Journée nationale INSOS 2011 Malgré la faiblesse scolaire Emploi ...

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INFOS Association de branche nationale des institutions pour personnes avec handicap – Le magazine Nr. 35| Mai 2011 Journée nationale INSOS 2011 Samedi 28 mai 2011, les institutions pour personnes en situation de handicap espèrent accueillir quelque 100 000 visiteurs. Page 3 Malgré la faiblesse scolaire La Formation pratique (FPra) selon INSOS permet à des jeunes avec handicap d’accéder au monde du travail. Pages 8, 9 Emploi en atelier INSOS 25 000 personnes avec handicap travaillent dans les ateliers INSOS. Nous avons rendu visite à Polyval à Vernand (VD). Pages 4, 5

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INFOSAssociation de branche nationale des institutions pour personnes avec handicap – Le magazine Nr. 35 |Mai 2011

Journée nationale INSOS 2011

Samedi 28 mai 2011, les institutionspour personnes en situation dehandicap espèrent accueillir quelque100 000 visiteurs. Page 3

Malgré la faiblesse scolaire

La Formation pratique (FPra) selonINSOS permet à des jeunes avechandicap d’accéder au monde dutravail. Pages 8, 9

Emploi en atelier INSOS

25 000 personnes avec handicaptravaillent dans les ateliers INSOS.Nous avons rendu visite à Polyval àVernand (VD). Pages 4, 5

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Éditorial

Journée INSOS: une chance à saisirJ’ai rencontré un jeune homme dans le train récemment. Il y avait foule dans lewagon, mais la place à côté de lui était encore libre. Je me suis donc assise et j’aipoussé un profond soupir sans le vouloir. Je sortais d’une journée de session astrei-gnante et je me sentais vidée. «Je suis fatigué moi aussi», me dit spontanément lejeune homme atteint du syndrome de Down. Surprise, je me suis tournée vers lui.«Et comment faites-vous pour récupérer?», lui ai-je demandé. «Nous rions beaucoupdans le groupe d’habitation», remarqua-t-il simplement. Il quitta le train à l’arrêtsuivant. Je suis restée assise… et me réjouissais déjà de rire abondamment avecma famille en arrivant à la maison.

Je suis très reconnaissante pour ce type de rencontre. Elles nous obligent àmarquer un temps d’arrêt, à écouter et, si nous sommes ouverts, nous pouvonssouvent en tirer des leçons. Mais justement, beaucoup de gens n’entament guèreune conversation avec des personnes avec handicap. Pourquoi? Parce que l’insécu-rité et la gêne les retiennent. Comment parle-t-on avec une personne atteinte dusyndrome de Down? Va-t-elle me comprendre ou vais-je me rendre ridicule? Desquestions dans lesquelles plus d’un va certainement se reconnaître. Beaucoup ou-blient cependant que tous les êtres humains – avec ou sans handicap – ont unbesoin inné de communiquer, de s’échanger, de faire partie du groupe et d’êtrenormaux.

Il est encore plus rare que la population ait des contacts avec des personnesqui vivent et travaillent dans une institution. On les rencontre rarement dans le bus,le tram ou le train. C’est pourquoi je considère la journée nationale INSOS du 28 mai2011 comme une journée regorgeant de chances. Ce jour-là, les institutions pour

personnes avec handicap ouvrent leurs portes aux visiteurs et les convient à parti-ciper à de nombreuses activités, soit à l’intérieur de l’institution ou sur une placepublique. Ce jour-là, des personnes sans handicap rencontreront bien sûr des per-sonnes avec handicap. Elles passeront de bons moments ensemble, à manger, boire,fêter, rire, parler, danser, écouter des concerts ou faire la queue. Tout simplement,sans façon. Je suis convaincue qu’après cette journée INSOS, plus d’un approcherales personnes avec handicap avec plus de facilité, moins de préjugés et d’embarras.Peut-être même que l’un ou l’autre sera prêt à faire un brin de causette avec unjeune en situation de handicap dans le train ou dans le bus.

La journée INSOS est importante à un autre titre encore: après les terribles abusque le sociothérapeute H.S. a commis dans neuf institutions pendant près de trenteans, la transparence est devenue une absolue nécessité dans les institutions s’oc-cupant de personnes avec handicap. Depuis que le «cas H.S.» a été révélé au grandjour, les institutions accordent encore plus de poids aux portes ouvertes et à unecommunication transparente. Elles sont réceptives aux questions critiques, elles leseront lors de la journée INSOS 2011 et après bien sûr. En effet, elles ne peuventpas travailler si les personnes avec handicap, leurs proches et la population n’ontpas confiance dans leur professionnalisme.

Pour toutes ces raisons, je vous invite cordialement à participer à la journéeINSOS 2011. Passez nous voir, soyez curieux, posez des questions, fêtez avec nous.Bref, laissez-vous tenter par une journée de rencontres d’un autre type !

Marianne StreiffConseillère nationale, présidente d’INSOS Suisse

«Soyez curieux, posez des questions… et fêtez la journée INSOS avec nous!»

< Photo decouverture: AndreaBrandenberger travailledans l’atelier de lafondation Züriwerk àBubikon.| Plus sur le thème desateliers en page 4

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Journée nationale INSOS 2011 | Un événement exceptionnel

Vive les rencontres!

La deuxième journée nationale INSOSdoit rester inoubliable. Elle offrira auxpersonnes avec handicap et aux quelque100’000 visiteurs de nombreuses possi-bilités de se rencontrer sans façon. Lesamedi 28 mai 2011, les institutionspour personnes avec handicap aux

quatre coins de la Suisse organiserontdes actions et des manifestations pourattirer l’attention sur leurs offres, soitdans les établissements mêmes ou surdes places publiques.

Rencontres émouvantes«Rencontres émouvantes», tel est le slo-gan de la journée INSOS 2011. Quanddes personnes avec et des personnessans handicap se rencontrent, qu’ellesparlent et rient ensemble, partagent unrepas et un verre, jouent et écoutent dela musique ensemble, alors l’intérêts’éveille, la compréhension et le respectréciproques s’installent, les préjugés

Un jour pas comme les autres: le28 mai 2011, d’innombrables insti-tutions et personnes avec handicapinvitent le public à des manifesta-tions surprenantes. Participez!

tombent. La journée INSOS doit faireprendre conscience que les personnesavec handicap sont des membres à partentière de notre société et qu’elles dis-posent de ressources et de capacitésmultiples.

Faire connaissance de plus prèsProbablement que la majorité d’entrenous s’est déjà posé la question ce quefait une institution pour personnes avechandicap. Qui y habite, qui y travaille?Comment les personnes avec handicap yvivent-elles, y travaillent-elles, y ap-prennent-elles? Et quel effet leur handi-cap a-t-il sur leur vie de tous les jours,sur leurs expériences? La journée natio-nale INSOS apportera des réponses à cesquestions et à bien d’autres encore. Maisce n’est de loin pas tout: le 28 mai 2011réserve plus d’une surprise, des attrac-tions inattendues sont au programme,allant de festivals de théâtre et deculture internationaux à des expositionsphotos, en passant par des concerts, destables rondes, des numéros de cirque ouencore des excursions avec la fameuse«Spanisch-Brödlibahn».Ne manquez pas cet événement. Rendez-vous dans les institutions INSOS le 28mai prochain, avec vos amis et votre fa-mille! Pour connaître les actions prévuesdans votre région, consultez la page Webindiquée dans le lien au bas de la co-lonne de droite. | Barbara Lauber

Danser, rire, discuter: la journée INSOS crée des occasions derencontres entre personnes avec handicap ou non. Photo | m. à d.

Points de mire

Course en train nostalgieUne course avec la légendaire Spa-nisch-Brödlibahn, une expérience quele public pourra faire le 28 mai à Wet-tingen (AG). La fondation arwo offre àtous les intéressés un tour gratuit dansle «premier chemin de fer de Suisse».Le train circulera entre six foyers, ate-liers et groupes d’habitation décentra-lisés et le magasin de l’arwo récemmentinauguré. Tous ces établissements ou-vriront leurs portes aux visiteurs.

Swisskubb Challenge nationalLe Swisskubb Challenge 2011 se tiendrales 28 et 29 mai à Morat. Kubb est unjeu de société populaire. En bois, il estfabriqué dans le foyer d’intégration deBâle-Campagne et l’atelier La Cordée àPrilly (VD). Une ou deux équipes de LaCordée mettent au défi la concurrenceSwisskubb nationale sur les rives du lacde Morat.

Festival culturel internationalPendant dix jours, du 27 mai au 5 juin,le festival culturel «wildwuchs» à Bâleprésente théâtre, musique, danse, pein-ture, photographie, cinéma et littéra-ture, des uns et des autres. wildwuchsse veut un mouvement urbain qui expé-rimente dans la communication sansexclusion, dans la rencontre entrejeunes et vieux, entre étrangers etproches, entre normaux et surdoués.

