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PLACE DE LA MAIRIE À St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org Écrit et réalisé par Aki KAURISMAKI Finlande 2017 1h40 VOSTF avec Sakari Kuosmanen, Sherwan Haji, Janne Hyytiäinen, Ilkka Koivula, Nuppu Koivu... OURS D'ARGENT MEILLEUR RÉALISATEUR AU FESTIVAL DE BERLIN 2017 Dès les premières images on retrouve avec un bonheur intense Aki Kauris- maki et son univers de cinéma muet re- haussé de couleurs saturées, de bande son rockabilly et d’accessoires issus au plus tard des années 60. Mais L’Autre L'AUTRE CÔTÉ DE L'ESPOIR GAZETTE n o 269 du 1ER MARS AU 4 AVRIL 2017 - Entrée : 7€ - Abonnement : 50 € les 10 places - Étud. : 4 €

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PLACE DE LA MAIRIE À St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org

Écrit et réalisé par Aki KAURISMAKIFinlande 2017 1h40 VOSTF avec Sakari Kuosmanen, Sherwan Haji, Janne Hyytiäinen, Ilkka Koivula, Nuppu Koivu...

OURS D'ARGENTMEILLEUR RÉALISATEUR

AU FESTIVAL DE BERLIN 2017

Dès les premières images on retrouve

avec un bonheur intense Aki Kauris-maki et son univers de cinéma muet re-haussé de couleurs saturées, de bande son rockabilly et d’accessoires issus au plus tard des années 60. Mais L’Autre

L'AUTRE CÔTÉ DE L'ESPOIR

GAZETTE no 269 du 1ER MARS AU 4 AVRIL 2017 - Entrée : 7€ - Abonnement : 50 € les 10 places - Étud. : 4 €

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côté de l’espoir est bien ancré dans no-tre époque et nous propulse dans une actualité des plus urgentes au travers de deux personnages aussi fabuleux qu’inoubliables : Wikhström, Finlandais pépère en train de mettre sa vie de quin-quagénaire sur de nouveaux rails, et Khaled, jeune réfugié syrien échoué à Helsinki et demandeur de papiers. Avec son humour pince-sans-rire, le cinéma de Kaurismaki a toujours été l’abri des laissés-pour-compte, des prolétaires, des petites gens. Aujourd’hui, il accueille très naturellement un personnage de réfugié avec, au fond, cette idée lumi-neuse que ce qu’il peut arriver de mieux aux uns dans leur quête du bonheur, c’est sûrement de rencontrer l’autre. Impossible de ne pas penser à Cha-plin en voyant L’Autre côté de l’espoir : la même générosité intemporelle, la même alchimie du tragique et du rire, la même pertinence politique aux cô-tés des opprimés en tout genre. Sans une once d’effusion, sans le moindre angélisme, Aki Kaurismaki amène deux itinéraires opposés à se croiser et réa-lise un film truffé de lucidité, jamais aussi drôle que lorsqu’il est sérieux, vertigineux d’intelligence et d’humanité. Enseveli sous un tas de houille, couvert de suie dans la nuit noire du port d’Hel-sinki, il n’a pas de nom, pas de visage, pas d’identité. Aux yeux de la ville qu’il parcourt, il est une énigme. Dans le ci-néma du Finlandais, il est entré comme chez lui : faux-frère de L’Homme sans passé (tête bandée et amnésique), com-plice par son vêtement souillé de tous les ouvriers kaurismakiens. Il faut atten-dre un bon moment avant qu’une halte aux douches publiques ne le lave de son anonymat. Et ce n’est que plus tard en-core, lors de l’audition pour sa demande d’asile, que Khaled racontera son his-

toire, digne et sans sentimentalisme. En parallèle, Wikhström (interprété par le génial Sakari Kuosmanen, habitué du cinéma de Kaurismaki) vient de quitter sa femme alcoolique sans un mot (quelle scène !) et il est bien décidé à se débar-rasser des fardeaux de sa vie passée. A commencer par son boulot de repré-sentant en chemises. Une fois son stock 100% nylon refourgué, il pourra réaliser son rêve : devenir patron d’un petit res-taurant. Un bon filon, comme lui confie sa vieille cliente : « Un métier où quand les affaires vont bien, on boit ; et quand el-les vont mal, on boit aussi ». L’établisse-ment convoité est en perte complète de vitesse. Qu’à cela ne tienne, Wikhström achète et récupère du même coup les trois employés : un cuisinier, un portier et une stagiaire. Auxquels s’ajoute vite un quatrième qui occupait indûment le local à poubelles du restaurant : Khaled. Autant dire que cette aventure ne sent pas du tout la « success story ». La pe-tite merveille que nous offre Kaurismaki est bien plus modeste et vraisemblable. La force des personnages est de ne ja-mais demander à l’autre plus qu’il ne peut donner. Comme si rien ici n’était fait par idéal, mais plutôt par évidence et par honnêteté. Qui retrouvera My-riam, la sœur que Khaled a perdue dans son exil à travers l’Europe ? Qui mon-trera à Wikhström l’horizon réel de son bonheur ? Façonné dans des lumières incroyables dont seul Kaurismaki a le secret, redoutable par son économie de moyens et de mots, L’Autre côté de l’espoir déploie avec un charme fou son humour flegmatique, sa vision du monde légèrement désinvolte et pourtant pro-fondément empathique.

DU 15/03 AU 4/04

L'AUTRE CÔTÉ DE L'ESPOIR

COUP DE PROJECTEUR SUR LE FILM« L'AUTRE CÔTÉ DE

L'ESPOIR »Retrouvez la présentation de ce film dans le journal

d’informations localesLe mercredi 15 MARS

à partir de 18h45 sur radio RGB 99.2 fm

Disponible en podcast sur radiorgb.net

NOUVEAU à UTOPIA St Ouen !

L'Atelier Ciné d'Alice Atelier créatif autour du ciné !

Encadré par Alice, service civique en animation jeune public (avec Bafa !), les

enfants pourront poursuivre l'aventure du film vu à la séance de 14h15 de

LEGO BATMANLE MERCREDI 22/03

TARIFS :Tous les jours à toutes les séances

Normal : 7 eurosAbonné : 5 euros ( par 10 places,

sans date de validité et non nominatif)Enfant -16 ans : 4 euros

&Sur présentation d’un justificatif

Lycéens - Étudiant : 4 eurosPASS CAMPUS : 3,50 EUROS

Sans-emploi : 4 euros

TOUT LE PROGRAMME SUR : www.cinemas-utopia.org/saintouen

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DU 1er/03 AU 3/04

Réalisé par GRAND CORPS MALADE et Medhi IDIRFrance 2017 1h50avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Nailia Harzoune, Franck Falise, Yannick Renier, Anne Benoit, Alban Ivanov, Dominique Blanc, Xavier Mathieu...Scénario de Fadette Drouard et Grand Corps Malade, d’après son livre

Marcher, se lever, se laver, lacer ses chaussures, se faire cuire un œuf, le-ver son verre, monter les marches, ser-rer une main, se gratter le dos... et bien d’autres grandes ou petites choses plus ou moins avouables : on ne réalise pas au quotidien ces mille milliard de gestes que notre corps, cette géniale machine en mouvement perpétuel, est capable d’accomplir pour nous servir. Jusqu’au jour où la bécane se met à déconner, à partir de travers, à se mettre en grève gé-nérale ou partielle, la faute à la maladie, aux accidents, la faute au destin, la faute à pas de chance ou, pour Ben, la faute à la piscine. Si elle avait été un peu plus profonde, cette piscine, Ben aurait pu y nager tranquille au lieu de s’y fracasser… Résultat aussi violent que le choc : pa-ralysé à 20 piges, horizontalité obligée,

plus d’autonomie, plus de mouvement, plus qu’un lit et quatre murs comme unique ligne d’horizon.Patients raconte une an-née dans la vie de Ben. Une année pas comme les autres, passée dans

un centre de rééducation pour les trau-mas en tous genre, les poly, les semi, les crâniens, les para, les tétra. Une année pour tenter de se réparer, de se recons-truire, une année toute entière pour ap-prendre à accepter sa nouvelle condition et peut-être aussi pour s’en échapper.Coincé dans ce nouveau corps qui ne ré-pond plus présent à l’appel, Ben va faire l’apprentissage complexe et surréaliste de l’assistanat 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Redevenu nourrisson, mais avec la tchatche et l’énergie de ses vingt ans, Ben n’a d’autre choix que de se laisser guider dans ce drôle de nouveau monde où chaque geste banal devient aussi ba-lèze qu’un des douze travaux d’Hercule, et peut provoquer, selon l’humeur et le moral, un fou rire ou des cris de rage.Dans le centre, c’est une véritable com-munauté, patients et soignants, qui vit au rythme des séances de kiné, de piscine, des repas... et que le temps est long quand il n’y a rien d’autre à faire que d’at-tendre le prochain soin ! Patient, on l’est ici dans tous les sens du terme.Chacun gère son trauma de son côté, avec son histoire, avec ses mots, avec son humour, souvent grinçant, parfois tendre, avec ses forces et chacun aborde la vie et l’avenir comme il le peut. Mais ensemble, la vie dans le centre est tout de même un chouïa moins pénible.

L’histoire de Ben, c’est l’histoire de Fa-bien Marsaud, plus connu sous son nom d’artiste, Grand Corps Malade, et ce film est tiré de son livre Patients, gros succès de librairie. On prédit à peu près la même destinée à ce film qui va réunir les jeunes, les moins jeunes, les associations, les fa-milles, ceux qui avancent en courant, en boitant, les accidentés, les valides, les vaillants, les cassés, les solides, les ca-bossés, les réparés, bref, il va embarquer dans le sillon de sa belle énergie ce qu’il est convenu de nommer un large public. Parce qu’il est souvent drôle, terrible-ment humain et tendre, parce que c’est un chant incroyable qui dit l’amour de la vie et qui raconte aussi, avec une franche sincérité, la force du lien entre les corps cassés et les cœurs généreux, cette force qui donne envie de se battre et d’avan-cer, avec ou sans roues.Mais s’il ne fallait retenir qu’une seule qualité à ce film décidément étonnant, c’est bien sa fraîcheur. Elle vient de ses auteurs, de ses comédiens, tous plus formidables les uns que les autres, mais elle émane surtout de ce refus catégori-que de n’aborder cette histoire que via le seul prisme d’une cause, au demeu-rant tout à fait louable, celle du handicap. En décalant ainsi le regard, tout devient beaucoup plus fort, plus universel, plus intense. Sans jamais chercher à asséner vérité définitive ou morale bien pensante, juste par la force des dialogues et des situations, le film parvient, avec grâce et pudeur, l’air de rien, à profondément changer notre regard sur le handicap ; il le fait avec un peps, une énergie, un hu-mour décapants et ça, c’est formidable.

PATIENTS

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JUSQU'AU 14/03

Réalisé par Lucas BELVAUXFrance 2016 1h54avec Émilie Dequenne, André Dussolier, Guillaume Gouix, Catherine Jacob, Anne Marivin, Patrick Descamps...Scénario de Lucas Belvaux et Jérôme Leroy (auteur de Le Bloc, ed Gallimard )

Pauline, infirmière à domicile exerçant dans le Nord, entre Lens et Lille, s’oc-cupe seule de ses deux enfants et de son père, ancien métallurgiste et toujours communiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l’aiment et comptent sur elle. Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrêmiste vont lui proposer d’être leur candidate aux pro-chaines élections municipales...

Alors qu’enfle déjà une polémique (lan-cée par des gens qui n’ont pas vu le film mais seulement sa bande annonce !) autour du film et de son positionnement politique en cette année électorale, nous retranscrivons les mots de l’auteur qui éclairent bien sur ses intentions et le pro-pos du film.« Ça se passe ici, en France, chez nous, chaque jour. Un discours se banalise. Une parole se libère, disséminant une odeur abjecte qui dérange de moins en moins. C’est une marée qui monte, qui érode les défenses, les digues. C’est un discours qui change selon ceux à qui il

s’adresse, qui s’adapte à l’époque, qui caresse dans le sens de tous les poils. Un discours qui retourne les mots, les idées, les idéaux. Qui les dévoie. Un dis-cours qui dresse les gens les uns contre les autres. Et des gens glissent, imper-ceptiblement d’abord, puis plus franche-ment. De la solitude au ressentiment, du ressentiment à la peur, de la peur à la haine, puis à la révolution. Nationale. On le dit, on en parle, on le montre et pourtant rien n’y fait. Sentiment de déjà-vu. D’impuissance, aussi. De sidération. Impression d’avoir tout essayé. Que cha-que mot, chaque tentative de s’opposer se retourne contre celui qui la tente. Que chaque parole, qu’elle soit politique, mo-rale, culturelle, est déconsidérée, illégi-time, définitivement.Alors, peut-être la fiction est-elle la seule réponse audible, car, comme le discours populiste, elle s’adresse aux sentiments, à l’inconscient. Et aux tripes. Comme les démagogues, elle raconte des histoires. Mais, contrairement à eux, qui essaient de faire passer des fantasmes pour la réalité, qu’ils simplifient à l’extrême, la fiction, elle, essaie de comprendre, de rendre compte de la complexité du mon-de, de celle de l’humanité, de son épo-que. Et elle seule, sans doute, peut faire ressentir à chacun ses tremblements les plus intimes.Si dans un documentaire, chacun appa-raît en tant qu’individu singulier, unique, parlant en son nom, le personnage de fiction, lui, est d’abord perçu par le spec-tateur comme une construction, une pro-position dans laquelle il pourra se recon-naître, ou reconnaître un autre, plus ou moins proche. Une image sur laquelle il pourra (se) projeter, réfléchir, mais aussi

s’identifier. Car, probablement, est-on plus ouvert devant un personnage fictif, plus enclin à se reconnaître en lui (...)Chez nous est un film engagé, oui. Il n’est pas militant pour autant, il n’expose pas vraiment de thèse. J’ai essayé de décrire une situation, un parti, une nébuleuse, de décortiquer son discours, de com-prendre son impact, son efficacité, son pouvoir de séduction. De montrer la dé-sagrégation progressive du surmoi qu’il provoque, libérant une parole jusqu’ici indicible. D’exposer la confusion qu’il entretient, les peurs qu’il suscite, celles qu’il instrumentalise. Le film ne s’adresse pas en priorité, et ne doit pas s’adresser, à des gens mobilisés, très au fait de ce qu’est vraiment l’extrême-droite. Ce qu’il dit, montre, raconte, tout le monde peut le savoir, mais les gens s’informent plus à travers une presse qui favorise le spec-taculaire ou l’émotion, que par des mé-dia d’analyse et de réflexion. J’ai essayé d’éviter « l’entre-soi », de parler à tous et à chacun, « d’homme à homme » en quelque sorte. De montrer plutôt que de démontrer. De tendre un miroir, non défor-mant, car, si les miroirs réfléchissent, ils font parfois réfléchir ceux qui s’y voient. Les miroirs nous montrent aussi ce qu’il y a derrière nous, ils nous inscrivent dans un décor, dans le monde, objectivement. Ils nous mettent en perspective et face à nous mêmes. Dans le même temps. Ce film s’adresse d’abord, à ceux qui un jour, demain peut-être, seraient tentés de répondre au chant de ces sirènes. Je ne sais pas si c’est utile. Je suis sûr, en tout cas, que ça vaut la peine d’essayer. »

Lucas Belvaux

ChEz nOUS

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DU 8/03 AU 4/04

Réalisé par Nicolas BEDOSFrance 2017 2havec Nicolas Bedos, Doria Tillier, Denis Podalydès, Christiane Millet, Pierre Ar-diti, Julien Boissellier, Zabou Breitman...Scénario de Nicolas Bedos et Doria Tillier

Une neurobiologiste tout ce qu’il y a de sérieuse a découvert que l’amour ne du-rerait que 3 ans, le temps à un homme et une femme de tomber raide frappa-dingue et de procréer. Un état de grâce conditionné par la fabrication de l’ocyto-cine, fameuse hormone du plaisir, pro-duite en grande quantité par le cerveau amoureux puis déclinant tristement au fil des mois pour sceller la fin du roman, de la belle histoire. Amour ne rimerait donc pas avec toujours... La fulgurance du dé-but, cet état de grâce où l’autre est telle-ment tout qu’on en oublie les défauts qui font tache dans le tableau, s’effilocherait comme un vieux pull en laine pour finir collé dans un album photo oublié dans le tiroir du bas de la commode de famille... c’est moche.Et bien, sachez-le, réjouissez-vous : il ne faut pas croire les scientifiques, c’est faux archi-faux, totalement faux et j’en

ai la preuve : Ma-dame et Monsieur Adelman !Quand Victor, écri-vain qui se cherche encore beaucoup, croise Sarah, étu-diante en lettres et grande bringue brune à lunettes, on ne peut pas vraiment dire que c’est le coup de

foudre. Il est très autocentré, en pleine crise artistico-existentielle et n’a que fai-re de cette fille qu’il ne trouve même pas canon. Il est en plus persuadé que c’est le genre d’intello castratrice qui va lui couper net tout élan créatif. Non, aucun intérêt cette fille, et puis Victor a déjà bien du mal à gérer ses petits tracas : sa psy-chanalyse à rallonge, son frère qui vote à droite, sa mère alcoolique amoureuse de son yorkshire et son grand bourgeois de père (Pierre Arditi : exquis).Dans le genre intello, Sarah se pose un peu là, mais avec une certaine fraî-cheur, l’air de rien de la fille qui se sait brillante mais qui l’est bien trop pour en mettre plein la vue. Sarah quant à elle, sait immédiatement que sa vie toute en-tière tournera autour de ce gars-là, il y a d’intimes convictions qui n’ont besoin d’aucune garantie sur l’avenir pour exis-ter... Et comme l’écrira un peu plus tard Victor : « N’en déplaise à certains, on rencontre parfois l’amour irrémédiable. » L’amour irrémédiable, celui auquel on n’échappe pas, celui qui vous poursuit, celui qui parvient toujours à ses fins.Nous sommes à la fin des années soixante-dix, on porte des pantalons et des coupes de cheveux improbables, on vit légers sans téléphone portable et Victor et Sarah, après s’être vaguement

cherchés, vont enfin se trouver. Elle sera sa muse, sa plus fidèle lectrice, son inta-rissable source d’inspiration, son carbu-rant, sa dope, sa came, sa raison d’être et d’écrire... Il sera son homme, son ami, son compagnon de route, son auteur pré-féré, son refuge, son paysage en techni-color et mieux que tout cela : le complice de chaque instant de grâce que la vie fa-brique quand on la parcourt à deux. Sur 45 année, une véritable odyssée !Les années passent, le succès arrive en-fin, puis un premier enfant qui porte tous les espoirs mais ne sera pas tout à fait à la hauteur de la mission, le pauvre (ça c’est pour la partie cynico-grinçante du film et c’est assez drôle quoiqu’un peu méchant), et puis encore le succès... et puis les biens matériels qui vont avec, l’énorme maison statutaire, le petit per-sonnel (mais si mais si, on peut voter à gauche et avoir du personnel de maison, ça s’appelle la gauche caviar) et puis le ronron, et puis l’endormissement, la fin des flonflons... et là, vous n’y compre-nez plus rien, vous relisez le début de ce texte et non, vous n’avez pas rêvé : on y disait bien que l’amour était éternel...Et bien oui, il le sera, avec ses hauts, ses bas, ses mesquineries, ses parenthèses, ses à-côté, ses entorses aux promes-ses et ses petits arrangements avec les idéaux, ceux du couple, de la famille et du peuple de gauche.Ecrit à quatre mains avec un sens aigu du rythme et un penchant naturel pour les dialogues qui font mouche, Monsieur & Madame Adelman est une comédie romantique très drôle autant qu’un hom-mage appuyé à toutes les muses, à tou-tes les amoureuses, les célèbres, les dis-crètes, les anonymes, vous, moi.

Monsieur & MadameADELMAN

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SILENCEDU 1er AU 14/03

Réalisé par Martin ScorseseUSA 2016 2h40 VOSTFAvec Liam Neeson, Andrew Garfield, Adam Driver, Tadanobu Asano, Ciarán Hinds...Scénario de Jay Cocks et Martin Scor-sese d'après l'oeuvre de Shusaku Endo

Comment pourraient-ils continuer à vivre sans savoir la vérité ? Malgré les dou-tes de leur supérieur, deux Portugais, le père Rodrigues (Andrew Garfield) et le père Garupe (Adam Driver) décident, en cette année 1633, de gagner le Japon et de retrouver leur maître disparu là-bas et calomnié : accusé d'avoir renié le Christ et apostasié. C'est dans la plus grande clandestinité qu'ils débarquent, guidés par un pauvre hère effrayé et braillard qui, on s'en apercevra plus tard, n'en finit pas de se convertir au christianisme, comme saisi par la lumière, pour mieux abjurer l'instant d'après, mû par son angoisse et par sa lâcheté. On dirait l'apôtre Pierre puissance dix...Cela fait des années que Martin Scorse-se rêvait de porter à l'écran le roman de Shusaku Endo (déjà adapté, au demeu-rant, en 1971, par le cinéaste Masahiro Shinoda et présenté au festival de Can-nes). Sans doute y retrouvait-il, porté à

son paroxysme, le thème qui a inspiré toute son oeuvre : la culpabilité. (...) Car la faute et la rédemption s'infiltrent au moins autant dans Mean Streets et dans Casino, réflexions incessantes sur la progression du Mal : comment il s'in-filtre pour mieux nous perdre, et aussi, parfois, comment il se perd en nous, se dissout, s'évapore au terme d'une lutte aussi mystérieuse que sans merci.Silence est l'apothéose d'un Scorsese hanté par la grâce, donnée à certains presque naturellement, mais que d'autres poursuivent à jamais et en vain. Et les pé-rils d'une foi qui, parfois, ne reflète que la vanité de celui qui la professe. C'est un film lent, ample, rongé par le doute, certes, mais bien plus apaisé que d'ha-bitude. Devant ces plans magnifiques, où la nature dépasse constamment les ambitions humaines, on mesure à quel point Akira Kurosawa a pu être, pour le cinéaste, durant toute sa carrière, une sorte d'ange gardien. Kagemusha et Ran sont formellement tout proches...La force du film vient de son humilité même. Ce n'est pas un manifeste. Pas un instant Scorsese ne se veut un prosélyte du catholicisme. Au contraire, il montre ses deux prêtres étonnés, et même va-guement dégoûtés, par ces villageois ja-ponais incultes, convertis par hasard et depuis longtemps livrés à eux-mêmes, qui réclament avec une ferveur hystéri-

que confessions et absolutions. Et s'ils croisent la route de quelques chrétiens qui acceptent de mourir pour leur foi, leur admiration est confrontée à l'inutilité de cette mort. Leur foi vacille. Celle du père Rodrigues, surtout, même s'il s'y accro-che avec férocité (...)Reste, évidemment, le sacré. C'est cette notion qui, visiblement, exalte Scorsese et qu'il exalte, dans ce film, avec une fer-veur inattendue. Le sacré et son contrai-re : la profanation... Le moment le plus fort, le plus ardent — en un sens, le plus « hitchcockien » du film — est celui où le père Rodrigues est sommé de marcher sur l'image de son Dieu. De la renier. « Un seul pas et tu seras libre », lui chuchotent les plus pragmatiques. Ça ne suffit pas. Nettement plus habiles, d'autres suggè-rent que sa trahison mettra fin aux souf-frances des chrétiens torturés non loin de là. « Ils appellent à l'aide comme vous appelez Dieu. Il est silence. Ne le soyez pas. » Scorsese filme alors, longuement, avec une compassion infinie, ce prêtre immobile et ce temps suspendu où il refuse, se reprend, s'approche, résiste, puis cède à cet « acte d'amour » (dixit Scorsese) qui restera, pour lui, une faute irréparable. Une flétrissure éternelle. (...)Mais Scorsese ne juge personne. Il ne condamne ni la faiblesse de l'hom me, ni, comme pouvait le faire Ingmar Bergman, un autre de ses maîtres, l'insoutenable indifférence de Dieu pour Ses créatures.

D'où cette pensée que le père Rodrigues garde en lui, longtemps après sa chute : « Même s'Il a gardé le silence toute ma vie jusqu'à ce jour, tout ce que je fais, tout ce que j'ai fait parle de Lui. C'est dans le silence que j'ai entendu Sa voix. »

Pierre Murat - Télérama

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DU 8/03 AU 3/04

Écrit et réalisé par Nicolas BOUKHRIEF

France 2017 1h56avec Romain Duris, Marine Vacth, Anne Le Ny, Solène Rigot Amandine Dewas-mes, Lucie Debay, Charlie Lefebvre... D’après le roman Léon Morin prêtre, de Beatrix Beck.

