Le Journal de Notre Amérique 3

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Investig'Action Bruxelles-Caracas-Buenos Aires-Mexico-Bogota, Avril 2015

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SOMMAIRE

L' Edito du Journal de Notre Amérique

Tarik Bouafia & Alex Anfruns

USA-Venezuela Venezuela menacé

Luis Britto

Venezuela : Obama ment tout en révélant une grande vérité Jean Araud

La tentation putschiste de l' opposition vénézuéliene Richard Moya

Dossier Colombie « Pour les USA, seuls les États qui servent leurs intérêts sont

des démocraties » Interview de Lilia Solano par Alex Anfruns

Paramilitaires, État et élites en Colombie : Le mariage éternel Héctor Leon Hernandez

Brèves & les Médiamensonges du mois Ce que cache la popularité d’Obama à Cuba

Emmanuel Wathelet

Exemple de manipulation médiatique au Mexique Magda Barba

10 mensonges que les médias ne cessent de ressasser en Colombie Héctor Leon Hernandez

Un journaliste de Le Monde en croisade permanente contre le Venezuela Tarik Bouafia

A propos du mois de l’Histoire Noire aux Etats-Unis Ilka Oliva Corado

Pourquoi les États-Unis envoient-ils des troupes au Pérou ? Gustavo Espinoza

Comment un petit pays a su résister aux guerres, aux interventions étrangères... Virgilia

Investig'Action rend hommage à Eduardo Galeano

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L’Edito du Journal de Notre Amérique

TARIK BOUAFIA & ALEX ANFRUNS

Fin février, le gouvernement péruvien confirme l'arrivée imminente de plus de 4000soldats états-uniens sur son territoire. La raison avancée: la lutte contre lenarcotrafic.Le 9 mars, le président des États-Unis, Barack Obama, signe un décret considérant leVenezuela comme une «menace extraordinaire et inhabituelle pour la sécurité desÉtats-Unis».Le vendredi 27 mars, dans le quartier populaire de la Boca à Buenos Aires, lesdirigeants conservateurs argentins, dont le maire de la ville Mauricio Macri,reçoivent les épouses des deux leaders d’extrême droite vénézuéliens emprisonnés,Léopoldo Lopez et Antonio Ledezma.Au Brésil, la droite conservatrice en appelle au renversement du gouvernement de laprésidente Dilma Rousseff, certains appelant même les États-Unis à l'aide.Qu'est-ce qui relie tous ces événements? Quel en est le dénominateur commun? Ils'agit avant tout d'un projet de restauration de l'ordre ancien, celui des oligarchiesnationales alliées à l'impérialisme états-unien. Une entreprise de reconquête qui peutcompter sur le soutien de l'ancienne puissance coloniale, l'Espagne et de son ex-premier ministre, Felipe Gonzalez. Caracas, à l'avant-garde de la résurrection latino-américaine du début des années2000, se voit durement menacé par les ambitions hégémoniques de Washington dansson ancien pré-carré qu'il n'a jamais cessé de convoiter. Les propos bellicistesd'Obama à l'égard du Venezuela sont comparables à ceux que le président RonaldReagan ou le président George W. Bush avaient lancés avant, l’un, l'invasion duPanama en 1989 et, l’autre, de l'Irak en 2003. Diaboliser l'adversaire, prépareridéologiquement l'opinion publique mondiale pour ainsi mieux justifier une attaquede tous types. Les recettes d'hier n'ont pas changé.Les médias dominants de leur côté alimentent cette diabolisation du Venezuela. Ilsdeviennent alors les alliés idéologiques et stratégiques des États-Unis.Ce troisième numéro du Journal de Notre Amérique souhaite donner la parole à ceuxet celles qui se battent pour un monde meilleur dans des conditions extrêmementdifficiles. Ici, c'est la Colombie qui est à l'honneur. Un pays ravagé par des inégalitéset une pauvreté qui ne cessent de s’accroître pendant que les multinationalesaugmentent leur profit et que l'appareil d’État se veut toujours aussi brutal.En ce début d'année 2015, le progressisme latino-américain se voit menacé de tousles côtés. Il en est de notre devoir de défendre ceux qui, dans ce continent des«veines ouvertes», ne cessent de lutter jour après jour pour la seconde et définitiveindépendance.

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LA LIBERTÉ D´EXPRESSION AU VENEZUELA

Scène de la vie quotidienne sous la dictature bolivarienne: la dirigeante d’extrêmedroite Maria Corina Machado, impliquée dans plusieurs tentatives de coup d’État

depuis 2002, explique aux médias « baillonnés » qu’il n’y a pas de liberté auVenezuela et que plutôt que d’attendre des élections, il faut relancer les

confrontations « non-dialogantes » (sic) pour forcer le président Maduro à partir.

de notre cher correspondant á Caracas, Jean Araud

Le document suivant, photo et texte, a largement circulé sur le réseau àCaracas ces jours derniers, pour le plaisir et la distraction du peuplevénézuélien, toujours friant d´un humour baptisé “chispa”, l´étincelle.

Les uns et les autres se réexpédient ce document sous le titre de “Preuveirrefutable de la censure imposée par le gouvernement à l´opposition”

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Le Venezuela menacéComment le Venezuela peut-il être considéré comme “une menaceextraordinaire et inhabituelle pour la sécurité nationale et la politiqueextérieure des États-Unis ? Nous sommes un pays d'une superficie moyennequi se caractérise par un développement industriel modeste, un armementconventionnel, une armée dotée d’un effectif modéré et, depuis que nousavons libéré cinq républiques au début du XIX siècle, nous n'avons jamaisattaqué un autre peuple. Par Luis Britto Garcia

Dessin : Carlos Latuff

Le Venezuela est actuellement menacé.L'Empire états-unien vit en effet de laprédation des ressources naturelles et desindustries de base des nations périphériques.Le Venezuela fait de façon éloquente lapreuve qu’un pays peut utiliser ses ressourceset ses industries au profit de son peuple enrespectant des voies démocratiques etconstitutionnelles.

L'Empire états-unien a eu recours à huitprocédés complémentaires les uns des autrespour annihiler le Venezuela. Le premier étaitl'aggravation de la guerre économique via un

blocus progressif afin de forcer un résultatdéfavorable au bolivarisme lors des électionspour le Pouvoir Législatif. Le second était defaire miroiter l’espérance d’un coup d'Etatparlementaire. Le troisième, l'intensificationdu terrorisme par les paramilitaires et lesmercenaires pour simuler une scène de“guerre civile”. Le quatrième était decouronner ce montage par une tentatived’assassinat ou un faux pavillon d'attaque. Lecinquième consistait à intervenirmilitairement dans un autre pays de la région.Le sixième, une agression directe avec destroupes et des équipes impériales, depuis lesbases qu'elles occupaient déjà en AmériqueLatine et dans les Caraïbes. Le septième, unecampagne médiatique pour cacher et déformerla nature des agressions antérieures face aupays et au monde. Le huitième, une agressiondiplomatique pour arracher de la part desinstances internationales des verdictsréprobateurs pour le pays. Comment noussauver ? Pour combattre la guerreéconomique qui démoralise la population,l’Etat a entrepris de contrôler les importationsde base, en infligeant des sanctionsimplacables aux entreprises corruptrices etaux complices de fraudes de change, auxaccapareurs, spéculateurs, banquiers,contrebandiers et a promulgué des loisqualifiant les délits financiers de trahison dela patrie et d’ infraction à la sécurité. Que lesélections parlementaires soient gagnées pardes candidats bénéficiant d’une bonneréputation ne sous-entend ni délit nicorruption.

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C'est ainsi que les États-Unis externalisentleur économie et leurs armées : tout d'abord,ils intègrent leurs militaires dans des unités demercenaires, recrutés parmi leursHispaniques, leurs Afro-Américains, leursmarginaux. Ensuite, ils fondent, financent etéquipent des organisations terroristescomposées d'assassins et de jihadistes commeAl-Qaïda et Daesh. Le plus probable est quel'agression au Venezuela s'externalise via unpays tiers ou via ses forces paramilitaires, quiont profondément infiltré notre société.Beaucoup ont été arrêtés en agissant pendantles vagues terroristes de 2014.

Une mission conjointe d'intelligence estnécessaire entre les organismes de sécurité etles mouvements sociaux pour localiser etneutraliser ces envahisseurs silencieux avantqu'ils ne soient mobilisés à nouveau. Danstous les cas, le triomphe des agresseurs n'estpas sûr. Nous localisons et neutralisons lesparamilitaires par la coordination del'intelligence de la force publique et desmouvements sociaux. Nous poussons àl'extrême les moyens de sécurité pour desdirigeants et des chiffres clés, tant pour desaménagements que pour des citoyens états-uniens. Nous convainquons des pays voisinsqui ont lutté en vain pendant un demi-sièclecontre une insurrection interne et qui seraientincapables de lutter à la fois contre dessoulèvements internes et externes.

Dans les agressions impériales, l'arméeconventionnelle du pays présenté comme lavictime est parfois détruite en peu desemaines. Ce qui décide de l’issue du conflitest la résistance populaire. Le peuplevénézuélien ne peut pas attendre que lesbombes tombent pour préparer sa défense.Des organisations populaires, desmouvements sociaux, des syndicats, despartis, des communes, des coopératives,doivent tout de suite se rallier augouvernement et à l'armée puis mettre enplace des stratégies d'adaptation et decoordination pour préparer la guerre dupeuple.

Nous avons construit un système de médiasde service public, communautaires etalternatifs qui nous permettent de gérer labataille de la communication interne. Nousreformons sans ménagements ce système pourl’amener à son efficacité maximale.Le Venezuela a fait presque plus quen'importe quel autre pays pour ledéveloppement d'une diplomatie multipolaire.Incorporé au Mercosur, force motriced’organisations intégrationnistes latino-américaines comme l'ALBA, la CELAC etUNASUR qui excluent les États-Unis et leCanada. Le Venezuela a consolidé desrelations avec l'Asie, l'Afrique et avec lesNon-Alignés. Ces réseaux diplomatiques ontune influence sur les organismesinternationaux et doivent être utilisés pourfavoriser le veto de la Russie et la Chine, quisont des boucliers impénétrables contre lesinterventions. Cuba a pu. Nous aussi, nous lepourrons.

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Venezuela: Obama ment tout en révélant unegrande vérité

«Parfois nous aimons les choses et nous utilisons les personnes, quandnous devrions utiliser les choses et aimer les personnes » (AbrahamLincoln). Le président Obama a commis un gros mensonge et avoué unegrande vérité en déclarant que le «Venezuela était une menaceinhabituelle et extraordinaire pour la sécurité des Etats-Unisd'Amérique».

Par Jean AraudLe mensonge d'Obama

Le mensonge, c'est que jamais le Venezuelan'a été une menace ni pour les Etats-Unis nipour n'importe quelle autre nation.

Le mensonge d'Obama concerne «la sécuriténationale des États-Unis»

La vérité, c'est que, tout au long de leurhistoire, les forces armées vénézuéliennessont toujours sorties des frontières de leurpays pour défendre d'autres nations latino-américaines afin de les libérer du colonialismede l'Empire espagnol et aujourd'hui pourporter assistance à ces nations dans dessituations de catastrophes naturelles commepar exemple à Armero en Colombie, à MexicoCity, à Haiti et même à Agadir au Maroc.

De plus, Obama doit parfaitement savoir,comme tout le monde d’ailleurs, que tantHugo Chavez que son successeur NicolasMaduro ont déclaré à de multiples occasionsl'amitié du peuple vénézuélien pour le peupleétats-unien. N'est-ce pas ?

Ces derniers jours, le président Maduro aqualifié le peuple états-unien de «peuplefrère»

Qui est une menace extraordinaire pour qui?

Si Obama se permet de déclarer égalementune «urgence nationale» faisant planer au-dessus du ciel vénézuélien une menaceimpériale avec son lot de menaces de typemilitaire malheureusement déjà mises en

œuvre sous d'autres latitudes comme le sontles invasions, les occupations ou les blocus,l'histoire parle d’elle-même.

Que dit l'histoire?

Bombardements réalisés par les États-Unisd'Amérique à l'encontre d'autres nationsdepuis 1945, par ordre alphabétique:Afghanistan, Bosnie, Cambodge, Chine,Congo, Corée du Nord, Cuba, Grenade,Guatemala, Indonésie, Iran, Irak, Japon,Koweït, Laos, Le Salvador, Liban, Libye,Nicaragua, Panama, Pérou, Somalie, Soudan,Syrie, Vietnam, Yougoslavie

Des bombes conventionnelles, incendiaires,biologique, chimique, nucléaires furentutilisées.

Bombardements réalisés par le Venezueladepuis 1945:Aucun bombardement n'a été enregistréjusqu'à présent.

De plus, l'histoire a enregistré, depuis celle de1893 à Hawaï, plus de 170 interventions desÉtats-Unis d'Amérique (opérations cachées,coups de force ou manipulations électoralesdans le but de renverser des gouvernements,d’assassiner des présidents et de les remplacerpar des dirigeants obéissants).

Aucun continent n'a échappé à cesinterventions.

Le prix Nobel de la paix aurait-il pour objectifd'attaquer Caracas comme sa nation a attaqué

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Bagdad et Tripoli pour s'approprierabusivement leurs ressources ?

La vérité d'Obama

Quand Obama a déclaré que le «Venezuelaétait une menace inhabituelle et extraordinairepour la sécurité des Etats-Unis d'Amérique»,la vérité c'est que c'est «une menaceextraordinaire et inhabituelle» non pas pour sanation mais pour lui-même.

Aujourd'hui, Obama se voit affaibli par unCongrès qu'il vient de perdre, lesRépublicains lui manquent de respect eninvitant Netanyahou à Washington sans leconsulter, une procureure se permet debloquer ses intentions sur l'immigration, sespartisans sont déçus, eux qui croyaientréaliser grâce à son élection le rêve de MartinLuther King et qui constatent que des Noirsmeurent toujours sous les balles de policiersblancs. Economiquement le dollar prend peurface au duo monétaire sino-russe.

Ainsi Obama a sans doute proclamé unegrande vérité : le modèle impulsé par laRévolution Bolivarienne peut être un mauvaisexemple pour le peuple états-unien qui, tôt outard, dira «Basta!»

Si Obama considère qu'un exemplerévolutionnaire est une menace, c’est peut-être lui-même et la Maison Blanche qui sontmenacés ?

Ceci oui, c'est la vérité.

Décret exécutif

Pour justifier son ordre exécutif, Obamaaccuse le gouvernement vénézuélien de sespropres maux. Par exemple:

Obama se souvient-il que, dans son pays, lesdescendants des indigènes qui ont échappéaux massacres vivent dans des réservessimilaires aux réserves d’animaux ?Obama sait-il qu’une de ses compatriotes,professeur d’université, a été arrêtée à sadescente de l'avion pour s'être permisd'exprimer son opinion politique à propos de

Chavez ?

Obama est-il au courant du déni des « droitsde l'homme » aux prisonniers deGuantánamo?

Est-il au courant du manque de libertéd'expression des journalistes, certains ayantrécemment été renvoyés parce que, lors d'unprogramme de télévision «Made in USA», ilsse sont moqués de son épouse Michèle de lamême manière grossière que celle qu’ilsavaient utilisée, sans encourir aucunesanction, envers un président africain en visiteà Caracas?

Bref,

Thank you Mister President

Depuis Caracas, peut-être devons-nousremercier Obama car son ordre exécutif aprovoqué un rejet mondial avec uneimpressionnante unanimité. Nous nementionnerons aucune nation en particulier depeur d'en oublier une.

Des organismes de son ex arrière-cour ont étéunanimes, que soit l'UNASUR, la CELAC,l'ALBA ou la OEA, malgré leur longuedépendance historique vis-à-vis deWashington.

Il y a peu, Obama a tenté de se convertir enune «star» de la paix en annonçant au mondeses intentions d'établir de nouvelles relationsdiplomatiques avec Cuba. Et,diplomatiquement, Fidel et Raul Castro ontexprimé leur point de vue.

Mais c'est la foule dans les rues et sur lesplaces de Caracas ainsi que dans tout leterritoire vénézuélien qui donne le plus enviede remercier le président Obama.

