GRAND MÉNAGE DANS LES MALADIES MENTALES · Comprendre le trouble bipolaire Jeudi le 4 octobre à...

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Magazine trimestriel de l’ALPABEM Automne 2012 , volume 3 - numéro 1 - Dépôt légal 0840-5530 12 22 Vivre avec un proche TPL au quotidien... théorie et réalité TOC : Quand le rite n’a plus rien à voir avec la religion Semaine de sensibilisation à la maladie mentale du 30 septembre au 6 octobre DSM V GRAND MÉNAGE DANS LES MALADIES MENTALES Dossier complet: PAGE 15

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Magazine trimestriel de l’ALPABEM Automne 2012 , volume 3 - numéro 1 - Dépôt légal 0840-5530

12 22Vivre avec un procheTPL au quotidien...théorie et réalité

TOC : Quand le riten’a plus rien à voiravec la religion

Semaine de sensibilisationà la maladie mentaledu 30 septembre au 6 octobre

DSM V GRAND MÉNAGEDANS LES MALADIES MENTALESDossier complet: PAGE 15

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CONFÉRENCESSanté mentale

Chaque mois, nous vous présentons une conférencesur la santé mentale GRATUIT

Les victimes silencieuses du stress

Coût : gratuit - Réservé au 450-688-0541Où :  Auditorium Réal-Dubord Hôpital de la Cité-de-la-Santé

1755, boul. René-Laennec Laval

Également disponible EN DIRECT sur WEB: www.vpsolution.tv/alpabem

Mardi le 18 septembre à 19h Le discours du Dre Lupien est orienté vers les familles qui luttent contre la dépression et lastigmatisation de la maladie mentale. La stigmatisation est un obstacle qui décourage souventles individus et leurs familles à demander l'aide dont ils ont besoin, et ce, souvent en raisonde la crainte de subir de la discrimination.

Conférencière: Sonia Lupien, Ph. D., directrice scientifique, Centre de recherche Fernand-Séguin del’Hôpital Louis-Hippolyte Lafontaine

Saison

2012-2013

L’homme qui parlait aux autosLundi le 1er octobre à 19h (Semaine de sensibilisation aux maladies mentales)

La conférence L’homme qui parlait aux autos vous guidera dans le choix des conduites à tenir devantcertains comportements déroutants que la maladie mentale peut parfois susciter. Cinq conduites àadopter, regroupées sous l’acrostiche D.O.U.C.E., sont proposées afin de faciliter les contacts avecune personne présentant un trouble mental.

Conférencière: Caroline Huot, Travailleuse sociale à La Boussole, un organisme qui vient en aideaux proches d’une personne atteinte d’une maladie mentale. Elle est aussi co-auteure de L’hommequi parlait aux autos

Comprendre le trouble bipolaireJeudi le 4 octobre à 19h (Semaine de sensibilisation aux maladies mentales)

Le trouble bipolaire est une problématique relativement connue dans la population, mais qu’enest-il dans la réalité? La Dre Andrée Daigneault, participe présentement à l’élaboration d’un nou-veau programme pour les proches de personnes atteintes de ce trouble. Sommité reconnue auniveau de ce trouble, la Dre Daigneault présentera les avancées en la matière et les meilleurespratiques pour intervenir auprès de cette clientèle.

Conférencière: Dre Andrée Daigneault, MD, FRCPC, DFAPA , Intervention précoce en bipolarité(IPEB), Hôpital du Sacré Coeur de Montréal et Institut universitaire en santé mentale Douglas

La dépression, le plus beau cadeau de ma vieVendredi le 5 octobre à 19h (Semaine de sensibilisation aux maladies mentales)

Christine Dubois découvre à l’âge de 27 ans qu’elle fait de l’anxiété généralisée. Trois ans plustard, c’est le mot dépression qui entre dans son vocabulaire. Son parcours de vie l’amène àdevenir l’un des cinq visages de la semaine de sensibilisation aux maladies mentales et de lapublicité télévisuelle sur la maladie mentale en 2011. Venez rencontrer et découvrir cettefemme authentique et simple pour qui la dépression a été le plus beau cadeau de sa vie.

Conférencière: Mme Christine Dubois, conférencière et auteure

«Aussi disponible en DIRECT sur le internet: www.vpsolution.tv/alpabem»

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FORMATION ENTRAIDE RÉPITConférences 2-9PIAP 08CAP Schizo 08Communication 08Lâcher prise 10Apprendre à se.. 10Mindfulness 11TPL * complet

Lundi soir 20Schizophrénie 20TPL____________20Anna___________21Psynéma 34

Quille 28Répit___________35AGA 9

O X Y G È N ECONSEIL D’ADMINISTRATION 2011-2012Présidente Francine ROBILLARDVice-présidente Sylvie PICHÉSecrétaire Diane TALBOTTrésorier Majed ASMARAdministratrice Céline PAQUINAdministratrice Brigitte CÔTÉAdministratrice Lucie LEBEL

L’ÉQUIPEDirecteur général Patrice MACHABÉECoordonnatrice Cynthia BERTRANDConseiller clinique Yves LARDONAdjointe administrative Sylvie ROUSSELIntervenants Jorge MONTERROSO

Caroline LEGAULTAmélie DALLAIRE

Consultants externes Stéphanie PÉLOQUINFernando SEGUELGloria HENRIQUEZJulie CHABOTStéphanie AVOINELionel SANSOUCY

RÉDACTEUR EN CHEFPatrice MACHABÉE

ÉQUIPE DE RÉDACTIONJorge MONTERROSOCaroline LEGAULTAmélie DALLAIRECynthia BERTRANDFrancine ROBILLARDPatrice MACHABÉESylvie ROUSSEL

MEMBRES HONORAIRESSuzanne BÉCHARDJean-Guy BLANCHETTEPierre CHAMBERLANDArnold DRAPEAU (décédé)Pierre COUSINEAU, psychologueSuzanne DE LA DURANTAYEHélène FRÉCHETTERobert GIROUARDGloria HENRIQUEZFlore LAFRENIÈRECatherine LAZURE (Décédée)Jean-Marc LÉGARÉArmand LEMIEUXDenyse PAQUETGilles PERREAULTLise PERREAULTFernando SEGUELGeorges ST-ARNAUDMonique STEVENSONFernande THOUINClaudette WOLFF

INFOGRAPHIE ET MISE EN PAGEAlexandre Mc [email protected]

CORRECTIONDiane PLOUFFE ([email protected])Sylvie ROUSSEL

IMPRESSIONALPABEM

Oxygène, familles et santé mentaleVolume 3, numéro 1, automne 2012

Dépôt légalBibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du CanadaISSN 0840-5530

SOMMAIREA U M E N U D A N S C ET T E É D I T I O N

6Le trouble bipo-

laire PEUT-IL ÊTREDIAGNOSTIQUÉ

CHEZ LES PETITS?

Le trouble bipolaire,communément appelé«man iaco-dépres -sion», est une mala-die mentale classéedans la catégorie destroubles de l’humeur.C’est donc essentielle-ment au niveau de seshumeurs que le sujetest affecté par cettemaladie. Selon leDSM-IV, l’humeur peutvarier d’un état demanie à un état dé-pressif.

30Identifier la schi-zophrénie pourmieux la traiter

Même si le terme etles symptômes sontsimilaires depuis prèsde 100 ans dans le do-maine médical, il n’endemeure pas moinsque cette maladie aété associée à cer-taines faussescroyances.

Si cette maladie faittant parler d’elle et sielle fait l’objet de tantde préjugés ou decroyances erronées,c’est peut-être parceque nous avons de ladifficulté à en com-prendre les symp-tômes ?

25Santé mentale auNUNAVIK

C’est dans les années1960 que Vallée amené une étude surles croyances inuitestraditionnelles à Po-vungnituk, Inukjuak età Kuujjuarapik. Cetteétude a servi de basepour le travail de recherche

15DSM 5.0 Le grandménage

il sera question de diffé-rents changements déjàannoncés pour la versiondu DSM 5. Il n’en de-meure pas moins que lemanuel n’est toujourspas publié et que parconséquent, il pourrait yavoir des changementss u p p l é m e n t a i r e s .

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Les angesgardiens«le prophète voit les anges, maisl’incrédule les fait voir au public»BALZAC -1843

Le 3 octobre prochain sera le lan-cement officiel de la campagneCentraide. Comme à l’habitude, lamarche des parapluies au centre-ville ouvrira la grande messe decette année. Le thème de la cam-pagne 2012 sera: « On s’élève àdonner », faisant ainsi référenceaux anges qui œuvrent dans les369 organismes financés par Centraide.

En effet, nos bénévoles qui donnentde leur temps pour réaliser la mis-sion de l’ALAPBEM, nos interve-nants qui vous accompagnentchaque jour dans votre douleur,notre super adjointe qui vous ac-cueille à votre arrivée avec un grandsourire et nos bâtisseurs qui ont

tenu à bout de bras cette associa-tion pendant les premières annéessont tous des anges gardiens pla-cés sur notre chemin… Ce sontdes anges gardiens.

Durant cette campagne vous aurezaussi l’occasion de voir (si ce n’estpas déjà fait) la vidéo que Cen-traide a réalisée sur l’ALPABEM.

En quatre petites minutes, grâce autémoignage de deux de nos mem-bres, nous comprenons immédiate-ment tout le bien que notreassociation fait autour d’elle. J’aid’ailleurs eu l’occasion d’assister àla présentation de « notre » vidéodevant une centaine de personneschez Centraide en août dernier etje peux vous confirmer que per-sonne n’est resté insensible aux té-moignages de nos deux membres.

Un des témoignages disait même :« Quelque part, ils sauvent des vies» faisant référence au travail de nosintervenants. Cette phrase : « vousm’avez sauvé la vie » je l’ai enten-due souvent en 6 ans à la barre de l’ALPABEM. Cette phrase, lourde

de sens, témoigne de ladétresse des familles qui ont unproche atteint de maladie mentale. En même temps,elle confirme que notre travail estessentiel.

Comme dans l’ensemble des orga-nismes communautaires de partoutau Québec, l’ALPABEM a le privilège de pouvoircompter sur une armée d’anges.

Le 12 septembre, à l’occasion de notre porte ouverteannuelle, j’aurai l’occasion devous les présenter.

On s’élève à donner… voulez-vous faire partie de l’équipe ?

________________Patrice MachabéeDirecteur général

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LE MOT DU DIRECTEUR

VOUS ÊTESINTÉRESSÉSÀ PARTICIPER À CETTE

ÉTUDE ?

Communiquez avec Nadia Durand514-251-4015 (ext. 3240)[email protected]

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De temps à autre il m’arrive de mequestionner sur les coïncidences,les hasards et les synchronicitésque la vie orchestre pour nous.Vous avez certainement déjà ob-servé ce phénomène.

La plupart du temps lorsque je metrouve à l’ALPABEM, je suis dansle bureau de Patrice pour y préparerl’ordre du jour des CA ou pour parti-ciper à un comité de travail ou en-core dans une salle de conférencepour les séances du CA. Je suisdonc un peu dans un monde ou toutse déroule assez bien, dans l’har-monie et la quiétude.

La semaine dernière, j’étais à l’AL-PABEM tous les jours, sur le plan-cher des vaches. Durant l’heure dudîner, j’allais marcher en pensantau choix du thème de mon textepour cette parution et je m’enlignaisavec « les coïncidences, les ha-sards et les synchronicités ». Enme promenant, ce sont plutôt lesparoles que j’ai entendues au coursde la semaine qui me trottaient dansla tête, et tout à coup, j’ai su quej’avais trouvé le filon de mon texte.

J’ai eu le privilège de côtoyer les in-tervenants et la clientèle d’un peuplus près et je partage avec vous cequi m’est resté. Je pouvais devinerla fébrilité et la déstabilisation de

certains à leur arrivée dans la salled’attente ; par contre j’ai remarquéqu’à la sortie du bureau de leur in-tervenant, ces mêmes personnessemblaient plus apaisées et me di-saient à peu près ceci : heureuse-ment que vous existez, qu’est-cequ’on ferait sans les intervenants?

Au téléphone les gens disaient : «je voudrais un rendez-vous avecmon intervenante, car elle sait vrai-ment de quoi elle parle en ce quiconcerne le TPL ». D’autres encoredisaient que les intervenants fontdes merveilles. La majorité de cespersonnes ne me connaissait pas,j’étais incognito pour eux; leurscommentaires étaient donc francs,sincères et gratuits.

Lorsque nous arrivons à l’ALPA-BEM, c’est toujours avec une his-toire à raconter dans laquelle ilmanque des pages. Au fil des ren-contres avec notre intervenant,nous pouvons exprimer sur lespages qui sont restées muettesavec un peu plus de sérénité. Nousnous sentons chaleureusement ac-compagnés et un jour, nous arri-vons à nous sentir comme un petitoiseau sur le bord de sa cage, prêtà s’envoler et à chanter.

Amélie, Caroline, Cynthia, Jorge etYves, nous ne prenons pas toujours

le temps de vous le mentionner,alors je me fais la porte-parole detous les clients de l’ALPABEM envous dédiant ce texte en signe d’ap-préciation. Je profite de cette coïn-cidence pour souligner la tâche peuordinaire que vous accomplissezd’une manière louable. Noussommes choyés, vous nous appor-tez réconfort et soulagement, vousêtes les assises de notre associa-tion.

Cette marque de considération etd’estime s’étend également aux in-tervenants de toutes les associa-tions de familles; vous faites un bienimmense et grâce à votre support,nous pouvonsfaire la paixavec les pagesmuettes denotre histoire.Après la pluie,l’oiseau chante.

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LE MOT DE LA PRÉSIDENTE

Estime«Opinion favorable qu'on ade la valeur de quelqu'un»

Francine RobillardPrésidente

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De nos jours, les maladiesmentales sont très souventassociées à des phéno-mènes sociaux tels que le

stress, les deuils et plus souventqu’autrement, la maladie mentale esrune histoire «d’adultes».

