Grammaire des maîtres, logique et raisonnée FRAMEE · grammaire – deuxième niveau –,...

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FRAMEE FRAMEE Grammaire des maîtres, logique et raisonnée À l’intention des maîtres des écoles et des passionnés de la langue française FRAMEE Raymond Claude Roy, Ph.D. FRAMEE Groupe FRAMÉE de recherche en grammaire et didactique du français http ://www.uqac.ca/framee/ FRAMEE Deuxième édition. Revue et augmentée. Tous droits réservés. Le 4 septembre 2014.

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Grammaire des maîtres, logique et raisonnée

À l’intention des maîtres des écoles et des passionnés de la langue française

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Raymond Claude Roy, Ph.D.

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Groupe FRAMÉE de recherche en grammaire et didactique du français http ://www.uqac.ca/framee/

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Deuxième édition. Revue et augmentée.

Tous droits réservés.

Le 4 septembre 2014.

Bien vouloir ne pas reproduire sans autorisation de l’auteur. R.Claude Roy Tous droits réservés.

Grammaire des maîtres 12-02-27 (17-10-07)

Grammaire des maîtres

Deuxième édition, corrigée et augmentée. Novembre 2012

© Raymond Claude Roy 125, Chemin des Copains Laterrière (Québec) Canada G7N 1X6 ISBN-978-2-9812081-2-5 Sur Internet: 978-2-9812081-3-2

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Grammaire des maîtres Index 12-05-28 (13-07-31)

Index Présentation Acte de langage Conjugaison (ABC de la …) Conjugaison (Ensemble premier de …) Conjugaison (Ensemble quatrième de …) Conjugaison (Ensemble septième de …) Conjugaison (Ensemble huitième de …) Conjugaison (Initiation à la …) Conjugaison (La … dominante) Conjugaison (La … mixte) Conjugaison (La finale « –nt » du pluriel dans la …) Conjugaison (Le système de la …) Conjugaison (Tableau complet de la …) Conjugaison du verbe « avoir » Conjugaison du verbe « chanter » Conjugaison du verbe « connaître » Conjugaison du verbe « être » Conjugaison du verbe « faire » Conjugaison du verbe « finir » Conjugaison du verbe « lire » Conjugaison du verbe « savoir » Grammaire raisonnée Impératif (chantE ou chantES) Mots de couleur (Accord des …) Nom (Les fonctions du …) Pensée Phrase (La …) Verbe : les désinences –ions/–iez Verbes fondamentaux

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Grammaire des maîtres Présentation 11-03-14 (12-11-21) Index Présentation Cette Grammaire des maîtres cherche tout d’abord à répondre aux interrogations spécifiques à la tâche d’enseignement du français et de sa grammaire, à ces interrogations pour lesquelles les maîtres ne trouvent que difficilement des réponses. Il est en effet des savoirs essentiels au travail d’enseignement du français et de sa grammaire, des savoirs que la plupart des parlants français ne se représentent pas et pour lesquels ils n’ont pas d’usage immédiat. Cette Grammaire des maîtres traitera donc de thèmes tout probablement nulle part ailleurs abordés. Cette grammaire ne peut, par ailleurs, éviter de traiter également de thèmes courants, mais elle le fera dans le même esprit de répondre aux besoins spécifiques des maîtres. C’est pourquoi certaines explications étonneront par leurs objectifs d’approfondissement et leurs biais didactiques. À quoi il importe d’ajouter que les données de cette Grammaire des maîtres se présentent comme se voulant de nette approche logique et raisonnée. Ces données relèvent d’une approche structurale et cherchent à satisfaire des préoccupations de logique et de compréhension. Là encore donc cette grammaire se démarquera des ouvrages de semblable nature. C’est donc d’ailleurs pourquoi il importera que le maître à la recherche de réponses continue à consulter les Grevisse, Denis, Arrivée, de Villers, Thimonnier et autres excellents ouvrages. La Grammaire des maîtres ne cherchent pas en effet à tout présenter et à tout résumer des connaissances de la discipline. Elle cherche plutôt à présenter les explications qui ont toujours fait défaut et qui seules sont de nature à satisfaire les maîtres curieux et avides de logique et de compréhension. L’ouvrage, uniquement disponible sur Internet – chacun pouvant imprimer pour son seul usage personnel – offre de plus des données de diverses natures. Passé l’Aperçu explicatif de départ – premier niveau –, le maître avide de mieux comprendre trouvera, sous hyperlien, des Approfondissements de grammaire – deuxième niveau –, poussant l’explication à plus de détails et de profondeur. Sous hyperlien toujours, le passionné de compréhension pourra consulter les explications qu’offrent les Approfondissements de linguistique. Ces approfondissements très spécialisés – troisième niveau – s’adressent au petit nombre des personnes disposant de la formation permettant de profiter de données aussi pointues. Lesdites données présentent de plus cette difficulté d’originer des méthodes d’analyse de la linguistique structurale de source guillaumienne, dite psychomécanique, et d’une approche dérivée à laquelle a été donnée l’appellation de linguistique mécanique. Les données de ce niveau d’approfondissement gagneront donc, ne s’adressant qu’au petit nombre, à n’être consultées qu’avec précaution et méthode. Sous hyperlien encore, le maître trouvera des Commentaires de didactique. Cette section pourra servir avantageusement le maître en complétant pratiquement de suggestions et de conseils relatifs à l’enseignement proprement dit, les données des autres sections. L’auteur de ces pages souhaite que les maîtres et les passionnés de la langue qui les parcourront y trouvent de grandes satisfactions.

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Grammaire des maîtres Acte de langage 11-03-14 (12-11-21) Index Acte de langage L’appellation d’acte de langage appartient à la science qu’est la *Linguistique. La grammaire emploie, pour traduire la même réalité, le mot *Phrase. La notion d’acte de langage introduit dans l’analyse qui en est faite des outils puissants et propres à la linguistique. Ces outils sont, entre autres, le *Tenseur radical binaire, le principe d’un « *Cinétisme de temps opératif, la reconnaissance d’opérations distinctes de *Langue et de *Discours, la prise en compte d’opérations de *Pensée liées au *Sens des mots composant un acte le langage. Le tout étant concrétisé dans le schéma d’analyse linguistique suivant :

GRAMMAIRE

LANGUE

DISCOURS

SENS

SENS

PENSÉE

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Grammaire des maîtres Page 1 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (ABC de la …) Cette Grammaire des maîtres accorde énormément de place aux propos sur la conjugaison dans l’esprit de fournir aux maîtres des données susceptibles de les aider dans leur enseignement. Lesdites données présentent toutefois cette caractéristiques de s’écarter considérablement des données des grammaires usuelles, traditionnelles ou scolaires. C’est ainsi qu’on ne trouvera pas dans ces pages un inventaire aisé à consulter des formes de tous les verbes traditionnellement dit « irréguliers ». Pour retrouver ces données, il faudra continuer à consulter une grammaire Grevisse ou un répertoire spécialisé. Ou encore – et mieux – l’essai de Pierre Le Goffic (1997) intitulé Les formes conjuguées du verbe français oral et écrit. Tout bon maître devrait d’ailleurs posséder et consulter fréquemment l’essai de Pierre Le Goffic, lequel présente cet avantage de relever l’origine des formes et de fournir des explications accessoires souvent fort éclairantes. Dans les faits toutefois, les pages de cette Grammaire des maîtres présentent plus et mieux. Cette Grammaire des maîtres – il faut le répéter – veut venir en aide aux maîtres qui ont le souci d’améliorer l’enseignement qu’ils prodiguent. Ces maîtres de qualité trouveront avant tout dans ces pages une théorie du système de la conjugaison et un relevé des mécanismes qui concrétisent ce système. Le tout de cette théorie prend l’allure d’un ensemble fort simple qu’il est conseillé de maîtriser avant de s’aventurer plus avant dans la lecture et la consultation des données spécifiques sur tel ou tel verbe. Cette première partie de la démarche sera de s’approprier le contenu des articles suivants : Conjugaison (Initiation à la …) Conjugaison (La … dominante) Conjugaison (La … mixte) Conjugaison (Le système de la …) Conjugaison (Tableau complet de la …) Une fois en possession des données qui précèdent, le maître soucieux de perfectionner son enseignement trouvera dans les pages de cette Grammaire des maîtres des propos lui permettant de bien préparer ses leçons et ses interventions auprès des élèves. Et d’abord de se donner un itinéraire dans l’étude de la conjugaison des verbes du français, l’article sur la Conjugaison (Tableau complet de la …) le guidant dans les choix à faire selon les exigences du niveau des élèves et du programme à respecter. Ce que trouvera ensuite le maître, en aide à la préparation de son enseignement, c’est une classification des verbes à faire maîtriser par les élèves. Pour ce faire, le maître utilisera l’Index de la page suivante. Cet index lui indiquera de laquelle des deux conjugaisons et duquel des dix ensembles de conjugaison relèvent le verbe ou les verbes à traiter. Le maître pourra alors se référer à l’article traitant de l’ensemble (ainsi : Conjugaison (Ensemble septième de …)). Enfin, pour quelques verbes modèles ou de conjugaison difficile, le maître trouvera un article présentant la conjugaison d’un verbe en particulier (ainsi : Conjugaison du verbe « finir »). Cette Grammaire des maîtres s’adressent évidemment d’abord et avant tout aux maîtres pour venir à leur aide en leur permettant de perfectionner leur enseignement. C’est cet objectif que poursuivent les propos de ces pages sur la conjugaison. Quant aux passionnés de la langue, ils sauront tirer de ces propos des réponses à leurs questionnements et même quelque satisfaction à leur appétit de savoir.

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Grammaire des maîtres Page 2 28-02-12 Index Conjugaison (ABC de la …)

Index des ensembles

1er ensemble La plupart des verbes en –er, sauf « aller » et les verbes des 2e et 3e ensembles nager placer 2e ensemble acheter achever amener appeler bêler blasphémer céder célébrer ciseler compléter congeler crever déceler dégeler démanteler démener dépecer écarteler écrémer égrener élever empeser enlever épeler épousseter espérer étiqueter exceller feuilleter fureter geler grêler haleter harceler interpeller jeter

lécher lever libeller malmener marteler mêler mener modeler morceler parsemer peler persévérer peser prélever promener quereller(se) ramener rebeller (se) receler réfréner régner relever renouveler répéter révéler révérer sceller seller semer sevrer soulever soupeser surélever surgeler surmener 3e ensemble aboyer affluer agréer appuyer attribuer bafouer balayer bégayer broyer

clouer conspuer continuer côtoyer créer crier déblayer déclouer délier déplier déployer distribuer échouer embuer empailler employer enclouer ennuyer envier envoyer essayer essuyer foudroyer frayer graduer grasseyer gréer huer initier jouer lier louer louvoyer monnayer muer nettoyer nouer noyer octroyer ondoyer pagayer payer plier ployer prier

rabrouer radier rayer reclouer réemployer réessayer réessuyer relayer remuer renflouer renvoyer rougeoyer rudoyer ruer s’ébrouer scier secouer soudoyer suer suppléer supplier tournoyer trier trouer tuer tutoyer vouer vouvoyer zézayer 4e ensemble abattre admettre assaillir battre bouillir combattre commettre compromettre couvrir cueillir débattre défaillir démettre dormir

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Grammaire des maîtres Page 3 12-02-28 (12-11-21) Index Conjugaison (ABC de la …)

Index des ensembles (suite)

émettre mettre offrir omettre ouvrir partir permettre promettre rabattre remettre revêtir rompre sailler sentir servir souffrir soumettre suivre survivre transmettre tressaillir vêtir vivre 5e ensemble acquérir advenir appartenir circonvenir contenir contrevenir convenir décevoir détenir devenir devoir disconvenir entretenir intervenir maintenir mourir mouvoir obtenir parvenir pouvoir

provenir recevoir redevenir retenir revenir s’abstenir savoir se souvenir soutenir subvenir survenir tenir valoir venir vouloir 6e ensemble accroire asseoir conclure croire entrevoir fuir inclure lire pourvoir prévoir revoir rire s’enfuir sourire soustraire voir 7e ensemble accroître agir alunir anéantir atterrir avertir bannir bénir boire chérir

conduire connaître convertir courir croître déguerpir dire durcir écrire emplir enfouir enrichir(s’) faiblir faire finir garantir garnir haïr jaunir naître paître plaire rôtir rougir suffire 8e ensemble absoudre accourir adjoindre astreindre atteindre ceindre concourir conjoindre contraindre craindre discourir dissoudre encourir enjoindre éteindre feindre geindre joindre

parcourir peindre plaindre recourir rejoindre résoudre secourir teindre 9e ensemble coudre découdre défendre démordre descendre détordre fendre fondre mordre moudre pendre perdre pondre prendre recoudre remordre remoudre rendre répandre reperdre répondre retordre tendre tondre tordre vaincre vendre 10e ensemble aller avoir être

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Grammaire des maîtres Page 1 (A1) 12-02-27 (13-09-24) Index Conjugaison (Ensemble premier de …) A D G L

Aperçu de grammaire

Ensemble premier (catégor ie 10) : les verbes de conjugaison dominante « de base » du type de chanTer /chanTons/chanTe

chan T – er > chan T – ons > chan T – e trébu CH – er > trébu CH – ons > trébu CH – e en TR – er > en TR – ons > en TR – e ai M – er > ai M – ons > ai M – e dan S – er > dan S – ons > dan S – e achar N – er > achar N – ons > achar N – e o S – er > o S – ons > o S – e mar CH – er > mar CH – ons > mar CH – e tan GU – er > tan GU – ons > tan GU – e ta SS – er > ta SS – ons > ta SS – e empa ILL – er > empa ILL – ons > empa ILL – e empoi GN – er > empoi GN – ons > empoi GN – e encer CL – er > encer CL – ons > encer CL – e ren TR – er > ren TR – ons > ren TR – e (s’)empif FR – er > empif FR – ons > empif FR – e Cas : à orthographe par ticulière na G – er > na GE – ons > na G – e pla C – er > pla Ç ons > pla C – e Aussi et entre autres : agacer dépecer manger rapiécer avancer lacer partager songer

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Grammaire des maîtres Page 2 (D1) 12-02-27 (13-10-19) Page 1-G Index Conjugaison (Ensemble premier de …) A D G L

Didactique : commentaires Le recours à la mémorisation pure est le moyen d’apprentissage traditionnel de la conjugaison : mémorisation des finales, mémorisation des formes entières. Les données que livre la Grammaire logique et raisonnée permettent de faciliter ces efforts de mémorisation des finales, des terminaisons et des formes en justifiant conceptuellement ce que sont ces finales, ces terminaisons et ces formes. Les finales des personnes du singulier du présent sont en –e/–es/–e : pourquoi le « s », quelle est sa valeur ? Quel; est son rôle? Les deux « e » ont-ils la même valeur? Comment s’explique la forme de la troisième personne du pluriel en « –ent » de « (ils) chantent »? Des réponses à ces questions seraient grandement facilitante pour ce qui est des formes du présent de l’indicatif et pourraient même faire en sorte que les élèves se débarrassent des sempiternelles fautes d’orthographe touchant ces formes. Il est une autre forme de mémorisation, celle acquise par des années de langue parlée. L’élève apporte à l’école « sa » langue parlée, plus ou moins populaire, plus ou moins correcte. L’enseignement des formes verbales ne tient que peu de compte, le plus souvent, de ce trésor, lequel trésor peut compliquer les apprentissages, ou les faciliter. Le maître conscient de cette réalité cherchera à enseigner non seulement l’orthographe des formes écrites, mais s’attardera et fera l’effort de travailler les formes orales. Ce qui aura énormément de portée si l’élève n’apporte dans sa mémoire de l’oral que les formes d’une langue populaire avec son lot de déformations orales fautives et de prononciations approximatives. Le maître devra encore tenir compte des usages de la langue correcte. Voici ce qu’est le système entier d’expression du passé et du futur :

Imparfait Passé simple Passé composé

PRÉSENT

Futur conditionnel Futur simple Futur proche

Le maître saura que le passé simple ne s’emploie pas à l’oral ; qu’à l’écrit, surtout savant, les formes des troisièmes personnes s’emploient à l’occasion. Le maître sera-t-il conscient par ailleurs qu’il en est de même pour le futur simple ? Qu’en définitive seuls deux temps, et non trois, se retrouvent en emploi oral pour l’expression du passé et du futur. Au vrai, l’enseignement de la conjugaison se mène présentement dans un à-peu-près regrettable. Tout est à revoir, à réfléchir, à modifier, à enrichir. Des efforts en ce sens ont été faits par le Groupe de recherche FRAMÉE. On consultera avantageusement pour ce qui concerne les verbes en –er de l’Ensemble premier de conjugaison, les leçons du Fascicule FRAMÉE no 19, et particulièrement les leçons 2, 4 et 5.

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Grammaire des maîtres Page 3 (G1) 12-02-27 (13-12-08) Index Conjugaison (Ensemble premier de …) A D G L

Grammaire : approfondissements L’Ensemble premier de conjugaison réunit la très grande majorité des verbes à désinence (ou terminaison) de présent d’infinitif en –er. La Grammaire logique et raisonnée utilise le verbe « chanter » comme verbe modèle de ces quelques milliers de verbes. Le système de conjugaison de ces verbes repose sur les formes premières suivantes :

il chante

chanter

L’infinitif présente la forme le plus allégée de ce verbe, sans distinction de personne et dans un mode à valeur nominale faisant de cette forme verbale un quasi-nom. À l’autre extrémité du système, la forme de troisième personne du singulier du mode indicatif qui constitue la véritable forme première de l’ensemble de conjugaison du verbe. La première observation à faire est celle du partage de la même racine (ou radical) par les deux formes, la racine « chant – », avec, dans la forme écrite, pour l’indicatif, un très simple –e ; et pour la forme, écrite toujours, de l’infinitif présent, une terminaison –er. Or, ce jeu de terminaison, témoignant et du système et du mécanisme de construction des verbes en –er, n’est pas vraiment compris. Examinons-le ! La forme écrite « chant –e » est, à l’oral, une forme prononcée [chant], ou plus justement [chant ə], le –e de désinence (ou de terminaison) n’étant qu’un [ə] ou e chuchoté. Il est essentiel de comprendre que la forme première du verbe est une forme réduite à la racine (ou au « radical », pour le scolaire habituel) du verbe, soit [chant ə] pour le verbe « chanter ». L’écriture rend admirablement bien la forme orale, à condition que le lecteur-scripteur ait claire conscience que le e final de « il chante » est un e chuchoté. Les explications qui viennent d’être produites sur la forme première du verbe « chanter » s’écartent du tout au tout des explications habituelles présentées aux élèves, La différence tient à ce que la forme identifiée comme forme première est la forme orale [chant ə]. Au contraire des grammaires traditionnelles, la Grammaire logique et raisonnée accorde la première place à l’oral, et, par la suite, examine comment l’écriture traduit ou reproduit cette forme orale. Le maître qui adoptera cette position, cette approche, verra son enseignement être profondément modifié. Au plus grand bénéfice de ses élèves. Toutes les analyses qui suivent reposent sur ce postulat : l’oral est premier . La forme première étant celle de la troisième personne du singulier, il y a à examiner les autres personnes du singulier du présent de l’indicatif. Voici ce qu’elles sont à l’écrit et à l’oral. En tableau :

suite…

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Grammaire des maîtres Page 4 (G2) 12-02-27 (13-11-12) Index Conjugaison (Ensemble premier de …) A D G L …suite

Écrit

Oral

Je chante Tu chantes Il chante

Je [chant ə] Tu [chant ə] Il [chant ə]

À l’oral, les formes se répètent, en apparence les mêmes. Il revient à l’écrit de livrer le secret de ces formes orales. Ce travail d’explication profitera et sera facilité par une analyse préalable avec les élèves des formes « vais »/« vais »/« va » du verbe « aller », et des formes « ai »/« as »/« a » du verbe « avoir » (voir la leçon 1 du Fascicule FRAMÉE no 19, ou encore les explications du Fascicule FRAMÉE no 23). L’analyse de ces formes aura montré nettement le jeu des surcharges qui habitent les formes des personnes du singulier du présent de l’indicatif. Un jeu qui pourrait se représenter théoriquement ainsi :

Je Force 3 ⇑

Tu Force 2 ⇑

Il Force 1 Une surcharge orale affecte la forme de deuxième personne la faisant se distinguer de la forme première, celle de la troisième personne du singulier. Tandis qu’une surcharge encore augmentée fait se distinguer la forme de première personne, de la forme de deuxième personne. Sur ces bases, l’analyse peut être lancée. L’écriture française se veut intelligente et elle l’est (peut-être même trop parfois). Il en découle qu’elle est « parlante » et qu’il y a à en examiner minutieusement les formes. Soit donc pour les personnes du singulier du présent de l’indicatif, ceci :

Je chant e

Tu chant e s

Il chant e

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Grammaire des maîtres Page 5 (G3) 12-02-27 (13-12-08) Index Conjugaison (Ensemble premier de …) A D G L …suite La forme première est celle de la troisième personne du singulier, avec une simple finale –e, rendant – ainsi qu’il a été vu – le e chuchoté final de la forme orale. La forme de deuxième personne présente une finale en –es, à deux lettres donc, indicatrice d’une surcharge vocale dans la forme orale correspondante. Enfin, la forme de première personne cherche à traduire ce qui en est vraiment du mécanisme porteur et y parvient très subtilement. Par son retour à une finale –e, inattendue dans sa simplicité, la forme écrite de première personne renvoie sur la consonne qui précède la surcharge (de force 3) qui sert à distinguer la forme ORALE de première personne de la forme orale de deuxième personne (de force 2). Ceci compris, il y aurait à reprendre le tableau des formes écrites et orales.

Écrit

Oral

je chant e je chan t ə tu chant e s tu chan t ə il chant e il chan t ə

Les formes orales s’échelonnent en surcharge de leur consonne finale :

de [ t ] (de force 1),

à [ t ] (de force 2),

à [ t ] (de force 3).

La multiplication des traits de soulignement veut traduire en imitation la charge vocale. L’écriture, quant à elle, rend admirablement ce jeu de surcharge pour qui sait en pénétrer le caractère occulte. La découverte par les élèves de la composition différenciée des trois formes orales des personnes du singulier et des représentations qu’en livre l’écriture devrait, bien gérée, avoir pour effet de mener les élèves à une maîtrise de l’orthographe des formes écrites qui supprime toute éventualité d’orthographe fautive dans leurs travaux. En plus d’inculquer une saveur conceptuelle aux formes orales, par épaississement de saisie.

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Grammaire des maîtres Page 6 (G4) 12-02-27 (13-12-08) Index Conjugaison (Ensemble premier de …) A D G L …suite Le maître qui aura le courage de faire ces présentations sera surpris de leur simplicité, et rapidement ravi par la maîtrise qu’acquerront rapidement les lèves de l’orthographe desdites formes. Les formes des autres personnes du présent de l’indicatif sont à examiner de semblable façon. En représentation, ces formes sont ceci :

je chan T ə nous chant – ons

tu chan T ə vous chant – ez

il chan T ə ⇓

ils chan T ənt La forme de troisième personne du pluriel est porteuse d’une forte surcharge, équivalente à celle de la première personne du singulier. Les formes des première et deuxième personnes du pluriel se distinguent par les voyelles pleines de leurs désinences (ou terminaisons), lesquelles portent l’accent tonique de fin de mot. Pour ce qui est des formes des autres modes et temps, il est net qu’elles se construisent à partir du radical de la forme première, soit [chant] et à l’écrit « chant– » pour le verbe « chanter ». Ainsi :

chant –erais chant

–ais

(il) chant

–e

chant

–erai chant

–ai

… que je chant

–e

chant

–ant

chant

–é chant –er

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Grammaire des maîtres Page 7 (G5) 12-02-27 (13-11-11) Index Conjugaison (Ensemble premier de …) A D G L …suite Mécaniquement, la forme première « (il) chant –e » livre un radical [chant –]. Ce radical [chant –] permet, pour l’expression d’un passé, la construction d’un « chantais » (imparfait de l’indicatif) et de ses autres personnes, et d’un « chantai » (passé simple de l’indicatif) et des formes des autres personnes. Mécaniquement toujours, le même radical [chant –] permet, pour l’expression d’un futur, la construction d’un « chant –erais » (futur conditionnel) et de ses autres personnes, et d’un « chant –erai » (futur simple) et de ses autres personnes. Mécaniquement encore, le même radical [chant –] permet, pour l’expression du possible par le mode subjonctif, la construction de « chante » et « chantions » et des autres personnes. Il y a à bien remarquer que ces formes du subjonctif présent sont porteuses, à l’oral, d’une surcharge vocale complexe, qui serait ceci :

… que je chan T –e,

tu chan T –es,

il chan T –e,

nous chan T –IONS

,

vous chan T –IEZ

,

ils chan T –ent. La surcharge étendue aux formes de toutes les personnes est porteuse du retrait dans le possible qui constitue la valeur première d’un subjonctif. Enfin, et mécaniquement, dans le mode participe, la même racine [chant –] permet la construction de la forme « chantant » (le participe présent) et de la forme « chanté » (le participe passé). Il est prenant d’avoir à constater que le participe présent porte quelque chose de la valeur de durée de l’imparfait de l’indicatif, tandis que le participe passé porte quelque chose de la valeur d’accompli du passé simple de l’indicatif (voir l’article (à venir) sur Le mode quasi-nominal d’un * Verbe). Et enfin, est produite, en valeur de représentation la plus fine, la plus théorique, la forme « chant –er » du présent de l’infinitif. Ce système de représentation du temps avec son mécanisme, au demeurant tout simple, de construction de ses différentes formes s’étend, sur le modèle du verbe « chanter », à la grande majorité des quelques milliers de verbes à désinence d’infinitif en –er.

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Grammaire des maîtres Page 8 (G6) 12-02-27 (13-12-08) Index Conjugaison (Ensemble premier de …) A D G L …suite Un petit nombre de verbes en –er qui se construisent sur les mêmes règles présentent en plus de légers écarts de traitement. Ce sont d’abord les verbes dits à voyelle var iable des types de « céder »/« cède » et « lever »/« lève » dont la voyelle précédant la consonne centrale connaît une variation de timbre. Ces quelques dizaines de verbes sont regroupés en Grammaire logique et raisonnée dans l’Ensemble deuxième de *Conjugaison (voir l’article en question). Une autre série de verbes en –er connaissent aussi des écarts de traitement. Ces verbes, dits à semi-consonne var iable, sont des types de « essuyer »/« essuie » et « payer »/« paie » ou « paye ». La Grammaire logique et raisonnée a choisi pour en présenter les écarts de traitement, de regrouper ces verbes en un Ensemble troisième de *Conjugaison (voir l’article en question). Et tout enfin, il y a à relever le verbe « aller ». La conjugaison de ce verbe respecte les règles de construction des verbes en –er pour celles de ses formes à radical « all – » (allais, allai, allant, allé, aller), mais traîne aussi des formes archaïques (vais, vas, va, irais, irai). La Grammaire logique et raisonnée traite de la conjugaison de ce verbe, comme des deux autres verbes à formes archaïques « avoir » et « être », dans un Ensemble dixième de *Conjugaison (voir l’article en question). Il semble y avoir à retenir de toutes ces analyses et précisions que la conjugaison des verbes en –er repose sur des mécanismes de construction d’une grande simplicité et perfection en regard des multiples rendus de représentation de temps présent, passé et futur, et de mode indicatif, subjonctif, participe et infinitif, dont ces mécanismes sont les efficaces porteurs. La Grammaire logique et raisonnée qualifie l’ensemble de ces verbes en –er (sauf (aller ») de « jeunes verbes » (une appellation didactiquement facilitante) ou encore, « plus savamment), de verbes de conjugaison dominante (voir le volet suivant des Approfondissements de linguistique et l’article sur la *Conjugaison dominante).

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Grammaire des maîtres Page 9 (L1) 12-02-27 (14-02-22) Index Conjugaison (Ensemble premier de …) A D G L

Linguistique : approfondissements L’Ensemble premier de conjugaison regroupe les verbes dits, en Grammaire logique et raisonnée, « jeunes verbes réguliers ». Le verbe modèle en est, en Grammaire logique et raisonnée toujours, le verbe « chanter ». Cet Ensemble premier de conjugaison réunit les quelque quatre milliers de verbes en –er construisant leurs formes comme le verbe « chanter » construit les siennes. L’appellation de « jeunes verbes » relève d’un choix didactique qui se veut facilitant pour les jeunes élèves. Une appellation plus savante et plus précise est retenue par la linguistique. Le linguiste Gustave Guillaume a choisi pour ce mécanisme l’appellation de « conjugaison dominante ». Il ne pouvait être avancé de meilleur qualificatif : ce mécanisme de conjugaison, ou de construction des formes verbales set en effet celui du plus grand nombre de verbes. Et il est aussi celui qui s’impose, qui « domine » dans le création de nouveaux verbes. Poussant plus loin ses observations le linguiste perçoit deux caractéristiques à cette « conjugaison dominante ». Elle réunit, première caractéristique, les verbes en –er ; de plus, seconde caractéristique, les formes qu’elle construit présentent une consonne axiale constante

. Ladite consonne axiale étant la consonne de fin de racine, soit la consonne « T » pour « chan–T–er ».

Et, en effet, cette consonne « axiale » se retrouve dans toutes les formes du verbe : et ainsi pour « chanTe », « chanTons », « chanTais », « chanTai », « chanTant », « chanTé », « chanTerais », « chanTerai », et pour toutes et chacune des autres formes du verbe. Il apparaîtra à l’examen des « vieux verbes » ou « verbes de conjugaison mixte » à quel point cette seconde caractéristique est d’une qualité descriptive juste et fine. Les analyses de linguistique, les nôtres cette fois, ont de plus livré les observations sur la tension vocale propre à la forme de chacune des personnes des temps et des modes. Ces observations ont été transportées en grammaire par la GRAMMAIRE LOGIQUE ET RAISONNÉE. Au départ, elles reposent sur une intuition du linguiste Gustave Guillaume, intuition livrée en une quinzaine de lignes mais qu’il n’a pas systématiquement exploitée. Bien qu’il fasse mention ici et là de « tension vocale non perceptible ». La LINGUISTIQUE MÉCANIQUE, et sa fille, en vulgarisation, qu’est la GRAMMAIRE LOGIQUE ET RAISONNÉE, ont choisi d’exploiter à fond la donnée de la « tension vocale ». La « tension vocale » permet en effet de dégager l’ossature de la construction des verbes, des formes de départ aux formes résultantes. Grâce aux effets de la « tension vocale », l’élève perçoit mieux sous les appellations de personnes, de temps et de modes la structure d’ensemble des verbes. Le caractère « précieux » des contributions de la linguistique à la grammaire se révèle nettement dans l’étude de la conjugaison du verbe français. La leçon est à retenir.

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Aperçu de grammaire

Ensemble quatr ième (catégor ie 40) : les verbes de conjugaison mixte « de base » du type de viVre/viVons/vis

vi V – re > vi V – ons > vi – s > vivrai par T – ir > par T – ons > par – s > partirai dor M – ir > dor M – ons > dor – s > dormirai *bou ILL – ir > bou ILL – ons > bou – s > bouillirai Aussi : suivre sentir survivre servir De même : bat T – re > bat T – ons > ba T – s > battrai met T – re > met T – ons > me T – s > mettrai Aussi, leurs composés: combattre admettre démettre permettre transmettre abattre commettre émettre promettre soumettre débattre compromettre remettre omettre rabattre Cas : à or thographe par ticulière *rom P – re > rom P – ons > rom P – s > romprai (rom P t) *vê T – ir > vê T – ons > vê T – s > vêtirai Aussi : revêtir Cas : à for te conjugaison dominante ou VR – ir > ou VR – ons > ou VR – e > ouvrirai of FR – ir > of FR – ons > of FR – e > offrirai cue ILL – ir > cue ILL – ons > cue ILL – e > cueillerai *assa ILL – ir >assa ILL – ons >assa ILL – e > assaillirai ou assaillerai Aussi : couvrir (et ses composés) souffrir défaillir tressaillir Note sur les formes du futur de ces verbes: ● cueillir et ses composés utilisent un futur d’usage oral (cueillerai); ● les autres verbes en –illir utilisent un futur de forme écrite (assaillirai, tressaillirai). Certains auteurs écrivent

« assaillerai », « tressaillerai »; ● « saillir » a pour futur « saillerai » au sens propre et « saillirai » au sens de « jaillir ». Tous droits réservés. Bien vouloir ne pas reproduire sans autorisation de l’auteur. R.Claude Roy Le 4 septembre 2014 Fascicule 22

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Didactique : commentaires Dans un premier temps, les élèves doivent retenir qu’il y a DEUX conjugaisons, celle des « jeunes » verbes et celle des « vieux » verbes. Ce qui didactiquement peut s’apprendre initialement sous la forme de deux secrets. Secret 1. Les jeunes verbes ont :

– un infinitif en –er – et des finales en e/es/e.