Avec son ordre exécutif, Obama a permis auVenezuela de renforcer l'unité nationale.Hormis les derniers laquais, les Vénézuéliens,y compris les opposants sensés, ont expriméfermement leur patriotisme et leur refusd’agressions contre leur territoire.

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Jour après jour, les marches se multiplient, lesconcentrations et les réunions des collectifségalement.

Ils sont des millions ceux qui signent ettweetent contre le décret exécutif.

Nous ne nous risquerons pas à donner deschiffres car les chiffres augmentent sans cesseà l'heure où sont écrites ces lignes. Mais nouspouvons dire qu'ils ont déjà dépassé les 3millions, non seulement au Venezuela maisaussi dans les États-Unis d'Amérique et dansle monde entier.

Ils sont également des millions ceux quiintègrent la milice bolivarienne, enregistrantsans doute depuis sa création la période deplus grand recrutement et de plus grandediversité des volontaires.

Ceci nous rappelle une autre page del'histoire. Quand la noblesse françaisedemanda à la Prusse d’envahir la France pourrenverser la Révolution Française, lesPrussiens hésitèrent dans un premier temps.La noblesse affirma aux Prussiens que ces«révolutionnaires» n'étaient qu'une banded'analphabètes qui fuiraient au premier coupde canon. Sur les places publiques de toute laFrance, la Révolution enrôla plus d'un millionde volontaires.

Au lieu d'écouter les conseils «petit yankee»de prétendus nobles, Obama devrait savoirqu'à Valmy, les troupes révolutionnairesfrançaises ont mis en débâcle les Prussiens.Et, ce qui est extraordinaire, c'est qu’à la têtede ces troupes révolutionnaires françaises setrouvait Francisco de Miranda, Vénézuélien etnatif de Caracas.

Obama devrait savoir qu'au Venezuela,Chavez vit, Maduro suit! (Chavez vive,Maduro sigue)

La Révolution Bolivarienne affronte-t-elle desdifficultés. Bien évidemment.

Qui a dit que faire un nouveau monde étaitune tâche facile?

Néanmoins, l'union nationale qu'a faitémerger Mister President ces derniers joursavec son décret a été très utile à la Révolutionet au processus bolivarien et ce décret méritedes remerciements, même si son intentionétait tout autre.

Les déclarations d'Obama ont inspiréégalement de multiples activités sur leterritoire vénézuélien et il faudrait en informerles services de la Maison Blanche.

Surprenante surprise

Obama lance une offensive contre leVenezuela. Quand le concert des nations semanifeste, il semble que la souverainetélégendaire de Washington empêchenaturellement Obama de reconnaître le malque contiennent ses déclarations.

C'est donc à travers des intermédiaires qu'ildoit les minimiser. Par son ambassadeurdevant l'ONU, Michael J.Fitzpatrick, ou lapauvre Jennifer Psaki, porte-parole duDépartement D’État, qui n'a pu éviter d'êtrevictime d'une amusante conférence de presse(amusante pour les journalistes uniquement)ou encore via Roberta Jacobson, sa secrétaired’État pour l'Amérique Latine, chargée dejustifier l'injustifiable.

Mais la surprenante surprise c'est qu'Obama alancé ses déclarations précisément au mois demars.

Peut-être que ses conseillers ou instigateurslatino-américains ne l'ont pas informé que, finfévrier, il y a un jour emblématique pour lepeuple vénézuélien. Une date pour sesouvenir des souffrances endurées par lepeuple à cause des organismes internationauxdes grandes puissances comme le FMI ou laBanque mondiale.

Obama devrait savoir qu'à chaque fin février,précisément le 27, les Vénézuéliens sesouviennent des milliers de victimes d'unerébellion populaire baptisée «Le Caracazo»

Obama n’a visiblement pas été informé nonplus que, début mars, le peuple vénézuélien

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commémore le départ physique de son leaderHugo Chavez?

Il est vrai qu'absent le 5 mars 2013, Obama neput voir par lui-même les millions de citoyenset les dizaines de chefs d’État qui se sontrendus à Caracas pour accompagner lePrésident du Venezuela.

Ces dates historiques de la Révolutionbolivarienne du Venezuela sont des momentsoù les citoyens et les révolutionnairess'unissent pour communier et resserrer lesliens sur fond de sentiments patriotiques.

De plus, le président Obama devait sansaucun doute être au courant des manœuvresmilitaires entre le Venezuela et certains de sesalliés stratégiques.

Obama souhaiterait-il se mesurerà Poutine?

Ce qui est sûr, c'est qu'à ces menacesbelliqueuses, les réponses ont été pacifiques.Les marches, les concentrations et

rassemblements de signatures sur les placespubliques se font dans la bonne humeur et surfond de chansons révolutionnaires.

Les forêts, les fleuves, les montagnes sonthabités par des anacondas, des jaguars, destigres et d'autres espèces dangereuses mais leshabitants ne craignent pas les «tigres depapier».

Cela fait quelques temps que Chavez a affirmé que: «La Révolution est pacifique mais armée, le peuple du Venezuela est l'ami du peuple des États-Unis».

Ainsi, il semble que le plus sage pour tout lemonde soit de revenir sur ce décretinopportun. Qu'Obama se dédie à son peuplepour résoudre ses problèmes internes et qu'illaisse tranquille une Amérique Latine qui,dans sa majorité progressiste, souhaite grandiret vivre en paix dans une indépendancedéfinitive.

Il sera sans aucun doute remercié par lepeuple vénézuélien mais aussi par son proprepeuple et d'autres nations du monde.

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La tentation putschiste de l' opposition vénézuélienne

Nous voyons actuellement que de vieux politiciens nationaux de la droitevénézuélienne soutiennent les propositions de l'opposition qui, à demaintes reprises, a tenté de mettre fin à la révolution bolivarienne,comme lors du coup d’État manqué du 11 avril 2002 contre le processusrévolutionnaire emmené par Hugo Chavez. Il y eut ensuite, le 19 févrierdernier, le document intitulé «Accord pour la Transition» présenté parAntonio Ledezma, Maria Corina Machado, Leopoldo Lopez, président duparti Social Chrétien, Copei et des propriétaires de grands médias. Detels documents sont approuvés par les États-Unis qui prétendentrenverser le gouvernement de Nicolas Maduro, celui-ci restant dans laligne politique qu'Hugo Chavez.

Par Richard Moya, CaracasDepuis 14 ans et avec l'appui des médiasnationaux et internationaux, des attaquesmédiatiques sont menées contre le Venezuelapour contrecarrer le processusrévolutionnaire impulsé par Hugo Chavez.Elles sont les armes les plus puissantes contrela révolution bolivarienne.

Souvenons-nous que le CommandanteChavez avait pour but d'améliorer la qualitéde vie du peuple vénézuélien au moyen,notamment, du développement technologiquede la Nation. Pour sa part, la Chine a fabriquéet transféré des technologies pour laproduction de nouveaux satellites auVenezuela et dans la région, et un partenariatentre les deux pays a vu le jour dans le projetVenzolana Internacional de Tecnologia (VIT)de fabrication de téléphones. De plus, notonsl'accord entre l'Iran et le Venezuela qui apermis un transfert de technologies et, grâce àcelui-ci, la production de tracteurs par lanation caribéenne.

Dans le cas de l'accord avec le Portugal,notons le projet d'éducation Canaima. Legouvernement s'est vu dans la nécessitéd'investir dans le développement delaboratoires pharmaceutiques mais égalementdans le domaine public, comme par exemplela construction de logements, et dans laproduction agricole puisque c'est un secteurstratégique et fondamental pour la réalisation

de son objectif d'autosuffisance alimentaire.De plus, le Venezuela souhaite devenir unpays plus productif pour ainsi être une nationplus progressiste.

Cependant, considérant l’Amérique Latinecomme son arrière-cour, Washingtonn'accepte pas que le Venezuela devienne unenation technologiquement indépendante. Si leVenezuela parvient à réaliser ses objectifs, ildeviendrait en effet un pays indépendant del'économie et de la technologie états-unienne,et se libérerait de la tutelle américaine.

Tandis que le peuple est fatigué de vivre sousle joug impérial, l’oligarchie, elle, souhaitecontinuer à être au service des Etats-Unis etses positions vont nettement à l’encontrel'encontre de la justice et de l'intégrationsociale.

Récemment, le président Obama a déclaré quele Venezuela était un pays «dangereux pourles États-Unis». Son objectif est de satisfaireles plus nantis de son pays pour que cesderniers mettent la main sur les richessespétrolières du Venezuela alors que le Mexiquevient de privatiser son pétrole au profit desmultinationales.

Suite aux déclarations du président Obama,d'autres discours médiatiques ont surgi pourdéfendre les intérêts des États-Unis, ces

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médias étant devenus des appareilsidéologiques pour promouvoir la culturecapitaliste et néolibérale.

Ainsi, le chemin qu'a pris la RépubliqueBolivarienne du Venezuela vers sonindépendance économique et politique n'estpas bien vu par l'Empire yankee puisque c'estun exemple à suivre pour d'autres nationslatino-américaines qui pourraient revendiquerleur autodétermination et leur indépendance.

Si le Venezuela est agressé par les États-Unis,ces derniers, une fois n'est pas coutume,violeraient le droit à l'auto-détermination despeuples, les droits de l'homme et autres

conventions internationales établies par lesÉtats-Unis devant l'ONU. Une institution, quicomme l'avait indiqué le président Chavez,doit être refondée.

Nous devons nous souvenir que les intérêts del'opposition vénézuélienne est de permettreaux entreprises transnationales impérialistesde prendre de nouveau le pouvoir sur lesressources du pays et ce, pour les intérêts dequelques familles vivant au Venezuela et dansle monde.

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« Pour les USA, seuls les États qui servent leursintérêts sont des démocraties »

Lilia Solano est une militante colombienne des Droits de l’Homme reconnue. Elleest également membre du Frente Amplio por la Paz (Front Élargi pour la Paix), unacteur majeur dans les revendications de participation populaire en Colombie, dansun contexte de répression généralisée contre les hommes et femmes qui dénoncentle système en place. Dans cette interview accordée en exclusivité au Journal deNotre Amérique, elle décortique les vrais enjeux des pourparlers de paix en coursen Colombie, le rôle des médias dans la diabolisation de l'opposition ainsi que lacomplicité entre les Etats-Unis et le gouvernement colombien. Entretien réalisé par Alex AnfrunsAlex Anfruns : Actuellement, quelle estla situation en Colombie alors que desnégociations de paix sont en cours ?Quel processus historique a conduit à lasituation actuelle ? Lilia Solano : Je vous remercieinfiniment de m’avoir invitée à converseravec vous. Pour commencer, plaçons-nousdans une perspective historique puisque,en Colombie, ont lieu en ce moment desnégociations pour arriver à unrétablissement de la paix avec un desmouvements insurrectionnels, une desarmées de la guérilla, les FARC, et quenous vivons également une phasepréparatoire aux négociations avec laseconde armée de la guérilla, la plusimportante, l’Armée de LibérationNationale.

Ce n’est pas la première fois quel’on essaye de rétablir la paix par ledialogue et la négociation ; par le passé,nous avons connu d’autres tentatives pourtrouver un accord de paix négocié.Pensons au processus de paix de Belisarioparce c’est à cette occasion que naquitl’Union Patriotique. Il y avait l’intention,le désir, l’effort de faire en sorte quequiconque voudrait s’investir dans lapolitique pût le faire. Les FARC furent invitées à négocier,d’où le slogan : « Moins de balles et plusde politique ». Et un climat favorable futcréé et le pays en vint à croire que cettefois la paix était possible, qu’un chemin

négocié avait été trouvé et qu’il nousmènerait à une paix négociée et concertéeaprès des décennies de conflit armé.

Photo : Lilia Solano, Bruxelles mars 2015

Mais n’oublions pas que les causes quiconduisent à la naissance de groupesd’insurgés sont la conséquence d’unesituation qui perdure encore aujourd’hui :ce terrible fossé qui existe entre les richeset les pauvres, l’extrême concentration dela propriété foncière, l’absence d’unvéritable modèle juridique, le type demodèle économique... À cette époque-là,la situation était telle qu’il était impossibleque la résistance puisse s’exprimer defaçon pacifique et non par les armes. Et c’est alors qu’arrive ce processus depaix ; c’est le quatrième... et la réponse àcette signature des accords de paix est uneterrible politique criminelle de la part del’État. Et survient cette alliance que nous,Colombiens, avons si fortement dénoncée,

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cette alliance des militaires et desparamilitaires, des grands propriétairesfonciers, du patronat... et c’est ce qui acausé la mort d’au moins 5 000Colombiens qui avaient mis leurs espoirsdans ce parti politique qui s’appelaitl’Union Patriotique. Ce parti n’était pas seulement constituéde guérilleros qui avaient rejoint leprocessus de paix, mais il était aussicomposé de militants sociaux, de militantsdes organisations de défense des Droits del’Homme, de militants issus d’autres partispolitiques, attirés par cette possibiliténouvelle de participer au débat politique,et toutes ces personnes avaient rejointmassivement le mouvement. Des listespour les élections nationales, régionales,locales... avaient été établies... Il y avaittout un climat nouveau autour d’un rêvequi semblait devenir réalité.

Mais alors, pourquoi ces persécutionspolitiques, durant toutes ces dernièresdécennies, contre l’opposition, enColombie ? Tout cela a conduit à un génocide, à unetuerie indicible qui a créé une terribleblessure dans notre histoire nationale. Aucours de ces années-là, l’alliancecriminelle d’État, au sein de laquelle lesparamilitaires ont joué un grand rôle, anon seulement tué et exterminé toute cetteélite de dirigeants politiques, mais aégalement poursuivi sa besogne enassassinant des leaders sociaux, desanimateurs de quartiers, des instituteurs,des figures du monde culturel, dessyndicalistes, bref : tous ceux qui étaientdifférents, tous ceux qui étaient critiques,tous ceux qui exprimaient une divergence.Être différent était interdit. Et la seuleréponse à cette contestation c’était la mort.Alors nous avons commencé à mener untrès grand nombre de campagnes pourdénoncer cette situation. Mais il y a euégalement une criminalisation de l’espritcritique, de la pensée critique. Et les

persécutions envers l’opposition ontatteint un sommet. Ils en sont venus àconcrétiser cette idée qu’il fallait éliminertout opposant, toute personne différente,pas seulement ceux qui expriment undésaccord dans un débat, non, toutepersonne qui pense différemment. Parexemple apparaît l’idée que le pauvre, lui,est différent. On comprend alors qu’enColombie, au cours de notre Histoire, il ya eu ce qu’on appelle un « nettoyagesocial ». Nous devons surtout nous poser cettequestion : mais pourquoi se sont-ilsacharnés à détruire l’opposition politique ?La réponse est : parce qu’ils pensent qu’ilest moins coûteux d’assassiner que deprocéder à des changements structurels. Etaussi longtemps qu’il en sera ainsi, aussilongtemps que l’État garantira l’impunitépour tous ces crimes, cette histoirecriminelle n’aura pas de fin. Le plusterrible d’une soi-disant démocratie c’estqu’on l’appelle « démocratie »uniquement parce qu’on y pratique le jeuélectoral alors que l’opposition politique yest interdite, alors que penser autrementest considéré comme un crime, alors quela réponse à une pensée critique est lapeine de mort, la disparition forcée, latorture... Et, plus terrible que tout cela : lefait que cette situation soit le fruit d’unestratégie voulue et appliquée par l’État lui-même. Peux-tu nous expliquer comment leFront Élargi pour la Paix travaille pourimpliquer la société civile — les femmes,les organisations indigènes... — pourconstruire une alternative pour le pays,dans un contexte d’une telle gravité ?Effectivement, c’est l’histoire de ces 60dernières années. Mais en Colombie, noussubissons la guerre depuis le temps de laConquête par les Espagnols, depuisl’époque coloniale. Continuellement ontexisté des guerres contre les gens. Le faitmême que les personnes assassinées soientdes leaders sociaux, politiques, des figures

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populaires, des personnes impliquées dansla vie des quartiers... cela signifie que cene sont pas des assassinats aveugles ; ilssont très ciblés. Aujourd’hui, au cours dece processus de paix, nous avons décidéque nous refusions de revivre l’histoire del’Union Patriotique. Nous avons décidéque nous devions, nous, la société,entourer d’une barrière de protection ceprocessus de paix, le défendre commenotre propre bien. Et, bien entendu, nousavons décidé de mettre en œuvre toute unepédagogie susceptible d’expliquer ce quesignifie cette possibilité de parvenir à lapaix, chez nous, en Colombie.

