Le Capital

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Marx, Karl - Roy, Joseph (trad.). Le Capital, par Karl Marx, traduction de M. J. Roy, entièrement revisée par l'auteur. 1872. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Marx, Karl - Roy, Joseph (trad.). Le Capital, par Karl Marx, traduction de M. J. Roy, entirement revise par l'auteur. 1872.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numriques d'oeuvres tombes dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur rutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n78-753 du 17 juillet 1978 : *La rutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la lgislation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La rutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par rutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits labors ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accder aux tarifs et la licence

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KARL

MARX

PARISDITEURS, LACHATRE MAURICE 38 DE >BASTOPOL, 38, IOULLVAISD ET CIE

1" Livrais l'rii de la Livraison: DIX centimes

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MARX

TRADUCTION M. J. ROY. rNTILRF.MENT Ul' REVlSl'lHPAR l.'AI'Tni^n

PARIS DITEURS,38,

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LACIIATRESKBASTOPOL, 38

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CITOYEN

KARL

MARX

CHER MAITRE, Votre livre Le Capital vous a attir tant de sympathies parmi les classes ouvrires, en Allemagne, qu'il tait naturel qu'un diteur franais eut l'ide de donner son pays la traduction de cette uvre magistrale. La Ulssie a devance la France,il est vrai, pour la reproduction de cet ouvrage important; mais notre pays aura l'heureuse fortune de possder la traduction faite sur le manuscrit de la deuxime dition allemande, avant mme son apparition en Allemagne, et revise par l'auteur. La France pourra revendiquer la plus large part dans l'initiation des autres peuples vos doctrines, car ce sera notre texte qui servira pour toutes les traductions qui seront faites du livre, en Angleterre, en Italie, en Espagne, en Amrique, partout enfin o se rencontreront des hommes de progrs, avides de connatre et dsireux de propager les principes qui doivent rgir les socits modernes dans l'ancien et le nouveau monde. Le mode de publication que nous avons adopt, par livraisons Dix centimes, aura cet avantage, de permettre un plus grand nombre de nos amis de se procurer votre livre, les pauvres ne pouvant payer la science qu'avec l'obole; votre but se trouvera atteint rendre votre uvre accessible tous. Quant la crainte que vous manifestez de voir les lecteurs s'arrter devant l'aridite des matires conomiques traites dans les premiers chapitres, l'avenir nous apprendra si elle tait iondo. Nous devons esprer que les personnes qui s'abonneront votre ouvrage, ayant pour objet principal l'tude des doctrines conomiques, ne se laisseront pas arrter dans leur lecture, par l'application de vos mthodes analytiques; chacun comprendra que les premiers chapitres d'un livre d'conomie politique doivent tre consacrs des raisonnements abstraits, prliminaires obligs des questions brlantes qui passionnent les esprits, et qu'on ne peut 'arriver que graduellement la solution des problmes sociaux traits dans les chapitres suivants; tous les lecteurs voudront vous suivre, c'est ma conviction, jusqu' la conclusion de vos magnifiques thories. Veuillez agrer, cher maitre, l'assurance de toutes mes sympathies.Maurice Laciiatre

le piemier volume forme la suite d'un crit publi L'ouvrage dont je livre au public oj 1859, sous le titre de Critique de l'conomie politique. Ce long intervalle entre les deux publications m'a t impos par une maladie de plusieurs annes. Afin de donner mant dans ce livre un le premier chapitre, dans ce rsum modifier mon premier plan d'exposition. bord simplement indiqus sont ici dvelopps amplement, ncessaire, complment l'crit qui l'avait prcd. en le rsuj'y ai fait entrer, Il est vrai que j'ai cru devoir Ln grand nombre de points d'atandis que d'autres, complte-

ment dvelopps ne sont plus qu'indiqus ici. L'histoire de la thorie de la valeur d'abord, et de la monnaie, par exemple, a t carte; mais par contre le lecteur trouvera dans les notes du premier chapitre de nouvelles sources pour l'Jiitoire de cette thorie. Dans toutes les sciences le commencement est ardu. Le premier chapitre, principalela partie qui contient l'analyse de la marchandise, un peu sera donc d'une intelligence difficile, Pour ce qui est de l'analyse de la substance de la valeur et de sa quantit, je me suis efforc d'en rendre 1 expos aussi clair que possible et accessible tous les lecteurs La forme de la valeur ralise dans la forme monnaie est quelque chose de trs-simple. ment

t. Ceci m'a paru d'autant plus ncessaire que, raire l'crit de F. Lassait* conke Schultze-Delitzscli, dans la partit o il dchue donner la quintessence de mes ides sur ce sujet, renferme le graves erreurs. CVst sans doute dans un l>ut de propagande que F. Lassalle, tout en vitant d'indiquer sa source, ; emprunt mes crits, presque mot pour mot, toutes les propositions thoriques gnrales de ses travaux conomiques, sur le caractre historique du capital. par exemple, sur les liens qui unissent les rapports le production ri le mode de production, etc., vl mme la terminologie cre par moi. Je ne suis. Lien cntendu, pour rien dans les dtails o il est entr, ni dans les consquence* pratiques o il a t conduit et dont je n'ai pas m'occuper ici. S4

Cependant l'esprit humain a vainement cherch depuis plus de deuv mille ans en pntrer le secret, tandis qu'il est panenu analyser, du moins approximativement, des formes bien plus complexes et cachant un sens plus profond. Pourquoi? Parce que le corps organis est plus facile a tudier que la cellul** en est l'lment. D'un autre ct, l'analyse des formes qui conomiques nepeut s'aider du microscope ou des ractifs fournis par la chimie; l'abstraction est la seule force qui puisse lui senir d'instrument. Or, pour la socit bourgeoise actuelle, Informe marchandke du produit du lra\ail, ou la forme valeur del marchandise, est la forme cellulaire conomique.Pour l'homme- peu cultiv l'analyse de cette forme parat se perdre dans des minuties; ce sont en effet et ncessairement des minuties, mais comme il s'en trouve dans Yanatomiemicroloyiqae. A part ce qui regarde la forme de la valeur, la lecture de ce livre ne prsentera pas de difficults. Je suppose naturellement des lecteurs qui veulent apprendre quelque chose de neuf et par consquent aussi penser par eux-mmes. Le physicien pour se rendre compte des procds de la nature, ou bien tudie les phnomnes lorsqu'ils se prsentent sous la forme la plus accuse, et la moins obscurcie par des influences perturbatrices, ou bien il exprimente dans des conditions qui assurent autant que possible la rgularit de leur marche. J'tudie dans cet ouvrage le mode de production capitaliste et les rapports de production et d'change qui lui correspondent. L'Angleterre est le lieu classique de cette production. Voil pourquoi j'emprunte ce pays les faits et les exemples principaux qui servent d'illustration au dveloppement de mes thories. Si le lecteur allemand se permettait un mouvement d'paules pharisaque propos de l'tat des ouvriers anglais, industriels et agricoles, ou se berait de l'ide optimiste que les choses sont loin d'aller aussi mal en Allemagne, je serais oblig de lui crier Dete fabula narratur. Il ne s'agit point ici du dveloppement plus ou moins complet des antagonismes sociaux qu'engendrent les lois naturelles de la production capitaliste, mais de ces lois ellesmmes^des tendances qui se manifestent et se ralisent avec une ncessit de fer. Le pays le plus dvelopp industriellement ne fait que montrer ceux qui le suivent sur l'chelle industrielle l'image de leur propre a-venir. Mais laissons de ct ces considrations. Chez nous, l o la production capitaliste a pris pied, par exemple dans les fabriques proprement dites, l'tat des choses est de beaucoup plus mauvais qu'en Angleterre, parce que le contre-poids des lois anglaises fait dfaut. Dans toutes les autres sphres, nous sommes, comme tout l'ouest de l'Europe continentale, affligs et par le dveloppement de la production capitaliste, et aussi par le manque de cc dveloppement. Outre les maux de l'poque actuelle, nous avons supporter une longue srie de maux hrditaires provenant de la vgtation continue de modes de production qui ont vcu, avec la suite des rapports politiques et sociaux contretemps qu'ils engendrent. Nous avons souffrir non-seulement de la part des vivants, mais encore de la part des morts. Le mort saisit le vif! Compare la statistique anglaise, la statistique sociale de l'Allemagne et du reste du continent europen est rellement misrable. Malgr tout, elle soulve un coin du voile, assez pour laisser entrevoir une tte de Mduse. Nous serions effrays de l'tat des choses chez nous, si nos gou\ ornements et nos parlements tablissaient, comme en Angleterre, des commissions d'tudes priodiques sur la situation conomique; si ces commissions taient, comme en Angleterre, annes de. pleins pouvoirs pour la recherche de la vrit; si nous russissions trouver pour cette haute fonction des hommes aussi experts, aussi impar^

tiaux, aussi rigides et dsintresses que les inspecteurs (le fabriques de Ja Grande-Bretagne, que ses reporters sur la sant publique (Publie Health), que ses commissaires d'instruction sur l'exploitation des femmeset des enfants, sur les conditions de logement et de nourriture, oie. Perse sc couvrait d'un nuage pour poursuivre les monstres; nous, pour pouyoir nier l'existence des monstruosits, nous nous plongeons dans le nuage tout entiers, jusqu'aux yeux et aux oreilles, II ne faut point se faire d'illusions. De mme que la guerre de l'indpendance amricaine au dix-huitime sicle a sonn la cloche d'alarme pour la classe moyenne en Europe, de mme la guerre civile amricaine au dix-ncu\imc sicle a sonn le tocsin pour la classe ouvrire europenne. En Angleterre, la marche du bouleversement social est visible tous lesyeux; une certaine priode ce bouleversement aura ncessairement son contre-coup sur le continent. Alors il revtira dans son allure des formes plus ou moins brutales ou humaines selon le degr de dveloppement de la classe des travailleurs. Abstraction faite de motifs plus levs, leur propre intrt commande donc aux classes rgnantes actuelles d'carter tous les obstacles lgaux qui peuvent gner le dveloppement de la classe ouvrire. C'est en vue de ce but que j'ai accord dans es volume une place si importante l'histoire, au contenu et aux rsultats de la lgislation anglaise sur les grandes fabriques. Une nation peut et doit tirer un enseignement de l'histoire d'une autre nation. Lors mme qu'une socit est arrive dcouvrir la piste de la loi naturelle qui prside son mouvement, et le but final de cet ouvrage est de dvoiler la loi conomique du mouvement de la socit moderne, elle ne peut ni dpasser d'un saut ni abolir par des dcrets les phases de son dveloppement naturel; mais elle peut abrger la priode de la gestation, et adoucir les maux de leur enfantement. Pour viter des malentendus possibles, encore un mot. Je n'ai pas peint en rose le il ne s'agit ici des personnes, qu'autant qu'elles capitaliste et le propritaire foncier. Mais les sont la personnificationde catgories conomiques, supports d'intrts et de rapports de classes de dtermins. Mon point de vue, d'aprs lequel le dveloppement la formation conomiquede la socitest assimilable la marche de la nature et son histoire, ,peut moins que tout autre rendre l'individu responsable de rapports dont il reste socialement la crature, quoi qu'il puisse faire jjour s'en dgager. Sur le terrain de l'conomie politique la libre et scientifiquerechercherencontre bien plus d'ennemis que dans ses autres champs d'exploration. La nature particulire du sujet qu'elle traite soulve contre elle et amne sur le champ de bataille les passions les plus vives, les plus mesquines et les plus hassables du cur humain, toutes les furies de l'intrt priv. La Haute glise d'Angleterre, par exemple, pardonnera bien plus facilement une attaque contre trente-huit de ses trente-neuf articles do foi que contre un trente-neuvime de ses revenus. Compar la critique de la vieille proprit, l'athisme lui-mme est aujourd'hui une cu/pa levis. Cependant il est impossible de mconnatre ici un certain progrs. Il me suffit pour cela de renvo)Ycrle lecteur au livre bleu publi dans ces dernires semaines Correspondanceicilh Iler Majestifs missions ahroad, rrgarding Industrial Questions and Trads Unions. Les reprsentants trangers de la couronne d'Angleterre y .expriment tout net l'opinion qu'en Allemagne, en France, en un mot dans Ions les tats civilis-*du continent Europen, une transformation des rapports existants entre le capital et le travail est aussi sensible et aussi invitable que dans la Grande-Bretagne. En mme temps, par del l'ocan Atlantique, M. Wade, vice-prsident des tats-Unis du Nord de l'Amrique,

