Impact de la crise mondiale sur l'économie marocaine

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    Rabat, le 30 juin 2010

    IMPACTDELACRISEMONDIALESURLECONOMIEMAROCAINE

    Le systme financier marocain na pas pti de la crise financire pour deuxraisons essentielles. La premire a trait au cadre rglementaire et marqu parle strict respect des rgles prudentielles de Ble II. La deuxime est lie sa

    faible intgration dans la finance mondiale. La part des actifs trangers dansle total des actifs des banques marocaines reprsente moins de 4%1 et la partdes non-rsidents dans la capitalisation boursire, hors participationsstratgiques, tait infrieure 1,8% fin 20072.

    La sphre relle, quant elle, a ressentie limpact de la rcession queconnaissent les principaux partenaires conomiques du Maroc, notamment laFrance et lEspagne. Quatre principaux domaines ont t directementimpacts par la crise: les changes commerciaux, lactivit touristique, lestransferts des MRE et les flux de capitaux dont les IDE.

    En 2009, le commerce international a rgress de 11,9% en volume et lademande mondiale adresse au Maroc de 10%. Cette volution a engendr unrecul des exportations marocaines de biens et services de 13,1% en volume.

    Pour ce qui du secteur du tourisme,il semble tre moins touch par la crise.Et bien que les arrives de touristes desjour aient enregistr, en 2009, une

    lgre augmentation (2%), les nuitesdans les tablissements dhbergementclasss ont rgress de 1,4% et lesrecettes touristiques ont diminu de 5%.Nanmoins, avec 53 milliards de DH gnrs en 2009, ce poste continue dereprsenter le principal pourvoyeur de devises.

    1 Source : Bank Al-Maghrib2 Source : Statistiques du Conseil dontologique des valeurs mobilires

    0

    10000

    20000

    30000

    40000

    50000

    60000

    70000

    2004 2005 2006 2007 2008 2009

    Recettes voyages

    (millions de dirhams)

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    En matire de transferts effectus par les marocains rsidents ltranger,il est noter que sur la priode 2002-2007, ils ont enregistr un tauxdaccroissement annuel moyen de 7,4% pour atteindre 55 milliards dedirhams en 2007. La rcession qui a frapp les principaux pays daccueil,particulirement lEspagne, la France et lItalie, a commenc se faire sentirsur ces transferts partir du quatrime trimestre de 2008. Globalement ils ontrgress de 3,5% en 2008 et de 5,4% en 2009 contre une hausse de 15% en 2007.

    En ce qui concerne les IDE, le Maroc est considr comme une despremires destinations en Afrique et dans la zone MENA. Durant les annes2000, il a bnfici de lessor remarquable de ces flux au niveau mondial, et cegrce un cadre institutionnel favorable, la stabilit macroconomique et une politique de dveloppement volontariste.

    La crise financire mondiale na pasmanqu dinverser cette tendance,entranant de fortes rgressions des IDEde 26,3% en 2008 et 29,2% fin septembre20093. Ce repli a concern les principauxpays metteurs en loccurrence la France(-26,1%), lEspagne (-57,2%) et leRoyaume-Uni (-47,1%).

    Bnficiant du 1/3 des IDE raliss au Maroc, le secteur du tourisme a tle plus touch par la compression de ces derniers, accusant une chute de 54%en 2008. En dpit dun lger essoufflement de son activit, le secteurimmobilier continue, en revanche, de drainer les investissements trangersmalgr, les IDE quil a attirs ont augment de 17,6% en 2008.

    Situation macroconomique pendant la criseLes fondamentaux macroconomiques de l'conomie marocaine restent

    sains, avec notamment un budget quilibr, des recettes fiscales enprogression, une dette extrieure en forte baisse et une inflation matrise.Toutefois, les effets de cette crise sur les activits ouvertes sur le reste dumonde ont t ngatifs sur un solde extrieur dj dficitaire. Ceux-cidemeurent relativement limits sur la croissance qui na accus quun lgerralentissement (5,6% en 2008 et 4,9% en 2009) la faveur de la bonne tenue dela demande intrieure et des bons rsultats du secteur agricole. La croissancedu PIB agricole a t de lordre de 16,3% en 2008 et de 30,6% en 2009.

    En revanche, les secteurs dusecondaire (BTP, industrie detransformation, mines et nergie) ontaccus, globalement, une baisse de lordrede 4,7% en 2009 aprs une croissance de

    3 Source : Office des changes.

    T aux de c roissance de la VA dans les secteurs secon daires

    - 20,0

    - 15,0

    - 10,0

    - 5,0

    0,0

    5,0

    10,0

    15,0

    20,0

    1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

    Mines E nerg ie Indust ries de t ransformat ion Batiment e t t ravaux pub lic s

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    3,6% en 2008 et de 6,6% en 2007. La cause principale de cette volution estattribue au secteur minier qui a ptit de la rgression de la demandemondiale sur les phosphates. De leur ct, les industries de transformationsont eu une croissance trs modeste en liaison, notamment, avec la rgressionde lactivit des industries de transformation des phosphates, du textile, desbiens dquipements et de lautomobile, alors que la demande intrieure asoutenu la croissance des industries agroalimentaires.