« S’il me manque l’amour, je ne suis rien », dit Léon Morin du haut de sa chaire… et le film parle de l’appel à la transcendance certes, mais aussi de cette force invisi-ble qui attire deux êtres l’un vers l’autre. Une force d’autant plus puissante qu’ici les interdits liés à un idéal fort obligent chacun à résister à une attraction qui se trouve ainsi portée à un niveau d’in-candescence qui les marquera à jamais. Dans ce petit village de la province fran-çaise sous occupation allemande, les hommes sont prisonniers ou ont pris le maquis et les femmes se retrouvent entre elles et continuent à vivre, remplaçant les hommes partout où ils s’activaient : les commerces, les bureaux, les champs… Dans le microcosme de la poste, se re-trouvent chaque jour une brochette de filles sous la houlette d’une chef sévère mais sympa. Il y a de la chaleur dans leurs relations formidablement humaines, mélange d’affect, de jalousie, de solida-rité : les unes flirtent avec l’occupant, ap-

portent des gourmandises au bureau, les autres soutiennent les résistants, retien-nent certaines lettres méchantes… Col-lées les unes aux autres, elles percutent les moindres états d’âme à demi-mot, n’ignorent rien des positions de chacune. Parmi elles Barny fait figure d’idéaliste in-transigeante. Fille superbe au regard in-tense, profondément accrochée à un idéal communiste pur jus, elle vit seule avec sa fille, espérant le retour de son homme. Quand un nouveau prêtre déboule dans le village, toutes ces femmes privées de leur époux, leur amant, sont en émoi. C’est qu’il est beau, Léon Morin, et d’autant plus troublant que son rôle le rend inaccessible. Il est habité par une foi sincère mais aussi par un profond huma-nisme qui l’ouvre aux autres. Sa religion n’est ni étriquée ni sectaire, il écoute et comprend, trouvant toujours le petit trait d’humour, le mot qui fait mouche. D’une solide culture, il donne à toutes ces da-mes des lectures qui les font cogiter et dont elles parlent constamment au boulot. De quoi agacer Barny qui est la seule à se déclarer athée, qui ne comprend pas cet engouement, irritée par ce prêtre qui ne se démonte jamais et trouve toujours la faille, la phrase juste énoncée d’une voix chaude. Celui qui croyait en Dieu, celle qui n’y croyait pas… Barny va provoquer la rencontre, ou plutôt la confrontation : tous deux sont habités par cette forme de lumière qui caractérise ceux qui se

projettent dans une transcendance. Elle est intelligente, passionnée et belle, elle va chercher à comprendre, il va lui donner les arguments de son engagement et sa vision de la vie et des êtres. L’échange est profond, troublant : s’interdisant la fusion des corps, c’est celle des esprits qui ne cesse de croître, laissant dans les cœurs une empreinte indélébile et magnifiée. On se souvient que Léon Morin prêtre a d’abord été un roman superbe qui a reçu le prix Goncourt en 1952, on se souvient du film de Melville avec Belmondo et Emmanuelle Riva qui vient de disparaî-tre, il y a eu d’autres adaptations… Ni-colas Boukhrief en fait une interprétation libre, personnelle et moderne qui entre fortement en résonance avec l’air du temps et questionne la nature humaine, le désir et le manque, le besoin d’idéal, les frémissements de l’âme, la perspec-tive du néant… le tout dans un contexte exceptionnel de guerre qui bouscule les lignes, force les êtres et les révèle, inten-sifie leur vie en les confrontant à la mort, à ce désir qui leur donne raison d’exister. Romain Duris semble l’incarnation même de Léon Morin et sa relation avec Ma-rine Vacth (découverte dans Jeune et jolie d’Ozon) est riche et intense… mais autour de ces deux premiers rôles ma-gnifiques, il y a toute la bande de la poste (Anne le Ny en tête) qui contribue à enrichir constamment le film de récits croisés, de caractères forts, d’échanges passionnants et subtils, et puis il y a l’hu-mour, celui de Léon Morin qui permet la distance : « Parce que la spiritualité rend joyeux. La vraie croyance, l’humanis-me, rend heureux. Regardez les moines bouddhistes !… C’est le doute qui rend sombre » dit Nicolas Boukhrief.

LA COnFESSIOn

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DU 15/03 AU 4/04

Réalisé parJames GRAYUSA 2016 2h20 VOSTFavec Charlie Hunnam, Sienna Miller, Ro-bert Pattinson, Tom Holland...Scénario de James Gray d’après le li-vre de David Grann

A moins d’être frappé d’une souche par-ticulièrement virulente du virus de l’im-mobilisme, il y a en chacun de nous une fascination – qui reste souvent inassou-vie – pour les territoires lointains, encore inexplorés, pour ces contrées du globe encore vierges de toute civilisation. Au fil des décennies, ces terres d’aventure absolue se sont raréfiées... Mais il y a un siècle à peine, une immense partie du monde restait à découvrir, construisant la légende des explorateurs intrépides, dont les exploits enflammaient les ima-ginations. Les périples extraordinaires de ces aventuriers ont nourri bien des ro-mans exaltants ( Le Monde perdu de Co-nan Doyle, le créateur de Sherlock Hol-mes, pour n’en citer qu’un) qui firent le bonheur des enfants rêveurs, mais aussi la bande dessinée (Corto Maltese...) et bien entendu le cinéma (King Kong...). Le nouveau et magnifique film de James Gray s’inscrit dans cette tradition épique

en s’attachant à l’incroyable et pourtant bien réelle destinée de Percival Harrison Fawcett.Percy Fawcett est, au début du 20ème siècle, un jeune officier britannique issu d’une famille quelque peu déchue, en quête de reconnaissance et de gloire. Comme beaucoup, il a fait ses classes dans les colonies britanniques, en Inde et en Afrique, où il a acquis de solides notions de topographie. C’est grâce à elles qu’il se voit proposer en 1906, par la très prestigieuse Société de Géogra-phie britannique, une mission qui va lui permettre de redorer le blason familial : se rendre aux frontières amazoniennes de la Bolivie et du Brésil, alors en conflit territorial, et cartographier les limites des deux pays. Une expédition hautement risquée à l’époque, au cœur d’un ter-ritoire hostile, mais qui va prendre une dimension inattendue quand, au détour d’une rivière, Percy va trouver par hasard ce qu’il croit être les vestiges d’une cité perdue, alors que le dogme scientifique affirme que dans ces recoins amazo-niens, aucune civilisation amérindienne avancée n’a pu se développer – parfait prétexte à la justification de la colonisa-tion. Prouver la réalité de ces vestiges va devenir l’obsession de son existence, au péril de sa vie, au risque de détruire

son mariage – splendide personnage que celui de son épouse, forte, déterminée, bouleversante – et de ne voir qu’à peine grandir ses enfants.Formidable film d’aventures, The Lost City of Z est aussi une réflexion sur la fascination de l’inconnu, sur le vertige qu’elle peut faire naître. Quand on voit le film, on ne peut pas ne pas penser à l’ex-traordinaire roman de Joseph Conrad, Au coeur des ténèbres, qui inspira Apo-calypse now, ou au génial Aguirre ou la colère de Dieu, de Werner Herzog, qui racontait l’errance désespérée de conquistadors espagnols en territoire amazonien. Le magnifique travail du chef opérateur Darius Khondji donne à la forêt une splendeur inquiétante. Mais le film est aussi le portrait superbe d’une géné-ration perdue, celle qui, à l’époque vic-torienne, portait les espoirs d’un empire dominateur avant de connaître les hor-reurs de la Grande Guerre et qui jamais ne s’en releva, préférant se perdre dans l’inconnu pour mieux narguer la mort à laquelle elle avait échappé.Un grand film de plus à l’actif de James Gray, le sixième en 22 ans d’une filmo-graphie impressionnante : Little Odessa, The Yards, La Nuit nous appartient, Two lovers, The Immigrant et aujourd’hui The Lost City of Z.

ThE LOST CITY OF Z

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Un PAESE DI CALABRIA3 SÉANCES LES 18, 24 ET 30/03

Réalisé par Shu AIELLO et Catherine CATELLA Documentaire Italie/France 2016 1h30 VOSTF

C’est une bouffée d’espoir, un souffle d’optimisme qui nous arrivent de Cala-bre, cette pointe de la botte italienne, pas touristique pour une lire, contrairement à la Sicile toute proche. Plus précisément d’un petit village à l’intérieur des terres, Riace. Un village frappé, comme beau-coup d’autres dans le coin, par un exode rural qui ne date pas d’hier, dans cette ré-gion agricole et pauvre qui fut longtemps une très importante terre d’émigration, grossissant une diaspora calabraise par-ticulièrement nombreuse en France, mais surtout aux Etats-Unis – au point que les Calabrais sont plus nombreux hors d’Italie que dans leur région d’origine. A Riace, il s’est passé à la fin des années 1990 quelque chose d’improbable qui a inversé la tendance : un premier arrivage de 200 Kurdes sur les côtes, à quelques kilomètres. Et au lieu du rejet, ou de la simple compassion, l’idée de génie des habitants et de l’incroyable maire, Dome-nico Lucano : considérer les nouveaux arrivants comme une véritable chance pour le village et leur proposer de s’ins-taller tous en réhabilitant les maisons abandonnées. Un coup de jeune salutai-5 SÉANCES DU 3 AU 5/03

+ LES 10 ET 14/03

Réalisé par Claire SIMONdocumentaire France 2016 1h59

Au départ 1250 candidats. À l’arrivée 60 élus. Telle est la réalité chiffrée du concours d’entrée à la FEMIS (Forma-tion et Enseignement aux Métiers de l’Image et du Son), grande école de ci-néma française. C’est ce concours que filme Claire Simon, de la journée portes ouvertes jusqu’aux délibérations finales. Elle le filme de manière passionnante, vivante, riche de perspectives, d’enjeux moraux et affectifs. Un véritable théâ-tre humain, où les jurés sont « exami-nés » au même titre que les candidats. La caméra est plantée dans les salles d’examen, on suit les épreuves orales des différentes filières (scénario, ima-ge, distribution…). Un montage subtil aboutit à une mosaïque foisonnante, aussi palpitante qu’un film à suspense. La tension est palpable, même si les jurés sont ouverts, à l’écoute. « On n’est pas là pour vous piéger, mais pour faire connais-sance », entend-on. Pourtant, il s’agit bien d’une compétition, terrible, d’autant plus compliquée que le jugement ne peut

se faire sur une somme de compétences ou de savoirs. Quels sont alors les cri-tères ? La sensibilité ? L’imaginaire ? Ou bien l’art de se mettre en scène ? C’est tout l’abîme de réflexion ouvert par le film, qui mène, d’ailleurs, à des points de vue divergents au sein du jury. Le film est drôle : lorsqu’un candidat noie le jury dans le récit d’une généalo-gie alambiquée. Cruel : certaines senten-ces nous semblent injustes. Captivant, car chacun des postulants, performant ou non, apporte avec lui une histoire. Le rapport de séduction joue, mais pas seu-lement. Car il s’agit aussi, pour le jury, de choisir des filles et des garçons différents, échappant au formatage. Des gens pas forcément aimables : untel, « imbuvable et fou furieux », sera peut-être le futur Nicolas Winding Refn, alors il ne fau-drait pas passer à côté… Le Concours est, au fond, un vrai film politique. Parce qu’il ne cesse d’interroger les vertus et les manques de toute école d’art, la mé-ritocratie, la reproduction des élites… (J. Morice, Télérama)

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3 SÉANCES LES 17, 28/03 ET 1ER/04

Réallisé par Stephan HAUPTdocumentaire Suisse/Espagne 2012 1h34 VOSTF

Elle s’érige peu à peu au fil des ans, des décennies… Plus d’un siècle s’est écoulé depuis la pose de sa première pierre et la Sagrada Familia de Barcelone surplom-be, toujours inachevée, le flot humain qui s’écoule dans son ombre. La Sagrada Familia, c’est tout un sym-bole, celui d’une formidable aventure collective, humaine. Une sorte de tour de Babel qui rassemblerait des hom-mes d’horizons et de langues multiples. Ça sort des cadres de l’architecture, de l’art, de la spiritualité… C’est une quête de sens, un monument qui questionne notre monde contemporain. C’est là que réside la force de ce film : la caméra ne se contente pas de survoler l’édifice in-croyablement disparate, de le valoriser par des images vertigineuses, magnifi-ques. Elle va puiser profondément dans ses entrailles pour y dénicher ces hom-mes qui œuvrent le plus souvent dans l’anonymat, fiers d’apporter leur contribu-tion, si infime soit-elle, à ce grand œuvre dont ils ne verront pas l’achèvement. Ir-rémédiablement la cathédrale semble les modeler autant qu’ils la modèlent. Qu’ils soient ouvrier, artiste, chercheur, chef de

chantier, architecte… l’œuvre titanesque ramène chacun à sa condition d’humble rouage, de passeur, le force à se poser des questions essentielles, existentiel-les. Des questions dont on ne sort pas indemne, qui bousculent et bouleversent parfois une vie. Celles de la transmission, par exemple, du respect de l’état d’esprit initial auquel chacun essaie d’apporter sa touche personnelle sans trahir ses prédécesseurs et principalement Gaudi. Toutes ces questions, et bien d’autres encore, Etsuro Sotoo les a tournées, re-tournées dans sa tête. Son art ? Dialo-guer avec les pierres, être à leur écoute : c’est ainsi qu’il définit la sculpture. Arrivé là il y a plus de trente ans, suite à son long cheminement dans l’univers de Gaudi, il a fini par se fondre dans les convictions de l’architecte visionnaire, par abandon-ner le bouddhisme pour le christianisme. On croise également Jordi Bonet, l’ar-chitecte en chef, qui a pris la relève des six précédents, puis le sculpteur cata-lan Josep Maria Subirachs, agnostique, auteur de la très controversée façade de la passion et qui passera encore quel-ques années à défendre sa position. Tout comme Gaudi à ses débuts, un Gaudi qui finira sa vie bien misérablement. Bref, c’est tout simplement jubilatoire et on ne sait plus si on doit espérer que l’œuvre s’achève enfin ou qu’elle conti-nue à s’édifier à tout jamais…

GAUDI, le mystère de la Sagrada Familia

Un PAESE DI CALABRIA

re pour la petite communauté, à l’épo-que largement composée de retraités ! Pas loin de vingt ans plus tard, Riace est devenu un exemple mondial d’ac-cueil intelligent des migrants, qui ont grandement contribué à faire renaître un village dans une société recomposée, respectueuse autant des traditions que des cultures des nouveaux arrivants… Les deux réalisatrices marseillaises Ca-therine Catella et Shu Aiello se sont im-mergées au cœur de cette passionnan-te expérience en se nourrissant de leur origine calabraise. Elles superposent aux images d’aujourd’hui le récit en voix off de la grand-mère de l’une d’el-les, partie de Calabre dans les années 1930 pour rejoindre le sud de la France, rappelant intelligemment qu’autrefois les immigrés c’étaient eux, ces Ita-liens qui sont aujourd’hui confrontés à l’arrivée massive des migrants… La caméra attentive et discrète des deux réalisatrices sait capter le quoti-dien tantôt drôle, tantôt touchant de cette cohabitation heureuse : autour d’un jeu de dames, la complicité entre un vieux Calabrais parlant à peine ita-lien et un des premiers Kurdes arrivés au village ; ces messes improbables dans un pays très catholique où le curé, pourtant peu enclin à l’œcuménisme, a fini par inviter chacun à s’exprimer selon sa religion ou sa culture ; l’effervescen-ce créée par des enfants fraîchement arrivés d’Egypte ou de Syrie dans une école autrefois moribonde… Sans an-gélisme (le film ne fait l’impasse ni sur la menace de la N’drangheta, l’implaca-ble mafia calabraise, ni sur l’aspiration d’une partie des plus jeunes migrants à quitter Riace pour les grandes villes), Paese di Calabria est une formidable le-çon d’optimisme pragmatique et huma-niste à l’encontre de tant de politiques d’exclusion démagogues.

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Séance unique le MERCREDI 1ER MARS À 20H30 à Utopia Saint-Ouen L'Aumône dans le cadre du Festival B-Side Reggae, organisé par l'association La Ruche,

suivie d'une rencontre avec Alexandre Grondeau ,co-réalisateur, maître de conférences à l’université Aix-Marseille, écrivain, auteur du best-seller Génération H, critique musical (Reggae Vibes, Yardflex,

Warp) et fondateur du média de référence Reggae.fr, coauteur du livre Reggae Ambassadors. Tarif unique : 4 euros ( tickets Utopia acceptés mais vous perdrez des sous )

Film documentaire d’Alexandre GON-DREAU et Andréa DAUTELLEFrance 2016 1h13 VOSTF

Avec le site reggae.fr dont il est un des cofondateurs, Alexandre Gondreau a ac-cumulé depuis près de 20 ans une riche mémoire audiovisuelle sur ce courant musical né à la fin des années 1960, qui est devenu justement bien plus qu’un courant musical, l’expression d’un peu-ple, d’un mouvement religieux et politi-que, un cri venu d’une population insu-laire sur une terre née de l’esclavage et du commerce transatlantique des hom-mes, puis marquée par l’exploitation néo-coloniale malgré l’indépendance. A partir de ses archives qui constituent un fascinant road trip entre les scènes européennes, l’Afrique et bien sûr la Jamaïque, terre mère de cette musique dont sont issus les principaux artistes fondateurs, Alexandre Grondeau a tenté de comprendre les ressorts du reggae non seulement auprès des précurseurs (Lee Perry au look incroyable malgré ses 80 ans, Burning Spear, Bunny Wailer, le dernier survivant du groupe mythique qui accompagna Bob Marley, et Toots Hib-bert, celui qui lança le mot reggae) mais aussi auprès des légendes des années 1970 (Israel Vibration, Ijahman Levi…), des rebelles des années 1980 (Steel

Pulse, Barrington Levy…), des stars du renouveau du roots (Sizzla, Buju Banton, Luciano…), et pour finir de l’incontourna-ble Damian Marley et de la relève actuelle (Chronixx, Protoje…).

À partir des performances musicales et de l’évolution de cette musique qui a marqué plusieurs générations , les murs d’adolescents du monde entier se cou-vrant de posters de Bob Marley ou de Jimmy Cliff, le documentaire explore l’im-portance pour la Jamaïque du mouve-ment rastafari, étroitement lié au reggae, mouvement à la fois spirituel et politique dont la source remonte au prophète des années 1930 Marcus Garvey, revisitant la Bible dans une approche africaniste, se rattachant au mythe du retour à l’Afri-que natale de ce peuple héritier de l’es-clavage avec pour héros tutélaire Hailé Sélassié, empereur déchu d’Ethiopie. Un mouvement avec ses croyances et ses pratiques : le port des cheveux longs en dreads, le végétarisme, la croyance dans le caractère sacré du cannabis... etc.

Par ailleurs Reggae ambassadors ratta-che intelligemment le reggae et ses lyrics à la situation de la Jamaïque actuelle, pays emblématique de la soumission des pays du Sud à la tyrannie des insti-tutions financières internationales. A un

moment, Anthony B, une des stars mon-tantes du reggae, évoque l’indécence du montant des transactions financières de la Jamaïque dans un pays de 2 millions d’habitants dont 1,5 millions qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Autre réflexion, Sizzla, star du reggae dance-hall, défend le modèle végétarien rasta-farien (qui déconseille aussi les produits industriels) comme outil pour conquérir l’autosuffisance du pays. On réalise ainsi qu’au delà de la musique elle-même, au-delà des clichés – messa-ge pacifique et culte du ganja –, le reggae porte une parole politique importante.

REGGAE AMBASSADORS

B-SIDE REGGAE Festival du 01 au 5 MARS 2017

Le Festival B-Side Reggae a pour but de défendre cette culture dans sa diversité en programmant aussi bien des noms confirmés que des artistes locaux en dé-veloppement. Forte de ses 13 ans d’ex-périence dans le développement des musiques actuelles sur le département du Val d’Oise, La Ruche accompagnée de l’Observatoire de Cergy et de la 33 Tour, annoncent la septième édition du Festival B-SIDE REGGAE.

«En 2017 : 4 dates pour l’édition #7»

2017 et voici la 7ème édition qui arrive et avec elle un cortège d’artistes qui apporteront leurs good vibes à cette nouvelle programmation pour un festival aux couleurs du reggae.Cette année encore, 2 lieux accueilleront cet événement : la salle de l’Observa-toire et la 33 Tour à l’Université de Cer-gy-Pontoise. Reggae roots, dancehall, Dub seront largement représentés par des artistes de renommée nationale et internationale, des groupes émergents et locaux.Après une édition 2016 qui a fait du B-SIDE REGGAE Festival un véritable ren-dez-vous qui compte en Ile de France, les scènes de 2017 s’annoncent très en-soleillées avec TAIRO, MLK, THE MIGHTY DIAMONDS, C TOWN SOUND.... Maîtres mots de ce festival : On vous attend aus-si nombreux que les autres années!

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À PARTIR DU 29/03

Écrit et réalisé par Julia DUCORNAUFrance / Belgique 2016 1h38avec Garance Marillier, Ella Rumpf, Ra-bah Naït Oufella, Joana Preiss, Laurent Lucas, Bouli Lanners, Marion Vernoux...

Festival International du Film Fantastique de Gérardmer 2017 :

Grand Prix et Prix de la critique.

Interdit aux moins de 16 ans.

Ceux qui ne sont pas atteints comme moi d’une affreuse myopie ne connais-sent pas l’avantage considérable que nous les bigleux, les serpents à lunettes, les binoclards, avons au cinéma face à un film d’horreur réussi. Alors que vous, les valides des yeux, les fermez convul-sivement – quand vous ne plongez pas carrément sous votre siège – à chaque scène terrifiante, il nous suffit discrète-ment de baisser un chouïa nos binocles pour ne pas voir l’objet de tant d’effroi. Et il faut bien dire que Grave, formida-ble thriller horrifique signé d’une jeune réalisatrice quasi inconnue, ne manque pas de moments propices au sursaut d’épouvante et au détournement de re-

gard… Un film hybride remarquablement maîtrisé, qui mêle chronique adolescente très bien vue et suspense haletant digne des maîtres Hitchcock ou Cronenberg. Pour Justine, jeune fille discrète de bon-ne famille, tout commence au moment de son entrée à l’école vétérinaire. Pas de stress a priori pour cette étudiante brillante qui arrive en terrain presque conquis puisque tout le monde dans la famille est vétérinaire et… végétarien ! Et sa grande sœur Alexia est déjà sur place, dans la classe supérieure. Il n’em-pêche que la succession des dissec-tions, la vision répétée de grosses bêtes découpées ne sont pas forcément en adéquation avec l’aspiration à l’amour des animaux… Sans compter que Jus-tine doit en passer par le rituel du bizu-tage. Scène géniale où les étudiants en blouse blanche ensanglantée (peu de temps avant, tout le groupe a été asper-gé de sang depuis les étages en guise de bienvenue) attendent, tel un troupeau devant les grilles de l’abattoir, de mon-ter sur une scène où ils devront dégus-ter en guise d’épreuve des foies crus de lapin. Pour une végétarienne, la double punition ! A laquelle elle se soumet… Mais à partir de cette terrible épreuve, sa vie va changer, la consommation de chair semblant avoir considérablement influé sur son comportement. Libido en hausse qui la dévore et surtout goût soudain de plus en plus prononcé pour la chair sous toutes ses formes. Il suffit d’une épilation intime entre sœurs qui tourne mal pour que l’affaire se corse…

On ne voudrait pas vous en dire plus mais vous saurez très vite par toute la presse qu’il est fortement question de cannibalisme. Grave, écrit, construit et mené avec brio, est un bijou pour les amateurs du genre, qui ne seront pas difficiles à convaincre. Mais que les autres ne se détournent pas pour autant, par crainte instinctive du sujet : c’est un film étrange et fascinant, variation as-sez vertigineuse sur la construction de l’identité d’une jeune fille passant par la transgression des tabous, tant sexuels que moraux. On peut d’ailleurs penser que ce n’est pas un hasard si la réali-satrice a choisi pour son personnage principal le prénom de Justine, référen-ce à l’héroïne de Sade, victime de ses initiateurs puis finalement adepte des plaisirs que cette initiation lui procure… Mais Grave prend aussi une dimension de fable morale curieusement malicieuse en abordant l’antispécisme de manière à la fois frontale et finalement jubilatoire, ne serait-ce qu’en prouvant bien qu’il ne faut surtout pas forcer un végétarien à manger de la viande ! Car poussons le raisonnement jusqu’au bout : si on peut manger de la viande, pourquoi ne pas manger son semblable, puisque comme nos frères animaux nous ne sommes que chair (une réflexion que me répète en boucle ma chérie végétarienne) ? Bref c’est tout à fait passionnant et Julia Ducournau orchestre cette petite leçon de philosophie horrifique avec un talent fou. Chapeau !

GRAVE

B-SIDE REGGAE Festival du 01 au 5 MARS 2017

Le Festival B-Side Reggae a pour but de défendre cette culture dans sa diversité en programmant aussi bien des noms confirmés que des artistes locaux en dé-veloppement. Forte de ses 13 ans d’ex-périence dans le développement des musiques actuelles sur le département du Val d’Oise, La Ruche accompagnée de l’Observatoire de Cergy et de la 33 Tour, annoncent la septième édition du Festival B-SIDE REGGAE.

«En 2017 : 4 dates pour l’édition #7»

2017 et voici la 7ème édition qui arrive et avec elle un cortège d’artistes qui apporteront leurs good vibes à cette nouvelle programmation pour un festival aux couleurs du reggae.Cette année encore, 2 lieux accueilleront cet événement : la salle de l’Observa-toire et la 33 Tour à l’Université de Cer-gy-Pontoise. Reggae roots, dancehall, Dub seront largement représentés par des artistes de renommée nationale et internationale, des groupes émergents et locaux.Après une édition 2016 qui a fait du B-SIDE REGGAE Festival un véritable ren-dez-vous qui compte en Ile de France, les scènes de 2017 s’annoncent très en-soleillées avec TAIRO, MLK, THE MIGHTY DIAMONDS, C TOWN SOUND.... Maîtres mots de ce festival : On vous attend aus-si nombreux que les autres années!

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DU 22 AU 28/03

Écrit et réalisé par Kelly ReichardtUSA 2016 1h47 VOSTFavec Kristen Stewart, Michelle Williams, Laura Dern, Lily Gladstone, Jared Harris...

