investnews Guide 2016 des Gérants de Patrimoine_Genin & Cie_FR

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I l était une fois une grande banque dans laquelle le gérant avait pour mission essentielle de s’occuper de son client et, grâce à son équipe, de lui fournir les services désirés. Mais ça, c’était avant, avant que le gérant ne soit placé devant le choix suivant: travailler les marchés ou faire des ronds de jambe! Plus techniquement formulé, il pouvait opter pour la voie du conseil en placement ou celle du gérant de fortune, l’une excluant l’autre. Et c’est ainsi que de nombreux gérants, refusant de choisir, ont quitté la grande banque. Mais ça, c’était avant, avant la frénésie régle- mentaire, avant la fin du secret bancaire, et avant le débar- quement des armées de juristes. Néanmoins, indépen- dant dans l’âme, celui qui a traversé toutes ces péripéties, le reste. Il persiste et continue d’oser défendre la société en commandite, celle qui signifie qu’il engage tous ses biens vis-à-vis de son client. Mais cette position est diffi- cile à tenir, surtout pour ceux qui souhaitent s’installer et ont une clientèle très diversifiée au plan international. L’environnement devient toujours plus hostile, notamment du fait que les organismes d’autorégulation tendent à renforcer leur sélectivité et à privilégier les moyennes à grandes structures. La situation évolue vers une «hypercomplexité»: lorsque l’on sait que les tâches administratives qui représentaient 5 à 10% du temps d’un indépendant en accaparent désormais jusqu’à 50 voire 60%, cette évolution ne peut pas rester sans incidence sur son activité. Elle implique une plus grande sélectivité dans les mandats, moins par la taille des actifs que par les exigences de la clientèle: un patrimoine de 25 millions dont le détenteur négocie chaque virgule peut être moins intéressant pour le GFI que le dossier de 2 millions d’un client qui lui fait entièrement confiance! Compte-tenu de ce surcroît de contraintes en tous genres, les plates-formes représenteraient-elles une solution idéale? En théorie, peut-être, en pratique la réponse est négative. Car lorsque le client s’appuie sur un GFI, c’est précisément parce qu’il veut pouvoir se reposer sur lui et ne pas avoir à se charger de tous les allers-retours avec les différentes autorités fiscales et régle- mentaires, ni devoir négocier avec chacun des intervenants dans son dossier. De nombreuses tâches ne peuvent pas être déléguées et c’est la raison pour laquelle je vais, moi, me battre pour le client. Pour ce qui concerne plus généralement l’ensemble des coûts liés à la gestion, en principe mutualisés au sein des plates-formes, là encore leur avantage n’est pas évident. Avec les services des banques dédiés aux gérants indépendants, ces derniers disposent de secrétariats de luxe qui leur offrent tout ce dont ils ont besoin pour leur activité. Et last, but not least, la clientèle qui choisit l’option du GFI ne fait pas ce choix par hasard. La relation de confiance s’établit avec un homme et non pas avec une organisa- tion: au fil du temps, tous mes clients sont devenus des confidents et la plupart des amis. Contrairement à ce que le marché veut laisser croire, la clientèle, ce n’est pas du bétail que l’on achète et vend en fonction de ses caracté- ristiques particulières! Quoiqu’en disent les experts depuis bientôt une génération, les GFI ne consolident guère. En dépit d’une charge administrative toujours plus lourde, ils n’ont pas rejoint massivement les plates-formes et travaillent pour une «masse» sous gestion sous-optimale. Pourquoi? Je vais, moi, me battre pour lui JEAN MICHEL GENIN, GENIN & CIE JEAN MICHEL GENIN Jean Michel Genin est gestionnaire indépendant depuis 1999 (Genin & Cie). Il a auparavant travaillé auprès de grands établissements suisses et étrangers, en tant que responsable des conseillers en placement, puis chargé de la gestion et de la politique de placement et enfin du département financier d’une banque privée. Il a également été co-fondateur et président d’Investissima. S’adonnant à l’art abstrait durant ses heures de loisir, il est l’auteur du «reCycling», œuvre primée lors de la 24ème édition du concours Premio Arte organisé par «Arte», le magazine italien de référence dans le domaine de l’art. 36

