L’Association québécoise des centres de la petite …...de la petite enfance n’avaient été...
Transcript of L’Association québécoise des centres de la petite …...de la petite enfance n’avaient été...
BILAN ET PERSPECTIVES Présentés à l’Assemblée générale annuelle 2006
2
Sommaire
Volet I : Promotion, défense et représentation des CPE……… page 3
Loi 124 et coupures budgétaires……………………… page 3
Négociation des conditions de travail et équité salariale………………………………… page 10 Financement fédéral des services de garde……………………………………………………………… page 12 Semaine des services de garde………………………… page 14
Volet II : Vie associative et concertation des acteurs…………….page 15
Le travail des instances………………………………………page 15 La vie démocratique…..…………………………………… page 16 La concertation des acteurs……………………………… page 17
Volet III : Services et soutien au développement…………………… page 19
L’Instance patronale………………………………………… page 19 La Mutuelle de prévention des CPE……………………page 20 La Coopérative d’achats…………………………………… page 20 Le projet Innovation………………………………………… page 20 Représentations diverses…………………………………… page 21
Volet IV : Administration de l’AQCPE……………………………………… page 22 Ressources humaines………………………………………….page 22 Ressources financières……………………………………….page 23 Conclusion………………………………………………………………………………… page 25 NOTE : Les passages soulignés constituent les éléments de perspectives pour la
prochaine année.
3
VOLET I : PROMOTION, DÉFENSE ET REPRÉSENTATION DES CPE
La défense, la promotion et la représentation des centres de la petite enfance sont au cœur
de la mission de l’AQCPE. Ces volets importants de notre action ont été très sollicités cette
année, principalement sur les dossiers de la Loi 124 et des coupures budgétaires, de l’équité
salariale et des négociations des conditions de travail. À travers ses prises de position et ses
actions, l’AQCPE devait relever le défi de défendre à la fois les CPE comme corporations, en
même temps que la mission éducative, sociale et communautaire du réseau. Bien que tout
n’ait pas été simple et que des débats aient été soulevés, nous avons démontré, comme
association et comme réseau, que nous avions la capacité et la maturité politique de
conjuguer ces deux mandats, en étant d’abord guidés par les impératifs de qualité. Les
décisions que nous avons prises ont dans l’ensemble reflété cette réalité et cette
préoccupation.
1. LOI 124 ET COUPURES BUDGÉTAIRES
La campagne menée autour du projet de loi 124 et des coupures budgétaires a occupé la plus
grande partie des activités de l’AQCPE en 2005-2006. L’ampleur du travail effectué,
l’intensité de nos actions ainsi que l’énergie déployée dans ce dossier ont été à la hauteur des
enjeux en présence. Jamais, depuis sa création, la mission et l’intégrité du réseau des centres
de la petite enfance n’avaient été remises en question de façon aussi systématique et brutale.
Les fondements de la qualité des services éducatifs à la petite enfance ont été attaqués de
front : ouverture à la commercialisation, atteinte à l’autonomie des CPE, diminution du
pouvoir des parents, évacuation de la notion de programme éducatif et démembrement du
lien CPE - milieu familial. Le tout accompagné de compressions budgétaires majeures et de
pertes d’emplois.
Nous avions, comme association nationale, et comme réseau, à mettre tout en œuvre pour
éviter ces reculs importants, préserver l’intégrité des CPE et ainsi assumer notre
responsabilité à l’égard des enfants et des parents du Québec. Face à un gouvernement quasi
hostile à ce projet social, irrespectueux des instances représentatives du réseau et sans
volonté d’écoute et de consultation, le défi était de taille. Qui plus est, nous étions au cœur
4
d’un « triangle » qui nous était très défavorable : d’abord le Conseil du trésor qui exigeait des
réductions budgétaires, ensuite des hauts fonctionnaires qui refusaient de travailler en
partenariat avec un réseau privé et autonome et qui l’abordaient plutôt comme un réseau
public, et finalement d’autres joueurs du secteur de la garde à la petite enfance qui
appuyaient les orientations gouvernementales et qui souhaitaient ce retour en arrière.
Bilan d’une campagne intense, rassembleuse et intègre
Malgré des résultats qui n’ont pas été à la hauteur de ce qu’on souhaitait (adoption de la Loi
124 sous Bâillon, retrait du milieu familial de plus de 700 CPE, coupures budgétaires), nous
devons reconnaître que nous avons réussi à mener une campagne d’une grande qualité. En
misant sur un cadre stratégique à plusieurs volets - communication, lobby, mobilisation et
coalition d’appuis – nous avons non seulement obtenu des modifications législatives
importantes sur plusieurs des aspects les plus litigieux du projet de loi, mais nous avons
également fait des avancées extrêmement précieuses au plan de la cohésion du réseau et de
son positionnement dans la société québécoise.
RETOUR SUR NOS STRATÉGIES…
Les communications
Globalement, les communications stratégiques (relations publiques, communications internes,
stratégies liées au lobby et aux appuis de groupes externes, etc.) ont constitué l’une des
forces de l’AQCPE au cours de la campagne. Nous avons démontré de la profondeur dans nos
analyses et fait preuve de rigueur dans nos interventions. Nous avons su vulgariser des enjeux
au départ très complexes et bien cibler nos messages :
Menace de démantèlement
Danger de commercialisation
Bien + qu’un service de garde, nos CPE On y tient !
Nous avons réussi, à l’intérieur du réseau, à susciter la cohésion autour du message et des
objectifs à atteindre. Nous avons également rallié plusieurs partenaires de la société civile qui
ont pu défendre le projet social, renforcer la crédibilité de notre argumentaire et élargir le
débat public. Sur la scène médiatique, l’AQCPE a généralement déterminé l’agenda, imposé le
message et créé l’événement. Par ailleurs, la couverture de presse généreuse dont nous avons
bénéficié s’explique en partie par l’intégrité, la rigueur et la disponibilité démontrées par
5
l’AQCPE et ses porte-parole. Nous avons, en outre, évité les dérapages dans nos interventions
et sommes restés centrés sur le message.
Si les communications internes ont été au cœur des stratégies et que nous avons toujours eu
la plus grande préoccupation quant à la justesse des messages et des informations acheminés
dans le réseau, nous reconnaissons que les délais de diffusion ont parfois été un peu longs. Il
reste que, manifestement, les communications aux membres et aux CPE (installations et
milieu familial) ont contribué à maintenir et à renforcer la cohésion, ainsi qu’à réaliser avec
succès des actions de mobilisation dans des délais très serrés. Nous avons toutefois négligé les
communications aux RSG en fin de campagne et nous devrons corriger le tir pour l’avenir.