Une journée avec le cirque MontiLe 28 mai 2011, 120 personnes handi-capées se transformeront en artistes decirque à Winterthour (ZH). Sous la cou-pole, ils deviendront funambules, jon-gleurs ou clowns. Le cirque Monti en-chaînera avec son spectacle.

Festival de théâtre internationalLe théâtre HORA organise le festivalinternational OKKUPATION! du 18 au 28mai 2011 à Zurich. Plus de 25 troupes«occuperont» des scènes importantessur les bords de la Limmat. L’apothéosedu festival prendra la forme d’un majes-tueux final au Schauspielhaus le 28mai, avec performance live et concert.

www.insos.ch >Evénements >JournéeINSOS >Calendrier des manifesta-tions

Les rencontres favorisent le respectet la compréhension réciproques.

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Ateliers INSOS | Visite guidée à Polyval avec le directeur Philippe Cottet

«Nos collaborateurs sont fiers des beaux pr

Il y a une odeur de carton et de collefraîche dans l’air. Une jeune femmeplonge un pinceau dans la colle, l’ap-plique sur le carton et rassemble lesdeux côtés. «Ce sera un emballage pourdes produits de beauté», explique-t-elle.Avant d’être prêt, ce carton transiteraencore par bien des mains à l’atelier Po-lyval, sis à Vernand dans la banlieue lau-sannoise. Des mains de personnes quitouchent une rente AI, partielle ou com-plète, en raison d’un handicap mental,physique ou psychique. Elles n’ont pasenvie de rester à la maison à rien faire.Elles veulent travailler, être utiles, fairepartie de la société. «Le travail renforce

la conscience de leur propre valeur», ditPhilippe Cottet, directeur de Polyval.«Ils sont fiers de fabriquer de beaux pro-duits pour des entreprises connues.»

Une qualité à l’épreuve du marchéLa liste des clients de Polyval comprendeffectivement de nombreuses entreprisesde renom: Coop, Nestlé, Switcher, Bobst,Novartis ou Philipp Morris. Et les boîtesque fabriquent Polyval n’ont pas à se ca-cher: des emballages nobles et stylés,notamment pour des cadeaux publici-taires de prix. La section cartonnage estun pilier important de Polyval. L’entre-prise ne produit pas uniquement avec desmachines modernes, mais conçoit elle-même des emballages en fonction desbesoins des clients. Car «si nous décro-chons un contrat, ce n’est pas parce quenous sommes une entreprise avec mandatsocial, mais parce que la qualité de nos

produits convainc», déclare Philippe Cot-tet. Et de préciser que Polyval doit géné-ralement s’affirmer face à la concurrenced’entreprises ordinaires qui n’emploientpas de personnes handicapées.Si la qualité des produits de Polyval est àl’épreuve du marché, c’est grâce aux ac-compagnateurs socioprofessionnels.Ceux-ci doivent organiser le travail demanière à respecter les délais et à satis-faire aux exigences de qualité, sansmettre sous pression le personnel. A ceteffet, le processus de fabrication doitêtre décomposé en tâches individuelles,qui sont confiées aux collaborateurs enfonction de leurs capacités. Il s’agit enoutre d’instruire ces derniers et de contrô-ler la qualité. Un accompagnateur en-cadre six à dix personnes. Ce «surcroît dedépenses lié au handicap» est pris encharge par le canton. Polyval – entreprisesociale sans but lucratif et à orientationindustrielle – couvre un tiers de son fi-nancement par ces contributions éta-tiques; les deux tiers restants provien-nent de la vente de ses produits etprestations.

Agrafer, souder, monter«Il est l’agrafeur le plus rapide de la pla-nète», dit Philippe Cottet, en parlant ducollaborateur assis devant lui et quiagrafe des arrêtes de cartons au moyend’une machine. L’homme ne se laisse pasimpressionner et continue son agrafageconcentré… à une vitesse impression-

Fraiser, monter, emballer, imprimeret percer: c’est le travail des 450collaborateurs des ateliers Polyvaldans le canton de Vaud. Des per-sonnes avec handicap trouvent iciun travail et une confirmation, etils réalisent un chiffre d’affairessupérieur à dix millions de francs.

nante. «Bonjour Monsieur Cottet», inter-jette en revanche un autre collaborateurassis non loin de là. Il profite de l’occa-sion pour raconter un problème personnelau directeur. Philippe Cottet l’écoute pa-tiemment et lui dit quelques paroles d’en-couragement avant de poursuivre sonchemin en direction de la section demontage. Là, six femmes et hommes setrouvent autour d’une grande table, où setrouvent différentes vis et pièces en plas-tique et en métal. Ils montent des pé-dales pour machines à coudre, expliquel’un des collaborateurs en s’adressant audirecteur. Où qu’aille Philippe Cottet,tout le monde le connaît et se réjouit dele voir. Lui aussi connaît pratiquementtous les collaborateurs par leur nom.

«Polyval n’est pas un atelier debricolage. Les personnes qui travail-lent ici génèrent une plus-value.»Philippe Cottet, directeur de Polyval

Dans la section Cartons: le directeurde Polyval,Philippe Cottet, lors de lavisite guidée dans l’entreprise«industrielle». Photo | B. Spycher

Polyval et les autres ateliers

En Suisse, il existe quelque 300 ate-liers, qui offrent un emploi protégé à25’000 personnes handicapées au to-tal. Avec ses 450 collaborateurs et unchiffre d’affaires dépassant dix mil-lions de francs, Polyval occupe letroisième rang en Suisse. Son direc-teur, Philippe Cottet, est vice-prési-dent d’INSOS Suisse.www.polyval.ch

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Innovations produites dans les ateliers INSOS

produits»Un autre pilier important de Polyval estla fabrication mécanique. L’odeur et lebruit dans cette section sont industriels.Sur des machines CNC modernes, des col-laborateurs fraisent, soudent et percentdes pièces en métal destinées à des en-treprises du secteur des machines. Danscette halle, ce que Philippe Cottet ditdevient évident: «Polyval ne propose pasune thérapie d’occupation et n’est pas unatelier de bricolage. Nous sommes uneentreprise à orientation industrielle, quiemploie des personnes capables de pro-duire une plus-value économique.» Lechiffre d’affaires atteint plus de dix mil-lions de francs par an, pour 450 collabo-rateurs. Pour ce travail, ils touchent unsalaire en sus de leur rente. Cette rému-nération dépend de leur rendement, soittrois à quatorze francs par heure.

Prêter des collaborateursOutre au siège à Lausanne-Vernand, Po-lyval gère des ateliers à six autres en-droits dans le canton de Vaud. Au nombredes autres branches de production im-portantes, citons la fabrication de bou-gies faites mains, l’impression sur duverre ou la gravure de plaques d’entre-prises et autres. «C’est un défi perma-nent de trouver de nouveaux mandats etchamps d’activité», souligne PhilippeCottet.Polyval innove aussi en prêtant des col-laborateurs à d’autres entreprises, Novar-tis par exemple. Une dizaine d’employésde Polyval continuent à toucher leur sa-laire de l’institution, mais travaillent àl’extérieur, chez Novartis à Nyon. «Ilssont ainsi encore mieux intégrés dans lasociété et le monde du travail. Ces per-sonnes sont très fières de pouvoir dire ‘Jetravaille chez Novartis’.» En outre, Polyvalsoutient les collaborateurs particulière-ment productifs dans la recherche d’unemploi fixe sur le marché du travail pri-maire. «Mais c’est très difficile. Les succèsrestent des cas isolés», relève PhilippeCottet. «Les politiques ne doivent pas sefaire d’illusions à ce propos.» Les établis-sements tels que Polyval n’en sont queplus précieux, car des personnes avechandicap y trouvent du travail et uneconfirmation de leurs capacités.| Barbara Spycher

Bloc de sets de table avec angesLes «bonhommes» de Paul portent plus decouches en hiver qu’en été. Depuis Noël2008, il les dessine avec des ailes. Ils sontcoloriés par une coopération d’artistes à lafondation Waldheim dans le canton d’Ap-penzell Rhodes-Extérieures. Décorant lessets de table réunis en blocs de 50 feuilles,ils propagent la bonne humeur.www.stiftung-waldheim.ch >Arbeiten

Bloc décoratifTels les pétales d’une fleur, les feuilles sedétachent une à une de ce bloc-notes dé-coratif… l’un des nombreux produits à lafois beaux, surprenants et de qualité quisortent des Heimstätten Wil (SG). Ils sontle fruit d’une collaboration de longue dateentre l’institution et le couple de designersBrigitte et Benedikt Martig-Imhof.www.praesent.ch

