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LE SURF DES NEIGES APPRENDRE A SURFER PAR P. RAISSON Créateur de la technique de monoski alpin et formateur des moniteurs de l'Ecole de Ski Français, dans cette spécialité, Pierre Raisson est l'auteur de cet article sur le surf des neiges. Il présente, ici, les éléments techniques et pédagogiques indispensables à l'accès à cette discipline tels qu'il les a définis en collaboration avec Thierry Bruyat et Jean Nerva, champion du Monde 1988, dans un ouvrage intitulé « La nouvelle glisse : le monoski et le surf des neiges » (1). Au-delà des situations proposées, l'auteur souhaite, avant tout, transmettre au débutant une passion qui ne peut se réduire à la seule reproduction de gestes techniques. Le passeport pour « la glisse » passe nécessairement par une manière de vivre le mouvement en parfaite harmonie avec l'environnement. LE MATÉRIEL Chaussures Le surfeur a le choix entre trois modèles de chaussures : Les chaussures de ski classiques sont les plus pratiques et les plus économiques lorsque l'élève vient du ski alpin. Rien ne s'oppose, en effet, à leur utilisation jusqu'à un certain niveau de progression à partir duquel l'élève ressentira le besoin d'une LE SURF DES NEIGES Sa naissance, son développement en France Premier né de la«nouvelle glisse » sur neige, le surf est apparu dès le début des années 60 (en 63 précisément). Dix ans avant l'invention du monoski,«un passionné de ski », l'Améri- cain Sherwin Popper utilise une planche de bois nue et plate sur laquelle il se place en travers. Jack Burton, son concitoyen, dote cet ancêtre du surf des neiges de fixations, certes rudimentaires mais « ô combien » essentielles ! Avec eux, une « nouvelle glisse » est née, et une nouvelle race de « mordus » : les sur- feurs des neiges, dont le vocabulaire techni- que est, nouveauté oblige, « nécessaire- ment » américain. Importé en France par l'Américain Paul Lox- ton, au début des années 80, le surf n'a cessé, depuis, de se développer à tous les niveaux : - en compétition : il existe maintenant un Championnat de France, une Coupe du Monde, dans lesquels brillent notamment les Français Mylène Duclos, lan Guiauchain (champions du Monde 86/87) et Jean Nerva (champion du Monde 87/88) ; - comme activité sportive de loisir : 10 à 20 000 surfeurs sur les montagnes de France lors de la saison 1987/88 (en comparaison, il faut savoir que près de 500 000 personnes ont pratiqué le monoski). Ce nombre doit, selon toute logique, augmenter dans la me- sure où le matériel et l'enseignement pro- gresseront, de concert, efficacement. EPS 215 - JANVIER-FEVRIER 1989 65 Revue EP.S n°215 Janvier-Février 1989 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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LE SURF DES NEIGES

APPRENDRE A SURFER PAR P. RAISSON

Créateur de la technique de monoski alpin et formateur des moniteurs de l'Ecole de Ski Français, dans cette spécialité, Pierre Raisson est l'auteur de cet article sur le surf des neiges. Il présente, ici, les éléments techniques et pédagogiques indispensables à l'accès à cette discipline tels qu'il les a définis en collaboration avec Thierry Bruyat et Jean Nerva, champion du Monde 1988, dans un ouvrage intitulé « La nouvelle glisse : le monoski et le surf des neiges » (1).

Au-delà des situations proposées, l'auteur souhaite, avant tout, transmettre au débutant une passion qui ne peut se réduire à la seule reproduction de gestes techniques. Le passeport pour « la glisse » passe nécessairement par une manière de vivre le mouvement en parfaite harmonie avec l'environnement.

