En semaine 1 de fortes pluies puis le gel matinal envahissent le chantier. L’activité s’en trouve perturbée. Malgré la boue nous avons terminé le tri des pierres d’un grand mur mais le sol, détrempé, nous interdit toute construction. La trêve des confiseurs est maintenant derrière nous ! Ce faisant, nous constatons très honnêtement que notre motivation se dilue en partie dans les larmes du ciel. Certain d’entre nous évaluent la difficulté de travailler à l’extérieur dans des conditions plus difficiles.

Profitant en semaine 2 d’une période ensoleillée nous menons à bien le nettoyage complet d’une zone de taillis bordant un mur qui longe la route départementale (depuis la digue jusqu'à hauteur de l’entrée du chemin menant à l’étang). De nombreux robiniers (voir lexique) sont abattus, les bonnes bûches conservées pour notre cantou, les rémanents brulés sur place. Nous épargnons certain bosquets réputés gîte et havre de paix pour le gibier de la réserve de chasse. Un grand bouleau, abattu par le vent est débité et conservé en bois de chauffage. Pour éviter que l’accès au château ne devienne un bourbier, le sol à été partiellement drainé puis empierré.

En semaine 3, le temps est à nouveau plus clément. Le grand mur le long de la route est débarrassé de sa mousse. Le remontage du mur de l’ancien verger est entamé. Le déversoir à la sortie de l’étang est nettoyé

Le jeudi de la semaine 3 nous éprouvons tous le besoin de nous rencontrer autour de la grande table située dans la pièce principale de notre lieu de vie. L'instant est solennel, propice tour à tour à l'échange et à l'introspection. Le feu crépite dans le cantou. Tous les salariés sont présents, les encadrants aussi, le technique et l'autre. La référente insertion , comme souvent, nous accompagne ce jour. Le thème principal abordé par le groupe est celui de la baisse tendancielle de la motivation (en définissant le contenu de ce mot passe-partout), du manque d'appétence au travail, du goût déclinant pour les tâches a accomplir, de la difficulté à s'approprier les techniques de la construction en pierres sèches particulièrement complexes ...etc. Les réactions fusent, les idées abondent, les « pourquoi » jaillissent ainsi que leurs « parce que ». Nous en apprenons alors beaucoup sur l'activité d'un groupe, sa tendance naturelle à la démobilisation s'il ne se revitalise pas, son mode de fonctionnement (il existe des bibliothèques entières fourmillant d'ouvrages traitant plus ou moins bien de ces sujets), l'usure du temps sur la pérennité de son identité. Au lieu que ne s'exprime un chapelet de doléances c'est un ensemble de propositions constructives et concrètes qui clôturent la séance, le contenu nous appartenant et seul le résultat et sa mesure, comptant. Nous nous réjouissons de la teneur et de l'authenticité des échanges, de la clarté et de la sincérité des propos. Notre bien commun, la solidarité, en est sortie renforcée, n'en doutons pas. Avant de reprendre le cours journalistique des évènements, nous souhaitons signaler au lecteur combien nous apprécions les visites qui peuvent être rendues sur le chantier. A cet égard nous mentionnons avec plaisir celles, courtoises et assez fréquentes du Président de la Communauté de Communes du Pays de Maurs (voir lexique). A chaque fois qu'il honore un rendez-vous avec l'architecte supervisant les travaux de restauration du château il ne manque pas de venir à notre rencontre, à pied, même si nous sommes assez éloignés, nous saluer et se féliciter de l'avancée des travaux, ayant toujours pour l'un ou l'autre un mot d'encouragement, affable et toujours curieux. Ce rappel n'a rien de complaisant, il n'est que l'expression d'une réelle satisfaction. Nos chaussures à coque ne sont pas des godillots

