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:v. LE PIONNIER
C'est au Saint jesuite Louis-Noel de Bourzes
(1673-1735) que revient la gloire d'~tre le chef de fil
des lexicographes fran9ais en ~~il.
Bourzes n'etait ni le premier Fran9ais ni le
premier missionnaire fran9ais, ni le premier Jesuite
fran9ais a venir en In~~~lf Mais c' est de sa plume qu' est ' • ::~ \f: ~~: ~ I :
sortie la premiere oeuvre lexicographique fran9aise en
tamil.
1 Cf. Inayat A. Zaidi, "French Mercenaries in the Armies of South Asian States, 1499-1803" in J.Pouchepadas et M. Aymard, o.c., p. 54. Voir aussi, Rose Vincent, The French in India, from Diamond Traders 'to Sanskrit Scholars~ Bombay, Popular Prakashan, 1989. Le Jesuite jean-Fran9ais David a t~Availle en Inde des 1602. Il
". :rJ ~
est mort a la cche de : 'f$J 1Pecherie en 1607: Voir S. Raj amanicka.'11, S ~ J~~,~;·,~:', e First Oriental Scholar, o. c.,
,·I .•·:;:·i;,.:;J-0'1 O / / '
p. 225. Les Capti.q~~~fr,:fran~ais s' etaient etablis a Madras : ( '. F_~~ ~~>~1;~ .
depuis 1642,:<; Voir :D,¥)!erroli, SJ., The Jesuits in Malabar, . ·~: l
Vol.1, pp. 425-426; a~ Launay, Histoire des Missions de l'Inde, Paris, P.Tequi, 1898, p. XXX.
• • 159 • •
Bourzee lui-m~me parle de eon oeuvre dane see
' ' lettres a son professeur et ami le pere Etienne Souciet
' ' '-- '\,. a Paris et a son frere a Toulouse:
"J'ay fait un dictionnaire Francoie-Tamul pour
nos PP• (peres) nouveaux venus de France. 2
2 ' Bourzee utilise quelques sigles conn us de see corree-' pendants; pp=peree; ee=eaints sacrifices, lee Messes
e I I ou le culte catholique; V.R = Vot~e Reverence, appel-lation de tout pr~tre catholique etc. Bourzee fait allusion aux J'euitee franiais venus se joindre a la
Mission carnatique fondee en 1702 par Venance Bouchet, / ,
un des Jesuitee, dont quelques membres de l'Academie I
des Sciences, envoyes par Louie XIV avec l'Ambaeeade \ / eiamoiae, apree l'echec de celle-ci. Voir D.Ferroli,
SJ., oeuvre cit~e, p. 426. La Mission carnatique I e'etendait au nord de Pondichery. Lea missionnaires
de cette mission avaient besoin de connaftre et le ~ tamil et le telougou. On utilisait la grammaire du
/ p~e de la Lane pour le telougou et celles de C.J.Beeohi pour le tamil1 De La Lane a fait un diotionnaire bilingue t6lougou et Bour!es a fourni lee dictionnairee bilinguee tamile. Voir auesi L.Beese, Liste alphabetigue geeM1ssiouna1ree du Carnatic de la campagnie de Jesus au XVIIIe eie~e, Trichinoply, St. Joseph's Industrial
I... School Press, 1928.
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.. " -.:.. ! ,... ~ I i ~ .....:. . • 1. ~ ! ,.. r 1 u ,, (' • t ,..... . t , .) i . ' 1 ' , ! .. r J '-( . t l . .; ! ~ ' .. . ' ~- -.! • . . .) ) ( • • I ' j . :--> ~ " ~ ... j I . !.. .,__ . ) -::1 \
... • . . ' ~ "" "- r• • I - l • <.. { - 1' · ' I '~ ~ r- ' :- • . ~ j . I ' l .: l \ ) ._ I J ~ .... : ~~ ... • ,. ,l • f .... 4 1 L f ~ 1 i 1 "' ~ "' ~ ~ ~ ,~ ~ ~ 1 .:} -:-- ; f "-{__ ~ ~ • . ~ ~ '! : ~ ~ .. ! ,!
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·•-. . • . . . ·,.' . . • ~.: ·a......i.:.,::.-f~·.··~ ..... ·-:_ ...... •.·•- ... ·' •. ·: .. A • .... ,-•,· •-·~'
-..:.;.a-.:~!!.~~-:--·~ --.. ··-· -~· - .. '....J.:~---.:..:.......L... - ---·
&trait dE: ln lettre de Bourz~s a E.Souciet, 3.J., rc<;u a Paris le le:: sepi;. 1731. .En
marge nous lisor.s: .,Ld re:;lOnSe a votre question a OCCllpe tout lc, pnpier, Graces a dieu je
jouis d 1 une s.!Jsez b·~~ue sante. J'ai so.!.n d~ trois ou q~r.tre egli!!es sl.!l' cette cote du Tr~v. 0 ::{T"'u7ancor}. Il s'cn ;'Hut bien que je ne so;;.s toujou.rs c~; co~te:nplation. J'ay fait ur, C.1c-·
tio~r.:;i!'e franco!.s tamul pol.l.r nos PP. nouveau:r. ven1.;.e; de ?ranc".!. J'<:n ai f'a.1t un autre l~t:.n
ta::Jul pc.\U' moy l!t€::ie. Et je e~is apr£e un au1;r..:: ?ru11ll letin fort -~l=i)le, ou j'ay tache de rn-:-:::--:
tous 1"08 :note qne je trouve dP.nR les di~tionnair<:H du pavs ..•
: 160 • .
J'en ay fait un autre Latin-Tamul pour moy-meme. Et je
suis apr~s un autre Tamul-latin fort ample, ou j'ay
tache de metre tous les mots que trouve dans lee
dictionnaires du pais".3
\. / ' Dans la derniere lettre qu'il a ecrite a san \ / ' frere le 8 novembre 1733 d' Anjengo, en reponse a la
question de celui-ci de sav~ir comment il. passait son
temps, Bourzes ecrit:
"Vous savez que j'ai compose deux dictionnaires,
un Fran9ais-Tamul, l'autre Tamul-Latin"•••
Julien Vinson cite une lettre du p. Coeurdou~
SJ,au Pare E. Souciet SJ, ecrite de Dharmavaram, le 13
septembre 1735:
3 Lettre non datee, ecrite probablement de Colechal, en 1730. Bourzes, parlant de l'ere de Collam pratiquee dans la cote de I11alabar, ecrit "Cette annee 1730, (les gens du Malabar) oomptent 896 de cette ere."
• • 161 • •
"Vous avez apparemment appris la mort du
P. No.el de Bourzes... Les missions du pais tamul lui . . ~
sont redevables d 'un grand dictionnaire qu 'il a compose
en cette langue". 4
I. """' N'ous avons le temo~gnage deux fois repetes
d'un autre contemporain et ami de Bourzes, l'illustre
Jesuite italian c.J. Beschi. Dans la preface ~ son
dictionnaire tamil-latin, Beschi ecrit:
"Le Reverend Pere Louis de Bourz~s, de
nationalite fran9aise, remarquable pour son intelligence
et sa piete, infatigable a l'etude et au travail, qui .; , etai t mon co-missionnaire dans le royaume du Hadoure
et la gloire et l'ornement de cette province de Malabar,
avec un effort mental qUi n'a pas suffisamment ~te
apprecie et avec l'etude et le travail de plusieurs
annees, a ecrit un dictionnaire de taille enorme~5
---------4 Julien Vinson, "Notice sur quelques miRsionnaires jesuites" in Revue de Lingqistiaue et de philologie
cOmparee, Tome XXXII, Paris, J. Maisonneuve, 1899, p.121.
5 V.J. Beschi, SJ., Dictionarium Tamulico-Latinum,(1744),
Tiruchinopoly South India Times Press, 1852, p.2. Nous avons traduit le passage latin en fran9ais.
: 162 • •
Beschi dit presque la meme chose dans la
preface a son dictionnaire tamoul-fran9ais:
"Le Reverend p~re Louis Natal de Bourzes,
jesuite fran9ais, recommandable par sa piete et son merite,
et d'un travail infatigable, qui a ete avec moi
miseionnaire dans le royaume de Madura, et qui faisait
la gloire ~t 1' ornement de tous sea coll)gue.s J ce / digne ouvrier a donne un dictionnaire tamouJ.. qui suppose -....
/ ' une etude, un travail et un zele au-dessus de tout
"' 6 eloge."
' / Or, une remarque de Bourzes dans la preface
' aictionnaire fran9ais-tamil ~ous indique qu'il a son
etait le premier Fran9ais a faire une oeuvre lexicogra-
phique en tamil:
"Enfin, il me semble que si, quand je commen9ai
' ' a m'appliquer a cette langue, j'eusse un Dictionnaire
6 c. Vinson, oeuvre citee, p. 30; Voir copie de ce manuscrit dans les Archives de la Bibliotheque Nationale
de Paris, sous la cote IND 216, 211 et dans l'India Office Library de Londres, cote . NS 1308.
. . 16:5 • •
comme celui-cy, avec la liberte d'y ajouter, de trancher,
et de remarquer ce qu'il y a de defectueux, je eerois
en etat de faire un Dictionnaire passable"?
Il est clair alors, que Louie-Noel de
Bourzes de la Compagnie de J6sus, Hissionnaire au
Tamilnadou a ete le pionnier des lexicographes fran9ais
en tamil. :t-1aintenant nous pr6senterons la vie de ce
grand personnage, admir~ de tous see coll~gues.
7 Voir, L.N. Bourzes, SJ., Essay de dictionnaire Fran9&is-Tamul (r-ianuscri t) Delhi, Vidya Jyot i, Preface, Page 3.
: l.64 • •
Chronologie de la vie de Louis-Noel de Bourzes
18 octobre 1673 Naissance de L.N. de Bourzes a Sabli~res ' en Ardeche
8 septembre 1689 Entree dans la compagnie de Jesus (a ·Lyon?)
1691-1693
1 693-1698
1698-1699
1699-1703
1702
2 fevrier 1704
Fin 1704
Debut 1705
1706 ~
2 fevrier 1707
Fin 1707
1708
Philo sophie ' ' a la Fleche
Professeur de grammaire puis ;'
d'humanites ' a Rouen
Professeur de Rhetorique a Quimper / ....
Theologie au College Louis-le-Grand, puis ~ la maison ~rofesse a ~aria. Ordination a la pretrise
Depart pour Tonkin pour joindre la mission japonaise
Arrivee a Goa
Retour au Portugal
Sejour au Portugal
Profession de 4 voeux dans la Compagnie de Jesus
Rentree A. Goa
Entree dans la Province de Malabar; sejour dans la cote de Malabar, apprentissage du tamil, cure de paroisse dans cette cote. Ecriture du dictionnaire personnel latin-tamil.
Avril 1710
1711-1713
1714
1715-1717
1718-20
1718
1719
1721
1722
1722-1728
1729
: 165 :
Entree dans la Mission de Madurai, initiation chez le pare jesuite Bernard de Sa a Camanayakanpatti.
Cure de Camanayakanpatti, accueil de C.J. Beschi.
Ayyampatti, Visite a Pondichery.
Superieur de la ?·Ussion de Madurai, se charge de Vadugarpatti
;'
Cure de Mad urai
Hort de la m~re de Bourzes en France
Mort de la Comtesse de Soude" sa bienfaitrice en France.
Cure de Calloupatt i puis Compagnon de l'Eveque de Mylapore pour preparer le proces de la canonisation du martyr jesuite Jean de Britto.
Recteur d u college d' Ambalacat. Y renonce ' ' pour devenir recteur a Manapad, a cause
' . de problemas politiques.
Recteur a Manapad et conseiller du
proVincial. Composition de 1' Ess~y
du Dictionnai~e fran9ais-tamul.
Rajacalmangalam
1730
1731-32
1733
1734-1735
25 fevrier 1735
: 166
Colechal
• •
Cariapatnam, Dictionnaire tamul-latin
Anjengo
:t-1anapad, Dictionnaire tamil-frans:ais
.... r.tort a :r.1anapad et le lendemain inhumation.
: 167 :
' 1. La vie de Bourzes:
Nous avons note ci-dessus que la Compagnie
de Jesus a ete supprimee pendant une quarantaine d t annees
(1773-1813). La grande Revolution de 1789 ayant suivi
la suppression, tous les biens des Jesuites ont ~te
confisques en France. On a perdu enormement de documents
precieux. La continuite de la . Compagnie ayant ete rompue,
la tradition orale a ete egalement coup6e. Tres peu
d'anciens Jesuites ages vivaient lors de la reinstaura-
tion de la Comp~J.gnie par le pape pfe VII. Ainsi nous
connaissons tree peu de choses sur lea premieres annees
... ' / de Bourzes en France. Le Pere jesuite, Etienne Souciet,
/ ' professeur de theologie de Bourzes, son bon ami et
correspondant regulier et curieux jusqu'a la fin de la
vie de notre lexicogr~he, a au preserver une trentaine
' / de lettres de Bourzes. On les a gardees avec ce qui
restait de la bibliotheque des Jesuites dans la maison
' ' Sainte-Genevieve, devenue actuellement la bibliotheque
' publique de ce nom, a Paris. C'est de ces documents et / , ...
des references faites par sea contemporains, imprimes ·
ou manuscrits, gardes dans les archives des Jesuites a Chantilly et de Rome et dans les bibliotheques publiques
de France, que nous r~unissons ce que nous presentons ci-
\ apres.-
: l.68 :
Louis-Noel de Bourzes est ne dans une famille
a fratrie nombreuse, le 18 octobre 1673, a Sablieres en
Ardeche dans la region de Rhone-Alpes. Il a du assimiler
de sa sainte mere et son pare toutes les qualites et
~rtus que see contemporains admiraient tant chez luio·8
' ; ,. Apres les etudes secondaires qu'il a du faire chez lea
Jesuites de Lyon, il a ete admis dans la Compagnie de
Jesus quarante jours avant son seizieme anniversaire, 9 ,.,., ,...
le 8 Feptembre 1689. Il a du etre brill~nt, mur et A ' A d'une vertu exceptionnelle pour etre admis a ce bas age
dans l'ordre des J'suites, car d'habitude, on.:y entrait
a l'age de 18 ans.
Aprea le Noviciat ou period·e d 'essai ·et de
pri~res de deux ans (1689-1691) il est envoye ala
8 Son pere aurait ete mort avant le depart de son fils pour lee missions, puisque Bourzes ne fait mention que d u deces de sa mere dans sa lettre. Voir ~.ea J.ettre du 10 janvier 1721.
'::1 Of. 1. Besse, La f·Ussion du Madura, Tiruchy,
St. Joseph's Press, 1914, p.580, n.1.
: 169 • •
Fleche faire sa philosophie (1691-1693) dans le college
des Jesuites fonda par Henri IV et ou Descartes avait . / 10 ;
fa.~ t ses etudes. Entre 1693 et 1698 il _ a ens eigne
la grammaire et les humanites ~ Rouen. L'annee
academique de 1698-99 l'a eu comme professeur de Rheto-. rit~ue & Quimper. En 1699 on 1' a envoye a Paris au
Coll~ge Louis-le-Grand faire ses etudes theologiques,
ou specialisation dans la religion et les mysteres divins.
' / / C'est la qu'il a noue une durable amitie avec son
' "' "' "' professaur le pere Etienne Souciet. Il a ete ordonne ....
pretre en 1702 et a ; / /
termine ses etudes theologiques et
a fait les derniers " exercices spirituals pour etre
accepte comme membra definitif de la compagnie de / Jesus. C'es~pendant qu'il faisait sa theologie ~ Paris
qu'il a ' obtenu du pere Tamburini, Vica:ire-General de
10 Sur le Coll~ge de la Fl~che, voir Marie Gatard, Le Dictionnaire de notre Temps, Hachette, 1990, p. 603.
• • 170 :
la Compagnie de Jesus, dont le siege est~ Rome, la
permission de se joindre ala Mission japonaise. 11
,.. Des chretiens japonais vivaient en exil dans des ilea
pacifiques et lee Jesuites les desservaient. Done
Bourzes est parti pour Tonkin en 1704.
Son bateau a fait escale a Goa et en bon Jesuite
obeissant1 il a cru devoir informer de son arrivee le
Visiteur de la Province de Goa, et obtenir de lui la
permission de continuer son voyage a Tonkin. 12 Sachant
11 Voir la lettre de Bourzes datee du 12 juin de Lisbonne. Dans le Christianisme le mot de mission designe une region determinee ou sont envoyes des volontaires-missio en latin designant l'action d'e*voyer pour pr~cher la religion de Jesus-christ et pour conventir les gens a cette religion.
12 Voir la lettre de Bourzes a Tamburini, SJ'lprecitee. "' "' ,.. , De temps en temps, le General, chef supreme des Jesuites
sous le pape, domicili~ a Rome, nomme un J6suite avec plains pouvoirs pour ~-'"Visiter" une region et de faire les reformes et lee changements necessaires et pour lui en faire rapport.
: 171' • •
qu'il est venu sans passer par la cour de Lisbonne,
le Vice-Roy de Goa l'a renvoye chez le roi du portugal
' par le prochain vaisseau, car a part le droit exclusif
sur l'hemisphere octroye par lee papas au portugal, la
France et le Portugal se trouvaient aux camps opposes dans
la question ' de la succession d'Espagne, a ce moment.
Le Pere Laynes, ancien superieur jesuite de la mission ; / ....
de Madurai, et qui serait sous peu consacre eveque de
.r.lylapore (Madras) pendant son sejour a Rome, rentrai t
dans le meme vaisseau en Europe pour plaider la cause
de la province de Malabar au Vatican. 13 Il a entretenu
' ... Bourzes sur la Mission de Madurai et a du lui apprendre
le portugais. Le bateau a fait escale dix mois au
Bresil et Bourzes n'est arrive a Lisbonne qu'en mai 1706.
A Lisbonne, Bourzes est tombe malade a cause
d'une grande debilite d'estomac et en etait allite.
Nais ce n'etait pas grave et de son lit, il a dicte sa
lettre au General ~ un compagnon et l' a signea_ priant )
13 Nous traiterons ci-apres dans ce meme chapitre de cette cause connue sous le nom du problema des "rites malabares," querelle acharnee sur la methode de conversion des Jesuites.
. • 172 • •
le Superieur de lui permettre de se joindre a la mission
de Madurai e'il ne voulait pas le renvoyer au Japon.
Bourzee est reate huit moie a Liebonne. C'eet
la qu'il ~prononce les quatre voeux de Jesuitee eminente14
'\ 1\ ' , a la. Chandeleur, fete en 1 'honneur de l.a mere de Jesus-
Christ, Sainte-Marie, le 2 fevrier 1707 et est parti tout
de suite pour Goa en route pour Tonkin. Il est arrive
~ Goa fin de t'• anne-e maie a _ ·appris que la mission de I
Tonkin avai t et e fermee. On 1• a affecte alore a la
mission de ~adurai. En attendant l' ordre d' entrer dane
cette mission, il a ecrit de Goa sa premiere lettre
existante au Pere E.Souciet. 15
14 Nous avone deja explique lee trois voeux que font les Jesuitee. Lea meilleure d'entre eux obtenaient l'honneur d'en faire un quatrieme, promettant d'obeir au pape de l'Egliee catholique et d'aller travailler a toute partie du globe eous eon ordre. C'eet parmi cee
~ ' , pretres a quatre voeux qu 1 on nommait ou elisait lee superieures de la Compagnie de Jesus.
15 Aime-Martin a publie cette lettre dane see Lettree edifiaptee et curieuees, Paris, Societe du Pantheon Litteraire p. 389.
I ~
. • 173 • •
La Mission de Madurai appartenait a la Province
de Malabar. La Mission de N~mam(etablie surtout pour la
communaute des Nairs du Kerala) et les regions de la Cote
de la Pecherie et de la Cote de Travancore a 2a....ouest
relevaient egalement de cette Province. La mission ~ ~q e._C\_• • t-,
de Hadurai en etai t la plus ex~gen'=te avec sea modes
d'habillement et de nourriture frugale vegetarienne etc.
A cette epoque le Royaume de Madurai etait ravage par la J
famine et la querelle des rites malabares n'etait pas
toujours resolue. Done Bourzes est alle travailler a /1. la Cote de Travancore, en attendant le bon moment
d 1 ent.rer au Mad urai.
., .....
De sa lettre du 25 octobre 1709 envoyee a
Souciet de la cote de Travancore, nous savona que Bourz~s
s'appliquait a l 1 apprentissage du tamil tout en remplis
sant les fonctions de pretre, beptisant enfants ,et
adultes, visitant et consolant les malades et preparant
les moribonds 1 rencontrer Dieu. Entretemps il re9oit
l'ordre d'aller a Ambalacat comme professeur de theologie
a des sc,olastiques (jeunes jesuites en formation). Lea
superieurs le consolent en lui assurant que cette
affectation n'est que pour deux ans apres quoi il
pourra rejoindre sa ch~re mission de 11adurai • ' Bourzes
• • 174 • •
ne fait que commencer a pa.rler en tamil et craint que
son nouveau paste ne lui epargne aucun moment libre
pour l'etude de tamil nine procure aucune ambiance
naturelle de l'apprendre puisqu'Ambalacat se trouve au
Kerala, le malayalame se pratiquant dans cette region.
Toutefois il obeit a l'ordre et va a Ambalacat. Mais ,.
les Hollandais, maitres du lieu, ne veulent pas de
16 ' Fran9ais dans leur zone. Done apres huit jours, lee
superieurs le laissent libre d'aller au Madurai. Dans
la premi~re lettre quI il ecri t a la c,omtesse de Soude,
Bourzes decrit en detail comment il est entre dans la
mission de Madurai d~but avril 1710. 17
Bourz~s d~crit lea habits qu'il a mis avant
' d'aller a Camanayacanpatti, pas loin de Tirunelveli:
"Nous portons une espece de soutane de toille
fort honete sur un autre linge que nous ceignons sur lee
16 .... Louis XIV faisait la guerre centre le pays Bas a
cette epoque.
17 J.Vinson a publid cette lettre int,gralement dans sa "Notice sur quelques Je"suites missionnaires" que nous
avons d~j~ citde.
• • 175 • •
~ ' reins a l'Indienne; en voyage, une espece de turban en
tete et sur le turban un voille, a la maison un voile
seullement. La chaussure est ce qu'il .. y a de plus
incommode, c'est comme une soque de recolet, avec cette
difference qu'au lieu de courroyes qui serrent a la
chausse, nos soques n'ont qu'une cheville de bois a grosse
tete. Cette cheville s'insere entre l'orteil et le
second doit du pied et rien d'avantage. Cette chaussure \ ne peut servir quand on va a cheval. Il faut aller
alors les pieds nus sur l'etrier ce qui n'a guerra {sic)
bonne grace. Et c'est ainsi que je suis venu" ••• 18
En chemin il n'a trouve aucune auberge pour
se reposer ni n'a pu rien acheter. Dans see voyages ,
desormais, comme lee autres missionnaires et lea gens
du pays, il portera un peu de riz et une batterie de
cuisine.
Le Jesuite Bernard de Sa le re9oit avec beauooup
d'amitie dans sa residence et l'initie a son travail.
18 Lettre de Bourzes a Mme Soude precitee.
• • 176 • •
En juillet 1710 il prend charge de la m~me
r6sidence de Camanayakanpatti. La famine y regne toujours.
Lea maisons ou cabanes et les eglises de
missionnaires sont couvertes de paille et de chaume que
rongent souvent les fourmis blanches. Quelquefois le
tout est entoure d'un petit jardin. On peut y trouver
des fruitiers. Toutefois, comme les missionnaires sont
presque toujours en voyage, et que d'ailleurs des chases
trop importantes occupent tout leur temps, ils n'ont ni
la volonte ni le loisir de s'amuser au jardinage, note-A ' ~ t-il, dans cette meme lettre a Mme Soude.
"Lee missionnaires se baignent au moine une
fois les quatre jours" dit-il dans la'lettre annuelle
envoy6e a Rome le 14 juillet 1717.
Pour ee rendre acceptable chez lee Indians, lee
missionnaires du Madurai renoncent ~ la viande, ne vivent
que de riz, lait, legumes, et fruits. Ils s'abstiennent
c..o u +"'""" IC.b de vin et de boissons alcooliques et suivent les c-ont'I:HBes
indiennes sociales. 19
1 ~ Voir la lettre annuelle de l'an 1712 ecrite par ' / ' Bourzes au nom du Superieur. Voir aussi sa lettre a
Nme de Soude du 28 janvier 1715.
• • 177 :
La lettre annuelle de 1712 nous apprend aussi
que le missionnaire de Camanayacanpatti doit recevoir
" les nouveaux missionnaires et procurer a toute la mission
ses besoins materiels, les cherchant a la c~te de la
pe-cherie. Il lui est ainsi difficile d'administrer les
sept eglises dependant de sa residence. C'est ici
qu'il re9oit le Jesuite italian C.J.Beschi qui deviendra
si celebre a cause de son immense oeuvre variee et erudite
en tamil, et qui restera son ami intima et admirateur.
Dans cette mission on vit dans la pauvrete et le manque
de nourriture sans se plaindre.
En 1711 Bourz~s baptise 600 personnes mais
' ,.. "' . en 1712 la misere du peuple ayant ote,tout sene de la
religion, il ne peut baptiser que 311 personnes. Et
dans la lettre annuelle de 1713 il ajoute ceci:
"Nous faisons notre devoir qui est d'annoncer
la bonne nouvelle (de Jesus-Christ) ~ toutes lee creatures;
s'ils la rejettent le blame en sera sur eux." Il a
baptise 120 adultes et 240 enfants. 11l·ialgre 1e s persecu
tions de leurs parents et les gens de leur caste, Hindous
de toutes sortes de castes, hautes et basses, se
convertissent au Christianisme. Il y en a qui se donnent
: 178 • •
au Christ, convaincu par la doctrine de sa religion.
Un assez grand nombre embrassent le Christianisme
pour se liberer des vexations du diable ou pour ee
guerir de maladies par la priere et l'interceesion de
, " saints chretiens, note-t-il dans la lettre annuelle
faite le 14 juillet 1717 de Vadugarpatti •
./ ./' ' En decembre 1713 il est mute a Ayyampatti pres
de Tiruchy. Il accompagne le p~re Martin envoye a Rome
pour plaider encore la cause des Jeeuitee. Il informe
Souciet de ce voyage en ces termes:
I ./ , ' 'Je euis venu ici voir nos Reverends peres
fran9ois. Il y avait onze ans que je ne euis entre
dans aucune de nos maisons fran9oisee •••• (Apr~s le
d~part du p.Martin) je reate seul de Fran9ois dans
la mission portugaise" (lettre du 6 oct. 1714).
Ala fin de 1714 Bourzes est nomme Superieur
de la Mission de Madurai. Il choisit Vadugarpatti pour
son ministere pour ~tre au centre et plus accessible ~
tous se$ missionnaires.
Le premier fevrier 1714 Bourzes note dans sa
lettre au P~re E.Souciet qu'il a appris "la langue
Tamulique qui a plus de vogue vers ces quartiers
• • 179 • •
meridionaux." ' Ecrivant a cet ami le 29 octobre 1715,
' Bourzes dit:
"Nous autres missionnaires avons fait entre
nous une langue melee de portugais et de .:Tamul en
sorte que le Portugais predomine mais nous avone fait
portugais quantite de termes tamuls qui expriment mieux".
Il ajoute qu'il a presqu'enti~rement oublie la langue p"Yl' p y o..b
fran9aise, "surtout pour lee termes prope~s des arts".
Dans cette lettre il se plaint du problema
des rites malabares. Il est temps maintenant d'expliquer
cette affaire:
Lee Jesuites ont une formation religieuse et
intellectuelle assez longue et hors du commun. Des
le debut de leur Ordre ils ont ete de grands educateure.