Secret 2. Les vieux verbes ont :

– un infinitif en –ir, –oir ou –re – et des finales en s/s/t.

Ces deux secrets auront à être complétés ultérieurement, après la présentation des règles de construction de chacun des ensembles. Ainsi : Secret 1. …

– et des finales en e/es/e qui s’appuient sur la consonne centrale. Secret 2. …

– et des finales en s/s/t qui suppr iment la consonne centrale. Il devra être présenté aux élèves chacun des verbes de l’ensemble, relativement peu nombreux, les présentations s’accompagnant d’explications nettes et complètes. Par la suite, les appellations de « jeunes verbes » et de « vieux verbes » pourront se raffiner en verbes de conjugaison dominante et verbes de conjugaison mixte, déjà peut-être au troisième cycle du primaire maisuniquement si les règles de construction des deux conjugaisons sont bien maîtrisées. Certains des verbes de l’Ensemble quatrième de conjugaison devront être présentés comme des curiosités qui, quoiqu’amusantes, permettent d’apercevoir toute l’intelligence de la langue, autant orale, qu’écrite. C’est le cas de « bouillir », « rompre », « vêtir » et, même « ouvrir ».

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Grammaire : approfondissements Pour l’Ensemble quatrième de conjugaison, la Grammaire logique et raisonnée a retenu comme verbe modèle, le verbe « vivre ». Ce verbe est le plus simple des verbes de cet ensemble : il laisse nettement voir les règles de construction des verbes de conjugaison mixte (verbes dits, en facilité didactique, « vieux » verbes). Lesdites règles de construction sont à trouver dans la relation en système de la forme la plus virtuelle, celle du présent de l’infinitif, et des formes les plus concrètement achevées, celles du présent de l’indicatif. Ainsi :

il vi –t

nous viV –ons

vi V re

La forme du présent de l’infinitif livre, par retrait de sa finale –re, le radical long VIV– ; et, par retrait continué de la consonne centrale V–, le radical court VI–. Le radical court VI– sert à la construction des formes des personnes du singulier : je VI –s, tu VI –s, il VI –t. Tandis que le radical long VIV– sert à la construction des formes des personnes du pluriel : nous VIV –ons, vous VIV –ez, ils VIV –ent. Il importe de bien voir que les formes des personnes du pluriel ne se construisent pas autrement que selon les règles de construction des verbes de la conjugaison dominante (ou « jeunes » verbes). Ainsi de chant –er à chant –ons, avec utilisation du radical long. Ce qui caractérise la conjugaison des verbes de conjugaison mixte (ou « vieux » verbes) tient au retrait de la consonne centrale et à l’usage du seul radical court dans la construction des formes des personnes du singulier. Il importe de bien remarquer de plus que les autres formes des verbes de conjugaison mixte (ou « vieux » verbes) sont nombreuses à suivre les règles de construction des verbes de la conjugaison dominante. Soit avec utilisation du radical long. Ainsi :

suite…

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Grammaire des maîtres Page 4 (G2) 12-02-27 (13-12-08) Index Conjugaison (Ensemble quatrième de …) A D G L …suite

VIV –ais

VIV –ant

VIV –ons … que je VIV –e

VIV –RAIS VIV –RAI VIV –re

Les seules formes du verbe de conjugaison mixte « vivre » à échapper aux règles de construction des verbes de la conjugaison dominante sont :

– celles des trois personnes du singulier du présent de l’indicatif que sont je vis, tu vis, il vit ;

– celles du passé simple que sont

je vécus nous vécûmes, tu vécus vous vécûtes, il vécut ils vécurent ;

– celles du participe passé que sont vécu, vécue, vécus, vécues.

Il faut remarquer que les formes du passé simple et du participe passé sont héritées d’un lointain passé historique et qu’elles sont à accepter pour ce qu’elles sont. L’usage assure une mémorisation aisée des formes du participe passé; les formes du passé simple pourront à l’occasion exiger vérification. Pour résumer, les verbes de conjugaison mixte présentent trois types de formes :

1. des formes à radical court de construction caractéristique, celles des trois personnes du singulier du présent de l’indicatif. Soit :

je vi –S, tu vi –S, il vi –T ;

2. des formes à radical long ne s’écartant pas des règles de construction des verbes de la conjugaison dominante. Soit la plus grande part des autres formes de ces verbes ;

3. des formes d’héritage historique lointain, celles du passé simple et du participe passé, à identifier en facilitation didactique, comme de « très vieilles » formes.

L’analyse du verbe modèle « vivre » a tout livré des règles de construction des verbes de conjugaison mixte « pure » ou de « base » de l’Ensemble quatrième de conjugaison ou de la Catégorie 40 de la classification retenue par la Grammaire logique et raisonnée. Reste à voir ceux des autres verbes de l’Ensemble quatrième de conjugaison pour ce qu’íls peuvent présenter d’éclairant ou d’intrigant.

…suite

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Grammaire des maîtres Page 5 (G3) 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble quatrième de …) A D G L …suite Quelques-uns des verbes de l’Ensemble quatrième ne se distinguent aucunement du verbe « vivre » dans leur conjugaison. Il en est ainsi de : sen –T –ir > sen –S > sen –T –ons (senti) sui –V –re > sui –S > sui –V –ons (suivi) Les formes des participes passés sont évidemment à considérer à part, dans leur valeur de « très vieilles » formes d’héritage lointain. Certains autres verbes ne s’écartent que peu du traitement du verbe « vivre ». Ce sont, entre autres, par –T –ir > par –S > par –T –ons (parti) dor –M –ir > dor –S > dor –M –ons (dormi) bat –T –re > bat –S > bat –T –ons (battu) met –T –re > met –S > met –T –ons (mis) De ces verbes, le verbe « battre » est d’une grande utilité didactique, de grandes hésitations entre une forme *bas et la forme correcte « bats » trouvant leur solution dans l’application stricte de la règle de construction. Cette dernière spécifiant le retrait de la consonne centrale et la réduction conséquente à un radical court « bat– ». Semblable, le verbe « mettre » présente une exigence d’écriture de portée phonologique. Les verbe « rompre » et « vêtir » présentent des formes dont la justification présentera de véritables défis aux élèves. En bref, l’orthographe oblige à retenir dans un rôle muet les consonnes centrales. Tout s’explique, avec bonheur ! Le verbe « bouillir », un verbe dit « défectif » pour ce qu’il ne s’utilise pratiquement qu’à l’infinitif, est à présenter comme énigme aux élèves. Ces élèves auront à comprendre que la consonne centrale s’écrit « –ill– », d’où, au présent, « je bous » et non « je bouille » comme il s’entend en québécois familier. Eurèka ! Il y a encore la série des verbes des types de « ouvrir » et « cueillir » à retenir comme faisant parties des verbes de l’Ensemble quatrième. Ces quelques verbes ont réussi grâce à leur consonne centrale particulière à adopter pour leurs personnes du singulier du présent de l’indicatif les règles de construction de la conjugaison dominante et des finales en e/es/e. Il y aurait ici à s’arrêter au sort des « vieux » verbes qui ont trois choix : disparaître, se convertir à la conjugaison dominante, ou s‘accrocher désespérément à leurs formes « ossifiées ». Le futur du verbe « cueillir » présente l’occasion d’une réflexion intéressante. La forme est de construction dominante, soit indicatif présent + finale RAI. Ainsi : cueille + RAI. Le verbe « cueillir » se rapproche encore par là des règles de construction de la conjugaison dominante. Ce sort de « cueillir » pour les formes du futur mène à bien des hésitations pour les verbes « assaillir », « saillir », « défaillir », « tressaillir ». Il y a peut-être plus à expliquer pour les choix de formes de ces verbes que n’a su le faire la grammaire traditionnelle. Un travail d’explication fine reste à faire.

…suite

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Grammaire des maîtres Page 6 (G4) 12-02-27 (13-12-08) Index Conjugaison (Ensemble quatrième de …) A D G L …suite Tel est l’ensemble des verbes relevant de la catégorie des verbes de conjugaison mixte « pure » ou « de base », c’est-à-dire des verbes ne présentant aucune caractéristique particulière pouvant complexifier les règles de construction présidant à la conjugaison d’un verbe comme le verbe modèle « vivre ». Il y a enfin à remarquer le petit nombre des verbes relevant de l’Ensemble quatrième de conjugaison (une cinquantaine tout au plus). Beaucoup plus nombreux sont les « vieux » verbes ou verbes de conjugaison mixte relevant des ensembles cinquième, sixième, septième, huitième, neuvième et dixième. Ces autres « vieux » verbes, partiellement de conjugaison archaïque, s’ils suivent les règles de construction relevées pour les verbes de l’Ensemble quatrième, présentent en plus des écarts spécifiques. Ces écarts, il importe de le remarquer, interviennent dans le cadre des règles de construction que suivent les verbes de l’Ensemble quatrième de conjugaison. Au total, il importe hautement de reconnaître qu’il n’existe que deux conjugaisons : une conjugaison dominante et une conjugaison mixte.

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Linguistique : approfondissements Le verbe « vivre » a été retenu par la Grammaire logique et raisonnée comme verbe modèle pour les verbes de l’Ensemble quatrième de conjugaison. Ce choix se justifie d’abord par l’évolution toute régulière des formes de ce verbe à partir des formes du latin. Soit ceci pour les formes du présent dès l’ancien français (Fouché, 92-93) : vívo > vif vívis > vis vívit > vit vívimus > vivons vívitis > vivez vívunt > vivent L’accent tonique placé en pénultième (presque dernière ou avant-dernière syllabe) ou en antépénultième (avant-avant-dernière syllabe) a entraîné, en complète normalité d’évolution, la contraction des syllabes finales. La première personne du singulier a conséquemment perdu le –o, final, le –v– intermédiaire se muant en –f, puis disparaissant au XVIe siècle. Après de nombreuses hésitations, l’attraction du paradigme amènera l’ajout d’un –s final à la forme « vi » d’utilisation courante, sans doute par comparaison au paradigme e/es/e de la conjugaison dominante. Mais tout également par une exigence intuitivement perçu de système conceptuel faisant porter par une consonne finale la complémentarité du temps définissant le verbe (Roy, 1986). Soit, en rappel :

chan(t) → chantə (verbe = nom + consonne). Les deuxième et troisième personnes se contractent régulièrement par l’effacement de la consonne –v– d’attaque de la dernière syllabe, les finales –s et –t s’affaiblissant jusqu’à disparaître, sauf en possible liaison. Les première et deuxième personnes du pluriel adoptent régulièrement des contractions en –ons et –ez (voir l’article sur la *Conjugaison du verbe « avoir »). La troisième personne du pluriel conserve sa deuxième syllabe –ent en raison de la forte valeur porteuse du pluriel de troisième personne de la finale consonantique –nt. Cette évolution toute exemplaire fait du verbe « vivre » le meilleur modèle permettant d’exposer les règles de construction des verbes de conjugaison mixte, ces verbes recourant soit à des règles propres différenciées (dans « vis », « vis », « vit »), soit aux règles de la conjugaison dominante (dans « vivais », « vivant », « vive », « vivrai », « vivrais »), soit à des formes cristallisées héritées de règles archaïques (dans « vécus » et « vécu »).

suite …

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Grammaire des maîtres Page 8 (L2) 12-02-27 (13-12-08) Index Conjugaison (Ensemble quatrième de …) A D G L

… suite Des autres verbes de l’Ensemble quatrième, les verbes « suivre » et « sentir » présentent des formes d’une construction aisément justifiée. Les verbes « mettre », « rompre » et « vêtir » et leurs composés présentent des formes devant à des exigences d’écriture leur aspect final. La grammaire explique aisément ces circonvolutions. Les verbes des types de « ouvrir », « souffrir » et « offrir », de même que « cueillir » et « assaillir » se présentent intrigants. Ces verbes ont réussi à « se rajeunir » en adoptant pour leur conjugaison les règles de construction de la conjugaison dominante. Ce sort tient certainement à la nature de leurs consonnes centrales –vr–, –fr–, –ill–, et à l’importance de ces consonnes centrales dans la composition de leurs radicaux, lesquels manqueraient de corps, privés de leur épaisse consonne centrale. À quoi s’ajoutaient certainement quelque attraction des finales en e/es/e de la conjugaison dominante, attraction montrée par les futurs « cueillErai » et « cueillErais », et par la tentation d’une forme « j’ouvrErai », et par les hésitations des « assaillIrai »/« assaillErai », « tressaillIrai »/« tressaillErai », « défaillIrai »/ « défaillErai ». L’Ensemble quatrième de conjugaison porte le fardeau des verbes de la seconde conjugaison, celle de tous les verbes qui n’appartiennent pas à la première conjugaison. Ces verbes à finale d’infinitif en –ir, –oir ou –re sont de conjugaison « archaïque », d’où l’appellation de simplification didactique de « vieux verbes » (par rapport à celle de « jeunes verbes »). La linguistique peut expliquer l’évolution des formes de ces verbes et dégager, en aide aux explications simplifiées de grammaire, les règles descriptives de construction des formes de ces verbes. Sauf évidemment pour ce qui est des formes cristallisées du passé simple et du participe passé (quoique la recherche ait encore à faire pour ces formes).

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Grammaire des maîtres Page 1 (A1) 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble septième de …) A D G L

Aperçu de grammaire Ensemble septième (catégor ie 70) : les verbes de conjugaison mixte « à infinitif réduit » des types de finir /finiSSons/finis connaître/connaiSSons/connais lire/liSons/lis Catégor ie A : fini –r > fini –SS–ons > fini –s > fini -RAI Aussi : atterrir alunir bannir garnir rôtir garantir anéantir chérir jaunir s’enrichir durcir agir faiblir rougir avertir bénir convertir déguerpir emplir enfouir Cas : *haï –r > haï –SS–ons > hai –s > haïrai De même : connaî –tre > connai –SS–ons > connai –s > connaîtrai (connaî –t) (nouvelle orthographe acceptée: connait, connaitrai) *croî –tre > croi –SS–ons > croî –s > croîtrai Aussi : naître, paître, accroître, paraître Catégor ie B : li–re > li–S–ons > li –s > li -RAI di–re > di–S–ons > di –s (dites) > di -RAI suffi –re > suffi–S –ons > suffi –s > suffi -RAI condui –re > condui–S–ons > condui –s > condui -RAI plai –re > plai–S–ons > plai –s > plai -RAI fai –re > fai–S–ons > fai –s (faites, font) > FERAI Aussi : taire Cas : écri –re > écri–V–ons > écri–s > écri–RAI boi–re > bu–V–ons > boi–s > boi–RAI Aussi : décrire inscrire prescrire récrire réécrire réinscrire souscrire transcrire

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Grammaire des maîtres Page 2 (D1) 12-02-27 (12-11-21) Page 1-G Index Conjugaison (Ensemble septième de …) A D G L

Didactique : commentaires L’Ensemble septième de conjugaison, tel que l’établit la classification de la Grammaire logique et raisonnée, regroupe non seulement le verbe « finir » et les verbes en –ir se conjuguant semblablement, mais aussi les verbes des types de connaître/connaissons et lire/lisons. Tous ces verbes présentent des particularités de conjugaison qui en font des verbes à infinitif réduit (appellation savante) ou des verbes à consonne ajoutée –SS– ou –S– (appellation didactique simplifiée et plus descriptive). La grammaire traditionnelle n’a pas su voir que tous ces verbes partagent des règles de construction semblables. Les élèves doivent encore bien voir que le tout de ces verbes formant l’Ensemble septième de conjugaison constitue une partie des « vieux » verbes ou verbes de conjugaison mixte. Et qu’il n’est donc plus de mise, parce qu’illogique et non fondé, de référer à une conjugaison distincte regroupant les seuls verbes du type de « finir ». Pareille démarche de classification amènera les élèves à adopter une démarche scientifique dans l’étude de la grammaire du français, et, ce faisant, leur fera voir différemment l’étude de la grammaire. Une étude qu’ils aborderont peut-être avec plus de gusto.

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Grammaire des maîtres Page 3 (G1) 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble septième de …) A D G L

Grammaire : approfondissements L’Ensemble septième de conjugaison regroupe, en Grammaire logique et raisonnée, les verbes des types de finir / fini –SS –ons / fini –s, connaître / connai –SS –ons / connai –s,

lire / li –S –ons / li –s. Il s’impose de bien voir ce qui permet de regrouper ces verbes en un seul ensemble. D’emblée, les verbes des types de « finir », « connaître » et « lire » se présentent comme des verbes de conjugaison mixte.d’abord par leur finale d’infinitif en –ir et –re et par leurs finales de présent en –s/–s/–t. Ces verbes se révèlent également comme étant des verbes de conjugaison mixte par le jeu de leurs radicaux. Qui sont : (il fini –t (il connaî –t (il) li –t (nous) fini –SS –ons (nous) connai –SS –ons (nous) li –S –ons Les formes des personnes du singulier se construisent bien à l’aide d’un radical court « fini– », « connaî– » ou « li– », tandis que les formes des personnes du pluriel se construisent à l’aide d’un radical long, soit « finiss– », « connaiss– » ou « lis– ». Toutes caractéristiques propres aux verbes de conjugaison mixte. Les verbes des types de « finir », « connaître » et « lire » sont toutefois rangés par la Grammaire logique et raisonnée en une sous-catégorie des verbes de conjugaison mixte. Il y a à découvrir en quoi ils se distinguent des verbes de « pure » conjugaison mixte ou de conjugaison mixte « de base ». Pour cela, il faut comparer ces verbes au verbe « vivre », le verbe modèle de la conjugaison de base des verbes de conjugaison mixte, en tenant compte des liens des radicaux avec la forme de l’infinitif. Ainsi : vi –T viV –ons

fini –T finiSS –ons

Vi

V

re

fini ?

r

suite…

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Grammaire des maîtres Page 4 (G2) 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble septième de …) A D G L …suite Il saute aux yeux que la forme « finir » de l’infinitif ne livre pas le radical long « finiSS– », ne livrant que le radical court « fini– ». Alors que le verbe « vivre » livre et le radical court « vi– », et le radical long « viv– ». Les verbes « connaître » et « lire » n’en font pas autrement, leur forme de l’infinitif ne livrant par perte de leur finale que les radicaux courts « connai– » et « li– », et rien des radicaux longs « connaiss– » et « lis– ». Il semble qu’il puisse, en conséquence, être justifié de qualifier les verbes des types de « finir », « connaître » et « lire » de verbes de conjugaison mixte à infinitif réduit. Et de les ranger en conséquence dans une sous-catégorie des verbes de conjugaison mixte, celle de l’Ensemble septième de conjugaison. Ledit ensemble regroupant donc les verbes de conjugaison à infinitif réduit. Il y a par ailleurs à examiner l’extension de ladite caractéristique de distribution des radicaux courts et longs dans ces verbes des types de « finir », « connaître » et « lire ». Inventorions :

finiSS –ais

fini –T

fini –RAI(s)

finiSS –ons

finiSS –ant

… que je finiSS –e

fini –R

L’usage du radical long se confirme dans les formes des personnes du pluriel du présent de l’indicatif, dans les formes de l’imparfait et du participe présent, et dans celles du subjonctif présent. L’usage du radical court se retrouve dans les formes des personnes du singulier du présent de l’indicatif, du présent de l’infinitif et dans les formes du futur simple et du futur conditionnel. À quoi il convient d’ajouter la forme du participe passé « fini » et celles du passé simple « finis »/« finirent ». Et la répartition est la même, étonnamment, pour les verbes des types de « connaître » et de « lire ». Quant aux motifs de semblable répartition et aux causes ayant limité la présence du radical long, ils sont à demander aux Approfondissements de Linguistique de la section qui suit, compliqués qu’ils sont et remontant à une époque lointaine d’évolution et de formation de la langue qui devait devenir la langue française. À certains esprits curieux et observateurs, l’appellation de verbes de conjugaison mixte à infinitif réduit pourrait paraître déficiente dans sa partie « à infinitif réduit ». Et non sans raison. Car cette partie de l’appellation semble peu descriptive. Il faut toutefois remettre à la section des Approfondissements de Linguistique le soin de justifier cette « savante » appellation. Ce qui ne dispense pas toutefois de rechercher une appellation autre et plus descriptive.

suite…

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Grammaire des maîtres Page 5 (G3) 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble septième de …) A D G L …suite Il importerait en effet d’offrir aux élèves une appellation moins « obscure », plus descriptive et plus aisée de rétention. Or l’appellation de « verbes à infinitif réduit » se complète naturellement d’un « c’est-à-dire non porteur de la consonne centrale de la finale du radical long ». Dès lors, quoi de plus simple que d’en tirer une appellation de « verbes à consonne centrale ajoutée –SS– ou –S– ». D’ailleurs, la grammaire traditionnelle et les grammaires scolaires identifiaient déjà les verbes du type de « finir » comme des verbes en –ir/–issant, fort justement. Il semblerait au total fort approprié de retenir l’appellation de : verbes de conjugaison mixte à consonne centrale ajoutée –SS– ou –S–; ou plus simplement de : verbes à consonne ajoutée –SS– ou –S–. Il y a certainement là une simplification didactique fort valable. Tel est donc essentiellement l’inventaire des verbes de l’Ensemble septième de conjugaison (Catégorie 70), lequel ensemble regroupe les verbes des types de finir /finiSSons / finis connaître / connaiSSons / connais et lire / liSons /lis. Pour être complet toutefois, cet inventaire doit s’ajouter les verbes « écrire » et « boire ». Un rapide examen des formes du verbe « écrire » permet en effet d’y reconnaître un verbe à infinitif réduit ou à consonne centrale ajoutée. Soit :

–s –s écri –T écriV –ons –ez –ent

écri

?

re

suite…

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Grammaire des maîtres Page 6 (G4) 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble septième de …) A D G L …suite Comme les verbes des types de « finir », « connaître » et « lire », le verbe « écrire se crée un radical long par l’addition au radical court « écri– » d’une consonne centrale d’apparence spontanée, une consonne « –V– », livrant un radical long « écriV– ». Par ailleurs, la répartition d’usage du radical court et du radical long est, pour l’essentiel, la même que pour les autres verbes de l’ensemble. Soit :

écri V –ons écri V –ais écri V – ant écri V –e (subj.) écri V –is

écri –S (présent) écri –re écri –RAI (s) écrit (participe passé)

Le verbe « écrire », malgré sa figure de naufragé, peut, avec ses dérivés, être intégré aux verbes du septième ensemble de conjugaison. Il en est de même du verbe « boire ». Soit :

boi –s boi –s boi –t bu –V –ons bu –V –ez boi –V –ent

boi

?

re

Avec sa consonne centrale d’apparence spontanée « –V– », non présente dans la forme de l’infinitif, le verbe « boire » peut être intégré à à l’Ensemble septième de conjugaison. Il faut toutefois attirer l’attention sur une particularité du radical long en « bUv– », comme dans « bUveur » et « bUvette ». Ce radical se retrouve dans « buvons » et « buvez », comme dans « buvais » et « buvant ». Mais la radical « buV– » devient « boiV– » dans la forme de la troisième personne du pluriel « boivent ». Il y a là une alternance de voyelle intérieure de radical qui rappelle celle des formes « semons »/« sèment » et « cédons »/« cèdent ». En position interne de syllabe orale finale la voyelle tend à se renforcir ou à se colorer. Ce qui se retrouve encore dans les alternances « mourons »/« meurent » et « venons »/« viennent ». L’alternance « buv– »/« boiv– » est bien nette dans les formes du subjonctif présent « …que je boive », mais « … que nous buvions ».

suite…

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Grammaire des maîtres Page 7 (G5) 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble septième de …) A D G L …suite Avec l’addition des verbes « écrire » et « boire », l’inventaire des verbes relevant de l’Ensemble septième de conjugaison est complet. Des articles autonomes en préparation reprendront l’analyse des formes des verbes impliqués pour en compléter les explications. Et entre autres pour les verbes « finir » , « connaître », « lire », « écrire » , « boire », et de même pour « haïr » et « faire ». La lecture de ces articles permettra de mieux comprendre et d’apprivoiser la conjugaison de ces verbes. Les explications de grammaire qui précèdent ne manqueront pas de laisser sur leur faim les maîtres avides de fine compréhension et les passionnés de la langue. Il importe de garder à l’esprit que la grammaire a pour tâche première de présenter une description des faits de langue et que ce dessein en réduit les capacités d’approfondissements, jusqu’à même en limiter l’empan à une vulgarisation. Heureusement, la linguistique se présente, prête à prendre la relève. Et ce, sans nier la qualité et l’utilité d’explications de grammaire bien conçues.

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Grammaire des maîtres Page 8 (L1) 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble septième de …) A D G L

Linguistique : approfondissements Les verbes identifiés comme relevant du Septième ensemble de conjugaison sont reconnus par la Grammaire logique et raisonnée comme des verbes à infinitif réduit ou, en simplification didactique, comme des verbes à consonne (centrale) ajoutée –SS– ou –S–. Ces verbes sont d’un de trois types, dont les verbes modèles sont :

finir / finiSS –ons / fini –s connaître / connaiSS –ons / connai –s

lire / liS –ons / li –s Il y a à expliquer et à comprendre, par l’analyse linguistique, les jeux de radicaux de ces verbes. Il existait en latin des verbes à finale en –sco, laquelle finale était porteuse de l’aspect inchoatif. Le linguiste J. Marouzeau présente ainsi l’aspect inchoatif dans son Lexique (1951) :

Inchoatif [Inkohativum Inchoative Incoativo] . Forme verbale propre à exprimer soit l’idée d’une action considérée à son début (lat. inchoare = commencer), ainsi les verbes latins en –sco : nosco = je prends connaissance, – soit un devenir ou une progression, ainsi en latin cresco = je grandis, senesco = je vieillis. On appelle aussi inchoatifs les suffixes (lat. –sc–) propres à conférer à un verbe ces différentes valeurs.

Dans la formation de la langue qui devait devenir le français, l’addition du suffixe –sco s’est faite à un certain nombre de verbes dans lesquels paraissait se concrétiser une valeur inchoative d’action en début ou en cours de complétion. C’est ainsi que le verbe latin « finio » s’est transformé en « finisco » dans la période d’évolution du latin au roman (état de langue antérieur à l’ancien français), période à situer grossièrement avant le 8e siècle et le règne de Charlemagne. L’ancien français n’a pas conservé dans sa structure l’identification de l’aspect inchoatif. Dans les faits, le temps de l’imparfait de l’indicatif a acquis un empan d’expression de la durée inclusif des valeurs inchoatives (voir l’article sur Le temps de l’imparfait de l’indicatif du … Verbe). Il est toutefois resté des traces de cette tentative d’expression en structure grammaticale de l’aspect inchoatif. Ces traces sont de trois ordres. Un premier résultat a été le maintien en fin de radical long d’une consonne de graphie –ss–, issue de l’ensemble consonantique latin –sc–. Ainsi, dans le verbe modèle « finir », pour ces formes-ci :

finiSS –ais … finiSS –ant

finiSS –ons finiSS –ez finiSS –ent … que je finiSS –e

… suite

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Grammaire des maîtres Page 9 (L2) 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble septième de …) A D G L

… suite Dans ces formes, la consonne héritée sert de consonne centrale, ou de consonne finale de radical long « finiSS– ». Un second résultat est celui qui a donné les formes des personnes du singulier du présent de l’indicatif. Voici ces formes en regard de leurs ancêtres pré-romans : * finisco > finis * finiscis > finis * finiscit > finit Dans ces formes, l’ensemble infixe –sc– s’est intégré par évolution phonologique aux finales –is/–is/–it, laissant aux formes l’apparence d’un radical court « fini– », complété des finales s/s/t. Un troisième résultat est plus difficile à reconnaître. Il est celui des formes suivantes :

finis (passé simple) … fini (participe passé)

finirai (s) … finir

Ces formes sont celles du passé simple, du participe passé, du présent de l’infinitif et des futurs simple et conditionnel. À l’évidence, les formes de ces temps et modes n’ont rien gardé de la construction inchoative. Ainsi, un quelconque « *finiscir » n’a pu s’imposer en lieu et place de la forme d’évolution régulière « finir ». Le motif en est que ce temps et mode est porteur de valeurs internes incompatibles avec une valeur inchoative. Brièvement, un infinitif présent est porteur de l’image virtuelle propre au verbe, image refusant l’expression d’un sens inchoatif. Et il en est de même pour les temps et modes du passé simple de l’indicatif, du participe passé et, à l’évidence, des futurs simple et conditionnel. Tout ceci apparaît fort net à l’étude des valeurs des différents temps et modes du verbe français. C’est par le jeu de cette évolution de leurs formes que le verbe modèle « finir » et les autres verbes de semblable conjugaison (ainsi « agir », « faiblir », « rougir ») sont devenus des verbes pouvant être qualifiés de verbes à infinitif réduit ou de verbes à consonne (centrale) ajoutée –ss–. Par ailleurs, le verbe « connaître » sert de modèle à un certain nombre d’autres verbes à être rangés dans le septième ensemble de conjugaison. Ce verbe « connaître » se présentait ainsi en latin classique :

cognoSCo cognoSCis cognoSCit

… suite

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Grammaire des maîtres Page 10 (L3) 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble septième de …) A D G L

… suite Le verbe était manifestement porteur d’un sens inchoatif dès cette période. L’évolution du verbe lui a donné des formes rejoignant celles du verbe « finir » : 2

connaiSS –ais

1 connais

3 connaîtrai (s)

connaiSS –ant

connaiSS –ons

… que je connaiSS –e

connus connu

connaître

Soit des formes intégrant dans leur finale l’infixe –sc–, comme la forme « connais » ; soit des formes de radical long à finale en –ss–, héritées de l’infixe –sc– ; soit des formes ayant évacué l’infixe –sc–, celles de l’infinitif, des futurs, du passé simple et du participe passé. Au total, la conjugaison du verbe « connaître » rejoint au plus près celle du verbe « finir », tout probablement sous l’effet d’une forte tendance analogique, la portant à imiter les formes des verbes du type de « finir ». Les verbes du type de « connaître » (ainsi « paraître ») se présentent donc comme des verbes à infintif réduit ou des verbes à consonne (centrale) –ss– d’apparence ajoutée. L’Ensemble septième de conjugaison compte encore, en catégorie B, les verbes du type de « lire ». Ces verbes présentent une structure proche de celle du verbe « finir ». Soit : 2

liS –ais

1 lis

3 lirai (s)

liS –ant

liS –ons

… que je liS –e

lus lu

lire

La conjugaison comprend : 1. des formes à radical court, 2. des formes à radical long à consonne centrale –s– d’apparence ajoutée et 3. des formes refusant la consonne ajoutée –s.

