FAO - APERÇUS NUTRITIONNELS PAR PAYS

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ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE FAO - APERÇUS NUTRITIONNELS PAR PAYS CONGO CONGO Aperçus Nutritionnels par Pays - CONGO juillet, 2000

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ORGANISATION DES NATIONS UNIES

POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE

FAO - APERÇUS NUTRITIONNELS PAR PAYS

CONGOCONGO

Aperçus Nutritionnels par Pays - CONGO juillet, 2000

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Note pour le lecteur

Les aperçus nutritionnels présentent une vision synthétique de la situation alimentaire et nutritionnelle de chaque pays. Ils fournissent des données ainsi qu’un bref texte explicatif accompagné de graphes et de cartes. Des informations sur la production agricole et sur les caractéristiques démographiques et socio-économiques sont aussi présentées pour mieux appréhender cette situation. Les données présentées sont obtenues des pays eux-mêmes et des banques de données internationales (FAO, OMS...). Des notes techniques détaillées fournissent la définition et la signification des variables et des indicateurs utilisés dans les aperçus. Ces notes techniques ainsi qu’une note d’information décrivant les objectifs des aperçus sont disponibles auprès de ESNA. Toutes remarques ou observations pouvant être utiles à l’amélioration de ce produit sont bienvenues. Pour plus d’information contacter:

E-mail: [email protected]

Aperçu nutritionnel du Sénégal préparé par Yves Martin-Prével (Institut de Recherche

pour le Développement) pour l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (ESNA – FAO).

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Table des matières

RESUME ------------------------------------------------------------------------------------------------- 3

TABLEAU 1: STATISTIQUES GENERALES DU CONGO ---------------------------------- 4

I. PRESENTATION GENERALE ------------------------------------------------------------------- 5

1. Géographie .........................................................................................................5 2. Population ...........................................................................................................5 3. Niveau de développement: pauvreté, éducation et santé ...................................6 4. Production agricole, utilisations des terres et sécurité alimentaire......................7 5. Economie ............................................................................................................8

II. LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE --------------------------------- 9

1. Evolution des besoins et des disponibilités en énergie .......................................9 2. Evolution des disponibilités alimentaires...........................................................10 3. Consommation alimentaire ...............................................................................12 4. Données anthropométriques.............................................................................13 5. Carences en micronutriments ...........................................................................16

REFERENCES-----------------------------------------------------------------------------------------18

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RESUME

Au Congo, la manifestation principale des problèmes nutritionnels chez les jeunes enfants est le retard de croissance, traduisant un état de malnutrition chronique. Elle atteint près d’un tiers des enfants en age préscolaire. Lors de l’enquête nationale de 1986-87, les prévalences les plus inquiétantes s’observaient dans le sud-ouest du pays, notamment les régions de Lékoumou (48,9%), Kouilou (37,5%), Niari (34,2%) et des Plateaux (34,5%). Ces régions affichaient aussi les taux les plus élevés d’insuffisance pondérale et d’émaciation, atteignant 24% et 6% respectivement au niveau national. En 1995 et 1996, ces données montrent que la situation s’est aggravée dans la région des Plateaux (38,5%) et à Brazzaville (17%). L’insuffisance pondérale chez les adultes touche essentiellement le milieu rural (en 1987, 8,4% des mères présentaient un IMC <18,5 kg/m2). Actuellement, cette prévalence semble s’être accrue, aussi bien chez les femmes que chez les hommes et tant en milieu rural qu’en milieu urbain. En revanche, le taux d’excès pondéral est loin d’être négligeable en milieu urbain (24% d’IMC >25 kg/m2 chez les mères à Brazzaville) et a même encore augmenté en 1991 (29%). La carence en iode est un problème majeur de santé publique au Congo. Les zones d’endémies goitreuses sont situées essentiellement dans l’extrême nord (région de la Likouala). L’ampleur du problème des carences en vitamine A et en fer est encore mal connu. Il n’existe aucune donnée nationale issue d’enquêtes de consommation alimentaire au Congo. Celle-ci est caractérisée avant tout par l’importance du manioc, aliment de base des congolais, qui peut représenter près de 84% de l’apport énergétique total. Cependant, la part prise par les céréales (pain et autres dérivés du blé) a augmenté considérablement ces dernières décennies. L’apport protéique du régime alimentaire reste faible (30 à 50 g/pers./jour) et provient traditionnellement en grande partie du poisson et de plus en plus de la viande de chasse et d’importation. En milieu urbain, le modèle de consommation est essentiellement monétarisé, bien que l’on observe ces derniers temps un développement de l’agriculture intra- et péri-urbaine en raison des difficultés économiques. En conclusion, ces dernières années, la situation nutritionnelle au Congo s’est détériorée dans toutes les tranches d’âge et tous les milieux. Ceci est un effet des répercussions de l’ajustement structurel que traverse le pays depuis le milieu des années 80. A ceci est venu s’ajouter l’instabilité du climat politique et enfin récemment les troubles civils. En conséquence, une proportion considérable des ménages est passée en dessous du seuil de pauvreté, frappant essentiellement le milieu rural mais aussi les personnes déplacées par les troubles civils en milieu urbain.

