La Révolution (Tome 2)

download La Révolution (Tome 2)

of 309

Transcript of La Révolution (Tome 2)

LA

RVOLUTIONRECHERCHES HISTORIQUES

L'ORGlx'E ET LA PROPAGATION PL MAL EN EUROPE,Q B r O I I LA lUDMAlMAJfOE SVBQV A MOI J O U MP A h

M - GAUME.ProtoaolAire t p e f l a l i q u f , fie*>rr gocrcl de R i n , de MouUobcn r t docteur en Ibrologie , r b # f l i r r d* l'ordre d tmbre d t I Ae*dc*tir d r U rtllgion ( t a o l i q M d r R o m , , d VArtdtni* rtt t t IMIIM-lettre d nMBCftn , rte. d'Aqailt, i*t K i H f i . SaiBt-Sylvfitr*,

.Ni Mitai r a s i M t r n i k o a o . b r H : GUt. *1 ,

RVOLUTION FRANAISE.HKlVIKlfK PARTIR.

PARISGAUMR F R F R F S , I J B R A I R E S - K )ITK 1 R S ,Hl'F. CASSKTTE, l

1 H56I ' a u t e u r et le* d i t e u r s tl

r e r v e n t le droit d e t r a d u c t i o n et d e r e p r o d u c t i o n l'tranger

Biblio!que Saint Librehttp://www.liberius.net Bibliothque Saint Libre 2008. Toute reproduction but non lucratif est autorise.

M t l S

TYP06RAPHIR

DE HEKRI

fUtN.

IMPRINIDIt Dl L'CMriR BU ,8 , nt Guurirt.

AVANT-PROPOS

La premire partie do cet ouvrage prsente le rapide tableau des destructions rvolutionnaires. Mais, dit-on, si la Rvolution a dtruit des choses nobles et utiles, n'a-t-elle pas le mrite d'avoir supprim une foule d ' a b u s , et cette suppression ne balance-t-elle pas le mal qu'elle a fait? Nous ferons remarquer que l'examen de ces questions ne rentre pas ncessairement dans notre plan, et que nous pouvons nous dispenser d'y rpondre. Qu'on veuille bien ne pas l'oublier : nous envisageons la Rvolution franaise comme un fait; notre but est d'en montrer le principe gnrateur. Voici nanmoins quelques considrations gnrales qui peuvent aider rsoudre la difficult. \* L'histoire consciencieusement interroge autorise rpondre que l'on a, sur beaucoup de points, exagr les abus qui servirent de motif ou de prtexte la Rvolution; qu'on a souvent donn commeIL

4

2

LA ItfcVOLUTlUN

F II A N r \ ISK.

un tat do choses permanent ce q u i n'tait qu'un fait accidentel; et commo imputable tous ou au plus grand nombre, ce dont quelques-uns seulement taient responsables; q u e par u n abus do mots familier aux passions, on a fltri du nom de servitude, do vexations et d'injustices ce qui, dans la ralit, n'tait que l'obissance lgitime et l'exercice irrprochable du droit; 2 Que les abus rels, dont nous ne contestons ni le nombre, ni la gravit, pouvaient tre abolis autrement que par la Rvolution : la royaut ellemme allait au-devant des rformes, la noblesse les acceptait; le clerg s'y prtait volontiers, e t , pour rassurer tous les intrts, o(Trait gnreusement de combler le dficit des finances ; 3 Que le vrai moyen de supprimer les abus, c'tait prcisment d'empcher la Rvolution, au lieu de la faire; d'en sortir, au lieu d'y entrer; 4 Que la Rvolution, en dtruisant les abus, n'a fait que dtruire son propre ouvrage. Avant de devenir bourgeoise en 1789, la Rvolution avait malheureusement commenc par tre royale et nobiliaire. Cest elle qui, surtout depuis Richelieu, faisant oublier aux classes suprieures les lois ternelles de la justice et de l'quit, les avait pousses confisquer leur profit une partie des droits, des liberts, des privilges lgitimes des classes infrieures : ce qui cou-

AVANT-PKOPOS.

3

stituait, en gnral, les abus dont on demandait la rforme; '.'S Que la Rvolution n'a pas dtruit les abus, mais les a seulement dplacs. Ainsi, nous croyons que le despotisme des rois, de Louis XIV lui-mme, no fut jamais plus dur que celui des sept cents rois de la Convention, des triumvirs et du Directoire. On conviendra que les insolences et les vexations de la noblesse ne furent pas plus odieuses que celles des proconsuls rvolutionnaires : Carrier, Schneider, Bo, Frron, Loquinio et leurs collgues. Los redevances et les dmes que le peuple payait au seigneur ecclsiastique ou laque, taient-elles beaucoup plus onreuses que les rquisitions de toute nature, les emprunts forcs, les impots progressifs, le maximum, toutes choses tablies par la Rvolution : sans parler des con tribu lions toujours croissantes, q u e , depuis celle poque, le peuple paye au spiytienr Etal? Les confiscations de droits, de liberts et de privilges commises par la noblesse et la royaut, peuvent-elles tre compares aux confiscations dr la Rvolution, qui anantit d'un seul coup tous les droits, franchises et privilges des corporations d'arts et mtiers, des communes et des provinces; efface jusqu'au dernier vestige des droits acquis;1 .

4

LA R V O L U T I O N

FRANAISE.

branle la proprit m m e , et, no laissant debout que des individualits isoles et sans force, livre la France dsarme un pouvoir omnipotent q u i , un jour, s'appelle Robespierre? En6n, en matire d'injustices juridiques, o trouve-t-on les plus nombreuses et les plus criantes? Dans les annales des anciens parlements, ou dans les fastes du tribunal rvolutionnaire? L'objection que nous venons de rapporter n'est pas complte. Elle a une seconde partie qui est celleci : a Si la Rvolution a caus de grands maux, n'at-elle pas produit de grands biens? Nous l'examinerons dans les livraisons suivantes.

RVOLUTION FRANAISE,PERIODE DE RECONSTRUCTION RELIGIEUSE.

CHAPITRE

PREMIER.1

Pourquoi la Rvolution invoque toujours l'antiquit paenne, quelquefois Voltaire et Rousseau, jamais Luther ni Arius. Aftinit* entre la Rvolution et l'antiquit classique. Raison de cette affinit. Marche de la Rvolution dans son uvre de reconstruction.

Dans son uvre de destruction, nous avons vu la Rvolution invoquer constamment l'antiquit classique, quelquefois Voltaire, plus souvent Rousseau; mais Luther, Calvin, Mahomet, Arius, jamais. D'o vient ce fait remarquable, et quelle en est la signification ? Il est facile de rpondre que l'antiquit grecque et romaine avait t longtemps et soigneusement

6

I.A n.\

iM;TH \

Kl; \ N U S E .;

enseigne la jeunesse rvolu* o n n a i p \ ce q u i n'avait ou lieu ni pour le luthranisme, ni pour le calvinisme, ni pour le mahomtismo. ni pour l'arianisme; qu'il tait tout simple que c e l t e jeunesse, parvenue au pouvoir, voult raliser dans les faits des doctrines admires, et regardt, sinon comme un devoir, au moins comme un droit, de renverser de fond en comble un ordre religieux et social entirement diffrent du type antique, devenu son rve et son idole. La rponse est bonne, sans doute, mais elle n'est pas suffisante. L'enthousiasme de la Rvolution pour le paganisme a une cause plus profonde : elle est dans l'affinit intime qui fait graviter l'poque rvolutionnaire vers l'poque paenne, aussi naturellement que la loi d'attraction fait graviter vers le p o l o l'aiguille aimante. Qu'tait-ce, en effet, que l'ancien paganisme, le paganisme classique de Sparte, d'Athnes et de Rome? C'tait un tat social fond sur la volont arbitraire de l'homme, et non sur la volont de Dieu; c'tait un ordre de choses dans lequel l'homme tait dieu et roi tout ensemble. Dans le paganisme, tout tait dieu, except Dieu lui-mme, dit Bossuet, qui le dit d'aprs saint Augustin, qui le dit d'aprs l'histoire. Or, en dernire analyse, ce tout t e rduisait l'homme, ou plutt au dmon,

CHAPITRE PREMIER.

7

don I" homme tait la dupe el l'esclave. Des milliers de dieux qu'il s'tait f o r g s , l'homme n'en adorait srieusement qu'un seul : c'tait lui, lui homme dchu, lui orgueil et volupt. En un mot, religion et socit, l'homme paen avait tout fait son image et son profit, aprs avoir bris le joug des lois divines, religieuses et sociales. Que fut la Rvolution? Une Rvolution p r o prement d i t e , disait du haut de la tribune le p r sident Vernier, c'est le combat de la liaison contre les prjugs, de l'enthousiasme sacr (te ta libert contre le fanatisme, la tyrannie, la superstition : telle est la Rvolution que nous allons jurer de maintenir D'autant plus prcieuse que la source d'o elle mane est moins suspecte, cette dfinition est un trait de lumire. Elle dit clairement que dans son essence la Rvolution est le renversement de l'ordre religieux et social existant, la fondation d'un ordre nouveau sur la souverainet absolue de l'homme : en d'autres termes, que la Rvolution est F apothose de l'homme. Tel est son principe gnrateur, sa boussole, le dernier mot de ses discours et de ses actes, qui autrement restent l'tat d'impntrables mystres. Avec cette donne, on comprend merveille :1

Disc, de Wrnior, prsid. du Conseil des Cinq-Cents. M ont t.,

t. XXIX, p. 9 .

8

LA R V O L U T I O N

FRANAISE.

1 pourquoi dans le choix de ses autorits cl philantliropes. Religion deQuintus Aut 1er et de son cole. Discours de Robespierre et de la Vicointeri . Fte de la Raison.

Ainsi que nous l'avons vu, l'histoire de la Rvolution se divise en deux priodes : la priode de destruction et la priode de reconstruction. Dans un premier travail nous avons suivi la Rvolution d e puis la proclamation des droits de l'homme, la dmolition de la Bastille, l'abolition de la noblesse et la prise des Tuileries, jusqu'au meurtre de Louis XVI; depuis la nuit fameuse du 4 aot, la suppression du clerg, les massacres de septembre, jusqu'au sac de Rome et l'enlvement du pape : et nous l'avons vue faisant partout, au nom des Grecs et des Romains, table rase d e la religion et de la royaut. La priode de destruction est dsormais parcourue. 11 nous reste tudier la priode de reconstruction et

U

LA R E V O L U T I O N FRAN< AISK.

savoir sous quelle influence elle va s'accomplir, vers quel ple elle va graviter. Au christianisme qu'il a proscrit, la royaut qu'il a abolie, l'homme se met en devoir de s u b s t i tuer sa religion et sa royaut. O ira-l-il chercher le type de l'un et de l'autre ? Son organe ofliciel, la Convention, commence par dclarer hautement que le christianisme ne fournira aucun lment sa religion; qu'il en est indigne; que la moindre parcelle de son dogme ou de sa morale souillerait son u v r e ; que la source pure o il puisera, c'est la brillante religion de Rome et d'Athnes : cette religion sans mystres et sans miracles, prise dans la seule nature et d >nt l'homme est tout ensemble le fondateur, le pontife et le dieu. Je le demande en prsence de l'image de Rrutus, s'crie Jacob Dupont, qui arma les braves Marseillais contre les rois et la royaut? Sont-ce les prjugs et l'ignorance du quatorzime sicle ? Croyezvous donc, citoyens lgislateurs, fonder et consolider la Rpublique avec des autels autres que ceux de la Patrie : la Nature et la Raison, voil les dieux de l'homme; voil mes dieux. Admirez la Nature, cultivez la Raison, et si vous voulez que le peuple soit heureux, htez-vous de propager ces principes...

Cil A PITHK i : ; : U \ l i - M K .