Enfin, l’annulation de la journée de fermeture la veille du 14 décembre constitue un échec en
termes de communications internes. La confusion créée quant à la tenue ou non de la journée
de fermeture ainsi qu’autour des raisons de ce revirement a été une source de frustration et
de colère tout à fait justifiée.
La mobilisation
Nous avons démontré, à l’AQCPE et dans tout le réseau, une impressionnante capacité à se
mobiliser à vitesse grand « V » et à créer des événements forts, rassembleurs et souvent
inédits. La livraison de 60 000 toutous à l’Assemblée nationale en moins d’une semaine et la
tenue d’un référendum auprès des RSG à la grandeur du Québec à quelques jours d’avis en
sont d’excellents exemples. Évidemment, nous ne pouvons passer sous silence le formidable
rassemblement du parc Jarry qui a constitué l’ultime témoignage de l’attachement et de
l’affection de la population pour leurs CPE. L’impact de cette manifestation dans l’opinion
publique a clairement marqué un point tournant dans la campagne.
Les multiples opérations « pop-corn » et les assemblées d’information autour du projet de loi,
organisées aux quatre coins du Québec, ont été de puissants leviers de mobilisation. Ce travail
local et régional nous a permis d’avoir le pouls du terrain, et nous a donné des ailes!
Le lobby
Face à une ministre et à un cabinet qui refusait obstinément d’ouvrir la discussion avec
l’AQCPE, et devant un gouvernement qui nous percevait au départ comme un groupe de
contestataires peu crédibles, le défi d’arriver à passer notre message et à influencer les
6
politiques était grand. Deux éléments ont probablement contribué à relever ce défi et même
à en faire l’une des grandes forces de la campagne. D’abord, l’AQCPE a su créer des ponts
avec des personnes influentes et établir sa crédibilité. Aussi, nous avons particulièrement bien
travaillé avec les partis de l’opposition en créant des liens de confiance, permettant d’aller
chercher des appuis importants, d’échanger de l’information et de coordonner certaines
stratégies. Mais ce qui a réellement fait la différence, c’est tout le travail effectué sur le
terrain par les CPE et les regroupements qui ont interpellé sans relâche les députés de tout le
Québec, et souvent à plus d’une reprise. Ces efforts nous auront menés à l’autre point
tournant de la campagne : la présentation de notre proposition alternative lors d’un « briefing
technique » à l’Assemblée nationale, devant 75 députés et ministres, dont 35 libéraux.
Les propositions alternatives
Au cours de la dernière année, l’AQCPE et les acteurs du réseau ont fait preuve d’une grande
maturité politique en soumettant à trois reprises au gouvernement des propositions
alternatives aux compressions et à la restructuration. D’abord un scénario d’économies qui
permettait d’atteindre les objectifs financiers du Conseil du trésor, tout en évitant les
coupures. Ensuite, une proposition de restructuration du réseau alternative au projet de
réforme de la Loi 124, et respectant le cadre budgétaire. Puis, finalement, les propositions
quant au nombre et à la délimitation territoriale des CPE agréés bureau coordonnateur.
La coalition d’appuis
Parce que les CPE sont le résultat d’un choix de société, il fallait que cette réalité soit
reflétée dans des prises de position à l’extérieur du réseau. Il était à cet égard essentiel que
d’autres groupes et partenaires s’expriment sur les enjeux. Ainsi, l’AQCPE a interpellé la
Coalition pour le maintien et la consolidation des services de garde et des services aux
familles, qui a effectué diverses interventions publiques et participé à des événements de
mobilisation (conférence de presse, pétition, commission parlementaire, parc Jarry, etc.).
L’effervescence créée autour de la contestation du projet de loi et le leadership assumé par
l’AQCPE ont fait émerger d’autres appuis, provenant notamment des participants au colloque
de l’Institut du nouveau monde et de différentes personnalités publiques par la voie d’une
déclaration commune.
7
LE BILAN DES RÉSULTATS…
Changements légaux et structurels
La Loi 124 qui a été adoptée le 16 décembre dernier est passablement différente du projet
initialement souhaité par le gouvernement. Objectivement, nous avons réussi, avec l’aide de
nos partenaires, par nos propos, nos actions et notre détermination à forcer l’adoption de
modifications significatives sur plusieurs aspects litigieux du projet de réforme : pouvoirs des
parents restaurés, programme éducatif mieux défini, retrait de la possibilité que le milieu
familial soit confié au secteur à but lucratif, limitation du danger de commercialisation,
compatibilité des deux modes de garde en CPE affirmée, autonomie préservée, adoption des
règlements plus conforme aux principes démocratiques, etc. (voir le tableau des
modifications législatives en annexe). Nous devons être fiers de ces gains et les apprécier à
leur juste valeur.
Il demeure que l’orientation de fond quant au retour à une structure de trois réseaux distincts
(CPE, milieu familial et garderies à but lucratif) persiste toujours avec l’introduction du
concept des bureaux coordonnateurs. Le processus de consultation sur le nombre et les
territoires des CPE-BC que nous avions obtenu le 13 décembre, et auquel le réseau a participé
avec une maturité et une rigueur exemplaires, aurait pu être une voie de solution, ou à tout
le moins un compromis intéressant. Mais une fois de plus, le gouvernement n’a pas retenu les
recommandations du milieu et a annoncé la création de 164 bureaux coordonnateurs plutôt
que les quelque 230 proposés par les acteurs du réseau et leurs partenaires.
Au fil de cette partie de bras de fer avec le gouvernement, l’AQCPE a su réajuster son tir pour
éviter le pire et sauver des acquis importants. Devant l’obstination des autorités politiques à
aller de l’avant malgré le fort mouvement de contestation, nous avions la possibilité soit de
ne rien concéder et risquer de voir le projet de loi adopté tel quel, sans modifications, ou
d’accepter de jeter un peu de lest et obtenir le plus d’avancées possibles. Le conseil
d’administration de l’AQCPE a donc pris la décision d’annuler la journée de fermeture du 14
décembre pour permettre que des modifications substantielles soient apportées au projet de
loi et pour ouvrir un espace de travail afin que soit revu le concept même des bureaux
coordonnateurs. Jamais nous n’avons appuyé le projet de loi, et surtout pas l’introduction des
bureaux coordonnateurs. Malheureusement, un cirque parlementaire dont les enjeux se
situaient bien au-delà de notre dossier, s’est soldé par l’imposition du bâillon sur la Loi 124,
8
fermant ainsi la porte à d’autres modifications qui étaient pourtant fondamentales.
