Fascisme, nazisme et stalinisme Cinquième cours : Les bases – La violence comme mode de...

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Fascisme, nazisme et stalinisme Cinquième cours : Les bases – La violence comme mode de gouvernement

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Fascisme, nazisme et stalinisme

Cinquième cours :

Les bases – La violence comme mode de gouvernement

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4 – Les organisations féminines

• Dans la même logique que les organisations de jeunesse, les organisations féminines ont également une vocation éducative.

• D’autant que ces régimes sont du point de vue des rôles sexuels très conservateurs. Conséquemment, les femmes sont vues avant tout (surtout dans le fascisme et le nazisme) comme des mères.

• Le cas soviétique est différent, entendu que la proclamation dès 1917 de l’égalité homme femme a eu tendance à effacer partiellement cette division stricte des rôles sexuels.

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4.1 – Fascio Femminili

• L’association dédiée à l’encadrement féminins, outre les associations concernant les fillettes et les jeunes filles, portait simplement le nom de Faisceaux féminins.

• À l’origine, lors de la période révolutionnaire, cette organisation tentait d’effacer les lignes de partage entre hommes et femmes. Celles-ci étaient entraînées au combat de rue, puisque l’on s’attendait à ce qu’elles soient aussi en mesure de lutter physiquement contre les ennemis du mouvement.

• À noter que la mise en place du régime fasciste va complètement modifier l’optique des Fascio Femminili dans un sens nettement plus conservateur, lequel ira d’ailleurs en s’accentuant tout au long du régime mussolinien.

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• L’objectif de l’organisation devient alors de mettre en valeur les vertus domestiques des femmes, de réaffirmer l'image traditionnelle de « l'ange du foyer » véhiculée par la presse, la littérature fasciste et les textes à l'école.

• Les faisceaux féminins étaient directement subordonnés au parti et chaque faisceau comprenait une section féminine, dont la vocation était de coordonner toutes les activités des organisations de femmes du Parti.

• À côté de cette organisation générale, le milieu des années 20 a aussi vu la création d’une organisation fasciste des femmes rurales, dédiée à faire la promotion des « valeurs fascistes » féminines dans les campagnes d’un pays alors faiblement urbanisée.

• Le fascisme n’insistait pas seulement sur les vertus domestiques de la femme et ne faisait pas seulement la promotion de la subordination de celles-ci aux hommes et favorisait la participation des femmes et des filles à des activités à l'extérieur à la famille.

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• En décembre 1925 fut mis en place l'OMNI (Opera Nazionale per la Maternità ed Infanzia) qui en 1927 lança une campagne nationale visant à accroitre le nombre de naissances.

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4.2 - La ligue des femmes nationales-socialistes

• En Allemagne, la tâche de contrôler et d’enrégimenter la gent féminine était dévolue à Ligue des femmes nationales-socialistes, fondée en 1931 par la fusion de plusieurs associations nationalistes et nationales-socialistes. Subordonnée au NSDAP, elle est d’une certaine façon la branche féminine du Front du travail

• Elle constitue la poursuite logique des BDM dont sont membres les Allemandes de quatorze à dix-huit ans, même si les adolescentes peuvent rejoindre le NSF dès l'âge de quinze ans.

• L'organisation vise à diffuser chez les femmes l'adhésion à l'idéologie officielle et le soutien aux dirigeants du parti et de l'État. Elle vise ainsi à étendre le modèle de la femme nationale-socialiste en conformité avec la politique définie par le régime.

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• L’organisation reprend à son compte, mais avec des objectifs différents l'adage de la société traditionnelle allemande, « Les enfants, la cuisine et l'église ».

• Cela étant, le Reich ayant besoin de toutes les énergies du peuple, doit aussi inciter les femmes à participer à l’effort de production en les orientant vers des métiers « d'essence féminine » comme institutrice ou infirmière.

• Le national-socialisme, traditionaliste et conservateur, n'est pas hostile à ce que des femmes jouent un rôle de premier plan dans de nombreux domaines.

• Dans le cadre de la guerre, si l'organisation promeut le travail des femmes pour certains métiers, elle n'est pas favorable à ce que les femmes combattent.

• La ligue participa à la promotion de la politique d'autarcie défendue par le régime et tenta d’influencer les habitudes de consommation des ménages par des campagnes destinées aux femmes.

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• La ligue avait pour vocation de relayer les messages que le parti voulait faire passer auprès du public féminin. Elle possédait son propre organe de presse.

• L’orientation du NSDAP quant au rôle éducatif des femmes dans la société a évolué et avec les années, l'éducation tend à être progressivement retirée aux familles au profit de l'État.

• Le national-socialisme n'exalte pas la famille traditionnelle : c'est la procréatrice que le régime célèbre, comme en témoigne la création des Lebensborn, qui permettent aux filles-mères d’accoucher de façon anonyme et de remettre leurs enfants à l’État, qui se charge alors complètement de l’éducation

• Un an après sa fondation, la NSF comptait un peu plus de 100 000 membres, alors qu’avant la guerre, près de 2 millions de femmes y étaient inscrites, ce qui représente environ 50 % de l’effectif féminin du NSDAP.

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4.3 – Le Jenotdel

• Dans l’URSS stalinienne, il n’y a pas d’organisation dédiée spécifiquement aux femmes, application concrète de l’égalité juridique des sexes. Ainsi, dans toutes les organisations du parti et de l’État, aucune distinction n’est faite entre les hommes et les femmes. Les organisations comme le komsomol sont toutes mixtes.

• Jusqu’à la fin des années 1920, et donc jusqu’à la prise en main autoritaire de l’État par Staline, il y existait au sein du parti une section destinée à la gent féminine, que l’on nommait le Jenotdel.

• Loin de travailler à cantonner les femmes dans leur rôle traditionnel, le Jenotdel, qui fut dirigé par de grandes théoriciennes du féminisme russe, dont Inessa Armand et Alexandra Kollontaï, avait un rôle très différent, celui de lutter contre la phallocratie d’une société conservatrice et de faire valoir les droits des femmes.

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• Parmi les objectifs atteints par cette structure, on compte l’autorisation de l’avortement et des mesures facilitant grandement l’obtention du divorce pour les femmes. Les succès de l’organisation sont assez importants pour attirer plus de 600 000 femmes en son sein, au moment de sa dissolution en 1927.

• Car la prise de contrôle stalinienne change la situation. Staline est d’un naturel conservateur, et même si le régime demeure progressiste en ce qui concerne la condition féminine, il va s’employer d’abord à rogner les pouvoirs du Jenotdel, avant de le supprimer simplement.

• L’argument est égalitariste : en URSS, puisqu’hommes et femmes sont égaux en droit, il n’y a aucune raison de maintenir une organisation dédiée aux femmes.

• Par la suite, Staline va s’employer à « retraditionaliser » les rôles sexuels, mais surtout féminins, en faisant la promotion par exemple de la maternité ou en réduisant les droits octroyés aux femmes.

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5 – Les organisations professionnelles

• En ce qui concerne les autres organisations civiles, il devient très difficile de dresser un tableau d’ensemble, car celles-ci varient énormément d’un régime à l’autre, en fonction des priorités de chacun d’entre eux.

5.1 — Fascisme

• Si l’ensemble des organisations du PNF regroupe, on l’a vu, plus de 20 millions de personnes, la puissance de pénétration de ces organisations dans la société, de même que l’ampleur du quadrillage social par le parti n’atteignent pas le degré tentaculaire observé en URSS stalinienne ou dans l’Allemagne nazie.

