Freud, la question du normal et du pathologique. « Les ... · de la séparation entre normal et...

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N ombre d’évolutions scientifiques, sociales et culturelles poussent actuellement les cliniciens orientés par la psychanalyse à poser, plus de cent ans après Freud, la question du normal et du pathologique. « Les névrosés souffrent », avançait-il, « de ces mêmes complexes contre lesquels nous aussi, hommes sains, nous luttons ». Cette affirmation, remettant en cause l’évidence naturelle de la séparation entre normal et pathologique, sera étayée en 1943 par la thèse de médecine de Georges Canguilhem, pour qui le normal reposait avant tout sur la souplesse des normes face aux conditions individuelles. Les sciences humaines ont aujourd’hui à défendre cette souplesse, face à l’exigence d’objectivité partout imposée par les sciences de la nature. Des champs d’une grande diversité sont en effet traversés par les implications des définitions du normal et du pathologique, qu’il s’agisse des procès de vérité imposés aux traumatismes rapportés par les demandeurs d’asile, de l’inflation des troubles du spectre autistique chez les enfants accompagnant l’hégémonie de plus en plus contestée d’un DSM vide de sens clinique, ou encore de la dépsychiatrisation de la folie au profit du handicap psychique, des avancées techniques de la médecine somatique, qui poussent la psychanalyse à interroger de nouveau les identités sexuelles, et, bien sûr, de l’actualité aigüe des réflexions sociologiques et psychopathologiques sur la radicalisation. En tant que jeunes chercheurs, confrontés aujourd’hui à ces défis cliniques du monde contemporain, nous devons nous interroger sur la fluctuation des limites posées et collectivement admises entre normal et pathologique au sein de nos disciplines respectives. Que « soigne »-t-on aujourd’hui ? A quelles demandes, à quels besoins désignés les champs de la médecine, du social et de la psychopathologie se trouvent-ils sommés de répondre, et par quels nouveaux moyens techniques ? Comment la psychanalyse est-elle amenée à penser la subjectivité de son époque ? Nous souhaitons à travers cette journée doctorale, ouverte à tous les jeunes chercheurs intéressés par la psychanalyse, promouvoir l’interdisciplinarité en articulant des domaines de recherche variés, représentatifs d’une clinique de la modernité. Journée Doctorale Le normal et le pathologique aujourd’hui 25 novembre 2016 8h30 - 18h45 Université Paris Diderot Halle aux Farines - Salle 418C 2 rue Marguerite Duras 75013 Paris Agnès Antoine Paul-Laurent Assoun Pauline Bégué Julie Burbage Emmanuel Casajus Adèle Clément Catherine Desprats- Péquignot Olivier Duris Alexandra Escobar Héloïse Haliday Christian Hoffmann Annabelle Jaccard Alexia Jubert Juliette Maurandi Kim Marteau Valentine Prouvez Anne-Laure Sébert Giorgia Tiscini Jessica Tran The Bruno Vincent Mario de Vincenzo Mi-Kyung Yi Journée d’étude organisée par Héloïse Haliday, Juliette Maurandi, Olivier Duris, Anne-Laure Sébert et Kim Marteau Contact : [email protected]