15

Il oiait plaisant d prconiser une religion adapte a une Constitution qui n'existe plus; prconiser une religion monarchique dans une rpublique; une religion qui enseigne qu'il vaut mieux obir Dieu qu'aux hommes!.. I.e moment de la catastrophe est arriv. Torts 1rs prjutjs doivent tomber en infime temps. Il faut les anantir, ou que nous en soyons crass. Il faut, du 10 aot au 1" janvier 179.1, parcourir avec hardiesse et courage Y espace de plusieurs sicles . Dix-huit sicles et mme plus, comme nous le verrons bientt.l

Fanatiques, n'esprez rien de nous, continue Robespierre, traant le plan du nouveau culte, toutes les fictions disparaissent devant la vrit et toutes les folies tombent devant la Raison. Toutes les sectes doiveut se confondre dans la religion universelle de la Nature. Prtres ambitieux, n'attendez pas que nous travaillions rtablir votre empire. Qu'y a-t-il de commun entre les prtres et Dieu? Les prtres sont la morale ce que les charlatans sont la mdecine (vifs applaudissements). Combien le dieu de la nature est diffrent du Dieu des prtres ! Je ne connais rien de si ressemblant l'athisme que les r e ligions qu'ils ont faites. Les prtres ont cr Dieu 1

Munit. 16 dc. 1792.

4ii

LA R V O L U T I O N

FRANAISE.

leur image. Ils Font fait jaloux , capricieux, avide, c r u e l , implacable. Le vritable prtre de l'Etre suprme, c'est la Sature; son temple, l'univers; son c u l t e , la vertu; ses ftes, la joie d'un grand peuple Viennent ensuite comme modle des ftes de la nouvelle religion , ces ftes de la (rece auxquelles on ne peut penser sans enthousiasme *. L'antiquit qui fournit les ftes fournira aussi la morale; celle du christianisme n'est que superstitions et absurdits. Citoyens, dit la Vicomterie, aprs mille sicles d'erreurs, de crimes et de calamits, aprs mille sicles d'une dpravation profonde et gnrale, je viens vous parler de morale et de vertu. De futiles orateurs, des fous, des charlatans de toute espce, tranrent trop longtemps aprs eux la foule des humains, leur donnrent de leurs mains sacrilges des recettes barbares, des poisons pour des remdes. Alors l'uvre fatale du monde fut consomme... La morale ne fut jamais dans cet amas gothique et barbare de distinctions et de sophismes des Thomas, d s Augustin et des Jrme. Ces charlatans, jadis si rvrs, ont indignement confondu toutes les notions du juste et de l'injuste. O s rvrends fous1 2

Alunit. 8 mai 4794. AL, id.

U i A i M T l t ! ; DIU'XIKMF.. ont9

17

rempli p c n d a n l (juinze cents ans, l'Europe d e leur dmence Je chasse devant moi d e s fantmes bizarres el cruels; je mets leur place les lois primitives : la liaison, Y Humanit, la Sature; voil les divinits que j ' a d o r e , voil les divinits qui consoleront la terre des maux que lui ont faits les tyrans et les prtres...

JE

VOIS EN

MORALE,

D E P U I S SOCRATE

J i s g i ' x NOS

La consquence saute aux y e u x : c'est Socrate qu'il faut remonter |K)ur ressaisir le fil de la nature . La Convention demande avec enthousiasme l'impression de ce discours. A la suite de Chaumette, de Robespierre, de la Vicomterie et de beaucoup d'autres, viennent Boissy d'Anglas et Lequinio, q u i , dveloppant les ides de leurs prdcesseurs, rdigent un code complet de religion, conforme au Code de la Grce et de Rome. Nous donnerons plus loin 1 analyse de ces curieux documents.J O U R S ; UN V I D E D E R O I S M I L L E

ANS...,

!

Cependant la religion officielle invente, labore par ces nouveaux hirophantes, avec sa morale naturelle, ses ftes grecques et romaines, n'est que la premire phase de la reconstruction religieuse e n treprise par la Rvolution. La religion des thophilanthropes marque la seconde. Cette religion, com1

Munit. iO vend, an III. II.

S

1S

i.A R V O L U T I O N

FRANAIS!:.

pllcment rationaliste en dogmes, socratique en morale, romaine en fait de culte, eai un second pas vers la restauration du polythisme. On voit l e s thophilanthropes, fldles imitateurs des anciens, adorer le feu sacr, offrir des sacrifices au Dieu s u prme et des libations aux dieux infrieurs. Enfin, arrive, avec la Thricie, la troisime phase ou le troisime pas vers la restauration complte et matrielle du polythisme classique. Nous ferons connatre les ouvrages publis trs-srieusement dans ce but et l'argumentation non moins srieuse de leurs auteurs. Nous verrons les nouveaux paens s'efforcer faire prvaloir leurs doctrines, jusqu'au moment la Providence donne un coup de balai, qui jette vent comme autrefois les d i e u x , les temples et pontifes. de ou au les

Passons rapidement en revue ces trois phases de l reconstruction religieuse entreprise par la Rvolution , inspire, ici comme ailleurs, par les souvenirs classiques. L'homme rvolutionnaire s'tant dclar dieu, il se dcerne des ftes : la premire est la fte de la liaison. Pour l'instruction de la postrit, racontons une fois de plus cette fte dans laquelle, aprs dix-huit sicles Je christianisme, on voit la chair de nouveau difie, replace publiquement sur l'autel et recevant,

CHAPITRE n r u x i f . M i :

1> de rouge, est tran par huit taureaux vigoureux, oui cornes doms, et couverts de Heurs et de guirlandes. u Tout, dans cette marche, rappelle ces fiUcs antiques dont l'histoire nous a conserv le souvenir, que notre imagination embellit peut-tre, et que nous ne pouvons jamais esprer le iv>/> imites ni surpasses. On regrettait cependant que les Franais no fussent point alors revtus du nouveau costume qu'on leur prpaie. L'aspect de la fte en et t bien plus imposant et vraiment d'un got antique '. Aprs la Convention, un groupe de cent tambours; puis vingt-quatre sections, marchant dans le mme ordre que les premires. Au centre s'avance le Char dis aveugles, portant cette inscription : La Rpublique framvisc honore le malheur. Pendant la marche, les aveugles excutent un hymne la Divinit, paroles du citoyen Deschamps, musique du citoyen Bruny. Dbouchant par le pont Tournant, aprs avoir fait le tour de la statue de la Libert, le cortge passe le pont de la Rvolution, le bord de l'eau, la place des Invalides, l'avenue de l'Lcole militaire et entre dans le Champ de Mars. Au milieu de cette vaste plaine s'lve une mon1

M^nit. ibi.

48

LA R f i V O I . T T I O N

FRANAISE.

tagne artificielle d'un effet extraordinaire. La Convention se place sur la cime. Sur les flancs sont chelonns dix vieillards pris dans chaque seclion, dix mres de famille, dix jeunes filles de quinze vingt a n s , dix adolescents de quinze dix-huit a n s , et dix enfants mles au-dessous de huit ans. Les dix mres de famille, fournies par chaque section, sont vtues de blanc et portent le ruban tricolore en charpe de droite gauche. Les dix jeunes filles sont aussi en blanc et portent le ruban tricolore comme les mres; elles ont les cheveux tresss de fleurs. Les dix adolescents sont arms de sabres. La colonne dos hommes, une branche de chne la main, se d veloppe droite de la Montagne, et la colonne des femmes gauche, tenant des fleurs la main. Tous les bataillons carrs des adolescents se rangent en cercle autour de la Montagne, au milieu de la musique, derrire les tambours. Chacun ayant pris place, Y office commence par l'hymne de Chnier l'tre suprme. En voici quelques strophes :Source de vrit, qu'outrage l'imposture, De tout ce qui respire ternel protecteur, Dieu de la Libert, pre de la Nature, Crateur et conservateur.

CHAPITRE

TROISIME.

49

L'esclave et U tyran ne t'offrent point d'hommage,Ton culte e s t la vertu ; ta loi,Tu soufflas l'immortalit. Quand du dernier Capet la criminelle rage Tombait d'un trne impur cras sous nos coups,

lgalit.

Sur l'homme libre et bon, ton uvre et ton image,

Ton invisible l/ras guidait notre courage.Tes foudres marchaient devant nous.

A venger les humains la France est consacre ;Sois toujours l'alli du peupleEcrase les trnes d'airain. Longtemps environn de volcans et d'abmes,

wuverain,

Et que la Rpublique immortelle, adore,

Que Hier eu'' franais, terrassant ses rivaux,Debout sur les dbris des tyrans et des crimes, Jouisse enGn de ses travaux.

Aprs cet Inlrol, les vieillards et les adolescents, placs sur la montagne, chantent sur l'air des Marseillais :Dieu puissant, d'un peuple intrpide C'est toi qui dfends les remparts : La victoire 9. d'un vol rapide, Accompagn nos tendards. Les Alpes et les Pyrnes Des rois ont vu tomber l'orgueil ; Au Nord nos champs sont le cercueil De leurs phalanges consternes : Avant de dposer nos glaives triomphants, Jurors d'anantir le crime et les tyrans! II. 4

50

LA

II V O L U T I O N

FH A N C AISE.

Tous les hommes rpandus dans le Champ de Mars rptent en ehonir le refrain. Les mres de famille et les jeunes filles, places sur la montagne, chantent une seconde strophe: celles-ci promettent de n'pouser que des citoyens qui auront servi la patrie, et les mres remercient l'tre suprme de leur fcondit :Entends les vierges et les mres, Auteur de la fcondit ! Nos poux, nos enfants, nos frres, Combattent pour la libert; Et si quelque main criminelle Terminait des destins si beaux, Leurs fils viendront sur des tombeaux Venger la cendre paternelle.L E CHOEUR :

Avant de dposer nos glaives triomphants, Jurons d'anantir le crime et les tvrans !

Toutes les femmes rpandues dans le Champ de Mars rptent le refrain. Comme le Credo catholique se chante par tout le peuple, tout ce qui est sur la montagne, Hohespierre, la Convention, le tribunal rvolutionnaire, hommes et femmes, chantent le Credo ou, si l'on veut, Y Offertoire rpublicain, contenu dans la strophe s u i vante :Guerriers. offrez votre courage ; Jeunes filles, offrez des Heurs ;

('.Il A P I T R E T R O I S I M E . Mres, vieillards, pour voire hommage, Offre/, vos fils triomphateurs ; ltnisscz dans re jour de gloire Le fer consacr par leurs mains;Sur ce fer vengeur de* humains

51

L'Eternel

grava laL E

victoire.U I U E U A :

Avant de dposer nos glaives triomphants, Jurons j ( j ' g ^ u t j j . | Jurez )e c r

i

r a e

e t

j

e

s

tyJ

r a n s

\

A r Offertoire uccde Y lvation. Le refrain peine fini, les mres soulvent dans leurs bras leurs plus jeunes enfants et les prsentent en hommage Y Auteur de la nature. Les jeunes filles jettent des fleurs vers le ciel; les adolescents tirent leurs sabres et jurent de rendre partout leurs armes victorieuses; les vieillards, ravis, tendent les mains sur leurs ttes et leur donnent la bndiction paternelle. Depuis le commencement de la crmonie jusqu' la fin, l'encens ne cessa de fumer autour de la montagne sur laquelle taient placs les vieillards, les jeunes filles, la Convention et Robespierre .1

La messe paenne finit par une dcharge gnrale d'artillerie, interprte de la vengeance nationale ; et tous les assistants, confondant leurs sentiments dans un embrassemen* fraternel, font retentir les airs du cri gnral : Vive la Rpublique! Un roulc1

Essai sur les ftes nationales,

p. 70.

