EXTRAITS WE DEMAIN N°2

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CHERS INTERNAUTES,

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NOUS VOUS PROPOSONS ICI DES EXTRAITS DU NUMÉRO 2

DE WE DEMAIN, AVANT – NOUS L’ESPÉRONS ! –

DE VOUS COMPTER PARMI NOS LECTEURS.

A DÉCOUVRIR, LE SOMMAIRE COMPLET,

AINSI QUE LES PREMIÈRES PAGES D’UNE SÉLECTION D’ARTICLES.

ENVIE D’EN VOIR PLUS,

D’EN SAVOIR PLUS SUR L’AGRICULTURE VERTICALE,

LES MONNAIES PARALLÈLES,

LES GUÉRILLÉROS URBAINS,

LA SÉRENDIPITÉ ,

LE GOÛT RETROUVÉ DE LA TOMATE,

L’INCROYABLE HISTOIRE DES MÉDUSES

OU LES MOTS DE DEMAIN ?

RENDEZ-VOUS CHEZ VOTRE LIBRAIRE,

MARCHAND DE JOURNAUX

OU SUR NOTRE PLATEFORME DE VENTE

ET D’ABONNEMENT EN LIGNE.

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p. 070 — L’AVENIR EST DANS LES FERMES VERTICALES. Des projets en cours de réalisation illustrent le développement de l’agriculture urbaine.

p. 076 — “L’ENJEU EST DE NOURRIR DES MILLIARDS D’ÊTRES HUMAINS” Père de l’agriculture verticale, le chercheur américain Dickson Despommier se bat pour gagner à ses idées les responsables politiques de la planète. Interview : Olivier Blond.

p. 078 — QUAND LA NOURRITURE DES PARISIENS TOMBERA DU CIEL… Agronomes, architectes, membres d’associations, ils ambitionnent d’alimenter un jour Paris avec les fruits et les légumes récoltés sur les toits. Des expériences sont déjà en cours. Jean-Marie Urlacher (Info-pilote).

P. 084 — EMPLOIS : L’ESPOIR EST DANS LE VERT. Les secteurs du développement durable devraient constituer les bassins d’emploi de demain. Isabelle Lefort.

p. 088 — À PRESENT, LES ORDINATEURS PEUVENT PRÉDIRE L’AVENIR. L’énorme quantité de données qu’ils sont aujourd’hui capables d’ingurgiter leur permet par exemple de repérer un criminel avant qu’il ne commette son acte. Antoine Lannuzel.

p. 092 — LE TEMPS DES VILLES “INTELLIGENTES”. Du Danemark en Corée du Sud, en passant par le Portugal, les projets de cités énergétiquement autonomes, numériques et interactives sont en cours de réalisation. Olivier Delahaye.

p. 100 — VOUS AVEZ DIT “SÉRENDIPITÉ” ?Explications et histoire d’un mot qui associe hasard et découvertes. Henri Kaufman.

p. 104 — CE QUE DE GRANDES DÉCOUVERTES DOIVENT AU HASARD. Trois découvertes scientifiques issues de la sérendipité. Marie-Noëlle Charles.

p. 110 — OBÉSITÉ. L’HISTOIRE D’UN MAL QU’IL EST DÉSORMAIS POSSIBLE D’ÉRADIQUER.Selon le très sérieux New England Journal of Medicine, une intervention chirurgicale bénigne suffirait à la vaincre. Et avec elle, diabète et maladies cardio-vasculaires. Professeur Philippe Even.

p. 048 — AU BHOUTAN, LE BONHEUR ATTEINT LES SOMMETS.Ce petit État himalayen est le seul pays au monde à avoir inscrit le bonheur dans ses règles de gouvernance. Éric Tariant. Reportage photo : Nigel Dickinson.

p. 066 — “SI J’ETAIS PREMIER MINISTRE…” Aux manettes à Matignon, le philosophe et essayiste altermondialiste Patrick Viveret assurerait à tous une protection médicale et financière de base tout au long de l’existence. Interview : Éric Tariant et François Siegel.