Toboggan à billes musical «Xyloba»Xyloba, c’est le toboggan à billes qui faitde la musique! Les différents éléments etplaques sonores peuvent être assemblés demille façons et jouer autant de mélodies.Le rythme dépend de la longueur despistes, tandis que la tonalité des plaquessonores définit la mélodie. Xyloba est fa-briqué dans les ateliers de la fondationWeizenkorn, par des personnes souffrantde handicaps psychiques. www.xyloba.ch

Échecs des Vikings «Brändi-Fifty»Brändi-Fifty, aussi connu sous le nomd’échecs des Vikings, est un jeu de pleinair finnois, qui ressemble un peu au jeu deboules. Les joueurs doivent viser desquilles numérotées de un à douze avec unprojectile en bois. Le premier qui atteintun total de 50 exactement a gagné. Ce jeuest fabriqué à la fondation Brändi (LU).www.braendi-shop.ch

Böögg de pocheL’apothéose du Sechseläuten célébré tousles ans à Zurich est la mise en feu duBöögg. Grâce à ce «Böögg de poche» fabri-qué par l’atelier Rauti (ZH), vous pouvezaccomplir le rituel à la maison. Il suffit demonter le Böögg, d’allumer la mèche et dechronométrer: plus le bonhomme-hiver seconsume rapidement, plus l’été sera beau!www.pocket-böögg.ch

Pour le nez et pour le cœurEnvie d’un soupçon de lavande, de sen-teurs de sapin ou d’épices orientales?L’atelier Poyval au Sentier (VD) fabrique, àla main, de nombreuses bougies parfuméesen différentes tailles.Sans oublier les mini-bougies en formede cœur, qui avec une boîte «Je t’aime»,font un cadeau idéal pour l’élu-e de votrecœur.www.polyval.ch

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Fondation pour personnes avec handicap grave Lucerne (SSBL) | Travail dans

«Les journées sont souvent longues

«J’ignore généralement ce qui m’at-tend dans le groupe d’habitationGrünenburg en arrivant le matin. Peut-être que c’est tranquille et paisibleparce que les cinq membres ont biendormi et sont de bonne humeur. Maispeut-être aussi que l’un d’entre euxest déjà en train de crier ou de fulmi-ner et que l’ambiance est tendue,chargée. Les journées à Grünenburgsont souvent intensives, parfois très

astreignantes. Mais elles réserventtoujours des surprises positives égale-ment. C’est beau, très beau. J’aime cesjournées bien remplies, cette variété.Pas de routine chez nous.».

L’équipe d’assistance travaille de 7 à22 heures. Un gardien prend la relèvependant la nuit. «Pendant mon service,je m’occupe de deux personnes simulta-nément. Je les aide dans les gestes de lavie quotidienne, à s’habiller par exemple,dans leur toilette matinale, pour les re-pas, le nettoyage, la cuisine, le bain, lesexcursions ou lors du travail dans lesateliers. Et nous rions beaucoup en-semble. Nous nous efforçons aussi de lesfaire participer à la vie communautairedans le village. Nous allons donc sou-vent nous promener. Les villageois nousconnaissent bien: Hitzkirch est vraimentune petite bourgade rurale, un bel en-droit où l’on se dit encore bonjour dansla rue.

Je laisse sciemment les pensionnairesaccomplir seuls les tâches qu’ils maîtri-sent. Nous voulons les encourager dans

Le travail avec des personnes aucomportement provocateur estintensif et les assistants arriventsouvent à leurs limites. Malgré tout,Adrian Müller (23 ans), assistantsocio-éducatif au foyer d’habitationSeetal à Hitzkirch (LU), dit avoir un«travail merveilleux».

leurs aptitudes et leur permettre de fairedes progrès. Même s’il faut parfois s’ar-mer de courage et d’une bonne dose deconfiance pour les laisser faire quelque

Foyer d’habitation Seetal

Le foyer Seetal à Hitzkirch (LU) a étéinauguré en 2008 et compte au-jourd’hui trois groupes d’habitationoù vivent un total de 23 personnessouffrant de handicaps mentaux,graves pour certains. Le groupeGrünenburg a été spécialement créépour des personnes au comportementprovocateur, pour qui les communau-tés précédentes, trop grandes,n’étaient pas idéales, car trop richesen stimuli. Le Seetal fait partie de lafondation pour handicapés graves deLucerne (SSBL), qui offre encadre-ment de jour, habitation et emploisprotégés aux personnes de tout lecanton qui sont atteintes d’un handi-cap mental ou de polyhandicaps. LaSSBL compte une quarantaine degroupes d’habitation, où vivent envi-ron 400 femmes et hommes en situa-tion de handicap. La fondation em-ploie quelque 700 personnes,représentant un peu plus de 400postes à plein temps. | blbwww.ssbl.ch

Les brèves

«Le courage d’innover»: un CongrèsINSOS 2011 passionnant à BerneIl faut parfois du courage pour emprunterune voie nouvelle, essayer de nouveauxmodes de pensée et mettre en œuvre desidées originales. Mais sans innovation,point de progrès. D’où un Congrès INSOS2011 entièrement consacré au dévelop-pement créatif et à la réalisation concrèted’idées, de prestations ou de produitsnouveaux dans les institutions. Du 30août au 1er septembre 2011 à Berne, lesparticipant-e-s pourront découvrir sousses multiples facettes «Le courage d’in-nover», à travers des exposés variés etpassionnants, des ateliers proches de lapratique et des contributions stimulantessur des questions telles que: Commentavoir des idées innovatrices? Commentles mettre en pratique concrètement?Comment les commercialiser? Plus d’in-formations dès mai 2011 sous:www.insos.ch > Evénements

Nouvelle prise de position d’INSOSSuisse: handicap et troisième âgeL’espérance de vie des personnes avechandicap a augmenté aussi et nom-breuses sont celles qui atteignent au-jourd’hui l’âge de la retraite. Du pointde vue des assurances sociales, elles nesont alors plus des rentiers AI, maisAVS. Par sa prise de position, INSOSSuisse s’engage pour que politique etautorités prennent au sérieux les be-soins spécifiques des personnes handi-capées âgées et leur vœu d’autodéter-mination, qu’elles reconnaissent lanécessité d’offres appropriées dans lesdomaines de l’habitat et des centres dejour, et en assurent le financement. Cedocument sera soumis à l’Assemblée desdélégués en juin et sera ensuite publié.

Nouvelle brochure-portrait d’INSOSSuisse et nouveau design du site WebINSOS Suisse a revu entièrement lecontenu de la brochure brossant sonportrait et l’a adaptée graphiquement àla nouvelle identité visuelle de l’asso-ciation. Sobre, moderne et informative,elle est téléchargeable sous le lien ci-après. Simultanément, INSOS Suisse aréaménagé son site Web de façon plusconviviale et attrayante.www.insos.ch >Association >Down-loads

«J’aime ces journées bien remplies,cette variété.»

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dans un groupe d’habitation pour personnes au comportement provocateur

longues et pleines de surprises»

chose de nouveau. Et bien sûr qu’il fauténormément de temps et encore plus depatience. Le grand coefficient d’encadre-ment nous donne toutefois assez d’es-pace pour répondre aux besoins de cha-cun. Cette formule me donne unsentiment de profonde satisfaction.».

Ce groupe d’habitation ne comprendque des personnes au comportementprovocateur, c’est-à-dire qui, en plus deleur handicap mental, présentent destraits autistes ou un handicap psy-chique. Ces personnes s’irritent très viteet réagissent violemment à des stimulitrop forts ou trop nombreux, aux chan-gements et à l’humeur des autres. C’estpourquoi nous nous efforçons d’aména-ger leur environnement en fonction deleur handicap. Dans la chambre de Chris-tina Emmenegger par exemple, le sol etles murs sont nus. Dans cet environne-ment dénué de stimuli, elle arrive à trou-ver son calme, à respirer et à se dé-tendre.

Il arrive que les pensionnaires nesoient plus en mesure, en raison de leurhandicap, de digérer les stimuli de leurenvironnement. Ils réagissent alors sou-vent par de l’agressivité. Soit ils se fontmal à eux-mêmes, soit ils tournent leuragression contre nous. Quand j’ai com-mencé dans ce groupe, je n’avais pas

franchement peur de ces situations,mais elle m’inspirait un grand respect.Je ressentais une grande incertitude par

moment. Maintenant, je vois générale-ment venir ces explosions des senti-ments; je deviens alors aussi calme quepossible afin de réagir de façon ciblée.J’ai encore de la peine à accepter lesactes de violence. Les entretiens avecmes collègues de l’équipe ou la respon-sable du groupe sont donc très impor-tants pour moi, de l’hygiène psycholo-gique à l’état pur. La possibilité de

s’accorder une pause est également es-sentielle. Parce qu’il nous arrive aussid’atteindre nos limites, d’être furieux,blessés et en proie à l’incertitude. Il fautarriver à prendre le recul nécessaire pourretrouver sa paix intérieure, qui est tel-lement importante dans le groupe d’ha-bitation Grünenburg.