… suite

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Grammaire des maîtres Page 11 (L4) 12-02-27 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble septième de …) A D G L

… suite Ce verbe n’a toutefois rien à voir avec le procédé inchoatif. Quoique l’analogie ou l’imitation ait été l’influence principale de l’évolution de ce verbe. Ce verbe et les verbes du même type ont tout simplement étendu l’usage d’un radical long apparu régulièrement dans les formes « lisait » et « lisant » de l’imparfait et du participe présent. Avec ce résultat d’une conjugaison rejoignant celle des verbes « finir » et « connaître » par la distribution de leurs radicaux longs et courts. Rejoignent également et enfin l’Ensemble septième de conjugaison les verbes « écrire » et « boire ». Le verbe « écrire » présente un radical long « écriv– » d’évolution régulière. L’ancien infinitif « escrivre » a cédé sa place à la forme « écrire », tout probablement en raison du lien à établir et à maintenir en conjugaison régulière avec le présent de l’indicatif. De sorte qu’avec sa consonne centrale « v », le verbe « écrire » n’est pas sans se présenter comme un verbe à infinitif réduit ou un verbe à consonne centrale –v–, d’apparence ajoutée. Le verbe « boire » n’est pas très différent. Un ancien infinitif « boivre » s’est régularisé en « boire ». Et un ancien « bevons » s’est transformé en « buvons », par modification de la voyelle de son radical. La forme « boivent » est à remarquer avec sa voyelle renforcée de syllabe finale, le même radical s’utilisant au présent du subjonctif, mais en compagnie de formes « buvions », « buviez » en syllabe non finale de forme. Au total, la structure de conjugaison du verbe « boire » peut s’assimiler à celle du verbe « finir », malgré certaines formes particulières. En conclusion générale, l’Ensemble septième de conjugaison réunit des verbes présentant une structure de conjugaison ressemblante. Dans cette structure, le radical long se termine sur une consonne centrale d’apparence spontanée, quoique de source variée. De plus, ce radical long n’apparaît ni dans les formes des personnes du singulier du présent de l’indicatif, ni dans celles de l’infinitif et des futurs, entre autres. Ces verbes peuvent être justement qualifiés de verbes à infinitif réduit, étant par là signifié que le seul radical court y apparaît, contrairement à la règle de construction régulière des verbes de conjugaison mixte, dont l’infinitif est porteur et du radical court, et du radical long. Ou encore être qualifiés de verbes à consonne centrale ajoutée –ss– ou –ss–, ou encore –V-, ladite consonne servant à former le radical long. Cette consonne, dont l’apparition paraît au premier regard inexplicable, a des origines variées selon les verbes en cause, origines que sait montrer la linguistique historique et structurale.

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Grammaire des maîtres Page 1 (A1) 12-04-12 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble huitième de …) A D G L

Aperçu de grammaire

Catégor ie 80 : les verbes de conjugaison mixte « à consonne réduite » du type de peiNdre/peiGNons/peiNs

Catégor ie A : pei N – dre > pei GN – ons > peiN – s

crai N – dre > crai GN – ons > craiN – s

(re)joi N – dre > joi GN – ons > joiN – s Aussi : contraindre astreindre adjoindre plaindre ceindre conjoindre éteindre enjoindre feindre rejoindre geindre restreindre teindre Catégor ie B : rés OU – dre > réso LV – ons > résOU – s (pp. résolu) Aussi : absoudre (pp. absous (f. absoute) N.Orth : absout) dissoudre (pp. dissous, avec N.Orth. : dissout) Catégor ie C : cou R –ir > cou R – ons > cou R – s Aussi : accourir concourir encourir recourir discourir parcourir secouvrir Cas : Combinés avec le 5e ensemble : mourir, acquérir

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Grammaire des maîtres Page 2 (D1) 12-06-06 (12-11-21) Page 1-G Index Conjugaison (Ensemble huitième de …) A D G L

Didactique : commentaires Aucun des verbes de l’Ensemble huitième de … *Conjugaison n’est inscrit au programme officiel des classes du troisième cycle du primaire. Il y a là une erreur qui s’explique par le fait que les concepteurs des programmes ne sont pas initiés au système de la conjugaison. Dans ce contexte, il peut se comprendre qu’ils aient choisi de ne pas retenir des verbes peu utilisés, auxquels il est substitué « avoir peur » (craindre), « peinturer » (peindre), « unir » (joindre), « forcer » (contraindre), « faire semblant » (feindre), « gémir » (se plaindre), « encourager » (enjoindre), etc. De plus, les formes des verbes de cet ensemble qui sont utilisées le sont surtout à l’infinitif, aux personnes du singulier du présent de l’indicatif et, fort curieusement, à la troisième personne du pluriel de l’indicatif. Toutefois, comme il est fort utile, et même essentiel, de présenter aux élèves le comportement des verbes de cet ensemble, le maître pourra se rabattre sur deux verbes plus connus, les verbes « rejoindre » et « éteindre », et se restreindre aux formes de l’infinitif et des personnes du présent de l’indicatif, et peut-être du subjonctif de ces verbes. Les verbes de la catégorie B de cet Ensemble huitième, comme « résoudre » et « absoudre » peuvent être mis de côté, étant donné qu’ils sont usuellement remplacés par « solutionner » et « pardonner ». Le verbe placé en catégorie C de l’ensemble, le verbe « courir » est évidemment à voir. La surprise est de le voir survenir comme relevant de cet ensemble. La conjugaison de ce verbe « courir » se révèlera précieuse pour aider les élèves à bien comprendre la construction et le traitement de la consonne centrale des verbes de cet ensemble. D’ailleurs, le maître qui choisirait d’escamoter la présentation des verbes de cet Ensemble huitième pourrait se contenter de revenir sur ce verbe « courir » à l’occasion de la présentation des verbes de la catégorie C de l’Ensemble neuvième de *Conjugaison du type de « perdre »/« perds » et « mordre »/« mords ». Au total, l’Ensemble huitième de conjugaison est à traiter avec des gants blancs. Le maître de troisième cycle du primaire qui maîtrise bien la théorie fondant cet Ensemble huitième aura à naviguer avec soin dans ses présentations et ses explications.

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Grammaire des maîtres Page 3 (G1) 12-05-28 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble huitième de …) A D G L

Grammaire : présentation Les verbes de l’Ensemble huitième de conjugaison présentent dans leur construction un traitement de leur consonne centrale des plus étonnant. Les figures suivantes en laissent voir la nature :

(il) étei N t : (il) rejoi N t (nous) étei GN ons : (nous) rejoi GN ons

La consonne centrale GN se réduit, se « raboudine » en un simple son N, lui-même absorbé par la voyelle en un ensemble vocalique nasal in. En juste théorie, ce passage peut être vu comme passage à « consonne vestigiale », même si ladite consonne N s’intègre à un ensemble vocalique, le tout s’appuyant sur une prononciation historique de cet N. Le québécois populaire utilise un assez fréquent « (nous) éteindons », « (ils) éteindent ». Il y a là une généralisation motivée qui confère toutefois à la consonne D un rôle et une nature qu’elle n’a pas. En effet, l’infinitif n’est pas ceci, avec consonne centrale D :

étein D

re

Il est plutôt ceci :

étei(n) ?

Dre

Le cœur de cette analyse tient au fait que la consonne D est d’apparition spontanée et s’intègre à la terminaison, servant à la protection du R qui suit. Le futur le laisse bien voir :

(j’) éteins > (j’) étein –DRAI. Un « *étein –RAI » serait imprononçable sans le soutien dudit D. Les orthographes « *éteinds » et « *éteind », incorrectes, reposent sur la même erreur de généralisation ou d’analogie. Un survol des formes du verbe « éteindre » permet de bien faire voir l’ensemble du traitement et de la construction des verbes de l’Ensemble huitième : j’ éteins nous éteignons ils éteignent j’ éteignais … que j’ éteigne j’ éteindrai éteint (e) (s) éteindre

suite…

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Grammaire des maîtres Page 4 (G2) 12-05-2 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble huitième de …) A D G L …suite Le verbe « rejoindre », d’utilisation fréquente à certaines personnes et certains temps, se conjugue de la même façon. Les autres verbes de la catégorie A de cet Ensemble huitième sont d’emploi plus rare en québécois familier : les formes n’en seront utilisés qu’en langue châtiée et dans l’écriture de qualité. La catégorie B de l’ensemble huitième a pour verbe majeur le verbe « résoudre ». Ici encore, une figure est parlante :

(il) r é s o u t (nous) r é s o L vons

Bien que moins net, le traitement est celui du passage de la consonne L à un son-voyelle ou, ce son voyelle ou absorbant le son O qui précède. La consonne V est une addition savante tardive, du 16e siècle. Le tout est plutôt complexe, mais résulte d’un traitement historique en réduction de la consonne centrale, traitement s’apparentant à celui des verbes de la catégorie A du type de « éteindre » et « rejoindre ». La catégorie C de l’ensemble a pour verbe modèle le verbe « courir ». Le maître pourrait proposer à ses élèves de trouver en quoi ce verbe « courir » s’apparente au verbe « éteindre » et pourquoi il est à ranger dans l’Ensemble huitième de conjugaison. La réponse en est que le R de pleine réalisation d’un « couRons » n’est plus que chuchoté dans un « couRs », et donc « plus que l’ombre de lui-même » ou de nature « vestigiale ». Les verbes « mourons »/« meurs » et « acquérons »/« acquiers », rangés dans l’Ensemble cinquième de conjugaison en raison du glissement vocalique qui les affecte présentent le même traitement d’une consonne centrale s’affaiblissant à un état chuchoté, en forme courte. La conjugaison des verbes de l’Ensemble huitième présente un niveau de difficulté élevé pour la plupart des élèves, sauf pour le verbe « courir » évidemment. Ce niveau de difficulté est d’ailleurs ce qui restreint l’usage familier des verbes de ce type à un petit nombre de formes dont la composition mode, temps et personnes est de traitement plutôt aisé.

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Grammaire des maîtres Page 5 (L1) 12-05-28 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble huitième de …) A D G L

Linguistique : approfondissements N’eût été de l’appui que constituait la connaissance répandue du latin aux 16e et 17e siècles, les verbes rangés dans le Huitième ensemble de conjugaison des types de « peindre », « plaindre » et « joindre » auraient probablement adopté des formes semblables à celles qui se retrouvent en québécois populaire pour le verbe « éteindre » : nous *éteindons, ils *éteindent, … que j’*éteinde, *éteindu. La connaissance du latin rappelait à l’esprit des lettrés de ces époques les infinitifs « pingere » (peindre), « plangere » (plaindre), « jungere » (joindre), des formes sans [d] à l’infinitif. Des verbes à distinguer donc des « vendere » (vendre), « prehendere » (prendre), « respondere » (répondre), porteurs d’un [d] dans leur forme du présent de l’infinitif. De nos jours, le sort des verbes du Huitième ensemble semble être de disparaître. Le verbe « craindre » est remplacé par « avoir peur », « vaincre » par « gagner », « peindre » par « peinturer », « joindre » par « unir » (dans certains contextes), « contraindre » par « forcer », « plaindre » par « gémir », « feindre » par « faire semblant », « restreindre » par « limiter », et même « éteindre » par « fermer ». De plus, les verbes encore utilisés ne le sont plus qu’à un petit nombre de personnes, temps et mode. Toutefois l’usage fréquent dans les média du verbe « joindre » dans des « je joins », « nous joignons » aident à la survivance de ladite conjugaison en GN. (Il faut regretter l’abandon des formes du verbe « rejoindre », cet abandon reposant sur une méconnaissance regrettable du rôle du préfixe « re– » de ce verbe.) L’évolution historique des verbes des types de « plaindre », « peindre » et « joindre » est d’une grande complexité. Pierre Le Goffic (1997) relève pour le verbe « plaindre » des passages en ancien français d’un [plãjɲ] à un [pl jɲ], à un [plεɲ], au [plεɲ] moderne. Cette dernière forme ayant servi également pour les personnes du singulier, et étant passé à [ ] vers le milieu du 12e siècle. Il est certainement justifié de croire que le sens esthétique des parlants français, qui a éliminé du français triphtongues et même diphtongues (dont témoigne le mot « eau », par exemple), a eu fort à faire pour arriver au traitement actuel de réduction d’un plein [ɲ] à une simple nasalisation vocalique vestigiale : « plaiGNons » > « plaiNs ». Ce qui se retrouve dans les emplois suivants : témoiN maliN béniN témoiGNage maliGNe béniGNe. Tout aussi complexe, et même plus, est l’évolution historique des formes du verbe « résoudre » de la catégorie B de l’ensemble huitième. Pierre LeGoffic (1997) rappelle la « réfection savante (qui) a introduit le –V– au pluriel au cours du 16e siècle ». Il relève que Fouché (1967, p.98) rappelle que le grammairien Patru a écrit ceci en 1674 : « J’ai remarqué que le peuple ne dit jamais resolvons,

… suite

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Grammaire des maîtres Page 6 (L2) 12-05-28 (12-11-21) Index Conjugaison (Ensemble huitième de …) A D G L

… suite resolvez, resolvent, ni resolvant. Il dit resoudons, resoudez, resoudent et resoudant]. Il semblerait que le choix s’est fait sous l’influence de Vaugelas et de l’Académie, dans le cadre d’une géniale intuition des formes distinguant ce verbe et ses semblables (absoudre, dissoudre) des formes à infinitif en –Dre de source étymologique. Il y a à se demander toutefois s’il n’y aurait pas eu avantage à privilégier les formes utilisées en généralisation et en simplification par le peuple. Reste une catégorie C de verbes, dont le verbe « courir » est le quasi unique représentant. Ce verbe est l’impressionnant témoin du traitement en affaiblissement d’une consonne centrale. Le passage d’un [R] de pleine tension à un [R] chuchoté témoigne admirablement d’un des traitements possibles dans un jeu naturel de la prononciation. Ledit traitement devient le soutien de l’entier de l’Ensemble huitième de conjugaison, lequel ensemble regroupe les verbes connaissant un traitement d’affaiblissement de leur consonne centrale à un état vestigial, ou vocalique ou chuchoté, de leur état premier. Bien compris, le traitement affectant les verbes de l’Ensemble huitième de conjugaison facilite la maîtrise de formes verbales au départ fort énigmatiques.

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Grammaire des maîtres Page 1 (A) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Initiation à la …) A D G L

Aperçu de grammaire

Conjugaison

dominante

chanT–e > chanT–ons > chanT–e mixte

viV–re > viV–ons > vi–s

Pour la grammaire d’approche logique et raisonnée, les verbes se conjuguent sur l’un de deux modèles. Et donc, soit sur le modèle de la *Conjugaison dominante, soit sur le modèle de la *Conjugaison mixte.

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Grammaire des maîtres Page 2 (D) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Initiation à la …) A D G L

Didactique : commentaires Le maître trouvera avantageux de présenter à ses élèves une classification logique de la conjugaison des verbes. Tous les verbes tendent à se conjuguer de la même façon, sur un modèle de conjugaison dominante. Cette tendance est simplificatrice. C’est celle de la plupart des verbes, dits « jeunes verbes ». Un certain nombre, plutôt petit, de verbes utilisent des formes dont ils ont historiquement hérités et dont un usage fréquent a empêché la disparition et permis la survie. Ces verbes sont dits de conjugaison mixte. Les maîtres trouveront fort utiles de les qualifier de « vieux verbes », les élèves saisissant aisément pareille identification. Dans la même veine, les verbes « être », « avoir » et « aller » gagneront à être qualifiés de « très vieux verbes ». Ce qu’ils sont d’ailleurs, leur conjugaison « mixte » multipliant les formes proto-archaïques, ou historiquement très anciennes.

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Grammaire des maîtres Page 3 (G) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Initiation à la …) A D G L

Grammaire : approfondissements La grammaire dite traditionnelle a d’abord classé les verbes en quatre groupes : en er, en ir, en oir, en re. Et donc en regard des finales de l’infinitif. Plus récemment, la grammaire traditionnelle a ramené à trois ces groupes : soit les verbes en –er, les verbes en –ir/–issant, et, finalement, dans un troisième groupe, tous les autres verbes, dits verbes irréguliers. Les grammaires récentes, hésitantes, se rabattent soit, certaines, sur quatre groupes, soit, d’autres, sur trois groupes, soit, d’autres enfin, sur deux groupes. Certaines renoncent même à tout regroupement et se contentent de présenter des modèles de conjugaison, encore là d’un nombre variable. Il semble toutefois s’établir un certain consensus sur une classification en deux groupes, le premier groupe comprenant les verbes à infinitif en –er, et le second groupe, tous les autres verbes. Selon les grammaires, les verbes en –ir/–issant relèvent soit du premier groupe à titre de conjugaison vivante, soit du second groupe. Les appellations de « verbes réguliers » et de « verbes irréguliers » apparaissent dans certaines de ces grammaires, alors que d’autres ne les emploient pas. Au total, il est net qu’aucune règle nette ne préside à ces classifications. Pour la grammaire d’approche logique et raisonnée, les verbes se conjuguent sur l’un de deux modèles et relèvent soit d’une *Conjugaison dominante, soit d’une *Conjugaison mixte.

Conjugaison

dominante

chanT–e > chanT–ons > chanT–e mixte

viV–re > viV–ons > vi–s

Le principe de classification est d’abord celui du traitement de la *Consonne centrale du verbe, laquelle est soit constante, dans la *Conjugaison dominante; soit instable, et donc parfois absente, dans la *Conjugaison mixte. De plus, toutefois, certaines formes des verbes de conjugaison mixte, historiquement hérités et conservés par un fréquent usage, se présentent comme spécifiques, particulières, différentes. Ainsi, la forme « vécu » du verbe « vivre ». Le maître gagnera à approfondir ces données en consultant, entre autres, les articles suivants : Conjugaison dominante. Conjugaison mixte. Conjugaison (Système de la …). Conjugaison (Tableau complet de la …).

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Grammaire des maîtres Page 4 (L) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Initiation à la …) A D G L

Linguistique : approfondissements La langue française a hérité ses verbes de la langue latine majoritairement, mais elle a surtout reçu du latin un système de conjugaison. Ce système, elle l’a transformé dans une recherche de simplification et de netteté. Déjà, la langue latine s’était donné une conjugaison dominante en infinitif en –are, comme dans « cantare » (chanter). Le français a conservé cette conjugaison de type dominant en l’étendant à la plus grande majorité de ses verbes, soit plus de quatre mille. Si un certain nombre de verbes ont été éliminés faute de pouvoir s’aligner sur la conjugaison dominante, quelques centaines de verbes d’usage fréquent se sont maintenus dans un mélange de formes de construction dominante et de formes particulières. C’est ainsi qu’un verbe comme le verbe « vivre » présente à la fois des formes de type dominant comme « vivons », « vivais », « vivant », « vive (subjonctif) », et même « vivrai » et « vivrais », et des formes de type particulier comme « vis », « vit », « vécus » et « vécu ». L’appellation de conjugaison « mixte » se justifie, pour ces verbes, leurs formes parfois répondant à des règles particulières de construction, différentes des règles de la conjugaison dominante, parfois se présentant comme des formes archaïques cristallisées, et maintenues par l’usage. Pour prévenir quelques objections, il s’impose de préciser que quelques verbes de conjugaison mixte, essentiellement les verbes « avoir », « être » et « aller », présentent des formes d’un lourd héritage historique, des formes comme « suis », « sommes », « êtes », « sont », entre autres. Ces formes sont justement qualifiées en linguistique de proto-archaïques. Voir à ce propos les articles : Conjugaison (Ensemble dixième de …), Conjugaison du verbe « être », Conjugaison du verbe « avoir », Conjugaison du verbe « aller ».

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Grammaire des maîtres Page 1 (A) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (La ... dominante) A D G L

Aperçu de grammaire

Conjugaison dominante

chanT–e > chanT–ons > chanT–e • en –er • en –e/–es/–e

mixte

La grammaire logique et raisonnée utilise la *Conjugaison du verbe « chanter » comme modèle de la conjugaison dominante. La très grande majorité des verbes du français (plus de quatre mille) construi-sent leurs formes – ou se conjuguent – conformément à cet ensemble de règles, d’où l’appellation de « conjugaison dominante ». Ces verbes présentent trois principales caractéristiques : 1. une forme d’infinitif présent à finale en –er. Ainsi, « chantER », « dansER », « trébuchER », etc. ; 2. des finales en –e/–es/–e aux formes du singulier du présent de l’indicatif ; 3. une consonne centrale constante, assurant une régularité sans faille des formes de tous les temps

et de tous les modes, même du passé simple et du participe passé. Ainsi, chantai, dansai, trébuchai, etc. ; chanté, dansé, trébuché, etc.

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Grammaire des maîtres Page 2 (D1) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (La ... dominante) A D G L

Didactique : commentaires L’élève doit se représenter clairement les deux types de conjugaison, dominante et mixte. Et savoir que la très grande majorité des verbes construisent leurs formes selon les règles de dérivation d’une conjugaison dominante. Les termes de « verbes réguliers » et de « verbes irréguliers », utilisés par la grammaire traditionnelle, sont à éviter. Et particulièrement, le terme d’« irrégulier » qui ne décrit pas adéquatement ce que sont les verbes de la *Conjugaison mixte. Par contre, l’appellation de conjugaison « vivante » pourrait s’employer, car il est vrai que les néologismes verbaux se forment sur ce modèle de conjugaison : ainsi, « faxer », « zapper », etc. Le maître pour sa part trouvera avantageux et efficace d’initier concrètement les élèves aux caractéristiques de la conjugaison dominante en en faisant défiler les paradigmes ou séries des finales, le point de départ obligé étant celui du paradigme ou de la série des finales du présent de l’indicatif :

–e/–es/–e/–ons/–ez/–ent. Si les finales en –ons et –ez, en raison de leur caractéristiques orales, ne posent pas de difficulté majeure d’orthographe, il n’en va pas de même des quatre autres finales. Ne sont-elles pas en effet, à l’oral, semblables, ainsi que le laisse voir une écriture simplifiée : je chant, tu chant, il chant, ils chant ! Aussi conviendrait-il d’épaissir la graphie des finales de toutes les charges possibles de signification et d’encodage. Fort évidemment, cet épaississement gagnera à puiser aux données du *Système de la conjugaison. Le « –e » de troisième personne sera montré comme signalant la forme « première » et le point de départ du système, le « –es » se verra compris dans sa valeur de Signe, de Symbole de Surcharge ; le « –e » de première personne sera vu comme d’emprunt et symbole de simplification. Enfin, le « –ent » de troisième personne du pluriel verra son abondance orthographique interprétée comme porteuse du pluriel (la finale « –nt » est d’ailleurs porteuse d’une véritable valeur de généralisation). Le Fascicule FRAMÉE nº 19 offre des suggestions d’approche didactique détaillées de ces données, auxquelles un maître pourrait recourir.

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Grammaire des maîtres Page 3 (D2) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (La ... dominante) A D G L … suite Les paradigmes ou séries de finales des autres temps gagneront à être présentés de même, en épaississement : -ais/-ais/-ait/-ions/-iez/-aient -rai/-ras/-ra/-rons/-rez/-ront -rais/-rais/-rait/-rions/-riez/-raient Toutes ces finales parlent abondamment de leur rôle porteur, et entre autres de leurs liens avec le verbe « avoir », même celles du passé simple :

-ai/-as/-a/-âmes/-âtes/-èrent. Dans toutes ces présentations et ces analyses, le maître s’attachera à faire découvrir et constater par ses élèves la grande, la très grande régularité de conjugaison de la conjugaison dominante. Pour ce qui est de la consonne centrale, son rôle et sa constante présence seront probablement plus faciles à expliquer et à comprendre dans des présentations qui en montrent le traitement en regard de celui qu’elle reçoit dans la conjugaison mixte. Mais le thème pourra être abordé en sensibilisation dans un premier temps, avec le degré d’insistance que choisira le maître.

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Grammaire : approfondissements À lire préalablement : *Conjugaison (Système de la …) La très grande majorité des verbes du français – plus de quatre mille – construisent les formes de leur conjugaison sur le même ensemble de règles. Ce modèle dominant de conjugaison est celui qui se retrouve dans la *Conjugaison du verbe « chanter ». La conjugaison dominante se signale d’abord, aux yeux des jeunes élèves à tout le moins, par les finales en –e/–es/–e des formes des personnes du singulier du présent de l’indicatif. La raison en tient aux difficultés d’orthographe que posent ces trois formes, ainsi que celle de la troisième personne du pluriel. En effet, une simplification est intervenue dans l’évolution historique du système verbal qui a réduit les quatre formes à une forme orale apparemment unique. Ainsi : je chant, tu chant, il chant, ils chant. L’écriture – et celle du français est particulièrement fine – continue toutefois à rendre témoignage du système porteur de la conjugaison des verbes construisant leurs formes sur le modèle de la conjugaison dominante. Et fort heureusement ne manqueront pas de conclure les grammairiens et les passionnés de la langue française. Toutefois, l’interprétation à en faire exige de la finesse. Soit donc : je chant -e, tu chant -es, il chant –e. Si traditionnellement ces formes sont dites, dans l’ordre habituel de conjugaison, première, deuxième et troisième, la forme véritablement « première » se révélera être, à l’examen, celle de troisième personne, ainsi qu’il est établi et démontré à l’article *Conjugaison (Système de la …). Et la finale « -e » se veut dénonciatrice et révélatrice de cette valeur de départ, et de la teneur orale de la forme.

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Grammaire des maîtres Page 5 (G2) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (La ... dominante) A D G L … suite La finale écrite « -es » annonce quant à elle, par son « s », le début de surcharge distinguant à l’oral la forme de deuxième personne de celle de troisième personne. Et la finale « -e » de première personne, lue et interprétée correctement et habilement, son origine d’emprunt ayant été reconnu, vient consacrer à la fois la simplicité et la teneur du mécanisme oral. Le tout pouvant se représenter nettement comme ceci :

ORAL ÉCRIT je chanttt

↑ tu chantt

↑ il chant

je chant -e ↑

tu chant -es ↑

il chant -e Le terme « conjugaison » dans son sens étymologique de « réunir des éléments » trouve donc une pleine confirmation à l’écriture, l’effort étant de rattacher à la racine « chant- » l’une des finales ou désinences –e/-es/-e. Le terme « conjugaison » se révèle toutefois tout aussi juste pour l’oral, où il prendra le sens de « faire se rapporter des éléments » ou d’« établir des rapports ». En effet, à l’oral, la forme de troisième personne, « première » en système, est de détente « normale ». Une surcharge de détente crée et livre la forme de deuxième personne. Une surcharge encore augmentée de détente livre la forme de première personne, en lien avec les formes précédentes. (Un encodage facile peut être construit sur l’« égoïsme » de la charge supérieure de première personne.) Ni les grammaires traditionnelles, ni les grammaires nouvelles ne relèvent ces données de système ; pour le moment … Les grammaires scolaires devront y venir le jour où elles choisiront de montrer la « réalité » de la langue et d’en promouvoir une véritable compréhension. Il convient d’ajouter que la forme orale de la troisième personne du pluriel se construit sur une détente augmentée, comparable à celle de la forme de première personne du singulier. Et que les formes du présent du subjonctif profitent d’une charge comparable de détente (voir l’article *Conjugaison du mode subjonctif) (en préparation). Proposer la présence des finales en –e/-es/-e comme principale caractéristique de la conjugaison dominante, c’est entendre tout ce qui précède de rapports des formes à l’oral, et de qualité et de finesse de représentation à l’écrit.

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Grammaire des maîtres Page 6 (G3) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (La ... dominante) A D G L … suite C’est aussi indirectement faire appel au rapport privilégié unissant la forme du présent de l’infinitif (avec sa finale en –er), à la forme « première » de troisième personne du singulier du présent :

(il) chant -e

chant er Les deux formes partagent la même racine. La forme « première » est celle de moindre charge et de plus grande régression, la forme « chante » se retrouvant réduite à l’oral à sa consonne centrale à l’état de finale de mot. À l’opposé en valeur virtuelle (c’est le nom du verbe), une forme à finale vocalique pleine présentant un « r » perspectif, de possible liaison (ainsi, « chanter à tue-tête »). Et sur cette lancée, tous les rapports permettant la construction des formes de tous les temps de tous les modes (voir *Conjugaison (Système de la …)). Et en sous-entendu, une affirmation de régularité de conjugaison des formes de la conjugaison dite dominante. Et en sous-sous-entendu, une affirmation d’atteinte à la simplicité (du moins en langue maternelle). Ces caractéristiques établies, il reste à présenter celle, théoriquement principale, d’une consonne centrale de caractère constant ou de présence constante. Or, la caractéristique d’une consonne centrale constante, si primordiale qu’elle soit, est si naturelle, si attendue comme fondement du mécanisme de conjugaison, qu’il ne vient pas à l’esprit d’en faire la remarque. De fait, la caractéristique d’une consonne centrale constante ne s’impose qu’en regard du traitement de la consonne centrale instable de la *Conjugaison mixte. Point n’est besoin donc d’insister au départ sur cette caractéristique. Il faut laisser aux analyses de linguistique la tâche d’en pénétrer les arcanes. Telle est donc la conjugaison dominante , une conjugaison qui présente un mouvement originant à la forme première, la plus simple, et menant à la construction de l’entier de la forme verbale rendant l’idée à traduire, par rattachement à cette racine de celle des finales qui convient en termes de mode, de temps et de personne.

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Linguistique : approfondissements L’appellation « dominante ». La consonne axiale La langue française s’est donné – comme il se devait – une conjugaison dominante et ce, dans la voie tracée par le latin avec ses verbes les plus nombreux en –are, du type de « cantare », « amare ». Le linguiste Gustave Guillaume qualifie de « conjugaison dominante », dans un texte du 12 décembre 1946, la conjugaison qualifiée jusque-là de « conjugaison régulière ». Et il identifie comme la principale caractéristique de cette conjugaison « la persistance à tous les modes, à tous les temps et à toutes les personnes […] d’une consonne ouvrante que nous avons nommée la consonne axiale ». Cette *Consonne axiale est celle qui clôt la *Racine des verbes construisant leurs formes sur le modèle de la conjugaison dominante. Elle est un [t] pour le verbe [chanter] ; un [s], pour [danser] ; un [z], pour [oser] ; un [ch], pour [trébucher] ; un [tr], pour [entrer] ; un [y], pour [empailler], un [H] ou un souffle consonantique minimal, pour [cré-H-er] et [supplé-H-er]. Ainsi que sait le montrer les analyses de grammaire, la consonne axiale (qualifiée en Grammaire logique et raisonnée de *Consonne centrale) (en préparation) est porteuse, au premier chef, du mécanisme de conjugaison épousant la structure conceptuelle du (Système de la …) *Conjugaison. La consonne axiale joue toutefois, ce faisant, un rôle encore plus fondamental. La consonne axiale comme signe de nature Dans le passage du latin au français et dans l’évolution historique qui a permis l’émergence de la langue française, une règle s’est imposée de régression de la forme des mots à la syllabe accentuée (non finale en latin, mais devenue finale en français). C’est ainsi que « ánimam » est devenu « âme » et « hóminum », « homme ». Toutefois, la consonne passant ainsi à la finale orale du mot se verra attaquée et souvent amüie pour les noms, mais conservée, et renforcée même, pour les verbes. Ainsi le nom « chan(t) » aura en vis-à-vis le verbe « chant(e) », le nom amüissant la consonne à l’oral, le verbe la renforçant par l’accent tonique final de mot. Le résultat de cette transformation historique a été de faire les noms « des mots tendant à se terminer par une voyelle (Roy, 1994) », et les verbes, « des mots tendant à se terminer par une consonne (Roy, 1994) ». Le verbe, un mot de saisie continuée Or, « le nom est un mot de saisie première (Roy, 1994) », ladite saisie étant d’espace : le nom concrétise l’entendement (la mise en forme) d’une représentation résultant d’une saisie en trois dimensions, d’espace donc, une saisie qu’impose le quotidien expérientiel d’un être humain.

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Grammaire des maîtres Page 8 (L2) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (La ... dominante) A D G L … suite Le verbe, pour sa part, est « un mot de saisie continuée (Roy, 1994) », ladite saisie continuée se voulant porteuse de la dimension quatrième du temps. La dimension quatrième du temps étant en soi, par nature, insaisissable. Ce que l’esprit humain saisit du temps, il le saisit par le biais de l’expérience de l’instant de conscience vive, révélatrice de la fugacité du temps. Conséquemment, le verbe résulte d’une opération d’entendement (de mise en forme) d’une représentation cumulant un certain nombre de saisies premières, et donc se présente comme « un mot de saisie continuée ». Pour le dire autrement, si le nom « course » résulte de l’entendement d’une représentation réduite à une saisie de quasi-instantanéité, le verbe « courir » résultera de l’entendement d’une représentation puisant à un éloignement aussi étendu que nécessaire de l’instantanéité. Le verbe traduira donc une momentanéité d’extension variable, brève comme dans « Il écrit dans son journal » ou « L’arbre s’abat », ou traduira un temps étendu, comme dans « La terre tourne autour du soleil ». Le linguiste Guillaume a produit une représentation schématique éclairante de la constitution interne d’une forme verbale :

ω ω ω α α α Cette représentation est expliquée ailleurs, et entre autres dans les articles *Conjugaison (Système de la…) et *Conjugaison (Système du temps du présent de l’indicatif) (en préparation). Tout ceci compris, la valeur sémiologique de signe de nature de la consonne axiale d’un verbe s’aperçoit et se comprend mieux. La consonne finale du mot qu’est un verbe (dans sa forme première, par exemple « (il) chante », rend et porte le plus de saisie qu’inclut la représentation objet d’entendement. En figure : verbe = nom + q ou verbe = saisie première + autre saisie Sémiologiquement (et idéalement) : forme d’un verbe = forme d’un nom + consonne Ainsi, la consonne centrale d’une forme verbale devient, dans la pensée, le signe de la saisie continuée fondant la représentation que rend un mot ayant nature de verbe.