Dans la pr~che de la religion chretienne egalement ile
se sent montres tr~s originaux, ~adaptant a des cultures
variees. En cel3' ile se sent inspire's de 1' example
des premiers disciples de Jesus-Christ connus sous A ~ / le nom d'Apotres. Lee Apotres ont distingue entre
: 180 :
1' essence de 1' enseignement de leur Ha:itre et lee
traits culturels. 20 Ainsi tout ce qui neva pas
centre les prescriptions essentielles, tout ce qui
est culturel et social, n'est pas cant~ le Christianisme
et peut se pratiquer sans changement, ,quand on se
convertit du pa~isme au Christianisme. 21 Ce principe
-----------20 Le Christianisme enseigne comme doctrines essentielles
les articles suivants: Il n'y a qu'un Dieu eternel, omniscient et tout-puissant. C'est un Esprit pur a une Nature mais existant en Trois Personnes: Pere, Fils et
\. Saint-Espirt, le Pere enge.ndrant le Fils et le Saint-Esprit etant 1 1 Amour mutuel proc~dent du P~re vera le Fils et d u Fils vers le P~re. Le ·Fils a cree tout ce qui existe dans la nature et pour sauve~ l'humanite de sa rebellion en faisant ce qui est contre la Loi divine, partant, ce qui est ma~vais et peche4 Il s'est fait homme en la personne de J6sus-christ. Dans sa nature humaine il a vecu comme lee hommes et a enaeign~ aux hommes d'aimer Dieu au-dessus de tout et de n'adorer que Lui, et d'aimer son prochain comme soi-meme et d'eviter tout ce qui est centre cet amour. La mort atroce sur la croix de Jesus a expi' les p6che's de 1 'humani te et 1 1homme peut atteindre Dieu s 1 il croi t en Jesus. Toute cautum.e qui ne va pas contre cette doctrine est acceptable au
christianisme.
21 Toute sorte de polytheisme est connu sous le nom de paganisme dans le christianisme.
: 181 :
se voit dans la mani~re dont on a tranche deux questions
au temps des Ap~tres {premier si~cle ap. J.-c.) en prenant
la decision de ne pas exiger aux nouveaux Chretiens non
juifs {Grecs, Romaine, Africains ••• ) de pratiquer la
circoncision des Juifs et de leur permettre de ·
manger de tout tandis que les premiers Juifs chretiens
suivaient les restrictions de leur communaute en ces
d . 22
oma~nes.
L'~glise catholique a toujours suivi cette ~ .
tradition et bien entendu, des le commencement, il y a
eu des opposants a cette position.
Or, au seizi~me et au dix-septi~me siecles,
les c6l~bres missionnaires i tali ens r;1att eo Ricci { 1552-
22 Voir l 1 interessant reve et le debat des Apbtres rapportes dans les Aetas des Apotres, 10/9-48 et 15/1-20 in R.de Vaux, La Bible de Jerusalem oeuvre
citee, PP• 649-51, {1657-58). Adrien Launay, M.E.P., a fait la meilleure analyse succinote sur cette question, ~ notre avis, voir son 1 Histoire des Missions de l'Inde, Tome 1, Paris, P.Tequi, '1898. pp.
XCIX-CXI.
: ~82 '
1610) et Roberto de Nobili (1577-1656) ant etabli des
missions oti ils ant adopte les habits et les manieres de
vivre d'ascetes indigenes. Ile ant permis a leurs neophy
tes d'observer toutes les pratiques sociales comma avant
leur conversion, en ce qui concerne le vetement, nourriture,
maniere de vivre etc.
Mais, il y avait d'autres missionnaires peu
doues qui ne pouvaient pas distinguer le social du religi
eux et qui croyaient que leurs coutumes europeennes etaient
in-dissociables des doctrines du Christianisme. Ils
poussaient leur ignorance et leur fanatisme au point de
donner leurs nome de famille a leurs convertis- c 1 est
pourquoi neue voyons en Inde des noms,com~e Albuquerque,
Fernando, de la Victoire, Simonel etc, ~~e de nos jours -
tandi.s que les Jesuites adoptaient les noms locaux, leur
donn.ant des significations chretiennes ou traduisaient les
• • l.B' :
noms de saints chratiens dans les langues locales. 23
Les traditionalistes europ~ens apprenaient a leurs
' convertis leur langue, leur maniere de manger et de
s'habiller, Partout ou les portugais s'etaient implan-
tes, c'est ce qui se passait. Bourzes fait allusion
plusieurs fois au mepris des Indiens envers les Europeans.
et les nouveaux chretiens europ6enises, qJils appelai
ent "franquis 1124 • Lea Jesuites avaient beauco~p de
23
24
"Jaganathan" en tamil, par example, designe Vichnou, ma1:tre du monde. Pour lea m.issionnnaires jesuites ce
terme convenait parfaitement a Jesus-Christ, Fils de Dieu, par qui selon leur croyance tout a ete cree.
Le nom de Jean, Apatre bien aime de Jesus, veut dire "gr~ce" en hebreu. Lea Jesuites l'ont tamilis' comme
"Aroul", ou II Aroulappan". De meme "Rayappar" pour Pierre, lren (Rai) en telougou designant pierre.
Vairpar exemple les lettres de Bourzes ~ la comtesse de ioude de 21 sep. 1713, et celle du 28 janvier 1715
de Vadugarpatti: rnot~.:persan designant tout Europeen ~ la suite des croisades, ce mot s'est tamilise en 'parangui.' Ainsi 'parangui malai' pour le mont St. Thomas ~ Hadras, que frequentaient les Europeans pour le culte.
• • 184 • •
problemas a cause de cee colonieateurs et de miesionnai
res peu eclaires. Ceux--ci se plaignaient a Rome et lee
J6euitee ee defendaient et montraient la validite de
leurs m~thodes. Alors ~e pape {1691-1700) a designe un
Fran9ais, le Cardinal Char~es Thomas Maillard de Tournon,
de trancher cette affaire sur le terrain.
Nous n'entrerons pas dans lee details de cette
facheuse atraire. Il existe une litterature abondante sur '
0 .. 25 ce problema dans lee bibli~heq..ues indiennes. Bref, le
Cardin~ a donn$ sa decision contra lee J~suitee sans en-
tendre cee pauvres pionniers ni leurs sympathisante, lee
evequee de My~apore et de Cranganore. Et lea Jesuites
ont fait appal ~ cette d6c1eion et one.·- envoye Laynes et
Martin au Vatican pour plaider cette cause en personne.
Voila ce que Bourzes ecrit sur cette situation:
"L'affaire du Patriarche {de Tournon) ne finit
point et noue rempl!t de scrupules. Rome est toujours ,.. ' ... ,. / prete a ecouter nos ennemis qui de leur cote ne se las-
sent point de noue persecuter. Tout ce1fa joint a n~s travaux ordinaires ne nous latseent guere de tempe vuide •• "26
25 Sur lee rites malabaree on peut consulter par example, l'excellent livre de D.Ferroli, o.c.
26 \ ' I Lettre de Bourzee a Souciet du 29 octobre, 1715.
. • 185 • •
En attendant la r~vision du decret du Cardinal,
lee Jesuites faieaient de leur mieux pour preserver leurs / / / missions tout en obeiesant au decret deplorable qui enjoi-
gnait entre autree que lee miesionnaires visitent lee gens
"hors-caste" dans leurs maisons et lea traitent a egalite
avec lee autree castes. 27 Lea Jesuites maintenai.ent que
quoique cette position soit theologiquement et rationelle-
/ ' ment irrefutable, on ne pouvait abolir un systeme si in~.
juste qu 111 soit, du jour au lendemain, et qu'il fallait
attendre que le Christianisme se repande asse% et trans-
"' forme lea coeurs du peuple et aplanisse les differences.
27 C'est aux gene "hore-caste" que retombaient lea trayaux serviles et bas. Paute de moyene, ils 'taient mal vetus, sales et puaient. On lea tenait a l'ecart
" et ils sont devenus "intouchables au cours du temps; et tous ceux qui avaient commerce ~vee eux etaient
/ ~ ' . / censes eouilles. Dans ce systeme ~1 etait impossible au.x missionnaires de des.servir ouvertement et a ega-
/ "' lite ces miserables gens sans compromettre leur mis-, "" eion. La situation est ~oujoure a ameliorer. Voir
la-deseus L.Sebasti Raj et G.F.Xavier Raj, Caste Culture in the Catholic Church, New Delhi, Indian Social Institute, 1993, et G.F.Xavier Raj, "Caste et theologie de 1a liberation" in Temps de l'Eglise, Mars, 1994, PP• 33-34, Paris, EDIFA.
: 186 :
Or, ils commen9aient ~ desservir les hers-caste la nuit
et continuaient ~ les rassembler dans les eglises avec
les autres castes, leur assignant le transept.
Bourzes souffrait beaucoup de ce decret qui
exigeait qu'on prete serment de garder toutes ses stipula
tions. Il craignait que le decret ne detruise la mission,
et pressentait qu'il ne pourrait continuer son travail de
" missionnaire dans ces conditions - la. Sa bienfaitrice
lui avait fait une fondation de mille livres. Il lui
demande dans sa lettre du 12 janvier 171e pour laquelle
des deux missions, le Madurai ou le Carnate, il devait la
designer, "en sorte que je la puisse laisser si je sortais
de la mission (de Madurai)".
La lettre du 17 septembre 1717 a aouciet nous
revele la depression qu 1il eprouvait a ce·moment-la:
"Souvent que je me trouve accabl~ de confessions
que je me trouve embarrass6 au Sacre tribunal, je VOUB
porte bien envie d'estre soulage d'un si p~nible et nature-
I' " ' llement degoutant ministere".
' I' Bourzes est charge de Vad ugarpatt i jus\_u 1 en
Qecembre 1717. Il dit avoir echappe d'etre emprisonne
par l'administrateur de Srirangam qui esp~rait obtenir un
. • 187
immense butin de cette victime.
• •
Dans la lettre ecrite a Souciet le 31 janvier
1720 de Madurai, il 'crit: "Je donne main levee ~ Votre
R'verence pour laisser imprimer ce qu'elle jugera a propos
de ce que j'ay ecrit ou de ce que je pourray ecrire dans
/ ' / " la suite ••• Ayez la bonte de veiller un peu a mes interets.
Deux ans de famine 'que no us avons eu m' ont red u1 t a une
grande pauvrete at quoyque cette annee par la misericorde
de Dieu l'annee soit meilleure, je suis charge de tant de
catechistes que ce sera bien tout ce que pourray faire que
de les entretenir."
' Nous apprenons de la mort de sa mere dans la
lettre a Souciet du 10 janvier 1721 ou il lui demande de
prier pour cette sainte et chere personne aussi bien pour
Mme de Soude, morte en 1719. Sa m~re "etait chargee fort
longtemps d'une nombreuse famille, et n•a manque ni de peine
ni de souffrances."
It reqoit un paquet de "lunetes a lire" de
Souciet. Tout en l'en remerciant, i~ lui demande enco~e
trois on quatre douzaines, 11 car on ne manque pas ici de
mauvaises lunetes de Chine." (10 jan.1721).
: 188 :
En 1721 il est assign~~ la r6gion de Celloupatti.
Accable de travail et de persecution, en proie ~ ses ecru
pules, il est decourag6, et dass sa lettre du 10 janvier
~ ' 1721, il avoue a Souciet que "ce travail commence a me
lasser: (les Ohr~tiens et les autres) ont mille raisons
d' assommer ainsy un pauvre homme qui se tue a travailler
jour et nuit et qui n'en peut plus. Quelle d~votion peut
on avoir au milieu de tout cela? Le recueillement de
Ste. Catherine de Sienne, la douceur de St. Fran9ois de
' . Sales suffiraient a pe~ne pour ne pas perdre patience.
Dites-le bien aux pretendans de ces missions, afin qu'ils
fassent bonne provision ••• il faut pour cette mission une \
patience h~rolque, une douceur inalterable, un fonds
d'interieur et de recueillement in~puisable, un sans-froid
... ' ; a 1 epreuve. Comme je m'en trouve fort ~loigne, je soupire
quelquefois et m~me souvent apres une vie plus tranquille.
Je ne scays si ce n'est point une tentation, une illusion,
e t 't t d v un pre ex e e paresse. Vous en jugerez. Hais comment
abandonner ce tDoupeau, n'y ayant personne qui puisse
prendre rna place?".
Les sup~rieurs ont dQ remarquer l'epuisement
du pauvre missionnaire. On lui donne une nouvelle tache:
: 189 • •
il preparera le proces pour la canonisation du martyr
j6suite portugais Jean de Britto, 28 et r6sidera pour
cela chez 1' 6veque de Iwlylapore (Hadras). ' Bourzes reste
28 L'Eglise catholique declare apr~s un examen soigneux et tr~s pousse, qu'un Chretien mort naturellement ou paitdlartyre a mene une vie ex~plA.ire S\l! la terre et qu'il jouit de la beatitude celeste avec Dieu et invite les Chr~tiens a suivre ees examples. Cette declaration, en termes simples,Jappelle la canonieation. L'~v~que initie le proces de la canonieation et passe le dossier a Rome et le pape proclame la saintete de la personne concernee sur l'avis d'un groupe d'experts. Voir Michel Dubost, Theo, oeuvre cite'e, pp. 28 & 32.
Jean de Britto est ne a Lisbon~e en 1647.
Compagnon du Roi de1ortugal dane son enfance, Britto renonce a sa nobilit6 et devient J6suite. Il vient servir dans la mission de Madurai. Contemporain et ami de F.Martim, fondateur de Pondichery, Britto convertit un roitelet qui renvoie toutes lee femmes sauf la premiere puisque le Christianisme ne permet pas la polygamie. Une de see femmes ainsi renvoyee
' chez elle, e'en plaint aupres de son oncle, roi de Ramnad. Ce chef appele Kilavan Sethupa thi ne peut-- pas
forcer le missionnaire a faire reprendre sa niece ~ son disciple, et il fait couper la tete a Britto a Oriyur le 4 fevrier 1693. Le sable du terrain s'est change en rouge et le reste meme aujourd bui. Voir
A.Sauliere, S.J., Red Sand, Hadurai, De Nobili press,1947. Bourzes est est charge de preparer le proces de la canonisation de ce venerable J~suite.
: 190 :
a Madras en 1721, fait un travail m6ticuleux mais le
problema du serment qu'on lui aurait exig~ promettant
de suivre les prescriptions du Cardinal de Tournon, l'a
rebute:al'exc~s. Il ~crit 1 son provincial~"En ce qui
concerne le serment, j'ai decide de ne le prater jamais,
parce que je crois que cela nuira a mon ame, causera
d'infinis scrupules en moi et m'exposera au danger de
parjurer, auquel nul droit ~umain n'a le pouvoir de me
contraindre. Mais alors, on doit quitter la mission.
Eh bien, je la quitterai. Apres tout, ce n'est pas le
pire qui puisse me survenir·! Si nous consid,rons lee
conforts corporals, y a-t-il rien de plus inconfortable . ; A
que de vivre dans la mission du Madure? Un jeune cons-
tant, la plus rigide des abstinences, la fatigue de
voyages continuels, le labeur d'entendre lee confessions,
les dangers de toutes parts, craintes, insultes et /' vexations, meme la prison quelquefois et le reste •••
Est-ce que ce sont des choses agreables a la nature? •••
Meme si (lea missionaires jesuites restent dans la Mission)
ne s' ecoulera-t-elle pas si on nous enjoint de garder ce
: 191 :
qu'ordonne le patrirche d'Antioche (de Tournon)."29
Alors le provincial appelle Bourzes d'etre
son compagnon (conseiller) et le nomme Recteur du college
d'Ambalacat o~ le decret n'est pas en vigueur. Malheu
resement lea Rollandais ne VOQlant pas de Fran9ais dans
leur territoire, Bourz~s renonce a ce poste presque
immediatement et accepte le rectorat de Hanapad, au sud
de Tuticorin ou egalement le decret n'est pas impose.
La il jouit d'une bonne sant~ et informe Souciet (lettre
du 29 sep. 1724) qu'il est "toujours dans le meme employ
de Compagnon du P. Provincial de cette Province de
Malabar, charge en meme temps ••• d'une paroisse de
campagne"
Le Ge'neral de la Compagnie de Jesus le nomme
Superieur general de la 11is sion de Carnate ~ ce moment
mais il n'acoepte pas ce poste. Dans une lettre non
datee, re9ue per Souciet ~Paris le 13 nov 1726 Bourz~s
en parle:
29 D.Ferroli cite cette lettre dans son oeuvre citee, The Jesuits in Malabar, Vol. 2, pp. 450-451.
• • 192 • •
•••• "des raisons particuli~res ne me per.mett
ent pas d'accepter cet employ; 30 malgre l'inclination
naturelle que j'aurois d'aller vivre et mourir parmy nos
peres fran9ois. La sainte volonte de Dieu soit faite,
qui ne me permet pas cette consolation. On me meaace
dans cette province portugaise de semblables employs
que je tacherai d'~loigner autant qu'il me sera possible,
a cause de 1' extr~me repugnance que j 'y ay. tl
Ayant servi la region de Manapad six ana, 11
est post~ successivement a Rajacalmangalam (1729), ~
Colechal (1730),aCariapatanam (1731-32), a Anjego (1733), ,..
tous des centres sur la cote du Travancore, et enfin,
de nouveau a Manapad ( 1734-35), sur ,la cote de la ~ . 31 pecherl.e.
30
31
Nous croyons que le plus grand obstacle pour lui aurait 6t~ le serment de Tournon, auquel comma superieur de la Mission a Pondichery, 11 n'aurait pas pu echapper. D'ailleurs la Mission du Carnate exigeait
~ \ qu'on apprenne le telougou et Bourzes se serait s~nti incapable de le faire a son age.
' Voir la notice biographique sur Bourzes dans l'Appen-dix ad catalog. Miss. Itladurensis pro Anne 1912, Tiruchy, St. Joseph's Industrial School Press, 1911, P• 25. ee catalogue contient des resseignements sur des Missionnairas sur la cote de pecherie ent~e 1604 et 1773.
• • 19:5 • •
La lettre qu'il envoie a son frere d'Anjengo
le 9 nov. 1733 nous fournit une description de sa vie
dans ces cotes:
Son eglise est couverte de feuilles de palmier
comme toutes les ~ises jesuites dans lea missions en
Inde de cette epoque. Il voyage d'un village a l'autre
pour lea d esservir. "Chaque village me donne deux ou
trois enfants pour ramer et me conduire d'une eglise ~
l'autre, avec tout mon bagage qui est plu3 grand que vous
ne pensez, car il faut pprter tout ce que je veux trouver
au terme, excepte la table, la ~~aise et le chalit ainsi
il faut porter mes ornaments pour la Ste Mease, mes livres,
le lit, la batterie de cuisine. Tout cela tient en trois
paniers ••• Ces eglises sont extremement pauvres et n'ont
pas chacune de quoi faire un appareil d •autel ••• "
Repondant a la question de son frere de savoir
s'il est riche il dit: "Oui, parce que je ne manque ni
de logement, ni de vetement, ni de nourriture, et que par
la grace de Dieu je ne desire pA.s d • a vantage." La Province
donne A chaque missionnaire un peu d'argent pour sa sub-
sistence. Dans cette lettre il explique aussi comment
il emploie son temps: ~Apres avoir satisfait 1 ce que
: 194 • •
je dois aux Chr~tiens, je lis, j'ecris et je prie Dieu,
ainsi je ne m'ennuye jamais, et je n'ai jamais du temps
de reate." Et il fait allusion aux dictionnaires qu'il
a composes.
Bourzes semble avoir eu la premonition de sa
mort. Epuise de labeur, 11 s'attendait a mourir a tout
moment, surtout puisqu'il avait vu plusieurs de see com-
' l'age de 28 et 33 etc! 32 pagnons mourir a ans
Des le 29 juin 1727 il ecrit a Souciet "Le
Seigneur (J~sus-Christ) nous donne sa sainte paix et nous
fasse la grace de nous revoir dans le ciel." De nou-
' veau le 9 sept. 1732 11 parle a Souciet de la mort "ce
dernier passage" a Dieu. Mais c'est dans sa derniere
lettre precitee, ~crite a son frere d'Anjengo qu'il parle
explicitement de sa mort: "Me voila vieux et je ne sais
si cette lettre ne sera pas la derniere... Comme la nou-
velle de ma mort ne vous viendra que longtemps apres mon
trepas, des a present, supposant que ma derniere heure
32 Cf. La lettre annuelle de l'an 1717.
• • 195 :
est venue, priex le Seigneur qu 1il m'accorde la grace
des graces qui est une bonne mort. Je vous embrasse
mille fois •••• "
Le Pere Gargam, j~suite fran9ais de la mission
du Carnate, a rapporte la mort de Bourzes, apprenant lee
d~tails de la part du Pare Le Gac: "Leier vendredi de
caresme33 il dit la sainte messe et il s'estoit confesse
auparavant. Il dina a son ordinaire. Sur lee quatre
heures du soir, il lui pr.it un eb1ouissement et 11 fit
entendre qu 1 il sentait un grand mal a l'estomac; on le
porta sur son lit. Depuis ce moment il perdit toute
connoissance. Il deumeura dans cet estat trente heures
apres quoy il expira. tl 34 c• etait le 25 fevrier 1735 a Ivlanapad. On lte. enter.e,J.e lendemain.
1 e n+erot.Q..
33
34
On ~pelle car~me aujourd'hui. C'est la periode de quarante jours de p~nitence et de jeUne precedent
' ~ , / / le Vendredi Saint ou Jesus .-a ete crucifie. Ici on parle du seul repas qu'on pouvait prendre pendant
le jour.
Voir J.Vinson, oeuvre citee, p. 122.
: 196 :
2. Bourzes l'homme:
Bourzes etait un saint homme. un missionnaire
aympathique admire de tous sea compagnons, comme le men
trent les temoignages de sea comissionnaires. Il etait
robuoto et de tree bonne sant~, comme lui-meme ecrivait
h sea correspondants en France. Il maintenait des rela
tions amicales avec les autorites de son ~poque autant
que cela dependait de lui. Il avait beaucoup d'admira
tion pour lea indig~nes qu'il louait plusieurs fois dans
sa correspondance.35 / ~ / Il a note "la bonte innee de cette
nation surtout envers lea etrangers, " dans sa lettre
annuelle au General du 25 juillet 1714.
c•etait un homme de lettres. " / Il a ete profe-
sseur d'humanit6s et de rh6torique en France avant de
venir en Inde. Il regrettait vivement le man~ue de
nouvelles lit teraires de France. (let tre d u 17 sept. 171 7
a Souciet). A cause de ses talents litt6raires les
superieurs lui ont demand~ d'ecrire les lettres annuelles
35 Voir par exe~ple,
du 9 nov. 1733.
" sa lettre du 28 aout 1710 et celle
: ~97 :
de 1711 a 1717, ~ savoir sept ans de suite! L.Besse
remarque que Bourzes etait l'un des missionnaires les
plus cultives qu'ait eus la province de r-talabar et qJil
a ecrit des lettres sur divers sujets. 36 A la demande
du Pere Souciet il a ecrit aussi un petit "Essay de me
moires sur les Chretiens de St.Thomas aux Indes"37 •
Ses correspondents ~taient des gens curieux
et lui posaient beaucoup de questions sur des sujets
varies. ' / Bourzes leur a fait des reponses claires et
recherchees. Par example, il decrit les 6tincelles qui
paraissent durant la nuit sur la mer et des iris de la
mer qu'il a vue lora de ses voyages entre 1'Europe et
1' Inde.38 Sa description de la situation po1itique du
36
37
38
Voir L.Besse La Mission du Madura, Historigue des Pangous, Trichinopoly, Imprimerie de la mission Catholique, 1914, p. 580
Cf. C.Sommervogel, Bibliotheque de la Compagaie de Jesus, Paris A. Picard, 1891, Tome II, p. 44.
Voi1 la 1ettre de Bourzes a Souciet de Goa, 1707, Ivi.L. Aime-Martin 1' a pub1ie dans sea Lettres edifiantes et curieuses, Tome II, Paris, Societe du PantheonLitteraire, 1743, PP• 440-449.
• • ~98 • •
pays est l'une des plus vivantes. Apres avoir note que
le gouvernement du royaume de Madurai etait en desordre,
que le roi ne gouvernait pas, qu'il soup9onnait tout,
qu'il y avait meurtres, pillage et insecurite partout,
il 6crit:
11 Si l~"on ajoute a tout cela le fardeau lourd
impose sur le peuple par un haut cout de vie et un impot
en perpetuelle augmentation, vous comprendrez que ce
royaume d u !.fad ur6 n' est aucunement plus heureux que 1'
Europe, ~auf qu'ici l'effusion de sang se fait sur une
echelle plus moderee"39.
Quant a la police, "ces gardes sont plus vole
urs que les voleurs eux-m~mes 1140 •
39 ' Lettre annuelle de 1712 de Camanayakanpatti a Rome, Bourzes fait allusion a la triste situation de guerre
' / ' en Europe a cette epoque-la.
40 Ibidem.
: l.99 • •
Nous lisons dans la lettre annuelle de 1716
que "les Seigneurs du pays se font la guerre les una
contre lea autres de sorte que beaucoup de famil.les se
trouvent reduite a l'indigence et un bon nombre de vil.l
ages sont d~sert¢s; il y a des meurtree, les routes ne
sont plus sures. Tout oela empeche l'exercice de notre
minist ere".
~~on trouve dans la lettre qu' 11 a ecri t e en 1713
a l~:-ne de Soude des informations interessantee sur lee
diverses professions, la flora et la fauna du sud 4e
l'Inde, de la nourriture du pays, la condition des hommes . / ' et dee femmes de son epoque, la maniere de rendre justice
etc. Il donne la description des noms de parente chez
les Tamils et fait remarquer les ressemblances entre lea
moeurs juivee et lee coutumes des Dravidians dans ce
domaine. 41
Sa lettre du ler fev. 1714 decrit les mesuree
et les poids tamils et la lettre annuelle de 1715 explique
41 Ici comme ailleurs, ses explications sont exactes, temoignant des soins qu 1 il a pris pour reunir sea inform at ions.
: 200 :
la poetique tamile, tout en louant les talents peetiques
du missionnaire C.J.Beschi. 42 La lettre du 23 mars 1719
donne une description fid~le des Vedas et de la notion
de Pouranas. Sa presentation de 1 1 astronomie indienne
dans cette meme lettr~ est brillante. Dans une autre
lettre {1730) a Souciet, 11 indique le manque d'instru-/ ...
menta en Inde pour observer et mesurer les phenomenes
astronomiques.
' C'est un des premiers a remarquer les ressem-
blances entre le latin et le sanscrit en ce qui concerne
42 En parlant de poids et mesures, Bourzes note qu'il n'y a pasde .talon et qu'on utilise une mesure pQur
J< " acheter et une autre pour vendre dans le meme menage I
En ce qui concerne Beschi, le temoignage de Bourzes doit suffire pour refuter M.Arunachalam qui affirme qui c'est Soupradipa Cavirayar qui a compose l'epique Tembavani et les autres poemes en reconnaissance des services de BPschi dans sa vieillesse et que Beschi se les serait attribu,s. Voir 1a these inedite du Pere V.I-t.Gnanapragasam, Contribution of Fr. Beschi qui degage des metaphores et allusions eropruntees aJ:tx classiques europeans incom:.us de Soupradipa c~~ayer, pour refuter Arunachalam.
• • 201 • •
les nombres entre autres. Il n' affirme rien mais se
demc_""Jnde "D' ou celfa est-11 venu?"43
La lettre du 29 sept. 1724 pr~sente l'asceti-
sme indien. ' A ; Ic:i, lea· informa tew:·s de Bourzes ont mele
les niyamams et lea iyamams deux des huit formes
d' ascetisme indien, et Bourzes·. lea rapporte fidelement,
et liste les parties d'Iyamam aussi sous niyamam. Il
y parle egalement des huit attribute de Chiva notant ' .
comme ils sont tres proches de ceux qu'attribuent lea
Chretiens a leur Sainte Trinit~ et s'etonne qu'on puisse
melanger des id~es si elevees avec des imaginations si
43 Il avait note les ·correspondances entre les systemes europeans et indiens en ce qui concerne lee signee du zodiaque, les noms des sept jours de la aemaine et les noms de sept planetes auxquels, il dit que les Indiens ont ajoute deux dragons. "Mais ce qui
/ m'etonne le plus est le raport que je trouye entre les noms numeriques du samscredam avec la langue
latine ••• " ( lettre a Souci et d u 23 mars 1719).
