LE BRETON Jean (Medicin de la Faculté de Paris): Les Clefs de La Philosophie Spagyrique

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    LES CLEFS DE LA PHILOSOPHIESPAGYRIQUE

    M. LEBRETON

    LES CLEFSDE

    LA PHILOSOPHIE SPAGYRIQUE

    QUI DONNENT LAconnaissance des Principes &des vritables Oprations de

    cet Art dans les Mixtesdes trois genres,

    Par feu M. LEBRETON

    Mdecin de la Facult ParisA PARIS. Rue Saint Jacques

    Chez CLAUDE Gombert, au coin de la ruedes Mathurins, L'Image Notre-Dame.

    M. DCCXXII.Avec l'approbation & Privilge du Roi.

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    LES CLEFSDE

    LA PHILOSOPHIE

    SPAGYRIQUE

    PREMIERE SECTION : De la Calcination

    CHAPITRE PREMIER

    De la Calcination en gnral

    Aphorisme I.

    La vritable Chymie, la Spagyrie ou Alchimie, spare la substance pure dechaque mixte de tout ce qu'il a d'impur ou tranger.

    II

    Le Type ou le modle de cet art sublime, n'est autre que la nature elle-mme,qui pour la conservation des individus qu'elle spcifie, spare incessammentles substances htrognes : Tous ces efforts dans chaque tre se terminent cette fin.

    III

    L'art plus puissant que la nature, par les mmes voies qu'elle lui marque,dgage plus parfaitement les vertus naturelles des corps de tout ce qui leurfaisait obstacle ; il amplifie leur sphre d'activit, & rassemble les principes quiles vivifient. Telles sont les vues de Chimie : l'exemple de la nature, qui semble

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    exercer cet art dans l'ouvrage de la nutrition, comme on voit par lesgrossirets qu'elle rejette qui taient contenues dans les aliments & par lessuperfluits de toutes les digestions, dont elle se dcharge par les couloirsdestins cet effet.

    IV

    Les oprations de la nature ne diffrent qu'en termes seulement des oprationsde la Spagyrie. Celles-ci sont 1o Calcination, 2o Putrfaction, 3o Solution, 4oDistillation, 5o Sublimation, 6o Union, 7o Coagulation ou fixation.

    V

    Calciner c'est rduire par le feu un mixte en chaux ou en cendres, qui nepeuvent tre davantage brles.

    VI

    Il y a dans les cendres deux substances pures, une terrestre, l'autre igne ; lapremire se convertit en verre par la violence du feu, celle-ci se dissipe en l'air.

    VII

    Le mixte avant la Calcination, possdait une substance arienne, sous laconsistance d'huile ou d'eau huileuse, que l'on peut fixer l'preuve de toutfeu.

    VIII

    La substance igne, qui est le principe de la multiplication, extension &gnration de l'espce, ne peut se sparer que par le plus grand feu.

    IX

    Cette substance igne fixe de la nature, est la semence inne du mixte, que lesPhilosophes appellent l'Astrenaturel de chaque corps, qui tend toujours d'elle-mme la gnration ; mais qui ne peut agir qu'autant qu'elle est excite par lachaleur cleste.

    X

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    Ce feu cleste est universel, il est partout ; c'est la principale cause de la pierre,si vante des Philosophes. De-l vient qu'ils ont dit que leur pierre se trouvepartout, & qu'elle est commence par la nature sans le secours de l'art.

    XI

    Toutes les parcelles du sel fixe de chaque mixte jouissent de quelquestincelles de ce feu, & il est contenu comme dans son corps naturel ; maisincapable d'agir sans tre excit.

    XII

    Il y a un feu cleste volatil qui a la puissance d'exciter le feu cach dans laterre ; il se tire par la distillation d'une terre que les Philosophes connaissent,ce qu'ils appellent la Mre de leur pierre.

    XIII

    Ce feu mme, aprs qu'il est extrait de la terre, mne la terre la perfection depierre, & il est nomm le pre de la pierre.

    XIV

    La pierre est la plus forte de toutes les substances composes des lments,c'est la plus vieille en supposant la vieillesse la force ; c'est la plus parfaite enattribuant la perfection la vieillesse. Les autres mixtes sont plus faibles, plusjeunes, et moins parfaits.

    XV

    Les corps lments sont d'autant plus faibles ou plus forts, qu'ils contiennent

    plus ou moins du feu cleste ; les degrs de sa quantit se rapportent ceux deleur puissance. C'est le ciel de chaque corps, & le ressort de leur sphre.

    XVI

    La longue dure du mixte dpend de la forte union de l'esprit cleste, avecl'humide radical. La mort, ou la corruption du mixte, est la solution de cenud par la puissance d'un magntisme contraire & suprieur. La gnrationest l'union d'un nouvel esprit qui s'est rendu tributaire du magntismevainqueur & en augmente l'nergie.

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    XVII

    La force de cette union se dtruit par la chaleur interne ou l'action impatientedu mme esprit, ou par l'humidit externe & trangre, laquelle l'nergie dumixte n'ait pu rsister, de forte qu'elle en soit suffoque.

    XVIII

    Parce que cette union est plus forte dans quelques corps & plus faible end'autres, ils durent aussi plus ou moins.

    XIX

    Quand l'union d'un esprit est rompu, l'humide radical reoit aussitt, &conoit, pour ainsi dire, un autre esprit qui chasse le premier ainsi lacorruption d'une chose est la gnration d'une autre.

    XX

    La nature tend toujours produire d'une semence dtermine, un individusemblable celui dont est sortit la semence ; mais il arrive souvent qu'elle enest dtourne, & qu'elle produit une espce diffrente, proportion que cettesemence a perdu de son premier tat, & a dgnr de sa nature, parl'impression & la puissance corrompante des agents extrieurs. Ainsi lefroment dgnre en ivraie ainsi s'engendrent les animaux imparfaits & lesmonstres.

    XXI

    Lorsque les agents externes conviennent avec la nature interne, toujours lessemblables naissent des semblables ; ainsi les abeilles se produisent des

    cendres d'abeilles.

    XXII

    Le seul esprit fixe est cause de la vie & auteur de la gnration : le volatil nesert de rien s'il n'est rendu fixe.

    XXIII

    L'esprit volatil rpare & augmente l'esprit fixe, autant qu'il se convertit en la

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    nature du fixe. Ainsi le suc des aliments, & l'esprit de l'air que les poumonsattirent, entretiennent la vie des animaux.

    XXIV

    L'union de l'esprit avec l'humide radical, est d'autant plus forte que le mixte estplus libre des impurets excrmentielles ; c'est, disent les Philosophes, le ciel &la terre conjoints & runis ; c'est le frre & la sur, l'poux & l'pouse quis'embrassent trs troitement.

    XXV

    Ce qui peut dgager le mixte de ses impurets, c'est l'abondance & la force deson esprit. De-l vient que certaines pierres sont plus solides & durent plusque les autres. C'est aussi pourquoi les vgtaux & les animaux, ont plus oumoins de force & de vigueur.

    XXVI

    Les vgtaux se renouvellent au Printemps ; parce que le Soleil ouvre leurspores & influe de nouveaux esprits qui les pntrent & les vivifient.

    XXVII

    Le secret que la Chimie propose pour prolonger la vie, se fait d'un sel fixe trspur avec le volatil trs pur, dans lesquels sont cachs l'esprit fixe & le volatil.

    XXVIII

    La pratique gnrale de cet arcane consiste sparer, purifier, & fixer lesesprits du mixte. Le secret des Philosophes se peut tirer de tout corps

    lment, & les vertus en sont admirables.

    XXIX

    Le sel fixe vgtal mis en terre, reproduit bientt le vgtal dont il est tir, parcequ'il attire de l'air, de l'eau, & de la terre, des esprits de sa nature qu'ildtermine son magntisme.

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    CHAPITRE II

    De la Calcination du Vgtal.

    Aphorisme I

    La premire Calcination, qui n'est qu'imparfaite, spare tout le volatil d'avec lefixe ; mais lorsque l'un & l'autre est purifi, tout est fix par la dernirecalcination, qui est la parfaite.

    II

    Il y a des individus, qui pour la calcination imparfaite ont besoin d'un plusgrand feu que d'autres.

    III

    La mthode pour l'extraction de l'humide radical consiste dans la sparationdes deux esprits, fixe & volatil, leur purgation & rduction.

    IV

    La mthode particulire sur les vgtaux, est la digestion, la distillation de l'eauardente, d'une humidit aqueuse, d'une huile par degrs de feu, la purificationde l'esprit & de l'huile, l'extraction & la purgation du sel fixe, la fixation duvolatil sur le fixe, la multiplication.

    V

    La vertu du sel fixe s'augmente par la coagulation du volatil, & cette oprationrend le volatil constant & permanent dans son action.

    VI

    La Calcination imparfaite est de deux sortes, l'une est douce, & se fait avecdigestion l'autre est violente & sans digestion.

    VII

    L'esprit volatil ne peut tre utile la restauration des vgtaux, que lorsqu'ilest fix.

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    VIII

    La Calcination imparfaite est ncessairement requise avant la parfaite, parcequ'elle purifie les deux esprits.

    IX

    Les deux Calcinations sont violentes aux excrments : mais ni l'une ni l'autrene l'est la pure substance du mixte ; car le sperme des lments & la formedu mixte ne sont pas dtruits par elles, & au contraire ils en deviennent plusparfaits.

    X

    Le sperme des lments qui est la matire trs gnrale, est commun tous lesmixtes & indiffrent toute forme ; mais les esprits de diverse nature ledterminent aux diffrents genres de mixtes.

    XI

    Cette matire trs gnrale est incorruptible, la particulire ou dtermine estcorruptible. L'une & l'autre est sparable de l'humide radical par la violence dufeu.

    XII

    Le sperme particulier ne s'envole que par la Calcination vitrifiante.

    XIII

    Ce sperme est le sujet & la matire trs prochaine, qui reoit immdiatement laforme essentielle, & le contact de ces deux principes fait une unioninsparable.