dclarait ouvertementdans plusieurs meetingsjniMics, qu'aprs laltolition de l'esclavage, la question 1 ordre du jour serait celle de la transformation desrapports i | 1 1clde la proprit foncire. > sont l des signes du temps, que ni nianleauxde pourpreni soutanes noires ne peuventcacher, lis ne simnlienl point Lfidsiriini'K'I1"' C'estle au Icin'irllui est ausinaturel que la faim l'est corps. l quela vliipu-t les clives tiront leur valeur.. Niclu.las Barlinn Aliiscourse on eniningthe newnioneyligliter, in answero M'. Lnckc'smnsiilpiatir.ns. etc. I/mdon,1G!>6. t p. l et X

moyen si c'est

de

subsistance, un moyen de

soit, production.

par

une

voie

dtourne,

l Chaque chose utile, commee fer. ] papier, etc.. peut tre considre sous un double point de vue. celui de la qualit cl celui de la quantit. Chacune est il ensemble de proprits diverses et peut par consquent cire utile par diffrents cts. Ilconvrir ces cts divers et en mmetemps les divers lisais des choses est une uuvre de l'histoire1. Telle est la dcouverte de mesures sociales pour la quantit des choses utiles. La diversit de ces mesures .les marchandises a pour origine en partie la natu ->(L. c. p. 13, sans s'approprier ses lments positifs de dvelop14.) pement4.^ 2. Ainsi,aprs rtablissementdo la loi de fabriquedans les 1. L. c. p. 84, n. 124. potoues, les tours . mainont t en grande partie remplac 2. Tetulency [aet.>ry lu sijxtdi (L. c. p. lxmJ. Cette in- par des tours mcaniques.

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CAPITAL que messieurs los fabricants reconnaissaient s' Les inconvnients que l'introductre tromps tion de lfi loi de fabrique nous faisait craindre ne se sont pas raliss. Nous ne trouvons pas que la production soit le moins du monde paralyse; en ralit nous produisons davantage dans le mme temps On le voit, le parlement anglais que, personne n'osera taxer d'esprit aventureux, ni de gnie tianscendant, est arriv par l'exprience seule cette conviction) qu'une simple loi corcilive suffit pour faire disparatre tous les obstacles prtendus naturels qui s'opposent la rgularisation et la limitation de la journe de travail. Lorsqu'il soumet la loi de fabrique une nouvelle tranche d'industrie, il se borne donc accorder un sursis de six dixhuit mois pendant lequel c'est l'affaire des fabricants de se dbarrasser des difficults techniques. Or, la technologie moderne peut s'crier avec Mirabeau Impossible ne me dites jamais cet imbcile de mot! Mais en activant ainsi le dveloppement des lments matriels ncessaires la transformation du rgime manufacturier en rgime de fabrique, la loi, dont l'excution entrane des avances considrables, acclre simultanment la ruine des petits chefs d'industrie et la concentration des capitaux2. Outre les difficults purement techniques qu'on pout carter par des moyens techniques, la rglementation de la journe de travail en rencontre d'autres dans les habitudes d'irrgularit des ouvriers eux-mmes, surtout l o prdomine le salaire aux pices et o le temps perdu une 'partie du jour ou de la semaine peut tre rattrapp plus tard par un travail extra ou un travail de nuit. Cette mthode qui abrutit l'ouvrier adulte, rupeses compagnons d'un ge plus tendre et d'un sexo plus dlicat a. Bien que cette irrgularit dans la dpense de la force vitale soit une sorte de raction naturelle et brutale contre l'ennui d'un labeur fatigant par sa monotonie, elle provient un bien plus haut degr de l'anarchie de la production qui, de son ct, prsuppose l'exploitation effrne du travailleur. A ct des variations priodiques, gnrales, du cycle industriel, et des fluctuations du march parti-

venu comme une barrire ternelle impose par la naturo des choses. Mais il n'y a pas d'insecticide aussi elilcaco contre la verinine que l'est la lgislation do fabriques contre ces prtendues barrires naturelles. Personne qui exagrt plus ces irapossibilits que les patrons poHei or la loi de s fabrique leur ayant t applique en 1864, seize mois aprs, toutes les impossibilits avaient dj disparu. Les amliorations provoques par cette loi telles que la mthode perfectionne de substituer la pression l'vaporation, la construction de fourneaux nouveaux pour scher la marchandise humide, etc., sont autant d'vnements d'une importance exceptionnelle dans l'art de la poterie et y signalent un progrs suprieur . tous ceux du sicle La temprature des fours est considpicdent. rablement diminue et la consommation de charbon est moindre, en mme temps que l'action sur la pte est plus rapide1. En dpit de toutes les prdictions de mauvais augure, ce ne fut pas le prix, mais la quantit des articles qui augmenta, si bien que l'exportation de l'anne commenant en dcembre 1864, fournit un excdant de valeur de 138 628 liv. st. sur la moyenne des trois annes prcdentes. Dans la fabrication des allumettes chimiques, il fut tenu pour loi de la nature clue les jeunes garons, au moment mme o ils avalaient leur diner, plongeassent de baguettes de bois dans une composition de phosphore rchauffe dont les vapeurs empoisonnes leur montaient la tte. En obligeant conomiser le temps, la loi de fabrique de 1864 amena l'invention d'une machine immersion (dippng machine) dontles vapeurs ne peuvent plus atteindre l'ouvrier2. De mme on entend encore affirmer dans ces branches de la manufacture des dentelles, qui jusqu'ici n'ont pas encore perdu leur libert, que les repas ne pourraient tre rguliers cause des longueurs de temps diffrentes qu'exigent pour scher le* diverses matires, diffrences qui varient de trois mintes une heure et mmedavantage. Mais, rpondent les commissaires de l'enqute sur l'emploi des enfants et des femmes dans l'industrie, les circonstances sont exactement les mmes que dans les fabriques de tapis o les principaux fabricants faisaient vivement valoir qu'en raison de la nature des matriaux employs et de la varit des oprations, il tait impossible, sans un prjudice le travail pour les considrable d'interrompre repas. En vertu de la sixime clause de la sixime section du Fnctory Acts extension Act de 1864, on' leur accorda, partir de la promulgation de cette loi, un sursis de dix-huit mois, pass lequel ils devaient 'se soumettre aux interruptions de travail qui s'y trouvaient spcifies3 Qu'arriva-t-il ? La loi avait peine obtenu la sanction parlementaire

1. flep. of Insp. ofFact. 31 oct. 1805,'p. 22. 2. Dansun grand nombre d'anciennesmanufactures, les amliorationsncessaires ne peuvent tre pratiques sans un dbours de capital qui dpasse de beaucoup les moyens de leurs propritaires actuels. L'introductiondes actes de fad'une dsorganisation brique est ncessairementaccompagne passagre qui est en raison diiecle de la grandeur des inconvnients auxquels il fautremdier. (L. c. p. 96, 07.) 3. Dans les hauts fourneaux,par exemple, le travail est gnralement Irs-prolongcvers la finde la semaine, enraison de l'habitude qu'ont les hommesde faire le lundi et de perdre aussi tout ou partie du mardi. (Child.J?ip?. omm.VKep-, C I Les petits patrons ont en gnral des heures trs-irrp. vi.) guhics. Ils perde'it deux ou trois jours et travaillent ensuite toute la nuit pour rparer le temps perdu. Ils emploient 1. L. c p. 96 et 127. (3c 2. L'mlroducUon cette machineavec d'autres dans les fa- leurs propres onfants quand ils en ont. (L. c. p. vir.) Le es.tencouragpar 1>iqiosd'allumoltoschimiques a, dans un seul dpartement, manque (je rgularit se rendre au travailcnsuits en travaitt ta.pos' {Essays abonl the Poor, Manufactures, etc., p. 19.) 4. Chdd. Empl. Comm. VRep-, p. 171, n. 31. 5. Onlit par exemple dans les dpositions de quolquesagents II est clair d'exportation de Bradfoid cits comme tmoins que dans ces circonstances il est inutile de faire travailler dans les magasins les jeunes garons plus longtemps que depuis huit heuies du matin jusqu' sept heures du soir. Ce n'est qu'une question de dpense extra et de nombre de bras extra. Les garons m'auraient pas besoin de travailler si tard dans la t. nuit si quelques patrons n'taient pas aussi affams de profit. Une machine extra ne cote que 16 ou 18 liv. st. Toutes les difficults proviennent de insuffisance d'appareils et du manque d'espace. (L. c. p. 171, n. 35 et 38.) 6. L. c. Un fabricant de Londres, qui considre d'ailleurs la rglementation de la journe de travail comme un moyen de protger non-seulement les ouvrier? contieles fabiieants, mais encore les fabricants contre le grand commerce, s'exprime ainsi La gixc dans nos transactions est occasionne par les marchands exportateurs qm veulent, par eiettiplOj envoyer cles marchandes par un navire mjjIos, pour se trouver eu. heu et plaie dans unessaison dt'forminc, et, de plus, pour om[jchur h iUITlMiico di pu\ de uaiHpoit ontie le navire