Nous sommes maintenant en semaine 4. Le dévidoir de l'étang étant comme indiqué plus haut nettoyé, nos efforts sont concentrés sur la restauration ou la

reconstruction des murs de l'ancien verger. La reconstruction de celui longeant la route et en face du très vieux porche d'entrée (que nous avons étayé pour qu'il ne s'effondre pas...provisoirement, l'édifice menaçant réellement de s'ébouler, qui plus est sur la route) se poursuit. La taille des pierres s'avère de plus en plus

fréquente et longue, le matériau résiduel devenant de piètre qualité. Nous nous interrogeons déjà sur la la manière dont nous en constituerons le couronnement.Le terrain ayant partiellement séché, certains d'entre nous s'emploient à jeter les bases des fondations du long mur côté Est. La tranchée creusée à cet effet à l'aide de la mini pelle profonde d'environ 0,40 m, large de plus d'1 m et longue de 35 m est comblée avec de gros blocs (certains pèsent largement plus de 350 voire 400 kg), et de façon organisée. L'objectif est d'obtenir une planéité quasi parfaite combinée à une légère déclivité vers le fond, l'intérieur de la future construction. Enfin un passage d'homme constitué d'un escalier en pierre est aménagé à la hauteur de vieux buis qui veille prés de la route. Accolé à l'escalier le mur n'est remonté que sur sa première moitié. Il est à dessein inachevé pour recevoir et sur 2 m de long, le palier d'entrée de l'ouvrage en bois autorisant l'accès aux personnes à mobilité réduite. Ce palier sera cimenté (sécurité exceptionnelle) et recevra les poutres à partir desquelles s'amorcera la descente.

Au chapitre bloc-notes, saluons l'obtention du permis de conduire par le benjamin de l'équipe (ce n'est pas un des encadrants, ni le technique, encore moins l'autre). En début de la semaine 5 la neige puis le froid s'emparent du domaine de Naucaze. L'étang est immobile, coiffé par le miroir de sa surface glacée. Dans un premier réflexe nous déneigeons les passages les plus souvent empruntés. De la même façons nous nettoyons les espaces de travail en cours (mur et tranchée), un soleil complice finissant notre tâche. Le dégel étant ainsi beaucoup plus rapide (il est prévu des températures très basses) nous pourrons poursuivre la restauration entamée.

Les températures très basses annoncées en fin de semaine 5 sont au rendez vous. Les deux premiers jours de la semaine 6 sont particulièrement glacés. Un vent venant du Nord, en bourrasques, aigre et inamical, confère au chantier un caractère hostile. La bise fouette les visages, pénètre les organismes, amoindrit les volontés. Toutes les heures, le groupe, comme un seul homme se réchauffe devant la grande cheminée prés d'un feu revigorant, allumé le matin puis entretenu et ceci tous les jours, par un encadrant, pas l'autre, le technique. Soit dit par parenthèses, l'incidence du vent et surtout de sa vitesse est réelle sur la température dite ressentie. Pour la petite histoire plus la température sous abri est basse plus l'effet du vent et de sa vitesse est fort. En simplifiant, pour un vent soufflant à 50 km/h un zéro sous abri passe à -5°C, un -10°C° à un -20°C, un -20°C à un -35°C... Notons que la législation du travail est peu disert en la matière. A partir de 5°C il faut être plus vigilant (équipement, travail seul...). Au delà, des pauses fréquentes sont nécessaires dans des locaux tempérés. A partir de -25°C ressentis on cesse toute activité. Ceci dit l'édification (environ 60 tonnes de pierres) de la première ligne fondatrice du grand mur du verger avance régulièrement. On l'a vu, certains

blocs, très lourds, sont difficiles à placer avec précision d'autant plus que le sol gelé résiste aux coups de pioche nécessaires au modelage de l'emplacement du « berceau » dans lequel repose leur base. Les deux jours suivants le soleil gagne la partie et la bise « s'en est venue ».La chaleur de notre étoile est manifeste. Au zénith la température peut monter d'une quinzaine de degrés. S'il fait -2°C sous abri le confort est flagrant! Le travail se poursuit et les fondations sont achevées en fin de cette semaine 6 même s'il reste quelques calages à effectuer et des agencements de pierre à clarifier pour une solidité de l'ensemble à toute épreuve.