: 202 :
perverses des Pouranas.44
Quand nous analysons le trentatine de see
lettres existontes, noue trouvons que c'est un esprit
methodique et un intellectual honnete:
Par example~ en listant la faune du pays, 11
di t "des lievres oy lapins, car j e ne les ai pas vus
d'assez pres pour en faire le discernement.n45
En decrivant lea Vedas au Pere Souciet (lettre
du 23 mars 1719) Bourzes dit que "lee Brames en font un
44
45
Sur lea Ashtayogae (huit formes d 1 as~~tisme indian), Voir, I.I~1.Gopalakrishnakone, Madurai Tamil Peragaradi, Madurai, Gopalakrishnakone & Co., 1937, Vol 1, p. 210
& Vol. 2 p. 41.Aussi, Singaravelu Mudaliyar, Abithana Chintamani, oeuvre citee, p. 1361. Pourtant, dans son Dictionnaire tamu1-francois, Bourzea distingue entre l'Iyamam et le Niyamam et definit l'Ashtangam. Il a du mieux s' informer ia-dessus plus tard.
Voir sa lettre a rifine de Soude en 1713, publiee par J.Vinson, o.c.
: 203 • •
grand mystere.n Il a appris d'un Brame que lea Vedams
ont ete ecrits par un penitent du nom de VIasen. Mais
c'est des ecrits du Pere R. de Nobili qu'il puise surtout
"le peu qu' il a a dire du Vedam." Il a consulte egalement
"le Nigandou ou Dictionnaire poetique composes par lee
Gentils."46 Dans cette meme lettre il ecrit: ttQue
diray-je de ce qui eet contenu dans ces livres en ayant
si peu de connoissance? Je m'en rapporte a ce que le
R.P.Bouchet en a ecrit dans sa lettre a~ P.Balhy suppo-
sant qu'il a eu des connoissances que je n'ay pas. Je
diray seulement qu m'estant informe par tierce personne
d·e ces livres voicy ce qu'on m'en a rapporte" •••
Bourzes semble avoir con9u,deux projets auxquels
il a renonc6 par la suite. Il pensait que la religion
indienne etait une mati~re peu connue de l'ouest. Il
ecrit a la comtesse de Soude le 21 sept. 1713:
"Pour vous satis:faire sur les diverses ques
tions que vous me :faites, je repondrai par ordre a. tous
46 "Gentil", "paien" sont des termes qu'employaient lee missionnaires pour designer tout idol~tre ou polytheiste.
: 204 • •
les articles de votre lettre, mais je ne repondrai qu'en
peu de mots. Il me faudrait faire un volume entier si
j'entreprenois d'expliquer en d~tail tout ce qui concerne
la religion et lea usages de Hadure'. Peut-~tre pourrai
je un jour contenter une curiosit6 si lo·uable, at c' est
a quoi je pretends consacrer mes premiers moments de
loisir."
Dans la lettre du 29 oct. 1715 nous lisons
qu'il lui "est encore venu dans l'esprit d'executer aux
"' Indes le dessein que le Roy a propose en France de decrire
les arts" ••• Avouant qu'il a presque oublie sa langue
maternelle surtout en ce qui concerne les termes techniques,
Bourzes note qu'il aurait besoin d'un dictionnaire de
Furetiere pour r~aliser son dessein.
"' , Pourtant, le prudent missionnaire devoue qu'il
etait, il a abandonn' ces deux projets et a choisi de / satisfaire au plus urgent besoin et ainsi a consacre tous
ses moments de loisir ~ l'utile t~che de composer des ~ dictionnaires bilingues. Humble d'esprit comme son Maitre
J~sus-Christ, il ne s'en est pas vante du tout. Il n'en
fait mention que d'une maniere tres prosalque d 1 abord a son ami intime et correspondant regulier, le Pere E,Souciet
(lettre du 1730) puis h son fr~re dans sa derni~re lettre
du 9 nov. 1733, comme nous l'avons deja dit, voire, 11
: 205 • •
~ ' en emet une opinion tree modeste:
"Je suis bien oblige a votre R6verence, dit-
il a Souciet, de la trop bonne idee qu'elle s'est formee
de mon ouvrage. Il est encore fort imparf'ait et nulle
ment en est at d' estre decri t." ( 9/9/1732).
De meme dans la lettre du 9 novembre 1733 a son frere il qualifie sea dictionnaires comma "tous ouv-
rages imparfaits".
Nous allons voir maintenant si c.!~haient vraiment
des oeuvres imparfaites.
' Bourzes le lexicographe: \
Dans cette section nous traiterons d'abord
bri~vement de la connaissance de tamil de Bourzes, puis
essayerons de fixer son oeuvre et ensuite analyserons
lea ouvrages disponibles.
' ,.. / Bourzes avait maitrise le latin comma il
avait fait toutes sea etudes secondaires et superieur~~
en latin et avait ete lui-m~me professeur de latin d'abord
et v~hiculait ses cours dans cette langue ensuite pendant ~ /. six ans. Il a du apprendre le gree et l'hebreu pour
: 206 • •
ses ~tude$ th~ologique.i et bibliques. Il savait nature
llement sa langue maternelle qui vivait son ~ge d'or
sous Louis XIV, son contemporain. Il avait appris le
portugais par necessi te, ayant choisi la mission du Madurai
qui appartenait ' alors a la province portugaise des
Josuites. Etant prudent et judicieux,il n'a pas perdu
son temps a apprendre le sanscrit ni d'autres langues
indiennes mais a consacre tout son talent et son laisir
a apprendre le tamil: " •••• toute mon application est
pour le tamul" ecrit-il a Souciet le 9 nov. 1733.
Bourzes indique quatre raisons pour son d6sin
t~r~t pour le sanscrit, dans sa lettre a Souciet du 23
septembre 1719:
"C'est en cette langue (de sanscrit) que sont
ecrits la plupart des livres S9avans. Cella estant ainsi
vous vous etonnerez peut-estre que les missionnaires ne
a'y appliquent pas davantage. A quoy on peut repondre:
1° que nous semmes si accables d u travail, surt.out des
confessions et des malades que nous n•avons guere le
temps de nous appliquer a cette etude. 0 .... -2 Qu'a l'age
ou nous entrons communement dans la mission, nous n•avone
pas peu de peine a apprendre le Tamul qui nous est.absolu-
• • 207 • •
ment necessaire. 3° que le Grandam est tres difficile
et que nous avons peu de secours pour l' apprendre.
4° que l'utilite n'en seroit pas grande, ayant afaire
~ une n~tion qui ne se reduit guere par la voye de dis-
pute ••• "
/ . .... Dans la lettre qu'il ecr~t de Hanapad a Souciet
le 28 sept. 1727, Bourzes dit! "La langue tamulique •••
est l'unique que j'aye appris."
"Parlez-vous tamul aussi ais6ment que vous
parliez fr~m9ois?" Lui avai t demands son frere dans sa
lettre. Bourzes lui repond le 9 nov. 1733 d'Anjengo disant,
"Oui, a ps« pres (comme) je parlais (franpais) autrefois,
non, d'ailleurs, c'est suivant les mntieres. En matierfes
' de chases Spirituelles, dont nous avons plus a parler,
je fais une exhortation a peu pres avec la m~me facilite
et aussi correctement que je le faisais en latin apres
cinq ans de regence, (periode d'entra1nement avant 1'
ordination . che~\les Jesuit ee) : pas d 1 avant age, et moins
que cela dans les affaires profanes, dont nous avons
mains besoin de parler."
Bourzes a remarque l'independance du tamil
vis-a-vis du sanscrit et il le note dans sa lettre du
: 208 :
23 mars 171 9: "Le 'Tamul a emprunte ( d u sanscri t)
' plusieurs termes dont les poetes affectent cependant
se passer".
Bourzes a du se donner beaucoup de peine pour
" maitriser le tamil puisqu'il remarque le 12 janvier 1721
dans sa lettre a Souciet: "La langue ( tamile) n I est
pas moins rebutante que l'hebreu 11•
Bourz~s a vecu 27 ans dans la region ou se
parle tamil. Il a habite a Madras {Mylapore), est pass~
a Vellore, 4? est rest 6 dans la r~gion de Tiruchy, a
desservi le Madurai, eta r6side 13 ans sur lea c~tes
du sud. Comme sup6rieur de la Hission, il a parcouru
47 Le premier ministre du Royaume de Tanjavour avait arrete et emprisonne le Pere I1achado pendant deux ans esperant obtonir un immense butin de sa victime. Les superieura n'ont voulu rien payer de peur que ce ne soit un mauvais precedent. Bourzes a beaucoup negocie la-dessus. Il est alle obtenir la recommendation du docteur de Saint-Hilaire, medecin du Nabab
" ~ • I " de Vellore. Ce medean fran9a1s a reussi a faire
liberer le missionnaire avec l'aide de ses amis ..J., ' ... musulmans. Voir les le1111es annuelle de Bourzes a
Rome 1 71 4 -1 71 7 •
: 209 :
presque:toute 1 1 etendue du Tamilnadu actuel. A part
Beschi aucun autre mis sionnaire du Hadurai de son epoque
n•6tait aussi doue pour lee langues ni autant expose
a la culture des Tamils. Il s'associait avec toutes lee
classes du peuple Y inclus des 'Brames•. Il observait,
se renseignait, consultait, lisait, bref, se documentait
meticuleueement pour realiser see dictionnaires. Pendant
son professorat a Paris, il avai t manie le·s meilleurs
ouvrages lexicographiques de son temps et des confreres
etaient eux-memes de celebres dictionn~istee.48' Nous
48 Voir G.Matore, Histoire des di~tipnRaires fran9ais,
oeuvre citee, pp. 66-87; 6.Sommervogel, SJ., Dictionn-\
aires des oeuvres anonymas et pseudonyme~···• Paris, Librairie de la Societe bibliographique, 1884.
Lee Jesuites z.Ionet, Pomey et Bouhours etaient de celebres lexicographes du rviie siecle. Bourzee a du connaitre le pere Bouhaurs (1628-1702), "un Jes oracles de 1' Academi e" ( G.Matore) • Pierre Riche let avait puulie son dictionnaire en 16.SO, l'ouvrage de Furetiere etait sorti en 1690 a Rotterdam et ~elui de l'Acad€mie franpaiee a ~te re9u par le roi en 1694. En
/ --~
profes~eur d'hwnanites et de grammaire, grand littera-teur lui-~eme, Bourzes a d~ les connaitre et lee utiliser. Le diction~eire des Jesuites de Trevoux etait celebre au
XVIIIe sieclc:o. Paru en 1704 en 3 volumes, ce dictionnaire a vu six editions avant 1773, date de la suppression de la
Compagnie de Jesus par le Pape. Heme en 1842 on a pu 1' appeler "le plus inportant 'difice qu'ait 61eve la lexicog
ra.phie fran<;aise". VoiP G.I\1ator~, o.c., PP• 94-95.
• . 210 . .
pouvons affirmer alors qu 1 il etait eminemment qualifie
a faire les dictionnaires bilingues tamils.
' Maintenant nous devons nous adresser a la
problematique de son oeuvre lexicographique:
i. Quels sont les dictionnaires qu'il a composes?
ii. Comment a-t-il eu l'idee de les faire?
iii. Pourquoi ne lea a-t-on pas imprimes?
iv. Peut-on fixer la date de leur creation?
v. Ou se trouvent .. ses ouvrages, si disponibles?
vi. Quelle en est la valeur?
1 } ' L'oeuvre de Bourzes
Or il semblerait un peu malaise de se retrouver /
dans les donnees concernant ' l'oeuvre de Bourzes: Cet
auteur lui-meme affirme e~voir fait trois (Voir sa lettre
de 1730 1 Souciet precitee). Beschi et Coeurdoux ne parlent
que d'un ouvrage de Bourzes (Voir ci-dessus). J.Vinson,
lui aussi, tout en citant la lettre de Bo'Urz~s precitee,
oh il mentionne ses trois dictionnaires, ecrit: " ••• il
parle ainsi de son dictionnaire" Et nous avons ;' trouve
t . \
ur. gua r~eme sous son no:a1 dans la Bibliotheque Nationale
ue France, le Dictionnaire tamul-fran9ois ' dont Bourzes
ne parle nulle part dans ses lettres existantes! Comment
• • 211 • •
/ resoudre cet embrouillement?
Commen9ons par ce que dit Bourzes lui-meme:
Il affirme avoir ecrit
1. un dictionnaire fran9ois-tamul
ii. un dictionnaire latin-tamul pour lui-meme
iii. un dictionnaire tamul-latin
Sachant l•honnetete et l'humilite de Bourzes,
nous pouvons nous fier a sea dires.
En missionnaire fran9ais au Carnate, Coeurdoux
qui n'est arrive en Inde qu'en 1732 a du utiliser l'Essay
du dictionnaire fran¥ois-tamil de Bourzes. Il n'aurait
pas vu le tamil-latin de Bourzes puisque celui-ci a da
arriver a Pondichery en 1734 et y aUrait eta reate comma
oeuvre de reference. Coeurdoux ecri t de Dharmavaram.
(lettre du 9 nov. 1733 a Souciet). Done il ne parle
que de l'Essay du dictionnaire fran9ois-tamil de Bourz~s.
Bourzes dans cette meme lettre pr,citee dit
vouloir laisser un examplaire de son dictioDnaire tamul
latin a la Province de mala.bar. fiJ:eme sil n'avait PB:B
complete de recopier sur son original la copie en question,
a sa mort, la Compagnie aurait herite de tous sea biens.
Ainsi, le Dictionnaire tamul-latin a du passer dans lea
• • 212 • •
mains de Beschi, sp~cialiste reconnu en tamil. Beschi
a fait un dictionnaire tamul-latin en 1744 dans la pr~face
duquel il fait allusion a ce grand ouvrage de Bourzes.
' " Done nous pouvons dire a coup sur qu'il s'agit du trois-
ieme dictionnaire de notre liste ci-dessus.
Puisque le deuxieme dictionnaire, le latin
tamul e~ait destin~ a l'usage personnel de l'auteur, et
qu'ii detait pas probablement aussi bon que lea deux
autres, personne n'en parle.
Que dire alors du dictionnaire tamul-fran9oie
au'on a liste sous son nom a la BNF et dont lui meme n'a
rien ecrit jusqu'au 9 nov. 1733, date de sa derniere lettre
existante?
La eeule explication que nous puissions en
trouver est que la modestie de notre lexicographe lui
aurait fait taire cette r~alisation. ,..
Il a du penser
qu'il en avait deja trop dit. En fait il termine le
paragraphe de sa lettre o~ il avait parle de see deux
(grands} dictionnaires ~ son frere, en d{sant: "Je ne
m' etends pas davantage sur cet article pour ne point
redire ce que je crois vous avoir dit l'an pass6."
Hnlheureusement cette lettre de 1' an precedent a Bourzee
• • 213 :
d t • e"te" / ~ D ca e n a pas preservee. one nous ne savona pas
ce qu'y avait ecrit Bourzes. 49
Nous ne doutons pas du tout de la parente de
ce d.ictionnaire tamul-fran9ois a la signature de Bourzes
puisque ce qu'il dit "des dictionnaires poetiques du
pais composes par lee Gentils" 50 dans sa lettre a Souciet, correspond a ce qu'en dit la pr~face au diction-
naire en question:
49
50
/.... ' ... Bourzes a envoye a Souciet la lettre a son f~e egalenent, le priant de la passer a son cad~t. Puisque c'cet la seule lettre eorite a eon frere qu'on ait preeervee, il y a lieu de croire que Bourzee le cadet aurait ete mort avant le 11 Janvier 1734, date de la reception de la lettre envoyee le 23 dec. 1732. Et Souciet aurait garde la lettre sans l'envoyer nulle part.
' ' Bourzes utilise cette expression dans sa lettre a Souoiet du 23 mare 1719.
• • 214 • •
Lettre a Souoiet du 9 sept 1732 Pr~faoe du tamul-fran.
(Il parle de l'astronomi8 (On indiqua lee so~oes de
indienne) "Je trouve dans
lee Diotionnairee Diyagaram
qui est le plus ancien de
tous, oes termes,autant que
je puis l'entendre. Le eoleil
a trois routes ou chemins,
Aries, Taurus, Gemini. Le
Nigandou qui est le diotionnai
re qui a plus de vogue~ dit le
meme et l'un et l'autre n'en
disent pas davantage. Le
Pingalgm qui a beauooup moine
d'autorite, dit yia triplex qua
eol. luna et s1miliA51 •••
--------
l'oeuvre)
"On trouve dane oe diction-
naira la pluspart des termes
oontenus dans lee cinq die-
tionnaires qui sont le ~~-:uiT/h(f~P
( Divagaram) qui est le plus .
ancien de tous, 28 le .-,"~~(!;
(Nigandu) qui est le~plus
(uric col) qui est le.:<; plus
court, 48 le ~~~N~(Pin
galam) .qui est le plus
etendu 5e a .N.1"~(Agaradi) qui est le moine exact"
51 Peut~tre qu'a son insu Bourzes gliese dans le latin: l'expression veut dire : trois voies, c•-a-dire, soleil, lune et de similai~es.
• • 215 • •
Si l'on peut accepter que ces deux ecrite
proviennent de la meme plume, on peut conceder egale-
" ment que 1' attribution de la parent' de cet ouvrage a
' Bourzes est juste.
D'ailleurs, une remarque du prefacier a la fin
de sa note liminaire nous confirme dans notre position:
·~ Quelque long que soit cet ouvrage, ce n'est
cependant qu'un abrege d'un autre plus long ou je marquo
is lea synonimes et certaines /numerations, qu'on trouve
dans lea dictionnaires du pays. Comma le R.P. Besqui lea
rapporte dans son dictionnaire poetique, je renvoye
souvent ace dictionnaire et s'il arrive que ce que je
rapport en ne s'accorde pas avec ce que dit ce R.P., je
consene volontiere qu'on s 1 en raporte plutot a lui qu'a
moy." (Voir IND 213, p.vii)
Le long dictionnaire est le tamil-latin de
Bourzes. Lz.
Au reate ~ post scriptum ajoute ~ la fin du
Dictionnaire tamul-franfois dans la copie de Manchester
recoupe tout cela:
"Comma ce.t ouvrage est posterieur au Diction
naira fran,~is que j'ay fait, je souLaite que celui-la
• • 216 • •
"' soit oo.rrige sur celui ey que je crois un peu moine
defectueu.x". 52
Nous pouvons conclure alors que Bourzes a / compose
i.
ii.
iii.
iv.
ii)
Un dictionnaire fran9ais-tamil
Un dictionnaire lat in-t amil
Un d ictionnaire tamil•latin et
Un dictionnaire tamil-fran9ais.
Le Motif:
En ce qui concerne son inspiration, nous
n'avons pas d'evidences directes. Mais nous avons provi
dentiellement trouve la mention de l'oeuvre lexicographi
que du Pere Souciet chez Sommervoge1. 53 L'interet de son
ami dans la le~icographie a-t-il inspire Bourzes? Nous ne
pouvons rien en affirmer puisque nulle part dans leur cor-
respondance qui nous est parvenu:ne, ni l'un ni l 1autre
52 La eopie de la bibliotheque de John Rylands de 1 'ttniver~~te de Manchester cote Tamil Me 5, contient cette remarque. Le copiste de IND 213-14 semble l'avoir omise comma inutile.
53 11 Le P. Etienne Souciet eut la Principale part a cette edition (1721) du Dictiqnnaire de Trevou){" ••• C.Sommervogel,in Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudony-
~···· o.c., p. 214.
217 . .
n'en parlent. Toutefoie Bourzes etait l'enfant de eon
ei~cle. C'est au XVIe et au XVIIIe eiecles que la lexi-
cographie fran9aise a pris a.Qn eseor.. Dana aa lettre du
' 29 oct. 1715, Bourzee dit qu'il aurait "besoin d'un dic-
tionnaire des arts ou de celluy de Furetiere" pour reali
ser le projet de decrire lea art~ indians qu'il n'avnit ,-.. ,. / II
peut-etre jamais meme entame. Il parle de "Calepin dans ;' ' la preface a son dictionnaire tamul-fran9ois, ce terme
.~d..'~'pv"'eb designant tout dictionnaire, ~ le dictionnaire latin
de Calepino (1502). Ayant connu l'utilite d'un bon dic
tionnaire et souffr~nt du manque de tela outils en tamil, .._ A \
Bourzee a du penser naturellement a faire dee oeuvres de
references a l'ueage de see compatriotee et sea comission-
nairas surtout puiequ'il jouissait d'une vie plus paieible
' que la leur et avait un peu de loieir, ayant a voyager
beaucoup moine qu'avant, entre 1722 et 1735.
Maie nous tendons a croire auesi que see confr~
res de la Mission du Carnate, apr~s avoir vu le (petit)
dictionnaire qu'il s'etait fait certainement avant sa
visit e a Pondichery en 1715, 1' ont prie de leur permett.rei d'
en faire une copie, Bourzee aurait decide d'en faire un
meilleur et des qu'il l'a termine il s'empresse de la leur
: 218 :
envoyer. 54
Bourz$s a du remarquer la richesse de l.a langue
tamile au cours de la confection de son fran9ais-tam11.
En 1730 il dit a Souciet qu'il est "apres un autre Tamul
Latin, fort ample ou j'ai tache de mettre tous lee mots
que j e trouve dans lee dictionnaires du pais" • Il a ,
ohoisi le latin pour gloser le tamil puisque see confreres
de la province de Malabar etaient o~· Portugais ou Italiens,
et que tout missionnaire savait le latin.
Le dictionnaire tamil-fran9ois est son dernier p u.\S'V Ll
1 l ~ , , ouvrage pusiq~'il s'y refere au dictionnaire po~tique de
Beschi, le Qadur Agaradi, ecrit en 1732. Il l'a fait comma
complement de son Essay de dictionnaire franoois-tamjU,
egalement a l'intention de ses con~itoyens franyais vivant
dans la mission du Carnate. Cf. notre note 50 pour ce
chapitre, ci-dessus.
' , / ' Ainsi Bourzee et a1 t Qccupe a faire pe.~C\I\1t
apres l'autre depuis 1722~ses loisirs. Dane
un dictionnaire
' sa lettre a
Souciet du 9 sept. 1732 11 ecrit a propos de son travail
continual dans ce domaine avec un peu de deception peut-~tre,
de ne pas pouvior imprimer ce qu 9il a fait:
54 Voir Preface a l'Essay du Dictionnaire Franyois-Tamul: " ••• etant actuellement occupe ~ corriger lea fautes de ce Dictionnaire, qui sont grand nombre, on me le demande de Pondichery, Ainsi je l'envoie tel qu'il eat ••• "
. . 219 • •
"Peu e'en faut que je ne consid~re cet ouvrage
comme lea P. {P~res) du d~sert lea paniers qu'il faisoi
ent pour s'occuper et pour brfiler au bout de l'ann/en.55
P U.\~cv u.' e..\ \e. 55 Nous expliquerons cette phrase ~uisq'elle semble avoir
intrigu' J.Vineon qui ajoute un point d'interrogation apr~s "paniers" (oeuvre cit~e p.l20). On donne le nom de "p~ree du de'sert" 'a "ceux qui furent lea pionniers du mouvement monastique en se retirant dans lee deserts
d'Egypte, de Palestine, de Syrie, etc~ partir de la fin du III e si~cle. Le premier d'entre eux, et le plus c~lebre, est Saint Antoine le Grand" (Michael Dubost, Theo. Encyclop~die catholigue pour tou~, oeuvre oitee, p. 329.) Of. Flaubert, Tentatinn de~st. Antoine. Le Christianisme croit dans !'existence des diables. Ces angee tombes de l',tat de B~aptitude de Dieu en enfer
"- I' I ' a cause de leur desobeissance, essaieraient de nuire a l'homme puisque celui-ci a la possibili t/ de gagner le ciel qu'eux ils ont perdu de leur propre volont6: •un esprit oisif est le chantier du diable" dit un proverba. Done lee moines qui vivaient en ascetes et p'nitents dans le dE(sert, pour se divertir et s'occuper apr~ leurs pri~res fais~aient du travail manuel. Lee paniers qu'ils tressaient ne leur servaient pas. Il lee br~aient done\. la fin de 1 1 anne'e.
: 220 :
iii) Textes inedits:
Parlant de la d6ception de Bourzes, nous
touchons a Une autre question: Pourquoi aucun des die-..'l ' , / / tionnaires ue Bourzes n'a ete imprime? On peut apporter
plusieurs raisons ~ cela:
i. Lee dictionnaires bilingues tamil-fran9ais
de Bourzes n•6taient utiles que pour lee missionnairee
et quelques colonisateure fran9ais. Generalement ceux
ci ne s'interessaient guere ~ apprendre le tamil a fond
a l'aide d'un dictionnaire. Ces dictionnaires etaient
de grande taille contenant beaucoup d'informations ency
clopediques. La mission du Carnate qui avait d 1 autres
depenses et besoins import ante et urgent a ~ pourvoir, a
prefere en faire faire des copies
centaine de missionnaires.
a la main pour sa
ii. Quant aux dictionnaires tamil-latin,, qui
auraient servi un nombre important de missinnnaires du
Tamilnadou de toutes sortes d'ordres, types et nationalit6s,
puisque tout pretre savait le latin, Bourzes ne poavait
' / ~ pas entrer a Ambalakat pour editer cee ouvrages a cause
des Hollandais. Personna d'entre see collegues n'etait
libre pour entreprendre ce travail. On aurait prefere
avoir un dictionnaire plus petit! Et c'est ce qu' a
fait Beschi avec eon petit Dictionnaire tamil-latin de
• • 221 • •
l'an 1744, mais la situation generale s'et2nt tellement
empiree.; ce dictionnaire n' a pas eta imprim6 non plus du
vivant de Beschi, mais seulement en 1827 comme noue 1'
avons dej~ not e. ...
111. Lee Danois avaient une imprimerie ou
ils avaient imprime le Kodun Tamil Ilakkanam de Besch1. 56
Mais Bourz~s avait peur de faire imprimer son ouvrage a ces missionnaires protestants et il en parle ainsi dans
' la lettre a Souciet:
"Lea minietres lutheriens danois ont une
imprimerie, ' mais outre qu'il n'ont pas lea caracteres
grandons, ils y mettroient peut-estre quelque heresie,
et d'ailleure ce seroiybeutestre lee mettre en estat
de nous faire plus de mal. Peu s'en faut que je ne
considere cet ouvrage comme lea p. du desert lea paniers
qu'ile faisaient pour a'oocuper et pour br~ler au bout
de iannee". (9 sept. 1732)
56 Sur la querelle entre Beschi et lea mise1onnaires , /
dBnois concernant lea changements effectues erronement et s~ns autorisation par ceux-ci dans la grammaire de Beschi au cours de l'impression de cette oeuvre, voir,
' .. , , la these du pere V.M.GnanPpragasam, precitee.
: 222 • •
iv. Peu a peu la province est devenue tree
pauvre a cause de l'a.ffaiblissement du Portugal et de
l'appauvrissement qui en resultait et ne pouvait payer
" le cout de !'impression.
v. L'anti_jesuitisme faisant son chemin en
Europe, on reprimait la Compagnie de Jesus partout et
la venue de missionnaires diminuait et la demande de
dictionnaires se baissait. Il suffisait de recopier sur
les manuscrits disponibles.
Tout cela explique pourquoi lee dictionnaires ' - / ' / Bourzes sont restes a l'etat de manuscrits.
iv. La date des Ouvrages:
Peut-on fixer la date de l'achavement de ces
di:.cto:nnaires?
Malheureusement nous n'avons pas trouve d'indi
cations internes directes pour fixer la date des ouvrages ...
de Bourzes. Nous ne pouvons que faire des suppositions
" probables la-dessus:
Il est certain que le dictionnaire latin-tamil
a ete le tout premier que Bourzes s'est fait. On peut /
croire que cet ouvrage s'est acheve avant 1710, puisque
: 223 :
/ l_ "' Bourzes etait a la cote de Travancore entre 1708 et 1710
pour apprendre le tamil. Le dictionnaire de Proen9a a
ete imprime en 1679 et Bourzes en a eu un ezemplaire,
avec sans doute d'autres dictionnaires manuscrits, et
lee ecrits de miesionnaires, sea devanciers dsns la mission
de Madurai. En tout cas, quand il a accompagne a Pondichery
son ami le Pere Martin qui all~t en Europe, il a du prendre
ce dictionnaire avec lui comma son livre de chevet. Nous
le croyons ausei parce que Bourzes n'a eu aucun moment
de loisir entre 1710 et 1721 avec son minist$re exigeant
comme missionnaire du Madurai. ,..
