LE SAUVETAGE - CERIMES

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NATATION LE SAUVETAGE OBJET D'ENSEIGNEMENT EN MILIEU SCOLAIRE PAR P.-C. COCU ET P. PELAYO - 1 ère PARTIE De nos jours, le développement des ac- tivités physiques de pleine nature et notamment celles qui se déroulent dans le milieu aquatique, incite l'enseignant d'EPS à réintroduire le sauvetage com- me objet d'enseignement dans le cadre de la natation scolaire. Parallèlement le sauvetage sportif se développe de plus en plus et les clubs de sauvetage affiliés à la Fédération Française de Sauvetage et Secourisme (F.F.S.S.) se multiplient. Il existe maintenant de vé- ritables championnats nationaux ou internationaux avec différents types d'épreuves qui se sont institutionnali- sés et codifiés (cf. encadré 1). Quels sont les moyens de formation liés à la pratique du sauvetage, quel peut en être le contenu, quelles sont les ca- pacités minimales à développer chez l'élève ? Si l'épreuve de sauvetage au baccalau- réat (BOEN n° 27 juillet 1988) a déjà été étudiée dans cette Revue (EPS nos 185 et 216), il nous est apparu toutefois nécessaire de resituer sa place dans le cadre de l'éducation physique et spor- tive. EVOLUTION DU RAPPORT DES CONCEPTS NATATION/SAUVETAGE L'histoire du sauvetage est étroitement liée à l'histoire de la natation jusqu'au début du XXème siècle. Tous les manuels de natation de l'époque développent une partie importante sur le sujet dans une perspective utilitaire (no- tamment : P. Christmann, 1896 ; P. De Cou- bertin, 1905 ; G. Wennerstrom, 1910 ; P. Blache, 1913 ; J. De Lalyman, 1927 ; G. He- bert, 1914...). Si ces deux activités ont le même dénomina- teur commun « se sauver », elles vont rapide- ment devenir antinomiques. P. Blache souli- gnait en 1913 : «Le but de la natation n'est pas de faire des coureurs, il est grand, plus haut, plus noble... le sauvetage est et doit être la conséquence logique de la natation ». Le processus de sportivisation de la natation du début du siècle (P. Arnaud, 1986 ; P. Pe- layo, 1990 ; T. Terret et P. Pelayo, 1991...) dé- tournera vite sa pratique d'objectifs utilitaires et altruistes reconnus alors comme priori- « Apprenez à sauver une vie humaine en pratiquant le plus hygiénique des sports ». J. De Lalyman (1932) EPS235 - MAI-JUIN 1992 47 Epreuve d'embarcation : le tour de bouée. Revue EP.S n°235 Mai-Juin 1992 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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N A T A T I O N

LE SAUVETAGE OBJET D'ENSEIGNEMENT

EN MILIEU SCOLAIRE

PAR P.-C. COCU ET P. PELAYO - 1ère PARTIE

De nos jours, le développement des ac­tivités physiques de pleine nature et notamment celles qui se déroulent dans le milieu aquatique, incite l'enseignant d'EPS à réintroduire le sauvetage com­me objet d'enseignement dans le cadre de la natation scolaire. Parallèlement le sauvetage sportif se développe de plus en plus et les clubs de sauvetage affiliés à la Fédération Française de Sauvetage et Secourisme (F.F.S.S.) se multiplient. Il existe maintenant de vé­ritables championnats nationaux ou internationaux avec différents types d'épreuves qui se sont institutionnali­sés et codifiés (cf. encadré 1). Quels sont les moyens de formation liés à la pratique du sauvetage, quel peut en être le contenu, quelles sont les ca­pacités minimales à développer chez l'élève ? Si l'épreuve de sauvetage au baccalau­réat (BOEN n° 27 juillet 1988) a déjà été étudiée dans cette Revue (EPS nos 185 et 216), il nous est apparu toutefois nécessaire de resituer sa place dans le cadre de l'éducation physique et spor­tive.

