, il a été établi que le général a fermé les yeux sur des exactions commises contre les Ser-bes durant l’opération « Tempête », qui avait pour but de mettre fin à la rébellion séparatiste serbe, partisan de la « Grande Serbie » dans la ré-gion de la Krajina. Cette opération a permis de précipiter la fin d’un conflit qui aurait duré encore long-temps et aurait fait d’encore plus nombreuses victimes dans les deux camps.

Le 15 avril dernier, le verdict est rendu et retransmis sur la place principale de Zagreb. La sentence déclenche la consternation, la tris-tesse et la colère de beaucoup de croates. Le Premier Ministre, Mada-me Jadranka Kosor considère le ver-dict « choquant et inacceptable ». Le général est en effet condamné à 24 ans de prison ferme.

La condamnation de Gotovina, un laissez-passer pour l’UE ?

Le 16 avril, 30 000 personnes ont manifesté dans les rues de Zagreb où des drapeaux de l’Union européenne ont été brûlés. On peut voir dans de nombreuses villes des bannières sur lesquelles sont inscrits ces mots : « Gotovina libre, non { L’Europe ». En effet, dans la conscience des Croates, la condamnation du Général est étroitement liée à la volonté du gouvernement d’entrer dans l’Union européenne. Or l’article 135 de la Constitution croate prévoit que l’ad-hésion et la signature d’un traité doit être soumis à un référendum. Mais dans de telles circonstances, il est probable que le résultat de ce der-nier soit négatif, symbolisant un rejet net de l’Union européenne par le peuple croate. Bien que ce ne soit pas le sens de la décision du TPIY, beaucoup de Croa-tes assimilent cette condamnation à une remise en cause de la légitimité de la guerre ayant conduit { l’indé-pendance de la Croatie. Inversant ainsi les rôles d’agressé/agresseur, le TPIY ferait d’un héros national pour les Croates, un criminel. Alors que le devoir de mémoire fait partie intégrante de l’éducation, il est alors demandé aux Croates de renier ceux qui leur ont rendu la liberté. Mais tel n’est pas dans le tempérament de ce peuple, et l’atta-chement qu’il porte au général Ante Gotovina pourrait compromettre fortement l’entrée dans l’Union eu-ropéenne. La question qu’il faut se poser est :

étaient-ils prêts ? Un pays dont l’indépendance est si récente, un peuple dont le cœur est empli de patriotisme est-il prêt à s'associer de nouveau avec d'autres Etat, sachant que la dernière asso-ciation qu'était la Yougoslavie s'est soldée par une guerre ?

N’a-t-on pas voulu aller trop vite dans l’intégration de nouveaux pays ? Une Europe forte doit être une Europe unie, pas une longue liste de pays sur un traité. Unis dans la diversité, oui car l’union fait la force, pas le nombre !

Maud Zupanic « L'histoire d'un

tiraillement entre mon sang croate et

mon cœur européen » Retrouvez la décision et

l’ensemble des affaires

jugées par le Tribunal

pénal international

pour l’Ex-Yougoslavie :

www.icty.org

Page 7: Le Taurillon dans l'arène - n°14

Page 7

L’avortement en Europe

Source : « Tear » par Gideon van der Stelt, certains droits réservés

De plus en plus, en France et en Euro-pe, on évoque les « racines chrétien-nes » de notre vieux continent. Raci-nes chrétiennes qui sont souvent mon-trées comme ayant enrichi culturelle-ment nos pays, mettant de côté les aspects plus contraignants de la reli-gion : les difficultés liées au droit à l’IVG en sont des témoins plus qu’élo-quents. En effet, on remarque des inégalités flagrantes en ce qui concer-ne l’accession à l’IVG, souvent reliées au poids de la religion.

Avorter en Europe : entre délais permissifs et prohibition totale

Il n’existe aucune harmonie euro-péenne, malgré de vaines volontés de la part de Bruxelles, en ce qui concerne le délai autorisant l’inter-ruption volontaire de grossesse. La plupart des lois en la matière ont fleuri pendant les années 1970 en Europe de l’Ouest.

L’Est de l’Europe, la Roumanie ex-ceptée, était soumise au régime de l’URSS : avortement légal jusqu’{ 12 semaines d’aménorrhée (absence de menstruations). Aujourd’hui, la plu-part des pays européens autorisent l’avortement d’après la seule volonté de la femme, entre 10 et 24 semai-nes depuis les dernières menstrua-tions.

Certains pays résistent, d’une certai-ne manière, à ce qui est considéré aujourd’hui comme un progrès cer-tain pour les droits des femmes, au premier rang desquels on trouve la Pologne, l’Irlande et Malte. Dans ces trois pays, l’imprégnation de l’Église catholique est certaine et pourrait expliquer cette interdiction : la loi polonaise mettant en place cette prohibition date de 1989, chute du régime soviétique.

Malte fait partie de ces pays qui ont encore une religion d’État, le catholi-cisme romain. Enfin, l’Irlande est un pays très catholique, qui a même fait inscrire dans sa Constitution en 1983 un article pour la protection de la vie de l’embryon, sauf en cas de danger de mort pour la mère. Par ailleurs, Chypre n’autorise l’avorte-ment qu’en cas de viol ou de danger certain pour la mère ou l’embryon.