    XIV

    La corruption du sperme particulier n'est autre chose que l'expulsion desesprits qui avaient dtermin la matire gnrale aux qualits d'tre du premiercompos, & cette expulsion est produite par l'ingrs d'autres esprits, quidterminent ce sperme aux qualits d'tre de tel ou tel autre mixte.

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    La Calcination Chymique ne dtruit point les cendres, & ne les vitrifie pas ;mais au contraire elle purifie le sperme particulier & le rend plus parfait.

    XVI

    Le sperme trs gnral est rendu particulier par certains esprits particuliersvolatils, & cette matrice peut tre dpouille de ces esprits, & tre dtermins un autre genre de mixte par d'autres esprits particuliers et volatils d'un autregenre.

    XVII

    Ainsi un esprit chasse l'autre, dispose la matire une autre forme, & produiten elle cette forme d'un nouveau compos. Telle est la source des successionsde figure dans la matire ; tel est l'ordre des gnrations & des corruptions quiy arrivent.

    XVIII

    Les ignorants se trouvent frustrs de leurs esprances par la dissipation desesprits spcifiques des matires qu'ils travaillent ; ce qui arrive par la violencedu feu qui chasse le sperme spcifique avec les esprits, ou de la corruption dece mme sperme par la mixtion d'autres agents externes & trangers, plus fortsque ceux du mixte particulier.

    XIX

    Le sperme particulier ou dtermin est de deux sortes ; savoir, le visible &l'invisible : Le sperme visible contient en soi la forme du mixte particulier, &

    produit toujours un mixte de mme nature.

    XX

    Le sperme invisible ne contient pas la forme du mixte, mais il est indiffrent &indtermin toute espce de mixte. C'est l'aliment du sperme visible, il estrendu particulier par l'action de celui-ci.

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    L'invisible est volatil et le visible est fixe.

    XXII

    Le sperme invisible ne reoit pas la dtermination seulement du sperme visiblequi le fixe ; mais encore des autres agents extrieurs qui produisent souventpar le concours de leur magntisme, des formes imparfaites, ainsi s'engendrentles animaux imparfaits.

    XXIII

    Les animaux imparfaits sont ainsi appels par le dfaut des organes ou desmembres que l'on voit dans les parfaits ; car on remarque de ces monstres quin'ont que les organes ncessaires la vie.

    XXIV

    Les agents gnraux et indtermins ne peuvent se conformer la naturespcifique du sperme particulier ; parce que l'espce de leur magntisme estdiffrent.

    XXV

    La cause commune ne produit pas le semblable d'un semblable compos dansle sperme du semblable. Ainsi l'animal ne produit point un animal de sonespce, sans le sperme de son espce.

    XXVI

    L'action non interrompue du sperme produit les organes parfaits dans l'espcemultiplie.

    XXVII

    Le sperme est le corps dans lequel est cache la semence : elle y est nourrie del'aliment que lui prpare son corps, tout le temps que son corps dure &subsiste.

    XXVIII

    La semence demeure, quoique son corps soit corrompu, & alors elle se nourrit

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    d'aliments de nature dissemblable, c'est ce qui fait qu'elle dgnre, & produitun mixte dissemblable du premier.

    XXIX

    Ainsi lorsque le sperme visible est spar du corps vivant, ou qu'il estcorrompu par des agents externes la production d'un mixte semblable manquencessairement.

    XXX

    Lorsque le sperme ou le corps de la semence est corrompu, il est chang en unautre corps, & la semence de mme en une autre semence ; ce qui produit unegnration diffrente. Ainsi ivraie s'engendre du froment.

    XXXI

    Ainsi pour engendrer semblable de semblable, il est ncessaire de conserver lesperme sans aucune corruption, comme on voit que le grain de froment seconserve, & demeure sans altration de son espce attach la racine de satige.

    XXXII

    Le grain de bled lorsqu'il rejette n'est pas corrompu en sa substance ; maisaltr seulement, & par cette altration la semence est digre, & dispose lagnration du bled.

    XXXIII

    Les arcanes des Philosophes sur les vgtaux produisent des effets admirables,

    comme on voit par les exemples de Palingnsie sur les roses, & ci & parl'arcane de l'aliment qui conserve la vie et chasse toute maladie.

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    CHAPITRE III

    De la Calcination des Animaux.

    Aphorisme I

    Dans la Calcination la forme vitale, soit de l'animal ou du vgtal ne peut seconserver.

    II

    Le Chymiste ne cherche pas la forme, mais seulement le sujet ou la matire quicontient la forme, & qui est conserve avec la puissance de recevoir d'autresformes.

    III

    Cette matire n'est autre que l'humide radical avec son feu ou sa chaleurnaturelle, lequel est le dernier aliment de toutes les parties du mixte ; matireprochaine la semence & au sperme, & la moyenne substance compose detous les lments.

    IV

    La pratique des Spagyristes sur le sang, consiste dans la sparation d'unesubstance semblable au lait, d'un sel volatil, d'une huile rouge, d'un sel fixe ;dans la purification de toutes ces substances, & dans leur runion, & fixation.

    V

    Le secret animal est figur par un cercle fait de deux serpents, l'un ail, l'autre

    sans ailes ; qui signifient les deux esprits, fixe & volatil, unis ensemble.VI

    L'esprit volatil est l'esprit du monde : il est verd de sa propre nature ; prenanmoins de toutes les couleurs, & l'aliment de l'esprit fixe.

    VII

    L'esprit volatil crud est venin ; mais lorsqu'il est cuit c'est une thriaque contre

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    toute maladie.

    VIII

    Chaque secret mne la perfection les mixtes de son rgne, & non pas lesautres.

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    SECONDE SECTION : De la Putrfaction.

    CHAPITRE PREMIER

    De la Putrfaction en gnral.

    Aphorisme I

    La putrfaction est la purgation de l'humide radical par la fermentationnaturelle et spontane des principes purs et homognes, avec les impurs ethtrognes, l'aide des feux naturels & inns, ou d'une chaleur externe etcontre nature.

    II

    La terre pure fixe est cristalline & facile rsoudre en liqueur.

    III

    L'impuret de la terre consiste en deux terres ; l'une est noire & l'autreblanche.

    IV

    L'une et l'autre terre empche les deux racines de se toucher immdiatement,& de s'unir parfaitement.

    V

    La purification du mixte ne peut se faire sans la mort ou putrfaction.

    VI

    Les principes selon Aristote doivent tre simples, & selon les Spagyristes, ilsdoivent tre purs et sensibles, c'est--dire dgags de leur corce &htrognit.

    VII

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    Tout corps mixte est immdiatement compos d'humide & de sec.

    VIII

    Tout corps mixte se rduit en poussire, sans continuit, mesure qu'il perdson humide radical.

    IX

    Dans l'humide & le sec sont contenus sel, soufre, & mercure, aussi-bien que

    les quatre lments.

    X

    Dans ces trois principes les qualits des quatre lments dominentdiffremment : dans le sel la frigidit & siccit ; dans le Mercure la frigidit &l'humidit ; & dans le soufre la chaleur et la siccit.

    XI

    Cette domination de qualits est aise dcouvrir par les sens en l'extrieurdes trois principes : mais en leur intrieur tous trois sont chauds & secs.

    XII

    Les principes ne peuvent se sparer sans putrfaction.

    XIII

    La putrfaction est principe de gnration de semblable mixte : ce qui nes'entend point de la putrfaction intime des principes, & de la substancepropre du compos : mais de celle qui produit la solution du sperme extrieurqui liait & embarrassait les principes ; non de l'entire putrfaction mais de lamoyenne seulement.

    XIV

    Que si le mixte tait corrompu dans la substance intime, il ne pourraitengendrer un mixte semblable.

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    XV

    Les diverses espces de mixte dgnrent rciproquement l'une en l'autre,comme le froment en ivraie, ivraie en froment : ce qui arrive par l'action desesprits clestes.

    XVI

    L'esprit interne conserve le mixte ; & cet esprit est souvent chass de son sigepar un autre esprit de dehors plus puissant que lui.

    XVII

    Nul mixte ne peut arriver la dernire perfection, sans la mort accidentelle.

    XVIII

    Quand le mixte est arriv son entire perfection, il n'a plus en soi demouvement, & les parties qui le composent sont dans leur plus parfait repos :Mais alors les esprits de son magntisme, libres de tout obstacle, sont dansleur action la plus vive, & ne souffrent aucune interruption de leurmouvement.

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    CHAPITRE II

    De la Putrfaction des vgtaux

    Aphorisme I

    La putrfaction entire ou substantielle, est l'extinction de la forme mixte.

    II

    La cause principale de cette mort absolue n'est autre que l'htrognit, & ladiscordance des lments.

    III

    Les lments qui constituent l'aliment du mixte, ne sont pas toujoursgalement purs, la nature du mixte attire confusment les purs & les impursque son aliment lui fournit.

    IV

    L'esprit du monde qui est interne au mixte rside immdiatement dans leslments purs, o par la force du magntisme particulier qu'il y exerce, ilrepousse incessamment les impurs, & s'il ne peut les chasser, il se lesassujettit, & supprime leur nergie : mais s'il vient tre lui-mme infrieur enpuissance, il cde l'effort de ses adversaires, il s'chappe, & le mixte prit.

    V

    Le pur & l'impur se combattent par l'opposition de leurs qualits, qui, par lacontinuation du combat, diminue peu peu.

    VI

    Dans la putrfaction naturelle le pur se dgage de ses excrments, plus oumoins selon la condition du lieu o la putrfaction se fait.

    VII

    La putrfaction qui se fait par la nature seule & sans l'aide de l'art, ne purifie

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    jamais parfaitement, parce que l'air ouvert dans lequel elle se fait est unpuissant obstacle. Mais la putrfaction artificielle qui se fait dans desvaisseaux clos, purifie jusqu' la perfection.

    VIII

    La purification artificielle se fait par calcinations, lotions, & distillations.

    IX

    La calcination, sparation, & putrfaction se trouvent toujours ensemble, soit

    que ce soit ouvrage de la nature seule, ou opration de l'art.

    X

    L'on spare du vin aprs la putrfaction diverses humidits, dont trois sont lecorps, l'esprit & l'me du vin ; la quatrime est un flegme inutile.