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Indicateur (§) Année Unité de mesure Indicateur (§) Année Unité

A. Terres à usage agricole G. Disponibilités alimentaires1. Terres agricoles 1995 ha par habitant 3,9872. Terres arables et cultures permanentes 1995 ha par habitant 0,082 1. Disponibilités Energétiques Alimentaires (DEA) 1996-98 kcal/pers/jour 2170

B. Cheptel1. Bovins 1996-98 milliers 732. Ovins/Caprins 1996-98 milliers 4013. Porcins 1996-98 milliers 454. Volaille 1996-98 millions 2

C. Population1. Population totale 1998 milliers 27852. 0-5 ans 1998 % population totale 21,73. 6-17 ans 1998 % population totale 31,14. 18-59 ans 1998 % population totale 42,35. >=60 ans 1998 % population totale 4,96. Population rurale 1998 % population totale 39,17. Taux de croissance annuel, Total 1995-2000 % population totale 2,88. Taux de croissance annuel, Rural 1995-2000 % population rurale 0,79. Projection population totale en 2030 2030 milliers 6346

10. Population agricole 1995 % population totale 44,811. Densité de la population 1995 par km2 7,5

D. Niveau de développement1. PNB par habitant, méthode Atlas 1997 $EU courants 6702. Indice de Développement Humain (nouveau) 1997 min[0] - max[1] 0,5333. Incidence de pauvreté, Total ... % de la population ... Apport énergétique des:4. Incidence de pauvreté, Rural 1988 % de la population 80 2. Protéines 1996-98 % DEA 8,25. Espérance de vie à la naissance 1998 années 49,1 3. Lipides 1996-98 % DEA 20,36. Mortalité infanto-juvénile 1998 par 1000 naissances 108

E. Commerce produits alimentaires 4. Protéines 1996-98 g/pers/jour 43,41. Importations alimentaires (valeur) 1996-98 % importations totales 23,5 5. Produits végétaux 1996-98 % protéines 62,72. Exportations alimentaires (valeur) 1996-98 % exportations totales 0,8 6. Produits animaux 1996-98 % protéines 37,33. Aide alimentaire en céréales (quantité) 1996-98 % import. en céréales 4,8

H. Insuffisance alimentaire

F. Indice de production alimentaire 1. Effectif de personnes "sous-alimentées" 1995-97 millions 0,91. Indice total de production 1996-98 1989-91=100 114,9 2. Pourcentage de "sous-alimentés" 1995-97 % du total 34,02. Indice de production par personne 1996-98 1989-91=100 94,1

TABLEAU 1: STATISTIQUES GENERALES DU CONGO

... données non disponibles § cf. Références pour les sources de données employéesNB: les virgules sont remplacées par des points ce qui est du aux contraintes des logiciels de mise à jour.

Pourcentage de l'énergie provenant des principaux groupes d'aliments

22%

41%

5%

5%

7%

12%

3% 2%1%2%Céréales exclu bière

Racines, tubercules

Edulcorants

Légumineuses, noix, oléagineux

Fruits, légumes

Huiles végétales

Graisses animales

Viandes

Poisson, fruits de mer

Lait, oeufs

Autres

Note: Valeur non notée si inférieure à 1%.

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CONGO

I. PRESENTATION GENERALE

1. Géographie La République du Congo est un pays de l’Afrique équatoriale situé principalement

entre le Gabon à l’ouest et la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre) à l’est et au sud. Au nord le Congo est également frontalier du Cameroun et de la République Centrafricaine, au sud-ouest il possède 169 km de côtes sur l’océan atlantique et une frontière avec l’enclave angolaise du Cabinda. D’une superficie totale de 342 000 km², dont environ 60% sont occupés par la forêt, le Congo dispose de plus de 100 000 km² de terres à vocation agricole mais dont seulement 150 000 hectares sont cultivés, soit moins de 0,5% de la superficie totale. Le climat est de type équatorial, avec des précipitations moyennes d’environ 1 600 mm par an (de 1 300 mm au sud-ouest à 2 000 mm au nord et au centre). Il est marqué par l’alternance de deux saisons de pluies (de mars à mai, puis de septembre à décembre) et de deux saisons sèches (en janvier et février, puis de juin à août). Du nord vers le sud, la grande saison sèche est de plus en plus marquée, tandis qu’à l’inverse la petite saison sèche est de moins en moins nette.

2. Population La population congolaise est estimée en 1998 à 2 785 000 habitants (UN, 1999). Elle

est caractérisée par sa jeunesse (52,1% des sujets ont moins de 18 ans) et un taux d’urbanisation très important (59% environ) (Tableau 1: Statistiques générales). L’espérance de vie à la naissance est de 49.1 ans. Le taux de croissance démographique semble en voie de diminution puisqu’il est estimé à 2,8 % pour la fin des années 90, tandis qu’il était de 3,1% au début des années 80 (BM, 1999). Le dernier recensement général de la population humaine (RGPH) de 1984 donnait une population de 1 910 000 habitants. Un nouveau recensement a été effectué en 1996 mais ses résultats ne sont pas encore publiés.

Le Congo est un des pays d’Afrique sub-saharienne où l’urbanisation est la plus forte : le taux d’urbanisation est passé de 35 % au début des années 70 à près de 60% actuellement (BM, 1999). Cette tendance pourrait toutefois s’amenuiser d’une part en raison des difficultés économiques croissantes en milieu urbain, d’autre part avec la politique de décentralisation et de déflation de la fonction publique, enfin à cause des troubles importants survenus dans la capitale, Brazzaville, depuis la fin de l’année 1993 (en 1993-1994 d’abord, puis de juin à octobre 1997).