Il a du commencer son dictionnaire franyais-
ta.mil en 1721 et l'achever en 1724. C'est en 1721 qu 1il ~ ~ ' ~ ~ a quitte la mission de Madurai et est alle a la cote ou
sa vie etait paisible et qu'il avait un peu de loisir.
' ~ ' Dailleurs, dans la preface a ce dictionnaire
' Bourzes dit: "••• 11 y a plus de vingt ans que je ne
parle presque plus notre langue" ••• (or, il etait parti
de la. France debut 1704). Done la fixation de 1724,
pour ce dictionnaire noua semble averee.
t'! ' ' Il a du sadonner a la composition du tamil-
latin aussitSt apres puisqu'il dit en 1730 qu'il est .~ ' " apres un tamul-latin ou j' ai essaye de mettre tous les
: 224 :
mots des diotionnaires du pais." (voir note 3 de oe
chapitre). Il le r6visait done en 1730. En 1733 il dit
avoir fait cee deux dictionnaires. Done en 1731 il a du
terminer son dictionnaire tamul-latin.
En ce qui concerne le D1ct1onnaire tamul
fran9ois, dans sa preface Bourzee parle du Catur akarati.
terrnine par Beschi en 1732. Done 11 a fait son ouvrage
apres 1732. ' Il n'en parle pas dans sa lettre du 1733 a
Souciet ni a son f~ere. A / Peut-etre qu'il ne l'a pas termine
cette annee. C'est probablement au cours de l'an 1734
que ce dictionnaire s'est acheve, et cette phrase de sa
preface confirmerait notre conjecture: •••• " 11 y a plus
' de trente ans que je ne parle guere que le portugais ou
" tamul"••• Il avait quitte la France en 1704.
Voici alors les dates probables que nous
' fixerone a cee dictionnairee:
i. Le dictionnaire Latin-Tamul :1710
11. L'Eseay du dictionnaire Fran9•1s-Tamul : 1724
111. Dictionnaire Latin-Tamul . •
iv. Dict1onnaire Tamul-Fran9ois
1731 . • 1734
Il faut examiner maintenant si ces dictionn
aires sont toujours disponibles et s'ils le sont o~ ils
se gardent.
225 . .
Autant que nous sachions, tous lea originaux
se sont detruits, uses et d~chir~s naturellement au cours
du temps. Nous n'en avons que des copies ~aites au XIXe
' eiecle.
Pour ce qui est des deux dictionnaires, le latin
tamul et le tamul-latin, nous nfen avons pas de trace.
" , ( " ' Besohi semble avoir herite du second voir la pre~aoe a
son dictionnaire tamil-latin pr~cit~e) tandis que le
premier s'est perdu sans laisser aucun vestige. 57
57 "' ' \. Souciet a demande a Bourzea de lui faife une descrip-' " tion de cet ouvrage. Voila la reponee du lexicographe:
"Je suis bien oblig~ a Votre R6verenoe de la trop bonne id~e qu'elle e'est formee demon ouvrage. Il est encore fort imparfait, et nullement en estat d'estre decrit. Comme j'ecris aussy mal que vous le voyez et d•ailleurs en latin, lea naturels du pais ne peuvent la decrire (ainsi·,.Bourzes ne peut pas citer
' ) "' !'opinion d'autrui la-dessus • Je pretens seulement si Dieu m'en donne le temps, en envoyer un exemplaire a Pondicheri, et en laisser une autre dans oette province• Si j'estoie plus jeune, je m'offrirois a ~ous en transcrire un; maie je ne desire pas meme de rester si long-temps sur la terre, d'ou il est temps de partir. Ce livre serait assez inutile dans votre bibliotheque, il sera peut-estre de quelque utilite en ce pais-cy"••• (Lettre du 9 nov. 1733).
: 226 • •
Ne possedant pas de copie du dictionnaire
' tamil-latin de Bourzes, nous ne poVvons en dire rien.
Mais Beschi qui l'a •tilise pour composer son ouvrage
tamil-latin de 1744, en fait une evaluation dans sa
preface que nous citons!
Aprea avoir dit que Bourzes avait compose un
immense dictionnaire tamil-latin, Beschi continue sa
preface ainsi:
"(Bourzes) a voulu presenter dans son diction
naira des mots du tamil parle aussi bien litteraire, et
d'inserer des synonymes. Alors, l'ouvrage est devenu
volumineux et par sa seule apparence effrayait lee debu
tante qui ne pouvaient pa.s distinguer entre !'usage ~ / . familiar et elegant. D.ailleure, il a voulu enregistrer
egalement toutee lee erreurs. Ainsi pour aombril,il
donne ~o~<ul, Kuppul, Kupp~ ; pour fil, i~ai, i!ai,
e~ai, e~ai, et ainsi de suite, pot~ autant de termee que
possibles, ••• Done pereonne n'etait capable de discerner
entre lee formes justes et fautives. Il me semble qu'il
a suivi le conseil du propri,taire dans l'evangile qui
a empeche qu'on arrache l'ivraie du milieu du ble, pour
: 227 :
qu'on puisee la separer et la braler pendant la moiss~n •58
Le R.P. 1ui-meme apres avoir termine son ouvrage, voulait
separer lee bona mots des mauvais pour rejeter ceux-ci.
Toutefois, .Dieu 1' a appel~ avant, pour jouir de la recom~
pense de see labeurs. Il noue a laisse remplir son desir.
Je reconnai..' avoir utilise beaucoup son ouvrage quoique
j' aie cru ne pas etre oblige de la suivre aveugl~ment
comme on dit. Mais j'en ai chosi enormement avec examen
et discrimination (pour faire ce dictinnnaire)."
Beschi a vecu a Tuticorin et a Manapad (ou
~tait mort Bourzes en 1735) de 1742 a 1745. Il aurait
vu la copie du dictionnaire tamil-latin de Bourzes.
58 Le dictionnaire tamil-latin de Beschi a ete imprime \ a Tiruchi en 1889. latin. L'allusion a 13/24-30. Voir R.de
Nous avons traduit le passage du l'evangile se trouve chez Matthieu Vaux o.c., p. 1488. Jesus y
parle de l'existence de bona et mauvaie hommee et de la patience de Dieu. Le jugement et la punition se feront a la fin du temps, et pour chaque individu et pour le monde. L'homse a ainsi la possibilite de se repentir et de se corriger jusqu'au moment de la mort.
• • 228 . .
Celui-ci qui avait un preseentiment de sa mort comma
1 t tt t 1 tt ' f ' / . t / d 1 t 1733 a es e sa e re a son rere prec1 ee e an ,
aurait revele son d€sir de perfectionner son oeuvre apres
avoir ecoute lea critiques de Beschi la-dessus, lora /
d~une de leurs rencontres et lui aurait demande de le
faire au oas ou il n'y r'ussirait pas, coupe par la mort.
Pourtant Bourzes avait realise son projet
d'epuration et de l'abregement da~s son Dictionnaire tamul
~t franyais. Il est evident que Beschi ignore ce fait
puisque cette oeuvre a ete envoyee a Pondichery ou vivaient
sea destinataires et peu apres Bourzes est mort. Lea
deux amis ne se sont vue qu'au ciel!
Il est biaa regrettable que son grand diction
naira tamil-latin ait ete perdu puiequ'il y avait enregis
tre toutes lea variantes de mots tamils. Malgre la criti
que injuste de Beschi, meme de nos jours ~ tamile ee
' tranAforme en 1'~ a l'oral toutes lee lee fois qu'elle C..O"t\1.:.0"1'\'1-l~ ,.
est suivie d'une eeaBe anterieure: On dit toujours
~ et esagu au lieu d'~ et isagu dans la conversation
relachee. Maie avec lee conrsonnes retroflexes ~ et n, l'i ee maintient et nous n 1 entendons que iduppu et in£1• D'ailleurs, c'etait le premier dictionnaire ~ indiquer
/ lee synonymes de mots d'une mainere alphabetique moderne.
• • 229 • •
A part Beschi, J.P.Fabricius semble aussi avoir
u~ilise ce dictionnaire de Bourzes pour compiler son dic
tionnaire. Voir ci-dessous.
Nous avons vu et ~tudie l'Essay du Dictionnaire
Fran9ois-!amul en manuscrit au Seminaire des Jesuites (Vidya
Jyoti) a Delhi, et ~ l'Oriental Manuscripts Library,domici
liee dans le campus de l'Universite de Madras. Gregory
James atteste de 1'eXistence d'une autre copie de ce dic
tionnaire dans 1a bib1ioth~que John Rylands de l'Universite
de Manchester. 59
Le Dictionnaire Tamu1-Franyois ee trouve en
deux ex~plaires dans la Bibliotheque Nat1ona1e de Paris
et nous nous en sommee procure une copie complete en
photocopies. Gregory James mentionne l'existence de deux , , M 60 autres copies, l'une a Bruxellee et l'autre a anchester.
Le cntalogue de la Madras Literary Society mentionne un
exemplaire de ce dictionnaire mais il semble ~tre perduJ 61
59
60
61
Voir Gregory James, Tamil Lexicography, oeuvre citee, p. 70
Ibidem, p. 70
Voir !rladras Journal of Literature and Science, n°1, July 1864, Madras, The Royal Asiatic Society, 1864, p. 111.
. • 230 • .
Ainsi nous ne disposons que de deux ouvrages
de Bourz~s, a savoir
1. L'Essay du dictionnaire Tamul et Fran9ois et
11. Le Dictionnaire Tamul et Franoois.
I , , ,.. 4. Paternite des manuacuits etudies:
Avant de commencer l'analyse des dictionnaires / qui nous sont parvenus en manuscrits, nous devons en eta-
/ blir la paternite.
Nous allons utiliser 1a copie cotee IND 213-
214, Dictionnaire Tamul et Frans:ois qui se trouve dans
lea archives de la Bibliotheque Nationale de France et
la copie de la Bibliotheque de Vidya.Jyoti, Theologat
des Jesuites, a Delhi pour l'Eesay du Dictionnaire franyois
et tamul.
Nous avons montre ci-dessus que Bourzes
est l'auteur du Dictionnaire tam~ e~. fr~nrois. Selon
le Redacteur du Madras Journal of Literature and Science,
la copie manuscrite gardee ~ la biblioth~que de la Madras
231 • •
Literary Society comporte l.e nom de 1' auteur a la fin de
sa preface. 62 Quoique le catalogue de la ~adras Liter~~
62 Voir "Description of two manuscripts in the Library of the Literary Society by the editor", in Madras
0 Journal of Literature and ScienceL N 1, Third series, Julu 1864, Madras p. 111 .. cette preface donne le tlom de Louis Notal de Bourzes. Natal (Nota;J.. est evidemment une er.reur) est la forme portugaise de Noel, lee deux etant issues du Latin Natalie, (le jour de) la naissance (de Jesus). En fait dans sa lettre ecrite en latin au Vicaire General des Jesuites a
' ~ Rome, Bourzes a eigne Ludovicus Na.talis Bourzes. Il a omis DE nous semble-t-il, puisque cette preposition latine se construit avec le regime ablatif tandis que le genitif suffit pour traduire DE et le nom du fran9ais. Les noms propres restent quelquefois indeclinables en latin. Ainsi Bourzee peut rendre 9'galement "de Bourzes". Dans see lettres Bourzes ne met pas d'accent grave, puisque son usage n' ete.i t pas standardise au debut du XVII!e siecle. L.Besse, SJ et J.Filliozat epellent
' . son nom Bourzes,et nous lee suivons. Signalons aussi que dans son dictionnaire, Beschi a rend u "Bourzee" en latin comme "Bourges". Voir note 58 ci-dessus.
: 232 • •
Society porte la mention de ce deciionnaire de Bourz~s,
nous ne l'y trouvons pas comme noua l'avons not~ ci-dessus.
, "' "' Mais la preface de cette copie publiee par le Redact•ur
dudit Madras Journal of Literature and Science est iien
tique a cella que porte la copie cotee IND 213-214 gardee
' dans la Bibliotheque Nationale de France sous le nom du
P.de Bourgee. D'ailleurs, le prefacier dit que cet ouvrage
"n'est que l'abreg~ d'un autre plus long, ou je marquoie
'lee synonimes et certaines enumerations qu ton tro11Ve dans
lea Dictionnaires du Pais, comme le R.P. Beschi lee rapporte
dans son dictionnaire poetique". Or, c' est 1e gra.Kd dic-
' tionnaire tamil-latin de Bou.rz.es dont parle Beschi. D' aill-
eurs, la copie de John Rylands Librarl de Manchester cote
famil Ms f, (Voi~ ~hotocopie ) dissipera tout vague
doute. Le titre lui-m~me confirme la paternite de ce
dictionnaire : "Diot~onnaire tamul-fran,ois par le R.P.
Louis Natal de Bourzes miseionnaire du Madura" La preface
et lea premiere articles sont identifques a notre copie
de la BNF. Done nous pouvons accepter que notre copie du
Dictionnaire tamul et franxois est de la plume de
L.N. de Bourz~s.
En ce qui concerne l'Essay du Dictionnaire
famul et Franyois quoique la copie de Delhi que nous
avons etudiee n'ait pas de signature, il y a des evidences
. . 233
internes dace la preface qui confirment la lliain de
Bourz$sz
Le pret·aoier termine sa note liminaire en ~ / .... ces termes: n ••• ~tant actuellement occupe a corriger
lee tautes de ce Diotionnaire qui sont grand nembre, on
me le de~ande de Pondichery. Ainsi je l'envvye tel qu'il
est priant encore une fois ceux qui ~en serviront de cet
ouvrage de vouloir bien oorriger ce qu'ile c~nnoitront
oertainement etre fautee, et adJouter oe qu'ila jugeront
a propos."
Dans sa lettre a Souciet du 9 nov. 1733,
Bourz~s parle de son intention d'envoyer son grand dio-
' tionnai.re a Pondiohery et d' en laieser un au .. t:..t•e exemplaire
' a la province de Malabar. Bien qu'il ne s'agiase pas du
meme dictionnaire ici, la lettre montre que Bourzes
tenait beauooup a partager sa competence linguistique :::)
' avec see oonf~C<:.::a~ franya1s de la Miesion du Ce..rnate, qui
' " ~ 63 avait son siege a Pondichery.
63 L' Essa;r ••• aurait ete aoheve et envoye a Pondichery
vera 1725.
. • 234 . .
Il y a des phrases et des termes aamblables
dans lea deux prifaces attestant a une main communez
Preface du Diet tamul et !ran9ois
Regardez done oet ouvrage comme une ebauche • • • •
Je suis perauade qu'il y aura plus a ajouter a ce dictionnaire qu 1 a y (en) retranaher.
Oe sera a voua ••• a (de) corriger peu a peu ce que vous trouvez certainement etre detectueux.
Preface de L1 Essay du diet. fran9ois et tamul
Essay du Dict1onnaire Tamul et Fran9cia
Ceux qui se serviront de cet Essay auront la bonte d 1 ajouter oe qui y manque, de retrancher ce qu 1 il y a de surplus et de corriger lea fautes.
Je l 1 envoye v , Priant eucar e une fo is cttu:x qui se aerviront de cet .Juvrage de vouloir bien corriger ce qu 11ls connoitront certainement etre fautea •••
Enf1n, 11 n'y avait aucun autre missionnaire
' / fran9ais a cette epoque hors de la mission du Carnate qui
ait au le tamil avec see dialectes regionaux autant que
Bourzes pour pouvoir en faire un dictionnair~. et qui ai t
v6ou viilf)t ans sans parler fran9ais.: • ••• :U. y a plus de
vingt ana que j~ ne parle presque plus notre Langue ••• e
mais oela meme me donne droit d' exiger qu 1 on mti pardonne
~es expressions peu franpoisee,, qu 1 on trouver~ dans cet
ouvrage,• dit ~e pr$taoier de l 1 Essgr ••••••••
: 235 • •
Ainsi, nous pouvons attribuer ce dictionnaire
egalement a Bourzes. La copie de ~'Essay du dictionnaire
tamul. et fraOS'ois gardee a Madras Orient~ Manuscripts
' Library est identique a celle de Delhi"
De ce grand homme saint et erudit, nous analy
serons maintenent, l'un apres l' autre, lee deux diction
nairas qui no us eont parvenus.
5. L'Essa.y du Dictionnaire Tamul et Franyois:
Le R.P.Henri Rosten, SJ, qui a achete ce
manuscrit ~Madras en 1921, a note see dimensions: Il
"mesure en hauteur Om, 425 et Om, 27 en largeur. Il com
pte 308 feui~les (ou 616 pages), numerotees au verso des
feui~es. Point de feuilles blanches, Lee trois premi~r~
pages contiennent la preface. Lee pages sont en deux
eolonnes, et en 52 ~ignes par colonne.n64
Lee pages du dictionnaire portent les fi~l.granes
de 1828 et de 1829. Done c'est une copie d'un autre manuscrit.
64 Henry Rosten (1873-1935) 6tait un des fondateurs du seminair e de Kancfy (Sri Lanka), transfere a Pune plus tard • Il est alle a Calcutta en 1902 puis a Darjeeling ou tl a enseigne jus,u'en 1932. Il est rentre en Belgique a cause de sa mauvaise sante. Il etait membre associe de la tociete Asiatique du Bengale pendant 30 ana.
. . .
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l ' l."l-t l> •t ,,. ~ ,, . '11~~ ~ 1 t t t· r t 't, · f } £ ~ t l-! ,. ; • 'l t . tJ ~ ~ t} ill _11 q ! n 1 , H H . I· i I t' ; r;. i! l \ lS. ·t .. '•t• ~f ~. l· ::::S. I t t • ~ f. } ~- ' l r_ IP • t •- -~ t ~ l I i 1 t "'J ~-
t r ~ ! • : t ~ • ! r .. i " : t t j l : •1 ' I ~· ~~- r 1-f r~t·f ~ 1~~ r~ l .,~~ t ~ ; . h· '· ~ • • r , n 'r ;_ r , 1 ! 1 • '.' · ~ ~--
. t f r r !-: t t ·~ i i r r i' -- -~ · t t -t c t~. ~ ~ ~ t l ; ~ ; t t l i' ~ \ ~'f ,., f..... " s f ; $ ~ ~ L.f : (I I f f l ~ ' I r t r 1 i t f. { rt l r t ~ ~ ~ - ~ r f { r ~ ~ i 1 ·i • ~ ,
' f t ~· r~· ~ . f I t p t I h d f . ~; ; ~ tt .... ,itrt. . .·l
. J
: 236 • •
Hosten dit qu'il s'est interesse dans. le die-
tionnaire en bibliographe. La copie in-folio avait appar
tenu a Mgr.Fenelly, eveque de Madras. 65 LePere Lazaro
Soma, vicaire de la paroisse de Notre-Dame de Luz a Madras
l'avait achete au prix d'un anna (1/16 de roupie) dans une
' vente d'occasion et l'a revendu a "la somme rondelette de \ Rs.lOO" au Pere Hosten, qui ne voulait pas que ce manuecrit
/ qu'il croyait sortir de la plume de "quelque ancien Jesuite
de la Mission du Carnate, s'egarat.n66
/ ' Hosten est alle a Pondichery avec ce manuscrit. ' . ~ La, ~1 y avait un dictionnaire qui lui semblait de la meme
ecriture que sa copie mais sans doubles colonnes. 67 Le
texte etait le meme.
A la meme vente7
provenant de la meme bibliothe
que, il y avai t un di ctio nnaire tamil-fran9ais qui a
ete emporte par un autre acheteur, selon le Pere Soma.
65 / A .A Il y avait deux ~veques en succession du meme nom, pro-bablement freres ou cousins. Nous pouvons assumer que Jean Fenelly l'aine se l'etait procure.
66 Rosten a corrige sa premiere impression et a pu fixer / ' ' la parente a N-de Bourzes, comme le montre sa notj"e .__,
/ gardee avec le manuscrit de ce dictionnaire. 67 La co pie gardee a 1' Oriental I..J:anuscripts Library de
Madras n'est pas en double colonnes non plus.
. • 237 . .
/ Malgre des recherches, on n'a pas pu retrouver cet
autre manuscrit.
Hosten a offert sa trouvaille aux Jesuites du
College Saint Joseph de Tiruchy mais puisqu'ils hesitai
ent de se la procurer a Rs. 100, Hosten l'a recuperee
pour la laisser a la bibliotheque du Theologat j~suite
de Kurseong qui s'est installe depuis ~ Delhi, sous le
nom indien de Vidy~Jyoti.
En ce qui concerne la copie de l'Oriental Manus
cripts Library situee d8ns le campus de l'Universite de
Madras, que nous avons comparee pour son ioentite avec
celle de Vidya Jyoti, elle est en tres bon etat, reliee
en deux volumes et cotee D-8 et D-9. Elle porte a la
toute derniere page la mention suivante: "Le Dictionnaire
est corrigee le 29 avril 1817." Le papier utilise pour
ce dictionnaire porte les filigranes de 1811. Ce diction
naira in iOiiO (measurant Om.27 sur Om.39), a l'encontre
de celui de l'exemplaire de Vidya Jyoti, n'est ni pagine
ni en deux colOnnes. Il a 46 lignes par page. Le premier
tome comporte 6 pages de preface et 484 pages de diction
naire, commen9ant par la lettre A et terminant au milieu
de l'article pour habile,aux mots artificieux, /su:tukka:ran/,
agat I et le deuxi~me contient 461 pages de dictionnaire,
: 238 :
continuant le premier volume avec I ttijan I et finissant ' / ~ avec la derniere entree de ~,apres laquelle viennent
trois pages sur une "Remarque" et "Quelques charact~res (>It:.)
"()'\_... ' / I I arithJetiques" la derniere ligne de l'ouvrage etant 11 1 32 ~
68 arai jaraikka:l I " exactement comme la copie de VJ.
68 Cousue au milieu du premier tome de cette copie,nous avons trouve une notice incomplete par une main inco
nnue, que nous reproduisons ci-dessous. On a utilise du papier ministre pour cela. En filigrane nous lisons l'an 1839: "Essi du Dictionnaire Tamul et Francois -Such is the unpresuming title of a folio volume in about 800 pages in the College Library at Madras. The title page is missing and the name of the author does not appear. At the end it is stated that "the dictionary is corrected in 1817" which I suppose means that this copy is a true one. Judging from the old fashioned orthography of the French, I should suppose that the work was written about the year 1770.
In the modest preface the author mentions that he was
a missionary. He avows that he has omitted "words denoting things unknown to the Indiana, as our arts and sciences, our trees and fishes".
La date est inaxacte mais ne sachant pas l'auteur,
on ne pouvait mieux deviner!
DICTIONAIRE UN I VERSE L·
CONTENANT GENERALEMENT
TOUS LES MOTS FRANCOIS Tant vieux que modernes,
£T LES TERMES DE TOUTES LES SCIENCES ET DES ARTS,
•: • - -r· ..
A LA HA \' f ' I j h J<. ~ I "'E .. 0 \ :-t
ChaARNOUT &: REINI£R Lf.F J\\'£1.. PIUVILECO•
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DICTIOl'TNAIRE DE
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L'ACADEMIE FRANCOISE.
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DE DIE R or. T 0 M E P R E }. t l E R.
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A P A R ! \ C.h(',I2Vruvro1· rrA'...:RAPTl"'TI r(l!l · ·,l!l.l.t·i"''"'cur.H.!oru.trrduKor,
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M. IJ C. l X X \ " '· ~
AVEC I' R IV I L 1:. c.; E D 1:. , r .1 L1 j I. J T L'.
i) Le titre:
. . 239 . .
Or, le titre qu'a donne Bourzes a sa premiere
oeuvre existante et une phrase de sa preface confirment
la profonde infl~ence laissee sur lui par Antoine Furetiere
(1619-1688) et Pierre Richelet (1629-1698). Auteur du
~ictionnaire universel,publi~ deux ans apres sa mort a la Eaye, Fureti~re, polemiste, avait expliqu6 son dessein
/ , de faire un dictionnaire, exaspere par la lenteur du
travail de ses confreres, les Academiciens qui etaient
en train de preparer la premiere edition du Dictionnaire
de l'Academie, avec sa collaboration. Ce livre intitule
Essais d'un Dictionnaire universal a paru en 1684. Bourz~s
a repris ce titre pour son Dictionnaire, ~raisemblablement
donnant a ce terme le sens de "resultat d'une premiere
production de celui qui s'exerce dans un genre quelconque
sans bie~e savoir" Puis, nous lisons la phrase suivante
dans la pr,face de Richelet ~ son Dictionnaire : " On
corrigera, on retranchera, on ajoutera ce qu'ils t~uveront
' ' a propos" que nous retrouvons chez Bourzes plus d'une fois,
comme nous l'avons vu ci-dessus. Ainsi notre premier
lexicographe fran9ais en tamil semble avoir suivi toute
. • 240 . •
' la controverse autour de ces diction~aires a Paris avant
de partir pour l'Inde. 69
69 Nous avons emprutnt6 la definition d'Essai au Petit Robert, 1992. Sur Furetiere voir Andre Collinot, "Ouverture des dictionnaires, Remarques sur lea titres
et pr6faces des dictionnaires fran9ais du XVIIe siecle" in Lexique 3, Lille, Presses Universitaires de Lille, 1986, pp. ll-29; H.Rocke Robertson, "Antoine Furetiere: The Development of a Dictionary in J.E. Congleston
et al., Papers on Lexicography in honour of Warren N.CordellL Indiana, The Dictionnary Society of North
America, 1979, pp. 109-121; G.Matore, o.c., pp. 76-79; B.Quemada, o.c., a fait une excellente analyse de
eette Oeuvre soue plusieurs rubriquee. Pour C-P.Richelet, Voir G.Matore, o.c., pp. 75-76, Andre Collinot, o.c., et l'admirable these de Laurent Bray, C6sar-Pfierre
I
Richelet (1626-1698): Biographie et aeuvre lexicogra-phigue,Tubingen, Niemayer, 1986.
• •
ii) Les Sources:
241 • •
Dans la pr,face Bourzes dit avoir utilis6 pour
le tamil, "lee dictionnaires portugais autant qu'il (lui)
a ete possible, les corrigeant cependant, lorsqu'il (lui)
a paru 'vident qu'ils se trompaient" et "des dictionnaires
indiens," "dictionnaires du pays," c'-a-d., des nighantus.
Il a consulte ~galement un dictionnaire sanscrit. 70 S.V.
~ nous lisons, "Je trouve cependant dans un dictionna
ire eamscroudam le terme I intik I Inde." Bourz~s avoue
avoir fouill6 6galement dans les ouvrages du venerable
P~re Robert de Nobili et d'Andre Freyre et note fr~quem
ment ala fin d'~quivalences, R., ou le ven. P. Nobilibus
et F., pour montrer ses sources.
70 Bourzes mentionne ''un diet ionnaire malabar-tamul-et granthon compose par le R.P.Jean de Cerquiera" dont
GeU.V-'le· il a tir~ les termes qu'il a inclus dans son) Of. note liminaire d,e 1 1 Essay ••• p. 5. No us n' avons pas pu trouver d'informations sur le P. de derquiera.
Bourzee s'est servi egalement du dictionnaire de
~egenbalg: Traduisant le mot bonheur en tamil, Bourzes ajoute, "~n les Danois, I pa:kkijam I oul
ubajo:tam I paroit signifier "bonne fortune, bon
~spect des autres."
: 242 • •
En ce qui concerne le fran9ais, 11 a "suivi un
petit dictionnaire qui (lui) a et6 envoy~ de Pondichery."
Cela a du etre un vieux dictionnaire p6rim~, ear notre
lexicographe ajoute, " s'il contient quantite de termes
us~s, ce n'est pas de ma faute; comme il y a plus de
vingt ans que je ne parle presque plus notre langue, je
n'etois pas en droit de le corriger, mais cela m~me me
donne droit d'exiger qu'on me par1onne les expressions
peu fran9oises qu'on trouve dans cet ouvrage."
iii) Les destinataires:
La preface de l'Essay du Dictionnaire tamul et
fran9ois nous indique a qui Bourzes l 1 avait destine: "J'
espere que nos I"lissionnaires faisant leurs remarques (sur
cette oeuvre), on pourra dans quelques ann,es avoir un
dictionnaire accompli pour soulager le travail des nouveaux
Missionnaires. 71 C'est l 1 unique chose que j 1 aie en vue
en cet ouvrage, qui a~surement m1 a bien coute, bien enleve
du temps que je croirois bien employe s'il peut aider ~
nouveaux Hissionnaires a se mettre en etat de trav (ailler)
utilement ala vigne du Seigneur."