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Grammaire des maîtres Page 9 (L3) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (La ... dominante) A D G L … suite Ce qui précède permet de mieux comprendre que la caractéristique première de la conjugaison dominante puisse être la présence d’une consonne axiale (ou centrale) constante. La consonne axiale est le signe, dans la forme d’un verbe, de la nature et du contenu conceptuel même, du dit verbe. Pour ce qui est des autres caractéristiques de la conjugaison dominante, les analyses grammaticales les présentent adéquatement, en en laissant même voir les fondements linguistiques, par exemple pour ce qui est des finales en –e/-es/-e.

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Aperçu de grammaire

Conjugaison dominante

chanT–e > chanT–ons > chanT–e • en –er • en –e/–er/–e

mixte VIV–re > VIV–ons > VI–s

• en –ir, –oir ou –re • en –s/–s/–t

La grammaire logique et raisonnée utilise la *Conjugaison du verbe « vivre » comme modèle de la conjugaison mixte. Cette conjugaison, qui est celle de quelques centaines de verbes, est dite « mixte » parce que les verbes qui en font partie ou construisent leurs formes selon les règles de la *Conjugaison dominante, ou utilisent des formes propres de construction différente. Les verbes de conjugaison mixte présentent trois principales caractéristiques : 1. des finales d’infinitif en –ir, –oir ou –re. Ces finales se conjuguent à un *Radical long, le procédé

ne se différenciant pas de celui de la conjugaison dominante : chant –er viv –re part –ir dev –oir chant –ons viv –ons part –ons dev –ons ;

2. des finales en –s/–s/–t. Ces finales se conjuguent à un *Radical court* (par perte de la consonne

centrale) pour construire les formes caractéristiques des personnes du singulier du présent de l’indicatif des verbes de conjugaison mixte :

vi –V –re vi –s vi –s vi –t par –T –ir par –s par –s par –t bat –T –re bat –s bat –s bat ;

3. un petit nombre de formes archaïques fort particulières. Ces formes héritées des aléas de

l’évolution historique et conservées en raison d’un fréquent usage, sont essentiellement celles du passé simple et du participe passé :

vivre > vécus > vécu(e)(s), partir > partis > parti(e)(s), mettre > mis > mis(e)(s).

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Didactique : commentaires L’élève doit avoir bien en tête que les verbes du français construisent leurs formes – ou se conjuguent – soit sur le modèle d’une *Conjugaison dominante, soit sur le modèle d’une conjugaison mixte. De la conjugaison mixte, il devrait pouvoir dire, au moins, que ses formes se construisent partiellement selon les règles de la conjugaison dominante, et, pour une autre part, de façon particulière. L’élève devrait encore assimiler à la conjugaison dominante les finales en –e/–es/–e du présent de l’indicatif, et à la conjugaison mixte les finales en –s/–s/–t. Il devrait de plus pouvoir dire qu’appartiennent à la conjugaison dominante les verbes d’infinitif en –er ; et à la conjugaison mixte, les verbes d’infinitif en –ir, –oir et –re. Il gagnerait enfin à pouvoir citer comme modèle de la conjugaison dominante le verbe « chanter », et comme modèle de la conjugaison mixte le verbe « vivre ». Ce sont là toutefois des connaissances d’allure théorique que le maître doit chercher à dépasser. Le maître perspicace cherchera à augmenter la maîtrise véritable, et donc orale, de la conjugaison par ses élèves. Or cette maîtrise véritable ne peut être celle du jeu des articulations de l’infinitif et du présent de l’indicatif, avec ou maintien ou suppression de la consonne centrale. Du moins pas d’entrée de jeu. Et pas surtout en regard de la conjugaison mixte. Si, en effet, il est aisé dans le cadre de la conjugaison dominante de dériver de la forme « chanter », par suppression de la finale –er, les formes du présent en –e/–es/–e, la maîtrise du procédé de dérivation en cause dans la conjugaison mixte pourra n’être atteinte aisément et efficacement que par un petit nombre d’élèves. Tout en y travaillant, le maître gagnera donc à faire porter également ailleurs l’initiation à la conjugaison, mixte surtout. Cet ailleurs se trouve dans un appel au jeu de la mémoire des formes orales, un effort à faire suivre de la tâche d’écriture. Au jeu de la mémoire, il paraît utile d’amener l’élève à passer d’un « chanter » à un « je chante », et d’un « vivre » à un « je vis », le second passage se révélant à tout le moins délicat. Cette initiation gagnera à des exercices de généralisation :

partir: aujourd’hui, je ? dormir: aujourd’hui, je ?

sortir: aujourd’hui, je ? Ces exercices rejoignent, en théorie du moins, le jeu oral conceptuel de la parole courante.

suite …

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Grammaire des maîtres Page 3 (D2) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (La ... mixte) A D G L … suite Il restera l’initiation à l’écriture. L’élève doit écrire « je pars » et non « je pare » pour « partir », et « je dors » et non « je dore » pour « dormir ». Ici, la maîtrise s’imposera de la règle que les finales d’infinitif en –ir, –oir et –re mènent à des finales de présent en –s –s –t. Que, complémentairement, la finale d’infinitif en –er commande des finales de présent en –e/–es/–e. Les propos qui précèdent font prendre conscience des efforts que demande aux élèves la tâche de produire la forme correcte d’un verbe, et celle, complémentaire, d’en concrétiser l’orthographe. Le jeu de mémoire qui vient d’être suggéré gagnera à être étendu à la production des formes du passé, et même du futur : si aujourd’hui, je dors, si aujourd’hui, je dors, hier, j’ai dormi ou je dormais ; demain, je dormirai ; si aujourd’hui, je mens, si aujourd’hui, je mens, hier, j’ai menti ou je mentais ; demain, je mentirai. Le Fascicule FRAMÉE nº 19 propose tout le matériel didactique nécessaire à ces enseignements. Un maître gagnera à s’y référer. Il y a peut-être, en conclusion, à réaffirmer, dans l’esprit d’en prendre claire conscience, que les efforts demandés aux élèves en regard des verbes de conjugaison mixte sont importants. L’approche de grammaire logique et raisonnée, si elle fournit de fins outils d’apprentissage et d’enseignement, n’écarte pas les embûches et ne dispense pas les élèves des efforts de compréhension à poursuivre.

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Grammaire : approfondissements À lire préalablement : *Conjugaison (ABC de la …) *Congugaison (Initiation à la …) *Conjugaison dominante *Conjugaison (Système de la …) Si la plupart des verbes du français construisent leurs formes selon les règles d’une *Conjugaison dominante et le respect d’un *Système de la (conjugaison) sous-tendant, il est quelques centaines de verbes dont les formes répondent à un modèle dit de conjugaison mixte, modèle qui se retrouve dans la *Conjugaison du verbe « vivre ». Ce type de conjugaison est dit « mixte », en grammaire logique et raisonnée, pour ceci que si une partie des formes des verbes ainsi construits respecte les règles de la conjugaison dominante, l’autre partie des formes répond à des règles propres particulières. C’est ainsi que nombre des formes des verbes de conjugaison mixte ne se construisent pas autrement que ne le fait la conjugaison dominante. Comparer : chanter > chantons > chantais > chantant et vivre > vivons > vivais > vivant. Par contre, ces verbes de conjugaison mixte présentent également des formes propres. Ainsi, et d’abord, selon le modèle du verbe « vivre », des formes comme

(je) vi –s, (tu) vi –s, (il) vi –t, des formes dont il importe de comprendre les règles de construction. Les formes vi –s / vi –s / vi –t s’écartent de deux façons des formes de la *Conjugaison dominante. D’abord et fort évidemment par leurs finales en –s/–s/–t. Mais aussi par leur recours à un radical court, lequel n’est autre que le radical long habituel, privé de sa consonne finale. Le recours à un double modèle schématique éclairera utilement le propos.

Modèle de « chanter » Modèle de « vivre » –e –es chant –e –ons –ez

–s –s vi –t viv –ons –ez

–ent chant t er –ent VI V re

suite …

Grammaire des maîtres Page 5 (G2) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (La ... mixte) A D G L … suite Le verbe « chanter » tire de la forme de l’infinitif un radical long « chant– » auquel la consonne centrale « t » sert de consonne finale. Ce radical long, unique, sert de radical pour les formes de toutes les personnes au présent. Le verbe « vivre », pour sa part, utilise, lui aussi et de la même façon, le radical long obtenu par retrait de la finale « –re » à la forme de l’infinitif, et s’en sert pour construire les formes des personnes du pluriel du présent de l’indicatif. Soit donc : (nous) VIV –ons, (vous) VIV –ez, (ils) VIV –ent. Toutefois, le verbe « vivre » utilise différemment un radical court pour construire les formes des personnes du singulier du présent de l’indicatif, soit le radical long privé de sa consonne finale, consonne habituellement dite centrale. Et donc : (je) VI –s, (tu) VI –s, (il) VI –t. Ainsi donc les verbes de conjugaison mixte, à l’instar du verbe « vivre », se distinguent par leurs règles de construction des formes des personnes du singulier du présent de l’indicatif. Soit donc : • par le recours à des finales en –s/–s/–t, • et le recours à un radical court. À côté de ces formes propres particulières, les verbes de conjugaison mixte comptent d’autres formes s’écartant de celles de la conjugaison dominante. Ce sont, pour le verbe modèle « vivre », les formes (je) vécus, […], (ils) vécurent, vécu(e)(s) du passé simple et du participe passé. Ce sont là des formes anciennes issues des aléas de l’évolution historique et conservées en raison d’un fréquent usage. Ces formes ont connu leurs règles de construction, mais ces règles sont maintenant ou inopérantes, ou de si difficile maniement qu’il ne convient pas de chercher à s’y introduire systématiquement. Ce qui n’empêchera pas qu’à l’occasion il puisse être utile de faire voir l’origine et la justification de quelque forme étonnante ; de telles incursions ont toujours cet effet de contrer l’insatisfaction que crée le mystère en apparence insoluble et de consolider les emplois de l’usage. Les mécanismes réglant la construction des verbes de conjugaison mixte ayant été exposés et compris, il s’impose de pousser un peu plus loin l’analyse. Les maîtres convaincus et les passionnés de la langue y prendront le plus grand plaisir et y trouveront un précieux soutien à leur compréhension.

suite …

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Grammaire des maîtres Page 6 (G3) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (La ... mixte) A D G L … suite Derrière les mécanismes de surface de la conjugaison, il se trouve une structure porteuse, sous-tendante, celle du *Système de la … (conjugaison). Cette structure porteuse est particulièrement nette pour ce qui est des formes des personnes du singulier du présent de l’indicatif. Ainsi, pour

(je) vi –s, (tu) vi –s, (il) vi –t. La forme « vi –t » de troisième personne se présente comme forme « première », de détente normale, habituelle. La forme « vi –s » de deuxième personne signale par son « s » final le début de surcharge de détente, surcharge se continuant en première personne. La représentation didactique suivante peut soutenir la compréhension : (je) v i i i (s) ↑ (tu) v i i (s) ↑ (il) v i (t) La détente de système est portée, en conjugaison mixte, par la voyelle, soit par la voyelle « i » dans les formes du verbe « vivre ». Les finales elles-mêmes méritent également quelque appesantissement. Le « t » de troisième personne, d’origine archaïque profonde, sert de symbole distinct de forme première. Sa valeur ne s’affirme-t-elle pas dans nombre d’emplois, tels « Va-t-il ? », « Est-il ? », « Chante-t-il ? », « Viendra-t-il ? », et dans combien d’autres encore ! La finale « s » de deuxième personne se retrouve, pour sa part, dans la finale en « –es » de la conjugaison dominante, avec la même valeur de signe de surcharge. Quant au « s » final de première personne, il est, à l’image du « –e » de première personne de la conjugaison dominante, le résultat d’un emprunt, par imitation, de la finale « –s » de deuxième personne, et à titre et par nature, signe et symbole de la simplification ultime qu’est l’amuïssement de la consonne centrale dans les formes des personnes du singulier que sont « je vis », « tu vis », « il vit ». Tel est pour l’essentiel le mécanisme de la conjugaison mixte et tels sont ses liens principaux les plus évidents avec le système conceptuel sous-tendant. Il va de soi que la compréhension résultant de telles analyses mène à écarter les appellations de « verbes irréguliers » et de « conjugaison irrégulière » de la grammaire traditionnelle, laissant entendre à tort une conjugaison sans ordre, et des formes de verbes sans justifications aucunes. L’appellation de conjugaison « mixte » de la grammaire logique et raisonnée laisse, au total, mieux entrevoir la réelle nature des verbes s’inscrivant dans ce type de conjugaison.

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Grammaire des maîtres Page 7 (L1) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (La ... mixte) A D G L

Linguistique : approfondissements L’appellation « dominante ». La consonne axiale. Texte à venir !

Grammaire des maîtres Page 1 12-06-06 (13-08-29) Index Conjugaison (La finale « –nt » du pluriel dans la …)

Essai La finale en –nt de la troisième personne du pluriel du présent de l’indicatif, ainsi dans « ils aimeNT », présente le problème de son origine. Or, il s’avère qu’il faut remonter au latin pour retrouver la source de cette finale –nt. Ainsi dans ces formes du latin :

delet (il détruit) amat (il aime) delent (ils détruisent) amant

(ils aiment)

Il s’impose au plus rapide examen que la finale –nt de la troisième personne du pluriel apparaît en surcharge de la finale en –t de la troisième personne du singulier. Toutefois, ce lien n’est plus net en français moderne, la finale –t étant disparue en *Conjugaison dominante (il aime) et n’ayant plus de qualité expansive en *Conjugaison mixte (il vit/ils vivent), ne se prononçant plus (sauf en liaison). Une présentation à des élèves de l’origine de la finale –nt devra donc faire appel aux formes latines, et faire voir, en complément, l’origine de la forme actuelle du français. Ainsi pour le verbe être : est

… était la forme du singulier du verbe latin « esse ». Toutes les lettres se prononçaient.

sunt

… était la forme du pluriel. Ici encore toutes les lettres se prononçaient.

Il faut maintenant voir comment s’est mené le passage du singulier latin est au pluriel sunt

.

Soit donc en premier temps : es(en)t

Pour obtenir le pluriel, à partir de la forme « est » du singulier, il intervient un renforcement de la finale [t] en [nt] avec ajout d’une voyelle de soutien.

sunt La disparition de la voyelle [è] d’attaque entraîne un renforcement de la voyelle centrale porteuse en « u », prononcé [ou]. Cette finale en « -unt

habe

» se retrouvait d’ailleurs dans les formes latines qu’étaient

unt et

(ils ont)

faciunt

(ils font)

sont

Dans le cours de l’évolution menant du latin au français, la voyelle est devenue une voyelle nasale [on], en imitation des formes « ont » et « font ».

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Grammaire des maîtres Page 2 12-06-06 (13-08-29) Index Conjugaison (La finale « –nt » du pluriel dans la …) La démonstration pourrait de même se faire pour les verbes « avoir » et « faire », quoique moins facilement. Soit : Habet / habeunt > (h)a(b)ent > aunt > ont > on(t) (il a) (ils ont) Ou encore : Facet / faciunt : fa(ci)unt > font > fon(t) (il fait) (ils font) Pour approfondissement, il est indispensable de référer aux enseignements de la linguistique psychomécanique. Le linguiste Gustave Guillaume, sans référer à l’origine de la finale –nt de la troisième personne du pluriel, affirme qu’en français moderne ladite finale a pris une signification nouvelle, différente. La finale –nt aurait perdu son sens d’une personne de troisième rang, pour adopter le sens d’un pluriel étendu, d’un pluriel de masse, d’un pluriel anonyme, à l’intérieur duquel se perdrait, par affaiblissement, la référence à troisième personne. La forme en –nt dite de troisième personne du pluriel aurait rejoint dans sa valeur la forme du participe présent, elle-même en –nt (chantant, vivant

) : les deux formes (« chantent » et « chantant ») présenteraient donc des finales neutres, capables de porter et le nombre (pluriel restreint ou de masse), et la personne qu’impose le contexte de la phrase.

C’est ainsi que si le participe présent était, en latin, variable, en français moderne, il a adopté un empan lui permettant de porter toutes les personnes et les deux nombres, dans une forme fixe, non variable.

Adoptant cela, elle consentit à le faire. ––––––– ––– , il consentit à le faire. ––––––– ––– , ils consentirent à le faire.

Quant à l’usage généralisé de la finale –nt (chantaient, chantèrent, chanteront, chanteraient

), cet usage généralisé s’observait déjà en latin, toutes les formes des troisièmes personnes du singulier portant une finale en –t, et toutes les formes des troisièmes personnes du pluriel portant une finale en –nt. L’explication produite n’a référé qu’aux formes du présent de l’indicatif pour des motifs de simplification et vaut donc pour tous les temps de tous les modes.

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Grammaire des maîtres Page 1 (A1) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Le système de la …) A D G L

Aperçu de grammaire Le départ du système de la conjugaison du verbe français est ce qu’illustre le modèle schématique suivant :

Présent de l’indicatif :

(je) CHANT –e

↑ (tu) CHANT –es

↑ (il) CHANT –e

↓ (nous) CHANT –ONs

↓ (vous) CHANT –EZ

↓ (ils) CHANT –ent

La forme verbale de départ est celle de la troisième du singulier du présent de l’indicatif :

[(il) CHANT –e]. À partir de cette forme « première » se construisent successivement dans la pensée les formes de la deuxième personne du singulier [(tu) CHANT –es] et de la première personne du singulier [(je) CHANT –e]. Les formes du pluriel se construisent de même, dans la pensée toujours, à partir de la forme « première » de la troisième personne du singulier : [(nous) CHANT –ONS], [(vous) CHANT –EZ], [(ils) CHANT –ent]. C’est à partir de cette structure des personnes et des formes des personnes du singulier du présent de l’indicatif que se construisent les formes des autres temps et des autres modes de la conjugaison. Ce qui peut se représenter succinctement, dans un modèle schématique, comme ceci :

suite …

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Grammaire des maîtres Page 2 (A2) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Le système de la …) A D G L … suite

Hier, Aujourd’hui, Demain, (je) CHANT –AIS ← (je) CHANT –e → (je) CHANT –e –RAI

↑ (il) CHANT –e

CHANT –ER

Dans l’esprit du parlant français, la pensée se porte d’une représentation du présent et de la concrétisation de la forme qui la porte [Aujourd’hui, je CHANT –e] à une représentation du passé et à la concrétisation de la forme porteuse [Hier, je CHANT –AIS]. Et de même pour le futur : [Demain, je CHANT –e –RAI]. La structure du verbe comporte un autre rapport majeur, celui de la forme « première » [CHANT –e] à la forme du présent de l’infinitif [CHANT –ER]. Ce qu’il faut en comprendre est que la forme « première » porte la représentation du certain, du concret, alors que la forme du présent de l’infinitif porte la représentation d’un virtuel. C’est pourquoi d’ailleurs la forme du présent de l’infinitif est vue et sert de nom au verbe : c’est le verbe [chanter], dit-on, sans même s’arrêter à réfléchir. Tels sont, succinctement, le système de la conjugaison et la structure qui en porte les formes.

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Grammaire des maîtres Page 3 (D) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Le système de la …) A D G L

Didactique : approfondissements Un élève gagnera à voir dans la conjugaison des verbes plus qu’un ensemble hétéroclite de formes. Il doit voir et comprendre le lien qui unit, dans la construction des formes, la forme du présent de l’infinitif et celle de la troisième personne du singulier du présent de l’indicatif. Il doit voir le rôle de forme « première »de la forme [CHANT –e] et le rôle de représentation « théorique » (ou virtuelle) de la forme [CHANT –ER], ou le rôle pour la *Conjugaison mixte, de la forme [VI –t], comparé au rôle de la forme [VI –VRE]. Voici d’ailleurs, en modèle schématique, la représentation des formes du verbe « vivre », de conjugaison mixte :

(je) VIV –AIS ← (je) VI –s → (je) vi –v –RAI

↑ (il) VI –t (nous) VIV –ONS

VI –V –RE

Passé les rôles respectifs de la forme « première » [VI –t] et de la forme « théorique » [VI –V –VRE], l’élève verra les liens qui guident la construction plus complexe des formes dans la conjugaison mixte. La conjugaison mixte présentant, en effet, une consonne centrale instable, amüie ou supprimée dans [VI –t], mais présente dans [VIV –ons], [VIV –ais] et [VIV –rai]. L’élève qui envisagera la conjugaison des verbes dans le cadre de tels liens et de tels rapports mémorisera beaucoup plus facilement les formes diverses des verbes, se les expliquant au passage. Le maître, pour sa part, trouvera dans ladite approche des moyens facilitant la présentation et l’enseignement des verbes à ses élèves, comme il y trouvera d’ailleurs des outils explicatifs pour les formes présentant des écarts de construction. Références utiles : Roy, Raymond Claude, Fascicule 19. Roy, Raymond Claude, Fascicule 20 (en préparation). Roy, Raymond Claude, Fascicule 21 (en préparation). Roy, Raymond Claude, Fascicule 22. Roy, Raymond Claude, Fascicule 23.

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Grammaire des maîtres Page 4 (G1) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Le système de la …) A D G L

Grammaire : approfondissements Un maître gagnera à bien établir dans la tête de ses élèves une vision de la structure du verbe français en tant que porteuse du système de la conjugaison. Pareille approche est proposée dans le Fascicule FRAMÉE nº 19. En bref, il y est proposé tout d’abord d’éveiller les élèves aux messages de l’oral et de l’écrit : « la langue (nous) parle ! » Et de concrétiser à l’aide des formes les plus « parlantes », celles du verbe « aller » :

je v a i s [è]

tu v a s [aa]

il v a [a] Le passage, la progression, clairement annoncé à l’écrit par le rendu d’une lettre, deux lettres, puis trois lettres, est celui d’un simple [a], à un [aa] plus tendu, puis à un son voyelle [è]. Les formes des personnes du singulier du présent du verbe « avoir » sont aussi très parlantes :

j’ a i ↑ [é]

↑ tu a s [aa]

↑ il a [a]

Le passage dans ces formes est celui d’un léger [a], à un [aa] plus long et plus tendu, et, par un saut de position, au son voyelle [é], ledit saut pouvant être symboliquement vu comme annoncé par l’écriture de la forme « ai » dans sa comparaison à la finale « ais » de « je vais ». L’élève retiendra deux données s’ajoutant à celle que « La langue (nous) parle ! ». La seconde donnée est que « La forme de première personne du présent est le plus souvent mystérieuse ! » Et la troisième, que « Le « s » écrit des deuxièmes personnes est partout le Signe, le Symbole de la Surcharge portant la hiérarchisation des formes ! » Ces trois données gagneront à être clairement comprises et bien retenues.

suite …

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Grammaire des maîtres Page 5 (G2) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Le système de la …) A D G L … suite Elles permettront d’ailleurs de comprendre et de s’expliquer les formes de la conjugaison dominante et de la conjugaison mixte, dans la conscience de leur hiérarchisation. Le tout sous la représentation suivante : (je) CHAN T T T –e (JE) V i i i –s ↑ ↑ (tu) CHAN TT –es (tu) V i i –s ↑ ↑ (il) CHAN T –e (il) V i –t Tout ceci est longuement expliqué dans le Fascicule FRAMÉE nº 19. Que le maître doive se donner des connaissances peu courantes pour pouvoir prodiguer cet enseignement ne fait pas de doute. Il se verra toutefois si bien récompensé de ses efforts par les succès de ses élèves qu’il en redemandera. D’ailleurs, sur la base de ces connaissances touchant au système de la conjugaison, le maître voulant prolonger cet enseignement se référera (sic) à l’article *Conjugaison (Tableau complet de la …).

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Grammaire des maîtres Page 6 (L1) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Le système de la …) A D G L

Linguistique : approfondissements La conjugaison du verbe français repose sur une structure porteuse et les formes des verbes trahissent cette structure par les liens qu’elles entretiennent. Il y a donc un système de la conjugaison combinant structure et mécanisme. La structure repose au départ sur la place primordiale qu’occupe la troisième personne, personne « première ». Les noms ne sont-ils pas de troisième personne ! Et s’il n’y avait qu’une personne dans la langue, cette personne ne serait-elle pas la troisième personne ! Quant à elles, les première et deuxième personnes se présentent comme des avatars résultant d’effets d’expressivité. Il y a là le départ de structure :

1re personne du singulier, ↑

2e personne du singulier, ↑

3e personne du singulier. Les personnes dites du pluriel résultent de combinaisons conceptuelles, s’illustrant bien comme ceci : 1re p.s. 1re p.pl. 2e p.s. 2e p.pl. 3e p.s. 3e p.pl. Les 1re et 2e personnes du pluriel sont des « personnes doubles » et la 3e personne du pluriel une personne simple, la même (selon l’appellation et les vues du linguiste Gustave Guillaume). Les formes verbales adoptées dans la conjugaison des verbes du français laissent voir cette structure, la dénoncent même à qui sait en faire la lecture.

suite …

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Grammaire des maîtres Page 7 (L2) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Le système de la …) A D G L … suite Reste à examiner les rapports de structure des temps et des modes. S’il va de soi que ce seul article ne peut présenter un exposé complet de la question, il est quand même utile d’en produire une vue d’ensemble. Se présentent d’abord le présent du mode indicatif :

ω ω ω

α α α o

Sa composition est celle d’instants de non accompli (α α α) et d’instants d’accompli (ω ω ω). Des jeux d’instants livrent, en spatialisation, les emplois de différentes valeurs du présent de l’indicatif. Un second système construit et fonctionnant dans le présent de la pensée vient compléter celui de représentation spatiale du présent :

imparfait

passé simple

conditionnel

futur simple seuil du présent

La conjugaison des verbes se développe dans le respect de cette structure : CHANT –AIS CHANT –e –RAIS

CHANT –e CHANT –AI CHANT –e –RAI La forme première du présent livre le radical [CHANT –], à partir duquel se construisent autant les formes des temps simples du passé que les formes des temps simples du futur de l’indicatif. La structure se donne en complément le mode subjonctif et le mode quasi-nominal (appellation retenue par le linguiste Gustave Guillaume pour réunir en un seul ensemble les formes des participes présent et passé, et de l’infinitif présent).

suite …

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Grammaire des maîtres Page 8 (L3) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Le système de la …) A D G L … suite La structure complète prend l’allure suivante :

Système du présent

passé

futur

Système du … et du … Système du subjonctif

participes

infinitif

Système du quasi-nominal

suite …

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Grammaire des maîtres Page 9 (L4) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison (Le système de la …) A D G L … suite Encore ici, les formes verbales épousent les mouvements de la structure. Le subjonctif présent se modèle sur les formes du présent de l’indicatif. Soit :

CHANT –ONS VIV –ONS

CHANT –IONS VIV –IONS De même, les formes des temps du passé de conjugaison se modèlent sur les formes du présent de l’indicatif :

CHANT –AIS CHANT –AI

CHANT –ANT CHANT –É

La forme du présent de l’infinitif montre, quant à elle, des liens de dérivation historique à partir des formes du futur : AIS

CHANTER AI Ces liens de dérivation inscrits dans l’histoire de l’évolution de la langue mériteraient de longues explications. Le maître intéressé trouvera des développements dans la leçon 5 du Fascicule FRAMÉE nº 19, de même que dans les analyses complémentaires des fascicules nº 20, nº 21 et nº 22, sur les différents verbes. Le propos ne peut se terminer sans un retour sur les liens étroits de la forme « première » du présent de l’indicatif et du présent de l’infinitif :

CHANT –e VI –t

CHANT –ER VIV –RE

suite …

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Grammaire des maîtres Page 10 (L5) 12-02-28 (12-11-21) Index Conjugaison (Le système de la …) A D G L …suite La forme du présent de l’indicatif est porteuse de la représentation la plus concrète et la plus immédiate dans le temps ; la forme du présent de l’infinitif est, pour sa part, porteuse de la représentation la plus théorique, virtuelle, du « procès » qu’évoque le verbe. Les deux formes occupent les positions extrêmes de la structure :

En résumé, et pour conclure, la conjugaison du verbe français est organisée en « un système de systèmes ». Les formes verbales se construisent à partir de liens sémiologiques épousant au plus près possible les rapports qu’entretiennent les éléments de la structure, éléments que sont les formes des personnes des différents temps des différents modes.

indicatif présent

subjonctif présent

infinitif présent

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Grammaire des maîtres Page 1 (A) 12-02-28 (12-11-21) Index Conjugaison (Tableau complet de la …) A D G L

Aperçu de grammaire Conjugaison

Dominante Mixte 10 … de base – en –e/–es/–e – à consonne centrale constante chanT er > chanTons > chanTe

40 … de base – en –s/–s/–t – à consonne centrale instable viVre > viVons > vis

± 4 000 verbes ± 50 verbes Cas : à orthographe particulière nager > nageons > nage placer > plaçons > place

Cas : à forte conjugaison dominante ouVRir > ouVRons > ouvrE

20 … à accentuation 50 … à accentuation

lEver > lEvons > lÈve cÉder > cÉdons > cÈde

± 100 verbes

sAvoir > sAvons > sAIs

vOUloir > vOUlons > vEux ± 20 verbes

30 … à semi-consonne 60 … à semi-consonne

essuYer > essuYons > essuIe paYer > paYons > paYe ou paIe

± 100 verbes

croIre > croYons > croIs

± 20 verbes

70 … à infinitif réduit

finir > finiSSons > finis connaître > connaiSSons > connais

lire > liSons > lis ± 200 verbes

80 … à consonne vestigiale 100 … à formes proto-archaïques

craiNdre > craiGNons > craiNs

être > suis > êtes > fut > serai avoir > ai > avez > eus > aurai dites

résoudre >résoLVons > résOUs courir >courons >couRs

± 20 verbes

aller > vais > allez > allai > irai 90 … à consonne graphique

Plus : faites, font

vendre > vendons > venDs coudre > cousons > couDs perdre >perdons >perDs ± 20 verbes

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Grammaire des maîtres Page 1 (A) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison du verbe « avoir » A D G L

Aperçu de grammaire

aurais*

avais

ai

aurai*

as

a

(eus)*

avons

avez

(ayant)*

ont

(eu(e)(s))*

a

v

oir

... que j’aie*

... qu’il ait*

... que nous ayons*

* Formes à bien observer. L’impératif utilise des formes tirées du subjonctif : aie, ayez, ayons.

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Grammaire des maîtres Page 2 (D) 11-03-14 (13-05-14) Index Conjugaison du verbe « avoir » A D G L

Didactique : commentaires Les élèves apprennent très tôt à écrire les différentes formes du verbe « avoir ». Un maître averti gagnerait à étoffer ou épaissir ces apprentissages de remarques éclairantes. Les élèves apprendraient mieux et plus vite, en s’expliquant, ne serait-ce que partiellement, le côté aberrant de certaines formes verbales. Les élèves gagneraient énormément à s’expliquer les orthographes des formes ai/as/a, et à comprendre, entre autres, le rôle de la finale « –s ». Ils gagneraient à apercevoir les traits de régularité des formes à radical long que sont « avoir », « avons » et « avait ». Ils gagneraient à s’expliquer, ne serait-ce que minimalement et tentativement, les formes « aie », « ait », « ayant » et « aurai ». À la fois de conjugaison archaïque et de conjugaison dominante, le verbe « avoir » présente dans ses formes écrites l’entier du système de la conjugaison du verbe français. Un maître ne doit pas négliger les acquisitions de connaissances que permettent les explications touchant les formes et la conjugaison de ce verbe.