La densité moyenne est de l’ordre de 7,5 habitants au km², mais avec des disparités très importantes entre les régions du nord, très peu densément peuplées, et celles du sud, où un tiers du territoire abrite 80% de la population. D’autre part les phénomènes migratoires sont différents dans ces deux zones. On observe en effet dans le nord essentiellement une migration vers la capitale, tandis que les migrations sont plutôt intra-régionales dans le sud. Sur le plan ethnique on distingue trois groupes principaux: les Kongos au sud, les Tékés sur les plateaux, les Mbochis au centre et au nord. Ces trois groupes sont d’origine bantoue, mais la situation ethnique est en fait très complexe, avec une subdivision des groupes en de nombreuses ethnies, parfois adversaires politiques au sein du même groupe. De plus, les liens ethniques avec les pays voisins sont forts, d’où une intrication perpétuelle

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des aspects ethniques avec la politique, intérieure comme extérieure. La langue officielle est le français ; parmi les langues locales, d’origine bantoue, le lingala est la plus répandue. Du point de vue religieux, les congolais se partagent à peu près à égalité entre le christianisme et l’animisme, l’islam touchant moins de 5% de la population. Toutefois, ces dernières années, un nombre impressionnant d’églises nouvelles ont fait leur apparition, avec un succès grandissant, notamment en milieu urbain.

3. Niveau de développement: pauvreté, éducation et santé L’économie congolaise est dominée par le secteur industriel, pétrolier essentiellement,

qui lui permet d’assurer un PNB par habitant estimé à 670 US$ en 1997 (BM, 1999). Bien que ce chiffre soit nettement supérieur à la moyenne de l’Afrique sub-saharienne (490 US$), le Congo est classé parmi les pays à faibles revenus, se situant au 156ème rang mondial. Du point de vue de l’indice de développement humain, estimé à 0,533, le Congo est en revanche classé parmi les pays à indice moyen, mais tout de même au 135ème rang sur 173 pays classés (PNUD, 1999). L’espérance de vie à la naissance était de 49,1 en 1998 (Banque Mondiale, 1999). La mortalité infantile est actuellement estimée à 90 ‰, et celles des enfants de moins de 5 ans à 108 ‰, ce qui place le Congo au 47ème rang mondial (UNICEF, 2000).

Une récente évaluation de la pauvreté au Congo (BM, 1999) souligne l’aggravation du phénomène depuis le milieu des années 80. Les causes principales en sont la succession de chocs extérieurs (baisse du prix du pétrole, ajustement structurel, taux de change du franc cfa), d’erreurs de politique économique (fonction publique pléthorique et surpayée, taxation des produits agricoles, politique de la dette, insuffisance des investissements en transports, communication, santé etc.), et enfin les troubles civils. En conséquence, la consommation privée réelle par habitant a chuté de 19% entre 1985 et 1995, et l’État s’est retrouvé à cette époque dans l’incapacité de couvrir ses dépenses de fonctionnement de base (jusqu’à 14 mois d’arriérés de salaires pour les fonctionnaires). La consommation des ménages a subi une contraction de 40% entre 1993 et 1995 tandis que le mauvais état des routes et des infrastructures agricoles empêchaient de tirer parti de la dévaluation du franc cfa. Le seuil de pauvreté relative, défini par le niveau de consommation des 40% de ménages les plus pauvres en 1993, est dépassé par 69% des ménages en 1995. Toutes les catégories socioprofessionnelles sont touchées (y compris les cadres du secteur public), mais les inégalités deviennent néanmoins plus marquées entre les pauvres et les ménages plus aisés. La part des dépenses non alimentaires a diminué, sauf pour les dépenses de santé qui ont augmenté (à l’exception du quintile le plus pauvre), en raison du prix des médicaments. La pauvreté semble toucher davantage le milieu rural que le milieu urbain, mais il n’y a pas de données récentes à ce sujet. A Brazzaville, un groupe de population particulièrement touché par la pauvreté est constitué par les personnes déplacées à cause des troubles civils.

Sur le plan du système éducatif, le Congo est caractérisé depuis la période marxiste par de forts taux de scolarisation, bien que les chiffres demeurent imprécis. Le taux d’alphabétisation est estimé à 75% en 1995 (UNICEF, 2000), respectivement 83% pour les hommes et 67% pour les femmes, ce qui est bien au dessus de la moyenne sub-saharienne. Par ailleurs il y a également au Congo un pourcentage important de formations universitaires (taux brut de 6,6% en 1985), dispensées localement ou à l’étranger (BM, 1999). Toutefois, les difficultés économiques de ces dernières années ont amoindri ces bons résultats et il y a une nette détérioration de la situation: On remarque notamment une augmentation du nombre d’élèves par enseignant, passant de 54 à 75 élèves pour 1 enseignant de 1980 à 1993 (dans l’enseignement primaire). Dans le même temps la part du budget de l’éducation absorbée par le personnel administratif ou d’inspection et les frais généraux ne cesse de croître (BM, 1997b). La qualité de l’enseignement s’est donc au total détériorée, avec un taux de

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redoublement passant de 26 à 36% sur la même période (UNESCO, 1994), et en conséquence la scolarisation dans le secteur privé a considérablement augmenté ces dernières années. Enfin, la destruction de l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville en 1993/1994, tandis que le projet de décentralisation de l’Université vers le sud n’avançait pas significativement, a fait régresser également le niveau de formation universitaire des congolais.