VIVREP. 046

RESPIRERP. 068

INVENTERP. 082

DÉCHIFFRERP. 008

p. 010 — LES NOUVEAUX MOTS.Ils apparaissent au fur et à mesure que la société se transforme. Valérie Zoydo.

p. 014 — ROOSEVELT, REVIENS !L’économiste Pierre Larrouturou veut encore croire au pouvoir des dirigeants politiques, mais leur conseille de s’inspirer du président américain initiateur du new deal. Interview : François Siegel.

p. 022 — PROPRIÉTAIRES POUR 75 EUROS PAR MOIS.Organismes de microcrédit et ONG permettent à des familles indiennes modestes d’obtenir ce qui leur paraissait inaccessible : un appartement. Antoine Lannuzel. Reportage photo : Nigel Dickinson.

p. 026 — ET SI LA DÉCROISSANCE ETAIT UNE OBLIGATION ET NON UNE FATALITÉ ?Intenable : nous consommons beaucoup plus que ce que la Terre peut nous donner. Un rapport mondial fournit des solutions.

p. 032 — MONNAIE PARALLÈLE, L’ABEILLE PIQUE L’EURO. Elle compte parmi les centaines de monnaies locales complémentaires mises en circulation à travers le monde, auxquelles l'économiste Bernard Lietaer promet un bel avenir. Éric Tariant.

p. 040 — L’HOMME DONT LES ÉCRITS FONT TOMBER LES DICTATEURS. De Belgrade au Caire, on assiste au succès des méthodes non violentes préconisées par l’Américain Gene Sharp. Yannick Desmoustier.

p. 001 — © Barbara Katzin / Baptiste Hersoc /

Nigel Dickinson / Guido Mocafico / Mike Piscitelli /

Artothek – Christie’s/La Collection / Jean-Michel Sicot.

p. 002 — © Christoffer Relander.

p. 003 — L’ÉDITO : François Siegel.

SOMMAIRE

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p. 128 — DE DRÔLES DE GUÉRILLEROS. Leur maquis est la ville qu’ils fleurissent la nuit, qu’ils meublent de bibliothèques sauvages ou qu’ils décorent d’arbres tricotés. Alexis Botaya (Soon Soon Soon).

p. 136 — SI VIEILLES, SI BELLES ET SI… DANGEREUSES : LES MEDUSES.Elles ont résisté à tous les bouleversements terrestres et n’ont pas changé depuis leur apparition il y a plus de 600 millions d’années. De nos jours, leur prolifération spectaculaire est devenue un danger pour la vie des océans. Yves de Chazourne.

p. 170 — LES SECRETS DE LA TOMATE.Le séquençage complet de son génome permet d’espérer que le fruit-légume le plus consommé au monde retrouvera sa saveur perdue. Jean-François Mongibeaux.

p. 176 — L’ÉCLOSION DES MICROBRASSEURS.Dans une cave ou un garage, ils sont de plus en plus nombreux à fabriquer leur bière. Sylvain Morvan.

p. 196 — VILLA EL SALVADOR.400 000 personnes vivent aujourd’hui dans cette ville libre et égalitaire surgie des sables il y a quarante ans. Histoire d’une utopie devenue réalité. Armelle Oger.

p. 202 — MILITANTS DE LA CASH-MOB.Reportage sur ces personnes qui se réunissent dans de petites boutiques, pour soutenir le commerce local et se rencontrer. Christelle Gérand.

p. 206 — OFFRIR MALIN.La liste de We Demain pour un Noël responsable. Isabelle Lefort, Olivier Cabréra et Antoine Lannuzel.

p. 208 — BLOC-NOTES

p. 209 — ABONNEMENT

p. 212 — © Isa Marcelli

p. 182 — ÉCOTOURISME À QUÉMENÈS.Exploitée par un couple gardien de la biodiversité, l’unique ferme de cette île finistérienne accueille les visiteurs d’avril à septembre. Julie Lallouët-Geffroy.

p. 188 — DES HÔTELS POUR DORMIR AUTREMENT.Technologie et personnalisation sont en train de révolutionner la conception des hôtels du futur. Lucie Tavernier.

p. 152 — LEÇONS DE VIE CHEZ LES KOGIS.Vivant, dans la forêt colombienne, en harmonie avec la nature, le « peuple-racine » est un modèle de société humaine responsable. Antoine Lannuzel.

p. 160 — PHOTOGRAPHIE. RETOUR VERS LE PASSÉ. À rebours de la rapidité numérique, la tendance, chez des amoureux de l’image, est d’utiliser les techniques des photographes du XIXe siècle. Philippe Serieys.