Quatre femmes font face aux circonstan-ces et aux challenges de leurs vies res-pectives dans une petite ville du Mon-tana, chacune s’efforçant à sa façon de s’accomplir en tant que femme...Depuis Old Joy en 2006, Kelly Reichardt s’est imposée comme une cinéaste importante de son époque grâce à des œuvres associant superbement drame et lyrisme. Inspiré de nouvelles de Maile Meloy, Certaines Femmes reste fidèle au style qui a valu à Kelly Reichardt sa renommée, avec des portraits qui sont des chefs-d’œuvre de minimalisme, et une utilisation du décor et des paysages comme des personnages à part entière. Certaines Femmes sublime quatre por-traits de femme dans leur vie quotidien-ne du Montana à travers trois segments. Qu’il s’agisse de Laura Dern, avocate devant gérer un client déséquilibré, Mi-chelle Williams en proie à ses troubles familiaux cherchant à bâtir sa propre maison ou la rencontre étrange entre une

agricultrice et une professeur en droit in-terprétées par Lily Gladstone et Kristen Stewart, chacune porte son fardeau, traîne avec elle un profond mal-être que Reichardt traite avec une simplicité et une poésie étourdissante. Comme tou-jours chez Kelly Reichardt, les plans sont contemplatifs, la photographie très élégante, le rythme posé laissant la part belle au silence. L’œuvre de Reichardt s’émancipe de tout impératif de récit ou de rythme (…) Il y a paradoxalement au milieu de cette retenue permanente (cette réalisation posée, ces émotions qui n’explosent jamais), une tempête de sentiments qui est continuellement contenue par les personnages et qu’ils évacuent chacun à leur manière (l’alcoolisme, le burn-out, l’obsession proche du voyeurisme) en esquissant à peine ce trait. C’est par cet-te pudeur et cette subtilité que Reichardt parvient à trouver cette profondeur, en laissant les personnages évoluer dans ces paysages ruraux et gelés et montrer cette incommunicabilité. Comme dans La Dernière Piste, elle montre sa capa-cité à filmer la nature (le désert est rem-placé par les plaines et les petites villes du Montana), à utiliser l’espace et à ma-gnifier sans cesse son environnement

que ce soit une forêt vue à travers la vitre d’une voiture ou une route de campagne qui se dévoile au rythme d’une ballade à cheval grâce notamment à la photo-graphie sublime de Christopher Blauvelt. Certaines Femmes est un film d’une beauté inouïe dans ses envolées lyriques automnales et crépusculaires, Kelly Rei-chardt par la seule force de sa mise en scène parvient à sublimer ses personna-ges interprétées par des actrices en état de grâce. Par l’épure de son récit, son rythme paisible et sa perfection pictu-rale, Certaines Femmes est hypnotique et émotionnellement bouleversant. Kelly Reichardt démontre encore une fois (comme Kenneth Lonergan dans son Manchester by the Sea ) que le cinéma indépendant américain est capable de somptueux mélodrames car Certaines Femmes est un film féministe d’une justesse et d’une pureté rarement éga-lée ces derniers temps. Kelly Reichardt construit trois histoires qui se croisent comme des instantanés photographi-ques. D’une absolue pureté, la mise en scène magnifie des destins de rien, des récits de vie ancrées dans l’Amérique profonde.

D'après Loris Dru Lumbroso / cinephilia.fr

CERTAINES FEMMES

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DU 16 AU 27/03

Réalisé par Rachida Brakni

France 2016 1h22Avec Zita Hanrot, Samira Brahmia, Ju-dith Caen, Fabienne Babe, Lorette-Sixti-ne, Souad Flissi, Meriem Serbah, Salma Lahmer, Djamila Lemouda, Boubacar Samb, Simon Bourgade, Luc Antoni Serge Biava, Sacha Bourdo

Prix du Public Festival Entrevues de Belfort

C’est le premier film d’une actrice qu’on aime beaucoup, une actrice au fort tem-pérament, Rachida Brakni, qui nous donne un film qui lui ressemble, débor-dant d’énergie, vibrant d’une liberté de ton irréductible. Un film de femmes qui se déroule dans un monde d’hommes : la prison. Qu’on va découvrir non pas du côté des détenus mais du côté de celles qui viennent leur rendre visite, à l’occa-sion des fameux parloirs.On va donc suivre un groupe quasi ex-clusivement composé de femmes – seul un vieil homme en fait partie –, épouses, compagnes, mères, sœurs, accompa-gnées éventuellement par leurs enfants, venues voir, par un été caniculaire, leur

proche incarcéré à la tristement célèbre Maison d’arrêt de Fleury Mérogis, déten-trice du non moins triste record du plus grand centre pénitentiaire d’Europe. Et autant dire que son accès est labyrinthi-que, réglementé par le franchissement de sas successifs, de contrôles si nom-breux et pointilleux qu’il peut s’écouler une bonne heure entre l’entrée de la visi-teuse et le moment où elle parvient enfin à voir son proche. Un monde d’attente et de tension fait de rituels mais aussi d’imprévus.

Rachida Brakni s’est non seulement inspirée de son expérience personnelle – pendant plusieurs années elle est al-lée régulièrement voir un proche à Fleu-ry-Mérogis – mais aussi d’un fait divers survenu pendant l’été 2003, celui de la plus redoutable canicule des dernières décennies : les détenus avaient déclen-ché une mutinerie face à la chaleur in-soutenable en cellule.C’est donc dans une ambiance électri-que que va se dérouler cette visite pour ce groupe éclectique. Électrique car contrairement aux clichés, il n’y a pas d’uniformité sociale ni ethnique chez celles qui sont amenées à se rendre à Fleury en visiteuses. Mère avec son enfant, jeune étudiante, jeune épouse

à peine arrivée du bled, femmes plus mûres déjà rodées aux habitudes de la prison donc aux petits arrangements avec les surveillants – pour ces femmes qui subissent par ricochet la punition et l’enfermement de leur proche, l’ar-bitraire carcéral peut devenir une réa-lité, la pression machiste peut se faire sentir, certaines y résistent, d’autres au contraire tentent d’en obtenir avantage.

Au final Rachida Brakni montre toute la complexité de la situation – ou plutôt des situations, qui peuvent être totale-ment différentes –, tant pour chacune des visiteuses que pour chacun des surveillants, qui ne sont en aucun cas caricaturés, eux aussi parfois victimes d’un système qui génère une violence intrinsèque. La mise en scène, avec son image large qui raréfie l’air autour des personnages et accentue la pression du décor, rend bien l’atmosphère pesante, tension et enfermement. Et ce n’est pas une surprise, la réalisatrice a remarqua-blement choisi ses actrices, notamment Zita Henrot, révélée par le magnifique Fatima de Philippe Faucon (elle jouait la fille aînée) ou la trop rare Fabienne Babe… sans oublier des non profes-sionnelles venues des horizons les plus divers et toutes parfaitement crédibles.

DE SAS EN SAS

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La toile des lecteurs *

* Le rendez-vous CINÉ-LITTÉRAIRE proposé par la librairie LETTRE ET MERVEILLES à PontoiseLe principe : un(e) écrivain, romancier(ère), essayiste, auteur de BD nous fait partager un film de son choix.

Réalisé par Matthew WARCHUSGB 2014 1h57VOSTFavec Bill Nighy, Imelda Stauton, Dominic West, Paddy Considine, George Mackay... Scénario de Stephen Beresford.

C’est typiquement le genre de film que le cinéma anglais sait faire à la perfec-tion : une épatante comédie sociale qui vous rappelle que dans ce pays qui a vu bien des luttes parfois âpres, l’impro-bable voire l’impossible est parfois pos-sible, que ceux que l’on n’aurait jamais imaginé combattre côte-à-côte peuvent briser les intolérances pour le meilleur, que la générosité peut l’emporter envers et contre tout… Un film où l’on rit beau-

coup et où l’on pleure aussi au détour d’une scène particulièrement émouvante, sur l’écran comme dans la salle. Un film qui rend hommage à l’extravagance li-bertaire des uns et à la dignité prolétaire des autres, qui sent bon la lande galloise autant que les dancefloors londoniens. Nous sommes en 1984. Margaret That-cher, la tristement bien nommée Dame de Fer, a humilié la gauche politique dans les urnes et veut mettre à genoux la gauche ouvrière et syndicale encore très puis-sante dans les Midlands et au Pays de Galles, terres de mines et d’industries. Comme partout en Europe, le charbon est sur le déclin et devient une activité défici-taire. Thatcher décide d’en profiter pour fermer un maximum de puits de mine et briser ainsi les solidarités ouvrières. Pour les mineurs britanniques, commence une grève interminable et Thatcher compte bien sur l’épuisement des ouvriers… Alors partout la solidarité s’organise, pour permettre aux mineurs de tenir. C’est là que va se manifester le soutien totale-ment inattendu d’un groupe de gays et lesbiennes londoniens, qui sentent que l’exclusion dont ils sont eux-mêmes vic-times n’est pas si éloignée de celle que subissent les travailleurs gallois : ils dé-cident donc d’organiser une grande col-lecte dans le milieu queer. Et même si les syndicats, pas vraiment homo friendly,

repoussent frileusement leur main tendue, nos militants gays et lesbiennes ne se dé-couragent pas et s’attachent à venir en aide à la communauté de mineurs d’une petite vallée galloise. Autant dire que ça va faire drôle quand le groupe de jeunes gens bariolés débarque dans le coron ! Pride évite à merveille tous les écueils d’une histoire (bien réelle d’ailleurs puisqu’elle aboutit même à l’ouverture de la Gay Pride 1985 par des mineurs gallois) qui aurait pu être prétexte aux pires carica-tures. Sans taire les préjugés réciproques, Pride raconte une belle et grande aventure humaine qui croise les luttes ouvrières et le début des terribles années SIDA, chant du cygne autant d’une certaine tradition socialiste que d’une insouciance dans le milieu gay. Cette aventure, ce sont avant tout les femmes de mineurs qui la rendent possible, ces femmes qui sont elles-même victimes du machisme du milieu ouvrier et qui voient dans l’arrivée de ces garçons et filles délurés un souffle de liberté dont elles vont clairement profiter. Après les épisodes récents où l’homo-phobie s’est parfois affichée triomphante dans des « manifs pour tous » nauséa-bondes, on ne peut qu’être heureux de se rassembler autour de ce Pride qui dégage une formidable énergie positive.

Séance unique le jeudi 16 MARS à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l'Aumône suivie d'une rencontre

avec l'auteur et essayiste THIERRY LABICA

Thierry Labica est maître de c o n f é re n c e s en études bri-tanniques à l’université de Nanterre. Il s’in-téresse aux questions de l’exploitation, de la domina-

tion sociale et à certaines de leurs théorisations contemporaines.

Dans Ici notre défaite a com-mencé, paru chez Syllepse en collaboration avec Mathilde Bertrand et Cornelius Crowley, il revient sur une des plus doulou-reuses périodes de l’histoire bri-tannique contemporaine.Mars 84, en accord avec Margaret Thatcher, la Commission Nationale du Charbon annonce la fermeture de 20 puits de mi-nes et de 20000 suppressions d’emplois. 140 000 mineurs bri-tanniques commencent une grè-ve extrêmement dure qui durera une année (20 000 blessés, 11 300 arrestations, 200 traduction en justice).Derrière les motifs économiques avancés et dans le contexte de la désindustrialisation des an-nées 80, le véritable objectif du gouvernement de Thatcher vi-sait à infliger une défaite définiti-ve à la composante le plus com-bative du mouvement ouvrier, le Syndicat national des mineurs, et au-delà, au syndicalisme dans son ensemble.La grève, ses occasions man-quées, les défections du monde syndical, mais aussi les solidari-tés nouvelles qui s’y inventèrent (le concert des Clash à Londres en Décembre 84) puis sa défaite, marqua le « chant du cygne du mouvement ouvrier britannique » et un profond bouleversement de la société britannique.Pour mémoire, Francois Fillon se réclame de Margaret Thatcher, à laquelle il voue une grande admi-ration.

PRIDE

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JUSQU'AU 19/03 + LE 25/03

Ecrit et réalisé par Damien CHAZELLEUSA 2016 2h08mn VOSTFavec Ryan Gosling, Emma Stone, John Legend, J.K Simmons, Rosemarie Dewitt...

Du haut de ses trente piges, Damien Chazelle confirme que la réussite de son premier film, le brillant et très remarqué Whiplash, était tout sauf le fruit du hasard. Il a un talent fou, voilà tout ! Il récidive donc avec un projet plus ambitieux, une aventure qui porte un cran plus haut le degré d’exigence et confirme que le jeune réalisateur n’a sans doute pas peur de grand chose : ni de croquer à pleines dent dans le mythe, ni de faire trembler ses producteurs dont on imagine qu’ils ont aligné quelques zéros pour être à la hauteur du rêve. Au final : La la land, un titre simple comme les premiers mots d’une chanson fredonnée, un titre qui dit tout sans besoin de traduction et qui laisse deviner avec malice les milles et une couleurs d’un feu d’artifice en cinémascope et en technicolor. La la land, c’est la comédie musicale comme on n’osait plus la rêver, c’est un étalon lancé à cent kilomètres heure sur la piste de danse étoilée. Ce ne serait que cela, ce serait déjà très bien, mais quand le cavalier qui tient les rênes est un type passionné de musique, brillant, audacieux, fougueux, il devient vite évident que l’on est ici un niveau au-des-sus et qu’au-delà du simple film de genre, c’est bien un pan tout entier de l’âge d’or du cinéma hollywoodien que le bou-gre a décidé de parcourir à bride abattue. La course sera éblouissante et le voyage digne d’un aller-retour sur la lune. C’est l’histoire de Mia et de Sebastian… Elle est serveuse dans un café niché au creux d’imposants décors d’un grand studio hollywoodien et court obstinément les castings dans l’attente du grand rôle. Il est pianiste de jazz, fan de Thelonius Monk mais pour l’heure il est surtout fauché et doit cachetonner en at-tendant d’accomplir son rêve : reprendre une mythique boîte de jazz à son compte et y jouer toute la musique qu’il aime. Entre eux, l’indifférence voire le mépris d’abord… avant les étincelles ! Embrassant avec délice tous les clichés, jonglant avec les réfé-rences les plus prestigieuses, La la land parvient pourtant à tout réinventer. Les codes, dont il se moque avec tendresse, les chan-sons, traditionnelles mais souvent détournées avec humour, les décors, sublimes dans leur écrin de carton pâte mais qui jamais ne font toc, et les deux protagonistes, clichés sur pattes (la jeu-ne serveuse qui veut percer à Hollywood, le musicien idéaliste et un peu dédaigneux qui se veut l’héritier des plus grands) mais terriblement humains. Même le récit, dont la trame est classique, parvient à nous surprendre grâce à une construction singulière (la toute dernière partie du film est en cela une belle trouvaille). S’il s’agit plus d’un hommage abouti que d’une véritable ré-volution cinématographique, La la land est une vrai bouffée de bonheur, colorée, enjouée, rythmée, qui vous prend par la taille, vous entraîne dans la danse et ne vous lâche qu’au bout de deux heures… Ou qui ne vous lâche pas, la la la…

LA LA LAND

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DU 8 AU 28/03

Réalisé par Mariano COHN et Gaston DUPRAT

Argentine 2016 1h57 VOSTFavec Oscar Martinez, Dady Brieva, An-drea Frigerio, Nora Navas... Scénario de Andrés Duprat.

Inclassable ! Dès qu’on essaie de l’en-fermer dans une case, ce film rebondit tout comme son personnage principal. Drôle et cynique sont les premiers mots qui viennent instantanément, mais ils restent bien insuffisants. Les réalisa-teurs n’ont visiblement aucune envie de brosser leurs spectateurs dans le sens du poil et c’est parfaitement ré-jouissant : c’est donc avec un plaisir sans partage qu’on se laisse embar-quer dans leur univers déboussolant. Première mise en bouche amusée et grotesque : Daniel Mantovani se voit at-tribuer en grande pompe l’inestimable Prix Nobel de Littérature. Les specta-teurs semblent écrasés par l’ambiance d’un somptueux théâtre paré de rouge profond, d’ors vieillissants et de vert an-tique. Devant la prestigieuse assemblée, notre homme se lance dans un discours désabusé, provocateur, suite auquel une ombre passe sur l’assistance qui n’ap-plaudira pas spontanément. Sous son

diadème, la reine darde un regard répro-bateur tandis que les yeux des hommes en queue de pie et autres uniformes semblent curieusement éteints. On res-sort de l’épreuve en ayant oscillé avec le personnage principal entre rêve et réalité cauchemardesque, hésitant avec lui en-tre larmes ironiques, rires sardoniques, humilité narcissique : chahutés par des idées et des sentiments incompatibles. Puis nous voilà cinq ans après. Le doute n’est plus possible. Daniel Mantovani est bien le premier et le seul écrivain ar-gentin à avoir reçu un prix Nobel qui le place, sur le plan de la reconnaissance internationale, au-dessus de l’illustre Jose Luis Borges (allusion ironique au fait que le vénérable jury du Nobel a toujours ignoré cet immense auteur). Une charmante assistante l’aide à ré-pondre, trier les innombrables sollicita-tions qui pleuvent du monde entier. On s’arrache la présence de celui qui n’a plus rien à prouver et refuse souvent les propositions les plus alléchantes. La tâche n’est pas aisée pour faire enten-dre raison à ce têtu chronique et blasé. Mais voilà que dans une brève missive, son passé refait surface. Le maire de Sa-las, sa petite ville argentine natale, l’invite à une célébration où sa communauté le désignera comme Citoyen d’honneur. L’assistante persifle, elle imagine mal

son patron adoré aller se perdre au fin fond d’un pays qu’il a fui et soigneuse-ment évité depuis une trentaine d’année, lui préférant amplement le charme cultivé de l’Europe. Mantovani ironise lui aussi, s’imaginant une cérémonie miteuse à la hauteur d’une consécration insignifiante. Comme à son habitude, il balaie l’idée d’un négligeant revers de main pour, éton-namment, hésiter quelques minutes plus tard. Malgré ses allusions caustiques, son sourire se fait étrangement rêveur. Voilà donc notre misanthrope qui embar-que pour un aller-retour express au bled, vers le pays des bouseux qui ont consti-tué toutes ces années son fond de com-merce. Car il n’est pas un de ses livres qui n’égratigne Salas et ses habitants, se servant d’eux pour brosser le portrait dé-capant d’une Argentine qu’il n’a pourtant pas vu évoluer. Sur place il va découvrir, à son grand étonnement, que les bouseux lisent parfois et ont de son œuvre des interprétations bien personnelles. Au fil des rencontres et des événements, l’ad-miration inconditionnelle envers celui qui a fait la renommée de leur coin paumé va peu à peu se transformer en quelque chose de plus confus et de plus sombre et faire vaciller les certitudes de chacun. L’ambiance se tend, l’humanité s’oublie, toujours plus bestiale et sauvage. Pour l’anecdote, si Daniel Mantovani n’a évidemment jamais existé, les réa-lisateurs se sont pris au jeu et sont en train de pousser le vice jusqu’à lui inven-ter une œuvre qu’ils commencent à faire publier. Comme si cette fiction pouvait devenir réalité.

CITOYEn D'hOnnEUR

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A l'occasion du triste anniversaire de la double catastrophe de Tchernobyl ( 26 avril 1986 ) et Fukushima ( 11 mars 2011 ), séance unique le lundi 27 mars à 20h30 à Utopia Saint-Ouen proposée par Europe Ecologie les Verts

Cergy, en présence de la réalisatrice Esther Hoffenberg, et Marc DENIS, Docteur en Sciences Physiques, membre du Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l’Énergie Nucléaire.

Soirée soutenue par le Parti de Gauche, le NPA, les Amis de la Confédération Paysanne

Réalisé par Esther HOFFENBERGdocumentaire France 2009 1h14

Sauvage, préservée des constructions du monde moderne, la péninsule de La Hague, bordée par la Manche, a l’allure d’un sanctuaire paradisiaque. Bruyères, valons et vents lui donnent un air de “pe-tite Irlande”. Sauf que la carte postale cache un vice : cette région est la plus nucléarisée de toute la planète ! Analysé dès 1989 par l’ethnologue Françoise Zo-nabend dans La Presqu’île au nucléaire, l’équilibre économique et social des communes dépend de l’activité d’Areva – notamment de celle de son usine de re-traitement, la plus grande au monde.

Les installations ont beau polluer et avoir, selon leurs détracteurs, des effets néfas-tes sur la santé (cancers de la thyroïde, leucémies chez les enfants…), elles font partie du paysage, au même titre que les rochers de granit sur lesquels s’écrase la Manche déchaînée. Le nucléaire a cessé, lui, de déchaîner les foules : tout le mon-

de ou presque l’accepte, tant il fait vivre la région (emplois, ressources fiscales…). Il la soutient comme la corde le pendu. C’est ce paradoxe entre la prospérité d’un paysage géographique et l’effroi sourd qui l’agite souterrainement qu’in-terroge Esther Offenberg dans un docu-mentaire magnétique comme une onde.Entre le format d’une pure enquête jour-nalistique et l’errance d’une voyageuse contemplative, elle invente un récit hy-bride et passionnant qui pose au fond la question ultime et taboue en France : que penser de la place centrale et non discu-tée du nucléaire dans l’industrie énergé-tique hexagonale ? Comment vivre avec le risque d’accident ? Comment gérer le problème des déchets, qui se posera aux générations futures ? Que deviendront les 17 000 tonnes de plomb et la centaine de kilos de plutonium qui reposent sous terre dans des centres de stockage ? Comment expliquer la contradiction en-tre la nécessité, suggérée par le récent Grenelle de l’environnement, d’inventer des énergies alternatives non polluantes

et la décision prise en 2007 de construi-re un réacteur EPR à Flamanville ? Ces questions nourrissent la réflexion de la réalisatrice, ouverte à toutes les voix concernées (les habitants, les maires, les responsables d’Areva, les militants écolo-gistes, les scientifiques critiques comme la physicienne nucléaire Monique Sené, les enseignants impliqués…).

Précise dans la formulation de ses doutes et de ses inquiétudes, sans pour autant adopter le ton d’un manifeste apocalyp-tique, Esther Offenberg puise dans l’es-pace exigu du territoire exploré la matière (radioactive) d’un questionnement intime et politique. L’échelle géographique den-sifiée de son déplacement offre l’espace d’une réflexion étendue, par-delà les frontières du Cotentin. Alors qu’un pays comme l’Allemagne s’est engagé dans la sortie du nucléaire, la France, soumise à la puissance de son lobby, dans une absence de transparence (antidémocra-tique), persévère dans son choix de s’y enfoncer (et les déchets avec).A la manière de Gulliver parti pour un voyage étrange, Esther Offenberg révèle l’absurdité de cette politique publique (mais tenue secrète) : le cœur du réacteur n’est pas prêt de s’arrêter de battre.

Jean-Marie Durand, Les Inrockuptibles

AU PAYS DU nUCLÉAIRE

Le mot d'Europe Ecologie les VertsL'énergie nucléaire, une énergie d'avenir ? On ne peut qu'en douter !

AREVA annonce des déficits année après année. Le coût du projet EPR à Flamanville (Manche) est, comme celui en construction en Finlande, en pleine dérive budgétaire (passé de 3,3 Milliards d'euros à près de 10). Les coûts de démantèlement seront plus élevés qu’annoncés… Autant de si-gnes d’une faillite économique possible !Fissures importantes et nombreuses sur les cuves des réacteurs de Doel 3 et Ti-hange 2 en Belgique. Incidents d’exploi-tation et de maintenance de plus en plus nombreux. Equipements mal fabriqués par AREVA et dont les dossiers de confor-mité ont été probablement falsifiés. Projet de site d'enfouissement en couche géo-logique profonde des déchets radioactifs à Bure (Meuse) posant de nombreuses interrogations techniques et dont le coût là aussi augmente… Autant de signes d’une faillite technologique de la filière nucléaire !Alors qu’EDF souhaite prolonger la durée de vie des réacteurs au delà de 40 ans, ce qui pose des questions en matière de sécurité et coûtera très cher, divers rap-ports (Cour des Comptes, commission parlementaire …) annoncent l’augmen-tation des coûts d’exploitation, de déman-tèlement des centrales, de gestion des déchets.

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DU 15 AU 28/03

Écrit et réalisé par HAMÉ et EKOUÉ (La Rumeur)

France 2016 1h45avec Reda Kateb, Slimane Dazi, Mélanie Laurent, Constantine Attia, Bakary Keita, Willy L’Barge...

Un formidable premier film. Urbain, nocturne, tendu, sur le fil d’une caméra à l’épaule qui se faufile dans l’efferves-cence de la ville. Habité par des bons et des mauvais garçons qui se croisent, se confrontent, des types pas forcément dans les clous, pas toujours dans la léga-lité. Mais on est loin des clichés des films de bande, des histoires toute faites de lascars camés et brutaux qui règlent leurs comptes à la kalach. Pas d’accès de vio-lence excessifs, pas de romantisme com-plaisant sur la vie rêvée des anges noirs du bitume. Juste le quotidien ordinaire d’un quartier parisien restitué avec une justesse aussi lucide que chaleureuse. On va suivre Nas (Reda Kateb), trente-naire fraîchement sorti de prison, qui re-trouve à Pigalle son frère aîné Areski (Sli-mane Dazi), patron d’un bar de quartier, un petit troquet d’habitués, relativement

serein. Nas est en liberté conditionnelle, sous contrôle d’un agent de probation (Mélanie Laurent), et il va devoir tra-vailler comme simple serveur pour son frère, ce qui ne l’enchante guère. Entre les deux hommes, l’un pressé de goûter de nouveau à la liberté, aux frissons du monde de la nuit, et l’autre attaché avant tout à préserver une vie paisible, la co-habitation va vite devenir difficile. Areski apprécie peu les anciens amis de Nas, et quand celui-ci veut convaincre son aîné de transformer son bar en lieu de fêtes pour VIP, on devine sans peine sa réaction, rien moins qu’enthousiaste…

À travers le rapport conflictuel et l’amour contrarié des deux frères, les réalisa-teurs Hamé et Ekoué – bien connus des amateurs de rap authentique en tant que membres fondateurs de La Rumeur, groupe unanimement respecté pour la qualité de sa production et son intégrité artistique – décrivent de manière extrê-mement intelligente l’évolution d’une génération en même temps que celle d’un quartier de Paris qui leur est cher. Nas et Areski, c’est le jour et la nuit. Ares-ki a tout fait pour partager la vie des clas-ses moyennes, trouve son équilibre dans un travail régulier et des perspectives d’avenir paisibles. Nas, lui, vit dans l’ins-

tant, profite de l’argent rapide qui circule en permanence. Une vie de petits arran-gements, de business brièvement floris-sants, de fêtes où le champagne coule à flots et où défilent les filles un peu faciles. À travers ses choix on découvre cette gé-nération de trentenaires qui ne croit plus au plan épargne logement et au CDI mais prèfère brûler la vie par les deux bouts. Quant au quartier, c’est Pigalle, que les réalisateurs filment superbement. Dans les années 90, Pigalle était synonyme de fête, d’excès, d’énergie folle. Mais Pigalle n’est plus le même. Hamé et Ekoué l’ont vu changer au quotidien et nous le font ressentir. La spéculation immobilière au profit d’enseignes franchisées chasse, petits commerces après petits commer-ces, les indépendants et la vie authenti-que du quartier. Et c’est une réflexion à l’échelle de Paris tout entier, une ville où la ségrégation sociale chasse toujours plus loin ceux qui ne font pas partie des élites. Servi par deux acteurs remarqua-bles, Les Derniers Parisiens est à la fois une histoire de famille bouleversante et une vision authentiquement politique de l’évolution de la vie urbaine. Passion-nant.