Le trouble bipolaire, communémentappelé «maniaco-dépression», estune maladie mentale classée dans lacatégorie des troubles de l’humeur.C’est donc essentiellement au niveaude ses humeurs que le sujet est af-fecté par cette maladie. Selon leDSM-IV, l’humeur peut varier d’un étatde manie à un état dépressif. L’étatde manie peut se manifester par del’euphorie, des idées de grandeuret/ou une surestime de soi. L’état dé-pressif est caractérisé par une grandetristesse, une vive irritabilité, une cul-pabilité chronique et un manque d’in-térêt et de motivation. Ces pôlesinverses de l’humeur peuvent se ma-nifester de différentes façons. Ils peu-vent se vivre indépendamment un del’autre, ce qui veut dire que la maniepeut durer quelques semaines pourensuite laisser place à la dépression.Celle-ci peut ensuite se poursuivredurant quelques jours, voire plusieurssemaines. Entre les deux pôles in-verses, on peut aussi voir apparaîtreun état d’accalmie, que l’on nommel’euthymie, pendant lequel l’humeurest «normale». Par contre, il est aussi

possible que les deux pôles soientprésents en même temps. Nous ap-pellerons cela un «état mixte». «Letrouble bipolaire, tel que décrit, appar-tient davantage à l’âge adulte. Maisqu’en est-il des enfants? Peuvent-ilsêtre atteints d’un trouble bipolaire?

Pour le moment, les causes de cettemaladie sont encore hypothétiques.Toutefois, certaines recherches ont ré-vélé que l’historique génétique auraitun rôle important à jouer. Les résultatsont démontré que si un parent est at-teint du trouble bipolaire, 15% de ladescendance pourrait s’en voir at-teinte. Si les deux parents sont at-

teints, les statistiques augmentent laprobabilité avec un résultat variantentre 50 et 75%. De plus, le stressvécu par l’individu pourrait faire ensorte de précipiter les épisodes.

Il n’existe pas encore de rechercheempirique démontrant la façon bio chi-mique de diagnostiquer le trouble bi-polaire. Le jugement critique d’unpsychiatre est toujours la meilleureavenue pour obtenir un diagnostic.

Mais qu’en est-il pour les enfants?Peuvent-ils eux aussi en être atteints?

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TROUBLE BIPOLAIRE

Le trouble bipolairePEUT-IL ÊTRE DIAGNOSTIQUÉ

CHEZ LES PETITS ?Par Cynthia Bertrand, Coordonnatrice des programmes

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La réponse est «oui». Les enfantspeuvent eux aussi être affectés par letrouble bipolaire. Dans le DSM IV, onne retrouve pas de critères spéci-fiques reliés aux enfants. Par contre,les critères «adultes» s’appliquent àl’enfance et l’adolescence. Pour lesjeunes pré-pubères, il est plutôt diffi-cile de poser le diagnostic en raisonde la difficulté à faire la distinctionentre la manie et les comportementsdéveloppementaux normaux. Lemanque de jugement ainsi que l’impli-cation excessive dans des activitésplaisantes peuvent être considéréscomme des comportements normauxà cet âge. Les symptômes peuventse manifester différemment. Chezl’enfant, la manie se manifeste davan-tage par des crises de colère explo-sives, une irritabilité sévère etpersistante ainsi que des comporte-ments violents envers sa famille, sesenseignants ainsi que ses amis. Il pré-sentera aussi des signes d’euphorieet/ou des idées grandioses et il dé-montrera une labilité (1) affective .Pour sa part, la dépression se mani-festera avec davantage d’irritabilitéque de tristesse.

N’ayant pas le tableau clinique habi-tuel, l’enfant a des cycles moins biencirconscrits et il présente plus d’épi-sodes mixtes, donc des manifesta-tions d’épisodes de manie etdépressifs à la fois.

S’il y a apparition hâtive du trouble etque l’enfant présente des symptômesbipolaires , il peut arriver malheureu-sement que son état soit confonduavec une autre problématique tellequ’un trouble des conduites, un trou-ble oppositionnel ou un TDAH (troubledéficitaire de l’attention avec ou sanshyperactivité).

À l’adolescence, les critères diagnos-tiques s’apparentent davantage àceux des adultes. À l’âge de la pu-berté, le diagnostic est «plus facile» à

poser. L’adolescent étant plus à risquede développer une dépression, il fautdonc être attentif aux symptômes ex-cessifs, persistants et pouvant causerde la détérioration dans plusieurssphères de sa vie. Selon les statis-tiques, 44% des adolescents atteintsdu trouble bipolaire sont à risque desuicide. Un suivi étroit sera donc né-cessaire à cet effet. Les adolescentsatteints du trouble bipolaire sont aussiplus susceptibles aux abus de subs-tances qu’ils utilisent fréquemment àtitre d’automédication.

Et les traitements ?

Les traitements du trouble bipolaire sedivisent essentiellement en deux ca-tégories : la pharmacologie et la psy-chothérapie. Afin d’obtenir le meilleurrétablissement possible, la combinai-son de ces deux types de traitementest nécessaire. On pourrait donc direque «l’un ne va pas sans l’autre».

Le traitement pharmacologique habi-tuellement utilisé pour le trouble bipo-laire est l’utilisation de stabilisateursde l’humeur tels que le «lithium» oul’«épival». Par contre, lorsqu’il s’agitde patients enfants ou adolescents,ceux-ci sont à proscrire. L’utilisationd’ «antipsychotiques atypiques» etd’antidépresseurs sera un meilleurchoix.

La médication qui traite le trouble bi-polaire agit sur les neurotransmet-teurs qui sont des substanceschimiques par lesquelles les neuronescommuniquent et assurent le fonction-nement cérébral. Lorsqu’il y a dys-fonctionnement au niveau de cettecommunication, c’est à ce momentqu’une personne peut se retrouveravec un épisode maniaque ou dépres-sif. La médication servira donc à ajus-ter la communication afin del’équilibrer le mieux possible.

Le deuxième type de traitement es-

sentiel est la psychothérapie. Elle apour but d’aider la personne atteinte àaccepter sa maladie, à s’adapter auxsituations stressantes de la vie, àaméliorer ses relations interperson-nelles ainsi qu’à éviter les rechutes.

Lorsqu’il y a une rupture du fonction-nement chez l’enfant ou l’adolescent,plusieurs personnes sont susceptiblesd’être témoins du changement quipeut se manifester dans ses compor-tements. Il peut s’agir de ses parents,mais aussi d’intervenants scolaires,de professeurs et d’amis. Toutes cespersonnes sont importantes dans leprocessus d’évaluation pour le diag-nostic, mais elles sont aussi essen-tielles pour accompagner et supporterle jeune dans ce qu’il vit. Si l’enfant oul’adolescent présente certains symp-tômes s’apparentant au trouble bipo-laire, Il est important de consulter unpsychiatre afin de réduire les effetsnuisibles causés par la rupture de sonfonctionnement.

Références

CollaborationDR Martin Gignac, institut Philippe PinelDR Andrée, Daigneault, Institut Douglas

Recherche :

A Swann 2007Bowring et Kovacs 1992

(1) Originaire de la science chimique, ceterme est utilisé pour caractériser l'instabi-lité de certaines composantes de la per-sonnalité, en particulier l'attention etl'affectivité. Aussi appelée "variabilité del'humeur", la labilité affective est marquéepar la succession rapide ou l'existence si-multanée de sentiments contradictoires ousans rapports. Des facteurs externescomme internes peuvent être à l'origine decette labilité affective. Cette instabilité af-fective se retrouve surtout chez les enfantset chez des adultes touchés par une exci-tation maniaque. Dans cet état, l'affectivitéet l'idéation sont très superficielles.

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ATELIERS DE FORMATION

Programme PIAPLes jeudis 11 octobre au 1er Novembre à 19h (dates à confirmer)

Le Programme d’Information et d’Accueil aux Proches (PIAP) a pour objectif de permettre auxmembres de l’entourage de mieux reconnaître les symptômes reliés à la maladie mentale d’un

proche, développer leurs sentiments de compétence et les outiller pour mieux gérer le stress causépar leur nouvelle réalité d’accompagnateur.

Les dates n’étant pas encore confirmées pour la prochaine présentation du programme et les places étant li-mitées, nous vous invitons à communiquer avec nous afin de vous inscrire sur la liste d’attente.

Pour information et inscription, communiquez au 450-688-0541

Coût : Gratuit (dépôt de 20$ requis qui sera remboursé à la fin de la formation)* La réception de votre paiement confirmera votre inscription

Cap sur la schizophrénieLes jeudis du 11 octobre au 13 décembre de 18 h 30 à 20 h 30

Cette formation s’adresse aux proches de personnes atteintes de schizophrénie. Ce programme est fondé sur les connais-sances scientifiques les plus récentes en la matière.

Le programme prévoit 10 rencontres d’une durée de 2 heures, au cours desquelles les membres de l’entourage d’unepersonne atteinte de schizophrénie seront d’abord informés sur cette maladie mentale pour ensuite identifier diversespistes d’action afin de faire face aux défis posés par le soutien d’un proche atteint de la schizophrénie.

Voici un descriptif des diverses rencontres du programme.

Pour information et inscription, communiquez avec Caroline Legault au 450-688-0541.

Coût : 25 $ (Ce montant couvre les frais du matériel fourni.)

* La réception de votre paiement confirmera votre inscription

Ateliers de communicationLes mardis du 25 septembre au 18 décembre 2012 de 19 h à 21 h

(Relâche les soirs de conférences... voir p.2)

Apprendre à mieux communiquer pour améliorer ses relations avec une personne atteinte de maladiementale.

L'ALPABEM vous offre la possibilité de mieux vous outiller pour améliorer la communication au sein de votre famille.Cette formation s'adresse à toute personne désireuse d'améliorer ses relations avec quelqu’un qui souffre d'untrouble de santé mentale. Pour information et inscription, demander Jorge Monterroso au 450-688-0541.

Coût : 25 $ (Ce montant couvre les frais du matériel fourni.)

* La réception de votre paiement confirmera votre inscription

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À mettre à votre agenda cette année

Mercredi 12 septembre à 19h

La porte ouverteL’équipe de l’ALPABEM invite encore tousses membres à sa populaire soiréeannuelle « Vin et fromage ».

Voir page: 35

Mardi 20 Novembre à 19h - Le retour de ZacchiaPOURQUOI NE POUVONS-NOUS PAS TOUS NOUS ENTENDRE ?Mardi le 20 novembre à 19h

Nous vivons quotidiennement des frustrations qui finissent par s’estomper au fil du temps. Mais qu’arrive t-il lorsque ces frustrations s’accumulent et que nous ne prenons pas le temps de les régler?Cette accumulation mène à une escalade des émotions et souvent à une éruption! Comment éviterles conflits évitables et comment gérer les conflits gérables?

Conférencier : Camillo Zacchia, Ph.D. Psychologue - Conseiller principal, Bureau d’éducation ensanté mentale,Douglas Président, Comité d'éthique clinique, Institut Douglas, VP Phobie Zéro

Mardi 18 septembre à 19h

Conférence d’ouverture Venez entendre la psychiatre, Dre. Lupien,venir vous parler de l’impact du stress. Dispo-nible aussi sur le Web: vpsolution.tv/alpabem

Voir page: 02

30 septembre au 6 octobre

Semaine de sensibilisation aux mala-dies mentales3 conférences vous sont présentées etnous débuterons les présentations dans lesécoles.Suivez-nous sur Twitter et Facebook

3 Octobre

DU GRAND MONTRÉAL

LA MARCHE AUx 1000 PARAPLUIES20 000 personnes se réunissent lors de laMarche Centraide aux 1 000 parapluiespour manifester leur engagement dans lalutte contre la pauvreté et l'exclusion.

Mardi 11 décembre à 19h

Dernière conférence avant Noël, MmeRose-Marie Charest, présidente de l’ordredes Psychologues viendra nous parler de:Comment faire plaisir tout en se respectant à Noël ?

Mardi 19 Mars 2013 à 19h

Maladie mentale et religion Le prêtre le plus populaire du Québec, l’abbéRaymond Gravel, nous entretiendra sur unsujet très peu abordé en 2012. Probablementles deux plus grand tabous du Québec : RELIGION & MALADIE MENTALE

Mardi 21 mai 2013 à 19hÊTRE PARENT DANS UN MONDE DE FOUSMardi le 21 mai à 19h

Être parent n'est pas une tâche facile. La vie trépidante,l'inexpérience, la carrière, les relations difficiles entreconjoints et le manque de connaissances sont des fac-teurs qui compliquent ce rôle.

Conférencier : Dr Yves Lamontagne, conférencier, auteur et ancien président du collège des médecins

AGA 2013MARDI

28 MAI 2013

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Apprenez à lâcher priseLes mercredis du 19 septembre au 28 novembre 2012 de 19 h à 21 h

Chacun d’entre nous porte des deuils non résolus. Que ce soit la perte d’un être cher,d’un échec ou d’un rêve non réalisé. Ces « boulets » finissent par affecter notre vie,

notre travail, nos relations. Étant envahis par ces pensées, nous pouvons être à fleur depeau, remplis de colères, de regrets et de culpabilité. Ces sentiments sont des bombes à

retardement. Voilà pourquoi il est nécessaire de faire face à ces deuils.

Profitez de cette formation de 11 semaines animée par M. Fernando Seguel et Mme Gloria Henriquez les mer-credis, de 19 h à 21 h, du 19 septembre au 28 novembre 2012. Nous invitons les personnes intéressées à suivrecette formation à communiquer à l’ALPABEM au 450-688-0541.

Coût : 25 $ (Ce montant couvre les frais du matériel fourni.)

* La réception de votre paiement confirmera votre inscription

FORMATION « Apprendre à se rapprocher sans agressivité »Les lundis 15 octobre au 19 novembre de 19h à 21h

Dans le cadre d’une col-laboration avec Le Centre

de recherche Fernand-Se-guin, nous sommes heureux de vous

annoncer qu’une toute nouvelle formationpour les membres de l’entourage d’une personne at-teinte de maladie mentale verra le jour cet automneà l’ALPABEM.