Les chiffres sur l’accès à l’eau potable sont controversés (de 20 à 60% au niveau national selon les sources), mais plusieurs faits demeurent néanmoins certains : En milieu rural, le taux d’accès à l’eau potable est inférieur à 10% (de l’ordre de 7 à 8 %), stable depuis de nombreuses années, signifiant que peu d’investissements en infrastructures ont été réalisés en dehors des villes. En milieu urbain, des efforts de développement avaient été faits pendant la période économiquement faste, jusqu’au début des années 80. Mais l’urbanisation rapide avec extension de nouveaux quartiers sans équipement, surtout à Brazzaville, ajoutée à l’absence d’entretien de l’infrastructure existante en raison des difficultés économiques, ont conduit la situation à se détériorer considérablement ces 10 dernières années. Du point de vue de la couverture sanitaire, les données précises manquent également mais la situation est du même ordre : le Congo bénéficie d’une infrastructure a priori correcte par rapport aux pays de la région. La couverture sanitaire est estimée à 5 000 personnes par centre de santé et environ 4 000 personnes par médecin. Les taux de couverture vaccinale chez les enfants âgés de 1 an sont de l’ordre de 29% pour le BCG, 23% pour le DPT, 18% pour la rougeole et 30% pour le tétanos chez les femmes enceintes (UNICEF, 2000). Mais on observe une disparité importante de la couverture sanitaire selon les régions, le milieu rural étant nettement défavorisé tandis que dans les grandes villes les structures de santé disposent d’un personnel pléthorique. Toutefois ceci ne garantit pas la qualité des prestations en ville, qui a au contraire nettement chuté en raison d’une affectation quasi-exclusive des ressources budgétaires au paiement des salaires, l’achat de matériel et médicaments étant devenu insignifiant (BM, 1997b). Du coup, en 1992 le secteur privé finançais 43% des dépenses de santé.

4. Production agricole, utilisations des terres et sécurité alimentaire Malgré des conditions éco-climatiques favorables et un sol riche dans beaucoup de

régions (notamment le Niari et la Bouenza, au sud), l’agriculture est depuis longtemps un secteur faible de l’économie congolaise, contribuant pour seulement 10% du PIB total en 1995 (BM, 1997a). Le faible développement de l’agriculture au Congo est lié notamment aux difficultés de transport des marchandises de l’intérieur du pays vers les centres urbains, à l’absence de politique d’incitation pendant de nombreuses années, à la forte attirance pour la ville en raison de salaires élevés, et à la politique de taxation des produits agricoles à la vente locale comme à l’exportation. Au total, une très faible partie des terres cultivables est exploitée (1,5 % environ) et la production agricole locale est loin de couvrir la consommation intérieure. La principale culture de subsistance est le manioc, seule denrée pour laquelle l’autosuffisance alimentaire est approchée, et dont la production atteint environ 700 000 t/an (mais les chiffres de l’autoconsommation et du commerce informel local sont difficiles à connaître exactement). Viennent ensuite la banane plantain, le maïs, les fruits et légumes, et le riz. D’autre part l’élevage et la pêche demeurent des activités assez peu développées. Les quelques cultures d’exportation sont le sucre, le tabac, le café et le cacao, les deux premières ayant été un peu relancées ces dernières années (EIU, 1996-1997). Mais les exportations alimentaires ne représentent que 0.7% des exportations totales sur la période 1995-1997 (FAOSTAT), tandis que la part des importations ne cesse de croître et atteint 21% des importations totales à la même période. Au total, alors que les rendements agricoles sont plutôt supérieurs à la moyenne africaine et que des potentialités importantes existent,

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l’urbanisation et la croissance démographique font que l’indice de production alimentaire par habitant ne fait que chuter depuis la période coloniale.

5. Economie Le Congo est à la fois un pays riche en ressources naturelles et faiblement peuplé,

d’où un PIB par habitant relativement élevé par rapport aux autres pays d’Afrique sub-saharienne. Néanmoins, l’économie congolaise est en difficulté depuis le milieu des années 80. En effet, l’économie est dominée par un secteur industriel, essentiellement pétrolier, qui contribue au PIB pour 38%, et un secteur des services fortement urbanisé, qui en représente plus de 51% (BM, 1997a). Cette structure s’est mise en place notamment du fait de la gestion centralisée de l’économie, décourageant l’initiative privée et privilégiant la fonction publique. Les salaires relativement élevés de cette dernière, conjugués au faible développement des infrastructures et du réseau de transports gênant l’écoulement des produits de l’agriculture, ont eu de plus un effet attractif important vers la capitale administrative, Brazzaville, et vers la capitale économique, Pointe-Noire, tout en renforçant la dépendance de la consommation vis à vis du système public. Ce système a pu se maintenir jusqu’au milieu des années 80, où le PIB par habitant a dépassé les 1 000 dollars (soit plus de 2 fois la moyenne de l’Afrique sub-saharienne), grâce aux importantes recettes pétrolières. Mais par la suite, les chocs extérieurs et les erreurs de politique économique, auxquels sont venus s’ajouter les troubles civils en 1993/1994, ont conduit le Congo à une croissance quasiment nulle, tandis que des emprunts massifs ont été contractés, notamment auprès des compagnies pétrolières, alourdissant considérablement la dette extérieure.

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II. LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE

1. Evolution des besoins et des disponibilités en énergie

L’évolution des besoins énergétiques au Congo est régulièrement croissante depuis 1965 (Tableau 2). Toutefois, si le taux d’accroissement annuel a augmenté de façon constante depuis 1965, il est passé par un niveau maximal de près de 3% en 1997 et, selon les projections, redescendra ensuite à peu près jusqu’à son niveau initial en 2030. L’urbanisation extrêmement rapide de la population est un phénomène important caractéristique du Congo. En effet, dès le début des années 90 les besoins des urbains sont devenus supérieurs à ceux des ruraux, et selon les perspectives à l’horizon 2030, ils représenteront alors près des trois quarts des besoins de l’ensemble du pays.