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CAPITAL

entier qui est spar d tronc. Les blessures ont pour consquence ordinaire >ot la mort, soit un a\enir d'infirmit et de misre. L'accroissement du nombre des fabrique* dans ce pays ne fera naturellement qu'tendre d'aussi affreux rdavantage sultats. Je suis convaincu qu avec une surveillance convenable de ta part de l'Etat, ces sacrifices humains seraient en grande partie vits . IX Qu'est-ce qui pourrait mieux caractriser le mode de production capitaliste que cette ncessit de lui Lgislationde fabrique. imposer par des lois corcitives et au nom de l'tat les mesures sanitaires les plus simples? La loi de La lgislation do fabrique, cette premire racfabrique de 1864 a dj fait blanchir et assainir plus tion eonseii'iife et mthodique de la socit contre de deux cents poteries o pendant vingt ans on s'son propre organisme tel que l'a fait le mouvement tait consciencieusement abstenu de toute opration de la production capitaliste, est, comme spontan de ce genre! (Voil l'abstinence du Ces nous l'av ons vu, un fruit aussi naturel de la grande tablissements entassaient 27,800 ouvriers, extindustrie que les chemins de fer, les machines aunues de travail la nuit et le jour, et condamns tomates et la tlgraphie lectrique. Avant d'examirespirer une atmosphre mphitique imprgnant de ner comment elle va se gnraliser en Angleterre, germes de maladie et de mort une besogne d'ailil convient de jeter un coup d'il sur celles de ses leurs relativement inoffensive. Cette loi a multipli clauses qui n'ont pas trait la dure du travail. les moyens de ventilation*. La rglementation, sanitaire, rdige d'ailleurs de galement Cependant, elle a aussi prouv qu'au del d'un telle sorte que le capitaliste peut aisment l'luder, certain point le" systme capitaliste est incompatible fait des prescriptions pour le blanchise borne en avec toute amlioration rationelle. Par exemple, les ment des murs, et quelques autres mesures de mdecins anglais dclarent d'un commun accord propret, de ventilation et de prcaution contre les que, dans le cas d'un travail continu, il faut au moins machines dangereuses. cinq cents pieds cubes d'air pour chaque personne, Nous reviendrons dans le troisime livre sur la otque mme cela suffit peine. Eh bien, si par toutes rsistance fanatique des fabricants contre les artises mesures corcitives, la lgislation pousse d'une cles qui leur imposent quelques dbourss pour la manire indirecte au remplacement des petits ateliers des membres de leurs ouvriers. Nouvelle protection par des fabriques, empitant par l sur le, droit de incontestable du dogme libre-changiste preuve proprit des petits capitalistes et constituant aux dans une socit fonde sur l'antagod'aprs lequel grands un monopole assur, il suffirait d'imposer nisme des intrts de classes, chacun travaille fatatout atelier l'obligation lgale de laisser chaque l'intrt gnral en ne cherchant que lement pour travailleur une quantit d'air suffisante, pour exson intrt personnel 1 proprier d'une manire directe et d'un seul coup des Pour le moment, un exemple nous suffira. Dans milliers de petits capitalistes 1 Cela serait attaquer la premire priode des trente dernires annes la racine mme de la c'est-l'industrie linire et avec elle les sculchlng mills (fa- dire la mise en valeur production capitaliste, du capital, grand ou petit, au o le lin est battu et bris) ont pris un briques du libre achat et de la libre consommation essor en Irlande. Il y en avait dj en 18611 moyenforce de travail. Aussi ces grand de la cinq cents pieds de dix-huit cents. Ghaqile printemps et chaque plus d'air suffoquent la lgislation de fabrique. La pohiver on attire de la campagne des femmes et des lice de l'hygine publique, les commissions d'enfilles et femmes des petits fermiers adolescents, fils, industrielles et les inspecteurs de fabrique du voisinage,, gens d'une ignorance grossire en qutes en reviennent toujours la ncessit de- ces cinq tout ce qui regarde le machinisme, pour les emcents pieds cubes et a l'impossibilit de les imposer fournir le lin aux laminoirs des scutching j'iojer au capital. Ils dclarent ainsi en fait que la phthisie mills. Dans l'histoire des fabriques il n'y a pas et les autres affections pulmonaires du travailleur d'accidents si nombreux et si affreux. Un d'exemple sont dos conditions de vie pour le capitaliste 3. seul sculching mill a Kildinan (prs do Cork) enregistra pour son compte de 1852 1856 six cas de 1. L. c. p. xv, n. 74et suiv. mot t et soixante mutilations graves qu'on aurait pu 2. 1lcp.oflnsp. of Fad., 31 oct. !86,p. 9fl. facilement, viter au moyen de quelques appareils 3. Ona trouvepar expience qu'un individu moyenet bien environvingt-cinqpouces cubesd'air chaportant consomme trs-pou coteux. Le docteur M. White, chirurgien que respiration d'intensit moyenne et respire peu prs des fabriques de Downpalrick, dclare dans un rapvingt fois par minute..La masse d'air consommeen vingtport officiel du 15 dcembre !865: Les accidents quatre heures par un individu serait, d'aprs cela, d'emion dans les scutchings milts sont du genre le plus ter720000pouces cubes ou de 416 pieds cubes. Or, on sait que l'iiir une fois expir ne peut plus servir au mfirueprocsavant rible. Dans beaucoup do cas c'est un quart du corps d'avoir t purifidans le grand atelier do la nature. D'aprs voiler et le navire vapeur, ou Iwenqui de deux navires va- les expriences de Yalentin et de Brunner, un homme bien peur choiieutcelui qui part le premierpour arriveravant pottant paratt expirer environ treize cents pouces cubes d'aleurs concuricuts sur le ourdie trsi ce n*est bouslsi piessian d'une loi gnrale du parlement t, imposant une journe de travail normale toutes les branches de la production la l'ois.

CHAPITRE Si minces que leur ensemble les paraJ^ent^ans articles dela^ioide ils profabriquV$&f l'ducation, clament nanmoins l'ips.lruoliii comme primaire condition enfants1. Leur dji travaUjdes do succs taitoMigatop tla premire dmonstration pratique et la gymnasla pos&iliilil\d'uflir, l'enseign/menl vice versa le travail tique avec le avec O^vijm$ui|Mt et la gymnastique2. manuel rniBrignement les matres d'cole, les inspecteurs En consultant bientt que les enfants de de fabrique reconnurent l'cole seulement pendant 1 fabrique qui frquentent moiti du jour, apprennent tout autant que les une lves rguliers et souvent mme davantage. Et la raison en est simple. Ceux qui ne sont retenus . l'cole sont toujours frais, qu'une demi-journe et meilleure volont dispos et ont plus d'aptitude pour profiter des leons. Dans le systme mi-travail et mi-cole, chacune des deux occupations repose de l'autre, et dlasse et l'entant se trouve mieux l'une d'elles. Un que s'il tait clou constamment garon qui est assis sur les bancs depuis le matin de bonne heure, et surtout par un temps chaud, est incapable de rivaliser avec Celui qui arrive tout dispos et allgre de son travail3 ,. On trouve de plus sur ce sujet dans le discours amples renseignements de Senior au congrs sociologique d'Edimbourg en( Il y dmontre combien la journe d'cole lon1863. et strile des enfants des classes gue, monotone inutilement le travail des augmente suprieures matres tout en faisant perdre aux enfants leur non-seulement temps, leur sant et leur nergie, sans fruit mais leur absolu prjudice Il suffit 1. D'aprs la loi de fabrique, les parents ne peuvent envoyer leurs enfants au-dessous de quatorze ans dans les fabriques contrles sans leur faire donneren mme temps Knstruotion lmentaire. Le fabricant est responsable de l'excution de la loi. a L'ducation de fabrique est obligatoire, elle est une condition du travail. (Bp. of Insp. of Facl., 31 oct. 1865 P. 11.) 2. Pour ce qui est des rsultats avantageux de l'union de la gymnastique (et des exercices militaires pour les garons) avec l'instruction obligatoire des enfants de fabrique et dans les coles des pauvres, voir le discours de W. Ni Senior au septime congrs annuel de la National Association for the Promotion of social science, dans les Reportsof Proceedings,- etc. (London,1883, p. 63, 64), de mme le rapport des inspecteurs de fabrique pour le 31 oct. 865, p 118, 119, 120, 126 et suiv. 3. Bep. of Insp. of Faet. (L. c. p. 118.) Un fabricant de soie dclare iavetnent aux commissaires d'enqtite de la ChiltL Empl. Comm. Je suis convaincu que le vrai secret de la production d'ouvriers habiles consiste faire marcher ensemble ds l'enfance le travail et l'instruction. Naturellement le travail ne doit ni exiger trop d'efforts, ni lie rpugnant ou malsain. Je dsirerais que mes propres enfants pussent partager leur temps entre l'cole d'un ct et le travail de l'autre.. (Chili. Empt. Comm. VRep., p. 82y n. 36.) 4. Pour juger combien la grande industrie, arrive un certain dveloppement, est susceptible, par le bouleversement qu'elle produit dans le matriel de la production et dans les rapports sociaux qui en dcoulent, de bouleverser galement les ttes, il suffit de comparer le discours de N. W. Senior en 18G3 avec sa philippique contre l'acte de fabrique de 1833, ou de mettre en face des opinions du congrs que nous venons de citer ce fait que, dans certaines parties de l'Angleterre, il est encore dfendu des parents pauvres de faire instruire leurs enfants sous peine d'tre exposs mourir de faim. Il est d'usage, par exemple, dans le Somersetshire, ainsi que le rapporte M. *taell, que toute personne qui rclame des secours de la paroisse doive retirer ses eefanls de 1 cole. M. Wollaston,

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do consulter les livres de Robert Owen, pour tre convaincu que le systme de fabrique a le premier fait germer l'ducation de l'avenir, ducation qui unira, pour tous les enfants au dessus d'un certain ,ge le travail productif avec l'instruction et la gymnastique, et cela non-seulement comme mthode d'accrotre la production sociale, mais comme la seule et unique mthode de produire des hommes complets. On a vu que tout en supprimant au point de vue technique la division manufacturire du travail o un homme tout entier est sa vie durant enchan une opration de dtail, la grande industilie, dans sa forme capitaliste, reproduit nanmoins cette division plus monstrueusement encore,'et transforme l'ouvrier de fabrique en accessoire conscient d'une machine partielle. En dehors de la fabrique, elle amne le mme rsultat en introduisant dans presque tous les ateliers l'emploi sporadique de machines et de tra\aillems la machine, et en donnant partout pour base nouvelle la division du travail l'exploitation des femmes, des enfants et des ouvriers bon march1. La contradiction entre la division manufacturire du travail et la nature de la grande industrie se manifeste par des phnomnes subversifs, entre autres par le fait qu'une grande partie des enfants employs dans les fabriques et les manufactures modernes reste attache indissolublement, ds l'ge le plus tendre et pendant des annes entires, aux manipulations les plus simples, sans apprendre le moindre travail qui permette de les employer plus tard n'importe o, ft-ce dans ces mmes fabriques et manufactures. Dans les imprimeries anglaises, par exemple, les apprentis s'levaient peu peu, conformment au systme de l'ancienne manufactura et du mtier des travaux les plus simples aux travaux les plus complexes. Ils parcouraient plusieurs stages avant d'tre des typographes achevs. On exigeait de tous qu'ils sussent lire et crire. La machine imprimer a boulevers tout cela. Elle un adulte qui emploie deux sortes d'ouvriers la surveille et deux jeunes garons gs pour la plupart, de onze dix-sept ans, dont la besogne se borne tendre sous la machine une feuille de papier et l'enlever ds qu'elle est imprime. Ils s'acquittent de cette opration fastidieuse, Lonpasteur Feltham, cite des cas o tout secoursa t refus certainesfamilles paree qu'elles faisaient instruire leurs enfants 1. L o des machinesconstruitespour des artisans et mues par la force de l'hommesont en concurieneedirecte ou indirecte avec des machines plus divelnppes et supposantpar cela mme une forcemotrice mcanique,un grand changement a lieu par rapport au travailleurqui meut la machine.A l'otigine, la machine vapeur remplaaitt'ouvner; mais dans les cas mentionns,c'est lui quiremplace la machine.La tenmonsdesa forcedeviennentconsquemment sionet la dpense trueuses, et combiendoivent-ellesl'tre pour les adolescents condamns cette torture!Le commissaireLongea trouv Coventryet dans les environsdes garonsde dix quinze ans employs tourner des mtiers rubansj sansparler d'enfants plus jeunes qui avaient tourner des metiers de moindredimension. C'est un travail eitraordinairementptiibto;le gmon est un simpleremplaantde la forcedela vapeur. (Chid. V Empl. Comm. Rep., 1806,p. 114,n. 6.) Sur les consquences meurtriresde ce systmed'esclavaget ainsi qu le nomme le rapportofficiel, Y,l.c. pages suiv. 27