Néanmoins, les gains réalisés la veille du 14 décembre sont extrêmement précieux et ont
permis de préserver des fondements majeurs du réseau.
Après les mises en candidature et le processus de sélection des CPE agréés bureau
coordonnateur, nous abordons maintenant la phase d’application de la réforme et la
transition. Au-delà des changements structurels, cette période en est une de deuil pour
plusieurs CPE qui perdent la garde en milieu familial, et également pour celles et ceux qui
sont mis à pied ou qui vivent le départ de collègues. D’un autre côté, des CPE agréés bureau
coordonnateur sont stimulés et heureux d’avoir été sélectionnés. On se retrouve donc pour
l’instant dans un réseau où se côtoient les sentiments de tristesse, de colère et d’amertume,
de solidarité, et aussi de malaise et de joie confondus.
Dans les semaines et les mois à venir, l’AQCPE compte être active, notamment en offrant du
soutien à ses membres dans le processus de transition, en réalisant une étude sur les impacts
de la réforme (pertes d’emplois, offre de services, gouvernance, partenariats, etc.), et en
étant très vigilante à l’égard de la refonte du financement et de la réorganisation des
installations. Nous ferons également les représentations nécessaires autour de la nouvelle
réglementation. Nous serons, en outre, particulièrement préoccupés d’assurer une dynamique
réseau efficiente, ajustée à la nouvelle conjoncture.
Dynamique interne du réseau
Au-delà des écueils, ce « défi » que nous a lancé le gouvernement aura finalement été
extrêmement positif pour l’AQCPE et pour la dynamique globale du réseau. Cette campagne
aura en effet permis à l’AQCPE de retrouver progressivement la confiance des membres et des
CPE, d’assumer son leadership et de se positionner comme une association rassembleuse,
responsable, crédible, et regroupant des forces compétentes.
Cette année éprouvante s’est également révélée bénéfique pour la cohésion interne du
réseau, dont la très grande majorité s’est ralliée à l’AQCPE. La menace de démembrement a
aussi fait ressortir l’attachement réciproque des CPE et des responsables de garde en milieu
familial. Ils ont en effet clamé ensemble leur appartenance à une même communauté
professionnelle et la solidarité entre les deux modes de garde s’est exprimée de manière
impressionnante, le référendum étant le moment culminant de ce processus.
9
Ce fut l’occasion pour l’ensemble des acteurs de se recentrer sur la mission (qualité des
services, autonomie, économie sociale et ancrage dans la communauté, universalité et
accessibilité), tout en reconnaissant que le réseau n’est pas parfait.
La période qui a suivi l’adoption de la Loi 124 a par contre été plus difficile en termes de
cohésion. La position des régions et des corporations était moins homogène, notamment face
au processus de consultation, à la qualité des services dans les bureaux coordonnateurs en
regard du financement, etc. Nous avons tenté d’adapter notre message le mieux possible à
cette nouvelle réalité, tout en acceptant qu’il y aurait des insatisfactions.
Pour l’année qui vient, l’AQCPE devra continuer à relever le défi de la cohésion, dans un
réseau reconfiguré. La nouvelles réalité des CPE agréés bureau coordonnateur, la taille
hétérogène des corporations ainsi que la refonte des installations font partie des enjeux qui
viendront influencer la dynamique interne du réseau et auxquels il faudra porter une
attention particulière. Qui plus est, le contexte difficile qui entoure la mise en place de cette
réforme a généré des inconforts dans le réseau et parfois de la compétitivité; il nous
appartient maintenant de donner aux nouveaux CPE agréés bureau coordonnateur comme aux
autres CPE la place importante qui leur revient, et de miser sur la collaboration et la
solidarité.
Positionnement externe
À travers les différentes étapes de la campagne, l’AQCPE a graduellement acquis de la
crédibilité et démontré son leadership. Aujourd’hui, nous bénéficions d’une grande notoriété
auprès des partenaires, des médias, des autorités politiques et du grand public. Nous sommes
devenus une référence et un incontournable dans le secteur des services éducatifs à la petite
enfance au Québec.
Nous avons également, comme réseau et avec nos partenaires, suscité un débat social d’une
grande richesse. Peu de sociétés arrivent à mener largement de telles discussions sur
l’importance et la façon d’accompagner les apprentissages des jeunes enfants et l’implication
de nos communautés à cet égard. C’est un acquis important qui laissera assurément des
traces.
10
Par ailleurs, la réaction très forte de la population, mais aussi de certains élus, de divers
groupes sociaux, de municipalités, de partenaires institutionnels et même d’artistes, face à la
mise en péril du réseau a contribué à renforcer la légitimité de la mission des CPE dans la
société québécoise.
Enfin, nous avons réalisé certaines avancées à l’égard de nos relations avec le gouvernement.
La notoriété acquise par l’AQCPE, sa capacité de mobiliser, d’initier un débat de qualité et de
proposer des solutions crédibles a forcé le gouvernement à rétablir les communications et à
travailler avec nous.
Bien que nous recevions depuis quelques semaines des signes positifs de la part des autorités
politiques, le défi de ré-instaurer un cadre de travail basé sur le partenariat et la co-
construction reste entier, et constitue un enjeu important à court terme. D’autre part, à
l’issue de cette campagne dans laquelle le réseau a clamé haut et fort son autonomie, il lui
reste maintenant à l’assumer pleinement à travers ses décisions et dans ses rapports avec
l’État. Et l’exercice réel de cette autonomie dépend de la capacité du réseau à travailler et à
bâtir ensemble.
Par ailleurs, la présence d’autres joueurs dans le secteur de la garde à la petite enfance
appelle le réseau des CPE à se positionner à l’égard de sa mission et de l’offre de services
qu’il souhaite développer et offrir aux familles du Québec.
Plus globalement, l’AQCPE travaillera, au cours de la prochaine année, à élargir et à solidifier
ses alliances stratégiques, ainsi qu’à renforcer le positionnement du réseau des CPE dans la
société québécoise comme acteur dans les champs de développement social, économique et
culturel.