5

LA R V O L U T I O N

FRANAISE.

ment de tambours annonce le dpart; et la journe se termine par des repas civiques, pris par toutes les familles dans les rues et sur le seuil des maisons. Le Moniteur ajoute : Ainsi se termina la fte dont nous ne connaissons point d'autre exemple chez aucun peuple; une fte institue par la Maison, non des divinits absurdes, non des attributs, des symboles de l'essence divine, mais l'Auteur de la nature lui-mme . Pendant toute la dure de la crmonie, Robespierre , en sa double qualit de pontife de l'tre suprme et de prsident de la Convention, avait march seul, laissant entre lui et ses collgues une distance de quinze vingt pas et s'offrant aux applaudissements d e l foule, revtu d'un magnifique habit violet, ceint d'une charpe tricolore et coiff d'un chapeau haute forme, que surmontait un panache a u x couleurs nationales.1

Si dans son essence, le paganisme antique fut l'apothose de l'homme, peuplant l'Olympe de divinits de sa cration et donnant chacune un caractre, des attributs, une mission conformes aux penchants de son cur : on demande ce qu'taient les lettrs rvolutionnaires quand on les voit fabriquer leur usage un tre suprme, et, suivant la passion dominante de l'poque, en faire un dieu rpublicain !1

Monit., t. X X , 48 floral; 49-20 ot 25 prairial, etc., etc.

CHAPITRE

IV.

FTE DE LA N A T U R E . Linto des ftes rvolutionnaires. Calendrier de* Romains reproduit par la Rsolution. Description de la fe de la Nature. Quatre stations. Sacritire a la dee^c de la Lilwrt. Hymne auv Lapons

La Raison avait ses autels; l'tre suprme tait dcrt; on avait la Junon et le Jupiter du nouvel Olympe. Ce commencement ne suflisait pas. La Rvolution, qui avait tout dtruit, devait essayer de tout reconstruire, dans Tordre religieux aussi bien que dans Tordre social. Mais d'aprs quel modle? En lisant la longue srie des ftes rvolutionnaires et la manire de les clbrer, nous nous sommes demand si tout cela tait un original ou une copie. Une sauce de quelques heures aux bibliothques publiques a sufli pour nous apprendre que les rvolutionnaires n'ont jien invent. Pauvres jeunes hommes! ils n'ont fait que recueillir leurs souvenirs de collge et copier le calendrier des Romains.

51

LA R V O L U T I O N

Ft A N T . A I S E .

Dans tous les Trsors d*antiquits vous lisez que les Grecs et les Romains avaient plac les diffrentes parties de la nature, les saisons de l'anne, les ges de la v i e , les sciences, les travaux, les affections, les vertus, les actes remarquables, sous la protection de certaines divinits infrieures (dit minuti), qui en taient la personnification et dont ils clbraient le culte par des ftes solennelles. Telles taient, entre autres, les ftes et les divinits suivantes : Pour la nature en gnral, Ops ou thea, dont la fte se clbrait dans les premiers mois de l'anne ; Pour les quatre saisons, Janus, Flore, Vomone et Vcrlumne, dont les ftes avaient lieu en janvier, m a r s , j u i n , aot et novembre; Pour les vendanges, en particulier, Baeehus avec les ftes appeles Vinalia et Brumalia, et pour les semences, Crs avec les ftes appeles Seista ou Cerealia ; Pour toutes les productions de la terre, Vesta avec les Vestalia,fixesau mois de juin ; Pour l'agriculture, Saturne avec les au mois de dcembre ; Saturnaliat

Pour les artisans ou l'industrie, fortis Fortuna, le 2 4 juin ; Pour les sciences, les lettres, les beaux-arts, les neuf Muses 30 juin;y

CHAPITRE yiATRIKMM.

;,5

Pour l'enfance, le dieu Vayitanus et la desse Cunina, dont les fles se clbraient le r juin; Pour la jeunesse, f i h ; Pour l'ge viril, Hercule ; Pour la vieillesse, Saturne ou le Temps ;r

Pour les aeux, les Mnes avec les ftes Feralia et Lemuria, clbres au mois de fvrier et de mai ; Pour le mariage, Jupiter Pnfectus, luno Perfecta, Hymen , Venus Suaila, dont les temples taient partout et dont les ftes tombaient a u x premiers mois de l'anne ; Pour l'amour, Vnus; Pour l'amour conjugal, Juno Pronuba ; Pour la maternit, D i a n a ou J u n o L u r i n a . Pour les affections et les vertus, ou avait : la Raison, le Courage, l'Honneur, la Pit, la Boune Foi, la Pudeur, l'Amiti, le Bonheur, la Libert, dont les temples taient voisins les uns des a u t r e s ' , et les ftes chelonnes dans les diffrents mois de l'anne. Pour les actes remarquables, les victoires, par exemple, c'tait Jupiter Victor, dont la fte tombait au mois d'avril ; pour l'expulsion des rois, k fonda1

Mens, Virtus, Honor, Pielas, Fides, Pudicitia, Concordia,

Flicitas, Libertus. Ast illa prajter qua* datur nom in i ascensus in Clum, Mcnlem, Pietatem, Fidem colunto earumque laudem d e lubra unto. Y ic Rosin., Ant. Rom., c. x v . s antiques, porter le Livre sacr, exposer la Loi de\anl l'assemble, incline dans un silence respectueux. Qui refusera d'obir, lorsque vous avez obi.' Par cette solennit vous avez institu la reliyion de. la Loi. Chez les peuples libres et dignes de l'tre, lo lui rsi vue divinit-, robissance est un culte Redevenu ce qu'il tait dans le paganisme, par l'abolition de toute autorit religieuse et sociale, l'homme rvolutionnaire proclame sa souverainet, il en fait un dogme de foi, un dogme religieux. Il veut qu'pn le reconnaisse, et il tablit une fte solennelle pour le clbrer. Le 1 t pluvise an VI, Jean Debry demande officiellement rtablissement de celle fle ; il veut que l'Acte dans lequel, au dbut de la Rvolution, le Peuple-Roi grava le dogme de son indpendance, soit port en procession le jour de cette fte, afin que dans la France rgnre la dclaration des droits joue le mme rle que les tables de Mose chez le peuple hbreu. )l veut, pour le bonheur du monde, que le dogme si longtemps oubli de la Souverainet du peuple resplendisse comma le soleil dans la nature. Quand les premiers hommes, dit-il, se prosternrent devant le soleil, ils1

Monit. H octobre 1791. Les cruels caprices de Robespierre et

de la Convention, une dieinite !

HUMTHi; SEFlTLiih

ui

rappelrent le Pre, de la Mature. 11 ne parut point leurs yeux voil par des nuages, ni prcd par la tempte; mais il s'avanait radieux dans l'immensit de l'espace, rpandant grands Ilots des torrents de vie et de lumire : cest ainsi que la Constitution doit marcher En consquence, rAssemble dcrte par acclamation : qu'il sera clbr le 30 ventse de chaque anne, dans toutes les communes de la Rpublique, une fte solennelle qui sera nomme la Fte de la Souverainet du Peuple Tous les curs palpitaient, lorsque, quelques jours de l, Santhonax parat la tribune, et dit : t Citoyens lgislateurs, la veille de la plus auguste des ftes rpublicaines, il m'est impossible de retenir les ides qui me pressent. Demain vous clbrerez la souverainet du peuple. A ce mut, tous les faisceaux des consuls doivent s'incliner \ Puis, s'adressant au diei-peuple, il lui rappelle que sa divinit est tablie sur les ruines de la tyrannie et du fanatisme et qu' moins d'abdiquer il doit exterminer ces deux rivaux de sa puissance, a Peuple-souverain, si tu attaches quelque importance aux droits que tu as reus de la Nature. garde9 y

:

Mttnil. ibi. ' Monit. ibi. * Munit. t germ. un IV.2 r

1

9.

U*

LA R V O L U T I O N

FHANC.AISl.

toi de te laisser surprendre par tes plus mortels ennemis. loigne de cette auguste enceinte celui qui ne veut ni dfendre ni reconnatre ta souverainet ; celui qui, dans sa rage implacable, voudrait te la ravir, en rtablissant le tronc et les autels sur le cadavre sanglant du dernier des rpublicains. '. Le jour mme de la fte, le prsident des Anciens glorie le nouveau dieu et lui redit avec un dvot enthousiasme que les deux poques de son rgne sont les seules poques de lumire et de libert; que depuis Lycurgue, Solon, Nu ma, jusqu' la Rvolution franaise, le monde a vcu dans l'esclavage et dans la barbarie. L'Europe, dit-il, taitcondamne, depuis plus de vingt sicles, la barbarie

et la servitude : mais les nations ressuscitent la voix des hommes de gnie. Que cette fte ne soit pas une vaine crmonie; que ce jour voie creuser le tombeau de tous les oppresseurs du Peuple; que rclat de ce jour, o l orgueil des faisceaux s'abaisse devant la Majest souveraine du Peuple soit ternel comme lui *! Ce discours fut prononc devant l'assemble, au retour de la crmonie, qui s'accomplit de la m a nire suivante. On avait lev au milieu des Tuileries, entre le Palais National et le premier bassin, un sty1 9

Monit. ibi. Monit, 2 gmi, an VI.

CHAPITRE SEPTIME.

133

lobate qui supportait le faisceau dpartemental. Tout le long de la spirale dcrite par le ruban tricolore qui

la nouait, taient appendus des boucliers portant chacun le nom d'un dparlement. Du sommet du faisceau sortait un arbre de libert. A chaque angle du st y loba te tait plac un trpied de forme antique, sur lequel brlaient des parfums. Chacune des quatre faces du stylobaie prsentaient quelques-uns des articles de la Constitution ou de la Dclaration des d r o i t s , qui eut rtabli ou sont destins conserver les Droits de ?homme *. Clbre, s'il est permis de le dire, dans la chapelle prive du gouvernement, ta fte n'eut pas aux Tuileries la mme pompe qu'aux municipalits de Paris et dans les provinces. On en jugera par le programme officiel et par la circulaire du ministre d e l'intrieur. Les arrts des f 3 et 28 pluvise portent ce qui suit : A R T , 4 * . La fte de la Souverainet du Peuple sera clbre, le 30 ventse prochain, dans toutes les communes de la Rpublique. A r t , 2. Dans les dix jou~s qui prcderont la fte, toutes les administrations municipales se rassembleront, afin de prendre les mesures ncessaires pour la faire clbrer d e la manire la plus solennelle qu'il sera possible.1

Monit. % germ. an VI.

114

L A RVOLUTION

FRANAISE.

ART. II. I! sera choisi dans chaque commune un certain nombre de vieillards, mm rrlidoltres , lesquels seront invits reprsenter le Peuple dans les crmonies de la Me. Le nombre de ces vieillards devra tre proportionn la population de manire cependant qu'ils ne soient pas moins de douze ni plus de cent. ART. 4. Une enceinte sera forme dans l principale place publique de la commune, ou, dfaut, dans un champ voisin. Au milieu, et sous un arbre de la libert, s'lvera un autel de la Patrie, entour de verdure et surmont du drapeau tricolore : le livre de la Constitution aera plac sur l'autel. Si la crmonie a lieu dans les temple* dcadaires, ces difices seront dcors de figures emblmatiques reprsentant la Souverainet du Peuple et le Peuple ; la figure de la Souverainet sera debout, celle du Peuple assise et couronne de chne et de laurier. A letirs f>ieds sera enchan le Despotisme.1

A i t . 5. Ds le matin, les vieillards nomms se runiront dans la maison commune, et de l se rendront en ordre au lieu de la crmonie. Quatre jeunes gens de la commune marcheront devant eux, portant chacun un criteau. Sur le premier on lira : La souverainet rside essentiellement dam l'universalit des citoyens.1

Spartiate.

CHAPITRE

SEPTIME.

m

Sur le second : L'universalit ais est le*

des eitnyens fran-

souverain.

Sur le troisime : Nul ne peut, sans tine dlgation lgale, exercer fonction aucune autorit ni remplir aucune publique. rappelleront principa~ de

Sur le quatrime : Les citoyens se sembles primaires lement la dure, la Rpublique. lectorales que dpendent la consermtion

sans cesse que c'est de la sagesse des choix dans les aset la prospf

Les j e u n e s gens seront choisis par les vieillards, parmi c e u x qui ont frquent avec plus d'assiduit lescoles

pttbtiu;u#i, et ffe sont distingus

par

leur

patriotisme. Chacun des vieillards aura l main Une baguetteblanche. Aprs e u x niareherOM les fbuciittnftifS publics,les

instituteurs

et

leurs

lves

4

s u i t i s de

groupes rprstttatfts l'Agriculture, l ' I n d u s t r i e , t Commerce, les Arts et les Sciences ^ figur! p # des cultivateurs, d e s ouvriers, des ngociants, l i i artistes et des hottiffiffs d e lettres, munis chactiri desattributs

B m

profession.