Alors nous avons créé, à partir desmouvements sociaux, culturels,universitaires et des forces politiques,quelque chose que nous appelons « lasociété civile » et qui doit se faireentendre. Parce qu’au milieu de tout celac’est la voix du peuple qui est sacrifiée. Ilfaut savoir que l’État de Colombie collaitl’étiquette de terroristes sur tous ceux quise prononçaient pour la paix. Et après le11 Septembre, les guérillas furent misessur la liste des « organisationsterroristes ». Bien sûr, ce n’était qu’unstratagème pour faire en sorte que les gensqui résistaient, (aussi par les armes, maisc’est une résistance politique), perdentleur qualité d’opposants politiques etqu’ils soient catalogués comme terroristes.Et à nous qui, à partir de la société civile,nous exprimions les mêmes exigences deretour à la paix, qui remettions en questionle modèle économique, la propriétéfoncière... ils nous disaient : « Ah ! vousêtes les amis ou les soutiens de laguérilla ». C’est alors que nous avons faitun pas de plus en tant que peuple deColombie. Nous avons dit : « Organisons ce Frontpour la Paix ; unissons-nous ». Parce quepour combattre les programmesd’extermination du pouvoir il faut le faireau moyen de l’unité, au moyen de l’unionde tous ceux qui ont en commun un

nombre minimum d’accordsfondamentaux, tous ceux qui partagent cequi les définit : la lutte pour la justicesociale, la lutte pour les Droits del’Homme, pour la protection del’environnement, pour la défense et lesdroits des populations originaires... Nousnous sommes tous unis au sein du FrontÉlargi pour la Paix. Bien entendu, ils n’ontpas manqué de nous stigmatiser, de nouspersécuter... Un grand nombre de nosleaders sociaux sont en prison... EnColombie, il y a environ 9 000 prisonnierspolitiques dont personne ne parle parcequ’ils leur ont collé sur le dos l’étiquette« terroristes »... En Colombie, être rebelleest passible de sanction ; la contestationest criminalisée. Alors, dans les prisons deColombie, vous ne trouvez pas seulementdes guérilleros, vous y trouvez des leaderssociaux, politiques et beaucoup deresponsables paysans parce que lapaysannerie est une des principales forcesde la résistance, en Colombie. Ce Frontque nous avons construit à partir de lasociété civile a interpellé legouvernement : « Nous avons le droit dejouer un rôle ; nous avons le droit d’avoirune opinion ». Dans le Front nous sommesdonc en convergence sur des sujetscomme la mobilisation, la participationpolitique, le refus des programmes deprivatisation de la Santé, de l’Éducation,des services publics...

En Colombie, toute cettepersécution à l’encontre de l’oppositionpolitique existe aussi parce que le systèmea imposé un mot d’ordre final : il fautprivatiser l’Éducation et la Santé. Lebudget de l’État doit diminuer sans cesse...Et lorsque l’État se rétrécit de telle sorteque tout finit par appartenir à un petitnombre de personnes ou au grand capital,alors, la seule tâche que l’État se réserveencore c’est la fonction policière :persécuter le citoyen, le mettre en prison,le torturer... Alors nous avons dit : « Çasuffit ! Désormais, nous aurons la parole ;

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nous allons vous interpeller » et c’est ceque nous avons fait. Bien entendu, c’est l’histoire encoreactuelle de ce nous avons vécu dans unpassé tout proche. L’histoire de cet océande sang qui nous a totalement recouverts,versé par les mains de l’État lui-même.Mais nous avons l’espoir et nous avons laforce morale pour dire : « Ceci n’est pas lafin de l’Histoire. L’Histoire, nous voulonsla réécrire ». Et nous voulons aussi unesociété qui puisse être plurielle, quiinterdise que soient légitimes l’assassinat,la torture. Une société qui rende légitimede penser autrement parce qu’un mondeoù cela serait impossible serait trèsdangereux. Ce qui est arrivé en Colombiedoit être un appel adressé au monde entier.Il faut dire au monde que nous avons dûdonner nos vies pour qu’une telle situationne se généralise pas. Lorsque l’uniformitéest garantie, lorsque le Pouvoir impose unordre d’État, alors est justifié et légitimél’assassinat de quiconque n’est pasd’accord avec cet ordre-là, de quiconquene se soumet pas au consumérisme, auproductivisme, au pouvoir politique enplace, au pouvoir économique et militaireen place. C’est cela que le monde doitretenir avec le plus grand soin. Et le faitque la Colombie trouve une solution à sonconflit constitue un pas en avant immense,non seulement pour les pays voisins, maispour le bien commun de l’Humanité.

Pourrais-tu nous expliquer quel est lerôle des médias dans ce processus dediffamation ou de criminalisation desmouvements sociaux, et celui du mondeacadémique ? Par exemple, dans le casdu professeur Miguel Angel Beltran, quia été accusé à plusieurs reprises par legouvernement en raison de son travailpédagogique... Bien sûr, le rôle des médias estfondamental. Les médias de masse sontutilisés en permanence en Colombie etailleurs dans le monde. Les propriétaires

des médias de masse sont les mêmesgrands groupes d'entreprises économiques.Et en Colombie ce sont ces groupesd'entreprises économiques qui élisentégalement le président de la République,le Sénat et les Chambres des députés... cequi signifie que le pouvoir législatif aussiest élu par ces grands pouvoirséconomiques. Si, en plus d'avoir lepouvoir du gouvernement national etrégional, ils ont les médias, alors ils ont lacapacité de produire en permanence ceque l'on appelle l'opinion publique. Et c'estune idéologie qui est au service d'unsystème hégémonique, qui communiqueau citadin quelle est la vérité. Parexemple, les médias présentent tous ceuxqui sont insoumis au système comme s'ilsétaient des monstres : "Attention, cemonsieur est très dangereux, lui dit qu'ilest académique mais en réalité c'est unterroriste". Ainsi, les médias sont en train deconstruire une "vérité", qui en réalité n'estpas autre que la capacité de justifiermoralement la persécution. Alors, enmême temps qu'ils construisent le"monstre", ils construisent la justificationdu pourquoi ils doivent écraser cemonstre. C'est ce que font en permanenceles médias en Colombie avec lesinsurrections, avec ces leaders sociaux etpolitiques et avec tout ce qui peutsignifier un changement dans la structure,cette structure qui profite au 10% qui ontle contrôle des richesses, des revenus...donc pour quelles raisons feraient-ils fairedes changements ? C'est meilleur marchéde mettre des balles plutôt que de faire deschangements de structures. Les médias ontcet énorme pouvoir de mobiliser uneopinion et de créer des peurs collectives,ou de créer des "sauveurs collectifs".Quand ils ne créent pas de monstres, ilscréent un sauveur. C'est ce qu'ils font avecl'image du marché, par exemple:"l'investissement international va nousdonner la garantie de la paix, celle de la

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justice..." Quand naissent et se développement lesmédias alternatifs, les médias de masse lesstigmatisent rapidement pour que leurvoix perdent de la force, au moyen d'undiscours: "ils sont au service de laguérilla".Les médias créent une versionofficielle de la réalité. Et la tâche de créerune vision officieuse de cette réalité, ouune version depuis les peuples, depuis lesorganisations, est une tâche terriblementdifficile, car les premiers racontent avectous leurs moyens, et les autres le font paren- dessous. Mais nous avons de la chance: ceux d'endessous, nous sommes plus ! Nous devonsnous rassembler et nous trouver une force.Internet a démocratisé cette capacitéd'informer. Mais dans nos pays, encorebeaucoup de gens n'ont pas d'accès àinternet. Se crée alors une classe qui aaccès à tout, y compris l'information, etune autre qui ne l'a pas. Il faut penser à cesluttes et les élargir. Mais en Colombie,nous considérons les médias comme unpouvoir à part entière. Et dans des époquesdifficiles, ils créent une information, quiest comme un rideau de fumée, et ilscachent l'information terrible, ils décidentcelle qui passera en première et celle quisera mise au second plan. Les journauxsont pleins de football, de mannequins deHollywood, et les informations politiquesou qui portent un intérêt national, ilsdécident généralement quand et commentils vont les présenter. C'est un pouvoirénorme et c'est pour cela que les médiasqui sont au service des oligarchies ontconstruit un discours contre lesgouvernements des pays latino-américainsqui ont fait des transformations et deschangements à tendance sociale. Ils le fonten dirigeant médiatiquement l'opposition,exactement comme ce qui se passe auVenezuela. C'est pour cela que Chavez futle premier à dire qu'il fallait démocratiserles médias, et ces appareils idéologiquesne peuvent pas être des antennes qui

répètent sans cesse le discours officiel.

Quelle est ton analyse sur le rôle desÉtats-Unis historiquement en Colombie, etaussi les défis immédiats qui s'envisagent àtravers la présence de bases militaires enColombie, et l'annonce de soldats états-uniens au Pérou, avec le prétexte de la luttecontre le trafic de drogues... Quel est le rôledes États-Unis, dans la région, et commentsa responsabilité peut-elle se refléter dansle conflit avec une commission de lavérité ? Les États-Unis ont traditionnellement vul'Amérique Latine comme eux l'appellent,son "arrière-cour". Depuis les accords deSanta Fe, ils ont construit leur politiqueétrangère vers l'Amérique Latine avec unpoint de vue et une stratégie militaire.Depuis les années 60, les États-Unis ontdonné une recommandation – et quand lesÉtats-Unis donnent des recommandationsau gouvernement colombien, ce sont desordres-, il faut que les civils s'arment dansles champs pour contrôler la sécurité.Dans les années 60, ils avaient déjà cettestratégie qu'ils appelaient la "doctrine desécurité nationale", qui se convertitensuite en une doctrine de sécuritéinternationale. Elle se traduit par le faitque les États-Unis pouvaient livrer lesguerres pour lesquelles ils avaient unintérêt, et obtenir un contrôle énorme surcelles-ci. Alors en Colombie, par exemple,ils continuent de livrer une lutte toujoursanti-communiste, une lutte anti-terroriste,une lutte contre la drogue... et avec cela ilsont une capacité énorme de contrôle surles espaces aériens. En Colombie, il y a la deuxième plusgrande Ambassade des États-Unis qu'il y adans le monde. La première est en Irak.

Une fois j'ai posé la question : pourquoicette Ambassade est-elle si grande ? Ilsm'ont dit "parce qu'il y beaucoup d'intérêtsici en Colombie". Beaucoup d'intérêts celaveut dire, nous le savons déjà: destransnationales, des méga-projets... mais il

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y a aussi des intérêts géostratégiques. LesÉtats-Unis compte maintenant enAmérique Latine surtout sur la Colombie.Aussi, dans une moindre mesure, sur leMexique, le Pérou... mais en général ilscroient que le gouvernement colombienest un gouvernement ami. Ces intérêts sereflètent sur tous les aspects nord-américains. Il y a aussi des bases dansd'autres endroits d'Amérique Latine, maisla Colombie contribue à tout point de vueau programme que Washington lui dicte. Ily a eu une visite en Colombie du présidentClinton qui a duré 8 heures. La premièrepartie de son discours été: "nousvoudrions rappeler au gouvernementcolombien qu'il a des accords qu'il apassés avec le FMI, la BanqueMondiale..." C'est très intéressant que lavisite ait commencé en rappelant augouvernement de la Colombie quelquesaccords qu'il devait respecter. En termes de conflit en Colombie, lesÉtats-Unis ont accompli un rôlefondamental, parce qu'ils ont signalé cetteinsurrection, tant l'ALN (Armée deLibération Nationale) que les FARC(Forces Armées Révolutionnaires deColombie) ou certains groupes terroristes.Et cela justifie leur droit de développerune stratégie "anti-terroriste", car on ne lesconsidère pas comme "rebelles", maisplutôt comme "terroristes". En Europeaussi, après le 11 septembre, la politiquenord-américaine a continué comme si elleétait seule, surtout avec la "lutte anti-terroriste". Nous autres en Colombie noussommes en train d'exiger, dans leprocessus de paix, que les noms des deuxgroupes guérilleros soient retirés de ceslistes terroristes. Mais en plus de cela, lesÉtats-Unis développent une politique decontrôle de leurs intérêts, qui ne passe passeulement par les traités de libre-échange,

mais qui passe fondamentalement par lastratégie politique. Ainsi, ils considèrentcomme "démocratie" ceux qui serventleurs intérêts. Quand Salvador Allende futélu démocratiquement, mais qu'il décidade ne pas servir les intérêts nord-américains, alors ils ont considéré que cen'était pas une démocratie. Parconséquent, ils facilitèrent le coup d'état etsoutinrent la dictature. Reagan et Thatcheradmirent qu'il s'agissait de défendrel'intérêt d'un modèle économique, qui leurpermettrait de contrôler la région passeulement économiquement mais aussipolitiquement et militairement. Cetteconfluence d'intérêts se produit. Ensuite, par exemple, ils n'aiment pasles démocraties comme celle de Chavez etmaintenant celle de Maduro, donc ilscommencent à créer une justification parune intervention militaire, avec le prétexte"qu'il y a des excès", "qu'il n'y a pas dedémocratie", "la population est en train desouffrir"... un manuel qu'ils ont réussi àinventer pour que finalement on justifiel'intervention, "parce que c'est le chaos etqu'il faut rétablir la démocratie". Il s'agitd'un danger énorme pour toute la région. Une région qui est en train de changer:la Bolivie a changé, tout commel’Equateur, le Venezuela, l'Uruguay, leBrésil... alors, que va-t-il se passer ? Il vaarriver un moment où la pression sera siforte que les États-Unis vont perdre lecontrôle. Pour l'instant ils sont en train deprovoquer des guerres dans d'autresrégions, dans le monde arabe, mais à uncertain moment ils vont retourner leurregard sur leur "arrière-cour", et alors,nous les peuples, on devra être unis pourpouvoir se défendre. On devra éviter quece qu'ils ont fait en Colombie se répètedans la région.

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Paramilitaires, État et élites en Colombie : Le mariage éternel

En 1982, grâce à l’œuvre littéraire de GarcíaMárquez, le monde entier prend connaissance del’assassinat des dirigeants syndicaux en grèvecontre la multinationale United Fruit Companydans la région d'Urabá par l'armée nationalecolombienne. A l’occasion de ces exactions, l'État colombienva démontrer ce que sera sa politique: la défensede l'investissement et des exploitations par lesgrandes entreprises étrangères, au détriment dela garantie des droits de l’homme, des droits despersonnes et de celui des populations locales.

Désormais, les entreprises comme Nestlé, ouCoca Cola, Chiquita Brands (United FruitCompany), le plus grand opérateur de charbondans le pays Drummond, Monsanto, anglogoldAshanti de l'Afrique du Sud, la BritishPetroleum Company, Repsol YPF, UnionFenosa, Endesa, Canal Isabel II, Aguas deBarcelona ou encore Telefónica, entre autres,bénéficient d'une forte protection juridique,politique et militaire de la part de l’Etat. Malgréles meurtres, l'accaparement des terres et lesdéplacements de populations forcés, lesdisparitions et toutes sortes de crimes contre lapopulation civile, l’état d’impunité est presquetotal.

En conséquence, tant en Colombie et qu'enAmérique latine, émergent des formationsparamilitaires en réponse à l'augmentation desgroupes rebelles qui s’opposent à laconcentration des richesses dans les mains dequelques uns, en réponse également à laconfiscation des terres et à l’assassinat de ceuxqui s’organisent au sein de mouvements pour lechangement social.

Ces groupes paramilitaires, dont ledéveloppement s’effectue dans les années 80, seprésentent principalement comme une miliceprivée paramilitaire dédiée à la défense des

terres détenues par les grands propriétairesterriens et les grandes multinationales dans lepays. Avec la dynamique de la guerre enColombie, qui dure maintenant depuis plus de50 ans, ces mouvements commencent à montrerleur efficacité mortifère.