Tableau 2: Population totale, taux d’urbanisation, besoins énergétiques et disponibilités

énergétiques alimentaires (DEA) par personne et par jour en 1965, 1997 et 2030

Année 1965 1997 2030

Population totale (milliers d'habitants) 1111 2634 6346

Taux d'urbanisation (%) 32,4 59,2 75,7

Besoins énergétiques par personne (kcal/jour) 2173 2120 2190

DEA par personne (kcal/jour)* 2167 2170 __* Moyenne calculée sur trois ans pour 1964-66 et 1996-98 (Source: FAOSTAT)

On retrouve, suivant le rythme d’augmentation des disponibilités énergétiques alimentaires (DEA) (Figure 1), la manifestation d’une période de relative prospérité économique au Congo jusqu’au milieu des années 80. Sur la période de 1965 à 1985, en effet, l’accroissement des disponibilités était supérieur à celui des besoins énergétiques. Par la suite, en revanche, les chocs économiques subis par le Congo se traduisirent par une chute brutale de l’accroissement des DEA en 1989-91, tandis que les besoins continuaient de croître. Selon les estimations de la FAO, il y avait d’ailleurs à cette époque 34% de la population «sous-alimentée», ce qui est très important pour un pays dont le PIB était alors de près de 1 000$ par habitant (FAO, 1996). Ceci traduit une relative inégalité dans la distribution interne des ressources du pays. Heureusement, vers 1996-98 les disponibilités se sont améliorées et se sont rapprochées à nouveau de l’accroissement des besoins. Mais le récent rapport de la Banque Mondiale sur la pauvreté montre que les inégalités de distribution persistent (BM, 1997b).

L’évolution des DEA au Congo, à partir de 1964-1966, est assez fluctuante (Figure 1). Après une période d’une dizaine d’années, pendant lesquelles les disponibilités ont oscillé aux alentours de 2 100 kcal/personne/jour, on a observé une très nette amélioration en 1979-81, puis surtout en 1984-86 où celles-ci atteignaient 2 341 kcalories. Ces dates correspondent à la période la plus économiquement faste du pays. Depuis lors, les DEA ont à nouveau diminué pour retourner à peu près au niveau antérieur, plutôt médiocre (2 133 kcal/pers/j en 1996-98). Au fur et à mesure des années, la contribution glucidique au total des DEA a progressivement diminué tandis qu’augmentait la part des lipides et, à un moindre de degré, celle des protéines (Figure 1); Celle-ci demeure d’ailleurs très faible (moins de 9% de la ration énergétique en 1996-98). Cette évolution est en grande partie liée à l’urbanisation

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importante de la population et aux changements de régime alimentaire qui l’accompagnent (consommation plus importante de pain, mais également de riz, de sucre, d’huile végétale, de viande et de poisson).

Figure 1: Evolution des Disponibilités Energétiques Alimentaires et pourcentage provenant des

protéines, lipides et glucides

71,570,571,174,373,974,377,5

8,28,78,57,67,37,2

6,915,6

18,4 18,8 18,1 20,420,8 20,3

0

500

1000

1500

2000

2500

1964-66 1969-71 1974-76 1979-81 1984-86 1989-91 1996-98

DEA

kca

l/per

sonn

e/jo

ur

Glucides Protéines Lipides Source: FAOSTATCongo

2. Evolution des disponibilités alimentaires Quantités: La part prise par les céréales dans les DEA n’a fait qu’augmenter sur la

période 1964-66 à 1996-98 (elle est passée de 9 à 22% de l’énergie totale), tandis que dans le même temps la part des racines et tubercules diminuait considérablement (de 65 à 40%) (Figure 3). Toutefois, en 1996-98, la disponibilité en racines et tubercules exprimée en quantités reste très largement supérieure à celle des céréales (respectivement 285 et 59 kg/pers. /an) (Figure 2).

Figure 2: Disponibilités des principaux groupes d'aliments (en kg/personne/an) - Evolution de 1964-66 à1996-98

0

25

50

75

100

1964-66 1969-71 1974-76 1979-81 1984-86 1989-91 1996-98

kg/p

erso

nne/

an

Céréales ex clubièreRacines, tubercules

Edulcorants

Légumineuses,noix , oléagineuxFruits, légumes

Huiles v égétales

Graisses animales

Viandes

Poisson, fruits demerLait, oeufs

Autres

Congo Source: FAOSTAT

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Énergie: Pour les autres groupes alimentaires, la contribution aux disponibilités énergétiques est moins importante, sauf pour la part prise par les huiles végétales qui croît régulièrement et atteint 11% en 1996-1998. La part des édulcorants en revanche n’augmente plus depuis la fin des années 80. On note enfin que depuis cette même période la disponibilité en protéines est stable aux environs de 43 g par caput/jour, avec un rapport de protéines d’origine animale sur protéines d’origine végétale également stable.

Figure 3: Disponibilités énergétiques des principaux alimentsEvolution de 1964-66 à

0

500

1000

1500

2000

2500

1964-66 1969-71 1974-76 1979-81 1984-86 1989-91 1996-98

kcal

/per

sonn

e/jo

ur

Céréales ex clu bière

Racines, tubercules

Edulcorants

Légumineuses, noix ,oléagineuxFruits, légumes

Huiles v égétales

Graisses animales

Viandes

Poisson, fruits demerLait, oeufs

Autres

Congo Source: FAOSTAT

1996-98

Principales importations et exportations alimentaires: L’étude de l’évolution des importations alimentaires montre qu’au fur et à mesure des changements dans les DEA, les importations alimentaires n’ont cessé de croître, notamment en céréales. Mais depuis le milieu des années 80, correspondant à la fin de la période la plus favorable sur le plan économique, on a observé une stabilisation des importations de céréales, ainsi d’ailleurs que de poissons et de produits laitiers. Les importations de viande et abats, cependant, ont continué d’augmenter.