SAVOURERP. 168

DÉCOUVRIRP. 180

PARTAGERP. 194

REGARDERP. 126

RALENTIRP. 150

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BIB

Jusqu’alors utilisé comme indicateur de croissance, le produit intérieur brut place

la France en position de 5e pays le plus riche du monde, mais ne suffi t plus pour mesurer sa prospérité. Car un État peut se révéler prospère sans forcément noter une augmentation de son PIB. C’est pourquoi l’OCDE a lancé en 2011 le BIB (bonheur

intérieur brut), un nouvel indice de bien-être prenant en compte la qualité de vie et des infrastructures, le sentiment de liberté, le

lien social, la santé, la satisfaction au travail ou encore l’adhésion à des valeurs.

BIG DATA

Grand défi informatique de la décennie avec la montée en puissance d’Internet et du haut débit, le Big Data est constitué de

grandes masses de données (géolocalisation par smartphone, transactions marchandes

en ligne, commentaires sur les réseaux sociaux, dossiers de santé, microblogs, etc.) qui nécessitent d’être analysées pour être exploitées. Le McKinsey Global Institute

considère qu’il s’agit du prochain cap pour l’innovation, la compétitivité et la productivité dans les pays occidentaux.

BODY HACKING

Faire du body hacking, c’est être pirate de son propre corps « en lui adjoignant des

composants artifi ciels dans le but de modifi er son comportement naturel », selon Cyril

Fiévet, auteur du livre Body Hacking (FYP éditions, 2012). Inspiré du mouvement transhumaniste, il est surtout associé à l’implantation de puces d’identifi cation RFID et de prothèses, au mélange de la

biologie et de l’électronique.

BOTTOM-UP

Littéralement « du bas vers le haut », en opposition au top-down, le bottom-up fait référence à la culture provoquée par les

médias 2.0 où l’information est impulsée par la base et les masses. Le bottom-up est

aussi un terme employé en fi nance, en économie et en management. Dans les

questions environnementales, ce terme est utilisé notamment par Jared Diamond dans son livre Effondrement (Gallimard, 2006), pour évoquer le règlement des problèmes

par les autochtones.

ÊTES-VOUS CRADLE TO CRADLE OU HACKTIVISTE ?DES MOTS DANS L’AIR DU TEMPS

Valérie ZoydoIllustration : Matthieu Destigny

CONCEPTUELS, ANGLOPHONES, « SIGLIQUES » OU LOUFOQUES, LES NOUVEAUX MOTS SONT UNE FENÊTRE SUR LE MONDE DE DEMAIN. MARQUÉS PAR LA CULTURE PARTICIPATIVE D’INTERNET, ILS ANNONCENT L’AVÈNEMENT DU POUVOIR CITOYEN ET DE VALEURS BASÉES

SUR L’ALTRUISME, LA CRÉATIVITÉ ET L’INTELLIGENCE COLLECTIVE.

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ROOSEVELT, REVIENS !

PARPIERRE LARROUTUROU

Interview : François Siegel

Photo : Jean-Michel Sicot

SE RÉSIGNER À CONSTATER QUE LA CRISE EST GRAVE ET QUE NOUS SOMMES AU BOUT D’UN SYSTÈME, PIERRE LARROUTUROU NE S’EN

SATISFAIT PAS. COFONDATEUR AVEC EDGAR MORIN, STÉPHANE HESSEL ET MICHEL ROCARD DU COLLECTIF ROOSEVELT 2012, EN HOMMAGE AU PRÉSIDENT QUI AVAIT COURAGEUSEMENT RÉVOLUTIONNÉ LA SOCIÉTÉ AMÉRICAINE AVEC LE NEW DEAL,

CET ÉCONOMISTE VEUT ENCORE CROIRE AU POUVOIR DES DIRIGEANTS : « CE SONT DES DÉCISIONS POLITIQUES QUI ONT

CONDUIT À LA CRISE. CE SONT DES DÉCISIONS POLITIQUES QUI NOUS AIDERONT À EN SORTIR. » COMMENT ? EN CRÉANT UN SURSAUT AU LIEU DE METTRE DES RUSTINES. LES SOLUTIONS

EXISTENT. À NOUS D’AVOIR LE COURAGE DE LES METTRE EN ŒUVRE.