    XI

    L'Alchimie tue le mixte & ensuite lui rend la vie.

    XII

    Dans ce changement de la mort la vie, toutes les parties essentielles sontperfectionnes ; & les excrments seuls sont spars : ainsi les substancespropres & dtermines l'tre spcifique des mixtes s'embrassent & se lientplus intimement. Ainsi leur magntisme est d'autant plus puissant & plusactif, que l'esprit du monde qui traverse les pores de ces substanceslmentes, y rayonne avec moins d'obstacle ; & par consquent avec plus devitesse : Cette nouvelle activit se peut appeler avec raison, vie nouvelle ou

    rsurrection du mixte.

    XIII

    Pendant que la forme sensible du mixte est altre, quoique les premiresparties lmentes ne le soient pas en mme temps par les oprations de l'art,il semble que le mixte soit mort ; mais il ne l'est pas vritablement, parce queles formes particulires qui rsident dans les premires lmentations ne sontpas dtruites, & que tous les magntismes spcifiques qui en rsultent peuventencore se runir, aprs la sparation des parties dissemblables leur nature,

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    & contribuer tous ensemble avec plus de puissance une forme universelle &plus parfaite que la premire.

    CHAPITRE III

    De la Putrfaction des Animaux

    Aphorisme I

    Le Hyl n'est autre chose que le magntisme qui rsulte de la composition, &du mlange de premiers lments, & c'est le principe matriel dont toutes lesformes sont composes, mais on excepte les mes raisonnables.

    II

    On croit mme que l'me raisonnable n'est attache au corps organis que parle moyen de cet Hyl.

    III

    La nature ne peut unir ensemble les extrmes, sans les altrer auparavant ;mais Dieu le peut, & ainsi l'me raisonnable ne reoit pas d'altration.

    IV

    Il y a trois natures dans chaque mixte ; & il en est de mme du grand mondeo ces trois natures se rencontrent.

    V

    En tout mixte l'esprit, l'me, & le corps ne sont qu'une mme chose en nature,& ne sont loigns entre eux que par le mlange des excrments.

    VI

    Les excrments ne sont pas moins composs des lments que la puresubstance ; mais leur composition est diffrente, & leur magntismedissemblable, d'o dpend leur htrognit, & la discordance rciproque dela pure substance avec eux.

    VII

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    La force de la dure du mixte consiste dans sa puret, & dpend de lasparation des excrments.

    VIII

    La sparation des excrments se fait aux animaux comme aux autres mixtes.

    IX

    Entre les trois parties de l'humide radical, la plus subtile & la plus prompte

    s'enflammer est appele me.

    X

    Cette me n'est pas la dernire perfection du corps organique ou le magntismespcifique qui lui donne la vie : mais seulement la principale partie matriellequi spcifie & entretiens cette perfection, & cette me vivifiante de la machineorganise.

    XI

    Le hyl entier du mixte, ou le sujet du magntisme spcifique est le foyer de lavitale.

    XII

    L'me vgtante & me sensitive sont produites de cet hyl ; mais non pasl'me raisonnable : ainsi l'me raisonnable est immortelle, comme les Paenseux mmes l'ont cr.

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    TROISIEME SECTION : De la Solution.

    CHAPITRE PREMIER

    De la Solution en gnral.

    Aphorisme I

    La solution est la conversion de l'humide radical fixe en un corps aqueux.

    II

    La cause qui produit cette solution, est l'esprit volatil qui est cach dans lapremire eau.

    III

    Quand cette eau a fait la solution parfaite du fixe, elle est appele fontaine de

    vie, nature, diane, nue & libre.

    IV

    La nature, qui est le principe de tous les mouvements & action dans le mixte,est immdiatement cache dans le sel fixe seul.

    V

    On le dissout pour le dgager de son paisseur grossire, & le rendre par cemoyen capable de pntrer.

    VI

    L'eau est le lien de l'esprit volatil.

    VII

    L'eau superflue est rejete par les distillations, & l'on n'en retient qu'autant

    qu'il en est besoin pour rendre l'esprit la terre.

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    VIII

    Par cette solution le sel pur qui peut se rsoudre, est spar d'une terre impurequi ne peut tre rsolue par l'eau.

    IX

    Aprs cette solution on fait monter par la distillation, les deux racinesensemble en forme d'eau pesante.

    X

    L'eau pesante est une moyenne substance, dans laquelle les teintures le corps& l'me, le corps & l'esprit, les deux racines de la pierre des Philosophes sontunies ensemble.

    XI

    Aprs la distillation de l'eau pesante suit la sublimation, par une nouvelleconjonction de cette eau pesante pure avec le sel fixe pur.

    CHAPITRE II

    De la Solution des Vgtaux.

    Aphorisme I

    La substance fixe qu'on doit dissoudre est cache dans les cendres, & lavolatile qui fait la solution est cache dans l'eau.

    II

    La vertu gnrative est cache dans la substance fixe, dont l'aliment est lasubstance volatile.

    III

    L'esprit volatil faisant la solution du fixe par son abondance, spare en mmetemps l'htrogne.

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    IV

    Chaque mixte contient trois substances, savoir, le corps, l'esprit & l'me.

    V

    L'esprit ou la substance volatile tire son origine de la premire natureconstitutive de tous les mixtes ; & cet esprit est de trois sortes de genres, parune domination d'lments diffrente dans chacun des trois rgnes.

    VI

    L'esprit volatil est la plus subtile partie du sel fixe & rside dans l'eau ardente.

    VII

    L'eau que l'on appelle ardente ou brlante est telle en effet, & prend flamme sielle est du rgne vgtal ou animal ; mais non pas celle du rgne minrale. Dumoins ces eaux minrales s'enflamment rarement, quoiqu'on les appellegalement eaux ardentes, cause qu'elles sont semblables aux autres, par lacomposition de leur substance.

    VIII

    L'eau ardente d'Etain & celle de plomb, prennent flamme, non pas celles desautres.

    IX

    La vraie solution chymique se fait par le seul esprit de sel dissout en eau, &

    non autrement.X

    Le sel fixe est la cause de la coagulation, & le volatil est cause de la solution,parce que la chaleur du sel fixe est accompagne de scheresse, & celle duvolatil est humide.

    XI

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    Il n'y a rien au monde, capable de faire la solution qu'autant qu'il contient ensoi de l'esprit de sel, dissout par l'humide, ou de l'esprit volatil.

    XII

    La rose, l'esprit de vin, les eaux fortes, le vinaigre, font solution parce qu'ilscontiennent l'esprit volatil de sel, qui est l'esprit du sel fixe dissout.

    XIII

    L'esprit de sel dissout est dou d'une vertu cleste dissolvante, parce qu'il est

    subtil & de mme substance que le sel fixe de chaque corps.

    XIV

    L'esprit volatil se trouve non seulement dans les liqueurs chaudes ; maisencore dans les froides, comme est le vinaigre, le verjus, le jus de citron, &c.

    XV

    Dans les liqueurs chaudes l'esprit volatil est susceptible de flamme, parce qu'il

    consiste dans la partie arienne & igne du sel.

    XVI

    Dans les liqueurs froides il n'est pas capable de s'enflammer, parce qu'ilconsiste dans la partie terrestre & aqueuse du sel.

    XVII

    La solution des vgtaux se fait par l'union du fixe & du volatil, & par lacontinuation d'une chaleur externe trs lente.

    XVIII

    Les deux racines jointes ensemble, deviennent eau par cette solution ; & cetteeau est le dernier aliment, & la seconde substance de vgtaux.

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    CHAPITRE III

    De la Solution des Animaux.

    Aphorisme I

    Les deux racines ou spermes des lments, qui sont le fixe & le volatil, sontcomme des boites dans lesquelles sont enferms les esprits de chaque rgne.

    II

    Dans le procd spagyrique sur l'animal, ces deux spermes doivent trespars, purgs, & runis ensemble.

    III

    Mais en cet oeuvre il n'est pas possible de conserver le plus subtile partie del'animal vivant, laquelle contenait le plus d'esprit animal.

    IV

    La substance naturelle des animaux perd mme cette partie plus subtile,aussitt qu'elle est spare du corps vivant.

    V

    Un animal semblable ne peut natre du corps mort, ni de la semence sparede l'animal ; & cela, parce que ce sperme trs subtil s'est dissip.

    VI

    L'esprit animal est si subtil qu'il ne peut tre aperu par les sens, quoiqu'il soitla cause de tous les mouvements des animaux, & le sujet de l'me sensitive.

    VII

    La solution animale se fait des deux esprits ensemble, du fixe & du volatil,comme aux autres mixtes.

    VIII

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    La sparation des esprits tant faite, la forme individuelle prit, & la mme nerevient plus quand les mmes esprits sont runis.

    IX

    Mais une meilleure forme succde, quand le corps est purifi & l'espritmultipli.

    X

    Dans tous les corps vivants tant sensitifs que vgtaux, l'Artiste ne recherchepoint la forme, mais seulement le corps pur ; c'est--dire, l'humide radical.

    XI

    L'humide radical est le sujet immdiat de toutes les formes, divers en l'essencede chacune, indiffrent toutes, & compos de deux parties intgrantes, l'unefixe & l'autre volatil.

    XII

    Ces parties viennent de l'assortissement des lments ; elles sont premiresdans la composition & dernires dans la rsolution, & de mme essence entreelles.

    XIII

    De ces parties dpendent toutes les vertus du mixte ; & de toutes les autreschoses qui y sont mles, il ne tient que l'empchement des ses vertus.

    XIV

    Dans l'oeuvre animal il faut exactement dphlegmer la matire, en sortequ'aucun esprit ne monte avec l'eau ; car il demeurerait toujours dissout &insparable de l'eau.

    XV

    La dphlgmation tant acheve, l'esprit monte ensuite en forme sche ; puispar une dissolution aussi sche il dissout la terre.

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    XVI

    Si cet esprit volatil animal est l'humide, il faut le cohober souvent sur le fixe etle dphlegmer toujours, tant qu'il soit bien sec.

    XVII

    Le seul humide arien est celui qui dissout son humide terrestre, & le convertiten air.