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Figure 4: Pourcentage des importations dans les Disponibilités Energétiques AlimentairesEvolution de 1964-66 à1996-98

0

10

20

30

40

1964-66 1969-71 1974-76 1979-81 1984-86 1989-91 1996-98

% d

es D

EA

Céréales ex clu bière

Edulcorants

Viandes et abats

Lait et produits laitiers

Poisson, fruits de mer

Huiles v égétales

Congo Source: FAOSTAT

Figure 5: Exportations alimentaires exprimées en pourcentage des Disponibilités Energétiques Alimentaires - Evolution de 1964-66 à1996-98

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30

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1964-66 1969-71 1974-76 1979-81 1984-86 1989-91 1996-98

% d

es D

EA Edulcorants

Oléagineux

Huiles v égétales

Congo Source: FAOSTAT

3. Consommation alimentaire Il n’existe pas de données nationales issues d’enquêtes sur la consommation

alimentaire au Congo. En 1981, une analyse de la consommation alimentaire a été néanmoins réalisée, mais basée uniquement sur des estimations (FAO, 1982). Celles-ci ont été faites à partir des données démographiques, des bilans des disponibilités alimentaires, des résultats d’enquêtes en milieu rural dans des zones analogues (Bas Zaïre), et enfin d’informations qualitatives sur les préférences de consommation et les ressources agricoles locales. A la même époque une enquête de consommation par pesée a également été réalisée (MSAS, 1983), mais elle est restée très partielle (un village dans la région de la Cuvette et un village dans la région du Pool, avec respectivement 46 et 41 ménages enquêtés).

L’aliment de base des congolais est le manioc, qu’il soit consommé sous forme de chikwangue (pâte rouie et cuite à la vapeur), de foufou (farine) ou de tubercules bouillis. En milieu rural, le modèle de consommation repose sur l’auto-subsistance. La consommation de manioc est très importante (environ 400 kg/pers./an) et peut représenter jusqu’à 84% de l’apport énergétique total. Selon les régions, le manioc peut être complété ou remplacé partiellement par de la banane plantain, du maïs, ou du riz. Les régions du sud, plus peuplées et plus fertiles, présentent un régime davantage diversifié. En milieu urbain, le modèle de consommation est essentiellement monétarisé, bien que l’on observe ces derniers temps un développement de l’agriculture intra- et péri-urbaine en raison des difficultés économiques. Le manioc constitue toujours l’aliment principal (environ 250 kg/pers./an), mais le pain et les autres dérivés du blé ont pris une part importante (environ 84 kg/pers./an), en raison de leur prestige et d’une politique de subvention.

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Aperçus Nutritionnels par Pays - CONGO 13

Le régime alimentaire est complété par l’apport de fruits et de légumes, de façon assez uniforme dans tout le pays. Le poisson constitue traditionnellement la principale source de protéines animales, complété par la viande de chasse. Ce modèle persiste en milieu rural, l’élevage étant très peu développé, mais la consommation de protéines reste faible (de 30 à 50 g/pers./j). Les produits de la pêche, en effet, et même ceux de la chasse, sont en grande partie commercialisés vers les centres urbains, car ils constituent l’une des rare source de revenus des populations rurales. En milieu urbain, la viande a pris une part de plus en plus importante dans le modèle de consommation malgré son prix. L’apport protéique moyen est d’ailleurs plus important (estimé à 65 g/pers./j). Il s’agit essentiellement de viande d’importation. On note par ailleurs que cette préférence pour la viande persiste malgré les difficultés économiques, mais il s’agit de plus en plus souvent d’abats et de viandes de qualité médiocre. Les apports lipidiques sont assurés essentiellement par les huiles végétales, plus souvent huile de palme dans les zones de forêt et d’arachide dans les zones de savanes. En milieu urbain il s’agit en majeure partie d’huile végétale importée.

Traditionnellement, le modèle de consommation des ménages congolais comporte deux repas principaux par jour, avec éventuellement en plus un petit déjeuner. Mais les difficultés économiques de ces dernières années ont largement modifié les habitudes, en milieu urbain surtout, où il n’y a le plus souvent plus qu’un seul repas familial. Dans certains cas il n’y a même plus de repas à proprement parler mais une répartition quotidienne de la ration alimentaire de chacun. Parallèlement se sont développées un certain nombre de formes de restauration de rue, peu onéreuses mais de qualité souvent douteuse. Signalons enfin que les interdits alimentaires, qui jouaient un rôle magico-religieux autrefois très important au Congo, tombent petit à petit en désuétude et ne semblent plus influencer significativement la consommation alimentaire des individus, même pour les femmes enceintes et les enfants qui étaient principalement visés.

Du point de vue de l’alimentation infantile, l’allaitement maternel reste la règle, en milieu rural comme en milieu urbain. Il est intéressant de noter par ailleurs que pratiquement tous les nouveau-nés consomment le colostrum (Tchibindat, 1995). La durée moyenne de l’allaitement est de 16,4 mois en milieu urbain et varie de 18,5 à 20,5 mois en milieu rural. Mais le problème majeur de l’alimentation infantile au Congo est lié à une introduction des aliments de complément excessivement précoce, ayant lieu le plus souvent avant l’âge de 4 mois (Tchibindat, 1995). Il s’agit en général de bouillies de faible densité énergétique préparées à partir de produits locaux (manioc, maïs). Ces bouillies sont ensuite remplacées très tôt par les aliments du plat familial (en moyenne à l’âge de 6,1 mois en milieu rural et de 7,5 mois en milieu urbain).