EVOLUTION DU RAPPORT DES CONCEPTS NATATION/SAUVETAGE

L'histoire du sauvetage est étroitement liée à l'histoire de la natation jusqu'au début du XXème siècle. Tous les manuels de natation de l'époque développent une partie importante sur le sujet dans une perspective utilitaire (no­tamment : P. Christmann, 1896 ; P. De Cou-bertin, 1905 ; G. Wennerstrom, 1910 ; P. Blache, 1913 ; J. De Lalyman, 1927 ; G. He­bert, 1914...).

Si ces deux activités ont le même dénomina­teur commun « se sauver », elles vont rapide­ment devenir antinomiques. P. Blache souli­gnait en 1913 : «Le but de la natation n'est pas de faire des coureurs, il est grand, plus haut, plus noble... le sauvetage est et doit être la conséquence logique de la natation ». Le processus de sportivisation de la natation du début du siècle (P. Arnaud, 1986 ; P. Pe-layo, 1990 ; T. Terret et P. Pelayo, 1991...) dé­tournera vite sa pratique d'objectifs utilitaires et altruistes reconnus alors comme priori-

« Apprenez à sauver une vie humaine en pratiquant le plus hygiénique des sports ».

J. De Lalyman (1932)

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Epreuve d'embarcation : le tour de bouée.

Revue EP.S n°235 Mai-Juin 1992 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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1. ÉPREUVES ACTUELLES DE SAUVETAGE AU NIVEAU INTERNATIONAL (Bassin 50 mètres)

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taires, et marginalisera l'activité de sauvetage « sauver les autres » dès l'entre deux guerre (cf. encadré 2). En effet. H. Musnik. dans la « Revue Natation » du 23.04.1927. déclarait : « Va t-on continuer à laisser le sauvetage se débattre dans sa pauvre médiocrité... On se heurte à chaque fois à l'indifférence des organisateurs, quand ce n'est pas à leur hostilité... Et nous rayerons le mot sauvetage de la Fédération. » Ce qui fut fait en 1937. Dès lors, les ouvrages de na­tation sont essentiellement sportifs et situent uniquement le sauvetage comme une activité d'application dans leur conception pédago­gique, sauf en ce qui concerne celui de G. Hé­bert (1957). Les Instructions et programmes de 1877 à 1967 relatifs à l'enseignement de la natation suivent cette même évolution (P. Pelayo et T. Terret, 1992). C'est seulement après la deuxième guerre mondiale que la F.F.S.S. va

2. REPERES CHRONOLOGIQUES 1865 - La société centrale de sauvetage et des naufra­gés est reconnue d'utilité publique. 1878 - Le premier congrès de sauvetage a lieu à Mar­seille et réunit les sociétés françaises très nombreuses à l'époque. 1897 - Raymond Pitet met en place un enseignement méthodique du sauvetage à l'Union Fédérale des nageurs de Normandie et utilise un des mannequins connus (pan­talon et veste cousus et remplis de paille et galets). 1899 - Fondation de l'Union Fédérale des Sociétés de Natation et de Sauvetage (USFNS). 1900 - A l'exposition universelle de Paris, un grand concours de sauvetage est organisé et sera considéré comme le plus utilitaire et un des premiers de ce genre (embarcations à fond plat, à quille, insubmersibles, de fonds,.., lancement de bouées, démonstration d'engins flottants, concours de vitesse habillé, avec ou sans man­nequin, sauvetage de fond et demi-fond... furent au pro­gramme). 1902 - Sous la présidence d'Emile Loubet, une grande fête Fédérale regroupe natation, plongeon et sauvetage de la marine et de l'enseignement. Plus de 1 000 partici­pants, représentant 50 sociétés, participent à des épreuves de sauvetage nautique et en incendie, de ma­noeuvres d'embarcations, de lancement de bouées et de secours aux accidents et asphyxiés, 1905 - L'UFSNS devient Fédération Nationale des So­ciétés de Natation et Sauvetage, actuelle Fédération Française de Sauvetage et Secourisme. 1908 - Premier examen d'instructeur de natation et de Maître Sauveteur Marinier. 1910 - Création à Paris de la Fédération Internationale de Sauvetage Aquatique. 1920 - Avant la première guerre mondiale, quatre Fédé­rations se partagent les nageurs Français. En 1920, reste donc la FFNS et ne subsiste face à elle que la Fédération Française de Sauvetage, 1937 - Un accord entre les deux Fédérations distingue alors la FFN et la FFS qui devint plus tard la FFSS. 1946 - Création de la Fédération Nationale des MNS à Morzine - Premiers Championnats de France de sauveta­ge sportif. 1950 - Création du brevet de surveillant de baignade et du diplôme de MNS actuel. 1957 - Premiers championnats d'Europe de sauvetage. 1961 - Premiers championnats du Monde de sauvetage. 1991 - Lors des derniers championnats du Monde en Suède, plus de vingt pays étaient représentés avec no­tamment l'Iran et la République de Chine. 1993 - Une fusion est prévue avec le deuxième organis­me international (World Life Saving) pour regrouper l'en­semble des continents (américains et australiens com­pris).