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• La base de toutes les organisations sectorielles est le faisceau, structure locale qui chercher à encadrer la population suivant des critères d’âge, de sexe ou d’appartenance à des groupes socioprofessionnels, comme les Groupes universitaires, première organisation de jeunesse du parti, créée dès 1920.

• Dans l’Italie fasciste, il y existe des différences de traitement du parti envers les différentes composantes de la société civile, ce qui n’existe pas, ou peu, dans les versions maximalistes hitlérienne et stalinienne.

• En ce qui concerne les rapports avec le secteur productif, par exemple. Alors que les syndicats sont étroitement contrôlés par le parti (à partir de 1926, les syndicats indépendants sont interdits et dissous et les seuls syndicats autorisés sont les syndicats fascistes), les relations du régime avec le patronat sont d’un tout autre ordre.

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• Le maintien tout au long du régime fasciste de la Confindustria témoigne d’une importante différence d’approche. Les relations avec cette organisation sont très différentes que celles qu’entretient les nazis et les chefs d’entreprises allemands, qui dès 1933 se retrouvent de plus en plus contrôlé par le parti.

• En Italie, ces relations ressemblent davantage à du clientélisme qu’à une domination. La signature du pacte Vidoni en octobre 1925, par lequel le régime et la Confindstria s’entendent pour poser les bases de la coopération économique entre eux (laquelle passe par l’interdiction du droit de grève) va clairement en ce sens.

• Autre exemple, l’Institut de reconstruction industrielle, créé au début des années 1930 pour sauver de la faillite les banques italiennes. Mais avec le temps, l’IRI deviendra un moteur économique, qui permettra à l’État de se passer davantage de l’approbation du patronat. Dans la foulée de la guerre, ce fait devient patent.

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• Ainsi, tout en cherchant à contrôler en totalité les masses populaires italiennes, le fascisme italien, surtout dans un premier temps, maintient des rapports hiérarchiques plus traditionnels, dans la mesure où son contrôle tatillon ne concerne pas tout le monde.

• C’est une différence importante avec Hitler et Staline, pour qui tous, sans exception, doivent être subordonnés de la même façon à l’État.

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5.2 – Nazisme

• Dès 1925 commence la création au sein du NSDAP des « Ligues nationales-socialistes », afin de recruter partout les noyaux qui permettront d’attirer au nazisme la majorité des Allemands.

• Outre celles, déjà évoquées, dédiées à la jeunesse et aux femmes, on en trouve une multitude s’adressant aux différents groupes socioprofessionnels (Ligue des étudiants, des juristes, des médecins, etc.)

• Jusqu’en 1933, ces Ligues demeurent des coquilles vides et ne rassemblent que de petits groupes, mais après cette date, elles vont constituer la base d’un encadrement total de la population allemande.

• Les Juifs en sont bien sûr exclus, de même que tous ceux qui font preuve d’un manque d’enthousiasme avec le régime.

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• Cette exclusion implique des conséquences redoutables, car pour pratiquer nombre de professions (journalisme, enseignement, etc.), il est impératif d’appartenir à la ligue correspondante. Conséquemment, la non-adhésion signifie l’exclusion de l’individu de la société et éventuellement la privation de moyens de subsistance.

• En 1933 est créé le Front du travail, consécutivement à la dissolution de tous les syndicats, lequel sera intégré en 1934 au NSDAP. Son objectif est de combattre la lutte des classes par une organisation visant à générer la solidarité entre travailleurs et employeurs.

• Le Front du travail deviendra conséquemment un rouage essentiel de la main mise du parti sur la société, surtout après la création de la Force par la Joie qui lui est subordonnée et qui lui permet, non seulement de contrôler les ouvriers dans leurs tâches de production, mais aussi dans leur loisir.

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• C’est le Front du travail qui a été chargé du projet Wolkswagen, après qu’Hitler ait décidé que chaque travailleur allemand devait posséder sa voiture.

• Enfin, il convient de mentionner, à côté de ces organisations dévolues aux masses, d’autres qui ont pour mandat de contrôler la production, laquelle n’est pas nationalisée et dispose jusqu’à la guerre d’une certaine autonomie.

• C’est ainsi qu’en février 1934 sont créés les groupes économiques : sept organisations représentant les principales branches industrielles et qui ont pour mandat de coordonner la production et de favoriser la pénétration de l’esprit national-socialiste dans les entreprises.

• En ce qui concerne la production agricole, cette mise sous tutelle était survenue quelques mois auparavant, à l’automne 1933, avec la création du Groupe des Producteurs du Reich (Reichnährstand).

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5.3 – Stalinisme

• En URSS, et même avant la formation du pays en 1922, s’est posée avec acuité la question des relations de travail et des organisations de défense des travailleurs, qui avaient joué un rôle important dans la pénétration des idéaux bolcheviques auprès des classes urbaines laborieuses.

• Mais une fois instaurée la « dictature du prolétariat », que faire avec les syndicats, qui deviennent théoriquement inutiles, car il n’est plus nécessaire de défendre les ouvriers, qui sont désormais au pouvoir ?

• Mais dans les faits, ils sont bien sûr encore utiles aux ouvriers. Trop même, car les syndicats se retrouvent dès lors en compétition avec le pouvoir et agissent de façon à lui rappeler les promesses faites aux ouvriers.

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• Des divergences existent au sein du parti sur cette question, mais l’option défendue par Trotski (la fusion des syndicats au sein du parti) va l’emporter.

• Dès l’été 1918 est crée le Conseil central panrusse des organisations professionnelles, qui sera la base de la mise sous tutelle par l’État des syndicats, même si dans les premières années de son existence, elle sera aussi utile dans la lutte contre l’analphabétisme.

• Par la suite, et surtout à partir de Staline, les unions professionnelles d’URSS n’auront plus guère pour vocation de défendre les travailleurs, mais bien plutôt de les encadrer et d’en faire des rouages dociles de l’appareil de production.

• L’adhésion du travailleur aux syndicats est automatique et les attributions des organisations extrêmement larges : elles s’occupent du travail, bien sûr, mais aussi des loisirs, du logement, de l’approvisionnement, etc.

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• Les syndicats parviennent à faire ce que le parti ne peut pas faire : contrôler l’ensemble de la population. En effet, le travail étant obligatoire en URSS, cela revient à dire que tout le monde était membre d’un syndicat.

• Dans les campagnes, où les syndicats à proprement parler n’existent pas, après la collectivisation, ce sont les sovkhozes qui sont responsables de l’encadrement idéologique des populations rurales.

• Dans le cas des kolkhozes, les Stations de Machine et Tracteurs auront, en plus de leurs attributions professionnelles, la responsabilité d’améliorer la « préparation idéologique » des masses laborieuses.

• Enfin, les années 1930 vont voir la multiplication des organisations sectorielles dans le milieu artistique et intellectuel : l’Union des écrivains, des compositeurs, des journalistes, etc., afin que tous, sans exception, travailleurs intellectuels comme travailleurs manuels, soient encadrés.

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Cinquième cours :

1 – Les « organes »

2 – Répressions fascistes

3 – Répressions nazies

4 – Répressions staliniennes

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1 – Les « organes »

1.1 – Le mouvement squadriste

• Le mouvement squadriste prit naissance en Vénétie, puis s'étendit dans le Nord et le Centre de l'Italie, où il devint l'instrument de la contre-révolution agraire : en échange de leur soutien, les grands propriétaires fonciers demandèrent aux squadre de faire évacuer leurs terres occupées et de saccager les lieux de réunion du prolétariat rural.