La restauration du mur du verger en bord de route ne reprend qu'après l'apparition du soleil. La progression est lente car toutes les pierres doivent être façonnées, longuement, pour obtenir un résultat final comparable à celui du mur voisin, déjà restauré et en grande partie reconstruit. Les bouchardes, ciseaux et autres têtus sont mis à rude épreuve (voir lexique). Les interrogations sur la technique à utiliser pour le couronnement, compte tenu de la médiocrité du matériau, demeurent. Pourtant la décision doit intervenir, la construction étant pratiquement achevée. Les semaines 7, 8 et 9 sont ponctuées, selon trois axes, par des actions et des évènements particuliers ou inaccoutumés. L'on retiendra en premier lieu le départ de deux d'entre nous pour la bonne cause. Celui de « Fantassin » qui se destine à l'exercice d'un métier dans le transport routier et qui entame une formation « conduisant » à l'obtention du permis poids lourds voire celui du super lourd. Celui de « l'Ardéchois » qui retourne s'implanter dans sa région d'origine, royaume de la pierre sèche s'il en est. En second lieu les activités domestiques confortant un bon vivre en commun ne sont pas négligées. Quatre bottes de croûte de bois (pin, chêne, hêtre) sont chargées en cinq voyages à trois kilomètre du château, déchargées puis tronçonnées, remisées à l'étage supérieur de la grange. La fin de l'hiver est assurée! L'amas de planches, poteaux..., résultant de la destruction de l'appentis accolé au four à pain est rangé, protégé pour un bon séchage. Esthétiquement l'endroit est plus agréable à l'œil (nous considérons comme primordial cet

aspect des choses). Du futur bois de chauffe nous tend déjà les bras! Un nettoyage complet de la cave dans laquelle se situent l'arrivée et le compteur d'eau est effectué. L'accès est bien meilleur, sécurisé quand on avance dans la pénombre. Un stock, trié, de détritus (métaux, plastique) débusqués sur le chantier est centralisé et convoyé à la déchetterie. En troisième lieu et pour ce qui concerne le chantier proprement dit, l'on termine manuellement le tri des pierres au fond du verger (une quinzaine de m3 soit une quarantaine de tonnes, une bagatelle pour nous). Un gabarit, scellé au pied est installé tout au long du grand mur Est qui est à reconstruire en totalité (celui de 35 mètres dont la fondation est terminée). Ce gabarit permet tout à la fois de conserver une parfaite linéarité par le biais du cordeau dont l'emplacement reste toujours fiable, même s'il est déplacé à mesure que le mur s'élève et surtout de, par sa forme, tenir compte du fruit (voir lexique) lors de la construction (fruit d'environ 15% dans le cas qui nous intéresse). Un poteau électrique en bois fiché tout prés du futur mur sera stabilisé en son pied par un bloc de béton (le coffrage est d'ores et déjà en place). La restauration du large mur surplombant le jardin et commun avec le verger est entamée pour le couronnement (deux dernières lignes). Le travail s'effectue

de part et d'autre, simultanément, sur un petit échafaudage et ses plats bords métalliques antidérapants côté jardin. L'ouvrage en bord de route est quasiment terminé. La construction est arrêtée là où débute l'entrée de la future aire de stationnement, dans les règles de l'art, en « escalier », afin de faciliter la reprise de la dite construction jusqu'au futur angle de cette entrée (un mètre tout au plus), quand l'emplacement de ce dernier sera fermement défini. Du côté de l'escalier de pierres qui n'est pas encore calé les deux angles sont en cours de réfection. Celui de droite en pénétrant dans le terrain, situé sous le buis centenaire est imposant mais les pierres d'angles sont rares et doivent être façonnées à la main! C'est un travail de romain.

Ainsi nous retenons le principe de l'acquisition d'une scie à pierres. En effet, uniquement dans le verger, ou future aire de stationnement le nombre d'angles (12) et la longueur de murs à couronner (50 à 60 m) nécessite 300 à 400 pierres « plates ». Nous n'avons pas ce matériau et devons tirer partie des pierres difformes à notre disposition. La tâche sera rude mais sans la scie elle serait impossible. Sans aller jusqu'à parler de renouvellement d'effectif, le mois de Mars (semaines 10 à 13) révèle une équipe assez largement modifiée. En effet les départs de l'Ardéchois et de Fantassin ont vu, en remplacement, l'arrivée de deux nouveaux équipiers dont l'avenir dira s'ils trouvent leur compte sur le chantier. Un troisième compagnon, accidenté hors travail, sera longtemps indisponible et ne reviendra probablement pas honorer son poste (rassurez vous la blessure na pas de réelle gravité mais la convalescence est longue). En outre si l'on tient compte des immersions en entreprise le contingent de murailleurs est diminué durant la période, l'effectif oscillant entre 5 et 6 personnes en moyenne au lieu de 9 à 10 à effectif complet. Même si nous attendons avec impatience l'arrivée de la scie à pierres pour notamment s'occuper des angles de murs qui restent en suspens, nous n'avons pas ménagé notre peine : - Le béton est coulé dans les deux coffrages préalablement agencés. Un poteau de téléphone fiché au ras du futur mur Est du verger est conforté dans sa base pour des lustres et le support de départ de l'accès aux personnes à mobilité réduite est aménagé.