Des dtachements d e ! d #

fenseurs d e la patrie fermeront le cortge. A r t . 6. Lorsque le cortge sera arriv dans F * ceinte les j eunes gens qui porteront les criteaiit iront les planter des d e u x cts de l'autel d la

m

LA l f t V O L U T I O N

FRANAISE,

Patrie. Les vieillards se rangeront en demi-cercle devant cet an tel. A r t . 7. La crmonie commencera par quelques hymnes patriotiques analogues la fte. ART. 8. Les vieillards s'avanceront ensuite au milieu de l'enceinte, et runissant leur baguettes, ils en formeront un faisceau qu'ils lieront avec des

bandelettes tricolores. A r t . 9 . Un des vieillards montera sur les degrs d e l'autel de la Patrie et adressera a u x magistrats les paroles suivantes : La souverainet du Peuple est inalinable. A r t . 4 0 , Le premier magistrat prsent la c rmonie rpondra : Le Peuple a su par son courage, ses droits trop longtemps mconnus; il mura les Vmage qu'il en fera. Les appariteurs, qui, pendant ces discours, auront tenu leurs faisceaux abaisss devant la Souverainet du Peuple, les relveront, et un chur de musique terminera la crmonie.3

mmnqwrir conserver par

cortge retournera ensuite la maison commune. Les jeunes gens qui portaient les criteaux porteront au retour le Livre d e la Constitution t h faisceau, et marcheront devant les magistrats, qui marchrent eux-mmes devant les vieillards. A r t . 4 2 . L'aprs-midi sera consacre aux courses, ART. 4 4 . L e

CHAPITRE S E P T I M E

437

luttes, dames

et autres exercices et jeux.

M soir,

les thtres doivent retentir de chants patriotiques, et n'offrir que des spectacles propres inspirer l'horreur du rovalisrne et de l'anarchie, ces deux ternels ennemis de la souverainet du Peuple Pendant la crmonie avaient lieu des discours dans lesquels on proclamait la divinit du Peuple, les bienfaits de son rgne, la ncessit de raffermir, et les saintes motions que cette nouvelle re faisait prouver tous les curs. Citoyens, s'criait Barras, quel spectacle majestueux prsente dans ce jour la Grande Nation ! En ce mme moment tous ses enfants sont rassembls dans leurs communes r e s pectives; ils sont tous rallis prs de l'autel de la Patrie, devant le l i v r e de la Loi; ils se pntrent tous du saint amour de leur pays, et du dsir de conserver sa Constitution. Pour ramener ce seul but toutes les opinions diffrentes, touffer l'esprit royaliste, fondre toutes les passions dans Punique et ardent dsir de maintenir les droits cl les devoirs sacrs des hommes et des citoyens, les Franais runis clbrent aujourd'hui, par une fte solennelle, la Souverainet du Peuple. Citoyens, librateurs des peuples, pacificateurs de l'Europe, vous semblez avoir puis presque tous1

Monit. 3 vent, et 18 pluv. an VI.

13

LA RVOLUTION

FRANAISE

les triomphes : mettez le comble tant d'honneurs par un triomphe plus brillant, perfectionnez-vous dans Fart de choisir les organes de vos volonts souveraines. Mettre les destin \s de la Rpublique, en les mains vertueuses et purement rpublicaines, est le dernier degr de gloire o puisse parvenir la Grande Nation... 0 Peuple souverain ! ni royaut, "i dictature; tu n'en veux point. Tu veux inflexiblement la Constitution de 1 7 9 3 , la l o e r t , la Rpublique ! Des discours vides de sens, des parodies ridicules, des adolescents portant au bout de longs btons des criteaux o sont peintes des maximes antisociales, des vieillards cheveux blancs portant dvotement la Buain des baguettes blanches* les liant ensemble, au moment le plus solennel de la crmonie * avec un ruban tricolore, tout ce peuple prsid par ses magistrats * s'inclinant devant sa propre divinit, et terminant toute cette pompe par des courses et des lottes imites de Sparte et de Rome : abaissement de la raison humaine ! N'est-ce pas le eas de s crier une fois de plus : Antiquit classique, o nous ES-tu conduits? De mme que le peuple souverain avait eu des ftes solennelles pour clbrer les actes les plus bril1

Monit. 4 vent, an VI. Voir aussi le discours de la Rvellire Lepauz, 28 pluv. an VIL

1

I 11 Al'ITlK SKI'TI

fcME.

t ?9

lants d e son rgne, el d e s fles ni"ins s o l e n n e l l e s pour s'entretenir dans le sentiment de sa dignit; ainsi il avait certaines apothoses mmorables pour honorer ses hros tes plus illustres, et une fte annuelle dans laquelle il faisait la commmoration de tous les martyrs de la libert. Ici encore Se manifeste l'esprit de l'antiquit classique. Est-ce aux nations chrtiennes, a u * auteurs chrtiens, que sont emprunts les crmonies et les discours dont nous allons donner un chantillon? Le 4 prairial an III, Barras demand riUStittitton de la Fte des Martyrs de la Libert. Citoyens, dit-il, je viens vous proposer de donner un grand tmoignage de reconnaissance, de regrets, d'illustres victimes. Le 31 octobre i 7 9 3 fut le jour affreux d les assassins de la patrie tranrent l'chafaud des reprsentants fidles : l'chafaud fut pour eux le chemin de l'immortalit. Ombres de Vergniaud et des rpublicains qui raccompagnrent au supplice, que ce jour puisse vous apaiser! Je demande q u e , dans toute la Rpublique il soit clbr, le 31 octobre prochain, une pompe funbre en I'HOSNEC* des amis de la libert qui ont pri sur l'chafaud L proposition est vote au milieu des plus vifs applaudissements.1

Monit. ibi.

440

LA BftVOLUTlON

FRANAISE,

Par o n amendement, Roissy-d'Anglas demande q u e la fte soit consacre apaiser Us mnes de toutes les victimes d e la tyrannie dcem virale, et que le mmo j o u r on clbre l'anniversaire d e la proclamation d e la Rpublique : Il faut, dit-il, une cmntnmwation cette clatante journe qui a fix les destines de la France. Quelle plus belle circons-

tance pour clbrer la proclamation de la Rpublique q u e celle ou vous jetez des fleurs sur la tombe des hommes qui, aprs l'avoir prpare par leur ouvrage, Favoir dfendue par leurs vertus, ont eu la gloired e la sceller de leur sang ! 1

Guyomard s'oppose la runion en un seul jour de toutes ces commmorations. J'appuie, dit-il, la premire proposition de Boissy, mais je crois que nous ne p o u v o n s pas rire et pleurer dans le mme jour \ fin consquence, il fut dcrt qu'on diviserait les ftes; que le 44 vendmiaire serait le jour pour pleurer, et le 40 aot le jour pour rire. Le jeudi 44 vendmiaire, tous les dputs sont en costume; tous ont un crpe a n bras. Au bas de la tribune est place me urne funraire, couverte de crpes et de couronnes funbres; elle est ombragepar dm feuillages et dm guirlandes mles de chne et

de cyprs ; une palme la surmonte. Sur le socle on Jfonti. ibi.

* Monit. ibi.

CHAPITRE SEPTIME

44f

lit ces inscriptions : Ils ont recommand leurs frres, magnanimes dfenseurs

la patrie me

leurs jtouses et leurs enfants.

de la libert morts dam les

prisons ou sur les chafauds pendant la tyrannie!

Tallien parait la tribune et dit ; Citoyens, jevmxpleurer sur les mnes des Vergniaud, des Con-

dorcet, des Camille Desmouiins *. A ces mots, les artistes du Conservatoire excutent un chant funbre. La crmonie est un instant interrompis par une motion de Bailleul contre les factions de Paris. Puis, le chur chante un hymne aux Mnes des Martyrs d e la libert. En forme de Mmento, Hardy lit les noms de quarante-sept victimes tombes sous la hache dcemvirale. Le prsident prononce une oraison funbre dans laquelle il redit les services, les vertus, le courage, la fin tragique des martyrs; et la fte se termine par des marches et diffrents airs guerriers *. Il resterait parler des ftes de la Reconnaissance, du Malheur, de Y Hospitalit, et d'autres encore. Comme les prcdentes, toutes ont pour but de rappeler des souvenirs de l'antiquit classique, de glorifier des sentiments purement humains, des vertus purement naturelles : c'est--dire d'exalter l'orgueil1 2

Monit. doit tre banni de la religion rpublicaine. Ftes des Vendanges, de la Paternit, du Mariage, de la Mort. Programme de Lquinio.

Les ftes de la Rvolution, comme la plupart des choses de cette poque, sont des ides renouveles des Grecs et des Romains Aprs avoir lu ce qui prcde, nous ne savons s'il peut rester te moindre doute sur la vrit de cette affirmation. En tout cas, nous avons un moyen infaillible de le dissiper; c'est de faire parler la Rvolution elle-mme. Son l a n p g e nous dira nettement si dans l'ordre religieux, aussi bien que dans l'ordre social, sou but constant fut ou ne fut pas de ressusciter l'antiquit classique, regarde par elle comme le type de la perfection.* Viet. de la comerwt., art. Ftes.

m

LA R V O L U E * F R A N A I S E .

En 4 7 9 4 , Roissy-d'Anglas adresse la Convention son fameux E s s a i sur les ftes nationales Cet ouvrage devint le guide officiel des fondateurs de la nouvelle religion. Membre minent et modr de la Convention, dont il fut un jour le courageux prsident, Boissy-d'Angks tablit, avec un sang-froid qui ne se dment pas un instant, la ncessit de prendre pour types des ftes rvolutionnaires, les ftes de l'antiquit paenne. Il commence par dire que Robespierre parlant de l'tre Suprme au peuple le plus clair du monde, lui rappelait Orphe enseignant aux hommes les premiers principes de la civilisation et de la morale. Les anciens peuples, ajoute-t-il, dont nous tudions l'histoire, pour nous clairer par les monuments de leur sagesse, ont tabli des ftes conformes leurs murs naturelles... Les Romains, dont la guerre tait le mtier et qui naquirent conqurants, comme d'autres peuples naissent agricoles et industrieux, les Romains avaient des combats pour spectacles, et des luttes mort pour dlassements... Le got aimable et dlicat des Grecs les portait vers les plaisirs de l'esprit et du cur et vers l'enthousiasme des grands talents. Leur me sensible tait ouverte toutes les motions qui peuvent l'attendrir et

1

ht messidor an il, in-8.

CHAPITRE

NEUVIME.

lfmmr,* leur imagination, dveloppe par l'aspect de tous les contrastes dont la n a t u r e , en sa varit, avait embelli leurs climats, tait r i c h e , active et mobile, et devait se reproduire dans toutes leurs institutions. Ils avaient cr une religion brillante, o tout tait anim et en action; ils l'avaient compose d e tous les dogmes q u i peuvent donner et promettre le plaisir et le b o n h e u r ; ils l'avaient orne de toutes les crmonies qui frappent les sens pour mouvoir

l'me, des fictions les plus riantes, des illusions lesplus douces ; et leurs institutions politiques et reli-

gieuses, en se prtant un mutuel secours, au lieu de se combattre comme chez toutes Im natiom modernes se dirigeaient vers le m m e but et savaient l'atteindre, en formant d e s hommes susceptibles d'tre anims par l'amour des grandes choses, par le sentiment des plaisirs aimables, par l'attrait de la gloire, par la raison et par la volupt... Las bosquets d'Idalie taient des asiles pour l'amour et pour te plaisir, comme l'isthme de Corinthe un thtre pour le gnie et pour la gloire. La religion d e s anciens fut donc toujours politique et nationale. Parmi nous, au contraire, la religion n'a jamais form qu'une puissance isole et1

Ceci est flatteur pour ie cbristianifttne.