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« CELL PHONES, INTOLERABLE BEAUTY » (« TÉLÉPHONES PORTABLES, BEAUTÉ INTOLÉRABLE »)

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LA DÉCROISSANCE, UNE FATALITÉ ? NON, UNE OBLIGATION !

The Worldwatch InstitutePhotos : Chris Jordan

LE MOT FAIT PEUR. ET POURTANT, UNE DÉCROISSANCE CONTRÔLÉE EST PEUT-ÊTRE LA SEULE ARME EFFICACE CONTRE

LE GASPILLAGE DES RESSOURCES DE LA TERRE. C’EST CE QUE PRÉCONISE LE DERNIER RAPPORT DU WORLDWATCH

INSTITUTE*. CONDITION : QUE TOUT LE MONDE S’Y METTE. LES POLITIQUES, EN TAXANT PAR EXEMPLE LES TRANSACTIONS FINANCIÈRES, LES ENTREPRENEURS, EN FABRICANT DURABLE, LES CITOYENS, EN CRÉANT DES JARDINS PARTAGÉS. EXTRAITS.

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LES MONNAIES PARALLÈLES FONT SAUTER LA BANQUE

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GENE SHARPSES MOTS FONT TOMBER LES DICTATEURS

Yannick Desmoustier

DE BELGRADE À TUNIS, LE NOM DE GENE SHARP EST VÉNÉRÉ PAR LES PEUPLES QUI SE SONT SOULEVÉS CONTRE LEURS

OPPRESSEURS. SERBES, BIRMANS, ÉGYPTIENS, ILS ONT EN EFFET ÉTÉ AIDÉS DANS LEUR LUTTE PAR LE PETIT OUVRAGE DE CE PROFESSEUR AMÉRICAIN, DE LA DICTATURE À LA DÉMOCRATIE. OU COMMENT VENIR À BOUT DES TYRANNIES EN 198 RECETTES NON VIOLENTES.

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L’AVENIR EST DANS LE VERTICAL

PROJET DE « TOUR VIVANTE » IMAGINÉ À RENNES PAR LE CABINET D’ARCHITECTURE PARISIEN SOA. HAUT DE 112 MÈTRES, CET IMMEUBLE ABRITANT DES LOGEMENTS, DES BUREAUX ET DES SERRES DE PRODUCTION MARAÎCHÈRE SE VEUT « UNE MACHINE ÉCOLOGIQUE AUTONOME ». D’AUTRES PROJETS SONT EN COURS DE RÉALISATION AU JAPON, EN CORÉE DU SUD ET AUX ÉTATS-UNIS.

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RESPIRER

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MARIE GARIN, INGÉNIEUR AGRONOME, SUR LE TOIT DE L’ÉCOLE AGROPARISTECH.

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LE FUTUR “VENTRE” DE PARIS : SES TOITS Texte et photos : Jean-Marie Urlacher (Info-pilote)

DE NEW YORK À ANTANANARIVO, DE MONTRÉAL À DAKAR, BIOLOGISTES, AGRONOMES, ARCHITECTES, ASSOCIATIONS ET PARTICULIERS TRANSFORMENT LES TOITS D’IMMEUBLES EN

POTAGERS. UN PHÉNOMÈNE QUI TOUCHE ÉGALEMENT PARIS. LOIN DE N’ÊTRE QUE DES CARRÉS DE VERDURE, CES NOUVELLES

TERRES CULTIVABLES POURRAIENT BIEN UN JOUR ALIMENTER LES PARISIENS EN FRUITS ET LÉGUMES. À LA DÉCOUVERTE DES

PREMIERS JARDINS SUSPENDUS DE LA CAPITALE.

Paris, Ve. Au croisement des rues de l’Arbalète et Claude-Bernard, la façade en brique rouge du prestigieux établissement AgroParisTech (Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement) n’a rien de champêtre. Pourtant, quatre étages plus haut, 200 m2 de potager ont envahi les toits. Tomates, salades et arbres fruitiers ont remplacé zinc et ardoises. Puisqu’en ville on manque d’espace et donc de terre, c’est dans la verticalité qu’on trouve la solution. Les toits peuvent désormais être « productifs ». Et si la révolution du XXIe siècle était culturale ?