A ce propos la structure finale de la rampe n'est pas définitivement arrêtée. La combinaison -pente à observer-déroulé et longueur de la construction- recèle encore quelque incertitude. Pour ce qui concerne l'entrée des véhicules sur l'aire de stationnement (l'ancien verger rappelons le), l'abattage des arbres encombrant l'accès défini, devrait être mené à bien au mois d'Avril. Soit dit en passant, sur la proposition d'un encadrant, le technique, pas l'autre, l'escalier menant de la route au jardin sera lui aussi fait de bois. Le mariage pierre-bois consacré sur l'ensemble du domaine devrait être harmonieux (lices, platelage sur la zone humide, escaliers...). - Afin de rendre homogène esthétiquement l'ensemble de l'ancien verger, les abords des murs, jusque dans leurs fondations sont totalement nettoyés. L'habitude en ayant été prise , un tri simultané est effectué, les herbes, brûlées

immédiatement, les pierres selon leur calibre ordonnées sur le sol et la terre séparée. - La reconstruction du mur longeant la route et surplombant le jardin orné de sa banquette se poursuit. La tâche est ardue, la progression est longue et ce pour quatre raisons essentielles : . Le parement côté jardin ne peut être agencé que depuis l'échafaudage ce qui suppose gymnastique et vigilance accrue. . Le matériau est désespérément médiocre (blocs difformes) et nécessite des heures et des heures de taille, les pierres étant modelées une à une. Nous avons essayé de pallier par endroit à la difficulté en prélevant quelques pierres de meilleure qualité sur l'ensemble du chantier. . La fourrure, absente, est constituée sur place à l'aide de la masse et la massette. . Les deux nouveaux compagnons, novices, sont par définition en retrait en terme d'efficacité, ce qui est on ne peut plus naturel.

- Enfin et notre plaisir n'est jamais démenti, nous avons eu plusieurs visites de la référente insertion notamment pour les entretiens d'embauche. Ces entretiens revêtent une forme classique. Ils ont pour objectif non pas d'évincer le candidat, hors raison rédhibitoire, mais de définir avec la personne reçue l'intérêt et le bien fondé de rentrer sur le chantier dans le cadre de son itinéraire individuel d'insertion harmonieusement conjugué à la logique du groupe.

Les réalisations durant les semaines 14 à 18 sont pour la plupart d'entre elles conformes aux prévisions. Néanmoins, le jeu des immersions en entreprise, le départ contractualisé en entreprise privée de l'un d'entre nous, l'arrêt inopiné et assurément pénalisant pour l'équipe d'un autre de nos compagnons, la non intégration concertée d'un troisième au terme de la période d'essai font que notre effectif, œuvrant sur le chantier, s'est trouvé particulièrement amoindri durant cette période (4 à 6 personnes y compris le ou les 2 encadrants, le technique et l'autre). Compagne au quotidien, partenaire associée, la Pluie n' a cessé de sévir tout au long de ces jours. Sous une cape de bruine, en averses, giboulées, tour à tour continue ou alors sporadique, elle a sans relâche escorté notre équipe. Froide mais parfois douce, caressante et taquine puis aigre et lancinante, pourtant si bénéfique, nous ne regretterons pas l'instant où elle daignera fuir.

Le mur surplombant le jardin est long à restaurer. De nombreuses parties doivent être déconstruites et la restauration nécessite du temps même si les deux plus rodés d'entre nous y travaillent au principal. La réédification et par endroits la construction pure de l'ouvrage devient un gouffre de fourrure que d'autres fabriquent sans sourciller, (illustrant ainsi l'idée qu'aucune tâche n'est subalterne) et de surcroît un gouffre de matériau dont nous ne disposons plus. Sans verser ou persister dans la complainte un manque cruel de pierres se fait en effet sentir. La scie à pierres, par ailleurs fort utile, ne peut à elle seule créer ce qui n'existe pas. La génération spontanée n'est pas non plus un phénomène que nous avons pu observer au château de Naucaze... Une décision définitive et officielle doit être prise quant à l'utilisation des monceaux de pierres entourant le château. Nous souhaitons garder les excellentes relations que nous avons avec l'entreprise Vermorel mais, hors évidemment impossibilité contractuelle, un partage des matériaux doit être