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Grammaire des maîtres Page 3 (G1) 11-03-14 (13-05-14) Index Conjugaison du verbe « avoir » A D G L

Grammaire : approfondissements

Le présent de l’indicatif Les formes « avons » et « avez » sont construites selon les règles des verbes de *Conjugaison dominante à partir d’un radical long avec consonne centrale.

av –ons av –ez

a v oir

Les formes des personnes du singulier se construisent à l’aide d’un radical court (le radical long privé de la consonne centrale), suivant en cela les règles de construction de la * Conjugaison mixte.

ai ↑ as ↑ a

a v oir

Toutefois, les formes du verbe « avoir » présentent ceci de particulier qu’elles confondent en elles radical et désinence. Ce qui les rapprochent des finales en –e/–es/–e de la *Conjugaison dominante, soit

voyelle/voyelle + s/voyelle. La forme « ont » est issue d’un ancien [ºaunt] : cette forme est à rapporcher des formes « sont », « vont », « font », toutes d’une seule syllabe.

Le par ticipe présent La forme « ayant » se substitue à la forme qu’aurait été régulièrement la forme « avant ». Or « avant » est une forme à nature de préposition, d’un usage fréquent. La langue a eu recours à une forme tirée du subjonctif, du type de « ayons », « ayez ». Le verbe « savoir » présente un participe « sachant » de semblable construction.

suite …

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Grammaire des maîtres Page 4 (G2) 11-03-14 (13-05-14) Index Conjugaison du verbe « avoir » A D G L … suite

Les futurs simple et conditionnel Les formes « aurai » et « aurais » originent de l’évolution d’un ancien infinitif oral :

ºavwèr > ºawèr > ºaour – ai > aur – ai. Certaines de ces prononciations s’entendent encore au Québec en langue populaire. De même source, l’infinitif « avoir » constitue une forme historiquement tôt « corrigée » à fin de simplification et d’embellissement de la langue.

Le passé simple et le par ticipe passé Les formes « eus » et « eu » présentent une voyelle « e » rappelant le radical « a », mais en forme affaiblie. Il est à remarquer qu’il faut prononcer {u} en un seul son.

Le subjonctif Les formes « ayons » et « ayez » du subjonctif originent régulièrement d’une ancienne forme de la 1re personne du singulier du présent de l’indicatif. Les formes « aie », « aies », « ait » et « aient » sont des formes historiquement « corrigées » par souci de simplification et d’embellissement. Les anciennes formes de type « aye » s’entendent encore souvent en langue québécoise populaire. Les orthographes « aie » et « aies » utilisent des finales reprenant celles de la *Conjugaison dominante. La finale « ait » de troisième personne reçoit la finale en « t » de la forme « soit » du verbe « être ». La raison de cet écart pourrait tenir à une habitude orale de liaison en « t », imitant la forme « soit ». Et peut-être à un rapprochement de la forme du pluriel « aient ». Il faut remarquer également que les formes « ayons » et « ayez », à l’image de « soyons » et « soyez », s’écrivent sans finales « ions » et « iez » (comme le font tous les autres verbes). Cette simplification tiendrait à ce que la mouillure porteuse de la surcharge conceptuelle soit devenue très nette en regard des formes simplifiées du singulier en « aie », « aies » et « ait ».

L’impératif L’impératif utilise des formes tirées du subjonctif. La raison en est qu’il ne peut être « commandé » d’avoir. Dans « Aie raison », « N’ayez pas tort », et autres emplois de l’impératif, le sens est d’un niveau virtuel, de l’ordre d’une recommandation, sans plus. Ce « recul conceptuel » appelle un recul matériel menant du mode indicatif au mode antécédent et affaibli qu’est le mode subjonctif.

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Grammaire des maîtres Page 5 (L1) 11-03-14 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « avoir » A D G L

Linguistique : approfondissements Les analyses de ce volet d’approfondissements linguistiques continuent les explications du volet précédent d’approfondissements de grammaire : la lecture préalable s’en impose donc. Le radical long « av- » présent dans la forme de l’infinitif « avoir », selon les règles de construction des verbes de *Conjugaison mixte, livre régulièrement les formes du pluriel du présent « avons » et « avez », de même que les formes de l’imparfait « avais » et autres. Les désinences de l’imparfait ont été obtenues par évolution phonétique régulière :

habebat > ºabeat > ºaveit > ºavoit > avait. « […] ces désinences […] se sont généralisées à tous les imparfaits français, et à tous les conditionnels (Le Goffic, p.45). » Ces formes du verbe « avoir » ont donc joué un rôle majeur dans les choix de construction des verbes. Les formes du singulier du présent de l’indicatif ai/as/a, ont aussi joué un rôle important dans l’élaboration des règles de construction des verbes de *Conjugaison dominante. Toutefois ce rôle est plus difficile à percevoir. Concrètement, les formes ai/as/a présentent déjà des finales zéro/s/zéro, un système qui sera celui des verbes de *Conjugaison dominante, soit voyelle/voyelle +s/voyelle. De plus de portée encore, les formes ai/as/a laissent voir très nettement le système porteur de la conjugaison française.

ai personne finale de détente maximale ↑ ↑ a (s) personne autre de détente augmentée ↑ ↑ a personne première de détente normale

La détente maximale cause le passage de la voyelle ouverte [a] à la voyelle plus fermée et plus tendue [e].

suite …

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Grammaire des maîtres Page 6 (L2) 11-03-14 (12-11-21) Index Conjugaison du verbe « avoir » A D G L … suite Les deux premières personnes du pluriel, comme à part dans le système, sont de détente normale, leur valeur étant traduite et portée par les désinences « –ons » et « –ez ». La troisième personne du pluriel est aussi de détente maximale (ou forte), cette augmentation de détente étant traduite à l’écriture par la finale « –nt ». On lira avec profit les propos de Gustave Guillaume dans ses Leçons de linguistique. (Tome 14, pp.110 à 113). Ce système porteur est très net également dans les formes vais/vas/va : l’article sur la *Conjugaison du verbe « aller » gagnerait à être lu. Les formes de la *Conjugaison du verbe « être » ne sont pas sans être également « parlantes » dans leur production orale. Quoique plus difficiles d’interprétation, les observations à y faire sont éclairantes. Enfin, les formes « eus », « aurai », « ayant » et « aie » ont été présentées et expliquées dans le volet de grammaire : on s’y réfèrera.

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Grammaire des maîtres Page 1 (A) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « chanter » A D G L

Aperçu de grammaire

INDICATIF

Passé …imparfait

…simple

Présent

Futur …conditionnel

…simple

chante –rais

chant–ais chant –ai

chant –e

chante –rai

chant –es

chant –e

chant –ons

chant –ez

chant–ant

chant –ent

chant –é

chan t

er

…présent

…passé

... que je chante

... que nous chantons

… présent

PARTICIPE SUBJONCTIF

INFINITIF

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Grammaire des maîtres Page 1 (A1) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « connaître » A D G L

Aperçu de grammaire

INDICATIF

Passé …imparfait

…simple

Présent

Futur …conditionnel

…simple

connaî –trais

connaiss–ais

connai –s

connaî –trai

connai –s

connaî –t

connus

connaiss –ons

connaiss –ez

connaiss–ant

connaiss –ent

…présent

PARTICIPE

…passé

connaî ?

tre

connu

... que je connaiss –e

... que nous connaiss–ions

… présent

SUBJONCTIF

INFINITIF

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Grammaire des maîtres Page 2 (D1) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « connaître » A D G L

Didactique : commentaires Très utilisé oralement, le verbe « connaître » ne pose pas de grandes difficultés aux élèves, ni oralement, ni à l’écrit. Sauf pour l’accent circonflexe, qui, maintenant, d’après l’Orthographe nouvelle peut ne pas apparaître. Il pourrait être utile pour l’élève de rapprocher la construction de ce verbe de celle de « finir », et même de « lire ». C’est-à-dire de bien le voir comme un verbe à consonne centrale ajoutée –ss– dans la formation du radical long. Et d’avoir conscience du champ d’utilisation du radical court. Le maître aguerri voudra peut-être utiliser la présence de l’accent circonflexe pour en faire comprendre l’apparition et le rôle. Et de même son rôle dans l’apparition à l’oral du [t] d’ajout spontané (savamment, « épenthétique », au sens de « surajouté »). La parenté des formes en –u du participe passé et du passé simple est à faire remarquer.

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Grammaire des maîtres Page 3 (G1) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « connaître » A D G L

Grammaire : approfondissements Le verbe « connaître » est un verbe de conjugaison mixte. Ce dont attestent :

– sa finale d’infinitif en –re, – ses finales de présent en –s/–s/–t, – l’utilisation et d’un radical court (« connai– ») et d’un radical long (« connaiSS– »).

Pourtant le verbe « connaître » n’est pas à ranger dans la catégorie générale des verbes de conjugaison mixte, verbes ayant pour modèle le verbe « vivre ». C’est là une conclusion qui s’impose à l’examen des rapports de construction infinitif/présent de l’indicatif : connaî –t ?? –ons

connaî ?

tre

En effet, si la forme de l’infinitif livre bien le radical court « connaî– », elle ne comprend, ni ne livre le radical long « connaiss– », ainsi qu’il devrait en être, à l’image du verbe « vivre ». Le verbe « connaître » reproduit la conjugaison des verbes du type de « finir », des verbes que la Grammaire logique et raisonnée qualifie de verbes à infinitif réduit ou, en termes didactiques, de verbes à consonne centrale ajoutée, ici –ss–. Le verbe « connaître » et les verbes du même type de conjugaison (tels « naître », « paraître », « croître ») relève donc de l’Ensemble septième de conjugaison avec les verbes des types de « finir » et « lire ». Deux observations complémentaires peuvent être utiles. La première touche la présence d’un accent circonflexe. Cet accent circonflexe s’est établi dans l’écriture pour signaler la surcharge de l’accentuation résultant de la disparition d’un [s] dont atteste la forme ancienne « connoistre ». Ledit accent n’apparaît que devant la lettre « t », l’accentuation s’étant, ailleurs, intégrée à la finale en –s. Il s’impose toutefois de mentionner que la Nouvelle orthographe suggère de ne plus utiliser d’accent circonflexe dans l’écriture du verbe « connaître » et des verbes de ce type, sauf dans les formes du verbe « croître » lorsque les formes se confondent à celles du verbe « croire ». Il peut être également intéressant de mentionner que le [t] de « connaîtrai » est, à l’infinitif et dans les formes des futurs simple et conditionnel, d’apparition spontanée, une rencontre « *connaisre », « *connaisrai » se révélant de prononciation impossible, sentie non acceptable.

suite…

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Grammaire des maîtres Page 4 (G2) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « connaître » A D G L …suite Une deuxième observation mérite d’être faite. La Grammaire logique et raisonnée reconnaît la double source possible des formes des futurs, ou source historique et conservée par l’usage à partir de la forme de l’infinitif, ou source moderne à partir de la forme du présent. Les deux sources se confirment pour ce verbe : connaîtr (e) + AI (s) ou connaî + TRAI (s) La construction ancienne rappelle la formation historique à l’aide du verbe « avoir » à titre d’auxiliaire de futur. La construction moderne confirme la voie orale de dérivation à partir du présent : aujourd’hui, je connais ; demain, je connaî –TRAI. Cette dérivation moderne accorde toute sa place à la finale « –RAI » dont le [R] est devenu et sert de son dénonciateur de la valeur de futur de la forme, selon l’opposition –AI/–RAI des verbes de la conjugaison dominante en « chantAI »/« chanteRAI ». Le verbe « connaître » est de conjugaison relativement facile et généralement bien maîtrisée par les élèves. Ses formes ne peuvent toutefois vraiment être comprises que par des analyses de linguistique historique. Ce dont se charge la section Linguistique : approfondissements qui suit.

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Grammaire des maîtres Page 5 (L1) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « connaître » A D G L

Linguistique : approfondissements La grammaire sait cataloguer le verbe « connaître » parmi les verbes à infinitif réduit, c’est-à-dire comme un verbe ne présentant pas son radical long dans la forme de son présent de l’infinitif. Ledit radical long étant construit par l’addition au radical court d’une consonne centrale d’apparition spontanée. Les choses sont quelque peu autres et d’explication plus fine. Dans les articles sur l’Ensemble septième de *Conjugaison et sur la *Conjugaison du verbe « finir », il est expliqué que les verbes du type de « finir » tirent leur radical long d’une tentative de conversion de ces verbes en verbes de valeur inchoative par addition d’un ensemble consonantique en –SC–, devenu –SS– en français. Ainsi dans « finiSSons », « finiSSais », « finiSSant ». Et que cet infixe –SS– ne s’est pas propagé ou ne s’est pas maintenu dans « finir », « finirai », « finis ». Même si la conjugaison du verbe « connaître » est identique à celle des verbes du type de « finir », son parcours historique diffère légèrement. La différence est essentiellement qu’en latin classique le verbe « connaître » était déjà un verbe de valeur inchoative et surtout de forme inchoative. Il avait la forme « cognosco », avec l’infixe –SC– porteur de valeur inchoative. Les formes modernes à infixe –SS–, ainsi « connaiSSons », « connaiSSais », « connaiSSant », trouvent là leur justification. Pour ce qui est des formes à radical court, elles s’expliquent de deux façons. Les formes des personnes du singulier du présent comme « connais » ont absorbé dans leurs finales en –S et –T l’infixe latin –SC–. Quant aux formes à radical court « connaître » et « connaîtrai », qui ont pu se présenter sous l’aspect de « cognoscere » et « cognoscerat », elles se sont reconstruites par analogie ou imitation sur les formes des verbes proches et sous l’influence du système porteur des valeurs des modes et des temps refusant la valeur inchoative aux temps de l’infinitif et des futurs. Il y a dans l’historique de reconstruction de ces formes une magnifique illustration du travail d’alignement et de recherche de conformité des « vieux » verbes à un modèle sinon unique, du moins répandu. Ont suivi le parcours historique du verbe « connaître » un petit nombre de verbes reconnaissables par leurs finales, soit « naître », « paraître », « croître », entre autres. Ces verbes présentaient en latin des constructions de type inchoatif : « naSCo », « pareSCo », « creSCo », et ont donc connu une évolution semblable à celle de « connaître ». L’apparition dans l’écriture d’un accent circonflexe a été expliqué dans la section des Approfondissements de Grammaire. Il resterait peut-être à approfondir un détail de portée didactique relativement à la forme de l’infinitif, détail qui pourrait intéresser – et amuser – les élèves. Il faudrait en effet décomposer structuralement l’infinitif non comme il est fait dans l’Aperçu, mais ainsi :

connai ^

tre

L’accent circonflexe est en effet le rappel de la présence de la consonne infixe –SS– et occuperait de façon justifiée la case vide allouée à la consonne centrale qui sert de consonne finale à la forme du radical long. Ce petit jeu de position ne manquera pas d’amuser les élèves, surtout s’ils sont provoqués à trouver eux-mêmes le juste emplacement à attribuer à l’accent circonflexe.

… suite

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Grammaire des maîtres Page 6 (L2) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « connaître » A D G L

… suite Au total, l’analyse de la conjugaison du verbe « connaître » mène à des approfondissements qui, quoiqu’aisés, permettent d’approfondir le jeu de l’évolution et de la reconstruction de la conjugaison des verbes du français.

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Grammaire des maîtres Page 1 (A) 11-03-14 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « être » A D G L

Aperçu de grammaire

serais

suis

serai

es

était

est

sommes

(fus)

êtes

étant

sont

été ê

t

re

... que je sois

... que nous soyons

Impératif : sois, soyons, soyez.

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Grammaire des maîtres Page 2 (D) 11-03-14 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « être » A D G L

Didactique : commentaires Les élèves apprennent à bien orthographier le verbe « être » dès le début de leur formation scolaire, du moins dans ses formes les plus courantes. Comme les formes de ce verbe apparaissent, du moins au premier coup d’œil, n’entretenir entre elles que peu de liens, le maître pourrait gagner à faire voir les liens qui guident la conjugaison de ce verbe, tout en servant aux élèves de premiers éléments de connaissance touchant aux règles de construction des verbes. Ce faisant, le maître créerait une attitude de curiosité très saine susceptible de s’étendre à tous les apprentissages de la langue et de sa grammaire.

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Grammaire des maîtres Page 3 (G1) 11-03-14 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « être » A D G L

Grammaire : approfondissements

Le présent de l’indicatif De tous les verbes du français, le verbe « être » est celui qui présente, à l’écrit, les formes les plus anciennes, des formes ressemblant étonnamment aux formes latines historiques. Il n’y a qu’à comparer :

sum es est sumus estis sunt

– – – – – –

suis es est sommes êtes sont

Il faut comprendre que ce verbe, le plus utilisé de la langue, et latine et française, a tendu à conserver ses formes pour ceci qu’un fréquent usage a curieusement et étonnamment un effet de cristallisation, de conservation de la forme d’un mot. Ce sont en effet les formes verbales les moins utilisées qui tendent à se transformer par recherche d’analogie, par imitation de formes proches, ressemblantes. Le verbe « être », d’usage très fréquent, a tendu à conserver des formes proches de ses formes latines anciennes. Toutefois, cet effet de conservation n’empêche pas une évolution des formes respectueuse des règles de construction du verbe français. Ainsi, pour les formes « es » et « est » :

es

↑ est

ê t re

Les formes « es » et « est » semblent être construites à l’aide du radical court qui se retrouve au présent de l’infinitif, ainsi que le fait le verbe « vivre », le verbe modèle des verbes de *Conjugaison mixte, pour ses formes « vis » et « vit ». Et donc, dans le respect des règles guidant la construction des verbes de conjugaison mixte.

… suite

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Grammaire des maîtres Page 4 (G2) 11-03-14 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « être » A D G L

…suite Par ailleurs, la forme « êtes » répond, du moins apparemment, aux règles de la conjugaison dominante présentes dans la conjugaison des verbes de *Conjugaison mixte :

êt –es

ê t re

La forme « êtes » semble, en effet, être construite à l’aide du radical long qui se retrouve dans la forme de l’infinitif, par retrait de la finale –re. Quoique, en vérité, il n’en soit rien ! Évidemment, la forme « êtes » n’a pas de finale en « –ez ». Ici encore, la raison étonnera autant par sa simplicité que par sa logique. La finale « –ez » présente dans tous les verbes, sauf pour « êtes », « faites » et « dites », résulte d’une contraction de la finale latine en finale « –ez » (prononcée {é}). La forme « êtes » ne pouvait prendre la forme de la seule finale « –ez ». D’où la conservation d’une forme proche de la forme latine. La forme « sommes », très proche de la forme latine « sumus », s’est conservé pour une raison semblable. La finale (voyelle+mus), présente dans tous les verbes du latin, a mené à la formation de la finale « –ons » des verbes du français. Pas plus que la forme « êtes » ne pouvait se réduire à ce qu’aurait été un curieux [ºeez], la forme « sommes » ne pouvait se réduire à ce qu’aurait été un curieux [ºsons]. D’où encore conservation d’une forme proche de la forme latine. La forme « sont », pour sa part, originerait régulièrement de la forme latine « sunt ». Sa finale se serait répandue aux formes « ont », « vont » et « font », offrant en imitation (ou analogie) une solution au problème d’impossibles formes à finale en « –ent » pour ces verbes réduits à une seule syllabe. La forme « suis » quant à elle résulte d’un parcours compliqué. En bref, la forme « suis » pourrait résulter d’une ancienne forme [ºsuyo]. Il s’entend parfois au Québec « je suiye », une forme de subjonctif présent, laquelle pourrait avoir originé d’une production en tension augmentée de la forme ancienne de première personne du présent de l’indicatif. La forme [ºsuyo], débarrassée de la finale [–o], partout disparue, aurait donné l’actuel « suis ».

suite …

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Grammaire des maîtres Page 5 (G3) 11-03-14 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « être » A D G L

…suite Les propos qui précèdent ne traitent qu’indirectement des formes orales, dans la mesure où les explications conviennent autant à l’oral qu’à l’écrit. Il est essentiel toutefois de s’arrêter au système spécifique des formes orales du présent du verbe « être ». Et pour bien comprendre, de les rapprocher des formes orales de la *Conjugaison du verbe « avoir » :

j’ai [é] ↑ tu as [a] ↔ [è] tu es ↑ il a [a] ↔ [è] il est

Où le verbe « avoir » se réduit à un son-voyelle [a], le verbe « être » se réduit au son-voyelle [è]. L’évolution historique de ces formes a tout probablement été guidée par la recherche d’une économie de moyens pour les deux verbes les plus utilisés de la langue, à l’instar du comportement stratégique humain d’efficacité et de moindre effort. Le rapprochement est à la fois étonnant et inspirant.

Imparfait, par ticipe présent, par ticipe passé Des effets d’analogie et d’imitation (voir le volet Linguistique) ont créé un ensemble de rapports reproduisant ceux de la *Conjugaison dominante. Il n’y a qu’à constater :

étais êtes étant été

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Grammaire des maîtres Page 6 (G4) 11-03-14 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « être » A D G L

…suite

Passé simple La forme « fus » du passé simple est, à n’en pas douter, une forme héritée du latin et, plus, de l’ancien indo-européen. Le [f] autant que le [u] portent la valeur de passé. Le [u] se retrouve, avec cette valeur de passé, dans nombre de verbes : « eus », « reçus », « vécus », etc. Le son se retrouve de plus comme base du subjonctif imparfait « … que je fusse », une forme peu utilisée aujourd’hui.

Subjonctif présent Les formes du subjonctif présent ne manquent pas d’étonner : … que je sois … que tu sois … qu’il soit … que nous soyons … que vous soyez … qu’ils soient Ces formes étonnent d’abord par leur racine. À la réflexion pourtant, la présence du « s » initial n’est pas sans révéler un lien avec la forme « suis » du présent. En Québécois populaire, il se produit d’ailleurs un [swèye] révélateur, témoignant des très anciennes formes du subjonctif. Lesdites formes étonnent encore par les finales en s/s/t. Ces finales héritées (partiellement) du latin sont celles des verbes de *Conjugaison mixte. Il paraît logique que dans le passage d’une forme [swèye] à une forme [swa], la forme contractée ait pu, à l’écriture, recevoir des finales archaïques. Les formes « soyons » et « soyez » étonnent aussi, n’écrivant pas le « i » de mouillure, ainsi que le font tous les autres verbes (sauf « avoir »). Il est fort possible que la contraction à une forme « sois » ait fait suffisamment sentir par la mouillure du yod (ou « y ») la tension augmentée propre aux formes du subjonctif. Ne trouve-t-on pas d’ailleurs des constructions opposant « veuille » à « voulions » (et non « veuillions ») ; comme si le renforcement se devait de ne pas dépasser un effet d’un seul niveau.

… suite

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Grammaire des maîtres Page 7 (G5) 11-03-14 (13-05-14) Index Conjugaison du verbe « être » A D G L

…suite

Les futurs simple et conditionnel Les formes « serai » et « serais » paraissent n’entretenir que peu de lien avec la forme de l’infinitif, dont elle devrait théoriquement originer. Or, un tel lien existe, mais avec une forme ancienne d’infinitif « essere », laquelle a donné « estre », puis « être », d’une part ; et d’autre part, « esserai », puis « serai ». Ce qui, pour une saisie plus nette et éclairante, pourrait être présenté comme ceci :

(es)serai essere ê(s)tre

Pour ce qui est du –t–, il est d’apparition spontanée facilitante. Ce qui se retrouve dans les formes « connaître » et « paraître ».

Conclusion Les formes du verbe « être » peuvent paraître au premier regard d’une grande diversité et sans grande conformité, pour la plupart, aux règles de construction qu’impose aux verbes du français le *Système de la (conjugaison). Pourtant un regard éclairé peut expliquer la construction de la plupart des formes. Une telle démarche de l’esprit peut se révéler autant agréable qu’étonnante, et même passionnante. Le maître habile et maîtrisant bien le contenu suscitera la curiosité de ses élèves et créera ou augmentera le degré de curiosité qui doit accompagner l’étude de la langue française. La grammaire d’approche logique et raisonnée entretient de tels objectifs.

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Grammaire des maîtres Page 8 (L1) 11-03-14 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « être » A D G L

Linguistique : approfondissements Les propos du volet de Grammaire précédent sont déjà de nature linguistique à bien des égards. Les dits propos ne seront donc repris dans ce volet que pour approfondissement. Le présent de l’indicatif du verbe latin avait construit ses formes autour de la consonne [s]. Ainsi :

S um e S e S t S umus e S tis S unt

D’ailleurs, la forme de l’infinitif « esse » était révélatrice de cette construction autour de la consonne [s]. Même si le verbe français utilise des formes écrites proches des formes latines, son système est tout autre. Le linguiste Gustave Guillaume a identifié (Leçons de 1945-46A, Tome 7, p.235) le système des formes du singulier du présent du subjonctif et de l’indicatif comme un ordonnancement à trois degrés ou caractères. Ainsi : 1re personne : progressif 2e personne : suspensif 3e personne : régressif – progressif Le verbe « être », de même que les verbes « avoir » et « aller », soit les trois verbes les plus utilisés de la langue, confirment l’analyse du linguiste Guillaume. Comparons :

vais [ε] – ai [e] – suis vas [aa] – as [aa] – es [εε] va [a] – a [a] – est [ε]

Sémiologiquement les formes « va » et « a » portent l’effet régressif, réduites qu’elles sont d’un « habet » latin à un « a » et d’un « vadet » latin à un « va ». Le résultat oral est aussi net pour le verbe « être », la troisième personne du singulier étant réduite au son-voyelle [ε].

suite …

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Grammaire des maîtres Page 9 (L2) 11-03-14 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « être » A D G L

…suite Les formes de deuxième personne devraient se révéler de caractère suspensif, d’après Guillaume toujours. Le terme « suspensif » n’est pas net : il faut comprendre que le linguiste voit ces formes comme intermédiaires dans la considération de la « détente du souffle porteur », mais dans une analyse débutant par la première personne « de détente du souffle porteur maximale » et aboutissant à une détente de souffle porteur « stoppée aussitôt que née » pour la troisième personne. Or, une analyse plus juste et plus probante devrait considérer la forme de troisième personne comme la forme première, de détente usuelle, non augmentée. La forme de deuxième personne serait vue alors comme faisant l’objet d’une détente augmentée, en surcharge de détente donc. Les formes « vas », « as » et « es » présentent des graphies signalant ladite surcharge de tension par la finale « s », finale pouvant imposer sa présence en liaison. Hors liaison, le son-voyelle est de tension augmentée, le son-voyelle prenant quelque peu la quantité d’une voyelle longue [ ] ou [ɑ ɑ]. Ce saut de tension se confirme dans les formes de première personne. La forme écrite « vais » rend une voyelle [ε], plus fermée (et donc de plus grande tension) que le [ɑ ] et le [ ] long. De même, la forme « ai » du verbe « avoir » écrit une voyelle [e] de plus grande tension encore, plus fermée de deux rangs que les [ɑ ] et [ɑ ɑ ] des deux autres personnes. Le système est donc bien celui d’une hiérarchisation des formes orales. Comme ceci :

première personne ↑

deuxième personne ↑

troisième personne Et la hiérarchisation est celle de la détente du souffle porteur et de ses effets sur le son-voyelle final de la forme.

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Grammaire des maîtres Page 10 (L3) 11-03-14 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « être » A D G L

…suite Il ne pouvait en être autrement d’ailleurs. La troisième personne est la seule personne objective. Les première et deuxième personnes résultent d’un effet d’expressivité s’appliquant à la troisième personne, qu’elles incluent en elles. Selon les formulations du linguiste Gustave Guillaume, la troisième personne est « la personne dont il est parlé ») ; la deuxième est celle « dont il est parlé d’elle à elle » ; et la première personne est celle « dont il est parlé d’elle par elle » (Leçon du 6 juin 1946A). En système, la troisième personne est donc la personne première. Ce que les formes verbales autant orales qu’écrites confirment. Tout ceci posé, si les formes orales et écrites des verbes « aller » et « avoir » s’interprètent bien, celles du verbe « être » sont moins nettes. Il n’en reste pas moins que les formes orales de troisième personne et de deuxième personne, réduites qu’elles sont à un son-voyelle [ε], s’accordent bien avec le mécanisme de construction des formes des verbes « aller » et « avoir ». La réduction à un son-voyelle [ε], au départ latin d’un son-consonne [s], présentant les effets d’une évolution de grande envergure. La forme « suis » de première personne se présente « occulte » (« mystérieuse », dira-t-on à de jeunes élèves), affirmation qui n’est pas sans valoir à un degré moindre pour tous les verbes. La conservation de la forme « suis » tient à des échanges analogiques, à ce qu’il semble, d’une ancienne forme [ºsuyo] avec une forme [ºayo] du verbe « avoir ». La forme « suis » pourrait avoir été conservée également faute de traitement possible en détente augmentée de la voyelle [ε] de deuxième personne. L’hypothèse mériterait réflexion. Les formes « sommes », « êtes » et « sont » ont été présentées dans le volet G précédent d’approfondissements de grammaire. Les formes de l’imparfait de l’indicatif, du participe passé et du participe présent ont acquis une apparence de construction régulière à partir de la forme « être » de l’infinitif et de « êtes » du présent de l’indicatif. Il semble pourtant que ces formes apparues en substitution aux anciennes formes latines « eram », « eras » …, disparues, puissent résulter d’un emprunt analogique aux formes du verbe « stare », de sens proche. D’autant que dans son acception latine, le verbe « esse » ne comptait pas de forme du participe présent, ni du participe passé. (Le participe passé « été » du français continue d’ailleurs à refuser l’accord pour des raisons conceptuelles.)

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Grammaire des maîtres Page 11 (L4) 11-03-14 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « être » A D G L

…suite Si les formes du présent du subjonctif que sont « sois », « soyons » … se voient bien dans la dérivation en détente de tension accrue au départ de la forme ancienne de première personne [ºsuyo], il reste à expliquer l’effet de « double détente » de ces formes qui rejoignent les « que je veuille », « que je sache », « que je puisse », « que je fasse ». Pour Gustave Guillaume, il y a là l’effet d’une accumulation de valeur virtuelle. Ces verbes seraient « subductifs », c’est-à-dire qu’ils fonderaient, soutiendraient dans leurs acceptions les agirs humains que rendent les autres verbes et cumuleraient donc une double valeur virtuelle. Il n’est d’ailleurs qu’à soupeser la valeur conceptuelle de la « puissance » par rapport au « pouvoir », ou de la « sagesse » par rapport au « savoir », pour saisir et comprendre la complémentarité en cumul conceptuel de « puissent » et « peuvent », et de « savent » et « sachent ». Le maître intéressé gagnera à lire sur le thème du *Mode subjonctif (Conjugaison du …) et du *Mode indicatif (Conjugaison du …). Les formes optatives de l’impératif sont empruntées au subjonctif. Ce sont « sois », « soyons », « soyez ». Leur valeur optative a le même effet que pour les formes du subjonctif. De même il s’utilise des formes d’impératif « veuille », « sache », « aie ». Le linguiste Gustave Guillaume a bien expliqué ces choix de formes (Temps et verbe, pp.47 et 48 ; Leçons de 1944-45A, p.22 ; Leçons de 1946-47A, pp.112 et 113). Conclusion Comprendre la conjugaison du verbe « être » et s’en expliquer les formes n’est pas une mince affaire, ni du simple point de vue grammatical, ni du point de vue linguistique. Le défi mérite d’autant d’être relevé, chaque bribe de compréhension et d’explication donnant de la langue l’image d’un tout de construction logique et dissipant la fâcheuse impression d’un ensemble hétéroclite. Il est même possible – et plutôt certain – que de tels éléments de connaissance aient des effets positifs sur la clarté conceptuelle d’un sujet parlant.

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Grammaire des maîtres Page 1 (A) 12-04-30 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « faire » A D G L

Aperçu de grammaire

ferais*

faisais

fais

ferai*

fais

fait

Fis*

faisons

faites*

faisant

font*

Fait*

fai

?

re

...que je fasse*

...que nous fassions*

* Formes à bien remarquer.

L’impératif utilise les formes « fais », « faisons », « faites ».