    XVIII

    La pratique de l'oeuvre animal sur la chair des animaux est d'en faire ladigestion, la dphlgmation, une triple infusion de nouveau sang, lasublimation d'une fleur de sel trs pur, l'extraction du sel fixe, la purificationdes deux sels ; la sublimation du sel fixe par son sel volatil.

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    QUATRIEME SECTION : De la Distillation.

    CHAPITRE PREMIER

    De la Distillation en gnral.

    Aphorisme I

    La distillation est l'ascension ou descension de l'humide radical pour lepurifier.

    II

    La nature purifie les exhalaisons de la terre par une frquente distillation ; puiselle unit le volatil pur avec le fixe pur, & par cette voie engendre tous lesmixtes.

    III

    Les vapeurs qui s'exhalent de la terre, de toutes les liqueurs tires desvgtaux, ou qui transpirent de tous les corps anims, s'levant en l'air sousles ailes des esprits qu'elles renferment ; elles se confondent dans l'air mme ;puis se rassemblent les unes avec les autres par l'galit de leur magntisme,& bientt retombent en pluie ou en rose.

    IV

    Les mtores ne s'engendrent que d'une subtile matire que l'bullition, & la

    dcoction poussent & chassent avec violence hors de la matire fixe.

    V

    Les mtores ne peuvent tre des lments purs, puisqu'ils s'enflamment & sedtruisent eux-mmes.

    VI

    Rien ne se peut dtruire soi-mme, tandis qu'il est puissant & stable dans son

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    tre propre ; & rien n'est plus puissant en sa nature dans cet univers qu'unlment pur.

    VII

    Ce qui se convertit en mtores n'est autre chose que la partie spiritueuse del'humide radical de tous les mixtes, laquelle ne peut souffrir l'bullition, nisoutenir le choc des particules d'un magntisme oppos.

    VIII

    Toute la substance de l'humide radical ne se dissipe pas autrement lesgnrations des mixtes cesseraient.

    IX

    Comme la matire spiritueuse est diffrente selon les diverses dominations deslments ; ainsi les mtores sont diffrents par les diffrences de cette mmematire.

    X

    Les mtores igns contiennent le feu ou soufre, principe dominant plus oumoins.

    XI

    Si ce soufre principe ne domine pas en un degr suprieur, le magntismepropre de ces particules les rduit en une substance glutineuse, qui bientt,par l'vaporation de l'humide superflu, devient susceptible de flamme.

    XII

    La flamme est de plus ou moins longue dure dans les mtores igns selon lasubtilit ou la densit de la matire, & comme on remarque aux huiles, eaux,soufre, nitres, & autres choses semblables.

    XIII

    Les mtores ariens contiennent l'air plus ou moins dominant.

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    XIV

    Cet air excit par le magntisme des autres principes sort violemment hors dela matire qui le contient, pousse puissamment notre air commun, ce quiproduit les vents ; puis se convertit en eau, retombe sur la terre, ranime lemagntisme des vgtaux trop secs, se cuit & s'intime avec l'esprit fixe ; &donne l'accroissement aux vgtations, & la perfection aux gnrationscommences.

    XV

    Aprs les mtores igns, il arrive de grands vents par le choc violent que l'airreoit des esprits volatils. Il arrive aussi souvent des maladies pidmiques parles exhalaisons corrompues, dont l'air se trouve rempli, qui introduisent dansles liqueurs des animaux des magntismes ou des mouvements opposs ceuxqui entretiennent leur fluidit & leur quilibre, avec les parties solides de lamachine.

    XVI

    La substance spiritueuse qui s'lve du centre de la terre, heurte les molcules

    de l'eau qu'elle rencontre, & cause ainsi des temptes sur la mer par lesdiffrentes rfractions qu'elle y souffre ; de mme qu'elle produit les vents parle choc de l'air.

    XVII

    Cette substance spiritueuse domine suivant l'accroissement qu'elle reoit auxphases de la Lune, dont le tourbillon, par rapport la terre & leursilluminations rciproques, est tantt plus & tantt moins vif, plus ou moinscapable d'interrompre & repousser les failles de cet esprit qui fait le

    magntisme de la terre, & qui la roule dans la vaste mer des eaux rarfies quila soutiennent.

    XVIII

    Ainsi l'humide radical des mixtes coutume de suivre la Lune. Il est plusabondant quand elle repousse avec plus de force l'esprit central de la terre, &qu'il trouve moins d'issue vers la sphre lunaire.

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    Le flux et reflux de la mer suit ces aspects, qu'on appelle les quartiers de laLune, parce qu'il est caus par cette substance spiritueuse.

    XX

    Le flux de la mer arrive, lorsque cette substance spiritueuse, cherchant s'chapper au travers des eaux, les boufft, pour ainsi dire ; il dure autant detemps que le magntisme de ces eaux grossires & pesantes, balance l'effort decet esprit, mais il cesse aussitt que celui-ci s'est suffisamment largi & fraydes routes plus aises, & les eaux qui refluent alors se rendent pour quelquetemps leur niveau.

    XXI

    De-l vient que le flux & le reflux se trouve dans l'Ocan, & n'arrive point dansla Mditerrane ; parce que les eaux de l'Ocan sont paisses et grossires, &celles de la Mditerrane plus subtiles, & incapables de faire contrepoids avecla substance spiritueuse.

    XXII

    Les Rivires qui contiennent beaucoup de cet esprit volatil, & une eaugrossire, sont agites, comme l'Ocan, du flux et du reflux.

    XXIII

    Les Fontaines auxquelles on remarque un flux & un reflux ne peuvent en avoir cause que leurs eaux soient grossires, puisqu'elles sont toutes fort subtiles :mais bien cause des esprits volatils minraux qui bouillonnent sous la terre.

    XXIV

    Telle est une Fontaine qui se trouve entre les Monts Pyrnes, qui a un flux etun reflux d'heure en heure, parce que l'eau remplit les pores de la terre, &ainsi empche l'esprit minral de s'vaporer, lequel s'aigrissant, pousse l'eau sirudement hors de son canal, que dans une heure de temps, elle est toutepuise ; puis dans l'heure suivante le canal se remplit d'eau nouvelle venantde la source & autres petits ruisseaux, & ainsi le flux & le reflux se faittoujours rciproquement.

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    Cela n'arrive pas en hiver, parce que l'esprit minral n'est pas alors siabondant dans la terre, ou parce qu'tant moins excit par le soufre, principe,qui influe moins dans cette saison, il se condense en eau ou en fume dans laterre, & s'lve en moindre quantit & avec moins d'effort.

    XXVI

    On peut dire aussi que cet esprit minral est en plus petite quantit, parce queles pores de la terre tant ferms & remplis d'air grossier, le soufre lmentairela pntre moins, pour se mler avec l'eau lmentaire, & composer l'humideradical qui engendre tout, & augmente la quantit des esprits minraux.

    XXVII

    Les animaux au contraire contiennent en hiver plus de substance spiritueuse,parce qu'ils sont nourris sans empchement, & que leurs pores tant plusferms, les parties transpirables ne s'vaporent pas si facilement, & ne peuvents'chapper, que lorsqu'elles sont parvenues une extrme tnuit.

    XXVIII

    Ainsi cette Fontaine des Pyrnes n'est pas pousse en hiver, ni agite par laquantit & l'imptuosit des esprits mtalliques.

    XXIX

    Le lac de Genve est plutt agit dans un temps calme & serein, que lorsquel'air est troubl & couvert, parce que dans le calme & la srnit, l'impressiondu poids de sa colonne d'air est directe ; & que n'tant pas intercepte par lesvents ni les nues, les eaux du lac en sont plus fortement presses, & nepermettent pas une issue galement libre l'esprit central de la terre.

    XXX

    Si lorsque cette substance spiritueuse s'lve, elle est occupe des espritsspcifiques de diffrents animaux ; il s'engendre en l'air des animaux de cesespces, qui retombent sur la terre avec l'eau des vapeurs qui les avait levs.

    XXXI

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    Les mtores aqueux contiennent l'eau dominante : ainsi leur substancespiritueuse s'paissit par le froid en eau, grle, neige, &c.

    XXXII

    Les mtores terrestres contiennent la terre dominante plus ou moins ; ainsilorsque cette substance spiritueuse est occupe par des esprits mtalliques oupierreux, il s'engendre en l'air des mtaux & des pierres, qui tombent ensuitesur la terre.

    XXXIII

    Ainsi l'on conoit que la nature lve cette substance spiritueuse, pour lapurifier & l'unir ensuite la matire fixe pour produire toutes choses.

    XXXIV

    Ainsi le Chymiste spare les deux racines du mixte, les purifie, les unit denouveau pour en composer son arcane.

    XXXV

    Le caractre qui signifie la distillation, est celui du Lion cleste ; & l'eaudistille des Philosophes est aussi appele Lion ; les deux cercles infrieurssignifient les deux esprits, & le cercle suprieur qui unit les deux autres,signifie l'eau, dans laquelle le Soleil chymique est exalt par plusieursdistillations, de mme que le Soleil cleste est exalt dans le signe du Lioncleste.

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    CHAPITRE II

    De la Distillation du Vgtal.

    Aphorisme I

    La distillation des vgtaux est la purification de leur humide radical dissout.

    II

    Cette distillation se fait, tant par le froid que par la chaleur ; le froid resserre lecorps, & ainsi la chaleur se rassemble au centre & s'augmente ; puis s'chappe& emporte avec soi les plus subtiles parties de la matire. Alors l'eau ayantperdu son esprit chaud se congle.

    III

    Cela arrive au vin & aux autres sucs des vgtaux, & si l'on en conserve lesesprits par un alambic, on les aura distills par le froid dans le rcipient.

    IV

    Par cette vasion des esprits uss par le froid, les plantes meurent dans hiver.

    V

    Lorsqu'aprs la putrfaction la substance fixe est dissoute, l'une & l'autreracine devenue volatile, monte par la distillation.

    VI

    Il faut dans la distillation que la chaleur soit fort modre, autrement lesesprits s'lvent trop abondamment, avec prcipitation, & cassent le vaisseau.