71 C'eet nous qui soulignons.
: 243 • •
C',tait un travail d'amour. Le laxicographe
ne demande en 6change que lee prieres des utilisateurs.
iv) La nomenclature:
Or, "travailler a la vigne du Seigneur" veut
dire vivre parmi les gens du peuple, les comprendre, se
' faire comprendre a eux, leur enseigner et les affermir
dans la religion de Jesus-Christ et lee servir de toutes
' lee manieres possibles! La Mission du Carnate venait
d'etre fondee et personne n'avait encore ecrit de livres
sur lee choses indiennes. Alors gardant son but a 1'
esprit Bourzee a choisi sa nomenclature pour fournir
toutes lee informations necessaires sur la langue et la
civilisation tamiles qu'il avait lui-meme acquises. Par
contre, "il est inutile, dit-il, de chercher icy lee termes
qui signifient des choses inconnues aux Indes, par example,
nos sciences, nos arbres, nos poissOns etc." En revanche,
il a range "lee choses particulieres des Indes qu'on n'a
pas en Europe, sous les termes gen$riques, v.g., Arbres,
Arbrieeeaux, Caste, Dieux, Geants etc." Il a meme inclu
dans la nomenclature des termes indiens tela Chiven, fanon
(espece d'argent, tree usite alors), Palani etc., pour
faciliter la consultation des utilisateurs. Il dit lee
avoir eoulignes (Preface).
• . 244 • •
' I" / En lexicographe scientifique il ne s est pas gene
d'inclure tout vocable utile: des termes de la religion
hindous, des injures, voire des gros mots.72 On trouve
list6es toutes lea parties du corps, quelques-unes sous
l'entr~e, "Parties honteuses". L'auteur s' explique ~ ainsi dans sa preface:
"Je m'attends bien que d'autres trouveront
mauvais que j'aie charge ce livre des ~ruditions des
Indes et de leurs enumerations.peu justes de vertus,
vices, qualites des rois etc., mais comma cela m'a ete
utile quelquefois, j 1 ai cru que cela pourroit l'etre a quelqu'autres. C'est ce qui m'a determin~ a lee mettre.
Si quelqu'un ne les go~te pas, il n'a' qu'a lea passer" •••
72 C'etait une 6poque o~ l'on croyait que seule sa religion prenait sa source en Dieu et que tout le reate / ' / etait fait d'homme. Bourzes evite toute critique de
~ son inclusion des termes designant lea croyances des indigenes en disant qu'au moine "est-il bon que lee gentile avec lesquels nous traitons voyent que nous s?.vons quelque chose de ce qu'ils disent et que nous ne le rejetons pas sans connaissance de cause"(Preface) ...
: 245 • •
Le lexicographe ajoute aussi qu'on "trouvera I encore dans ce dictionnaire quantite de termes de gram-
maires et de l'art poetique qui ne se trouvent pas dans
lee dictionnaires portugais. Comme nous faisons profes
sion de belles lettres, j'ai cru qu'on me s~dit gr' d'avoir place dans cet ouvrage au moine lea termes de
cet art, outre qu'ils m!'ont servi a rempl_.t'-'\'. certains
mots francois, qui sans cela seroient restes en blanc."
Dans la partie tamile Bourz~s s'est attach~ le
plus aa "Tamul ordinaire, qu'on parle communement" (kodun
tamil), ne negligeant pas entierement le vocabulaire du
tamul sublime (sen Tamil), puisqu'il ,a eu lui-meme besoin
d'~claireissement sur quelques-una de ces mots. Il note / ,
d 1 ailleurs avec raison que des t ermes consideres comme / , J appartenant au registre eleve dans une region, sont dans
la bouche populaire dans d'autres. Il cite l'exemple du
mot tamil pour forgeron, karuman I qui aurait 6t~ un mot
courant dans 1a Mission du Carnate et Presqu'inconnu dans
la mission du Madura! ou l'on aurait utilis~ plutSt kollan.73
73 Etrangement nous ne trouvons pas /Karuman I dans la nomenclautre de son Dictionnaire tamul et francois, mais la forme pluriel seul de Kollan {forgeron): "/Kollar/ : ouvriers en fer et en cuivre."
: 246 • •
Supposant que "celui qui se sert de cet Essay
scait la grammaire et un peu d'usage", Bourzes dit avoir
eouvent omie "les verbaux comme I padittal, padippu, padi
kkai, padikkugai I qu'il n'est pas difficile de former de
I padikkiratu I ". "' Et par la..-mame raison, 11 a omis laa
verbes qui eignifient l'action m~diate comma I seivikki
ratu I faire faire, et de m~me pour les participes. Il
n'a marqu~ qu'une des formes d'adverbes v.g., I Ko:bama:il
en col~re, "la~ssant le lect~ur former I Ko:battode, Koba
tto:du, Ko:bama:gi, Ko:bittu, Ko:bittukkondu/.
Notone en passant que le lexicographe n'a pas I
trouve de mots utiles en fran~ais mi em: ~!!'ene:e:ie Bi eB -w ' I Bi eo ~ et qu'a son epoque on ne fais~ait pas distinction
entre I et J ni entre U et V. La fixation de !'alphabet
comma nous le connaissons aujourd'hui ne s'est faite qu'au
XIXe si~cle. ....
Nous listens a la page 248, une trentaine des 596
I ' I mots traites pe.r Bourzes sous I et J. Nous avons note 36
d'entre eux rang~s hors de leur ordre alphab~tique:74
74 Bourzes e'tait conscient de cet·te inadverta.nce. Il ajoute dans sa preface cette remarque: "Par inadvertance quelques termes francais sont hors de leur rang •
..... A l'endroit ou ils manquent, j'ai mis en marge cette marque. "Malheureusement les copistes ont omis de lee recopier fidelement.
. • 247 • •
Nous avons recense les mots du dictionnaire et
/ ' presentone ci-apres le tableau de la distribution de sa
nomenclature sous l'alphabet fran9ais:
Lettre Nombre d'adresses
A 1374 B 703 c 1592 D 1072 E 1294 F 713 G 414 H 295 I/J 596 K 02 L 370 1-f 725 N 203 0 299 p 1342 Q 71 R 920 s 820 T 563 U/V 367 y 09 z 08
22 13.752
Pov.rcentage par rapport au total
9.98 5.11
11 • 60 7.80 9.40 5.20 3.01 2.13 4.32 0.01 2.70 5.30 1 • 50 2.20
9-74 0. 51 6.70 5.95 4.10 2.65 0.05 0.04
100.00
Jabot
Jactance Jacynthe Jadis Jafnapattam Jagre Jaillir Jalousie Jaloux Jamaie Jambage Jam be
. . 248 • •
Jam bon
Janvier Jappement Jappemen t Japper Jaque Jaquette Jaquier Jardin Jardinage Jardinier Jargon
Jarre
Jarret Jasser
Jaseur Jasmin Jaspe Jasper Jatte Javelle Javelot Jaunatre Jaune
Par rapport aux autres dictionnaires portugais
tamil existants de son temps (de petits cahiers en g~neral),
ce dictionnaire est d~ja tree riche en nomenclature. Le / chiffre total de 13.752 mots d'entrees est trompeur puisque
chaque article est dense, le lexicographe ne considtrant , /
l'entree que comma un point de depart pour lui pour pouvoir
pr~senter autant d'informations utiles que possibles, et
pour sea usagers, comme un point de repere pour trouver
ce dont ils auraient besoin autour du concept.
v. Lea articles:
En general lea articles de Bourzes sont completa
contenant des equivalences tamiles des entrees en fr~nyais,
des locutions utiles, parfois des proverbes, des expli-
. . 249 . •
cations m~talinguistiques comme notes sur la syntaxe,
l'usage et quel-quefois m~me l'etymologie. Quelques-
uns de see articles s'~tendent ~plus de 100 lignes in
folio! La copie de VJ est en deux colonnes de 52 lignes.
Done lee 616 pages de ce dictionnaire contiennent environ
64.000 lignee, soit 5 lignesn d'explication par adreese
en moyenne. Par exgmple, pour le mot Abjection Bourzes 1
distingue 88~~' sens et en indique 16 synonymes tamils:
Abjection: bassesse:/i:ng/ai. ni:sattanam, i!apprun,
e~ap9am, i:nam, i:na:jam, igacci/
deshonneur: /magimaikuke:iu, sangaiku
ke:du/
peti1sse :/sirumai, koncattanam/
chose basse: /ki:lmai/
classe inferieure: /Ki:lttaram, atamam/
dJcadence: /ta:tvu, ta:Kfi/
simplicite excessive: I pe:damai/; a la
cote, /vasai/ chose qu'on peut reprocher.
Sous le mot Bon nous lisons:
Bon: adv. ouy, /nalladu/; eoit/a:gattu/;
~ la bonne heure /a:CCu/;bon ad'
autres / summa/; bon, bon (mena9ant)
/a:gattu/;approuvant - cela est bien:
250 . •
lta:vilai, ta:vila~, va:sil, fort
usit' au Mayssour, aussi bien que I buttil : j'approuve fort ce que vous
me ditesl tout de bon, I mejja:gave:l
A quoi bon? I ennattukku, etukku,
piraijo:sanamennal?
Il est bon de dire I sollugiratu nallatul;
Bon, je suis content ~vous permettre
lutta::raml;
Trouver bon, consentir I sammadappadugiratul;
!enir bon, resister, I nirkiradul;
Trouyer bon un manger, I najappadu Kiratul:
le manger est au nominatif.
Etre de bon go~t, I rusi ja: jirukkiratul
Bon marche I najaml, v.marche.
Bonne disposition de corps I Oruppu IV. gras.
Bon esprit, homme de sene, lbuttima;nlv.esprit
Bonne aventure, v. aventure.
Ainsi Bourzes ne manque pas d'indiquer les mots qui / s'associent avec ceux qu'il cite en equivalence de sea
/ entrees, tout en montrant leur nuance. Par exemple, tra-
duisant Farce comme I pagidil, il ajoute que ce nom est
suivi du verbe I adikkiratu 1. Puis donnant I koppul comme
• • 251 • •
un autre synonyme, il ajoute qu'll va. avec /ka:ttukiratu/.
vi. L'honn~tete du lexicographe:
Bourzes n'a pas honte d'avouer qu'il ignore
iequivalence de tel ou tel terme. Par example s.v. con;jugaison,
conjuguer, il note: "Je ne scay pas le terme propre."
Ailleurs s.v. Intercalaire nous lisons: "Il est certain
que lee Indians ayant comme nous une annee intercalaire
ou bissexte, ils ont sans doute quelque terme pour 1'
expliquer, mais je ne le scay pas. /
Il faut user de peri-
phrase /munnu;trarubat taindu na:l varuSam/". Et pour
Intercaler il 6crit: "Je dirois I varu/ak kanakkile:
na:lu varufattukkoru visai oru na:l atigama:i ce:rkiratu,
ku:ttugiratu/."
' s.v. Suffrage Bourzes note: "ct.omme il n'y a pas
d'~lection aux Indes, il n'y a pas de termes pour dire
suffrage." Il ajoute ensuite, puisque cette expression
~tait utile aux missionnaires, "donner suffrage a quelqu'
un /oruttanaik kurikkiratu/ seulement opinion, /pakjam/".
D'ailleurs, e chaque fois qu'i11 n'est pas aGr
de ce qu'il avance, il est honn~te de le noter: Oitons
l'article
252 . .
Incarnat: "le diet. port. dit /sandira ka:vi
niram/,ou si c'est une couleur arti
ficielle, /varnam/. Cette couleur
me paroit plutot aurora. Le /ta:marai
pu: niram/me paroit ap)rocher plus
de l'incarnat".
I Enfin, signalons que Bourzes a humblement note
dans sa pr~face que des fautes "se sont glisse'es par mon
ignorance" dans le dictionnaire.
vii. Richesse:
\. I I I • Bourzes a enregistre enormement d'informat1ons
dans son dictionnaire qu 1 il a voulu analogi que et encyclo-I
pedique pour servir au maximum ses utilisateure. A la
fin du dictionnaire, il a list/ lee nombres tamils avec
les fractions donnant leurs I equiv8lences
253 :
fran9aisee. 75 C'est une mine de reneeignemente sur la
langue et la culture tamiles du XVIIIe ei~cle. Lee
linguistes y trouveront maintes r4f,rences aux regionali
emee. Citone ~ titre d'exemples see articles sur
Comtdie, Couturiers, Fromage, Interpr~te, Imprecation,
Judicature et Justice:
75
Com~die: m~lle de danse, /na:tagam, na:ttijam/,
a la cote, /va:sa:ppu/
b \ / Couturier!: Lee femmes ne font guere ce metier,
v. Tailleur.
Etant tamilophone, nous :tiona agr,ablement surprie ( ' d'une remarque de Bourz'es dans sa preface: "Selon
le style de cette langue on adjoute presque toujours
au eubetantif le nom de son eep~c~. Ainsy on adjoute
aux arbres le nom de/maram/" ••• Voila un fait auquel
noue n'avons jamais fait attention puisque noue le
r~pttons des notre enfance: /tennai maram/ (arbre de)
·cocotier; / kilanga:n mi:n/ (poisson de) sciona & c.
Cf. "Quatre-vingt-dix-neuf 11 des Fran9ais au lieu de
"nonante-neuf": des suisses!
Fromase:
• . 254 • •
(s.v. Tailleur: lsippijanl, vera le sud
lpa:nanl; Tailleuse, femme de cette
caste lsippicci, pa:nicci/ Ex.lus.
(du dictionnaire portugais} I sippijil;
Tailleur de pierres /kal taccanl.)
··mol, lkattu tajirl c'est un lait
caille, exprime dans un linge, lvati
tajirl. Le sec est inconnu aux Indes.
Les Maures l'appellent lpani:rl.
Nous usons entre nous le terme
portugais guejo.
Imprecation: /tittul; malediction, lsa:bam/; faire
des imprecations, v.g. aux enfants
ltittugiratulacc., telles sont: tu
mourras, I sa:va:j, ked.uva:j/; tu seras
reduit en terre ou puisses-tu ••• etc ••
/manna:j/ ou cendre lsa:mbala:j po:va:jl;
de mort violente lpa~va~} muriva:i/;
v. Briser. devenir veuve, /ta:li aruppa:i/;
Ils le disent au coq, a la poule, au vent,
au boeuf., a tout. Le serpent puisse-t-il
. Judicature:
Justice: (1):
. • 255 • •
mordre, lpa:mbu katija:to! La foudre ne
t'ecrasera-t-elle point? liti vila:tol
1e demon t'emporte, lpisa:su kondu
po:ga:to!l Terre dans ta bouche, I NV\ () u.. "( 'r al:>
un va:jile: man/ Ne mouras-tu point? I ,
Sa:ga villajo, sa:ga katava:jl; Puissea-
tu vendre ton enfant et manger l'argent
/pillai tinba:j/1 Faire des impre-
cations ltittugiratu, tittugalai col
giratul; Maudire /aa:bamidugiradu
aa:bikkiratu/; V.!B! (a ce mot)
L'improcation, avoir son effet I Sa:
bam palikkiratu/.
Comme 1.a. judicature a' exerce en co
pais sans beaucoup de formalites, il
y a peu de termes pour expliquer ces
mati~rea. /pa:ja cejja vagail justice,
lni:til intendance, lmanijaml
lni:til syn. lfa:jaml , et
joignant lea deux, lhiil'.i'pa:jaml
ou /nija:jaml raison, lmarija:tam,
neri, tarumam/ ce dernier se prend
76
77
. . 256 . •
ordinairement pour bonne oeuvre. Item76
ex. vulg. (dans le tamil populaire) /ni:
tam, natu, gr. (grandonique, samscrudam) '
/ni:tti/ Justice vindicative, v. supra
(ci-deseus) in Jurisprudence, /tanta ni:ti/.
c•est, dit-on, une partie du /tarka sa:
stiram/ Il n'y a pas de justice, on n'e~oute
pas lee gens, /ke:~vi jil~ai, ni:ti nija:
jaillai, oruttarun ke:tpa:rillai/;
Avoir lgard a la justice I ni:ti jaip
pa:rkiratu/ Exeroer la justice I ni:ti nija
jattin pati Ka:rijangalai Ke:tkiratu/:Ouir;
/ti:rkiratu/: terminer; Appeler en justice,
/aramanaikku ilukkiratu/; accuser, /arama-~
naikku ka:tti kotukkiratu/; Justice origi-'
nelle /sagasa ni:ti/ ex. Rob. 77 obtenir,
Item en latin veut dire 'la m~me mot' (de justice).
Dans le Christianisme La justice originelle de"signe
l'~tat d'~e sans tache de pdcht des premiers ~res . / / j_ . I "· \
huma~ns. Le peche se de1.in~t comme desobe~ssance a
la volont6 de Dieu per3ue dans la conscience. Adam et Eve auraient p'ch~ et perdu leur justice originelle.
se faire rendre justice /na:jattaip
petruk ko1giratu/.
Justice (2) : qui garde le juste milieu, /nita:nam,
si:r, natu, ni:ti/;
justice de roy, /ra:sa ni:ti/; en
rigueur dejustice /ni:tikku ccarija:
~/; Justice vindicative, /tujta
nikkiragam, sijta partipa:lanam / avec
· /pan~ugiratu/Rob. , . Il eat~ noter que Bourzes a eu soin d'indiquer
le sene litttral d'idiotismes pour aider la comprebension
et la retention des utilisateurs. Cf. Exercer la justice
ci-d.essus, o"u la,. lexicographe a.j oute ,~ la fin de sa tra
duction ouir pour /ketkiratu/ et terminer, pour/ ti:rkiratu/.
I Viii. L'originalite:
Elle se voit tout le long du dictionnaire:
a) \ c. " I' Bourzes etait le premier a creer un diction-
naire encyclopldique en tamil. La majorite1
de see articles
cont~nent des renseignements sur la vie, moeurs, croyances,
arts, m'tiers ••• des Tamils. Nous prtsentons deux articles
comme sp{cimens:
78
. .. 256 • •
(i) Dictionnaire: Le grandonique se nomme /
a.marsinga.m/78 • Le tamulique primi tif
dont sont tires les autres, est
' le /tiva:garam/ en vers, livre d'ou
est tire le /nigantu/ en vers, 1'
uriecol/qui est un abrege du /nigantu/.
L'/akarati/ qui est un ordre alpha
betique. Ce terme /akara:ti/ signifie
livre ou liste qui commence par \
/akaram/, c'eat a dire par /a/, qui
se nomme /akaram/. /a:ti/ commencement.
Le diet .. port. fait mention de
/pingalantai/, je ne scay quel livre
c' est.
Quoique les Tamils ~ent eu des oeuvres lexicographiques en uriccol et nighantus, ces ouvres n'avaient toujours pas un nom g'n~rique. Bourz~s cite alors les oeuvres sp,cifiques connus de tous les indig~nes 6duqu,s. Sur Amarasimha, voir Claus Vogel, Indian Lexicography, Wiesbaden, Otto Harrassowitz, 1979, pp. 309-318. Notons en passant que ce livre ne traite que de la lexicographie sanscrite!Voir aussi M.Raghavaiengar, Araichit toguti,
Madras, Pari Nilayam, 1964, p. 175.
. • 259 • •
I A eon epoque le terme d'/akara:ti/ existait co~me
Bourzes l'a bien marqut, mais c'~tait le nom d'un nighantu. 79
' Ce terme a pris le sene du dictionnaire seulement apree le
/aa-tur akara~L/ de Beechi. En ce qui concerne /pingalan
tai/, Bourz~s e'eet reneeign/ la-deeeue par la suite et
il dit avoir consultJ /pingalam/ pour son dictionnaire
tamil-franJais. Voir ci-deesous.
79
80
(ii) Bonne Oeuvre (3): /aram/. Aviar dit /aranceja
virumbu/, t~chez, souhaite} de
faire de bonnes oeuvres. Ils
Voir ·P· 49 oi-dessue.
en dietinguent 32, /muppat
tirendaram/.80
'\ Bourzes n'en donne que 31. Il ne lee cite pas dans l'ordre conventionnel non plus. Sa liste comporte 3 oeuvres qui ne eont pas canoniques, ~ savoir lee n° 9, 23,et 25. Les quatre conventionnellee, qui ne ee trouvent pas chez Bourz~s sont: /aijam/ aumone, /magavu valarttal/ adopter un orphelin, /vanna:r/ entretenir lee blanchisseurs, et /e:r viduttal/, blnir la charrue avant le commencement du labourage.
- / Pour une liste traditionnalle des 32 oeuvres de charite, voir Abhithama Chinthamani, p. 108; P.Ramanathan, Twentieth Century Tamil Akarati, Madras, T. Gopaul &
Co., 1909, Vol.2, p.560.
81
: 260 • •
1. /a:tularkuc ca:lai/ (b~tir) un hospice
pour lee peuvres, h~pital.
2. ' /O!•tuva:rku u:n/, donner 'tanger a
qui s'appliquentra la d'votion.
ceux
3. /a:ru samajata:rku undi/, donner~ manger
~ ceux qui font prefession de quelqu'un
des six sectes. 81
4. /na:lo:lai/ signifie (offrir)ou pendant
d'oreille ou calendrier.82
' / Ou Bourzes ou le copiste s.~blent avoir oublie le
renvoi au secte. Le lexicographe a un article
s.V. Secte et dans son Diet. tamul-francois il lee traite en plusieurs articles. Sur lee sectes voir
Abithana Chinthamani, p. 583.
82 La liste oonventionnelle do~ne /ka:tolai/. Ici Bourz~s semble se tromper, et confondre deux termes: /~a:lo:lai/
/ p€J'tbelhY!e... designe l'horoscope. Fixer l'horoscope d'une pPseonn~ (d'un nouveau-nl, d'habitude) serait une oeuvre de charitl. /ka:tolai/ designe (offrir a une pauvre fille) des pen~s d'oreille. Pourtant Bourzee a fait un 1nt6ressant article sur /ka:to:lai/, notant que lee femmes Bada~as en porte-t en or, etc: voir, Diet. tamulfran?ais IND 213, p.317.
83
261 . .
5. /Kanmarundu/donner des remedes pour les
yeux. 6. /talaikkennai/ de l'huile pour se laver
la t~te. 7. /penbo:gam/ commerce des femmes.
8. /vad uvai/ (arranger) le mariage.
9. /mattunavu/ la sobri,te~
10. /pirar aranga:ttal/ la conservation des
bonnes oeuvres d'autrui. 83
11. /tanni:r pandal/ une ramade 1hutte) o'ti. l'on
donne de l'eau aux paysans.
12. /madam/ maisons pour lea paysans ou pour
quelques personnes de pilte".
13. /tadam/ signifie chemin et etang; raccom-
moder l'un et creuser l'autre.
14. /ka:vu, so:lai/ planter des arbres pnur la
commodi te/ des voyageurs.
1 5. / a:vurincutari/ pieu o'b. lee vachee ~ .pev..veN\tU
~Qiesant~frotter.
Les dictionnaires tamils citent /pirar tujar ka:ttal/ I
proteger son prochain de malheurs.
84
1 6.
: 262 • •
" /vilangukku navitutal/ donner a manger
aux animaux.
17. /vilai koduttujir ka:ttal/ donner de ....
l'argent pour conserver la vie a quelque
chose vivante, (quoi) que ce soit.
18. /siraicco:ru/ donner~ manger aux
prisonniers, aux esclaves.
19. /magacco:ru/ riz cuit du sacrifice ou
pour le sacrifice.
20. /peruvittal/ faire faire des sacrifices.
21. /aravai tu:ri am/ ••• (la definition manque). 84
22. /natai tinpandam/ donner la nourriture pour
le voyage
23. /pu: nu:l/ donner aux Brames de quoi faire I
la depense nlcessaire pour prendre le
baudrier de fil.
Cela signifie 'donner des v~tements aux gens non-/ . apparentes Voir, M. Shanmugam Pilla~, Tamil-Tamil
Agaramudali, l.fadras, Tamilnadu Taxt Book Society, 1985, p. 60.
85
86
: 263 • •
24. /magap pa:l va:rtal/ jeter du lait dans
le feu de saarifice.85
25. /porul koduttal/ donner surtout de l'argent.
26. /sunnam/ (offrir) de la chaux pour mettre
avec le be'tel.
27. /na:vitan/ payer le barbier pour quelqu'un.
28. /no:j marundu/ donner des rem)des pour les
maladies.
29. /pasu vukku va: jurai/ donner a boire aux
30.
vaches. 86 /kanna:di/ je ne ecay pourquoi.
' / t' I I Bourzes s'est trompe ou a ete mal-informe ici. Shanmugam l
Pillai definit cette expression comma 'donner du lait ~ boire ~ des orphelins' ce qui semble plus acceptable ~tymologiquement: /maga/ enfant, /pa:l/ lait, /va:rtal/ verser.
Ni Abhithana Chintamani ni d'autres dictionnaires tamils dont nous disposons ne glosent ce terme sous l'aspect de "bonne oeuvre". Pourtant nous pouvons essayer une explication la-dessus; Autrefois les miroirs 6-taient des surfaces polies de plaques d'or, d'argent ou d'un autretf m'tal. Voir Tamil Lexicon vol. II, p. 693. Partager son miroir avec les personnes qui n'en avaient pas, ~tait done une des oeuvres charitables. Montrer
le miroir, d'ailleurs peut avoir trait~ des ceremonies religi~uses.
• . 264 • •
31 • I arappinancututal/ brUler lea corps .,
morts.
Il en manque un parce qufdu numero 14, j'en
ai confondu deux qui m'ont paru avoir le m~e
sene."87
b) A Yintention de ses confr~res fran5ais 11
a recueilli 6norme~ent d'informations sur la vie et la
culture des Tamils de son epoque qu'il a rangees habile
ment sous des articles tout a fait intlressants et lisi-
bles. Citons a titre d'exemples ses articles sur Fanon,
Karat et Vierge:
87 /k:avu/ et /ao:lai/ sont synonymes. Mais /ka:vu/ signifie igalement 'le sacrifice fait~ de moindres divnitts• voir, Shanmugam Pillai, oeuvre cit~e, p. 320. Par inadvertance, il nous semble, Bourz~s a m~lt lea nume'ros 1 9. et 20 puis s' est trompe' dans leur explication: Il faut lire le 19 comme /aravai co:ru/ et pas /maga co:ru/ et le 20 comme /maga peruvittal/ et pas simplement /peruvittal/. Avec l'addition de /maga/ l'expression deviant idiomatique pour signi
fier 'aider dans l'accouchement".
• • 265 :
Fanon: Monnaie des Indes, /panam/, bon-,
/nalla panam/; faux-, /kalla panam/;-d'
argent /velli panam/, de cuivre /sembu
panam/, de fer /irumbu panam/; qu'on a
use en frottant /urai panam/, qui n'est
pas de poids /idai vettu/; or qui a
quelque autre dJfaut qui ne vaut rien,
'a cause de l'alliage, /se:rvai/; qui
n'est pas d'aloy /ma:trukattai/, qui
a perdu sa couleur au feu br(he' /ka:nc
ame:ni/,/veturugal/; fendu;/arudal/;
neuf /vettu me:ni/, /p~~u me:ni/,
/minnal/, /p:~u panam/, /vettu mu:lai/,
/vettu minnal/; vieux, /na:nayam/; fanon
de Maduray, /vellai panam/; de Tanjaor,
/cakkaram/; d'Ariyalour /ketti panam/;
tout d 1 or /tanga panam/; tout d'argent
/velli panam/; Dix fanons se nomment
/pon/. On use de ce terme toutes les
fois seulement que la somme monte ~ 50
fanons. Ainsi. on dit /narpadu panam/
40f. /a~cu pon / 50f.
• • 266 .. •
Quels rengeignements pour lea numismates et
lea historiensJ 88
Karat: /ma:tru/ ou /ma:ttu/. Ils n'admettent
que dix karats, /pattu ma:tru/ or de
dix karats. /pattu ma:tru tangam/,
/sutta tangam/. Je trouve cependant
ailleurs, /a:jirattonnu:ru ma:tru tangam/:
/a:jira ~a:tru tangam/ est un or tenu
pour une chose d'un prix inestimable.
Examiner de quel karat est l'or, /ma:
tru pa:rkiradu/; v. Toucher.