OPÉRATION À CIEL OUVERT Les toits de Paris, ce sont 320 hectares de potagers potentiels. « Avec un rendement de 10 kg par mètre carré et par an, on pourrait subvenir aux besoins annuels en légumes frais de tous les Parisiens », lâche d’un air rêveur Nicolas Bel, le coude appuyé sur le manche de sa pelle. Pour cet ingénieur généraliste, professeur de développement durable-écoconception en classe prépa et à Polytechnique, le potager expérimental monté avec son collègue Nicolas Marchal est un premier pas vers de nouvelles solutions alimentaires de proximité. Inspirés par des expériences similaires menées au Québec, aux États-Unis, à Madagascar et au Sénégal, nos chercheurs français veulent bien sûr valider le concept d’un point de vue scientifique, mais pas seulement. « Nous voulons aussi anticiper une demande forte

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ILES QUÉMÉNÈSDÉCOUVRIR

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LE TEMPS DES ORDI-PROPHÈTESAntoine Lannuzel

Illustration : Baptiste Hersoc

AU PLACARD LES BOULES DE CRISTAL, L’AVENIR SE PRÉDIT DÉSORMAIS PAR ORDINATEUR. GRÂCE À DE PUISSANTS LOGICIELS QUI SE NOURRISSENT DU FLOT DE DONNÉES ACCESSIBLES SUR LE NET,

UNE MARQUE PEUT GARANTIR LE SUCCÈS D’UN PRODUIT, UN CRIMINEL ÊTRE REPÉRÉ PAR LA POLICE AVANT L’ACTE, UN ÉTAT ANTICIPER L’ISSUE D’UNE ÉLECTION. CERTAINS S’ESSAIENT MÊME

À PRÉVOIR CONFLITS ET GRANDS ÉVÉNEMENTS PLANÉTAIRES.

Au panthéon des fantasmes humains, la lecture de l’avenir semblait promise à rester l’affaire des voyants et médiums. Mais voici qu’entrent en scène des ordinateurs ! Bâtis à partir de complexes algorithmes, des logiciels sont aujourd’hui capables d’ingurgiter le flot d’informations qui inonde les bases de données, mais aussi les réseaux sociaux, les blogs et les forums de discussion. Un magma qui, une fois remis en ordre, permet d’entrevoir les tendances et les événements à venir.

Puisque l’avenir découle du présent, qui découle lui même du passé, l’analyse prédictive consiste à décrypter l’empreinte numérique des deux derniers pour tenter d’appréhender le premier. Si cette opération exhaustive, hors de portée d’un cerveau humain, est aujourd’hui réalisable par les machines, c’est d’abord parce que la puissance de calcul de ces dernières croît de jour en jour. Mais aussi et surtout en raison de l’explosion du volume de données. Bienvenue dans l’ère du « big data », où, tous les dix-huit mois, le stock d’informations conservées en ligne est multiplié par deux ! Cette jungle de chiffres et de lettres est devenue une denrée stratégique. « Les données sont un nouveau type de bien économique, tout comme les devises ou l’or », expliquait Steve Lohr dans son article paru en février dans le New York Times.

Cette profusion de données numériques est née de la conjonction de plusieurs facteurs. Notamment l’open data – la mise en ligne des données étatiques –, auquel de plus en plus de gouvernements se livrent de façon consentante ou contrainte

depuis l’entrée en scène de Wikileaks. Ajoutons à cela l’augmentation du nombre de capteurs numériques installés sur les usines, les voitures, les édifices publics, qui génèrent en continu des informations sur la localisation, la température ou encore la composition chimique de l’air. Rappelons surtout qu’un être humain sur trois est désormais connecté à Internet. À l’heure du Web 2.0, c’est donc un tiers de la population mondiale qui se trouve en mesure de laisser sa trace sur la Toile. Selon IBM, l’usage de Google, Facebook ou Twitter générerait quotidiennement quelque 2 500 000 téraoctets de données ! Autant d’unités dont le coût de stockage fond aujourd’hui comme neige au soleil.