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Grammaire des maîtres Page 2 (D1) 12-05-23 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « faire » A D G L

Didactique : commentaires L’enseignement du verbe « faire » peut apporter énormément aux élèves, autant du primaire que du secondaire. Le verbe « faire » présente, en effet, nombre de formes à première vue inexplicables et pouvant soulever beaucoup d’interrogations (surtout si les élèves ont conservé l’habitude de s’interroger, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas). Ces questions peuvent être celles-ci : – Pourquoi écrire « faisons », « faisais », « faisant » alors que la prononciation correcte est bien

{feson}, {fesè}, {fesan} ? – Comment s’explique la forme « faites », alors qu’un *« faisez » (qui s’entend d’ailleurs) serait plus

régulier ? – Comment se justifie une forme « font » ? – Les formes du subjonctif en de curieux « fasse », « fassions » sont de quelle origine ? Leur

composition différente a-t-elle quelque portée conceptuelle ? – Les formes des futurs en « ferai », « ferais » ne devraient-elles pas s’écrire *« fairai », *« fairais »,

rejoignant les formes « faisons », « faisais », « faisant », toutes prononcées en {fe} ? – Si les formes « fais »/« fais »/« fait » sont construites régulièrement à partir du radical court tiré du

présent de l’infinitif, n’ont-elles pas malgré tout des liens avec les « vais »/« vas »/« va » ? Pourquoi, d’ailleurs, en québécois populaire prononce-t-on « {j’fa} mon possible », « tu {fa} dur », « {i fa} beau » ?

– Pourquoi en stylistique est-il recommandé de ne pas multiplier les emplois du verbe « faire » et de

le remplacer par un autre verbe autant que possible ? Le verbe « faire » occuperait-il une position fondamentale dans l’organisation de la pensée ou présenterait-il quelque défaut qui en rende un usage réduit souhaitable ?

Tous ces questionnements, malheureusement découragés par un trop grand nombre de maîtres, peuvent, s’ils reçoivent réponse, réconcilier l’élève avec la langue française et ses apparentes difficultés. L’élève pourra même choisir de corriger dans son langage habituel les formes du québécois populaire qu’il utilise.

suite …

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Grammaire des maîtres Page 3 (D2) 12-05-23 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « faire » A D G L

…suite Si, par ailleurs, les formes orales du verbe « faire » sont généralement bien maîtrisées en mémoire par les élèves, en raison de leur fréquent usage, il reste à leur en faire maîtriser celles des formes écrites qui posent problème. Apporter des réponses aux questionnements soulevés plus haut facilitera énormément ces apprentissages. Un enseignement adéquat des formes du verbe « faire », qui se donne la peine de mener à une compréhension fine donc, rapprochera l’élève, les élèves, de sa langue, de leur langue, les réconciliera même avec ses apparentes difficultés. Un enseignement adéquat pourrait même mener à l’apparition d’une grande fierté d’une langue aussi logique, aussi signifiante, dont les apparentes difficultés témoignent d’une capacité d’adaptation attestant d’une grande souplesse et d’une aussi grande intelligence. Le défi que lance aux maîtres l’enseignement de la conjugaison du verbe « faire » mérite d’être relevé pour ce que cet enseignement peut avoir de portée sur l’attitude des élèves vis-à-vis leur langue et l’enseignement de cette langue.

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Grammaire des maîtres Page 4 (G1) 12-05-23 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « faire » A D G L

Grammaire : approfondissements Le verbe « faire » relève de l’Ensemble septième de *Conjugaison. Si ses finales en –S/–S/–T au présent de l’indicatif, et en –re à l’infinitif, permettent de l’identifier comme « un verbe de conjugaison mixte », son infinitif à seul radical court, ne comportant donc pas de consonne centrale, le classe dans la catégorie des verbes des types de « finir » et surtout « lire » et « dire », de la catégorie 70 des verbes à consonne centrale manquante ou à consonne centrale ajoutée (ici « S », prononcé {Z}. Ce que laisse bien voir les liens des formes du présent de l’indicatif et de l’infinitif :

fai–t

fai–S–ons

fai ? re

La consonne centrale apparaît dans la forme « fai–S–ons » conformément à ce qui est le caractère des verbes de l’Ensemble septième de conjugaison, comme « finir »/« finiSSons », « connaître »/« connaiSSons » et « lire »/« liSons ». Ceci posé, il y a à voir par le menu chacun des blocs de formes de ce verbe « faire », nombre de ces blocs présentant des formes souvent étonnantes. Les formes fais/fais/fait Les formes « fais », « fais », « fait » sont régulièrement construites à partir du radical court « fai– » et des finales –S/–S/–T. Il s’impose de remarquer qu’en québécois populaire les formes des trois personnes sont prononcées {fa} : par exemple dans « i’ {fa} beau », « j’ {fa} mon possible » . Les formes « faisons », « faisais », « faisant » La forme de la première personne du pluriel du présent de l’indicatif, des six personnes de l’imparfait de l’indicatif et du participe présent sont construites selon les règles, soit à partir d’un radical long « fais– ». Ce radical long n’est pas fourni par l’infinitif, conformément à ce qu’il en est pour les verbes de l’ Ensemble septième de … *Conjugaison et selon le verbe modèle « lire »/« lisons ». La véritable difficulté présentée par ces formes est celle de leurs formes orales. Ces formes sont en effet prononcées {fezon}, {fezè}, {fezan

}, non pas avec {fè} mais avec {fe} tout en continuant à s’écrire « fai– », et non « fe– ».

La prononciation {fe} s’explique plutôt aisément. La même conduite phonologique, les mêmes comportements phonologiques se retrouvent dans la paire « levons »/« lève » des verbes de l’Ensemble deuxième de … *Conjugaison. Comme, en syllabe accentuée, la dernière syllabe du mot porte l’accent tonique, soit {lèv}, et est donc accentuée et l’objet d’une plus forte tension orale ; la voyelle devient forte ou colorée. Par contre, en syllabe non accentuée (soit les syllabes précédant la syllabe finale), la voyelle est l’objet d’une tension moindre et se décolore, ou s’affaiblit, en {lev}. Soit donc, pour le verbe « faire » :

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{fezonen face de {fè} pour « fait » et de {fèr} pour « faire ».

}, pour « faisons »,

Au total, un couple {fè} et {fe}. Ce comportement oral, d’effet phonologique (rencontre de sons), n’est pas exceptionnel : on le retrouve dans un mot comme « faisan », prononcé {fesan

}, et évidemment dans le mot « faisable » prononcé {fesabl}.

À quoi s’ajoute la recherche du maintien de la parenté des mots de même famille, la langue écrite tendant à afficher cette parenté. Les formes écrites « faisons », « faisais » …, « faisant » affichent, par la graphie « ai » leur parenté avec « fais »/« fais »/« fait » et surtout avec l’infinitif « faire ». Au total, ce sont là des formes ne posant pas de problèmes trop difficiles dans leur construction, leur écriture ou leur prononciation. Les formes « ferai », « ferais » La prononciation en {fe} de la première syllabe de ces formes n’étonne pas au vu de la prononciation des formes « faisons », « faisais », « faisant ». La première syllabe de « ferai » est l’objet d’une diminution de ton ou de tension, cette diminution entraînant une décoloration de la voyelle qui glisse d’une vocalisation, {è} à une vocalisation {e}, d’e central, La consonne {f}, de faible tension, ne contredit pas cette tendance à diminution, y contribue même. Le véritable problème posé par ces formes « ferai » et « ferais » est plutôt celui de l’orthographe adoptée par la forme. Cette orthographe devrait être *« fairai » selon la justification du signe d’appartenance à la famille de mots du verbe « faire »/« (je) fais »/« fait ». À quoi s’ajoute la formation moderne à partir de la forme du présent de l’indicatif :

je fais → je … + RAI, Une première réponse s’impose immédiatement : il est impossible de lire et prononcer une orthographe *« fairai » en {feRai}. La prononciation naturelle serait {fèRAI}. Il reste à justifier. La justification se trouve dans la présence du « R » d’attaque de la deuxième syllabe. Le {R} est une consonne faible tendant à s’attacher à la voyelle qui précède. Dès lors, un *« fairai » serait lu {faiR–ai}, le {R} s’attachant à la voyelle de la première syllabe. D’où l’obligation d’écrire « ferai », « ferais », afin de rendre la prononciation en {fe}, et afin de conserver aux ensembles « –RAI », « –RAIS », tout l’effet de futur porté par la consonne {R} d’attaque de la terminaison.

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Grammaire des maîtres Page 6 (G3) 12-05-23 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « faire » A D G L … suite La forme « faites » La forme « faites » de la deuxième personne du pluriel du présent de l’indicatif s’impose d’emblée comme une forme archaïque du type de « êtes » et « dites ». La forme naturelle serait un « vous *faisez », lequel s’entend chez les jeunes enfants en en québécois populaire. La forme « faites », comme la forme « dites » d’ailleurs, s’est tout probablement conservée en raison de son fréquent emploi d’impératif : « Faites ça ! », « Ne faites rien ! », « Faites bien ça ! », etc. La forme « font » La forme « font » est à rapprocher des formes « sont », « ont », « vont ». Ces formes paraissent justifiées par l’incongruence d’une finale en « –ent ». Les formes en « fasse » du subjonctif Il s’entend, en québécois populaire, des « Il faut que je faise ça ! », « Il faut que vous faisiez ça ! », des emplois manifestement de formation naturelle, en surcharge des formes du présent de l’indicatif et en rappel de la consonne centrale ajoutée {z}. Or, les formes correctes sont : Il faut que je fasse, Il faut que vous fassiez. Il y a un petit nombre de verbes qui adoptent, de la même façon, des formes particulières et inattendues au présent du subjonctif. Ainsi : je peux > … que je puisse, je veux > … que je veuille, je suis > … que je sois, j’ai > … que j’aie. Une observation attentive de ces formes mène à un rapprochement des noms que sont « pouvoir » et « puissance » pour « pouvons » et « puissions », des noms que sont « volonté » et « velléité » pour « voulons » et « veuille ».

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Grammaire des maîtres Page 7 (G4) 12-05-23 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « faire » A D G L … suite Or, les noms « puissance » et « velléité » réfèrent à une certaine possibilité du « pouvoir » et du « vouloir » (ou de la « volonté »). Et, alors que le mode indicatif est le mode d’expression de la réalité, le mode subjonctif n’est-il pas le mode d’expression de la possibilité ? Et donc les formes « puisse » et « veuille » du mode subjonctif joueraient ce rôle de manifester qu’il n’est envisagé que la seule possibilité des réalités que sont le « pouvoir » et la « volonté » :

Il faudrait que je puisse venir ! Il faudrait qu’il le veuille bien !

Il est clairement senti que le « puisse » et le « veuille » sont de l’ordre du souhait. Il en est de même pour le verbe « faire ». Dans des emplois comme :

Il faut que je fasse, Il faut que nous fassions,

il n’est envisagé que la possibilité d’un « faire » et donc, d’une certaine sorte, que la « façon » ou la manière de parvenir à la réalité d’un « fait ». Le mot « façon », par certaines de ses significations, mais surtout par ses origines étymologiques, est à rapprocher, sans hésiter, des formes en « fasse ». Il y aurait évidemment beaucoup plus à comprendre. Cette tâche est toutefois dévolue aux fines analyses de la linguistique.

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Linguistique : approfondissements Bien que le verbe « faire » relève de l’Ensemble septième de … *Conjugaison, ce verbe présente un certain nombre de formes d’allure proto-archaïque qui porterait à le placer également dans l’Ensemble dixième de … *Conjugaison. De plus, certaines formes sont d’apparence étonnante, exigeant des explications fines. Les formes « fais »/« fais »/« fait » Si ces formes se révèlent de construction régulière, leur apparence et leur prononciation en [fa] du québécois populaire incitent à les rapprocher des formes « vais », « vas », « va » du verbe « aller ». De fait, en québécois populaire toujours, les formes du présent de l’indicatif de ces deux verbes sont de construction semblable :

j’ fa tu fa il fa

j’ va tu va il va

Si les formes du verbe « faire » utilisent un [a] fermé, celles du verbe « aller » un [a] ouvert, la nuance est certainement due à la nature des consonnes d’attaque, un [f] sourd et un [v] sonore. Le [f] sourd, plus faible d’explosion, s’appuie sur une voyelle renforcée, un [a] fermé, de tension forte, tandis que le [v] sonore, plus fort d’explosion, s’accommode d’un [a] ouvert de moindre tension. Il n’en reste pas moins que les deux paradigmes se sont historiquement rapprochés et soutenus, entretenant même des liens analogiques avec les « ai »/« as »/« a » du verbe « avoir ». Il fait peu de doute qu’il y a dans ces prononciations la conservation en québécois populaire d’anciennes prononciations qui étaient courantes dans la bouche de nos ancêtres d’origine française. Le québécois populaire, n’ayant pas en lui les forces internes génératrices d’évolution du français dit parisien, tend à conserver et a conservé les prononciations apportées dans leur bagage par les colons frais émoulus des provinces françaises et nouvellement établis en Nouvelle-France. Dans la mère patrie, la France, dès les 16e et 17e siècles, la cour, les milieux cultivés et le milieu parisien avaient déjà fait le choix de formes autres qui se fixeront en [fε]. (Selon les règles générales des formes du présent des verbes « archaïques », du type de « vivre » en « vis »/« vis »/« vit », ces formes en [fε] garderont ou acquerront la capacité de liaisons en [z] ou [t] devant voyelle.) Aujourd’hui, un certain nombre de Québécois avertis et soucieux de la qualité de leur langue pratiquent les prononciations en [fε]. Le québécois populaire tend à conserver les prononciations anciennes, d’apparence négligée, en [fa].

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Grammaire des maîtres Page 9 (L2) 12-05-23 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « faire » A D G L … suite Les formes « faisons », « faisais », « faisant » Le volet précédent des Approfondissements de grammaire explique adéquatement les curiosités d’écriture et de prononciation de ces formes du présent, de l’imparfait et du participe passé. Quelques approfondissements de nature linguistique s’imposent toutefois. Et d’abord, sur la consonne centrale. L’apparition de la consonne centrale, d’apparence ajoutée puisque non présente dans la forme « faire » de l’infinitif, remonte à l’époque prélittéraire (Fouché, 1967 : p.86, no 40b 2e). En cela, semblable à l’apparition de la même consonne centrale pour, entre autres, les verbes « dire » et « lire ». Ladite apparition serait d’évolution régulière, à partir des formes de l’imparfait et du « participe-gérondif » du latin vulgaire ou populaire cédant le pas au roman primitif. Un second approfondissement doit s’intéresser au passage d’une prononciation [fε] à une prononciation [fe] de la première syllabe de ces formes. Dans son Traité de morphologie historique sur le verbe (1967, p.74, no 34a), Fouché situe ce glissement de prononciation à l’époque du moyen français (14e, 15e et 16e siècles) ; Fouché va même jusqu’à avancer « probablement au contact de la labiale précédente ». L’auteur ajoute même en note : « au contraire de « plaisons », « taisons », « plaisant », « taisant » avec [ε] ». Le problème soulevé par ces remarques de Fouché est double. Le problème est d’abord celui du rôle de la consonne d’attaque. Fouché (son « probablement » est révélateur de la crainte de l’auteur à s’aventurer en phonologie d’orientation structurale) a certainement raison d’affirmer que les consonnes d’attaque des formes « plaisons » et « taisons » exigent des prononciations en [ε]. Et que la consonne labiale d’attaque d’un « faisons » permet l’affaiblissement en [ə]. (Il en a d’ailleurs été traité plus haut dans le rapprochement d’un [fa] et d’un [va].) Ceci posé, première partie du problème, il reste à identifier plus fondamentalement la cause de la variation orale, soit du phénomène de diminution de tension, qui profitant de la faiblesse de la consonne d’attaque mène au passage ou au glissement du son-voyelle [ε] à un son-voyelle [ə]. Dans l’analyse de ce phénomène de glissement vocalique, il importe de poser de départ que ledit phénomène est d’application large, non limitée aux formes « faisons », « faisais » et « faisant ». C’est ce même phénomène de diminution de tension qui fait passer :

de « lève » (avec è) à « levons » (avec e), de « cède » (avec è) à « cédons » (avec é), de « aime » (avec è) à « aimons » (avec é).

Et même, de manière plus complexe :

de « voulons » (avec ou) à « veut » (avec eu), de « venons » (avec e) à « viens » (avec en),

de « mourons » (avec ou) à « meurs » (avec eu). (Les articles portant sur l’ Ensemble deuxième et l’Ensemble cinquième de … *Conjugaison expliquent ces glissements plus complexes.)

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Grammaire des maîtres Page 10 (L3) 12-05-23 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « faire » A D G L … suite Le phénomène en question de diminution de tension et de glissement vocalique est fondamentalement ceci : c’est celui qui règle la prononciation des syllabes d’un mot. En figure, ceci :

tension

4

3

2

hauteur

ab so lu ment 1

longueur

Les syllabes d’un mot s’étagent, en français,

en progression de tension (ou de force) d’abord :

1 2 3 4 ;

En progression de hauteur ensuite :

____ ___ __ _

En progression de longueur enfin : _ __ ___ ____ . La deuxième syllabe est donc dite, ou prononcée, plus longue, avec plus de volume (ou de force), et sur un ton plus haut. Il est dit de la dernière syllabe qu’elle est porteuse de l’accent tonique, étant entendu par là qu’elle est prononcée sur un ton plus haut, plus fortement et plus longuement que les syllabes qui la précèdent. Cette organisation vocale gagnera peut-être en compréhension à l’examen de la prononciation ou de l’organisation vocale d’un mot anglais. Le mot « dictionary », par exemple, qui se prononce avec les accents suivants :

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Grammaire des maîtres Page 11 (L4) 12-05-23 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « faire » A D G L

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dic – tio –na –ry L’accent majeur de ton, de volume et de hauteur accompagne la troisième syllabe du mot ; un accent premier marque la première syllabe. En comparaison, le mot français « dictionnaire » distribue ses accents ainsi :

dic –tion –naire . Les trois syllabes s’étagent en une constante progression de ton, de volume, et de longueur. Ces notions permettront de mieux comprendre l’alchimie ou la phonologie des formes « faisais », « faisons » et « faisant ». La première syllabe de ces mots tend à se prononcer plus faible en ton, volume et hauteur. Ainsi :

fai –sons fai –sais fai –sant Comme, de plus, la consonne d’attaque [f] est de faible explosion, la voyelle attendue [ε] affaiblit sa voyelle en une voyelle centrale de moindre couleur qu’est un [ə], pour un résultat [fə], et des ensembles [fəzõ], [fəzε] et [fəzã]. Ajoutons à l’explication, l’examen du mot anglais « doctor ». Sa prononciation s’illustre comme ceci :

doc –tor. L’accent tonique porte sur la première syllabe du mot, plus forte donc, plus haute et plus longue. La seconde syllabe, plus faible, doit se prononcer avec un [ə] central, et l’ensemble se prononcer : [dɔktər], avec un son-voyelle éteint en seconde syllabe. Ces longues présentations et analyses visaient à bien assurer la compréhension du phénomène de l’affaiblissement de tension du son-voyelle pouvant affecter une syllabe d’un mot français. À vrai dire, ces présentations relèvent de la grammaire du français, plutôt que du domaine des fines analyses de linguistique. Elles ont été reléguées au volet de la linguistique, afin de ne pas surcharger les explications de grammaire. C’est toutefois la conviction de l’auteur de ces pages que des élèves bien « éveillés » du troisième cycle du primaire sont en mesure de comprendre ces explications. Il appartient au maître d’en doser la présentation. C’est là évidemment pratiquer une véritable grammaire, celle que les écoles et les élèves (la plupart du moins) attendent de tous leurs vœux et de leur espoir.

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Grammaire des maîtres Page 12 (L5) 12-05-23 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « faire » A D G L

… suite Les formes « ferai », « ferais » La grammaire explique et justifie aisément les orthographes « ferai » et « ferais ». Il peut être utile de compléter la réflexion sur ces formes en relevant leurs prononciations familières qui seront [fre], [frε], le e central étant amüi ou escamoté. Le e central ne sera conservé qu’en langue soutenu, ou possiblement en langue soignée. Il est amusant d’avoir à constater la facile adaptation phonologique dans la construction moderne de ces formes des futurs : je f… RAIS, je fais je f…RAI. Le son-voyelle [ε]se résorbe instantanément en [ə] central. Et même, s’amüit en un [ə] à peine chuchoté. Il y a là affirmée la présence de mécanismes phonologiques bien ancrés, même s’il y a à reconnaître également des effets de mémoire de formes connues. La forme « faites » La forme « faites » appartient à une conjugaison de vieux français qui utilisait également à la première personne du pluriel une forme « faimes » (à rapprocher par la finale de « sommes »). Le fréquent usage de la forme à l’impératif, combiné à l’usage d’une forme « dites » de même acabit, est tout probablement la cause de sa pérennisation. Un certain effet de snobisme culturel a pu s’ajouter en français moderne et en français contemporain, condamnant le vulgaire *« faisez ». La forme « font » La forme « font », comme d’ailleurs les formes « sont », « ont », « vont », sont d’évolution régulière, le son-voyelle [õ] et l’orthographe en « ont » étant un net héritage des formes latines « sunt », « habeunt » et « faciunt ». La réduction à syllabe unique a certainement contribué au maintien d’une forme à son-voyelle final fort, et empêché une évolution poursuivie de ces formes. Une certaine parenté de signification et d’usage a pu contribuer à un rapprochement analogique, ces verbes et ces formes référant aux conditions d’existence et d’action que sont l’avoir, l’être, l’aller (le mouvement), et le faire.

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Grammaire des maîtres Page 1 (A) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « finir » A D G L

Aperçu de grammaire

finirais

finissais

finis

finirai

finis

finit

finis

finissons

finissez

finissant

finissent

fini(e)(s)

fini

?

r

...que je finisse

...que nous finissions

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Grammaire des maîtres Page 2 (D) 12-02-27 (13-05-14) Index Conjugaison du verbe « finir » A D G L

Didactique : commentaires Oralement, les élèves maîtrisent bien la conjugaison du verbe « finir » et des verbes de même conjugaison. La raison en est évidemment le grand nombre de ces verbes et leur fréquent usage. Il n’est pas inutile toutefois de leur faire observer les particularités de conjugaison de ces verbes en regard des règles de construction des verbes de conjugaison mixte de base (dont le modèle est le verbe « vivre »). D’observer et de constater que les formes de l’infinitif, des personnes du singulier du présent de l’indicatif, des futurs simple et conditionnel, et même du participe passé sont des formes à radical court permettra aux élèves de mieux se pénétrer des règles de construction des verbes de conjugaison mixte. Ils y gagneront un apprivoisement des notions de radical court et de radical long, ainsi que de l’usage de ces radicaux. D’autre part, l’appellation de verbes à infinitif réduit, plus descriptive (voir la section grammaire), les amènera à mieux saisir les particularités de conjugaison de ces verbes, tout en s’ajoutant à l’identification par l’appellation de « verbes en –ir/–issant » des grammaires traditionnelles. Quant à la justification de ces particularités de conjugaison (voir la section de linguistique), le maître pourrait gagner à la servir à partir du troisième cycle, sans chercher à l’approfondir. Lors des expérimentations, les élèves ont montré un très grand intérêt pour ces explications. Les plus brillants des élèves ont même paru en faire leurs délices. Il faut ajouter qu’en ajoutant ultérieurement à la catégorie des verbes à infinitif réduit les verbes des types de « connaître » et « lire » (voir ces verbes et l’article sur l’Ensemble septième de *Conjugaison, le maître initiera ses élèves à la profondeur scientifique qu’exigent des règles fines et justes de classification.

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Grammaire des maîtres Page 3 (G1) 12-02-27 (13-05-14) Index Conjugaison du verbe « finir » A D G L

Grammaire : approfondissements Le verbe « finir » est présenté dans nombre de grammaire – et même dans la plupart – comme un verbe de la deuxième de trois conjugaisons, deuxième conjugaison à laquelle, en plus, il sert de modèle. Toutefois, pour la Grammaire logique et raisonnée, cette deuxième conjugaison n’existe pas, du moins pas à ce titre. Pour la grammaire d’approche raisonnée, il n’existe en effet que deux conjugaisons, une conjugaison dite « dominante » et une conjugaison dite « mixte ». Dans cette approche, le verbe « finir » est considéré comme un verbe de conjugaison mixte relevant de l’Ensemble septième *Conjugaison, ensemble pour lequel il sert de verbe modèle. Pour la Grammaire logique et raisonnée, le verbe « vivre » est le verbe modèle de la conjugaison mixte de base. Il n’y a qu’à comparer les formes principales du verbe « finir » à celles du verbe « vivre » pour bien voir les particularités de conjugaison du verbe « finir ». Soit donc :

je vi –s

nous viV –ons

vi V re

et

je fini –s

nous finiss –ons

fini r

Il saute aux yeux que la forme du présent de l’infinitif qu’est « finir » ne présente pas, comme c’est le cas en conjugaison mixte de base, le radical long « finiss – », privée qu’elle est de la présence de la consonne centrale écrite « –SS– ». Ladite forme « finir » ne présente en effet que le seul radical court « fini– », au contraire de la forme « vivre », laquelle présente et le radical court et le radical long, ce dernier obtenu par l’addition au radical court de la consonne centrale « –v– ». Cette observation faite, il paraît justifié de considérer le verbe « finir » et tous les verbes de semblable conjugaison comme des verbes à infinitif réduit. Les grammaires traditionnelles voyaient ces verbes comme des verbes à consonne infixe « –SS– » ajoutée. Sans être fausse, cette identification a le tort de ne pas tenir compte de l’entier de la conjugaison, et surtout des règles d’ensemble des verbes de conjugaison mixte (que sont les verbes en –ir, –oir et –re).

suite …

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Grammaire des maîtres Page 4 (G2) 12-02-27 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « finir » A D G L … suite Pour le reste de sa conjugaison, le verbe « finir » construit ses formes régulièrement :

finiSSais finiSS –ons finissant … que je finisse

Si régulièrement d’ailleurs que les formes des futurs simple et conditionnel se construisent selon la règle moderne de construction de ces formes : fini –RAIS Je fini –s fini–RAI Soit à partir de la forme du présent de l’indicatif, par addition, à valeur conceptuelle de futur, des terminaisons « –RAI » et « –RAIS ».

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Grammaire des maîtres Page 5 (L1) 12-02-27 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « finir » A D G L

Linguistique : approfondissements Le verbe « finir » se présente, ainsi que la précédente section d’approfondissements de grammaire l’a établi, comme un verbe à infinitif réduit, c’est-à-dire comme un verbe ne présentant dans sa forme de présent de l’infinitif que le radical court « fini– » et donc avec une forme d’infinitif privée de la consonne centrale « –SS– », consonne centrale nécessaire à la formation du radical long « finiSS– ». Le passionné de la langue voudra connaître les causes de cette infraction aux règles de construction des verbes de *Conjugaison mixte. Ces causes tiennent à une impulsion à la fois conceptuelle et grammaticale, à situer en période préromane (4e, 5e et 6e siècles), impulsion qui consistait à donner, à certains verbes, par l’addition d’une finale en « –sco », un aspect inchoatif. Aspect que Marouzeau présente ainsi dans son Lexique (1951) :

Inchoatif [Inkohativum || Inchoative || Incoativo]. Forme verbale propre à exprimer soit l’idée d’une action considérée à son début (lat. inchoare = commencer), ainsi les verbes latins en –sco : nosco = je prends connaissance, – soit un devenir ou une progression, ainsi en latin cresco = je grandis, senesco = je vieillis. On appelle aussi inchoatifs les suffixes (lat. –sc–) propres à conférer à un verbe ces différentes valeurs.

Il importe de mentionner que ce procédé qui, par l’addition d’un suffixe-infixe à un verbe, donnait à un verbe une valeur d’aspect faisant voir le procès en cause soit dans ses débuts, soit comme « en cours » ou « en train de » s’exécuter n’a pas été conservé par la langue française comme procédé grammatical. (Il est probable que les valeurs adoptées et nettement marquées par les temps du verbe français ont provoqué le refus d’une structure ajoutée porteuse d’une valeur inchoative.) Il reste toutefois des traces du mécanisme en « –sco » dans un verbe comme « finir » et dans les verbes de semblable conjugaison. La première trace, le premier vestige est celui d’un radical long en « –iss– » ; ce radical se retrouve dans les formes suivantes et celles des personnes qui les complètent :

je fini–SS–ais nous fini–SS–ons vous fini–SS–ez ils fini–SS–ent fini–SS–ant … que je fini–SS–e

suite …

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Grammaire des maîtres Page 6 (L2) 12-02-27 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « finir » A D G L … suite Dans les formes des personnes du singulier du présent que sont : je fini –s tu fini –s il fini –t, il ne reste plus de traces apparentes de la finale en « –sco », ce qu’il en est resté ayant été absorbé par les finales en –s, -s, –t (voir Fouché, Pierre (1967), page 22). Quant à la forme « finir » de l’infinitif qui se présente composée du seul radical court « fini– », Fouché (1967, pp.22 et 23) mentionne que très tôt la langue a refusé un infinitif intégrant un infixe en –SC–. Il semblerait justifié d’avancer que la valeur virtuelle du mode infinitif ne pouvait intégrer un aspect inchoatif, tout de mouvement, s’opposant à ladite valeur virtuelle du mode infinitif. Le résultat de ce refus est celui d’une forme de l’infinitif réduite au seul radical court. Il est, par ailleurs, intriguant de constater que les formes du participe passé (soit utilisées seules : « fini », « atterri », « noirci », « empli » ; soit utilisées dans le passé composé : « j’ai fini », « j’ai atterri », « j’ai noirci », « j’ai empli ») prennent une valeur de « parfait » ou d’un procès (ou d’une action) vu dans son résultat, comme « résultat d’une activité antérieure (Marouzeau (1951) ». Or le participe passé relève d’un « mode quasi-nominal » (appellation de Gustave Guillaume) de valeur virtuelle incluant l’infinitif. Ainsi :

mode

indicatif

mode

subjonctif

part.présent

part. passé

infinitif mode quasi-nominal

suite …

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Grammaire des maîtres Page 7 (L3) 12-02-27 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « finir » A D G L … suite Les temps relevant du mode quasi-nominal auraient donc à date très ancienne refusé de porter la valeur inchoative et conséquemment l’ensemble consonantique infixe en « –SC– », (devenu « –SS– » en français). Il n’échappera pas toutefois que le participe présent « fini–SS–ant » a adopté et conservé la construction d’allure inchoative. Or, en système, l’imparfait et le participe présent entretiennent une parenté de position et de valeur (voir l’article sur le Système de la … *Conjugaison). Et, en effet, le participe présent est premier en mode quasi-nominal et est porteur de l’aspect duratif interne de l’imparfait, aspect tendant à montrer le procès (ou l’action) dans son développement, dans sa durée. Le mécanisme de la conjugaison s’est, par ailleurs, très bien accommodé, dans son évolution, de ces tiraillements, ainsi que le laissent voir les formes sans infixe « –SS– » :

je fini –s fini –RAI(s)

tu fini –s il fini –t

fini – r

Les liens de la forme du présent de l’infinitif avec les formes du présent de l’indicatif sont nets, à tout le moins pour les personnes du singulier. Et le lien reste apparent pour les formes des personnes du pluriel (fini–SS–ons). De plus, bien que la formation historique des formes des futurs à partir de la forme de l’infinitif reste apparentée, la formation orale moderne à partir du présent s’affirme bien vivante : fini–s > fini–RAI(s). Il semble donc au total fort juste de considérer le verbe « finir » et les verbes de même conjugaison comme des verbes à infinitif réduit, cette appellation rendant compte à la fois de l’évolution historique du verbe et de son état actuel. Pour ce qui est de la valeur inchoative, d’un procès vu en mouvement, il ne semble pas possible d’en affirmer la présence conceptuelle avec sûreté. Même si certains verbes en –ir à infinitif réduit semblent laisser voir une forte valeur conceptuelle de mouvement en cours : ainsi de « il atterrit », « il rougit », « il emplit », « il agit ». Il en irait de même de l’identité des formes du présent de l’indicatif (je finis) et du passé simple (je finis). Il n’y aurait là rien de plus qu’un accident relevant de l’évolution naturelle des formes latines ayant livré, par évolution, les formes du passé simple du français. Telles seraient donc les sources des formes du verbe « finir » et des verbes de même conjugaison.

