LA RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE A TRAVERS LES ...

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Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du diplôme d’Ingénieur des Mines Option : Ingénierie Pétrolière LA RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE A TRAVERS LES COMPAGNIES PETROLIERES OPERANTES A MADAGASCAR : CAS DE MADAGASCAR OIL S.A. Présenté par : RANDRIAMISAINA Teddy Naina UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE POLYTECHNIQUE DEPARTEMENT MINES PROMOTION 2011

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Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du
diplôme d’Ingénieur des Mines
Option : Ingénierie Pétrolière
A TRAVERS LES COMPAGNIES PETROLIERES
OPERANTES A MADAGASCAR :
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
ECOLE SUPERIEURE POLYTECHNIQUE
DEPARTEMENT MINES
PROMOTION 2011
Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du
diplôme d’Ingénieur des Mines
Option : Ingénierie Pétrolière
LES COMPAGNIES PETROLIERES OPERANTES A MADAGASCAR :
CAS DE MADAGASCAR OIL S.A.
Membres du jury :
Madame RANDRIAMIHARISOA Onivola
Madame Mylène FAURE
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
ECOLE SUPERIEURE POLYTECHNIQUE
i
REMERCIEMENTS
De prime abord, je tiens à remercier le « Seigneur tout puissant » à qui je dois la
vie et la santé. Sans Lui, je n’aurais pu réaliser ce travail.
J’exprime également ma profonde gratitude { :
Monsieur ANDRIANARY Philippe, Directeur de l’Ecole Supérieure Polytechnique
d’Antananarivo pour tous les efforts qu’il a déployés en vue d’orienter notre
formation dans de louables voies ;
Madame ARISOA Rivah Kathy, Chef du département Mines de l’ESPA et mon
encadreur pédagogique, pour m’avoir accompagné pour la réalisation de ce
mémoire, et sans elle, je ne pouvais terminer à bien cet ouvrage.
Madame Mylène FAURE, Consultante internationale, mon encadreur
professionnel, qui a consacré son temps pour me diriger dans la progression de
mon travail et nous a fait bénéficier de ses expériences et précieux conseils
malgré ses multiples activités ;
Madame, les mots ne suffiront pas pour vous exprimer mes sincères
remerciements. Vos commentaires, vos encouragements et ainsi que votre
patience m’ont permis d’accomplir ce travail dans les meilleures conditions.
Madame ANDRIAMBININTSOA Hajavola, Coordonnateur RSE au sein de la
compagnie pétrolière Madagascar Oil S.A, qui nonobstant vos multiples
occupations, vous avez fait l’honneur de votre présence afin de guider ce présent
travail.
département Mines, responsable de l’Option Ingénierie Pétrolière. Malgré vos
multiples responsabilités, vous avez bien voulu examiner et juger cet humble
travail.
A tous les membres de Jury, qui ont bien voulu juger mon travail, malgré leurs
nombreuses occupations ;
A tous les enseignants de l’E.S.P.A qui nous ont fourni les connaissances
indispensables { notre formation durant ces cinq années d’études ;
ii
A l’ensemble du personnel de la compagnie pétrolière Madagascar Oil S.A, qui m’a
cordialement accueilli parmi eux ;
Ma famille, mes ami(es) et collègues qui m’ont soutenu moralement,
matériellement et financièrement tout au long de mes études ;
Et enfin je tiens à remercier à toutes les personnes qui, de près ou de loin, d’une
manière ou d’une autre ont contribué { l’élaboration de cet ouvrage.
Sincères reconnaissances à tous !
INTRODUCTION
UN SECTEUR EN DEVELOPPEMENT
CHAPITRE I : ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES
CHAPITRE III : LA POTENTIALITE PETROLIERE DE MADAGASCAR
CHAPITRE IV : MISE EN JEU DU CONTEXTE LEGISLATIF, CADRE JURIDIQUE ET
CODES DE CONDUITE
PARTIE 2: TRAITEMENT DE LA RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE
PAR LES COMPAGNIES PETROLIERES A MADAGASCAR
CHAPITRE I : APPROCHE CONCEPTUELLE DE LA RESPONSABILITE SOCIALE DE
L’ENTREPRISE
CHAPITRE II : MISE EN ŒUVRE DE LA RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE
CHAPITRE III : LES DIFFERENTES NORMES
CHAPITRE IV : LE DIALOGUE AVEC LES PARTIES PRENANTES
CHAPITRE V : HYGIENE, SECURITE ET ENVIRONNEMENT
PARTIE 3: LA RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE: CAS DE LA
COMPAGNIE PETROLIERE MADAGASCAR OIL S.A.
CHAPITRE I : GENERALITES SUR MADAGASCAR OIL S.A
CHAPITRE II : DESCRIPTION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE III : L’ENGAGEMENT DE LA RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE
CONCLUSION
LISTE DES TABLEAUX
Tableau N° 1 : Les différents produits pétroliers obtenus par distillation ............................... 7
Tableau N° 2 : Teneur en pourcentage de la composition chimique du pétrole ..................... 8
Tableau N° 3 : Production et réserves de pétrole brut dans le monde en 2012 .................. 12
Tableau N° 4: Superficie des bassins sédimentaires de Madagascar ....................................... 17
Tableau N° 5 : Localisation des gisements potentiels .................................................................... 21
Tableau N° 6:Principes de la Responsabilité Sociale ...................................................................... 45
Tableau N° 7: Les cinq blocs pétroliers octroyés par MOSA ........................................................ 69
Tableau N° 8: Estimation des ressources contingentes en 2011 ............................................... 72
Tableau N° 9: Les communes de la sous-préfecture Miandrivazo ............................................ 76
Tableau N° 10: Les communes de la sous-préfecture Morafenobe ........................................... 77
Tableau N° 11: Composition ethnique de la population ............................................................... 80
Tableau N° 12: Les écoles primaires publiques et privés ............................................................. 82
Tableau N° 13: Les collèges d’enseignements générales publiques et privés ...................... 82
Tableau N° 14: Répartition des superficies des sous-préfectures Morafanobe et
Miandrivazo .................................................................................................................................................... 86
Tableau N° 15: Répartition des superficies en vivrières (ha) ..................................................... 87
Tableau N° 16: Effectif du cheptel d’élevage aux districts de Miandrivazo et Morafenobe
............................................................................................................................................................................. 88
v
Figure N° 2: Différents types de pièges à pétrole ............................................................................. 11
Figure N° 3 : Les bassins sédimentaires de Madagascar ............................................................... 17
Figure N° 4: Carte géologique de Madagascar ................................................................................... 18
Figure N° 5: Les blocs pétroliers de Madagascar ............................................................................. 20
Figure N° 6 : Logo de Madagascar Oil S.A ............................................................................................ 68
Figure N° 7 : Localisation des blocs pétroliers octroyés par MOSA .......................................... 70
Figure N° 8: Localisation du Tsimiroro ................................................................................................ 75
Figure N° 9: Delimitation du bloc pétrolier Tsimiroro .................................................................. 75
vi
Photo N° 1 : Premier forage par Drake à Titusville ............................................................................ 4
Photo N° 2 : Equipements de traitement de la vapeur d’eau ....................................................... 72
Photo N° 3: Massif karstique de Bemaraha ........................................................................................ 84
Photo N° 4: Les lémuriens, les oiseaux aquatiques et la mangoustede Parc National de
Tsingy de Bemaraha .................................................................................................................................... 84
Photo N° 6: Ecole Primaire Publique de Folakara ........................................................................... 90
Photo N° 7: Dotation des kits scolaires ................................................................................................ 90
Photo N° 8: Vaccination des enfants de la commune ..................................................................... 91
Photo N° 9: Le Centre de Santé de Base d’Ankisatra ...................................................................... 92
Photo N° 10: Pont de Manambolomaty ........................................................................................... 93
Photo N° 11: Les puits d’eau deFolakara ............................................................................................. 94
Photo N° 12: Triage des différents déchets du camp Tsimiroro ................................................ 95
Photo N° 13: Plantation de vétiver du camp de Tsimiroro .......................................................... 97
vii
Annexe I: Activités des compagnies pétrolières .............................................................................. VII
Annexe II : Les sous-préfectures des régions de Melaky et Menabe ......................................... XI
Annexe III : Carte de localisation de la région Melaky ................................................................... XII
Annexe IV : Carte de localisation de la région Menabe ................................................................ XIII
Annexe V: Questions centrales et domaines d’action de la norme ISO 26000 ................... XIV
Annexe VI : Les volets de l’ancrage territorial selon ISO 26 000 ............................................. XVI
viii
CEN : Comité Européen de Normalisation
CHD : Centre Hospitalier de District
CMED : Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement
CSR : Corporate Social Responsibility
EPP : Ecole Primaire Publique
GRI : Global Reporting Initiative
IFC : International Finance Corporation
ISO : International Standard Organization
MOSA : Madagascar Oil Société Anonyme
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique
OMNIS : Office des Mines Nationales et des Industries Stratégiques
ONG : Organisation non gouvernementale
OSHA : Occupational Safety and Health Administration
PGE : Plan de Gestion Environnementale
PGEP : Plan de Gestion Environnementale du Projet
RSE : Responsabilité Sociale de l’Entreprise
ix
TM : Titre Minier
INTRODUCTION
Ce présent travail se réalise dans le cadre de la collaboration entre le
Département Mines option Ingénierie Pétrolière de l’Ecole Supérieure Polytechnique
d’Antananarivo d’une part, et la compagnie pétrolière Madagascar Oil S.A d’autre part,
pour la mise en œuvre de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise aux compagnies
pétrolières opérantes à Madagascar.