Cette formation, d’une durée de 6 semaines, viseentre autres à mieux assurer sa sécurité et celle deson proche, identifier des comportements agressifs verbaux et non verbaux , prendre conscience de l’impact deses propres comportements sur ce genre de situation, garder une distance (physique et émotionnelle) et utiliserles outils présentés lors de la formation. « À noter: il ne sera aucunement question de contrôle physique par lesmembres de l'entourage. »

Pour vous inscrire ou pour plus d’information, communiquez avec Cynthia Bertrand, coordonnatrice des pro-grammes, au 450-688-0541.

Coût : 25 $ (Ce montant couvre les frais du matériel fourni.) * FORMATEURS ACCRÉDITÉS

* La réception de votre paiement confirmera votre inscription.

NOUVEAU

ATELIERS DE FORMATION (SUITE)

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La thérapie de la pleine conscience – MindfulnessMardi le 11 septembre de 19h à 21h, à l’ALPABEM

*** RÉSERVÉ AUX MEMBRES ***

Vous aimeriez explorer une nouvelle approche ? Inscrivez-vous dès maintenant à la Conférencesur la thérapie de la pleine conscience.Comment retrouver l’équilibre et acquérir la force inté-rieure pour traverser les tempêtes de la vie.

Faites-vous partie de ceux et celles qui ne lâchent pas devant les obstacles? Êtes-vous fatigués, tendus, peut-être mêmeavez-vous des problèmes de santé? Vous vous demandez dans votre Fort intérieur : Où en suis-je ? Comment puis-jecontinuer ainsi et accompagner mon proche sans m’épuiser. Dans le contexte de la santé mentale, cette conférence abor-dera comment la pratique de la pleine conscience et la méditation peuvent vous aider à retrouver votre équilibre, tout enapprenant à gérer vos émotions (et celles des autres).

À la suite de cette conférence, les personnes qui le désirent pourront s’inscrire à l’atelier Santé et méditation. (voir l’annonceci-dessus)

Conférencier: M. Lionel Sansoucy, conseiller en santé mentaleOù: Cette conférence sera présentée dans les bureaux de l’ALPABEM

Santé et méditationLes vendredis de 13 h 30 à 15 h 30

Prenez note que pour participer à cette formation, vous devez avoir assisté à la conférence« La thérapie de la pleine conscience » du mardi 11 septembre ou antérieure.

Atelier présenté en six ( 6) séances pour ceux et celles qui désirent apprendre à trouver un équi-libre durable même au coeur des tempêtes. Si vous êtes épuisé, tendu, éprouvez des signes

d’anxiété ou tout simplement voulez vous retrouver... Au programme : enseignement, échange et pra-tique. Inspiré de la Mindfulness therapy et de la psychosynthèse.

1. Le point de départ : Ce qu’est la méditation et ce que n’est pas la méditation. L’apport de la méditation de la pleineconscience et de la psychosynthèse à la santé physique, émotionnelle et psychique. Exercice de la pleine conscience.Pratique de la méditation. Vendredi le 5 octobre

2. Apprivoiser le silence : Apport de la méditation pour la santé mentale (trouble de l’humeur, troubles anxieux).Exercice de la pleine conscience. Pratique de la méditation. Vendredi le 19 octobre

3. La respiration : L’attention. Développement de l’empathie.Troubles somatiques (douleurs). Exercice de la pleineconscience. Pratique de la méditation. Vendredi le 2 novembre

4. Vers un mieux-être : Le poids des habitudes. Les résistances. Vaincre les difficultés face au changement. Exercicede la pleine conscience. Pratique de la méditation. Vendredi le 16 novembre

5. Les blocages : Croissance personnelle - grille des polarités. Les synthèses à réaliser. Exercice de la pleineconscience. Pratique de la méditation. Vendredi le 30 novembre

6. Santé et méditation : , un pont entre le psychologique et le spirituel. Bilan personnel des apprentissages. Exercicede la pleine conscience. Pratique de la méditation. Évaluation de l’activité. Vendredi le 14 décembre

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Les efforts soutenus de diffé-rents organismes du réseaude la santé ont su porter fruit.En effet, le Québec parle de

plus en plus de l’importance de lasanté mentale et des problématiquesqui y sont liées. Avec des campagnesexhaustives, telle que celle traitant dela dépression (La dépression fait mal),la population est de plus en plus éveil-lée à la présence, à la nature et à l’im-pact des maladies mentales.

Bien que certains sujets, comme ladépression, jouissent d’une grandepublicité, d’autres sont plus mécon-nus. C’est le cas d’un certain trouble :le trouble de personnalité limite (TPL),aussi connu sous le nom de « border-line ». Avec des films, tels que Bor-derline et Girl interrupted, le TPL a étémis sous les projecteurs; toutefois lesadaptations cinématographiquesétant ce qu’elles sont, ces films ne dé-peignent pas nécessairement la réa-lité quotidienne liée à ce trouble.

Plusieurs articles concernant le TPLont également été rédigés. Relatantl’historique de ce trouble, ses origines,les symptômes et les traitements dis-ponibles, ces articles mettent de la lu-mière sur les moindres détails du TPL.Toutefois, comme le mentionne sonnom, ce trouble en est un de person-nalité. Les symptômes étant imbri-qués dans la personnalité de

l’individu, il devient alors plus difficilede le cerner. En effet, la connaissancedes symptômes ne permet pas tou-jours de déceler, dans la vie quoti-dienne, la présence d’un TPL. C’estpourquoi cet article se veut une tenta-tive de transposer les symptômes cli-niques dans des exemples de la viequotidienne. Il faut cependant émettreune mise en garde : comme ce troublerelève de la personnalité, sa manifes-tation varie selon les personnes. Lesexemples apportés ne sont pas lesuniques manifestations possibles dessymptômes du TPL.

Selon le Manuel diagnostique et sta-tistique des maladies mentales (DSM-IV), le trouble de la personnalité limite

se décrit ainsi : « Mode général d’in-stabilité des relations interperson-nelles, de l’image de soi et des affectsavec une impulsivité marquée, qui ap-paraît au début de l’âge adulte et estprésent dans des contextes divers,comme en témoigne au moins cinqdes manifestations suivantes :… »

Ce que l’on doit faire ressortir de cettedescription, c’est d’abord la mentiondes contextes divers. En effet, si unepersonne présente plusieurs symp-tômes du TPL, mais uniquement dansune sphère de sa vie (par exemple,amoureuse, familiale, professionnelle,etc.), il se peut que ce soit cettesphère qui soit problématique et nonles comportements de l’individu. En

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TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ LIMITE

Vivre avec proche TPL au quotidien

THÉORIE ET RÉALITÉPar Amélie Dallaire, intervenante

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effet, il ne faut pas oublier qu’en étantimbriqué dans la personnalité, le TPLse manifeste dans la majorité, sinontoutes les sphères de la vie de l’indi-vidu.

La seconde notion importante à déga-ger de la description du DSM-IV, c’estla référence au nombre de symp-tômes, c’est-à-dire « au moins cinqdes manifestations suivantes ». Lessymptômes étant des traits de person-nalités qui dévient de la norme so-ciale, nous devons considérer qu’ilssont à la base des traits de personna-lité. Cela veut dire que n’importe quipeut les avoir ! Il est donc tout à faitnormal de se reconnaître dans cer-tains traits de ce trouble. C’est pourcette raison que, pour avoir un diag-nostic de TPL, la personne doit pré-senter au moins cinq symptômesparmi les neuf qui sont énumérésdans le manuel.

Le premier symptôme à aborder estsans aucun doute le sentiment chro-nique de vide. Bien que plusieurs au-tres symptômes soient étroitementliés à celui-ci, le sentiment de vide estle plus difficile à assimiler. Il arrive par-fois que notre proche nomme explici-tement ce sentiment : « Je me sensmorte en dedans. Je suis comme auneutre. J’ai comme un trou dans moncorps. » Pour mieux comprendre cesentiment, il est possible d’imaginerque notre proche a un énorme trounoir à l’intérieur qui crée une souf-france constante et souvent insuppor-table. Malgré bien des efforts pourremplir ce trou béant, il est aux prisesavec ce vide quotidiennement.

Un trait particulièrement lié au senti-ment de vide est l’impulsivité dans aumoins deux domaines potentiellementdommageables pour le sujet (parexemple, dépense, sexualité, toxico-manie, conduite automobile dange-reuse, crises de boulimie). Le videétant souffrant, notre proche pourrait

tenter de le combler ou de se changerles idées afin de ne plus ressentir sonmal-être. Vu le sentiment d’urgence,le besoin immédiat de combler cevide, les activités choisies ne serontfort probablement pas réfléchis. Deplus, la souffrance étant énorme, l’ac-tivité choisie devra faire émerger desémotions puissantes ou une distrac-tion complète pour lui permettre desurpasser la douleur qu’il ressent.C’est pourquoi nous pourrions voirnotre être cher s’élancer dans descomportements sexuels à risques,une consommation excessive, etc.

Une manifestation du TPL qui peutêtre assez déroutante est un mode derelations interpersonnelles instables etintenses caractérisées par l’alter-nance entre des positions extrêmesd’idéalisation excessive et de dévalo-risation. Dans le quotidien, il est pos-sible de penser à un proche qui nousdit que nous sommes le meilleur etqu’il nous adore lorsque nous répon-dons à son besoin, à sa demande.Toutefois, devant un refus de notrepart ou lorsque nous ne répondonspas à son besoin, il nous déteste etnous devenons la pire personne aumonde. L’opinion qu’il se fait de nousdépend directement de notre volontéde répondre à son besoin. Selon lui, iln’y a pas de nuances, aucune zonegrise, tout est noir ou blanc.

Le symptôme le plus apparent chezun proche souffrant de TPL est la pré-sence de colères intenses et inappro-priées ou une difficulté à contrôler sacolère. Devant une situation qui noussemble pourtant banale, notre procheréagit de façon excessive. Par exem-ple, si nous oublions d’acheter du painà l’épicerie, il peut faire une crise decolère tellement intense que nous endemeurons estomaqués !

Ces colères qui nous semblent si dé-mesurées peuvent être expliquées enpartie par la différence de perception

pouvant être présente chez la per-sonne souffrant d’un TPL. En effet, sil’on considère l’oubli d’acheter dupain, notre perception est que, parceque nous avions les bras pleins, tropde choses à acheter et pas de liste,nous avons malheureusement oubliéle pain.

Pour notre proche, le fait que nousayons oublié le pain qu’il nous avaitdemandé peut être perçu comme unoubli de sa personne. Il a l’impressionque nous ne tenons pas à lui ou queses besoins ne sont pas importantspour nous. Dans sa perspective, iln’est plus question du pain, mais biende sa valeur personnelle à nos yeux.Cette situation devient une attaque etune blessure personnelles, d’où savive réaction !

L’instabilité affective due à une réacti-vité marquée de l’humeur est souventl’un des premiers symptômes que l’onremarque chez notre proche. Passantd’une humeur de joie extrême à uneprofonde tristesse ou à la colère enquelques instants à peine, il sembleêtre constamment sur une montagnerusse d’émotions. Sa sensibilité ex-trême aux stimuli extérieurs et sa per-ception particulière le rendentvulnérable à l’envahissement émotif.

En effet, nous sommes tous sensiblesà ce qui nous entoure, nous captonsles émotions des autres, ce qui nouspermet d’être empathiques, de com-prendre, bref d’être en relation ! Pourquelqu’un souffrant d’un TPL, cettesensibilité est extrême; il captepresque toutes les émotions de sonentourage et ne peut s’empêcherd’être envahi par ces émotions qui nesont pourtant pas les siennes ! Étantdonc habité par plus d’une émotion àla fois, il est possible qu’il se promènede l’une à l’autre, déstabilisant ainsison entourage.

Ayant beaucoup de difficulté à dépar-

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tager quelles émotions lui appartien-nent, il est possible que notre prochesouffre d’une perturbation de l’identité.En effet, nous pourrions le voir adop-ter les habitudes et attitudes des gensqu’il côtoie. Nous pourrions même voirses valeurs changer en fonction deses fréquentations. Il peut égalementy avoir des changements plus mar-quants, tels qu’un changement dras-tique de son style de vie, de sonorientation sexuelle, etc. Cette pertur-bation de l’identité est parfois nom-mée par notre proche.

Lors d’une situation, il peut sentirmonter de la colère et avoir envied’adopter un certain type de compor-tement. Toutefois, il peut se demandersi sa colère est légitime vis-à-vis de lasituation ou si c’est un excès dû auTPL. Le questionnement à savoir s’ila « le droit » de se sentir et de réagirainsi peut être très déstabilisant pournotre proche. Nos émotions, percep-tions et réactions forgent une partie dequi nous sommes et lorsque nous nesavons plus si elles sont légitimes etmême si elles nous appartiennent(rappelons la sensibilité extrême desgens souffrants d’un TPL qui sont en-vahis par les émotions des autres),cela peut provoquer une certaineconfusion.

Un symptôme plus difficile à cernerest l’effort effréné pour éviter l’aban-don réel ou imaginé. Pour notreproche souffrant d’un TPL, le senti-ment de vide est très présent. La soli-tude est difficile à tolérer vu la placequ’elle laisse au vide. Notre prochepourrait donc tenter d’être constam-ment en contact avec quelqu’un afinde moins sentir ce vide.

Cette peur de l’abandon peut être en-vahissante au point où notre procheinterprète une situation banale commeun risque d’abandon. Par exemple, siun ami annule un rendez-vous aveclui au cinéma, notre proche pourrait

prendre cela comme un abandon etquestionner inlassablement son ami àsavoir : « Qu’est-ce que j’ai fait ?Pourquoi es-tu fâché ? » Alors qu’enréalité son ami a simplement eu uncontretemps. Il est également possi-ble que ce symptôme se manifestedans ce que nous pouvons appelerdes tests. Notre proche va tester lasolidité de notre relation afin de s’as-surer que nous serons capables de lesuivre et qu’il ne vivra pas d’abandon.

La répétition de comportements, degestes ou de menaces suicidaires oud’automutilations ne semble pas avoirbesoin d’exemple concret pour que cesymptôme prenne tout son sens. En-viron 80 % des gens souffrant de TPLvont s’automutiler au courant de leurvie. Ces comportements ne sont gé-néralement pas posés dans un butd’autodestruction, mais dans un butde soulagement.