MiO

l\

REVOLUTION F R A N A I S E .

particulire. Les spectacles, les bals et les autres plaisirs publics taient robjet de ses excommunications; il semblait qu'elle ne pt supporter rien de ce qui devait dvelopper dans l'homme le sentimentsu dignit et de ses forces i nielle fuel les '. tle

La conclusion de cette thorie, si profonde et surtout si vraie, est qu'on a fait un acte de haute politique en abolissant le christianisme, et q u e , le Franais tenant du Grec et du Romain, il faut instituer des ftes o se rflchisse le caractre des p e u ples d e l A t t i q u e et des peuples d u Latium. Il faut q u e la valeur d u Franais soit inbranlable, q u e la haine d e la tyrannie soit au r a n g d e ses plus chres v e r t u s ; il faut qu'il prenne la vritable attitude dont

du monde, et qu'il obtienne par le dveloppement imposant de la forceil est d i g n e , celle d e mdiateur d'tre choisi pour devenir l'arbitre de l'univers et pour ordonner la destine du genre humain. C'est par vos ftes q u e vous relverez ce h a u t r a n g " . Voil pour le Romain. Voici pour le Grec : Vous ne voulez point crer u n peuple belliqueux et conqurant : les Franais le deviendraient bientt si vos ftes n'taient que guerrires ; vous leur opposerez le contraste si consolant des vertus paisibles et civiles. La Nature a2

* p . 5. l., p. G et 7.

C H A P I T R E NEC VI KM F

4f.j

fait de la nation franaise un peuple essentiellement agricole : vous honorerez l'agriculture. V Atlptcr t brait ses vendanges . et i"Egypte ses nmissotts :

Bacehus et Cres taient tour tour honors aux poques o leurs riches faveurs se distribuaient eux humains. !l y aura donc une fte publique pour la Clture de la vendange, comme pour celle de la moisson, au chef-lieu de chaque commune; l'abandon et l'galit en seront les seuls ordonnateurs. 1M contrainte en sera bannie et la libert y sera rappele. Ici, des pipeaux rustiques inviteront la danse les jeunes garons et les jeunes filles; l, d'autres jeunes citoyens s'exerceront la course, la lutte, ou se livreront d'autres exercices ; ici les vieillards et les pres se raconteront leurs anciens exploits, les merveilles de la Rvolution et les principaux traits de son histoire... Par ces salutaires institutions, le peuple franais saura tre tour tour agriculteur et guerrier, et il ne quittera la charrue que pour se runir sous la tente . Ce qui prcde est romain et athnien ; ce qui suit est lacdmonien. Boissy d'nglas institue la1 8 8

La Grce l'a fait, donc vous devez la faire : la consquence est force. C'est du Thocrite tout pur. ld. p. 9.3 8 %

1

II.

44

1

LA RVOLUTION FRANAISE.

Fte de la Paternit et du Mariage/

mais, en vrai

Spartiate, il en exclut le froid clibataire dont la

prsence porterait la tideur et la contrainte a u milieu des doux panchementa qui sauront et* faire le charme . 1

Passant la fte de la Mort,

il nous explique

quelle est la foi des rpublicains modernes sur l'autre vie; on verra qu'elle est au-dessous d e celle d e leurs matres, les rpublicains d e l'antiquit *. C'tait, dit-il, quelque chose de bien consolant que cette certitude que les prtres osaient nous offrir de soulager avec des prires et des crmonies, ou par la pratique soutenue d e quelques v e r t u s , lespeines de ceux que nos c u r s avaient chris, c'tait

une illusion. Je ne veux pas fonder d e nouvelles erreurs et rtablir des fabm qui ont rgn pendant trop de sicles. Honorons les morte afin d'offrir a u x vivants des consolations, des esprances et des sujets d'mulation. Les anciens possdaient un trs-haut degr l'art de reporter dans leurs institutions publiques toutes les sensations qui peuvent agir sur le cur des hommes. Leurs ftes funbres furent un des grands moyens pour perfectionner l'ducation pu1

p. 4 t . croyance que Boissy

Je me trompe ; Csar professait la mm d'Amas, et il n'est pas le seul.

C H A P I T R E NEUVIME.

463

biiquo et diriger toutes les affections du peuple vers l'amour de la gloire et vers le mpris de la mort, qui eu est le compagnon insparable. Cette pompe du trpas, ces jeum, ces combats, ces luttes, ces liba-

tions et ces sacrifices qui rassemblaient sur la tombe des mortd la multitude qui rvrait leur mmoire, avaient quelque chose de si auguste et de si touchant que, mme aprs trente sicles, ils nous attendrissent et nous enflamment par les seuls rcits qui nous en restent. Que sera-ce quand nous en serons lestmoins tww~mmm1

?

L'ide de la mort, chez les anciens, n'tait point u n e ide importune ; elle tait consolatrice et bienfaisante, ils y trouvaient un encouragement pour la gloire, un aiguiUon pour la volupt. Les anciens considraient la mort comme u n asile tutlaire, et

non comme un cueil redoutable. C'tait parce qu'ils apprenaient tous les jours mourir, qu'ils savaient vivre vertueuw et libres .a

Le mpris de la mort, en effet, est la prenmre vertu des rpublicains Vous honorerez aussi la mmoire jamais il-

lustre des fondateurs de la libert franaise et de* A, qui la b u t e , si nous n'avons pas revu les jeux, les combats, les sacrifices qui accompagnrent le- funrailles d'nckise ou de Patroch?Sans contredit, ce n'est P U celle de la Rvolution. * Htons-nous de nous faire Grecs, de nous faire Romains.44.

464

L RVOLUTION

FRANAISE.

ceux qui l'auront scelle d e leur sang. Les jeunes gens brleront du dsir de les imiter un j o u r ; les vieillards verseront des larmes en songeant qu'ils n e peuvent plus l'esprer ; mais tous se runiront d a n s u n mme esprit pour jeter des fleurs surleurs

tombe et pour clbrer leurs exploits. Ainsi les Aibotns chantaient dans toutes leurs ftes Ilarmodius et Aristogiton, dont le dvouement et le cour a g e , en frappant les d e u x Pisistrate, prparrent raffrtnebissement d e leur pays . De toutes ces ftes natra, comme tes les Grecs et chez les mmins, le dsir de la gloire. Ce dsir1

qui prpare la vertu, qui inspire ces sentiments q u i , dans les rpubliques anciennes> enfantrent tant d e miracles, qui fit natre tous le grands hommes dont te souvenir nous pntre tadmiration et de respect : Cicron aimait la gloire, et Cicron sauva son pays*. Avoir dot la France du bonheur et des vertus des Grecs et d e s Romains, tel sera le bnfice de ces ftes; c'est beaucoup sans doute; mais ce n'est pas assef. Lquinio, collgue de Boissy-d'Anglas, et comme lui auteur d ' u n programme motiv de la religion rvolutionnaire, s'crie : Quel vif et riant tableau ne prsentera point la France en ce temps,* /(*., p.20.

* U. ia.f

C H A P I T R E XEUVlfeMl-:.

165

si ces ftes sont fidlement et soigneusement e x c u t e s ! Il me semble voir se raliser alors, sur le sol d e la Rpublique, leBONHEUR DES CHAMPS O S E S ;

il me w^mke voir toutes las nations trangres saisies d'tonnement. dposer tout coup leurs haines antiques, teindre F envi le flambeau de la g u e r r e , accourir d e tous les points de l'univers pour nous a d m i r e r , et finir par se rjouir avec n o u s , p a r embrasser nos principes et nos lois, adopter nos usages et nos m u r s , les reporter avec enthousiasme dans leur p a y s , et rpandre sur les parties les plus r e c u les d u globe u n ocan d e flicit . Copiant j u s q u ' a u bout les Lacdmoniens, les Athniens et les Romains, nos d e u x fondateurs d e religion ne manquent pas d'ajouter : Vous voudrez, citoyens reprsentants, q u e toutes les crmonies publiques manent de Pautorit ne puissent du gouvernement et rvous maner que de lui. Vous seuls devez donner la France. Ainsi,1

gUr la direction et la morale de cette religion civileque vous devez anantirez la superstition, l'ignorance et les prjug s ; ainsi vous bannirez pour jamais le fanatisme d e dessus la t e r r e , o vous ne laisserez subsister q u e celui d e la Libert .1

4

Ftu nationales, par Lquinio, reprsentant du peuple. In-8. Imprm. nat. * Essai, etc., p. 64.

m

LA RVOLUTION F R A N A I S E .

On nous pardonnera ces longs extraits : pour les croire, il est des choses qu'il faut lire de ses yeux d a n s les monuments originaux.

CHAPITRE X.OUVRAGES RELIGIEUX DE LA RVOLUTION.

Le calendrier. Catchisme. Vie des saints. Eurologe. Prnes.

Le paganisme, en tant que systme religieux, tait restaur conformment au modle classique, dans son esprit et dans ses formes principales. Dans son esprit : il tait l'adoration de l'homme et de la matire, le naturalisme pur, tel que l'antiquit le professait, a Parmi les ftes du christianisme, avait dit Boissy d'Anglas, on ne voit jamais celles des choses, mais toujours celles des personnes. Chez les anciens, au contraire, les phnomnes de la nature, les secrets de l'agriculture et des arts, les prceptes sacrs des sciences conomiques, les grandes actions, taient sans cesse prsents a l'esprit dans les plus brillantes crmonies... Les principaux actes de la vie civile auront donc leurs crmonies et leurs ftes, comme les grands phnomnes d e la Nature, les belles poques de notre histoire, les Vertus morales

m

LA R V O L U T I O N

FRANAISE.

et les t r a v a u x ordinaires de l'industrie, de l'agricul-

ture et des arts \ Dans ses formes principales : il avait ses dieux et ses desses, ses temples, ses ftes, son calendrier, son organisation publique, sa hirarchie officielle, sa lgislation pnale *. Boissy d'Anglas et Lquinio en taient les Lycurgue et les Nu m a ; Chau mette, Robespierre, Larveillre-Lepaux, les souverains pontifes; la Convention et le Directoire, les conciles g n r a u x ; L e b r u n , Chnier, Deschamps, les hymn o g r a p h e s ; Gossec, Mhul, les musiciens; le peintre D a v i d , le g r a n d matre des crmonies. Cependant la restauration n'tait pas complte. Pour faire pntrer dans les mes la connaissance et l'esprit d e la nouvelle religion, cinq choses essentielles manquaient : u n Calendrier, un Catchisme, dprimes. u n e Vie des saints, un Emologe et un Cours l a France n e tarda pas en tre dote. Le Calendrier.Nulle part ! intention bien arrte d e ramener le peuple franais au naturalisme paen n e se montre plus nettement qr.ort d a n s Y Agora a* Athnes. Ccrbs,1

Dj le char antique

consacre

orn de g u i r l a n d e s d e feuillage, s u r m o n t

Bull, de la Bp., n 7.