Le pétrole est au cœur des préoccupations de ce début du 21e siècle, produit
stratégique par excellence et base de carburants indispensables à la vie quotidienne. Par
son importance dans la sécurité économique et militaire, le pétrole est un vecteur
d'enjeux à la fois économique, financier et géostratégique. Il demeure la meilleure
source d'énergie et fournit de nombreux produits finis : gaz liquéfiés, essences,
carburants, solvants, gazoles, fiouls, lubrifiants, bitumes, etc.
La Responsabilité Sociale de l’Entreprise est une notion managériale née dans
les années 50 et de plus en plus intégrée dans le discours des entreprises. Plus de
65 % des grandes compagnies à travers le monde ont produit un rapport de
responsabilité sociale en 2005, sous différentes appellations : bilan social, bilan
environnemental, rapport de gestion participative à l'interne. Parmi les pays du
continent Africain, Madagascar possède un potentiel important en termes de ressources
minières et pétrolières. Plusieurs compagnies ont fait des recherches dans toutes les
zones de bassins sédimentaires. En tenant compte de leurs activités pétrolières ;
comment le secteur pétrolier à Madagascar peut-il contribuer au développement socio-
économique des parties prenantes ?
Pour répondre à cette question, ce présent mémoire s’intitulant :
« LA RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE A TRAVERS LES COMPAGNIES
PETROLIERES OPERANTES A MADAGASCAR : CAS DE MADAGASCAR OIL S.A. » nous
l’explique { travers ces trois grandes parties :
- Dans la première partie, nous mettrons en exergue les enjeux de l’exploitation
pétrolière à Madagascar : un secteur en développement.
- La deuxième partie se rapporte au traitement de la Responsabilité Sociale de
l’Entreprise par les compagnies pétrolières à Madagascar.
- La troisième et dernière partie est consacrée à la Responsabilité Sociale de
l’Entreprise: cas de la compagnie pétrolière Madagascar Oil S.A.
PARTIE 1 :
ENJEUX DE L'EXPLOITATION PETROLIERE A
MADAGASCAR : UN SECTEUR EN DEVELOPPEMENT
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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I.1.1 Historique [5]
Le 27 août 1859, l'Américain Edwin L. Drake extrait pour la première fois du pétrole par
forage, à une profondeur d'une vingtaine de mètres, à Titusville, en Pennsylvanie. Il
s'inspire pour cela des techniques de forage des puits de sel, à 23 mètres de profondeur.
Un lourd trépan creuse le sol en étant suspendu au bout d'un câble qui lui transmet
depuis la surface un mouvement alternatif créé par un balancier. Dans cette ville, le
pétrole proche de la surface est déjà utilisé à des fins médicales par la Pennsylvania
Rock Oil Company dans laquelle Drake, conducteur de train du Connecticut, possède
quelques actions. Drake ne réussit pourtant pas à breveter sa technique de forage alors
que de nombreuses villes de l'État connaissent une expansion considérable. Le pétrole
était certes connu depuis l'Antiquité, mais c'est la découverte de Drake qui marque le
début de son exploitation industrielle.
Photo N° 1 : Premier forage par Drake à Titusville Source : http://slicethelife.com/2012/08/27/colonel-edwin-drake-strikes-oil-near-
titusville-pennsylvania-this-day-1859
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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I.1.2 Définition [1]
Le mot pétrole vient du grec « petrelaïon », c’est une roche liquide carbonée. Il est un
mélange complexe d'hydrocarbures de différentes familles associé à des composés
oxygénés, azotés et sulfurés ainsi qu'à des traces de métaux particuliers (vanadium,
molybdène, nickel). Les hydrocarbures sont des corps formés par des chaînes d’atomes
de carbone et d’hydrogène. Ils se divisent en trois grandes familles :
- Les hydrocarbures aliphatiques ;
- Les hydrocarbures cycliques ;
- Les hydrocarbures aromatiques.
I.1.3 Origine et processus de formation du pétrole [6]
Le milieu marin produit une quantité importante de matière organique, en particulier du
plancton. La matière organique « morte » qui sédimente est à l'origine de la formation
du pétrole. La sédimentation de la matière organique dans un milieu privé d'oxygène
garantit sa préservation. En s'accumulant avec des sédiments fins, elle forme la future
roche mère.
La roche mère s'enfouit progressivement sous d'autres dépôts sédimentaires, par
exemple des calcaires. Ce phénomène, dit de subsidence, s'accompagne, dans la roche
mère, d'une augmentation de la pression et de la température. Jusqu'à 1 000 mètres de
profondeur et à des températures inférieures à 60 °C, la diagenèse biochimique se
produit au sein de la roche mère. Des bactéries anaérobies transforment la matière
organique en kérogène, précurseur du pétrole, et dégagent de petites quantités de
méthane.
La transformation du kérogène en pétrole et en gaz a lieu par craquage thermique entre
1000 et 3500 mètres de profondeur, à des températures comprises entre 60 et 130 °C.
Cette phase est appelée catagenèse, qui libère du gaz carbonique, de l'eau et de l'azote.
L'enfouissement qui se poursuit entraîne une augmentation de la pression. Celle-ci
provoque une migration primaire : l'eau et une partie du pétrole de la roche mère
migrent vers les sables poreux, qui forment une future roche réservoir.
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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La migration secondaire correspond au déplacement de ces fluides dans la roche
réservoir, en direction de la surface. Le pétrole et l'eau se retrouvent piégés sous une
couche imperméable. L'ensemble de ce processus dure de quelques millions à une
dizaine de millions d'années.
Figure N° 1 : Genèse et migration des hydrocarbures Source : B. Tissot&D. Welte, Petroleum Formation and Occurrence, Springer-Verlag, New
York, 1989
I.1.4.1 Composition générale
Le pétrole brut est un mélange complexe de composés chimiques. Il contient des
hydrocarbures saturés, insaturés et ramifiés. En effet chaque accumulation du pétrole
dans un champ pétrolifère a sa propre composition parmi celle des différentes zones et à
différentes températures. Ceci est justifié par le fait que les champs de pétrole ne sont
pas connectés entre eux. La distillation établit la composition actionnée du pétrole brut
selon la variation de température.