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  • Nombre d’évolutions scientifiques, sociales et culturelles poussent actuellement les cliniciens orientés par la psychanalyse à poser, plus de cent ans après Freud, la question du normal et du pathologique. « Les névrosés souffrent », avançait-il, « de ces mêmes complexes contre lesquels nous aussi, hommes sains, nous luttons ». Cette affirmation, remettant en cause l’évidence naturelle de la séparation entre normal et pathologique, sera étayée en 1943 par la thèse de médecine de Georges Canguilhem, pour qui le normal reposait avant tout sur la souplesse des normes face aux conditions individuelles. Les sciences humaines ont aujourd’hui à défendre cette souplesse, face à l’exigence d’objectivité partout imposée par les sciences de la nature.Des champs d’une grande diversité sont en effet traversés par les implications des définitions du normal et du pathologique, qu’il s’agisse des procès de vérité imposés aux traumatismes rapportés par les demandeurs d’asile, de l’inflation des troubles du spectre autistique chez les enfants accompagnant l’hégémonie de plus en plus contestée d’un DSM vide de sens clinique, ou encore de la dépsychiatrisation de la folie au profit du handicap psychique, des avancées techniques de la médecine somatique, qui poussent la psychanalyse à interroger de nouveau les identités sexuelles, et, bien sûr, de l’actualité aigüe des réflexions sociologiques et psychopathologiques sur la radicalisation. En tant que jeunes chercheurs, confrontés aujourd’hui à ces défis cliniques du monde contemporain, nous devons nous interroger sur la fluctuation des limites posées et collectivement admises entre normal et pathologique au sein de nos disciplines respectives.Que « soigne »-t-on aujourd’hui ? A quelles demandes, à quels besoins désignés les champs de la médecine, du social et de la psychopathologie se trouvent-ils sommés de répondre, et par quels nouveaux moyens techniques ? Comment la psychanalyse est-elle amenée à penser la subjectivité de son époque ?Nous souhaitons à travers cette journée doctorale, ouverte à tous les jeunes chercheurs intéressés par la psychanalyse, promouvoir l’interdisciplinarité en articulant des domaines de recherche variés, représentatifs d’une clinique de la modernité.

    Journée Doctorale

    Le normal et le pathologique aujourd’hui

    25 novembre

    20168h30 - 18h45

    Université Paris DiderotHalle aux Farines - Salle 418C

    2 rue Marguerite Duras 75013 Paris

    Agnès AntoinePaul-Laurent AssounPauline Bégué Julie BurbageEmmanuel CasajusAdèle ClémentCatherine Desprats-PéquignotOlivier DurisAlexandra EscobarHéloïse HalidayChristian Hoffmann

    Annabelle JaccardAlexia JubertJuliette MaurandiKim MarteauValentine ProuvezAnne-Laure SébertGiorgia TisciniJessica Tran TheBruno VincentMario de VincenzoMi-Kyung Yi

    Journée d’étude organisée par Héloïse Haliday, Juliette Maurandi, Olivier Duris, Anne-Laure Sébert et Kim Marteau

    Contact : [email protected]

  • 8h30-8h45 Accueil participants

    8h45-9hAllocution d’accueil

    Ouriel Rosenblum, Christian Hoffmann et le comité d’organisation 9h-10h30

    1ère table ronde Quelle épistémologie pour

    les pathologies de la modernité ? Modératrice : Mi-Kyung Yi

    Pauline BéguéMédecin-malade, paradoxe ou paradigme ? De l’épochè à l’utopie. Jessica Tran TheRepenser le continuum entre normal et pathologique à l’ère des neurosciences. Valentine ProuvezLe passage à la « sur-modernité » est-il un passage à l’hyper-normativité ? Réflexion sur la temporalité subjective à la lumière de Canguilhem. 10h30-11h45

    Conférence plénièrePaul-Laurent AssounLa normalité comme symptome: sujet de la discordance et refus de l’inconscient. 11h45-12h Pause 12h-13h30

    2e table rondeQuestionner la folie aujourd’huiModérateur : Christian Hoffmann

    Patrick LandmanTitre à venir

    Julie Burbage Des effets apaisants de certaines atteintes somatiques sur le délire psychotique.

    Mario de Vincenzo L’impossibilité à penser; du vide intérieur à la désertification psychique. Une étude psychanalytique sur les défauts de symbolisation.

    13h30-14h45 Déjeuner

    14h45-16h453e table ronde

    Politique et justice Modératrice : Agnès Antoine Kim Marteau et Emmanuel CasajusLa radicalité en politique : La mort au bout des idées, regards croisés de la psychanalyse et de la sociologie. Annabelle JaccardRapports entre normes, subjectivités et limites dans la radicalisation. Giorgia TisciniLe psychopathe entre normal et pathologique. Alexandra EscobarExiste-t- il un âge « normal » de responsabilité ? 16h45-17h Pause 17h-18h30

    4e table rondeNouveaux rapports au corps

    Modératrice : Catherine DespratsAdèle Clément Diagnostiquer la demande ? Exemple de la dysmorphophobie. Bruno VincentJean : masculin, féminin, trans, homo, bi, hétéro. Alexia JubertSur la notion d’addiction sexuelle. Entre réalité clinique et idéologie sociale.

    18h30 - 18h45Remerciements

    P R O G R A M M E