GIGANTESQUE PUZZLE Problème, 80 % des informations disponibles en ligne sont « non structurées », comprenez éparpillées. La reconstitution de ce gigantesque puzzle revient à des sociétés de data-mining (analyse de données) telles qu’IBM, Oracle-Exadata ou encore Microsoft-Parallels, qui proposent leurs services à des tarifs de plus en plus abordables. « Depuis une petite dizaine d’années, nous entrons dans une nouvelle ère en matière de data-mining et de text-mining, explique Ronald Moulanier, Information Management Architect pour IBM. Les données sont de moins en moins structurées et la vitesse nécessaire pour les organiser va croissante. Le véritable changement de paradigme, c’est l’intégration de toutes ces données, dans toutes leurs dimensions et en temps réel. » Une société comme Recorded Future, aux États-Unis, n’hésite pas à vanter ses « algorithmes révolutionnaires » qui aident à « prévoir

ce qui est susceptible de se passer dans le futur ».

Tout a commencé dans le monde du business. À la fin des années 1980, les premiers logiciels de data-mining se sont mis à tourner sur d’imposantes machines, dans le but de prédire les mouvements financiers. Après les banquiers et les traders, ce sont les assureurs et les entreprises de vente par correspondance qui s’y sont mis, puis les compagnies aériennes, les constructeurs automobiles et les opérateurs de téléphonie. En faisant analyser leurs données internes, désormais croisées avec les informations publiques, ces entreprises se sont dotées d’outils leur permettant de guider leurs décisions, d’optimiser leurs dépenses et de booster leurs ventes. Les opérateurs téléphoniques, par exemple, étudient le profil et la consommation de chaque abonné, afin de savoir s’il risque de passer à la concurrence. De même, les constructeurs automobiles sont désormais capables de repérer les clients susceptibles de changer de voiture à court terme. Les laboratoires pharmaceutiques, enfin, tentent de prévoir les besoins en médicaments par secteur géographique et par période, ce qui leur permet de personnaliser les documents commerciaux qu’ils transmettent aux officines. Selon des chercheurs du MIT, les sociétés qui s’appuient sur l’analyse de données enregistrent une productivité de 5 à 6 % supérieure à celle des autres.

Avec l’avènement, plus récent, de l’analyse du langage, l’empreinte que nous laissons sur la Toile fait entrer l’analyse prédictive dans une nouvelle dimension. Des sociétés s’en sont fait une spécialité,

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Marabout, bout de ficelle, selle de cheval, cheval de course... Le savez-vous ? Cette folle ribambelle de mots raccrochés les uns aux autres s’appelle un dorica castra(1). Nous l’avons tous décou-verte et chantée un jour dans la cour de récréation de notre école maternelle ; nous l’avons arpentée en inventant des assonances amusantes, des raccourcis improbables, allant de surprises en fous rires. Cette litanie existe selon plusieurs variantes, et Serge Gains-bourg himself lui a donné ses lettres de noblesse(2)… Le chemin que nous fait suivre cette chanson n’est pas un che-min linéaire. Quand on s’y engage, on n’en connaît pas la destina-tion, la seule chose dont on soit sûr est de jouir du plaisir d’avancer vers l’inconnu. En le laissant pénétrer nos oreilles et notre esprit grands ouverts. Cette démarche qui privilégie le voyage plutôt que la destination correspond précisément à l’esprit de la sérendipité. Un mot diffi-cile à prononcer qui est entré dans les dictionnaires anglo-saxons depuis plus de trois siècles, mais qui a fait son apparition dans les nôtres il y a seulement quelques années.

La sérendipité trouve son origine dans le titre d’un conte persan du XVe siècle, Les Trois Princes de Serendip. Serendip était l’ancien nom de l’île de Ceylan, l’actuel Sri Lanka. Le conte a été traduit en anglais au XVIIIe siècle par un Britannique, Horace Walpole, qui a inventé le mot « serendipity » à partir de « Serendip ». La sérendipité, c’est, en résumé, trouver par un hasard heureux ce que l’on ne cherche pas. Les trois princes du conte ne voulaient pas succéder à leur père, le roi de Serendip. Celui-ci décida alors, pour parfaire leur éducation royale, de les envoyer bourlinguer à travers le monde. Pendant ce voyage initiatique, ils vont vivre une kyrielle d’aventures dramatiques, dont ils sortiront chaque fois vic-torieux grâce à leur sens de l’observation, leur générosité, et aussi leur goût du risque, qui leur fait accepter l’imprévu comme une récompense.