LES DERnIERS PARISIEnS

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3 SÉANCES LES 26 ET 30/03 + LE 4/04

Écrit et réalisé par David LYNCH

USA 1976 1h29 VOSTFavec Jack Nance, Charlotte Stewart, Al-len Joseph, Jeanne Bates...

Eraserhead, c’est le premier film, ahuris-sant, sidérant, de David Lynch. Il paraît que le réalisateur de Twin Peaks, de Blue velvet, de Lost Highway, de Mulholland Drive… a une tendresse toute particulière pour cette première œuvre. On veut bien le croire. Eraserhead ne ressemble à rien de connu. Un sommet de l’étrange, du bizar-re, qui nous laisse dans un état incertain, mais bien convaincu en tout cas d’avoir vu un truc qu’on n’est pas prêt d’oublier ! Indescriptible, tel est le film. Tenter de le résumer serait une pure perte de temps et ne donnerait aucune idée de la ma-tière, du climat, de la force qui se dégage des images. Lynch l’a pourtant fait, voilà ce que ça donne : « Henri Spencer épouse une femme qu’il a peut-être mise enceinte. Après la nais-sance de l’enfant, elle le quitte et retourne

chez ses parents. Puis il a une aventure avec sa belle voisine de palier… » C’est ce qu’on appelle de l’humour pin-ce-sans-rire. Eraserhead, film fantastique ? Plutôt film fantasmatique, rempli de visions sur-réalistes, de scènes macabres et mal-saines, avec en prime quelques gags imprévisibles et désespérément drôles. Cette « Tête à effacer » (traduction lit-térale du titre) organise un déferlement de sensations souvent contradictoires qui vous rivent à votre fauteuil, hypno-tisé, happé par les images sur l’écran, puis étourdi, déconcerté, estomaqué. Techniquement irréprochable, ce qui est d’autant plus remarquable qu’il fut réalisé dans des conditions tout à fait artisana-les, Eraserhead possède assez de dyna-mite visuelle pour alimenter nombre de polémiques et de discussions acharnées à l’issue des projections. Car inutile de vous dire que ça n’a jamais plu à tout le monde et que ça va continuer comme ça ! PS : pour le retour d’Eraserhead sur les écrans après plusieurs années d’invisi-bilité, David Lynch a entièrement revu et ré-enregistré la bande sonore.

ERASERHEAD

DAVID LYNCH - DAVID LYNCH - DAVID LYNCH - DAVID LYNCH - DAVID LYNCH - DAVID LYNCH - DAVID LYNCH - DAVID LYNCH - DAVID LYNCH

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DU 22/03 AU 4/04

Réalisé par Jon NGUYEN, Rick BAR-NES et Olivia NEERGAARD-HOLMdocumentaire USA 2015 1h30 VOSTF

Quand le documentariste Jon Nguyen lui propose l’idée d’un film sur sa per-sonne, David Lynch fait savoir qu’il n’est pas intéressé. L’homme est notoirement peu porté sur la confidence, et encore moins enclin à expliciter ses films. In-terroger un artiste sur sa vie, tisser des liens entre des anecdotes vécues et des péripéties retranscrites dans un médium, chercher systématiquement des corres-pondances qui déduiraient l’œuvre de la biographie dans l’espoir d’en épui-ser le sens, tout cela relève à ses yeux d’une obsession vaine, d’une maladie de l’âme commune aux copistes mo-dernes et aux clercs obscurs mettant leur foi mesquine dans l’espoir toujours déçu que dessécher des fleurs entre les pages d’un herbier et épingler des pa-pillons en capturera à jamais la beauté. Pourtant, à force de patience et d’un peu d’entregent, Nguyen parvient à for-cer l’entrée du sanctuaire où le reclus se terre, quelque part dans les collines de Los Angeles. Enregistrer une suite d’interviews faites de questions-répon-

ses, interroger son entourage, il n’en est plus question. Et le nom même du projet change. David Lynch, The Art life, inspiré du recueil de cours publié par le peintre Robert Henri qui produisit sur le jeune Lynch l’effet d’une révélation, n’aborde pas sa carrière cinématographique, mais tout ce qui l’a précédée. Portrait de l’ar-tiste en jeune homme, il se consacre à sa découverte de l’Art tout autant qu’à l’invention d’un artiste par lui-même. De Missoula dans le Montana, en pas-sant par les petites villes de province où il grandit, jusqu’aux rues sombres de Philadelphie où il vivra une douloureuse mais salutaire catharsis, Lynch nous em-barque dans les méandres de ses souve-nirs ; de sa mère, qui sentit très tôt chez lui une prédisposition et qui lui interdit l’usage des livres à colorier pour décor-seter sa créativité ; de sa rencontre dé-terminante à quatorze ans avec le peintre Bushnell Keeler, qui lui ouvrit les portes de son atelier ; du mélange ambigu de soutien et de défiance dont ses proches firent preuve face à ses choix ; tout cela dessine le parcours passionnant d’un ga-min épris de liberté, qui détestait l’école mais qui très tôt fit de l’art son phare et ne dévia jamais du cap qu’il s’était tracé. Mais sous la surface, en creux, et presque à l’insu de son sujet, se dessine un autre

portrait, et il appartiendra à chacun de déterminer s’il est plus ou moins légitime. Celui que Lynch ne voulait pas faire, mais qui pourtant habite chaque plan, quand d’autres souvenirs émergent, comme l’apparition de cette femme nue, hagarde et muette, s’affalant devant lui sur le trot-toir alors qu’il n’a que dix ans et qu’il reste là, tétanisé et fasciné ; impossible de ne pas penser à Blue Velvet, à cette irruption brutale et inattendue de quelque chose de déplacé dans les petites bourgades sans histoires de l’Americana, une lézar-de défigurant le calme visage du quoti-dien dont la violence implicite risque de vous emporter au-delà des apparences, au-delà des certitudes, et faire vaciller la raison. Dans les quelques minutes que durent ces confessions, est contenu en germe tout l’univers du futur cinéaste. Accolant à la voix désincarnée de Lynch de longs plans fixes sur l’artiste au tra-vail dans son atelier, décomposant ses peintures en gros plans, scrutant les ri-dules d’un visage apparemment serein mais dont le regard trahit l’intranquillité, nimbé par le score subrepticement in-quiétant composé par Lynch lui-même, Jon Nguyen réussit le tour de force de réaliser le film lynchien par excellence, celui qui montre sans démontrer et porte avec lui une part irréfragable de mystère. Fascinant.

DAVID LYNCH, The Art Life

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JUSQU'AU 4/04

Réalisé par Garth DAVISAustralie/Inde 2016 1h58 VOSTFavec Dev Patel, Rooney Mara, Nicole Kidman, David Wenham, Sunny Pawar...Scénario de Luke Davies, d’après le récit autobiographique de Saroo Brier-ley « A Long Way Home »

C’est bien connu, la réalité dépasse parfois la fiction. Et Lion, incroyable ré-cit inspiré d’une histoire tout ce qu’il y a de vraie qui nous entraîne de l’Inde à la Tasmanie, est la parfaite illustration de cet adage. Et n’en déplaise aux cœurs de pierre qui trouveront le film trop em-preint de bons sentiments, par les temps qui courent on ne les refuse pas. Quoi de plus beau que l’obstination démesurée d’un fils pour retrouver sa mère envers et contre tous les pronostics réalistes ? Car

c’est cela, l’histoire de Saroo. L’histoire d’un petit garçon qui perd sa mère et son frère et qui fait tout pour les retrouver, 15 ans plus tard et à quelques milliers de ki-lomètres de distance !Tout commence quelque part au centre de l’Inde où Saroo, sa mère son frère Guddu mènent une vie misérable mais somme toute heureuse. Saroo et son frère chipent notamment du charbon sur les trains de marchandises qui traversent à vitesse réduite leur village. De temps en temps Guddu va travailler sur des chan-tiers dans la ville la plus proche, et un jour il accepte d’emmener Saroo. Guddu lui dit de l’attendre à la nuit tombée sur un banc de la gare, mais Saroo préfère s’installer dans un train vide. Quand il se réveille, le train roule tambour battant et ne s’arrêtera qu’à Calcutta, à plusieurs milliers de kilomètres de chez lui, une ville tentaculaire où l’on ne parle pas la même langue (il parle l’hindi et non le bengali), une ville où les enfants des rues, premières victimes de tous les trafics, sont légion. Incapable de se faire aider pour retrouver son petit village inconnu de tous, il finira après maints rebondis-sements par se faire adopter par une fa-mille tasmanienne (la Tasmanie n’est pas seulement le pays du diable, c’est une île méridionale de l’Australie).

Mais malgré tout l’amour de sa famille adoptive, Saroo n’oubliera jamais sa mère et son frère biologiques, qu’il n’aura de cesse de retrouver. Mais comment y parviendra t- il ?La première partie du film, qui se passe en Inde, est d’un naturalisme saisissant et décrit sans angélisme ni misérabilisme la vie simple, rude, parfois cruelle de la famille de Saroo, puis la situation terri-ble des enfants des rues de Calcutta. Le jeune Sunny Pawar, choisi parmi pas moins de 4000 jeunes Indiens, dégage une émotion formidable, autant dans ses efforts désespérés en Inde que dans le début de sa vie d’enfant adopté, évo-quant, comme le dit sa mère adoptive incarnée par Nicole Kidman, le Kid de Charlie Chaplin.La deuxième partie, qui s’attache aux re-cherches désespérées et obsessionnel-les de Saroo devenu un jeune étudiant australien brillant mais tourmenté par sa quête, est palpitante, rythmée par les échecs et les espoirs de notre héros (ex-cellent Dev Patel).Et derrière l’aventure et les émotions, Lion est une très jolie réflexion sur le destin complexe mais souvent riche des enfants adoptés de par le monde, qui gardent à cœur de ne pas se couper de leurs racines.

LION

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DU 22/02 AU 7/03

Réalisé par Anne-Dauphine JULLIAND

documentaire France 2016 1h20mn - avec Ambre, Camille, Imad, Charles, Tu-gdual… qui ont entre 6 et 9 ans...

« Te raconter enfin qu’il faut aimer la vie et l’aimer même si le temps est as-sassin et emporte avec lui les rires des enfants et les mistrals gagnants » (paroles de la chanson de Renaud) Le film d’Anne-Dauphine Julliand nous fait rencontrer cinq enfants : Ambre, Camille, Charles, Imad et Tugdual. Ils ont entre six et neuf ans, ils nous prennent par la main, nous entraînent dans leur monde et nous font partager leurs jeux, leurs joies, leurs rires, leurs rêves. Ils vivent dans l’instant. Avec humour et surtout l’éner-gie optimiste de leur âge, ils mènent un combat contre des maladies très graves et/ou évolutives. Malgré les traitements lourds, malgré les douleurs parfois in-soutenables, ils font preuve d’un appétit de vivre incommensurable, d’une éner-gie communicative. Ces gamins embras-

sent la vie sans s’apitoyer sur leur sort, sans nier non plus ce qu’ils éprouvent. Leçon de courage et d’optimisme comme le résume Tugdual : « Quand on est mala-de, cela n’empêche pas d’être heureux ». La vie avec la maladie reste la vie, avec ses hauts exaltants et ses bas terribles. En célébrant les premiers sans oublier les seconds, le film évite ainsi l’écueil de la sensiblerie pleurnicharde autant que de l’angélisme béat, sans céder à aucun moment à la tentation de la démonstra-tion ou de l’exhibitionnisme. Le regard de la réalisatrice, respectueux des enfants et des familles, l’est aussi du spectateur qui se sent concerné, ému, transporté par ces témoignages sans jamais avoir l’impression d’être voyeur ou manipulé. « Il est des rencontres qui changent le cours d’une vie. Et les mistrals gagnants est né de ces rencontres. La toute pre-mière s’appelle Thaïs. Thaïs, ma fille au prénom de princesse, atteinte d’une ma-ladie incurable au nom barbare : la leuco-dystrophie métachromatique. Du haut de ses deux ans, Thaïs a ouvert mon cœur en l’invitant à apprécier chaque instant de l’existence. En réalisant qu’une belle vie ne se mesure pas au nombre d’années.

« J’ai ensuite rencontré à de multiples occasions des familles touchées elles aussi par la maladie d’un enfant. Elles m’ont ouvert les yeux. Là encore j’ai vu la force de l’insouciance des enfants. J’ai compris à quel point leur vision de la vie change positivement la nôtre. Et j’ai eu envie de le partager avec le plus grand nombre. J’ai eu envie de le raconter, de le montrer, de manière incontestable : avec des mots et des regards d’enfants… « Le film se concrétise alors grâce aux rencontres d’alliés précieux, acteurs in-contournables de la prise en charge des enfants : les services hospitaliers, les équipes ressources de soins palliatifs, les équipes d’hospitalisation à domicile, les associations de soutien aux enfants malades et à leur famille. Ils nous ouvrent leurs portes avec confiance parce que le sujet de notre film est la raison de leur métier et de leur engagement : ajouter de la vie aux jours, tous les jours. Ils nous accompagnent dans les plus belles ren-contres de ce projet : les enfants, cœurs battants, vaillants, vivants de Et les mis-trals gagnants. »

Anne-Dauphine Julliand

ET LES MISTRALS GAGnAnTS

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5 salles à Saint-Ouen l’Aumône: 5 lignes en blanc dans la grille1 salle à Pontoise:

1 ligne colorée dans la grilleATTENTION : l’heure indiquée est celle du

début du film. (D)= dernière projection

TOUS LES FILMS:

1'54À partir du 29/0310949 femmes

Séance unique + débat le 7/0320th Century women

Du 1er au 21/03L'Algérie du possible

Séance unique + débat le 14/03L'ascension

Jusqu'au 6/03Au pays du nucléaire

Séance unique + débat le 27/03L'autre côté de l'espoir

Du 15/03 au 4/04Certaines femmes

Du 22 au 28/03Chez nous

Jusqu'au 14/03Citoyen d'honneur

Du 8 au 28/03Le concours

5 séances du 3 au 14/03La confession

Du 8/03 au 3/04David Lynch, the art life

Du 22/03 au 4/04Les derniers Parisiens

Du 15 au 28/03De sas en sas

Du 16 au 27/03Elle

Du 2 au 7/03Eraserhead

3 séances les 26 et 30/03 + 4/04Et les mistrals gagnants

Jusqu'au 7/03Félicité

À patir du 29/03 + rencontre le 31Gaudi, le mystère de la Sagrada Familia3 séances les 17 et 28/03 + 1er/04

GraveÀ partir du 29/03Il a déjà tes yeuxDu 2 au 13/03

La la landJusqu'au 19/03 + le 25/03

LionJusqu'au 4/04

LovingJusqu'au 13/03Mister Universo

Avt-1ère + Rencontre le 3/04

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LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS

14h20 16h30 18h30 20h45 PATIENTS Il a déjà tes yeux 20th century women TRAMONTANE

14h20 16h20 18h20 20h45 TRAMONTANE L'ASCENSION LOVING TRAMONTANE 14h15 16h30 18h45 20h45 20th century women CHEZ NOUS NOCES CHEZ NOUS 16h15 18h30 20h40 LION PATIENTS 20th century women 14h30 16h40 17h45 20h40 PATIENTS À deux, c'est mieux! SILENCE LION 14h15 16h20 18h40 20h30 soirée débat TOUS EN SCÈNE UN SAC DE BILLES ET LES MISTRALS… REGGAE AMBASSADORS

18h20 20h40 20th century women PATIENTS

16h10 18h20 20h40 NOCES CHEZ NOUS NOCES 16h00 18h30 20h30 LA LA LAND TRAMONTANE LOVING 14h00 18h15 20h30 20th century women LION ELLE 14h00 16h00 19h00 20h45 TRAMONTANE SILENCE ET LES MISTRALS… Il a déjà tes yeux 16h10 18h20 20h40 PATIENTS 20th century women PATIENTS

18h20 20h40 20h40 LE CONCOURS TRAMONTANE LOVING 16h10 18h30 20h50 22h40 TRAMONTANE LOVING NOCES CHEZ NOUS14h00 16h10 18h15 20h30 22h45PATIENTS ET LES MISTRALS… CHEZ NOUS LION L'ASCENSION14h00 16h00 18h30 21h00 NOCES LION ELLE SILENCE 16h00 18h20 20h30 22h45 20th century women Il a déjà tes yeux PATIENTS PATIENTS

18h20 20h50 LA LA LAND 20th century women

14h10 16h20 18h20 20h30 22h40LE CONCOURS L'ASCENSION TRAMONTANE CHEZ NOUS TRAMONTANE14h20 16h15 18h30 21h00 22h45NOCES LION LOVING Il a déjà tes yeux ET LES MISTRALS…14h10 16h15 18h30 20h30 22h40PATIENTS UN SAC DE BILLES NOCES 20th century women 20th century women14h15 16h30 18h45 21h15 20th century women CHEZ NOUS ELLE LA LA LAND 14h15 16h20 17h15 18h40 20h50 Tous en scène À 2, c'est mieux …vie de courgette Patients LION

18h00 21h00 SILENCE PATIENTS

14h15 15h50 (D) 16h45 18h40 20h40 Et les mistrals… À 2, c'est mieux! NOCES L'ASCENSION LE CONCOURS 14h10 16h20 18h20 20h45 CHEZ NOUS TRAMONTANE ELLE CHEZ NOUS 14h00 16h10 18h30 20h45 UN SAC DE BILLES 20th century women LION LOVING 14h00 15h30 18h30 20h50 Ma vie de Courgette SILENCE LA LA LAND 20th century women 14h10 16h30 18h40 20h50 LION TOUS EN SCÈNE PATIENTS PATIENTS

16h10 18h30 20h30 LION NOCES LOVING 16h00 18h30 20h45 ELLE CHEZ NOUS TRAMONTANE 14h00 16h10 18h15 (D) 20h30 PATIENTS Il a déjà tes yeux UN SAC DE BILLES LION 14h00 18h20 20h45 (D) SILENCE LA LA LAND L'ASCENSION 16h00 18h20 20h40 20th century women PATIENTS 20th century women

16h10 18h30 20h40 NOCES TRAMONTANE NOCES 16h00 18h20 20h40 CHEZ NOUS LOVING CHEZ NOUS 14h00 18h30 20h45 20th century women 20th century women PATIENTS 14h00 16h00 18h40 (D) 20h30 TRAMONTANE LA LA LAND ET LES MISTRALS… SILENCE 16h10 18h20 20h30 soirée débat PATIENTS Il a déjà tes yeux 10949 FEMMES

18h20 20h40 (D) LION ELLE

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Monsieur & Madame AdelmanDu 8/03 au 4/04

NocesJusqu'au 14/03

OrphelineAvt-1ère petit-dèj le 26/03

et à partir du 29/03Paris la blancheÀ partir du 29/03Paris pieds nusDu 8/03 au 4/04

PatientsDu 1er /03 au 3/04

PrideSéance unique + rencontre le 16/03

Reggae AmbassadorsSéance unique + rencontre le 1er/03

Sage femmeÀ partir du 22/03 + rencontre le 24

SilenceDu 1er au 14/03The lost city of ZDu 15/03 au 4/04

TramontaneDu 1er au 21/03

Un paese di Calabria3 séances les18, 24 et 30/03

Un sac de billesJusqu'au 6/03La Vengeresse

Avt-1ère + Rencontre le 4/04

LE COIN DES ENFANTS

À deux, c'est mieux !Jusqu'au 5/03

L'école des lapinsavt-1ère le 22/03

La Fontaine fait son cinémaPetit dèj le 26/03 età partir du 29/03

Lego BatmanDu 22/03 au 4/04

+ Atelier d'Alice le 22/03L'Empereur

Du 15/03 au 4/04L'ile de Black Mor'Du 22/03 au 4/04

Ma vie de courgetteDu 4 au 11/03

La ronde des couleursDu 8 au 26/03Tous en scèneJusqu'au 19/03

TOUT LE PROGRAMME SUR : www.cinemas-utopia.org/saintouen

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LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS

14h20 16h10 18h30 20h45 PARIS PIEDS NUS M & Mme ADELMAN LA CONFESSION Citoyen d'honneur

14h15 16h30 18h45 20h45 Citoyen d'honneur 20th century women TRAMONTANE Citoyen d'honneur 14h00 15h40 16h40 18h30 20h30 Paris pieds nus ronde des couleurs Il a déjà tes yeux Noces 20th century women 14h00 16h15 18h30 20h45 M & Mme ADELMAN LION CHEZ NOUS PATIENTS 14h10 16h20 17h45 20h40 LA CONFESSION Ma vie de Courgette SILENCE PARIS PIEDS NUS 14h10 16h15 18h20 20h40 TOUS EN SCÈNE PATIENTS M & Mme ADELMAN LA CONFESSION

18h20 20h40 LA CONFESSION M & Mme ADELMAN

16h10 18h20 20h45 NOCES 20th century women Il a déjà tes yeux 16h10 18h30 20h45 CHEZ NOUS Citoyen d'honneur TRAMONTANE 14h00 18h30 20h40 LA CONFESSION PATIENTS LION 14h00 16h00 18h40 20h20 PARIS PIEDS NUS LOVING PARIS PIEDS NUS SILENCE 16h00 18h20 20h40 M & Mme ADELMAN LA CONFESSION M & Mme ADELMAN

16h10 18h30 20h40 22h45 LE CONCOURS TRAMONTANE Citoyen d'honneur TRAMONTANE14h00 16h00 18h20 20h45 22h30PATIENTS Citoyen d'honneur LOVING NOCES LA LA LAND14h00 18h15 20h30 22h40M & Mme ADELMAN 20th century women LION 20th century women 16h00 19h00 20h40 22h45 SILENCE PARIS PIEDS NUS CHEZ NOUS PARIS PIEDS NUS 16h10 18h30 20h30 22h40 LA CONFESSION Il a déjà tes yeux M & Mme ADELMAN M & Mme ADELMAN

18h30 20h45 PATIENTS LA CONFESSION

14h15 16h15 17h10 18h50 21h00 22h45tramontane ronde des couleurs Paris pieds nus Tramontane PARIS PIEDS NUS Citoyen d'honneur14h15 16h30 18h30 21h00 20th century women NOCES LA LA LAND SILENCE 14h10 16h15 18h20 20h40 22h45TOUS EN SCÈNE LA CONFESSION CHEZ NOUS PATIENTS Il a déjà tes yeux14h10 16h00 18h10 20h30 22h40Il a déjà tes yeux PATIENTS Citoyen d'honneur 20th century women LION14h30 16h45 (D) 18h10 20h30 22h40M & Mme ADELMAN Ma vie de Courgette M & Mme ADELMAN LA CONFESSION LOVING

18h30 21h00 LION M & Mme ADELMAN

14h20 16h40 18h40 20h40 Citoyen d'honneur TRAMONTANE NOCES TRAMONTANE 14h15 17h10 18h10 20h30 SILENCE …ronde des couleurs LOVING CHEZ NOUS 14h20 16h10 18h40 20h45 Il a déjà tes yeux LA LA LAND PATIENTS 20th century women 14h10 16h15 18h30 20h50 TOUS EN SCÈNE 20th century women LION PARIS PIEDS NUS 14h10 16h15 18h30 20h45 PATIENTS LA CONFESSION M & Mme ADELMAN M & Mme ADELMAN

16h10 18h40 20h40 Citoyen d'honneur TRAMONTANE Citoyen d'honneur 16h00 18h30 20h30 20th century women NOCES LION 14h00 18h40 (D) 20h40 SILENCE Il a déjà tes yeux LA CONFESSION 14h00 16h00 18h45 20h30 (D) LA CONFESSION CHEZ NOUS PARIS PIEDS NUS LOVING 16h10 18h30 20h45 PATIENTS M & Mme ADELMAN PATIENTS

14h00 16h10 18h30 (D) 20h45 (D) NOCES TRAMONTANE LE CONCOURS NOCES 14h00 18h20 20h40 20th century women Citoyen d'honneur TRAMONTANE 16h00 18h20 20h40 M & Mme ADELMAN 20th century women M & Mme ADELMAN 16h00 18h30 20h45 LION LA CONFESSION PARIS PIEDS NUS 16h10 18h15 20h30 soirée débat … PARIS PIEDS NUS PATIENTS ALGÉRIE DU POSSIBLE

18h15 (D) 20h30 (D) CHEZ NOUS SILENCE

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14h20 16h10 18h10 20h45 L'EMPEREUR L'autre côté de l'e… ...LOST CITY OF Z …derniers Parisiens

16h10 18h30 20h45 22h40 DE SAS EN SAS Citoyen d'honneur TRAMONTANE Citoyen d'honneur 16h00 18h40 20h40 22h40 LION PARIS PIEDS NUS …derniers Parisiens LION14h00 18h15 20h40 22h45...LOST CITY OF Z LA LA LAND LA CONFESSION LA CONFESSION14h00 16h10 18h30 20h30 22h45PARIS PIEDS NUS L'autre côté de l'e… GAUDI… 20th century women PATIENTS 16h00 18h20 20h30 22h40 M & Mme ADELMAN PATIENTS M & Mme ADELMAN L'autre côté de l'e…

18h20 21h00 ...LOST CITY OF Z L'autre côté de l'e…

14h10 16h20 18h40 20h30 22h40LA CONFESSION Citoyen d'honneur un paese di Calabria LION Citoyen d'honneur14h20 16h20 18h50 20h40 22h45TRAMONTANE LA LA LAND PARIS PIEDS NUS PATIENTS DE SAS EN SAS14h20 16h15 18h30 20h30 22h40L'autre côté de l'e… M & Mme ADELMAN L'autre côté de l'e… M & Mme ADELMAN 20th century women14h30 16h40 18h20 20h40 22h45TOUS EN SCÈNE L'EMPEREUR 20th century women LA CONFESSION …derniers Parisiens14h30 17h10 18h10 20h50 22h45...LOST CITY OF Z …ronde des couleurs ...LOST CITY OF Z L'autre côté de l'e… PARIS PIEDS NUS