    Bien quil soit en lger ralentissement par rapport aux rsultats desdernires annes, le secteur tertiaire a pu maintenir son rythme de croissancede 3,9%, grce la consolidation des services marchands, autres que letourisme. Ce dernier, et en dpit du recul de lactivit touristique au niveaumondial, a montr une relative rsilience face la crise.

    Ainsi, les effets de la crise ont t attnus grce la demande intrieure.La contribution de celle-ci la croissance a t de 8,5 points en 2008 et de 6,8en 2009. La formation brute de capital fixe a augment de 2,5% en volume en2009 la faveur de la hausse de linvestissement du secteur public de 24,4%en terme nominal, qui a permis de compenser le recul des IDE reus ainsi quele ralentissement de linvestissement priv national.

    La consommation finale sest accrue, quant elle, de 5,8% en volume en2008 et de 5,5% en 2009. Cette volution est le fait aussi bien de laconsommation des mnages rsidents (6% et 4%) que des administrationspubliques (4,8% et 11,2%). A cet gard, la rduction de limpt sur le revenu,lvolution favorable de lemploi rmunr et de lemploi agricole et lastabilisation des prix, notamment, ceux des produits alimentaires etnergtiques, sont autant dactions qui ont amlior le pouvoir d'achat desmnages. Linflation, exprime par le prix implicite du PIB, na pas dpass1,8% en 2009 contre 5,9% en 2008 et 3,9% en 2007. Le flchissement des prixdes principaux produits imports est lorigine de la rgression de linflationdurant 2009.

    Du ct du compte capital, le repli des revenus nets en provenance dureste du monde, notamment les transferts des MRE a t lorigine duralentissement de la croissance du revenu national brut disponible qui aenregistr une hausse de 4,6% en 2009 contre 10,9% en 2008.

    Leffet de la crise sur lemploi a tparticulirement ressenti dans le secteurdu textile qui a enregistr une perte nettede prs de 53.000 emplois en 2009, alorsque les autres industries detransformation ont cre 18.000 emplois

    nets. Dune manire globale, le chmage apoursuivi sa baisse tendancielle en 2009 460

    480

    500

    520

    540

    560

    580

    600

    2 00 0 2 00 1 2 00 2 2 00 3 2 00 4 2 00 5 2 00 6 2 00 7 2 00 8 2 00 9

    Emploi dans l'industrie textile

    En milliers

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    la faveur dune bonne campagne agricole, dun programme dinvestissementpublic volontariste et des diffrentes mesures prises pour la sauvegarde desemplois.

    Evaluation de limpact de la crise mondiale sur lconomie marocainePour valuer limpact de la crise mondiale sur lconomie marocaine, deux

    principaux canaux de transmission ont t analyss travers le modlemacro-conomtrique de prvision et de simulation des politiquesconomiques (PRESIMO)4 : les transferts des MRE et la demande trangreadresse au Maroc. Le manque gagner est capt sur les principalesgrandeurs macro-conomiques, notamment la croissance, linvestissement etlemploi dabord sur la priode passe de la crise (2008 et 2009) et ensuite surla priode venir, 2010-2012.

    Pour lanne 2008, la baisse de la consommation finale des mnages parrapport son niveau tendanciel est de 1,42% et la baisse des exportations debiens et services est de 1,01%. Pour lanne 2009 la baisse est plus accentue,elle est de lordre de 3,12% pour la consommation et de 4,34% pour lesexportations.

    La baisse de ces deux composantes a rduit la demande et donc lacroissance. Le PIB a, ainsi, baiss de 0,86 en 2008 et de 2,46% en 2009, parrapport son niveau tendanciel. La baisse de la croissance a engendr unebaisse de linvestissement de lordre de 1% en 2008 et de 3,57% en 2009.

    Pour ce qui est de lvaluation des effets de la crise sur lconomiemarocaine lhorizon de 2015, lvolution future des transferts des MRE et dela demande mondiale adresse au Maroc, est prise en compte sur la base desperspectives de lconomie mondiale telles qutablies par les institutionsinternationales, notamment le Fonds Montaire International (FMI)5.

    Ainsi, les transferts des MRE et la demande trangre adresse auMaroc, tributaires de lactivit conomique mondiale sont supposs connatreune reprise partir de 2010. En consquence, les effets de la crise surlconomie marocaine commenceront sattnuer partir de 2010 pourdisparatre quasiment en 2012.

    4 PRESIMO est un modle macro-conomtrique de lconomie marocaine, labor par leHaut Commissariat au Plan en collaboration avec lInstitut National de Statistique et desEtudes Economique de France (INSEE).5Selon le FMI, lconomie mondiale serait marque par une certaine reprise partir de 2010

    avec une croissance de 3,1% (4,4% en moyenne de 2011 2014). Le volume du commercemondial connatrait une croissance de 5,8% en 2010 (6,4% entre 2011 et 2014). En outre, le FMIconsidre que par rapport aux pisodes comparables du pass, la reprise des conomiesavances sera faible et la production relle resterait infrieure son niveau davant la crise

    jusqu' 2012. Il considre aussi que le niveau lev du chmage et de la dette publique, ainsique lexistence des systmes financiers qui ne sont pas encore compltement rtablis sontautant de facteurs qui risquent de freiner la reprise des conomies avances.