Les contacts étroits avec les êtres hu-mains et le travail indépendant sont desaspects de mon emploi qui me plaisentparticulièrement bien. Comme je veux enapprendre davantage sur les interactionssociales, les théories et les maladies, jevais suivre la formation d’éducateur spé-cialisé. Le plus beau pour moi, c’est deressentir la gratitude des pensionnaires.Elle n’est jamais verbeuse, mais s’ex-prime généralement par un petit geste,un signe ou une petite phrase toutesimple. Cela rend mon travail unique.

J’ai déjà beaucoup appris de nos pen-sionnaires, par exemple de garder moncalme dans des situations difficiles ouaussi de rester vrai, de ne pas jouer unrôle… parce qu’ils sentent toujoursexactement comment se sentent lesautres. Ils nous obligent également ànous regarder en face, à réfléchir à notrefaçon de travailler et à notre manièred’être. Il arrive que je rentre chez moiéreinté. Mais le plus souvent, quand jereferme la porte du groupe d’habitationGrünenburg derrière moi le soir, je nepeux m’empêcher de penser: ‘Encore unede ces super journées!’»| Propos recueillis par Barbara Lauber

Assistant-e socio-éducatif-ve (ASE)

Cette profession est encore jeune: ellea été créée dans le sillage de la nou-velle loi sur la formation profession-nelle, en 2005 en Suisse romande, unan plus tard Outre-Sarine. Cela ne l’em-pêche pas de figurer déjà parmi les huitprofessions les plus souvent choisies.Les ASE accompagnent, soutiennent etencouragent des personnes handica-pées, des enfants et des adolescentsainsi que des personnes âgées dans lavie de tous les jours. La formation ini-tiale avec certificat fédéral de capacité(CFC) dure trois ans; pour les adultes,une durée réduite est possible. Ce mé-tier est approprié pour des personnesqui aiment travailler de façon indépen-dante, résistent au stress, ont unegrande compassion et qui aiment lescontacts et les gens. Les titulaires duCFC peuvent poursuivre leur formationdans une école supérieure (éducateursocial ES) ou une HES (via la maturitéprofessionnelle) ou passer un examenprofessionnel supérieur (p. ex. accom-pagnant socioprofessionnel). | blbwww.savoirsocial.ch

Accompagner auquotidien despersonnes avechandicap comme AlfonsBurch: «une tâche trèsgratifiante» pour AdrianMüller (à dr.).Photo | Barbara Lauber

«Les pensionnaires nous obligentsouvent à nous regarder en face.»

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Interview|Barre plus élevée pour la FPra

«Obstacles énormes»

INFOS INSOS: Si l’Office fédéral desassurances sociales (OFAS) met enœuvre ses intentions, beaucoupd’adolescents ne pourraient plussuivre de formation. De quoi retourne-t-il au juste?Susi Aeschbach: Il s’agit de mesuresd’économie en rapport avec les jeuneshandicapés, mesures figurant dans lerapport explicatif de la révision 6b del’AI. La barre pour l’accès à la formationprofessionnelle doit être placée nette-ment plus haut. Pour avoir le droit desuivre une Formation pratique ou uneformation élémentaire AI d’un an, il fautque les adolescents gagnent ensuitevraisemblablement au moins 855 francs.Une deuxième année de formation sup-pose un futur salaire mensuel de 1700francs. Ce sont des obstacles énormes.

Combien de jeunes seraient touchéspar ces mesures d’économie?Nous estimons que deux tiers au plus desactuels apprenants FPra pourraient en-core suivre une première année de for-mation, soit 400 au lieu de 600. La si-tuation est encore plus extrême pour ladeuxième année de formation: nous es-comptons que seul cinq à dix pour centdes jeunes qui accomplissent actuelle-ment la FPra seraient encore autorisés àle faire, soit 30 à 60 adolescents à laplace des 600 actuels!

Quelle est votre critique principale?Nous reprochons à l’AI de ne considérerle droit à la formation professionnelleque d’un point de vue purement écono-

mique. Or, nous sommes convaincus quela formation est rentable sur le plan éco-nomique également, si l’on adopte uneperspective globale et que l’on comparela FPra aux coûts d’une place de travailprotégée. Ce renforcement des exigencescompliquerait considérablement l’inté-gration des jeunes touchant une renteAI. INSOS défend le droit de tous à laformation professionnelle et combat ladiscrimination à l’encontre des adoles-cents en situation de handicap.

L’OFAS justifie la mesure d’économieen arguant que trop peu de personnesayant accompli une FPra pourraientêtre intégrées dans le marché du tra-vail primaire. Que répondez-vous à cetargument?Le taux d’intégration est relatif. Toutdépend comment on définit la notiond’intégration dans le marché du travailprimaire. INSOS Suisse estime qu’il y aréussite lorsqu’une personne trouve unesolution de raccordement, peu importequ’elle touche encore une rente AI ounon. L’évaluation de la FPra selon cescritères révèle que jusqu’à un tiers despersonnes ayant accompli la formations’intègrent. L’OFAS n’inclut pas dans letaux l’intégration les adolescents quicontinuent à toucher une rente com-plète.

Que fait INSOS Suisse pour empêcherce durcissement?Nous renforçons la communication et lelobbying, en accord aussi avec INSIEME.Début avril, une délégation d’INSOSSuisse a rencontré le Conseiller fédéralDidier Burkhalter pour discuter notam-ment de ces mesures. Nous recherchonségalement le contact avec les directionscantonales de l’éducation et des affairessociales. Elles doivent être intéressées àce qu’un nombre maximal d’adolescentssoient intégrés dans le marché du travailprimaire grâce à une FPra.| Interview: Barbara Spycher

INSOS Suisse se bat contre les intentions de l’Officefédéral des assurances sociales de relever la barrepour l’accès à la Formation pratique (FPra) selonINSOS. Cela reviendrait à refuser le droit à la for-mation à de nombreux adolescents.

Formation pratique | Tania Mancuso

«Je voudrais trav

Les assiettes reposent sur ses brascomme collées: d’un pas sûr, Tania Man-cuso les apporte aux hôtes de la tablen°5, où elle les pose professionnelle-ment en souhaitant un «bon appétit»avec le sourire. Si sa plaquette ne disaitpas «apprenante», personne ne remar-querait qu’elle est encore en formation.Elle fait preuve d’une grande assurance.C’est avec le sourire encore qu’elle reçoitles «compliments pour la cuisine».

Soutien individuelLa jeune femme âgée de 19 ans accomplitsa deuxième année de formation d’em-ployée en restauration FPra au restaurantBalade à Bâle (voir encadré). FPra estl’abréviation de Formation pratique selonINSOS. L’association de branche INSOSSuisse a lancé cette offre de formation àbas seuil il y a quatre ans. Celle-ci estadaptée aux capacités individuelles desjeunes qui ne peuvent pas suivre une for-mation initiale sur deux en raison de dif-ficultés d’apprentissage ou d’une capacitéde rendement limitée. Tania Mancusosouffre d’une grave faiblesse en calcul quil’a forcée à interrompre sa formation ini-tiale de vendeuse. Maintenant, à «l’écoleINSOS» comme elle dit, le groupe d’ap-prenants est beaucoup plus petit et l’en-cadrement meilleur. «Ici, j’ai même desbonnes notes en maths, c’est génial.»Un jour par semaine, Tania Mancuso seretrouve sur les bancs d’école avecd’autres apprenants FPra dans une insti-tution INSOS. Le plan d’étude comprenddes maths, de l’allemand, du sport et desthèmes pratiques tels que baux à loyer ouassurances. Toutes les deux semaines en-viron, Tania Mancuso suit un enseigne-ment professionnel, où elle apprend com-ment utiliser les couverts spéciaux et lesdifférents verres à vin, les règles spéci-

Tania Mancuso sert les hôtesdu restaurant Balade avecstyle et le sourire auxlèvres. Grâce à la Formationpratique selon INSOS, ellepeut apprendre un métieren dépit de sa faiblesse encalcul.

Susi Aeschbach est laresponsable du projetFormation pratique àINSOS Suisse

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(19 ans) suit une FPra d’employée en restauration

ravailler, pas rester à la maison sans rien faire

fiques des banquets ou encore ce qu’ilfaut savoir sur les vins et les thés. Lereste de la semaine, elle travaille au Ba-lade, qui fait partie du gaw à Bâle, uneinstitution INSOS qui met l’accent sur laformation.