18h20 20h45 M & Mme ADELMAN ...LOST CITY OF Z

14h20 16h45 18h30 20h45 LA LA LAND PARIS PIEDS NUS LION DE SAS EN SAS 14h15 16h30 18h45 20h45 Citoyen d'honneur 20th century women TRAMONTANE Citoyen d'honneur 14h30 17h10 18h10 20h30 ...LOST CITY OF Z …ronde des couleurs M & Mme ADELMAN ...LOST CITY OF Z 14h15 16h30 (D) 18h40 20h50 LA CONFESSION TOUS EN SCÈNE LA CONFESSION PARIS PIEDS NUS 14h20 16h40 18h45 20h40 M & Mme ADELMAN PATIENTS L'autre côté de l'e… PATIENTS

16h10 18h30 20h40 …derniers Parisiens DE SAS EN SAS TRAMONTANE 16h00 18h15 20h30 PATIENTS Citoyen d'honneur LION 14h00 18h20 20h30 ...LOST CITY OF Z LA CONFESSION M & Mme ADELMAN 14h00 16h00 18h20 20h40 PARIS PIEDS NUS M & Mme ADELMAN 20th century women PARIS PIEDS NUS 16h10 18h15 20h50 L'autre côté de l'e… ...LOST CITY OF Z L'autre côté de l'e…

16h10 18h30 20h45 TRAMONTANE LION DE SAS EN SAS 16h10 18h30 20h40 20th century women …derniers Parisiens Citoyen d'honneur 14h00 16h00 18h20 20h40 L'autre côté de l'e… LA CONFESSION M & Mme ADELMAN L'autre côté de l'e… 14h00 18h20 20h30 LION PATIENTS LA CONFESSION 16h00 18h40 20h30 ...LOST CITY OF Z PARIS PIEDS NUS ...LOST CITY OF Z

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14h40 16h20 18h40 20h45 PARIS PIEDS NUS Citoyen d'honneur …derniers Parisiens Citoyen d'honneur 14h20 16h40 18h45 20h45 M & Mme ADELMAN PATIENTS TRAMONTANE 20th century women 14h30 16h15 18h20 20h40 L'EMPEREUR TOUS EN SCÈNE M & Mme ADELMAN LION 14h30 16h30 18h45 20h30 L'autre côté de l'e… LA CONFESSION PARIS PIEDS NUS LA CONFESSION 14h20 17h00 18h00 20h40 ...LOST CITY OF Z …ronde des couleurs ...LOST CITY OF Z L'autre côté de l'e…

18h30 20h30 L'autre côté de l'e… ...LOST CITY OF Z

16h10 18h40 20h40 …derniers Parisiens DE SAS EN SAS PARIS PIEDS NUS 16h10 18h30 20h45 TRAMONTANE Citoyen d'honneur PATIENTS 14h00 18h20 20h30 ...LOST CITY OF Z LA CONFESSION ...LOST CITY OF Z 14h00 16h00 18h30 20h45 L'autre côté de l'e… 20th century women LION M & Mme ADELMAN 16h00 18h20 20h30 soirée débat M & Mme ADELMAN L'autre côté de l'e… PRIDE

LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS

SAINT-OUEN

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14h10 16h30 18h50 20h45 M & Mme ADELMAN SAGE FEMME L'autre côté de l'e… ERASERHEAD

16h10 18h40 20h30 22h40 Citoyen d'honneur un paese di Calabria LION Citoyen d'honneur 16h00 18h30 20h40 22h45 M & Mme ADELMAN Certaines femmes LA CONFESSION DAVID LYNCH…14h00 19h10 20h50 22h40...LOST CITY OF Z DE SAS EN SAS L'autre côté de l'e… PATIENTS14h00 16h10 18h40 20h45 PATIENTS L'autre côté de l'e… …derniers Parisiens ...LOST CITY OF Z 16h00 18h30 20h30 soirée débat SAGE FEMME PARIS PIEDS NUS SAGE FEMME

18h30 20h50 SAGE FEMME M & Mme ADELMAN

14h15 16h30 18h45 21h00 22h40LION M & Mme ADELMAN Citoyen d'honneur PARIS PIEDS NUS Certaines femmes14h10 16h20 18h30 20h40 22h45LA CONFESSION …derniers Parisiens PATIENTS LA CONFESSION DAVID LYNCH…14h30 16h40 18h40 20h40 22h30LEGO BATMAN L'autre côté de l'e… L'autre côté de l'e… L'autre côté de l'e… LION14h20 16h00 17h00 18h40 (D) 21h10 l'empereur ronde des couleurs De SAS en SAS LA LA LAND ...LOST CITY OF Z 14h15 16h30 18h10 20h30 22h40SAGE FEMME L'île de Black Mor SAGE FEMME M & Mme ADELMAN …derniers Parisiens

18h15 21h00 ...LOST CITY OF Z SAGE FEMME

14h40 16h30 18h45 20h40 L'île de Black Mor LION DE SAS EN SAS Certaines femmes11h00 p'tit déj. 14h30 16h20 18h30 20h40ORPHELINE PARIS PIEDS NUS PATIENTS …derniers Parisiens Citoyen d'honneur(avant-1ère) 14h20 17h00 (D) 18h10 20h30 ...LOST CITY OF Z …ronde des couleurs M & Mme ADELMAN ...LOST CITY OF Z11h00 p'tit déj. 14h30 16h10 18h15 20h30La Fontaine fait son L'EMPEREUR LEGO BATMAN LA CONFESSION SAGE FEMMEcinéma 14h15 16h30 18h30 20h45 SAGE FEMME L'autre côté de l'e… SAGE FEMME PATIENTS

16h10 18h30 20h40 DAVID LYNCH… Certaines femmes PARIS PIEDS NUS 16h10 18h30 (D) 20h30 Citoyen d'honneur DE SAS EN SAS …derniers Parisiens 14h00 18h20 20h40 SAGE FEMME SAGE FEMME M & Mme ADELMAN 14h00 16h00 18h15 20h50 L'autre côté de l'e… LA CONFESSION ...LOST CITY OF Z PATIENTS 16h00 18h20 20h30 soirée débat LION L'autre côté de l'e… AU PAYS DU NUCLÉAIRE

16h10 18h30 20h45 (D) L'autre côté de l'e… PATIENTS Certaines femmes 16h10 18h20 20h40 (D) Certaines femmes LION Citoyen d'honneur 14h00 18h30 20h30 M & Mme ADELMAN GAUDI… ...LOST CITY OF Z 14h00 16h00 18h40 (D) 20h45 PARIS PIEDS NUS ...LOST CITY OF Z …derniers Parisiens LA CONFESSION 16h00 18h20 20h40 SAGE FEMME M & Mme ADELMAN SAGE FEMME

18h20 20h40 SAGE FEMME L'autre côté de l'e…

14h30 16h45 18h30 20h30 M & Mme ADELMAN PARIS PIEDS NUS DE SAS EN SAS …derniers Parisiens 14h20 17h00 18h00 20h40 ...LOST CITY OF Z …ronde des couleurs ...LOST CITY OF Z DAVID LYNCH… 14h30 avant-1ère 16h10 18h30 20h45 L'école des lapins LION LA CONFESSION L'autre côté de l'e… 14h15 (atelier) 16h20 18h20 20h40 LEGO BATMAN L'autre côté de l'e… Citoyen d'honneur PATIENTS 14h20 16h40 18h20 20h40 SAGE FEMME L'EMPEREUR SAGE FEMME M & Mme ADELMAN

18h30 20h40 Certaines femmes SAGE FEMME

16h10 18h30 20h30 Certaines femmes DAVID LYNCH… Citoyen d'honneur 16h10 18h30 20h45 …derniers Parisiens PATIENTS DE SAS EN SAS 14h00 18h15 20h30 SAGE FEMME M & Mme ADELMAN ...LOST CITY OF Z 14h00 16h00 18h40 20h40 L'autre côté de l'e… ...LOST CITY OF Z L'autre côté de l'e… PARIS PIEDS NUS 16h00 18h20 20h40 LA CONFESSION SAGE FEMME SAGE FEMME

LE CINÉMA TOUS LES JOURS À TOUTES LES SÉANCES POUR LES -14 ANS C’EST 4 EUROS

SAINT-OUEN

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Ecrire au Stella café avec l’atelier d’écriture

«couleurs de plume»

Ecrire pour le plaisir au moyen de jeux d’écriture et de contraintes littérairesLibérer son imagination et sa créati-

vité en jouant avec les mots

Tous les jeudis Les jeudi, à la Maison des Associa-

tions, Salle Prune, Place du Petit Martroy à Pontoise

Le samediLe samedis 11 mars de 14h30 à 16h30

au Stella café d’Utopia à Saint-Ouen l’Aumône

15 euros l’atelierChaque séance est indépendante.

contact : [email protected]

SEMAINE DE LA JEUNESSE

À SAINT-OUEN L’AUMÔNE :

DU 22 AU 26 MARS(pour les jeunes de Saint-Ouen)

avec OLA (Office Local d’Animation). Des places de cinéma à

1,50 EUROS

Renseignez-vous au 01 34 64 05 16

pour les points de prévente des billets.

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14h30 16h20 18h40 20h45 PARIS la BLANCHE SAGE FEMME ORPHELINE GRAVE

14h30 16h40 18h30 20h45 ORPHELINE L'EMPEREUR PARIS PIEDS NUS GRAVE 14h40 16h20 18h40 20h30 PARIS la BLANCHE FÉLICITÉ DAVID LYNCH… FÉLICITÉ 14h30 16h15 18h30 20h30 L'île de Black Mor LEGO BATMAN L'autre côté de l'e… PATIENTS 16h00 18h20 20h40 M & Mme ADELMAN LA CONFESSION PARIS la BLANCHE 14h45 15h45 18h00 20h40 La Fontaine fait so… SAGE FEMME ...LOST CITY OF Z SAGE FEMME

18h30 20h40 1'54 ORPHELINE

16h10 18h20 20h45 GRAVE FÉLICITÉ ERASERHEAD 16h00 18h30 (D) 20h30 LA CONFESSION un paese di Calabria 1'54 14h00 16h10 18h20 20h40 PARIS la BLANCHE ORPHELINE M & Mme ADELMAN ORPHELINE 14h00 18h30 20h40 FÉLICITÉ PARIS la BLANCHE L'autre côté de l'e… 16h00 18h15 20h30 SAGE FEMME SAGE FEMME ...LOST CITY OF Z

16h00 18h15 20h50 22h40 1'54 ...LOST CITY OF Z L'autre côté de l'e… 1'54 16h00 18h30 20h40 22h45 FÉLICITÉ DAVID LYNCH… LA CONFESSION PARIS PIEDS NUS14h00 16h10 18h20 20h30 22h40PARIS PIEDS NUS PARIS la BLANCHE ORPHELINE SAGE FEMME ORPHELINE14h00 18h20 20h30 22h45M & Mme ADELMAN PATIENTS M & Mme ADELMAN GRAVE 16h10 18h30 20h30 soirée débat L'autre côté de l'e… PARIS la BLANCHE FÉLICITÉ

18h30 21h00 SAGE FEMME LION

14h15 16h15 17h10 18h50 21h00 22h401'54 La Fontaine fait… Paris la blanche 1'54 PARIS la BLANCHE DAVID LYNCH…14h30 16h30 18h30 21h00 GRAVE L'autre côté de l'e… FÉLICITÉ ...LOST CITY OF Z 14h20 16h20 18h30 20h40 22h30LEGO BATMAN ORPHELINE PATIENTS L'autre côté de l'e… LION14h30 16h50 (D) 18h45 20h40 22h45FÉLICITÉ GAUDI… PARIS PIEDS NUS ORPHELINE LA CONFESSION14h15 16h30 18h10 20h30 22h45SAGE FEMME L'île de Black Mor SAGE FEMME M & Mme ADELMAN GRAVE

14h20 16h40 18h30 21h00 M & Mme ADELMAN L'EMPEREUR LA CONFESSION SAGE FEMME

14h30 17h10 18h15 20h30 ...LOST CITY OF Z La Fontaine fait so… PATIENTS FÉLICITÉ 14h40 16h20 18h45 20h40 L'île de Black Mor FÉLICITÉ PARIS PIEDS NUS 1'54 14h20 16h10 18h30 20h45 L'EMPEREUR M & Mme ADELMAN LA CONFESSION L'autre côté de l'e… 14h30 16h45 18h45 20h30 ORPHELINE L'autre côté de l'e… PARIS la BLANCHE ...LOST CITY OF Z 14h15 16h30 18h30 20h45 SAGE FEMME LEGO BATMAN SAGE FEMME DAVID LYNCH…

14h10 16h30 18h30 20h50 FÉLICITÉ GRAVE FÉLICITÉ DAVID LYNCH… 14h15 16h10 17h10 18h50 20h50 L'autre côté de l'e… La Fontaine fait… Paris la blanche 1'54 PARIS la BLANCHE 14h20 16h00 18h15 (D) 20h30 L'EMPEREUR SAGE FEMME LA CONFESSION ...LOST CITY OF Z 14h15 16h30 18h40 (D) 20h45 M & Mme ADELMAN ORPHELINE PATIENTS ORPHELINE 14h20 16h20 18h10 20h30 avt-1ère + rencontre LEGO BATMAN L'île de Black Mor SAGE FEMME MISTER UNIVERSO

14h20 16h00 17h00 (D) 18h40 (D) 20h30 Paris la blanche La Fontaine f… Paris pieds nus Eraserhead FÉLICITÉ 14h15 16h20 18h20 (D) 20h40 ORPHELINE 1'54 LION GRAVE 14h30 (D) 16h10 18h30 20h45 (D) L'île de Black Mor FÉLICITÉ SAGE FEMME M & Mme ADELMAN 14h20 (D) 16h10 18h30 20h40 (D) L'EMPEREUR M & Mme ADELMAN ORPHELINE L'autre côté de l'e… 14h15 16h40 (D) 18h40 20h30 avt-1ère + rencontre SAGE FEMME LEGO BATMAN PARIS la BLANCHE LA VENGERESSE 14h15 16h20 (D) 18h10 (D) 20h50 LEGO BATMAN DAVID LYNCH… ...LOST CITY OF Z SAGE FEMME

UTOPIA / PANDORA MÊME COMBAT : NOS ABONNEMENTS SONT VALABLES LÀ-BAS ET INVERSEMENT

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JUSQU'AU 5/03

Programme de 7 petits films d'animationAllemagne/Pays-Bas/Russie 2016 40mn

Pour les enfants à partir de 2/3 ans.Tarif unique : 3,50 euros

Pas de doute : à deux, c'est tellement mieux ! Pour partager ses jeux, ses joies, ses peines, ses expériences… Tel est le fil rouge de ce très doux et très joli programme spécialement conçu pour les tout jeunes spectateurs, balade vagabonde en sept films sur le thème de l'amitié.

• Les deux moutons : les deux moutons ne s'entendent pas vraiment comme larrons en foire, mais ils devront oublier vite fait leurs chicaneries pour échapper au loup qui veut les manger !

• La taupe et le ver de terre : un jour la taupe découvre que toutes les créatures qui l'entourent ont un ami, au moins un, alors qu'elle, même en cherchant bien, n'en a aucun…

• Pas facile d'être un moineau : un moineau frigorifié, mais dont le cerveau ne tourne pas au ralenti pour autant, entreprend de se faire ami avec un jeune garçon pour pouvoir se réchauffer.

• L'heure des chauves-souris : la nuit tombe sur la ferme et comme tous les soirs, c'est le moment où la chauve-souris se réveille. Mais forcément, à cette heure-ci, il n'y a plus grand monde pour lui tenir compagnie…

• Une histoire au zoo : une fillette intrépide est en visite au zoo et figurez-vous que, parmi tous les animaux , c'est le go-rille qu'elle choisit pour faire amie-ami. Intrépide, c'est le moins qu'on puisse dire !

• Mais où est Ronald ? : Ralph a reçu un drôle de cadeau pour son anniversaire : un lapin nommé Ronald. Mais voilà que rapi-dement l'animal disparaît, comme s'il jouait un tour de magie à l'envers. Que faire ?

• Pawo : on termine avec l'aventure magique d'une petie fille qui, d'un coup de baguette, fait apparaître d'étranges compa-gnons, qui ressemblent un peu au Totoro de Miyazaki…

À DEUX, C'EST MIEUX ! DU 8 AU 26/03

Programme d’animation pour les petits - durée : 38 min

à partir de 3 ans. - Tarif unique : 3,50 euros

Au fil des saisons, sur le pelage des animaux, ou encore dans une boite de crayons, les couleurs sont partout ! Même la mu-sique a ses couleurs ! Un programme de courts-métrages qui fera découvrir aux plus petits un univers bariolé et bigarré.

• Looks, Le Petit Lynx gris Susann Hoffmann, Allemagne (3’14)Un petit lynx gris a bien du mal à trouver sa place parmi ses camarades aux couleurs chatoyantes. Mais, contre les mo-queries, il va trouver une parade pleine de gentillesse et être ainsi accepté. • Mailles Vaiana Gauthier, France (4’04)Une vieille dame est plongée dans ses pensées. Son tricot l’entraîne alors dans un voyage au cœur de ses souvenirs de jeunesse.

• Piccolo Concerto Ceylan Beyoglu, Allemagne (6’00)Piko, une petite flûte bleue quitte un jour la forêt où elle vit avec sa famille et ses amis. Elle part à la découverte de nou-veaux instruments, des mélodies colorées et d’un genre mu-sical qu’elle ne connaissait pas !

• La Fille qui parlait chat Dotty Kultys, Royaume Uni (5’40)Dans un monde terne et trop bien organisé, une petite fille rêve de couleurs et de joie, au grand dam de sa maman si sérieuse. Alors qu’elle suit un drôle de chat, elle découvre une musique et des couleurs qu’elle va rapporter chez elle...

• La Comptine de grand-père Yoshiko Misumi Japon (8’23)Aux yeux d’une petite fille, son grand-père est une montagne, un arbre et parfois même un océan. Son imagination est infi-nie ! À partir des sons qu’elle entend, de ses pensées et des odeurs, elle invente pour son grand-père et elle un monde onirique.

• Le Petit Crayon rouge Dace Riduze, Lettonie (8’36)Et si la couleur rouge disparaissait ? Alors que le petit crayon rouge et ses amis représentent un jardin plein de couleurs, ils sont interrompus par un insecte malicieux qui pousse le petit crayon rouge par la fenêtre. Avant de rejoindre ses amis couleurs, le petit crayon rouge va découvrir le jardin qu’il des-sinait.

LA RONDE DES COULEURS

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L'EMPEREUR

LEGO BATMAN

DU 22/03 AU 4/04

Réalisé par Chris McKayUSA 2016 1h45 Version Française

POUR TOUS, ENFANTS À PARTIR DE 6/7 ANS

Si La Grande Aventure Lego, objet créatif et audacieux, avait été un succès colossal en 2014, les com-mentateurs les plus conservateurs avaient difficilement dégluti face à cette satire frôlant l’anticapita-lisme d’un monde consumériste et endormi. Orientation éton-nante d’autodérision, venant d’une multinationale de cette envergure - Emmet chantait en ouverture l’ironique Tout est su-per génial dans une ville régen-tée par de lourdes normes et sa conscience s’éveillait peu à peu afin d’empêcher le président Business de détruire le monde.Avec Lego Batman, le récit cen-tre ses gags et dialogues pi-quants autour du très individua-liste milliardaire au costume de chauve-souris qui se doit d’ap-privoiser l’esprit d’équipe pour terrasser les plans du Joker et de ses alliés divers. A contrario d’un film en chair et en os, l’uni-vers Lego présente le potentiel illimité de s’offrir un casting pop aux multiples facettes plasti-ques - personnages de l’univers Batman et DC Comics, la Ligue des Justiciers, Harley Quinn, Gueule d’Argile ou le plus rare Prince du Condiment -, ou s’en-richir d’autres caméos en forme de Gremlins, Daleks, Voldemort et Œil de Sauron. Tant d’enne-mis que le sauveur autocentré ne pourra repousser seul, avec ses gros gadgets clinquants et sa volonté bornée de solitude. Ce nouvel épisode emprunte ainsi le sillon de son prédéces-seur pour ce qui est de livrer d’intenses œillades à la culture

geek, des séquences homma-ges aux précédentes épopées de Batman à l’écran, un extrait d’Un amour à New York de Peter Chel-son (2001) ou encore un hommage Wake Me Up (Before You Go Go) pour chanteur disparu trop tôt. Un dosage d’humour vachard et d’in-clination aux clins d’œil pop qui lui permet de viser un large spectre de petites et grandes personnes.

Jeremy Piette dans Libération

DU 15/03 AU 4/04

Réalisé par Luc JacquetFrance 2016 1h24Texte dit par Lambert Wilson

POUR TOUS, ENFANTS À PARTIR DE 5 ANS

Il y a douze ans, nous avions assisté à la naissance d'un manchot empereur sur la banquise de l'Antarc-tique. Celui-ci va vivre son premier voyage, sous le regard de son aîné qui se souvient. Les tempêtes de neige, la morsure du froid : rien ne lui sera épargné au cours de son odyssée, nécessaire à sa survie et à celle de son espèce...L'Empereur contre-attaque. Sans cape ni sabre la-ser, mais avec un manteau de plume pour affronter les - 40 °C, le super-héros polaire de Luc Jacquet reprend du service, douze ans après son oscar et son succès populaire. Même s'il ne s'agit pas d'une suite, La Marche de l'empereur continue, autant qu'elle revient sur ses pas, avec cette nouvelle im-mersion contemplative en Antarctique, née d'une récente expédition en Terre-Adélie. On retrouve le manchot empereur en stoïque Jedi du pôle Sud, bataillant contre le blizzard, le climat hostile et les coups de bec des pétrels des neiges. Une variation sur le même thème, témoignant de la fascination du réalisateur pour le désert de glace, autant que pour ce drôle d'oiseau aux super pouvoirs.Entre grand spectacle naturaliste et récit initiatique, on glisse sur la banquise au gré du cycle de vie de ces pèlerins noir et blanc. A travers la destinée — romancée — de trois d'entre eux : monsieur (l'Em-pereur du titre), madame, et leur petit, héritier juste sorti de l'oeuf. Comme dans un conte aux accents anthropomorphiques, la voix de Lambert Wilson chuchote une histoire d'apprentissage aux enjeux universels. L'aîné sur le retour, le rejeton qui s'ap-prête à voler de ses propres ailes, ou plutôt à se jeter à l'eau au terme d'une longue procession sur la banquise. Si le charme opère, c'est par la grâce de l'animal, héros burlesque et opiniâtre, qui a, sur la glace, la démarche de Charlot mais se méta-morphose sous l'eau en torpille tourbillonnante à la Esther Williams. S'ajoutent les horizons XXL de ces décors naturels, aux aubes rosées, et les fonds sous-marins luxuriants. Une invitation au voyage immobile, une déclaration d'amour à cette immen-sité fragile.

Virginie Félix dans Télérama

NOUVEAU à UTOPIA St-Ouen ! L'Atelier Ciné d'Alice

Atelier créatif autour du ciné !

Encadré par Alice, service civique en animation jeune public (avec Bafa!), les

enfants pourront poursuivre l'aventure du film vu à la séance de 14h15

5ème rendez-vous : « Stop Motion en Lego »

MERCREDI 22 MARS à l'issue de la projection de 14h15

de LEGO BATMANDécouvrez la technique du Stop

Motion (animation image par image) en créant vous-même vos

personnages et en les animant comme des pros !"

Atelier ouvert aux enfants à partir de 7/8 ANS

Les enfants sont invités à venir avec une clé USB pour y copier leur création !

durée exceptionnelle de 2h

PRÉVENTE indispensable (places limitées) au cinéma Utopia

de Saint-Ouen l'Aumône dès le 1er MARS

TARIF UNIQUE: 12 EUROS(film + atelier + goûter)

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Réalisé par Ute von Münchow-PohlAllemagne – 2017 - 1h15 - VERSION FRANÇAISE

Pour les enfants à partir de 4 ans.

Max, un lapin des villes dégourdi, se retrouve piégé dans une école pour lapins aux méthodes un peu... anciennes. C’est là qu’est jalousement gardé l’oeuf de Pâques en or convoité par une famille de renards rusés. Avec l’aide de l’adorable Emmy qui rêve de réussir son examen de lapin de Pâques et grâce aux leçons de Madame Hermione experte en arts martiaux mais aussi en préceptes de vie, Max apprendra l’art de la magie propre aux lapins de Pâques et il comprendra quelle est sa vraie famille. Mais pourra-t-il sauver la tradition de Pâques...

Le lapin de Pâques doit son origine à une ancienne culture orientale. À l’origine c’était un lièvre de Pâques. Le lapin, tout comme les oeufs, est dans la tradition païenne germanique le symbole très ancien de la fertilité, du renouveau ou encore du printemps, l’emblème de la déesse Ostara.C’est en Allemagne que pour la première fois le lapin est associé avec les oeufs de Pâques pour célébrer le printemps. Il est supposé déposer discrètement pendant la nuit de Pâques des oeufs multicolores dans les nids fabriqués par les enfants avec de l’herbe ou encore de la mousse.