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CAPITALEn fait, les diffrentes branches d'industrie, issues spontanment de la division du travail social, formaient les unes ^is--vis des autres autant d'enclos qu'il tait dfendu au profane de franchir. Elles gardaient avec une jalousie inquite les secrets de leur routino professionnelle dont la thorie restait une nigme mme pour les initis. Ce voile, qui drobait aux regards des hommes le fondement matriel de leur vie, la production sociale, commena tre soulev durant l'poque manufacturire et fut entirement dchir l'avnement de la grande industrie. Son principe qui est de considrer chaque procd en lui-mme et de l'aindnalyser dans ses mouvements constituants, pendamment de leur excution par la force musculaire ou l'aptitude manuelle de l'homme, cra la science toute moderne de la technologie. Elle rduisit les configurations de la vie industrielle, bigarres, strotypes et sans lien apparent, des applications varies de la science naturelle, classifies d'aprs leurs diffrents buts d'utilit. La technologie dcouvrit aussi le petit nombre de formes fondamentales dans lesquelles, malgr la diversit des instruments employs, tout mouvement productif du corps humain doit s'accomplir, de mme que le machinisme le plus compliqu ne cache que le jeu des puissances mcaniques simples. L'industrie moderne ne considre et ne traite jamais comme dfinitif le mode actuel d'un procd. Sa base est donc rvolutionnaire, tandis que celle de tous les modes de production antrieurs tait essentiellement conservatrice Au moyen de machines, de procds chimiques et d'autres mthodes, elle bouleverse avec la base technique de la production les fonctions des travailleurs et les combinaisons sociales du travail, dont elle ne cesse de rvolutionner la division tablie en lanant sans interruption des masses de capitaux et d'ouvriers d'une branche de production dans une autre. Si la nature mme de la grande industrie ncessite le changement dans le travail, la fluidit des fonctions, la mobilit universelle du travailleur, elle reproduit d'autre part, sous sa forme capitaliste, l'ancienne division du travail avec ses particularits ossifies. Nous avons vu que cette contradiction absolue entre les ncessits techniques de la grande industrie et les caractres sociaux qu'elle

tires notamment, quatorze, quinze et seize heures de suite, pondant quelques jours de la semaine, et souvent trente-six heures conscutives avec deux heures seulement de rpit pour le repas et le sommeil'. La plupart ne savent pas lire. Ce sont, en gnral, des cratures informes et tout fait abruties. 11 n'est besoin d'aucune espce de culture intellectuelle pour les rendre aptes leur ouvrage; ils ont peu d'occasion d'exercer leur habilet et encore moins leur jugement; leur salaire, quoique assez lev pour des garons de leur get ne crot mesure qu'ils grandispas proportionnellement sent, et peu d'entre eux ont la perspective d'obtenir le poste mieux rtribu et plus digne de surveillant, parce que la machine ne rclame pour quatre aides qu'un surveillant*. Ds qu'ils sont trop gs pour leur besogne enfantine, c'est--dire vers leur dix-septime anne, on les congdie et ils deviennent autant de recrues du crime. Leur ignorance, leur grossiret et Ipur dtrioration physique et intellectuelle ont fait chouer les quelques essais tents pour les occuper ailleurs. Ce qui est vrai de la division manufacturire du travail l'intrieur de l'atelier l'est galement de la division du travail au sein de la socit. Tant que le mtier et la manufacture forment la base gnrale de la production sociale, la subordination du travailleur une profession exclusive, et la destruction de la varit originelle de ses aptitudes et de ses occupations* peuvent tre considres comme des ncessits du dveloppement historique. Sur cette base chaque industrie s'tablit empiriquement, se perfectionne lentement et devient vite stationnaire, aprs avoir atteint un certain degr de maturit. Ce qui de temps en temps provoque des changements, c'est l'importation de marchandises trangres par le commerce et la transformation successive de l'instrument de travail. Celui-ci aussi, ds qu'il a acquis une forme plus ou moins convenable, se cristallise et se transmet souvent pendant des sicles d'une gnration l'autre. Un fait des plus caractristiques, c'est que jusqu'au dix-huitime sicle les mtiers portrent le nom de mystres* Dans le clbre Livre des mtiers d'Etienne Boileau, on trouve entre autres prescriptions celle-ci n Tout compagnon lorsqu'il est reu dans l'ordre des matres, doit prter serment d'aimer fraternellement ses frres, de les soutenir, chacun dans l'ordre de son mtier, c'est--dire de ne point divulguer volontairement les secrets du mtier'. u

teur, pour faire valoir ses marchandises, les dfauts de celles mal confectionnes,dans l'intrt commun de la corporation. 1. La bourgeoisie ne peutexister sans rvolutionner constamment lesinstrumentsde travail et par cela mme les rap1. L. c.p. 3, n. 24. ports de la productionet tout l'ensembledes rapportssociaux. 2. L. c. 7, tt. 59,60. Le maintien de leur mode traditionnel de production tait 3. D'aprsle Slaslical Account,on vit jadis, dans quelques au contraire la premire condition d'existence de toutes parties de la haute Ecosse, arriveravee femmeset enfantsun les classes industrielles antrieures. Ce qui distingue donc grand nombrede bergers et de petits paysans chausssde sou- l'poquebourgeoise de toutes les prcdentes, c'est la transhers qu'ils ai aient faits eux-mmesaptes en avoir tann le formationincessante de la production, l'branlement conticuir, vtus d'habits qu'aucune autre main que la leur n'avait nuel des situations sociales,l'agitation et l'incertitude tertouchs, dont la matire tait emprunte la laine tonduepar nelles. Toutesles institutions fixes, rouilles,pour ainsi dire, eux sur les moutons ou au lin qu'ils avaient eux-mmes cul- se dissolventavec leur cortge d'ides et de traditions que tiv. Dans la confectiondes vlements,il tait peine entr leur antiquit rendait respectables, toutes les nouvelless'uun article achet, l'exception des alnes. des aiguilles, des 'sent avant d'avoir pu se consolider. Tout ce qui paraissait ds et de quelquesparties de l'outillage en fer employpour solide et fixe s'vapore, tout ce qui passait pour saint est le tissage. Les femmes avaient extrait elles-mmesles cou- profan,et les hommes sont enfin forcesd'envisager d'un il leursd'arbustes et de plantes indignes, etc. (DugaldSteirart, froirl leurs diverses positions dans la vie et leurs rapports 1. c. p. 327.} rciproques. (F. Engels un Korl ilarx Manifestder Kom4. II doit aussi jurer qu'il sa fera point connatre l'ache- tnwiisthchcnPartei. London,18-18, D.5.)

CHAPITRE revt sous le rgime capitaliste, finit par dtruire toutes les garanties de vie du travaille ni*, toujours menac de be voir retirer avec le moyen de travail les moyens d'existence et d'tre rendu lui-mme superflu par la suppression de sa fonction parcellaire nous savons aussi que' cet antagonisme fait natre la monstruosit d'une arme industrielle de lserve, tenue dans la misre afin d'tre toujours disponible pour la demande capitaliste; qu'il aboutit aux hcatombes priodiques de la classe ouvrire, la dilapidation la plus effrne des forces de travail et aux ravages de l'anarchie sociale, qui fait de chaque progrs conomique une calamit publique. C'est l le ct ngatif. Mais si la variation dans le travail ne s'impose encore qu' la faon d'une loi physique, dont l'action, en se heurtant partout des obstacles2, les brise aveuglment, les catastrophes mmes que fait natre la grande industrie imposent la ncessit de reconnatre le travail vari et, par consquent, le plus grand dveloppement possible des diverses aptitudes du travailleur, comme une loi de la production moderne, et il faut 3. tout prix que les circonstances s'adaptent au fonctionnement normal de cette loi. C'est une question de vie ou de mort. Oui, la grande industrie oblige la socit sous peine de mort remplacer l'individu morcel, porte-douleur d'une fonction productive de dtail, par l'individu intgral qui sache tenir tte aux exigences les plus diversifies du travail et ne donne, dans des fonctions alternes, qu'un libre essor la diversit de ses capacits naturelles ou acquises. La bourgeoisie, qui en crant pour ses fils les coles polytechniques, agronomiques) etc., ne faisait pourtant qu'obir aux tendances intimes de la. production moderne, n'a donn aux proltaires que l'ombre de l'Enseignement professionnel. Mais si la lgislation de fabrique, premire concession arrache de haute lutte au capital, s'est vue contrainte de combiner l'instruction lmentaire, si misrable le travail industriel, la conqute inqu'elle soit, avec vitable du pouvoir politique par la classe ouvrire va introduire l'enseignement de. la technologie, pratique et thorique, dans les coles du peuple a. 1. Tu prends ma vie 9 tu me ravis les moyenspar lesquelsje vis. [Shakespeare.) 2. Un ouvrier iranais crit son retour de San Francisco= Je n'aurais jamais mu queje serais capabled'exercertous les mtiers que j'ai pratiqus en Californie,J'tais convaincu qu'en dehors de la typographieje n'tais bon rien. Une foisau milieu dece monded'aventuriersqui changent de mtier plus facilementque de chemise,je fis, ma foi, commeles autres. Commele travacl dans les mines ne rapportait pas i l et me rendis . la ville rapportait pas le plantai travapdans les minesne o je fus tour autres.Gommele assez, je tour typographe,couvreur,fondeuren plomb,etc. Apresavoir ainsifait l'exprIence je suis propre toute espcede traque vail, je me sens moins mollusqueet plus homme. 3. Vers la fin du di-septimesicle, John Bliers,l'conomistele plus minentde son temps, disait de l'ducation qui ne renfermepas le travail productif La science oisive ne vaut gure mieux que la sciencede l'oisivet. Le travail du corps est une institution divine,primitive. Le travail est aussincessaireau corpspour le maintenir en sant que le manger pour le Maintenir en vie; la peine qu'un homme s'pargne en prenant ses ases, il la retrouvera en malaises. Le travail remet de l'huile dans la la flamme-Une vie; la lampe de laniaise pensey met dos enfants sa besogneenantine et maisone. laisse Pespit