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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Tableau N° 1 : Les différents produits pétroliers obtenus par distillation
Intervalles de
tubes : propane et butane.
- Hydrocarbures de C5 à C10.
- Utilisé comme carburant des
- Hydrocarbures de C11 à C12.
- Carburant utilisé dans les
- Utilisés comme carburant des
moteurs diésel et comme
305°C à 405°C Fuels lourds et lubrifiants légers
ou huiles
- Utilisés comme carburant
lents et très puissants.
Source : http://www.global-warming.forumsactifs.com/t41-les-produits-de-petrole.php
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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I.1.4.2 Composition chimique
Les hydrocarbures composés d’hydrogène et du carbone présentent la majeure
partie du pétrole, mais on y trouve aussi de l’azote, le soufre et l’oxygène. En général, la
composition du pétrole se trouve entre les valeurs comme suit :
Tableau N° 2 : Teneur en pourcentage de la composition chimique du pétrole
Composition chimique Teneur (en %)
Carbone 84 à 87
Hydrogène 11 à 14
Soufre 0 à 13
Azote 0 à 10
Oxygène 0 à 2
Source : Fundamentals of Petroleum On peut caractériser la composition des pétroles bruts de deux façons :
- Par des méthodes globales fondées sur une distillation suivie de mesures
de densité, de viscosité sur les diverses fractions. Ces méthodes fournissent des
indications utiles pour le raffinage et la valorisation des pétroles ;
- Par des méthodes fondées sur des fractionnements par solubilité,
chromatographie liquide, … , suivies d'analyse des fractions par des méthodes
physiques : chromatographie en phase gazeuse, spectrométrie de masse, etc.
Elles permettent d'identifier les diverses familles de composés présents.
I.1.4.3 Propriétés physiques
Densité du pétrole :
C’est la masse du pétrole dans l’unité de son volume V. La densité du pétrole varie de
0,730 à 1,060 [g/cm3], le commerce du pétrole est essentiellement basé sur la densité.
Dans le secteur pétrolier, on utilise souvent « American Petroleum Institute » (API).
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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Facteur volumique du pétrole :
C’est le rapport de volume du pétrole dans les conditions de gisement au volume du
même pétrole à la surface après dégazage à la condition standard. Le facteur volumique
s’accroit en fonction de l’élévation de température dans le gisement et l’augmentation de
la quantité de gaz dissout.
: facteur volumique 1,1< b < 1,7
Facteur de conversion :
C’est l’inverse du facteur volumique. Il est utilisé pour réduire le volume du pétrole de
de gisement { celui d’huile de séparateur.
: facteur de conversion
Compressibilité du pétrole β :
Le pétrole comme d’autre liquide possède la faculté de se comprimer sous l’effet de la
pression. Plus le pétrole renferme le gaz dissout, plus le coefficient en compressibilité
est important. est déterminée au laboratoire { partir des données d’analyses
d’échantillon de pétrole.
1
(1)
(2)
(3)
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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I .2 Système pétrolier [19]
La condition nécessaire { l’existence d’un gisement d’hydrocarbure est la
présence d’une série sédimentaire ou appelée aussi série pétrolifère. Cette série résulte
de la formation d’une roche mère, la présence d’une roche réservoir, d’une roche
couverture et enfin l’existence d’un piège. La succession ordonnée de ses étapes donne
un système pétrolier.
I.2.1 Les roches mères
La présence des roches mères est la première condition nécessaire { l’existence
de pétrole. Ce sont des types de roches sédimentaires, riches en matières organique
dans lesquelles cette matière a pu se conserver et se transformer sans être détruite par
des actions oxydantes. Les roches mères sont souvent formées par des assises
argileuses, schisteuses, marneuses, calcaires fins ou des dolomies.
I.2.2 Les roches réservoirs
La présence des roches réservoirs ou roches magasins est utile au logement des
hydrocarbures. Ce sont des roches poreuses et perméables, constituées par des roches
détritiques comme les séries argilo-sableuses ou carbonatées. La caractéristique des
roches réservoirs dépend essentiellement de deux paramètres : la porosité qui
détermine la quantité d’accumulation du pétrole et de gaz ; la perméabilité qui résulte
du facteur de productivité d’un champ pétrolifère.
I.2.3 Les roches couvertures
Les roches couvertures sont des roches imperméables, superposées aux roches
réservoirs. Elles sont généralement plastiques et épaisses, qui empêchent la fuite du
pétrole vers la surface du sol. Dans la plupart des séries pétrolifères, ces roches sont
constituées à des horizons argileux, schisteux et calcaires.
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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I.2.4 Les pièges
La présence d’un piège est le dernier critère permettant la migration
d’hydrocarbures, ainsi qu’ils pourraient s’accumuler en quantités suffisantes afin
d’estimer un gisement commercial. Il existe trois grands types de piège à pétrole :
Les pièges structuraux (anticlinal, faille),
Les pièges stratigraphiques (discordance, lentille sableuse),
Les pièges mixtes (dôme de sel ou diapir, pli).
Figure N° 2: Différents types de pièges à pétrole Source : Géologie du pétrole, P.U.F., Paris, 1966
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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I.3.1 Les hydrocarbures conventionnels :
Ce sont des hydrocarbures légers constitués essentiellement des paraffines et des
oléfines de faible masse moléculaire et de faible densité dont la valeur est inférieure à
20° API. Ils sont { l’état liquide et affluent naturellement { la surface lors de l’extraction
ou peut être extraits au moyen de pompe sans nécessiter d’autre étape de traitement de
dilution.
I.3.2 Les hydrocarbures non conventionnels :
Les hydrocarbures non conventionnels sont du pétrole, qui s’est échappé de sa roche
réservoir, ils migrent vers la surface où il a perdu ses éléments volatils. Ce sont des
produits lourds de densité élevée comprise entre 20 et 45° API.
I .4 Production et réserves mondiales du pétrole
La consommation mondiale du pétrole s’accroit toujours, alors que l’estimation de la
quantité de réserves est déterminée au fur et à mesure que les promoteurs donnent des
informations à la découverte des nouveaux gisements. En2012, la production et les
réserves mondiales du pétrole brut se répartissent dans le tableau suivant :
Tableau N° 3 : Production et réserves de pétrole brut dans le monde en 2012
Pays Production en 2011
En millions de tonnes
Amérique du Nord dont : 463,2 11,8 26508 12,8
Canada 108,0 2,8 23687 11,4
Etats-Unis 355,1 9,1 2822 1,4
Amérique Latine dont : 507,5 13,0 33967 16,3
Mexique 137,8 3,5 1386 0,7
Venezuela 139,6 3,6 28809 13,9
Afrique dont :
419,5 10,7 16945 8,2
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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Europe dont :
CEI dont
Proche-Orient dont : 1 300,9 33,2 109 087 52,5
Arabie saoudite 525,8 13,4 36 428 17,5
Irak 136,9 3,5 19 523 9,4
Iran 205,8 5,3 20 623 9,9
Koweït 140,0 3,6 14 188 6,8
Extrême-Orient et Océanie dont
Chine 203,6 5,2 2 776 1,3
Total monde dont :
OPEP 1 695,7 43,3 151 821 73,1
Source : Comité professionnel du pétrole
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
Page 14
II .1 Les différents types d ’opérations pétrolières
Le type d’opérations pétrolières est classifié en deux suivant la zone de prospection de
la compagnie pétrolière :
- Opérations pétrolières offshore (en mer), situant dans la limite
territoriale marine.
II .2 Déroulement de la phase d’opérations pétrolières
La phase d’un projet pétrolier se divise en trois grandes étapes :
- La phase d’exploration pétrolière ;
- La phase de développement ;
- La phase d’exploitation pétrolière.