CHAPITRE TREIZIEME.

i3

d'une charrue et d u n e vaste corl>cille pleine d'pis dors, et sur lequel se balancent les arbres d i v i n s ,

Y olivier de Minerve, le laurier d Appollon et le chn d'Hercule, est arrt sur la place de la Concorde. l'entre du Champ de Mars s'lvent d e u xgrandes pyramides de forme triangulaire, partant d'une large base circulaire. Trois statues de q u a torze pieds de hauteur sont adosses chacune de ces pyramides. Autour de celle de g a u c h e , on voit

France, Y Allemagne et Y Italie. Cette dernire porte la coiffure de Cybele et tient une pe nue sur sonla paule et uns tiare la main. Autour de la pyramide de droite, sont la briss;I'CALIT LIBERT,

coiffe du

bonnet phrygien,

appuye sur une massue et tenant en main des fers , couronne de

jximpres et de grap-

pes de raisin,FRATERNIT,

avec le niveau dans les m a i n s ; la

tendant une main et posant l'autre sur

sa poitrine. Pour le nu et l'accus des formes, rien de plus paen que ces Desses. Les inscriptions ne le sont

La Nature pour principe et la hi fjour sauvegarde. La Nation rgne. Le Peuple est souverain, ses mandataires administrent.pas moins : Au milieu du Champ de Mars, sur un pidestal trs lev, apparat la statue colossale de laBLIQUE. RPU-

Cette statue, par M. Clsinger, est coiffe du

bonnet phrygien et

drape l'antique;

elle tient de

3

LA R V O L U T I O N

FRANAIS!'.

la main gauche des couronnes de chne quelle prend sur son autel, et pse dans sa main droite uns pe et une branche d'olivier, comme si elle offrait au monde la paix ou la guerre. L ne des merveilles du Champ de Mars tait le Cirque antique, o trente mille spectateurs devaient trouver place. .Malheureusement il s'est trouv rduit aux proportions mesquines d'un amphithtre. La fte, cependant, n'en a pas t moins belle. Le ciel tait r a d i e u x , le soleil avait voulu mler ses pompes celles de la terre et assister au grand de notre Rpublique. lew Qu'on voie les milliers de ttes

du peuple, les forts de baonnettes, les cavaliers tincelants, la procession des travailleurs, la mosaque des toilettes lgantes, qu'on voque la tempte des acclamations, les bruyantes fanfares et les roulements du tambour, l'illusion n'est possible qu' ce prix. A la place de la majest grandiose des crmonies romaines, voici la libert populaire. Voici d'alx)rd le Trophe de la machine dfri-

cher, tran par douze superbes chevaux de labour, et salu des plus vives acclamations 11 est suivi duTrophe des corporations de tapissiers, passementiers,

doreurs et fleuristes.

Le brancard qui le porte repose

sur les paules des reprsentants de ces corporations, et les cordons du baldaquin dont il est surmont sont tenus par de jeunes filles en costume do

CH A P I T H M T H El ZI KM K.

23,1

nymphes,

gruneucr

pisode imit des Crus.

A quel-

ques pas s'avance le Temple m pltre maons; puis la Pyramide clipse par l'Oblisque des ouvriers de la

des citoyens

de petits pains, leve par de cigare?., du a l'industrie nationale des tabacs. du

les boulangers. Elle est suivie de prs et presqueManufacture

Enfin, tous les regards se fixent sur le Trophe

Bazar de voyage, espce d ' a r c triomphal compos de

havre-sacs, de pantoufles, de filets de pche et autres bric--brac. Aprs la fte pacifique est venue la fte guerrire; aprs la fte d u soleil, la rcration .octurne. Le peuple o u foule a assist cette seconde fte, on ne peut plus rpublicaine : la prise de la Bastille en 1848 quelques Desses de la Raison.l

.

Ajoutons, pour ne rien oublier, que Paris a revu Une entre autres dans le costume traditionnel de la Maillard et de la Momoro a parcouru, porte sur u n b r a n card triomphal, les rues de la Harpe et des Malhurinb Saint-Jacques. Elle tait accompagne uvnc foule assez nombreuse q u i , n ' e n pas d o u t e r , l'aurait suivie a u Temple, si elle tait alle en prendre possession Mais ces divinits de 1 8 4 8 , moins heureuses que celle do 1793, n'ont eu ni les hommages de Notre-Dame, ni les honneurs de rassemble. Ici,1

Voiries journaux du temps, l'Illustration

en particulier, qui

donne riroriogniphie de la f'e.

34

LA R V O L U T I O N

FRANAIS'!

comme a i l l e u r s , le t e m p s a m a n q u la Rvolution d e fvrier; on voit seulement q u e l'ide d e l'apot h o s e n ' t a i t pas m o r t e . Ce n'est pas seulement la forme p o p u l a i r e , c'est aussi la pense intime d e 1 7 9 3 q u i se r e t r o u v e d a n s la Rvolution d e 4 8 4 8 . A u x d e u x p o q u e s , c est le peuple redevenu souverain qui parle, qui agit, qui r e n v e r s e le t r n e , q u i o u v r e les prisons, q u i r e n d la justice, q u i dlie d u s e r m e n t d e fidlit tous les fonctionnaires d e Tordre civil, j u d i c i a i r e , militaire e t administratif, et q u i d c l a r e , c o m m e e n 1 7 9 0 ,

qu d s sont dsormais tes serviteurs d e la R p u b l i q u e ,au n o m d e laquelle t o u s l e u r s d e v o i r s leur seront imposs. L e 1 4 fvrier : Le Peuple gouwram d

clare : le g o u v e r n e m e n t , a y a n t forfait son m a n d a t ,

est d i s s o u s Sign : J u l e s Y u a n , C h . F a u y e t y .Le mme j o u r : km nom du Peuple

souverain,

un gouvernement provisoire e s t install; il est c o m pos, d e p a r la volont d u p e u p l e , d e s citoyens Fr.A R A G O , Louis B L A N C ,Marie, Lamartine, Albert, FLOCON, LEULII-ROI L I N , RECLRT, M a r r a s t ,

ouvrier

mcanicien. > Le i i , an mm d u p e u p l e franais, il est interdit a u x membres d e Tex-chambre d e s pairs d e s e r u n i r ; la chambre d e s d p u t s est dissoute. Bientt on proclame tes maximes les plus a v a n ces d e 9 3 : la souverainet d u p e u p l e , seul p o u -

f.M A l ' I T R E T R E I Z I M E .

2,15

voir lgitime et i m p r i s s a b l e . L a dclaration d e sGratis de l'homme

proclame p a r R o b e s p i e r r e , point

d e d p a r t d e l're n o u v e l l e , mais non d e r n i e r terme d u progrs. Egalit d e droits p a r l'ducation d o n n e t o u s ; droit a u travail garanti; indpendance absolue d e s consciences ; - le clerg d mocratis ; lection d e s vqnes par les prtre*, ; sainte alliance d e s p e u p l e s ; fraternit u n i v e r selle, c o m m e la rvait AnacharstA Clootz. La s o cit e s t oblige d e p o u r v o i r la s u b s i s t a n c e d e tous ses m e m b r e s ; il a p p a r t i e n t la lot d e d t e r m i n e r la m a n i r e d e n t cette d e t t e doit t r e acquit-

te. Le p e u p l e est s o u v e r a i n ; le g o u v e r n e m e n t estson ouvrage et sa p r o p r i t ; les fonctionnaires publics sont ses c o m m i s . L e s rois, les aristocrates, les tyrans, q u e l s qu'ils soient, sont d e s esclaves rvolts

otre le s o u v e r a i n de la terre, qui est le g e n r ehumain, et c o n t r e le lgislateur d e l ' u n i v e r s , qui estla NATOIB *.

Surtout on a grand soin de signaler les r a p p o r t sg n a l o g i q u e s d e la Rvolution avec les t u d e s class i q u e s , en disant que, par la naturetudes prendre tous les lves la grandeur de* collges du progrs qm mme de leurs sont prpars la patrie rpublicain*. cmn* vient

fMr,

136

LA R V O L U T I O N

FRANAISE.

Gomme un pas de plus vers la belle antiquit, on demande qu'il soit construit immdiatement un Colise l'instar de Rome. Quant la religion, pour laquelle on a dit que la Rvolution de fvrier se montrait bien dispose, nous demandons qu'on lise les discours prononcs l'Assemble constituante de 1 7 8 9 , au moment ou . allait s'ouvrir Pre sanglante de la perscution ; on jugera s'ils ne sont pas beaucoup plus rassurants que ceux dont nous allons citer quelques phrases : t La vente des sacrements, des prires publiques et des crmonies funbres doit cesser. Par quelle inconcevable aberration les prtres ont-ils fait de la maison de prire une caverne de marchands? Nous engageons l'glise se dpouiller des formes hypocrites sous lesquelles la lettre de l'vangile est depuis longtemps ensevelie. Un archevque cote la France 4 0 mille francs : assez pour ouvrir un hospice cent malades. Un vque tire de l'tat 25 mille francs : assez pour nourrir trente familles indigentes. Un chanoine mange 8 raille francs et n'a rien faire : assez pour fournir des instituteurs i deux mille enfants.Le clerg cote 50 millions : assez pour rduire notablement les octrois sur toute la France. Retranchez donc du budget : archevques, vques, prtres ; ds lors vos malades seront soigns, vos enfants instruits, vos pau-

CHAPITRE TREIZIME.

237

v r e s a b r i t s , et le p e u p l e nourri meilleur m a r c h . Conclusion : Que le prtre soit s o u t e n u non p a r pour c e u x q u i s'en p a s s e n t , mais p a r c e u x q u i s e r t s e r v e n t . Bnfice net : 5 0 millions d ' c o n o m i e t o u s , et u n e religion sincre pour c h a c u n *. Imit mot pour mot d e s discours qui p r c d r e n t la spoliation d u clerg on 1 7 9 0 , ce q u i suit n ' a n n o n c e p a s a e meilleures t e n d a n c e s . Au n o m d e la v r i t et d e la j u s t i c e c h r t i e n n e , il est fait savoir la F r a n c e , toutes les puissances d e l ' E u r o p e , t o u s les p e u p l e s d e la t e r r e , q u e la vritable p u i s s a n c e d e l'glise c h r t i e n n e , q u e Jsus-Christ a v a i t remise s e s a p t r e s , est passe a p r s leur m o r t a u x a u t o r i t s e t t r i b u n a u x civils, p o u r o r g a n i s e r p a r e u x le r g n e d e Dieu s u r la t e r r e *. C'est la m a x i m e perfectionne d e la p r e m i r e Rvolution :

Y glise est dans l'tat.

Comme sa s u r a n e , la Rvolution d e 1848 efface autant qu'elle peut tous les s o u v e n i r s , tous les emblmes d e la royaut et d e la supriorit sociale; mais comme elle aussi, elle les remplace p a r les oiatues des

Barra et

des

Yiala.

Jusqu'ici les

r o i s , les princes du s a n g , avaient u s u r p les plus b e a u x emplacements d e la capitale pour la reprsentation d e leur auguste1

figure....

Enlevons ces

Murailles rvol., id.

/

par u n pomesur

et par d e s

commentaires

Cicron.

Dans une longue introduction, Janus Junius explique l'origine d e la confrrie de Socrate, sa propagation dans toute l'Europe, et ses principes en matire de religion. La confrrie de Socrate, dit-il, doit son origine

aux r u n i o n s dont Platon et Xnophon, disciplesimmortels du divin Socrate, nous ont laiss la description. Cest s u r leur modle et sous le patronage des anciens qu'elle a t forme. Tout s'y passe

comme chez les Grecs et chez les R o m a i n s , et nous1

Pantheisticon, sive formula celebranda? sodalitatis Socratic, partes divisa, quaa Pantheisiarum, mee

in irm

sodaiium conuU

nent : I Mores et axiomata ; 2 Numen et phiioaophiam ; 3 U b e r iatem et non fallentem legem neque faliendam. L H 2.

CHAPITRE OUATORZrfcMB.