    VII

    Par cette opration les deux racines sont exactement purifies, & deviennentune mme substance aqueuse, insparable, permanente, & qui, selon lesPhilosophes, est susceptible de flamme ; mais inextinguible ou incombustible.

    VIII

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    De-l, sont inventes les lampes qui brlent toujours, sans consumer l'huile.Telle tait celle qu'on trouve dans le tombeau de Tullia fille de Ciceron, & quintait pas encore teinte depuis prs de deux mille ans qu'elle brlait,lorsqu'on la dcouvrit sous le Pontificat de Paul troisime qui vivait dans leseizime sicle de l'Ere Chrtienne. Telle tait encore celle dont il est rapportdans l'histoire de Padoue, qu'on la trouva encore brlante avec cetteinscription latine, autour du vase de terre, qui servait de lampe dans untombeau trs ancien.

    Plutoni sactum munus ne attinvite sures.Ignotum est vobis boc quad in orbe latet.

    Namque lmenta gravi claudit digesta labore.Vate sub boc modico Maximes olibius.Adsit soecundo custos sibi copia cornu.

    Ne pretisum tanti dispercat laticis.

    IX

    Le secret de lampe incombustible se peut tirer de tout animal & vgtal ; maisparticulirement du vin, parce qu'il contient plus des deux racines que toutautre mixte.

    X

    Cette eau distille & faite des deux racines est l'humide radical, dans lequel lachaleur naturelle est fixe & permanente.

    XI

    Ainsi cette eau est un aliment trs propre conserver la vie.

    XII

    Tout ce qui est anim tire sa vie de l'humide radical le plus gnral ; les plantesattirent cet humide du suc de la terre, & les animaux le tirent du suc desplantes.

    XIII

    Cet humide trs gnral est une matire spiritueuse compose des lmentsqui se sont unis & assemblez dans le sein de la terre, & qui sont imprgns de

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    l'esprit volatil.

    XIV

    Cette composition des lments reoit des impressions du Soleil, & des autresinfluences astrales, la puissance de son magntisme.

    XV

    Cet esprit cleste se lie cet humide radical, & y demeure d'autant plusaisment qu'ils approchent fort de la nature l'un de l'autre.

    XVI

    L'humide radical n'est autre chose que l'aliment trs pur & immdiat, prparpar la coction, & non pas l'aliment loign & impur.

    XVII

    La chaleur naturelle & spcifique, tant du vgtal que de l'animal, estincessamment occupe faire cette purification, & produire, comme par

    degrs dans les substances des aliments une uniformit de parties, & uneconsonance de magntisme & d'action, qui les rende propres tre le baumenourricier, & l'aliment intime de tous les filets nerveux & vsiculaires de lamachine : c'est pour cet effet que la nature a dispos tant de rservoirs & decanaux successifs, dans lesquels les sucs alimentaires reoivent unelaboration continuelle & de nouvelles dpurations, jusqu' ce qu'ils aientacquis une homognit qui ne rsiste plus l'action du feu vital de l'individu.

    XVIII

    Mais quelque prvoyance que la nature ait eue dans la mcanique des tuyaux& des filtres du corps organis ; l'agilit & la vivacit du feu qui possde toutesa force actuelle, ne peuvent si exactement dmler le chaos des liqueursdestines servir d'aliment, ni les amener une dpuration si parfaite, qu'il yreste toujours des parties trangres, qui chappent par leur densit et leurmasse la pntration des esprits & des levains qui produisent les digestions.

    XIX

    La trop grande quantit d'aliments, l'abondance des parties incapables de

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    digestion, & la faiblesse de la chaleur naturelle, rendent galement les liqueursimpures, & donnent lieu aux crudits qui s'augmentent tous les jours, &interrompent de plus en plus le magntisme spcifique ; ce qui cause enfin ladestruction du compos.

    XX

    Le Spagyriste spare les lments du mixte de tout ce qui leur est oppos &htrogne, il introduit une parfaite union entre les principes, & compose unesubstance permanente & astrale ou cleste ; c'est dire, dont le magntismeest dans le plus haut degr d'exaltation, auquel il puisse tre amen ; parceque les parties de son sujet se touchent trs immdiatement, & s'embrassenttrs intimement par la proportion & la convenance de leurs natures.

    XXI

    Cette substance cleste en puret est l'or physique dans chaque rgne, parceque la pure essence de l'or est au mme point de perfection dans le feu & quel'art ne peut la porter au de-l.

    XXII

    Pour tirer la pure essence de l'or, il faut le dissoudre dans l'eau hylale qui estde mme nature avec lui ; on doit cuire ces deux natures homognisesjusqu' la consistance de sucre trs blanc, puis trs rouge, qui se peut fondredans toute sorte de liqueur & se confondre, & digrer en la substance du chylepar la chaleur de notre estomac.

    XXIII

    Cette pure essence d'or conserve notre humide radical, l'augmente & le rpare.Elle le conserve, parce que ses lmentations ne lui sont point contraires,quoiqu'elles soient plus fortes, qu'elles ne sont plus fortes, que parce qu'ellessont plus pures, & que leur puret rend leur magntisme plus puissant, moinssusceptible des impressions d'un magntisme dissemblable au contraire, &capable par consquent d'loigner de cet humide les esprits, qui pourraient lecorrompre & le rsoudre. Elle l'augmente & le rpare, parce que la chaleurtempre qu'elle insinue jusque dans les plus petites fibres, est analogue celle du suc nourricier, & le plus propre pour communiquer la coction auxliqueurs dans tous les canaux de la machine animale.

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    CHAPITRE III

    De la Distillation de l'Animal.

    Aphorisme I

    Le Secret des animaux conserve & rpare l'animal, parce qu'il lui tient lieud'aliment ; & qu'il sert de levain aux liqueurs, pour les convertir en alimentimmdiat.

    II

    Il doit donc tre trs pur & trs subtil, afin qu'il puisse pntrer jusquauxmoindres parties de l'animal pour les nourrir.

    III

    Il le fait par la mme mthode que les autres lixirs : on spare les deuxracines, on les purifie par sept distillations, on les runit selon les poids quiconviennent ce rgne ; elles deviennent ensemble une eau permanente, quidoit tre encore purifie sept fois, ou jusque une parfaite assimilation, & uneintime union des substances, qui sont entres dans la composition de cetlixir.

    IV

    Les deux racines doivent tre exactement purifies avant que d'tre runies ;par ce que le volatil fomente & nourrit la racine fixe, & ainsi lui doit tre uniimmdiatement.

    V

    La nature purifie de mme les liqueurs, en les faisant circuler dans diffrentscanaux, dont les uns aboutissent des tuyaux, qui servent sparer lessubstances impures, & incapables de se convertir en aliment par la chaleurnaturelle ; les autres s'abouchent des couloirs propres filtrer la plus puresubstance qui doit se changer en la nature du mixte aliment.

    VI

    Les esprits sont trs libres dans leur action, & produisent des effets que nousadmirons, quand ils sont dans un aliment pur & subtil.

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    VII

    A proportion que les esprits rayonnent avec moins d'obstacles, tous les ressortsde la machine sont plus flexibles, & les successions de leurs mouvements pluspromptes : De-l vient que l'on conoit avec plus de nettet, que l'on juge avecplus de justesse, que la mmoire est plus pressante, que les sensation sontplus vives, les organes plus dlicats & plus anims.

    VIII

    Toutes les sensations, au contraire, & les fonctions tant du corps que de

    l'esprit, sont troubles lorsque des vapeurs impures interrompent lesmouvements des esprits, & les alternations des ressorts, comme il arrive dansl'ivresse, & dans les accs de la passion hystrique aux femmes.

    IX

    C'est pour ces raisons que le Chymiste purifie les deux racines, qu'il dissoutensuite le fixe par le volatil par plusieurs imbibitions ou arrosements, qu'enfinil les unis & compose l'humide radical pur de l'animal.

    X

    Ce systme de la purification chymique est signifi dans les potes par la fablede Ganymde, de l'Aigle, du Nectar & des Dieux.

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    CINQUIEME SECTION : De la Sublimation.

    CHAPITRE PREMIER

    De la Sublimation en gnral.

    Aphorisme I

    L'humide radical de chaque mixte naturel, devient par la sublimation chymiqueun sel blanc, comme la neige, & qui se peut fondre trs aisment.

    II

    Il est impossible que la racine fixe se sublime d'elle-mme, par quelque violencede feu que ce soit, jusque ce que la racine volatile l'ait dgage de toute lafculence terrestre, qui n'est point de la nature du sel central & radical de cemixte.

    III

    Cet excrment terrestre peut recevoir une dpuration par la liquidation, ou lafusion, & conversion en verre ; comme on voit arriver dans les creusets desverriers, lorsque le feu occupe exactement toutes les porosits de la terre, &qu'tant devenue aussi sche que lui, elle en reoit le mouvement de liquide,qu'elle perd sitt que les esprits igns viennent s'chapper ; mais elledemeure diaphane par la rectitude de ses pores qui permettent toujours uneissue libre aux esprits de la lumire, parce qu'ils sont de la nature de ceuxdont ils tiennent leur figure & leur position.

    IV

    On peut croire que la terre que nous habitons recevra la mme dpuration parle feu du dernier embrasement ; que tous les esprits, tant fixes que volatils lui,seront ts, seront fixs ensemble, & unis d'autres parties principales del'Univers.

    V

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    Cela tant suppos, les corps clestes & ceux des bienheureux, & les lmentsdu grand monde, pourront recevoir chacun une portion de ces esprits, parlesquels ils auront beaucoup plus de splendeur qu' prsent.

    VI

    Alors toutes les altrations, & les vicissitudes de corruptions & gnrationsdoivent cesser dans la nature ; & toutes les formes de l'univers demeurerontternellement dans leur existence ; parce que les mouvements & les altrationsordinaires dans le systme du monde ne tendent qu' la fixation des esprits, nesubsistent & ne s'entretiennent que par les volatils, de sorte que rien nechangera plus sitt qu'ils auront acquis cette fixit.

    VII

    Les corps mixtes approchent d'autant plus de la splendeur, & de la vertu descorps cleste, que les principes matriels de leur composition sont plus purs &plus homognes ; comme les pierres prcieuses, les vers qui reluisent de nuit &les phosphores des Philosophes.