LE MATÉRIEL

Chaussures

Le surfeur a le choix entre trois modèles de chaussures :

• Les chaussures de ski classiques sont les plus pratiques et les plus économiques lorsque l'élève vient du ski alpin. Rien ne s 'oppose, en effet, à leur utilisation jusqu 'à un certain niveau de progression à partir duquel l'élève ressentira le besoin d 'une

LE SURF DES NEIGES

Sa naissance, son développement en France

Premier né de la « nouvelle glisse » sur neige, le surf est apparu dès le début des années 60 (en 63 précisément). Dix ans avant l'invention du monoski, « un passionné de ski », l'Améri­cain Sherwin Popper utilise une planche de bois nue et plate sur laquelle il se place en travers. Jack Burton, son concitoyen, dote cet ancêtre du surf des neiges de fixations, certes rudimentaires mais « ô combien » essentielles !

Avec eux, une « nouvelle glisse » est née, et une nouvelle race de « mordus » : les sur­feurs des neiges, dont le vocabulaire techni­que est, nouveauté oblige, « nécessaire­ment » américain. Importé en France par l'Américain Paul Lox-ton, au début des années 80, le surf n'a cessé, depuis, de se développer à tous les niveaux : - en compétition : il existe maintenant un Championnat de France, une Coupe du Monde, dans lesquels brillent notamment les Français Mylène Duclos, lan Guiauchain (champions du Monde 86/87) et Jean Nerva (champion du Monde 87/88) ; - comme activité sportive de loisir : 10 à 20 000 surfeurs sur les montagnes de France lors de la saison 1987/88 (en comparaison, il faut savoir que près de 500 000 personnes ont pratiqué le monoski). Ce nombre doit, selon toute logique, augmenter dans la me­sure où le matériel et l'enseignement pro­gresseront, de concert, efficacement.

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plus grande liberté. Il pourra ensuite opter pour des chaussures de randonnée ou pour des bottes souples renforcées, adoptées en priorité par les débutants non skieurs.

• Les chaussures de randonnée, munies d 'une languette inclinée vers l 'avant et d 'une tige postérieure suffisamment rigide (également inclinée vers l 'avant), sont très efficaces pour des appuis précis sur neige dure, sur piste, dans les slaloms et descen­tes. Elles peuvent également convenir sur neige douce et profonde à un niveau de techni­que supérieur.

• Les bottes souples renforcées permettent d'utiliser le surf sur toutes les neiges : « douce », profonde, poudreuse, « pour­rie », et lors d'évolutions sautées, notam­ment sur une zone nivelée en demi-tube, dénommée « half-pipe ».

Fixations

Il existe deux sortes de fixations :

• les fixations à plaques qui s 'adaptent aux chaussures de randonnée comme à celles de ski (cf. photo 1).

• Les fixations à coque qui permettent l'usage des bottes souples (cf. photo 2).

Indépendamment de leur forme, elles doi­vent être disposées sur le surf de manière à s'ouvrir vers la spatule : d 'un angle de 40° environ pour la fixation antérieure et d 'un angle de près de 15° pour celle postérieure, en se repérant à la perpendiculaire de l'axe du surf (cf. dessin 1).

Surf

Le plus souvent de forme « pintail » (conique), le surf peut mesurer de 1,20 m à plus de 2 mètres de long suivant la spécia­

lité choisie ou le niveau de pratique. La longueur la plus courante d 'un surf d'ap­prentissage correspond à la taille de l'élève. Elle peut varier de plus ou moins 10 cm selon ses capacités et les disciplines (sauts, bosses, slalom, descente...) envisa­gées ultérieurement. Le surf doit être souple, essentiellement au cours de la première phase d'apprentis­sage, présenter une semelle plate bordée de carres métalliques et être muni de fixations solides.

QUELQUES ÉLÉMENTS TECHNIQUES DE BASE Le placement en travers de l'engin impose au surfeur de déterminer l 'orientation de ses pieds et de connaître, au moins, deux positions et deux virages.

Deux catégories de surfeurs : « regular » ou « goofy » ?