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I l était une fois une grande banque dans laquelle le gérant avait pour mission essentielle de s’occuper de

son client et, grâce à son équipe, de lui fournir les services désirés. Mais ça, c’était avant, avant que le gérant ne soit placé devant le choix suivant: travailler les marchés ou faire des ronds de jambe! Plus techniquement formulé, il pouvait opter pour la voie du conseil en placement ou celle du gérant de fortune, l’une excluant l’autre. Et c’est ainsi que de nombreux gérants, refusant de choisir, ont quitté la grande banque. Mais ça, c’était avant, avant la frénésie régle-mentaire, avant la fin du secret bancaire, et avant le débar-quement des armées de juristes. Néanmoins, indépen-dant dans l’âme, celui qui a traversé toutes ces péripéties, le reste. Il persiste et continue d’oser défendre la société en commandite, celle qui signifie qu’il engage tous ses biens vis-à-vis de son client. Mais cette position est diffi-cile à tenir, surtout pour ceux qui souhaitent s’installer et ont une clientèle très diversifiée au plan international. L’environnement devient toujours plus hostile, notamment du fait que les organismes d’autorégulation tendent à renforcer leur sélectivité et à privilégier les moyennes à grandes structures.La situation évolue vers une «hypercomplexité»: lorsque l’on sait que les tâches administratives qui représentaient 5 à 10% du temps d’un indépendant en accaparent désormais jusqu’à 50 voire 60%, cette évolution ne peut pas rester sans incidence sur son activité. Elle implique une plus grande sélectivité dans les mandats, moins par la taille des actifs que par les exigences de la clientèle: un patrimoine

de 25 millions dont le détenteur négocie chaque virgule peut être moins intéressant pour le GFI que le dossier de 2 millions d’un client qui lui fait entièrement confiance! Compte-tenu de ce surcroît de contraintes en tous genres, les plates-formes représenteraient-elles une solution idéale? En théorie, peut-être, en pratique la réponse est négative. Car lorsque le client s’appuie sur un GFI, c’est précisément parce qu’il veut pouvoir se reposer sur lui et ne pas avoir

à se charger de tous les allers-retours avec les différentes autorités fiscales et régle-

mentaires, ni devoir négocier avec chacun des intervenants dans

son dossier. De nombreuses tâches ne peuvent pas

être déléguées et c’est la raison pour laquelle je vais, moi, me battre pour le client.Pour ce qui concerne p lus généra lement l’ensemble des coûts liés à la gestion, en principe mutualisés au

sein des plates-formes, là encore leur avantage

n’est pas évident. Avec les services des banques dédiés

aux gérants indépendants, ces derniers disposent de secrétariats

de luxe qui leur offrent tout ce dont ils ont besoin pour leur activité.

Et last, but not least, la clientèle qui choisit l’option du GFI ne fait pas ce choix par hasard. La relation de confiance s’établit avec un homme et non pas avec une organisa-tion: au fil du temps, tous mes clients sont devenus des confidents et la plupart des amis. Contrairement à ce que le marché veut laisser croire, la clientèle, ce n’est pas du bétail que l’on achète et vend en fonction de ses caracté-ristiques particulières!

Quoiqu’en disent les experts depuis bientôt une génération, les GFI ne consolident guère. En dépit d’une charge administrative toujours plus lourde, ils n’ont pas rejoint massivement les plates-formes et travaillent pour une «masse» sous gestion sous-optimale. Pourquoi?

Je vais, moi, me battre pour lui

JEAN MICHEL GENIN, GENIN & CIE

JEAN MICHEL GENIN

Jean Michel Genin est gestionnaire indépendant depuis 1999 (Genin & Cie). Il a auparavant travaillé auprès de grands établissements suisses et étrangers, en tant que responsable des conseillers en placement, puis chargé de la gestion et de la politique de placement et enfin du département financier d’une banque privée. Il a également été co-fondateur et président d’Investissima. S’adonnant à l’art abstrait durant ses heures de loisir, il est l’auteur du «reCycling», œuvre primée lors de la 24ème édition du concours Premio Arte organisé par «Arte», le magazine italien de référence dans le domaine de l’art.

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