En effet, la souffrance intérieure étanttellement grande (vide), le fait de pra-tiquer l’automutilation semble apaisertemporairement leur douleur. D’unautre point de vue, le sentiment devide étant constamment présent, cer-taines personnes atteintes de TPLsont soulagées de voir du sang couleralors qu’ils se sentent vides ou mortsà l’intérieur. Ces gestes sont donc par-fois une tentative de se prouver qu’ilssont vivants. Notre proche peut recou-rir aux menaces suicidaires en parolesou en gestes dans le but de soulagersa douleur ou encore pour tenter denous communiquer sa souffrance ousa détresse.

Devant toutes les situations que peutnous faire vivre notre proche, il arrivesouvent que nous vivions beaucoupde stress. Toutefois, celui-ci vit égale-ment beaucoup de stress et d’anxiétéet cela peut jouer sur un des symp-tômes, soit la survenue transitoiredans des situations de stress d’uneidéation persécutoire ou de symp-

tômes dissociatifs sévères. En effet, lestress vécu peut être si intense quenotre proche utilise inconsciemmentun mécanisme de défense pour seprotéger. Par exemple, nous vivonsun conflit très intense avec lui et ilnous dit des choses très blessantes.Le lendemain, nous tentons de faireun retour sur ce conflit, mais il nous ditque ce n’est jamais arrivé; il ne sesouvient pas du tout d’avoir eu unconflit.

Le stress qu’il a vécu à ce moment-làétait si envahissant qu’un mécanismede défense s’est mis en place chez luipour diminuer la tension vécue. Lesidéations persécutoires, pour leurpart, font référence aux comporte-ments défensifs de notre proche ; ilcroit que tout ce que les gens font oudisent est contre lui et a pour but de leblesser. Le stress étant à son comble,la sensibilité de notre proche aug-mente et il capte tout ce qui se passeautour de lui, associant les comporte-ments des autres à des attaques per-sonnelles envers sa personne.

Comme chaque personne est diffé-rente, il est important de considérerque la manifestation du symptômepeut varier selon la personnalité denotre proche. De plus, puisqu’un diag-nostic requiert cinq symptômes surneuf, chaque personne peut avoir unecombinaison différente de symp-tômes. Cela explique pourquoi le TPLse manifeste de façon différente pourchaque individu. Par ailleurs, commeil est mentionné plus haut, il est pos-sible de se reconnaître ou de recon-naître chez notre proche certains traitsdu TPL, c’est pourquoi il est primordiald’avoir l’avis d’un psychiatre afind’évaluer si le trouble est vraimentprésent.

Pour de plus amples informations,vous pouvez consulter le site

http://www.carrefourtpl.com/

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Si je vous disais que l’homosexua-lité est une maladie mentale, vousme diriez sans doute de retournersur les bancs d’écoles…. Et vousauriez raison. Néanmoins, l’homo-sexualité a bel et bien existé commemaladie mentale dans le DSM(Diagnostic and Statistical Manualof mental Disorders/Manuel diag-nostique et statistique des troublesmentaux) il y a plusieurs années.Fort heureusement, il a été retirédes pathologies psychiatriques de-puis bon nombre d’années.

Le DSM est la référence principaledes médecins et psychiatres dansplusieurs pays, dont le Canada etles États-Unis. Élaboré par l’Ameri-can psychiatric association, ce ma-nuel est devenu une véritableréférence en psychiatrie. C’est dansce manuel que nous retrouvons lesdifférentes maladies mentales ainsique leurs critères diagnostiques.Paru pour la première fois en 1952,le DSM en sera à sa 5e édition enmai 2013. Depuis son apparition en1952, plusieurs modifications ontété apportées, soit en y ajoutant ouen y supprimant certaines maladies.Si la première édition du DSMcomptait 60 pathologies différentes,il est important de souligner que leDSM-IV(dernière version parue en1994) en comptait 414. Selon notre

collaborateur, Dr Lalonde, le nom-bre de diagnostics annoncé dans lanouvelle version de ce manuel ten-terait de réduire ce nombre.

En 2000, une version révisée duDSM-IV était publiée. Cette «bible»des maladies mentales n’a doncpas subi de modification depuisdouze ans. Depuis environ troisans, les rumeurs circulent autour dunouveau DSM. Les critiques se fontinsistantes et on annonce deschangements importants dansplusieurs catégories diagnos-tiques. L’arrivée du DSM 5 surles tablettes était initialementprévue pour 2012, mais étantdonné les révisions impor-tantes avant la publication fi-nale du manuel, nous devronspatienter jusqu’en mai 2013avant d’avoir accès à cettenouvelle édition.

La nouvelle éditiondu DSM n’est pasencore publiéequ’elle fait déjàplusieurs vaguesdans le milieu.On se doutebien que lac o n c e p t i o nd’un livre deréférence de

cette ampleur n’amènepas que deséloges. Bref,plusieurs le critiquent ounomment leurs craintes.Bien que le DSM 5 ne soitpas publié encore, il est ac-tuellement écrit et fait l’objetd’études par différents expertsdans le domaine. Dans cet ar-ticle il sera question de diffé-rents changements déjàannoncés pour la version duDSM 5. Il n’en demeure pasmoins que le manuel n’est tou-jours pas publié et que par consé-quent, il pourrait y avoir deschangements supplémentaires.L’american psychiatric association apublié sur son site (en anglais) laversion préliminaire des change-ments proposés(http://www.dsm5.org/Pages/De-fault.aspx). C’est donc en consultantdifférentes sources d’informationainsi qu’avec la collaboration de DrLalonde, psychiatre de l’hôpitalLouis-H Lafontaine, ainsi que celledu Dr Morissette, psychiatre à l’Ins-titut Philippe-Pinel, que nous avonschoisi de survoler les différentschangements annoncés. Comme leDSM englobe plus de 400 patholo-gies, nous avons choisi de ciblercertaines problématiques suscepti-bles d’intéresser nos membres.Cet article n’a donc pas pour ob-

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DSM 5.0 : Grand ménage dans les

MALADIES MENTALESPar Caroline Legault, intervenante

LES MALADIES MENTALES

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jectif de parler de TOUS les chan-gements proposés dans le DSM 5.

Utilité du DSM

Avant d’aborder les changementsproposés par le DSM 5, il est inté-ressant de porter une attention par-ticulière à l’utilité de cet ouvrage.Évidemment, il a pour but initiald’identifier les différentes maladiesainsi que ses critères diagnostiques.On s’assure ainsi d’une cohérenceentre médecins au niveau des diag-nostics. Dr Lalonde a mentionnéque, même si certains psychiatrespeuvent être en désaccord aveccertains aspects du DSM, ils sonttenus de le respecter. Le DSM s’as-sure aussi que le même langage estutilisé entre professionnels. Tousces éléments aident à cibler lesmeilleurs traitements possible et as-surent une base empirique pour lesrecherches au niveau de la psychia-trie.

De plus, d’autres professionnels(autres que ceux de la santé) s’inté-ressent grandement aux différentesmaladies citées dans le DSM. LeDSM nomme les maladies et de-vient alors une référence pour lescompagnies d’assurance et certainsemployeurs . Ainsi, un assureurpourrait refuser le paiement d’uneprestation de salaire si le diagnosticdonné par le médecin n’est pas citédans le DSM.

Les changements

Le premier changement à survenirdans cette nouvelle version du DSMse trouve dans son nom, souligne leDr Lalonde. Les dernières versionsdu DSM inscrivaient leur version àl’aide de chiffres romains suivis,pour certaines versions, d’un «R»qui soulignait que cette version avait

été revue et corrigée. Comme vousle verrez plus loin, il arrive que desdiagnostics soient ajoutés «àl’étude» afin d’évaluer, de façon em-pirique, l’impact sur le bien-être desgens de diagnostiquer ou non cettemaladie. Or, la version revue et cor-rigée du même DSM permet,quelques années plus tard, d’officia-liser ou de retirer le ou les diagnos-tics, nommés «à l’étude», selon lesbienfaits de son utilisation. Bref, il ya eu un DSM III et un DSM III-R puisun DSM-IV et un DSM- IV-R. Main-tenant, la tendance étant à l’infor-matique et aux termes qui s’yrattachent, nous laissons les chiffresromains de côté et nous verrons lanouvelle version s’écrire commesuit : DSM 5.0. La version revue de-vrait comporter la cote 5.1 et ainside suite.

Abordons maintenant, selon cha-cune de leur catégorie diagnos-tique, les changements à prévoirdans notre futur DSM 5.0.

Les troubles de la personnalité

Le DSM actuel dénombre 11 trou-

bles de la personnalité :

1. Personnalité paranoïaque

2. Personnalité schizoïde

3. Personnalité schizotypique

4. Personnalité antisociale

5. Personnalité borderline

6. Personnalité histrionique

7. Personnalité narcissique

8. Personnalité évitante

9. Personnalité dépendante

10. Personnalité obsession-nelle-compulsive

11. Trouble de la personnalité nonspécifié

Le prochain DSM annonce une ré-duction du nombre de catégories.Ainsi, les personnalités écritesen vert seraient celles qui demeu-reraient dans la nouvelle versiondu DSM.

Lors d’un entretien avec le Dr Mo-

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« Le diagnostic de dépressionanxieuse légère sera ajoutécomme maladie. Selon le

Dr Morissette il s’agirait de la

bouillie pour les chats »

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rissette, ce dernier affirmait que lafaçon de diagnostiquer serait biendifférente. Selon ses sources, il neserait plus question de «trouble» dela personnalité, mais bien de per-sonnalité «inadaptée». Ainsi, lorsd’une évaluation psychiatrique d’unpatient, les médecins auront cer-tains traits de personnalité à éva-luer, dont la compulsivité parexemple. Lors de cette évaluation,on tentera d’évaluer ce trait du pa-tient sur un continuum allant decompulsivité extrême à l’absencede compulsivité. Les psychiatress’attarderont au trait qui se retrou-vera à l’un ou l’autre des deuxpôles. Plus un trait se trouve au mi-lieu du continuum, plus on peut par-ler d’une personnalité qui s’adapteaux événements et qui peut êtreflexible.

Le DSM-IV n’apportait aucunenuance. On y décrivait des traits depersonnalités et si le patient avait lenombre requis de traits, on tenaitpour acquis qu’il avait un trouble dela personnalité et ce, peu importel’intensité de ce trait. Le nouveauDSM semble se diriger vers uneévaluation plus nuancée des problé-matiques liées à la personnalité.Est-ce vu d’un bon œil pour le DrMorissette? Ce dernier affirme queces changements qui s’annoncentseront bénéfiques pour les patientspuisqu’ils n’auront plus cette éti-quette de «trouble». Concernant lestraitements, Dr Morissette affirmequ’il n’y avait aucun médicamentspécifique au trouble de la person-nalité et que par conséquent, rien

de changera au niveau de la phar-macologie. Cependant, un autre as-pect positif se trouve au niveau dela psychothérapie. En plaçant lestraits de personnalité sur un conti-nuum, il sera plus facile de repérerles aspects à travailler avec le pa-tient plutôt que de tenir pour acquisqu’il a tous les traits inscrits dans ladescription du trouble de la person-nalité.

Trouble de l’humeur

Le diagnostic de «dépressionanxieuse légère» sera ajouté commemaladie. Lorsque j’ai nommé cediagnostic à Dr Morissette il a rapide-ment nommé qu’il s’agissait de«bouillie pour chat» et il m’a fait partdes doutes qu’il avait quant à l’utili-sation de ce diagnostic. Il questionne

l’utilité d’apposer ce genre d’étiquetteet nomme que les personnes qui enprofiteront seront sans nul doute lescompagnies pharmaceutiques quiseront heureuses de trouver des re-mèdes pour chaque pathologie quis’ajoutera au DSM. Il sera très inté-ressant de consulter les critèresdiagnostiques pour ce nouveau trou-ble puisqu’au premier abord, il sem-blerait que bon nombre depersonnes dans la population auraittraversé un épisode de dépressionanxieuse légère et n’aurait jamais eurecours à de la médication et/ou unsuivi psychiatrique. Quelle est doncla pertinence d’ajouter ce diagnosticmaintenant?

Dr Lalonde nomme aussi qu’il y aurades changements au niveau de la

dépression majeure. Avant, suite àun deuil, on pouvait diagnostiquerune dépression majeure si les symp-tômes dépressifs (tristesse, manqued’intérêt, etc.) perduraient au-delà detrois mois. Actuellement, la versionpréliminaire prétend que, malgré undeuil récent, si les symptômes dé-pressifs perdurent au-delà de 2 se-maines, la personne doit être traitéepour dépression majeure. Dr Lalondeest d’accord pour soutenir une per-sonne dont les symptômes sont im-portants et souffrants, mais ilnomme avoir la crainte que l’on com-mence à médicaliser les événementsdifficiles de la vie comme s’il s’agis-sait de maladie.

Trouble psychotique

Un nouveau diagnostic fera son en-trée dans le DSM 5 comme diagnos-tic «à l’étude». Il sera appelé le«syndrome de risque de psychose».En parcourant les critiques, ellessemblent généralement similaires àcelles formulées pour la dépressionanxieuse légère. Lorsque j’ai ques-tionné Dr Morissette sur sa percep-tion, il a eu un accueil plus favorableà ce diagnostic. Dr Morissettenomme que ce nouveau diagnosticfournira des outils importants pourmieux détecter les jeunes à risquesde développer des symptômes d’untrouble psychotique comme la schi-zophrénie. Un diagnostic commecelui-là permettra de traiter avec desantipsychotiques les jeunes à risque.Dr Morissette explique que ce genrede traitement précoce permet sou-vent à la maladie de se déclarer plustard et de façon moins sévère. Évi-demment, il nomme qu’il sera impor-tant de respecter les critèresdiagnostiques à la lettre afin d’éviterde «surpeupler» cette catégoriediagnostique et de «surmédicamen-ter» par la même occasion.