envisagé. Nous admettons volontiers que les belles pierres taillées doivent être dévolues à la restauration de la bâtisse mais nous revendiquons la jouissance et l'usage de cette matière minérale qui est un bien commun à disposition de tous ceux qui ont pour objectif l'embellissement du domaine. Pour mémoire notons que les arbres obstruant l'entrée de la future aire de stationnement ont été abattus par l'entremise de la Communauté de Communes. Un cerisier en mauvais état et 3 jeunes noyers ont ainsi payé leur « erreur de placement ». Les souches, avant de reconstruire l'enceinte de pierres seront retirées à l'aide d'une mini pelle qui pourrait arriver sur le chantier. Au terme des semaines 19 à 22 , le mur constituant le troisième côté du triangle se trouvant en face de la grille d'entrée du château, est achevé. La dernière difficulté (résorption d'un dernier ventre présentant un danger) est surmontée.

Nettoyé, l'ensemble constitue une belle esplanade, surplombant le jardin avec une vue imprenable sur l'étang et la zone humide (cf. lexique).

Simultanément, l'entrée de l'aire de stationnement est aménagée. Les fondations des futurs murs sont réalisées à l'aide de gros blocs impropres à la construction, fichés et rangés en profondeur. La jonction des différentes portions de murs et leur alignement sont pris en compte pour éviter toute « solution de discontinuité » (murs qui ne se rencontreraient plus...). Pour mémoire les cinq souches résultant de la coupe des arbres obstruant la future entrée (cf. journal des semaines 14 à 18) ont été brûlées dans un formidable brasier.

Sous l'impulsion de l'autre encadrant l'entretien du domaine est mis à l'ordre du jour. Un chantier propre, moins dangereux, l' invitation à la promenade, un certain sens de l'esthétique, le confort psychologique de s'activer sur un site entretenu (y compris le pourtour immédiat du château où nous n'opérons pas), président à cette façon de faire. Déjà trois passages ont eu lieu. Chacun d'entre eux nécessite au minimum 50 heures de travail pour un collaborateur et sans s'appesantir sur les détails...! Durant cette période nous affinons les principes de notre organisation. La polyvalence quand elle est acquise (les compétences en matière de

construction en pierres sèches sont difficiles à obtenir) doit être mise au service de l'interchangeabilité (toutes les tâches doivent être effectuées par chacun, des plus dignes à celles jugées subalternes). L'équité est fondatrice de cette décision. Plus prosaïquement n'avoir qu'un seul ou deux « spécialistes » est un handicap en cas d'absence et ce quelle qu'en soit la raison (immersion en entreprise, emploi, santé...). Quelque soit le volume d'activité qu'elle a à gérer la référente insertion nous rend visite régulièrement pour notamment mener les entretiens d'embauche et individuels. Cette assiduité, au delà du plaisir qu'elle procure à tous est sans conteste un gage d'efficacité dans les réponses apportées aux nombreuses questions personnelles ou intéressant toute l'équipe. Elle est le lien avec « l'extérieur », le monde de l'entreprise, un relais d'informations de toute nature. Elle fait assurément partie de l'équipe. Nous avons eu par deux fois ce mois-ci la visite du Président de notre structure. Attentif aux réalisations concrètes, posant des questions et donnant son avis, nous avons passé quelques instants agréables en sa compagnie.

Durant la période suivante englobant les semaines 23 à 26 l'escalier desservant le passage du verger au jardin est mis à jour dans sa totalité. L'ouvrage est constitué de dix marches, comportant deux ou trois blocs comble un dénivelé d'environ 2 mètres. Il est démonté avec rigueur, chacune des pièces étant numérotée, stockée avant d'être réinstallée. Deux de ces marches, d'une longueur de 1,65 m, fabriquées par nos soins sont une réplique de leurs homologues disparues.

Un important travail de décaissement, rendu possible par l'utilisation de la mini pelle (livrée et opérationnel, a été nécessaire afin de mettre à niveau le sol à l'entrée haute ou au bas du dit escalier, sol creusé ou comblé, nivelé et lissé.