69

n o u s en faisons gloire, car nous ne cachons ni l'origine ni la n a t u r e d e notre c o n f r r i e . Les m e m b r e s d e la socit d e Socrate sont d e s philosophes qui n e j u r e n t s u r la parole d ' a u c u n m a t r e , et q u i , s'levant a u - d e s s u s d e tous lesjugs religion, prdel

d e n a i s s a n c e , d ' d u c a t i o n , de c o u t u m e ,

de socit, j u g e n t d e toutes choses s a c r e s ,inda

c o m m e on dit, et profanes avec u n e souverainependance

. Ils s'appellent c o m m u n m e n t

pantiisles^

c a u s e d e l e u r opinion particulire s u r Dieu et s u r l ' u n i v e r s . L e u r d e v i s e est ce m o t d ' u n a n c i e n :D u grand h Tout grand viennent Tout toutes3

choses,

et

de

tantes

choses

est form

. De cette m a x i m e

Symposa socratica quorum spcimen nobis reliquerunt divini Socratis duo praBetantissiiM discipuli, Plato oimirum atque Xnophon... Sunt etiam nostro tempore non pauci q u i siroiiia Soc rancis inetituerunt convivia imo et Socraticas sodatitates ea diserte nominarunt. P. k et 5 . Quod ad ordinem pertinet, qui in sodalitatibiis bise* obaervatur, modiperatorem habent; eodem plane jure gaudeatem, quo apud Graxo* olim et Romanes... Nec interea nodiern sodantatis socratica} statuai eut origmcm ceiavimus, quum hoc ipsura nobis sit potisairaum scribendi argumentum, P. 76. * Philoaophi hi sunt qui nullius in verba jurati, non educatiooe, neque consuetudine abducti, non religionibus patriis, neque legibus impediti, de rbus omnibus, tara sacris (utdicitur) quam prufani*, liberrimo cum judicio discurrunt. P. 5. De remcausa et origine cum Lino vetusUssimo sanctissimoqu reconditioris scientiae amtisUU diceotes : Ex Toto qttidtm tunt omnia, et ex omnibus ut Toium. P. 6.3

1

170

LA R V O L U T I O N

FRANAISE.

qu ils o n t s a n s cesse la b o u c h e , ils d o n n e n t l ' e x plication s u i v a n t e : Le g r a n d Tout est infini, tant en t e n d u e q u ' e n p u i s s a n c e . Il est u n , p a r le p r o l o n g e m e n t e t la contigut d e ses p a r t i e s . Il est i m m o b i l e e t mobile, incorruptible et ternel ; il a b s o r b e tout ce qu'il a produit . E n c o n s q u e n c e , ils s o u t i e n n e n t que la m a t i r e e s t t e r n e l l e ; q u e t o u t e s les ides sont c o r p o r e l l e s ; q u e te p e n s e n'est qu'un m o u v e m e n t particulier d u c e r v e a u ; que,l

conformment la doctrine d'Horacea p a s d ' m e individuelle, mais

et de Virgile, il n'y

seulement une m e universelle; que cette m e universelle est an feu thr qui environne tout, qui pntre tout, qui met tout en mouvement ; que la terre e t le soleil s o n t les deux seuls principes des c l o s e s , le pre et la m r e d e t o u t e s les c r a t u r e s ,8

l'homme c o m p r i s \

* Ex UBO facta esse omma, censebat decantatissimus ilk M U N S O S I l i l B f e ornai* m resofata. P. 8 . E x primi* ilUs corporibMS, extstuot rerum omnium composita gemioa 0 6 mterm Umpore inchoata. P. #* GogiUrtio est motus parucuiaria cerebri... Omne IDES demontrtstur mm orpore*., IGOIA thereus omnia circumdans... hic est lloraltt divin particula mm, Virgiiii gpiritti inti'S alena. P. 8 , 4 3 , 44. Unde non gino ritione notiiine maWk Pampmmm terra donaiida est, eai sol Vamnmtur, ut m a r t u i n u q u a m tenescens. P. i l .8 1

CHAPITRE QUATORZIME.

27

De l, c o n t i n u e Janus Junius, cette rponse q u ej e fie u n j o u r , d a n s u n e a u b e r g e d'Allemagne, u n impertinent q u i m e d e m a n d a i t q u i j ' t a i s : Mon p r e , lui dis-je, c'est le soleil, m a m r e , la t e r r e , m a pa-

trie , le m o n d e , tous les h o m m e s , m e s p a r e n t s . Les associs de Socrate, ajoute-t-il, ont un1

km*

gage frres.

et une Ils

doctrine pou? le admettent toutesd autre raison les h ; a*autre tyrannies

vulgaire, les sectes

et

une pour lesleur min;

dam

ne reconnaissent ormk fm

loi que la loi

outrance

toutes

naturelle ; d'autre devoir que de combattre et toutes les supersti-

tions . Comme

on v o i t , leur religion est simple,

claire, facile, g r a t u i t e , e n n e m i e d e toutes les fables dont o n n o u r r i t le p e u p l e , et tolrante pour t o u s .P r t r e s d e la N a t u r e , s u c c e s s e u r s d e s p y t h a g o r i ciens e t d e s d r u i d e s , ils se livrent a u x tudes qui

occupaient ces a n c i e n s philosophes*.1

Hinc menai responsum... Soi mihi pater est,

mater taxa, mon-

dus palria, onmes homines cognali. Ibid. Loquendum cum vulgo, gentiendum cum philosopha... Math inter eoa exoritur diarordia m aodalium quilibet paternam profit

teatur basresim... non cogitandi tanlum, sed etiam ageodi iibertatem (ornai abomina ta Ucentia ) mordicus tuentiir cunctia tyrannis infensiaaimi...superstitionis stirpea omnes rejicicnda?.,. Vera l u x , recta ratio, etc. P . 41, 66. Commentantur in legem natur, ?#riasiinam ilkm et nunquam (alleotem ra- on. m. P . 50.3

Heli^ionem eorum adverlas aimplicem... non animes inanibui

hetantem fabuiis, non infamantera aut rnseetaotem... Naturai m j i u B

72

LA R V O L U T I O N

FRANAISE.

Ils sont r p a n d u s d a n s toute l ' E u r o p e . On le* c o m p t e en g r a n d n o m b r e P a r i s , V e n i s e , d a n s

toutes les villes d e Hollande, particulirement A m s t e r d a m , Rome m m e , et s u r t o u t L o n d r e s et

dans u n e infinit d e l i e u x . Partout ils o n t d e s r u n i o n s o ils b o i v e n t , m a n g e n t , e t , ce qu'il y a d e p l u s a g r a b l e , philosophent e n s e m b l e . L e u r philosop h i e repose s u r le solide fondement d u g r a n d T o u t , universel et ternel \ Voil d o n c u n fait a c q u i s l'histoire : La Renais-

sance a e n f a n t u n e m u l t i t u d e d e socits socratiques, formes s u r le m o d l e d e s associations ratio-

nalistes des Grecs e t d e s R o m a i n s . Ces confrriesformait u n e v a s t e secte r e l i g i e u s e , ou plutt a n t i r e -

ligieuse et antisociale. Elle a p o u r b u t et p o u r effet de saper le christianisme et d e s o u t e n i r , sous le patronage d e S o c r a t e , d e Platon, d e V i r g i l e , d ' H o ac hierophant merito vocari possunt Panthiste. Studiis incumbunt sodales Socratici quibua maxime indaruerunt Druides et Pythagoroi. P. 7 7 . * Parfais phirimum versantur; itidem Venetiis, in omnibus Hollandi urbibus, maxime certe Amsleiodami. et nonnuili (quod mireris) in ipsa caria Romana ; sed prascipue Londini abondant., ut uno verbo rem expdiai, dantur procul dubio in plurimis locis Pantheistae non pauci : qui soos sibi habent privtes ctus et sodalitates, ubi conviventur e t , quod suavissimum est condmenti gnt, ubi desuper pbUosophantur. P. 14, 89. Super ista Uniwmi immensi et a?terni fundamenta soiidssime jacia, philosophiam team a&dificant Panthiste. P. 4\

CHAPITRE QUATORZIME.

573

r a c e , d e Cicron, en un mot d e tous les a u t e u r s c l a s s i q u e s , les plus m o n s t r u e u s e s e r r e u r s : le r a tionalisme , le p a n t h i s m e , le n a t u r a l i s m e , le m a t r i a l i s m e , l'ternit d e la matire, l ' m e universelle, la rabsorption d e tous les tres d a n s le g r a n d T o u t , le m p r i s d e t o u t e religion positive e t la h a i n e d e toute a u t o r i t . Ds les p r e m i r e s a n n e s d e la R e n a i s s a n c e , cm

normits i n c o n n u e s d u moyen g e , e t renouvelesd e la philosophie g r e c q u e et r o m a i n e , t a i e n t s o u t e n u e s a v e c t a n t d'audace p a r les n o - p a e n s , q u e le

concile d e L a t r a n , en 1 5 4 2 , se vit oblig d e les

frapper d ' u n e condamnation solennelle. Cette condamnation ne les arrta pas plus dans leur cours qu'elle n'en tarit la source. On les voit, au contraire, aller se dveloppant avec la connaissance et l'admiration de la belle antiquit. Au dix-septime sicle, o vivait Janus Junius, elles s e m o n t r e n ten pleine floraison. Elles sont c o m m e u n feu s o u t e r rain q u i , pendant trois sicles, couve d a n s le sein d e l'Europe, et finit par faire explosion lorsque les

lettrs se trouvent matres absolus d u pouvoir. Pendant la m m e priode, l'Europe fut couverte d ' o r dres religieux enseignants ; l'ducation, on peut le dire, tait alors le monopole d u clerg. Comment se fait-il que dans tous les pays chrtiens, et avec une ducationII. chrtienne,

un si grand nombre de lettrs in

74

LA R V O L U T I O N F R A N A I S E .

soient d e v e n u s les sectateurs fanatiques d e Socralee t d e Platon, a u point d e d e v e n i r les e n n e m i s acharn s d e la religion et d e la socit? E n a t t e n d a n t la r p o n s e , m o n t r o n s les confrries socratiques p r l u d a n t p a r leurs c r m o n i e s a u x ftes p a e n n e s de la R v o l u t i o n . Elles a v a i e n t u n rituel i m p r i m c o m m e les n t r e s , en

cmrmdkrt rouge et noir. Il

s e d i v i s e e n trois p a r -

ties d o n t n o u s allons d o n n e r l ' a n a l y s e . U n e partie d e s

prires e t d e s i n s t r u c t i o n s qu'il contient s e rcitait toujours, o u , suivant h prescription des auteurs paens, M c h a n t a i t d a n s chaque runion Dans les ftes plus s o l e n n e l l e s , tels que les deux solstices ou ta rception d'un n o u v e a u confrre, le rite s'accomplissait tout entier. Presque toujours l l i i r o p h a n t e expliquait te Canon ou le Credo philosophique, d ' o il tirait d e s enseignements conformes la doctrine des mmens mmdiqum. A jour fixe, il c o m m e n t a i t la

toi t Nature; p u i s , glorifiait la Raison, ses droits swmermm, son mfailliUt; ses lumires qui dissipent es prjugs, les vaines terreurs, les fausses rvlations. Enfin, il faisait bonne justice des faux

1

{ t a p e r mm tagitar port MI unoquoque coogressa, praefanfe,

odipe 'atore, a taris v#ro respondeatibiu ac inlerdum coocinentibna, alternatif ploraque sccuudnm Viigiiianum iiiud, lluim-ro prius t nggerento : aiterius dicetis amant alterna camena.

CHAPITRE

QUATORZIEME.

il

miracles,

des faux

mystres,

des faux

oracles ef des

coules de vieille qui dfigurent

la religion

La Rvolution a-t-elle fait a u t r e c h o s e ? Mais rien n'est plus instructif q u e la manire dont les no-paens pratiquaient leur culte et enseignaient leur d o c t r i n e . E n t r o n s d a n s la salle qui leur sert d e chapelle. A la partie s u p r i e u r e , voyons pontifex le p r t r e de la Raison, le svmmus de l'Acamodipera-

d m i e romaine, o u , c o m m e ils d i s e n t , le nant le ton et d i r i g e a n t les

tor, tenant dans ses mains le livre de la loi, donc r m o n i e s . Voyons e n s u i t e les simples fidles p a r t a g s e n deux churs, p s a l m o d i a n t les m a x i m e s d e la loi n a t u r e l l e , ou chantant alternativement d e s antienne* la Desse Raison. Premire partie du rituel ou de office socratique *.LE PRTRE.

Le bonheur et la joie.LES FRRES.

Nous commenons ane runion socratique.LE PRTIE.

Que la philosophie fleurisse.Canonem philosophieum interprtai!tur indeque eruunt Theoremata Socraticorum t e n u . P. 60. Coamentaotnr atata temporibug tn Itrgem na tu rte, etc. Ut supr., p. 50.3

1

Formula: pars prima.ta.

276

LA RVOLUTION

FRANAISE.

LES FRRES.

Avec les

telles-lettres

et les b e a u x - a r t s

LE PRTRE.