Nous voyons dans cet article, le renvo~si utile
au verbe toucher qui va avec la monnaie, la fausse monnaie, I
l'epreuve de monnaie etc.
88
Vierge: /kanni/. Syn. /kumari/, jeune fille.
/alivinmai/, /kenai/. non corrompue,
/kannialija: pillai/, /kanni pen/,
/kannija: stri/. Le terme de /kannigai/
. ' I t . AJouto~s que Bourzes a complete cet art1cle par un autre sur Monnoye, on nous renco~tro~s desesp~ces telles pagoda (Vara:gan), seguin (Abira:nci Kasu)&c.
• • 267 :
' ne me paroit guere propre pour signifier vierge,
puisqu 1 il se dit des danseuses, /na:daga kannigai/, A qui n•ont pas la reputation d'etre fort chastes.
Ala P~cherie on dit /kumar/, /kumar pillai/, I
parlant des non-mariees. Mais ces termes ne
signifient par proprement vierge non corrompue.
La Sainte vierge /parisutta kannija: stri ja: . I
gija de:va ma:ta:/ ••• et quant~te d 1 autres que
l 1 usage et la lecture (vous indiqueront). 89syn.
tous lea noms qui si.gnifient vierge, /penmaik
kup pejaren kannikkup pejare:/. Se resolut 'a
garder la virgini t/ /kannija: jiruk%:8 orumicca:
1/ • F. {de Freyre) •
Dans cet article Bourzes prend soin de montrer
lee mots justes puisque dans le Christianisme la virginit/
a une signification affective et que ce mot est constamment ( .
utilise. Signalona egalement sa note sur les danseuses
et le sene limite de /kumar/ comme "non-mari/e" seulement I
et non pas necessairement "celle qui n 1 a pas eu de contacts
89 Le manuscrit ne termine pas cette phrase. qui le compl~to~s.
C'est nous
. • 268 • •
sexuels avec un homme". Par de telles remarques succinc-
tes et utiles, ~ A
Bourzes ee distingue en excellent maitre
et lexicographe.
c) / Il a invente des signee diacritiques pour
aider ses compatriotes missionnaires d~butants en tamil,
dont il parle lui-m~e dans la pr~f~ce:
I "L'ecriture tamoulique est tree imparfaite,
ce qui entr'autres causes provient de ce que les Tamuls
ayant tir' quantit/ des termes du samascradam n'en ont
pas pris toutes les lettres, comme ont fait plus sagement
les Telougous. Ce defaut est normalement irremediable. I
J'ai cependant marque quelquefois comment 11 faut prononcer
la lettre, v.g., en mettant su-dessus un b, quant
il se doit prononcer comme B. Au , j'ai ajout~ un S,
quand 11 se doit prononcer comme 8. Au , j'ai ajoute(
un g, quand il se doit prononcer comma G. Mais cela m~e
n'a ppu se faire partout.9°
90 Malheureusement les copistes ont omis de noter ces signee. Dans nos copies nous ne trouvons que le /pulli/,
' et le chevron sur des consonnes. La remarque de Bourzes ' sur la nature incomplete de l'alphabat tamil est juste
mais ambigue. L'alphabet tamil n'a aucun lie~ avec
l'~rit sanscrit.
...
• • 269 • •
"Le caractere rr , ne fait pas un petit embarras
dans 1' e'cri ture tamulique. J' ai t~che" de soulager le
lecteur en mettant un petit point dessus, quand c'est un . ,; r, v.g., rr ; un accent ~igu, quand c'eet una long rr. Sur cette lettre et les autres on trouvera en plusieurs
endroits un petit zero marque deesus. Ce zero veut dire
que telle lettre est muette. v.g., ~7~t.C. Ce ziro
marque qu'on doit lire Tourcounam ou comme d'autree
pretendent, toutcounam, et non tourracounam. Lee Tamuls
eux-m~mes usent eouvent de cette marque qu'ils nomment
/pulli/. 91 En quelques endroits, j'ai marqu/ les br~vee
et les longuee par nos marquee ordinaires, ou la longue
par un accent aigu, surtout dans lea termes dangereux,
qui prononces v.g., longs font un sens ridicule ou t 1\ . ,..,....
deshonnetes, comme sont la plupart des 11 longs."
91 \ Pour l'usage du /pulli/ des l'antiquite, voir M. Raghavaiyangar, Araiccit toguti, Madras, Pari Nilayam 1964, pp. 121-135. Puisqu'on ~crivait sur dee feuilles de palmiers avec des stylets, on omettait peu ~ peu les /pulli/ pour ne pas d~chirer les feuilles.
270 • •
Bourz~s ajoute dans sa deuxi~me remarque \. I
apres la preface, "Quand vous trouvez un chevron sur un I mot, c•est marque que la consonne doit etre prononcee
'"' avec sa voyelle v.g.,u~~u~olatiles: c'est a dire qu'il
taut lire parrappana et non parrappen".
En cela Bourzes a devancJ C&J.Beschi et lui
aurait donne l'id:e d'introduire des am~liorations dans I I (
l'ecriture tamile. Beschi a perfectionne ce qu'a commence
Bourz'es. 92
' d) Bourzes se reserve .• ussi la gloire d' avoir
fait la premi~re pr~face d~taille~ et compl~te, exposant ~ /
son but, ses problemas, les solutions qu'il y a apportees,. I 7
et ses methodes, et sa preface est meilleure que celle I
de Proe~~a. Par son etude soigneuse, il a pu trouver
' 24 regles pour la duplication des lettres qu'il donne en \
annexe a son dictionnaire. Sa notice liminaire contient
des informations utiles sur la morphologie et la syntaxe
du tamil. Teutefois son souci d'~tre serviable se voit /
dans la remarque qu'il a faite avant de presenter des
particularite"'s dans la fusion de mots tamils:
92 K.Meenakshisundaram, o.c., p. 171: M. Varadarasan,
0. c. , p. 241 •
• • 271 • •
d 30 1 d 1 . . B ' / . t Avant de onner exemp es e ~a~son, ourzes ecr~ :
"Je ne me suis pas toujours astreint ~ ces deux \
regles (d'infixes ) de peur de confondre lea commencants
pour qui principalement se font les dictionnaires.
"Pour cette meme raison, je n'ay pas toujours
observe les changements de consonnes que les critiques
observent comme on peut voir dansAa table suivante, que
' / ~ 93 je ne donne cependant pas comme regles generales ••• "
e) Ayant ~ppris lui-m~e plusieurs langues qui
n'avaient aucun rapport avec le fran~ais comme l'hebreu \ / ..
et le grec, Bourzes avait une sensibilite aigue pour le
I ' ~ phenomena linguistique. Ne trouvant pas d'equivalences
"' toutes faites pour des mots fran~ais, Bourzes a fait de ......
louables p~araphrases pour les traduire et suggere des
pistes pour sea utilisateurs:
/ Par exemple, no us lisons s. v. Incapaci t e:
"Incapacit/: On tourne par incapable, /a:ga:mai,
sa:martija milla:mai/ et sim. (similaires)."
93 Essay du Dictionnaire francais et tamul, p. 617.
. • 272 • •
N'a~t-il pas dlj~ averti sea lecteurs de la
tentation des d~butants dans sa prtface?: " Au reate,
il ne faut pas s'attendre ~ trouver dans les langues
des Indes, les m~es tours, les memes m/taphores et le 1\ I meme genie, que dans lea langues d'Europe. C'est un
ecueil des commeY~ants de vouloir accommoder la langue
4u pais ala notre au lieu de s'accommoder a la leur,
et d'en prendre le ge'nie, le tour, le ton etc." Quoiqu'il I
lui ait manque le savoir de la linguistique d'un Vinay,
d 'un Darbeln~ ou d 'une Seleskovi tch, il a employe' lea
m'thodes que ceux-ci pr,conisent pour la traduotion. 94
Par example l'article d~fini n'existe pas en tamil, voila
ce qu',crit Bourz~s s.v. La:
"~: Article ordin. ne s'exprime pas. La
vertu, /punnijam/. Cependant pour l'exprimer, il n'y a
qu' ~ ajouter /a:navan/, pour le masculin, /a:naval/ pour /
le feminin et /a:natu/ pour le neutre." v.g., /punnijama:
vatu, la ve~u ••• " ce proc~d' ~appelle la transposition
aujourd'hui. 95
94
95
/ J.P. Vinay et j.DarbAlnet, Stylistigue comparee du
franpais et de l'anglais, Paris, Didier, 1977;
J.P. Vinay et J. Darbelnet, o•c., p. 52,
: 273 • •
" En voila un autre exem9le: I /
Intentionne: Il est bien intentionne: on tourne, +e"lr'o..._
il nous aime, il ne nous ~pas
de mal /polla:ppu sejjap po:radillai/
et sim. Il est mal intentionne, ~e. \
il ne faut pas..<. fi er a lui, /avanai
nambak ku:da:tuJ/ ou /namba ve:nda:m/.
C'est un mechant: /vancakan/ et aim.
" Dans cet exemple nous voyons que Bourzes a I / I · 96
utilise un procede que Vinay et Darbelnet nomment Adaptation.
Une traduction litt,rale donnerait/avan nalla ennam kondavan/
et qui serait grammaticalement correcte. Pourtant comme
' ' Bourzes l'a tree bien senti, un Tamil n'emploiera pas cette /
phrase dans le contexte cite. /avannai nambala:m/ serait
I " une reponse automotique d'un Tamil. Signalons que Bourzes
a utilisi la forme n'gative de notre phrase pour son
deuxi~me exemple. Cet article est r~v6lateur du degr:
de maitrfise du tamil de ce saint pr~re. Il a rendu
!'expression 'traduire en tamil' en /tamil padutu kiradu/
96 Ibid. o.c., P• 50.
: 274 :
~u'il qualifie d'~tre meilleure que /tamilil tiruppukiradu/
qu'aucun tamilologue ne critiquera!
f) L'oeuvre de Bourz~s est aussi le premier
dictionnaire analogique en tamil, qui encha1ne les expres-. I yi_ el:>
s1ons dans l'association loeique des idees, sugge~ par
see mots vedettes. Citons par e~ple son article s.v. Dieu:
~: Seigneur de toutes chases, /saruve:suran/
ou /saruvasaran/, /tambira:n/. Ier Etre
soy, /pira:n/, premi~re divinite~ /tavam/,
/teivam/, /te:vatai/, teivatai/, /teivi:
gam/ •• Dieu, /de:van/, se dit par surnom
de quelque marraxa que ce soit. Le
P.Robert use quelquefois de/de:van/:
/de:vanirukkira:r/, 11 y a un Dieu. Dieu,
/kadavul/ v.g. /kadavul nirna:jam/, d/mons
tration de Dieu. /mu:rti/ paroit aussj_
signifier Dieu. /mu:rti/ se dit auss~ / I
des hommes: /pa:va mu:rti/ grand sc~ierat,
QUi totus est peccatum (la personnif~cation
m'~e du p6ch~); l'Etre, /valup porul/
/param porul/, le grand Etre, /para:paravalu/;
: 275 :
en gr. (grandonique) /paxa, puruj"an/, /9ara I
brammam/, On m'a souvent assure que ce n'est
point le grand Bruma, /para:paran/ le Grand,
/parama ta:ta/, le grand P~re; le Saint, le
Pur, /Tu:jan/; la grande ~e, /parama:truman/: /
c'est le nom que luy donnent ceux qui preten-
dant que l'~e sensitive et vivante est une
partie de Dieu. /si:vatrumam/, ~e vivante,
Dieu. Seigneur, /swami, kartan, a:ndavar,
pati/ etc. Seigneur de nos vies, /si:vajaigan/,
~tre vtritable, /meip porul/, ceux qui ~royent . /
que tout est faux excepte Dieu, usent de ce
terme. 97
97 Nous avone choiei cet example; expr~s. G.James le cite in o.c., p. 72, pour critiquer injustement notre lexicographe dieant: "There is no doubt that some of his entries were convoluted if not confused." Il est domage que James ait me'pris le but et la mithode de Bourz'es. Celui-ci vise 'a aider lee de'butante fran_rais en tamil. Il trouve que plusieurs sectes existent au Tamilnadu avec
I .. leur terminologies differentes. Alors il les cite toutes en dietinguant lee sene particuliers de!chacune. Le sien n' est pas un di ction:naire monolingu.e ni o uvrage de version od il aurait pu faire des renvois pour mettre see utilisateurs en garde contra de faux usages. C'est pour-
~ ' ') I ./ quoi il mentionne le deuxieme sene tree repandu et usi.te de /de:van/ me:nbre de la caste de /de:var/ou/ ·maravar au Ramnad.
: 276 • •
g) O'~tait 'galement une admirable oeuvre
p'dagogique, indiquant lee bons et mauvais
usages, mettant les utilisateurs en garde
contre quelques expressions peu convenables
etc. /
Il a fait des observations precieuses
sur la langue tamile. Voir surtout sa 0 I ramarque n 8 dans sa preface.. A titre
d'exemple citons son article e.v. ~:
~ (Hola?) en appel;(ant, ada:/, terme de
hauteur. 98 /ade:/, moine imp/rieux; aux
femmes /adi/. Termes que nous ne devons
j amais dire, except a' tout au plus aux
enfan~ parce qu'il marque trop de
familiar! t /. '- I' I ~ v £-t-e... .. ~: (t:..b
Bourzes a egalement "marque" lea ~iterits (dee
verbes irr,guliers) quand ils s•tcartent de la rfgle /_
ordinaire ou moine la plupart," pour aider lee debutante
dans leur apprentissage.
98 I " A Comprendre: 'terme employe par les maitres pour lea serviters, la noblesse aux gens du peuple & C.
: 277 :
. D/f .. ~x. e ~c~ences:
a) En ce qui concerne l'orthogra9he nous ne
pouvons dire grand'chose puisque nous ne disposons pas
d'original manu~crit. / /
Les copistes ant fait enormement
de fautes comme par exemple, dans le dernier exemple cit/
ci-dessus, sous Bonne oeuvre, no.1, au lieu d' la:dularku ,
sa: lail on a recopi/ I a:duvarku sa:lail. Tout()ois, ...._ I
Bourzes s'est trompe dans quelques cas dont le suivant:
f ~ /, Dans la preface il note de s'etre attache a
l'orthographe qu'il avait jugt la meilleure et il en
donne deux examples: lvajaru/ et /kajaru/ au lieu de
/vajirul, lkajirul etc. Or, les premi)res formes sont
plut~t fautives et lee secondes correctes, comme l'attestent
le Tamil Lexicon et d'autres.
b)
cett e oeuvre.
~ . t ecr~ : "User
On trouve des fautes de syntaxe da.ns
Par example, s,v. Bonte/(4) Bourz\s / I
de bonte a l'egard de quelqu'un, loruttanai/
mieux que I oruttanukkulnanmai seigiradu/. Ici, le
lexicographe a suivi sa penste analytique et sur le
paradigme 'faire quelque chose' lonrai seidal/, a form'
loruttanai/, ne remarqu<lnt pas que le /:1anma.;1/, 'du bien' i . A
est au cas reg~me et que le datif conviendrait meme en
fran3ais et beaucoup plus en tamil pour la personne
278 . •
b6ntficiaire! "-.
Mais Bourzes avait conscience de sa
limitation dans ce dornaine et il l'avo~e dans sa
pr~face: "Jusqu'A pr~sent je n'ai pas pu trouver de
r~gle pour scavoir quand le verbe /
actif doit necessaire-
I ment avoir d'accusatif pour regime et j'aurai commis bien
des imprepri~tts en cette mati~re dans ce dictionnaire.
Je crois qu'ordinairement il doit avoir l'aocusatif •••
' il faut s'en tenir a l'usage et remarquer ce qu'on trouve
dans lee bone auteurs."
c) On remarque aussi des fautes de synonymie
dans le dictionnaire. On peut citer l'article pour
Admiration:
"Admiration: ou chose admirable /a:ccarijam/,
/adisejam/, /arpudam/. Ex.dict. poet. /vimmidam/, /vicitram/,
/irumbu/, /tinnam/, /adira:jam/, /ar:mdam/, /mila.ccaco:van/,
/vibari:dam/, Interjections d'admiration: /adisejitirangal/
v.g., /a:vu/, /oo/ /ando:/ /anno:/, /ada/, /appada:/,
/ammamma:/, /u:su/, /keduva:i/ Nous ne devons pas user I de ce dernier. v. Imprecation."
Dans cet article, itinnam/ n'est pas synonyme I
de l'entree, ni /u:su/ ni /keduva:i/ ne sont des interjec-
tions d'admiration. Et/milaccaco:van/ n'existe dans aucun
• • 279 • •
dictionnaire. 99
d) / /
On peut degager eg8lement des fautes I ' / etymologiques: Apres avoir indique tout ce qui va avec
Maduray, Bourz~s ajoute /pa:nduvargal/ qu'il dtfinit 'fils
de ce roy' (Pandyan de Madurai!), mais cite comme sa
source de cette information le dictionnaire portugais et
explique que "tous ~taient maria de la vertueuee /duro: I I
badi/ qui une annee vivait avec un d'eux et une annee
avec l'autre." Le dictionnaire portugais (tait eelui
de Proenca qui ne donne pas tous ces renseignements sur
/ ' lee Pandayas. En cela aueei l'erudition de Bourzes se
voit. Mais, notre lexicographe a lu un peu trop vite
l'article de Proe~a, qui mettant /Pa:ndira:sa/ imm'diate
ment aPr~s /pa:ndi/ "Reyno de Maduray", avait dtfini ~ celui-la correctement, "nom d'un ancien roi, qui regnait
dans lea parties du nord". Proenca vivait pr~s de Tiruchy
et Madurai est au sud et pas ~u nord! Done, il ne
d~signait pas la capitale des rois Pandyas mais Hastina:
99 Voir famil Lexicon, v.III p. 1872, Shanmugam Pilla!, o;c.,
Vol. 1, p. 707. Peut-~tre que le copiste a fait une erreur ici.
: 280 :
-.... A puram au nord de l'Inde. Bourzes cornmet la meme erreur
dans son dictionnaire tamil-francois. 100
e) On peut objecter dans cette oeuvre le
manque de rigueur aussi. Par exemple, le lexicographe / . ~
a donne le nom de l'alphabet tamil correspondent a chaque
lettre de l' alphabet fran~ais, mais 11 a omis de l' indi
quer pour /ka/, /ra/, /va/, /ya/, qui existent en tamil. / . I / I' • Il aurait pu ev~ter de repeter quelques entrees plus~eurs
fois en group ant sea informations so us une adressc. I / ..._ .
Bonte par exemple se repete quatre fo~s tandis que les I
numeros 2 et 4 contiennent des renseignements commune. I Au reste.le lexigraphe a oublie de distinguer entre ,!!
article et 1~ adverbe et lea traite ensemble dans le m~e -article.
100 Voyant que Bourz~s fait allusion au Ramayana en parlant de Rama, Bita, Midiley, Rameswaram etc. mais ne definit:pas Krielhna etc., et qu'il fait des fautes grotesques sur les Pandavas, il y a lieu de croire que le culte de Krichna n•e'tait pas aussi r~pandu au Tamil-
'\ nadu au XVIIIe siecle qu'aujourd'hui. Noter aussi
/ qu'il met en equation /aruccunan/ et /Kiru;nan/dans son dictionnaire tami1-francais. /kannan/ a~·y trouve dans
la nomenclature et pas /krijnan/. Pourtant sea informations sur d'autres divinite's et mythologies sont en
/ / general exactes.
: 281 . •
f. Nous avons d6j~ parle' de quelques fa.utes
· qti 'jil a. commises dans 1' a.lphabltiea.tion de motp. fran-;so.... ' s~~ Tais, sous I/J. On en trouve ~ et la.. ~y par
exemple, Yvoire se met a.pres Ivrage!
g. Bourz~s a quelques entr~es sans dlfinition I dont ecusson, Joute, Jouter, Jouteur, Lyrique, Nard,
Passif, Perspective, Portraiture, Predestination, Pronon,
Tendon, Tenon, Timonier, Toison, Vertebre.
Avant de concl.ure, il faut mentionner que Bour
z~s Jtait bien conscient des lacunes dans son oeuvre. I I Il voula.it lea reparer mais la.demande etait urgente et
il a d G. la passer sans tarder dava.ntage: "La. derni'ere. I / ~
(rema.rque) sera qu'etant actuellement occupe a corriger
les fautes de ce dictionnaire qui sont grand nombre, on I • me le demande de Pondichery. Ains~je l'envoye tel qu'il
est, priant encore une fois ceux qui se serviront de cet
ouvrage de vouloir bien corriger ce qu'ils connoitront
certainement ~tre fautes, et adjouter ce qu'ils jugeront
'a propos, 11 a -t-il ~crit 'a la fin de la pr~face 'a ce
dictionna.ire.
: 282 • •
En fin de compte no us constatons que c ette
I'\ I . ' oeuvre d • un grand ma.i tre erud1.t est tout a fait excep-
tionnelle dans eon contexte. I A part lee ecrits de
missionnaires, ses devanciers, qui ne traitaient que de
choses ~pirituelles, il n'existait pas de textes en
prose tamile. 0\\ peut imaginer le travail soutenu et
" gigantesque que cet extraordinaire lexicographe a du
entreprendre pour achever son oeuvre entre 1721 et 1724.
6. Le Dictionnaire tamul et francoie:
Le titre que porte la copie cot~ IND 213-214 I
dans 1a BNF est formule COIIBlle suit: "Dictionnaire tamoul
et Fran9ais". Evid emmen t le copist e a modifi/ 1' {pella
tion du titre selon l'usage du XIXe si'ecle. Bourz~s ee
t' ' \ refere a la langue des gens du Madurai toujours comme le
tamul. Le fran~ a is s' /cri vai t avec un "G" au ei;;-cle d 'or
et au temps de Voltaire. Cf. Le titre du manuscrit de
Manchester: "Dictionnaire Tamul-Francois par le R.P.Louis
Natal de Bourz"es, Missionnaire du !wiadure." G. James donne
une 1iste dee copies disponibles de ce dictionnaire dans
d b . bli th\ I 101 es 1. o eques europeennes.
lOl Voir o.c., pp. 208-9o
~~/-~.,.~ ·~'?~~,,,__~~7-1~'/:. /---~ . 7-~'t---L~--... t#,,.1~/:Z7-'' .. ..!!:!!?,.,...../ -./ 7' ~,_,_-~~~I ~Lr.-4-.-~ '!'- ·~? ~--'7.',~~4-.--p ·~.1',._,~,..-t~---?
·.~.-L.;It __ _....,_. '.-.Lfi-,_-'V',/,_1~,1',._-f" .. '~ ~·~.· ·--zP/.~-~~~,.,.~~-'~7'-~~- .... -
~..;:-~ :-._. ~~~~ _,..vG~~?':'.I ''77~"'7-./ ~fh~ ~-~~ ,.,,(. s--1~ ,......,~ --r."~-·'/"'7" .... -.--.~~ 4""'7 "~·--. "~---r, 'p:!-'"!"'/Y·.,--:--.. ~LJ~,~ n.-.-.. ,.. ,-.;AG~
-~~-T ~ ... -tf""'/r-;/"~ ;.17 ~7 ~/h'JI:-:-6 .+CJ"~O'T·J' 7. ~~?r . .-t r "'C~r57 ;f'
r-/r7~.-~o~'67·.u7 ·--7~b-.__,7./r.,,.-l ·."'; .... , .• r5"". ~ ..... ~·· . ·.7~& "~" ,., :""·/£./ .... ~ ,,-:-··~~~ /,_ .. ; "?"~~ .--..,.,-... _., -/"1 ~~<:P...,,_..'- _ ..... ~-:r ..... ~;: ~.~ ~
"Y~7-~, ~ .._,.;. ?f;.. t_ -.t-. ·-f-~6. -': .. , .. , ...... ,_ .4 ·"•. / ~-~--,-./ _ _..,-~?f ·-r!--7 -.1.,.--~ --:y J.,(., •f ,'C" 'P r· ,.6 ·~· +-t ... 1 ~· :;c_ "'/ ':7 .. , ~" . r;f,. .. ~.-:? -r.4-":" .. -,..
- ~/--l,_.r .. 1·~ ~-1y 7. "/-".7 ~ ---~~,r 7 ---~~ ~-t -/ 7 _.,? -~' ·- :r":·-.,·-> .... ·---~?';;
/.?!.~·~ \§l ~ff\~--~: .... I . . .
ol .. ,,l·. , ....... ,~.--\~-:''· ·~
, ~,;;>( • ..,
. PJlm£1J!f?r ··~' . c~~, 71 /'"~I.Ut7'2_ ~
.)/Jl72t Uf!1jJJfi}
i
. • 283 • •
/ t I i. Le manuscr.it etudie: A.Cabaton a liste un jeu de
dictionnaires cotes IND 208-209 et 213-214, sous le nom ~ du Pere de
lee formes I la preface
Bourges. Or, Aloysius et Bourges ne sont que
latiniseres de Louis de Bourz~s, comme l'atteste
de C.J.Beschi'a son Dictionnaire tamil-latin:
"Rey,Pater Aloysius de Bourges, natione Gallus, .••. in
Madurensi Regno mihi .. commissionarius ••• ingenti mole Die'"'
/ ' ' tionarium scripsit," ("Le Reverend Pere Louis de Bourzes
de nationalit/ fran7ais~, qui ttait mon commissionnaire
dans le royaume de I1adure, • • . a Iori t un tr~s grand die-
tionnaire.") I I' Au reate, comme noustavons deja dit, ces
manuscrits de Paris et celui de Manchester se correspondent
exactement. Nous avons choisi la deuxi~me se'rie, 'a savoir ( / . .....
celle cotee IND 213-214 pour notre etude puisque la premiere
dat/e de 1750 (15 ana apr~s la mort de l'auteur), est in-\ 102 complete."
102 Voir, A.Cabaton, o.c., p.48: "IND 208-209, Dictionnaire tamoul-franlais, par le P~re de Bourgee (Copie incomplete). (Cf,213-214) 1750, papier, 77 et 275 feuillets, a 2 col. 160x215 mm." En fait c'est le 209 qui est le premier tome ou co~ence le dictionnaire sans preface avec /a/ et termin' par/na:vitar/. Mais IND 208 commence par /tokukirat u/ et fini t par /mauvai/. Or /na/ se place apres /ta/ en tamil. Ainsi ce n'est vraiment pas le 2e volume continuant le manuscrit DID 209: D'ailleurs i~lui manque environ 2600 mots des consonnes qui s~~t /m/, contenus dans IN'D 214. Nous avons constate egalement que 358 mots list~(s dans IND 213 entre /ati)am/ et /amma:n/, ne se trouvent pas dans IND 209.
284 :
Pour les manuscrit? cotes IND 213-214, A.Ca.baton
fait la. remarque suivante: "Dicti onnaire t amoul at fran-
7ais (avec des notes gra.mmaticales), par le P. de Bourges.
En deux volumes, vers 1845, papier 567 et 537 pages,
230x300 mm. .. 103
I Nous nous sommes procure une copie en microfi-1....,.
ches de ce manuscrit fait vera 1'an 1845, et garde ala
BNF. L' aimabl e Profess eur Thomas Mal ten de 1' Uni ver site' .. I
de Koln, contacte par Mlle Ulrike Niklas de l'Institut .r
d' Indologi e de Pondichery nous en a fait et apporte d' Alle-
magne gracieusement les photocopies, si lourdes! Tout es
les re'f{rences que nous faisons "a ce dictionnaire, con-
cement alors, cette copie de la BNF, qui est en deux
colonnes de 27 lignes. La copie de Manchester a ~t' faite
1n folio sans colonnes.
"' Le deuxieme tome, IND 214 qui commence avec
/ta:gam/ ~ la page 1, a des blancs dans quelques articles
jusqu•\. la page 26. ( / /
Un examen approfondi nous a revele
une main difflrente de cella d'autres pages, identique ~
la main de IND 213. L'Ccriture de Bourzes a d~ s'empirer
vers la fin, puisque IND 214 laisse des blanca m~me dans
les autres pages apres la 26e, 'a un moinllire degr,. Il
nous semble que pour un copiage rapide, on avait demand/
103 Ibid, p. 49.
. . 285 . •
~ ' a deux personnes de recopier, mais voyant que le deuxieme / I
copiste ne pouvait pas bien dechiffrer l'ecriture de son
original, on a d~cide' de laisser le premier copiste ache-
ver le travail.