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Exemple de continuum

Compulsivité extrême Milieu Absence de compulsivité

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De son côté, Dr Lalonde met unbémol en nommant que les re-cherches effectuées sur le sujetjusqu’à maintenant sont plutôtcontradictoires. Est-ce que le fait dedonner un traitement antipsychotiqueaux jeunes qui présentent un risquepsychotique est aidant? Certainesétudes affirment que oui et d’autresque non. Dr Lalonde fait référence àun congrès auquel il a assisté auxÉtats-Unis avec ses collègues amé-ricains. Il relate que, suite à un voteà main levée pour connaitre l’opinionde l’auditoire quant à la pertinenced’ajouter ce diagnostic au futur DSM,l’auditoire était divisé à 50/50 sur lesujet. Dr Lalonde nomme que cediagnostic devait devenir officiel dansle nouveau DSM mais que finale-ment, suite à ce résultat, il a été dé-cidé de le mettre «à l’étude».

La schizophrénie

Il est important de souligner que lescritères diagnostiques pour la schizo-phrénie resteront les mêmes dans lefutur DSM. Cependant, un change-ment majeur touchera ce diagnostic.Il n’y aura plus de «types» dans cettecatégorie. Les cinq types nommésdans le DSM-IV (type paranoïde,type désorganisé, type catatonique,type indifférencié et type résiduel)n’existeront plus.

Lorsque je demande au Dr Lalondepour quelle raison on les retire, cedernier m’en nomme deux. La pre-mière est que le type de schizophré-nie diagnostiqué n’aide pas à trouverun traitement mieux adapté pour lapersonne atteinte. Et deuxièmement,le fait d’avoir cinq catégories n’a au-cune valeur ajoutée au niveau de larecherche scientifique. Bref, le diag-nostic de schizophrénie demeure pri-mordial, mais pas ses sous-types.Le DSM 5 se voulant plus simple etplus concis, la décision de retirer ses

sous-types était une évidence.

Autres modifications intéres-santes à mentionner:

Retard mental

Dans le DSM-IVDSM-IVon retrouvele terme retard mental comme faisantpartie des troubles de l’Axe II (voirexplication plus loin). Ce terme qui aune connotation négative sera main-tenant remplacé par le terme : défi-cience intellectuelle.

Addiction comportementale

Il s’agit d’une nouvelle catégoriediagnostique dans laquelle nous re-trouverons le jeu pathologique. Legroupe de travail s’est penché sur lapossibilité d’inclure dans ce troublel’addiction à internet. Mais le peu derecherche scientifique sur le sujet onfait en sorte que ce trouble seraadmis dans le DSM 5, comme diag-nostic «à l’étude».

Trouble alimentaire

En plus des diagnostics de boulimieet d’anorexie, on souhaite inclure«l’hyperphagie» (binge eating). L’hy-perphagie se caractérise par des épi-sodes de consommation excessiveet incontrôlée de nourriture, bien au-delà de la satiété, qui se produisentau moins deux fois par semaine. Onsouligne aussi le fait que ce troubleserait souvent lié à l’obésité.

Trouble sexuel

Le DSM-IV inclut dans ses troublessexuels, le trouble de l’identité degenre. Cependant, des changementssont peut-être à prévoir dans la nou-velle version puisque des groupes dedéfense des personnes trans-sexuelles militent pour que ce diag-

nostic soit aboli.

L’évaluation de l’état mental de lapersonne

Selon le DSM-IV l’évaluation du pa-tient s’effectue selon cinq axes :

Axe I : Troubles cliniques, autres si-tuations qui peuvent faire l’objet d’unexamen clinique

C’est à cet axe que l’on inclut lesdiagnostics de dépression, schizo-phrénie, trouble anxieux, etc.

Axe II : Trouble de la personnalité etretard mental

On inclut les différents troubles de lapersonnalité et la déficience intellec-tuelle.

Axe III : Affections médicales géné-rales

Comme la maladie physique peut in-fluencer notre santé mentale, on noteici les affections médicales dont souf-fre la personne.

Axe IV : Problèmes psychosociaux etenvironnementaux

On vérifie l’existence d’événementsmajeurs récents : deuil, divorce,perte d’emploi, etc.

Axe V : Évaluation globale du fonc-tionnement

Il s’agit d’une évaluation du psychia-tre sur le niveau de fonctionnement.Cette échelle varie entre 0 et 100. Lechiffre cent (100) représente un ni-veau de fonctionnement supérieur etzéro (0), un niveau de fonctionne-ment altéré et dangereux.

L’évaluation faite avec ces cinq (5)

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axes permet de faire une évaluationglobale de la personne. Chaque axepouvant influencer les autres, celadonne un coup d’œil important sur lasituation de la personne.

Selon Dr Lalonde, le DSM 5 aboliraitl’évaluation multiaxiale.. On feraitdonc appel à une nouvelle formed’outil. L’évaluation se ferait à partirde dimension plutôt que d’axe. À cejour, les dimensions ne sont pas en-core officielles. Dr Lalonde nommeque 16 dimensions ont actuellementété ciblées et que l’objectif ultime se-rait de réduire ce nombre à 6 ou 7afin de faciliter leur utilisation. Dr La-londe nous a tout de même cité cer-tains exemples qui pourraient fortprobablement se retrouver parmi lesdimensions retenues. Tout d’abord ilest important de souligner que cha-cune des dimensions devra être éva-luée selon une échelle de 0 à 4, lechiffre zéro (0) représentant «ab-sence» et quatre (4) signifiant «trèsactif».

Voici donc des exemples de di-mension possible :

1. Psychose

2. Insomnie

3. Dépression

4. Agitation/manie

5. Intoxication

6. Anxiété

Prenons l’exemple d’un patient quise présente à l’urgence en avril avecla «cote» 4 pour la psychose puisqu’ilest atteint de schizophrénie et queles symptômes sont très actifs. Enjuillet, il retourne à l’urgence pour dessymptômes dépressifs; il a alors une«cote» 4 pour la dimension de dé-pression et une cote de 1 pour la

psychose (la schizophrénie étanttoujours présente, il ne pourra jamaisavoir une cote» de 0). Cette nouvellefaçon d’évaluer le patient amèneraune forme de nuance aux symp-tômes et permettra une évaluationglobale de la santé mentale de lapersonne en évitant de «focusser»uniquement sur le trouble dominant(dans notre exemple, la schizophré-nie). Dr Lalonde voit cette nouvellefaçon d’évaluer de façon positive etnomme qu’en plus d’être un outil ef-ficace dans l’évaluation, il sembleque cette approche fournisse demeilleurs barèmes pour la recherche.

Conclusion

Vous pourrez constater que les chan-gements annoncés pour le futurDSM 5 sont d’une grande impor-tance. Évidemment, 10 ans se sontécoulés depuis le dernier DSM et ilétait prévisible que les changementsprennent autant d’ampleur. La psy-chiatrie est un domaine, une scienceen constante évolution et dont les re-cherches scientifiques se peaufinent.Aussi, nous savons que les maladiesmentales sont très sensibles à l’envi-ronnement. Comme notre environne-ment change, se transforme et subitdes avancées importantes dans dif-férents domaines, il n’est pas surpre-nant de voir de nouvelles pathologiess’ajouter alors que d’autres dispa-raissent.

Bref, il s’agissait ici d’un survol rapidedes changements annoncés pourmai 2013. Nous tenons à remerciergrandement nos collaborateurs, DrLalonde et Dr Morissette, pour nousavoir guidés dans la compréhensionde cette nouvelle version du DSM.

Pour terminer, il est important dementionner que, comme le manuelest toujours sous évaluation, il estpossible que de nouvelles données

s’y ajoutent. Par contre, étant donnéle peu de temps restant avant sa pa-rution finale, il serait surprenant quedes changements majeurs s’y ajou-tent.. Néanmoins, soyez assuré quedès son apparition, l’équipe de l’AL-PABEM se fera un plaisir de présen-ter les nouvelles données qui serontalors officielles.

Références

Collaboration :

Louis Morissette, M.D., FRCPCMédecin psychiatre, responsable clinique del’unité des adolescents, Institut Philippe-Pinel deMontréal; professeur adjoint de clinique, Dépar-tement de psychiatrie, Université de Montréal

Pierre Lalonde, M.D. , FRCPC, FAPAHôpital Louis-H. LafontainePsychiatre, fondateurdu Programme jeunes adultes (schizophrénie)Champ d'expertise : Schizophrénie, Thérapiecognitive des symptômes psychotiques, Thérapiepsychoéducative,Antipsychotiques

Référence livres: L’American psychiatric associa-tion, DSM-IV, Cas clinique, un guide clinique dudifférentiel, 1996.

L’American psychiatric association, Mini DSM-IV,critères diagnostiques, 1994.

Référence internet :

http://www.dsm5.org/Pages/Default.aspx

http://fr.wikipedia.org/wiki/Manuel_diagnos-tique_et_statistique_des_troubles_men-taux#Historique

http://www.psychomedia.qc.ca/troubles-per-sonnalite/2010-02-12/dsm-v-et-troubles-de-la-personnalite-quelle-est-la-nouvelle-definition-proposee

http://www.psychomedia.qc.ca/troubles-ali-mentaires/2007-02-01/l-hyperphagie-trouble-alimentaire-plus-frequent-que-l-anorexie-et-la-boulimie

http://www.psychomedia.qc.ca/diagnos-tics/2010-02-10/quels-changements-sont-pre-vus-dans-le-dsm-v-manuel-diagnostic-des-troubles-mentaux

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GROUPES DE SOUTIEN

Groupe de soutien pour les familles dont un des leurs souffre du TPLLes mardis 11 septembre, 23 octobre et 4 décembre de 18 h 30 à 20 h 30.

Les réunions du groupe de soutien TPL auront lieu les mardis 11 septembre, 23 octobreet 4 décembre de 18 h 30 à 20 h 30.

Prenez note qu’il est nécessaire d’avoir suivi la formation psychoéducative sur le TPL avant d’in-tégrer ce groupe. Réservation obligatoire au: 450 688-4TPL. Demandez Amélie Dallaire.

Groupe de soutien pour les familles dont un des leurs souffre de schizophrénie

Les mardis 9 octobre et 27 novembre de 18 h 30 à 20 h 30

Les réunions du groupe de soutien Cap Schizophrénie auront lieu les mardis 9 octobre et 27 novembrede 18 h 30 à 20 h 30. Prenez note qu’il est nécessaire d’avoir suivi la formation Cap sur la schizophrénieavant d’intégrer ce groupe. Réservation obligatoire au 450-688-0541. Demandez Caroline Legault.

Groupe d’entraide du lundi soir

Les lundis de septembre (10 et 17), d’octobre (15 et 22) et de novembre (5, 12 et 19) de 19 h à 21 h

Animé par M. Yves Lardon, travailleur social au Centre le Florès et conseiller clinique del’ALPABEM, ce groupe s’adresse aux parents et amis de personnes atteintes de maladies

mentales. Venez donc échanger, travailler et surtout prendre du temps pour vous lors de ces soiréesdont vous êtes l’acteur principal.

Dates du groupe d’entraide : Septembre (10 et 17); octobre (15 et 22); novembre (5, 12 et 19)

* Veuillez prendre note qu’il est obligatoire d’avoir rencontré un intervenant avant de participerà ce groupe.

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Groupe de soutien AnnaLes mercredis 10 octobre et 21 novembre de 17h15 à 19h30

Nous vous rappelons qu’un groupe de soutien est offert aux participants ayantcomplété les Ateliers Anna. Le prochain groupe aura lieu le 10 octobre.

Il est obligatoire d’inscrire votre enfant en communiquant avec Caroline Legault au 450688-0541. Dans l’éventualité où le nombre d’inscriptions serait insuffisant, l’ALPABEM seréserve le droit d’annuler un groupe sans préavis.

Les Ateliers AnnaLes jeudis 11 octobre au 29 novembre de 17h15 à 19h30

Une série de rencontres de groupe qui s’adressent à des jeunes de 6 à13 ans qui sont touchés par la maladie mentale d’un proche. Par le biaisde l’art, de jeux et de la parole, l’expression des émotions vécues est fa-vorisée et l’enfant obtient des réponses aux questions qui le traversent,tout en réalisant qu’il n’est pas seul.

Huit rencontres de 2 heures sont prévues dans un local spécialement amé-nagé pour les ateliers. Les rencontres sont animées par deux interve-nantes jeunesse. Un groupe de soutien pour les jeunes ayant bénéficiédes Ateliers Anna est par la suite créé afin que les jeunes continuent d’ob-tenir du soutien.

Le prochain groupe (6 à 9 ans) débutera le 11 octobre. Les ateliers sontgratuits et une collation est fournie.

Il est obligatoire d’inscrire votre enfant en communiquant avec Caroline Legault au 450 688-0541.

Activités éducatives pour les jeunes de 6 à 13 ans

ayant un parent ou un proche atteint de maladie mentale

Merci à Mme Diane Plouffe

L’ALPABEM tient à remercier Mme Diane Plouffe, membre de l’ALPABEM, pour sonimplication bénévole dans la correction des textes de notre magazine Oxygène.

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J’ai choisi de vous parler dutrouble obsessionnel-com-pulsif qu’on appelle commu-nément le « TOC ». Il s’agit

en fait d’une maladie faisant partiede troubles anxieux. Savez-vous cequ’est un trouble anxieux? Avez-vous déjà connu la peur et l’insécu-rité? Vous allez peut-être me direque vous avez vécu sous le régimedu « Bonhomme Sept Heures ».C’est vrai que nos parents utili-saient le régime de la peur pournous garder à la maison et nousamener à adopter certains compor-tements sécuritaires. Je parlerai icid’autre chose que d’une peur in-duite.

Vous est-il déjà arrivé de rencontrerun ours dans la forêt? Vous est-ildéjà arrivé d’éviter de justesse ungros accident de voiture? Vous etmoi, à certains moments de notrevie, nous avons vécu la peur et l’in-sécurité pendant un court laps detemps. Cette sensation était sûre-ment désagréable. Imaginez-vousmaintenant ce que peut ressentirquelqu’un qui vit la peur et l’insécu-rité de façon constante. C’est unpeu comme vivre toujours avec unsystème d’alarme déclenché.