AVANT-1ÈRE LE MERCREDI 22 MARS À 14H30 À UTOPIA SAINT-OUEN L'AUMÔNE

- Tarifs habituels Utopia -

L'ÉCOLE DES LAPINS

JUSQU'AU 19/03

Film d'animation réalisé par Garth JENNINGSUSA 2017 1h48 VF

Pour tous à partir de 6/7 ans

Si vos enfants aiment se dandiner, pousser la chansonnette sous la douche ou en classe, s'ils ne cessent de gigoter sur leur siège de cinéma, ce film est fait pour eux ! Nouvel opus de la bande qui avait déjà sévi avec Moi Moche et Méchant, Les Minions et Comme des Bêtes, Tous en scène la fait sauter (la scène) dans une joyeuse ambiance survoltée et reprend quelques tubes que petits et grands auront plaisir à réécouter.Buster Moon est un élégant koala qui dirige un grand théâtre, jadis illustre, mais aujourd’hui tombé en désuétude. Mais si'l n'a plus la cote, Buster a définitivement gardé la patate et en tant qu'éternel optimiste (un peu bougon quand même), il est prêt à tout pour sauver son théâtre. C’est alors qu’il trouve l'idée en or pour soustraire de la destruction ce lieu mythique et repartir pour un ultime tour de piste : organiser une compéti-tion mondiale de chant. Cinq candidats sont retenus pour ce défi : une souris aussi séduisante que malhonnête, un jeu-ne éléphant timide dévoré par le trac, une truie mère de famille débordée par ses 25 marcassins, un jeune gorille délinquant qui ne cherche qu’à échapper à sa famille de mafieux, et une porc-épic punk qui peine à se débarrasser de son petit ami à l’égo surdimensionné pour faire une car-rière solo. Tout ce petit monde va venir chercher sur la scè-ne de Buster l’opportunité qui pourra changer leur vie à jamais.. Oh Yeah !

TOUS EN SCÈNE

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DU 22/03 AU 4/04

Film d'animation réalisé par Jean-François LAGUIONIEFrance 2003 1h25Scénario de JF Laguionie et Anik Le Ray

POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 6/7 ANS

C’est une histoire dans la lignée de « L’Île au tré-sor », une aventure qui mêle le mystère et l’amour de la mer, un beau film qui vous emporte et vous fait rêver, vous laisse la tête pleine de vent et d’embruns… Jean-François Laguionie s'est im-posé au fil des ans comme un des tèrs grands de l'animation française, c'est lui qui a réalisé depuis les très beaux Le Tableau et Louise en hiver. Nous sommes en 1803, sur les côtes des Cor-nouailles. Un gamin de 15 ans, le Kid, réussit à s’échapper de l’orphelinat, où il vit comme un ba-gnard. Il ne connaît pas son vrai nom et sa seule richesse, c’est la carte d’une île au trésor tombée du livre de Black Mor, un célèbre pirate à la main de fer, auquel il aimerait tant ressembler.En compagnie de deux matelots guère recom-mandables, Mac Grégor et La Ficelle, le Kid s’empare de « La Fortune », le bateau des garde-côtes, et part à la recherche de son île au trésor, à l’autre bout de l’Océan Atlantique.Mais dans la réalité, rien ne se passe comme dans les livres de pirates…En chasse de son trésor plus ou moins imagi-naire, en quête surtout de son identité, le Kid est encore un gamin, beaucoup plus fragile qu’il ne voudrait le faire croire. Mais il ira jusqu’au bout de l’aventure, il franchira les multiples obstacles qui le séparent de l’île de Black Mor…

Le dessin est très clair, très simple, laissant une large place à l’imagination et à la poésie, avec des couleurs jamais agressives, toutes de dou-ceur et de suggestion. Et l’équipe de Laguionie a fait un très gros travail de documentation sur les bateaux de l’époque, et sur la vie à bord. Le résultat est là : on y croit, on s’embarque aux cô-tés du Kid. Larguez les voiles…

L'ILE DE BLACK MOR PETIT-DÉJEUNER DÉCOUVERTE DIMANCHE 26 MARS

à Utopia Saint-Ouen (rendez-vous au café Stella à 10h45, séance à 11h15)LE CONCEPT : à vous les croissants, à nous le chocolat chaud, le thé et

le jus d'orange - Tarif unique : 3,50 euros

LA FONTAINE FAIT SON CINÉMA

ET À PARTIR DU 29/03Programme de courts métrages d'animation.France / Belgique 2016 40min

Pour les enfants à partir de 3 ans.Tarif unique : 3,50 euros

La Fontaine fait son cinéma est un nouveau programme de La Chouette du cinéma. Souvenez-vous, l’année dernière, La Chouette, entre veille et sommeil proposait aux enfants d’étonnantes histoires à la frontière du rêve et de la réalité ! Cette fois, La Chouette du cinéma est partie récolter six courts métrages en forme de fables, de petites histoires, avec des ani-maux, qui contiennent une leçon de vie. La Fontaine fait son cinéma est un programme digne des grands cartoons, tout à la fois drôle, loufoque et instructif !

• LE CORBEAU ET LE RENARDNous sommes au cinéma, et Jean de La Fontaine met en scène sa célèbre fable du Corbeau et du Renard. Mais en a-t-il le talent ? Et a-t-il fait le bon casting ?

• RUMEURSPar une belle après-midi d’été, trois lièvres font la sieste au beau milieu de la jungle quand retentit derrière les feuillages un bruit étrange. Pris de panique, les rongeurs s’enfuient, entraÎnant dans leur sillage tous les ani-maux de la jungle. Seul le lion saura les arrêter en révélant, bien malgré lui, l’origine de cette folle rumeur.

• LA LOI DU PLUS FORTUn petit singe fait de très gros efforts pour décrocher une énorme banane. Mais un singe plus gros que lui estime qu’elle lui revient, jusqu’au moment où arrive un singe encore plus fort qui se l’approprie. Le petit singe trouve alors une ruse pour manger la plus grande part de cette banane, mais… à ses risques et périls !

• LA GRENOUILLE QUI VOULAIT SE FAIRE AUSSI GROSSE QUE LE BOEUFPensant réaliser son premier documentaire, Jean de La Fontaine nous livre sa célèbre fable.

• LA POULE, L'ÉLÉPHANT ET LE SERPENTPrenez trois animaux de la ferme, de la jungle et du désert. Ici, une poule, un éléphant et un serpent. Mettez-les ensemble. Secouez ! Vous obtien-drez une fable savoureuse, pleine d’action et de délire.

• LE PINGOUINUn pingouin trouve la banquise trop froide à son goût et décide de se rendre sous les cocotiers. Là-bas, il pourra enfin bronzer ! Mais c’est très chaud les Tropiques, et puis les fruits lui donnent la colique. Finalement, le toboggan sur l’iceberg avec les copains, ce n’est pas si mal…

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JUSQU'AU 6/03

Réalisé par Christophe DUGUAYFrance 2016 1h50avec Dorian Le Clech, Batyste Fleurial, Patrick Bruel, Elsa Zyl-berstein, Christian Clavier, Kev Adams, Bernard Campan...

Scénario d’Alexandra Geismar, Jonathan Allouche, Benoît Guichard, Chrsitian Duguay d’après le roman éponyme de Joseph Joffo

Film visible en famille, à partir de 8/9 ans

La fiction est parfois bien utile aux parents quand la réalité, celle de l’histoire ou du temps présent, peut sembler difficile à expliquer aux plus jeunes. Comment trouver les mots jus-tes qui racontent sans effrayer ? Comment donner un sens à des évènements qui en sont totalement dénués ? Comment transmettre sans pour autant plomber les ailes des nouvelles générations ?Tiré de l’oeuvre autobiographique de Jospeh Joffo, étudiée dans les classes depuis des décennies, Un sac de billes per-met tout cela à la fois. D’une forme très classique et volontai-rement pédagogique, l’histoire est racontée à hauteur de ces deux héros, un enfant et son grand frère adolescent fuyant la terreur nazie, et aborde les sujets les plus douloureux de la seconde guerre mondiale sans angélisme ni pathos exacerbé. L’exil, la douloureuse séparation des familles, la déportation, la France occupée, la résistance, mais aussi les collabos et la haine ordinaire, banalisée et portée par le gouvernement de Vichy.Grave par son sujet, le film réussit toutefois à imposer à la narration quelques temps de respiration nécessaires comme ces instants fugaces de bonheur arrachés à la peur ambiante ; il dit aussi la fraternité et la solidarité de quelques-uns... Un message qui résonne de manière toute particulière en 2017.

Toujours vif, infatiguable témoin de cette page de l’histoire qu’il est plus que jamais urgent de rappeler, Joseph Joffo fut le précieux conseiller de ce film indispensable « À l’heure ac-tuelle, l’histoire que j’ai vécue résonne de manière particulière-ment forte. À cause du terrorisme, des enfants sont contraints eux aussi de fuir. Comme nous il y a 50 ans, ils se retrouvent sur les routes, totalement isolés et livrés à eux-mêmes. J’es-père que le film nous incitera à nous interroger sur le destin de ces enfants et de ces familles déchirés ».

Scolaires chaudement recommandées au : 01 30 37 75 52 (dossier pédagogique sur demande)

Un sac de billes

CÉSAR 2016 : MEILLEUR FILM D'ANIMATION !!!

DU 4 AU 11/03

Réalisé par Claude BARRASfilm d’animation France/Suisse 2016 1h06

Scénario de Céline Sciamma, inspiré du roman de Gilles Paris, Autobiographie d’une courgette. Grand Prix, Festival du film francophone d’Angoulême •

Grand Prix, Festival du film d’animation d’Annecy.

Pour tous, à partir de 8 ans.

Voilà une œuvre tout en nuances et en délicatesse, truffée de petits détails croquignolets qui ne cessent de nous émer-veiller. De passages tragiques en moments rigolos ou poéti-ques, on pénètre dans le monde écartelé des enfants qui ont morflé. De ceux que la société essaie de préserver et tente de réparer en les éloignant de leurs proches qui ne les ont parfois pas épargnés. Mais commençons par le commencement… Ce jour-là est un jour comme un autre dans la vie de Cour-gette. Du moins il commence comme beaucoup d’autres. Dans sa chambre sous les combles, il dessine sur les murs, invente des histoires, des super héros qui le font s’évader. Avec deux bouts de papier, quelques crayons, il se crée tout un monde. Dans le salon au-dessous, sa mère, lovée dans un fauteuil devant un soap opéra à la télé, éructe et rumine : « Tous des menteurs… ». Aigreur et vécu qu’elle cuve dans sa bière. Le sol est jonché de canettes que Courgette vient ré-cupérer histoire de construire des châteaux. Faute de sable ? Pourquoi la marâtre sort-elle de sa torpeur ? Qu’importe… On comprend que ce n’est pas la première fois qu’elle se met dans une rage folle contre son rejeton. Mais cette fois-là, sans penser à mal et pour se protéger, Courgette rabat la trappe de sa chambre sur la tête de sa daronne qui dé-gringole dans le raide escalier… Après une audition au commissariat, Courgette va atterrir dans un foyer d’ac-cueil, loin de ce qu’il a toujours connu… Mais tout n’est pas si sombre. D’abord, le flic qui l’interroge est un vrai gentil. Il s’appelle Raymond et la loi de la gravitation universelle a décidé que son crâne était fait pour recevoir les bom-bes à eau des mômes qui adorent le taquiner. Et puis le foyer qui accueille l’orphelin est une unité à taille humaine. Les autres gosses ne sont pas forcément tendres, principa-lement Simon, qui se prend pour un caïd avec sa banane de rockeur rouquin. Pour lui tout nouvel arrivant est un potentiel bouc émissaire qu’on peut discrètement martyriser. Mais tout n’est pas si simple et derrière les fanfaronnades se cachent des êtres déjà bien égratignés. Le pari éducatif devient alors de transformer cette force dé-vastatrice en envie de vivre, en joie retrouvée. Et heureuse-ment on la sent tapie dans l’ombre, prête à bondir comme un nouveau départ. Elle explose dans les moments de jeux, de jovialité… Surtout à l’arrivée de la petite dernière : Camille. Avec sa voix de flûte alto cassée, ses grands yeux bleus et son sens de la répartie bien aiguisé, elle peut mettre tout le monde en boîte, même ce gros dur de Simon !

Ma vie de courgette

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DU 2 AU 13/03

Réalisé par Lucien JEAN-BAPTISTEFrance 2016 1h35avec Aïssa Maïga, Lucien Jean-Baptiste, Zabou Breitman, Vincent Elbaz, Delphine Théodore, Marie-Sohna Condé...

Scénario de Sébastien Mounier, Ma-rie-Françoise Colombani et Lucien Jean-Baptiste.

On ne peut que se dire en voyant ce film que ce serait un vrai bonheur de se réga-ler un soir au coin du feu d’un goûteux colombo de poulet en compagnie de son sympathique auteur, tant l’actualité nous gave aujourd’hui de sales types qui met-tent si résolument le cap sur le pire des mondes possibles que c’en est de plus en plus déprimant. Alors bonne nouvelle, chers spectateurs, en voici un enfin de « good guy », qui, dans cet « enfer moder-ne » comme disait l’autre, parvient avec sa tête d’honnête homme et un film qui lui ressemble à nous rassurer et à nous faire rire intelligemment d’une humanité en danger constant de sortie de route. Sa recette ? Car il en faut une, comme dans tout bon colombo : un scénario simple et drôle comme un conte de Noël à l’Estaque, mâtiné d’une indécrottable dose d’optimisme et de bienveillance, façon Maurice Chevalier qui chantait

au milieu du siècle dernier « Dans la vie faut pas s’en faire… ces petites misères sont bien passagères… » et de fait, il y a dans Il a déjà tes yeux comme la tran-quille affirmation que, dans un monde perçu aujourd’hui comme parfaitement désespérant, poussent déjà les ger-mes du meilleur, malgré les apparences, alors que beaucoup ne jurent que par le pire. C’est le sens que l’on peut donner à l’inénarrable odyssée de Paul et Sali, un gentil couple, heureux et amoureux à qui il va en arriver une bien bonne… Dans une vie qu’ils embrassent à plein bras, il ne leur manque qu’un enfant et c’est désormais possible, après des mois d’attente, après que leur dossier d’adop-tion a enfin été validé. Ils vont devenir parents ! Et parents de Benjamin, c’est le top du top : Benjamin est un adorable bébé blond à la peau claire et aux yeux bleus… sauf que Pierre et Sali sont tout ce qu’il y a de noirs ! D’abord surpris, le couple craque devant la bouille de Benja-min qu’ils accueillent avec joie. Mais Sali sait que la présentation du bébé à ses parents va être un poil compliquée. De plus, cette adoption ne fait pas l’unanimi-té dans la sphère bureaucratique concer-née où certains parlent « d’expérience » : un gros mot chez les fonctionnaires zélés qui doivent contrôler la bonne prise en charge du bambin et qui se méfient de

cette adoption inhabituelle… L’acteur-réalisateur Lucien Jean-Baptiste préfère une comédie bien menée aux longs discours plombants pour extermi-ner les préjugés, à croire que la bonne fée Coline Serreau s’est penchée sur le couffin de Benjamin. A un éventail de situations qui trimballent leur lot de blocages et de préjugés, traités avec habileté et finesse, s’ajoute ici une bonne louche de répliques irrésistibles qui font mouche, servies par des acteurs qui fonctionnent en sym-biose. Aucune ironie méchante, aucune acrimonie, encore moins de vulgarité. Ici, la vérité sort, comme toujours, de la bouche des jeunots : on n’oubliera pas la formidable discussion de la sœur de Sali avec son père qui refuse de reconnaître le bébé parce que ce n’est pas dans « l’or-dre des choses » (« tu as quitté ton pays pour venir travailler dans un pays étran-ger… Était-ce dans l’ordre des choses ? » réplique-t-elle entre autres) et même si la fin relève du feu d’artifice désopilant, cette comédie sociale fait un bien fou. Aux côtés de la splendide Aïssa Maïga, Zabou Breitman se régale à jouer les fausses méchantes, puis les vraies gen-tilles, pendant que Vincent Elbaz, copain rêveur et gaffeur impénitent, réalise une ébouriffante composition. Quand à Ben-jamin… on l’adopterait !

IL A DÉJÀ TES YEUX

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Coup de cœur absolu !!!! OURS D'ARGENT - PRIX DU JURY BERLIN 2017Rencontre exceptionnelle le vendredi 31 mars à 20h30 à Utopia St-Ouen l'Aumône

à l'issue de la séance avec le réalisateur Alain Gomis

À PARTIR DU 29/03

Réalisé par Alain GOMISFrance 2017 2h05 VOSTF (langue ori-ginale : lingala)avec Véro Tshanda Beya, Papi Mpaka, Gaetan Claudia & le Kasai Allstars…Scénario d’Alain Gomis, avec la colla-boration de Delphine Zingg et Olivier Loustau

FESTIVAL DE BERLIN 2017 : GRAND PRIX DU JURY

La nuit bat son plein… Dans un bar som-bre de Kinshasa se distraient les hom-mes. Quelques femmes trainent égale-ment, plus là pour épater la galerie ou travailler que pour s’amuser elles-même. Parfois une serveuse remet une main ba-ladeuse à sa place. Parfois le ton monte. Moments de beuverie désabusés. Ici, qu’on refasse le monde avec les copains ou qu’on l’observe en solitaire, ça ne change rien à l’affaire. Nul n’est dupe. L’alcool est un éphémère antidote contre les vieux démons de chacun. Une fois la bouteille bue, viendra le moment de re-partir seul ou pas très bien accompagné dans la moiteur de son antre. Pour fuir l’inévitable solitude, on traîne en espé-rant trouver un peu de chaleur humaine. Ce pourrait bien être une quête vaine… Mais non ! Car s’élève une voix intem-porelle, profonde, puissante, magnéti-

que. La voix de Félicité qui berce, vous transporte ailleurs, dans une forme de rêve, de méditation, peut-être même de transe. Elle semble réveiller la vie, alors que le regard de la chanteuse semble étrangement vouloir la fuir. Nul besoin de comprendre les mots, la mélodie éviden-te, éternelle, raconte tout à leur place : le présent intimement entrelacé au passé, le réalisme à l’onirisme. Mélange de tra-dition et de modernité sur lequel le temps n’a plus d’emprise. Après tout, ce que nous appelons l’avenir deviendra un jour un passé immémorial pour nos lointains descendants. Tabu, mécanicien bien charpenté (et bien alcoolisé pour l’heure), semble comme hypnotisé, transfiguré. Il oublie l’espace d’un instant ses manières brutes, ses provocations violentes qui escamotent ses bons côtés. Impossible de résister à cette vague douce qui le transperce. Son regard de mauvais démon prend des airs angéliques. Mais cette belle femme plantureuse à la voix chaude, qui n’a pas l’abord facile, n’est certainement pas pour lui. La soirée finira donc, comme trop souvent, en queue de poisson… Le matin venu, le réveil est lent et rude pour les noctambules. On retrouve Félici-té le regard sombre, accablée par la cha-leur pesante de sa piaule sans charme. D’autant plus mal lunée que son réfrigé-rateur est en panne. Quand le réparateur qui se présente se trouve être le même Tabu qui a semé la zizanie sur son lieu de travail, elle est d’autant moins encline à lui accorder sa confiance. Elle lui fait la leçon, le rembarre. Lui la regarde bien penaud… C’est par là que va commen-cer leur étrange aventure… Qui pourrait-

être classique mais ne le sera pas ! Si le récit débute dans une forme aux codes familiers, c’est pour mieux nous ferrer et il va vite s’en émanciper de manière brillante, extrêmement vivante. Son origi-nalité et sa richesse prennent racine dans ses interstices. Tantôt des silences habi-tés de mille voix nous propulsent dans le songe d’une nuit équatoriale. Tantôt les envolées lyriques du « Fratres » d’Arvo Pärt jouées par un incroyable orchestre symphonique surgit de nulle part font naître en nous un véritable sentiment d’élévation. De purs moments de grâce, hypnotiques, où l’on se sent trimballés comme d’impuissants fœtus dans une matrice à la fois rassurante et immense, universelle. C’est un cinéma des contras-tes, lumineux, qui n’occulte jamais pour autant la part d’obscurité des hommes et de leur société. Quand Félicité va apprendre que son fils a eu un accident de moto, tout va bascu-ler. Ici, au Congo, nulle sécurité sociale pour les indigents. Le système est sans cœur et on opère uniquement ceux qui ont les moyens de payer. Pour sauver la jambe de l’adolescent, il faudrait accu-muler une montagne d’argent. Voilà cette femme digne, qui jamais n’a quémandé, prête à pulvériser tous les obstacles. Comme si la peur de la perte la ramenait elle-même à la vie.Cette détermination tenace, énergique, sans concession va ébranler Tabu, qui, oubliant presque de la désirer, va se met-tre à son service, sans plus rien attendre en retour. Et si l’impossible rédemption tenait en cela… tout simplement donner au lieu de prendre…

FÉLICITÉ

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AU ROYAL UTOPIA DE PONTOISE LE 13 AVRIL

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À PARTIR DU 29/03

Écrit et réalisé par Yan ENGLANDQuébec 2016 1h46avec Antoine-Olivier Pilon, Sophie Nélis-se, Lou-Pascal Tremblay, David Boutin, Patrice Godin...

Primé au Festival du film indépendant de Venise, au Festival de Namur, au

Festival d’Angoulême.

« Qu’on ne me dise pas que seize ans est le plus bel âge de la vie »… pourrait dire Tim, qui étouffe de refouler le tumulte qui bouillonne en lui, se cogne contre ses murs intérieurs, n’offrant pourtant aux regards qu’une surface lisse, une belle gueule d’ado blond qui sourit peu et ne sait comment réagir aux violences de ceux qui l’entourent. Car elle est violente la vie au lycée, ponctuée par les brima-des de petits mâles dominants qui cher-chent constamment l’affrontement, pour s’affirmer, pour épater les jolies filles… prenant pour cible avec un sadisme mé-

chant ceux qu’ils sentent fragilisés par une différence qui les encombre, par des incertitudes qui les déstabilisent. Dans ce lycée du Québec, ils forment une petite bande menée par un beau brun sportif et arrogant qui use et abuse de son ascendant sur les autres, il s’appelle Jeff et Tim devient vite sa cible préférée. Tim (comme timide) a un seul ami qu’il entraîne dans sa passion pour la chimie et les expériences explosives (une fa-çon d’extérioriser de façon vengeresse une souffrance non dite ?). Un ami qui l’attire et le trouble, sans qu’il puisse l’admettre, allant jusqu’à le renier de-vant ses camarades. Cette trahison, ajoutée au harcèlement de la brochette de jeunes cons de sa classe aura des conséquences funestes. Se sentant res-ponsable, douloureux d’avoir rejeté son ami au moment où il aurait dû faire face, Tim restera définitivement tourmenté par un sentiment terrible de culpabilité. Incapable de dire sa souffrance à d’autres, il va alors s’enfermer en lui-même encore davantage. Ni l’affection complice de son père qu’il aime, ni la vigilance de son prof-entraîneur qui capte bien ce qui se joue dans la tête des ados et fait ce qu’il peut, ni Nelly qui lui voue une amitié pro-fonde autant que perspicace et le sou-tient sans jamais se laisser intimider… ne sauront trouver les mots qui décoincent. Son désir de vengeance va devenir une obsession. Fort d’un talent certain

pour la course à pied, et parce que le petit salopard qui fait la loi dans le ly-cée en rêve jusqu’à l’obsession depuis toujours, il va se polariser sur la seule revanche qui est à sa portée : rempor-ter le 800 mètres de la compétition qui se prépare… 1 minute et 54 secondes, c’est le temps que doit faire Tim (comme Time) pour battre Jeff et l’entraînement ne va pas être facile, tourmenté par ce qu’il ne s’avoue pas à lui même et l’ob-session de le cacher aux autres, déchiré par des sentiments confus où s’entre-mêlent un désir immense d’amour mais aussi la haine des autres, la honte de soi, la rage de vaincre, de s’affranchir de la douleur… Tim court et court encore, contre lui même, contre le temps, contre les autres, contre ce qui l’oppresse… Tim (Antoine-Olivier Pilon découvert dans Mommy de Xavier Dolan) est exception-nel de tension et de complexité. Jeff (Lou-Pascal Tremblay) est parfait dans le rôle de jeune kéké à l’arrogance imbécile. Mais ce thriller psychologique autant que sportif raconte aussi le cataclysme que peut provoquer une simple photo postée en trois clics sur internet, amplifiant de façon paroxystique les effets d’un harcè-lement qui pourrissait déjà la vie d’esprits fragilisés à un moment où l’adolescence se cherche, incertaine et instable, provo-quant des blessures durables et parfois sans retour possible.

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CÉSAR 2016 : MEILLEUR FILM et MEILLEURE ACTRICE

DU 2 AU 7/03

Réalisé par Paul VERHOEVENFrance 2016 2h10avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Anne Consigny, Charles Berling, Virginie Efira, Judith Magre...

Scénario de David Birke, d’après le roman "Oh..." de Philippe Djian (Gallimard).

Une fois de plus, ce film est l’occasion d’une performance exceptionnelle de la décidément immense Isabelle Huppert, dans un personnage qui par certains cô-tés pourrait évoquer celui de La Pianiste de Michael Haneke qui lui avait valu, en 2001, un prix d’interprétation à Cannes. Comme dans La Pianiste, Isabelle Hup-pert incarne une femme respectable et installée. Elle est ici Michèle, dirigeante d’une société de création de jeux vidéo qui a tout réussi, même son divorce… Belle maison dans la chic banlieue ouest de Paris, fils bordélique mais aimant. Rien ne semble pouvoir obscurcir sa vie de femme épanouie et indépendante.