La FPra comble une lacuneActuellement, 22 jeunes accomplissentune FPra selon INSOS dans l’institutionbâloise. Peter Kaderli, responsable dusecteur gastronomie à la gaw, appréciecette offre de formation relativement ré-cente: «C’est une nécessité parce qu’ellecomble une lacune de la formation pro-fessionnelle.» Celle-ci est née de la sup-pression de la formation élémentaire can-tonale pour un nombre croissant deprofessions, remplacée par la formationavec attestation. «Or, il y a beaucoup dejeunes doués sur le plan pratique, maisqui ont des difficultés d’apprentissagecognitif.» La formation initiale dépasseleurs capacités intellectuelles. Sans laFPra, ils se retrouveraient sans métier.Par rapport à la formation professionnelleinitiale, la FPra donne une plus grandelatitude aux entreprises. La gaw parexemple a élaboré elle-même les plansd’étude et les fiches de travail pour laformation des employés en restauration.«C’est beaucoup de travail, mais très utilepour rester souple et répondre aux be-

soins individuels.» Les attestations decompétences décernées à la fin de la for-mation en tiennent compte: elles préci-sent les aptitudes professionnelles ac-quises et celles qui ne le sont pas.

Coaching pour les candidaturesTania Mancuso raconte qu’elle peut porter

Bon appétit ! Tania Mancuso a duplaisir à servir les créations raffinéesau restaurant Balade à Bâle.Photo | B. Spycher

Le Balade dans le GastroGuide

Le restaurant Balade est situé en pleincœur de la petite Bâle. Il convainc avecses créations culinaires aussi fraîchesque raffinées, servies à midi et le soir.L’intérieur est aménagé avec goût, laterrasse de verdure ajoutant à l’attraiten été.Le restaurant fait partie de l’institutionINSOS gaw (Arbeits- und Wohnintegra-tion), qui met l’accent sur la formation.Le Balade est l’un des 50 restaurants ethôtels figurant dans le GastroGuide2011 d’INSOS. Si vous souhaitez décou-vrir ces oasis culinaires et ces hôtels

d’exception où tra-vaillent des per-sonnes handicapées,vous pouvez com-mander le guide enligne, sous: www.insos.ch >Publica-tions

trois assiettes à la fois, les froides seule-ment… pour les chaudes, elle n’ose pasencore. Le chef de service au Balade, EdinBurazorovic, est néanmoins très satisfaitde son apprenante. «Elle montre de l’as-surance dans ses rapports avec la clien-tèle, elle sait trouver le juste milieu entreconvivialité et retenue. Et elle a une at-titude très sympathique.» Et d’ajouterqu’il n’y a que sa faiblesse en calcul quise manifeste aussi dans son travail quo-tidien, par exemple au moment d’encais-ser.Tania Mancuso terminera sa formation enjuillet. Elle devra passer des examens pré-parés par la gaw. Après, elle espère trou-ver un emploi sur le marché du travailgénéral. La gaw la soutient dans sa re-cherche, par un coaching intensif pourles candidatures. Elle a eu un premier en-tretien d’embauche et pourra faire unejournée de stage dans un hôtel à Bâle.Elle espère que le résultat sera concluant.La jeune femme de 19 ans, qui aime toutdans son travail au Balade «sauf quandc’est mort», qui joue au football et aimefaire du shopping pendant son tempslibre, n’a pas de grandes ambitions pourl’avenir. Mais elle souhaite une chose:«Je veux travailler, pas rester à la maisonà ne rien faire.» | Barbara Spycherwww.insos.ch >Formation pratiquewww.restaurant-balade.ch

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Théâtre HORA Züriwerk| Art dramatique de personnes avec handicap

«Ce que les acteurs HORA présentent

Elle est seule sur scène, sous le feu desprojecteurs: elle fredonne, elle chante,elle bruisse et murmure, elle se plie, sepenche... en douceur, espiègle, sédui-sante. Elle n’est plus Miranda Hossle,l’étudiante en art dramatique au théâtre

HORA du Züriwerk à Zurich. Elle est unarbre, un grand sorbier. Corps et âme.Par sa mimique, ses paroles et ses mou-vements dansants, la solitude du vieilarbre devient tangible, tout comme sapeur lorsque deux malfrats veulentl’abattre pour mettre la main sur un tré-sor.

Des personnes au grand talentMiranda Hossle est l’un des trois jeunesacteurs et actrices qui présentent la co-médie «L’histoire de l’arbre» sur la scènedu Casino-Saal à Zurich. A l’instar de sesdeux compagnons, Miranda Hossle vaterminer sa formation d’actrice-prati-cienne FPra (voir p. 8 et 9) en été. Cettenouvelle formation a été créée en 2009par le Théâtre HORA Züriwerk, pour lesjeunes en situation de handicap qui ontdu talent dans l’art dramatique, le chantou la danse et qui bénéficient d’une dé-cision AI. Dès l’été, ces trois jeunes re-joindront la troupe de HORA, qui compte16 actrices et acteurs atteints d’un han-dicap mental, et pourront démontrerleur talent à un vaste public.

Naturel et force d’expressionLe théâtre HORA (voir encadré) s’est faitson nom depuis longtemps sur la scènesuisse. Il lui arrive même de jouer enAllemagne. «Nous ne sommes pas un‘théâtre de handicapés’», souligne le di-

Le théâtre HORA, c’est de l’artdramatique qui touche. La troupeprofessionnelle, composée de 16personnes atteintes de handicapsmentaux, est bien établie dans lemilieu du théâtre en Suisse. Visite àZurich.

recteur de HORA, Giancarlo Marinucci.«Le théâtre HORA fait de l’art. Nous tra-vaillons professionnellement, nous répé-tons intensivement, faisons de la forma-tion continue et sélectionnons lesacteurs avec grand soin. C’est pourquoinous nous mesurons aux troupes théâ-trales dites normales.»HORA veut la qualité sur scène, la forced’expression, le naturel et l’émotivité. Etses exigences élevées rencontrent dusuccès auprès du public et des médias.Giancarlo Marinucci devine pourquoi:«La présence sur scène de nos actriceset acteurs est impressionnante. Ce qu’ilsmontrent au public touche, va droit aucœur», dit-il. Et d’expliquer que «lesmembres de la troupe n’endossent pasun rôle, ils deviennent bien plus la per-sonne qu’ils incarnent. Si cette personnedoit pleurer dans la pièce, alors ils pleu-rent, vraiment. Cette authenticité estl’une des grandes forces du théâtreHORA.»

Théâtre HORA Züriwerk

Le théâtre HORA est l’une des rarestroupes professionnelles composéesde personnes mentalement handica-pées. Il est né d’un projet mis enœuvre en 1989 par le pédagogue dethéâtre Miachael Elber avec des per-sonnes atteintes de handicaps men-taux. Ce projet a débouché sur unatelier culturel de théâtre et un orga-nisme responsable. Dans les douzeans qui se sont écoulés jusqu’à la re-connaissance du centre de formationet de travail par l’Office fédéral desassurances sociales, HORA a réaliséplus de 40 productions.Le nom du théâtre vient de MaîtreHORA dans le roman «Momo», un per-sonnage qui en appelle aux gens pourqu’ils prennent du temps.En 2002, le théâtre HORA a été inté-gré dans la fondation Züriwerk, la plusgrande institution pour personnesavec handicap du canton de Zurich.Depuis 1989, le théâtre forme des ac-teurs-praticiens FPra. | blbwww.hora.chwww.zueriwerk.ch

Les brèves

Stratégie INSOS Suisse relative à la dé-centralisation des mesures d’ordreprofessionnelLe Conseil fédéral doit adapter prochai-nement l’ordonnance sur l’AI afin queles Offices AI puissent passer des ac-cords de prestations avec les institu-tions en rapport avec les mesuresd’ordre professionnel. INSOS Suisse sebat pour que des exigences nationalessoient formulées pour ces accords etpour les tarifs applicables. Il faut eneffet que la grande diversité des insti-tutions et des offres soit maintenue àl’avenir également afin de répondre auxbesoins très variés des personnes avechandicap. Le Comité central d’INSOSSuisse a adopté une stratégie à ce sujetà la fin mars.www.insos.ch >Actualités

«monéquilibre–meinGleichgewicht»:un projet du pour-cent culturel de laMigrosLes personnes avec handicap quiconnaissent des problèmes de poids nesont guère ciblées par les offres habi-tuelles de promotion de la santé. C’estpourquoi le pour-cent culturel de la Mi-gros a lancé le projet «mon équilibre –mein Gleichgewicht» en collaborationavec INSOS Suisse et d’autres associa-tions. Le but est de motiver les institu-tions pour personnes avec handicap, lepersonnel d’encadrement et les intéres-sés eux-mêmes à réfléchir à cette ques-tion, d’ébaucher des solutions etd’échanger leurs idées à ce sujet. Diffé-rentes institutions ont déjà élaboré desconcepts et des projets pilotes. Le pour-cent culturel Migros entend décernerchaque année un prix à trois exemplesconcrets spécialement convaincants etaussi soutenir l’échange d’expérience.www.insos.ch >Dossiers