Le surfeur doit connaître ou choisir quel pied placer vers la spatule. Le plus sou­vent, il s'agit du pied d 'appel. Dans la mesure où l'élève n'a pas de réfé­rence, le moyen le plus couramment utilisé pour l 'aider à se déterminer consiste à pousser délicatement, dans le dos, le débu­tant placé debout les pieds joints. La jambe avancée pour récupérer l'équilibre corres­pond généralement au pied d'appel. Le surfeur est alors qualifié de : - « regular » (ou « normal foot ») s'il place son pied gauche en avant. - « goofy » s'il choisit le pied droit.

Deux positions, deux virages

- La position «front-side » : face à l 'amont, le poids du corps sur la pointe des pieds. - La position « back-side » : face à l'aval, le poids du corps sur les talons.

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Fixations pour un « régular ».

2 « Regular » 3 « Goofy »

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- Le virage « front-side » se décompose en trois phases : la préparation en position back-side, le déclenchement « ventre » vers l 'intérieur du virage et la conduite en position front-side (cf. dessins 2 et 3).

- Le virage « back-side » : il est opposé au précédent : préparation en position front-side, déclenchement « dos » à l 'intérieur du virage et conduite en position back-side (cf. dessins 2 et 3).

L ' INITIATION

Accessible à tous, skieurs ou non, le surf des neiges requiert néanmoins de ses prati­quants une excellente condition physique à l'image de celle des skieurs hors-piste, des rollers-skateurs ou surfeurs des mers. Pour ce qui concerne les enfants, le niveau sou­haitable d'apprentissage au surf, en se référant au ski alpin, correspond au « cours compétition ». Quelques situations simples, réalisées sur le plat, placeront le débutant dans des conditions favorables pour aborder, en toute confiance, les traversées et les vira­ges.

Situations sur le plat

Celles-ci ont pour objectif de permettre à l'élève de se familiariser avec le matériel et ses réglages, et de découvrir les positions et sensations fondamentales.

• « Chausser » et « déchausser » le surf en fixant en premier le pied avant.

• Découvrir la position de base : surf à plat, le débutant se place debout, chevilles légè­rement fléchies, buste droit, approximati­vement dans le prolongement des cuisses. La ligne des épaules s'ouvre sans effort vers la spatule en fonction de l 'ouverture des pieds. Les bras à mi-hauteur encadrent le buste, la main avant dans le sens longi­tudinal du surf, celle arrière sur une ligne perpendiculaire. A partir de cette position, « l 'apprenti sorcier » avance son corps pour appuyer sur la pointe des pieds, tibias pressant sur les languettes des chaussures. Le surf bascule sur la carre correspon­dante. Vous l'aviez reconnue, c'est une position front-side (cf. photo 3).

A l'inverse, le poids du corps basculé sur les talons, les mollets contre les tiges des chaussures, pointes de pieds relevées, l'élève reconnaît immédiatement la posi­tion back-side : « c'est magique » (cf. photo 4).

• Faire pivoter le surf Sur place, l'élève effectue des rotations du surf en faisant pivoter la spatule autour du talon, puis l'inverse. La partie mobile se libère par le déplacement du poids du corps sur le pied choisi comme centre du cercle décrit (cf. dessins 4 et 5). C'est le principe du pivotement, du réglage des courbes et, par conséquent, de la vitesse. Il faut retenir en priorité que le pied avant sert d 'appui alors que l'arrière « balaie » et encercle le précédent. Pour terminer les situations sur le plat, le débutant exécute des flexions de jambes peu marquées, puis plus prononcées, mais sans exagération. Il est alors prêt pour ses premières glissades et traversées.

Trace directe

Depuis une très légère pente atteinte à pieds, par prudence et pour s'échauffer, l'élève se laisse glisser droit dans la pente en position de base. Le sens du déplace­ment, surf à plat, est déterminé par la direction de la tète, du regard et de la main avant, orientés vers la direction choisie. La pente cesse, le surfeur s'arrête aussi tout naturellement.