Dans le même temps le pan de mur bordant le verger et parallèle à la route est achevé. L'accent est mis sur l'édification, de part et d'autre, des angles qui seront soumis à rude épreuve. En effet ils encadrent le passage des véhicules (parc de stationnement), des piétons (escalier crée pour la circonstance ) et des personnes à mobilité réduite empruntant à cet endroit la rampe qui leur est destinée. Notons que afin de remiser plus facilement la pelle dans la grange, l'entrée a été modifiée, surbaissée, empierrée et cimentée (joints).

Afin de décentrer les esprits le nettoyage des murs non restaurés est poursuivi (arrachage de souche et de lierre résiduel, enlèvement de mousse, élagage de noisetiers...). L'idée est de maintenir voire améliorer l'état de propreté du domaine immédiat pour que ne soit pas entravée l'avancée future du chantier. Enfin la pression sur l'entretien est maintenue. L'esplanade et les cours du château, bords de route et parcelles où l'on s'active sont tondues, débroussaillées dans les recoins. Au retour des congés (semaine 33) et après qu'ai sonné l'heure de l'automne, environ deux mois se sont écoulés (semaine 40). La nature n'a pas pris de vacances et le sempiternel entretien de l'espace reprend ses droits, de plus belle. Hantés à l'idée qu'en la matière le travail accompli ne tombe aux oubliettes nous trouvons alors l'énergie de « ne rien lâcher ».

Simultanément un gros morceau, se rappelant à notre bon souvenir, se présente à nous, le fameux mur du verger qui longe un chemin emprunté par des voitures et autres engins agricoles lourds. Long de 35 mètres, haut de prés de deux et large de plus d'un mètre sur les 2/3 de sa hauteur, il doit être d'une solidité à toute épreuve.

Par exception chaux et sable sont utilisés pour en renforcer la structure. Ceci étant la technique de construction demeure la même (parement soigné, fourrure, pose de boutisses, respect du fruit...). Des gabarits en bois confectionnés avec précision sont employés. L'avancement apparemment lent est visible. La structure engloutit des dizaines et des dizaines de tonnes de pierres de granit. De nombreux voyages depuis les décombres entourant le château sont nécessaires afin de se procurer des matériaux dignes de ce nom, notamment pour le bâti du parement. A cet égard, sans l'accord conclu avec l'architecte et les représentants sur place de l'entreprise Vermorel, nous n'aurions pu mener à bien cette opération.

L'escalier menant du verger au jardin et son pourtour immédiat sont terminés, hormis l'angle de jonction avec le mur mitoyen déjà restauré. La construction est longue mais touche à sa fin, la plupart des pierres devant être taillées à la main. En revanche, les murets encadrant l'escalier et même au delà , sont achevés.

Réputé instable donc dangereux le marronnier d'Inde trônant devant le château est abattu. Âgé d'environ 200 ans (au décompte des stries bien visibles sur la section du tronc) il laisse les premiers jours un grand vide indéniable. Progressivement l'œil s'y accoutume et la vue sur la façade se fait plus ample, notamment depuis l'étang. Il faut savoir que le marronnier d'Inde est en réalité originaire de Turquie introduit et planté en Europe au 18 ième siècle pour sa valeur ornementale et ses propriétés médicinale (insuffisance veineuse).

Une action complémentaire de l'espace est mise en œuvre. De nombreux noisetiers sont élagués, d'autres rasés, ce qui offre de nouvelles perspectives visuelles. Tout est brûlé au même titre que l'ont été les rémanents du marronnier. Le dévidoir de l'étang est à nouveau nettoyé ainsi que les bernes de l'allée menant de la route à l'étang, allée plus tard ornée, de part et d'autre, d'une haie d'arbres dite majestueuse. Le puits et le four à pain sont dégagés et mis en valeur.

Enfin, dans le cadre d'un véritable dispositif d'entrées et sorties permanentes l'équipe est renforcée par deux nouveaux salariés dont la période d'essai, satisfaisante, est jugée probante. Par ailleurs l'équipe de restauration de la bâtisse (avec laquelle les relations sont toujours aussi chaleureuses) a refait entièrement l'escalier en granit (une marche avoisine les 300 kg) de l'une des tours du château (à l'aide d'une grue de grande taille). En outre le large passage vouté traversant l'édifice de part en part (de la cour à la basse cour), est restauré et définitivement consolidé.

Le solstice d'hiver se profile déjà. Les travaux menés sur le "fameux mur du verger" ne sont pas, tant s'en faut, achevés. Ceci étant l'arrondi en déclivité progressive rejoignant l'angle bornant l'entrée de l'aire de stationnement est terminé.