Seule une comparaison avec d'autres copies
puisse nous eclairer et aider~ restituer ce qui est omis.
Par manque d'autres copies, nous n'avons pas pule faire.
Mais cette petite lacune n'emp~che pas notre 'tude.
L'auteur dit que ce dictionnaire est l'abr'g~
d'un autre plus long ou "je marquois lee synonimes et cer-
taines enumerations qu'on trouve dans lee dictionnaires du
pais." ••• 104 Le dictionnaire contient dans lt. premier tome /
16 pages de notes liminaires suivies de 567 pages de defi-
ni tiona et dans le deuxi~me, 537 pages de d~fini tiona. _Le "-. I ' manuscrit est en tree bon etat a cause des soins des con-
servateurs de la BNF.
ii) Lee destinataires:
\ Comme l'autre oeuvre existante de Bourzes,
ce dictionnaire est aussi destin/ aux aissionnaires fran;ais.
104 Voir IND 213, Prtface, p.vii. Il s'agit de son
Dictionnaire tamil-latin.
: 286 :
Nous pouvons le d6duire de deux remarques de l'auteur J
dans sa preface et de sa conclusion:
a) En critiquant le rejet de termes po~tiques
par Proenca dans son dictionnaire tamil-portugais, Bourzes
'crit: "Le R.P.Antoine de Provence, auteur du diction
naira portugais- tamil 105 a rejete les termes po/tiques,
parce qu'ile sont de peu d'usage. Il devoit done, ce me
semble, rejeter par la m~me raison, quantitd des termes
samouscroutams, ou granthoniques qui sont aufsi peu d'
usage que les po/tiques ou s'il a retenu ceux-cy, parce
qu'ils sont n~cessaires pour comprendre lea ouvragee du
R.P. Robert Nobilis, il semble qu'il devoit retenir lee
poetiques qui ne sont pas moins ne~essaires pour entendre 106 les livres du pays qui presque tous sont en vers."
Or les oeuvres de ~ Nobili ttaient tous sur la religion
et l'apolb!g6tique et ceux qui les liraient et auraient
besoin d'un dictionnaire pour les comprendre ne sont que
des missionnaires. '\ Les indigenes pour lesquels de Nobili
c-. I ...., 1'/' les aur~t surtout destines, n'avaient pas a se referer
105 C'est plut~t tamil-portugais,
Proenca, oc., p.13.
I Voir la preface de
106 ' La citation de Bourzes se trouve in IND 213, p. ii.
: 287 :
\. a des dictionnaire bilingues de cette sorte!
b) \ I
Aprea avoir loue "lee Vellales ••• qui ont
merit e' le nom de/va:rtai tolilo :r/, Bourz'es continue,
"Je crois que ••• dans nos discoure, exhortations, et dans
' les livres que nous compoeons, c'est uniquement ala
(faJ#n de s•exprimer de ces vellales et d'autres qui font
comme eux) que nous devone nous en tenir."l07 Il est / evident qu'on ne donne qu'aux missionnaires cette sorte
de conEe il.
c) 1 ecv~~~i:
Bourz'es termine sa preface en eavivant:
"Voy1a, mea RR.PP. de quoi j'ai cru devoir vous avertir
a:u commencEment de ce dictionnaire; il ne me reate qu'a
vous 1' offrir, comme je le faie tree humblement, vous
priant de vou1oir bien me donner an peu de part dane vos
SS.SS., et dans vos travaui apoeto1iques."108
lO? Voir HID 213, p. vi.
108 SS.SS designe "saints sacrifices" ou messes. Les Cbre'tiens croient que les bonnes oeuvres qu'on fait
,l dans ce monde vaudront une recompense dans la vie c'1este, et qu'on peut les partager avec d'autree personnes bien aime"es en les faisant a leur intention. "Lee travaux apostoltques" d~signent toute sorte de service missionnaire, culte, confession, iducation, soin de ma1ades, pre'paration). la mort et er@terrement ••• En fait 11 y a deux autres mentions des RR.PP (R~ve'rends P~es) dans cette pr(face, page iv. La citation est~ la page vii de la pr~face.
sources:
: 288 :
iii) Les sources:
r ' Dans sa preface Bourzes indique clairement ses
a) Le dictionaire tarnil-portugais fait par A. da
Proenca.
b) Les cinq dictionnaires du pais, ~ savoir: le
/tiva:garam/, le /nighantu/, le /uriccol/,
le /pingalam/ le /agara:di/.
c) Le dictionnaire malabar-tamul et grOOPthon
compose par le Pere Jean de Cerquiera.
d) Les mots usuels qu'il avait notes au cours
des voyages et pour lesquels il a ndonne
le sens que l'usage et les gens du pais
que j'ai consultes m'ont enseigne."
"De ces sources vient ce grand nombre de termes
dont ce dictionnaire est composi.u109
iv) La nomenclature:
Elle est compos/e des sources prtcit~es. Bourz~s
a inclusdans sa nomenclature "des termes po~tiques" et "des
termes samsouscroutams" parce que ceux-ci sont n~essaires
pour entendre les ouvrages du R.P.Robert de Nobili et que
109 ) Voir IND 213, preface pp. i,iv et xvi.
: 289 • •
\ ~ ceux-la •ne sont pas moine necessairss pour entendre lee
livree du pais qui eont presque toue en vers." On y
trouve lee mote utiles pour lee ~changes quotidians: nom/
bres, jeurs, mois, annees, parties du corps, maladies,
'd· A t / reme as, vetemen , cuisine, manger, litterature, mytholo-
gie... Le lexicographe a marqu/ m~me¢ lee euph,mismes
pour indiquer lee n~cessite's corporelles, v.g., /ondrukku
po:ratu/, /rendukku po:ratu/, /velije: po:ratu/, aller aux ' petits et grands be s:Uns; /vilakka: jirukkiratu/, se tenir "a
l'{cart, pour lee femmes souffrant de menstrues, puisqu'on I' lea considerait impures.
'- I Bourzes a enregistre sous lea voyelles 5913 mots,
soit 25~ du toal. Ce taux correspond i celui de Shamugam
Pillai (23%). Pour une oeuvre de pionnier, la nomenclature
de ce dictionnaire se compare bien avec celle de Shanmuga.m.
A titre d'exemple nous montrons le tableau de \
lettres a
articles importants:
Mots Pourcentage par rapport au total Nom du Dictionnaire totaux /a/ /k/ /c/ /p/ /m/ /v/
~ Bourzes tam-fran 24 388 8,6 17,1 12,9 11,6 8,8 9,7
Shanmugam tam-tam 64 048 7,3 16,8 11,8 13,0 9,9 8,2
No.
1 , 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.
g. 10. 11 • 12. 13. 14. 1 5. 1 6. 17. 18. 1 9. 20. 21 • 22. 23. 24. 25. 26. 27. 213.
I
• • 290 . •
Repartition de la nomenclature
Lettre Nombre de motes Pourcentage par rapport au total
/a/ 2090 8,6% /a:/ 621 2,5" /i/ 975 3,9% /i:/ 128 0.5% /u/ 924 3,8% /u:/ 144 o, 7% /e/ 382 1 , ti% /e:/ 194 0,8% /ai/ 63 0,3% /o/ 269 1 , 1%
/o:/ 118 0,5% /Oill/ 5 0,02% /k/ 4184 17,1% /c/ 3139 12,9%
!PI 58 0,2%
/~/ 17 0,06%
/t/ 1864 7,7% /n/ 1 501 6,2% . /p/ 2317 11 , 6% /m/ 2160 8,8% /j/ 45 0,1% /r/ 1 69 o, 6% /1/ 1 01 0,5% /v/ 2359 9,7% /rr/ 6 0,02% JJ I 3 0,01% /s/ 36 0,1% /kj/ 1 6 0,06%
24,338 99.97%
: 291
v) Lee articles:
• •
/ A l'encontre de l'Essay, qui presentait
tout ce qui peut avoir trait avec la vedette, le Diction
naira tamil-franrais trait e le s entries dire ctement avec
leurs equivalences et le s mots ou expressions qui vont
avec eux, les eituant dane dee contextee en exemptee.
La long~ur moyenne des articles de Bourz~e
dans ce dictionnaire est de 2,5 lignee. Le plus long
articlecf s',tend ~ 92 lignes, listant les noms de tous
lee 60 ana du cycle indien. 110 /isai/, musique, se traite
en trois articles de 48 lignes. /ari/ a 31 lignes, indi
quant 30 significations pour ce mot l /ka:iccal./, fi'evre,
e' explique en 19 llgnes.
Bourzes definit l.es mots tamils en fran~ais.
Il passe en latin quelquefois par pudeur lorsqu'il s'agit
de mot qui puissant choquer lee autres. Par example,
il traduit /pen kuri/, le sexe feminin par pudendum
muliebre: 'partie honteuse de femme'. Ou encore pour I
/agal/, apres l'avoir defini comma "grandeur, petit
vase de terre qui sort de lampe, surtout B. la f~te de
110 " I Bourzee a marque lee nan s de la division de jours et de eaisons en six parties chez lee Tamils. Uf. Tamilkudimagan, /Cittirajil putta:nda:/?" in Ttnamani 20-1-1995.
• • 292 • •
/ka: artigai/, quant a 1' lloignement, (sic) 111 inusi tl,
item, femineum, (le m~e mot, sexe de femme). 112 S.v.
/punarugiradu/, "s'unir, dicitur praesertim de copula
venerea", (se dit surtout de l'union sexuelle.) /erugiradu/,
animal, un homrne, par crainte, stercus emittere".L 'chier',
Bourz~s ex,llique son glissement en l~tin ainsi dans sa J .
preface: "Vous trouverez aussi quelques mots lRtins: ov~J...~ £ 1 '-. 1 ~ie; qi e-s-uns me seront echappes par l 'hRbi tude ou j 'etois
de composer de t~~ul en latin. J'en ai mis d'autres parce
que le mot francais n~ me venoit pas, d'autres par modestie
pour ne pas user de certaines expressions fransaises peu
honn~tes, d'autres ?arce qu'elles m'ont paru plus pr~ises
et }lus courtes." (IND 213, p. V).
Pour quel<p es mots Bourz~s ind ique leur etymo
logie. En voici deux examples:
111
11 2
/ondro:donru/: l'un avec l'autre: /ondro:du/,
c'est, l'ablatif social de /onr1ru/
/tannir/: de. /tan/ et /ni:r/ (l'eau fra~che).
Il y a une omission de copiste. Ajouter, Voir /akal/:Pvvz.~
Ramanathan donne pour ce mot le sens de 'aexe feminin'
en premier.
: 29:3 • •
" ..... Souvent Bourzes renvoie a d'autres termes
comme synonymes ou pour plus amples informations. V. G.
S. v. / capnugam/ il note, "1' idole a six visages, / subra-
i · I d I 1/ · 1 1 3 ma:.-1 Jan , e ca ou Slx.
I I En general, le lexicographe cite les mots ou
~s expressions qui vont avec la vedette. Par exemple,
prenons /mulam/: . /mu~am/
....., \ 114 terme commun a coude et a genou.
Dans l 1 us~ge ordinaire, coudie; De
combien de coud~s est cette toile?
/ei:lai kettanai mu~am/? -avecjpo:~\~~/
dugiratu/, mesurer ainsi; le /taccan
mulam/ est Plus grand que l'ordinaire • •
Pour les concepts qui ont deux mots ou plus,
Bourz~s indique lequel est plus usi t/:
I eccil/ : rest e de ·1a table, terme odieux, di t es
mieux/mincina, mindina so:ru/, /parigala
se:j~/, us. (usite).
11 3 C'est plut~t /cat/. Nous ne savons pas si c'est une faute de copiste. /cat/ sert de pre'fixe en sanscrit
pour /six/ et devient /can/.
114 Bourz~s aurai t dG.' dcrire "pr~fixe c ommun 'a de{signer coude
avec /kai/ et genou avec /ka:l/, /mulangai/, /mulanga:l/".
• . 294 . •
/parikala se:} am/: les restes du plat du gourou,
regarde.comme /pirasa:dam/ et non
comme/eccal/ par lea fid~les disci. I 11 5 ples. Crud1te.
Citons encore l 1 article pour /agattugiratu/: ~
/agattugiratu/: ecartiller les jambes, peu modeste.
Il vaut mieux dira, /~a:lai
virikkiratu/.
I Ainsi nous trouvons egRlement des marques de
registre, usage et de r/gionalismes dans cette oeuvre
\ 116 de Bourzes.
1 1 5
11 6
Nous trouvons la d/fini tion r1.e /parikalam/ comme 'gr8nd plat o~ l'on mange. Peu us.' erudite (souligne par le lexicogrn.phe) d esignai t ra r~ge classique manque de raffinement (chez les disciples, ici): Lexis.
En ce qui concerne 1 1 usage, Bourz~s pr/conise celui de Vellales et d'autres qui parlent comme eux, comme nous
~avons d~j~ notJ. Mais en ce qui concerne le parler pr~f~r' de Bourz'es, c 1 est celui de Nadurai et il en a raison. T•1adurai a ~t~ le siege de 1 1 Acade'mie tamile d'es l'antiquit~ et tout le monde convient m&me de nos jours
que le tamil de cette rlgion est le meilleur. Voir note 12 du P~re Thaninayagam dans son 'dition du dictionnaire
de Proenca.
295 . .
Pour les verbes, surtout pour ceux avec des
formes irr/guli~res, Bourz's indique le pr/sent, le
pr~tlrit et le futur pour la premi'ere personne du sin
gulier avec lesquels on peut dlriver les autres formes. I
Il en parle aussi da'P.)s sa preface: "Je rapporte ordinaire-
ment les pr~t~rits en lte:nl et e~ ltte:nl plut~t que 1 t I . t I I t I I . d les 9re er~ s en ce:n e en cce:n non que Je con amne
ceux-cy, mais parce que les pritdrits en /tte:nl sont
plus elegants, et a peu pres aussi claire. Il n'en coute
pas plus de s' accout umer au plus elegant ••• 11
Bourzes a ajout/ quelques proverbes dans ses
articles comme lma:rijalla:tu va:rijillail, 'pas de pros
perit ff sans pluie,' llanganam parc>..ma au:./;3.daml, 'le meilleur
rem~de c'est le jeGne,' s.v. lma:ri/ et /langanam/ respecti
vement. Notre lexicographe explique le premier singuli~re
ment; mais c'est tout~ fait acceptable:
'Aviar dit, sans pluie point de torrent, ruisseau;
sans cause, point d'effet.'
vi. " (' Honnetete:
Bourz~s mourrai t sous peu en 1735. I1~e 'a la ......
fin de sa vie, il se montre tres modeste: 11 Toutes les
calificat ions (d' usage bas ou po~tique etc) ne sont pas
. • 296 • •
nullement des arr~ts irr~vocables. Au contraire, je
conseille fort a nos RR.PP. de lire ce dictionnaire avec
des personnes intelligentes, et de s'en tenir plut~t a . 117 ce qu'elles diront qu'a ce que j'ai marque." Il
avoue aussi que "Dans la mi~sion du Carnate, il y aura
sans doute bien des termes particuliers qu'il faudra
adjouter et califier autrement." 118
I -... A la fin de sa preface Bourzes ajoute une autre
/
remarque qui t~moigne de son hurnilite: "Je renvoye
souvent ace dictionnaire (de C.J.Beschi), et s'il arrive
que ce que je rapporte ne s'accorde ~ avec ce que dit
ce R.P., je coneens volontiers qu'on s'en rapporte a 119 lui qu'a moy."
(' Comme dans l'Essay ou qu'il ne soit pas sur
du sens ou l'ignore, il l'atteste: v.g., /tekJina:mu:rti/:
"J e ne sais quel idole d u sud." 1 20
117
118
11 9
120
/ Tome 1, Preface p.v.
Ibid. p. v.
Ibid. p. vii. Bourz~s se refere au /catur akara:ti/
)ar tJ en 1732, apr~s son tamil-la tin.
C'est Chiven, prechant aux quatre fils de Brahman,
install/ co~tre te sud. Voir Shanmugam Pillai, Tamil
Tamil,_ p. 531.
• • 297
vii. Richesse:
:
... a) Cette oeuvre de Bourzes est le premier
,._ dictionnaire a enregistrer plus de 24.000 mots ajoutant
tant d'informati~ns autour d'eux co~ne nous venons de
voir. On y trouve des mots savants - de sciences, arts,
m~decine, musique, philosophie, religion, po~tique •••
aussi bien que des vocables d'usage commun. 1 21
b) C'est aussi le premeir dictionnaire I I • encyclopedique ver1table comme son homologue issu du
m~me, auteur, l'Essay. Citons /t:en/ qu'il traite en
2 articles et /nakJs: tram/:
1 21
122
/te:n/: miel, espece de /kal/ ou liqueur des
plantes. /t:eni:tte:n/, miel d'abeilles.
/iratte:n/, de ruche. /kombutte:n/.
' de rayon attache aux branches. /pe:rut+,e:n/,
d'abeilles. /kosugutte:n/, ou /cirutte:n/,
de moucheron. /kurincitte:n/, de montagnes.
. ' ~ /kotre:n/, qu.J... s'attache a quelque baton,
/ira:tre:n/, de ruche. 122
Dans le caore de notre these, nous ne pouvons
malheureusement p2s donner plus amples d~tails comma le nombre de mots trait~s sous chaque rubrique & c.
..... / ' / B01ITzes repete par mdgarde deux fois ce mot qu'on "' / " I u/ trouve epele avec ~ la deuxieme fois. te:nku:d ,
I la ruche, se trouve aus2i listee.
. . 298 0 .
I I .. , I te:n : est aussi le meme moucheron, te:n kandatu
lte:n/
vandul, moucheron qui fait du mie1. 123 , est aussi la femelle dabeille. De toute
fa~on 'moucheron qui fait du miel' n'est
pas convenable a lte:n kand~ vandu/. I
lnak/e:tram/: etoile, constellation. Ils n'ont I ._
egard qu' a. celles qui font le zodiPque
ou environ, et en comptent 27 d'occi
dent en orient ••• (suivent les noms
de 27 ~toiles du~odiaque dans l'ordre
conventionnel).
Nous trouvons des remarques int~ressantes et
utiles s.v./akka:l/ attestant ~ la nature encyclop6dique
de cette oeuvre:
123
lakka:ll: Soeur afn~e, grande; j'appelle, je
dis, lakka:l Lea termes qui signi-
' ' fient, pere, mere, se disent souvent
Il n'est pas clair si 'moucheron qui fait du miel' est une explication de 'moucheron' ou de l'ex@mple cit~. Peut-~tre qu'il y a une erreur d'omission de copi8te. lte:n kandatu vandul peut se comprendre
comme 'le moucheron a trouv/ du miel' ou comme 'le ;
moucheron a tronve sa comp2.gne' puisque. J ~e ·. Y\ {est.. o..v..ss1 {a.__ 1<:-me\\~ &_I <1-be\\\~ .
• • 299 • •
1 !\/ d f' t aux personnes p us agees, ceux e reres e '- I
de soeurs, aux personnes a peu pres egales.
Si elle est plus ~~e, /runma:/ ou /akka:/124
c) La nomenclature se compose de mots du tamil
pur, de mots sanscrits et de mots po~tiques et populaires • .....
Les adresses indiquent a quel registre les vedettes
appartiennent. A cause de ses recherches et voyages
extensifs danE tout le Tamilnadu, le lexico~-raphe a pu
qualifier les mots 6galement de regionalismes qu'il
fait toutefois avec beaucoup de modestie: (I .,
C'est a vous de corriger peu a peu ce que vous A I A trouverez certainement etre defectueux. Je dis le meme
par rap oort a.ux calificat ions que j '~i mis ~ certains
termes. Vous entendrez assez que ~q. signifie usit~,
Rec. ou Erud., d'usage permi les scavants seulement, que
ign ou inc. signifie que ce terme m'est inconnu et a
ceux que j'ai consulte'. Had, 1•1arr, Trav, Com, I>ial.,
signifient que ces termes sont d'usages au !1adure, au
" l>'larrava, a Travancore, vera le Cap Comorin, au Malabar,
124 Ce~b remarque est juste. 0\.1\ dit aussi grand-pere, grand-mere, /ta:tta;/ /pa: t ti/ aux vieillas personnes. /ta:tta/rnanque dans la nomenclature de Bourz~s.
: ,oo :
Poet; que ce terme po~tique plus usit~ en po$sie que dans
1a prose vulgaire: Toutes ces ca1ifications ne sont nu1-
1ement des arrete irr~vocab1es" ••• 125
d) Ce dictionnaire a enregistr~ les nuances de syno
nymes et avertit les utilisateurs contra 1'usage de termes
inconvenables tout Ell indiquant 1es us et coutumes des
Tamils. .....
Par exgmple, voici comment Bourzes traite les
synonymes de manger:
I ungira t u/ : .. manger, /unde:n/, /unbe:n/, /unne:n/; imp/ratif, /un/ ou /unnu/. Infinitif, /un/ ou /unga/. /mulaip pa:l ungiratu/, . teter. Item, sucer les f1eurs.
/ungiratu/ est un verbe qui sert . ~ fa ire des passifs, v.g., /arai jungiratu/, etre crucifi~, us. parmi . lee Chre'tiens.
/sa:ppadukiratu/ /sa:ppatte:n/, /sa:ppatuve:n/, prendre son repa.s, v. / ca:/ ou /sa:/
I sa:ppa:d u/ repas. On dit, /sa:ppa:da:cco~/, ...._ I
avez-vous dine?, pris votre repaa? us. -
125 Pr~face, tome 1, p. iv.
/tingiratu/
. • • •
: manger, se dit des animaux et rarement des hommes. /tingire:n, tinbe.:.n, tinne:n/ ••• etc.
Il faut ci ter e'galement /mappu tattugiratu/:
"frapper sur sa. cuisse pour marquer sa joie etc. qui est
assez natural aux Indians".
' / 1 e) Bourzes a adopte !'alphabet special pour transc-
rire les mots sanscrits dans son dictionnaire:
"Au terme tamul, j 'ai souvent aj oute la maniere
dont 11 s'~crit en samouscroutam. Ce qui m'a oblige ala
faire, est, 1° parce que c'est toujours petite erudition
de scavoir et quels sont lea mots samouscroutams et com
ment ils s'ecrivent en cette langue ••• La langue samous-
croutam a au moine 26 consonnes ••. Lee Tamuls n'ont pris
que 18 consonnes; 126 et ainsi ne peuvent ecrire le samous-
126 ~ett e phrase ambique lai ss erai t croire que Bourzes etait d'avis que ie tamU est 1.me des langues issues
~ I du sanscrit. Mais il a lui-mane indique que des ' It poetes tamils pre endaient se passer de mots sanscrits. ,..
Cett e remarque suffi t pour oter tout doute. Si une I
langue peut se parler independamment avec sea propres mots, alors ella n'est pas issue d'~e autre langue!
Voir ci-dessus, p. 208. L~ c..t\f\~ o'c\'l O'n'\\S k ,~o,~t'J-JJ:
. •
croutam avec leurs caracteres ordinaires sans une grande
confusion. Il y a cependant un alphabet fort approchant
du tamul, dont on se sert au Madure pour ecrire le
Granthon, et c'est celui dont je me sere. On peut l'app
rendre tree aisement, autant qu'il est necessaire pour la
fin que nous pretendons, qui est de scavoir le tamul ••• "127
I' ..... J ...... Immediatement apres sa preface, Bourzes a indi-I I que ledit alphabet special du Mad ure pour le Granthon.
I I I ' Ce procede a aide see utilisateurs a prononcer oorrecte-
ment lee mots.
f) Le lexicographe a ajout~ d'aptes remarques sur ,..
1' orthographe tamile, n' oubliant pas meme lee licences I I poetiques "qu'il n'est pas necessaire d'imiter." Pour
plus amples informations dans ce domaine, il renvoie see
utilisateurs ~ la grammaire po~tique de Beschi.128
Il a fait une longue note sur l'assimilatiam,
1' ~lis ion et le changement de certaines consonnes davant
d 'aut res, par exemple, la tr ana formation de /n/ en /t/_
dans /ma~+kutam/ /matkudam/, pot de glaise et l'assimi
lation de /n/ en /n/ dans /kan+nottam/ /kannottam/, I( • ... ......
127 Preface, tome 1, p. iii.
128 Pr~face, p. x.
• • • •
point de vue. Il la termine en revoyant le lecteur a la
grammaire (du Sen Tamil.) de Beschi.
Bourzes n'a pas oubli~ d'indiquer lee infixes
/v/ et /j/ qu'on ajoute en combinant deux mots: v.g.
/pu:+ital/ /pu:vital/ etc.
Il a eu aoin de signaler lea modifications I subies par des mots sanscrits empruntes en tamil de son
6poque, lorsqu'ils se combinent: v.g., /parama+i:suran/
/parame:suran/. 129
"- A I D' ailleurs, Bourzes a meme donne "quelques .....
lettree qu'on trouve quelquefois da.ns lee monuments", a \
1a fin de eon syllabaire qui suit 1a prf!face. Ce1a mon-I "- I ' A tre son erudition et a que1 point 11 a cherche a etre
uti 1e a 8 "3 s c onfr~re s. 13°
Lee spJcialistes de l'~criture tamile ont -1 '"'- '- I I '-interet a etudier 1'abrege liminaire de Bourzes sur
l'alphabet tamoul et sansorit de son temps et ce qu'i1 )
dit sur l'ecriture des monuments.
129 Ibid. pp. x-xii.
13° Ibid. pp. xii-xvi.
: 304 :
viii) L'originalit9':
Bourzes se distingue de see devanciers
d'~tre l.e premier ~ adopter l.'ordre de l. 1 al.phabet tamil
pour son Dictionnaire tamul et francois.l3l Proenca
n•avait pas voulu suivre cet ordre, oroyant que lea uti-I lisateurs de son ouvrage etant missionnaires portug1s,
l'ordre de 1 1 al.phabet romain leur serait plus utile pour
la r$f~ence.132
I
.... Bourzes s'exp1ique sur oe point ainsi
dans sa preface: "Pour l.'ordre des 1ettree comma ceux
qui font dee dictionnaires grecs suivent l'ordre ae l'al
phabet g:rec, gomposant un dictionnaire tamul. 1 j'ai cru
~evoir suiyre l'ordre de 1'alphabet tamul.l33
131 I1 a dG. faire 1e meme pour son tamul-latin, repris par Beschi, plus tard. Signalons que Beschi ne dit pas avoir modifi6 1'ordre de 1'alphabet du diction-
' ~ " ' naira de Bourzes, qui parle d'etre apres un diction-naira tamul-lat in fort ample", ou 11 a mis tous lee synonymes etc, en 1730. Voir page ci-dessus. Ainsi Bourzes est 1e premier a rJdiger un dictionnaira tamil (quoique bilingue) Sott.e 1'ordre de 1'alphabet de cette langue, avant m~e 1e Catur Agarati de Beschi achevJ en l732o
132 Voir son dictionnaire ~dit~ par Thaninayagam, o.c., pp. 13-15.
l33 C'est nous qui soul.ignons.
;- ~. :·~ /- .~:o--... ~ ... ::: :y~ .... ;-~;/;.~~~:~~;~~~~~~~i1~1n Llrra;;f't:'/l!en.f:7i/rJ ·
(J;, a· /i1~/J:,_ / t:lutt-v &.'/().-f./rh'IH<~ / r:.h;HPd .
{)~,-tc: ~de-r ~ra/aH/ ;;.N)/ ~~. ;-A·/··~~~- ~;Jrt'~ .:/C'!.·~~-· ' ·I J,;,/t..nut.<:u~/¥ o~.;/;:u:t'df/:,Y'"~J. <U-~ .. <'/ (t?.n~~·!
A ~ tB. LJ Ci (F. D f5 £err a £15-l 1 0'l J. U-!f.:- ~- .
N I!) 0 0~ ·p,.u I~ ~1 ::&:rr: L .0\:J M L-D ... . .. : · .. ...
' ...f g: T Of V..2J xo=- ...... _'":
....
r;;t_f IT Q L/ rr {;)' LJ <TYr
r::t -bo" ~pu·.
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.... Avant L.N. de Bourzes t~ t> 8 58) B Nt: .
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"'xr .46. ,-·---r.:.J. ~., ~. /J'../..-. ~ .. 1-/.