• Le scénario des expéditions punitives variait peu : à l'appel des agrariens, trente ou quarante squadristes armés de matraques quittaient leurs bases urbaines. Arrivés à destination, ils dévastaient les bâtiments, molestaient et tuaient les paysans récalcitrants.

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• En quelques mois, toute l'organisation socialiste fut ainsi disloquée. La terreur gagna ensuite les centres urbains. En ville, elle prit pour cibles les sièges des syndicats et des journaux de gauche, les Chambres du travail et les maisons du peuple.

• Dans les rangs des squadre se côtoyaient les individus les plus divers : aventuriers et repris de justice, officiers démobilisés, membres de la bourgeoisie agrarienne jeunes représentants des classes moyennes des villes, tous pénétrés de fanatisme nationaliste, dirigé contre les valeurs bourgeoises d'ordre et de modération, tous aveuglément dévoués à leurs chefs, les ras.

• Identifié à la première phase du fascisme, le squadrisme survécut à la transformation du mouvement en parti en novembre 1921. Le congrès de Rome réalisa un compromis entre les revendications des ras et la volonté de Mussolini d'accéder au pouvoir par voie légale.

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• Peu à peu, le parti prit le pas sur les squadre dans la conduite des opérations. Les deux branches du fascisme, politique et militaire, devaient coexister jusqu'aux lois fascistissimes de 1926, qui dotèrent le régime d'un appareil de répression légale rendant sans objet le maintien de bandes armées autonomes.

• Si les membres du mouvement étaient violents, leurs méfaits sont tout de même limités en termes de pertes humaines.

• Au cours des années 1920 et 1921, les actions des sqadristes ont entraîné la mort de 72 membres des forces de l’ordre et de 220 socialistes, chiffres auxquels il faut ajouter environ 1200 blessés. Parmi les méthodes de combat des groupes, on note fréquemment l’administration par la force d’huile de ricin…

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1.2 – L’OVRA

• L’organisation pour la Vigilance et la Répression de l’Antifascisme (OVRA) fut la police secrète de l’Italie fasciste, fondée en 1927. Souvent comparée à la Gestapo, avec qui elle partage des méthodes et des objectifs, elle n’a jamais joué un rôle comparable à la police secrète nazie et au maximum de son développement, elle comptait à peine 5 000 agents.

• Dirigée par Arturo Bocchini, l’OVRA avait pour mandat, comme son nom l’indique, de lutter contre les activités et les sentiments antifascistes.

• La fondation de l’organisation est consécutive à la tentative d’assassinat perpétrée contre Mussolini le 31 octobre 1926. Dès lors, de multiples lois liberticides et répressives sont mises en place par le gouvernement fasciste.

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Arturo Bocchini

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• Toutes les organisations et associations opposées au fascisme sont décrétées hors-la-loi et toute personne reconnue coupable d’avoir commis ou d’avoir exprimé l’intention de commettre des actions visant à mettre en danger l’ordre social, économique ou national ou posant un risque à la sécurité nationale peut être exilée dans des régions périphériques.

• Le 25 novembre 1926, en conformité avec la Loi de défense de l’État, des Tribunaux spéciaux sont créés pour juger ceux qui sont accusés d’être des ennemis de l’État, lesquels sont passibles de lourdes peines de prison où même de la peine de mort, entendu que celle-ci a été réintroduite par la Loi de défense de l’État.

• Une grande réforme des forces policières est alors lancée. Le nouveau Code pénal mentionne explicitement la création d’un « Département de police politique » chargé de contrôler et de lutter contre la dissidence. L’organisation demeurera secrète jusqu’en 1930.

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• En 1939, l’OVRA aura procédé à l’arrestation d’environ 4 000 personnes, déférées devant les tribunaux spéciaux et envoyées en exil dans les camps du régime situés sur des îles de la Méditerranée.

• Ayant en quelque sort été pionnier à la matière, l’OVRA collaborera par la suite avec Himmler, afin de l’aider à mettre sur pieds la Gestapo. En avril 1936, les deux organisations signent un mémorandum secret qui établit les bases de leur coopération.

• L’une des responsabilités de l’OVRA était d’entretenir un fichier d’archives spécialisées où les informations personnelles des individus potentiellement subversifs étaient conservées en vue d’une utilisation par la police ou le système judiciaire.

• Pour bien comprendre toute la distance qui sépare l’OVRA de la Gestapo ou du NKVD, il suffit de dire qu’entre 1927 et 1940, à peine dix personnes furent condamnées à mort par les Tribunaux spéciaux.

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• Au cours de la guerre, l’OVRA fut utilisé par Mussolini pour espionner les groupes de résistance dans les Balkans, dont l’Armée nationale de libération de Josip « Tito » Broz.

• Lors de l’invasion de la péninsule par les forces anglo-américaines, l’OVRA recrutait des agents doubles afin d’infiltrer l’administration de l’occupant anglais.

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1.3 – La SA

• En 1920, Röhm fonde la SA, qu'il conçoit comme un service d'ordre destiné à protéger les réunions du parti nazi et à perturber celles des adversaires politiques.

• Recrutées parmi les anciens des Corps francs dissous par le gouvernement, les Sections d'assaut sont placées sous les ordres du lieutenant Klintzsch, Röhm, ne pouvant en prendre personnellement le commandement.

• Dès la fondation éclatent les divergences à son propos entre Hitler, qui la veut subordonnée à la direction politique du parti, et Röhm qui estime quelle est une troupe militaire et qu’elle doit bénéficier d'une autonomie complète par rapport aux politiques.

• Désireux de contrebalancer l'influence des anciens Corps francs, Hitler nomme à sa tête Hermann Goering. L’organisation se trouve ainsi marquée par l’influence de militaires en délicatesse avec l'armée.

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• Elle est ainsi un ferment « révolutionnaire » décidé à bouleverser l'ordre établi pour s'y tailler une place. La SA constitue le fer de lance de la tentative de putsch.

• Après la tentative de putsch, la SA est reprise en main par Röhm, puis par Salomon. Elle reçoit alors son organisation définitive. Ses missions sont multiples, depuis le collage d'affiches et la distribution de tracts jusqu'aux grandes manifestations de rues et aux affrontements avec les adversaires politiques des nazis.

• Par elle, le NSDAP possède une force qui rivalise avec la police. Mais cette force demeure autonome et elle se considère indépendante des Gauleiters. En 1930, la SA de Berlin se mutine et met à sac le quartier général du parti. Hitler limoge Salomon, prend la tête de la SA et rappelle Röhm, afin qu'il reprenne la situation en main.

• Röhm fait alors de la SA une véritable armée. Il recrute dans les rangs des chômeurs, qui trouvent au sein de la SA nourriture et logement.

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Ernst Röhm (et Himmler)

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• Au début de 1933, la SA compte 400 000 hommes et inquiète les dirigeants du NSDAP. Dans la phase de croissance du parti et pendant les premiers mois de 1933, le rôle de la SA est fondamental : c'est elle qui intimide et paralyse les adversaires de gauche des nazis en 1931-1933. Au point où en avril 1932, la dissolution de la SA est ordonné, mais temporairement.

• Après la prise de pouvoir, la SA forme l'essentiel des effectifs de la police auxiliaire et procède à l'intimidation brutale des adversaires du nazisme. Elle fait régner sur le pays une véritable terreur, occupant les mairies, les rédactions de journaux, etc., imposant des licenciements d'adversaires politiques ou de Juifs, et obligeant à leur substituer des nazis avérés ou des membres de la SA.

• L'administration et les institutions des Lander se peuplent ainsi de nazis. La SA maltraite ses adversaires, les attaquant physiquement ou les humiliant publiquement.