Cet angle, en tant que tel, situé sur une zone de passage et donc à risque, a mobilisé toute notre attention. Il est massif, compact et bien ancré en terre par ses fondations. A propos d'angle la construction de l'un de ceux, en haut de l'escalier, qui était en souffrance, est menée à son terme, sous réserve de quelques retouches probables. A son autre extrémité le "fameux mur du verger" rencontre une parcelle

mitoyenne n'appartenant pas au domaine. Orné d'un chêne imposant, le lieu apparait comme splendide. Après réflexion nous serons amenés à démolir pour partie l'existant afin de le rebâtir, (inclus le mur mitoyen avec l'accord acquis du propriétaire de la parcelle). Plus loin, l'ouvrage est plutôt en bon état, hors un ou deux ventres (cf lexique) à reprendre ainsi que le couronnement, tout en ayant arasé ou surélevé quelques tronçons. Simultanément, hors chantier proprement dit mais par souci esthétique, deux effondrements de mur sont en cours de restauration. Pour l'un d'entre eux il s'agit du mur d'enceinte du château coté route et attenant à la grange. La partie à remonter est importante et la rénovation du couronnement ogival est plus compliquée.

Toujours selon une préoccupation esthétique et pour déblayer la cour

d'honneur de l'édifice un circuit de déblaiement ultérieur des tas de pierre et de terre est aménagé à l'aide de la mini pelle (à noter que l'important tas de terre arable triée par nos soins a été déplacé du verger au jardin par tractopelle et camion). Par sécurité la bâtisse a été clôturée par nous-mêmes aprés le départ, provisoire et pour quelques mois de l'entreprise Vermorel. Enfin, dés cet hiver, nous pourrons entamer le chantier de nettoyage de la zone humide, de l'amélioration du pourtour de l'étang, du démarrage des plantations dont la haie majestueuse reliant le plan d'eau à la route. Des indications précises nous sont dispensées par le technicien ad hoc de la Communauté de Communes (signification des marquages préalables avant élagage, connaissance et sauvegarde des espèces, techniques de taille...). Ainsi s'est écoulé le temps des semaines 43 à 47, période marquée par la visite du Préfet du Cantal, très attentif à notre travail et dont il juge qu'il est de qualité...et par l'arrivée de deux nouveaux salariés qui ont un mois pour faire valoir le bien fondé de leur embauche.

Tout au fond du verger, trône un énorme chêne Sous l'ombrage duquel, se tient la châtelaine,

Qu'on devine, hors du temps, arpentant le domaine, A la démarche gracieuse, éternelle souveraine.

C'est tout prés de ce chêne que le long mur de pierre

Prend ses quartiers d'hiver et tourne à l'equerre. L'endroit est périlleux, l'équilibre est précaire,

Nécessite, ingénieuse, une action ouvrière.

S'offrent là des pierres sombres, semblables à des reines, Aux formes généreuses rehaussées par l'ébène,

Hispano-latino-afro-américaines Tahitiennes, brésiliennes et des capverdiennes...!

Dans l'enceinte du château, un mur, vivante archive,

Attend restauration, difficile tentative, Sa coiffe, couronnement, ayant forme d'ogive. La réalisation, bien menée, en sera instructive. Le grand marronier d'Inde, à l'aide de merlins Dont les coups répétés n'ont rien de cristallin,

Tirant sa révérence, salua le châtelain Et il s'en est allé comme le mur de Berlin.

Pour reboiser l'endroit, on procède au marquage, Tout autour de l'étang, prés du moine, l'ermitage.

Les plants qui hanteront le futur paysage, Sont disposés en jauge, en alerte équipage.

Tout à l'écart du monde, vigie du lac, un moine,

Relié au dévidoir, où vivrait un chanoine...? Bâtis régulateur, à la teinte antimoine,

D'eau glacée de l'étang, fleuron du patrimoine.

Immondices, détritus, ordures, saleté cachée, A la force mécanique rageusements arrachés, La terre meuble triée du rebut, des rochers, Transportés en lieu sur et en nobles déchets.

Condamnant du château les quelques ouvertures,

Par souci d'esthétique, c'est notre signature, Soucieux de préserver le reste d'architecture En alliant à du bois, huile de coude et lasure.