Traversées

• L a traversée front-side, la plus facile, se réalise en position front-side. A partir d 'une plateforme naturelle ou artificielle, le surfeur glisse en travers de la pente : attitude « haute » (buste droit, légère flexion des membres inférieurs), poids du

corps sur la pointe de pieds et, essentielle­ment, sur le pied avant. La vitesse de la traversée se règle en exerçant une poussée plus ou moins forte avec le pied arrière, en plaçant le talon du surf plus ou moins vers l'aval - action qui module le sens général de la traversée. Le réglage du dérapage s'obtient par l'intensité plus ou moins grande de la prise de carre (cf. photo 5).

UNE DÉMARCHE « HORS NORMES »

Le surf des neiges, comme le monoski est, en priorité, un sport de sensations, alliant puis­sance, liberté, douceur et étonnement. Le langage utilisé pour amener le surfeur du stade de débutant craintif à celui de surfeur confirmé doit donc être à l'image de cette recherche de sensations à découvrir. L'inves­tissement psychologique, indispensable à sa pratique, nécessite de « protéger » efficace­ment l'élève au plan physique et mental. C'est pourquoi, au cours de l'initiation, nous cher­chons à créer les conditions favorables au dépassement de l'appréhension, en dissimu­lant chaque explication derrière un langage léger, déroutant, parfois même déstabilisant. Le surf est une nouvelle forme d'art, sachons en garder l'âme et le mystère.

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Pivotement autour du pied arrière (décon­seillé).

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Pivotement autour du pied avant.

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• L a traversée back-side s'effectue dans les mêmes conditions de sécurité que la précé­dente. L'élève engage son surf en travers de la pente, dos face à l 'amont, en position back-side : poids du corps sur les talons, principalement sur le pied avant. La vitesse se maîtrise par le jeu d'encerclement du pied arrière autour du pied avant (cf. dessins 4 et 5) ; l 'appui du pied arrière permet de faire varier le sens du déplace­ment : le talon du surf dirigé davantage vers l'aval, le surf ralentit ; orienté plus vers l 'amont, le surf accélère. En position back-side, les genoux légèrement fléchis

entraînent nécessairement une flexion des hanches. Toutefois, il ne faut pas recher­cher une attitude trop « assise », c'est inu­tile, inesthétique et, le plus souvent, le reflet d 'une peur injustifiée. Il convient de maintenir une position « haute », soutenue par la contraction des abdominaux et des fessiers. Le regard, la tête, la main avant et l'ouver­ture sans effort de la ligne des épaules, orientés vers la spatule, dirigent le surf, la main arrière indiquant l'aval. Le dérapage dépend, ici encore, de la puissance de la prise de carre.

Arrêts

En front-side, comme en back-side, les arrêts s 'obtiennent par la rotation du pied arrière autour du pied avant, plaçant le surf en travers de la pente. Ce mouvement se renforce d 'une prise de carre, créée par un appui plus accentué sur la pointe ou sur le talon des pieds.

Virages simples

• L e virage « simple » front-side Au sommet d 'une piste, facile, damée, il

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c o n v i e n t pou r l'élève de réaliser successivement : - une t raversée back-side comme préparation ; - une t raversée front-side en tant que conduite de ce virage simple. Le passage d'une position à l'autre s'effectue par un déclenchement pro­voqué par l'exten­sion du corps dans les trois dimensions de l'espace : hau­teur, avant et aval (cf. photo 6). Cet allongement, appelé « câlin » (2) projette le bassin et le buste dans une courbe que le surf dessinera sur la neige. Il se produit un effet de rotation du buste qui, par gainage, en­traîne les membres inférieurs puis, le surf dans un virage.

• Le virage « simple » back-side A la sortie du virage front-side, l'élève se déplace alors en position de conduite front-side ; cette dernière phase corres­pond à la préparation du virage suivant. La glisse se présente comme un enchaînement de virages et non comme une addition laborieuse de gestes indépendants les uns des autres. Lancé à petite vitesse en front-side, le surfeur tente un nouveau déclen­chement, cette fois « dos » à l 'intérieur du virage et retrouve une attitude de conduite en position de traversée back-side. Comme précédemment, le déclenchement est pro­voqué par un allongement du corps vers le haut, l 'avant et l'aval avec une extension des jambes, surtout celle arrière ; ces ac­tions placent le bassin et le buste dans un mouvement de rotation et de bascule « dos » à l'intérieur du virage. Le maintien

latéral, le gainage par contraction muscu­laire du bassin et de la partie haute du corps transmettent au surf l'effet de pivo­tement, également favorisé par le jeu laté­ral des pieds. Le pied postérieur propulse le talon du surf vers l 'extérieur du virage, puis vers l'aval. Il y a changement de carre.