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• Elle organise le boycottage des magasins juifs, arrête de manière arbitraire qui elle veut. Sa puissance grossit début 1933, alors qu’elle absorbe le Stahlhelm et recrute ceux qui veulent bénéficier du partage des bénéfices du pouvoir. En 1934, elle compte trois millions d'hommes.

• Son action gêne Hitler et irrite les dirigeants de l'armée, qui voient en elle une concurrente aspirant à constituer une nouvelle armée. Or, Hitler a besoin des militaires.

• Fin juin 1934, redoutant un coup de main de l’armée contre ses troupes, Röhm met celles-ci en état d'alerte. Hitler feint d'y voir un putsch contre lui et dans la nuit du 30 juin 1934, il se rend à Bad Wiessee où l'état-major de la SA s'est réuni pour un banquet.

• Les principaux dirigeants sont arrêtés et exécutés. Décapitée, la SA ne joue plus qu'un rôle secondaire, le rôle moteur dans l'État nazi étant désormais dévolu à la SS. En 1939, elle ne compte plus qu'un million et demi de membres.

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1.4 – La SS 

• En 1922, Hitler décide la constitution d'une garde personnelle qui prend d'abord le nom de « Garde du poignard », puis de « Troupe de Choc Adolf Hitler », laquelle participe au putsch de Munich.

• À sa sortie de prison, Hitler reprend l'idée et ainsi nait la SS. Ce n'est alors qu'un petit groupe de 300 hommes qui, à partir du 6 janvier 1929, sont commandés par le Reichsführer SS Heinrich Himmler.

• Himmler rêve de faire du groupe l'élite du nazisme, et d'abord une élite raciale. Sur les conseils de Darré, il soumet le recrutement à de sévères critères raciaux. Les candidats doivent prouver leur ascendance aryenne jusqu'au XVIIIe siècle et ne peuvent se marier qu'avec l'accord de leurs chefs.

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• Tout en veillant à développer les effectifs, il fait en sorte de contrôler la croissance du groupe, afin de le tenir en main. En 1933, Himmler dispose de 50 000 SS qui ne sont encore qu'une police du parti et une organisation d'importance secondaire par rapport à la puissante SA.

• Après 1933, le rôle de la SS devient fondamental dans le cadre du processus de transformation de l'Allemagne. Sa mission est alors double : d'une part, elle participe à l'entreprise d'intimidation et est intégrée dans les forces de police auxiliaire. Surtout, elle participe à l'occupation des mairies des Lander.

• Mais le véritable tournant de l'histoire de la SS se situe en 1934, lorsque Hitler décapite la SA. Durant l'année 1934, Heydrich s'efforce d'accroître les tensions entre la SA, la Wehrmacht et les dirigeants du parti. S'appuyant sur la SS, Hitler peut procéder au massacre de l'état-major de la SA. Röhm disparu, l'organisation rivale décapitée, la voie est libre pour Himmler et la SS.

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• D’abord force de police, la SS va fonder sa puissance sur le contrôle de toute la police allemande. Police du parti, elle devient police politique de l'État nazi, grâce à l'accession d'Himmler à la direction suprême de la Gestapo. Dépendant du même chef, Gestapo et SS deviennent deux branches de la même organisation.

• En 1935, la SS se subdivise en plusieurs branches :

– Les Allgemeine SS sont des militants politiques, mais qui restent dans la vie civile.

– Les SS-Verfungungstruppe (« Troupes SS à disposition ») sont militairement enrégimentés. Au début de la guerre, il s'agit d'une petite armée de 28 000 hommes sur les 240 000 que comprend la SS. Une partie forme la garde personnelle d'Hitler, la Leibstandarte Adolf Hitler.

– Un troisième groupe, les SS-Totenkopfverbande (« SS à tête de mort »), est chargé de la garde des camps de concentration.

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• En 1936, le Reichsführer SS devient chef de toute la police allemande et le SD, service de renseignements des SS, fondé par Heydrich, est intégré à l'État comme service de renseignements et de contre-espionnage.

• Jusqu'en 1933, la SS recrute parmi les anciens des Corps francs, les intellectuels ratés et les militants nazis. Après 1934, la SS attire des membres de l'aristocratie qui vont peupler les postes supérieurs, des intellectuels, des économistes qui viennent y faire carrière, des membres de la classe moyenne, etc..

• Pour financer son organisation, Himmler crée un cercle d'industriels, banquiers, hommes d'affaires qui subventionnent la SS, attendant en échange une protection pour leurs affaires.

• À ce groupe, relativement peu nombreux (il n'atteindra jamais les 250 000 hommes), Himmler entend donner une organisation fondée sur le modèle des ordres religieux et en particulier des jésuites.

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• Il en attend une absolue fidélité au Führer et une obéissance sans faille. L'endoctrinement auquel sont soumis les SS développe l'idéologie raciste prônée par les nazis, inculque l'idéal « héroïque » selon lequel la lutte est l'essence même de la vie et imprime un mépris absolu de l’être humain au regard du but à atteindre.

• Durant la guerre, la puissance de la SS atteint son apogée et on voit se mettre en place autour d'Himmler un véritable « État dans l'État ». La guerre favorise son noyau dur et l'emprise de la SS devient absolue : dès le 27 septembre 1939, la création de l'Office central de sécurité du Reich permet à Heydrich de concentrer entre ses mains à la fois la Gestapo et le SD qu'il contrôlait déjà, mais aussi la police criminelle.

• Sur toute l'Europe, la police, la surveillance idéologique, les renseignements militaires passent sous l'autorité de la SS, qui dirige l'univers concentrationnaire dont elle fait une véritable entreprise industrielle.

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• C'est sous sa responsabilité que le Dr Mengele pratiquera des expériences médicales sur les détenus du camp d'Auschwitz et c’est elle qui exécutera les décisions de 1941 sur la Solution finale du problème juif.

• L'ambition d'Himmler va au-delà de cette puissance : son rêve est de modeler l'Allemagne sur ses principes, en appliquant les idées du Führer. Il procède au noyautage systématique de tous les domaines de l'activité du Reich : des hauts fonctionnaires, des universitaires, des économistes, des techniciens, des industriels reçoivent des grades honorifiques dans la SS et se trouvent tenus par elle.

• À la puissance policière s'ajoute ainsi une énorme puissance politique. À quoi Himmler joint un empire économique qui accroît encore ses moyens d'action.

• Enfin, la guerre va donner à la SS la puissance militaire : en 1939, Hitler autorise la transformation des SS-Verfungungstruppe en une Waffen-SS.

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• À la fin de la guerre, la Waffen-SS compte 900 000 hommes, répartis en 38 divisions, concentre un quart des divisions blindées et un tiers des divisions mécanisées.

• Par ailleurs, elle constitue une armée internationale, car à partir de 1941, de nombreux volontaires étrangers la rejoignent : Scandinaves, Hollandais, Flamands, Wallons, Français, Italiens, Baltes, Hongrois, Suisses, Ukrainiens, Croates, Albanais, etc.

• Ce sont ces troupes qui livrent les combats de la fin de la guerre dans les Ardennes ou autour de Berlin.

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1.5 – La Gestapo 

• C'est Hermann Goering, ministre de l'Intérieur de Prusse, qui crée la Gestapo en avril 1933. Elle résulte de la transformation de la police politique organisée par la République de Weimar en 1919 pour lutter contre les communistes.