II.2.1 Phase d’exploration pétrolière
Avant de commencer les travaux de recherches, chaque compagnie doit obtenir un
permis de recherche, en accord avec l’Office des Mines Nationales et des Industries
Stratégiques (OMNIS), qui est le représentant du gouvernement de l’État malgache. Elle
pourrait octroyer un ou plusieurs blocs pétroliers selon leur intérêt, auquel l’OMNIS
peut remettre des bases de données concernant à chaque bloc.
II.2.1.1 Exploration par acquisition sismique
Tous travaux d’exploration sont précédés d’une phase préparatoire qui consiste à
déterminer les lignes sismiques. L’acquisition sismique se fait par transmission d’ondes
vibratoires sous la surface du sol, traversant les couches géologiques de différentes
densités. La réflexion de ces ondes est captée, traitée et interprétée en 2D ou 3D par les
géophysiciens, qui permettent de déterminer les structures géologiques de la zone à
étudier. Ces informations servent aux géologues à estimer les zones favorables où les
hydrocarbures pourraient être retenus.
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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II.2.1.2 Exploration par forage
Après les informations obtenues aux études sismiques. La compagnie passe aux
forages d’explorations afin de découvrir un nouveau gisement des gaz ou
d’hydrocarbures. Ces forages de reconnaissances ont pour objectif d’étudier les traits
généraux de la structure géologique profonde, d’apprécier les prospectives pétrolifères
ou gazières et de délimiter les aires propices à formation de piège. L’exploration de ces
gisements est une étape importante, onéreuse et souvent longue, environ entre 8 à 10
ans. Mais l’implantation des puits permettent de recueillir le maximum d’informations
de la réserve.
II.2.2 Phase de développement
Une fois que le gisement est commercialement exploitable selon les études économiques
des experts, la compagnie passe à la phase de développement. Cette phase couvre la
préparation des diverses infrastructures (forage de production, pipeline, installations
des stockages, etc.) durant environ 3 à 5 ans, afin que la compagnie se prépare à
l’exploitation pétrolière.
II.2.3 Phase d’exploitation pétrolière
Après la préparation à la phase de développement, l’exploitation pétrolière comprend la
totalité des travaux que la compagnie exécute sur les structures ayant donné des
résultats positifs d’explorations. La période d’exploitation est environ de 25 { 30 ans
pour le pétrole, de 35 à 40 ans pour le gaz.
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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MADAGASCAR
III.1 Contexte géographique
Madagascar s'étend à l'est de l'Afrique dont elle est séparée par les 400 kilomètres du
canal du Mozambique. Quatrième île du monde par sa superficie de 590 000 km2, elle
mesure 1 580 kilomètres du nord au sud et 570 kilomètres d'est en ouest dans sa partie
la plus large. Pays tropical dans son ensemble, l'île présente des reliefs complexes
composés des Hautes Terres centrales, d'une côte orientale étroite et, à l'ouest, de
grandes plaines déboisées et d'une côte dominée par le sable et les mangroves.
III.2 Contexte géologique
L'histoire géologique de Madagascar est largement dépendant de sa position centrale au
cœur du paléo-continent Gondwana avant son démembrement entre 180 et 60 Ma. Le
Gondwana est le supercontinent qui comprenait l'Amérique du Sud, l'Afrique,
l'Antarctique, l'Inde, et l'Australie. Les travaux de Bésairie en 1972 ont permis de
confirmer que Madagascar était aussi une partie et une partie centrale au cœur du
paléo-continent du Gondwana. Les assemblages géologiques de Madagascar se
regroupent essentiellement en trois groupes de roches :
- Le Socle Précambrien ;
III.2.2 Les bassins sédimentaires de Madagascar [27]
Madagascar est composé de cinq bassins sédimentaires onshore et offshore, qui
couvrent une superficie totale de 820.400 km², s'étendent de la frontière de la Zone
Économique Exclusive (ZEE). La superficie des bassins sédimentaires est comme suit :
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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Bassin sédimentaire Superficie (km2)
Source : OMNIS
Les trois bassins sédimentaires les plus importants sont : Ambilobe, Majunga et
Morondava, se situent dans la partie Ouest de l’île. Les deux bassins restants se situent
au cap Saint Marie, au Sud-Est de l’île.
Figure N° 3 : Les bassins sédimentaires de Madagascar
Source : OMNIS
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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Les sédiments de Madagascar sont constitués par deux systèmes majeurs:
- La formation « Karroo » { l’âge « Permian to Eo-Lias », qui contient des
sédiments continentaux épais ;
l’environnement marin.
Figure N° 4: Carte géologique de Madagascar Source : OMNIS
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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III.3 Historique de l’exploration pétrolière à Madagascar [27]
La découverte des deux grands gisements d’hydrocarbure non conventionnel de
Bemolanga et Tsimiroro au début du 20ème siècle a éveillé les activités de l’exploration
pétrolière à Madagascar.
L’histoire de l’exploration pétrolière est divisée en trois périodes principales :
- Jusqu’en 1960, elle a été menée principalement par SPM, une filiale
d’ELF Aquitaine (the French national oil society),
- 1960 à 1975: première entrée d'autres compagnies internationales
que français dans exploration pétrolière (Chevron, Agip, Conoco,
Teneco),
pétrolières internationales importantes et majeures (Mobil, Oxy,
Amoco, Agip, Shell, Maxus, BHP, Hunt Oil, Triton, Gulfstream, Vanco,
Sterling Energy, VunaEnergy, ExxonMobil).
III.4 Les blocs pétroliers
Les bassins sédimentaires de Madagascar ont été divisés en blocs pétroliers afin que les
compagnies pétrolières puissent l’octroyer selon leurs intérêts. Ils se divisent comme
suit :
• Bassin d’Ambilobe : 1 bloc
• Cap d’Ambre : 24 blocs
• Bassin de Majunga : 4 blocs
• Bassin de Morondava : 96 blocs
• Cap Saint Marie : 97 blocs
• Côte Est Nord : 23 blocs
• Côte Est Sud :1 bloc
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
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Figure N° 5: Les blocs pétroliers de Madagascar Source : www.omnis.mg
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Madagascar contient quatre différents types d’hydrocarbures, selon les données
géologiques relevées au sein de l’OMNIS, ces types d’hydrocarbures se localisent dans le
tableau suivant :
HYDROCARBURES LOCALISATION
GAZ X
Les blocs pétroliers onshore sont presque octroyés par les compagnies pétrolières.
Madagascar est actuellement en pleine phase d’exploration, la répartition de la zone est
octroyée comme suit :
- Zone terrestre : EAX, MNPC (Groupe Sunpec), OPHIR, MPIL (Groupe Sunpec),
VARUN, TOTAL E&P, MADAGASCAR OIL, ESSAR, AMICOH, TULLOW, MSPC
(Groupe Sunpec), PETROMAD
- Zone marine: STERLING ENERGY, EXXONMOBIL, SAPETRO, NIKO.
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
Page 22
JURIDIQUE ET CODES DE CONDUITE
IV.1 Etude d’Impact Environnemental (EIE) [14]
L’EIE est un instrument d’aide { la décision dans les différentes étapes de réalisation
d’un projet. Elle intègre les aspects économiques, sociaux et environnementaux pour
tendre vers la solution de moindre impact et fournit { l’autorité administrative les
éléments nécessaires pour s’assurer que le projet ne porte pas atteinte {
l’environnement ; se prononcer sur la nature et le contenu de la décision à prendre.
L’EIE est un outil privilégié de prévention de la pollution et de la dégradation de
l’environnement. Il permet d’épargner au promoteur et { l’autorité, les surcoûts et les
conflits habituellement constatés après la réalisation du projet. Elle est aussi un outil de
planification qui définit les actions { mettre en œuvre et les paramètres { suivre ainsi
que les échéanciers, les dépenses et les responsabilités des différents intervenants.
L’EIE permet d’examiner différentes alternatives du projet pour dégager celles qui
répondent le mieux aux besoins économiques et sociaux et aux exigences de protection
de l’environnement. Cette étude aide le promoteur { mieux concevoir son projet en
évaluant les conséquences sur l’environnement et en identifiant les solutions pour les
atténuer.