Pour le TOC c’est un peu différent,

mais pas moins stressant. Norma-lement, avant d’aller au lit, nous fai-sons le tour de la maison pour nousassurer que les portes sont bienbarrées, que les ronds de la cuisi-nière sont bien éteints et que le ré-veil est programmé pour nousréveiller le lendemain matin. Etc’est parti, on s’abandonne dansles bras de Morphée ! Pour les per-sonnes qui souffrent d’un TOC leschoses ne se passent pas aussi

simplement. En principe, le TOCest caractérisé spécialement parune alternance d’obsessions et decompulsions. J’ai trouvé une belledéfinition qui nous explique trèsclairement ce qu’est le TOC :

« Une obsession se défini commeune idée qui fait irruption de façonbrutale et répétitive dans la penséed’un sujet, dont le caractère est ab-

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TROUBLES OBSESSIFS COMPULSIFS

TOC : Quand le rite n’a plus rien à voir

AVEC LA RELIGIONPar Jorge Monterroso, intervenant

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surde ou déplacé, mais dont la sur-venue est source d’angoisse ou demalaises incontrôlés. Souvent,pour tenter d’apaiser cette an-goisse, le malade est contraint deréaliser une ou plusieurs séries decompulsions, actes délibérés etstéréotypés dont l’objectif est deneutraliser les idées obsédantes. »(Kaplan)

Regardons de plus prêt la définitiondu dictionnaire : Obsession : Idée,sentiment, image souvent absurdeou incongrue qui surgissent dansla conscience et l’assiègent, bienque le sujet soit conscient de leurcaractère anormal. (Petit Larousse)

Il peut s’agir d’une idée, d’un senti-ment ou d’une image souvent ab-surde qui s’impose à notreconscience et elle en prend com-plètement le contrôle. Tout celas’accompagne d’une angoisse in-tense. Il y a différentes sortes d’ob-session, mais les plus courantessont au niveau de la contamination,de l’ordre et la symétrie, du doute,du sexe et de la religion. J’en énu-mérerai ici quelques-unes.

Les individus qui souffrent d’obses-sions au niveau de la contamina-tion peuvent, par exemple,éprouver de la peur ou du dégoutpour les déchets, ou ne pas aimerla poussière. Ce ne sont certaine-ment pas eux qui s’impliquent ouqui font les tâches ménagères.D’autres ont peur des sécrétionscorporelles. Ils s’éloigneront denous si nous éternuons de peur decontracter un virus quelconque.D’autres ont peur des animaux oudes contaminants qui peuvent lesrendre malades ou encore d’êtreeux-mêmes la source de contagionpour les autres.

Pour les gens qui souffrent d’ob-sessions au niveau de l’ordre et lasymétrie, tout doit être bien placédans un certain ordre et de manièresymétrique. L’action de placer leurlinge dans un tiroir peut leur pren-dre énormément de temps. Legeste de ranger la commanded’épicerie est aussi ardu, car toutdoit être placé selon un ordre bienétabli. Il peut arriver parfois que despensées magiques soient atta-chées aux obsessions: « si leschoses ne sont pas placées decette façon il peut arriver malheur àquelqu’un».

Les obsessions au niveau du doutese manifestent par la peur d’avoiroublié quelque chose. Normale-ment, lorsque nous nous prépa-rons pour aller quelque part, il nousarrive à tous d’avoir peur d’oublierquelque chose . « Je suis sûr quej’ai oublié quelque chose ». C’estune expression que vous avez sû-rement déjà prononcée à l’occa-sion. Mais ça ne fait pas de vousquelqu’un qui souffre d’un TOC, carvous ne répétez pas ce rituel tousles jours.

On peut prendre par exemple lecas d’une personne qui a peurd’avoir blessé quelqu’un lorsqu’elleconduit sa voiture, et qui fait sanscesse le tour du quartier pour s’as-surer que ce n’est pas le cas. Aprèsun premier tour, elle ne voit per-sonne de blessé. Elle peut se direqu’elle n’a pas regardé au bon en-droit et retourner faire un tour,question d’être certaine et répéterencore cette action. Le manègecontinue, car le doute persiste.

Parmi les gens obsédés par ledoute, il y a aussi ceux qui ont peurde se débarrasser par mégarde de

quelque chose d’important. Ils peu-vent vider la poubelle pour s’assu-rer que ce n’est pas le cas. Parfoisvider la poubelle une fois n’est pasassez et ce n’est pas du bac de ré-cupération dont je vous parle ici ! Ily a aussi des gens qui ont peurd’être responsables d’une choseterrible comme le feu ou le vol parexemple. Il serait normal de pren-dre les précautions nécessairespour ne pas être victime du feu.Encore plus si vous avez été té-moin d’un incendie chez vos voi-sins et que vous avez trouvé cetteexpérience épouvantable.

Par contre, si vous avez la difficultéà dormir, car vous vous levez sansarrêt pour aller vérifier si les rondsde la cuisinière sont bien fermés, sivous passez votre temps à craindreque quelqu’un dans l’édifice n’aitpas bien éteint sa cigarette, jevous invite à aller consulter votremédecin.

Les obsessions au niveau du sexeconcernent des idées, des imagesou des pensées perverses défen-dues comme l’inceste ou encorecomme l’homosexualité.

Les obsessions d’agressivité setraduisent par la peur de commettreun geste violent et finalement, lesobsessions somatiques sont vé-cues par les gens qui ont peurd’être malades ou de contracterune maladie.

Donc, lorsqu’une obsession vients’incruster dans notre cerveau, celaveut dire que l’alarme vient de s’en-clencher. C’est l’anxiété qui noussubmerge. C’est un peu commelorsqu’on fait la cuisson et qu’on faitbrûler notre repas.

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L’alarme se déclenche et, pris depanique, nous sommes portés àtout faire pour éviter un feu, ou en-core que tout le voisinage se rendecompte de notre bévue. On se mo-bilise pour arrêter l’alarme n’estpas?

Afin de vouloir mettre fin à l’an-goisse occasionnée par ces obses-sions, l’individu qui souffre d’unTOC va adopter des comporte-ments ou des rituels, donc descompulsions, qu’il répéteraconstamment.

Je vous invite à nouveau à regar-der de plus prêt la définition du dic-tionnaire : Compulsion : Forceintérieure par laquelle le sujet estamené à accomplir certains acteset à laquelle il ne peut résister sansangoisse.

Comme vous le constatez, les ob-sessions sont assez diverses. Laplus commune, celle dont on en-tend le plus parler, est la peur dela contamination, que ce soit par unvirus, une bactérie ou n’importequelle « bébitte ». Lorsque l’idéed’être contaminé s’incruste dans lapensée, elle génère énormémentd’angoisse.

Vous et moi, lorsque nous perdonspar inadvertance une facture trèsimportante dans la poubelle et quenous devons aller la chercher, il estpossible que l’idée nous dégouteun peu. Nous pouvons choisir demettre des gants, ou de ne pas enmettre et aller ensuite nous laverles mains, sans plus. On ne faitpas un plat avec ça. Non?

Pour une personne qui souffre d’unTOC, les choses ne se passent pasaussi facilement. Si l’idée de conta-

mination est présente, qu’elle aittouché à la poubelle ou pas, l’ac-tion de se laver les mains risque deprendre un peu plus de temps et sefera beaucoup plus en profondeuret dans un ordre précis, sanscompter qu’il y a bien des possibili-tés que ce geste se répète si fré-quemment que la personne finissepar s’irriter les mains. Ces gesteset ces rituels lui apportent un légersoulagement. Cependant l’obses-sion est toujours présente et le piredans cette situation est que ledoute s’installe.

Quelle est la définition du diction-naire? Doute : État d’incertitude surla réalité d’un fait, l’exactitude d’unedéclaration, la conduite à adopter.

Donc, lorsqu’on n’est plus certainde s’être bien nettoyé les mains, onrisque de répéter le geste sansarrêt. Sans compter que la peurnous assaillit. C’est quoi déjà la dé-finition de la peur? Peur : Sentimentde forte inquiétude, d’alarme, enprésence ou à la pensée d’un dan-ger, d’une menace. État de crainte,de frayeur dans une situation pré-cise.

L’alarme continue de sonner, ce quiveut dire que la personne qui douteest encore bien loin d’arrêter devivre de l’angoisse. Le trouble peutêtre tellement envahissant qu’il em-pêche la personne qui en souffred’aller à l’école, d’aller au travail outout simplement de fréquenter desgens.

Parfois l’entourage de la personnetentera sans succès d’empêcherl’autre d’adopter son rituel. C’estpeine perdue. En agissant ainsi, onréussit seulement à faire augmen-ter un peu plus l’anxiété. Ce n’est

pas en cachant le savon ou en cou-pant l’eau qu’on va réussir à fairearrêter les comportements répéti-tifs.

Cela vous donne-t-il une idée de cequ’est un Trouble Obsessif Com-pulsif ?

Peut-être avez-vous maintenantune idée plus claire de cette diffi-culté. Par contre, il ne faut pas ou-blier le niveau de souffrancegénérée par ce trouble, autantpour la personne qui en souffre quepour les membres de sa famille, carvous le savez très bien, c’est toutle monde qui paie le prix.

Existe-t-il de l’aide pour les gensqui souffrent d’un TOC?

Certainement. La première choseà faire est de consulter un profes-sionnel, soit au CLSC, ou chez unmédecin qui pourra référer par lasuite à un spécialiste. Il s’agit d’unemaladie qui se traite très bien. Ilexiste plusieurs traitements : Lamédication certainement, maisparfois la médication ne règle pastout. Il est alors fortement suggéréd’entreprendre une thérapie. Celle-ci va amener la personne à adopterdifférentes façons de penser, d’agiret de réagir aux événements stres-sants de la vie.

Pour certaines personnes la théra-pie seulement sera bénéfique, tan-dis que d’autres réagiront mieux àla médication. Pour d’autres, lacombinaison des deux traitementssera salutaire. L’important est deconsulter.

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Page 25: GRAND MÉNAGE DANS LES MALADIES MENTALES · Comprendre le trouble bipolaire Jeudi le 4 octobre à 19h (Semaine de sensibilisation aux maladies mentales) Le trouble bipolaire est une

Les problématiques desanté mentale ne discrimi-nent pas; quelle que soitnotre couleur, culture ou

religion, nous ne sommes pas àl’abri de la souffrance qu’induit lamaladie mentale. Celle-ci n’esttoutefois pas perçue ou vécue dela même façon par tous. En effet,la culture peut faire va-rier la manifestationdes symptômes etl’évolution de la mala-die chez un individu. Untravail de recherche sub-ventionnée par le Conseilquébécois de la recherche so-ciale et le Conseil régional desanté et des services sociaux deKativik permet d’illustrer cette va-riation.

Réalisée au sein de la commu-nauté inuite du Nunavik,l’article Culture et mala-die mentale chez lesInuits du Nunavik ,ouvre une réflexionsur les facteurs derisques et les facteursprécipitants de la ma-ladie mentale. Cet arti-cle se veut un résumédes grandes lignes

de la recherche afin de poser unregard différent sur la maladiementale.

C’est dans les années 1960 queVallée (1966) a mené une étudesur les croyances inuites tradition-nelles à Povungnituk, Inukjuak età Kuujjuarapik. Cette étude a servi

de base pour le travail de re-cherche Culture et

maladie mentalechez les Inuits

du Nunavik,d ’ o ù

l’importance de jeter un coup d’œilà l’étude de Vallée. Celle-ci a dé-montré que la population re-marque la présence de quatretypes de problématiques de santémentale au sein de leur commu-nauté. Puisqu’à cette période au-cune terminologie scientifique ouconcept n’était présent chez lesInuits, Vallée (1966,67) a élaboréun critère de base afin de sonderla population de façon conformeaux normes scientifiques. Ce cri-tère se résume ainsi :

« L’incapacité pour un individud’exécuter certains de (ou tous)

ses rôles normaux, jumelés àdes comportements bizarres

identifiés par les informa-teurs, lorsque cette inca-

pacité et cesbizarreries provien-

nent plus de la têteque d’un organe. »

C’est à l’aide dece critère et enayant recours àune méthoded ’ e n t r e v u ee t h n o g r a -phique ou-

verte que Vallée

XYGENEOO 25

SANTÉ MENTALE ET GRAND-NORD

Si loin et si près

SANTÉ MENTALE AU NUNAVIKPar Amélie Dallaire, intervenante

Page 26: GRAND MÉNAGE DANS LES MALADIES MENTALES · Comprendre le trouble bipolaire Jeudi le 4 octobre à 19h (Semaine de sensibilisation aux maladies mentales) Le trouble bipolaire est une

(1966,67) recense les troublesnommés. L’épilepsie est présentedans la communauté, mais ellen’est pas perçue comme étant unemaladie physique.

En effet, les Inuits croient que Qir-sutuq (épilepsie) est une « mala-die de tête » qui se caractérise pardes pertes de conscience pendantlesquelles l’individu est temporai-rement possédé et en communi-cation avec les esprits. Lui sontassociés des pouvoirs divins et decommunication spirituelle qui nesont toutefois pas aussi impres-sionnants que les possessionscomplètes (communication spiri-tuelle lorsque la personne estconsciente). Lors de la cueilletted’information, Vallée a égalementidentifié que certaines jeunes fillessouffraient d’hystérie simple.

Caractérisé par de la paralysietemporaire et des expériences dis-sociatives, ce trouble s’accompa-gnait également de visions etd’hallucinations. Malgré ces symp-tômes apparents, les Inuits ne ju-geaient pas que cette affliction fûtgrave, d’où le fait qu’ils n’y ont pasassocié de terme inuktitut.