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Grammaire des maîtres Page 1 (A1) 12-02-27 (13-03-09) Index Conjugaison du verbe « lire » A D G L

Aperçu de grammaire

INDICATIF

Passé …imparfait

…simple

Présent

Futur …conditionnel

…simple

li –rais

liS –ais

li –s

li –rai

li –s

li –t

lus

liS –ons

liS –ez

liS –ant

liS –ent

…présent

PARTICIPE

…passé

li ?

re

lu(e)(s)

... que je liS –e

... que nous liS –ions

… présent

SUBJONCTIF

INFINITIF

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Grammaire des maîtres Page 2 (D1) 12-02-27 (12-12-09) Page 1-G Index Conjugaison du verbe « lire » A D G L

Didactique : commentaires Il n’est pas habituel les grammaires de rapprocher ce verbe des verbes « finir » et « connaître ». Le rapprochement est pourtant et avantageusement à faire avec les élèves afin de restreindre dans leur esprit l’image du nombre des ensembles de conjugaison et de faire voir que les modèles de conjugaison n’affleurent pas la centaine, mais, tout au plus, à deux, dominante et mixte, moins de la dizaine, et encore. Et que les différents modèles présentent et respectent nombre de règles de construction communes. Dans ce but, il conviendrait de comparer attentivement la conjugaison de « lire » et celle du verbe modèle « vivre ». Il s’impose, de plus, avec les élèves, de bien établir les formes du passé simple et du participe passé en « lus » et « lu(e)(s) », le québécois populaire servant des « *lis », « *lirent » et « *li(e)(s) », et même « *lite(s) ».

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Grammaire des maîtres Page 3 (G1) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « lire » A D G L

Grammaire : approfondissements Le verbe « lire » est un verbe de conjugaison mixte. Ce dont attestent : – sa finale d’infinitif en –re, – ses finales de présent en –s/–s/–t, – l’utilisation et d’un radical court (li–) et d’un radical long (liSS–). Pourtant le verbe « lire » n’est pas à ranger dans la catégorie générale des verbes de conjugaison mixte, ayant pour modèle le verbe « vivre ». C’est là une conclusion qui s’impose à l’examen des rapports de construction infinitif/présent de l’indicatif : li –t ? –ons

li ?

re

En effet, si la forme de l’infinitif livre bien le radical court « li– », elle ne comprend, ni ne livre le radical long « liS– ». Ainsi qu’il devrait en être à l’image du verbe « vivre » : vi –t viV –ons

vi

V

re Le verbe « lire » est plutôt à rapprocher des verbes des types de « finir » et « connaître », dits verbes à infinitif réduit ou, en termes didactiques, verbes à consonne centrale « ajoutée ». En effet, même si la consonne en question est –S–, et non pas –SS– comme pour « finir » et « connaître », la construction du verbe est le même type et le verbe « lire » est à ranger dans l’Ensemble septième de conjugaison des verbes à infinitif réduit. Le verbe « lire » comprend des formes construites avec le radical long : « liS–ons » …, « liS–ais » …, « liS –ant », « que je liS –e » … ; et des formes construites avec le radical court : « li –S »…, « li –re », « li –RAI »…, « li –RAIS »… Même les formes du passé simple et du participe passé concordent : « lus »…, « lu(e)(s) ». Les formes des futurs simple et conditionnel répondent aux caractéristiques du fonctionnement moderne de dérivation : je li -RAIS je li –s je li -RAI

suite…

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Grammaire des maîtres Page 4 (G2) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « lire » A D G L …suite Soit :

(forme orale du présent) + RAI ou RAIS. C’est là une construction qui accorde une place majeure à la consonne [R] servant de signifié majeur de futur en compagnie des finales – AI et –AIS. Toutefois, ces formes des futurs continuent de bien laisser voir la construction historique qu’est :

lir(e) → lir –ai(s) Dans la tête des parlants français, la dérivation moderne prévaut toutefois. La Grammaire logique et raisonnée a retenu le verbe « lire » comme verbe modèle d’un important nombre de verbes. Ainsi de « suffire » et « conduire », de « plaire », « dire » et « faire », et de nombre de verbes rapprochants.

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Grammaire des maîtres Page 5 (L1) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « lire » A D G L

Linguistique : approfondissements Les verbes modèles « finir » et « connaître » doivent leur conjugaison à une construction ancienne en –SC–, de valeur inchoative. Le verbe « lire » doit sa construction à des causes différentes. Des formes « lisait », « lisant » seraient apparues très tôt, à l’époque prélittéraire ; sous l’influence probable, entre autres, des formes du verbe « dire ». La construction en « lis–» se serait rapidement étendue aux autres temps et mode. Les formes de l’infinitif et des futurs seraient pour leur part d’évolution plus attendue, plus régulière. Les formes « lus » et « lu(e)(s) » du passé simple et du participe passé ont supplanté des formes en « li– », d’évolution régulière. Probablement par reconstruction imitative. Le système et son mécanisme restent secrets pour l’instant. Il est amusant et instructif pour le linguiste de remarquer qu’en québécois populaire, il s’entend régulièrement des « lis » et « lirent », et même un participe passé féminin « lite », toutes formes qui, quoique disparues et considérées fautives, se sont employées à date très ancienne. La Grammaire logique et raisonnée a retenu comme verbe modèle de la catégorie B de l’Ensemble septième de conjugaison le verbe « lire » plutôt que le verbe « dire », ce dernier certainement plus présent à date très ancienne dans le vocabulaire et d’influence plus marquée en raison de sa simplicité et de sa régularité. Ce choix apparaît amplement justifié par la présence contemporaine du lire, devenue certainement aussi importante que celle du dire.

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Grammaire des maîtres Page 1 (A) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « savoir » A D G L

Aperçu de grammaire

saurais*

savais

sais

saurai*

sais

sait

(sus)*

savons

savez

(sachant)*

savent

(su(e)(s)*

sa

v

oir

... que je sache

... qu’il sache

... que nous sachions

* Formes à bien observer. L’impératif utilise des formes tirées du subjonctif : sache, sachons, sachez.

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Grammaire des maîtres Page 2 (D) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « savoir » A D G L

Didactique : commentaires Dans la tête d’un parlant français, les formes des « vieux verbes » ou verbes de conjugaison mixte sont installés en mémoire par l’usage. Or – et fort curieusement –, les élèves n’arrivent pas toujours à retrouver dans leur mémoire d’usage les formes qu’ils emploient naturellement – sans effort ou avec peu d’effort – dans leur quotidien d’usage. Cette difficulté est sans doute due au caractère artificiel des exercices proposés, comme de produire la forme de la troisième personne du plur iel du futur simple du verbe « savoir ». Une solution serait de donner quelque épaisseur auxdits exercices. Ce qui pourrait se faire en amenant les élèves à recréer dans leur tête des situations minimalement concrètes : « aujourd’hui, je sais nager » / « hier, je ne savais pas nager » / « demain, je saurai nager ». De plus, le tout de ces efforts gagnerait sans doute à s’appuyer sur l’usage d’un modèle schématique d’établissement des formes (du type de celui présenté en Aperçu, par exemple), modèle qui, une fois bien familier, pourrait guider les efforts de production des formes. Il ne fait pas de doute que les exercices de ce type peuvent être frustrants pour les élèves, si agrémentés qu’ils puissent être par des approches ludiques. Le maître voudra peut-être alors alléger lesdits exercices en leur combinant une approche « constructive », ou même se dispenser carrément de proposer des exercices de production « à froid » des formes d’un verbe en s’attaquant d’emblée à une analyse raisonnée des formes du verbe examiné. Ladite analyse raisonnée consistera à d’abord identifier celles des formes respectant les règles de construction de la catégorie dont relève le verbe. Ainsi, pour le verbe « savoir », les formes « savons », « savez », « savent », ainsi que les formes « savais » et autres de l’imparfait se présentent de formation régulière. (La section Grammaire en présente les détails.) Il y aura ensuite à examiner les formes « sais », « sais », « sait » pour identifier l’accident oral qui en guide la formation. Puis l’analyse se tournera vers les formes des futurs en « saurai » et « saurais », pour en comprendre la formation historique. Un autre volet de l’analyse aura à examiner les formes à radical « sach– », soit les « sachant », « que je sache », et les « sache », « sachons », « sachez » de l’impératif, avec tous leurs épouvantables fondements conceptuels. Enfin, le dernier volet de l’examen, peu analytique celui-là, reconnaîtra les formes « je sus » et « su », d’une origine historique lointaine et cristallisées dans l’usage. En dosant la production « sèche » des formes du verbe et son enrichissement par des analyses raisonnées, le maître mènera sûrement et agréablement ses élèves à une maîtrise augmentée d’un verbe comme le verbe « savoir ».

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Grammaire des maîtres Page 3 (G1) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « savoir » A D G L

Grammaire : approfondissements Le verbe « savoir » est un verbe de *Conjugaison mixte à voyelle variable. Il se situe ainsi dans le *Système de la conjugaison :

Conjugaison

10 – Dominante 40 – Mixte – en –e/–es/–e – à consonne centrale constante ChanT er > chanTons > chanTe

– en –s/–s/–t – à consonne centrale instable viVre > viVons > vis

± 4 000 verbes ± 50 verbes Cas d’orthographe : nager > nageons > nage placer > plaçons > place

Cas : ouVRir > ouVRons > ouvrE ± 200 verbes

20 … à voyelle variable 50 … à voyelle var iable lEver > lEvons > lÈve

cÉder > cÉdons > cÈde ± 100 verbes

sAvoir > sAvons > sAIs vOUloir > vOUlons > vEux

± 20 verbes

Le verbe « savoir » fait partie de l’(Ensemble cinquième de …) *Conjugaison (en préparation), ensemble pour lequel il sert de modèle.

Le présent de l’indicatif Les formes des personnes du pluriel du présent sont celles-ci :

sav –ons sav –ez sav –ent

sa v oir

suite …

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Grammaire des maîtres Page 4 (G2) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « savoir » A D G L … suite À l’examen, ces formes des personnes du pluriel s’élaborent dans le respect des règles de construction des verbes de *Conjugaison mixte, soit dans le partage avec la forme de l’infinitif d’un radical long « sav– ». Soit maintenant les formes des personnes du singulier du présent :

sai –s sai –s sai –t

sa v oir

Ici encore, les règles de construction des verbes de *Conjugaison mixte sont respectées. Ces formes se construisant dans un rapport étroit à la forme du radical court que porte la forme de l’infinitif. Toutefois ce radical court [sa] devient un radical oral [sè], écrit « sai– ». La Grammaire logique et raisonnée s’est donné comme tâche d’identifier ce type d’accident et d’en présenter le mécanisme. Cette grammaire sait identifier et reconnaître dans le passage d’un radical [sa] à un radical [sè], ou « sai– », un glissement à rapprocher de ceux affectant les verbes de l’Ensemble deuxième de … *Conjugaison (article en préparation), soit des verbes de *Conjugaison dominante à voyelle variable. Ainsi, en figure :

é (cédons/cède) è e (levons/lève) a (savons/sais).

La figure est nette au point que l’observation s’impose qu’en position de voyelles de syllabe finale, les voyelles [é], [ə], de même que la voyelle [a] du radical court de « savoir », se voient subsister la voyelle antérieure [è], mi-fermée/mi-ouverte. Cette voyelle [è] semble s’imposer en substitution, dans les formes où elle apparaît, comme une voyelle « forte » ou « colorée ». Il appartient à la linguistique d’analyser plus finement ce phénomène de « glissement oral ». L’important pour la grammaire est d’identifier et de reconnaître sous le glissement vocalique la continue présence du radical court du verbe, ce qui vient d’être fait.

… suite

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Grammaire des maîtres Page 5 (G3) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « savoir » A D G L … suite

L’imparfait Les formes du temps du passé qu’est l’imparfait sont de formation régulière, à partir du radical long « sav– ». Soit : « Je sav –ais », « nous sav –ions ».

Le passé simple et le par ticipe passé Les formes de ce temps du passé qu’est le passé simple sont d’une construction historique perdue dans le passé. L’usage s’est chargée de conserver les « je sus », « ils surent », ne trouvant pas de voie pour rajeunir ces vieilles formes d’un verbe déjà qualifié de « vieux » verbe en raison de son appartenance à la catégorie des verbes de *Conjugaison mixte. Les formes « su(e)(s) » du participe passé sont d’une construction historique semblable, perdue dans le passé. Un usage fréquent, ici encore, en explique le maintien.

Les futurs simple et conditionnel La forme « saurai » est à rapprocher de la forme « aurai » du verbe « avoir ». Une prononciation ancienne [sawère] de l’infinitif (qui, d’ailleurs, s’entend encore en québécois populaire) a conduit à une forme orale devenue par la suite inacceptable. En effet, dans tous ses mots, la langue française a poursuivi, aux dix-septième et dix-huitième siècles surtout, une recherche esthétique fuyant les semi-consonnes et favorisant des prononciations fermes, simples et nettes. Ainsi est apparue une forme « saurai », se confortant de l’« aurai » du verbe « avoir ».

Les formes à radical « sach– » Plusieurs des temps du verbe « savoir » ont construit leurs formes à partir d’un radical « sach– ». Ainsi, le participe présent avec la forme « sach–ant », le présent du subjonctif avec les formes « sache », « sachiez » et autres, et l’impératif avec les formes « sache », « sachons », « sachez ». La grammaire logique et raisonnée sait – tirant ses savoirs de la linguistique – rendre compte du choix de ces formes et de ce radical. Tout d’abord, les formes en « sache » et « sachiez » du subjonctif ne doivent pas étonner, étant en conne compagnie. En effet, les verbes « être », « avoir », « vouloir » et « pouvoir » ne construisent-ils pas de semblable façon leurs formes du subjonctif avec des « sois », « aie », « veuille », et « puisse ».

… suite

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Grammaire des maîtres Page 6 (G4) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « savoir » A D G L … suite Ces choix, le linguiste Gustave Guillaume les a clairement et nettement expliqués et justifiés. Le mode subjonctif est le mode d’expression du possible, en regard du mode indicatif qui est celui de l’expression de certain et du probable. Le verbe « pouvoir » est celui qui laisse voir le plus nettement cette différentiation conceptuelle. Ainsi les formes du mode indicatif avec « peux » et « pouvons », et autres formes semblables, réfère au « pouvoir », tandis que le mode subjonctif avec « puisse » et « puissions », et autres formes semblables, réfère à la « puissance ». La nuance est nette dans des emplois en phrases : Je voudrais qu’il puisse … Je sais qu’il peut … Il en est de même pour le verbe « savoir » : Je voudrais qu’il sache ces choses. Je crois qu’il sait ces choses. L’opposition est celle du « savoir » (avec « il sait ») et de la possibilité du savoir (avec « qu’il sache »), soit, dans ce dernier cas, d’un savoir présentant la profondeur, mais aussi l’incertitude de la « sagesse ». Le mode impératif vient confirmer ce jeu conceptuel. L’impératif en effet ne peut comme la plupart des verbes tirer ses formes du présent de l’indicatif : des formes *sais, *savons, *savez n’auraient aucun sens, car il n’est pas possible de commander à quelqu’un de « savoir ». Seul le souhait d’apprendre est possible, ce que traduisent les formes sache, sachons, sachez, au sens de « apprenez », de « tachez de comprendre ». Il est bon de noter, pour en terminer des formes de l’impératif, que si le radical utilisé est celui du mode subjonctif, les désinences sont celles du présent du mode indicatif, en « –ons » et « –ez ». Remarquable encore est l’orthographe sans « s » de « sache », rejoignant celle des verbes en –er, avec leur « mange », « chante », « regarde », toutes des formes sans « s » à la deuxième personne du singulier. Ce choix orthographique est expliqué ailleurs (voir Roy (1997), Fascicule FRAMÉE no 9). La forme « sach–ant » du participe présent semble résulter d’un simple refus d’une forme attendue en construction régulière que serait la forme « savant », ce mot et cette orthographe servant déjà de nom et d’adjectif. De plus, le choix d’une forme « sachant » est tout probablement rendu acceptable par la valeur d’un mode participe, ce qui serait à creuser en linguistique.

… suite

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Grammaire des maîtres Page 7 (G5) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « savoir » A D G L … suite

Conclusion La présentation en grammaire du verbe « savoir » est quelque peu exigeante en étendue des explications à fournir, et en finesse et profondeur de ces explications. Ces efforts paraissent toutefois totalement justifiée dans une approche qui, au premier chef, refuse la qualification de « verbe irrégulier » et qui, plus justement et plus rationnellement, croit qu’il s’impose dans l’enseignement de la langue française de faire voir les liens conceptuels et les justifications qui ont guidé le choix des formes et continuent à en fonder l’usage. Une approche qui – il faut le répéter – est celle de la Grammaire logique et raisonnée.

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Grammaire des maîtres Page 8 (L1) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « savoir » A D G L

Linguistique : approfondissements La grammaire sait expliquer pour l’essentiel la construction des formes du verbe « savoir ». Il reste que les analyses dont est capable la linguistique permettent un certain nombre d’approfondissements. Ainsi, sur les formes à radical « sach– ». Le radical [saʃ], écrit « sach– », est d’abord celui du subjonctif. Il s’impose donc de présenter en tout premier les règles de construction des formes du subjonctif. Ces règles de construction sont celles d’un mécanisme sémiologique (ou de formes matérielles) répondant aux exigences d’un système conceptuel ou sémantique. Ce système est ceci :

Mode subjonctif

expression du possible

Mode indicatif

expression

du probable, du certaine

Les emplois suivants concrétisent les données du tableau : Il est cer tain qu’il viendra. Il est probable qu’il viendra. Il est possible qu’il vienne. Le « certain » et le « probable » (le probable comportant une part de « certain », ou une nette approche du « certain ») constituent des zones de représentation portées par les formes du mode indicatif ; le « possible » constitue une zone de représentation portée par les formes du mode subjonctif. Ce choix d’un système « possible » → « probable » → « certain » est celui de la langue française. Les fondements du système d’emploi des modes étant ce qui vient d’être établi, il s’impose de passer à l’examen des formes porteuses. Ces formes porteuses sont bien représentées dans le choix de formes suivant : Mode : indicatif je chante1 je viens4 je vois7 ils chantent2 ils viennent5 ils voient8 subjonctif … que je chante3 … que je vienne6 … que je voie9

suite …

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Grammaire des maîtres Page 9 (L2) 12-02-27 (12-12-09) Index Conjugaison du verbe « savoir » A D G L … suite Les formes d’un verbe de conjugaison mixte à voyelle variable comme le verbe « venir » laissent voir on ne peut plus clairement les règles de construction des formes du subjonctif. La forme « vienne » d’un « Je voudrais qu’il vienne » ou d’un « Il faut qu’il vienne » montre nettement que ladite forme résulte d’une surcharge de tension du type de celle affectant déjà la forme « viennent » de troisième personne du pluriel du présent de l’indicatif. Les formes du présent du subjonctif résulteraient donc d’une construction soumise à une tension augmentée ou à une surcharge de tension de leur finale. Cette surcharge de tension des formes du subjonctif traduirait la non-atteinte d’une valeur de « probable » ou de « certain », valeurs réservées aux formes simples de l’indicatif. Les formes de l’indicatif traduiraient, par la simplicité matérielle atteinte, la fin de course d’un système aboutissant à la représentation du « certain ». Les formes du subjonctif, pour reprendre, exprimeraient par la complexité de leurs formes, complexité originant elle-même de la surcharge de tension les affectant, la non-atteinte par le « procès » ou la représentation à traduire d’un état de certitude, ou au moins de probabilité. Les formes du subjonctif se présenteraient comme des formes « en retrait », manifestant par ce « retrait » une non-atteinte, une valeur d’incomplétude et exprimant, en regard du « certain » de fin de système des modes, un simple « possible ». Telles seraient pour l’essentiel le système des modes subjonctif et indicatif et les règles qui, en mécanisme, présideraient à la construction des formes du présent du subjonctif.

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Grammaire des maîtres Page 1 11-03-14 (13-12-08) Index Grammaire raisonnée

Réflexion La Grammaire générale et raisonnée (1634-1637) d’Antoine Arnaud et Claude Lancelot avançait, sur un départ philosophique, que les emplois langagiers reposaient sur des systèmes de langue, lesquels devaient pouvoir être démontés et expliqués. Ce qu’ils ne purent montrer à l’évidence. Les vues d’Arnaud et Lancelot devaient toutefois faire leur petit bonhomme de chemin, les contributions s’additionnant, pour, près de quatre siècles plus tard, se voir confirmer dans leur justesse par les travaux du linguiste français Gustave Guillaume. Il est proposés ci-après quelques noms – un choix personnel – de grammairiens et de penseurs clairvoyants ayant contribué au développement de l’assertion de départ d’Arnaud et Lancelot : Vaugelas (1647) Arnaud et Lancelot (1660-1662) Bouhours (1675) Abbé Gabriel Girard (1747) Nicolas Beauzée (1767) Condillac (1775) Saussure (1916) Guillaume (1883-1960) La lecture de ces auteurs met mieux à même de percevoir l’effort de réflexion et de recherche qui a mené aux connaissances récentes de grammaire raisonnée et de linguistique structurale. Par ailleurs, il reste dans ces admirables écrits de fines intuitions non encore exploitées, qui pourraient mener à des développements de linguistique et de grammaire importants. Vaugelas, Claude Fabre de, Remarques sur la langue française (1647). Arnaud, Antoine et Claude Lancelot, Grammaire générale et raisonnée, suivie de la logique ou l’art de penser (1660-1662). Bouhours, Dominique, Remarques nouvelles sur la langue française (1675). Girard, Abbé Gabriel, Les vrais principes de la langue française (1747). Beauzée, Nicolas, Grammaire générale ou exposition raisonnée des éléments nécessaires du langage (1767).

Suite …

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Grammaire des maîtres Page 2 11-03-14 (13-10-23) Index Grammaire raisonnée … suite De Condillac, Étienne Bounot, Oeuvres philosophiques de Condillac (deux tomes, 1775). De Saussure, Ferdinand, Cours de linguistique générale (1916). Guillaume, Gustave (1883-1960) : Temps et verbes (1929). L’architectonique du temps dans les langues classiques (1945). Langage et science du langage, paru en 1964 (1933-1958). Leçons de linguistique (1938-1960).

Grammaire des maîtres Page 1 (A1) 12-06-06 (12-12-09) Index Impératif (chantE ou chantES) ?

Analyse Il faut écrire :

« ChantE ta chanson ! »

Mais écrire : « ChantES-en plusieurs ! »

La règle gouvernant ces orthographes en est une de seule écr iture. La règle de seule écr iture est expliquée et présentée dans quelques-unes de ses applications dans le Fascicule FRAMÉE no 9. Essentiellement, la langue écrite du français s’est donné des règles d’écriture soit propres – et donc sans lien avec l’oral – soit d’interprétation en rendu de l’oral. Les choix qui en résultent exigent des analyses souvent très fines, menant à une plus grande compréhension de ce qu’est la langue française.

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Grammaire des maîtres Page 1 (A1) 12-02-27 (12-12-09) Index Mots de couleur (Accord des …) A D G L

Aperçu de grammaire Les mots de couleur s’accordent selon les règles usuelles d’accord des noms et des adjectifs. Il n’y a donc pas, à proprement parler, de règle spécifique d’accord des mots de couleur, du genre de ce que présente la grammaire traditionnelle. La règle d’accord de la grammaire traditionnelle, qui distribue les accords en cas de variabilité et cas d’invariabilité, résulte d’une incapacité à comprendre et à expliquer l’accord des mots de couleur. Cette approche est à écarter. Toutefois les mots de couleur s’accordent dans la seule application des règles usuelles d’accord des noms et des adjectifs, il n’en demeure pas moins possible d’inventorier, à des fins de simplification didactique des cas d’accord commandés par la construction syntaxique. Premier cas d’accord :

Des plumes vertes .

nom

+

adjectif

Deuxième cas d’accord :

Des chemises rouge vif .

nom (+ raccourci)

+

nom

+

adjectif

Troisième cas d’accord :

Des écharpes vert pomme .

nom (+ raccourci)

+

nom (+ raccourci)

Quatr ième cas d’accord :

Des murs ivoires .

nom (+ double raccourci)

+

nom

suite …

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Grammaire des maîtres Page 2 (A2) 12-02-27 (12-12-09) Index Mots de couleur (Accord des …) A D G L …suite S’ajoutent des cas de généralisation qui ne sont que des compositions des cas d’accord précédents, mais présentant des voltiges logiques amusantes. Voici quelques-unes de ces constructions : Des murs mandarine clair. Des vernis pierre chauffée. Des parements vert volets. Le maître prendra plaisir à guider ses élèves dans l’exploration des différentes constructions d’emploi des mots de couleur et des accords que ces constructions commandent. Les élèves tireront de ces exercices une compréhension fine de la nature des mots que sont les noms et les adjectifs, de même que des jeux de raccourci (ou ellipse, ou expressivité, auxquels recourt abondamment la langue française. R.Claude Roy Le 26 janvier 2009.

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Grammaire des maîtres Page 3 (D) 12-02-27 (12-12-09) Page 1-G Index Mots de couleur (Accord des …) A D G L

Didactique : commentaires Texte à venir !

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Grammaire des maîtres Page 4 (G1) 12-02-27 (12-12-09) Index Mots de couleur (Accord des …) A D G L

Grammaire : approfondissements Les mots de couleurs s’accordent selon les règles usuelles d’accord des noms et des adjectifs. Il est possible, à des fins didactiques, d’analyser et d’expliquer les principaux cas d’accord des mots de couleur en regard des constructions syntaxiques dans lesquelles les mots de couleur s’emploient le plus souvent. Premier cas d’accord :

Des plumes vertes .

nom

+

adjectif

L’adjectif « vert » s’accorde en genre et en nombre avec le nom « plumes », selon la règle usuelle d’accord d’un adjectif, un adjectif s’accordant en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte. Autres exemples : Des lainages beiges. Une chaussure brune. Des fleurs mauves. Des rubans blancs. Les adjectifs simples de couleur sont de trois types : 1. Les adjectifs de base L’adjectif de base est une couleur qui ne fait référence à aucun objet particulier. Les couleurs suivantes sont habituellement maîtrisées dès le tout jeune âge. Elles constituent le répertoire de base des couleurs. beige brun mauve* rouge blanc gris noir vert bleu jaune rose* violet* * Les couleurs mauve, rose et violette sont au départ des noms. On a utilisé ces mots si souvent pour

exprimer la couleur, qu’ils en sont venus à être utilisés comme de véritables adjectifs. ** Les couleurs « blond », « châtain », « écarlate », « fauve », « incarnat » et « pourpre » sont utilisées

dans des emplois spécialisés comme ceux que montrent les exemples « Des chevelures châtaines », « Une peau cramoisie » et « Des pelages fauves ».

suite…

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Grammaire des maîtres Page 5 (G2) 12-02-27 (12-12-09) Index Mots de couleur (Accord des …) A D G L …suite 2. Les adjectifs dér ivés d’adjectifs de base Certains adjectifs de couleur sont formés à partir des adjectifs de base. Il existe plusieurs adjectifs dérivés de couleur dont ceux qui suivent : blanchâtre jaunâtre rosé verdâtre bleuâtre jaunet rougeâtre verdoyant bleuté noirâtre rougeaud violâtre brunâtre noiraud rougeoyant violacé grisâtre rosâtre infrarouge ultraviolet 3. Les adjectifs dér ivés de noms D’autres adjectifs de couleur proviennent de noms : ce sont également des adjectifs dérivés de couleur. Les exemples suivants ne représentent qu’une partie de la longue liste de ces adjectifs dérivés : argenté cendré ivoirin olivâtre azuré chocolaté nacré opalin bronzé cuivré ocré platiné

suite…

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Grammaire des maîtres Page 6 (G3) 12-02-27 (12-12-09) Index Mots de couleur (Accord des …) A D G L …suite Deuxième cas d’accord :

Des tomates rouge vif .

nom (+ raccourci)

+

nom

+

adjectif

Dans une construction syntaxique de ce type, l’adjectif « vif », porteur de la teinte, s’accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte, soit le nom « rouge ». Le mot « rouge », employé comme nom, s’accorde selon la règle usuelle d’accord d’un nom, un nom s’acccordant en nombre selon le sens de la phrase. La difficulté est que dans ce type de construction, il y a raccourci (ou ellipse*, ou expressivité*) : ledit raccourci se comprend aisément en regard d’une construction complète du type de « Des tomates d’un beau rouge vif ». Autres exemples : Des murs blanc cassé. Des gants bleu royal. Des yeux brun foncé. Des joues rose tendre. La liste des mots de couleur composés d’un nom complété d’un adjectif est fort longue. Les mots de couleur qui suivent comptent parmi les plus utilisés. beige clair bleu foncé brun foncé jaune impérial rouge sanglant blanc antique bleu pâle brun terreux jaune tendre rouge sombre blanc cassé bleu profond brun vif rose tendre rouge vif bleu alpin bleu royal gris cendré rouge ardent vert estival bleu antique bleu sombre gris terreux rouge clair vert mat bleu céleste bleu tendre jaune ambré rouge éclatant vert printanier bleu clair bleu vif jaune doré rouge foncé vert tendre bleu électrique brun clair jaune éclatant rouge pâle vert pâle

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Grammaire des maîtres Page 7 (G4) 12-02-27 (12-12-09) Index Mots de couleur (Accord des …) A D G L …suite Troisième cas d’accord :

Des chemises bleu ciel .

nom (+ raccourci)

+

nom (+ raccourci)

Une construction syntaxique de ce type utilise deux raccourcis (ou ellipse*, ou expressivité*). Les noms s’accordent selon le sens à tirer des raccourcis, lequel apparaît clairement dans une construction plus complète, comme « Des chemises d’un beau bleu de la teinte du ciel ». Autres exemples : Des pantalons brun chocolat. Des vestes vert avocat. Des pyjamas bleu nuit. Il existe un grand nombre de mots de couleur composés d’un nom suivi d’un autre nom. Et il est relativement aisé d’en créer de nouveaux. Ceux qui suivent comptent parmi les plus utilisés. blanc os bleu outremer gris fer jaune orange rouge tomate bleu acier bleu pastel gris perle jaune safran vert abricot bleu azur bleu roi gris pierre jaune serin vert avocat bleu émeraude bleu turquoise gris souris jaune soleil vert bouteille bleu horizon brun auburn gris taupe jaune soufre vert émeraude bleu indigo brun acajou jaune banane rouge bordeaux vert épinard bleu lavande brun caramel jaune canari rouge brique vert jade bleu lin brun chocolat jaune citron rouge carmin vert laitue bleu marine gris ardoise jaune moutarde rouge cerise vert limette bleu nuit gris cendre jaune or rouge sang vert olive vert pomme

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Grammaire des maîtres Page 8 (G5) 12-02-27 (12-12-09) Index Mots de couleur (Accord des …) A D G L …suite Quatr ième cas d’accord :

Des banderoles or .

nom (+ double raccourci)

+

nom

Cette construction repose sur le recours à un double raccourci, lequel se retrouve dans « Des banderoles d’un beau jaune de la teinte de l’or ». Le nom « or » s’accorde conformément au sens à tirer de la construction et des raccourcis qui la permettent. Autres exemples : Des cheveux argent. Des rubans fuchsia. Des fauteuils ivoire. Il existe un grand nombre de mots de couleur qui se présentent sous la forme d’un nom employé seul. D’autant que rien n’empêche d’en compléter le nombre. abrico chair kaki acajou chocolat marron acier chrome noisette agate citron noyer aluminium crème ocre amande cuivre olive ardoise ébène orange argent fuchsia pêche avocat indigo réséda café ivoire saumon caramel lilas vermillon

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Grammaire des maîtres Page 9 (G6) 12-02-27 (12-12-09) Index Mots de couleur (Accord des …) A D G L …suite Les cas de généralisation Les quatre cas d’accord qui précèdent sont de nature à permettre de comprendre et d’expliquer l’accord de mots de couleur présentant des fines nuances de sens. Soit : Des murs mandarine clair La couleur est ici celle que présente « une » mandarine, soit « du » mandarine : ce mandarine (les couleurs sont du masculin) est d’une teinte de « clair ». Soit encore : Des vernis pierre chauffée. La teinte de gris est ici obtenue par l’effet que donne une pierre quand elle est chauffée. Le raccourci tient forcément compte de cet aspect logique. Il peut par ailleurs paraître fort étonnant d’avoir à reconnaître que la couleur en cause est « du pierre chauffée », soit du « gris de la teinte que prend la pierre… ». Soit encore : Des parements vert volets. L’accord dans ce « vert volets » s’explique aisément par le fait que les volets viennent le plus souvent au nombre de deux. Et ainsi de suite. Les élèves adoreront mener des recherches pour découvrir des emplois curieux et amusant, aux accords étonnants. Références : Lefebvre, Louise et Roy, Raymond Claude (1995a). La règle d’accord des mots de couleurs. Fascicule

11 [Matériel didactique]. Université du Québec à Chicoutimi, Groupe FRAMÉE de recherche en didactique et grammaire du français.