• Goering décide de placer cette police politique sous l'autorité du ministère de l'Intérieur et de lui conférer des pouvoirs spéciaux. Cette nouvelle police essaime bientôt dans les divers Lander, se détache de l'administration traditionnelle pour passer sous l'autorité de Goering.

• Mais les multiples tâches de Goering ainsi que son laxisme vont faire que cette subordination apparaît comme purement formelle : dès avril 1934, le véritable chef de la Gestapo est Heinrich Himmler. Chef de la police de Munich, puis de Bavière, il soumet à son autorité toutes les polices politiques des Lander.

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• Comme Himmler est chef suprême de la SS, la Gestapo devient rapidement la police politique de l'empire SS.

• En dépit de cette situation qui la place en marge de l'État, la Gestapo est composée non de nazis, mais de policiers professionnels qui ont servi la République et passent au service de l'État nazi.

• En 1936, Himmler devient chef de l'ensemble de la police allemande et en septembre 1939, il réorganise la totalité des services de police. La Gestapo devient alors l'AMT IV de la nouvelle structure et est chargée des arrestations des adversaires du régime ou réputés tels.

• Elle a été jugée par le tribunal de Nuremberg et condamnée. Mais il s'en faut de beaucoup qu'elle soit le seul élément policier de l'État nazi. Il faudrait y ajouter le SD, la police criminelle, la police de la Wehrmacht, le service de renseignements de l'Armée ou Abwehr, l'administration des camps de concentration qui dépend de la SS, etc.

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Heydrich, Goering et Himmler

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1.6 – De la Tcheka au NKVD

• L’histoire des « organes » de sécurité de l’URSS est complexe, car les formes d’organisation et les mandats de ceux-ci ont grandement évolué depuis la fondation de la « Commission extraordinaire panrusse de lutte contre le sabotage et la contre-révolution » jusqu’à l’intégration des forces policières de la Guépéou au sein du NKVD, instrument de prédilection de la répression stalinienne.

• Fondée dès 1917 par Dzerjinski, la Tchéka jouera un rôle fondamental dans la lutte menée contre les forces contre-révolutionnaires dans le cadre de la guerre civile.

• En 1923, une fois la guerre civile terminée, les attributions et fonctions de cet organe répressif seront appelées à changer : les 280 000 hommes que comptent à ce moment les forces de la Tcheka seront dorénavant utilisés au sein d’une force de police spéciale, la Direction Générale de la police d’État, ou Oguépéou.

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• La direction de l’organisation sera assumée par Dzerzinski jusqu’en 1926, avant d’être remplacé à cette date par Menjinski.

• Les années de l’Oguépéou sont « relativement calmes », même si l’organisation est mise à contribution dans la lutte contre l’opposition à la politique de collectivisation des terres suivies par le régime à partir de 1928.

• En 1934, les forces policières sont restructurés au sein d’une seule organisation, soit le Commissariat du peuple aux Affaires intérieures, le NKVD, qui devient le principal exécutant des répressions politiques des années 30.

• Le NKVD se charge à partir de décembre 1934, alors que Iagoda en est nommé chef, d’appliquer les directives du gouvernement en matière de lutte contre l’opposition.

• Ses fonctions ne sont pas que policières, car les tribunaux spéciaux mis en place à la fin 1934 sont également sous sa responsabilité.

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• À partir de 1936, le NKVD est dirigé par Ejov, d’où le nom de « ejovchtchina » donnée à la période 1936-1938. Quant à Iagoda, il est reconnu coupable de divers crimes « imaginaires » lors du procès de 1937 et est conséquemment exécuté.

• Puis en 1938, c’est au tour de Ejov d’être purgé, et il est alors remplacé à la tête du NKVD par Lavrenti Pavlovitch Beria, ce qui marque de même un ralentissement notable dans le processus de purges.

• L’arrivée de Beria change la dynamique des camps, alors que le nouveau chef du NKVD considère nécessaire d’améliorer les conditions de vie des détenus des camps, afin de rationaliser la force de travail.

• Car le GOULAG n’a pas seulement une fonction carcérale, mais aussi une fonction économique. La contribution forcée de millions de détenus des camps est considérable : canaux baltique-mer Blanche et Moscova-Volga, nombreuses usines et complexes industriels, etc.

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Iagoda, Ejov et Beria

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• C’est le NKVD qui est responsable du GOULAG, dont le rôle économique est si significatif qu’une section du NKVD s’occupe spécifiquement de cette dimension, en conjonction avec les autres instances économiques.

• Les principaux camps relevant du GOULAG sont ceux des îles Solovki, à l’extrême nord du pays, et ceux de la Kolyma, en Sibérie orientale (région de Magadan).

• Durant la guerre, le rôle du NKVD demeure central, surtout à partir de 1943, alors que l’armée libère le territoire : derrière celle-ci, le NKVD est alors chargé de rétablir l’ordre soviétique sur les terres libérées

• Après 1945, lorsque Staline élimine l’appellation, trop révolutionnaire à ses yeux, de commissariat du peuple, pour la remplacer par ministère, le NKVD devient le MVD, mais ses attributions demeurent les même.

• En 1954, le MVD est absorbé par le KGB, le Comité pour la sécurité de l’État, qui regroupe différents ministères, dont le MVD.

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Les camps du GOULAG

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2 – Répressions fascistes

2.1 – L’affaire Matteotti

 

• L’affaire Matteotti fit chanceler le régime, mais permit finalement à Mussolini de consolider son pouvoir et d’ouvrir la voie à la dictature.

• Député socialiste réformiste, Giacomo Matteotti se rangeait parmi les adversaires les plus résolus du fascisme. Le 30 mai 1924, il prononça en chambre un réquisitoire contre le régime. Il dénonça les squadristes, contesta la régularité des élections du 6 avril et mit en doute la légitimité du gouvernement de Mussolini.

• La réaction ne se fit pas attendre et le 10 juin, il était enlevé puis battu à mort par un groupe de fascistes.

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Giacomo Matteotti (1885-1924)

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• Son corps ne fut retrouvé que le 16 août, mais dès le lendemain de sa disparition, on parla d'assassinat, et la rumeur désigna Mussolini comme l'inspirateur du rapt. Le 12, l'opposition réclama sa démission.

• C'est le moment que choisirent de nombreux sympathisants pour s'éloigner du fascisme et des personnalités politiques de premier plan accusèrent Mussolini d'être soit coupable, soit incompétent.

• L'affaire provoqua un sursaut d'indignation chez les députés antifascistes. Pour protester, ils refusèrent de siéger tant que n'auraient pas été supprimés les organes de répression du pouvoir. L'opinion publique, jusqu'alors favorable au régime, s’en trouva fortement ébranlée.

• Mussolini passa à la contre-attaque : il livra les responsables du meurtre et élimina du gouvernement les éléments douteux. Tandis que la Chambre, désertée par l'opposition, lui votait la confiance, il s'assura de la fidélité du Sénat en y nommant des hommes sûrs.

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• L'opposition se fissura et l'un après l'autre, les partis antifascistes réintégrèrent le Parlement, trop tard pour renverser la dynamique de reconquête du pouvoir lancée par Mussolini.

• Mais l'aile intransigeante du fascisme se refusait à abandonner la ligne révolutionnaire du mouvement et à pactiser avec les opposants. Une « deuxième vague » de violence déferla à l'automne 1924 sur les fiefs principaux tenus par les chefs squadristes.

• Débordé sur sa gauche, Mussolini reprit la situation en mains grâce à son discours devant le Parlement en janvier 1925, où il se présenta comme le chef incontesté du fascisme et revendiqua la responsabilité de tous les événements qui avaient pu survenir.