Dans plus de la moitié des casque Vallée a recensés, les indivi-dus avaient des comportementspassifs, désintéressés, dépressifs,parfois maniaques, mais surtoutcaractérisés par des périodes desilence et d’immobilité. Les Inuitsqualifient ce trouble de Kavartuq,qitsutuq : « Il est extrêmementtriste, troublé et tranquille. » Cetrouble est associé à des senti-ments de dévalorisation person-nelle, de la culpabilité et des idéessuicidaires. Dans le but de soigner

l’individu, la communauté inuiteprie pour sa guérison et lui apportedu soutien. Pour certaines per-sonnes, ce trouble peut s’accom-pagner de visions. Lorsqu’ellesétaient guéries, elles pouvaientaspirer à des postes religieux im-portants.

Qaujimailijuq, le dernier troubleidentifié par Vallée, signifie : « Ilfait des choses folles et ne sait pasce qu’il fait. » Il est intéressant denoter que ce terme est égalementutilisé par les Inuits pour parlerd’un chien enragé en phase vio-lente. Les symptômes rapportéssont variés, mais on parle globale-ment d’agitation, d’incohérence dudiscours, d’idéations paranoïdes,de certains rituels compulsifs etd’agressivité.

Ces gens sont considérés comme

étant possédés par le diable ;leurs actions et leurs paroles neleur sont plus propres, car c’est lediable qui dirige leurs mouve-ments et qui choisit leurs mots.Les gens de la communautécroient que ce mal est contagieuxet que seuls les individus qui sontforts de tête et de cœur sont moinssusceptibles d’être atteints.

Il est intéressant de noter que pourles Inuits, ces quatre troubles nereprésentent pas des catégoriesde personnes, mais des étatsdans lesquels un individu setrouve. Cela implique que, généra-lement, une fois la crise terminée,l’individu est considéré commeguéri et qu’il n’est plus perçucomme étant malade.

Le travail de recherche actuel :Culture et maladie mentale chez

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Page 27: GRAND MÉNAGE DANS LES MALADIES MENTALES · Comprendre le trouble bipolaire Jeudi le 4 octobre à 19h (Semaine de sensibilisation aux maladies mentales) Le trouble bipolaire est une

les Inuits de Nunavik

Les résultats de cette rechercheplus actuelle sont très similaires àceux de Vallée. En effets, les ca-tégories identifiées par ce derniersont toujours présentes au sein dela communauté, mais de nou-veaux termes ont fait leur appari-tion. De nos jours, chez les Inuits,isumaaluktuq (quelqu’un qui estexcessivement préoccupé) re-groupe les problématiquesd’anxiété, de psychose et englobela catégorie « dépression » de Val-lée. Le terme isumaqangngituq(quelqu’un qui n’a pas d’esprit oude raison) est également apparuet remplace le terme des années1960, qaujimailijuq, pour parlerdes gens violents de manière irra-tionnelle, qui sont désorganisés,handicapés et qui seraient possé-dés par le démon.

Il est intéressant de constaterqu’au sein de la communauté, ladéviance est tolérée. Les compor-tements déviants sont justifiés par,entre autres, des notions reli-gieuses, et ces comportementssont parfois même ignorés. Ilexiste cependant deux cas danslesquels la déviance n’est pas to-lérée : lorsque le fardeau dessoins et de la surveillance est troplourd pour la famille ou lorsqu’il ya une menace grave et constantede violence et d’agression contreles membres de la communauté.Les gens qui se trouvent dans cesdeux cas sont remis aux autoritésdu Sud.

Réflexions…

La maladie mentale étant considé-rée comme un état duquel l’indi-

vidu peut sortir, la guérison devientune possibilité aux yeux des Inuits.Que la maladie mentale soit per-çue comme un état transitoire peutavoir un impact important pour lapersonne atteinte. En effet, elle nesera pas considérée comme unemalade, mais comme quelqu’unqui a été malade.

La différence peut sembler subtile,mais la perception qu’a la sociétéde nous peut influencer grande-ment notre cheminement. Le re-gard de l’autre peut êtreencourageant ou castrant, c’estpourquoi la personne atteinte peutvoir ses symptômes varier enfonction de son entourage. Il fautégalement remarquer que l’entou-rage de la personne atteinte lasupporte et la surveille (dans lamesure où cela ne devient pas unfardeau).

La personne atteinte vit donc sonétat « transitoire » en ayant un cer-tain support de ses proches toutau long du processus. Il est possi-ble de se questionner sur l’impactque peut avoir cette absence destigmatisation et d’isolement pourla personne atteinte. Une partie dela réponse se trouve peut-êtredans le fait que, malgré la visionde cette population sur la maladiementale et sur les traitements quidiffèrent grandement des normesscientifiques, et qui pourraient, deprime abord, sembler empirer lasituation de l’individu, la personneatteinte réintègre très rapidementsa position sociale au sein de lacommunauté.

Plus étonnant encore, un état hal-lucinatoire peut permettre à un in-dividu d’aspirer à un poste

religieux hautement placé. Cettevision sociale non discriminatoireet quasi valorisante a d’immensesimpacts sur la manifestation dessymptômes chez la personne.

Cela porte à réfléchir sur la priori-sation que nous avons à faire entant que société pour ce qui a traità la maladie mentale. En effet, lesInuits nous démontrent à quelpoint l’environnement de l’individu,l’attitude de ses proches et de lasociété à son égard, peuvent jouersur les symptômes d’une maladiementale.

Références

1http://id.erudit.org/iderudit/032247ar

2 VALLÉE, F. G., 1966, Eskimo Theories ofMental Illness in the Hudson Bay

Region, Anthropologica, 8, 53-83.

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LES PETITES ANNONCES

Fermeture des bureaux

L’ALPABEM sera fermée le lundi 3 septembre pour la Fête du Travail et le lundi8 octobre pour l’Action de Grâce. Nous souhaitons à tous un bon repos !

Au besoin, vous pouvez contacter un des CSSS de Laval suivants :• CSSS des Milles-Iles, 450 661-2572 • CSSS du Marigot, 450 668-1803• CSSS du Ruisseau-Papineau, 450 687-5690• CSSS Sainte-Rose de Laval, 450 622-5110

En cas d’urgence, contactez la division urgence sociale :DIVISION URGENCE SOCIALE450 662-4595 du lundi au vendredi de 8 h à 17 h 30

Après les heures d’ouverture, composez le 911.

VOUS AIMERIEZ RENCONTRER DES INTERVENANTS LE SOIR?Présence d’intervenants de l’ALPABEM

à la Cité de la Santé et au Pavillon Albert-Prévost

Conscients qu’il est difficilepour certains d’entre vous

qui travaillez dans la journéede vous libérer pour rencontrer

un intervenant, nous vous infor-mons que vous pourrez rencontrer en touteconfidentialité un de nos intervenants, de 18 h à 20 h, aux endroits suivants :

PRENEZ RENDEZ-VOUS DÈS MAINTENANT

Cité de la Santéde Laval

(Face à l’UTT)

Pavillon Albert-Prévost

(Local A-0015)

Septembre 11 25

Octobre 9 23

Novembre 13 27

Les quilles

Le dernier lundi du mois à 19h

Vous êtes invités à jouer aux quilles le dernier lundi de chaque mois à 19 h auBowling B.G. situé au 472, boul. des Laurentides à Laval

Réservé aux membres et gratuit* Conditions d’admissibilité : réservation et présentation de votre carte de mem-bre. Pour inscription, contacter M. Daniel Major au 450 681-5394

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• Profiter de tarifs spéciaux sur plusieurs activités• Participer aux événements réservés aux mem-bres

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Avant le 19e siècle, on nom-mait cette maladie « dé-mence précoce »,puisqu’elle présentait des

symptômes similaires à la dé-mence, mais à un âge plus jeuneque celle de la démence typique.C’est en 1911 que le psychiatreEugen Bleuler (1857-1939) assignale terme de « schizophrénie » àcette maladie.

Même si le terme et les symptômessont similaires depuis près de 100ans dans le domaine médical, il n’endemeure pas moins que cette mala-die a été associée à certainesfausses croyances. En voiciquelques exemples : dédoublementde personnalité, psychopathie, défi-cience intellectuelle, possession parle démon, etc. Si cette maladie faittant parler d’elle et si elle fait l’objetde tant de préjugés ou decroyances erronées, c’est peut-êtreparce que nous avons de la diffi-culté à en comprendre les symp-tômes.

Lorsque l’on parle de schizophrénie,nous avons l’habitude de faire réfé-rence aux symptômes positifs et né-gatifs. Ces catégories desymptômes n’ont pas comme carac-téristiques d’être bons ou mauvais.Les symptômes que l’on dit positifs

représentent les symptômes quis'ajoutent à l'expérience de la réalitéet aux comportements habituels.Pour leur part, les symptômes néga-tifs représentent des symptômes quidémontrent un déficit du fonctionne-ment habituel de la personne.

Les symptômes positifs

Les symptômes positifs sont défini-tivement des symptômes particu-liers difficiles à comprendre,puisque nous avons l’impressionque cette réalité est bien loin de lanôtre. Mais cette réalité n’est peut-

être pas si loin que nous en avonsl’impression… Pour mieux com-prendre les symptômes positifs,nous avons fait appel au Dr La-londe, psychiatre spécialisé en trou-bles psychotiques.

Idées délirantes : Les idées déli-rantes sont complexes à cerner etun article complet sera consacré surce sujet très prochainement afin devous éclairer davantage. Nous l’ex-plorerons donc très brièvementdans le présent article.

« On peut définir le délire de la

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SCHIZOPHRÉNIE

Identifier la schizophrénie

POUR MIEUX LA TRAITERPar Caroline Legault, intervenante

Entretien avec le Dr. Pierre Lalonde, Psychiatre à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine

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façon suivante : il s’agit d’uneconviction erronée, irréductible de lalogique » (Psychiatrie clinique, tome1, 1999). Par exemple, on peut pen-ser à quelqu’un qui se prend pourDieu, ou encore, qui croit quetoutes les oranges sont empoison-nées. Bref, il s’agit de croyances bi-zarres et invraisemblables. D’unpoint de vue extérieur, il est difficilede comprendre pourquoi la per-sonne adhère à ce genre d’idées.Le Dr Lalonde spécifie que les idéesdélirantes représentent une erreurde logique. Il ne s’agit donc pas d’unmanque d’intelligence, mais biend’une conséquence liée au mauvaisfonctionnement des neurotransmet-teurs du cerveau.

Hallucinations : Il s’agit de la per-ception d’une chose qui n’existepas, ce que le Dr Lalonde qualified’erreur de perception. Les halluci-nations sont plus fréquemment au-ditives, mais elles peuvent aussiaffecter les autres sens. Par exem-ple, une personne pourrait percevoirun feu actif même s’il n’existe pas.Voici un exemple des différentssens pouvant être affectés chezelle:

Visuel : Elle voit du feu.

Auditif : Elle entend le feu qui cré-pite.

Gustatif : Elle goûte la fumée quis’échappe du feu.

Olfactif : Elle sent la fumée.

Tactile : Elle a une sensation debrûlure sur la peau.

Lors d’un entretien avec le Dr La-londe, je lui ai posé la question sui-vante en lien avec les

hallucinations :

Un parent qui réalise que son enfanta des poux peut ressentir des hallu-cinations tactiles. Il peut sentir quesa tête « pique » et avoir le réflexede se gratter. Il en est de mêmepour quelqu’un qui perd un êtrecher; il peut avoir parfois l’impres-sion que le défunt est présent, qu’ille touche ou qu’il lui parle. Bref, denombreux exemples existent pourdémontrer que nous avons peut-être tous eu, à un moment ou à unautre, une hallucination. Mais enquoi notre hallucination est-elle dif-férente d’une personne atteinte deschizophrénie ?

À cela, le Dr Lalonde répond qu’eneffet, nous sommes tous sujets àvivre des hallucinations. La diffé-rence est dans le fait que nous sa-vons que l’hallucination n’est pasréelle. Il explique que, dans le pre-mier exemple, la personne nom-mera souvent : « La tête me pique,comme si j’avais des poux ». Bref,la personne sait qu’elle n’en a paset, si elle a un doute, un examen larassurera sur l’absence de poux.Une personne atteinte de schizo-phrénie sera convaincue qu’elle ades poux et aura des démangeai-sons, même si un examen prouve lecontraire. Dans sa réalité, elle a despoux.

Dans le deuxième exemple, la per-sonne qui sent la présence d’unepersonne décédée dira générale-ment : « J’ai l’impression que...,c’est comme si…, etc. ». Encore ici,on remarque qu’elle ne prend pasces perceptions pour la réalité à 100%, elle y met un « bémol ». Aucontraire, une personne vivant deshallucinations sera convaincue, en-core une fois, qu’il s’agit là de la réa-lité et formulera ainsi ses propos : «

Il est venu me voir hier soir, il m’a ditceci, etc. ». Bref, comme vous etmoi, les personnes atteintes deschizophrénie se basent en partiesur leur perception pour interpréterla réalité. Or, comme leur perceptionest biaisée, leur interprétation de laréalité est forcément affectée.

Le danger avec les hallucinations,c’est qu’elles sont si réelles pour lapersonne schizophrène qu’ellespourraient avoir de lourdes consé-quences, soit en mettant sa vie endanger ou en lui dictant une façond’agir risquée, par exemple.Comme il s’agit de la réalité pour lapersonne atteinte, il arrive souventqu’elle agisse conformément à seshallucinations et ce peu importe lesconséquences dans le « monde réel».

Le Dr Lalonde affirme que, dansune recherche récente, il a été établique 15 % à 20 % de la populationen général ont des hallucinationsauditives. Bref, ce type d’hallucina-tions est beaucoup plus répanduque l’on peut l’imaginer. Il sembleque sans les autres symptômes liésà la schizophrénie, ces symptômessoient plus faciles à gérer.

Le Dr Lalonde explique l’hallucina-tion auditive d’un patient atteint deschizophrénie de la façon suivante: « Par exemple, lorsque nous lisonsun livre, nous entendons tous, dansnotre tête, notre voix lire les motsqui défilent. C’est la même chosepour une personne atteinte de schi-zophrénie, sauf qu’une erreur deperception liée à la maladie fait ensorte qu’il confond la provenance dumessage. Il entend une voix danssa tête et plutôt que de se l’appro-prier, il est convaincu qu’elle pro-vient de l’extérieur.