Voyage d’étude 2011 d’INSOS Suisse àdestination de Linz et Vienne en Au-tricheINSOS Suisse organise un voyage d’étudeà Linz et à Vienne du 26 au 28 octobre2011. Les participants auront l’occasionde visiter différentes institutions et enapprendront davantage sur le système so-cial autrichien, l’autonomie économiquedes institutions et l’obligation des quotas.www.insos.ch >Evénements

«Le théâtre HORA fait de l’art. Noussommes des professionnels.»Giancarlo Marinucci, directeur de HORA

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ésentent sur scène va droit au cœur»

Tout tourne autour des sentiments«Un trésor, un trésor, un trésor, del’oooooor! Mon or! Des montagnes d’or!»Dans le Casino-Saal, le malfrat Harryhurle, rit, crie de joie. Il a trouvé untrésor. Tel un derviche, il danse, il tournecomme un fou. Ses bras volent, ses

jambes volent, son visage est radieux. EtJojo, son comparse, s’arrose avec l’or, enextase. «De l’or!», crie-t-il hors de lui.«De l’ooor!»«Les grands sentiments, c’est ce qui faitle théâtre, non», déclare Harry dans lescoulisses après le spectacle. DamianBright de son vrai nom, il affiche un sou-rire malicieux. «C’est bien ainsi. Parce

que je trouve que les personnes commemoi savent mieux exprimer les senti-ments que les personnes dites normales.C’est ce qui rend notre théâtre absolu-ment unique.»

Nous devons tous tirer à la mêmecordePour le fondateur et directeur du théâtreHORA, Michael Elber, la faculté d’expres-sion est fondamentale lors de la sélec-tion des actrices et acteurs pendant lessemaines d’essai. Et d’ajouter que la ca-pacité de s’intégrer dans un groupe estimportante également, tout commecelle d’accepter la critique et de serendre aux répétitions de façon indépen-dante. Car les 16 membres de la troupene travaillent qu’à 50% chez HORA. Parailleurs, ils vivent et travaillent danscinq institutions de la région zurichoiseet ont donc de longs trajets à parcourir.«Diriger un théâtre comme HORA n’estpas une mince affaire», déclare Gian-carlo Marinucci. D’abord, il faut toujourslutter contre les chiffres rouges, car seul

30 pour cent du budget annuel, qui semonte à 1,3 million de francs, sont cou-verts par les pouvoirs publics. «Nousdevons gagner les 70 pour cent restants,avec du sponsoring, des dons, descontributions de donateurs et les en-trées aux spectacles.» Ensuite, la com-munication et la coordination sont com-pliquées dans le cas de HORA, vu qu’ilfaut toujours inclure aussi les institu-tions et les proches des acteurs. L’essen-tiel, c’est que nous tirions tous à lamême corde et accordions l’importancenécessaire au théâtre. «Si c’est le cas, letravail procure un plaisir immense.» Oucomme l’exprime l’acteur Damian Bright:«Alors, nous rions beaucoup, ons’éclate!»| Barbara Lauber

Le théâtre HORA organise le festival internationalOKKUPATION! du 18 au 28 mai 2011 à Zurich. Plusde 25 troupes «occuperont» des scènes importantessur les bords de la Limmat. Plus d’informations enpage 3 et sous:

www.hora-okkupation.ch

«L’histoire de l’arbre». Les apprentis acteurs de HORA, DamianBright, Matthias Brückner et Miranda Hossle: une performanceremarquable. Photo | m. à d.

«Les sentiments, tout tourne autourdes sentiments au théâtre.»Damian Bright, acteur

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Emploi accompagné | Retour dans le marché du travail général grâce au job coach

«Les difficultés commencent quand tu sors de clinique»

Par un beau matin de mai, Jana Kellers’admet à elle-même: «je n’en peuxplus». Elle n’arrive plus à faire deux outrois pas, ni à se cuisiner un petitquelque chose et encore moins à passerl’aspirateur. «Grave dépression d’épuise-ment», tel est le diagnostic de la divi-sion psychiatrique à l’hôpital.Avant, elle avait un travail astreignantd’assistante d’adultes autistes dans uneinstitution qui manquait de personnel.Mais Jana Keller pense que ce ne fut quela goutte qui fit déborder le vase. Elleprécise qu’elle avait eu des phases dé-pressives depuis des années. Elle dépen-sait beaucoup d’énergie pour fonction-ner, pour travailler, et elle avait besoind’énormément de force pour luttercontre ses démons intérieurs. Résultat:quand elle avait congé, elle n’avait quela force de pleurer, par épuisement.Au bout de sept semaines de traitementpsychiatrique en clinique, Jana Kellers’est retrouvée dehors, sans travail (elleavait démissionné avant son séjour hos-

pitalier). Elle se trouve alors confrontéeà l’ORP et à la pression de fonctionner ànouveau. «La difficulté n’est pas d’entreren clinique, elle commence quand tusors et que tu devrais te reconstruire unevie», dit Jana Keller. Elle retrouve rapi-dement un emploi, d’abord dans un bar,puis dans la vente. Mais elle remarquequ’elle suit le même schéma qu’avant.Elle fonctionne au travail, mais à côté,c’est le vide. Après trois mois, elle de-mande à être à nouveau internée dansune clinique psychiatrique.Là, elle fait de la poterie, pendant desheures, des jours, des semaines. Cela lui

Jana Keller a dû aller en cliniquepsychiatrique deux fois. Diagnostic:dépression d’épuisement. Un jobcoach l’a soutenue sur son cheminde retour vers le marché du travailgénéral. Elle a trouvé un emploi quicorrespond à ses besoins.

fait du bien. Elle essaie de nouveaux mé-dicaments, se sent prise au sérieux parle psychiatre, parle de son retour dans lavie normale avec une assistante sociale.Elle dépose une demande de réinsertionprofessionnelle auprès de l’Office AI.Après un entraînement AI, Jana Kellersouhaite un soutien supplémentaire.L’AI lui met un job coach à disposition,Markus Brönnimann de Job Coach Place-ment à Köniz (voir encadré).

Repenser positifElle sent dès le départ qu’il la prend ausérieux. Ils réfléchissent ensemble àl’orientation professionnelle qui serait labonne. Jana Keller fait un stage dans unEMS et constate que le domaine socialpèse trop lourd pour elle. Initialement,elle a fait une formation de maîtresse demouvement et a appris à faire des mas-sages. Lorsque le hammam (bains devapeur orientaux) à Berne cherche unemasseuse, elle pose sa candidature.Dans cette première phase, son jobcoach Markus Brönnimann cherche avanttout à cerner les ressources de Jana Kel-ler. Il dit que les expériences difficilesde ses clients font que ces capacitéssont souvent ensevelies. Il ne faut pasoublier ce fardeau lourd qu’ils portent,mais Markus Brönnimann veut surtoutaider ces personnes à revoir les chosespositivement, à prendre conscience de

Job Coach Placement à Köniz (BE)

Markus Brönnimann est directeur ad-joint et l’un des huit coaches de JobCoach Placement (JCP) à Köniz (BE).JCP fait partie des services psychia-triques universitaires à Berne et aidechaque année quelque 90 personnesavec un handicap psychique à s’intégrerdans l’économie libre. Les participantssuivent un processus par étapes et tra-vaillent dans des entreprises exté-rieures. L’objectif d’un emploi fixe sur lemarché du travail général est atteintdans 80 pour cent des cas. | spy

leurs ressources, de leurs forces et deleurs intérêts. Il demande à ses clients:«Quelle tâche professionnelle fait aug-menter votre pouls, que vous dit votreventre?» Ensuite, il s’agit de vérifierdans quelle mesure l’activité en questionest favorable à la santé du client etquelles étapes intermédiaires sont né-cessaires pour arriver au but.Jana Keller obtient le poste à 20 pourcent comme masseuse, avec la possibi-lité d’augmenter son temps de travail.Elle se fait très vite à sa tâche et prendrapidement en charge des services et destâches supplémentaires. Elle ne tardepas à travailler à 80 pour cent. Elle voitson job coach toutes les deux semaines.