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    Les effets de la crise sur les principales variables macroconomiques

    2008 2009 2010 2011 2012

    En taux decroissance

    ConsommationInvestissementPIBExportationsImportations

    -1,42-1,01-0,86-1,01-1,74

    -3,12-3,57-2,46-4,34-5,08

    -2,15-3,72-1,54-3,42-4,54

    -0,95-1,94-0,62-2,43-3,04

    0,26-0,110,32

    -0,86-0,95

    Endiffrence

    Population enchmage Emploi

    24594-36020

    81655-119590

    71356-104510

    39088-57250

    -19332830

    Ecart en %du PIB

    Dficit budgtaireDficit commercial

    -0,210,44

    -0,700,69

    -0,780,68

    -0,450,28

    -0,15-0,10

    Impact de la crise mondiale sur les OMDNous constatons que la rcession de 2008 et 2009, suivie par le

    rtablissement lent vers des niveaux de croissance tendanciels avant 2015,

    mettrait quelques contraintes sur la voie de la ralisation des OMD, enparticulier ceux relatifs la mortalit infantile et maternelle. Le Maroc quisemble tre bien positionn sur la trajectoire de ralisation de la plupart desOMD aurait fait mieux si la crise conomique internationale navait pas lieu.En effet, bien que les objectifs lis la gnralisation de la scolarisationprimaire, laccs leau potable et lassainissement soient ralisables lhorizon 2015, en labsence de la crise conomique internationale, le Marocaurait atteint des performances bien meilleures. En comparaison avec lescnario de base prsent dans ltude sur la ralisation des OMD lhorizon2015, nous avons utilis le modle MAMS pour valuer le manque gagner

    caus par la crise. Ainsi, ce dernier se traduirait par 0,3 ; 3 et 2 points depourcentage vers la fin de 2015, respectivement pour les objectifs dducationprimaire, daccs leau potable et lassainissement.

    Les objectifs lis la mortalit infantile et la mortalit maternelleauraient pu, pour leur part, tre rduits par quelque 1 point supplmentairepour mille pour la mortalit infantile et 4 points pour 100.000 pour lamortalit maternelle vers la fin de 2015 dans un contexte hors crise.

    Plus gnralement, limpact de la crise sur la ralisation de tous les

    OMD lhorizon 2015 aurait cot quelque 1,2 et 0,1 point de pourcentage duPIB, entre 2010 et 2015, respectivement aux dpenses courantes et auxdpenses dinvestissement de lEtat. Si les effets de la crise perdurent, cescots supplmentaires pourraient augmenter davantage, et alourdir lescharges des finances publiques et contrarier les avances du pays en matiredes OMD en particulier, et du dveloppement humain en gnral.

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    Encadr : Modle MAMS, outil danalyse des OMD

    Le HCP a dvelopp en collaboration avec le PNUD un modle dquilibregnral calculable (EGC) dynamique appel MAMS (Maquette pour laSimulation des OMD) intgrant des modules des OMD lis la pauvret, lasant, l'ducation, l'eau et l'assainissement. Le modle dcrit les mcanismespar lesquels les OMD interagissent entre eux et permet dapprhender lescomplmentarits entre les dpenses qui y sont lies. Lamlioration de l'eauet de l'assainissement, par exemple, peut rduire l'expansion des servicessanitaires exigs pour atteindre les OMD de la sant.

    Le modle MAMS apprhende galement les effets sur toute l'conomie viales marchs des facteurs. Il permet danalyser le besoin en ressources rares (letravail, le financement de linvestissement et d'autres biens et services) dessecteurs des services des OMD et les autres secteurs, ainsi que le rle desOMD dans l'accroissement des ressources de l'conomie via le march dutravail et dans laccroissement des revenus et des investissements longterme. MAMS capte l'impact de scnarios diffrencis pour pouvoir attnuerla comptition sur les ressources entre les secteurs des services OMD et lesautres secteurs.

    Sur la base de cet outil danalyse, des simulations ont t conduites pourmesurer les efforts consentis par les pouvoirs publics en faveur des OMD. Eneffet, le prolongement des politiques conomiques adoptes par legouvernement en termes fiscale, budgtaire, commerciale et dinvestissementpermettrait des avancs remarquables en matire de ralisation des OMD lhorizon 2015. La comparaison des niveaux des OMD en 2015, tels quilsdcoulent du modle, avec les objectifs fixs confirme les conclusions duprsent rapport et rvle, en particulier, que les plus grandes amliorationsseraient observes pour l'eau et l'assainissement ainsi que la gnralisation delenseignement primaire. Concernant la mortalit infantile et maternelle, desamliorations notables seraient ralises sans pour autant atteindretotalement ces objectifs.