C’est une étude qui permet d’apprécier, d’évaluer et de mesurer les effets directs et
indirects, { court, moyen et long terme de la réalisation de l’unité sur l’environnement et
qui doit être présentée { l’Office Nationale pour l’Environnement pour avis avant
l’obtention de toutes autorisations administratives relatives { la réalisation de l’unité.
Selon le décret n° 99 954 du 15 Décembre 1999 fixant les nouvelles dispositions
relatives { la mise en compatibilité des investissements avec l’environnement. Ces
projets sont soumis obligatoirement { un Etude d’Impact Environnemental :
Tout projet d’exploration du pétrole ou de gaz naturel utilisant la méthode
sismique et/ou forage.
Tout projet d’extraction et/ou de transport par pipeline de pétrole ou de
gaz naturel.
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
Page 23
Tout projet d’extraction et d’exploitation industrielle de charbon de terre ou
cokeries.
Tout projet d’implantation de raffinerie de pétrole brut, de gazéification et
de liquéfaction de capacité de plus de 20 000 barils équivalent pétrole/jour.
Tout projet d’implantation offshore.
Tout projet d’extraction de substances minérales bitumineuses de plus de
500 m3/jour.
Tout projet de stockage de produits pétroliers et dérivés ou de gaz naturel
d’une capacité combinée de plus de 25 000 m3 ou 25 millions de litres.
IV.2 Code pétrolier [37]
Le phénomène de mondialisation a transformé le fonctionnement et le comportement
de l’Entreprise. Dans le secteur pétrolier, cette évolution nous permet à adapter une
nouvelle politique de développement économique. Pour cette raison que la décision a
été prise d'adapter notre ancien Code Pétrolier à ces nouvelles exigences. Les
modifications ont pour but de mettre en place un cadre légal le plus incitatif les uns que
les autres, de répondre aux besoins des compagnies pétrolières autant que possible, de
favoriser les intérêts supérieurs de la nation.
Cette présente loi décrit tous les critères que les promoteurs doivent respecter
obligatoirement, que ce soit en onshore ou offshore durant les activités pétrolières faites
par la compagnie pétrolière. L’assemblée nationale a adopté ce LOI N 96-018 portant
Code Pétrolier le 20 aout 1996, vu la décision du Président de la République n°14-
HCC/D.3 du 04 septembre 1996. Selon :
Article premier :
Sur le territoire de la République de Madagascar, la prospection, la recherche,
l'exploration, l'exploitation, la transformation et le transport des Hydrocarbures
liquides, solides ou gazeux, ainsi que les régimes fiscal et douanier de ces activités sont
régis par les dispositions du présent Code.
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
Page 24
Article 3 :
Cet organisme est gestionnaire du domaine minier national d'hydrocarbures. A
cet effet, il confie toute opération de prospection, de recherche, d'exploration,
d'exploitation, de transformation et de transport d'hydrocarbures dans le domaine
minier national à une société nationale chargée des activités "amont" des
hydrocarbures, à celle-ci seule ou en association avec d'autres sociétés pétrolières,
lesquelles sont placées sous sa tutelle.
Le mode de création, le régime juridique et les statuts de la Société nationale chargée
des activités "amont" des Hydrocarbures sont fixés par voie réglementaire.
Article 24 :
Dans tout contrat pétrolier la ou les partie(s) contractante(s) est (sont) tenue(s)
de :
1- contribuer à l'effort national de formation du personnel malgache dans le domaine
des hydrocarbures, suivant un programme et un budget à établir dans le contrat ;
2- se conformer à la législation du travail et de la prévoyance sociale en vigueur.
IV.3 Mise En Compatibilité des Investissements avec l’Environnement
[39]
Le décret MECIE fixe les règles et procédures à suivre en vue de la mise en
compatibilité des investissements avec l’environnement. En particulier il précise les
procédures d’élaboration, d’exécution et de suivi des programmes, projets et activités
conformément aux normes environnementales établies, comme instruments
d’intégration de l’environnement au processus de planification et de décision d’un
promoteur. Le décret N° 99-954 du 15 décembre 1999 modifie par le décret n° 2004-
167 du 03 février 2004 relatif à la mise en compatibilité des investissements avec
l’environnement. Selon :
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
Page 25
Article premier :
Le présent Décret a pour objet de fixer les règles et procédures à suivre en vue de
la mise en compatibilité des investissements avec l’environnement et de préciser la
nature, les attributions respectives et le degré d’autorité des institutions ou organismes
habilités à cet effet.
Article 6 (nouveau) :
Pour les investissements, publics ou privés, visés { l’article 4, le permis
environnemental constitue un préalable obligatoire à tout commencement des travaux.
Le permis environnemental est délivré par l’ONE, { l’issue d’une évaluation
environnementale favorable de l’EIE, sur la base des avis techniques du CTE faisant suite
{ l’évaluation de l’EIE du projet et des résultats de l’évaluation par le public.
Pour les investissements, publics ou privés, visés { l’article 5, l’approbation du
PREE constitue un préalable obligatoire à tout commencement des travaux.
L’approbation du PREE relève du ministère sectoriel concerné, sur la base de l’avis
technique de sa Cellule Environnementale.
Le Directeur Général de l’ONE reçoit du Ministère chargé de l’environnement,
délégation permanente pour délivrer des permis environnementaux.
Il n’a pas de pouvoir de subdélégation.
Article 9 :
Les valeurs-limites sont les seuils admissibles d’émissions ou les concentrations
d’éléments qu’un milieu récepteur peut accepter. Ces seuils et concentrations seront
fixés par voie réglementaire.
La norme est un référentiel officiel publié par un organisme indépendant et
reconnu.
Les normes tant nationales qu’internationales ainsi que les directives en matière
environnementale seront portées à la connaissance du public par tout moyen conforme
à la réglementation en vigueur.
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
Page 26
Les normes préconisées en la matière par les organismes internationaux affiliés
aux Nations Unies peuvent servir de standard de référence, dans les cas où les normes
nationales sont inexistantes ou font défaut.
Article 29 :
L’exécution du PGEP consiste en l’application par le promoteur, pendant la durée
de vie du projet, des mesures prescrites pour supprimer, réduire et éventuellement
compenser les conséquences dommageables sur l’environnement.
Le suivi de l’exécution du PGEP consiste { vérifier l’évolution de l’état de
l’environnement ainsi que l’efficacité des mesures d’atténuation et des autres
dispositions préconisées par ledit PGEP.
Le contrôle est une activité qui vise à assurer que le promoteur respecte, tout au
long du cycle du projet, ses engagements et ses obligations définis dans le PGEP, et à
l’octroi de sanctions en cas d’inapplication de ceux–ci.
IV.4 Global Reporting Initiative
Le Global Reporting Initiative (GRI) est le référentiel pour la communication des
progrès en développement durable. Ce cadre permet aux entreprises de mesurer, de
communiquer et de rendre compte aux parties prenantes de leur performance
économique, environnementale et sociale { l’aide d’indicateurs dont les protocoles
définis permettent d’assurer une cohérence entre les rapports.
Depuis 2010, il existe un document complémentaire s’appliquant au secteur minier. Ce
supplément permet de prendre en compte des aspects plus sensibles liés aux impacts
miniers tels que, les émissions et les effluents, la communauté, les droits des
communautés autochtones ainsi que les déplacements de population. Enfin, un
supplément pour les industries pétrolières et gazières devrait être disponible en 2011
et inclure des indicateurs spécifiques aux émissions de gaz à effet de serre, aux
énergies renouvelables et aux alternatives. Ce nouveau supplément devrait également
établir le lien avec l’ITIE afin de rendre compte de son implémentation.