Une «externalisation»:Paramilitarisme et Etat faible

De manière progressive, ceux qui avaientcommencé en tant que groupes locaux etescadrons de la mort, selon le modèleparamilitaire proposé par Stathis Kalyvas,deviennent de grandes milices armées etparamilitaires. L’action de ces groupes vise àmettre en place un état parallèle qui puissecoexister avec l'État dans une connivence tacite.Cette stratégie va leur permettre de s'emparerd’une partie du pouvoir, en plaçant leurs alliésrégionaux à des postes d’élus comme maires etgouverneurs.

Ainsi, cette stratégie a permis à l'oligarchiecolombienne et aux élites régionales demaximiser leurs profits sur le terrain. Des profitset des intérêts qui consistent, avant tout, à mettreles grandes multinationales bien à l'abri detoutes protestations et de potentielles luttessociales qui pourraient mettre en question leursréseaux.

La faiblesse de la réglementation de l'État aabouti au monopole de la violence, au senswébérien du terme, par ces groupesparamilitaires, créant ainsi «de facto» et même« de jure » une externalisation ou privatisationde la violence. Dans la plupart des cas, l’Etat aencouragé et maintenu leur existence face à ceuxqui détiennent le pouvoir de l'Etat, alors quedans d'autres cas, il a permis à la complicitéinternationale d'exterminer toute tentative derévolte par des mouvements sociaux.

Depuis le début du XXe siècle, l'histoire de la Colombie a été ensanglantéepar un conflit civil meurtrier, principalement dans les régions oùl'extraction des ressources par les multinationales et les grandes entreprisesnationales sont en œuvre. Par Héctor Leon Hernandez

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L’oligarchie multinationale et nationaledes paramilitaires : bénéficiaire direct

Les anciens chefs des Forces de Défense deColombie (paramilitaires démobilisés), ontavoué au Bureau du procureur général avoir reçudes fonds de sociétés bananières multinationalesaméricaines opérant dans la région d'Urabá(nord-ouest). En mars 2007, la multinationale américaineChiquita Brands a accepté une amende desÉtats-Unis pour avoir effectué des paiementsaux paramilitaires. Ces déclarations ont étéfaites en vertu de la Loi « justice et paix ». Et defait, depuis 2005, ces anciens chefs ontdémobilisé seulement une partie de ces groupeshors la loi. Ce processus de paix avec lesparamilitaires qui pourtant est resté sans succès,a au moins contribué à faire éclater quelquesparcelles de vérité et à démasquer desgouvernements passés et récents. Dernièrement,ces chefs paramilitaires ont même révélé avoircollaboré avec l'actuel président Juan ManuelSantos et l'ancien vice-président FranciscoSantos (son cousin), ce que ces derniers ontévidemment démenti.Ce n'est pas un hasard si les domaines deressources comme l'extraction de pétrole, del'énergie et des minéraux sont militarisés. Il y apar exemple, le cas d'Arauca, dans l'est du pays,où des actions paramilitaires, des opérations degarde de la multinationale contre lesprotestations constantes des agriculteurs, desautochtones et des syndicats sont monnaiecourante pour ces populations.Comme le suggère le conflictologue Kalyvas, del’Université de Yale, le fait que les paramilitairesapparaissent comme une structure purementdéfensive, n'empêche pas que dans un «état deguerre» ces groupes créent les conditionsfavorables d’un point de vue politique etéconomique, pour renforcer cette situation dedésordre et de troubles.

Les mouvements sociaux et leprocessus de paix en cours

Malgré les efforts de cet Etat colombien entransition, dans lequel ont pourtant été créés desrèglements et des entités publiques pourindemniser les victimes du conflit et restituer les

terres spoliées, certaines branches de ces forcesde sécurité persistent à entraver tout effortinstitutionnel. Les tentatives visant à réformer lepays à travers un véritable tournant politique etsocial restent donc, lettre morte. Malgré aussi, l’établissement d’un Bureau desnégociations, à La Havane en septembre 2012,entre le gouvernement national et les FARC, desproblèmes persistent pour entériner la fin du« post-accord » politique en Colombie : à savoir,les revendications de l'élite créole pour leprocessus de paix. Un accord pour mettre fin auconflit armé permettrait aux élitesmultinationales et régionales d'exploiter lesforêts qui abritent actuellement beaucoup demembres de l'insurrection. Si ces structuresétaient démobilisées, on pourrait offrir plus deterritoires, riches en ressources naturelles auxpopulations locales. Un autre problème duBureau de La Havane est que le phénomèneparamilitaire ne se pose pas comme « LE »grand problème national. En outre, il y a latendance à centraliser le «post-conflit» commeun combat uniquement contre les guérilleros etnon pas avec les paramilitaires, même au seindes forces de sécurité. Ces derniers ont mis enplace des structures très organisées pour exercerleur pouvoir en dehors même de la chaîne decommandement officielle de l'armée, déclareKalyvas dans «La puissance paramilitaire,Paramilitarisme : Une perspective théorique», Dans ce grand mouvement de «consolidationde la paix », 55 défenseurs des droits humainsont été tués et 488 ont reçu des menaces demort, l'année dernière, selon le portail VerdadAbierta. Selon Héctor González Cubillos TolimaBranch, président de l'Union nationale desprofessionnels de la sécurité, les syndicats enColombie sont devenus des syndicats de droite,défendant plus le patron que les travailleurs.Plus de 170 meurtres de leaders syndicaux onteu lieu ces dernières années et plus de 90% decas ont été laissés libres en toute impunité, selonla Confédération générale des travailleurs CGT.Aussi, quand ils parlent de consolidation de lapaix, de quelle paix parlent-ils ? De surcroît, les grands médias du pays ontaussi été responsables de la perpétuation de lastigmatisation des mouvements sociaux,paysans, indigènes, étudiants et travailleurs, àtravers des articles et des émissions, disant qu'ilssont liés à l'insurrection. Ainsi, les grands

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médias officiels répètent constamment au peuplecolombien la chose suivante : il faut se méfier deceux qui travaillent pour le changement social etla lutte politique. Il semble en fait, que ces médias justifientl'existence de ces groupes paramilitaires pour

créer dans les consciences collectives, uneculture du Paramilitarisme, comme en témoignele succès des politiques et des pratiques de l’ex-président Álvaro Uribe Vélez, encoreaujourd’hui ancrées dans la réalité denombreuses régions du pays. Traduction : Brigitte CASSIGNEUL

BREVES Forte opposition aux possibles

accords euro-latino-américains sur legaz de schiste

De nombreux mouvements sociaux, organisationscitoyennes, mouvements indigènes ont exprimé leurgrande préoccupation concernant les possiblesaccords de coopération entre certains pays européenset latino-américains pour l'exploitation du gaz deschiste. Les opposants ont rappelé les conséquencesdésastreuses que ces pratiques pourraient entraînerpour l'environnement. Les pays latino-américainsconcernés sont le Chili, la Colombie, le Brésil, laBolivie et le Paraguay.

Le Parti Communiste Vénézuélienpropose une journée mondiale en

soutien au Venezuela

Suite au décret présidentiel émis par Barack Obamaconsidérant le Venezuela comme une «menace» pourles Etats-Unis, le ¨Parti Communiste Vénézuélien aappelé à une journée de mobilisation mondiale ensoutien au gouvernement bolivarien, le 19 avrilprochain. «Nous lançons cet appel pour que, dans lesdifférentes capitales du monde, l'ensemble desassociations développent des activités de masse pourenvoyer un message à l'impérialisme nord-américainet européen et que le peuple vénézuélien sente qu'iln'est pas seul dans le monde. Nous voulons que lesforces internationales de la paix et du progrès soientsolidaires avec le processus vénézuélien et qu’ellessoutiennent la légitimité du gouvernementvénézuélien» a indiqué le Carlos Aquino, membre dubureau politique du PCV.

Cuba dénonce la présence terroriste auPanama

Lors du sommet des peuples qui se tient au Panamadu 8 au 11 avril 2015, Cuba a dénoncé la présencedu terroriste Felix Rodriguez Mendiguita accuséd'être impliqué dans l'assassinat d'Ernesto CheGuevara en Bolivie. Le pays a également dénoncé laprésence de mercenaires d'extrême droite amis d'uncertain Luis Posada Carriles, un autre terroristeimpliqué, lui, dans l'explosion d'un avion civil cubainle 6 octobre 1976 qui fit 76 morts. En signe deprotestation, Cuba a décidé de se retirer du sommetdes peuples qui se déroule en parallèle au sommetdes Amériques. La délégation vénézuélienne aégalement décidé de se retirer en signe de solidaritéavec Cuba.

A gauche sur la photo, Félix Rodriguez Mendigutia,l'assassin du Che, expose fièrement la photo de la

détention du Che en Bolivie.

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Les MEDIAMENSONGES du mois*****************************************

Ce que cache la popularité d’Obama à CubaLe 8 avril 2015, l’AFP informe qu’un sondage « secret » mené à Cuba révèlel’énorme popularité de Barack Obama sur l’île (80% d’opinions favorables). Leschiffres sont comparés à l’opinion très partagée des Cubains vis-à-vis de leurPrésident, Raul Castro (47%). La lecture de l’enquête devrait ainsi être unanime :Cuba est une dictature dont le peuple veut se sortir le plus rapidement possible !Mais faut-il croire ce sondage ? Réponse en trois étapes : Qui a fait le sondage ?Comment a-t-il été réalisé ? Quels sont les résultats mis en exergue ?

Par Emmanuel Wathelet

Qui a fait le sondage ?Le sondage a été réalisé par Bendixen et AmandiInternational, une entreprise privée étatsuniennebasée à Miami. La question essentielle est lasuivante : une telle entreprise peut-elle réaliserune enquête neutre et fiable ?

En réalité, Bendixen et Amandi Inernational estune entreprise de communication et deconsultance1 dont l’objectif est de fournir des« solutions » à des « clients »2, certainement pasde produire une vérité sociologique. Dans le casdu sondage cubain, les « clients » sont UnivisionNoticias, un gigantesque réseau médiatiquehispanophone aux USA et le quotidien renomméThe Washington Post. Ce sont eux qui ont commandé le sondage. Pourautant, qui peut expliquer pourquoi des médiasd’une telle importance n’ont pas fait cettedemande à un laboratoire de rechercheuniversitaire, dont l’objectivité est assurée parun ensemble de procédures complexes quigarantissent notamment l’indépendance entre lesujet d’une recherche, les chercheurs et le commanditaire ?3

1 Et non pas un « institut de recherche » comme la présente The Washington Post ici : http://www.washingtonpost.com/world/the_americas/poll-shows-vast-majority-of-cubans-welcome-closer-ties-with-us/2015/04/08/6285bfe4-d8c3-11e4-bf0b-f648b95a6488_story.html 2 Voir la section « about us » sur leur site Internet : http://bendixenandamandi.com/about 3 Le CIS (Centro de Investigaciones Sociologicas, Mexico) présenté comme « partenaire scientifique » pour ce sondage n’est non plus lié à aucune université. Il s’agit aussi d’une entreprise privée qui répond à des commandesextérieures.

Cela aurait été bien utile car les conflitsd’intérêts sont ici évidents. La liste des clientsde Bendixen et Amandi International parled’elle-même : la Banque mondiale en fait partie, différentes multinationales comme Coca-Cola,mais aussi l’Open Society Institute de GeorgeSoros et…le candidat présidentiel BarackObama ! Le même qui sera plébiscité par cetteenquête-ci quelques années plus tard ! Bendixenet Amandi International sait plaire à sesclients… On peut aussi se demander quelle est la« solution » que devait apporter l’entreprise àtravers cette enquête. Certes, au vu des résultatspubliés et largement diffusés par tous les médiasoccidentaux, l’image du Président américainressort largement valorisée tandis que celle dudirigeant cubain est écorchée. Ce n’est pas lapremière fois non plus que de telles enquêtesd’opinion sont utilisées pour déstabiliser unPrésident latino. On pense par exemple ausondage de ce début d’année annonçant une cotede popularité au plus bas pour le Présidentvénézuélien Maduro. Réalisé par l’entrepriseprivée Datanalisis (dirigée par un anciendirecteur de banque), il avait été relayé parGlobovision, le média privé violemment anti-chaviste4. Ce sondage précédait de quelquessemaines l’allocution de Barack Obama danslaquelle il désignait le Venezuela comme une« menace extraordinaire et inhabituelle pour lasécurité nationale5 » - avant de procéder àdifférentes sanctions économiques.

4 http://www.acrimed.org/article3196.html5 http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast/120315/le-venezuela-extraordinaire-menace-pour-les-etats-unis

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Dans le cas du sondage cubain, il y aégalement une dimension temporelle importante.L’enquête sort quelques jours avant le sommet« historique » de samedi passé où BarackObama et Raul Castro devaient se rencontrer6.Or, les résultats du sondage sont parfaitementtaillés pour influer sur le cours des négociations.D’autre part, est-ce qu’une enquête réalisée parune entreprise privée d’un des deux négociateursdans le pays de l’autre et à son insu, laquelleconclut à l’incroyable popularité du premier, estvraiment le meilleur moyen d’entrer sainementdans des négociations « historiques » ?

Cependant, si la « solution » apportée parBendixen et Amandi est pour partie uneconstruction positive de « l’image » d’Obama,l’enquête sait aussi se faire factuelle. On y litnotamment une question qui ressemble plus àune étude de marché qu’à une enquêted’opinion : « Considérant l’expansion desrelations commerciales, quels produits ouservices américains voudriez-vous le plustrouver à Cuba ? »7 Voilà qui a le mérite d’êtreclair - car l’éventuelle fin de l’embargoétatsunien signifie aussi l’ouverture d’unnouveau marché que le plus important acteurcapitaliste au monde ne peut pas négliger.

Comment le sondage a-t-il été fait ?

S’il y a lieu de douter des intentions deBendixen et Amandi International lorsquel’entreprise effectue ce sondage, il n’en reste pasmoins que le plus efficace est encore de jugerdirectement sur pièce la méthodologie derecherche employée. On sait que les qualitésessentielles d’une bonne recherche scientifiquesont sa transparence et sa complétude. En effet,non seulement le lecteur doit pouvoircomprendre toutes les étapes de la recherchemais, en plus, il doit disposer de toutes lesinformations nécessaires pour pouvoir en jaugerla validité. Est-ce le cas ici ?

Trois documents concernant le sondage sont àdisposition du visiteur sur le site de l’entreprise :

6 http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150412.OBS6983/rencontre-obama-castro-que-ce-sont-ils-dit.html 7 Voir la question 53 : http://bendixenandamandi.com/wp-content/uploads/2015/04/Cuba_Final_Toplines.pdf

le premier consiste en une présentation de lasynthèse des résultats de l’enquête, le second estun document succinct présentant laméthodologie et le troisième est le questionnaireadressé aux répondants avec les réponsescondensées en pourcentage. Malheureusement,les données mises à disposition sont nonseulement incomplètes mais elles sont aussifloues sur des aspects fondamentaux. D’abord, ilmanque un élément essentiel : à quelle questionle sondage devait-il répondre ?

Le titre « Enquête nationale sur les Cubainsvivant à Cuba » ne donne aucune information.Or, sans connaître la question de recherche,comment comprendre les questions posées ? Parexemple, quel est le lien entre la perceptiond’Obama par les Cubains et les produitsaméricains que ces derniers voudraient voirarriver sur le marché de leur pays ? Comments’assurer de la cohérence de ces questions ? Pire,comment être sûr qu’elles ne visent pas unobjectif particulier et partisan ?

Certains éléments sont même contradictoires :par exemple, Bendixen et Amandi Internationalexpliquent dans leur méthodologie que l’enquêtetéléphonique a été rejetée au profit de rencontresen face-à-face (en dépit des difficultés que celasupposait) car seulement 15% des Cubainsauraient le téléphone8. Pourtant, à la question desavoir s’ils ont le téléphone, les répondantsrépondent « oui » pour 60% d’entre eux9. Si lesrépondants disent la vérité, c’est quel’échantillon des Cubains rencontrés n’est pasreprésentatif de l’ensemble de la populationcubaine et de facto met en péril la scientificitéde l’enquête. S’ils mentent en ces proportions,comment s’assurer qu’ils ne mentiront pas auxautres questions ? L’exemple des téléphonesn’est pas anodin car il est plus facile de « fairedire » à quelqu’un ce qu’on veut entendre dansune rencontre en face-à-face que par téléphoneet d’en éliminer ensuite les preuves. D’ailleurs,on ne sait pas si les rencontres ont étéenregistrées ou si seuls les formulaires

8 Voir la note méthodologique : http://bendixenandamandi.com/wp-content/uploads/2015/04/Final_Methodology_for_Poll_of_Cubans_Living_in_Cuba.pdf 9 Voir les questions 63 et 64 : http://bendixenandamandi.com/wp-content/uploads/2015/04/Cuba_Final_Toplines.pdf

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complétés constituent les données finalementtraitées.