• Dès lors, le Duce se mit à élaborer les premiers éléments de ce qui allait devenir en 1926 les lois fassicitissimes, qui établissent les principes de sa dictature autoritaire.

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2.2 – Répressions « ordinaires »

 

• Par comparaison avec les régimes d’Hitler et de Staline, la violence du régime de Mussolini apparaît bénigne, autant par le nombre de victimes que par les méthodes.

• Néanmoins, on ne peut nier que le régime de Mussolini fut violent, dictatorial et autoritaire et que la répression qu’il a exercée était pour tous les opposants ou dissidents parfaitement intolérable.

• Même si seulement environ une quinzaine de milliers de personnes furent confrontées au régime carcéral du pays pour des raisons politiques, l’ambiance que faisait régner les méthodes autoritaires et arbitraires du régime eut des répercussions sur l’ensemble de la population.

• Ainsi, les perquisitions surprises, les interrogatoires de voisins ou de membres de la famille et la peur de représailles ont rythmé la vie de l’Italie de 1926 à 1943.

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• L’une des particularités du régime de violence mussolinien était que celle-ci pouvait être exercée par de simples citoyens. La création d’organes spécialisés à partir de 1926 a bien sûr réduit la fréquence et l’envergure des opérations des sqadristes, mais dans les faits, ceux-ci pouvaient se permettre violences et persécutions, car le régime tolérait ces actions..

• C’est une différence importante d’avec le nazisme et le stalinisme, car dans ces deux derniers cas (du moins après l’été 1934 dans le cas du nazisme), la violence était strictement institutionnalisée et le pouvoir politique disposait du monopole de celle-ci.

• Dans l’Italie mussolinienne, l’impression de terreur que pouvait ressentir un dissident était liée autant au régime lui-même qu’à ses sympathisants.

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• La comparaison des systèmes concentrationnaires des trois régime donne la mesure de la violence du régime mussolinien : on évalue qu’entre 1926 et 1943, environ 15 000 personnes seront condamnées à purger des peines dans l’un des 23 camps de concentration du régime, ou dans des « colonies économiques » des régions pauvres de l’Italie, car ces 23 camps sont si petits qu’ils ne parviennent pas à absorber l’ensemble des condamnés…

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3 – Répressions nazies

3.1 – Destruction de l’opposition

• Dès le 1er février, Hitler fait dissoudre le parlement par Hindenburg. Pendant la campagne électorale qui suit, la SA et les SS deviennent des organes institutionnalisés et reçoivent des pouvoirs policiers. Dès lors, les réunions des communistes, socialistes et autres partis d’opposition sont marquées par de nombreux décès.

• Sur ce survient l’incendie du Reichstag. Qu’il ait été planifié ou non par les nazis, ceux-ci ont utilisé l’événement à leur avantage. Hitler fait alors adopter par Hindenburg un premier « décret pour la protection du peuple allemand », qui suspend toutes les libertés garanties par la Constitution.

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• Un second décret est aussi adopté, qui institue la « détention de protection », mesure préventive qui permet d'emprisonner sans aucun contrôle ni limite.

• Grâce à ces deux textes, la terreur peut s'accélérer : en deux semaines, Göring fait arrêter 10 000 communistes en Prusse, dont le chef du parti, le 3 mars. En avril, près de 30 000 arrestations ont lieu dans la seule Prusse. À l'été, la Bavière compte 4 000 internés, la Saxe 4 500.

• Entre 1933 et 1939, un total de 150 000 à 200 000 personnes sont internées, et entre 7 000 et 9 000 sont tuées par la violence d’État. Des centaines de milliers d'autres devront fuir l'Allemagne.

• De nombreuses personnalités littéraires et scientifiques s'exilent, d'autres sont jetées en prison.

• Les premiers camps de concentration provisoires apparaissent alors, où sont emprisonnés militants communistes, socialistes, et sociaux-démocrates.

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Les camps nazis

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• Dès le 20 mars 1933, Himmler ouvre le premier camp permanent à Dachau, près de Munich. Il sera suivi en 1937 de Buchenwald et de Ravensbrück en 1939.

• Lors des élections de mars 1933, alors que l’opposition est complètement décapitée, les nazis n’obtiennent que 44 % des voix.

• C’est suffisant pour leur permettre de lancer la politique de mise au pas : partout en Allemagne, les nazis s'emparent des leviers locaux du pouvoir. Le 23 mars 1933, Hitler obtient les pleins pouvoirs pour quatre ans par un vote des deux tiers des députés, alors que la SA prend place dans la salle du parlement.

• Le 10 mai, Goebbels préside à Berlin à l’autodafé de milliers de « mauvais livres » d'auteurs juifs, marxistes, démocrates, etc., lesquels sont brûlés en public par des étudiants nazis; la même scène se tient dans les autres grandes villes.

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• Le parti communiste est officiellement interdit en mai, les socialistes en juin. Les autres partis politiques se sabordent ou se rallient et le 14 juillet, une loi fait du NSDAP le seul parti d’Allemagne. Les meneurs des partis interdits sont bien sûr arrêtés, lorsqu’ils ne sont pas simplement assassinés.

• La Nuit des longs couteaux, le 30 juin 1934 clôt le premier cycle de violence, alors que la SA est littéralement décapitée.

• La SS prend alors la relève en tant que première force policière du pays. Ce qui reste de l’opposition sera peu à peu détruit, en attendant que les conditions propices soient réunies pour lancer l’opération de nettoyage ethnique qui est la base du programme du NSDAP.

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3.2 – Les lois de Nuremberg et la Nuit de cristal

• Le 15 septembre 1935, à l'issue du congrès du parti nazi à Nuremberg, furent proclamées les lois antisémites destinées à séparer « biologiquement » les Juifs de la nation allemande.

• Ces lois « Sur la citoyenneté du Reich » et « Pour la protection du sang allemand et de l'honneur allemand » enlèvent aux Juifs la totalité de leurs droits civiques; elles interdisent les mariages entre Juifs et Allemands, dissolvent les mariages déjà contractés, punissent toute relation sexuelle entre Juifs et Allemands, et défendent aux Juifs d'employer comme domestique des Allemandes de moins de 45 ans.

• Il s’agit ici d’une application concrète du racisme nazi et de son antisémitisme, les fondements théoriques des lois de Nuremberg étant posés dès l’époque de la rédaction du programme en vingt-cinq points du NSDAP.

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• Tout au long de la période 1935-1938, l’étau se resserre autour de la communauté juive d’Allemagne. Différentes lois sont adoptées, qui limitent le pouvoir économique de cette communauté, les Juifs se voyant peu à peu dépouillés de leurs magasins, fabriques, etc.

• En outre, le climat du pays devient irrespirable pour tous les Juifs qui ne peuvent ou ne veulent pas quitter l’Allemagne, alors que l’antisémitisme cesse peu à peu d’être simplement une directive de l’État pour se manifester dans les comportements de la population

• C’est dans ce contexte que survient la nuit de cristal le 10 novembre 1938. Pour se venger de l'assassinat, à Paris, du conseiller d'ambassade von Rath par un jeune Juif, le 7 novembre 1938, les nazis organisent un gigantesque pogrom.

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• À la demande d'Hitler, Goebbels pousse les dirigeants du NSDAP et de la SA à attaquer les Juifs, et l'opération est organisée par Heydrich et lancée simultanément dans toute l'Allemagne.

• Au total, 7000 magasins juifs sont détruits, la plupart des synagogues d'Allemagne incendiées ou démolies. Des locaux communautaires, des chapelles, des cimetières, des maisons d'habitation sont détruits.