4. Données anthropométriques Les données sur l’anthropométrie des enfants sont résumées dans le Tableau 4a. Elles montrent tout d’abord qu’il n’y a pas de problème majeur de

malnutrition aiguë, la prévalence de l’émaciation restant modérée sur toute l’étendue du territoire, aux alentours de 5%. En revanche, la manifestation principale des problèmes nutritionnels au Congo est le retard de croissance, traduisant donc un état de malnutrition chronique (Simondon et al., 1989, Cornu et al., 1992). En effet, en 1986-1987, chez les enfants d’âge préscolaire, la prévalence est de 13,4 % à Brazzaville et atteint 27,5% en milieu rural pour l’ensemble du pays. Mais certaines régions sont encore plus touchées, notamment au Sud (Lékoumou, Niari, Kouilou), ainsi que la région des Plateaux au Nord. L’analyse de l’évolution selon l’âge montre d’autre part que ce retard de croissance est caractérisé par une apparition précoce, atteint un plateau vers l’âge de 2 ans, et se maintient ensuite au dessus de 30% jusqu’à l’âge de 5 ans.

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Les données les plus récentes ne concernent que Brazzaville (Martin-Prével et al., 1997) et la région des Plateaux (Mantey, 1995). Elles montrent que la situation s’est aggravée dans les deux cas, même si une amélioration transitoire a été notée à Brazzaville en 1991. Pour les enfants d’âge scolaire, par ailleurs, les données ne concernent que Brazzaville. La prévalence est un peu moins élevée, mais s’est aggravée également entre 1991 et 1996.

Pour les adultes (Tableau 4b), on observe en 1986-1987 que l’insuffisance pondérale chez les mères (IMC <18,5 kg/m²), est modérée en milieu urbain (8,4%) tandis qu’elle est, comme observé classiquement, nettement plus importante en milieu rural (13,5%). Le taux d’excès pondéral, en revanche, est alors loin d’être négligeable en milieu urbain (24,3 % d’IMC >25 kg/m² chez les mères à Brazzaville) et a même encore augmenté en 1991 (28,7%). Mais dans le même temps l’insuffisance pondérale a également progressé. Ceci est significatif d’un pays en transition nutritionnelle et des conséquences de l’ajustement structurel (Delpeuch et al., 1994). Elle est alors, chez les hommes, du même ordre que chez les femmes (11% environ) tandis que l’excès pondéral reste plus modéré (16,7%). Actuellement, la situation s’est détériorée : la prévalence de l’insuffisance pondérale s’est accrue, chez les hommes comme chez les femmes, et en milieu urbain comme en milieu rural semble-t-il (selon des données parcellaires, disponibles uniquement pour la Région des Plateaux). Dans le même temps l’excès pondéral est en régression.

Au total, donc, la situation nutritionnelle au Congo s’est détériorée ces dernières années, dans toutes les tranches d’âge et tous les milieux. Ceci n’est certainement pas sans rapport avec la détérioration de la situation économique qui sévit depuis le milieu des années 80.

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Tableau 4a: Données anthropométriques sur les enfants

Source/ Lieu Echantillon Pourcentage de malnutrition Annéeenquête

Nombre Sexe Age

Insuffisance Pondérale Retard de croissance Emaciation Surpoids% Poids/Age % Taille/Age % Poids/Taille %Poids/Taille

< -3ET < -2ET* < -3ET < -2ET* < -3ET < -2ET* > +2ET

Martin-Prével, 1997 Brazzaville 2 000 M/F 0-5 ... ... ... 17,0 ... 4,6 ...1996 847 " 06-Sep ... ... ... 14,5 ... 3,3 ...

Mantey, 1995 Plateaux ª 439 M/F 4-27m ... ... ... 38,5 ... 5,7 ...1995 Plateaux b 528 " " ... ... ... 37,5 ... 4,7 ...

1992 Plateaux ª 356 M/F 4-27m ... ... ... 31,7 ... 4,5 ...

Plateaux b 434 " " ... ... ... 31,3 ... 4,4 ...

Cornu,1995 Brazzaville 2 299 M/F 0-5 ... ... ... 10,7 ... 3,9 ...1991 805 " 6-9. ... ... ... 9,6 ... 4,8 ...

1987 National 2 429 M/F 0-5 ... 23,9 ... 27,5 ... 5,5 ...289 " <5 m ... 4,0 ... 8,4 ... 1,4 ...266 M/F 6-11 m ... 22,0 ... 12,2 ... 6,0 ...282 " 12-17m ... 35,2 ... 26,7 ... 14,1 ...249 M/F 18-23m ... 26,6 ... 33,6 ... 10,8 ...501 " 24-35m ... 24,9 ... 30,3 ... 3,1 ...427 M/F 36-47m ... 25,4 ... 32,8 ... 3,3 ...415 " 48-59 ... 25,5 ... 37,5 ... 3,6 ...

Régions:

Likouala 123,0 M/F 0-5 ... 17,1 ... 15,6 ... 2,4 ...Sangha 305,0 " " ... 15,8 ... 25,6 ... 1,4 ...Cuvette 519,0 M/F 0-5 ... 24,0 ... 21,4 ... 8,2 ...