Poursuivons malgré tout en considérant quel’entreprise de consultance est de bonne foi(après tout, ils auraient pu cacher l’informationconcernant les téléphones !). La méthodologieindique un échantillon de 1200 ménagesrencontrés en 10 jours et détaille un processus derencontres aléatoires au porte-à-porte (appelé« grille Kish »). Ainsi, des sondeurs mandatéspar Bendixen et Amandi International ontparcouru l’ensemble de l’île de Cuba, à larecherche de 1200 ménages d’accord pourrépondre à des questions parfois embarrassantessur la perception qu’ils ont de la réalité de leurpays. Une telle manœuvre est-elle possible « ensecret », sans jamais éveiller les soupçons desautorités10 et tout en se disant que, toujoursd’après l’enquête, un Cubain sur deux demeurefavorable à Castro ? Il eût pourtant fallu d’uneseule personne seulement pour les dénoncer etmettre en péril toute l’enquête !

Admettons cependant une telle démarche endépit de sa haute improbabilité et essayons decompléter les informations manquantes dans laméthodologie fournie par l’entreprise deconsultance : comment les sondeurs se sont-ilsprésentés auprès des répondants ? Ont-ils précisél’identité et la nature du commanditaire dusondage ? Ont-ils précisé la question derecherche – manquante – à laquelle l’enquêtedevait répondre ? S’ils se sont effectivementprésentés complètement et honnêtement,combien de refus auront été essuyés ?11 Cettequestion est d’autant plus fondamentale que lesrépondants auraient, pour 75% d’entre eux,affirmé « ne pas pouvoir s’exprimer librement »

10 Qui plus est sachant qu’une enquête « test » aurait été réalisée plus tôt. Voir la méthodologie : http://bendixenandamandi.com/wp-content/uploads/2015/04/Final_Methodology_for_Poll_of_Cubans_Living_in_Cuba.pdf11 The Washington Post évoque le chiffre de 61% de refus, voir ici : http://www.washingtonpost.com/world/the_americas/surveying-cubans-under-the-castro-government/2015/04/08/c42ff560-da4a-11e4-8103-fa84725dbf9d_story.html Comment s’assurer que ces ménages qui ont refusé ne dénonceront pas les sondeurs ? Comment s’assurer, également, que les 39% restants sont représentatifs de l’ensemble de la population ?

et devoir « être prudents » sur ce qu’ils disent12.Apparemment, ça ne les a pas empêchés des’ouvrir complètement à de parfaits inconnus…Et si les sondeurs ne se sont pas présentéscomplètement, qu’ont-ils dit ? Ont-ils menti ?S’ils ont travesti la vérité sur ce point, commentfaire confiance aux autres données récoltées ? Ilsemble que toutes ces questions auraient méritédes réponses détaillées dans la méthodologiefournie par les consultants. À ce stade, c’est tout simplement la réalité dusondage qui est mise en question. Mais de lamême façon qu’il était impossible pour lesIrakiens de « prouver » l’absence d’armes dedestruction massive sur leur sol (commentdonner la preuve que quelque chose n’existepas ?), il est impossible de « prouver » que lesondage est une invention13. Poussons dès lorsl’exercice jusqu’au bout en analysant lesquestions elles-mêmes, lesquelles font aussipartie de la « solution » apportée au « client »,que le sondage ait existé ou non puisque lesrésultats, eux, sont présentés comme bien réelset agissent par conséquent comme s’ils l’étaient.

Quels sont les résultats?

L’enquête aborde essentiellement des questionséconomiques et politiques. Le problème le plusimportant tient au fait que la synthèse présenteles questions comme ouvertes – c’est-à-dire enlaissant la liberté de la réponse – alors que lequestionnaire les présente comme fermées (lerépondant doit alors choisir parmi plusieursréponses). Or, cette différence mène àd’importantes contradictions : par exemple,aucun des verbatim14 (pourtant tous très critiquesenvers le système économique) repris dans lasynthèse n’évoque l’embargo…alors que 96%des gens, selon le sondage lui-même,souhaiteraient la fin de celui-ci !

12Voir la question 31 : http://bendixenandamandi.com/wp-content/uploads/2015/04/Cuba_Final_Toplines.pdf

13 Les hypothèses suivantes sont plausibles : l’échantillona été beaucoup plus petit que 1200 ménages ; le sondage apu être réalisé de façon non aléatoire ou auprès de Cubains expatriés ; certains résultats ont pu être réarrangés ; le sondage a aussi pu être inventé de toute pièce.14 Un verbatim est un extrait d’entretien transcrit mot pour mot.

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Ainsi, l’économie cubaine apparaît commedésastreuse dans son principe, sans que ne soitétabli de lien avec l’embargo dans les faits.Cette ellipse est très pratique car elle permetensuite de présenter le capitalisme états-uniensous un jour extrêmement favorable : lesCubains reçoivent de l’argent de leurs parentsexilés aux USA, ils veulent que des produitsaméricains soient disponibles sur leur sol et ont,dans leur grande majorité, une âmed’entrepreneurs. Ce faisant, l’enquête passe très vite sur lesdimensions du régime cubain plébiscitées par lapopulation : les soins de santé recueillent 68%d’opinions favorables et l’enseignement 72%mais ces chiffres ne seront pas détaillés ! Lesquestions portent plutôt sur la politique. Lesgroupes d’opposition (sans que des exemplesprécis ne soient donnés) sont considéréspositivement. Le « manque de liberté » estévoqué tout au long de l’enquête mais, là nonplus, il n’y a pas d’exemples précis et,finalement, Barack Obama recueille 80%d’opinions favorables. À ce propos – et tout eninsistant sur la probabilité que ces chiffres soientcréés de toute pièce, faut-il s’étonner de lapopularité du premier Président des USA quiouvrirait la voie du dialogue depuis 53 ans15, quiplus est dans une situation économique difficiledont la responsabilité essentielle doit êtreimputée à la fonction de cette même personne ?Quant au « manque » de popularité de RaulCastro (47% d’opinions favorables), qu’enpenserait François Hollande qui rechute16 à 30%d’opinions favorables en février 2015, malgré« l’effet Charlie »17 ?

Conclusions Au terme de l’analyse du sondage réalisé parBendixen et Amandi International, on peutémettre quelques hypothèses vraisemblables surla « solution » qu’apporte l’entreprise deconsultance à ses clients étatsuniens. De manièregénérale, cette enquête (partiellement vraie oucomplètement fausse) est un élément qui

15 Les USA mettaient en place l’embargo sur Cuba en février 1962.16 Il avait atteint 18% d’opinions favorables !17 http://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/0204146193628-popularite-apres-leffet-charlie-rechute-brutale-pour-hollande-et-valls-1091613.php

participe à un mouvement global depositionnement des USA face aux futuresnégociations avec Cuba. Il s’agit d’abord, d’un point de vueéconomique, de présenter le peuple cubaincomme lassé du système communiste et désireuxd’entrer de plein pied dans le capitalisme cheraux USA. Ainsi, ce sont les valeurs de laconsommation et de l’entrepreneuriat individuelqui sont mises en exergue. De ce point de vue,les USA se posent également comme unpartenaire économique potentiellementprivilégié avec une série de produits qu’ilspourraient exporter sur l’île. Il s’agit ensuite demontrer combien les Cubains sont favorablesaux pays traditionnellement considérés comme« ennemis » par le gouvernement des USA(Venezuela, Bolivie, Russie, etc.18) tout eninsistant sur une perception positive des groupesd’opposition, ce qui peut légitimement fairecraindre un scénario de financement et deformation de ces derniers par les USA commerécemment en Ukraine, au Venezuela ou àHong-Kong19. Fruit d’un travail d’occultation de la vérité, deréarrangement des impératifs scientifiques etavec la complicité plus ou moins ignorante desmédias traditionnels dominants, le sondage deBendixen et Amandi International est un casd’école de médiamensonge typique de lapropagande états-unienne.

18 Voir les questions de 32 à 43 : http://bendixenandamandi.com/wp-content/uploads/2015/04/Cuba_Final_Toplines.pdf 19 Voir les agissements de la NED (National Endowment for Democracy) : http://www.michelcollon.info/Hong-Kong-un-virus-sous-le.html?lang=fr

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10 mensonges que les médias ne cessent de ressasser en Colombie

Les médias causent un très grand tort au pays enconfondant tout un peuple non seulement au sujet de lasituation nationale socio-conflictuelle et en neutralisantainsi la possibilité d’une force politique de gauche, maisaussi en présentant une image négative d’autres processusen cours au Venezuela, en Équateur, au Nicaragua, et enles diabolisant.

« L’éthique est une discipline qui est enseignée, maisnon appliquée », disait Carlos Gaviria Díaz. Le momentest venu de commencer à appeler les choses par leur nomen ce qui concerne les médias de communication« mainstream » .

Le Journal de Notre Amérique présente 10 mensongessans cesse ressassés dans les médias de la désinformationde l’establishment et les accompagne d’un commentaireprécis.

1 - « Les FARC sont une organisation narco-terroriste. »

Manque de précision. Les FARC sont une organisationpolitico-militaire. Le terrorisme est une pratique mise enœuvre par les acteurs d’une guerre (ou en période de« paix ») pour créer une peur générale. Une telle méthodeest appliquée de la même façon par l’État colombien, soitau moyen de sa Force Publique, soit au moyen de groupesarmés paramilitaires, soit en s’appuyant sur deux à la fois.Il est également vrai qu’au cours de la guerre les insurgésse sont financés grâce au narcotrafic. L’État de Colombieaussi ; il a même démobilisé les narco-para-militaires enayant recours à une Justice de transition, qui malgré sesefforts, a souvent abouti à l’impunité.

2 - « Les FARC attaquent la population civile. »

Vérité incomplète. Au cours d’une guerre ou d’un conflitarmé, les belligérants agissent indifféremment contretoutes les personnes et tous les biens. Si les FARCadmettent « des erreurs au cours de certaines batailles »,les médias font silence sur le fait que l’État de Colombieen a fait tout autant de son côté et de façon constante, etqu’il a été condamné chaque fois que l’affaire a été jugéepar la Cour Américaine des Droits de l’Homme.

3 - « Les FARC n’ont pas d’idéologie ».

Mensonge. Si les FARC n’étaient pas une organisationpolitico-militaire, le gouvernement ne se serait pas assis àla table de négociation. Voici qu’est remise à l’honneur lavieille théorie juridique pénale du partisan. Avec lesparamilitaires, on négocie uniquement des justices detransition, par contre avec les insurgés, outre une justicetransitoire, on négocie des accords politiques : unepolitique agraire ; les réparations pour les victimes duconflit; une participation politique ; une politique desnarcotiques ; un désarmement ; une concession degaranties , etc... [Rappelons qu’après une précédentedémobilisation partielle des FARC, on vit la création del’Union Patriotique qui fut totalement exterminée par lasuite.]

4 - « Les FARC voient le jour comme simplesnarco-trafiquants »

Faux. À l’inverse de ce travestissement de l’Histoirecolporté par les médias, les FARC naissent, au milieu desannées 60, de l’enclave de Marquetalia, avec des paysansen armes, animés par une idéologie communiste, et qui sefixent comme but la prise du pouvoir.

5 - « La Colombie est une démocratie et lesFARC s’uniront à cette démocratie qu’elles ont

combattue »

Mensonge. Au cours d’une guerre, il est impossible devivre dans le respect de la démocratie. La Colombie n’ajamais connu autre chose qu’une grossière caricature dedémocratie ; les voix dissidentes et les mouvementsalternatifs à l’ordre établi ont été exterminés, y comprisceux qui avaient conquis dans les urnes leur légitimité àexercer le pouvoir.

6 - « Le problème des mines anti-personnel estcelui des FARC »

Mensonge. Dans une guerre, TOUS les acteurs ontrecours à la guerre sale. L’État de Colombie est égalementpartie responsable dans le processus de déminage endiscussion à La Havane.

Le mensonge médiatique et le biais idéologique sont plus que jamais de miseen Colombie. Pour que la désescalade du conflit armé en Colombie continued’avancer sur la voie d’un processus de paix véritable, les médias devronts’engager à mettre un terme à la désinformation.

par Héctor Leon Hernandez

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7 - « Les FARC passeront du statutd’organisation illégale à celui d’organisation

légale ».

Vérité incomplète. Il est également vrai que beaucoupde députés, présidents, ministres, généraux, policiers,préfets, maires, etc. et chefs d’entreprise continueront àœuvrer dans l’illégalité, couverts par les législationsinjustes qu’ils ont eux-mêmes établies.

8 - « Le Gouvernement et les FARC signeront lapaix»

Manque de précision. Ce que les parties signeront à LaHavane, c’est un accord, une négociation. La signature desaccords n’est qu’une phase dans un processus de paix qui,en général, comprend : l’exploration des parties enconflit ; des rapprochements ; des gestes de bonnevolonté ; la négociation d’un agenda ; la signature d’unaccord ; la mise en œuvre de l’accord ; le contrôle et lesuivi de l’application du processus.

9 - « Après la signature de l’accord, il n’y auraplus de conflit en Colombie »

Manque de précision. Par l’actuel processus de paix,durant la phase de négociation d’un accord, on recherchecomment mettre fin à un CONFLIT ARMÉ. Cependant, leconflit social, lui, continuera en raison de structures socio-économiques et culturelles désormais enracinées dans desinstitutions et des lois iniques, et cette situation estdéterminée non par la signature d’un accord, mais par

l’intervention de la société civile dans divers domaines,par exemple dans les conflits socio-environnementauxgénérés par les multinationales minières auxquelless’opposent, bien entendu, des organisations paysannes,des défenseurs de l’environnement, des écologistes, etc.

10 - « La paix dépend de la signature d’unaccord à La Havane entre les FARC et le

Gouvernement »

Mensonge. Le (néo) para-militarisme, les ForcesPubliques et les guérillas - dans cet ordre - sont les plusgrands profanateurs des Droits de l’Homme, mais ce nesont pas les assassins qui font la paix réelle et assurent lajustice sociale. Ce pacte éventuel entre assassins (depuis lesommet) est en tout cas indispensable pour garantir la vieet faire cesser la stigmatisation des organisations de lasociété civile et des victimes qui sont en réalité celles quiconstruiront réellement la paix à partir de la base. Leprocessus de paix s’est déjà mis en marche dès le momentoù la société civile s’est montrée déterminée - il y aquelques années de cela - à décider de son propre avenir, àintervenir dans la vie publique, en exploitant la possibilitéde décider et d’influer sur la vie politique du pays, enayant recours aux outils juridiques et politiques et même àla désobéissance civile pour revendiquer sa dignité.Enfin, rappelons que, si les gouvernements ne changentpas les structures qui produisent l’inégalité, la corruption,le clientélisme, l’exclusion politique ainsi que lesstructures paramilitaires, il est certain que d’autres conflitsarmés naîtront à l’avenir.

Le Journal de Notre Amérique n°3Bruxelles – Caracas – Buenos Aires – Mexico – Bogotá

Avril 2015 - INVESTIG 'ACTION

Directeur de publication : Michel Collon

Rédacteur en chef: Alex Anfruns

Equipe de Rédaction: A.Anfruns, Tarik Bouafia, Raffaele Morgantini,Jean Araud, Pablo Gandolfo.

Graphisme et illustrations: BAF.F , Michèle Janss

Traductions et corrections : Maeva Otte, Elisabeth Beague, SarahBrasseur, Soufiane Soultani, Otine Guy, Brigitte Cassigneul, MyriamMekouar, Katya Jaud, Sylvie Carrasco.