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
Page 27
Le GRI possède une bonne reconnaissance dans différents milieux étant donné que
les lignes directrices sont développées par consensus entre différentes parties
prenantes (entreprises, société civile, investisseurs, universitaires, etc.). Cette
initiative permet une certaine constance dans la production de rapports de
développement durable en plus de couvrir plusieurs aspects de la RSE.
IV.5 Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives
(ITIE) [11]
IV.5.1 Généralités
L’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) met en œuvre une
norme indépendante, volontaire et internationalement reconnue qui vise à assurer la
transparence dans les industries extractives. Le principe fondateur de l’ITIE est une
exigence de transparence dans tous les transferts de paiements de l’entreprise et les
revenus des gouvernements, qui découlent de l’exploitation des ressources extractives
d’un pays. Cette transparence doit renforcer les moyens permettant à la société civile
d’exiger de leurs gouvernements une gestion responsable de ces ressources.
IV.5.2 Contexte et objectif de la mission :
IV.5.2.1 Contexte de la mission :
« Madagascar sera une Nation prospère, capable de gérer dans la Transparence, ses
ressources minières et pétrolières pour un développement durable » telle est la
vision de la transparence dans les Industries Extractives, qui a été définie en
approche participative et progressive.
Madagascar a été accepté comme pays candidat au processus de l’Initiative pour la
Transparence des Industries Extractives (ITIE) le 22 février 2008. Initialement, la date
limite de validation accordée par le Conseil d’Administration a été le 10 mars 2010
pour devenir un membre { part entière, pays conforme { l’ITIE.
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
Page 28
Il est crucial de maintenir cet esprit de l’ITIE qui est une initiative essentielle pour
améliorer davantage la transparence des flux financiers générés par les industries
extractives d’une part, et d’autre part d’augmenter autant que possible sa contribution
de ceux-ci dans l’économie du pays, la Banque Mondiale qui gère le fonds de l’ITIE établi
pour aider les pays candidats, a financé les services d’un Consultant pour élaborer
un rapport préliminaire de compilation et de réconciliation des revenus générés par le
secteur minier.
Les organes permanents pour assurer la mise en œuvre de l’initiative ITIE sont
constitués de représentants élus et issus de : la Société Civile, l’Administration et le
Secteur privé, tous impliqués directement dans le secteur minier et pétrolier.
L’adhésion { l’initiative ITIE requiert la mise en œuvre des étapes suivantes :
- La déclaration d’Engagement pour la mise en œuvre de l’ITIE,
- L’établissement du groupe de travail, l’élaboration et la publication
du Plan de Travail
- L’identification et l’élimination des obstacles pour la mise en
œuvre de l’ITIE, le renforcement de capacité ;
- La réalisation de l’audit des paiements et des recettes et la
publication du rapport d’audit ;
- La validation du processus et la conformité { l’ITIE.
IV.5.2.2 Objectif de la mission :
L’objectif de la mission est d’assurer la transparence et de la crédibilité des paiements
effectués par les industries extractives { l’Etat et les revenus reçus par l’Etat de ces
industries extractives.
Ainsi, l’audit couvre :
L’inventaire de la liste des flux financiers pris en compte ;
L’élaboration d’un canevas de reporting ;
La collecte les informations provenant de l’entreprise identifiées ainsi que les
administrations admises dans le processus et les consolider ;
Le rapprochement entre les chiffres avancés par les industries extractives
et ceux provenant par l’Etat ;
Partie 1 : Enjeux de l'exploitation pétrolière à Madagascar : un secteur en développement
Page 29
L’analyse des lacunes d’informations ;
L’organisation d’un atelier de consultation entre les différentes parties
prenantes du processus;
La publication du rapport et dissémination des informations,
L’élaboration des extraits de rapport aux fins de publication locale, régionale et
nationale.
L’ENTREPRISE PAR LES COMPAGNIES
PETROLIERES A MADAGASCAR
Partie 2 : Traitement de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise par les compagnies pétrolières à Madagascar
Page 31
RESPONSABILITE SOCIALE DE L’ENTREPRISE
I .1 Historique et définition [18] [28] [29]
I.1.1 Origine et concept
Bien que la naissance des préoccupations sociales puisse être identifiée aux
alentours du XIXème siècle, la notion de Responsabilité Sociale de l’Entreprise, plus vaste
et plus complexe, est quant à elle bien plus récente. Les mouvements de
contestation des salariés au XIXème siècle ont forcé le patronat à une meilleure prise en
compte de leurs conditions. C’est bien plus tard, dans les années 1930, que la RSE prend
forme aux Etats-Unis, lorsque les entreprises mettent en place des avantages
sociaux pour attirer la meilleure main d’œuvre. C’est alors que des organisations
américaines offrent { leurs salariés l’assurance maladie, que l’État ne propose pas. Les
premières grandes théories sur la RSE apparaissent à cette époque-là, avec
notamment Théodore Kreps. En 1953, Richard Bowen avait introduit la notion de
l’intégration des valeurs recherchées par la société au-delà des buts économiques des
actionnaires. Durant les dernières décennies, le concept s’est élargi jusqu’{ devenir un
concept beaucoup plus complexe avec de multitudes facettes incluant d’autres
préoccupations telles que les droits de l’Homme, l’environnement, la corruption, la
pauvreté.
En effet, le concept de RSE découle de la théorie des parties prenantes. La notion de
parties prenantes, apparue dans les années 1960, s’est principalement fait connaître par
Freeman en 1984 qui la définit comme telle : individu ou groupe d’individus qui
peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs organisationnels. Plus
tard, en 1995, Clarkson distingue deux groupes de parties prenantes. D’une part,
les parties prenantes primaires d’une entreprise sont celles dont dépend la survie
de l’entreprise. Il s’agit notamment des actionnaires, investisseurs, employés,
clients, fournisseurs, ainsi que les parties prenantes publiques telles que le
gouvernement. Les parties prenantes secondaires sont celles qui influencent ou
sont influencées par l’organisation.
Partie 2 : Traitement de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise par les compagnies pétrolières à Madagascar
Page 32
I.1.2 Définition
L’expression Responsabilité Sociale de l’Entreprise, en anglais « Corporate Social
Responsibility » couvre les responsabilités qu’ont les entreprises envers les sociétés au
sein desquelles elles sont basées et elles opèrent. Le sens direct du concept RSE s’avère
que le terme de « responsabilité » n’est pas pris ici au sens d’« obligation » puisque
l’action est présumée « volontaire ». Le Livre Vert de la Commission européenne
fournit une définition officielle : La Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE) est
donc un concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales,
environnementales et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions
avec leurs parties prenantes sur une base volontaire.
Ce concept désigne la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses
décisions et activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un
comportement éthique et transparent qui :
- contribue au développement durable, y compris à la santé et au
bien-être de la société;
- prend en compte les attentes des parties prenantes;
- respecte les lois en vigueur tout en étant en cohérence avec les
normes internationales de comportement;
- est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans
ses relations.
I.2.1 Les entreprises
Tout d’abord, le point de départ d’un programme de RSE est la volonté des dirigeants de
l’entreprise. En effet, certains d’entre eux considèrent qu’il est nécessaire que leurs
affaires aient des impacts positifs sur le milieu dans lequel ils sont installés. Ce faisant,
des activités pour améliorer la condition sociale des communautés ainsi que la
qualité de l’environnement sont recommandées au sein de l’entreprise. Cela peut
ensuite faire partie de la culture de l’entreprise en question et la suite des activités se
dirige habituellement en ce sens.
Partie 2 : Traitement de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise par les compagnies pétrolières à Madagascar
Page 33
En ce qui concerne les employés, afin de s’assurer de la réussite du programme de
RSE, une communication importante doit être mise en place avec ceux-ci, afin que ceux-
ci soient au courant des intentions de l’entreprise, concernant son plan de mise en
œuvre, et qu’ils puissent ainsi adapter leurs comportements aux changements prévus.
Il est possible qu’une certaine résistance subsiste { ce niveau, car la modification
des habitudes est parfois difficile, mais avec une communication claire et détaillée, il
sera plus aisé de faire évoluer les gestes des employés.