Q u e cette runion soit consacre la v e r t u , la libert, la s a n t : triple v u d e s s a g e s .LES FRRES.

Et m a i n t e n a n t et t o u j o u r s .LE PRETRE.

8

Vivent les J e u x et les Ris.LES FRRES.

Q u e les Muses et les Grces n o u s soient f a vorables.LE iR TRE.

Nous n e j u r o n s s u r la parole d ' a u c u n m a t r e .L I S FRRES*

P a s m m e d e S o c r a t e , et n o u s e x c r o n s tout texte sacr. A p r s cetIntrot,

le p r t r e lit VpUre

suivante,

tire d e s aptres d e la nouvelle religion : Cepend a n t , dt-il, afin q u e tout se fasse, sauf les droits d e la l i b e r t , s u i v a n t les rgles traces p a r les meilleurs et les plus g r a n d s d e tous les h o m m e s , c o u -

1

Le libre penser et la belle littrature, voil toute ta Renais-

sance. * Et ounc et semppr.

CHAPITRE Q U A T O R Z I M E .

277

tez, m e s chers frres, les paroles d e Marcus P o r cins Caton, rapportes par Marcus Tullius Cicron,

le trs-saint pre de la patrie, au chapitre XIII dulivre de la Vieillesse . 1

En guise de Deo grattas, les frres rpondent : Nous nous sommes faits les a d o r a t e u r s de la Vrit et de la Libert, afin d ' t r e dlivrs de la tyrannie et de la superstition.LE PRTE.

Avant tout, dit Caton, je dois vous avertir que j'ai toujours eu des confrres. C'est moi qui, tant questeur, ai institu les confrries. Les jours de fte de la bonne Desse, je buvais ei philosophais avec m e s amis.LES FRRES.

Lous soient Socrate et Platon, Marcus Caton et Marcus Cicron .8

LE PRETRE.

Afin de vivre joyeux et de mourir tranquilles, scrutons l'origine des choses.LES FRRES.

Afin qne dlivrs de toute crainte, nous d e meurions impassibles.Audite, sodales carissimi, verba M. P. Catonis, referente M. T. Cicrone Mnctisaimo ptre p a t r i a , etc. Uudeauir So'*te et Plato, Marcus Cato et Marcus Cicero.8 1

7i

LA RVOLUTION F R A N U AISK.LE PftTKE.

Et a u s s i , afin de dissiper les vaines terreurs en

nous moquant des sornettes des anciens, chantonsl'hymne d'Ennius. Tous ensemble chantent cet h y m n e q u i , dans la b o u c h e des m o d e r n e s paens est u n e drision v i d e n t e d e s p r t r e s , d e la religion et d e son e n s e i -

g n e m e n t : c Je ne fais pas plus d e c a s d e Marcus l'augure q u e d ' u n zeste; pas plus d e s aruspices de carwtotir ; p a s plus des astrologues, avec leur double erfie ; p a s plus d e s devins d'Isis et des interprtes d e i s t a g e s . Ni l'art, ni la science n'en font d e s hommes d i v i n s ; ils n e sont q u e les prtres d e la superstition et d'impudents m e n t e u r s , qui ont la p r tention de montrer a u x antres une route qu'ils u e connaissent pas. ceux q u i ils promettent des richesses, ils demandent de l'argent, et leur laissent tout ce qu'ils promettent, pourvu qu'ils e n obtiennent une drachme

Les renaissants du dix-huitime sicle. Voltaire, Rousseau, D i d e r o t , R o b e s p i e r r e , Lebrun, Chnier, la Rvolution, n ' o n t fait q u e rpter g r a n d orchestre et dans les temples de la Raison, l'hymne d ' E n n i u s . Le prtre lit ensuite un passage de Caton etNon habco denique nauci, ete. Le rituel porte la marge en letueerouges : Reforente Ck\ fk lib. I, e. uitim.1

ivinat.

CHAPITRE QUATORZIME.

27

d e Xnophon e x h o r t a n t boire la manire d e s Sabins.LES FRRES.

Lou soit Xnophon ; imits soient les rustiques Sabins'.LE PRETRE.

Buvons a u x Grces

t

LES FRRES.

petites rasades. Ainsi finit la premire partie de i'office. La seconde ressemble une parodie plus sacrilge encore d e la clbration des saints mystres. Gomme aprs la messe des c a t c h u m n e s , on ne laissait dans l'glise q u e les fidles, le p r t r e c o m mence p a r ces mots d'Horace : loignez le vuJ gaire . 8

LES FRRES.

Tout est clos, tout est en s r e t .LE PatTRl.

i Dans le monde tout est U n , et Un est tout en tout.LES FRRES.

Le grand Tout est Dieu, immense, ternel.t L&MfittMttti

Xenoohoa

iBttt&ttdkiUft r u i t t c t

Sabioi.

* Profanum arcete vulgus.

2*0

LA RVOLUTION

FRANAISE.

LE PRTRE.

Chantons Y hymne du grand

Tout,

tir d e n o t r e

pre Pacuvius : T Le g r a n d Tout a n i m e , forme, n o m r i t , d v e l o p p e , c r e toutes c h o s e s ; il ensevelit, il a b s o r b e en lui toutes c h o s e s ; il est le pre d e tout, et tout prit p o u r renatre Tultus A p r s le c h a n t d u p a n t h i s m e , le p r t r e rcite u n e p r i r e la R a i s o n , tire d e M a r c u s Cicron : 0 p h i l o s o p h i e ! g u i d e d e la v i e ! toi q u i d c o u v r e s la v e r t u e! qui chasses le v i c e , q u e serionsn o u s , q u e seraient tous les h o m m e s s a n s toi? C'est toi q u i as bti les villes, toi q u i as r u n i les h o m m e s d i s p e r s s d a n s les forts; toi q u i as i n v e n t les l o i s , r g l les m u r s et d i r i g la v i e . Nom toi, mus nous mettons sons ta protection,8

recourons nous

nous

dvouons tout entiers ton aille

.

Voil b i e n , sauf e r r e u r , le rationalisme a c t u e l ; voil bien la t h o r i e m o d e r n e d e l'tat d e nature, b a s e d e tentes les utopies religieuses et sociales de n o t r e poque.

On c h a n t e ensuite le rpons suivant, tir de Cicron : 0 raison ! tu es la loi primitive1

et vritable ; tu

Quidquid est hoc omnia animt. etc. La rubrique en lettres rouges indique : Pucuv. apudCieer. ht divinat., lib. 1, c. 5 7 . Ad te confugimuj, a te opem petimus, tibi nos penitus w t o s que tradimu*. Cicer. TmcuL Disp. lib. V , c. i.

C H A P I T R E QUATORZIEME.

?8

es lo lumire tout,

et la Itoussole de la rie.

Ta su/fis

au chtiment comme la rcompense; l e s

furies n'existent pas, c'est le remords q u e tu cres qui e n tient lieu, La vertu se suflit elle-mme, elle est sa magnifique r c o m p e n s e . Voil bien encore le naturalisme m o d e r n e . P u i s qu'il t r o u v e tout en l u i - m m e , quel l>esoin l ' h o m m e a-l-il d e la g r c e ? Quel besoin d u Dieu qui a dit :Sine magna me nihil nimis ? jmtestis facere...!

ego ero merces

tua

C e p e n d a n t l'office a v a n c e , et le p r t r e dit ; l faut m a i n t e n a n t lire p o s m e n t le Canon p h i l o s o p h i q u e ; coutez-le, m e s chers frres, a v e c a t t e n t i o n , et pesez-en toutes les paroles : c'est le pre Marcus Tullius Cicron q u i v a parler (Questionsques,r

acadmi-

livre P , c h a p i t r e >i et v u ) , La N a t u r e se

d i v i s e en d e u x p a r t i e s ; la partie qui p r o d u i t et la p a r t i e q u i est p r o d u i t e . La p a r t i e qui p r o d u i t est une certaineforce

q u i retient les molcules u n i e sdu monde.

entre elles; on l'appelle l'me cette force s'appelle Providence

L'nergie de parce

ou Ncessit,

qu'elle est la continuation fatale d e l'ordre ternel*. * Ratio est ^era et prima; lux lumenque v i l . . . Noliie pu tare 606 qui aiiqcid impie cominiecrint agitaii furi irum taxiis. C. Orat.

pro Sext* Rouio, c. 2 4 . Ii n'a point cr les noirs dmens... il cre le remords C'est ainsi que dans son hymne impie l'tre suprme, Lebrun n'est que le traducteur de Cicron.2

Necessitatem appelant quia nihil aliter possit, atque ab ea

LA RVOLUTION

FRANAISE.

LE PRTRE.

Chantons maintenant le Principe universel. Le rituel indique Y hymne du /tan thisme, tir de Virgile, Gorgii/ues, livre IV, vers 2 2 0 . Touschantent : Esse apibus paru m divin mentis, etc. .4

On ne peut s'empcher d'admirer comment ces socratiques avaient su profiter de leurs tudes de collge : ils connaissent merveille tout ce q u i , dans les auteurs classiques, peut favoriser leur systme .s

A l'hymne et au canon succde le Mmento. Pour que rien ne manque la certitude d e leur gnalogie et la volont d e restituer le paganisme en parodiant le christianisme, les socratiques rcitent en forme de litanies le Mmento suivant :LE PRTRE.

a Glorieax S a l o m o n ,LES FRRES.

1

a Sois-nous propice.oonMtutum ait evenire,1

quasi fatalem et immobilem continuatiol'office, le rituel indique d e s le choix au prtre : ils sont c'est l'assurance avec

nam ordinis eempHerni. Id.

Pour les diffrentes parties de hymnes de rechange, et en laisse tous tirs d'Horace.3

Ce qui n'est pas moins S

1

C H A P I T R E PREMIER. POURQUOI la RVOLUTION INVOQUE toujours RANKPT PAENNE, quelqueFOIS V L AR E Rousseau, JAMAIS LUTHER NI ARIUS. AFFINIT entre OTIE T ia Rvolution et l'antiquit CLASSIQUE. Raison de cette AFRNIT Marche DE L Rvoutior. dans SON U 'vre DE R C N T U TO . . . . A EOSRCI N CHAPITRE ILL'HOMME T SA RELICIOS.

6

TROT* PHASES DANS L R S A R TO RELIGIEUSE entrepris JMR L REVOIE A ET U A I N A TION. RELIGION officielleDE Cliaotnettc E DE Roespierre. Religion T DES thopliitantlirope*. RELIGION de Quintos A E E et de son cole. ULR Discours DE ROBESPIERRE E DE k VIEOMERIE. Fte DE U RAIT son. M CHAPITREVT T. D E j/TtS*.

III.L"PF. M E .

L'TRE SUPRME dcrt AU NOM DE l'antiquit. CE QUE C'EST QUE Ptrt SUPRME DE L RVOLUTION. DISCOURS DE ROBESPIERRE. * Hymne* de A LEBRUN, DE CFANIER. Description de la FTE. . CHAPITREKFI DE hk . . . . . . . . 36

IV

SATTRE.

LISTE de fte* R V L TO N I E Calendrier DES ROMAINS REPRO O U I N AR S duit par la RVOLUTION. DESCRIPTION DE L F T DE h NATURE. A E

30

TABLE DES

MATIRES

Quatre stations. Sacrifice la dn'^* inn** au\ La|ons CHAPITRE V.

Ftes de la Fondation de la Rpublique, de la Jeunesse. - des l.|ou\, de la Vieillesse CHAPITRE VI. & ' >

Ftes du Rgicide et de l'Agriculture.Discours. Clbration Parts, Besanon. Temple bAti Cyble, au carr des Champs-Elyses. Prmices des biens de la terre offerts la Desse. . . . . CHAPITRE VU. 10*

FTE O L SOLVtli M K f Ut* IX'PLF. K A N Tc But de cette fte. Discours de Jean Debry, de Santhonax,, du prsident des Anciens. Clbration de cette fte. Discours de Barras Fte des morts ou des martyrs de la libert.-- Discour