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II est hors de doute que de tels ferments de transformation, dont le terme final est la suppression de l'ancienne division du travail, se trouvent en contradiction ilagrante avec le mode capitaliste de l'industrie et le milieu conomique o il place l'ouvrier. Mais la seule voie relle, par laquelle un mode de production et l'organisation sociale qui lui correspond, marchent leur dissolution et . leur mtamorphose, est le dveloppement historique de leurs antagonismes immanents. C'est l le secret du mouvement historique que les doctrinaires, optimistes ou socialistes, ne veulent pas comprendre. Ne mtor -ultra erepidam Savetier, reste la savate Ce nec plus ultra de la sagesse du mtier et de la manufacture, devient dmence et maldiction le jour o l'horloger Watt dcouvre la machine vapeur, le barhier Arkwright le mtier continu, et l'orfvre Fulton le bateau vapeur. Parles rglements qu'elle impose aux fabriques; aux manufactures, etc., la lgislation ne semble s'ingrer que dans les droits seigneuriaux du ca, pital, mais ds qu'elle touche au travail domicile^ il y a empitement direct, avou, sur la patria poteslas, en phrase moderne, sur l'autorit des parents, et les pres conscrits du parlement anglais ont longtemps affect de reculer avec horreur devant cet attentat contre la sainte institution de la familK Nanmoins, on ne se dbarrasse pas des faits par des dclamations. Il fallait enfin reconnatre qu'en sapant les fondements conomiques de la famille ouvrire, la grande industrie en a boulevers toutes les autres relations. Le droit des enfants dut tre proclam. C'est un malheur, est-il dit ce sujet dans le rapport final de la Child.Empl. Commission, publi en 1866, c'est un malheur, mais il rsulte de l'ensemble des dispositions des tmoins, que les enfants des deux sexes n'ont contre personne autant besoin de protection que contre leurs parents. Le systme de l'exploitation du travail des enfants en gnral et du travail domicile en particulier, se perptue, par l'autorit arbitraire et funeste, sans frein et sans contrle, que les parents exerIl ne cent sur leurs jeunes et tendres rejetons doit pas tre permis aux parents de pouvoir, d*une manire absolue, faire de leurs enfants de pures machines, seule fin d'en tirer par semaine tant et Les enfants et les adolescents ont tant de salaire. le droit d'tre protgs par la lgislation contre l'abus de l'autorit paternelle qui ruine prmaturment leur force physique et les fait descendre bien bas sur l'chelle des tres moraux et intellectuels1. Ce n'est -pas cependant l'abus de l'autorit paternelle qui a cr l'exploitation de l'enfance, c'est tout au contraire l'exploitation capitaliste qui a fait dgnrer cette autorit en abus. Du reste, la lgislation de fabrique, n'est-elle pas l'aveu officiel que la grande industrie a fait de l'exploitation des femmes et des enfants par le capital, de ce dissolvant radical de la famille ouvrire d'autrefois, une (John Belhrs Proposais for raising a Calledgeof Industry of ait useful Trades and Husbundry.London, 1696,p. 12, 14, t8.) 1. Child, mpl. Comm.V Rep. p. \%v,n. 162, et II Bep., E 1, n. 285,289, p. xxxv, n. 191 p. xssvm,

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CAPITALtoute ptition pour l'introduction des lois de fagiiM" fabrique. Dans l'tat actuel, aprs la fermeture de son atelier, il sent du malaise et son sommeil est troubl par la pense que d'autres font travaillerl' plus longtemps et lui enlvent les commandes sa barbe Go serait une injustice l'gard des grands entrepreneurs, dit, en se rsumant, laCommission d'enqute que de soumettre leurs fabriques au rglement, tandis que dans leur propre partie la petite industrie n'aurait subir aucune limitation lgale du temps de travail. Les grands fabricants n'auraient pas seulement souffrir de cette ingalit daus les conditions de la concurrence au sujet des heures de travail, leur personnel de femmes et d'enfants serait en outre dtourn leur prjudice, vers les ateliers pargns par la loi. Enfin cela pousserait la multiplication des petits ateliers qui, presque sans exception, sont les moins favorables la sant, au confort, l'ducation et l'amlioration gnrale du peuple 2. La Commission propose, dans son rapport final de 1866, de soumettre la loi de fabrique plus de 1 400 000 enfants, adolescents et femmes dont la moiti environ est exploite par la petite industrie et le travail domicile. Si le parlement, dit-elle, acceptait notre proposition dans toute son tendue, il est hors de doute qu'une telle lgislation exercerait l'influence la plus salutaire, non-seulement sur les jeunes et les faibles dont elle s'occupe en premier lieu, mais encore sur la masse bien plus considrable des ouvriers adultes qui tombent directement (les femmes) et indirectement (les hommes) dans son cercle d'action. Elle leur imposerait des heures de travail rgulires et modres*, les amenant ainsi conomiser et accumuler cette rserve de force physique dont dpend leur prosprit aussi bien que celle du pays elle prserverait la gnration nouvelle des eflbrts excessifs dans un ge encore tendre, qui minent leur constitution et entranent une dcadence prmature elle offrirait enfin aux enfants, du moins jusqu' leur treizime anne, une instruction lmentaire qui mettrait fin cette ignorance incroyable dont les rapports de la Commission prsentent une si fidle peinture et qu'on ne peut envisager sans une vritable douleur et un profond sentiment d'humiliation nationale s. Vingt-quatre annes auparavant une autre Commission d'enqute sur le travail des enfants avait dj, comme le remarque Senior, droul dans son rapport de 1842, le tableau le plus affreux de la cupidit, de l'gosme et de la cruaut des parents et des capitalistes, de la misre, de la dgradation et de la destruction des enfants et des adolescents. On croirait que le rapport dcrit les horreurs d'une poque recule. Ces horreurs durent toujours, plus intenses que jamais. Les abus dnoncs en 1842 sont aujourd'hui (octobre 1863) en pleine floraison. Le rapport de 1842 fut empil avec d'autres documents, sans qu'on en prt autre1. L. en. 28. 2. L. c. n. 165-167. Voy.Sur les avantagesde la grande industriecompare la petite, Child.Empl.Comm.lit llep.r p. 13,n. 1H; p. 25, n. 121 p. 26, n. 125;p. 27, n. 140,etc. 3. ClnU. Empl. Comm. Hep t866, p. xxv, n. 169. V

ncessite conomique, l'aveu qu'elle a converti l'autorit pntornelle en un appareil du mcanisme social, de&tin fournir, directement ou indirectement, au capitaliste les enfants dit proltaire lequel, sous peine de mort, doit jouer son rle d'entremetteur et de marclinnd d'esclaves? Aussi tous les efforts de cette lgislation no prtendent-ils qu' rprimer les excs de ce systme d'esclavage. Si terrible et bi dgotante que paraisse dans le milieu actuel la dissolution des anciens liens de famille 1, la grande industrie, grce au rle dcisif aux femmes et aux enfants en qu'eUe aligne dehors du cercle domestique, dans des procs de production socialement organiss, n'en cre pas moins la nouvelle base conomique sur laquelle s'lvera, une forme suprieure de la famille et des relations entre les sexes. Il est aussi absurde de considrer comme absolu et dfinitif le mode germano-chrtien, de la famille que ses modes oriental, grec et romain, lesquels forment d'ailleurs entre eux une srie progressive. Mme la composition du travailleur collectif par individus de deux sexes et de tout ge, cette source de corruption et d'esclavage sous le rgne capitaliste, porte en soi les germes d'une nouvelle volution sociale 2. Dans l'histoire, comme dans la nature, la pourriture est le laboratoire de la vie. La ncessit de gnraliser la loi de fabrique, de la transformer d'une loi d'exception pour les filatures et les tissanderies mcaniques, en loi de la production sociale, s'imposait l'Angleterre, comme on l'a vu, par la raction que la grande industrie exerait sur la manufacture, le mtier et le travail domicile contemporains* Les barrires des mmes que l'exploitation femmes et des enfants rencontra dans les industries rglementes, poussrent l'exagrer d'autant plus dans les industries soi-disant libres3. Enfin, les rglements rclament hautement l'galit lgale dans la concurrence, c'est--dire dans le droit d'exploiter le travail 4. Ecoutons ce sujet deux cris partis du cur. MM. W. Cooksley, fabricants de clous, de chanes, etc., Bristol, avaient adopt volontairement les prescriptions de la loi de fabrique* Mais comme l'ancien systme irrgulier se maintient dans les tablissements voisins, ils sont exposs au dsagimcnt de voir les jeunes garons qu'ils emploient attirs (enticed) ailleurs une nouvelle besognee aprs six heures du soir. C'est l, s'crient-ils naturellement, une injustice notre gard et de plus une perte pour nous, car cela puise une partie des forces de notre jeunesse dont le profit entier nous appartient 5. M. J. Simpson (fabricant de botes et de sacs de papier, 1 Londres) dclare aux commissaires de la Child. Empl. Cotnm., qu'il veut bien 1. V. F. Engels 1. c. p. 165,178-83. 2. Letravailde fabriquepeut lrepuretbisnfaisantcorornc l'tait jadis le travaildomestique, et mme un plus haut deo gr. {Reports ffnsp, of l'act. 3J st. ocl. 1865,p. 127.) 3. c.p. 27, 31. 4. On trouve l-fcssus de nombreux documentsdans les Reportsnf In$p. ofFart. 5. Child.Empl. Contfri. VRep,, p. JX,H.3. r

CHAPITRE ment note, et il resta l vingt annes entires pendant lesquelles ces enfants crass physiquement, intellectuellement et moralement purent devenir les pres de la gnration actuelle 1. Les conditions sociales ayant chang, on n'osait plus dbouter par une simple fin de ribn-recevoir les demandes de la Commission d'enqute de 1862 comme on l'avait fait avec celles de la Commission de 1840Ds 1864, alors que la nouvelle Commissionn'avait encore publi que ses premiers rapports, les manufactures d'articles de terre (y inclus les poteries), de tentures, d'allumettes chimiques, de cartouches, de capsules et la coupure de la futaine [fustian cutllng) furent soumis la lgislation en vigueur pour les fabriques textiles. Dans le discours de la couronne do. 5 fvrier 1867, le ministre Tory d'alors annona des bills puiss dans les propositions ultrieures de la Commission qui avait fini ses travaux en 1866. Le 15 aot 1867, fut promulgu le Factory Acts extensionAct, loi pour l'extension des lois de fabrique, et le 21 aot, le WorkshopRegulationAct, loi pour la rgularisation des ateliers, l'une ayant trait la grande industrie, l'autre . la petite. La premire rglemente les hauts fourneaux, les usines fer et cuivre, les ateliers de construction de machines a l'aide de machines, les fabriques de mtal, de gutta percha et de papier, les verreries, les manufactures de tabac, les imprimeries (y inclus celles des journaux), les ateliers de relieurs, et enfin tous les tablissementsindustriels sans exception, o cinquante individus on davantage sont simultanment occups, au moins pour une priode de cent jours dans le cours de l'ans ne. Pour donner une ide de l'tendue de la sphre que la Loi sur la rgularisation des ateliers embrassait dans son action, nous en citerons les articles suivants Art. 4. Par mtier on entend Tout travail manuel exerc comme profession ou dans un but de gain et qui concourt faire un article quelconque ou une partie d'un article, le modifier, le rparer, l'orner, lui donner le fini [finish), ou l'adapter de toute autre manire pour la vente. Par atelier {workstwp) on entend toute espce de place, soit couverte, soit en plein air, o un mtier quelconque est exerc par un enfant, un adolescent ou Unefemme,et o la personne par laquelle l'enfant, l'adolescent ou la femme est employia le 'droit d'accs et de direction (the right of accessand controh) Par tre employ, on entend tre occup dans un mtier quelconque, moyennant salaire ou non, sous un patron ou sous wri parent. Par parent, on entend tout parent, tuteur ou autre personne ayant sous sa garde ou sous sa irection un enfant ou adolescent. >* h' art. 7, contenant les clauses pnales pour contravention cette loi, soumet des amendes nonseulement le patron, parent ou non, mais encore le parent bu la personne qui tire un bnfice di1. Senior,1.c. p. 320.