En 2005, lors de leur adhésion à l’Union européenne, la Pologne et Malte avaient même tenté de faire inscrire dans le traité d’accession signé avec les Quinze une déclara-tion rendant immuable l’interdic-tion, chez eux, de l’avortement. Les autres pays ont refusé.

Un accès à l’avortement malgré tout semé d’embûches

Malgré toutes ces lois facilitant l’ac-cès { l’avortement, il reste difficile, dans les faits, d’accéder { l’avorte-ment. L’éducation { la sexualité est souvent insuffisante et l’accompa-gnement psychologique avant et après un avortement (qui n’est pas un acte anodin) n’est pas monnaie courante.

En France, le rendez-vous avec un psychiatre avant l’avortement dé-pend des centres IVG et des hôpitaux et l’accompagnement post-IVG n’of-fre bien souvent qu’un service dans le lieu même de l’acte. La majorité des soignants s’accorde pour dire qu’il faudrait un suivi plus poussé pour prévenir le traumatisme post-abortif.

Par ailleurs, en octobre 2010, le Conseil de l’Europe a voulu régle-menter le droit { l’objection de cons-cience, provoquant une levée de

boucliers de la part des associations pour la vie et chrétiennes, notam-ment.

Finalement, le projet a été abandon-né. Il n’en reste pas moins qu’{ l’heure actuelle de moins en moins de soignants sont attirés par les services d’IVG, ce qui remet claire-ment en cause, de manière concrète, la possibilité de recourir à une IVG dans les délais légaux. En effet, si aucun médecin ne peut pratiquer l’opération ou prescrire la pilule abortive (jusqu’{ 7 semaines d’amé-norrhée), avorter peut devenir un parcours de la combattante.

L’espace Schengen de l’avorte-ment

En effet, lorsque le délai est dépassé dans son pays, une femme peut profiter des frontières ouvertes et aller avorter { l’étranger. Ainsi, en-viron 20 000 Irlandaises viennent chaque année au Royaume-Uni pour bénéficier d’un avortement.

En France, c’est souvent en Espagne que vont les femmes en détresse qui ont dépassé les 12 semaines autori-sées depuis l’amendement { la loi Veil de 2001. L’Espagne a, depuis 2010, une loi autorisant l’avorte-ment sans aucun délai. Cependant, il faut quand même un voire plusieurs avis médicaux pour avorter quand la grossesse est avancée.

L’Union européenne n’a aucune compétence pour légiférer sur une harmonisation autour des lois sur l’avortement. Pourtant, dans une résolution du 3 juillet 2002, le Par-lement européen recommande la légalisation aux États membres. Les « racines chrétiennes » de l’Union européenne ne semblent pas pou-voir empêcher le recul des législa-tions favorables { l’interruption volontaire de grossesse.

Stéphanie Khoury

Comparatif de Toute l’Europe :

le droit { l’avortement dans les

Etats membres sur

www.touteleureope.eu

Données de l’ONU : Lois sur l’a-vortement dans les différents

pays sur www.un.org

Page 8: Le Taurillon dans l'arène - n°14

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Le Taurillon dans l’Arène est la version bordelaise, mensuelle et papier du Taurillon.org, le magazine en ligne des Jeunes Européens-France. Il regroupe les articles publiés par les Jeunes Européens-Bordeaux et vous informe sur les prochains activités de l'association. Notre objectif est de montrer que la construction européenne ne se limite pas aux institu-

tions et de promouvoir une Europe citoyenne.

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Editeur de publication : Association Les Jeunes Européens - Bordeaux , [email protected]

Directeur de publication : Yohan Baril Rédactrice en chef : Marine Privat

Relecture : Stéphanie Khoury

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Dépôt légal : à parution ISSN : 2112-3497

Ce numéro a été imprimé grâce au financement de l’Université Montesquieu Bordeaux IV, Sciences Po

Bordeaux et l’Université Bordeaux I.

L’Agenda - mai 2011

Vendredi 6, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, salle 2 :

Séminaire de l'unité Europe-Européanité-Européanisation (EEE -FRE3392 - CNRS / Bordeaux3)

sur les « Signes religieux dans la sphère publique en Europe », animé par Wanda Mastor, professeu-

res de Droit public à l'Université Toulouse 1 sur « Le débat sur les signes religieux dans l'espace public

en France et en Europe : aspects constitutionnels ».

Quinzaine de l’Europe

(intégralité du programme sur www.europe-bordeaux.eu)

Lundi 9 : Lancement de la Fête de l’Europe

Soirée festive 17h30-22h, place Jean Jaurès

Exposition, concert, inauguration officielle, projection du film témoignage « Diversité des regards sur

l’Europe », co-organisé par les Jeunes Européens-Bordeaux.

Dimanche 15, 10h30-18h, Quai Richelieu, (en face de la Maison écocitoyenne)

Village de l’Europe : stand d’information et de présentation des JE-Bordeaux et Euroquiz (nombreux

lots à gagner !).

Lundi 16, 18h-20h, Conseil régional, salle plénière :

Conférence « Régions européennes – Leur Représentation auprès de l’Union européenne », organisée

par le Mouvement européen-Gironde, la MEBA et le Magazine Objectif Aquitaine.