    VIII

    Tout ce qui vient du Ciel l'heure de la gnration du mixte se dcouvre aussidans la rsolution de ce mixte.

    IX

    D'o l'on peut raisonnablement conclure par ces paroles du Grand Herms, cequi est dessus, & comme ce qui est dessous, & ce qui est en bas & comme cequi est en haut. Ainsi la matire des Cieux ne diffre des corps sublunairesqu'en puret seulement, & non pas en substance.

    X

    Le Soleil est form de la plus pure partie de la matire premire, dans laquellela terre & le feu dominent.

    XI

    Les astres Plantaires & le Globe que nous habitons, sont composs desparties plus grossires & plus impures, dans lesquelles l'lment de l'eau tient

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    le premier lieu avec la terre ; l'air & le feu y sont en trs petite quantit ; ce quifait que ces astres ne sont ni transparent ni lumineux d'eux-mmes ; mais quepar leur opacit, ils rflchissent les rayons de la lumire du plus pur astre.

    XII

    L'eau & l'air dominent dans les espaces des Globes clestes, de sorte qu'ilsn'empchent pas la matire igne du Soleil de passer entre leurs Globules, &de transmettre sa lumire jusqu'aux extrmits de sa plus grande sphre, queCopernic a appele le grand Tourbillon.

    XIII

    La matire des corps sublunaires, est autant incorruptible de sa nature, & ensa substance que celle du Ciel ; mais l'une & l'autre est galement corruptiblepar accident ; c'est dire, en tant qu'elles entrent dans la composition descorps corruptibles, dont elles peuvent ensuite se dgager par la rsolution dumixte.

    XIV

    Les esprits volatils du Ciel ont une entre facile dans la matire onctueuse fixedes corps sublunaires, avec laquelle ils se fixent aisment dans la compositiondu mixte, parce qu'ils sont de mme substance qu'elle.

    XV

    Le Ciel comme tous les corps sublunaires est fait de l'abme, ou de la matirepremire de toutes choses ; mais seulement de la plus subtile partie le Ciel at fait, & c'est cause de la tnuit de sa matire, que le nom de lumire luiest attribu.

    XVI

    L'abme est la matire premire de toutes choses qui contient le Ciel & la Terreles astres lumineux & les plantes ; ainsi Dieu a spar la lumire d'avec lestnbres.

    XVII

    Tout ce qui est de la nature des tnbres tend se runir avec les tnbres, &

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    se prcipiter vers la terre, & tout ce qui est de la nature de la lumire s'lvenaturellement vers la lumire.

    XVIII

    L'Artiste spare de mme le subtil de l'pais, & le cleste du terrestre, aussi laplus subtile partie du mixte qui est l'objet de nos considrations, lorsqu'elle estleve en haut, est toujours luisante, ce qui fait connatre que la Chymie n'a envue dans ses sublimations, que de sparer la lumire des tnbres.

    XIX

    Cette substance est figure par la fable d'Anthe & d'Hercules ; le mercure nepouvant tre vaincu que par plusieurs sublimations qui l'enlvent en l'air,comme Anthe fut enlev par Hercules.

    CHAPITRE II

    De la Sublimation des Vgtaux.

    Aphorisme I

    La racine fixe tant bien purifie se laisse sublimer par la force de la racinevolatile, parce qu'elle est vaincue par la force de celle-ci.

    II

    Les vgtaux contiennent la racine volatile en abondance : ils l'attirentimmdiatement de la terre, & les animaux ne l'attirent que des plantes.

    III

    La conversion du fixe en volatil se fait par la conjonction des deux ensembles,par la digestion en une chaleur externe trs douce, par la sublimation un feuplus fort ; par la rptition d'infusion, de digestion & de sublimation, jusqu' ceque tout monte.

    IV

    Pendant que cette conversion se fait, toutes les couleurs paraissent selon les

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    diffrents points de la pntration du fixe, par le volatil & les degrs de coction,dont les couleurs sont autant de signes.

    V

    Le mme changement des couleurs arrive dans la multiplication de la pierredes Philosophes, lorsqu'elle est parfaite & accomplie parce qu'on la rincrudetout de nouveau pour la dcuire, elle meurt autant de fois qu'on la dissout, elleest ressuscite autant de fois qu'on la fixe par la coction.

    VI

    Lorsque l'union parfaite vient tre accomplie la couleur blanche parat ; puisen continuant la coction vient la couleur citrine, & alors on peut augmenter lefeu sans danger, pour exalter & sublimer cette couleur jusqu'au rouge parfait.

    VII

    Le mercure crud ou volatil, est la cause principale de la subtilit de la fusion, &par consquent de la pntration que la pierre acquiert.

    VIII

    C'est par la seule sublimation Philosophique & non autrement, que la pierreacquiert une suffisante quantit de mercure crud ; ainsi la pierre ne peutarriver la perfection que par la sublimation.

    IX

    Par la bonne & parfaite coagulation qui dpend de la sublimation, la pierre oul'lixir acquiert sa dernire perfection ; c'est aussi cette sublimation que

    tendent toutes les autres oprations, & par elle qu'elles se terminent.

    X

    Ce merveilleux sublim est le soufre naturel & central, & la fleur de tout mixte; c'est--dire, la plus pure & plus subtile partie, la semence intime dgage &leve du centre des impurets.

    XI

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    La nature sublime aussi les fleurs au Printemps, hors du centre des vgtaux la superficie ; & c'est la plus subtile partie de leur aliment qu'elle digre ensuitejusqu' la perfection des fruits doux et meurs.

    XII

    Les mixtes de chaque rgne poussent leurs fleurs, en soufre central, l'hommesa semence, le nitre. La laine en son coton, qui est trs semblable au vraisoufre cach par la nature, l'or son azur & ainsi des autres corps.

    XIII

    La sublimation qui se fait par la nature, & celle que l'art produit, tendent lamme fin, qui dans l'une & dans l'autre sont les fruits & la semence.

    XIV

    L'art joint les deux racines purifies du mixte, pour en faire une mme &unique substance volatile, il sublime cette unique substance, tant qu'elle soiten sel semblable au talc, & on doit ensuite la garder soigneusement.

    XV

    Ce soufre ou sublim sans autre perfection est merveilleux pour la sant ducorps humain, & pour la vgtation des plantes, qu'il fait germer, fleurir, &fructifier quatre fois l'anne.

    XVI

    Ce soufre augmente si puissamment la chaleur naturelle de la plante qui en estarrose, qu'elle attire sans cesse son aliment de la terre, tant pour sa

    nourriture que pour la production des semences.

    XVII

    Cette semence est toujours enveloppe d'un sperme qui est la chair, & lasubstance du fruit que la nature destine servir d'aliment prochain auxesprits spcifiques de la semence, jusqu' ce qu'ils en aient form un individucapable d'attirer les sucs de la terre, & de les convertir en aliment.

    XVIII

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    Les plantes deviennent striles par le dfaut de chaleur naturelle ; car ils'ensuit de ce dfaut celui d'aliment, de semence, & de fruit.

    XIX

    Les plantes qui abondent en chaleur naturelle ne quittent point leurs feuilles,elles sont toujours verdoyantes, germent & fructifient en leurs temps,naturellement mmes quatre fois l'anne dans quelques rgions.

    XX

    Les animaux engendrent en toute saison, parce qu'ils prennent librement leurnourriture ; & cela parce que leur chaleur naturelle ne diminue point parl'loignement du Soleil ; mais qu'elle augmente plutt en hiver par lacontraction des pores.

    XXI

    L'art peut augmenter la chaleur naturelle de plantes par l'lixir dissout dansl'eau tide pour en arroser souvent les racines de ces plantes.

    CHAPITRE III

    De la Sublimation des Animaux.

    Aphorisme I

    L'lixir de la nature de mme que celui de l'art a besoin de sublimation ; leminral produit son soufre, le vgtal sa fleur, & l'animal sa semence.

    II

    La semence naturelle de l'animal a la vertu d'engendrer ; ce que ne peut l'lixirchymique de l'animal, moins qu'il ne soit rendu aliment par rtrogradation, &que de cet aliment la nature ne forme la semence naturelle.

    III

    La semence ou le soufre chymique d'animal, quoi qu'il fut trs commodment

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    introduit dans la matrice n'engendrerait pas ; mais apporterait seulement unrchauffement comme serait une autre chaleur externe, & s'chapperaitaisment de-l, comme une chose trangre & incommode la nature.

    IV

    L'animal semblable ne peut tre engendr, ni de la semence chymique, ni de lasemence naturelle hors de l'animal, & il ne peut se produire des partiesspares du corps de l'animal ; parce que l'esprit vital, qui est l'auteur desgnrations, ne peut tre retenu par aucun artifice, quand les parties fontspares du tout, & que le magntisme gnral ne subsiste plus pour le retenir,ou le rparer tout moment.

    V

    L'esprit prolifique des animaux diffre beaucoup de l'esprit nutritif ; car l'espritgnratif s'chappe la mort de l'animal, & ne peut tre retenu, parce qu'il estentirement volatil ; mais le nutritif demeure dans la chair & le sang aprs lamort, parce qu'il est aqueux & arien.

    VI

    Quand l'esprit nutritif est chapp de la substance de l'animal, il se mle dansl'air avec l'esprit du monde, & conserve son caractre. Jusqu' ce qu'il produiseou vgte des corps anims imparfaits, en se joignant la matire fixespcifique de ces espces, laquelle il vivifie lorsqu'il vient la rencontrer.

    VII

    L'esprit prolifique ne peut tre retenu ni se joindre avec l'esprit du monde,parce qu'il est plus subtil que l'me du monde, & que la matire propre du Ciel& du Soleil mme.

    VIII

    D'o il s'ensuit que le sperme gnratif des animaux parfaits n'est ailleursactuellement & de fait, que dans de semblables animaux, & non pas dansl'me du monde, si ce n'est en puissance loigne ; c'est--dire, que l'esprit dumonde contenu dans la semence des animaux, ou plutt dans le corps ou lamatire spermatique de cette semence, est le sujet duquel les esprits del'animal peuvent produire l'me sensitive.