2. NÉGOCIATION DES CONDITIONS DE TRAVAIL ET ÉQUITÉ SALARIALE
Cette année aura été fortement marquée par les négociations des conditions de travail et
l’exercice d’équité salariale, qui ont donné lieu à trois grèves sporadiques et partielles dans
les centres de la petite enfance syndiqués. À titre d’instance patronale, l’AQCPE a tenté de
faire avancer chacun des dossiers avec diligence, en dépit d’un contexte de travail très ardu
11
avec le Ministère et des stratégies syndicales parfois hasardeuses. Nous avons entre autres
appeler à la médiation et à la reprise des discussions devant une menace de grève illimitée au
mois d’août dernier, ce qui aura permis le retour des parties à la table de négociations. Nous
nous sommes aussi positionnés afin d’éviter d’être intégré aux négociations du secteur public
et de se trouver au centre d’une partie de bras de fer politique entre le gouvernement et la
CSN. Aujourd’hui, nous devons admettre que les résultats de ces travaux et discussions ont été
plutôt décevants.
Équité salariale
L’AQCPE a franchi une étape extrêmement importante en complétant l’exercice d’équité
salariale. Les membres du comité d’équité ont, à cet effet, effectué une tâche colossale. Bien
que l’AQCPE ait rempli son mandat avec rigueur, le manque flagrant de volonté de la part du
gouvernement de régler financièrement le dossier, jumelé aux choix stratégiques du syndicat,
a fini par paralyser l’avancement des travaux. Le syndicat a d’ailleurs décidé de porter le
dossier devant les tribunaux. L’Instance patronale de l’AQCPE aura maintenant à se
positionner à l’égard de l’application de l’équité, en tenant compte d’une part de sa
responsabilité d’employeur et, d’autre part, de l’absence de règlement avec le bâilleur de
fonds.
Négociation des conditions de travail
Dans le dossier des conditions de travail, les négociations se sont finalement soldées par une
entente de principes en octobre 2005, conclue entre l’AQCPE, le Ministère, la CSN et par la
suite la FTQ. L’entente accorde aux employées des hausses salariales de 2 % annuellement
pour les quatre prochaines années, des augmentations similaires à celles versées aux employés
de l’État. Les discussions autour de l’harmonisation des avantages sociaux n’ont donné lieu à
aucun règlement et se sont terminées en mars 2006 avec le protocole de retour au travail, à
la suite de la grève perlée.
D’autres dossiers ont occupé l’Instance patronale cette année, notamment la classification et
rémunération des cadres (pour avoir un portrait complet des activités de l’instance, vous
pouvez vous référer à son Bilan 2005-2006, diffusé en février dernier).
Globalement, l’Instance patronale de l’AQCPE, dans ses relations avec le Ministère, aura
contribué très fortement à l’affirmation de l’autonomie du réseau. L’établissement d’un
12
cadre de travail respectueux et basé sur un véritable partenariat est toutefois loin d’être
acquis, au contraire. Cet « os » majeur dans le bon déroulement des différents travaux sera
certainement un enjeu central de la prochaine année.
Les grandes compétences stratégiques et l’expertise des représentants de l’instance patronale
(les DG de CPE et de regroupements sur les comités et les ressources permanentes de
l’AQCPE) ont également joué un rôle très important dans la construction du rapport de force
de l’AQCPE dans la campagne sur le projet de loi 124.
3. FINANCEMENT FÉDÉRAL DES SERVICES DE GARDE
L’AQCPE a également été active, en concertation avec la Coalition pour la promotion des
services de garde et des services aux familles, pour que soit conclue une entente fédérale-
provinciale garantissant le financement des services de garde. Nos interventions à cet égard
ont été réalisées en deux temps et dans deux contextes bien différents.
D’abord dans un premier temps à l’automne 2005, alors que le gouvernement libéral dirigé par
Paul Martin s’engageait à verser 5 milliards $ aux provinces pour soutenir le développement et
la consolidation de places en garderie, dans une perspective fortement inspirée du modèle
québécois de soutien aux apprentissages des jeunes enfants. À ce moment, nos interventions
avaient principalement pour but de saluer l’intention du gouvernement fédéral tout en
exigeant qu’il procède dans le respect des champs de compétences des provinces. Du même
souffle, nous rappelions le gouvernement du Québec à ses obligations morales d’utiliser ces
sommes (1,2 milliard $ pour le Québec sur 5 ans) pour bonifier et soutenir adéquatement les
services de garde éducatif (garantissant l’accessibilité, la qualité et l’universalité) et les
services aux familles (politique familiale dans les municipalités, organismes communautaires
familles, mesures de conciliation famille-travail). L’entente a bien été signée à l’automne
mais le résultat des élections fédérales tenues en janvier 2006 est venu changer
complètement la donne. Les deux premières années de l’entente seront respectées, mais à
partir du 1er avril 2007 tout est remis en question, suivant l’engagement du nouveau
gouvernement conservateur de Stephan Harper de soutenir financièrement la demande des
parents (1200$ par année) plutôt que l’offre de services de garde accessibles et de qualité.
13
Nous avons donc dû prendre acte de ce changement de conjoncture politique, associé à un
discours conservateur prônant la place des mères à la maison et dénigrant l’action des
services de garde sur les apprentissages des jeunes enfants. L’AQCPE a donc été appelée à
réagir à cette vision conservatrice, en collaboration avec plusieurs chercheures spécialisées en
petite enfance.
En prévision du premier budget conservateur, l’AQCPE a multiplié les interventions publiques
et privées, de concert avec les coalitions québécoise et canadienne, afin que la promesse de
versement d’un chèque de 1200$ par enfant soit faite de manière plus équitable fiscalement
que ce qui était préconisé par le gouvernement Harper et que soit préservé le financement
fédéral pour le développement des services de garde. Nous avons ainsi rencontré les
responsables des trois partis d’opposition chargées de ce dossier afin d’exposer nos points de
vue et d’échanger sur les stratégies d’action. Nous avons également mené nos représentations
directement auprès des cabinets des chefs d’opposition ainsi qu’auprès du cabinet du Premier
ministre Harper.
À titre d’équivalent à la proposition du gouvernement fédéral de subventionner le
développement de nouvelles places en accordant des crédits d’impôts aux entreprises privées,
nous avons également demandé que soit octroyé le statut fiscal de municipalité aux CPE (et
autres garderies sans but lucratif à travers le Canada) afin de bénéficier du remboursement
intégral de la TPS. Le Budget fédéral déposé en avril a ouvert la porte à cette demande qui
pourrait être examinée dans le cadre des consultations que le gouvernement fédéral entend
mener au cours de la prochaine année sur le développement des services de garde.