Jusqu’au jour où, brisant le calme paisible de sa demeure, surgit un agresseur mas-qué, et la violence du viol est d’autant plus terrifiante qu’elle surprend totalement. Une fois le choc passé, le plus troublant est peut-être la réaction de Michèle : au lieu d’appeler médecins, policiers… elle va prendre un bain, panser un peu ses plaies, prétendre auprès de son fils et de ses amis une chute de vélo, et conti-nuer de vaquer à ses occupations per-sonnelles et professionnelles habituelles. Elle va juste se contenter de demander à faire changer ses serrures… Et puis, sentant au fond d’elle même que son agresseur masqué ne lui est peut-être pas inconnu, elle va mener l’enquête, chasser le prédateur… Est ce l’un des brillants et inquiétants créateurs de jeu pour adolescents, un peu trop accros à l’adrénaline et aux plaisirs violents ? Ou quelqu’un d’encore plus proche ? Elle est un thriller psychologique haletant, volontiers malaisant comme disent en-core nos cousins québecois, que n’aurait pas renié le grand Alfred. Un thriller qui plonge aux tréfonds des recoins les plus sombres de l’âme humaine, autant celle de l’agresseur présumé, dont le spec-tateur doute jusqu’au bout de l’identité, que de sa victime, dont la psychologie est parfois tout aussi inquiétante. Et le film – qui fera probablement débat, voire déplaira viscéralement à certain(e)s – pose la question intime de la réaction à une agression aussi terrible qu’un viol, quand on est en l’occurrence une femme indépendante qui a toujours géré sa vie sentimentale, sexuelle et profession-nelle d’une main de fer, en l’occurrence encore quand on a vécu une enfance marquée par le tragique et la violence. On ne s’étonnera pas que Paul Verhoe-ven – que certains journalistes facétieux ont affublé du sobriquet de « hollandais violent » – se soit intéressé à cette intri-gue plus que troublante imaginée par Phi-lippe Djian dans son roman Oh. Verhoe-ven, qui a débuté dans les années 70 aux Pays Bas avec des films qui plongeaient dans les rapports ambigus entre le sexe, le plaisir et la violence (il faut découvrir d’urgence le génial Turkisch Delices avec Rutger Hauer), s’est ensuite illustré avec des films hollywoodiens qui ont toujours combiné le spectacle, le divertissement et une vision extrêmement dérangeante de l’humanité et des systèmes sociaux dont elle s’est dotée (La Chair et le sang, Ro-bocop, Total Recall, Starship Troopers…). Aujourd’hui, à bientôt quatre-vingts ans, Paul Verhoeven n’abandonne rien de ses thématiques inconfortables ni de ses obsessions périlleuses. Il a en revanche acquis une maîtrise de son art du récit et de la mise en scène qui en favorise une expression sinon plus forte, en tout cas plus subtile.

ELLE

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À PARTIR DU 22/03

Écrit et réalisé par Martin PROVOST France 2017 1h57avec Catherine Frot, Catherine Deneuve, Olivier Gourmet, Quentin Dolmaire, My-lène Demongeot...

C’est un film ample et magique qui or-chestre la rencontre à l’écran de deux fabuleuses actrices. Frot et Deneuve, les deux grandes Catherine, dont les carriè-res semblaient ne jamais vouloir se croiser. Leur duo dans Sage femme irradie d’une complicité contagieuse, à la fois subtile et intense. Émouvantes sans pathos, comi-ques sans surjouer, on se délecte de les voir glisser, telles des funambules virtuo-ses, sur un fil ténu qui oscille au-dessus du grotesque ou du drame, sans jamais sombrer dans l’un ni dans l’autre. Quant à Olivier Gourmet, en camionneur solide, sorte d’ange gardien païen, humble et perspicace, il est tout simplement divin !

Avoir réuni tout ce petit monde à l’écran, savoir lui donner vie, n’est pas le moindre talent de Martin Provost (le réalisateur de Séraphine). L’intrigue est là, prenante. Elle brode en filigrane un pamphlet per-cutant pour une société plus juste où la finance ne prendrait pas le pas sur l’humain. C’est d’une beauté simple et saisissante comme tous ces petits riens de l’existence qu’on oublie trop

souvent d’admirer et qui s’accumulent pêle-mêle devant nos sens engourdis. Les reflets sur l’asphalte mouillée après la pluie, les murmures de la nature, la sensualité d’une main qui s’avance, ti-mide, la patience des graines, le premier frisson d’un nourrisson : son premier cri, sa première larme, son premier sourire. De tout cela, sans bêtifier, Claire (Ca-therine Frot), sage-femme de son état, ne se lasse pas. Pourtant, il y aurait de quoi ! Oh ! combien de vagins, combien de fontanelles elle aura vu passer entre ses mains expertes en trente ans de car-rière ! Des bébés de toutes les couleurs, des pour lesquels tout paraît d’emblée facile, d’autres dont la première bouf-fée d’air semble moins insouciante, plus amère. Des mères parfois battantes, radieuses, parfois effrayées… Même rituels toujours renouvelés… Pourtant aucune lassitude dans les gestes pré-cis de Claire et de ses consœurs, leurs expressions sont plus éloquentes qu’un long discours. Malgré les gémissements, la sueur et le sang, chaque nouvelle mise au monde reste aussi grisante et précieuse que la toute première fois. Et c’est vidée de toute énergie, après ses heures de garde, que notre sage-femme s’en retourne vers sa cage d’immeuble en banlieue pour s’endormir, alors qu’au loin, Paris s’éveille. Une vie de célibatai-re réduite à peu de choses à côté d’un

métier si prenant. Cultiver son jardin (un petit lopin ouvrier), regarder les salades et son grand fils (étudiant en médecine) pousser… Et surtout respirer, pédaler au grand air, se ressourcer pour pouvoir en-core donner le meilleur aux prochaines parturientes qui ne manqueront pas de venir frapper à la porte du service public. C’est un coup de téléphone qui va ve-nir briser l’apparente quiétude de Claire, une voix surgie de son adolescence, et qui la propulse des décennies en arrière. Cette voix au bout du fil, celle de Béa-trice (Catherine Deneuve), l’ancienne amante de son père défunt, est comme une claque qui résonne, synonyme d’un impossible pardon… Claire raccro-che aussi sec. Mais Béatrice insiste… L’espace d’un premier rendez-vous, voilà deux antithèses réunies : l’une, telle la four-mi, sérieuse, méticuleuse, responsable ; l’autre, telle la cigale, hâbleuse, joueuse, rêveuse. L’une s’oubliant pour les autres, l’autre ne vivant que pour attirer leurs re-gards, surtout celui des hommes… Entre l’une et l’autre, des choix de vie irrécon-ciliables. Entrevue tendue et explosive entre deux aimants à la polarité opposée. Claire, pour oublier l’interlude, se réfugie derechef dans ses plantations, essayant de retrouver le calme… Mais un malheur n’arrivant jamais seul, voilà que le fils d’un vieux voisin malade vient troubler sa solitude… Elle prend des airs renfrognés pour dissuader l’intrus (Olivier Gourmet)… Car Claire est bien décidée à ne laisser ni le passé ni le monde extérieur péné-trer dans son intimité. Ce cocon intérieur dans lequel elle se protège, depuis des années, mais où elle oublie peut-être un peu de vivre, il va bien falloir qu’elle en brise un peu la carapace…

SAGE FEMME

La séance du vendredi 24 mars à 20h30 à Utopia St-Ouen l'Aumône sera suivie d'une rencontre avec le réalisateur MARTIN PROVOST

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AVANT-1ÈRE LE LUNDI 3 AVRIL À 20h30 À UTOPIA ST-OUEN L'AUMÔNE en présence de la co-réalisatrice italienne Tizza Covi et d'un représentant de Europa Cinémas, regroupement de cinémas d'art et essai européens. ( le film a reçu le prix Europa Cinémas au Festival de Locarno ).

Séance précédée à partir de 19h30 d'une dégustation de délicieux antipasti ( charcuterie et fromages italiens, artichauts , tomates séchées , etc... ).

Prévente obligatoire à partir du 8 mars pour la formule assiette + film ( 12 euros ) jusqu'au vendredi 31 mars . Possibilité de déguster également sur place un verre d'un délicieux vin biodynamique italien. Possibilité de voir le film seul

Tizza Covi et Rainer FRIMMELItalie / Autriche 2016 1h30 VOSTFavec Tairo Caroli, Wendy Weber, Arthur Robin, Lilly Robin...Scénario de Tizza Covi

Festival de Locarno 2016 : Prix du meilleur film européen décerné par Europa Cinémas, Prix international de la critique

MERVEILLEUX FILM À VOIR PAR TOUTELA FAMILLE À PARTIR DE 10 ANS

A Utopia, on ne s’en cache pas, on a nos chouchous, celles et ceux dont on guet-te les nouveaux films avec excitation et bienveillance, dans un compagnonnage naturel entre auteurs et lieux de diffusion. Il y a les plus évidents, les plus média-tiques, on avoue notre admiration pour Ken Loach, notre affection pour le duo Delépine/Kervern, notre respect pour le cinéaste singulier israëlien Eyal Sivan, résistant dans son propre pays à l’idéo-logie dominante. Et puis il y a ceux qu’on suit peut-être plus discrètement parce que leurs films sont plus rares, moins ex-posés. En 2009, tous les Utopia avaient défendu le film singulier d’un couple de réalisateurs non moins singuliers : La Pi-vellina, des italo-autrichiens Tizza Covi et

Rainer Frimmel. Un film délicieux et trou-blant parce qu’entre réalité et fiction (les comédiens n’en étaient pas vraiment, ils jouaient leur propre rôle, même si l’histoi-re était écrite), il montrait un milieu qu’on ne voyait jamais, celui des petits cirques itinérants, qui posent leurs chapiteaux dans les banlieues pauvres des grandes villes italiennes. Un monde bouleversé par la découverte d’une adorable petite fille abandonnée. Un film emballant sur la formidable solidarité des plus fragiles, des exclus. Ce qui force l’admiration chez notre duo, c’est que depuis 15 ans (leur premier documentaire date de 2001), ils creusent le même sillon, s’attachant tou-jours au même milieu, et c’est bien sûr le cas avec Mister Universo. Mister Uni-verso prend pour personnage principal le jeune Tairo. Dans La Pivellina, il avait 14 ans, il est ici devenu un dompteur brillant et courageux, compagnon de Wendy, la fascinante contorsionniste. Un garçon qui entretient un rapport amusant, affec-tueux et bouleversant avec ses grosses bêbêtes à crinière de 200 kilos qui pour-raient le déchiqueter en quelques secon-des. Un superstitieux qui, avant chaque entrée dans la cage des fauves, touche son fer à cheval, un fer fétiche tordu à la main par un monsieur muscle de pas-sage au cirque alors qu’il n’avait que cinq

ans. Mais voilà, un soir il se rend compte que son porte-bonheur a été dérobé, peut-être par un rival jaloux. Et tétanisé par cette perte, il va se lancer dans une quête à travers l’Italie pour retrouver Mis-ter Universo, cette montagne de muscles depuis longtemps perdue de vue.Mister Universo est, dans la lignée de La Pivellina, un conte merveilleux, poéti-que et drôle sur le monde du cirque que les réalisateurs filment avec précision et amour, avec ses codes surannés mais délicieux, ses personnages étonnants et authentiques. À travers ce monde du cirque, sa volonté farouche de faire vivre sa singularité dans un environnement formaté qui veut le nier, c’est un magni-fique hommage à tous ceux, petits com-merçants de quartier, paysans indépen-dants, artisans aux spécialités de moins en moins sollicitées, qui coûte que coûte luttent contre la disparition de leur mon-de, pour que le nôtre soit moins triste et moins uniforme. En cela la quête a priori dérisoire de Tairo se révèle bouleversante et essentielle, et la scène finale, qui vous passera le cœur à l’essoreuse, en est la quintessence. Mister Universo est le digne héritier du Chaplin des Feux de la rampe, film tes-tamentaire qui signait la fin de Charlot et rendait un magnifique hommage au cir-que, et il fera ressurgir en vous ces sou-venirs d’enfance où l’on s’émerveillait encore, sous des chapiteaux parfois de guingois, de numéros très simples, bien loin des machineries sophistiquées des cirques modernes.

MISTER UnIVERSO

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DU 1er AU 21/03

Écrit et réalisé par Vatche BOULGHOURJIANLiban 2016 1h45 VOSTFavec Barakat Jabbour, Julia Kassar, Mi-chel Adabashi, Toufik Barakat, Nassim Khodr, Abidou Bacha...

Tramontane : vent violent et froid. C’est bien un souffle glacé qui parcours le corps tout entier de Rabih, jeune mu-sicien aveugle lorsqu’il découvre, au détour de ce qui ne devrait être qu’une banale formalité, le gouffre mémoriel qui surgit sous ses pas… Rabih, brillant per-cussionniste et chanteur, est invité avec sa chorale à se produire en Europe à l’occasion d’une tournée. L’occasion rê-vée pour ce jeune homme de découvrir le vaste monde, loin de son Liban natal, de sortir du nid familial dans lequel il a toujours évolué, à la fois chéri et infanti-lisé par sa mère, à cause de son handi-cap. Lors des formalités pour obtenir son passeport, il découvre qu’il n’est pas le fils biologique de ses parents ! Comme un air de Tabl, le tambour traditionnel sur lequel il agite habilement ses doigts, cet-te terrible révélation fait résonner l’écho entêtant de sentiments complexes. D’abord le choc. Un coup. Ensuite la colère. Un coup. Et puis la quête. Un coup. Car Rabih veut connaître l’origine du mensonge et par là-même la vérité de sa naissance. Pourquoi un rempart

de silence édifié depuis toutes ces an-nées ? Pourquoi ce passé ressurgit-il maintenant, à l’instant même où sa soif d’émancipation est la plus forte ? Qui est-il réellement ? Quelle est son histoi-re ? Quel récit, terrible ou pas, sa pré-sence sur cette terre déroule t-il ? Sans pouvoir obtenir de la part de sa famille de réelles réponses, il décide alors de partir seul sur les traces de son passé. Au delà de la quête intime, tiraillé entre la peur de ce qu’il peut découvrir et l’éviden-te nécessité d’affronter le réel quoi qu’il lui en coûte, son parcours va l’amener au cœur d’un pays meurtri par des années de guerres et de conflit, là où le silence des morts a imposé son implacable loi.

On le voit, la métaphore de Tramontane, premier et remarquable long-métrage de Vatche Boulghourjian, n’est pas très difficile à déchiffrer : quarante ans après le début de la guerre civile, alors qu’elle menace toujours de reprendre, le Liban ne peut affronter on passé, et tous les ef-forts pour l’éclairer sont voués au mieux à l’indifférence, au pire à l’échec. La mé-taphore a ici aussi un corps et une voix, celle de Barakat Jabbour, chanteur, per-cussionniste, violoniste, dont les talents sont utilisés pour esquisser une autre ré-ponse : la vérité se trouve peut-être dans des textes moins explicites que les livres d’histoire, des partitions par exemple. Cette inflexion de la réflexion historique vers l’émotion esthétique est accentuée par la sensualité des paysages libanais filmés, tout au long du périple de Rabih, avec une grâce infinie, comme le sont également les scènes musicales, subli-mes et profondes, qui apportent à ce récit un souffle bien plus doux et chaud que celui de la tramontane.

TRAMONTANE

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Séance unique LE MARDI 7 MARS à Utopia Saint-Ouen l'Aumônedans le cadre de la journée internationale pour les droits des femmes

organisée par l'Association « Du Côté des Femmes » de Cergy , suivie d'une rencontre avec la réalisatrice Nassima Guessoum.

Réalisé par Nassima Guessoumdocumentaire Algérie / France 2014 1h16

Nassima Hablal a combattu durant la guerre d’Algérie dans les rangs du FLN, aux côtés de 10948 autres femmes. La réalisatrice Nassima Guessoum va à sa rencontre et la filme chez elle, dans son

intimité, avec ses amies, pour l’écouter lui raconter son histoire, l’entendre lui confier ses souvenirs et ses regrets.Documentaire libre, œuvre féministe et portrait intime, 10949 femmes est tout cela à la fois, un film dans lequel la pe-tite et la grande histoire, le passé et le présent se rencontrent autour d’un café, d’une table de salon ou dans une cuisine. Nassima Guessoum, tout entière vouée à son sujet, ne cherche pas forcément le beau cadre ou la belle image. Le fil-mage, naturaliste et au plus près de Nas-sima Hablal, héroïne romantique, vivante et solitaire, femme libre et combattante. 10949 femmes dresse le portrait d’une dame au crépuscule de sa vie qui, même si elle en a trop vu, continue d’être joyeu-se, d’exister envers et contre tout.

Sous une apparente simplicité, se des-sinent une certaine complexité ainsi qu’une multitude de thèmes. 10949 femmes propose aussi une réflexion sur le cinéma et le rôle des images. Sur la façon dont elles montrent les choses et peuvent construire l’Histoire. Aux images télévisuelles qui mettent en avant le rôle des hommes dans la guerre d’Algérie et ses commémorations, Nassima Gues-soum oppose le rôle des femmes dans le conflit, par le témoignage de son héroïne, mais aussi par ceux de certaines de ses amies ou camarades de prison. Le film alterne les moments joyeux, les instants complices entre la réalisatrice et Nassi-ma Hablal avec d’autres passages plus graves qui évoquent la torture, la mort et la manipulation.Avec ce retour sur la guerre d’Algérie, Nassima Guessoum signe une ode aux femmes pleine de pudeur, qui donne la parole à ces oubliées de l’Histoire, tra-versée par des notes d’humour et de mélancolie.

(Thomas Roland, Culturopoing)

10949 FEMMES

Le mot de Du Côté des Femmes

Le 8 mars, journée « interna-tionale », est celle de la so-lidarité avec les filles et les femmes du monde entier, celles qui souffrent des vio-lences domestiques au quo-tidien, mais aussi des vio-lences multiples, d’Etat ou des groupes armés…

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ET À PARTIR DU 29/03

Réalisé par Arnaud des PALLIÈRES

France 2016 1h51avec Adèle Haenel, Adèle Exarchopou-los, Solène Rigot, Gemma Arterton, Vega Cuzytek, Jalil Lespert, Nicolas Duvau-chelle, Sergi Lopez, Karim Leklou... Scénario de Christelle Berthevas et Arnaud des Pallières.

C’est un récit surprenant, aussi désta-bilisant que fascinant, écrit par les deux orfèvres du scénario que sont Arnaud des Pallières et Christelle Berthevas, qui avaient déjà composé ensemble Michael Kohlhaas, remarquable western moye-nâgeux avec Madds Mikkelsen, d’après une nouvelle d’Heinrich Von Kleist. Cette fois c’est un scénario original, l’intrigue est bien actuelle, en tout cas son point de départ puisque nous allons découvrir à rebours dans le temps les quatre vies d’une jeune femme, tour à tour enfant campagnarde et malheureuse, adoles-cente fuyant un père violent et perdu, jeu-ne fille aventurière et indépendante aux liaisons dangereuses et enfin future mère et directrice d’école installée avant que…

Tout commence donc par la fin quand la vie de Renée, institutrice en couple avec le beau Darius, va basculer, ramenant à la surface un passé tourmenté et secret. Le scénario a été inspiré à Christelle Berthe-vas par des éléments autobiographiques mais aussi par le livre de la psychothé-rapeute Hélène Castel qui, à vingt ans, avait participé à un braquage sanglant, puis avait fui à l’étranger et refait sa vie au Mexique où elle avait donné vie à un enfant avant d’être rattrapée par la justice juste avant la prescription de sa condam-nation par contumace… Dans ce film très charnel, où il est beaucoup question des différentes peaux que l’on endosse tout au long de notre vie et de ses rebondis-sements, Arnaud des Pallières a fait le parti audacieux – et parfaitement réussi ! – de confier à quatre actrices différentes les quatre âges de la vie du personnage, qui par ailleurs est doté de quatre pré-noms différents, dans un jeu de pou-pées russes qui se dévoilent alors que défilent à rebours les différentes étapes. Une fois passé l’épisode de l’enfance, les trois âges sont incarnés par des ac-trices emblématiques dont le réalisateur exploite aussi à fond l’identité qu’elles

véhiculent de par leurs rôles passés. Renée, vingt-sept ans, est habitée par Adèle Haenel la combattante, toute en détermination et en violence retenue. Adèle Exarchopoulos telle que révélée par La Vie d’Adèle est Sandra, vingt ans, la jeune fille indépendante et sensuelle qui va se jouer des hommes par tous les moyens. Et Solène Rigot (qu’on peut voir aussi dans La Confession), visage encore enfantin sur un corps de femme, est Karine, treize ans, adolescente qui étouffe dans la casse de son père fer-railleur, prête à tout pour le fuir, y compris suivre d’autres hommes bien pires. Bien que très dissemblables physiquement, le talent exceptionnel des trois actrices les rend totalement crédibles pour incarner les trois âges de ce personnage multiple, emporté par les tourbillons d’une vie. Quelques personnages secondaires sa-voureux constituent le fil directeur entre elles : superbe de sensualité trouble, l’actrice anglaise Gemma Arterton est un fascinant fantôme du passé, escroc troublante adepte des champs de cour-ses et des jeux dangereux. Sergi Lopez est quant à lui un ogre amateur de toute jeunes filles… À travers ce récit en quinconce mené avec un brio époustouflant, qui littérale-ment incarne les différentes facettes de son personnage central, le film livre un puissant plaidoyer féministe, magnifiant une héroïne marquée par un drame ori-ginel, qui dirige son destin au milieu puis au-dessus des hommes dont elle a payé le prix fort pour connaître les faiblesses. Très très fort !

ORPHELINE

Le mot de Du Côté des Femmes

Le 8 mars, journée « interna-tionale », est celle de la so-lidarité avec les filles et les femmes du monde entier, celles qui souffrent des vio-lences domestiques au quo-tidien, mais aussi des vio-lences multiples, d’Etat ou des groupes armés…

AVANT-1ÈRE / PETIT-DÉJEUNER DÉCOUVERTE DIMANCHE 26 MARSà Utopia Saint-Ouen (rendez-vous au café Stella à 10h45, séance à 11h15)

LE CONCEPT : à vous les croissants, à nous le chocolat chaud, le thé et le jus d'orange - Tarif unique : 3,50 euros

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Bienvenue aux titulaires du Pass-Campus!Le Cinéma Utopia propose la place à 3,50 €

aux étudiants titulaires du Pass Campus.

De quoi s’agit-il ?Pour 5€ par an, ce dispositif permet d’obtenir des tarifs préférentiels dans les lieux culturels, sportifs et de loisirs de Cergy-Pontoise, ex : piscine à 1€, -25 % sur des activités de l’île de loisirs…Inscription au Centre Information Jeunesse du Val d’Oise, à Cergy

Plus d’informations: Centre Information Jeunesse 95 1 place des arts - 95000 Cergy 01 34 41 67 67 - cij.valsoise.fr

facebook.com/cij95/ - twitter.com/cijvaldoise

DEVANT UtopiaTOUS LES VENDREDIS

ET SAMEDIS À PARTIR DE 19H

JUSQU'AU 6/03

Réalisé par Ludovic BERNARDFrance 2016 1h43avec Ahmed Sylla, Alice Belaïdi, Kevin Razy, Nicolas Wanc-zycki, Wlay Dia...

Scénario d’Olivier Ducray, Ludovic Bernard et Nadir Den-doune d’après son récit autobiographique, « Un Tocard sur le Toit du Monde »

Samy est un petit gars de la Courneuve, des 4000, une des cités les plus pointées du doigts par les rois de l’audimat à sensation. Un jeune gars éperdument amoureux depuis le lycée de Nadia, une très très jolie employée du supermar-ché voisin. Alors un soir, Samy, un peu désespéré, balance la phrase ultime, celle qu’on regrette d’avoir dit trente secondes plus tard : « Pour toi je gravirai l’Everest ! ». Et c’est là que Samy prouve qu’il n’est pas un garçon ordinaire : loin d’avoir parlé en l’air, il va mener à bien son projet à coups de gros-ses tchatches et de courage incroyable. Bien qu’aussi formé pour l’alpinisme que moi pour la vie monacale, il va s’inven-ter quelques ascensions de sommets dont il n’a jamais vu le moindre rocher, et va convaincre une radio locale surmotivée de suivre son périple jour par jour pour financer le voyage vers le Toit du Monde... Et le voilà parti au paradis (ou l’enfer) des trekkers surentraînés. Heureusement, une fois sur place, le guide pas dupe va avoir de la bienveillance, et Samy va croiser le chemin d’un super sherpa affublé de tshirts de Jo-hnny Hallyday...Tout cela serait drôle et anecdotique si ça n’était pas libre-ment inspirée d’une histoire vraie. Samy, dans la vraie vie c’est Nadir Dendoune, un journaliste autodidacte géniale-ment frappadingue, 100 % originaire du 93, qui avait déjà entrepris le tour de l’Australie à vélo, et qui depuis a, entre autres, fait de manière totalement indépendante une incur-sion très risquée en Irak, qui lui a valu un petit enlèvement à l’issue heureusement favorable, et a réalisé sans aucun sou-tien institutionnel deux documentaires sur la Palestine. Bref un vrai Tintin. Tout ce que vous verrez dans le film est donc vrai, à l’histoire romantique près (Nadir est juste parti rejoin-dre un ami au Népal après son départ d’un journal francilien bien connu) et ça ne fait que renforcer l’intérêt du film.On retiendra le rendu très touchant de la solidarité des al-pinistes et des sherpas, qui fait écho à celle des gens des quartiers, familles, amis ou tout simplement simples habitants fiers de l’exploit de Samy. Et c’est cela qui nous emporte au final et nous redonne patate et espoir. Car c’est peut-être bien de ces endroits souvent pointés du doigt par les médias dominants comme des zones de non droit, des territoires perdus... bla bla bla... que se cache l’espoir de notre nation.

L'ASCENSION

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Avant-première exceptionnelle le mardi 4 avril à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l'Aumône en présence du réalisateur américain Bill Plympton en collaboration avec l'association Ecrans Vo

et le Festival Image par Image. Possibilité à partir de 19h30 de déguster pour l'occasion avec notre food truck partenaire Crock n' Roule

un délicieux burger spécialement new-yorkais concocté pour l'occasion.

(REVENGEANCE)

Film d’animation de Bill PLYMPTON et Jim LUJANUSA 2016 1h15

Scénario de Jim Lujan, qui par ailleurs donne sa voix à pas moins de 9 person-nages du film (performance époustou-flante!) et a composé une bonne partie de la musique originale !