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rect du travail de l'enfant, de l'adoescent ou de la femme, ou qui l'a sous son contrle. La loi affectant les grands tablissements, le Factory Actsextension Act, droge la loi de fabrique par une foule d'exceptions vicieuses et de lches compromis avec les entrepreneurs. La loi pour la rgularisation tlesaUMerSimisrable dans tous ses dtails, resta lettre morte entre les mains des autorits municipales et locales, charges de son excution. Quant, en 1871, le parlement leur retira ce pouvoir pour le confrer aux inspecteurs de fabrique, au ressort desquels il joignit ainsi d'un seul coup plus de cent mille ateliers et trois cents briqueteries on prit en mme temps soin de n'ajouter que huit subalternes leur corps administratif dj beaucoup trop faible'. Ce qui nous frappe donc dans la lgislation anglaise de 1867, c'est d'un ct la ncessit impose au parlement des classes dirigeantes d'adopter en principe des mesures si extraordinaires et sur une si large chelle contre les excs de l'exploitation capitaliste, et de l'autre ct l'hsitation, la rpugnance et la mauvaise foi avec lesquelles il s'y prta dans la pratique. La Commission d'enqute de 1862 proposa aussi une nouvelle rglementation de l'industrie minire, laquelle se distingue des autres industries par ce caractre exceptionnel que les intrts du propritaire foncier [landlord) et de l'entrepreneur capita-* liste s'y donnent la main. L'antagonisme de ces deux intrts avait t favorable la lgislation de fabrique et, par contre, son absence suffit pour f expliquer les lenteurs et les faux-fuyants de la lgislation sur les mines. La Commission d'enqute de 1840 avait fait des rvlations si terribles, si shocMng, et provoquant un tel scandale en Europe que, par acquit de conscience, le parlement passa le Mining Act (loi sur les mines) de 184-2, o il se borna interdire le travail sous terre, l'intrieur des mines, aux femmes et aux enfants au-dessous de dix ans. Une nouvelle loi, The Mines Inspecting Act (loi sur l'inspection des mines) de 1880, prescrit que les mines seront inspectes par des fonctionnaires publics, spcialement nomms cet effet, et que de dix douze ans, les jeunes garons ne pourront tre employs qu' la condition d'tre munis d'un certificat d'instruction ou de frquenter l'cole pendant un certain nombre d'heures Cette loi resta sans eflet cause de l'insuffisance drisoire du personnel des inspecteurs, des limites troites de leurs verra d&ns pouvoirs et d'autres circonstances qu'on la suite. Un des derniers livres bleus sur les mines Report from the ielet commttee on Mines, etc., togelher with evidence, 13 juillet 1866, est l'uvre d'un comit parlementaire choisi dans le sein de la 1. Ce personnel se composait de deux inspecteurs, deux Huit inspecteursadjoints et quarante et un sotis-inspecteurs. en 18TI.Tout Je additionnelsfurentnomms sous-inspecteurs l'Ebudget de cette administrationqui embrasse l'Angte I. st., 2534 terre, qu' cosse et l'Irlande, ne s'levait en 1811-72 des poursuitesjudiciaires y inclus les frais lgaux causspar des patrons en contravention.

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CAPITALter des bougies et on ne le lui permettrait pas. H est l pour veiller sa besogne, il a un devoir remplir; je n'en ai jamais vu lire un seul dans la mine (n"' 141-160). Il. ducation. Les ouvriers des mines dsirent des lois pour l'instruction obligatoire des enfants, comme dans les fabriques. Ils dclarent que les clauses de la loi de 1860, qui exigent un certificat d'instruction pour l'emploi de garons de dix il douze ans, sont parfaitement illusoires. Mais voil o l'interrogatoire des juges d'instruction capitalistes devient rellement drle. Contre qui la loi est-elle le plus ncessaire? contre les entrepreneurs ou contre les parents? Contre les deux. (n 1 *6) a. Plus contre ceux-ci que contre ceux-l? Comment rpondre cela ? (n 1 37) Les entrepreneurs montrent-ils le dsir d'organiser les heures de travail de manire favoriser la frquentation de l'cole? Jamais. (n 211) Les ouvriers des mines amliorent-ils aprs coup leur instruction?-Ils se dgradent gnralement et prennent de mauvaises habitudes; ils s'adonnent au jeu et la boisson et se perdent compltement. (n 109) Pourquoi ne pas envoyer les enfants aux coles du soir? Dans la plupart des districts houillers il n'en existe aucune mais le principal, c'est qu'ils sont tellement puiss du long excs de travail, que leurs yeux se ferment de lassitude.Donc, conclut Pas le bourgeois, vous tes contre l'ducation? le moins du monde, etc. (n 443) Les exploiteurs des mines, etc., ne sont-ils pas forcs par la loi de 1860 de demander des certificats d'cole, pour La loi l'orles enfants entre dix et doue ans? donne, c'est vrai; mais ils ne le font pas. (n444) D'aprs vous, cette clause de la loi n'est donc pas gnralement excute? Elle ne l'est pas du tout. (n 717) Les ouvriers des mines s'intressent-Ha La beaucoup cette question de l'ducation? plus grande partie. (n 718) Dsirent-ils ardemment l'application force de la loi?- Presque tous. (n 720) Pourquoi donc n'emportent-ils pas de Plus d'un ouvrier haute lutte cette application? dsirerait refuser un garon sans certificat d'cole mais alors c'est un homme signal (a marked man).*f par son patron. Signal par qui?(n 721) (n 722) Vous croyez donc que les patrons perscuteraient quelqu'un parce qu'il aurait obi la loi? Je crois qu'ils le feraient. (n 723) Pourquoi les ouvriers ne se refusent-ils pas employer les garons qui sont dans ce cas? Cela n'est pas laiss leur choix. (n 1634) Vous dsirez l'intervention du parlement On ne fera jamais quelque chose d'efficace pour l'ducation des enfants des mineurs, qu'en vertu d'un acte du parlement et par voie corcitive. (n 1636) Ceci se rapporte-t-il aux enfants de tous les travailleurs de la GrandeBretagne ou seulement ceux des ouvriers des mines ? Je suis ici seulement pour parler au nom de ces derniers. (n 1638) Pourquoi distinguer les enfants des mineurs des autres?-Parce qu'ils forment une exception la rgle. (n" 1639) Sous ` quel rapport? -Sous le rapport physique. (n 1640) Il Pourquoi l'instruction aurait-elle plus de valeur pour eux que pour los enfants d'autres classes?

chambre des Communes et autoris a citer et interroger des tmoins. C'est un fort in-folio o le rappci t du Comit ne remplit que cinq lignes, rien que cinq lignes cet effet qu'on n'a rien dire et qu'il faut de plus amples renseignements 1 Le reste consiste en interrogatoires des tmoins. La manire d'interroger rappelle les cross examinations (interrogatoires contradictoires) des tmoins devant les tribunaux anglais o l'avocat, par des questions impudentes, imprvues, quivoques, embrouilles, faites tort et travers, cherche intimider, surprondie, confondre le tmoin et donner une entorse aux mots qu'il lui a arrachs. Dans l'espce les avocats, ce sont messieurs du parlement, chargs de l'enqute, et comptant paimi eux des propritaireset des exploiteurs de mines; les tmoins, ce sont les ouvriers des houillres. La farce est trop caractristique pour que nous ne don-, nions pas quelques extraits de ce rappoit. Pour abrger, nous les avons rangs par catgorie. Bien entendu, la question et la rponse correspondante sont numrotes dans les livres bleus anglais. I. Occupation des garnns partir de dix ans dans les mines. Dans les mines, le travail, y compris l'aller et le retour, dure ordinairement de quatorze quinze heures, quelquefois mme de trois, quatre, cinq heures du matin jusqu' quatre et cinq heures du soir (nM6,!52,83). Les adultes travaillent en deux tournes, chacune de huit heures, mais il n'y a pas d'alternance pour les enfants, affaire d'conomie (ns 80,203,204). Les plus jettnessont principalement occups ouvrir et fermer les portes dans les divers compartiments de la mine; les plus gs sont chargs d'une besogne plus rude, du transport du charbon, etc. (nos 122,73^1747). Les longues heures de travail sous terre durent jusqu' la dix-huitime ou vingt-deuxime anne; alors commence le travail des mines proprement dit (n16l). Les enfants et les adolescents sont aujourd'hui plus rudement traits et plus exploits qu' aucune autre priode antrieure (n* 1663-67). Les ouvriers des mines sont presque tous d'accord pour demander du parlement une loi qui interdise leur genre de travail jusqu' l'ge de quatorze ans. Et voici Vivian Hussey (un exploiteur de mines) qui interroge Ce dsir n'est-il pas subordonn la plus ou moins grande pauvret des parents? Ne seraitce pas une cruaut, l o le pre est mort, estropi, etc., d'enlever cette ressource la famille? Il doit pourtant y avoir une rgle gnrale. Voulezvous interdire le travail des enfants sous terre jusqu' quatorze ans dans. tous les cas? Rponse: Dans tous les cas (no> 107-110). Hussey Si le travail avant quatorze ans tait interdit dans les mines, les parents n'enverraient-ils pas leurs enfants dans les fabriques?-Dans la rgle, non. (nI74) Un ouvrier: yForeign Trotte, or the Balanceof orir Foreign Traileis the Eule of our Treasure. Written by ThomasMun, ofLondon,1 Mernote publishedfor thecommon chant,an good lyhisson John Jfun. Lond., 1669, p. 181,182 ) Je ne conoispas de plus grand malheur pour un peuple, que d'tre jet sur un morceaude terre o les productionsqui concernentla subsistance et la nourriture sont en grande proportionspontanes,et o le climat n'exige ou ne rclameque peu de soins pour levtement. Il peut y avoirun extrme dans un sens oppose.Un sol incapable de produire, mme s'il est travaill, est tout aussi mauvais qu'un sol qui produit tout en abondance sans le travail. (An Inquiry into Jftepresent high Price of moindre Provisions.Lond., H67, p. 10.)district d'Orissa, au Bengale. 3. II n'y a pas deux contres qui fournissent un nombre gal de choses ncessaires la ve> en gale abondance et avec la mme quantit de travail. Les besoins de l'homme augmentent ou diminuent en raison de la svrit ou de la douceur du climat sous lequel il vit. La proportion des travaux de tout genre auxquels les habitants de divers pays sont forcs de se livrer ne peut donc tre la mme. Et il n'est gure posSble de dterminer le degr de cette diffrence autrement que par les degrs de temprature. On peut donc en conclure gnralement que, la quantit de travail requise pour une population donne atteint son maximum dans les climats froids et son minimum dans les climats chauds. Dans les premiers en effet l'homme nia pas seulement besoin de plus de vtements; mais la terre elle-mme a besoin d'y tre plus cultive que dan les derniers.. (An Essay on the Governiny Causes oflhe Natural Rate of Interest. Lond., 1750, p. 60.) L'auteur de cet cent qui a fait poque est Uassey. Hume lui a emprunt sa thorie de l'intrt. 4. Tout travail doit laisser un excdant. Pioudhon (on dirait que cela fait partie des droits et devoirs du citoyen).