Parallèlement à ces représentations au niveau fédéral, nous avons aussi interpellé le
gouvernement québécois pour qu’il maintienne le tarif des places à 7$ par jour, malgré
l’allocation directe de 1200$ par année aux parents. Le ministre des Finances a répondu
positivement à cette demande en confirmant le maintien de la tarification actuelle.
Le dossier fédéral retiendra assurément encore notre attention au cours de la prochaine
année. Tant la possibilité d’élections fédérales d’ici 18 mois que les consultations annoncées
seront l’occasion de faire valoir, de concert avec nos collègues du Canada, la pertinence de
structurer et de soutenir une offre - et non la demande - de services de garde éducatifs de
qualité et accessibles.
14
4. SEMAINE DES SERVICES DE GARDE
Compte tenu du contexte politique très particulier qui a accaparé les quelques ressources
humaines de l’AQCPE au cours de la dernière année, l’organisation de la Semaine des services
de garde a malheureusement été négligée et n’a pas reçu l’attention méritée. Que ce soit
dans la définition de la thématique ou dans l’élaboration du matériel et des activités dérivés,
l’AQCPE n’a pas démontré le leadership attendu. Nous avons toutefois assuré la distribution
des affiches et la vente des pochettes.
Il est évident qu’un post-mortem plus approfondi s’impose, non seulement pour l’organisation
de cette année mais aussi pour les années passées. Nous devrons réfléchir, ensemble, sur
l’orientation que l’on souhaite donner à cette semaine des services de garde, sur le rôle que
devraient respectivement y jouer l’AQCPE, les regroupements régionaux et les CPE et aussi sur
la question du partenariat avec les autres associations du secteur.
15
VOLET II VIE ASSOCIATIVE ET CONCERTATION DES ACTEURS
Le travail des instances
Les rencontres du conseil d’administration, du comité exécutif et de la Table des régions en
2005-2006 ont été marquées par l’évolution positive du climat général de travail, qui laissait,
malgré la lourdeur de la tâche1, place à un certain plaisir. Ce plaisir ressenti à travailler
ensemble, animés par des objectifs communs, a soutenu le sentiment de confiance et de
respect entre les personnes et envers l’AQCPE. Les efforts de coopération, d’ouverture aux
réalités de chacun ont grandement contribué à l’efficacité des diverses instances et à la
cohésion du réseau. Le travail des instances est, en outre, une manifestation importante de
notre vie démocratique. Il a donné énormément de légitimité à nos décisions et à nos actions
tout au long de l’année.
Les objectifs poursuivis et les cibles à atteindre étaient clairs, mais surtout identifiés et
partagés collectivement. Le bilan, malgré le tumulte et la charge exigeante de travail, s’avère
positif, encore qu’il faille nommer l’inadéquation trop fréquente entre nos besoins, ambitions
ou livrables et la capacité réelle de l’organisation, ce qui a été une source d’irritants pour les
membres comme pour l’équipe de travail. La charge de travail et le nombre de rencontres du
conseil d’administration devraient être ramenés à des proportions plus normales en 2006-
2007, dans un contexte plus stable.
Les processus de travail ont dans l’ensemble été satisfaisants en regard de l’atteinte des
résultats, bien que le contexte ait contraint à beaucoup d’improvisation. Le manque de temps
et à l’occasion de préparation n’ont pas permis que se fassent tous les débats de fonds
souhaités. Qu’il s’agisse du conseil d’administration ou de la Table des régions, les rencontres
devraient permettre, notamment en se déroulant plus souvent sur deux jours, d’aborder
davantage en profondeur les questions et dossiers stratégiques.
En ce qui a trait aux communications avec et entre les instances, les moyens utilisés ont été
modulés aux différents besoins et contextes. Qu’il s’agisse des notes du directeur général, des
tournées téléphoniques auprès des regroupements régionaux et membres du conseil
1 23 rencontres du CA (dont 17 téléphoniques), 13 rencontres du CE (dont 8 téléphoniques) et 6 réunions du Comités des régions (dont 1 téléphonique) : ce qui représente tout de même une amélioration par rapport à l’année dernière..!
16
d’administration ou des discussions plus informelles, l’information, à diffuser ou ultra
confidentielle, a bien circulé au sein des instances. Il demeure cependant du travail pour
améliorer l’articulation des instances de l’AQCPE entre elles de même que pour l’intégration
des différents volets de l’AQCPE : vie associative, Instance patronale, Coop d’achats, Mutuelle
et projet Innovation.
Parmi les éléments positifs, il convient aussi de souligner la souplesse, la solidarité de même
que la loyauté envers les positions adoptées dont tous ont fait preuve. Cela a
incontestablement aidé à rétablir le sentiment de confiance et d’appartenance à l’égard de
l’AQCPE, à accroître la cohésion du réseau ainsi que la cohérence de nos actions.
L’amélioration du climat général au sein des instances, l’établissement de processus clairs et
coopératifs de travail, la solidarité et la cohésion ont tous à voir avec le retour, en cours
d’année, des régions de l’Abitibi, de l’Outaouais et tout récemment de la Mauricie-Centre-du-
Québec. À cet égard, le bilan est clairement positif et très évocateur du chemin parcouru par
l’Association cette dernière année en terme de consolidation.
La vie démocratique
L’AQCPE regroupe à l’heure actuelle 12 des 13 regroupements régionaux, et elle représente
plus de 750 centres de la petite enfance. Le dialogue se doit d’être établi, particulièrement
dans le contexte que nous avons connu cette année, à la fois avec les regroupements
régionaux et les directions et conseils d’administration des CPE. Cela constitue un défi
démocratique de taille et de tous les instants. L’information privilégiée obtenue par l’AQCPE
a bien sûr circulé, le plus clairement et le plus rapidement possible, vers les regroupements et
les CPE. Par ailleurs, il a fallu, à plusieurs moments, que le réseau alimente l’AQCPE pour lui
permettre de s’avancer. Ces allers-retours ont été efficaces et satisfaisants dans l’ensemble
et ont encore une fois démontré la force des réseaux, et surtout la capacité de mobilisation
du nôtre.