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Un journaliste de « Le Monde » en croisade permanente contre le Venezuela

Paulo Paranagua, qui écrit régulièrementdans Le Monde, est la parfaite caricaturedu journalisme dominant en croisadepermanente contre le progressisme latino-américain et tout particulièrement contrela Révolution Bolivarienne au Venezuela.C'est son droit le plus strict de critiquerdes pays et des processus qui luidéplaisent mais quand même. Force est deconstater que cet acharnement médiatiquecontre des pays qui ont choisi avec plus oumoins de radicalité de se libérer de latutelle des États-Unis et d'entamer deprofondes transformations sociales devientobsessionnel. Le Venezuela, à l'avant-garde de cette résurrection d'une partie ducontinent sud-américain, en fait les fraistrès régulièrement.

Le travail de ce supposé journalisteconsiste à diffuser un flot ininterrompu demensonges, d'approximations, d'erreurs entous genres ainsi que des «analyses»bricolées sur un coin de table. Ainsi, concernant le Venezuela, dans unarticle publié le 26 février 2015 sur LeMonde.fr et intitulé Au Venezuela, lastratégie de la tension du présidentMaduro (1), l'auteur se veut être ledéfenseur de l'opposition et des «droits del'homme». Il commence par cette phrase :«L’arrestation musclée du maire deCaracas, Antonio Ledezma, le 19 février,

témoigne visiblement d’une escaladerépressive au Venezuela. Ledezma arejoint dans la sinistre prison militaire deRamo Verde une autre figure del’opposition, Leopoldo Lopez, incarcérédepuis un an». Un lecteur lambda qui ne connaît pas lasituation au Venezuela est amené à penser,après avoir lu ces quelques lignes, que leVenezuela est devenu une dictature où lesopposants sont jetés en prison sans raisonvalable. C'est en tout cas le message quetente de faire passer M. Paranagua.Quelques phrases plus tard, il surenchériten parlant de «destitution sommaire» enréférence à la destitution de son poste dedéputée de l'opposante Maria CorinaMachado. Ainsi, rien n’est dit sur la raisonvalable de leur destitution ou de leuremprisonnement. Comme si le présidentNicolas Maduro s'était levé un beau matinet ne sachant pas quoi faire de sa journéeavait ordonné aux forces de l'ordre des'attaquer à ces opposants. La réalité est unpeu moins simpliste qu'elle n'en n’a l'air.Car ce supposé journaliste relate des faitssans les placer dans un contexte global quinous permettrait de comprendre commenton en est arrivé là. La vérité, c'est que Antonio Ledezma,Leopoldo Lopez et Maria Corina Machadone sont pas des opposants normaux,pacifiques tels que les présente M.Paranagua. Non, ces personnes sont de

L’indignation à géométrie variable de certains journalistes est tout-à-faitremarquable. Paulo A. Paranagua, journaliste au quotidien Le Monde, estl'un de ceux-ci. D'origine brésilienne, il aurait été emprisonné en Argentineen 1975 et libéré en 1977 pour avoir fait partie d'un mouvement d'extrêmegauche péroniste.Si cela s’avère exact, il semble avoir radicalement tourné lapage tout comme son homologue vénézuélien Théodore Petkoff, ancienguérillero devenu libéral et aujourd'hui à la tête du journal d'opposition TalCual. par Tarik Bouafia

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véritables putschistes et ennemis de ladémocratie, de la paix et de la liberté. Eneffet, depuis le début de la RévolutionBolivarienne, ils ont tenté à maintesreprises de créer des conditions favorablesau renversement d'abord du présidentHugo Chavez puis de son successeur,Nicolas Maduro Moros. Ces troispersonnages érigés en «martyrs» de laliberté par les médias dominants ontsoutenu voire participé activement aucoup d’État du 11 avril 2002 contre leprésident constitutionnel Hugo Chavez.

Début 2014, ils ont été les instigateursd'une flambée de manifestations violentesdes fameux Guarimbas, ces groupes dejeunes extrémistes, qui, au total, ont causéla mort de 43 personnes. Lors desmanifestations, ils appelèrent clairement àla violence et la fin du gouvernement deNicolas Maduro. Sans succès.Frustrés, ils ont remis ça le 19 février2015 en publiant un document intitulé«Accord pour la Transition» où ilsexposent point par point les étapes àsuivre pour d'abord en finir avec leprésident Maduro puis pour la prise dupouvoir par l'opposition. Le cynisme et le mensonge atteignentleur paroxysme lorsque M.Paranagua écritque «En janvier, les forces armées ont étéautorisées, par décret, à tirer sur desmanifestants dans la rue». Il évoque ainsile décret publié dans la Gazette Officielledu mardi 27 janvier 2015 (2). A en croire M. Paranagua, n'importequel manifestant dans la rue sera assassinépar les forces de l'ordre s’il ose manifester.Ceci a pour but d'accentuer encore un peuplus le sentiment de répression exercée parle gouvernement vénézuélien. Pourtant,lorsqu'on regarde le décret de plus près, cen’est pas ça qui est écrit. Le décret donneune échelle d' «utilisation progressive etdifférenciée de la force». L'article 21stipule que «Les fonctionnaires des forcesarmées nationales Bolivariennes, dans

l'exercice de leurs fonctions, appliquerontl'échelle d'utilisation progressive etdifférenciée de la force». L'article 22 endonne les précisions:

1.Intimidation psychologique: Le/Lafonctionnaire militaire répondra par sasimple présence à toute situation quiimplique un risque latent de confrontation.

2.Indécision. Face à une désobéissancevisible devant une injonction militaire,le/la fonctionnaire pourra déployer desressources dissuasives.

3.Violence Verbale. Langage rude,obscène ou insultant, face auquel le/lafonctionnaire militaire utilisera le dialoguedissuasif pour ainsi réduire la résistance etfaire descendre le niveau de confrontation.

4.Violence passive. Immobilité, résistancesans activité musculaire face auxquellesle/la fonctionnaire militaire appliquera destechniques soft de contrôle consistant àimmobiliser physiquement la personnesans causer de douleur.

5.Violence défensive. Opposition muscléeface à laquelle le/la fonctionnaire militaireutilisera des techniques dures de contrôleconsistant à immobiliser la personne enproduisant des gênes physiques pour ainsifaire céder la résistance ou l'opposition.

6.Violence active. Action visant à agresserou attaquer face à laquelle le/lafonctionnaire militaire pourra utiliser desarmes intermédiaires ou non létales pourneutraliser le manifestant.Bien-sûr, rien ne dit que les forces del'ordre appliqueront à la lettre ce décret.Entre la théorie et la pratique, il y a parfoisun fossé plus ou moins important nonseulement au Venezuela mais dans lemonde entier, comme en témoignent lesbavures répétées en France ou aux États-Unis.

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Ceci dit, contrairement aux écrits deM.Paranagua, le gouvernement n'a pasdonné l' «autorisation aux forces arméesde tirer sur les manifestants dans la rue.»Il a tout simplement créé une échelle deréactions que devront adopter les forcesarmées en cas de violentes manifestations.Ce genre de décret n'a donc pas pour butd'asseoir une quelconque autorité oud'amplifier un «régime répressif» commele laisse entendre notre supposé journalistemais de créer les conditions nécessaires etd'établir des règles strictes en cas dedanger lors de manifestations.Voilà pour la première manipulation, lepremier mensonge médiatique.

Chavez Et Maduro, les nouveauxPinochet?

Puis, en citant une ONG, ce contre-révolutionnaire médiatique compareindirectement le Venezuela aux dictaturesde la Doctrine de la Sécurité Nationale quiont ensanglanté le continent latino-américain notamment dans la partie cône-sud (Argentine, Uruguay, Paraguay,Brésil, Chili). Des dictatures qui ontdurement sévi dans les années 1970 et1980 et qui ont eu pour but, avec l'aval desÉtats-Unis, d'en finir avec tous leséléments subversifs (mouvements deguérilla, communistes, mouvementsindigènes révolutionnaires...). Selon l’ONG Contrôle citoyen, «lerenseignement militaire a été reformé pouren faire un corps de « commissairespolitiques » censés veiller sur l’allégeanceau chavisme à tous les niveaux et aussiune arme contre les opposants civils. LeVenezuela a remis en vigueur la vieille«doctrine de sécurité nationale » desdictatures militaires et de la guerre froide,tournée contre« l’ennemi de l’intérieur ».écrit M. Paranagua. Ainsi, ce dernier secache derrière les propos de l’ONG pouraccuser le Venezuela d'appliquer la mêmeterreur et la même répression que sous les

dictatures dans les années 1970-1980. Est-ce vraiment le cas? Y a-t-il eu, sous laprésidence d'Hugo Chavez puis de NicolasMaduro, 30 000 disparus comme sous ladictature argentine ? Le gouvernementbolivarien a-t-il assassiné plus de 3000personnes comme sous la dictatured'Augusto Pinochet au Chili? Existe-t-il des centres de torture où l'onfait baigner les détenus dans desbaignoires d'excréments comme sous ladictature d'Alfredo Stroessner auParaguay? Jusqu'à preuve du contraire,non.Le Venezuela est une jeune etambitieuse démocratie participative, n'endéplaise à M. Paranagua. Alors bien sûr,comme le disait très bien Mao Zedong, la«révolution n'est pas un dîner de gala».C'est pourquoi Hugo Chavez a un jourdéclaré «Nous faisons une révolutionpacifique mais non désarmée» car il étaitconscient du danger qui pèse sur cetterévolution et il se souvenait surtout del'expérience tragique du Chili de SalvadorAllende et de l'Unité Populaire. Il y a bien sûr un ennemi extérieur,l'impérialisme états-unien. Mais il existeaussi un ennemi intérieur, l'oppositionputschiste d'extrême droite. Ces deuxentités ont main dans la main tenté àmaintes reprises de renverser violemmentles présidents démocratiquement élus. Néanmoins, chaque fois que l’Étatvénézuélien a dû punir des acteursviolents, il l'a fait dans le cadre de la loi etde la constitution. Une constitution, lacinquième, qui a été plébiscitée en 1999par le peuple du Venezuela. Le Venezuela et ses forces armées nesont bien sûr pas exempts de tout reprocheet des bavures, des excès de violence ontpu avoir lieu. Mais comparer le Venezuelad'aujourd'hui aux dictatures barbares de laseconde moitié du XX ème siècle est toutsimplement insultant, grotesque etcaricatural.

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Au Venezuela, la démocratie, la liberté, ledroit, la justice sociale se construisent demanière laborieuse mais se construisentjour après jour, lutte après lutte. Depuis ledébut de la révolution bolivarienne en1999, plus d'une quinzaine d'élections ontété organisées. En 2004, l'opposition amême pu atteindre le nombre designatures nécessaires pour organiser unréférendum révocatoire prévue par laconstitution. Les opposants argentins,chiliens ou encore brésiliens pouvaient-ilsfaire cela sous la dictature? La presse pouvait-elle insulter,calomnier ou diffamer les militaires aupouvoir comme le font en permanence lesmédias vénézuéliens, largement aux mainsde l'opposition? Pouvait-elle se permettrede caricaturer leur dirigeant en Hitlercomme l'ont fait les médias vénézuélienspour Chavez sans être inquiétés?Après le coup d’État qui a été mené contrelui, le président Hugo Chavez de retour aupouvoir a-t-il condamné à mort lesputschistes ou les a-t-il laissés dans leurécrasante majorité en liberté? Caracas a-t-il fait appel à une puissanceétrangère pour apprendre les techniques detorture à adopter contre les opposantscomme l'a fait l'Argentine avec l'aide biengénéreuse d'anciens militaires français? Enfin, les dirigeants vénézuéliens ont-ilsorganisé le vol de bébés comme c'était lecas en Argentine tout comme dansl'Espagne franquiste?

Le Venezuela est-il vraiment comparableà ces tyrannies sanguinaires, pro-impérialistes et néolibérales comme lesous-entend M. Paranagua? Le respect, ladignité et la décence nous poussent à nemême pas répondre à cette question.

Une vision biaisée et manichéenne

Après ces ignominies, notre «chien degarde» critique la gestion de l'économie

par le gouvernement de M. Maduro. Il estvrai que le pays fait face à de vraiesdifficultés économiques alimentées par lacorruption et la spéculation. L'avenir de larévolution bolivarienne passeranotamment par une amélioration desindicateurs économiques frappés de pleinfouet par la baisse du prix du pétrole sur lemarché mondial. Il indique que«l’immobilisme en matière économique,alors qu’il y a le feu à la maison, contrasteavec la fébrilité de la propagande,dénonçant des putschs et des attentats àrépétitions, comme si elle désignait desboucs émissaires». Nicolas Maduro accuserait-il uneopposition innocente? Cette opposition,cette élite qui détient encore le pouvoiréconomique n'aurait-elle rien à voir avecle désapprovisionnement, les pénuries...?

La réalité, c'est que Nicolas Maduro n'apas accusé arbitrairement l'opposition. Eneffet, de nombreux grands entrepreneursqui détiennent des dizaines de chaînes demagasins organisent constamment uneguerre économique qui vise à déstabiliserle gouvernement en place. Il ne s'agit doncpas de faire la chasse aux «boucsémissaires» comme l'affirme M.Paranagua mais de dénoncer ceux quiparticipent activement à la tentative dedestruction de la Révolution Bolivarienne.En témoignent les dizaines de hangarsremplis de produits de première nécessitéque les grands patrons avaientvolontairement cachés pour créer unsentiment de mécontentement au sein de lapopulation. Pour appuyer ces propos incomplets etson «information» biaisée, ce«journaliste» du Monde en vient à nousciter des chiffres que l'on peut déjàqualifier de mensongers etidéologiquement orientés. En effet, il écritque «Selon l’institut Datanalisis, le pluscité par le gouvernement lui-même, leschavistes sont tombés à 17,3% des

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intentions de vote, contre 45,9% pour lesopposants». Premièrement, notons que cet institutest idéologiquement et politiquement ducôté de l'opposition. Preuves en sont ces«enquêtes» répétées à charge contre leprésident Maduro. Les chavistes seraient donc tombés àseulement 17,3% des intentions de vote ?Où M. Paranagua a-t-il trouvé ceschiffres? Il ne cite aucune source,seulement le nom d’un institut. Commentle lecteur peut-il vérifier ces chiffres?N'est-ce pas le travail normal dujournaliste d'indiquer précisément ledocument d’où ces chiffres sont tirés?

Peut-être s'est-il référé à l’ «enquête»faite par cet institut en octobre 2014. Unvéritable réquisitoire contre NicolasMaduro et le chavisme en général.Néanmoins, aucun chiffre n'indique queles intentions de vote en faveur duchavisme atteignent les 17%. Même siceci était écrit, il serait profondémentlégitime d'analyser ces chiffres étantdonné que cet institut qui, au passage,n'est pas le «plus cité par legouvernement» est un véritable défenseurde l'opposition. Mais le fait de citer cet institut quimettrait le chavisme à «17%» etl'opposition à «45%» puis de dire que «Leraidissement de la machine répressive aune visée préventive, à double détente :contre l’éventuelle contestation de la rueet contre la victoire annoncée del’opposition aux élections législativesprévues à la fin 2015» vise un objectif trèsprécis qui est de préparer la population,notamment européenne, à une futurevictoire de l'opposition, de disqualifier legouvernement et de l'accuser de «fraude»et «manipulations» électorales si le PartiSocialiste Unifié du Venezuela (PSUV)proclame sa victoire. Par conséquent, si leparti de Maduro gagne les prochainesélections législatives, M. Paranagua sera à

n'en pas douter un des premiers à hurler àla «fraude» et pondra un nouvel article àcharge contre le Venezuela.

Des élections sous contrôle?

D'ailleurs, M. Paranagua a déjàcommencé à préparer le terrain. Il a eneffet écrit que «Le« pouvoir électoral »(érigé en quatrième pouvoir de laRépublique), entièrement soumis auchavisme, pourrait procéder à un nouveauredécoupage des circonscriptions ou àune modification des règles du jeu».

