ATHLETISME

LE JAVELOT EN 1re

Réflexions sur les pratiques athlétiques en milieu scolaire

PAR R. RIBOT ET A. PITHON

Le travail présenté dans l'article qui suit (*) n'a pas pour ambition de consti­tuer une réponse définitive aux nom­breux problèmes posés par l'enseigne­ment de l'athlétisme en milieu scolaire. Son intention est plus modestement de déclencher une incitation à la transfor­mation des pratiques en usage en propo­sant des innovations orientées vers la maîtrise de l'évaluation formative.

Dans ce cadre, trois types de questions sont posées auxquelles des éléments de réponse sont apportés sous forme de stra­tégies didactiques ayant pour support des disciplines athlétiques.

• Quel problème poser à l'apprenant T - le support : les courses de haies, avec une classe de 3 e ; - multiplier les dispositifs auxquels les élèves peuvent se confronter, comparer et fixer les contraintes valables pour appren­dre, devient possible à partir d'une péda­gogie différenciée ; - la réflexion porte sur la question : « Quelle gestion pédagogique de la classe ? »

• Quel bon projet pour réussir ? - le support : le lancer de javelot, avec une classe de 1re ; - à chacun des paliers d'apprentissage, mis en évidence par le professeur, correspon­dent des buts de tâches ainsi que la valori­sation de sous-tâches diverses. L'élève est alors conduit à établir des rapports entre l'effet observable de son action, le projet initial, et les procédures qu'il a mis en œuvre, avec plus ou moins de contrôle ; - la réflexion porte sur la question : « Quels processus d'apprentissage valori­ser ? » ;

• Quels savoirs acquérir ? - le support : le saut en longueur, avec une classe de 6 e ; - les procédures les plus efficaces utilisées

* Cet article est extrait d'un document élaboré par l'Association d'Enseignants d'EPS d'Alès avec la collaboration de Raymond Dhellem-mes, chargé de Recherche à l'INRP, sur le thème « Comment construire des contenus d'enseignement rénovés en athlétisme ? » Ce document accompagne un film vidéo « Tous athlètes » réalisé lors d'un stage sur ce thème par l'équipe d'animation FPC d'Alès. Ils sont disponibles au prix de 250 F (+ 50 F frais de port) pour le film vidéo et 50 F ( + 15 F frais de port) pour le livre, en s'adressant à M. A. Pithon, Impasse de Larnède - 30340 Saint-Privat-des-Vieux.

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par l'apprenant doivent progressivement pouvoir être reproduites, puis intériorisées grâce à l'extraction de règles d'action, sorte de « transposition » des procédures défi­nies par la technique ; - la réflexion porte sur la question : « Quelle règle d'action intérioriser ? : Ne pouvant décrire la totalité du travail réalisé, nous nous intéressons ici à la partie illustrée avec le lancer de javelot et concer­nant la deuxième question : « Quel bon projet pour réussir ? »

ENJEU ET PROBLEME FONDAMENTAL DE L'ACTIVITE

« Eprouver ses limites, confronter et dévelop­per ses pouvoirs à lancer loin et à maîtriser la trajectoire d'un engin tout en faisant réfé­rence à l'exploit, pour la survie (chasse, combat... stade) ».

Le problème fondamental de l'activité naît de la contradiction entre : - la nécessité de trouver l'angle d'envol du javelot par une inclinaison du tronc vers l'arrière ; - la nécessité de préserver la vitesse de déplacement et du trajet porté (jet horizon­tal). Cette contradiction nous entraîne dans la problématique suivante : trouver la meil­leure combinaison entre l'angle de départ du javelot et l'accélération du trajet porté. Et pour cela : Quelles transformations posturales effec­tuer pendant la phase d'élan pour donner

l'angle de départ optimum au javelot et produire un jet horizontal ? Quelles actions motrices réaliser pour conserver la vitesse de déplacement et du trajet porté, malgré la mise en place des postures de lancer ?

NIVEAUX DE REPONSES IDENTIFIES CHEZ LES ELEVES

Niveau 1

Descriptif

L'élève court, ralentit jusqu'à, le plus sou­vent, s'arrêter et soulever le javelot pour le lancer.

Effets

Le javelot est « baladeur » avant et après le lâcher. La trajectoire est « verticale ».

Caractéristiques

- Les actions sont subordonnées au but. Il y a centration sur la trajectoire : les actions liées au trajet porté ne sont pas prises en compte (arrêt dans une posture semblable à celle du départ de l'action) ; - Les actions sont subordonnées au main­tien de la verticalité : le corps est vertical, face en avant, l'engin est soulevé pour être envoyé. On note l'absence du pré-requis du lancer à bras cassé.

NIVEAU I

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NIVEAU II

NIVEAU III

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NIVEAU IV

Niveau 2 : propulsion horizontale dominante

Descriptif

Simultanément, l'élève court et lance, orienté face à la trajectoire : l'action de propulsion est horizontale ; il tire et pousse horizontalement sur le javelot pour le lancer. Les repères du lancer à bras cassé sont présents.

Effets

L'équilibre et la trajectoire du javelot sont aléatoires.

Caractéristiques

- Les actions sont subordonnées au but : la réponse motrice de l'élève est globale, sans différenciation : il « court en lançant » ou « lance en courant ». L'intention de lancer loin se traduit par une action de déplace­ment ne permettant pas le contrôle des actions de lancer :

- Les actions sont subordonnées au main­tien de l'équilibre fonctionnel de la course : orienté en avant, le buste est verti­cal ou incliné vers l'avant. Il n'y a pas de prise d'angle, ou bien elle s'effectue par inclinaison de l'engin par rapport à la verticale du corps.