«La coopération avec le job coachn’était pas stérile, mais décontractéeet réaliste.»Andreina Hopf, directrice du hammam

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Emploi accompagné: jusqu’à la fin desannées 1980, le modèle de l’emploi ac-compagné appliqué aux États-Unis pourl’intégration professionnelle, n’étaitguère connu en Suisse. Aujourd’hui, lesmilieux politiques en espèrent une solu-tion aux problèmes de l’AI. De nom-breuses institutions INSOS appliquentcette méthode, dans le but d’aider despersonnes avec handicap ou autrementdéfavorisées à conserver ou à trouver unemploi rémunéré sur le marché du travailgénéral. Le job coach joue un rôle déter-minant dans ce processus. Il encadre,dans leurs efforts pour réintégrer le mar-ché du travail, des personnes qui, parexemple, ont perdu leur emploi pourcause de maladie. Ce faisant, la collabo-ration avec les employeurs et les OfficesAI revêt une grande importance. Le suc-cès du job coaching est attesté par desétudes. Les coaches aident également àconserver des emplois existants s’ilssont menacés passagèrement.

Formation accompagnée: le job coa-ching peut être utile pour la formationaussi. Il existe différentes formules decette formation accompagnée ou assis-tée. Dans le cadre d’une formation pra-tique (FPra) selon INSOS par exemple,les apprenants peuvent faire leur pre-mière année dans une institution INSOSdisposant de places de travail protégées;ils feront leur deuxième année dans uneentreprise du marché du travail primaire,tout en bénéficiant du job coaching del’institution. Selon les aptitudes desélèves et la disposition des employeurs,les apprenants FPra peuvent aussi passerun contrat d’apprentissage avec une en-treprise «normale» dès leur premièreannée de formation. Dans ce cas, uneinstitution INSOS propose un job coa-ching et assure l’enseignement scolaire.| Susi Aeschbach, responsable Intégra-tion professionnellewww.supportedemployment-schweiz.ch

Les institutions INSOS développentleur savoir-faire en matière d’inté-gration professionnelle. Ellesrecourent à de nouveaux conceptstels que la formation ou l’emploiaccompagné, qui aident à réussirl’entrée dans le marché du travail.

Intégration professionnelle

Innoverclinique»

Elle apprécie que quelqu’un lui demandesimplement: «Mme Keller, comment çava?». Quelqu’un qui l’écoute vraiment etqui regarde exactement ce qui va et cequi ne va pas. Quelqu’un qui la prend ausérieux. «C’est utile de se prendre au sé-rieux, avec ses propres limites.» JanaKeller remarque qu’elle arrive à ses li-mites physiques au bout d’un certainnombre de massages et qu’elle préfèred’autres tâches où les contacts humainssont moins intensifs.

Quand la lampe rouge s’allumeMarkus Brönnimann se concentre surcette limite de Jana Keller, que les pa-tients qui ont eu un burnout ont ten-dance à dépasser. «Durant cette pre-mière phase, c’est moi qui dit ‘stop’,quand la lampe rouge s’allume.» Parexemple quand Jana Keller accepte d’as-surer les services de collègues par gen-tillesse, bien que c’en soit trop pour elle.Et Markus Brönnimann d’ajouter : «Il nesert à rien d’aider quelqu’un à trouver unnouvel emploi, si c’est pour lui rendrevisite à la clinique psychiatrique sixmois plus tard.» Jana Keller, 25 ans, tra-vaille maintenant au hammam depuis unan et demi. Elle a augmenté son pour-centage à 80 pour cent et intervientdans tous les domaines: massage, récep-tion, surveillance des bains, nettoyageet bureau. Cette variété lui plaît, elle se

sent bien dans l’équipe et apprécie sasupérieure. Cette dernière s’est souventenquise de son bien-être et l’a aidée àtrouver le taux d’occupation et lestâches qui conviennent.

Réduire les risques des employeursLa cheffe de Jana Keller, Andreina Hopf,était informée dès le départ de la crisede son employée et avait des contactsréguliers avec le job coach. Elle ditn’avoir jamais remarqué les bas de Janadans le travail. Parfois, elle a même eupeur que Jana n’en fasse trop, mais ellen’est pas la seule. Andreina Hopf est trèssatisfaite de Jana. «Elle est la seule quitravaille dans tous les domaines, c’estun grand atout.» Elle juge très positive-ment sa coopération avec le job coach,parce qu’elle «n’était pas stérile et bu-reaucratique, mais au contraire décon-tractée, pratique et humaine». «J’accep-terais tout de suite de participer ànouveau à un tel coaching.»C’est le but de Markus Brönnimann:«Nous cherchons des situations win-win,

car les employeurs doivent pouvoir pro-fiter aussi.» Nous réduisons leurs risquesau strict minimum, c’est-à-dire que lesalaire est versé par l’AI pendant les pre-miers mois, sous forme d’indemnitésjournalières. Dans un deuxième temps,les employeurs paient un salaire au mé-rite, tandis que Job Coach Placementverse les prestations sociales et assumeles risques en cas d’arrêt du travail. L’ob-jectif est d’arriver à un emploi fixe.Jana Keller a été engagée par le ham-mam au bout de quelques mois, mais ellea été accompagnée par son coach pen-dant encore un an. Même si les phasesgrises et difficiles n’ont pas disparu desa vie, qu’elle lutte parfois contre elle-même, elle est heureuse d’avoir retrouvéun travail qui lui plaît, qui ne l’épuisepas et qui lui permet de vivre.| Barbara Spycher

Jana Keller (25 ans) travaille auhammam à Berne depuis un an etdemi: elle aime la variété des tâches,dont les massages, la surveillance desbains et les travaux administratifs.Photo | B. Spycher

«Le job coach a vraimentécouté et regardé ce quiallait et ce qui n’allait pas»Jana Keller

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Cas d’abus| INSOS Suisse évalue des mesures

«Plus jamais une telleabomination»

Le «cas H.S.» nous a tous ébranlésau plus profond: le travailleur socialH.S. a abusé de plus de 120 per-sonnes avec handicap. INSOS Suisseévalue des mesures de prévention.

INFOS INSOS: M. Siegwart, commentvos collaboratrices et collaborateurset les pensionnaires ont-ils digérétoute l’agitation médiatique?Heinz Siegwart: Heureusement, l’excita-tion est retombée, il n’en reste presqueplus rien. Les cas d’abus par contre ont

fortement ébranlé tout le monde. Lesmembres de l’équipe se sont demandéset se demandent toujours pourquoi ilsn’ont pas remarqué plut tôt que quelquechose n’allait pas. Lorsque le cas a étérendu public en février 2011, la Nischeétait au centre de l’attention média-tique. Nous avons répondu à plus de 100demandes des médias. En plus, les jour-nalistes nous ont assiégés pendant plusde trois jours, nuit comprise. De nom-breux pensionnaires n’arrivaient plus àdormir et semblaient très apeurés.

Vous êtes engagés depuis long-temps dans la prévention de laviolence. Quelles mesures complé-mentaires Nische va-t-elle prendre?Globalement, nos mesures de préventionet notre concept de gestion des crisesont fait leur preuve. A l’avenir, nousmettrons l’accent sur la compréhensiondes formes d’expression différenciéesdes pensionnaires. En mai, nous com-mencerons un nouveau projet pour laprévention des abus. Parallèlement,nous voulons renforcer la transparenceau sein des équipes et nous «observer»réciproquement dans la gestion de laproximité et de la distance… pour nousprotéger nous-mêmes contre des soup-çons injustifiés! | Barbara Lauberwww.stiftung-nische.ch

Grâce à la plainte déposée par lafondation Nische à Zofingen, lapolice a pu arrêter H.S. (cf. articleci-contre). Le directeur généralHeinz Siegwart parle de l’immenseintérêt des médias et de l’avenir.

Fondation Nische | Plainte contre H.S.

Transparence

Le «cas H.S.» est monstrueux. Il nouslaisse sans voix, furieux, impuissants:pendant près de 30 ans, l’assistant socialH.S. a abusé sexuellement de plus de120 personnes avec handicap, jeunespour la plupart, dans neuf institutions.La police l’a démasqué après que la fon-dation Nische eut déposé plainte auprintemps dernier contre son ancien col-laborateur (cf. interview ci-contre). Lapolice a rendu public les terribles abusen février 2011. Les institutions, INSOSSuisse et la population ont été très pro-

fondément choqués. «Ce qui est arrivéétait tout simplement inconcevablepour tous. Une telle abomination ne doitplus jamais se produire», dit Ivo Löts-cher, directeur de l’association debranche nationale INSOS Suisse, qui dé-fend les intérêts de plus de 750 institu-tions pour personnes avec handicap.

Taskforce au travailChaque institution se penche actuelle-ment sur la question de savoir commentelle peut se protéger contre des crimi-nels et empêcher les abus sexuels ou dumoins les démasquer rapidement. Dansl’intervalle, les institutions ont doncrevu une fois encore leurs concepts deprévention pour éliminer les éventuelleslacunes.INSOS Suisse a agi également: l’associa-tion a créé une taskforce chargée deréexaminer toutes les mesures de pré-vention dans le domaine institutionnel,d’en tirer des conclusions pour la pra-tique et d’étudier soigneusement desmesures supplémentaires. «Des amélio-

rations possibles sont des listes decontrôle ou des nouvelles normes, re-commandations ou lignes directricespour la pratique», précise Ivo Lötscher.