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CAPITALpour son entretien. Jusque-l, simple rpttiondu la vieille chanson; mais, voulant y mettre du sien, il poursuit Pour varier la forme du thorme la raison pour laquelle le capital rend un profit, c'est tfw nourriture, vlement1, matriaux et instrumenta lurent plus de temps qu'il n'en faut pour les produire . M. j\]jll confond ici la dure du travail avec la dure de ses produits. D'aprs cette doctrine, un boulanger, dont les produits no duroutqu'un jour, ne pourrait tirer do ses salaris le mme profit qu'un constructeur de machines, dont les produits durent une vingtaine d'annes et. davantage. D'ailleurs, il est trs-vrai que si un nid ne durait pas plus (le temps qu'il n'en faut l'oiseau pour le faire, les oiseaux devraient se passer de nids. Aprs avoir constat cette vrit fondamentale, M. Mill constate sa supriorit sur les mercantilistes. Nous voyons ainsi, s'crie-t-il, que le profit provient, non de l'incident des changes, mais de la force productive du travail, et le profit gnral d'un pays est toujours ce que la force productive du travail le fait, qu'il y ait change ou non. S'il n'y avait pas division des occupations, il n'y aurait ni achat ni vente, mais nanmoins il y aurait toujours du profit . Pour lui, les changes, l'achat et la vente, les conditions gnrales de la production capitaliste, n'en sont qu'un incident, et il y aurait toujours du profit sans l'achat et la vente de la force de travail d'un pays les travailleurs Si, poursuit-il, produisent collectivement vingt pour cent au-dessus de leurs salaires, les profits seront de vingt pour cent quels que soient les prix des marchandises. C'est d'un ct une Lapalissade des plus russies en effet, si des ouvriers produisent une plus-value de vingt pour cent pour les capitalistes, les profits de ceux-ci seront certainement aux salaires de ceuxl comme 20 est 100. De l'autre ct, il est absolument faux que les profits seront de vingt pour cent . Ils seront toujours plus petits, parce ^uelos profits sont calculs sur la somme totale du capital avanc. Si, par exemple, l'entrepreneur avance cinq cents liv. st., dont quatre cinquimes sont dpenss en moyens de production, un cinquime en salaires, et (lue le taux de la plus-value soit de vingt pour cent, le taux de profit sera comme 20 est 500, c'est--dire de quatre pour cent, et non de vingt pour-cent. M. Mill nous donne pour la bonne bouche un chantillon superbe de sa mthode dejraiter les rentes formes historiques de la production sociale. Je prsuppose toujours, dit-il, l'tat actuel des choses qui prdomine universellement pou fait d'exceptions prb, c'est--dire que le capitaliste toutes les avances y inclus la rmunrai ion du travailleur . Etiangc illusion d'optiquude voir universellement un tat de choses qui n'existe encore 1 Mais passons que par exception sur notre globe outre. M. Mill veut bien faire la concession que ce n'est pas une ncessit absolue qu'il en soit ainsi. Au contraire, jusqu' la parfaite et entire atconfection de l'ouvrage, le travailleur pourrait tendre. mme le payement entier de son salaire,

bitant des lies orientales de l'archipel asiatique, o le palmier sagou pousse on plante sauvage dans les forts. Quand les habitants, en perant un trou dans l'arbre, so sont assursque la moelle, estmftrc, aussitt l tronc est abattu et dius eu plusieurs morceaux et la moelle dtache. Mk-e arec de l'eau et filtre, elle donne une farine pariaitcmoul propre tre utilise. Un arbre en fournit eommuuDH-iittrois cents livres et peut en fournir tle cinq six cents. On va donc l dans la fort et on y coupe son pain comme chez nous on abat son bois limier1, Supposons qu'il faille un de ces insulaires douze heures de travail par semaine pour satisfaire tous ses besoins on voit que la premiers fa^ eur que lui accorde la nature, c'est beaucoup de loisir. Pour qu'il l'emploie productivementpour lui-mme, il faut tout un enchanement d'incidents historiques; pour qu'il le dpense en surtravail pour autrui, il doit tre contraint par la force. Si la production capitaliste tait introduite dans son le, ce brave insulaire devrait peut-tre travailler six jours par semaine pour obtenir la permission de s'approprier le produit d'une seule journe de son travail hebdomadaire. La faveur de la nature n'expliquerait point pourquoi il travaille maintenant six jours par semaine, ou pourquoi il fournit cinq jours de surtravail. Elle expliquerait simplement pourquoi son temps de travail ncessaire peut tre rduit une seule journe par semaine. Le travail doit donc possder un certain degr de productivit avant qu'il puisse tre prolong au del du temps ncessaire au producteur pour se procurer son entretien; mais ce n'est jamais cette productivit, quel qu'en soit le degr, qui est la cause de la plus-value. Cette cause, c'est toujours le surtravail, quel que soit le mode de l'arracher. Ricardo ne s'occupe jamais de la raison d'tre de la plus-value. Il la traite comme une chose inhrente la production capitaliste, qui pour lui est la forme naturelle de la production sociale. Aussi, quand il parle de la productivit du travail, il ne prtend pas y trouver la cause de l'existence de la plus-value, mais seulement la cause qui en dtermine la grandeur. Son cole, au contraire, a hautement proclam la force productive du travail comme la raison d'tre du profit (lisez plus-value). C'tait certainement un progrs vis--vis des mercantilistes, qui, euxj faisaient driver l'excdant du prix des produits sur leurs frais, de l'change, de la vente des marchandises au-dessus de leur valeur. Nanmoins c'tait escamoter le problme et non le rsoudre. En fait, ces conomistes bourgeois sentaient instinctivement qu'il ce y avait pril grave et grave pril , pour parler le langage emphatique de M. Guizot, vouloir trop approfondir celte question brlante de l'origine de la plus-value. Mais que dire quand, un demi-sicle aprs Ricardo, M. John StuartMill vient doctoralement constater sa supriorit sur les mercantilistes en rptant mal les fauxfmantsdes premiers vulgarisateurs de Ricardo? M. Mill dit: La cause du profit {the cause of profa), c'est que le travail produit plus qu'il ne faut 1. F. Shouw Die Erde, die Pflanxe und der ilensek, 2 Mit. Leipzig,1854,p. 148.

CHAPITREs'il avait les moyens ncessaires pour subsister dans l'intervalle. Mais dans ce Jeraier cas, le travailleur srail rellement duns une certaine mesure uq capitaliste qui placerait du capital dans l'entreprise en fournibsaul une purlion des fonds ncessaires pour la mener bonne fin . M. Mill aurait pu aler plus loin et ai'liraier que l'ouvrier, qui se fait l'avance non-seulement des vivres, mais aussi des moyens de production, ne srail en ralit que son propre salari. Il aurait, pu dire do mme que le paysan amricain n'est qu'un seif qui fait la corve pour lui-mme, au lieu de la faire pour son propritaire. L Aprs nous avoir prouv si clairement que la1 production capitaliste, mme si elle n'existait pas, existerait toujours, M. Mili.est assei consquent en plouvant, par contre, qu'elle n'existe pas mme quand elle existe.

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Et mme dans le cas antrieur (quand l'ouvrier est nu salari auquel le capitaliste avance toute sa subsistance), il (l'ouvrier) peut tre considr au mme point de vue (c'est--dire comme capitaliste), car, en livrant son travail au-dessous du prix de march (!), il peut tre considr comme s'il prtait la diffrence (?) son entrepreneur, etc. . Eu ralit, l'ouvrier avance son travail gratuitement au capitaliste durant une semaine, etc., pour en recevoir le prix de march la fin de la semaine, etc., et c'est ce qui, toujours selon M. Mill, le transforme en capitaliste. Sur, un terrain plat, de simples buttes font l'effet de collines aussi peut-on mesurer l'aplatissement d& la bourgeoisie contemporaine d'aprs le calibre de ses esprits forts. 1. J. M.NUI Principles ofPaL Scan. Lond.,1868,p. 2&253, passim.