• Les nazis arrêtent 20 000 Juifs, cependant que 91 perdent la vie du fait des brutalités et des sévices divers qu'ils subissent.

• La Nuit de cristal, qui doit son nom aux débris de verre jonchant les rues allemandes le 10 novembre au matin, soulève une profonde réprobation en Allemagne, particulièrement dans les régions catholiques du Sud et de l'Ouest. L'indignation est à peu près unanime dans le reste du monde, mais le régime n’en a cure.

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La nuit de cristal (7 novembre 1938)

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3.3 – La solution finale

• L’expression de solution finale est employée pour désigner la décision prise par les nazis d'exterminer tous les Juifs d'Europe. Il est peu douteux, comme l'affirment les intentionnalistes que cet anéantissement du judaïsme européen ait fait partie des plans à long terme d'Hitler et se soit situé dans la logique du racisme nazi.

• Le 30 janvier 1939, Hitler déclare qu'une nouvelle guerre mondiale aurait pour résultat l'anéantissement des Juifs d'Europe. Prise pour une figure de rhétorique, cette déclaration traduit une volonté méthodiquement mise en œuvre dès que les circonstances le permettent.

• Ainsi les mesures d'eugénisme prises à l'encontre des malades mentaux, vieillards et incurables en 1940-1941 prennent-elles le caractère d'une expérience, les commandos chargés de cette tâche étant ensuite versés dans les camps d'extermination.

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• Dès l'entrée en Pologne en 1939 et parallèlement à la concentration des Juifs dans les ghettos, les SS se livrent à des massacres.

• Bien qu'il soit clair que la machine fonctionne dès la fin de 1941, on ne possède aucune trace d'un ordre d’Hitler ou d’un des chefs nazis de procéder à l'extermination des Juifs, ce qui alimente la thèse des fonctionnalistes pour qui cet ordre n'aurait pas été donné; le massacre résulterait d'initiatives individuelles prises peut-être par le responsable du ghetto de Lodz et institutionnalisées.

• Bien des arguments plaident cependant pour une action concertée, décidée au plus haut niveau, le seul problème étant de la dater avec précision. Un ensemble de faits permet de dater de l'automne 1941 la décision de procéder au massacre rationnel des Juifs européens.

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• C'est en effet à ce moment qu'est rendu obligatoire le port de l'étoile jaune pour les Juifs, alors qu’en octobre 1941, l'émigration des Juifs du Reich est interdite et on commence la déportation massive dans les camps de concentration des Juifs d'Allemagne et du gouvernement général de Pologne.

• Le 25 novembre 1941, les Juifs perdent la nationalité allemande. C'est également à l'automne 1941 que sont tentées les premières expériences de massacre collectif à l'aide du zyklon B sur des prisonniers de guerre. Enfin, on commence la construction des camps d'extermination qui, aux côtés d'Auschwitz, vont être spécialement destinés à la mise en œuvre de la « Solution finale ».

• La conférence de Wannsee, réunissant le 20 janvier 1942 autour de Reinhard Heydrich des hauts fonctionnaires et des techniciens, débouche sur la mise en place scientifique de l'organisation du massacre de tout un peuple.

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• Six millions de Juifs périront dans les chambres à gaz, leurs cadavres brûlés dans les fours crématoires ou recouverts de chaux vive dans les fosses communes des « camps de la mort » et, avec eux, 700 000 Tziganes, trois millions de Soviétiques...

• Soit terreur de la population, elle-même menacée par l'efficace appareil du nazisme, soit refus d'ajouter foi à une vérité inconcevable, il faudra l'ouverture des camps en 1945, pour que l'ampleur de la Solution finale apparaisse dans toute son étendue.

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Majdanek (Lublin, Pologne)

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4 – Répressions staliniennes

4.1 – Dékoulakisation

• La réforme agraire de 1928 à 1933 ordonnée par Staline répond à deux impératifs. Le premier est d’ordre économique : il s’agit de rationaliser le secteur agricole par la collectivisation des terres, afin d’accroître les rendements et de recourir à l’exportation des surplus agricoles afin de financer l’industrialisation de l’URSS.

• Cependant, la collectivisation a aussi une fonction sociale et idéologique : il s’agit d’une offensive violente contre le mode de vie de la paysannerie, afin d’exterminer dans la conscience paysanne la mentalité petite-bourgeoise qui lui est inhérente.

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• Dans ce but, il devenait nécessaire de détruire physiquement l’élite du monde rural, regroupé sous l’appellation vague et à géométrie variable de koulak.

• La NEP est abandonnée en décembre 1929, lorsque Staline annonce la nécessité de lancer une vaste campagne de collectivisation des terres et de liquider les koulaks. Ces deux processus doivent s’accomplir de pair puisque les terres qui seront collectivisées appartiennent en grande partie aux koulaks.

• Une commission élabore un plan de liquidation des koulaks, qui propose une division en trois catégories : les membres des deux premières catégories doivent être arrêtés et déportés dans des régions reculées.

• Quant à ceux de la troisième catégorie, les loyaux envers le régime, ils doivent être déportés dans des zones où la collectivisation n’est pas prévue. Il va de soi que les terres appartenant à ces trois catégories sont saisies pour être collectivisées.

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• La tâche est complexe, car loin de participer à la saisie des terres, les paysans pauvres, que l’on oblige à entrer dans les kolkhozes, ont tendance à se liguer avec les koulaks contre le pouvoir.

• L’objectif est fixé par le centre, de façon assez aléatoire, en pourcentage : pour chaque région, un certain pourcentage des terres collectivisées devait être atteint à une certaine date.

• Entre 1929 et 1933, près de 9 millions de personnes, les koulaks avec leurs familles, seront déportées dans les régions éloignées, surtout l’Oural, la Sibérie et le Kazakhstan. Un grand nombre d’entre eux mourront au cours du voyage et dans les premiers temps de leur installation dans des milieux hostiles.

• Le centre ne se donne pas la peine de définir ce qu’il entend par « koulaks » et les critères sont très vagues : soit qu’ils emploient des ouvriers agricoles, soit qu’ils disposent de plus de têtes de bétail, etc.

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• À terme, le pourcentage des terres devant être collectivisées est partout fixé à 100 %. Le centre fixe aussi un pourcentage de paysans devant être dékoulakisés (5 à 7 %), ce qui donnera lieu à des abus flagrants, causés par des querelles ancestrales, de la jalousie, etc. Dans certaines régions, c’est 20 % de la population qui sera dékoulakisée.

• L’opération entraîne la désorganisation complète du secteur agricole et une baisse dramatique de la production. Les difficultés de production se répercuteront dans la plus grande famine de l’histoire soviétique, avec plusieurs millions de morts, surtout en Ukraine et dans la région de la Volga.

• Il pourrait y avoir suffisamment de quoi nourrir tout le monde, mais le pouvoir préfère assurer le ravitaillement des villes et continuer les exportations, si nécessaires à l’industrialisation du pays.

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4.2– La Grande terreur (1934-1938)

 

• La répression stalinienne se développe de façon progressive, débutant à la fin des années 20, pour atteindre son paroxysme en 1938.

• Le premier des grands procès a lieu en 1928; il s’agit du procès de 50 ingénieurs accusés de sabotage. Plusieurs d’entre eux sont condamnés à mort, les autres sont envoyés en prison ou en camp. Vint ensuite le tour des anciens mencheviks et des anciens SR au tout début des années 30.