Registre professionnel?La taskforce a déjà repéré différents sec-teurs où il existe un potentiel d’amélio-ration. De l’avis d’INSOS Suisse, les troisdomaines suivants entrent surtout enligne de compte pour la prévention:• Recrutement du personnel: les institu-tions ne doivent pas se contenter descertificats de travail pour l’embauche.Il est impératif d’obtenir plusieurs ré-férences par oral. Il convient d’envisa-ger notamment aussi l’obligation dedemander un extrait du casier judi-ciaire ou la signature d’un code d’hon-neur. On examine également l’oppor-tunité d’introduire un registreprofessionnel ou une liste noire.

• Renforcement des pensionnaires: laquestion centrale est en l’occurrencecomment apprendre aux personnesavec handicap à dire encore mieux«non» et à fixer des limites (parexemple par une sensibilisation conti-nue, etc.).

• Organe d’alerte: il convient en outred’examiner la création d’un organed’alerte indépendant, interne ou ex-terne, auquel les soupçons d’abuspeuvent être communiqués. Le manie-ment de données sensibles est toute-fois très délicat: d’un côté, les droitsde la personnalité doivent être préser-vés, mais la protection des données nedoit pas protéger l’auteur d’un crime.

Collaboration transversaleParallèlement, INSOS Suisse a créé legroupe de travail Prévention, où siègentactuellement des représentants d’unedizaine d’organisations et associations(notamment Procap, VaHS, insieme, ProInfirmis). Le but est d’élaborer conjoin-tement des mesures concrètes et desnormes pour empêcher les abus sexuelsdans tous les domaines de la vie.| Barbara Lauberwww.insos.ch

«Ce qui est arrivé était simplementinconcevable pour tous.»Ivo Lötscher, directeur d’INSOS Suisse

Heinz Siegwart,directeur général de lafondation Nische àZofingen

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En direct du Palais | Révisions de l’AI

«Objectifs d’intégration irréalistes»En mars, le Parlement a approuvé la révision 6a de l’AI. Enhiver prochain, il examinera la révision 6b. Le directeurd’INSOS Suisse, Ivo Lötscher, demande une analyse desdernières révisions avant que les rentes ne soient réduites.

Qu’est-ce qu’INSOS exige du Parle-ment?Nous souhaitons des parlementaires cri-tiques, qui ne se laissent pas aveuglerpar des présentations idéalisantes del’administration, mais qui s’appuient surdes faits transparents. INSOS Suisse veutaussi que l’assurance-invalidité soit enmesure de fournir les prestations légalesà l’avenir. Mais il n’est pas juste que lespersonnes avec handicap, en tant quebénéficiaires de prestations, soient seulesà payer les négligences de la politique.Cette dernière a en effet laissé la situa-tion financière de l’AI se détériorer pen-dant des décennies sans rien faire. INSOSexige que, conformément au principe dela symétrie des sacrifices, on alloue aussides recettes supplémentaires à l’AI.

Et qu’en est-il d’un éventuel référen-dum contre la révision 6b?En l’état actuel des choses, nous partonsdu principe que nous soutiendrons unréférendum. La révision 6b bloque lapossibilité de mener une vie autodéter-minée et remet donc en question le droitdes personnes avec handicap à la di-gnité et à l’autonomie.| Interview: Barbara Spycher

professionnels lorsqu’il s’agit de l’inté-gration dans le monde du travail. Pourelles, la révision 6a de l’AI est l’occasionde développer leurs compétences et decontribuer à façonner un nouveau sec-teur d’activité passionnant. Une inté-gration durable suppose toutefois unebonne qualité du travail d’intégration,et la qualité coûte. Il y a donc le risqueque des économies soient faites au mau-vais endroit.

Prochaine étape: la révision 6b de l’AIsera soumise au Parlement. Quels sontvos espoirs et vos craintes dans laperspective de ces délibérations?J’ai peur que le Parlement aille trop loin.Les effets des 4e et 5e révisions de l’AIn’ont même pas encore été évaluées. Or,connaître ces résultats serait une condi-tion indispensable pour décider de l’op-portunité de réduire encore les presta-tions comme c’est le cas dans la révision6b.

INFOS INSOS: Durant la session deprintemps, le Parlement a approuvé larévision 6a de l’AI, qui prévoit deséconomies de 500 millions de francs.Que dites-vous de cette décision?Ivo Lötscher: L’attitude de nombreux po-litiques me donne à penser: tous les ren-tiers AI sont potentiellement soupçon-nés d’abuser de l’assurance, tandis quela solidarité est déléguée aux «autres».Heureusement que les Chambres ontadopté la contribution d’assistance, uneoffre qui faisait défaut jusqu’ici: ces al-locations permettent à des personnes

avec handicap de vivre dans leurs quatremurs d’une manière aussi autonome quepossible. Par contre l’intention d’inté-grer sur le marché du travail général17000 rentières et rentiers est tout à faitirréaliste, si les employeurs n’y sont pasobligés.

INSOS Suisse a défendu en vain l’in-troduction d’un quota d’intégration de2,5 pour cent. Et maintenant?Sur le marché du travail général, c’estl’économie qui dicte quels employéssont engagés. Les statistiques mon-trent que précisément beaucoup degrandes entreprises ne sont pas dispo-sées à employer des personnes avechandicap. Cet état de fait ne changerapas quand il s’agira d’intégrer ces 17000rentiers AI.

Ces objectifs d’intégration représen-tent-ils aussi une chance pour desinstitutions INSOS qui se sont spécia-lisées dans le job coaching parexemple?Oui, il y a certes des chances, mais aus-si des risques. Les institutions sont des

Ivo Lötscher est ledirecteur d’INSOS Suisse.Photo | Barbara Lauber

«L’attitude de nombreux politiquesme donne à penser.»Ivo Lötscher, directeur d’INSOS Suisse

Page 16: Journée nationale INSOS 2011 Malgré la faiblesse scolaire Emploi ...

INFOS INSOS | Mai 2011

Les associations d’entraide et les institutions pour personnes avec handicap dé-ploient un trésor d’idées et de forces pour favoriser les rencontres entre personnesavec et sans handicap, dans l’intérêt de l’intégration. Il s’agit d’abord d’aider lessecondes à surmonter leurs réticences à aller vers les premières, et de transmettredes informations sur les handicaps et leurs conséquences. Ensuite, ce type de ma-nifestations peut conférer aux personnes avec handicap le sentiment de faire partiede la société et d’y participer. Surtout les personnes en situation de handicap quivivent en institution risquent de passer inaperçues comme individus «à l’extérieur».Car elles passent souvent leurs loisirs et leurs vacances en groupes composés es-sentiellement de personnes en situation de handicap.

Mais il est légitime de se demander si des rencontres artificielles organisées pardes tiers – aussi créatives soient-elles – favorisent vraiment assez l’intégration despersonnes avec handicap. Car la spontanéité si précieuse du «chemin vers l’autre»et de la découverte réciproque fait défaut lors de ce type de manifestations.

Les rencontres vraies et l’intégration durable ont lieu surtout dans la vie de tousles jours, sans artifices. Cela suppose toutefois certaines conditions-cadres danstous les domaines de la société, des conditions qui permettent aux personnes avechandicap de participer à la vie sociale en tant qu’individus. Elles veulent être ac-ceptées «comme elles sont», avec leurs intérêts et leurs capacités, et ne pas êtreréduites à leurs déficits et à leurs handicaps. Les rencontres peuvent contribuer àlutter contre les préjugés. Car quand des personnes avec et sans handicaps se ren-contrent, il se peut qu’elles découvrent des points communs et que l’intérêt pour lapersonne en situation de handicap en face grandisse. C’est pourquoi il serait mer-veilleux que de telles rencontres soient possibles en dehors d’événements spéciauxtels que la journée INSOS, qu’elles aient lieu spontanément, dans la vie de tous lesjours, lors d’une promenade, dans une association ou au supermarché. Car de tellesrencontres pourraient marquer le début d’une longue chaîne.

Chronique | Hanne Müller

Les rencontres spontanéessont les plus précieuses

AZB3007

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ImpressumEditeurINSOS Suisse3000 Berne 14Paraît 3x l’anRédactionBarbara Lauber;Barbara SpycherPrixAbonnement CHF 30.– (comprisdans la cotisation de membre)Au numéro CHF 10.–

AdressesINSOS SchweizZieglerstrasse 53Postfach 10103000 Bern 14

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Hanne Müller,assistante sociale dipl.ESTS, indépendante,handicapée de naissance(os de verre).