De nouveau, c'est le temps d 'une conduite en position de traversée back-side ; ce retour en position back-side s'accomplit accompagné d 'une flexion inévitablement plus prononcée des hanches, le rôle amor­tisseur des chevilles ne pouvant être iden­tique à celui en front-side.

La boucle est bouclée, ces deux derniers virages s 'appliquent sur pentes faibles et neiges douces pour le débutant , mais per­mettent aux surfeurs expérimentés de par­courir à grande vitesse et dans des courbes moyennes ou grandes, d ' immenses champs de neige.

Virages « efficaces »

Les virages à rayon de courbe plus réduits, appelés « efficaces », vont demander au surfeur de créer et de supporter des efforts latéraux plus importants (force centrifuge) qui introduisent des prises de carre, préci­ses et puissantes, provoquant des freinages ou des effets de « rebond » parfois impres­sionnants. Chaque préparation de virage s'enrichira d 'un contre-virage.

• L e contre virage back-side Lors d 'une fin de préparation ou de conduite en position back-side, le surfeur décrit un virage vers l 'amont en propul­sant, grâce à une légère flexion des jambes, le pied arrière et le talon du surf vers le bas de la pente ; le buste reste ouvert vers l'aval. Il se produit un mouvement de torsion ou d'anticipation du haut du corps vers l 'intérieur du virage. Ce mini-virage amont se termine par une prise de carre, parfois plus prononcée au niveau du pied arrière précédemment propulsé. Le résultat est « grandiose » ; l'énergie accumulée projette ainsi, « par rebond », le surfeur dans un déclenchement énergi­que vers l'aval. Le surf, déformé lors du contre-virage, se détend et aide à l'exten­sion dite « câlin », décrite ci-dessus (cf. dessin 6).

• Le contre-virage front-side Le comportement reste le même. Depuis une position de préparation ou de conduite front-side, le surfeur dessine un petit vi­rage vers l 'amont. La torsion du buste vers le bas de la pente ou vers l'intérieur du virage est ici plus difficile ; le contre-virage sera alors moins prononcé. Grâce à l 'appui du poids du corps sur le pied avant, comme pour le back-side, le pied postérieur pro­pulse le talon du surf vers l'aval. Le mou­vement se conclut par une prise de carre qui « tasse » le surfeur, le surf et la neige. Les réserves de freinage d'appuis ou d'énergie sont acquises ; il ne reste plus qu 'à repartir dans un déclenchement de virage back-side, solide ou explosif, rapide ou lent, selon son choix. Ces virages, plus serrés, s'utilisent sur des pentes à neige « tassée », dure ou glacée, suivant les exigences recherchées au mo­ment du déclenchement : efficacité, frei­nage, besoin d 'appuis , accélération. En neige profonde, ils sont surprenants : les blocages ou les rebonds sont « de la dyna­mite » dont l 'explosion, contrairement à toute logique, fait ressembler, le plus sou­vent, le surfeur à un « pétard mouillé » !

Cet aperçu technique et pédagogique sur le surf des neiges contribuera, nous l'espé­rons, au développement de cette nouvelle forme d'expression.

Pierre Raisson, Les Arcs

PHOTOS : FRANCK SEGUIN DESSINS : VÉRONIQUE SUSTRAC

(1) « La nouvelle glisse » : le monoski et le surf des neiges à paraître aux Editions Robert Laf-font. (2) Le monoski alpin par J. Naviner - EPS n° 198

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POUR VIRER... Enchaînement des actions

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