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L'ordre de lettres tamiles suivi L Extrai t du Dictionnaire tam ul et
' par Bourzes. fra.ncois (IND
0
·-21 3 a la BNF ) • -o
- ... __
-~'t/ --r ·.:~ -J.-... ,.. -~,;;, . : '~· ,.._.~ ~7 '-''ta-" .... ~ -.,.a.....e. ~ .. ,.~J rT. rr-wJ !r""-Y9'
. +-~./w-,_l~,~.~:.!! ... jrr. ---~'-1'/J t~,~,_/' ..... 4-. ... ~.- ,_ ~, ~~ 41"---/
-~~ntf ·~o/ c--••.s., rrr-5'••-,,.~ -~·~7:.~--~k.Jr,
·~-9 ·~ ..4_,.
-~ ~7-'"~~~ /"· -'-!~?' ~/ ... , ·~-7 c-rA-,/r~.t.
·.~--~7-~~7.7 ·r· .. ,~/r--/ ;:J_rr
__ zr,-./ f-1 ~--71C·~II/' ~,/ ~,f_p...,j,
~d,--,g.·r//.'~1.: ·<1,7-~ ,L,,_/7'~''/i ~?~~Jj fdn,.r~ •./n~wg
~,;.,,_n•· ~ ~ ·J ,-. ·nlr-.
· c4"""(rr. /r._.,/ r>"'t -r/ ~~- -,.~ p ~./· .• -...u,
~If '. ~ 'r."~~~ '"""'r ·" -.-. r :r~~~--~'./ ·,.,;-
.. ~.Y~r_, ............. ,..,.... ·.I"Y' ,._ ,, . . / L)
. /T'r".j , J S'. I"Y .. ,
-~,....., .. --"7
~--:-~,.,~.,_.L-4! ._.,,Jr. ,.~ ~77-/77 , .. ,.~ ~.,...,.,_~--:.-' '"'/"· I
"/t'' ,., · · -f~4"r~7/7"n •• j,y•/.;.J' .~-;,.~ ... - 7'
'7"'l ~'. -~''7"" '~ ""' J,,,, 4-
:#'tY ·r,-'"'F r,/ ·~-~ 7'7'~/.,.....Z ~·••.?."=
. ...,~ 4 ~-.!?-.-.1-t ""/ ~ .. , J , , 1,- . • ,..;,t-.~- . ., t..,-~>:--y-,, ~-~ . ..,_·I,-
· . ..,~~,~
~-L '~"'~.,/" :~/ -o:--/ ·-'-,."£~ ..... . ._..,,~ -~ ·r:-.t
7-'~';-7'~.,~~ ·--;.' 7 ,..,.......,. ..... ''+-7~.., 7
I _,..h., zw ·-• rolt- r' F? /r-i--' ~~-...-*/' err·--' ~:r--,..~-,.-.;1;'r-/,? ~~, rr-~ a ~~~.- 7 ---~ ...,_ ff..~' ,..,._. -~~~--~- ~·<1'/·- . .,It-',f)ef~4- , ~...,.,, l.r-
. . 305 • .
Presque tous conviennent aujourd' hui, que o'est le
moine embarrassant, et 11 ne ooute pas beauooup de;:/~
aocoutumer. J'ai mis ala fin camme etrangeres, lea
lettres samousoroutams, celles seulement qui sont
presque generalement recues dens le tamul, leur don
nant entre elles le meme ord.re, qu • elles tiennent dans
!'alphabet samouscroutam•.134
I ' A. l.a suite de sa preface Bourzes indique
"l'ordre 4.es lettres tamuliques qui ee suit "dans oe
diotionnaire•. Lea sp~cialistes de l'~criture tamile /~" I/ ...._
ont intere~ a consulter l'abrege liminaire de Bourzes
sur 1' alphabet tamil et sanscri t de son temps.
: 306 . •
.... Tableau comparatif de Proenca et de Bourzes
L'ordre alphabetique euiv1 L'ordre alphabetique suivi par Proenca (l'ordre romain) par Bourzes (l'ordre tamil)
Let tree S:yllabes Lettres S:rllab!s
A A A A B AB A: AX c .A.GH I AH D AD I: A.
B AG u A.C
G J.Y U: A I AL B AT y::, AL lh AN
J AL AI AT L AM 0 JR
M Ali 0: AM
N AP .lU J.Y
0 AB. X AR p .lT c .lL
Q AU GN .lL
R AX T ARR
s N AN
T p
v M X y
I Proenca a liete sous B des mots R
eanscrits oommen9&nts par la L consonne /b/ et empruntes en tamil. v C recueille lee mots en /c/ tamil. X comprend lee termes en pronces RR CODllle /a/ D reunit ne se distin- CH guent pas chez Proenoa. G ~ouye lee mots sansorits empruntes en g/ s en • Sous N, no us trouvons lee KCH mots en • /ol et /0:/ eont m~e~. Q range lee mots de/k/.
• • 307 • •
' I '-BOurZ88 etait ainsi le premier aussi a inclure
et i lister des mots sanscrite avec des lettree epeciales
utilis~ee -- dans la region de Madurai dane un diction
naira tamil.
Notre premier lexicographe fran9a1s s'attribue / I r I egalement la gloire d'avoir liete separement lee mote
sous /e/ /et/ /o/ br~ves et /e:/ et /o:/ longues. A son / I epoque e... et o designaient et lee br~vee· et lee longuee
vo~lee pertinentee dans la langue. 135
D'ailleure comme dans l'Eseay, ici aussi,
Bourz'es a employe' dee signee diacritiques pour 'viter des
ambiguites de lettres: •un zero sur la consonne, lore-
qu'elle se doit lire sans /a/: doit se lire /pal/ et non
pas /pala/. Au contraire, j'ai eouvent mis un chevron sur
sur la consonne qui se doit lire avec /a/, v.g., doit se
l35 Sur la notion de pertinence, voir Jean Dubois et al., Dictionnaire de linguietigue, Paris, Librairie Larousse, 1973, P• 370. Tandisque /pal/ et /pa:l/ indiquent deux entit'e differentes, /attf:/ et latta:/ ne sont que dee variantes du meme mot • Ainsi I I et /a/ ne sont pas pertinentes en tamil tandis que /a/ et /a:/ le eont.
• • 308 • •
avec /a/, v.g., doit se lire /pala/. La figure f I
est encore plus equivoque. Pour eviter en partie la con-
fusion qu'elle cause, j'ai souvent us$ de la lettre ~,
figure samouscroutam, ru lorsque 0 'est un r, et marque ....
d'une petite ligna, lorsqu'elle ne aert qu'a ma~uer l'a
long." 136
' ' I Bourzes est aussi le premier a avoir une idee I I claire du dictionnaire oomme oeuvre de reference qui doit
englober et gloser tout vocable d • une langue. Le grand
Beschi 1u1-m~me avait oritiqu~ Bourzes d'avoir inclustou-
' tee sortes de formes de mots, savants, vulgaires, poeti-
que a •• Se r~fe'rant au grand nombre de mots de son die-
' tionnaire, Bourzes fait une plaidoirie et nous la oitons:
•oette multitude de mots ne doit plus nous
effrayer que nous ne nous effrayo~ du grand nombre de
mots latins qui sont dans Oalepin.137 On n'est pas oblig~ .... a lee scavoir tous, mais i1 est avantageux d 'avoir un
..... livre, ou l'on puisse trouver la signification de ceux
qu' on ne sait pas enoore, quam on lee trouve dans lee I livres. C'est pourquoi, je suis persuade qu'il y aura
plus~ ajouter ~ ce dictionnaire qu'~ y retrancher ••• •138
l36 IND 213, P• iv. 137 Sur Oalepin, Voir G.Matore, o.c., P• 59·
l38 IND 213, P• 2.
• • . •
Bn grand maitre qu' il .tait, il a distingu.i
trois dialectes en tamil, tandis que Beschi n'en parle
' que de deux, a savoir, le sen tamil et le kodun tamil:
"Je distingue comme trois dialeotes dans oette
langue: 1a 1 ere d • un tamul sa.mousoroutam, pour ainsi
dire, tel que le parlent plusieurs brahmes et quelques I eorivains dee princes qui meslent le plus qu'ils peuvent
des termes eranthoniques. Le R.P.Nobili suit en partie
( •••• ) <toe dialecte; la 2e de t amul rigide, de ceux qui
n'ueent jamais ou presque jamaie des lettres granthoni-~ .. <Ti.z..A (11.1-C-•1~1.1.
ques, qui diront p·lutot l que /.. , ...- g;;.,~Nd@l£l ~
&c. ~ ~~L£) Ceux~oi, suivant exactement la grammaire
et encore plus exactement l'orthographe tamulique, usent
voluntiers des termes tires des dictionnaires du pais, /' " /') I quoique d' ailleurs peu usi tes; o • est le lf»:;J-..'? ;7\.J; '5
ou le tamul sublime, la 38 est la courante, m~me parmi
oeux qui parlent bien; oo.mme sont lee Vellales, qui sont
'tudies et qui ont merite le nom de /V~rtai to~ilo:r/. , f
Ceux-cy employant, sans ceremonie, lea termes lee plus
clair~s, et plus usit's qu'autree dialectes, reoonnais~
sant l'usage pour le ler maitre des langues, parlant pour
etre entendus, proportionnant leur maniere de s'exprimer '- I ' a la portee de ceux a qui ils parlent, ou pour qui ils
. • 310 .. ..
I oomposent, evitant cependant tou~bassesse et toute
impropri~tJ. Je orois qu'il est bon et quelquefoie n~o
essaire de scavoir quelque chose des deux premijres dia
lectes, mais que dans nos discours, exhortations, et dans
lee livres que nous composons, c'est uniquement ~ la 3e
que nous devons nous en ten1r."l39
De plus, aucun autre lexicographe en t amil avant \. ; I Bourzes n'a marque si syetematiquement les regietres aux-
quele appartenaient lee mote, ni lee rdgionalismee.
I -.... I Bourzee est egalement le premier a citer regu-
li~rement lee mote et lee expressions qui vont habituelle
ment avec lee vedettes.
En reeonnaissant "l'usage pour le premier mattre -.... I I des langues" Bourzes se montre un grand linguiste eclaire.
' 1x. Defioiencee:
/ defaute.
Toutefois, eette oeuvre n'est pas eans
a) Ne dispoeant pas de manuscrit original, nous ne
l39 IND 213, P• vi.
• • 311 • •
pouvons nous prononcer ni sur l'orthographe tamile -'
':ar 1: "%:: thcgi aphe :twmd i..e ni sur 1' exactitude de la tra-
duction francaise. Les copistes ont fait des erreurs. ~
Par exemple, le copiste de l'IND 213 a rang~ /akkarai/
I ' sous lee entrees, tandis que Bourzes le cite oomme exam-
ple pour le sene d~onstratif de /a/; Ce;/a*karai/, ce
rivagel
. I b) Il y a des erreurs dans le rangement alphabeti-
que d'entr.es. Par exemple, Bourzes a mis /agal/ entre
/agartam/, liqueur enivrante ••• , et /ak&lal/, se retirer.140
De meme, il a rang~ /tunukka:noi/, certain air de musique, 141
avant /tunukkam/, crainte, et /tunukku/, tremblement de I I peur. Il a oublie de completer un mot commencant par
.)
/tu ••• / entre /tutkal/ fr~issement de orainte et /tuttan/,
soorpion~42 Puisque nous ne trouvons que 1a mention "si ce
l40 Bourzes range lee consonne s a la fin des syllabas for-' mees avec c~s consonnes; AKA, AKI, AKU, AXE, AXO, AKAU,
AK. AinBi.• Akala doi~ preceder A!;!!, comme d 'ailleurs, 11 a lui.lm~me list-' A,kal apres A.kalai. Ramanathan fait oomme Bourzea, ta~is que TL et STT oommencent avec lea oonsonnes: AX, -AKA, AKI, AXE •••
l4l No us ne savona pas lequel o • est J Nos diotionnaires ne le mentionnent pas.
142 A noter que Bourz~s a omis le sene usuel de 'mauvais homme•.
: 312 • .
\ I n'est une faute •••• •, apres l'entree, nous ne pouvons
deviner le mot. Shanmugam liste 14 mots entre /tutku/, I I
peur, et /tuttan/, scelerat, scorpion!
' ' c) On peut reprocher a Bourzes auesi le manque de
rfgueur systJmatique: Il a listJ lee adjectifs posses
sifs mon, ton, son, mais pas les pluriels, notre, votre,
leur: /namatu, engalatu, avargalatu/. D' ailleurs, il
a entr~ plusieurs noms du seigneur /muruga/ et renvoie
' ' a chaque fois a un des noms donnant une information de
plus sur c e dieu. Il aurai t dG grouper tout es lee infor
mations sous /muruga/ et indiquer sea synonymes par la
' suite, pour renvoyer see lecteurs a cet article principal, I dans 1 'ordre alphabetique de ces synonymes:
s.v./murugan/: Homme d~licat, l'idole /subramanijan/ v./arugan/143
s.v./subramanijan/: idole fameux a 6 tites, v. /kumaran/.
s.v./kumaran/: l'idole /subramanijan/, fils de Chiven, item, Vairavan
143 / arugan/ n' est pas aynonyme de /murugan/. lious ne savona pas si c'est une interpolation de copiste, car Bourzes d~finit /arugan/ correctement comme 'l'idole des /camanar/', la etatu4,-ou dieu des Jains, et ne renvoie pas a /murugan/.
: 313 • •
s.v./vagikol:-unan/: mari de Val~, l. 11dole /subramanijan/.
s.v./val.limana.va:l.an, ou mana :lan/: l.' idole ..... .,.. . _,..
/subramanijan/ pour la raison suadit e.144
' !lou a devona ind iq uer le manque de synthee e
soue /panca:ngam/ que le lexicographe a tr'es b·~ de'fini
comma 'almanach, ephemerides, ad litteram (au pied de la
lettre), cinq parties•, et dont 4 parties a savoir, /titi,
nak}ef.'tiram, ja:gam, va:ram/ se glosent dans l'ordre ----alphab~tique, et la 5e /karanam/ est oubliee.
d) Il faut signaler en plua quelques oublie de la
part du lexicographe. En voici des exemplee:
s.v. /ar.~i/, il nous renvoie ~ /paccai ariei/.
Maie nous ne le trouvons ni dans 1a nomenclature ni en
eous-vedette de /paccai/.145 De m~me /kulicci:lai/ donne
correctement comme aynonyme de /kaubi:nam/ avec /ta:lcci:
lai/, se trouve omis, tandis que nous trouvons le deuxieme
144
145
Bourz~s a fait un autre article s.v./kandan/, ou 11 I explique l'etymologie de ce mot. Malheureusement le
copiste semble l'avoir mal copi~ et nous ne nous y trouvons pas! Il faut signaler que Bourzes a fait quatre autres articles sur ce dieu de Tamils, indiquant sa..monture, son arme, sa-devise et sa danae.
I Pourtant dans 1' Eseax, s.v. ~!§., qu' il a traite longue-ment, Buurzes a note, "pile sans l'avoir fait cuire, /paccai arisi/•.
. • 314
liete dane la nomencl.at ure.
• •
Bourz6s a fourni beaucoup d'informations sur
la prosodie tamile dans see articles. Nous rencontrone
/tiruvalluvar, agaetijar, silambadiga:ram, tandijal.an
ga: ram et kannagi/. Btrangement /ko :valan/, mari de
/kannagi/ et~~heros du /silambu/ eat absent de la nomen
clature. Ni /kambara:majanam./ la plus celebre des ipi-t ques tamilee qui a ei impressionne Beschi, ni d'autres
t I / I celebri tee comm.e appar, gnanaprakasar/, etc. ne se lis-
tent dans le dictionnaire.
e) Il y aussi dee fautes de eens que nous avons
r.elev~e!idans ce dictionnaire: A part /pa:ndavar, Kri/ian
et arugan/ que nous avons indiqu~sci-deseus, citons
/va:lvu so:ru/:
/va:lvu so:ru/: ne se doit pas dire pour le devoir conjugal: c' est un terme tree bas, et deux termee que le bas peup'le di t cons~cutivement comme /arisigirisi/, /nejgij/. Ils signifient le bon ~tat de la familleo
Or, aucun dictionnaire tamil n'a cette expres
sion ni dans sa nomenclature, ni dane see articles.
. • 315 . .
/so:ru/ est probab1ement 1a forme tronqu~e par 1e
copiste, de /so:rvu/, dJch~ance. ~: (.ette expression
courante est pourtant 'va:lvu ta:1vu• ou 'va:1vi1um
ta:1vilum ••• ' Quant a l'allusion du 1exicographe au devoir
conjugal, en voici notre explication:
Bourzes a dG. mal entendre /va:1vu ta:lvu/ pro-I nonce par un vieillard sans dents de see informateurs,
. I qui 1'aurait cite dans un contexte:• /va:lvo: ta:lvo:,
penca:ti onna: irukkanum/, la femme doit rester uni avec
' ' son mari dans 1a richeese et 1a misere•. Bourzes aurait
pris 'onna jiruttal' pour rester uni phyeiquement et pas
m~taphoriquement. Of. TL qui explique /va:1vu ta:1vu/ I I I I ¢comme 1a prosperite et l'adversite qu'une personne experi-
mente dans sa vie.•146
.... Du. reate, il eat dommage que Bourzes a1 t quali-
I fie comme "bas •, un style particuller aux Dravidians de / I ' . (
repeter un mot deux foie coneecutivement en changeant la
deuxieme fois la lettre initiale par /ki/ ou /.gi/, pour
' indiquer, "un peu de, une aorta de, quelque espece de":
146 TL, tome 2, p. 3621.
• • 316 • •
/Ka:j/: l~gume: /ka:j gi:j/: un peu de l~gumes, ou d.U> l~gumes quelconques
/nej/: beurre fondu; /nej gij/: un peu de beurre fondu ou quelque chose de oette sorte
Ct. /ange: po:j ponnu ~nnu pa:tta:ngala/?
Est-on all~ voir une jeune fille quelconque en vue de
mariage, la-bae?
n faut avouer toutefois, que nous jugeons un ' I I ' pionnier avec des criteres evolues apres 250 ana d'inter-
valle. Tout m'talexicographe conviendrait que dans son ' I contexte, l'oeuvre de Bourzes est un vrai tresor de la
langue t emile d u XVIIIe si'eole.
" 7• Intluenoe de Bourzes:
' I ' Quoique Bourzes ait destine sea oeuvres a
sea compatriotes missionnairee du Carnate, on en faisait
des copies et Allemands, Amerioains, Belges, Danois, Fran
cais, It.aliens, Portugais, toutes sortes de personnes J' '• etrangeres en· Inde ayant besoin d' apprendre le t amil et
..... eachant le francais ou le latin avaient recours a sea
~
I "- ' dictionnaires. Ananda Ranga Pillai, celebre interprete I
et chroniqueur de Dupleix semble avoir utilise le diction-
: 317 • •
' naire tamil et francais de Bourzee: Un monsieur Gaud. art ,)
t I ' de Pondichery a informe le Pere Rosten qu'il en existe
une oopie dans la famille d' Ananda Ra.nga Pilla!. Un I
certain monsieur Singaravelu en aurait envoye une copie ..... a J. Vinson, dont 11 parle dans son Manuel de 1fngue
i' tamoule, (Faris, Ernest Leroux, P• 231.). Rosten a l.aisse
I ' ue note dactyl.ographiee sur 1 'oeuvre de Bourzes avec l.e .....
manuscrit de VJ., ou nous trouvons ces informations.
" I ' Pendant cent ans lee oeuvres de Bourzes etaient tree I I I 1 t
reoherchees. Paulin de Barthelemy a note la celebrite
de Bourz~e dans eon livre •147 ..... La derniere copie se date
de 1845 comme nous l'avons vu. C1 est eeulement apres la I
parution des dictionnaires imprimes de Rottler, Dupuis-A.. I
Mousset et de Gury qu•on a arrete de recopier lee manus-.....
crits de Bourzes. Il existe toujours des copies de
l'Essay du dictionnaire tamul. et francois et du Dictiop
ua.ire tam,ul et tmncois en Belgique, en France, en Grande
' Bretangne, en Inde et en Borvege.
147 Paulin de Barthelemy, India Orientt11s Qhristiapa, Rome, 1794, P• 192. Cet auteur note qu'il existe plusieurs exemplaires de 1 1 oeuvre de Bourzes en
Indeo
. . 318 • .
a) Nous avons deja montrJ oombien Besch! avoue
' ' ~ devoir a 1' oeuvre de Bourzes. Beschi a du recevoir ......
1' inspiration de faire son Catur-Marati, a la vue des '\,. I
dictionnaires de Bourzes. Son meri te ne consist e que
d 'avoir fait le premier monolingue tamil moderne, oom
binant lee traits des nighantus avec lea mei1leurs ~1J-' I menta de la lexi.cographie europeenne, enregistres chez
Bourzes.148
b) J.P.Fabricius: Son dictionnaire aurait eu comme
source •1e dictionnaire tamul-latin compilJ par des
missionnaires sur 1a c&te.•149 Il y avait m1 missionn-
"" aire sur la cote qui seul a fait un dictionnaire tamul.-
' latin et c'est L.N. de Bourzes.
Le dictionnaire de Ziegenbalg et sea suoces-.......
seurs n'aurait pas pu fournir autant a Fabricius que ......
l'oeuvre de Bourzee. D'ailleurs Fabricius aurait men-
tionnJ lea noms de ces pr~d~ceaseure s'il avait utilise'
leurs ouvrages I
148 Cel&t-ne diminue nullanent 1a grandeur de Besohi qui ....
est incant establement un gram pe-a:te, grammairien, p~'e_f:i
essayist e •••
l49 J.P. Pabricius, A Malabar and EngliSh Dictionary, 1779, 1809.
: 319 • •
c) J.P.Rottler: •un dictionnaire manusorit tamil
et :tran~ais par Da. Bourges de l'anoienne mission du
Madura, a' est trouvJ parmi lee matJriaux du oompilateur.
On ne l'a pas utilisJ ou tree peu. Le reviseur l'a con-' I eul te de temps en temps pour eclaircir dee doutee et pour
expliquer le sene d'expressions locales, provinciales ou I
meridionales,• atteste le revieeur du Dictionary Tamil
and English de J.P.Rottler. 150
d) Dupuie~ousset: ••• •c•est avec plaisir que nous ....
aimons a payer un tribut de reconnaissance aux sources I principales, dans leequelles nous avons puise, telles,
que ••• le Dictionnaire ••• du P. de Bourges •••• •151
e) Qharles Philip Brown: (
Ce lexioographe en telougou
mentionne oomme une de sea sources "un dictionnaire fran/ Jaie-tamil, ecrit apparemment aux environ de 1720 par un
150 I A noter que oe n'est pas Rottler qui a ecrit oela mais ' ' Taylor, 5 ans apres la mort de celui-la. De toute
fa~on Rottler cite le Dictionnaire tamil-latin de Beschi que nous savona etre largement l'oeuvre de Bourz~e.
151 Moueset et Dupuis, Dictionnaire Tamnul-francaie, Pondi-t l
chery, 1'1mprimerie de 1a Mission, 1855, tome 1, p.vii.
• • 320 :
Missionnaire ~ PondichJry."152 Et nous savona quel
&tait ce Missionnaire et c~mment son oeuvre est arrivee \ ./' a Pondichery.
f) I.Nicholap: Dans •1•avertisement• pour son vooa
bu1ary of English and Tamil words.., •" oe monsieur dit que
tout ce qu'Ll a recueilli a 't~ s'1eotionnJ soigneusement
des meilleurs manuscrits existants.•153 Or en 1807, lea
manuscrits de Bourz~ ~taient beaucoup utilis~s, comme nous
t1avons vu. Nous pouvons croire que l'oeuvre de Bourzes ~ s'est trouv~parmi lesdits manuscrits de Nicholas.
La pr'face du TL ne mentionne m~me pas le nom
' de Bourzes. I
du Oomite et
I t Rev.J.S.Chandler etait le premier President I ~ Redact eur en Chef d u Tamil Lexicon de 1913 a ~
1922. t
P1usieurs Eu.ropeens se trouvaient auesi sur le I comite. I I O'etaient tous des gens cultives et savaient 1e
francais sans aucun doute. On peut l'affirmer puisque .l
152 0-P, Brown, En4ish-Te1ugu Dictionary, New Delhi, Asia Educational Services, Reprint 1980, Preface.
153 I.Nieholas, Vocabulary of !nglish and Tamil yords ••• Madras, 9, Erabalu Cb.etty Street, 1807.
. • 321 . •
"- I dane to us lee colleges fondee par les Brit aniquee en
Inde, le frangaie s'eneeignait en seconde langue. Nous
savona que salon eon catalogue de 1909 un manuscrit de
Bourzee axis tai t dans 1a bibliotheque de Royal Asiatio
Societz, de Madras. llors, ou Chandler ou una autre per-A
sonne sacbant le francais ont du consulter oette oeuvre ~
' I de Bourzee, puisque Ohandle.W" et lee aut rea s 'interessai-
' ent a un dictionnaire moderne tamile des 1905. Oe n'est I I pas Chandler qui a ecrit la preface maie Vaiyapuri Pillai,
en 1935, qui n'avait peut-Gtre pas aoces ~ l'ouvrage de
' Bourzee. Done 11 n'en parle pas.
Nous ver.rons que lee lexicographes qui attes-' I I tant leur dette envers Bourzes, ont inspire et aide beau-
coup d 1 autres lexicographes par la suite. Aucun autre
pionnier n'est reconnu autant de fois par lee lexicogra-I
phee posterieurs.
Les dictio~istes de monolinguee tamils ne "'---"'
parlent que de Beschi soit puisqu'ils ignorent le francais .)
soi t qu' ils ne #lont pas -''sinceres et ne mentionnent aucune
autre source non plus! ' Le monde savant tamil a reconnu a
tort Beschi comma le Pere de la lexicographie tamile.
Tout ce que nous avons montre et surtout l'~loge $1oquente
• • 322 • •
l de Beechi suffiront pour justifier notre pretention de
' ce titre du Pere de la lexicographie tamile pour le ( ' Jesuite frangais Louis Noel de Bourzes.
' See grands dictionnaires admirables a tant I d' ega.rds, nous restituent 1' image de l.a langue tami1e du
XVIII8 si~c1e, mieux qu'aucun autre ouvrage pareil. Les I I linguistes tamils lui sauront gre d'avoir enregistre
fid~lement lea acceptions que rev~taient lea mots tamils
alors. Ce que J.E.Piolet dit de Beschi convient mieux ~ ' ' I I I Bourzes: •Grace a son lexique ••• le tamoul ••• a ete fixe,
~
et (lee missionnairee) comprennent cet avantage, qui,
I ' forces a apprendre soit une langue anoienne comme le siD-
ghalais, soit une langue dravidienne comme 1e malealam,
ee trouvent sans cease en face de t ermes au sene f1ottant,
qu'aucune autorit~ n'a arretJ."l54
Nous concluons ce chapitre citant la remarque
pertinente de G.James.
.., I I t "Lea oeuvres de Bourzes n' ont pas et e publiees
1 · r r ' ni etudiees adequatement. Les entrees ••• meritent une
154 J.B.Piolet, S.J., Lee Missions catholigues fran9aises
' au XIX siecle, Paris, Armand Colin, 1900, PP• 189-90.
• • ;2; • •
recherche linguistique d~taill~e, surtout en ce qui con
carne lea usages loca1is~a."155
I Notre etude n • eat pas exhaustive pour deux
raisons: Nous ne diapoaons pas d'originaux et lea copies
que nous avons, ne aont pas parfaites dans tout les sene.
Il faudra comparer toua lee manuacrits existants pour / reetituer la version originale. Mais une etude exhaustive
de cette eorte n'eet pas dane le domaine de notre th~ee
qui eseaie d'~tablir la liate inconnue des lexicographes
fran)ais en tamil et montrer leur contribution origina1e. I "" I I Nous crayons avoir etabli que Louis Noel de Bourzes a ete
le grand fondateur de la lexicographie moderne tami.le et / ..... (.{
que son originalite consiete a fondre l'analogique dans I /
l'alphabetique, trop revolutionnaire, presque inconceva-
ble," a l',poque.156
155 G.James, o.c., P• 174.
156 Nous empruntons cette phrase a P.Robert. Voir &ventures et mesavtntures d 'un diotioppaire, Paris, Societe du Nouveau Littre, 1966, P• 56.