Des temps forts démocratiques ont marqué cette année de turbulence. Rappelons parmi ceux-
ci la très belle journée de réflexion, d’échange et de mobilisation du 18 juin dernier, au
Cégep Maisonneuve à Montréal, qui a réuni près de 700 dirigeants-es de CPE, parents
administrateurs et gestionnaires. Cet exercice a donné des assises à la mobilisation de
l’automne et permis d’entendre de nombreux points de vue et idées qui annonçaient déjà les
« opérations pop corn ». Les rencontres régionales élargies, au moment de la tournée liée au
17
dépôt du projet de loi 124, ont également permis à des parents, des RSG, des gestionnaires et
des partenaires, d’exprimer leurs réactions, et donné lieu à des exercices collectifs et
respectueux de délibération. Ces rencontres ont donné un sens et un ton au débat, le situant
d’emblée autour des enjeux de société, alors que le gouvernement aurait souhaité maintenir
son projet de restructuration au niveau purement administratif.
L’automne 2006 devra permettre l’élaboration d’une vision stratégique avec l’ensemble des
acteurs du réseau. Une tournée de l’équipe de l’AQCPE est donc à prévoir dans l’ensemble des
régions afin de partager et de bonifier les réflexions qui s’amorcent déjà à cet égard au sein
des instances.
La concertation des acteurs
L’AQCPE a su tout au long de l’année mettre à profit sa capacité de mobilisation, mais
également sa capacité de concertation. Les menaces contenues dans le projet de loi 124 et
dans l’attitude générale du gouvernement à l’endroit du réseau des CPE ont entre autres
rendu incontournable la mise sur pied d’un comité consultatif pour la défense de la garde en
milieu familial, sur lequel siégeaient plusieurs RSG et des coordonnatrices du milieu familial.
Ce comité a bien entendu permis à des actrices de première ligne de faire entendre leur voix
et de nourrir la réflexion de l’AQCPE quant à la mobilisation et au positionnement stratégique,
mais il a aussi mis en lumière toute la difficulté de représentation du milieu familial de même
que les liens d’expertise clairs entre les installations et les milieux familiaux. Malgré
l’importance de cet espace de consultation et de partage, l’AQCPE n’a pas été en mesure de
maintenir actif ce comité, qui s’est essoufflé à l’hiver. L’année qui vient devra nous engager à
trouver des modalités de travail et d’échange pour consolider tant le lien entre les deux
modes de garde que l’identité propre de la garde en milieu familial.
L’AQCPE a par ailleurs été représentée au cours de cette année sur divers comités de travail
du Ministère, qui n’ont cependant pas tous été très actifs : révision du Programme éducatif,
intégration des enfants handicapés, aires de jeu, équité salariale, financement, sans oublier
le Comité de suivi et celui dédié aux questions de gestion et de gouvernance. Outre le manque
de suivi criant en raison du contexte politique et des mandats associés, deux constats
s’imposent : d’abord, il apparaît très clairement que notre association devra procéder avec le
Ministère à certaines mises au point et réajustements quant à la place que l’AQCPE devrait
occuper dans ces travaux; dans un même temps, à l’interne, l’organisation devra se doter
18
d’une politique de représentation claire, qui encadrera tant le travail de représentation que
de suivi.
L’AQCPE est membre de la Fédération canadienne des services de garde à l’enfance depuis
deux ans et a été représentée cette année encore au conseil des membres. Cependant, là
également et malgré la pertinence de cette affiliation, les suivis ont fait défaut en raison du
contexte. La réalité canadienne de la dernière portion de l’année, avec l’arrivée au pouvoir
du gouvernement Harper, a permis aux deux coalitions (québécoise et canadienne) d’amorcer
un travail de concertation. L’AQCPE est de plus en plus interpellée par le reste du Canada qui
cherche à tirer profit de son expertise et de son expérience. Tant au sein de la Fédération
canadienne des services de garde qu’à d’autres niveaux sur la scène fédérale, nous aurons à
définir le rôle que nous entendons jouer, à en évaluer le potentiel stratégique et de
développement, et à bien poser les limites de celui-ci.
19
VOLET III SERVICES ET SOUTIEN AU DÉVELOPPEMENT
L’AQCPE a réussi cette année un véritable tour de force en poursuivant, malgré le tumulte et
le contexte politique exigeant, à demeurer proactive en matière de soutien au développement
et même en actualisant un certain nombre de projets en ce sens. Cette proactivité, appuyée
par le concept d’un Système d’innovation et de soutien au développement inscrite dans le
plan d’action depuis l’automne, a même été considérée par moment « trop-active », parce
qu’elle laissait peu de temps d’appropriation et donnait l’impression de vouloir « faire pour le
réseau » plutôt « qu’avec lui ». L’année qui vient, sous le signe d’une vision stratégique à co-
construire, devra permettre une articulation plus claire de l’ensemble des services et projets
de l’AQCPE, soutenir leur appropriation par ses membres et leur permettre de bien orienter le
travail. Un contexte plus stable devrait également laisser davantage de place au débat et
permettre un meilleur processus de consultation auprès des regroupements régionaux sur les
divers projets de développement de l’AQCPE.
L’Instance patronale
Cette première année de vie de l’Instance patronale, qui a indéniablement permis de
confirmer sa pertinence et son rôle, même s’il n’est pas encore clair pour tous, s’est avérée
essentielle à plusieurs égards. La mise en opération des divers services et l’implication dans
divers dossiers a fait en sorte que se développe une expertise certaine au sein de l’instance
patronale. Deux formations ont été offertes, le plus souvent intégrées à la tournée régionale
d’information de l’Instance, alors qu’un bulletin destiné aux membres a été créé. Si
l’arrimage des actions de l’Instance dans les dossiers politiques a été profitable et efficace, il
reste encore du travail pour qu’elle soit davantage intégrée à l’AQCPE et pour assurer une
meilleure articulation de ses services avec les autres instances et services du réseau. La
charge de travail a là aussi été très importante et les ressources humaines, limitées, ce qui a
affecté notamment la capacité de transmettre rapidement l’information sur les divers
dossiers. L’Instance patronale prévoit d’ailleurs embaucher une nouvelle ressource juridique
cette année, notamment pour offrir du soutien aux CPE agréés bureaux coordonnateurs dans
les dossiers de relations de travail et ressources humaines. Sur le plan politique, l’Instance
poursuivra son action afin que soit respectée l’autonomie des employeurs du réseau et
affirmés le rôle et la place de l’Association dans l’ensemble des dossiers patronaux.