• Mais c’est l’assassinat de Sergueï Kirov qui lance le processus. Staline saisit alors ce prétexte pour faire modifier les procédures légales des procès des « ennemis du peuple » : désormais, tous les jugements dans ces affaires doivent être rendus dans les dix jours et les accusés perdent leur droit de faire appel.

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• Le premier procès de Moscou se tient en 1936. Une quinzaine de personnes, dont Zinoviev et Kamenev, sont accusées de menées antisoviétiques, de collaboration avec les puissances étrangères, de complot contre Staline, etc., chefs d’accusation proprement loufoques. Zinoviev et Kamenev, ainsi que quelques autres sont condamnés à mort, les autres sont expédiés en camp.

• L’année suivante, un autre procès construit sur le même modèle prend place. Les personnages qui y sont jugés ne sont pas aussi célèbres, mais appartiennent aussi aux vieux bolcheviques.

• Enfin, un troisième procès a lieu en 1938, qui condamne à mort, parmi d’autres, Rykov et Boukharine, sous des chefs d’accusation aussi grotesques que les précédents, dont celui d’avoir participé à la tentative d’assassinat contre Lénine en 1918.

• Il va de soi que les accusations portées au cours des procès sont parfaitement factices.

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• La première fonction des procès est idéologique : ils servent à expliquer les difficiles conditions de vie de la population, en trouvant des boucs-émissaires et en les livrant à la vindicte

• En outre, ces procès servent aussi à justifier la militarisation de l’ensemble de la société et ont aussi pour fonction d’éduquer les masses, en leur montrant ce qui en coûte de s’opposer à la juste ligne du parti.

• Mais il ne s’agit là que d’une petite partie, la plus médiatique, des purges qui embrasent alors le pays.

• Chacun de ces trois procès est accompagné par des vagues de purges qui se développent en cercles concentriques, et qui touchent les membres des familles des accusés, puis leurs amis, leurs collègues, enfin les amis de ceux-ci, et ainsi de suite. De sorte que toute la population du pays se sent menacée d’une façon ou d’une autre.

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• La majorité de ceux qui sont accusés sont innocents des crimes qu’on leur reproche, surtout que nombre de ces crimes sont imaginaires. Aux chefs d’accusations possibles, déjà très nombreux, on ajoute en effet, le crime d’être « potentiellement » un ennemi du peuple.

• Toutes ces arrestations font déborder les prisons et entraînent le développement tentaculaire des camps, qui jusqu’au début des années 30 avaient eu un rôle mineur. La dékoulakisation avait entraîné le développement de l’empire du GOULAG, mais ce sont les purges qui lui donneront toute son importance.

• L’armée est durement touchée en 1937. Le plus grand héros de la guerre civile, Toukhatchevski, est exécuté après un procès tenu à huis clos. La purge de l’armée s’abat sur toute la hiérarchie militaire, et particulièrement sur les commissaires politiques de l’Armée. En tout, plus de 40 000 officiers de l’Armée rouge seront purgés en 37-38.

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• Quelles sont les fonctions des purges et par quels impératifs sont-elles dictées? Ici les versions sont très diverses et les motifs possibles, fort nombreux.

• On remarque que les principaux accusés des grands procès sont de vieux bolchéviques. En tenant compte des membres du CC et du Politburo qui furent purgés, on aboutit à une des réponses possibles : tous ceux qui ont un jour manifesté quelque scepticisme à l’endroit de Staline font partie des victimes. Sous cet angle, Staline cherche à éliminer ses anciens opposants, peut-être par vengeance, peut-être par crainte qu’ils puissent un jour s’opposer à lui de nouveau.

• Si on ajoute à cela le fait que, dans les années 30 se met en place une véritable réécriture de l’histoire du parti et de la révolution, qui exagère le rôle de Staline, on peut supposer que celui-ci a intérêt à se débarrasser de ceux qui l’ont connu à cette époque et pourraient faire obstacle à cette tentative de réécriture.

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• L’idée selon laquelle les purges devaient servir à donner au système une nouvelle génération conforme aux buts et objectifs du régime est remise en question par les connaissances dont nous disposons sur la préparation d’une nouvelle purge à la veille de la mort de Staline.

• En fait, l’un des éléments d’explication est qu’il s’agit d’une pédagogie sanglante : il faut périodiquement purger le parti, afin d’éviter qu’un sentiment d’invulnérabilité ne se développe à la longue chez les membres.

• Le « zèle » peut aussi fournir une explication partielle : une fois lancé le processus des purges, des chefs du NKVD pour se faire bien voir de la direction ont pu avoir la main un peu lourde et avoir exagéré un peu sur le nombre des arrestations.

• L’élément pathologique ne peut pas non plus être exclu totalement, bien qu’à cette époque, Staline semble encore avoir toute sa tête.

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• On retrouve dans la littérature un nombre minimal de victimes des purges (1 million de personnes) et un nombre maximal (14 millions, si on exclut les victimes de la dékoulakisation, qui ne font pas à proprement parler partie des victimes des purges – c’est le chiffre retenu par Malia).

• La vérité est sans doute quelque part au milieu, mais plus près des 10 millions.

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Camps de Perm et de la Kolyma

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4.3 – Après la guerre

• Nombreux sont les Soviétiques qui au lendemain de la victoire s’attendent à un relâchement : les minorités nationales espèrent une politique moins « russo-centrée », les paysans l’abolition du système kolkhozien, les intellectuels un relâchement de la censure, etc.

• Jusque dans les hautes sphères, où un Voznessenski peut proposer de revoir les attributions du Gosplan, de modifier la constitution et les statuts du parti, afin de donner de l’air à la société soviétique. L’argument est pertinent : les purges des années 30 ont éliminé les ennemis de l’intérieur, la guerre, les ennemis extérieurs.

• Malheureusement pour les Soviétiques en général, et pour ceux en particulier qui ont proposé en 1945 et 1946 des assouplissements au régime, Staline n’entend pas relâcher la pression.

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• Suivant sa théorie selon laquelle, plus on s’approche du socialisme, plus l’opposition devient féroce sers, à ce moment à justifier le retour aux formes les plus rigides du système d’avant-guerre. D’autant que les tensions entre les anciens alliés de la guerre donnent à penser que les canons vont bientôt se remettre à tonner.

• Les répressions de 1946-1953 se distinguent cependant de celle d’avant-guerre sur plusieurs points. D’abord, si elles demeurent massives, ce ne sont plus des répressions de masses. Ensuite, elles se distinguent par leur caractère ciblé : ce sont des catégories spécifiques, plutôt que l’ensemble de la population, qui continue de supporter une ambiance lourde et menaçante.

• Outre les répressions contre les élites nationales des territoires annexés et celles contre les « cosmopolites », ce sont surtout les membres du parti, leurs familles et amis, qui sont victimes des grandes répressions de l’époque.

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• Ainsi, les affaires dites « de Leningrad » et de « Mingrélie », par exemple, sont symptomatiques d’une modification des rapports de force au sein de l’équipe dirigeante. Si Staline ne s’oppose bien sûr pas à ces purges, il n’en est pas le maître d’œuvre : ce sont ses lieutenants qui, sentant la mort du Guide approcher, se livrent à une lutte violente pour s’éliminer mutuellement.

• Enfin, il convient aussi de mentionner que c’est précisément après la guerre que le système concentrationnaire atteint son apogée : aux personnes qui s’y trouvaient déjà avant la guerre viennent s’ajouter les prisonniers de guerre, ennemis et amis, de même que les autres victimes des purges de 1948 à 1953.

• Les sources font alors état d’une population concentrationnaire en URSS allant de 5 à 10 millions de personnes.