Un mensonge de plus car la vérité estque le Conseil National Électoral est uneinstitution totalement indépendante dupouvoir. En outre, notons que tous lesprocessus électoraux qui ont été célébrésau Venezuela depuis le début de laRévolution Bolivarienne ont été reconnusofficiellement par des instancesinternationales telles que l'Organisationdes États Américains (OEA), l'UnionEuropéenne (UE) ou encore l'Union desNations Sud-Américaines (UNASUR) quiont envoyé des dizaines d'observateurs. Etpuis, quoi de mieux que citer un ancienprésident des États-Unis pour montrer àquel point le système électoralvénézuélien est transparent et performant.Jimmy Carter, que l'on ne peut soupçonnerd'être un gauchiste, fondateur du CentreCarter chargé de veiller aux élections, a eneffet affirmé que le Venezuela possède le«meilleur système électoral au monde».

Par contre, les véritables ennemis del'institution électorale sont les opposantsqui, après leur coup d’État contre HugoChavez en 2002, ont suspendu le ConseilNational Électoral. Ça M. Paranagua ne ledit pas, peut-être a-t-il un trou demémoire, phénomène assez fréquentmalheureusement chez lui.

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Ce genre d'article n’est pas rare de lapart de M. Paranagua. Sa croisade, voiresa haine du Venezuela, le pousse commenous venons de le voir à empiler lesmensonges, les caricatures, lesmanipulations en tous genres. De telsréquisitoires s'inscrivent dans un travailplus large conduit par les médiasdominants en Occident contre lespolitiques progressistes latino-américaines. Très souvent, et M.Paranagua n'échappe pas à la règle, lesgrands médias dont la presse reprennentdes informations parues dans les journauxd'opposition et, sans même les vérifier,s’en servent pour leurs articles.

Mais ce qui est intéressant à remarquerdans les écrits de M. Paranagua, c'est sonsilence indigne et grave, voire compliceavec les pouvoirs autoritaires etsanguinaires qui sévissent en AmériqueLatine.

Ecrira-t-il un article dénonçant le narco-Etat mexicain qui vient d'être complice dumassacre de 43 étudiants en septembredernier, comme le lui a demandé LuisAlberto Reygada, doctorant franco-mexicain en relations internationales?

Informera-t-il ses lecteurs de larépression brutale des paysans indigènesau Pérou qui luttent contre l'expropriationde leurs terres et l'exploitation des

ressources minières par les multinationalesétrangères?

Évoquera-t-il le sort des Mapuches oudes communautés indigènes au Paraguaychassées de leurs terres ? Et sur laColombie ? Va-t-il écrire un article pourdénoncer le traitement violent desopposants et notamment des mouvementssociaux exercé par le pouvoir ?

En bon petit soldat de l'idéologiedominante, il continuera sans aucun douteà cracher sur les processus detransformation sociale en Amérique Latineet, dans le même temps, à se faire l'avocatde ceux qui suivent à la lettre les ordresdes institutions financières internationalesen chantant les louanges de leur politiquemais en prenant soin d'occulter leurséchecs et leurs massacres.

M. Paranagua ou le mercenaire médiatiquepar excellence.

L'Argentine répond sèchement à l’ingérence états-unienne dans le pays

Roberta Jacobson, sous-secrétaire états-unienne pour l’hémisphère occidental s'est dite «déçue»par les réactions des pays latino-américains qui, dans leur immense majorité, ont soutenu leVenezuela après le décret impérial émis par le président Obama contre la nation caribéenne. L'Argentine a rejeté les déclarations d'ingérence de la fonctionnaire états-unienne en affirmant parexemple que «le peuple argentin n'oublie pas que la dernière fois que les États-Unis ont vul'Argentine en «bonne forme», pendant la décennie 1990, le pays a fini dans la pire crise politique,économique et sociale de son histoire» avant d'ajouter «l'Argentine réaffirme aujourd'hui qu’elle unpays souverain qui décide de ses propres politiques en fonction des intérêts de son peuple et non encherchant à être le meilleur élève des États-Unis. Évidemment, il y a ceux qui regrettent les relationsdu passé. Presque douze années d'une politique autonome, souveraine et inclusive, ont appris auxArgentins à ne pas se laisser intimider par les fausses déclarations de fonctionnaires étrangers»

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A propos du mois de l’Histoire Noire aux USAEn parlant de Malcolm X, cinquante ans sont passés depuis l’assassinatde ce leader de descendance africaine. De cette façon tellement bienstructurée, l’empire caucasien achète des consciences de traîtres pour enterminer avec les voix de la liberté, des frères se tuant pour répondre àdes mandats de mafieux blancs. Imaginez-vous l’énorme déception quecet homme sentirait en voyant un président noir comme Obama qui nuità la couleur de sa peau avec des actions au profit de la suprématieblanche. Par Ilka Oliva Corado

Au début, le mois de l’Histoire Noire secélébrait seulement pendant une semaineet fut déclaré comme étant lacommémoration de l’anniversaire de deuxpersonnages qui ont fait beaucoup pourl’abolition de l’esclavage, AbrahamLincoln (le 12 février) signataire de laProclamation de l’émancipation etFrederick Douglas (le 14 février)l'abolitionniste. Cinquante ans après(1976), cette semaine s’est étendue à unmois.

Malcolm X. Foto: Ed Ford

Il existe plusieurs points de vue parrapport à cette commémoration. Pendantque certains disent qu’elle estdiscriminatoire parce qu’elle isole lacommunauté afro-américaine du systèmeaméricain des Etats-Unis, d’autrespensent qu’elle est absolument nécessairepour que la mémoire historique n’oubliepas.

Malgré les luttes des Mouvements Civilset de leurs martyrs, la ségrégation raciale

continue à exister aux Etats-Unis, - etdans le monde - pas sous la formetellement inhumaine des époquesprécédentes, mais ses racines sonttoujours là et elle se manifeste tous lesjours. Dans le racisme évident de lapolice, dans l’existence du Ku Klux Klanqui continue à attaquer avec de nouvellestechniques et de nouveaux masques. Leracisme se trouve dans les décisions desjuges quand la personne qui se trouve surle banc est noire : ils la déclarent coupableparce que cela ne peut pas êtreautrement. Il est aussi dans le silence dela communauté blanche, dansl’acceptation des différentes classesd’êtres humains. Si un noir ose défendreses droits, le système l’accused’extrémisme et le chasse comme unanimal, sa vie ne vaut plus rien ; mais siun blanc abuse d’un noir il estcomplètement dans son droit. C’étaitcomme ça avant et ça continue.

La discrimination est évidente dans lesuniversités, dans les rues, dans lesrestaurants, l’homme noir continue à êtrevu comme un violeur, un voleur, untrafiquant, il représente le bourreau,l’injure et l’insécurité seulement par sacouleur de peau. Les préjugés et lesstéréotypes jouent un rôle important.Nous continuons à éduquer nos enfantsavec des valeurs esclavagistes d’un côté, etde silence et de soumission de l’autre.

Malgré des essais de plusieurs personnespour démontrer le contraire, lasuprématie blanche continue à dénigrer la

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couleur noire. Elle l’accuse d’êtreignorante et perverse. Quand nousremontons dans l’histoire –pas l’officiellequi est toujours mal racontée et tergiversé– nous voyons que la manipulation atoujours été du côté de l’homme blanc,qui utilise l’abus et l’oppression pourrassasier ses désirs de pouvoir.

Les espaces se réduisent de plus en pluspour les noirs à qui, malgré leursmultiples essais pour s’en sortir, on refusecette opportunité, et cela se voit à toutniveau. Ils sont peu nombreux ceux quis’en sont sortis et cela n’a pas été gratuit.Ils sont bons pour le sport parce qu’ils ontdes muscles de cheval et la force du lion,par exemple dans le basket et le footballaméricain, et c’est la même chose pourl’athlétisme où la minorité est blanche.

Des femmes, on dit que les noires sontmeilleures au lit que les blanches parcequ’elles sont exotiques et chaudes, ellesont bonnes comme maîtresses parcequ’elles représentent l’érotisme danstoute son expression, mais sont invisiblescomme épouses et mères, visibles commeemployées domestiques mais ignoréescomme intellectuelles. Des personnesnoires, on dit que leur cerveau est tropinsignifiant pour progresser dansl’éducation supérieure, mais leur corpspotelé – et beau – est bon pour la charge.

Malgré les innombrables essais despenseurs, des défenseurs des Droits del’Homme, des activistes communautaires,des artistes, des sportifs et des avocats, ladiscrimination est palpable. Dans tous lesdomaines, dans tous les coins de cetteénorme nation. – Mais malgré tout cela,est encore plus discriminé leLatinoaméricain sans papier, qui estrefusé même par la communauté afro-américaine et il faut le dire, nous nepouvons pas rester silencieux même sicela fait du mal-. Ce serait une insulted’ignorer que le racisme existe dans lemonde entier, dans notre AmériqueLatine classiciste et raciste qui rêve d’êtreanglo-saxonne, en Europe qui refuse labelle Afrique et qui oblige ses enfants à

émigrer et leur ferme la porte au nezquand ils traversent les déserts et nagentdans les mers.

En fait, ils nous voient par notre couleurde peau, au premier abord, ils nousplacent déjà dans une position inférieure.A plusieurs reprises, ils doivent nousinsulter avec des mots ou avec desactions, ils nous dénigrent avec un seulregard. Le noir pour eux est synonyme desaleté, d’ignorance, de déséquilibre et deviolence.

Nous les noirs sommes dignement lesrejetons de Mère Afrique, des ancêtressages et féconds qui furent soumis àl'esclavage par des criminels blancs, nousfleurissons dans le monde entier, noussommes la jungle africaine ; même s’ilsessaient de la dévaster, ils n’y arriventpas, parce que ses racines ont : del’amour, de la passion, de la tendresse, del’innocence et de la noblesse.

Nous, petits-fils, honorons nos ancêtres ethonorons nos descendants. Nous sommesle passé, le présent et le futur de MèreAfrique qu’ils n’arrivent pas à fairedisparaître.

Nous sommes la sente, le carnaval, le sondes timbales, nous sommes l’art, lescouleurs, nous nous livrons, nous sommesla voix qui dénonce, le regard qui protège,l’embrassade fraternelle, le mot sincère,l’action juste. Nous les noirs avonsl’honneur de porter dans notre peau lacouleur de la mère terre qui est notrefécondité.

Tous : blancs, rouges, jaunes, noirs,faisons partie du changement, osonschanger les schémas de nos enfants, jeterà la poubelle les stéréotypes et lespréjugés, la ségrégation qui fait si mal,unissons-nous. Faisons de nos différencesnotre beauté.

Louange à la Mère Afrique, à nos ancêtreset nos descendants, à nos martyrs et nosmentors, pendant des siècles et dessiècles.

Traduit par Katya Riofrío Jaud

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Pourquoi les États-Unis envoient-ilsdes troupes au Pérou ?

Que les États-Unis aient une stratégie de domination continentale, etqu’ils s’apprêtent à livrer une aventure militaire contre les peuplesd’Amérique latine, nous l’avons dit plusieurs fois. Quelques-uns nous ontpris au sérieux et ont ratifié une volonté anti-impérialiste qui doitaujourd’hui se concrétiser. D’autres, en revanche, gardent silence, peut-être avec l’idée que notre affirmation était exagérée et répondait au stylede confrontation classique de ce qu’ils appellent « la gauchetraditionnelle ». Par Gustavo Espinoza

Les faits sont en train de nous donnerraison de manière constante. L’agressivitéimpérialiste contre nos pays se manifesteconstamment ; et aujourd’hui, elle prendun tour concret au Pérou, avecl’autorisation de l’entrée d’une véritablearmée d’occupation composée d’environ4000 soldats, qui se mettront en place surnotre territoire sous le prétexte de« combattre le narcotrafic et leterrorisme ».

Pour situer les choses dans le court terme,il convient de préciser que le 29 janvierdernier, lors d’une décision presquecachée, qui a filtré il y a peu sur lesréseaux sociaux, le Congrès de laRépublique a autorisé l’entrée de troupeset de personnel armé des États-Unis enterritoire péruvien, selon un calendrier trèsprécis. Et élaboré d’un commun accordentre « les deux parties ».

Les partis et les forces qui composentaujourd’hui le Congrès, et chacun desparlementaires en particulier, al’obligation de rendre compte de la façondont ils ont argumenté et dont ils ont votécette décision dont on a aujourd’huiconnaissance.

Pour le moment, on sait que, le 1er et le 15février, sont arrivés sur notre sol deuxcontingents de militaires, envoyés par laPentagone. Le premier se compose de 58soldats ; et le second de 67. Tous deux ydemeureront jusqu’en février 2016 avecla tâche d’ « entraîner les instituts arméspéruviens dans l’accomplissement demissions spéciales ».

On dirait qu’en matière de « missionsspéciales » les soldats péruviens sont unpeu moins que des néophytes. Ilsmanquent de l’expérience au combat qu’aacquis l’armée nord-américaine après leslongues guerres du Vietnam, de laPéninsule d’Indochine et du Moyen-Orient.

L’Afghanistan ou l’Irak ont probablementtellement renforcé le bagage de l’arméeYanqui qu’elle considère de son devoir dela partager avec ses frères latino-américains dans l’idée d’amener jusqu’icides prisons clandestines comme celles de

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Bagdad ou de Guantanamo, danslesquelles la torture et la mort sont le painquotidien.

Néanmoins, ces effectifs qui sont déjà ici,ne sont rien en comparaison de ceux quidoivent accoster sur nos côtes enseptembre prochain.

3200 soldats yankees débarqueront aumoment de notre printemps et du fait del’armement qu’ils utilisent, del’expérience qui est la leur et de leurpréparation, ils constitueront une véritablearmée d’occupation. C’est de cettemanière que l’on mettra en place lesaccords entre ces deux pays,laborieusement préparés depuis quelquesannées.

L’exécution de ces projets mettra enévidence que les visites répétées duSecrétaire à la Défense des États-Unis auPérou, et celles du Chef du Comando Surde ce pays n’étaient pas des visitestouristiques ou protocolaires. Elles avaientun contenu guerrier évident que personneaujourd’hui ne peut cacher.

Alors il est légitime de se demander :qu’est-ce qui pousse le gouvernement desÉtats-Unis à déployer sur notre territoirecette vaste action militaire ?

Que se passe-t-il sur ce continent pour quela première puissance militaire du mondedécide d’ouvrir le feu sur les péruviens ?

Que visent réellement les fusils yanquisqui tireront sur le VRAE et d’autres zonesdes cordillères d’Amérique ?

Si nous regardons, même si ce n’est quede loin, ce qui se passe dans cette partie dumonde, nous verrons que la lutteantiimpérialiste de nos peuples redouble.Elle s’exprime dans des demandesconcrètes : le respect de l’indépendance de

nos pays, le plein exercice de laSouveraineté nationale, la récupérationdes richesses de bases et la protection dela biodiversité ; et ceci dans un monde oùles ressources hydriques et les richessesnaturelles s’érigent en forteresse desubsistance pour l’humanité entière.

Cela fait un bon moment que les États-Unis cherchent une façon d’intervenirmilitairement au Venezuela et d’en finirpar le feu et le sang avec le projetbolivarien historiquement dirigé par leCommandant Hugo Chavez, et queconduit aujourd’hui Nicolas Maduro,acculé par une virulente campagne dediscrédit et la violence déchaînée par lesforces les plus réactionnaires de notrecontinent.

Pour le moment, faire débarquer destroupes au Pérou et faire en sorte que celasoit admis pacifiquement par lacommunauté internationale, ce serait unefaçon d’affirmer l’idée qu’il est normalque les États-Unis recoure à ce procédé enAmérique et qu’ils pourraient le fairedemain au Venezuela, ou n’importe oùailleurs.

Qui a le permis de tuer, peut en faire usagedans n’importe quelle circonstance.La Bolivie, ou bien l’Equateur pourraientbien se rappeler cette maxime : quand tuverras que l’on coupe la barbe de tonvoisin, mets la tienne à tremper ; carl’avertissement yanqui se projetteégalement en direction de l’altiplano -contre Evo et la Bolivie multiculturelle -et de la région plus au nord, où les actionsdu gouvernement équatorien de RafaelCorrea ne bénéficient guère del’approbation de Washington.

L’argument que l’on utilise pour justifierl’intervention militaire américaine estcelui de la lutte contre le narcotrafic et leterrorisme. Ceci est une vieille et fausse

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chanson. En 1965 elle est devenue très à lamode lorsque l’administration BelaundeTerry accepta l’opération appelée :« Opération Ayacucho » laquelle ne donnaaucun résultat.