I.2.2 L’État
Les institutions gouvernementales ont un rôle important à jouer dans
l’établissement d’un environnement adéquat pour les entreprises, afin de favoriser
le bon fonctionnement des programmes de RSE, particulièrement au niveau législatif.
Cependant, il existe une certaine dualité concernant cet aspect. Pourtant, une
législation adéquate permet de promouvoir et de favoriser l’implantation de tels plans.
C’est une nuance primordiale { la compréhension de l’apport du gouvernement { la mise
en œuvre des activités de RSE par les promoteurs.
Dans certains cas, les gouvernements peuvent inciter les entreprises à instaurer un
programme de RSE, vu leurs investissements dans certaines activités sociales. Cela
permet de faciliter la tâche de l’entreprise, en l’aidant dans sa démarche. Également, des
partenariats peuvent être établis entre le gouvernement et les entreprises, afin de
combiner les ressources publiques et privées et ainsi améliorer le processus. De
plus, l’État peut démontrer un support politique, en approuvant publiquement les
démarches établies par les promoteurs.
Toutefois, le gouvernement est le seul acteur susceptible de pouvoir modifier
directement les aspects fiscaux et législatifs en ce qui concerne les entreprises.
C’est pourquoi il a un rôle primordial { jouer dans la mise en place des plans de
RSE. Cependant, certaines instances sont incapables de jouer ce rôle,
particulièrement dans les pays en développement. Ainsi, bien que le support du
gouvernement soit fortement recommandé afin de favoriser la réussite du
programme de RSE.
Partie 2 : Traitement de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise par les compagnies pétrolières à Madagascar
Page 34
I.2.3 Les communautés locales
Les communautés locales sont situées dans la zone d’influence de l’entreprise et
subissent bien souvent les impacts de l’implantation de celle-ci sur un territoire.
L’apparition de nouveaux emplois peut être profitable pour ces populations, mais
des contreparties négatives peuvent survenir selon les activités de la compagnie ainsi
que le mode de gestion. Ainsi, les communautés peuvent être une des raisons principales
de la mise en place d’un programme de RSE.
Lorsque l’entreprise est l’employeur le plus important du territoire, voire le seul, la
communauté peut parfois avoir des difficultés à influencer ses actions et à faire modifier
les activités du programme de RSE. Si l’entreprise décide de mettre en place un
programme, elle doit s’assurer de maintenir une communication régulière et claire face
aux demandes de la communauté, qui peuvent être croissantes. Ainsi, son
intervention doit passer par une évaluation des besoins des communautés dans un
premier temps et par la définition de sa propre stratégie dans un second temps.
I.2.4 La société civile
Différents groupes forment la société civile d’un État et certains ont un rôle plus
important { jouer lors de la mise en place d’un programme de RSE. En effet, quelques
ONG peuvent influencer de manière importante les entreprises. Cependant, il faut
faire attention aux réclamations qu’elles peuvent effectuer, car ce ne sont pas
nécessairement elles qui subissent les impacts négatifs découlant des activités de
l’entreprise. Ainsi, ces organisations peuvent venir déformer la réalité en mettant
l’emphase sur certaines actions que l’entreprise devrait entreprendre alors que les
besoins de la communauté ne sont pas nécessairement à ce niveau.
Cependant, ces parties prenantes ne sont pas nécessairement toujours les
opposants de l’Entreprise. En effet, des partenariats peuvent également être établis
entre les ONG et les entreprises. Puisque, les organisations sont habituellement celles
qui sont le plus au courant de ce qui se passe dans le milieu et qui possèdent l’expertise
et les outils nécessaires afin d’améliorer la situation en place dans certains États.
Ce sont les acteurs les plus adéquats pour établir les besoins sociaux et
environnementaux des pays dans lesquels ils sont implantés. Cependant, il est
préférable que cela soit fait en établissant un dialogue avec les communautés.
Partie 2 : Traitement de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise par les compagnies pétrolières à Madagascar
Page 35
I .3 Caractéristiques de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise
Le principe caractéristique de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise se traduit par la
volonté de l’organisation, d’une part, d’intégrer des considérations sociales et
environnementales dans ses prises de décision, et d’autre part, de rendre compte des
impacts de ses décisions et activités sur la société et l’environnement. Ceci implique un
comportement à la fois transparent et éthique qui contribue au développement durable,
prend en compte les intérêts des parties prenantes, respecte les lois en vigueur et est en
cohérence avec les normes internationales de comportement. Ce comportement est
intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations.
I.3.1 Les attentes de la société
La Responsabilité Sociale implique que soient comprises les attentes générales de la
société. L’un des principes fondamentaux de la responsabilité sociale réside dans
l’observation du principe de légalité et dans le respect des obligations légales. Bien que
les attentes en matière de comportement responsable varient d’un pays et d’une culture
{ l’autre, il convient que les organisations respectent les normes internationales de
comportement. La description de chaque domaine d’action comprend les actions {
mettre en œuvre pour traiter ces impacts.
I.3.2 Les référentiels et les codes de conduite
Les référentiels et les codes de conduite favorisent les approches en responsabilité
sociale dans le secteur pétrolier. Par référentiel, on entend une norme ou un standard,
reconnu de manière nationale ou internationale, permettant d’élaborer une
démarche de Responsabilité Sociale. Les référentiels se différencient des codes de
conduite qui regroupent davantage les chartes, les déclarations et les principes dont
l’engagement et l’adhésion sont volontaires. Il existe maintenant de nombreux codes de
conduite internationaux volontaires comme les principes directeurs de l’Organisation de
Coopération et de Développement Economique (OCDE), les critères de performance de
l’International Finance Corporation (IFC) et les principes du pacte mondial de
l’Organisation des Nations Unies (ONU) s’appliquant { tous les secteurs.
Partie 2 : Traitement de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise par les compagnies pétrolières à Madagascar
Page 36
Parfois on utilise conjointement des approches plus spécifiques au secteur extractif,
telles que « l’International Council on Mining and Metals » (ICMM) et l’Initiative pour la
Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). Toutes ces ressources constituent
des bases pour le développement de pratiques plus responsables dans les industries
pétrolières et minières.
I.3.3 Intégration de la Responsabilité Sociale
Etant donné que la Responsabilité Sociale concerne les impacts potentiels et effectifs
induits par les décisions et activités de l’entreprise, le comportement le plus important à
traiter correspond aux activités quotidiennes et régulières de l’organisation. Il convient
que la responsabilité sociale fasse partie intégrante de la stratégie centrale de
l’entreprise, de rendre compte à tous les niveaux appropriés, ainsi que la prise en
compte dans la mise en œuvre des activités pétrolières. Les promoteurs reconnaissent
que l’admission d’une approche efficace de RSE peut réduire les risques liés aux
perturbations de leurs affaires, améliorer la réputation et l’efficacité de la compagnie,
ainsi que la transparence. L’intégration de la RSE offre des avantages d’affaires clairs aux
compagnies et contribue au bien-être de la société.
I.3.4 Les rôles des parties prenantes dans la Responsabilité Sociale
L’identification des parties prenantes et le dialogue avec elles sont fondamentaux en
matière de responsabilité sociale. Il est recommandé { l’organisation de déterminer qui
a un intérêt dans ses décisions et activités de façon { ce qu’elle puisse comprendre les
impacts qu’elle génère et identifier la manière de les traiter. Bien que les parties
prenantes puissent aider une organisation à identifier la pertinence de questions
particulières vis-à-vis de ses activités, elles ne remplacent pas la société au sens large
pour la détermination des normes et des attentes en termes de comportement.