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Bref, les symptômes positifs sontcomplexes et causés par un dys-fonctionnement de différents circuitsdu cerveau qui font que la réalitédes gens qui les vivent peut êtrebien différente de la nôtre.

Les symptômes négatifs

Bien que les symptômes positifs re-liés à la schizophrénie soient im-pressionnants par leur écart avecnotre réalité, il est important d’abor-der les symptômes négatifs. Cessymptômes sont moins « impres-sionnants », mais il ne faut pas ou-blier qu’ils apportent une souffrancesignificative à la personne qui les vitet altère de façon importante sonfonctionnement.

Affect aplati ou émoussé : Lorsquel’on parle d’affect émoussé, nousfaisons principalement référence àl’affect présent lors d’épisodes actifsde la maladie, là où les symptômespositifs sont très présents. Dans cesmoments, il est possible, par exem-ple, de voir les personnes rire auxéclats alors qu’elles sont seules oulorsqu’elles parlent d’un sujet qui nenous parait pas drôle. Lorsque l’onfait référence à l’affect plat ou aplati,on parle d’un manque d’émotivité auniveau du non verbal de la per-sonne. Que la personne soitcontente, fâchée ou qu’elle ait peur,son non verbal demeure neutre.

Alogie : Difficulté à entretenir desdiscussions avec les autres. Ce quipeut se traduire par :

• un discours pauvre ;

• un contenu réduit ;

• des silences, des interruptionssubites de la conversation, des

délais de réponses plus longs,etc.

Apathie ou avolition : On associesouvent, à tort, ces symptômes à dela paresse. La personne atteintepeut vivre un manque d’énergie etd’intérêt significatif, être moins assi-due, négliger son hygiène et sonapparence, manquer d’énergie phy-sique, ce qui amène souvent uneforme de sédentarité difficile à com-prendre.

Anhédonie et retrait social : Il s’agitd’une diminution marquée du plaisiret de l’intérêt social. Bref, la per-sonne atteinte ne prend plus goût àl’activité qui lui semblait agréablepar le passé. Les relations avecl’entourage se font plus rares et leretrait social est très présent.

Autres termes qui peuvent être utili-sés lorsque l’on parle de symp-tômes de la schizophrénie :

• Association incohérente d’idées ;

• Discours désorganisé ;

• Comportement grossièrementdésorganisé ou catatonique ;

• Difficulté de concentration ;

• Trouble de la mémoire ;

• Introspection faible (anosogno-sie).

Pour parler de schizophrénie, leDSM-IV (Diagnostic and StatisticalManual of Mental Disorders/Manueldiagnostique et statistique des trou-bles mentaux) fait état de deux élé-ments primordiaux dans l’évaluationdu patient :

1. La durée : Le DSM-IV parle del’importance de la durée des

symptômes. On doit pouvoir ob-server les symptômes durantune période minimum de sixmois où les symptômes positifssont présents depuis au moinsun mois. Cette durée doit avoirété observée avant qu’un psy-chiatre puisse établir un diag-nostic de schizophrénie.Advenant une durée moindre etcomportant des symptômes si-milaires, il est possible d’envisa-ger un trouble psychotique autreque la schizophrénie.

2. Dysfonctionnement social ouprofessionnel : Il y a une diminu-tion marquée des performancesau niveau d’une ou plusieurs deces sphères : travail, étude, hy-giène personnelle, relation so-ciale, etc.

Et l’intelligence dans tout ça…

Il n’y a aucune corrélation entre l’in-telligence et la schizophrénie. L’in-telligence n’est donc en aucunmoment remise en question chez lapersonne atteinte de schizophrénie.Nous croyons important de le men-tionner puisque, longtemps, cettefausse croyance a été associée à laschizophrénie.

La schizophrénie en chiffres

Prévalence de la schizophrénie (1)

• À travers le monde, 1 personnesur 100 est atteinte de schizo-phrénie.

Cette maladie est donc :

• deux fois plus répandue que lamaladie d'Alzheimer ;

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• cinq fois plus répandue que lasclérose en plaques ;

• six fois plus répandue que le dia-bète insulino-dépendant ;

• soixante fois plus répandue quela dystrophie musculaire.

Les recherches nous révèlent que lerisque d’être atteint de schizophré-nie augmente si d’autres membresde la famille en souffrent. On éva-lue le risque héréditaire à 10 % pourl’enfant si un parent du premierdegré en est atteint (père, mère,frère, sœur) et à 40 % si les deuxparents en sont atteints.

Cependant, cela ne veut pas direque l'enfant sera nécessairementatteint de schizophrénie, et l'héré-dité n'explique pas tout. En effet, lesfacteurs environnementaux (stressaux études et au travail, événe-ments traumatisants, conflits impor-tants, pertes importantes, etc.) etobstétricaux (infection virale oucomplications lors de l'accouche-ment) sont aussi des facteurs pré-disposant à la schizophrénie.

Les traitements

Comme les symptômes de la mala-die sont liés au débalancement decertains neurotransmetteurs,comme la dopamine par exemple,les antipsychotiques demeurent destraitements de choix. Ils s’avèrentefficaces dans le contrôle dessymptômes positifs et aident à ré-duire l’importance des symptômesnégatifs. Évidemment, un traitementcontinu aide à prévenir les rechutes.

Conjointement à la pharmacologie,le suivi psychosocial a démontréson efficacité. Parmi les traitementspsychosociaux, on retrouve la thé-

rapie familiale, la réadaptation psy-chosociale, l'entraînement aux habi-letés sociales et lapsychoéducation. Évidemment, lesuccès du suivi psychosocial résidesouvent dans la relation deconfiance qui s’établit entre le thé-rapeute et le patient ainsi que dansla volonté du patient de s’impliquerdans le processus thérapeutique.

Aussi, vous pouvez consulter unlien Internet intéressant sur l’orga-nisme Le Pavois de Québec qui amis sur pied un groupe de soutienet de formation pour les « enten-deurs de voix » (2) (http://www.aqrp-sm.org/publications/pub_entvoix_soucy.pdf). Cette approche a pour butde reconnaitre les symptômes (hal-lucinations auditives) que la maladieapporte et de trouver des moyenspour apprendre à mieux vivre aveceux.

Conclusion

Bien que cette maladie existe sousce nom depuis plus de 100 ans, elleest encore méconnue du grand pu-blic et mérite qu’on s’y attarde afinde réduire les préjugés qui s’y ratta-chent. Le Dr Lalonde nous a confiéêtre venu à l’ALPABEM au débutdes années 1980 à titre de confé-rencier pour informer les familles ausujet de la schizophrénie. Àl’époque, il s’agissait d’une premièrepour lui puisqu’à ce moment la com-munauté médicale déconseillait dedonner de l’information au sujet dela maladie par peur des consé-quences : désespoir, idées suici-daires, etc. Le Dr Lalonde dit avoirpar la suite compris qu’il était plusaidant de parler sans tabou de lamaladie que de la garder sous si-lence. Bref, mieux comprendre lamaladie aide à mieux l’affronter.

Aussi, il est encourageant de spéci-fier que les connaissances sur lefonctionnement du cerveau et le dé-veloppement de nouveaux traite-ments nous laissent croire que lasouffrance des gens qui sont at-teints de schizophrénie pourra dimi-nuer au fil des ans. Il s’agitévidemment d’une maladie com-plexe et sévère, mais nous pouvonsmaintenant affirmer que les per-sonnes qui en souffrent peuvent at-teindre un niveau defonctionnement optimal et avoir unebelle qualité de vie.

Références

Collaboration

Pierre Lalonde, M.D., FRCPC, FAPAHôpital Louis-H. LafontainePsychiatre, fondateur du Programmejeunes adultes (schizophrénie)Champs d'expertise : Schizophrénie, théra-pie cognitive des symptômes psychotiques,thérapie psychoéducative, antipsycho-tiques

Liens Internet

(1) http://www.schizophrenie.qc.ca/quest-ce-que-la-schizophrenie.html

(2) h t t p : / / w w w . a q r p -sm.org/publications/pub_entvoix_soucy.pdf

Autres références

Lalonde, Aubut, Grunberg et coll. Psychia-trie clinique : une approche bio-psycho-so-ciale, Tome 1, Introduction et syndromescliniques, Montréal, Gaëtan Morin, c1999,c 2001.

American Psychiatric Association, DSM-IV: cas cliniques, un guide clinique du diag-nostic différentiel, 1996.

American Psychiatric Association, MiniDSM-IV : critères diagnostiques, 1994.

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PSYNÉMASoirées

Soirées-cinéma et discussions sur la santé mentale

Lundi 24 septembre - 19h

Lundi 29 octobre - 19h

Coût : gratuit - Réservé à l’entourage de la personne atteinteOù : Dans les locaux de l’ALPABEM

1772 boulevard des Laurentides, Vimont (au nord de la 440)

* Réservation obligatoire au 450-688-0541

Le complexe du castor (2011) - Durée 1h30Un film de Jody FosterAvec Mel Gibson

La vie de Walter n’est plus ce qu’elle était. Déprimé, vivant au ralenti, il s’éloigne de sa familleet de ses proches. Sa femme finit par le chasser de la maison pour le bien de leurs enfants.Touchant le fond, il s’accroche malgré lui à une marionnette de castor trouvée un soir parhasard. Par jeu ou par désespoir, il utilise cette marionnette pour extérioriser toutes les chosesqu’il n’ose pas dire à sa famille et ses collègues. Rapidement il reprend le contrôle de sa viemais découvre peu à peu qu’il ne peut plus vivre sans son castor. Parviendra-t-il à se débarrasser de lui ?

The Basketball Diaries (1995)- Durée 1h40Un film de Scott KalvertAvec Leonardo DiCaprio

Quatre copains dissipés d'une école catholique de New York ont une passion en commun : lebasket. Lorsque Bobby meurt d'une leucémie, Jim et ses copains sont confrontés à la dureréalité de la vie qui leur apparaît de plus en plus absurde. Jim se confie à son journal intime,mais l'écriture ne l'empêche pas de se droguer. Sa mère finit par le mettre à la porte. Il continued'écrire, mais les pensées qu'il consigne dans son journal prennent une tournure surréaliste,témoignant au quotidien de sa descente aux enfers.

Lundi 26 novembre - 19hShine (1997)- Durée 1h45Un film de Scott HicksAvec Geoffrey Rush

L'histoire de "Shine" s'inspire de la vie de David Helfgoot, pianiste australien né à Melbourne,qui dès son plus jeune âge fit preuve de dons exceptionnels. Quelques années plus tard, degraves troubles psychiques l'éloignèrent de la scène pendant près de dix ans. Cependant, en1984, il fit un retour triomphal qui relança sa carrière.

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ATELIER DE BIJOUX - Dimanche 23 janvier, 13h

ATELIER DE SUSHI - Dimanche 20 février, 13h

CABANE À SUCRE - Dimanche 27 mars - Départ 11h45CABANE À SUCRE - Dimanche 27 mars - Départ 11h45

ATELIER DE SUSHI - Dimanche 20 février, 13h

ATELIER DE BIJOUX - Dimanche 23 janvier, 13h

CABANE À SUCRE - Dimanche 27 mars - Départ 11h45

ATELIER DE SUSHI - Dimanche 20 février, 13h

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CABANE À SUCRE - Dimanche 27 mars - Départ 11h45

ATELIER DE SUSHI - Dimanche 20 février, 13h

ATELIER DE BIJOUX - Dimanche 23 janvier, 13h

CIRCUIT LUMIÈRE DU VIEUX-MONTRÉALSamedi le 3 novembre dès 16h15

Ce parcours illuminé vous permet de découvrir l’histoire et les splendeurs de l’architecture duVieux-Montréal qui revêt ses plus beaux atours de nuit. Dans cette ambiance enchanteresse,venez flirter avec la lumière qui caresse, épouse et joue avec les courbes et les volumes desimmeubles, des places et des rues, découvrant ainsi leurs charmes.

Coût : 5$ - réservé aux membresOù: Point de rencontre au métro Cartier, à la guérite de paiement à 16h15Quand: Samedi le 3 novembre de 17h30 à 19h30

* Veuillez prendre note que le paiment confirme l’inscription

SORTIE AUX POMMES (Le verger Marc Gibouleau - Laval)Dimanche le 7 octobre, départ de l’ALPABEM à 12h45 (covoiturage)

Profitez de cette belle journée d’automne pour rencontrer les membres, cueillir entre amis« le fruit défendu » et admirer les couleurs d’automne que la nature nous offre avant de nousdérouler son beau tapis blanc. Aussi une visite du verger en tracteur sera offerte gratuitement.

Inscription obligatoire avant le 30 septembreCoût : Gratuit pour les membres - (Sac de pommes de 10 livres)

L’équipe de l’ALPABEM invite encore tous ses membres à sa populaire soirée annuelle « Vin et fromage ». Profitez de cette occasion pour vous amuser, faire ou refaire connaissanceavec les membres et rencontrer l’équipe de l’ALPABEM, tout en dégustant quelquesvins de différentes régions du monde, accompagnés de fromages aux saveurs subtiles.

Afin de connaître les quantités de consommations et de bouchées nécessaires, vous êtespriés de confirmer votre présence au 450 688-0541 avant le lundi 10 septembre 2012.

Coût : Gratuit - Une contribution volontaire serait appréciée

Sentiment d’appartenance, plaisir etcréativité sont à l’ordre du jour pourvous cet automne

ALPABEM1772 boulevard des Laurentides, VimontLaval (Qc), H7M 2P6Tél. 450.688.0541 Fax. 450.688.7061 [email protected]

VIN ET FROMAGE - Mercredi le 12 septembre de 19h à 21h

Sortie aux pommes - Dimanche le 7 octobre dès 12h45

Montréal en lumière - Samedi le 3 novembre dès 16h15

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www.ALPABEM.qc.ca1772 Boulevard des Laurentides,

Laval, QC, H7M 2P6Tél: 450 688-0541Fax: 450 688-7061

Sans frais: 1 888 [email protected]

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Magazine OXYGÈNE

Organisme communautaire de soutien aux familleset amis de la personne atteinte de maladie mentale