Aujourd’hui, le combat contre lenarcotrafic au Pérou est virtuellement à lacharge de la DEA depuis longtemps. Etquel en est le résultat ? Le Pérou estdevenu le premier producteur mondial dePBC. Avant la DEA, nous n’avions jamaiseu ce privilège.

Jusqu’où ira l’escalade de la « stratégied’aujourd’hui » ? Peut-être jusqu’àl’expansion des cultures de la drogue, enramenant ici le Haschisch d’Afghanistanou bien l’opium d’autres latitudes ? Serait-ce cela que cherche l’administration nord-américaine pour lancer des troupes surnotre territoire dans ce qui pourrait bienêtre le défi pour une nouvelle Batailled’Ayacucho ?

Mais la stratégie de domination yanqui vaencore plus loin : elle cherche à faire ensorte que les peuples s’affrontent les unsles autres tout comme les gouvernementsdans lesquels elle n’a que peu ou prouconfiance.

Nous n’aurions point besoin d’êtreparticulièrement perspicaces pour devinerque derrière « l’opération d’espionnage »chilienne contre le Pérou récemmentdénoncée, se trouve l’esprit retors desservices de renseignement yanquis, qui

pourraient bien monter des opérations dece genre, et de plus grande envergure,même dans le dos des états, en recourant àl’infiltration des services secrets qu’ilsmanipulent.

Il revient aux peuples de notre continentd’œuvrer avec la fermeté et la rigueurrequise dans des circonstances où se jouela survie du continent, agressé par labarbarie impérialiste.

Au début des années trente du sièclepassé, dans un autre contexte maiségalement dans d’autres conditions,Augusto C. Sandino a dit d’une façoncatégorique : « La souveraineté des États,ça ne se discute pas. Ça se défend lesarmes à la main ».

D’ici quelques semaines, nous autres, lespéruviens, nous évoquerons le 200ème

anniversaire de l’exécution du jeune poèteMariano Melgar, tombé aux mains del’armée coloniale espagnole lors de laBataille d’Umachiri. Son souvenir sera-t-ille motif de l’affirmation d’un sentimentpatriotique qui conduira nos jeunesd’aujourd’hui à brandir le même drapeau ?En tout cas, le devoir de tout patriote estd’assumer son engagement face àl’histoire et de dénoncer ce qui constitueune véritable agression contre le Pérou etson peuple.

Traduction de Sylvie Carrasco

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Comment un petit pays a su résister aux guerres, auxinterventions étrangères, aux oligarchies, aux désastres

naturels et à l’ alzheimer de son histoire collective

L’utopie sert de guide pour avancer... Eduardo Galeano

À la suite de la signature des accords de paixen 1992 commença l’aventure politique de labranche révolutionnaire du pays. Le FMLN(Frente Farabundo Marti para la LiberacionNacional ou Front de Farabundo Marti pour laLibération Nationale) changeait de stratégie etdélaissait la lutte armée pour la lutte politique etl’organisation sociale. En 2009, le peuplesalvadorien décida de modifier le cours del’histoire et vota pour un gouvernement degauche par voie démocratique pour la premièrefois. Le premier président de gauche futMauricio Funes (journaliste et correspondant dela chaîne CNN en espagnol) et son vice-président, Sánchez Ceren. Une partie de sonprogramme gouvernemental était :

- En politique économique : une pensionde base pour les personnes du troisième âge,une protection du consommateur (desmesures pour éviter le monopole desaliments de base), une subvention pour dugaz propane aux familles à revenusmodestes, mais rien de plus aux industriesqui les fournissaient.

- En politique du travail : la création del’Instituto del Seguro Social (Institutd’assurance sociale, ou ISS) pour lesemployés domestiques, la création deprojets pour la lutte et la défense des genres,comme « Ciudad Mujer ».

- En politiques sociales : une pension pourles personnes âgées, la loi sur lesmédicaments, des programmes pour lesenfants (des verres de lait pour les écoliers,des kits scolaires) et des programmes deprévention contre la violence.

-

- En Structure routière : la construction deroutes.

- En politique environnementale : lapérennisation de l’eau, la non-exploitationminière de la région de Cabana.

- Politique internationale : le rétablissementdes relations diplomatiques avec Cuba.

C'est donc un gouvernement qui a réussi àconvertir un programme social en lois politiquesd’État. Des lois qui profitent aux plus pauvres.Selon les analyses économiques, au terme dugouvernement Funes, son équipe avait atteint lesniveaux les plus bas d’indices de pauvreté detoute l’histoire du Salvador ; elle avait chuté de49 % en janvier 2008 à 35,9 % en octobre 2013.

Peut-être que les résultats obtenus n’ont pasrépondu aux attentes de quelques Salvadoriens,y compris ceux issus des secteurs de gauche quiont lutté dans les montagnes. Cependant, lacruelle réalité est que les dépenses de l’Étatdépassent ses revenus. Malgré de telles

En 2009, le Salvador écrivait une histoire qui aurait été complètementinimaginable dans les années quatre-vingt. À cette époque éclata une guerre« civile » de douze ans, qui fit plus de cent mille morts ; un véritable enfersur terre qui révéla la structure d’un pays où s’était enracinée l’injustice etassassina les rêves de générations entières du pays. par Virgilia

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conditions désavantageuses, le programmesocial a pu être mis en œuvre. Ceci a permis auFMLN de gagner les élections du 9 mars 2014 etainsi, de rester au pouvoir cinq années de plus.

Le programme du gouvernement dirigé parSalvador Sanchez Seren et Oscar Ortiz a suivil'amplification et l'approfondissement desprogrammes sociaux et économiques initiésdurant le premier gouvernement de gauche, leFRONT (c'est ainsi que le parti est connu).Après les six premiers mois de mandat dugouvernement Ceren, les premières attaquescontre l'ARENA ne se font pas attendre.L'assemblée législative devient la nouvelleéquipe qui lutte pour la promulgation de loisjustes qui bénéficient au peuple.Ces lois sont:

*L'acceptation de la loi reconnaissant lespeuples indigènes

*La loi pour renforcer le budget des pompiers*La loi pour la reconstruction d'hôpitaux

*La loi pour allouer une pension aux retraités*La loi pour des infrastructures touristiques

*La loi de transparence dans le financement despartis politiques

*Le projet de loi spéciale contre le délitd'extorsion

Toutes ces lois ont été rejetées par l'ARENA.Actuellement, le débat continue sur laprivatisation de l'eau. La loi sur la gestion desressources hydriques a été approuvée en 1981. Al'époque, l'Association National de l'EntreprisePrivée (ANEP en espagnol) et l'ARENAproposèrent la privatisation comme une solutionmagique et indispensable au problème de l'eauet, jusqu'aujourd'hui, les partis de droitemaintiennent le blocage des discussions autourd'un projet de loi générale sur l'eau au sein de laCommission de l'environnement et duchangement climatique de l'assembléelégislative.

Le Salvador continue à construire son histoire àtravers l’élection, le 1er mars 2015, des députéspour l'Assemblée Législative (formée de 84députés). Le résultat a été décisif pour trouverdes solutions en faveur d’un peuple et d’unerégion souffrant encore d’une grande pauvretéculturelle et économique, et de l’absence dereconnaissance des droits de l'homme. Pour les

conseils municipaux, les élections signifient lacontinuité du développement local.

Quelles sont les défis actuels pourles Salvadoriens? Et qui sont les

assassins de l'espérance?

N'importe quel Salvadorien de la générationantérieure aux années 1970 se souviendrafacilement d'un militaire qui apparaissait dansles programmes de télévision les dimanchessoirs, évoquant la situation politique du paysalors en guerre, vociférant et présentant desvidéos (selon lui) d'enfant sous-alimentésmourant de faim en Russie ou à Cuba. Ilprésentait un melon d'eau et une machette endisant «eux, ils sont verts à l'extérieur et rougesà l'intérieur». Ce militaire n'était autre queRoberto D'Aubuisson Arrieta (2), fondateur duparti ARENA.

L'ex-maire de San Salvador, Norman Quijano,décida de baptiser du nom du fondateur de sonparti une rue principale où se trouvent lesbâtiments qui préservent une mémoire historiquede résistance, comme la UES (UniversitéNational de San Salvador)

Mais D'Aubuisson, expert en contre-insurrection et en communication du Fort Gulicksitué dans la zone du Canal de Panama, futégalement le fondateur des escadrons de la mortet a été inculpé par la Commission pour laVérité des Nations Unies pour avoir donnél'ordre d'assassiner l'archevêque Oscar ArnulfoRomero (3).

Vous, cher(e) lecteur(trice), pourrez apprécierla trace laissée par le fondateur de ARENA etdes escadrons de la mort, responsable de milliersd'assassinats, de la disparition de professeurs,de paysans, de syndicalistes, d’étudiantsuniversitaires de l'Université Nationale, depoètes, d’artistes... avant, pendant et après leconflit armé. Quand on lit un petit fragment del'hymne du parti, que ses militants chantentencore aujourd'hui:

«La liberté s'écrit avec le sang,je travaille avec la sueur,

nous unissons la sueur et le sangmais en premier Le Salvador,

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les nationalistes ont surgis en disant ceci:Patrie oui! Communisme non!Le Salvador sera la TOMBE

où les rouges terminerontEn sauvant l'Amérique de cette manière, notre Amérique (sic) sera Immortelle.»

Et moi, je me demande : alors sera-t-il légal etdémocratique qu'un parti politique puisse ainsiinsuffler un tel esprit de haine et provoquerlibrement l'assassinat de ses détracteurs ?

Le fait est qu'assassiner ou être assassiné auSalvador est plus facile qu'éternuer... Laviolence que vit le pays à tous les niveaux estl'héritage laissé par des années de guerre. Lespreuves concrètes que l'on pourrait citer sont :les attaques commises dans les bureaux du partidu FMLN "Front Farabundo Martí de libérationnationale" (FRENTE en espagnol) àAyutuxtepeque et à San Vicente dans l'ancienCuscatlan, et l'assassinat du conseiller municipalde Pasaquina dans l'Union.En Amérique Centrale, la violence commencetrès tôt et, pour beaucoup, l’enfance se vit dansla douleur et dans la violence physique etverbale. C'est particulièrement le cas pour ceuxqui connaissent une situation une situation àrisques : l’absence d’une famille, l'exploitationphysique et sexuelle, le manque d'études,l’absence d’un projet de vie, un entourage socialsans morale, une pénurie économique poursubvenir aux besoins élémentaires commemanger, s'habiller, s'amuser... Ceux-là peuventêtre certains de présenter des profils de jeunesqui se rallient à un gang.A l'origine, dans l'argot salvadorien des années80, « la Mara » désignait un groupe d'amis.Actuellement, cela se rapporte à un groupe decriminels (des adolescents ou des adultes enprison) impliqués dans des activités obscures detrafic d'armes par exemple, de drogue, deprostitution, de meurtres, d'extorsion ou encorede mafia. Ces groupes, qui ont été formés dansles années 80 aux Etats-Unis et qui ont été par lasuite expulsés massivement des Etats-Unis puisrenvoyés vers Le Salvador, ont évolué depuis les25 dernières années. Ils forment maintenant desgroupes à très haut risque pour la jeunesse dupays.

Il y a donc urgence à investir dans l'éducation,dans des programmes d’aide à la jeunesse, dansdes projets de lois contre le crime organisé... carla justice est l'un des éléments-clés pour assurerla sécurité de la société salvadorienne. L'organejudiciaire s'est trouvé actuellement marqué parun cas de vol et de corruption commis par l'ex-président Antonio Saca, à l’occasion des donsoctroyés par Taiwan lors du tremblement deterre (350 millions de dollars). Le procèsn'avance pas et aucun verdict n’est prononcé.Est-ce là un autre cas d'impunité dans le pays ?L'impunité qui persiste de nos jours, remonteaux milliers de disparus et de civils massacréspendant les années de guerre, qui restent dans lamémoire de leurs familles et de Notre histoire.Seule la justice peut éliminer la mentalité du"propriétaire" au Salvador.

La politique est un acte d'amour et d'espoir,

le sentiment qui amène à considérer ceque l'on désire

comme étant réalisable.

La pétition contre le décret deBarack Obama atteint les 10

millions de signatures !

Dans la foulée du décret émis par le présidentBarack Obama contre le Venezuela, un élan desolidarité envers le gouvernement bolivariens'est emparé de la société vénézuélienne.

Un tweet mondial a été lancé «#Obama,abroge le décret maintenant»ou encore «#LeVenezuela n'est pas une menace, c'est unespoir».

Toute la société vénézuélienne s'est mobiliséepour dire «NON» au décret impérial. Jeudi 9avril, la barre souhaitée par le gouvernementdes 10 millions de signatures a été franchie.

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Hasta Siempre, Señor Galeano

Eduardo Galeano, un des plus grandsécrivains latino-américains de l'Histoire,s'est éteint ce matin, à Montevideo, saville natale, à l'âge de 74 ans. L'équipedu Journal de Notre Amérique souhaitelui rendre à travers ces quelques lignesl'hommage qu'il mérite tant.

Le chanteur populaire vénézuélien Ali Primera adans une chanson qui l’a rendu célèbre adéclaré :

« Los que mueren por la vida no puedenllamarse muertos »

(Ceux qui meurent pour la vie ne peuvents’appeler des morts).

Ceci est vrai pour Simon Bolivar, ErnestoGuevara ou encore Hugo Chavez. Mais c’estaussi le cas pour Eduardo Galeano, grandécrivain, journaliste et historien uruguayen, quinous a quittés hier. Cette mort qui survient toutjuste un an après celle de son homologuecolombien, Gabriel Garcia Marquez rend lecontinent latino-américain orphelin d’une sesplus belles plumes.

Combattant infatigable pour la liberté, ladignité et la justice, il aura dédié sa vie à lacause des plus pauvres. Ses nombreux écritsl’amèneront à évoquer des thèmes divers telsque la politique ou le football dont il était fan etceci toujours dans un esprit critique et souventpoétique.

C’est en 1971, alors qu’il vit en exil, que lenom d’Eduardo Galeano retentit pour lapremière fois en Amérique latine. Cette année làen effet, il publie l’ouvrage de sa vie, l’un plusgrands chefs d’œuvres de la littérature, il s’agit

bien sûr des Veines ouvertes de l’Amériquelatine. Quarante ans plus tard, ce livre traduit dansvingt langues et vendu à des milliersd’exemplaires à travers le monde est plus quejamais d’actualité. Preuve de la puissance de cetouvrage : en 2009, lors du sommet desAmériques à Trinidad et Tobago, l’ancienprésident vénézuélien Hugo Chavez offrit Lesveines ouvertes de l’Amérique latine auprésident Barack Obama. Une manière demontrer à son homologue états-unien l’histoireet les souffrances endurées par le sous-continentnotamment et surtout à cause de l’impérialismeétats-unien.

Ce chef-d’oeuvre est en effet un violentréquisitoire contre la situation alarmante danslaquelle se trouve alors le continent aux veinesouvertes. Misère, dénutrition, indigence,analphabétisme, inégalité, injustice... La liste estencore longue. Et les responsables de ces mauxatroces sont tous identifiés avec précision parGaleano. Ce sont d’abord les colonisateursespagnols et portugais, génocidaires d’Indiens.Puis viennent les multinationales, l’impérialismeet le néocolonialisme, d’abord anglais puis états-unien. Mais aussi les oligarchies nationales plusdisposées à servir les intérêts des États-Unisqu’à développer leur pays.

Tout au long de sa vie, Eduardo Galeano n’auracessé de mener le combat contre tous ceux quiont ensanglanté l’Amérique Latine, une terre quil’aimait tant.

Néanmoins, Eduardo Galeano n’est mort quephysiquement. Ses luttes, ses écrits en faveurdes plus pauvres eux ne mourront jamais etcontinueront à résonner en Amérique latine etdans le monde. C’est aussi à cela que l’onreconnaît les grands hommes. Leurintemporalité.

Au nom de l’équipe du Journal de NotreAmérique, nous adressons notre fraternité etnotre soutien au peuple latino-américain.

Hasta la victoria siempre !