Youhou ! Voilà le retour du cinéaste d’animation le plus cinglé, le plus indé-pendant, le plus délibérément américain que le monde des petits bonshommes qui bougent ait jamais connu, j’ai nommé Bill Plympton, grâce auquel on ne voit pas le temps passer. Son cinéma nous paraît tellement drôle, tellement enlevé, tellement libre qu’on n’arrive pas à croire que le bougre a déjà sept décennies et quarante ans de carrière ! Cette fois le jeune Plympton s’est acoquiné avec un gamin surdoué de 45 ans, Jim Lujan, et ce duo d’enfer nous offre un vrai festival pétaradant de pépées incendiaires aux formes exagérément protubérantes, de méchants caricaturaux, de sales gueu-les invraisemblables tout droit sorties de

pénitenciers réservés aux serial killers, d’adeptes frappadingues de sectes mil-lénaristes, de courses poursuites dans le désert... Un vrai condensé de l’Amérique malade qui a élu Trump. Au centre de La Vengeresse, il y a d’ailleurs un person-nage parfaitement trumpien, entre spec-tacle, politique, corruption, violence et mafia. Le Sénateur Death Face est un an-cien catcheur, ancien leader d’un groupe de hells angels qui lui servent toujours de garde rapprochée. Il a, grâce à l’argent et à une politique clientéliste parfaitement assumée, grimpé l’échelle sociale jusqu’à se faire élire au Sénat, entretenant son électorat à coups de shows démagos. Ce colosse brutal et borné n’aime pas qu’on lui résiste et quand une jeune donzelle solitaire lui dérobe un objet qui pourrait s’avérer compromettant, il lance à sa poursuite un quatuor de détectives qui ont carte blanche pour récupérer l’objet du délit et lui ramener la voleuse, morte ou vive. Chacun des chasseurs de prime est évidemment en concurrence féroce avec les autres, après tout on est aux States, pays où le capitalisme est sau-vage et tous les coups permis. Dans la bande des quatre, il y a en particulier un petit bonhomme qui ne ressemble à rien,

chauve, rabougri, affublé d’une maman à chats possessive qui dirige l’agence en son absence et qui a pourtant un talent inégalé pour maîtriser les criminels en fuite.Sous le soleil de plomb californien, entre motels miteux et bars de bikers poisseux, Plympton et Lujan créent un univers qui n’a rien à envier à celui d’un Tarantino. Dans cette histoire de jeune fille bien décidée à se venger seule de beaucoup plus fort qu’elle, on pense forcément à l’inoubliable Uma Thurman de Kill Bill, dézinguant à tout va les méchants au bout de son sabre... On sait que Taran-tino est un grand fan de Bill Plympton (dans Kill Bill déjà cité, un des person-nages a son patronyme ) et Plympton le lui rend bien. Scénario enlevé et sans doute plus élaboré que dans les films précédents (un des apports de Lujan), dessin extravagant et agressif, couleurs franches, séquences burlesques d’une drôlerie décapante, Plympton et Lujan nous embarquent à fond de train dans un road movie furieux et dressent le portrait acide et jubilatoire d’une Amérique bien malade à laquelle ils administrent un re-mède de cheval.

LA VENGERESSE

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Séance unique LE MARDI 14 MARS À 20h30 À Utopia Saint-Ouen l'Aumône

suivie d'une rencontre avec l'historien Gilles Manceron spécialiste de la question coloniale, auteur entre autres de Marianne et les colonies dans le cadre de la Semaine anticoloniale

organisée du 4 au 20 mars par l'association Sortir du Colonialisme dans toute l'Ile de France ( ne loupez pas notamment le Salon anticolonial les 4 et 5 mars à la Bellevilloise à Paris )

Réalisé par Viviane CANDASdocumentaire France 2016 1h23

C’est un film passionnant, un docu-ment rare et précieux sur une période pas vraiment connue de notre histoire récente, saisie dans sa dimension per-sonnelle, locale et néanmoins univer-selle. À travers le destin d’un homme engagé, ce sont les destins des peu-ples qui se dessinent, se confrontent, et interrogent notre propre actualité. Viviane Candas part ici à la recherche de ceux qui étaient les compagnons de son père, tué un matin de 1966 sur une route d’Algérie par un camion militaire, et réussit au fil de ce parcours person-nel à nous questionner sur des sujets aussi forts que la pureté en politique, les difficultés à ancrer une belle idée révo-lutionnaire dans la durée alors que, l’in-dividualisme des uns, la soif de pouvoir des autres, la bureaucratie et l’immaturité politique du plus grand nombre la me-nacent autant que les interférences des pays « partenaires ». Ici, le récit factuel ne se dissocie jamais de ce qu’il y a de plus fondamental : le sens des choses, le sens de l’engagement, la difficulté d’agir

dans un contexte où s’exercent des for-ces contradictoires. Pour autant qu’il y ait un lien affectif profond, en suivant les fils de vie qui la relie à l’histoire de son père, jamais Viviane Candas ne cède à la faci-lité et tisse un portrait intense et superbe, à la hauteur d’un homme exceptionnel et modeste, porté par un idéal immen-se et dont les valeurs survivent mal-gré le temps et sa disparition précoce. Yves Mathieu est né en Algérie. Avocat, militant anticolonialiste, engagé très tôt dans les réseaux de la résistance fran-çaise, il devient un des avocats du FLN et continue après l’indépendance à tra-vailler avec acharnement pour donner autonomie et force à cette Algérie qui lui est chevillée à l’âme. Son épouse aussi est avocate et ils participent ensemble à l’alphabétisation des populations, au re-boisement des zones brûlées au napalm par l’armée française, à la mise en place d’un système de santé… Il est un des acteurs du projet d’autogestion des do-maines agricoles, rédigeant les décrets de Mars 1963 sur les biens vacants, il participe aux comités de gestion qui dessinent les contours de la démarche

révolutionnaire qu’engage Ben Bella dès 1963… L’Algérie devient alors « le phare du tiers-monde », le point de convergen-ce de tous ceux qui luttent un peu partout dans le monde pour construire des socié-tés plus justes… Che Guevara y tiendra son dernier discours public (en français). Puis Houari Boumédiène, à la suite d’un coup d’état, prendra le pouvoir et Ben Bella sera mis en résidence surveillée… La lumière n’a jamais été faite sur les conditions de l’accident qui a coûté la vie à Yves Mathieu ce matin là. Il se savait sur-veillé et les réactions de certains proches du pouvoir d’alors laissent entendre qu’ils s’attendaient à une issue de ce genre. Viviane Candas, en sus d’être la fille d’Yves Mathieu, est comédienne, scéna-riste, romancière, réalisatrice (Suzanne, qu’on avait beaucoup aimé il y a déjà dix ans). Son film est riche de rencontres ex-ceptionnelles, d’informations multiples. Au-delà du portrait d’un homme, elle des-sine celui d’un pays à un moment précis, donne à méditer sur son évolution, sur le rôle que la France a pu y jouer…

« Pour que la jeunesse élargisse le champ des possibles et n’aie pas peur de faire de grandes expériences, il faut que la mémoire des expériences précédentes lui soit transmise. Elle trouvera comment s’en servir. »

ViViane candas

ALGÉRIE DU POSSIBLE

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À PARTIR DU 29/03

Réalisé par Lidia TERKI

France 2017 1h23avec Tassadit Mandi, Zahir Bouzerar, Ka-role Rocher, Sébastien Houbani, Marie Denarnaud... Scénario de Lidia Terki et Colo Tavernier.

C’est la très belle histoire de Rekia, une femme algérienne de 70 ans restée au pays, qui décide d’aller chercher à Pa-ris son mari, Nour. Celui-ci, émigré en France 48 ans auparavant, revenait cha-que année en Kabylie, puis repartait de l’autre côté de la Méditerranée, laissant parfois un enfant à venir. Mais depuis quelques années, les seules nouvelles qu’on a de lui, c’est l’argent qu’il conti-nue d’envoyer régulièrement à sa femme. C’est aussi l’histoire tragique de ces vieux travailleurs immigrés, ces Chiba-nis, qui ont bâti les immeubles, extrait les minerais, connu les cadences infernales sur les chaînes de production… avant de comprendre que leur retour au pays serait tellement difficile qu’ils pourraient bien fi-nir leurs jours, invisibles, dans des foyers insalubres, les cheveux blancs, le corps rompu par les travaux les plus pénibles, une tristesse insondable dans le regard. C’est encore l’histoire de Français ordi-naires qui savent encore tendre la main à l’autre à l’heure où ce geste n’est plus dans l’air du temps. Le personnage de

Tara (Karole Rocher, parfaite) nous per-met de rencontrer des Syriens, des Sou-danais qui voient peut-être dans cette femme algérienne qui cherche son mari la mère qu’ils ont laissée au pays ou la fem-me qui pourrait venir les chercher un jour. Au début du film, Rekia prend donc son courage à deux mains, n’écoute pas l’avis unanime de ses enfants qui considèrent que leur père les a abandonnés, rassem-ble ses petites économies et entreprend la grande traversée, celle-là même qu’a effectuée Nour près de cinquante ans plus tôt. Mais cette fois-ci, cet aller so-litaire Alger – Marseille – Paris – banlieue n’a pour but que d’être suivi au plus vite d’un retour avec l’homme qu’elle aimait, qui l’aimait, et avec qui elle veut terminer

sa vie dans la petite maison qui est la leur. Rekia saura-t-elle retrouver Nour et lui insuffler la force de vie nécessaire pour reprendre la place de mari et de père que l’émigration économique lui a vo-lée ? C’est tout l’enjeu de ce premier long métrage de Lidia Terki, un film par-faitement réussi qui, au-delà de cette histoire touchant à l’émigration algé-rienne vers la France des années 70, traite de toutes les immigrations et du cortège de souffrances, de déchirures, de perte d’identité qu’elles entraînent. Paris la blanche, comme la couleur de la page sur laquelle s’écrira, ou non, l’avenir auquel devraient avoir droit un homme et une femme qui s’aiment, en tout cas qui s’aimaient…

PARIS LA BLANCHE

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JUSQU'AU 13/03Écrit et réalisé par Jeff NICHOLSUSA 2016 2h03 VOSTFavec Joel Edgerton, Ruth Negga, Marton Csokas, Michael Shannon, Nick Kroll...

La vraie, belle, formidable réussite de Jeff Nichols, c’est d’avoir su restituer l’huma-nité, la simplicité, le refus catégorique de tout héroïsme de la part de Mildred et Richard Loving, amoureux, amants puis mari et femme, dont la petite histoire se retrouve au cœur d’un de ces tourbillons vertigineux qui façonnent l’Histoire. Pas qu’ils refusent le combat, ils ont si peu à y perdre, mais dans le tumulte qu’ils pro-voquent, ils se mettent volontairement en retrait, avec humilité et dignité. Et le film, d’une classe folle, tout aussi humble et digne, adopte leur regard et leur distan-ce, les magnifie sans en faire des icônes, accompagne leur lutte sans jamais ver-ser dans l’hagiographie, souligne l’émo-tion sans sombrer dans le pathos.C’est que Mildred et Richard Loving ne se veulent en rien exemplaires de quoi que ce soit. Tout ce qu’ils demandent, en définitive, se résume en peu de choses : qu’on les laisse vivre, paisiblement, chez eux, élever leur petite famille, pas trop loin de leurs parents, dans ce petit coin d’Amérique rurale qu’ils ont toujours connu. Problème, et de taille : Mildred est noire, Richard est blanc – et dans l’État de Virginie où ils vivent, en 1958, le Racial Integrity Act en vigueur interdit les mariages mixtes, considérés comme

une « menace à la paix et la dignité de la communauté ».Richard Loving, maçon, un peu charpen-tier, est un taiseux, un rien tête de mule. Blanc, noir, qu’importe : sa famille, sa classe, n’est pas raciale mais sociale. Les ouvriers, artisans, paysans, qu’il cô-toie dans son bled, à la santé desquels il trinque à la fin d’une semaine de labeur, n’ont pas de couleur. Qu’il bricole des carburateurs pour organiser des courses de voitures le dimanche ou qu’il scelle, l’une après l’autre, des briques dans les murs qu’il monte, les maisons qu’il bâ-tit, il avance dans la vie de la même fa-çon : avec l’obstination, la certitude de faire quelque chose de droit, de juste, de bien. De fait, lorsque sa Mildred se retrouve enceinte, il ne cherche pas midi à quatorze heure : ils filent à Washington DC pour légaliser leur union – et ni une ni deux, presque ingénument, reviennent au nid filer le parfait amour et reprendre le train-train de leur vie bien réglée. Ar-rêtés, jugés, ils sont condamnés à de la prison avec sursis, peine assortie de 25 ans d’exil hors du territoire de Virginie. Et comme il leur est dit, ce n’est pas de la ségrégation puisque noire et blanc en-courent la même peine…Transplantée à Washington, ville pleine de bruit, de danger et de fureur, la famille peine à retrouver l’harmonie antérieure. Mais c’est là, à la télévision, que Mildred découvre la figure de Martin Luther King et la grande marche pour les droits civi-ques. Là que la femme noire qu’elle est s’éveille à une conscience politique, là que va naître l’idée et grandir la détermi-nation de se battre pour faire reconnaî-tre son union, ses droits et ceux de sa famille.

L’affaire Loving vs. Virginia (Loving contre l’État de Virginie) est un épisode peu connu chez nous du « mouvement des

droits civiques aux États Unis ». Pour autant, Jeff Nichols ne semble qu’à peine nous raconter le long combat des époux Loving, jusqu’au jugement de la Cour su-prême des États Unis rendant inconsti-tutionnelles toutes les lois interdisant les unions mixtes. Pas de prêchi-prêcha, pas de coups d’éclat ni de confessions tire-larmes, pas de révélations fracassantes ni de vibrantes plaidoiries de tribunal, il fait l’économie de tous les poncifs du genre, laisse tout ce fatras hors-champ. Mais nous invite à partager du temps qui s’étire au quotidien, tout ce qui témoigne à l’évidence du « crime » de s’aimer. Bien que relatant un épisode des années 60, Loving n’a rien de la reconstitution historique traditionnelle et, à 50 ans de distance, tend un miroir à nos sociétés contemporaines, l’Amérique trumpiste au premier chef bien sûr, mais le repli réactionnaire ne semble pas connaître de frontières. Loving (le film) est un beau ré-cit populiste, au vrai sens noble, littéraire, du terme. Un film qui nous raconte avec une empathie non feinte et sans la moin-dre condescendance, que ce ne sont pas les grandes figures héroïques, mais les gens du peuple, des Mildred et des Richard Loving, qui écrivent l’Histoire. C’est rarissime – et absolument enthou-siasmant.

« Je ne suis toujours pas versée dans la politique, mais je suis fière que notre nom à Richard et à moi soit celui d’un arrêt de la Cour qui puisse favoriser l’amour, l’en-gagement, l’équité et la famille, ce que tant de personnes, noires ou blanches, jeunes ou vieilles, homos ou hétéros, recherchent dans la vie. Je suis pour la liberté de se marier pour tous. C’est de ça qu’il s’agit dans Loving (l’arrêt) et dans loving (l’amour). »

(Mildred Loving, en 2007)

LOVInG

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JUSQU'AU 14/03

Écrit et réalisé par STEPHAN STREKERBelgique/Pakistan 2016 1h37 VOSTFavec Lina El Arabi, Sébastien Houbani, Babak Karimi, Neena Kulkarni, Olivier Gourmet, Alice de Lencquesaing, Zacha-rie Chasseriaud...

Noces… Oubliez vite les roucoulades, les romances sucrées, les valses intermina-bles... Et dites-vous que s’il y a une piè-ce montée, ce n’est pas celle à laquelle vous vous attendez. L’ouverture du film annonce la couleur : un panneau rouge sang, un silence lourd comme un repas de fête difficile à digérer... Puis apparais-sent sur l’écran les grands yeux noirs de Zahira, son port de tête impérial, ce drôle

de grain de beauté au milieu du nez. Que pourrait-il bien lui arriver de terrible, à celle-là ? Zahira, belgo-pakistanaise de dix-huit ans, mène une vie de prime abord ordi-naire, court à tout allure quand il s’agit de ne pas arriver en retard au lycée, se tord de rire avec son amie Aurore, glisse des sourires aimants à sa famille, rencontre secrètement son jules, danse sur les mu-siques effrénées des boîtes de nuit, le tout cadencé par les rituels chers à sa foi religieuse. Son grand frère Amir, l’un de ses plus proches confidents, l’accom-pagne dans ses moments de doute. Un quotidien aux antipodes d’une tragédie grecque, en somme.Jusqu’au jour où l’honneur vient mettre sa petite pointe de sel dans l’affaire, ce à quoi Sénèque répondrait dans son ex-

quise toge d’ouate opaline : « L’honneur interdit des actes que la loi tolère ». Voilà, c’est dit : tout déraille. Et sans crier gare, cette Zahira libre comme l’air se retrouve face au dilemme imposé par sa famille : accepter le mariage traditionnel qui lui pend au nez ou ne plus faire partie de leur communauté, tant son refus serait à l’ori-gine d’une turpitude irrémissible. Parfois révoltée (parce que sa conscience lui dit de ne pas plier en deux sa liberté), par-fois résignée (parce que l’amour profond et partagé qu’elle a pour sa famille lui as-sène de se plier en quatre pour elle), Za-hira avance péniblement, tâtonne, teste les limites de chacun, à commencer par les siennes. Elle fuit, revient, repart. Sa grande sœur Hina finira par lui dire : « Il ne faut se révolter que si nous avons la possibilité d’agir ». Un écho désanchanté à cette phrase du « Noces » de Camus : « Et vivre, c’est ne pas se résigner ». Ce très joli film du réalisateur belge Ste-phan Streker a le mérite de questionner les raisons de chacun en échappant aux pièges d’un manichéisme qui aurait été de trop. Les acteurs y sont mesurés, tou-chants, à commencer par Lina El Arabi qui domine le film de sa prestance de grande tragédienne, suivie de près par un Olivier Gourmet aux apparitions bien-veillantes qui, cela ne nous surprend plus vraiment, se montre d’une justesse im-peccable.

NOCES

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neke, l’immense comédienne qu’elle était nous laissera donc avec un rôle tradui-sant une tout autre facette de son talent, un personnage drôlatique et tendre de vieille dame canadienne fantasque instal-lée à Paris et perdant légèrement la boule, qui appelle au secours sa nièce perdue de vue pour lui éviter la maison de retraite. Le film commence au pays des caribous et du sirop d’érable, dans un petit village battu par les tempêtes de neige, où Fiona, la nièce sus-citée, reçoit la lettre à peine cohérente de sa tante Martha. Et voilà la jeune femme un peu gauche, armée de son sac à dos et de son guide, qui quitte sans hésiter sa froidure pour les trottoirs parisiens. Mais rien ne se passe comme prévu, sinon il n’y aurait pas de comédie ! Martha semble avoir déserté son apparte-ment, Fiona se lance donc à sa recherche et va se trouver embringuée dans une suc-cession de péripéties hilarantes qu’on ne vous racontera surtout pas mais qui vont la laisser sans papiers ni argent… Son chemin chaotique va croiser celui de Dom, un clodo chaplinesque qui a construit son petit paradis en toile de tente sur l’Ile aux Cygnes, ce petit coin méconnu do-miné par la statue de la Liberté (enfin sa réplique parisienne bonsaï), coincé entre la Maison de la Radio et la Tour Eiffel. Fiona et Dom, Gordon et Abel, ils sont comme chez eux sur les écrans d’Utopia et nos spectateurs un tant soit peu fidèles ne peuvent pas ne pas les connaître. La grande canadienne rousse à l’air fausse-ment godiche et le grand dadais belge à

l’air faussement ahuri nous régalent de-puis plus de dix ans avec leur cinéma uni-que et délicieux, hommage assumé aux grand burlesque des débuts du muet et à l’art clownesque. Paris pieds nus s’inscrit donc dans la lignée des formidables Ice-berg, Rumba, La Fée, et nous enchante tout pareil. C’est une succession jubilatoi-re de gags visuels qui nous ravissent dès les premières séquences : ah, cette petite bibliothèque au Canada où tout le monde est soufflé par la tempête de neige à cha-que fois que quelqu’un ouvre la porte ! À part ça, le film porte bien son titre et se révèle un superbe hommage à Paris, son architecture unique, son fleuve (tout se passe essentiellement sur ses berges de la Seine), la liberté des Parisiens avec une scène géniale sur les poutrelles de la Tour Eiffel : clin d’œil très clair aux génies du burlesque, Keaton, Chaplin ou Harold Lloyd qui ont de leur côté célébré leurs villes respectives, New York ou Los Ange-les. L’art clownesque funambule d’Abel et Gordon est ici complété par le jeu magni-fique d’un couple de légende du cinéma : Emmanuelle Riva déjà citée et Pierre Ri-chard, qui nous livrent au passage une belle leçon sur le temps qui passe… Et la scène finale prend une saveur toute parti-culière après la disparition de la splendide Emmanuelle.

DU 8/03 AU 4/04

PARIS PIEDS nUS

TARIFS :Tous les jours à toutes les séances

Normal : 7 eurosAbonné : 5 euros ( par 10 places,

sans date de validité et non nominatif)Enfant -14 ans : 4 euros

Collégien : 4 euros ( avec la carte cine pass VO disponible dans les éta-

blissements scolaires du département) Lycéens - Étudiant : 4 euros

PASS CAMPUS : 3,50 EUROSSans-emploi : 4 euros

Sur présentation d’un justificatif

TOUT LE PROGRAMME SUR : www.cinemas-utopia.org/saintouen

STELLA café ****************

Les horaires du Stella café : tous les jours de 15h00 à 21h00

service jusqu’à 23h les vendredis et samedis

fermeture hebdomadaire

le mardi

à chaque changement de gazette

LES VINS DU MOMENTde LA CAVE A RITON

Un nouveau blanc , un nouveau rouge

gouleyants choisis par Stéphane parmi les petits pro-ducteurs comme on les aime

nouveau au Stella Café

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DU 1er AU 21/03

Écrit et réalisé rar Mike MILLSUSA 2016 1h59 VOSTFavec Annette Bening, Greta Gerwig, Elle Fanning, Billy Crudup, Lucas Jade Zu-mann, Thea Gill... Bande son formidable, à base de Talk-ing Heads & Co.

Ce beau film pourrait être une strophe apocryphe, féminine et californienne, ajoutée au célèbre poème de Rudyard Kipling, Tu seras un homme, mon fils. Une strophe qui raconterait la nécessité de s’ouvrir au monde en général et aux personnes du sexe opposé en particulier, qui inciterait à le faire en restant géné-reux, tendre et toujours à l’écoute, une strophe comme un appel au libre arbitre, à l’insouciance, à l’intelligence de l’âme autant qu’à celle du cœur. Cette strophe, ce serait Dorothea qui la murmurerait, pensive, clope au bec, sur un air de Billie Holliday, au volant de sa vieille bagnole, le long de la route des plages à Santa Bar-bara en pensant à Jamie, son fils unique. 1979. Dorothea Field a déjà 50 ans. L’époque n’est plus tout à fait la marmite bouillonnante des années contestataires, elle se glisse sagement dans les années

quatre-vingt de l’ère Reagan. Jamie n’est plus un enfant, ce bébé né d’un amour fugace qu’elle élève seule depuis 14 ans. Les années ont filé et elle n’a rien vu venir : Jamie est un ado d’une autre époque que la sienne et le lien, tellement fort, qui l’unit à sa mère est en train inévi-tablement de se distendre, on appelle ça grandir. Toute maman poule qu’elle est un peu quand même, sous ses allures de féministe libre et indépendante, Dorothea est taraudée par une question : comment aider cet ado un peu renfermé à devenir une belle personne ? Comment l’aider à affronter cette parenthèse à la fois exci-tante et terrifiante à l’issue de laquelle il sera un (jeune) homme ? Pas la peine de chercher dans les manuels, ni chez les psy, ni même tenter de s’imposer face à lui en professeur de la vie, position ô com-bien facile quand on est parents… Pas besoin de chercher loin : les guides sont à côté d’elle, mieux encore : sous son toit. Abbie, Julie et William, co-locataires avec lesquels Dorothea partage sa grande et belle demeure trop lourde à assumer fi-nancièrement, sont les alliés idéaux pour ce projet, qu’elle doit mener à bien avant qu’il ne soit tard, avant qu’elle n’ait plus la patate, avant que son fils n’ait pris de sa-les habitudes de macho ou de petit con, avant qu’il n’ait été trop formaté pour

entrer dans le moule des convenances, de la bienséance, du système. Abbie : photographe un peu tourmentée mais ré-solument pleine de vie alors même que son corps joue une interminable partie d’échecs avec une saloperie. Julie : jeune fille aussi effrontée que perdue qui joue à cache-cache avec son mal être dans des liaisons sans saveur mais revient toujours se glisser en toute innocence sous les draps de Jamie, son meilleur ami. William : gaillard aux mains rugueu-ses mais délicates qui aiment modeler la glaise, rafistoler les moteurs des vieilles caisses et caresser les seins des femmes. Une équipe enseignante imparfaite, in-soumise et terriblement humaine, avec ses cassures, ses singularités, avec ses trajectoires heureuses ou mélan-coliques. Une équipe qui va donner à Jamie du grain à moudre, des œu-vres emblématiques à lire ou simple-ment quelques expériences à partager. D’une grâce ensoleillée et mélancolique à la fois, portée par la sublime Annette Bening dont chaque ride aux coins des yeux raconte mieux que des mots les mille et un épisodes de la vie de son per-sonnage, 20th century women est une chronique généreuse qui raconte avec tendresse le temps qui passe sur les êtres et les époques, pour le meilleur et le pire, préférant toujours ne garder que le meilleur. Car ce portrait tendre d’une mère inoubliable, drôle, pétillante, en-vahissante… est un hymne à la vie, à la jeunesse et à l’amour sous toutes ses coutures.

20th CEnTURY WOMEn

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PLACE DE LA MAIRIE à St-OUEN L’AUMÔNE & 14, Rue Alexandre Prachay à PONTOISE /TEL:01 30 37 75 52/ www.cinemas-utopia.org

Écrit et réalisé par Fiona GORDON et Dominique ABEL

France / Belgique 2016 1h23avec Fiona Gordon, Dominique Abel,

Emmanuelle Riva, Pierre Richard, Frédé-ric Meert, Philippe Martz...

Cette merveilleuse comédie burlesque et poétique nous émeut tout particuliè-

rement car il restera le film posthume d’Emmanuelle Riva, disparue quelques jours avant que soient écrites ces quel-ques lignes. Après sa prestation bou-leversante dans Amour de Michael Ha-

GAZETTE no 269 du 1ER MARS AU 4 AVRIL 2017 - Entrée : 7€ - Abonnement : 50 € les 10 places - Étud. : 4 €

PARIS PIEDS NUS