Roy, Raymond Claude (1989). La règle d’accord des mots de couleur. Propos de grammaire

explicative. In Actes du 3e Colloque de psychomécanique, Université Laval. [Repris en Fascicule 1]. Université du Québec à Chicoutimi, Groupe FRAMÉE de recherche en didactique et grammaire du français.

R.Claude Roy Le 26 janvier 2009.

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Grammaire des maîtres Page 10 (L) 12-02-27 (12-12-09) Index Mots de couleur (Accord des …) A D G L

Linguistique : approfondissements L’accord des mots de couleur s’explique aisément par les données de grammaire. La linguistique n’a que peu à contribuer en terme d’approfondissements ou de fondements. Le terme de « raccourci » retenu et utilisé plus haut résulte d’un choix didactique : les élèves, même les plus jeunes, saisissent bien le sens du mot. La grammaire traditionnelle recourt au terme de « ellipse », un mot dont le sens n’apparaît que dans le recours à l’étymologie et qui demeure hermétique et difficile d’emploi pour de jeunes élèves. La linguistique psychomécanique apporte toutefois une contribution de bon poids à l’explication des constructions utilisant un ou des raccourcis. Le linguiste Gustave Guillaume identifie le procédé en cause comme un effet d’expressivité, l’expressivité s’opposant à l’expression selon la formule

expression + expressivité = 1. L’expression est attachée aux moyens de la langue ou de la morphologie ; l’expressivité, à ceux du discours ou de la syntaxe. Il y a le plus grand intérêt à lire les analyse théoriques de Guillaume. Il n’y a qu’à se référer à l’adresse : http://nlip.pcu.ac.kr/Gustave

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Grammaire des maîtres Page 1 (A1) 12-02-27 (12-12-09) Index Nom (Les fonctions du …)

Analyse Le nom peut remplir sept fonctions différentes. Le tableau qui suit les montre en système. COMPLÉMENTS DU NOM : – Complément Déterminatif du Nom – Attribut – Apposition

COMPLÉMENTS DU VERBE : – Complément Direct d’Objet – Complément Indirect d’Objet – Complément Indirect Circonstanciel

Remarque 1. Ce thème a été traité dans le Fascicule FRAMÉE no 17, mais du point de vue de la

recherche en linguistique. Il peut suffire de lire la troisième partie de cet essai. Remarque 2. Les compléments d’adjectif, d’adverbe et de pronom peuvent être assimilés aux

compléments du verbe et du nom identifiés ci-haut.

C.L.C. C.D.N. C.L.O.

C.D.O. SUJET APP. ATTR.

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Grammaire des maîtres Pensée 12-02-27 (13-03-09) Index Pensée Le linguiste Gustave Guillaume distingue en regard de l’*Acte de langage des opérations de pensée relevant d’une part de la pensée proprement dite (ou pensée pensante), et d’autre part de la grammaire (ou pensée pensée). Le maître ou le dilettante avide de compréhension lira avec intérêt l’Essai de mécanique intuitionnelle paru aux Presses de l’Université Laval (2007) ISBN 978-2-7637-8533-2

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Grammaire des maîtres Page 1 (A) 12-02-27 (12-12-09) Index Phrase (La …) A D G L

Aperçu de grammaire Soit l’exemple de phrase suivant :

Jean chante.

Une phrase est faite – ou résulte – de la rencontre en complémentarité, d’un nom et d’un verbe :

Une complémentarité de sens est la principale des exigences de cette union d’un nom et d’un verbe. Pour ce qui est de sa composition, une phrase peut se présenter : ou simple : Jean chante. Le petit garçon a chanté. ou complexe : Le petit garçon de ma voisine a chanté des airs anciens devant les élèves de sa

classe. ou réduite : Demain. Chante ! Allo !

nom verbe + = phrase.

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Grammaire des maîtres Page 2 (D) 12-02-27 (12-12-09) Index Phrase (La …) A D G L

Didactique : commentaires Une définition juste du concept de phrase, comme celle qu’avance la Grammaire logique et raisonnée, permet à un maître une présentation respectueuse d’une démarche scientifique, et une initiation des élèves à la démarche scientifique. La première des difficultés que pose la présentation – ou la découverte – du concept de phrase est celle des différentes compositions possibles : phrase de base, phrase simple, phrase complexe, phrase réduite. Les élèves gagneront à découvrir, sous la direction de leur maître, comment des traitements de différentes natures permettent à la phrase de base de se complexifier ou de se réduire sans que la définition de départ ne soit infirmée, mais tout en étant au contraire confirmée et approfondie. Un enseignement qui fait ainsi ressortir la logique des mécanismes de la langue constitue pour les élèves une véritable initiation à la science. Ce qui a pour effet de rendre intéressant et aisé l’apprentissage du français, mais qui a aussi pour effet d’en faire autre chose qu’un amalgame d’exercices de mémorisation fastidieux.

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Grammaire des maîtres Page 3 (G1) 12-02-27 (12-12-09) Index Phrase (La …) A D G L

Grammaire : approfondissements Soit la construction suivante :

Cette construction est celle d’une phrase simple de base. C’est celle d’une phrase comme :

Jean chante. Il est donc justifié de poser – en hypothèse, tout au moins – qu’une phrase est faite de la rencontre d’un nom et d’un verbe. Il faut toutefois prendre en compte que d’autres mécanismes peuvent venir complexifier la structure de base d’une phrase. De sorte qu’une phrase peut se présenter sous l’aspect de : une phrase simple de base, une phrase simple continuée, une phrase complexe, une phrase réduite. La phrase simple de base Ainsi qu’il a été vu, la phrase suivante est un exemple de phrase simple de base :

Jean chante. Sa construction est réduite aux mots essentiels à la formation d’une phrase, un nom et un verbe. En représentation :

suite…

nom verbe + .

nom verbe + .

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Grammaire des maîtres Page 4 (G2) 12-02-27 (12-12-09) Index Phrase (La …) A D G L …suite La phrase simple continuée Soit la phrase suivante :

Le petit garçon avait chanté. La construction de cette phrase est la suivante : ou :

suite…

dét.

adjectif

nom verbe +

verbe .

Le

petit

garçon avait +

chanté .

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Grammaire des maîtres Page 5 (G3) 12-02-27 (12-12-09) Index Phrase (La …) A D G L …suite Une phrase simple continuée est une phrase simple du fait que le nombre de mots fondamentaux n’augmente pas, demeurant le couple nom + verbe. La complexification qui intervient tient à l’ajout de mots seconds, déterminant, adjectif et verbe auxiliaire. Ce type de complexification est à qualifier de complexification interne. Les phrases suivantes sont toutes des phrases simples continuées : – Un très beau chien a été aperçu. – Ce fort et magnifique animal avait paradé. Ces phrases ne comportent que les deux mots fondamentaux de base, nom + verbe ; et ces mots sont l’objet de l’ajout de mots seconds. La phrase complexe Soit la phrase suivante :

Jean aperçoit Robert. La structure de cette phrase est ceci : complément direct d’objet Il y a dans cette phrase augmentation du nombre de mots fondamentaux avec l’ajout du nom Robert en fonction de complément direct d’objet. Ce type de complexification est à qualifier de complexification externe. Il est à remarquer qu’une phrase complexe peut présenter et présente souvent en surcharge une complexification interne. Par exemple, dans une phrase comme celle-ci :

Le petit garçon de ma voisine a chanté devant les élèves de sa classe. Ladite phrase comporte cinq mots fondamentaux auxquels s’ajoutent nombre de mots seconds.

suite…

nom verbe + nom +

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Grammaire des maîtres Page 6 (G4) 12-02-27 (12-12-09) Index Phrase (La …) A D G L …suite La phrase réduite Soit la construction suivante :

Lumières ! Cet emploi est à qualifier de phrase, ce que confirme la majuscule d’attaque usuelle de phrase et le point final conclusif. Plus fondamentalement, cet emploi résulte d’un effet d’expressivité (ce que la grammaire traditionnelle identifie comme un ellipse). Le contexte permet en effet de comprendre qu’il y a, selon le contexte, à entendre : Allumez les lumières ! ou : Éteignez les lumières ! Sont à considérer comme des phrases réduites, les emplois suivants :

(1) Dans dix minutes ! (2) Silence ! (3) Oui ! (4) Bonté divine ! (5) Meuh ! (6) Hein !

Et surtout : Avance ! Mange !

Pour s’expliquer chacun de ces emplois, il y a avantage à consulter le Fascicule FRAMÉE no 3 : La notion grammaticale de phrase à l’école, aux pages 26, 27 et 28.

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Grammaire des maîtres Page 7 (L1) 12-02-27 (12-12-09) Index Phrase (La …) A D G L

Linguistique : approfondissements La grammaire, du moins celle d’approche logique et raisonnée, retient qu’une phrase est faite de la rencontre d’un nom et d’un verbe. Il y a plus toutefois, ainsi que le fait voir des phrases comme celles-ci :

(1) Le petit garçon chante. (2) Le bureau écrit.

Le non-sens de la seconde phrase amène à poser que si une phrase est faite de la rencontre d’un nom et d’un verbe, cette rencontre doit se faire en complémentar ité de sens. La linguistique mécanique sait préciser la place et le rôle de la complémentarité de sens, à l’intérieur d’un *acte de langage. Toutefois, ce faisant, la linguistique mécanique identifie un total de six ordres de complémentarité. Ainsi :

GRAMMAIRE

(2) nature (3) forme

(4) fonction (5) accord

nom

verbe

ACTE DE LANGAGE

(1) sens

(6) intonation

PENSÉE

Ensemble du mécanisme d’un acte de langage

Ces complémentarités sont :

(1) de sens, (2) de nature, (3) de forme, (4) de fonction, (5) d’accord, (6) d’intonation.

Ces différents ordres de complémentarité sont présentés et expliqués dans le Fascicule FRAMÉE no 16 (Roy, 2003). Brièvement, pour rappel, ces complémentarités sont ce qui suit. La complémentar ité de sens est celle d’un accord logique entre le thème traité (porté, au premier chef, par le nom sujet) et ce qui en est dit (porté, au premier chef, par le verbe prédicat).

suite …

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Grammaire des maîtres Page 8 (L2) 12-02-27 (12-12-09) Index Phrase (La …) A D G L … suite La complémentar ité de nature est celle d’un mot concrétisant une saisie première (et conséquemment un nom) et d’un mot complétant d’une saisie continuée (et conséquemment un verbe) la saisie première de départ. La saisie continuée se distingue de la saisie première par la dimension de temps qu’elle ajoute à la saisie de pensée. Il n’est pour bien voir qu’à comparer les mots « course » (de saisie première arrêtée) et « courir » (de saisie continuée, et donc incluant la dimension temporelle). La complémentar ité de forme n’est ni connue, ni reconnue. C’est celle d’un mot tendant à se terminer par une voyelle (un nom) et d’un mot tendant à se terminer par une consonne (un verbe) (Roy, 1979…). Il n’y a qu’à comparer pour bien voir : nom : chan(t) [ʃã] verbe : chante [ʃãt] Le verbe traduit sa nature par sa finale consonantique, le nom par sa finale vocalique. Soit dans une phrase : ʒã + ʃãt (Jean) (chante). Il importe de souligner que ni tous les noms, ni tous les verbes n’ont atteint à cet état de composition formelle idéale recherchée par la langue, en l’occurrence française. La complémentar ité de fonction relève de la syntaxe et donc, en français de l’ordre des mots. Elle vient reconnaître dans le concret de la parole le rôle premier d’un mot (un nom) qu’elle dit « sujet » et le rôle complémentaire d’un mot (un verbe) qu’elle dit « prédicat ». La complémentar ité d’accord vient appuyer la perception d’une complémentarité de fonction. (Ainsi que la complémentaire de forme vient appuyer la complémentarité de nature.) Cet accord est essentiellement de personne. Ainsi : il boit, ils boivent, nous buvons. Cet accord n’est pas toujours net, ni à l’oral, ni à l’écrit. Il n’y a qu’à examiner ces emplois : je chante [ʃãt] tu chantes [ʃãt] il chante [ʃãt].

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Grammaire des maîtres Page 9 (L3) 12-02-27 (12-12-09) Index Phrase (La …) A D G L … suite Ou : je vis [vi] tu vis [vi] il vit [vi]. Les simplifications de l’oral ne sont pas des faiblesses de la langue française. Ce sont au contraire des avancées de la langue française cherchant à se débarrasser des dernières lourdeurs de son ancêtre, la langue romane. La complémentar ité d’intonation vient soutenir concrètement la saisie phrastique, la saisie livrant à la pensée la globalité de l’idée portée par l’unité qu’est la phrase. L’intonation vient souligner la double saisie de la phrase par un double mouvement de montée/descente, présent dans les accents toniques. Ainsi : montée descente

Le petit garçon avait chanté. Le parlant français qui s’exprime bien, sans chantonner, produit ces mouvements inconsciemment. (L’école devrait s’attacher à faire comprendre et maîtriser ces techniques. Ce que. fort malheureusement, elle ne fait que rarement, ces phénomènes n’étant le plus souvent ni connus, ni maîtrisés par les maîtres.) Conclusion : La grammaire d’approche logique et raisonnée retient qu’une phrase est faite – ou résulte – de la rencontre en complémentarité d’un nom et d’un verbe. Cette complémentarité est, comme il vient d’être vu, de six ordres majeurs. La recherche permettra certainement d’affiner la compréhension du système des complémentarités de la phrase, en en identifiant quelques autres complémentarités. À lire : Roy, Raymond Claude (2003). Le jeu des complémentarités de la phrase de base, Fascicule FRAMÉE

no 16.

Roy, Raymond Claude (1994). La notion grammaticale de phrase à l’école, Fascicule FRAMÉE no 3.

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Grammaire des maîtres Page 1 14-06-12 Index Verbe : les désinences –ions/–iez

Analyse linguistique Dans le texte des Leçons de linguistique de Gustave Guillaume, il se retrouve assez souvent des affirmations de l’ordre de l’intuition, affirmations que l’auteur présentait à ses auditeurs sans en tenter quelqu’éclaircissement ou quelqu’approfondissement . L’auteur témoignait certainement ainsi de sa constante quête de l’explication dans les faits de langue et, également, d’une grande confiance de trouver le même état d’esprit et la même ouverture chez ses auditeurs et ses disciples. Une de ces affirmations – de l’ordre de l’intention – porte sur les désinences –ions/–iez de formes verbales du subjonctif présent. Guillaume fait remarquer que ces désinences se retrouvent également dans les formes de l’imparfait du mode indicatif : le linguiste ajoute qu’il y a là certainement plus que hasard, que lesdites désinences doivent partager quelque valeur commune. Il ne semble pas que Guillaume soit jamais revenu sur cette affirmation-intuition. Cette courte analyse veut examiner ladite affirmation-intuition pour tâcher de voir si quelque valeur commune permet, justifie, l’emploi en retour de ces finales –ions/–iez dans les formes et du présent du mode subjonctif, et de l’imparfait du mode indicatif. Il y aura donc, pour arriver au but recherché, à d’abord examiner et analyser en profondeur l’emploi des désinences –ions/–iez dans les formes du présent du subjonctif, dans des formes du type des « dormions », « dormiez » de phrases comme : Il faudrait que nous dormions Il faudrait que vous dorm

, iez

.

Cette première analyse complétée, il y aura à examiner et analyser, en profondeur toujours, dans une seconde partie, les mêmes emplois de désinences dans les formes semblables de l’imparfait du mode indicatif, celles de phrases comme : À cette heure-là, nous dormions

A cette heure-là, vous dorm,

iez

.

Cette seconde analyse, bien avancée, il pourrait y avoir en complément, à s’intéresser aux désinences apparentées de formes comme « dormirions », « dormiriez », appartenant au futur conditionnel. Cette addition des désinences ou plutôt finales –ions/–iez du futur conditionnel obligera à établir si quelque lien permet de rapprocher ces finales des désinences de l’imparfait de l’indicatif et du présent du subjonctif. Cette conclusion établie, il restera à voir, dans une troisième partie, si quelque analyse plus fine pourrait permettre d’apercevoir ce que la simplicité obligée des systèmes et des mécanismes de la langue cache aux analyses de premier abord.

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Grammaire des maîtres Page 2 14-06-12 Index Verbe : les désinences –ions/–iez …suite La première partie des analyses projetées concerne les désinences en –ions/–iez du présent du subjonctif, celles des formes de phrases comme : Il faut que nous le sachions Il faut que vous le sach

, iez

.

C’est à ces désinences que réfère d’abord le linguiste Guillaume présentant son affirmation-intuition. Un bon premier pas sera de s’intéresser au mode subjonctif, à sa nature. Les modes sont, ce qui va de soi, organisés en système. Ainsi :

Certain, probable

Mode Indicatif

Possible

Mode Subjonctif

Virtuel

Mode Quasi-nominal Ou, plus justement, comme ceci, sur tenseur binaire radical :

Mode quasi-nominal

virtuel

Mode subjonctif

possible

Mode indicatif probable-certain

Cette dernière représentation, quoiqu’utilisant les données de la linguistique guillaumienne, est celle d’une linguistique de notre cru, que nous aimons qualifier de « linguistique mécanique ». Dans ce système des modes, le mode subjonctif est vu comme le mode de représentation d’un événement perçu comme possible. Si la représentation glisse à celle d’un événement probable, ou même certain, le mode utilisé sera celui de l’indicatif.

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Grammaire des maîtres Page 3 14-06-12 Index Verbe : les désinences –ions/–iez …suite Le mécanisme porteur permettant aux formes orales de rendre une représentation du possible (et d’appartenir au mode subjonctif) est celui d’une surcharge vocale. La surcharge vocale fait apparaître une mouillure, un [ j ] ou yod, avant la voyelle finale. Ainsi s’effectue la passage de ] à j ], et de ] à ], Pour ces deux personnes, première et deuxième du pluriel, le mécanisme joue nettement et tout apparaît simple. Le passage d’un « chantons » oral à un « chantions » oral, et d’un « chantez » oral à un « chantiez » oral, le tout grâce à l’apparition d’une mouillure résultant d’une surcharge vocale apparaît fort net et efficace. Dans les faits, l’apparition de la mouillure résulte d’une surcharge orale jouant déjà dans le système des personnes du présent de l’indicatif et prenant force plus grande pour les personnes du présent du subjonctif. Le lecteur intéressé à une description complète de ce mécanisme pourra consulter le Fascicule FRAMÉE no 23. Une remarque s’impose. Que les formes du présent de l’indicatif, les plus accomplies en tant qu’image du temps, soient aussi les plus simples matériellement et de moindre tension orale ne doit pas surprendre. Il faut y voir une construction à rebours du système, les formes les plus simples, de valeur finale, s’établissant les premières ; les formes plus lourdes, plus complexes, de valeur partielle ou incomplète, s’établissant plus tard. En résumé, les désinences –ions /–iez du présent du subjonctif marquent par leur mouillure, en regard des désinences –ons /–ez du présent de l’indicatif, le passage à une valeur de possible de la représentation du temps du signifié verbal impliqué. Plus simplement, la mouillure porte un changement de mode, du « probable-certain » au simple « possible » Il y a en second lieu, après l’analyse précédente de la portée et du mécanisme des désinences –ions /–iez du présent du subjonctif, à s’intéresser aux mêmes désinences lorsqu’utilisées pour les personnes doubles de l’imparfait de l’indicatif. Toujours sur la trace de l’intuition de Guillaume que l’emploi des mêmes désinences dans ces deux temps se justifie par quelque valeur commune. Une difficulté qui a pu empêcher Guillaume de prolonger son intuition pourrait tenir à la représentation qu’il donnait au système des temps simples du mode indicatif. Qui était ceci, en figure :

Passé α Futur ω

Au centre de la figure, le linguiste plaçait le présent en le qualifiant de présent vertical, un présent séparant les domaines des temps du passé et des temps du futur.

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Grammaire des maîtres Page 4 14-06-12 Index Verbe : les désinences –ions/–iez …suite Or, une représentation différente peut permettre de mieux saisir le fonctionnement du système. Cette représentation est celle de la linguistique « mécanique ». Elle est ceci, pour le présent :

ω ω ω

Présent O

α α α

Vision descendante La représentation est celle de la vision première, descendante, au plus près de l’expérience commune de saisie de conscience vive du temps. Le présent y est vu comme un insaisissable fait de versions continues et ininterrompues de saisie alpha en saisie oméga. Ces versions se multiplient en petit nombre pour un emploi de présent momentané, sans fin (ou presque) pour un présent d’univers. Au point O de version siège la pensée pensante qui enregistre ces saisies et en construit une représentation du présent en pensée pensée, ou mécanisme ou grammaire (les trois termes se valant). Rien que de très conforme à l’enseignement guillaumien, si ce n’est la projection sur tenseur radical binaire. Mais cette représentation sur tenseur radical binaire permet d’entrevoir beaucoup plus du système des temps de l’indicatif et de son mécanisme porteur. En effet, si, au point O de version ininterrompu, il est vu que la pensée pensante se dégage de l’effort de construction du présent en vision descendante et conçoit une vision de construction ascendante, le résultat en figure pourra être ceci :

ω ω ω

O

α α α

vision descendante

ω ω ω

α α α

vision ascendante

suite…

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Grammaire des maîtres Page 5 14-06-12 Index Verbe : les désinences –ions/–iez …suite La clé se trouve donc au point O de départ. La pensée pensante qui y siège, reléguant en arrière-pensée la saisie du présent en vision descendante, adopte une saisie de vision ascendante, laquelle permet de concevoir des saisies d’événements passés en succession d’instants oméga, ou des saisies d’événements futurs en succession d’instants alpha. La résultat est le « présent vertical » de Guillaume, un présent de suspension par la pensée pensante de l’effort de construction d’un mécanisme de présent au profit d’un effort de construction de représentations d’événements passés ou futurs par des mécanismes appropriés. Ceci acquis, l’usage des désinences –ions/–iez dans le passé imparfait n’est plus qu’un glissement ou un passage, sous l’effet d’une surcharge vocale ou orale, d’une forme ] à une forme ], et d’une forme ] à une forme ], Et donc de formes « chantons »/« chantez » du présent de l’indicatif à des formes « chantions »/ « chantiez » du passé imparfait du même mode indicatif. Le procédé est le même que celui qui créait des formes « chantions »/« chantiez » pour l’expression d’un présent du mode subjonctif. Faut-il chercher plus loin ? N’y a-t-il pas là suffisance expressive. Dans les deux constructions, la création de formes en surcharge vocale faisant glisser la pensée d’un temps (le présent) à un autre temps(un passé imparfait) du même mode, ou faisant glisser la pensée d’un temps présent du mode indicatif à un temps dit présent d’un mode différent, le mode subjonctif. La construction de phrases utilisant les temps de ces modes ne prête à aucune confusion : À cette heure-là, nous dormions, vous dormiez. Il faut que nous dormions, que vous dormiez. Il n’est pas certain qu’il faille voir plus que des glissements en système par l’usage d’un même mécanisme de surcharge vocale. Après tout, le retour de formes semblables ne prêtera à aucune confusion, il est compréhensible que la langue ait accepté le procédé. Plus, ledit retour pourrait être perçu comme une simplification heureuse. La difficulté de Guillaume ne tenait-elle pas simplement à la représentation en figure sur laquelle il se reposait ? Une représentation différente sur deux tenseurs radicaux binaires laisse voir un mécanisme tout simple d’opposition : Présent : Imparfait : chantions chantons chantiez chantez Subjonctif : chantions chantiez suite…

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Grammaire des maîtres Page 6 14-06-12 Index Verbe : les désinences –ions/–iez …suite Encore une fois, le tout sans difficulté de confusion du passé imparfait du mode indicatif et du présent du mode subjonctif. Il y a toutefois à relever une autre présence des désinences –ions/–iez dans la conjugaison du verbe français, celle des formes que sont : nous chanterions, nous vivrions, vous chanteriez vous vivriez. Ces formes du futur conditionnel ont, au vrai, des désinences –erions/–eriez et –rions/–riez, désinences utilisant des finales –ions/–iez. Encore ici, toutefois, les présences de –ions/–iez sont provoquées par une surcharge vocale faisant se distinguer les futurs simples Chanterons/chanterez Viv

, rons/vivrez

,

des futurs conditionnels chanterions/chanteriez viv

, rions/vivriez

.

Les conclusions avancées plus haut valent donc aussi pour ces emplois. En effet, l’emploi des finales –ions/–iez à l’intérieur des désinences –rions/–riez des futurs conditionnels résulte d’un glissement provoqué par une surcharge vocale menant des formes du futur simple aux formes du futur conditionnel. Lesdites finales remplissent donc un rôle semblable à celui qu’elles remplissent comme désinences dans les imparfaits du mode indicatif et dans les présents du mode subjonctif. Concluons. Utilisés comme désinences ou comme finales, les–ions/–iez résultent d’une surcharge vocale signalant un glissement soit de temps verbal, soit de mode. Leur retour n’entraîne aucune confusion dans le signifié des différentes formes et pourrait même être vu comme une heureuse simplification pour les formes des personnes doubles. Les affirmations-conclusions qui précèdent et qui concluent les analyses de la deuxième partie de cette analyse linguistique se révéleraient entièrement satisfaisantes à des fins de bonne grammaire scolaire et pour une linguistique de surface. Il reste étonnamment possible toutefois de pousser plus loin et de demander à une fine analyse linguistique de voir plus et de percevoir des valeurs partagées dans les formes présentant des désinences ou finales en –ions/–iez.

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Grammaire des maîtres Page 7 14-06-12 Index Verbe : les désinences –ions/–iez …suite Il appert que la psychomécanique guillaumienne a su voir et montrer sur quelles représentations du temps le verbe français construit ses temps simples. Il pourrait être éclairant d’examiner les formes à désinences –ions/–iez à l’aide de ces données. Des données qui, toutefois pourront (il faut le reconnaître) s’écarter quelque peu de l’orthodoxie guillaumienne, sous l’effet de nos visions et de nos interprétations. Ainsi pour des formes comme « chantions »/« chantiez » de l’imparfait d’indicatif la représentation du temps portée par ces formes peut se concrétiser ainsi :

ω ω ω ω … …

ou, plus simplement :

ω ω

… Soit des instants oméga de vécu acquis, suivis d’instants oméga perspectifs. L’image mentale est celle d’un procès en cours, d’une action vue dans la durée : « nous étions en train de chanter ». L’autre temps simple porteur d’expression du passé est le temps dit « passé simple », comme dans la forme « nous chantâmes ». Sa représentation en serait ceci :

ω ω ω ω Soit des instants oméga uniquement de vécu acquis, d’un vécu restitué par le jeu de la mémoire. Ces deux temps simples du passé occupent en système la tension un d’un tenseur radical binaire porteur des temps du passé et du futur du mode indicatif. Ainsi :

PASSÉ ω ω

FUTUR

… ω ω

vision ascendante En mi-tension de première partie de système, le temps en marche qu’est l’imparfait. En fin de course de la tension un, le temps vu dans son entier de vécu, sous passé simple, sans instants perspectifs à attendre. En deuxième partie du tenseur, il est logique de trouver, pour la représentation des temps porteurs du futur, une réplique adaptée de la tension un du passé. Soit donc ceci, dans l’entier du tenseur :

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Grammaire des maîtres Page 8 14-06-12 Index Verbe : les désinences –ions/–iez …suite

PASSÉ ω ω … ω ω

FUTUR α α … α α

vision ascendante Dans la progression du système, par le jeu de son mécanisme, apparaît d’abord le futur simple dans sa représentation qu’est

ω ω . La représentation est celle d’instants alpha de probable, comme dans « nous chanterons », « vous chanterez ». Le système se prolonge en une représentation

ω ω . … qui est évidemment celle des futurs conditionnels, du type de « nous chanterions », « vous chanteriez ». La composition est celle d’instants α de probable suivis d’instants α perspectifs ou de possible, D’où la moindre probabilité de concrétisation pour le futur conditionnel que pour le futur simple. L’autre temps à désinences –ions –iez est celui du présent du subjonctif, celui qui se retrouve dans des phrases comme : Il faut que nous chantions

Il faut que vous ,

chantiez

.

En tenseur, la représentation serait ceci :

α α α

O

α

α α

… … … … … … vision ascendante

ou, tout simplement :

α α … …

La représentation cherche à rendre l’image d’instants uniquement perspectifs, d’instants de possible.

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Grammaire des maîtres Page 9 14-06-12 Index Verbe : les désinences –ions/–iez …suite Regroupées, les représentations des temps présentant des finales –ions/–iez apparaissent ainsi :

(imparfait)

ω ω …

α α … …

(subjonctif)

(futur conditionnel)

α α …

Il saute aux yeux le partage qui est celui de ces formes. Déjà, le mode indicatif est connu comme le mode du probable et du cer tain ; le mode subjonctif, comme le mode du possible. Or, l’imparfait de l’indicatif

ω ω …

apporte, introduit, par rapport au temps du passé simple

ω ω

des instants de perspectif, ou – pour le dire autrement – des instants de possible. Semblablement, le futur conditionnel

α α …

apporte, introduit, par rapport au temps du futur simple des instants de perspectif, ou – pour mieux le dire – de possible. Pour sa part, le présent du subjonctif

α α … …

n’est plus qu’instants de possible, ou de perspectif. En conclusion, les finales –ions/–iez, avec leur mouillure de yod, traduisent l’apparition ou le passage à des représentations se développant en valeur de possible ou ne comportant que des valeurs de possible. Et l’intuition du linguiste Gustave Guillaume se révèle confirmée au-delà de toute attente. L’évolution psycho-sémiologique, de la langue française, par le jeu des évolutions étymologiques, des emprunts et des créations sémiologiques a donné aux formes des personnes doubles, des désinences trahissant l’évolution temporelle et modale menant du certain et du probable au possible.

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Grammaire des maîtres Page 10 14-06-12 Index Verbe : les désinences –ions/–iez …suite Reprenons (pour le plaisir) : Passé imparfait :

ω ω Acquis perspectif ; (certain) + (possible)

Futur conditionnel :

α α Probable + possible ;

Subjonctif :

α α

Possible + possible.

La simplicité du mécanisme est telle que l’esprit en vacille. Il fallait d’ailleurs qu’il en soit ainsi. Une langue ne peut qu’être simple au bout du compte. Toute évolution, des langues de l’aire prime aux langues d’aire seconde, et de ces langues aux langues d’aire tierce – dont les nôtres, romanes –, n’est qu’une marche à une plus grande simplicité et, conséquemment, à une plus grande netteté. Le sort de Gustave Guillaume a été celui d’un génie capable des intuitions qui permettent les grandes découvertes.

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Grammaire des maîtres Page 1 12-02-27 (13-10-23) Index Verbes fondamentaux

Analyse Un petit nombre de verbes se posent comme premiers ou fondamentaux en pensée. Ainsi :

FAIRE

vouloir savoir

pouvoir

être

avoir

Ces verbes se signalent, s’identifient par les formes de leur subjonctif : « que j’aie », « que je sois », « que je veuille », « que je puisse », « que je sache ». Ces formes portent en effet une double charge de possible : la charge propre au mode subjonctif d’abord, et, en surcharge, la charge de sens d’être condition de toute action. Le linguiste Gustave Guillaume qualifie ces verbes de « subductifs ». Le verbe « faire » est le premier des verbes d’action, qu’il porte tous en soi. C’est probablement cette étendue capacité que signale sa forme de subjonctif en surcharge : « que je fasse ». Le verbe « faire » ne serait pas à proprement parler « subductif » ou « fondamental » : il ne serait que le premier des verbes d’action, qui, tous, se construiraient sur la base d’un faire

.

La forme « vaille » du verbe « valoir » ne doit par contre être vue que comme construction analogique sur le modèle vouloir/veuille, et sans valeur « fondamentale ». Les formes « …que je vienne » et « … que je tienne » sont quant à elles, de construction régulière, reprenant les formes de « ils viennent », « ils tiennent » de la troisième personne du pluriel du présent de l’indicatif.

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