Le mot « sérendipité » et son usage ont été popularisés avec l’ap-parition et l’usage permanent des liens hypertextes sur Internet,

sans que les internautes se doutent un instant de leur importance croissante. C’est grâce aux liens hypertextes que nous avons appris à oublier la ligne droite en allant de lien en lien, de découverte en découverte, oubliant souvent ce que nous étions venus chercher ! Un peu comme celui qui va faire ses courses au marché avec une liste dûment écrite au préalable et qui se laisse séduire par la forme rebondie d’une tomate, la couleur d’un abricot qui lui rappelle un souvenir d’étreinte amoureuse, par le cri du marchand qui le hèle ou le sourire de la crémière qui l’aguiche. En arrivant à la maison, le panier est rempli de victuailles qui n’étaient pas sur la liste, mais elles sont belles, fraîches, appétissantes, savoureuses. Et tant pis s’il manque les pommes de terre ou les betteraves cuites, la préparation du repas demandera plus de créativité et il n’en sera que meilleur.

SÉRENDIPI QUOI ? SÉRENDIPITÉ

Henri Kaufman

Illustrations : Baptiste Hersoc

FAMILIER AUX OREILLES ANGLO-SAXONNES, C’EST ENCORE EN FRANCE UN MOT ÉTRANGE, QUI DÉSIGNE LE DON DE DÉCOUVRIR OU D’INVENTER CE QUI N’EST PAS RECHERCHÉ.

AUTEUR – ENTRE AUTRES – DE CARNETS DE SÉRENDIPITÉ, HENRI KAUFMAN NOUS EN RACONTE LES ORIGINES.

(1) En littérature, le dorica castra est une

forme particulière de l’anadiplose qui se

caractérise non par la reprise d’un même

mot au début de l’unité syntaxique suivante,

mais par la reprise d’un même son de la

fin d’une unité au début d’une autre unité.

(Source : Wikipédia)

(2) Avec la chanson Marabout : « Y en

a marre/Marabout/Bout d’ficelle/C’est

la vie/Vie de chien/Chien de temps/Tant

qu’à faire/Faire les cons/Qu’on se marre/

Marabout/Bout d’ficelle/C’est la vie/Vie

de chien/Chien de temps/T’en fais pas/

Paméla ».

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LA FIN PROGRAMMÉE DE L’OBÉSITÉ ?HISTOIRE D’UN MAL PLANÉTAIRE

Professeur Philippe Even

ON NE CESSE DE MESURER DEPUIS DIX ANS L’EFFICACITÉ D’UN ANNEAU GASTRIQUE IMPLANTÉ

PAR CHIRURGIE SUR LES PATIENTS OBÈSES. MAIS ON SAIT DEPUIS PEU, GRÂCE AU TRÈS SÉRIEUX NEW ENGLAND JOURNAL OF MEDICINE, QUE LES

BIENFAITS NE S’ARRÊTENT PAS LÀ. NON SEULEMENT CETTE CHIRURGIE BARYATRIQUE ENTRAÎNE UNE

PERTE DE POIDS SPECTACULAIRE, MAIS ON CONSTATE SIMULTANÉMENT UN EFFONDREMENT DU DIABÈTE

ET DES COMPLICATIONS CARDIOVASCULAIRES. LE PROFESSEUR PHILIPPE EVEN REVIENT SUR CETTE

« BOMBE » MÉDICALE ET SUR L’HISTOIRE DE L’OBÉSITÉ, QU’ON POURRAIT, DEMAIN, ÉRADIQUER.

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STATUE DE SOLDAT À BALI, EN INDONÉSIE, DONT LES ARMES ONT

ÉTÉ RECOUVERTES DE TRICOT PAR L’ARTISTE MAGDA SAYEG.© M

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LEURS GRENADES SÈMENT DES FLEURS, LEURS BOMBES, DE LA MOUSSE

Alexis Botaya (Soon Soon Soon)

CITOYENS IMAGINATIFS, LES GUÉRILLEROS URBAINS S’INSPIRENT DES TECHNIQUES DE LA GUÉRILLA POUR MENER

LEURS ACTIONS. DE JOUR COMME DE NUIT, EN SOLITAIRE OU EN GROUPE, ILS ATTAQUENT LE BÉTON AVEC DES FLEURS,

TRICOTENT LES ARBRES, INSTALLENT DES BIBLIOTHÈQUES SAUVAGES. UN ACTIVISME JUBILATOIRE À PEINE TOLÉRÉ

PAR LES POUVOIRS PUBLICS.