Niveau 3

Descriptif

L'élève court, ralentit pour placer l'axe de ses épaules dans le même sens que celui de la trajectoire de déplacement au dernier moment.

Effets

La trajectoire est souvent désaxée. Avec un lancer sans élan, la trajectoire, à ce niveau, est mieux contrôlée.

Caractéristiques

Les actions sont subordonnées au contrôle de la trajectoire : l'intention de lancer « juste » entraîne une diminution de la vitesse peu favorable à la performance. Les actions de déplacement et de préparation du lancer ne sont pas coordonnées.

Niveau 4 : préparation du lancer pendant la course

Descriptif

Le lanceur maintient la continuité de son déplacement malgré la mise en place des postures de lancer, plusieurs mètres avant le lâcher final.

Effets

Les trajectoires produites sont stables, axées, équilibrées. Les performances varient selon la vitesse communiquée à l'engin.

Caractéristiques

Les actions de déplacement et de propul­sion sont coordonnées en fonction d'un règlement constitué par le projet porté. En résumé, il y a quatre niveaux et quatre problèmes à résoudre : - le trajet porté doit être dans le même sens que la trajectoire ; la continuité « trajet-trajectoire » assure un jet horizontal comme pour un lancer à bras cassé ; - les actions de propulsion doivent être différenciées : l'équilibre de la course est subordonné à l'équilibre du lancer ; - les actions de propulsion doivent être faites en anticipation pour assurer un trajet continu ; - la vitesse acquise doit être préservée tout en donnant l'angle d'envol au javelot. Le contrôle de l'action doit s'améliorer parallèlement à une intensité d'effectua-tion supérieure.

CONTENUS DES SEANCES

Après avoir identifié les conduites typiques des élèves et leur niveau, il est possible d'élaborer le contenu des séances dont nous présentons ici le cadre général.

Cadre général

• Une classe de première en lycée (2 h / semaine) engagée dans un cycle d'athlé­tisme de huit séances.

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A chaque séance, trois groupes d'élèves passent à deux activités athlétiques sur trois (haies, javelot, hauteur). • Pour chaque activité, les étapes sont identiques : Première séance : déterminer son niveau de départ. Deuxième-troisième séance : s'organiser matériellement et collectivement pour remplir les différentes tâches : - mise en place de l'atelier ; - rotation aux différents rôles ; - respect des règles de sécurité et d'organi­sation ; - compréhension de la tâche, des critères de réussite... Quatrième-huitième séance : améliorer : - la qualité de son observation, de son questionnement ; - ses capacités à rechercher des solutions, à verbaliser son propre vécu, ses projets d'action ; - le nombre de répétitions... • Pour chaque élève l'objectif est de pro­gresser en mobilisant ses ressources.

Des tâches différentes pour des niveaux différents

Les élèves sont organisés, à l'intérieur de chaque niveau, par groupes de trois : un lanceur, un observateur, un juge. Il doit y avoir une rotation des rôles. Pour chaque tâche proposée (cf. enca­drés 1, 2, 3, 4), les élèves, individuellement.

doivent faire un projet et se donner six essais pour le réussir. Puis, ils font un second projet, puis un troisième sur le même modèle que le premier. Avec ce type de travail, il est important que les élèves puissent réaliser de nombreux essais pour chaque tâche.

Les objectifs terminaux

Chaque élève, en fonction de sa recherche et des résultats qu'il obtient (réussite plus ou moins rapide, difficultés à résoudre le problème qui lui est posé, niveau d'aspira­tion...), peut se donner des objectifs de fin de cycle variables, tels que : - augmenter sa performance tout en restant sur le même atelier ; - stabiliser une « bonne » performance obtenue de façon aléatoire ; - confirmer une bonne performance annu­lée par le règlement ; - réaliser sa performance maximum malgré un changement de tâche (contraintes por­tant sur de nouvelles normes d'effectua-tion). Ces objectifs sont tous significatifs d'une intégration, par l'élève, du contenu d'en­seignement.

L'AMENAGEMENT DU MILIEU

Il vise à favoriser la prise d'informations pour permettre à l'élève de préparer son lancer à partir d'un repère au sol. Il concerne diverses variables des situations proposées.

• L'axe de lancer : couloir de plots plus ou moins étroit. • Les distances : ligne de repères, javelots usagés, par exemple, le long d'un décamè­tre. • La hauteur, pour le niveau 1 : un ruban de signalisation de travaux, tendu entre deux poteaux de hauteur ou deux javelots plantés. • La course d'élan (limites, zone...) : balise, plots, élastique, lattes de haies. • La limite de l'élan : pour la reculer comme « on veut », sans avoir à mesurer chaque fois : placer un javelot repère au départ de l'aire de réception habituelle, deux décamètres déroulés, l'un vers l'aire de réception, l'autre vers la course d'élan (il faut, bien sûr, procéder à une addition des distances : recul de la limite d'élan et longueur du jet après le javelot repère).

Régine Ribot Professeur d'EPS

Lycée J.-B.-Dumas - Alès Alain Pithon

Professeur d'EPS Collège J.-Racine - Alès

PHOTOS : AUTEURS DESSINS : CARMEN MULLER

BIBLIOGRAPHIE Dhellemmes (R) : « Didactique des activités athlé­tiques - Repères » in « EPS, Contenus et didacti­ques », SNEP-1984. Mérand (R) : « La didactique des APS en milieu scolaire », Revue EPS n° 200, 1986.

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* Voir bon de commande p. 5

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