20
La Mutuelle de prévention des CPE
La Mutuelle a connu cette année un véritable redressement, voire une « réanimation » et
termine l’année avec 232 membres. Cette réappropriation de la Mutuelle a signifié aussi
l’embauche de trois professionnelles par l’AQCPE, dont une coordonnatrice. En plus de
l’évaluation des dossiers de CPE, la Mutuelle a rendu disponibles trois formations liées à la
gestion des accidents et à la prévention des maux de dos, lancé un bulletin trimestriel
d’information et travailler sur des capsules de prévention en santé et sécurité au travail. Tout
comme pour l’Instance patronale, l’AQCPE devra veiller à une pleine intégration de la
Mutuelle au sein de l’AQCPE et consolider son articulation avec les autres instances et
services. Le développement du membership devrait se poursuivre l’an prochain de même que
l’amélioration du processus de gestion des accidents.
La Coop d’achats
La création de la coop d’achats Wwwilliam.com, en moins d’un an, est en soi une réussite et
constitue un bon présage pour ce qui pourrait devenir à long terme un puissant outil de
développement pour le réseau, au service de notre mission sociale. Une tournée
promotionnelle des régions est en cours et se terminera en juin, et le site transactionnel sera
opérationnel à peu près à ce moment. La coop procède à l’heure actuelle à l’embauche du
personnel qui permettra son développement et son opérationnalisation. La coop prendra donc
véritablement son envol cette année; il faudra lui faire une place dans notre vision, bien
réfléchir et arrimer son développement afin de faire en sorte qu’elle livre rapidement son
plein potentiel, qui dépasse largement le simple fait de permettre des économies
intéressantes aux CPE.
Le projet Innovation
Le développement de cet ambitieux et audacieux projet de gestion des savoirs, débuté en
pleine tourmente et avec des perspectives très présentes de perte d’expertise, en est aux
toutes dernières étapes d’élaboration. Il répond au besoin de mieux travailler en réseau et
nous met collectivement et positivement au défi d’innover, en s’appuyant sur nos meilleures
pratiques et en les valorisant. Le projet nous permettra de porter la vision partagée que nous
aurons du développement de la qualité, soutiendra la reconnaissance de notre réseau de
même que le développement des compétences, en plus d’optimiser les liens du réseau avec
les milieux de recherche. Son élaboration a été laborieuse en raison du contexte politique,
d’enjeux liés au travail avec la Fondation Chagnon, principal partenaire, mais aussi de son
21
caractère moins tangible, le projet reposant d’abord sur des idées. Dès l’automne, grâce
notamment à l’alliance stratégique avec la Fondation Chagnon, le projet Innovation devrait se
concrétiser et mobiliser l’ensemble des acteurs du réseau, toujours dans le cadre d’une vision
intégrée de l’innovation et du développement.
Représentations diverses
L’AQCPE, dans une optique de soutien au développement et consciente de la responsabilité
d’un réseau comme le nôtre, a agi en représentation auprès de divers organismes des secteurs
de l’économie sociale et de la recherche. L’AQCPE a contribué aux travaux des conseils
d’administration du Chantier de l’économie sociale, du Comité sectoriel de main-d’œuvre en
économie sociale et action communautaire (CSMO-ÉSAC), et de l’Alliance de recherche
universités-communautés en économie sociale (ARUC-ÉS). S’ajoute à cette liste notre
participation au comité de direction du tout nouveau Centre du savoir sur la petite enfance et
à divers comités de travail plus ponctuels. Le principal défi de l’AQCPE concernant ces
représentations est lié aux suivis et au transfert d’information d’une part, mais encore
davantage aux échanges nécessaires à une réelle « représentation » du réseau, de ses réalités
et de ses préoccupations.
Par ailleurs, nous sommes conviés, cet automne, à La Saison de l’économie sociale et solidaire
organisée par le Chantier de l’économie sociale, en collaboration avec plusieurs partenaires
dont l’AQCPE.
22
VOLET IV : ADMINISTRATION DE L’AQCPE
Ressources humaines
L’année 2005-2006 a également été fortement marquée par une consolidation et une
restructuration de l’équipe de travail de l’AQCPE, qui est passée de 4 à 13 employés-es (sans
compter l’équipe de la Coop), dont la majorité oeuvrent dans les projets et composantes de
l’Association (Instance patronale, Mutuelle, projet Innovation).
Le Conseil d’administration a d’abord procédé en début d’année à l’embauche d’un nouveau
directeur général, issu des milieux associatifs et d’économie sociale. Malgré un contexte
politique requérant une attention plus que soutenue, le redressement des opérations internes
de l’AQCPE s’avérait un enjeu majeur pour la survie de notre Association, durement éprouvée
par de multiples changements de personnel. Ce redressement constituait ainsi un important
mandat confié à la nouvelle direction générale. Nous pouvons conclure à la fin de l’année que
le redressement a été opéré avec succès et que la restructuration est bien engagée.
L’équipe de travail est composée de personnes chevronnées dans leur domaine, qui
s’investissent avec une ardeur et une passion peu communes. Une évaluation du personnel
déjà en fonction et l’ajout de ressources complémentaires ont permis de cerner les défis et
mandats de chacun et de placer «les bonnes personnes aux bonnes tâches» afin de mieux
satisfaire aux attentes et aux besoins grandissants de nos membres. L’optimisation des
ressources est au rendez-vous mais devra se poursuivre puisque l’AQCPE ne répond toujours
pas adéquatement aux vastes ambitions qu’on lui a confiées.
Si le nombre d’employés a pratiquement triplé en cours d’année, il importe cependant de
souligner que toutes ces nouvelles ressources ont été embauchées dans les différentes
composantes ou projets particuliers de l’Association, ce qui nous permet d’amorcer l’année
2006-2007 avec une équipe solide de 4 personnes à l’Instance patronale, de 3 personnes à la
Mutuelle de prévention, en plus de notre coordonnatrice du projet Innovation. Manifestement,
il est plus facile de financer le développement de ces projets particuliers que celui du
fonctionnement général de l’Association qui n’a pas pu compter sur l’ajout de nouveaux
employés en cours d’année, malgré des besoins évidents. Tout au mieux, des contractuels ont
été employés pour répondre à des besoins ponctuels, mais avec des résultats inégaux. Des
23
ressources financières insuffisantes et surtout non-stables ne nous permettaient pas de nous
engager pour corriger cette situation; la prochaine année devrait nous permettre d’y remédier
en ajoutant une direction adjointe administrative et une autre ressource aux communications.