Epreuve d'embarcation : le demi-tour.

Epreuve d'embarcation : la pagaie.

Epreuve d'embarcation : la prise du mannequin.

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progressivement se développer jusqu'à at­teindre aujourd'hui plus de 10 000 licenciés, tout en se sportivisant. Les démonstrations de sauvetage se transforment en concours puis en compétition. Ses buts sont actuellement dans l'ordre : sportif, social et humanitaire. Elle a pour objet d'organiser à tous les niveaux les compétitions et championnats de sauvetage, d'enseigner les premiers soins à donner et les moyens appropriés de porter secours à ses semblables. On peut aujourd'hui dire que le sauvetage aquatique est devenu une discipline à part en­tière au même titre que la natation sportive, synchronisée, le water polo, le plongeon...

ENJEUX DE FORMATION POUR L'EN­SEIGNEMENT DU SAUVETAGE A L'ECOLE Le seul aspect utilitaire peut justifier la pro­grammation de l'activité sauvetage en milieu scolaire. Dans les Instructions et programmes du 14 novembre 85 pour les collègues et du 14 mars 86 pour les lycées, on invite à initier les élèves au sauvetage dans les classes de 4e, 3e et 1re, terminale. Une épreuve de mannequin fi­gure dans les épreuves du baccalauréat. De nos jours, les enseignants d'EPS recourent souvent au sauvetage dans le but de diversifier les pratiques aquatiques et d'entretenir la mo­tivation des élèves.

C. Pineau (1990) déclare que « l'enseignement de la natation est devenu un impératif de sé­curité individuelle et collective » en regard d'autres activités comme celle de pleine natu­re. Si cette finalité utilitaire est inscrite dans la

logique interne de la natation et du sauvetage, nous ne saurions limiter leurs enseignements à ce seul but. « Toute tentative de subordonner la définition des programmes scolaires à une évaluation du degré d'utilité sociale des sa-

3. CONTENUS DE FORMATION DANS LE CADRE DE L'ACTIVITÉ SAUVETAGE

Le lancé du ballon.

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voirs destinés à être enseignés aurait d'ailleurs des implications culturelles dévas­tatrices » (Forquin. 1989). Suite à cette réflexion, il semble indispensable de considérer le sauvetage comme une activi-té sportive à part entière avec sa culture et d'en faire un traitement didactique (P. Pelayo et P. Wojciechowski, 1991). Elle recouvre ainsi des principes d'action fondamentaux et des règles d'action efficaces relevant tant d'un sa­voir minimal et fondamental commun aux ac­tivités aquatiques autonomes, nécessaires à transmettre dans le cadre scolaire, que d'un sa­voir plus spécifique se situant, lui. dans le cadre d'une pratique optionnelle ou extrasco­laire (P. Pelayo et T. Terret. 1992), (cf. enca­dré 3). Le sauvetage peut donc être programmé par rapport à des préoccupations éducatives de santé, sécurité et solidarité et à la poursuite d'objectifs généraux tels que :