Partie 2 : Traitement de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise par les compagnies pétrolières à Madagascar
Page 37
SOCIALE DE L’ENTREPRISE
II .1 Principes de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise
II.1.1 Transparence
L’organisation assure la transparence des décisions qu’elle prend et des activités qu’elle
mène lorsque celles-ci ont une incidence sur la compagnie et l’environnement. Il
convient que l’organisation diffuse de manière claire, juste et à un degré raisonnable et
suffisant, les politiques, décisions et activités dont elle est responsable, de même que
leurs effets Il est indispensable que les informations soient disponibles, directement
accessibles et compréhensibles pour ceux qui sont ou peuvent être touchés de diverses
manières par l’organisation.
Le principe de la transparence ne nécessite pas de rendre publiques des informations
confidentielles de chaque compagnie et il n’entraîne pas la mise { disposition
d’informations légalement protégées ou qui contreviendraient { des obligations
juridiques, commerciales.
Il convient que l’organisation fasse preuve de transparence en ce qui concerne :
- l’objet, la nature et l’emplacement de ses activités ;
- l’origine de ses ressources financières ;
- les effets connus ou probables de ses décisions et activités sur les parties
prenantes, l’entreprise et l’environnement ;
- l’identité de ses parties prenantes ainsi que les critères et procédures utilisés
pour les identifier, les choisir et dialoguer avec elles.
II.1.2 Comportement éthique
Le comportement de l’organisation est fondé sur les principes d’honnêteté, d’équité et
d’intégrité. Ces principes impliquent que l’on se préoccupe de la biodiversité, des
ressources naturelles et que l’on s’engage surtout { aborder les intérêts des parties
prenantes. D’où le fait que l’organisation favorise activement l’adoption d’un
comportement éthique par les pratiques suivantes :
Partie 2 : Traitement de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise par les compagnies pétrolières à Madagascar
Page 38
- en élaborant des structures de gouvernance qui contribuent à promouvoir un
comportement éthique au sein de l’entreprise et dans le cadre de ses interactions
avec les autres ;
- en définissant et en communiquant les standards du comportement éthique
attendu de la structure de gouvernance, du personnel, des actionneurs, sous-
traitants, de ceux qui ont la possibilité d’avoir une influence significative sur les
valeurs, la culture, l’intégrité, la stratégie et le fonctionnement de l’organisation,
tout en préservant l’identité culturelle locale ;
- en établissant des mécanismes de surveillance et des contrôles de la mise en
place d’un comportement éthique.
II.1.3 Respect des intérêts des parties prenantes
Bien que les objectifs d’une organisation puissent se limiter { ses propres intérêts, il
convient que l’organisation :
- Identifie précisément les parties prenantes avec lesquelles elle est liée ;
- Soit consciente des intérêts de ses parties prenantes, qu’elle les respecte et
qu’elle réponde aux préoccupations qu’elles expriment ;
- Reconnaisse les intérêts et les droits des parties prenantes accordés par la
législation ;
significative sur les activités de la compagnie.
II.1.4 Respect du principe de légalité
Le principe de légalité se réfère à la suprématie du droit et stipule qu’aucun individu ou
organisation n’est au-dessus des lois. Cela signifie que l’organisation ait une pleine
connaissance des lois et réglementations en vigueur et se conforme aux obligations
légales.
Partie 2 : Traitement de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise par les compagnies pétrolières à Madagascar
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II .2 Visions et spécificités de la Responsabilité Sociale de
l ’Entreprise
II.2.1 Initiative volontaire
La mise en place d’un programme de RSE n’est pas systématiquement encadrée par une
législation nationale particulière. Habituellement, les entreprises décidant de mettre en
place de telles actions en leur sein ne sont contraintes de le faire d’aucune façon.
Lorsque la décision d’instaurer un tel programme est prise, une latitude existe quant
aux actions mises en œuvre. Quoiqu’il soit attendu que les obligations légales nationales
ainsi que les normes internationales de comportement soient respectées lors de
l’élaboration de celui-ci, une partie des devoirs et responsabilités devant les parties
prenantes est laissée { la discrétion de l’entreprise. En effet, elles peuvent déterminer
un axe d’action et se préoccuper davantage d’un aspect de la compagnie pétrolière, ou
faire des actions touchant plusieurs domaines. Cela peut varier, selon le champ
d’expertise de l’entreprise ou des besoins et demandes des différents acteurs.
Le volontarisme de la mise en place de la démarche entraîne quelques conséquences. En
premier lieu, aucune instance particulière n’est assignée { la surveillance du respect des
engagements pris par l’entreprise. Ainsi, celle-ci n’est pas contrainte d’effectuer les
activités déterminées dans son programme de RSE. Il permet la transparence des
activités et des contrôles, l’entreprise peut assurer aux différentes parties prenantes que
la RSE fait bel et bien partie de son mode de fonctionnement. C’est un élément central du
concept RSE.
II.2.2 L’ouverture du secteur comme facteur de changement
La Responsabilité Sociale de l’Entreprise prend de plus en plus de place au sein des
projets miniers et pétroliers. Elle tend vers des pratiques plus durables, ne pourrait
que commencer. Selon des interviews menées au sein de l’industrie minière et
pétrolière à travers le monde et publiées conjointement par le « Corporate Social
Responsibility Initiative » (CSRI), il existe une ouverture grandissante dans le secteur à
améliorer la communication concernant les préoccupations des communautés
d’accueil et les évaluations des risques sociaux de l’implantation des activités.
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En effet, malgré un manque d’attention aux communautés d’accueil, les entreprises
répondent de mieux en mieux aux préoccupations locales. Des outils de mise en
œuvre sont nécessaires pour permettre le bon suivi des démarches qu’une compagnie
entreprend avec la communauté d’accueil.
II.2.3 La déclinaison au développement durab le [2]
Le concept de développement durable est né d’un long processus de réflexion lors de
négociations internationales menées au sein même de l’ONU dont est ressortie,
petit à petit, une définition communément acceptée. Le concept de développement
durable est devenu une référence presque incontournable dans tout débat public. La
Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement a défini le terme
comme suit :
Un processus de changement par lequel l’exploitation des ressources, l’orientation
des investissements, des changements techniques et institutionnels se trouvent en
harmonie et renforcent le potentiel actuel et futur de satisfaction des besoins des
hommes.
Le concept de développement durable peut parler plus facilement aux entreprises qui
désirent également le développement pérenne de leurs affaires. Et c’est une vertu
de la démarche, importante dans notre cas, car la RSE veut d’une certaine façon
amener les dirigeants d’entreprise à développer une réelle vision à long terme.
Sans oublier l’idée d’amélioration continue : le terme même de développement
durable nous rappelle que cette démarche est surtout et avant toute chose un chemin
de progrès, sur lequel l’entreprise avance lentement.
Le lien entre développement durable et RSE nous apparaît indissociable, en ce sens que
la déclinaison au développement durable requiert un système de gouvernance, qui
assure la participation de tous aux processus de décision et permet l’expression d’une
éthique du futur grâce à laquelle les générations futures sont prises en compte.
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Les principaux enjeux de la Responsabilité Sociale touchent les trois grands volets du
développement durable :
- L’équité sociale : dans laquelle se situent les droits de l’homme, l’essor des
communautés, la promotion de la santé et de la sécurité pour les employés et
communautés impactées par l’activité de l’entreprise, le partage équitable des
ressources et des risques…,
- La conscience environnementale : le maintien de la biodiversité, la protection
des ressources naturelles, la gestion de l’eau…,
- L’efficacité économique : l’amélioration de la rentabilité par la réduction de la
consommation énergétique, la mise en place d’une politique
d’approvisionnement local … .
l ’Entreprise [6]
La Responsabilité Sociale de l’Entreprise ne s’applique pas de façon similaire d’une
entreprise { une autre, ni d’un secteur { un autre, ni d’une région { une autre, ni d’un
pays à un autre. Cette différence est justifiée par le fait que les pratiques
entrepreneuriales, les degrés d’intervention des parties prenantes, les contextes
nationaux observés varient d’une situation { l’autre .
Nous faisons ici référence aux particularités de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise
dans les pays