Malgré la surcharge perpétuelle et l’effervescence continue, le climat de travail au sein de
l’équipe est agréable et empreint de coopération. Les rencontres formelles d’équipe ont été
rarissimes mais les responsables des différents dossiers ont généralement réussi à bien
coordonner leurs actions au sein de l’Association. Compte tenu de l’arrivée récente de
nouveau personnel et de l’ajout prochain de nouvelles ressources, un processus d’intégration
et des mécanismes de travail en équipe et de communications plus structurés seront requis
afin d’assurer la cohésion de nos actions et l’appropriation par tous de nos mandats et de
notre vision stratégique. Une politique des ressources humaines et des conditions de travail
devrait également être produite et adoptée au cours de la prochaine année.
Ressources financières
Le redressement de la situation financière de l’AQCPE est également au palmarès de nos bons
coups cette année. Si l’année 2004-2005 s’était conclue sur un lourd déficit, la présente
année se termine avec un léger surplus. Le suivi de l’évolution de nos résultats financiers a
été régulier et nous a permis d’apporter les ajustements que la conjoncture imposait (report
de l’embauche d’un analyste-recherchiste en début d’année, création du Fonds de défense et
de promotion à l’automne, etc.). Le retour de trois regroupements régionaux comme
membres de l’AQCPE contribue évidemment positivement à notre financement. Mais la
restructuration du réseau des CPE et de leur propre financement interpelle notre structure de
cotisation et nous forcera à trouver un nouvel équilibre dans la trilogie
membership/services/cotisation.
Une gestion comptable plus appropriée au nouveau développement de l’AQCPE (gestion par
projets et composantes) et la planification budgétaire sur un horizon de trois ans nous
permettront d’envisager avec vigilance et clairvoyance le développement de notre
Association.
24
Logistiques
Au plan logistique, deux mesures retiennent l’attention.
L’acquisition en fin d’année d’un nouveau logiciel (base de données et gestion des relations
clients) et son implantation actuelle permettront à l’AQCPE d’optimiser la gestion de
l’information avec les regroupements régionaux et les CPE. Information centralisée et ajustée
en temps réel, suivi détaillé des échanges avec nos membres, système de facturation
optimisé, comptabilité plus efficiente, ce nouvel outil devrait nous permettre une gestion
beaucoup systématique et efficace de notre travail. L’amélioration et le développement du
site web, tant la section publique que privée, doit être une priorité pour la prochaine année
afin qu’il devienne un outil de travail et de diffusion d’information réellement efficace, ainsi
qu’un lieu de rayonnement pour le réseau.
Les bureaux de l’AQCPE ont été agrandis afin de d’offrir un espace dédié aux activités de
l’Instance patronale et de la Mutuelle en plus de nous doter de salles de réunion plus
fonctionnelles. D’autres réaménagements, plus modestes, sont à venir pour rendre l’espace
de réception et d’accueil plus convivial et efficient.
25
Conclusion
Une foule de mots se bousculent pour qualifier cette année un peu folle, éprouvante mais
aussi exaltante pour l’AQCPE : cohésion, audace, mission, démembrement, autonomie, floué,
mobilisation, développement, plaisir, labeur, notoriété…
Créée il y a trois ans, l’Association est encore jeune, mais la dernière année, celle qui aurait
pu lui être fatale, s’avère plutôt celle qui l’aura enracinée, tant dans sa pertinence sociale
que dans sa cohésion.
Bien évidemment, l’AQCPE ressort amochée et éprouvée par les attaques incessantes et sans
précédent que le réseau des CPE a subies cette année, attaques qui ciblaient l’essence même
du modèle CPE. Des attaques qui, bien qu’on ait réussi à en limiter les pires impacts, auront
porté de durs coups à notre réseau, en termes budgétaires bien sûr, mais aussi en expertises
perdues, en projets compromis, en dénigrement subi…
Mais tout aussi manifestement, l’AQCPE ressort gagnante de cette année au niveau de sa
notoriété acquise, de sa mission clarifiée, de sa cohésion retrouvée, de son leadership affirmé
et de son efficacité démontrée.
La performance de l’AQCPE au plan des communications et des relations publiques a été
particulièrement remarquée, positionnant l’Association tant pour ses membres, que pour les
médias, les partenaires, le grand public et les autorités politiques comme une référence
incontournable et hautement crédible. Réalisée dans un contexte où les ressources étaient
extrêmement limitées, tout cela ne s’est pas fait sans heurts, ni accrocs. Mais les acquis sont
précieux en ce domaine où la notoriété et la cohérence sont de mise.
La cohésion et la mobilisation que nous avons su déployer avec intensité cette année pour
défendre et préserver une vision et un modèle de services de qualité doit se poursuivre tout
en se transposant, avec autant de passion, dans le développement d’une offre de services
basée sur les principes et façons de faire qui nous sont chers : universalité, qualité,
accessibilité, autonomie et partenariat.
26
Les CPE et leurs partenaires sont les premiers concernés dans la formulation des réponses à ce
défi, inscrit dans le contexte de restructuration bancale que l’on connaît. Et les
regroupements régionaux et l’AQCPE sont invités à soutenir adéquatement les CPE dans ce
processus, tant au niveau des services appropriés qu’au plan des politiques publiques requises
pour supporter ce développement. L’AQCPE devra ainsi structurer avec les regroupements
régionaux, un Système d’innovation et de soutien au développement (dont on a jeté les bases
avec la constitution de l’Instance patronale, de la Mutuelle de prévention, de la Coop d’achats
et du projet Innovation) qui pourra répondre aux besoins actuels et émergents des CPE tout en
pérennisant la pertinence et la structuration de notre réseau.
L’AQCPE a désormais les cartes en main pour relever les défis auxquels elle est confrontée
comme association nationale rassemblant les regroupements régionaux, représentante des
intérêts des CPE, promotrice d’une vision globale de services de qualité à la petite enfance et
initiatrice d’instruments de développement pour y parvenir.
L’AQCPE s’impose comme une organisation rassembleuse et démocratique, porteuse d’une
vision de plus en plus partagée du développement de notre réseau. Elle est à dessiner et à
articuler avec intelligence les différentes facettes et composantes de cette vision stratégique.
La prochaine année sera assurément l’occasion d’en débattre en profondeur dans tout le
réseau.