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    IX

    Dans l'me du monde est contenu l'esprit gnratif de toutes les autres mes ;lequel vient des astres & opr avec les esprits spcifiques de tous les corpsmixtes la gnration.

    X

    D'o il s'enfuit que le Soleil & l'homme n'engendrent point l'homme, ni le Soleil& le lion n'engendrent point le lion ; mais que le Soleil & la plante engendrentla plante.

    XI

    L'esprit vgtal tant nutritif que prolifique ne s'chappe pas par la mort de laplante, parce qu'il est aqueux & arien, & retenu par la vertu de l'eau.

    XII

    Ainsi une semblable plante peut venir de la semence spare de la plante, desparties mmes coupes de la plante ; l'lixir chymique de la plante peut aussireproduite la mme plante.

    XIII

    Paracelse & Avicenne ont avanc sans un juste fondement, que l'homme puissetre engendr hors de l'homme par sa semence ; & que le genre humain puissetre rpar par l'action seule du Soleil sur la boue.

    XIV

    L'lixir animal n'est autre chose qu'un aliment fix, en sorte qu'il ne puisse sedissiper par la chaleur naturelle, comme l'aliment ordinaire qui a toujoursbesoin d'tre rpar.

    XV

    L'lixir animal est fix, parce que la racine volatile est convertie en terre ; &cela est arriv, parce que la terre a t auparavant dissoute en une substancevolatile aqueuse & arienne.

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    XVI

    La vie n'est autre chose que la quintessence des aliments dans un corpslmentaire anim.

    XVII

    Plus cette quintessence est fixe, & moins elle a besoin d'tre souvent rpare.

    XVIII

    La quintessence chymique se tire des aliments, elle est rendue trs pure & trsfixe ; ce qui fait qu'elle conserve & rpare mieux la vie que l'aliment naturel.

    XIX

    En tout lixir la sublimation est ncessaire, parce que c'est la dernirepurification, sans laquelle les principes ne peuvent s'entre toucherimmdiatement, & par consquent l'union ne peut tre parfaite.

    XX

    L'air & le feu font les principaux soutiens de la vie, & ainsi lorsqu'ils sont trsrarfis & fugitifs, ils ne peuvent donner la vie qu'une dtermination trscourte, & qu'un aliment trs passager.

    XXI

    L'lixir est capable de rsister puissamment la violence de tout feu ; c'estpourquoi il prserve l'animal de toutes les impressions des levains ordinaires

    des maladies, tant pris en manire d'aliment.XXII

    La sublimation de l'lixir animal se fait pour trois raisons, la premire pourconvertir le fixe en volatil, la seconde pour changer le volatil en fixe, latroisime pour purifier entirement l'un & l'autre par sept distillations.

    XXIII

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    Il en est de mme de tous les autres lixirs aux divers genres de mixte.

    XXIV

    L'lixir pur & parfait produit des effets surprenants, de mme que l'meraisonnable si elle tait dpouille de son corps, ou plutt lorsque dans soncorps elle se sert d'esprits subtils trs purs & trs actifs.

    XXV

    Cela arrive tant l'me folle & afflige, comme lorsqu'elle est saisie de manie,

    qu' celle qui est saine & sage comme dans ceux qui se promnent en dormant.

    XXVI

    Les esprits de ces promeneurs nocturnes acquirent dans le sommeil plus dechaleur & de puret, de manire que leurs actions sont souvent plus fortes ;ces personnes-l mme pendant le jour font paratre plus d'esprit, & sont plusprompts, plus lgers & de moindre repos que les autres, cause de la puret &de l'activit de leurs esprits.

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    SIXIEME SECTION : De l'Union.

    CHAPITRE PREMIER

    De l'Union en gnral.

    Aphorisme I

    L'union & la fixation n'est qu'une mme chose, une seule opration, dans lemme vaisseau, le mme fourneau & le mme feu.

    II

    C'est dans cette seule opration, que se fait l'intime & insparable mixtion desprincipes ; que leurs qualits se temprent & se lient rciproquement, jusqu'ce qu'elles entrent dans une paix & une concorde parfaite ; qu'enfin lemagntisme est semblable & uniforme dans toute la substance du compos.

    III

    De-l vient que l'on appelle cette opration la rconciliation des principescontraires, la conversion des lments, la rgnration du mixte, & lamanifestation de clart & d'efficace ; ou la vraie & parfaite sublimation ducentre la circonfrence, le mariage du Ciel & de la terre, & la couche nuptialedu Soleil & de la Lune, de Peja & de Gabertin, d'o doit sortir l'Enfant Royaldes Philosophes. Dans cette opration la mme matire du mixte qui taitauparavant demeure, & les deux racines subsistent : mais non pas la mmeunion en nombre, ni la mme forme particulire l'une & l'autre racine, ni

    leurs mmes qualits : toutes ces choses diffrent en nombre, & ont acquis unpoint de consonance & d'homognit, qui les rend plus parfaitesqu'auparavant, par la multiplication de leur puissance magntique.

    V

    Il est impossible par les Lois de la nature que deux ou plusieurs formessubordonnes occupent la mme matire en mme temps.

    VI

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    Ainsi le Diable ne peut ajouter la forme ou l'me d'un loup ou d'un autreanimal la forme ou me de l'homme dans le corps humain.

    VII

    Il peut encore moins ter la forme de l'homme pour en remettre une autre en laplace, ou lui redonner mme celle qui est une fois sortie.

    VIII

    Il n'y a que Dieu seul qui puisse renverser l'ordre qu'il a tabli dans la nature.

    IX

    Ce que la nature ne peut faire, l'Esprit malin ne le peut pas, puisqu'il n'estqu'une crature.

    X

    Si le Diable pouvait faire la transmutation & le changement des formes de

    corps en corps, il renverserait tout l'ordre de la nature au mpris de Dieu, & la ruine des hommes.

    XI

    Le Diable peut tromper l'homme par illusion en cinq manires. 1. Ensupposant des choses relles transportes d'ailleurs. 2. En formant en l'airl'image des choses relles. 3. En formant telle ou telle image dans l'imagination& dans les yeux, comme il arrive naturellement aux frntiques & au gensivres. 4. En donnant quelque maladie mlancolique. 5. En faisant lui mme les

    choses, & faisant dormir l'homme qu'il trompe, tandis qu'il occupe sonimagination de choses propres celles qu'il opre.

    XII

    Dans la lycanthropie le Diable amuse l'imagination de l'homme absent par dessonges qu'il lui procure ; ou s'il est prsent il le rveil d'un corps arienconforme aux spectres qu'il veut montrer, ou bien le couvre de peaux bienajustes.

    XIII

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    L'homme travesti de la sorte travaille au-dessus de ses forces ordinaires, parceque le Diable emploie la force de cet homme & la presse trs fort, comme ilarrive aux personnes qui sont possdes.

    XIV

    De-l vient que ces personnes aprs ces travaux demeurent toutes nerves & demi mortes, parce que leurs forces sont trs diminues par la violence desmouvements qu'elles ont fait.

    XV

    La mtempsycose des Acadmiciens n'est point une saillie de l'me par laquellenous vivions dans un autre corps ; mais seulement la conversion d'un lixir enl'autre.

    XVI

    L'humide radical crud d'un mixte perd ses esprits & sa force naturelle, & reoitles esprits & les vertus de l'lixir fixe dans lequel il est convertie par forme

    d'aliment.XVII

    Ainsi le loup peut tre converti en agneau, & l'agneau en loup par cechangement d'lixir.

    XVIII

    L'lixir de chaque mixte n'est autre chose que l'humide radical rempli des

    esprits de ce mixte.

    XIX

    L'humide radical est appel me, parce que c'est le sujet immdiat de l'mevivante, comme l'esprit en est la cause efficiente.

    XX

    C'est en ce sens que le grand monde est dit anim, c'est--dire, plein d'humide

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    radical, susceptible & capable de toute sorte mes, & de mme plein desesprits qui peuvent produire les mes des mixtes.

    XXI

    Chaque lixir crud peut tre chang en lixir cuit par les imbibitions & coctionsritres, par lesquelles il reoit la vertu du fixe & perd la sienne, qui tait denature contraire ou incompatible mais plus faible.

    XXII

    De la mme manire les influences clestes transportent leur efficace dans unnouveau sujet, quand par la fixation elles sont converties en la substance d'unmixte, & deviennent tributaires de son magntisme.

    XXIII

    Les influences clestes se portent naturellement s'unir avec l'humide radical ;elles s'insinuent dans la terre o cet humide reoit la combinaison de seslments, & concourent dterminer la spcification de son magntisme.

    XXIV

    Toute la nature n'aspire & ne respire que ces influences, & n'est anime quepar elles ; rien ne peut en arrter le cours, ni empcher qu'elles ne vgtenttous les magntismes sublunaires, & qu'elles n'en accomplissent lesdestinations.

    XXV

    Toutes les toiles & les plantes poussent incessamment leurs influences, qui

    pntrent jusqu'au centre de la terre plus ou moins, selon la diversit de leursmouvements & aspects, leurs rapprochements & loignements de la terre.

    XXVI

    De-l vient que les astres dominent plus ou moins les uns sur les autres, c'est--dire, qu'ils influent plus puissamment ; ce qui est cause que l'on ne parle pasdes influences des astres qui ne dominent pas, ou dont les effets ne sont pointremarquables.

    XXVII

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    Les corps sublunaires reoivent de puissances impressions de ces influences,qui selon les diffrents degrs de leur exaltation & de leur pntration affectentplus ou moins les magntismes infrieurs, & leur communiquent diffrentesproprits.

    XXVIII

    De-l vient que plusieurs Philosophes assurent que la domination de l'astrefavorables doit tre observe dans l'union des principes de l'Elixir, parce qu'ilsprtendent que lorsque cet astre domine, il influe plus de vertu l'lixir, quelorsque l'astre contraire est dominant.

    XXIX

    On remarque nanmoins que la domination de l'astre contraire n'empche pasque l'lixir ne s'achve, parce que l'esprit fixe surmonte toujours l'esprit volatil.