VARIATIONS DANS LE RAPPORT DE GRANDEUR ENTRE LA PLUS-VALUE ET LA VALEUR DE LA FORCE DE TRAVAILNous avons vu que le rapport de grandeur entre la plus-value et le prix de la force de travail est dtermin par trois facteurs: 1 la dure du travail ou sa grandeur extensive 2 son degr d'intensit, suivant lequel diffrentes quantits de travail sont dpenses dans le mme temps; 3 son degr de productivit, suivant lequel la mme quantit de travail rend danslemme temps diffrentes quantits de produits. Des combinaisons trs-diverses auront videmment lieu selon que l'un de ces trois facteurs est constant (ne change pas de grandeur et les deux autres variables (changent de grandeur' on que deux facteurs sont constants et un seul variable, ouenlin que tous les trois sont variables la fois. Ces combinaisons seront encore multiplies, si le changement simultan dans la grandeur de diffrents facteurs ne se fait pas dans le mme sens l'un peut augmenter tandis que l'autre diminue ou pas dans la mme mesure l'un peut augmenter plus vite que l'autre, etc. Nous n'examinerons ici que les combinaisons principales. I Donnes: Pur-'c et intensit de travailconstantes. Productivitvariable. Ces conditions admises, nom obtenons les trois lois suivantes 1" La journe de travail d'une grandeur donne produit toujours la mme valeur, quelles que soient les variations dans la productivit du travail. Si une heure de travail d'intensit normale produit une valeur d'un demi-franc, une journe de douze heures ne produira jamais qu'une valeur de six francs1. Si la productivit du travail augmente ou diminue. la mme journe fournira plus ou moins de produits et la valeur de six francs se distribuera ainsi sur plus ou moins de marchandises. 2" La plus-value et la valeur de la /brce dc travail varient in sens inverse l'une de l'autre. La plus-value varie dans le mme sens que la productivit du travail, mais la valeur de la fonce de travail en sens oppos. Il est vident que des deux parties d'une grandeur constante aucune ne peut augmenter sans que l'autre diminue, et aucune diminuer sans que l'autre augmente. Or, la journe de douze heures produit toujours la munievaleur, six francs par exempte, dont la plus-value forme une partie, et l'quivalent de la force de travail l'autre, mettons trois francs pour la premire et trois francs pour la seconde. Il est clair que la force de n'avait ne peut pas atteindre un prix de quatre francs sans que la plus-value soit rduite deux francs, et que la plus-value ne peut monter quatre francs sans que la valeur de la forte de travail tombe deux. Dans ces circonstances soil chaque variation dans la grandeur absolue, 1. Nuus supposonstoujours que la valeur de l'argent reste invariable.

ciWtiie de la plus-value, soit de U'eqtuValeni de la' force ouvrire, prsuppose donc\une variation de leurs grandeurs relatives ou proportionnelles Il est impossible qu'elles augmentent dujminjuetit toutes les'deux simultanment. Toute variation dans la productivit du travail amne une variation en sens inverse dans la valeur de la force de travail. Si le surcrot de productivit pprmet de fournir en quatre heures la mme masse de subsistances qui cotait auparavant six heures, alors la valeur de la force ouvrire va tomber de trois francs deux; mais elle va s'lever de trois francs quatre, si une diminution do productivit exige huit heures de travail o il n'en fallait auparavant que six. Enfin, comme valeur de la force de travail et plus-value changent de grandeur en sens inverse l'une de l'autre, il s'ensuit que l'augmentation de productivit, en diminuant la valeur de la force de travail, doit augmenter la plus-value, et que la diminutou de productivit, en augmentant la valeur de la forc de travail, doit diminuer la plus-value. En formulant cette loi, Ricardo a nglig un point ou le surtra'important. Quoique la plus-value vail et la valeur de la force de travail ou le travail ncessaire ne puissent changer de grandeur qu'en sens inverse, il ne s'ensuit pas qu'ils changent dans la mme proportion. Sila valeur de la force de travail tait de quatre francs ou le temps de travail ncessaire de huit heures, la plus-value de deux francs ou le surtravail de quatre heures, et que, par suite d'une augmentation de productivit, la valeur de la force de travail tombe trois francs ou le travail ncessaire six heures, alors la plus-value montera trois francs ou le surtravail six heures. Cette mme quantit de deux heures ou d*unfranc$ j$ qui est ajoute it une partie et retranche de l'autre, n'affecte pas la grandeur de chacune dans la mme proportion. En mme temps que la valeur de la force de travail ne tombe que de quatre francs . trois, c'est--dire d'un quart ou de vingt-cinq pour 4 cent, la plus-value s'lve de deux francs trois, c'est--dire de moiti ou de cinquante pour cent. donn la longueur de la, journe En gnral ainsi que sa division en deux parts, celle du travail ncessaire et celle du surtravail, l'accroissement proportionnel de la plus-value, du une augmentation de productivit, sera d'autant plus grand, que la part du surtravail tait primitivement plus pette^ et le dcroissement proportionnel de la plusvalue, d une diminution de productivit, sera d'autant plus petit, que la part du surtravail tait primitivement plus grande. 3" L 'augmentation ou la diminution de la plusvalue est toujours l'effet et jamais la cause de la diminution ou de l'augmentatio parallles de la valeur de la forc de travail1. 1. Mac Culloch a commisl'absurditdo compltercette loi sa faon, en ajoutant que la plas-valuepeut S'leversans que la force de travail Baisse,si on supptimc tes imptsque le capitalisteavait payerauparavant.La suppression semda vMables impts ne change absolumentrien la quantit de surtravail que le capitaliste industriel cuorquo en premire main l'ouvrier. Elle ne change que la proportionsuivant

xviiLa journe de travail est de grandeur constante et rend constamment la mme valeur, qui se divise en quivalent de la force de travail et en plus-value chaque changement danq la grandeur de la plus-value est accompagn d'un changement inverse dans la valeur de la force de travail, et cette valeur, enfin, ne peut changer de grandeur qu'en consquence d'une variation survenue dans la producti- vite du travail. Dans ces donnes, il est clair que c'est la variation de la productivit du travail qui, en premier Heu, fait augmenter ou diminuer la valeur de la force de travail, tandis que le mouvement ascendant ou descendant de celle-ci entrane de son ct le mouvement de la plus-value en sens inverse. Tout changement dans le rapport de grandeur entre la plus-value et la valeur de la force de travail, provient donc toujours d'un changement dans la grandeur absolue de celle-ci. Nous avons suppos que la journe de douze heures produit une valeur totale de six francs, qui se divise en quatre francs, valeur de la force de travail, et en une plus-value de deux francs. En d'autres termes, il y a huit heures de travail ncessaire et quatre de surtravail, Que la productivit du travail vienne doubler, alors l'ouvrier n'aura plu, besoin que de la moiti du temps qu'il lui fallait jusque-l pour produire l'quivalent de sa subsistance quotidienne. Son travail ncessaire tombera de huit heures quatre, et par l son surtravail s^lvera de quatre heures huit de mme la valeur de sa force tombera de quatre francs deux;, et cette baisse fera monter la plus-value de deux francs quatre. Nanmoins, cette loil d'aprs laquelle le prix de la force de travail est toujours rduit sa valeur, peut rencontrer des obstaeles qui ne lui permettent de se raliser que jusqu' certaines limites. Le prix de laforce de travail ne peut descendre qu' 3fr. 80 c, 3 fr. 40 c.j3 fr. 20 c., etc., de sorte que la plus-value ne monte qu' 2 fr. 20 c, 2 fr. 60 c, 2 fr. 80 cM etc. Le degr de la baisse, dont la limite minima est deux francs, nouvelle valeur de la force de travail, dpend du poids relatif que la pression du capital d'une part, la rsistance de l'ouvrier de l'autre, jettent dans la balance. La valeur de la force de travail est dtermine par la valeur des subsistances ncessaires l'entretien de l'ouvrier, lesquelles changent de valeur suivant le degr de productivit du travail. Dans notre exemple, si, malgr le doublement de la productivit du travail, la division de la journe en travail ncessaire et surtravail restait la mme, l'ouvrier recevrait toujours quatre francs et le capitaliste deux; mais chacune de ces sommes achterait deux fois plus de subsistances qu'auparavant. Bien que le prix de la force de travail ft rest invariable, il se serait lev au-dessus de sa Valeur. S'il tombait, non laquelleil empochela plus-valueou la partageavecdes tiersElle ne change par consquent rien au rapport qui existe exentre la plus-value et la \alour de la forcede travail. L* ception de Mao Cullochprouve tout simplementqu'il n'a pa3 compris la rgle, malheur qui lui arrive assez souvent lorsqu'ils'avise de vulgariserBicardo, ainsi qu' J. B. Say, Smith. quandce dernier vulgariseAdam 29

LE CAPITAL5. la limite minima. de sa nouvelle valeur de deux temps non-seulement plus de produits, mais aussi francs, mais 3 fr. 80, 3 fr, '40, 3 fr. 20, etc., ce plus de valeur, parce que l'excdant de produit* provient alors d'un excdant do travail. cependant une masse prix dcroissant reprsentait Sa dure et sa productivit tant donnes, le trasuprieure de subsistances. Avec un accroissement continuel dans la productivit du travail, le prix de vail se ralise donc en d'autant plus de valeur que la force de tiavail pourrait ainsi tomber de plus eu son degr d'intensit dpasse celui de la moyenne la dissociale. Gomme, la valeur produite durant une jourplus, en mme leraps que les substances ne de douze heures, par exemple, cesse ainsi d'OUv" position, (le l'ouvrier continueraient augmenter. constante et devient variable, il s'ensuit que plus A. Mais, mme dans ce cas, la baisse continuelle dans le prix de la force de travail, en amenant zznelzausso value et valeur de la force de travail peuvent vaer. continuelle do la plus-value, largirait l'abme entre dans le mme sons, l'une ct de l'autre, en proles conditions de vie du travailleur et du capitaliste'. portion gale ou ingale. La mme journe proLes trois lois que nous venons de dvelopper ont duit-elle huit francs au lieu de six, alors la part de l'ouvrier et celle du capitaliste peuvent videmment t rigoureusement formules, pour la premire s'lever . la fois de trois francs quatre. ibis, par Bicardo mais il commet l'erreur de faire des conditions particulires dans lesquelles elles Une pareille hausse dans le prix de la force 'do sont vraies, les conditions gnrales et exclusives travail n'implique pas qu'elle est paye au-dessus de la production capitaliste. Pour lui, la journe de de sa valeur, La hausse do prix peut au contraire tre accompagne d'une baisse de valeur. Cela artravail ne change jamais de grandeur ni le travail rive toujours quand l'lvation du prix ne suffit pas d'intensit, de sorte que la productivit du travail reste le seul facteur variable, pour compenser le surcrot d'usure de la force de Ce n'est pas tout. A l'instar de tous les autres travail. On sait que les seuls changements de proconomistes, il n'est jamais parvenu analyser la ductivit qui influent sur la valeur de la force oude ses vrire sont ceux qui affectent des industries dont plus-value en gnral, indpendamment formes particulires, les produits entrent dans la consommation ordinaire profit, rente foncire, etc. Il confond le taux de la plus-value avec le taux de l'ouvrier. Toute variation dans la grandeur, exdu profit, et traite, par consquent, celui-ci tensive ou intensive, du travail affecte au contraire comme s'il exprimait directement le degr d'exploila valeur de la force ouvrire, ds qu'elle en acetation du travail. Nous avons dj indiqu 2 que le 1 1re l'usure. taux du profit est la proportion de la plus-value Si le travail atteignait simultanment dans tontes avec le total du capital avanc, tandis que le taux les industries d'un pays le mme degr suprieur de la plus-value e^t la proportion de la plus-value d'intensit, cela deviendrait dsormais le degr d'inavec la partie variable du capital avanc. Supposez tensit ordinaire du travail national et cesserait qu'un capital de 500 1. st. (G) se dcompose en ma- d'entrer en ligne de compte. Cependant, mme dans ce cas, les degrs de l'intensit moyenne du travai tires premires, instruments, etc., d'une valeur de 400 1. st. (c), et en 1001. st. pays aux ouvriers (y), resteraient diffrents chez diverses nations et mo^ qu'en outre la plus-value (p) est de 100 l,st.; alors difieraient ainsi la loi de la valeur dans son appli100 1. st. la journe de travail plun cation internationale, le taux de la