- connaissance pratique et maîtrise de réac­tions émotionnelles face à l'environnement physique et humain, - goût de l'action et de la solidarité, - sens de l'effort et de la responsabilité en co­opération avec les autres, - accès à l'autonomie dans l'activité elle-mê­me, prétexte à une aide de la part d'autrui. conférant ainsi la sécurité. Nous présenterons dans un second article les principes et règles d'action efficaces, et quelques situations pédagogiques pour l'ap­prentissage du : - plongeon canard, - déplacement subaquatique et du ramassé, - travail de godille (rétropédalage et action du bras libre dans le transport). Tous trois nécessaires dans l'épreuve du man­nequin au baccalauréat.

Pierre-Charles Cocu Professeur EPS. CES Mme De Staels - Lille

Responsable technique national de la F.F.S.S.

Patrick Pelayo Maître de conférences

Laboratoire de Didactique en Activité Physique et Sportive

UFR STAPS Université de Lille II.

BIBLIOGRAPHIE Arnaud P., 1986 - Objet culturel, objet technique, objet di­dactique. Revue STAPS. mai, 7,13,43-55. Blache P., 1913 - Traité pratique de natation et sauvetage. Librairie Garnier Frères. 288 pages. Christmann P., 1896 - La natation et les bains de mer. Li­brairie A. Picard et Kaan. 92 pages. Clemençon A.-M.. 1989 - L'épreuve de sauvetage, EPS n°216. Chollet D., 1990 - Approche scientifique de la natation sportive. Edition Vigot, 377 pages. Dubois C. Robin J.-P., 1984 - Le parcours de sauvetage. EPS n° 185. De Coubertin P., 1905 - La gymnastique utilitaire. Sauve­tage. Défense. Locomotion. Edition F. Alcan. 154 pages. De Lalyman J., 1927 - Comment vivre sous les eaux. Edi­tion Grasset. 271 pages. De Lalyman J., 1932 - Natation et sauvetage. Où en sommes nous ? Revue Education Physique, juin, 21 1-214. Forquin J.-C, 1989 - Ecole et culture. Le point de vue des sociologues britanniques. Edition De Boeck. Bruxelles. Hebert G.. 1914 - Leçon type de natation. Edition Wui-bert. 154 pages. Maillard D„ 1991 - L'enseignement de la sécurité par la natation. Document FPC, Académie de Lille. Inspection ré­gionale EPS. Pelayo P., 1991 - Paul Beulque (1877-1943). Les origines de l'enseignement collectif de la natation scolaire en Fran­ce. Science et motricité, nos 14, 13-21. Pelayo P. et Terrett T., 1992 - Evolution des savoirs en­seignés en natation au travers des instructions et pro­grammes depuis 1877. Incidences sur les objets et enjeux de formation d'aujourd'hui. Colloque ACAPS. Strasbourg compte rendu. 10 et 11 avril 1992. Pelayo P. et Wojciechowski P., 1991 - La résolution des problèmes respiratoires en natation. EPS nos 230 et 231, 1991. Pineau C. 1990 - Introduction à une didactique de l'EPS. Dossier EPS n° 8. Terret T., Pelayo P. 1991 - Esquisse d'une typologie de la production littéraire fançaise en natation colloque ACAPS. Lille, novembre 1991. Wennerstrom G. 1910 - La natation et le sauvetage. Edi­tions Nilsson. 116 pages.

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Le remorquage du mannequin : prise sous les deux moignons.

Le remorquage du mannequin : prise sous la nuque.

Le remorquage du mannequin dans l'épreuve du « cent mètres mannequin palmes ».

PH. :

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