    XXX

    Mais l'lixir aura, dit-on, moins de perfection que s'il eut t fait sous la

    domination de son astre propice.XXXI

    Si l'lixir tait volatil, il pourrait tre vaincu par l'abondance & la force desinfluences contraires son magntisme, qui retiendrait leurs proprits &perdrait sa dtermination propre, ou bien de cette contrarit des deux espritsmoteurs, il pourrait rsulter une substance moyenne & combine par l'actionde l'un & de l'autre magntisme.

    XXXII

    L'astre qui prdomine l'heure de la production des animaux, imprime sesvertus la semence, parce que les esprits en sont volatils, & ainsi se laissentvaincre par l'abondance de ces influences.

    XXXIII

    La semence des animaux conserve toujours, pendant la vie du corps qui en estproduit, les dterminations qu'elle reues des influences clestes l'heure de

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    la gnration.

    XXXIV

    Les Faiseurs d'horoscope jugent par-l des murs des hommes pour toute lavie, parce que l'heure de la nativit rpond toujours celle de la gnration.

    XXXV

    Ainsi par l'union des deux spermes, fixe & volatil, dans lesquels sont renfermsles deux esprits, le sujet des influences & vertus clestes est spcifi & sublim

    au plus haut degr de sa puissance magntique ; le Ciel est rendu terre, & laterre est faite Ciel, & les nergies de l'un & de l'autre sont runies .

    XXXVI

    Mais les lments moins homognes & moins digrs qui s'introduisent dans lesujet intime & immdiat des esprits moteurs de la vie, combattent cet espritcleste, de sorte qu'il perd insensiblement sa puissance, & que peu peu sonmagntisme devient infrieur, & que ses esprits se dissipent avec la vie dumixte.

    XXXVII

    De-l vient que la vie des hommes semble avoir diminu d'ge en ge jusqu'prsent, parce que la force & la vertu de la semence humaine a toujoursdiminu.

    XXXVIII

    D'o l'on peut juger vraisemblablement par les seules lumires de la raison

    naturelle que les gnrations doivent finir.

    XXXIX

    On prtend encore que les vertus mdicinales des vgtaux & les nergies detous les autres mixtes sont fort dchues de la perfection qu'elles avaient dansles premiers sicles.

    XL

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    A cette diminution des vertus de la premire mixtion des lments, l'uniqueremde se tire de la seconde mixtion, par l'industrie chymique qui la rend pure& permanente.

    XLI

    A une puissance ou matire pure il faut joindre une pure forme dont l'nergieest plus grande que celle d'une forme impure.

    XLII

    Les Anges & les mes raisonnables ont de trs puissantes nergies cause deleur puret.

    CHAPITRE II

    De l'Union des Vgtaux.

    Aphorisme I

    L'union se fait entre le fixe & le volatil en tout rgne.

    II

    La vie consiste dans la dure de l'union, & la mort dans la sparation.

    III

    La premire union que la nature fait est dissoluble, parce qu'elle est impure,l'union chymique est permanente, parce qu'elle est pure.

    IV

    Les lixirs sont non seulement de plus de dure que les mixtes naturels, maisencore d'une efficace plus grande, tant cause de la puret que de l'abondance& de l'union des deux racines.

    V

    La dure de l'union dpend du contact immdiat des principes, & ce contact

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    dpend de leur puret.

    VI

    Labondance des racines augmente la chaleur naturelle, & par consquentl'nergie du magntisme, la puret de ces principes tend aussi la puissancedes esprits, parce qu'elle a t les empchements de la chaleur naturelle, quiserait suffoque dans un sujet impur.

    VII

    De-l vient que les vgtaux ont plus de puissance ou de vertu dans leurjeunesse, qu'en leur vieillesse lorsque les impurets viennent occuper leurhumide radical.

    VIII

    La chaleur naturelle est la cause efficiente de la fertilit & de toute fcondit ;elle est l'me des vgtations, qui combat & chasse incessamment lesimpurets des mixtes : ainsi la cause tant augmente l'effet s'augmente proportion.

    IX

    La chaleur naturelle est plus grande dans les lixirs, parce que l'humideradical y est plus abondant ; & cette chaleur est aussi plus permanente, parceque le mme humide est plus cuit.

    X

    Parmi les mixtes la chaleur est plus puissante en l'un qu'en l'autre, & aussi

    plus grande en une saison qu'en l'autre.

    XI

    L'esprit magntique, chaud & cleste, est plus abondant & plus vif sous decertaines constellations, que sous les autres.

    XII

    L'esprit cleste se condense & se ralentit par le froid & l'humide de l'air ; & par

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    le moyen de l'humidit il entre dans les pores de la terre, & compose l'humideradical qui nourrit tous les mixtes.

    XIII

    Dans les temps d'une longue scheresse cet esprit ne fait que voler dans l'air,sans se condenser ni tomber pour rafrachir la terre ; ce qui cause la strilit,& la mort de tout mixte.

    XIV

    Le mouvement du Soleil autour de la terre, selon Ptolome ; ou celui de la terreautour du Soleil, suivant le systme de Copernic, se fait en ligne oblique, afinque l'esprit du monde se mle avec les lments dans toutes les diversesRgions de la terre en diffrents temps, & par vicissitude.

    XV

    Sous la Zone torride il y a plusieurs fontaines & rivires, dont le Soleil lve lesvapeurs qui se rsolvent en pluie, laquelle est pleine de ces esprits, pour rendrela terre fertile.

    XVI

    Cet esprit cleste invisible ne pourrait se mler avec les lments s'il taitauparavant rduit en eau, en neiges, ou autres mtores aqueux.

    XVII

    De mme aussi dans l'art chymique cet esprit ne serait point traitable, s'il taitauparavant rduit en eau par distillation, au moyen de laquelle il est

    premirement conjoint la partie lmentaire, humide, & ensuite la partiesolide sche & fixe.

    XVIII

    Cet esprit est un Prote qui se change en toute forme.

    XIX

    Et parce qu'il se trouve par tout, & qu'il est la principale partie de la pierre, on

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    dit que la pierre se trouve par tout.

    CHAPITRE III

    De l'Union des Animaux.

    Aphorisme I

    La vie n'est autre chose que la dure de la chaleur cleste dans un sujetcompos des lments.

    II

    De cette union des lments rsulte l'me ; & cette me est diverse selon ladiffrente disposition du sujet.

    III

    L'me, tant vgtative que sensitive, est produite dans le sujet par l'action de lachaleur cleste, dtermine dans ce sujet un magntisme spcifique : mais

    l'me raisonnable vient sans doute de la seule action de Dieu.

    IV

    Les mixtes qui diffrent en genre ou en espces, ne peuvent tre produits d'unsujet semblable, ou d'une matire dispose d'une mme sorte, ni de la mmeaction spcifique.

    V

    La chaleur cleste dispos le sujet par degr conscutifs ; & quand le dernierdegr est acquis, elle produit la forme, ou le magntisme homogne & gnral.

    VI

    Ainsi la chaleur naturelle change la chaleur animale, premirement en unesubstance semblable au lait, puis en sang, ensuite en suc nourricier & endivers membres enfin elle produit l'me laquelle ses degrs sont destins.

    VII

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    Les animaux sont les plus nobles de tous les mixtes, tant du cot de leurmatire qui est trs pure & trs subtile, que du cot de leur forme, laquelleproduit des actions trs parfaites.

    VIII

    Toute la nature tend par son mouvement au degr des animaux, comme auplus parfait, & comme la fin o elle dsire reposer.

    IX

    Elle ne peut nanmoins demeurer longtemps dans ce degr, parce que lamatire des animaux se dissipe trop facilement, & qu'elle ne rsiste pas assezaux agents contraires.

    X

    Il est probable par plusieurs raisons que la vie de nos premiers Pres tait pluslongue que la notre. Premirement, parce que Dieu a tout cr au plus parfaitdegr des gnrations, qui devaient ensuite diminuer & finir.

    XI

    Secondement, parce que l'humide radical de nos premiers Pres tait plus purque le notre.

    XII

    L'me sensitive est plus pure & plus parfaite que toute autre forme lmentaire& cleste.

    XIII

    Par consquent la nature ne la pouvait jamais unir notre matire sublunaire,grossire & toute impure par ses propres forces ; au moins si souvent & sifacilement, comme nous le voyons arriver tout moment, sans l'aideparticulire de Dieu, qui conduit ses actions & destin ses mouvements.

    XIV

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    En troisime lieu la vie de nos premiers Pres devait tre plus longue, parceque leur aliment tait plus pur que le notre ; & ainsi plus plein d'humideradical, & par consquent de chaleur naturelle & de vertu active.

    XV

    En quatrime lieu parce que nos premires Pres avaient plus d'humide radicalfixe & permanent, dont la force est diminue dans la foire du temps par lesdegrs des gnrations aussi bien que la permanence & la dure de la chaleurnaturelle.

    XVI

    La nature dans le sein des animaux l'heure de la gnration procure autantqu'elle peut, & la quantit, & la dure de la chaleur naturelle.

    XVII

    Elle le fait en purifiant, unissant, & fixant les racines de l'humide radical, danslesquelles cette mme nature est cache.

    XVIII

    Mais elle ne peut atteindre la perfection de ses travaux cause que lachaleur naturelle est trop faible, & les excrments trop abondants.

    XIX

    L'art ne peut communiquer la nature aucune nergie nouvelle, mais il te lesexcrments qui empchent l'nergie naturelle de produire ses effets.

    XX

    Ainsi l'esprit de vin ne s'enflamme pas tandis qu'il est dans le corps impur,mais seulement quand il en est spar par la distillation.

    XXI

    Les excrments absorbent le subtil pur, & suffoquent la chaleur naturelle.

    XXII

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    La vraie substance du vin consiste dans l'eau ardente arienne & igne, le resten'est qu'un excrment terrestre & aqueux que la nature n'a pu sparer par lafermentation du mot.

    XXIII

    Ainsi les lixirs ne contiennent point d'autre vertu que celle qui taitnaturellement dans les mixtes mmes : mais elle est rendue pure & libre parl'industrie chymique.

    XXIV

    Tous les mixtes avaient plus de vertu dans les premier