Plateaux 272,0 " " ... 23,3 ... 34,5 ... 6,1 ...Pool 449,0 M/F 0-5 ... 20,8 ... 22,1 ... 4,5 ...

Bouenza 396,0 " " ... 22,4 ... 29,5 ... 3 ...Lekoumou 61,0 M/F 0-5 ... 34,3 ... 48,9 ... 5,9 ...

Niari 153,0 " " ... 21,6 ... 34,2 ... 4,7 ...Kouilou 151,0 M/F 0-5 ... 34,7 ... 37,5 ... 8,2 ...Milieu:

Centres Sec.Nord 610,0 M/F 0-5 ... 17,7 ... 21,4 ... 5,9 ...Centres Sec.Sud 603,0 " " ... 20,2 ... 30,2 ... 3,3 ...

Rural Nord 609,0 M/F 0-5 ... 23,7 ... 25,7 ... 5,9 ...Rural Sud 607,0 " " ... 27,5 ... 29,2 ... 6,2 ...

Simondon, 1989 Brazzaville 2233,0 M/F 0-5 ... ... ... 13,4 ... 2,9 ...1986

Notes: ... données non disponibles. Les indices nutritionnels sont présentés en nombre d’écart-types de la médiane de référence internationale NCHS/OMS (OMS, 1983). * Comprend également les sujets < – 3 SD. a. Plateaux Lakéna b. Plateaux Djambala

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Tableau 4b: Données anthropométriques sur les adultes

Notes: ... données non disponibles a Plateaux Lakéna b Plateaux Djambala

5. Carences en micronutriments L’extrême nord du Congo (Région de la Likouala) est voisin de zones d’endémies

goitreuses du Cameroun, de la RCA et de la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre). Cette zone a donc fait l’objet d’enquêtes exploratoires sur les troubles dus à la carence en iode (TDCI) dans les années 80. Ces enquêtes ont révélé l’existence d’un problème important, avec dans certaines zones un taux de goitre total atteignant 69% chez les sujets de 10-39 ans, et une excrétion urinaire d’iode < 20 µg/L pour 32,5% des sujets masculins de 10-19 ans (OMS, 1989). La population bantoue est davantage touchée que la population pygmée, sans doute en raison d’une moindre consommation de manioc. Selon les services de santé, la Région de la Sangha et peut-être de la Lékoumou seraient également touchées par l’endémie goitreuse. Mais les enquêtes sur les TDCI sont toujours restées parcellaires et non standardisées. Au cours du premier semestre 1997, une enquête nationale a été réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 9000 écoliers de 6-17 ans, avec dosage urinaire pour 1/10ème d’entre eux, mais les résultats ne sont pas encore connus.

Source/ Lieu EchantillonAnnéeenquête

Nombre Sexe Age Pourcentage de malnutrition

Indice de MasseCorporelle (kg/m2)

Déficience Energétique Chronique% d'IMC (kg/m2)

Surpoids% d'IMC (kg/m2)

Obésité% d'IMC

moyenne ET médiane <18.5 >=25

Martin-Prével, 1997 Brazzaville 1 250 F (mères) 22,4 4,1 ... ... ... 14,2 22,0 ...1996 1 868 F adultes 22,4 4,2 ... ... ... 15,4 21,7 ...

1 351 M adultes 21,4 3,3 ... ... ... 15,3 13,6 ...

Mantey 1995 Plateaux ª 436 F (mères) 20,4 ... ... ... ... 18,8 4,4 ...1995 Plateaux b 516 F (mères) 20,1 ... ... ... ... 25,2 3,7 ...

Mantey 1995 Plateaux b 418 F (mères) 20,1 ... ... ... ... 26,5 2,9 ...1993

1992 Plateaux ª 372 F (mères) 20,5 ... ... ... ... 19,9 4,0 ...

Delpeuch, 1994 Brazzaville 1 356 F (mères) 23,2 4,3 ... ... ... 10,5 28,7 ...1991 1 899 F adultes 23,2 4,5 ... ... ... 11,3 29,0 ...

1 231 M adultes 22,1 3,3 ... ... ... 10,6 16,7 ...

Cornu, 1992 National(rural) 1 373 F (mères) 21,2 2,8 ... ... ... 13,5 8,5 ...1987

Simondon, 1989 Brazzaville 984 F (mères) 22,8 4,0 ... ... ... 8,4 24,3 ...1986

Etat anthropométrique et

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Le problème de la carence en vitamine A en Congo est encore plus mal connu que celui des TDCI. La seule source de données est hospitalière et fait état de 15% d’enfants de 6 mois - 6 ans présentant un déficit infra clinique (Samba, 1988). Une enquête nationale, clinique, biologique et alimentaire, était programmée pour la fin de l’année 1997, mais n’a pu être réalisée en raison de la récente guerre civile.

Il n’existe aucune donnée sur la carence en fer et les anémies nutritionnelles.

Tableau 5: Enquêtes sur les carences en micronutriments

Source/ Carence Lieu Echantillon PourcentageAnnéeenquête

Nombre Sexe Ageans

IodeOMS,1993 Taux total de goitre Région de Likoula:

1987 Dongou Ibenza:Berandzoko 54 M/F 10-39. 70,4Dongou Ibenza:Enyelle 339 " " 40,7Dongou Ibenza:Mimbelli 183 " " 75,4Dongou Ibenza:Mondzoukou 108 " " 55,6Dongou Ibenza:Moumpourou 128 " " 57,8Dongou:pygmée 872 " " 55,9

Notes: ... données non disponibles

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