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Mais qui sont les coupables ? Ce sont des Pelagia noctiluca, également appelées « piqueuses mauves », parce qu’elles sont phosphorescentes et émettent la nuit une subtile lueur violette. Ces petites méduses portées par les courants jusque dans ces eaux froides de la mer d’Irlande sont les mêmes que celles qui piquent régulièrement sur nos côtes méditerranéennes des milliers de baigneurs certains étés. Mais la petite Pelagia a des cousines dans le monde entier : plus d’un millier d’espèces de méduses peuplent les océans et elles font de plus en plus parler d’elles, petites ou grandes vedettes de véritables films d’épouvante. Au Japon en septembre 2009, ce sont les trois marins du chalutier Diasan Shinsho-Maru qui n’en croient pas leurs yeux. Prises dans les filets, plusieurs méduses géantes, plus grosses que des lutteurs de sumo, entraînent l’embarcation et finissent par l’envoyer par le fond. Cette fois, les méduses responsables sont des Nemopilema nomurai, des monstres de 220 kg avec une ombrelle de 2,50 m de diamètre et des tentacules de plus de 18 mètres de longueur. Les trois hommes seront secourus par un autre chalutier.

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REGARDER

Cela fait seulement trois jours que John Russell a pris la direction de l’unique ferme d’élevage de saumons en Irlande du Nord et il va vivre, en guise de cadeau de bienvenue, la pire journée de sa vie de vieux loup de mer écossais. Lorsque, au petit matin de ce 21 novembre 2007, des employés de la Northern Salmon Company embarquent à bord de leur canot pour aller nourrir les saumons répartis selon leur taille dans plusieurs bassins, à un mille marin au large de la côte dans la baie de Glenarm, ils se heurtent à une gigantesque marée gélatineuse rougeâtre qui les empêche d’avancer. Des millions de méduses ont envahi la baie et pénétré dans les bassins ; elles sont en train d’attaquer par vagues compactes les saumons prisonniers dans leurs parcs. Pour John Russell, que l’on vient de réveiller, le cauchemar commence. Il tente sans succès de dépêcher deux autres embarcations sur les lieux du drame et ne peut que constater l’évidence : il n’y a rien à faire contre cette invraisemblable masse de méduses d’une dizaine de kilomètres de longueur et d’une quinzaine de mètres d’épaisseur. Durant près de sept heures, il ne peut qu’assister, impuissant, au triste spectacle de tous ses saumons en train de mourir, piqués par les méduses ou asphyxiés par manque d’oxygène. « La mer était écarlate ; en trente ans, je n’avais rien vu de pareil ! » dira-t-il plus tard. Pour la société qu’il dirige, c’est une catastrophe : 100 000 saumons perdus en un rien de temps.

L’année précédente, la Northern Salmon Company avait pourtant connu son heure de gloire. Des saumons fumés provenant de cette ferme aquacole figuraient au menu du banquet de 250 personnes donné à Buckingham, en l’honneur des 80 ans de la reine Élisabeth, accompagnés de crêpes à l’oseille sauvage et au cresson, et suivis d’un flétan rôti aux fruits de mer et à la queue de bœuf. Deux jours seulement après cette attaque gélatineuse digne des fléaux bibliques, c’est l’anéantissement complet pour John Russell : de nouveaux bataillons de méduses s’en prennent à un autre bassin ; cette fois ce sont 140 000 jeunes saumons, d’un an à peine, qui vont périr en quelques heures. Il n’y aura pas de survivants.

MORTELLES BEAUTÉSYves de Chazourne

Photos : Guido Mocafico

APPARUES 350 MILLIONS D’ANNÉES AVANT LES DINOSAURES, CES CRÉATURES FRAGILES,SANS GRIFFES NI CARAPACE, LEUR ONT POURTANT SURVÉCU, RÉSISTANT À TOUS

LES CATACLYSMES. AUJOURD’HUI, C’EST TOUTE LA VIE DES OCÉANS QUI EST MENACÉEPAR L’EXTRAORDINAIRE PROLIFÉRATION DES MÉDUSES, DONT CERTAINES PÈSENT PLUS DE 200 KG.

EN CAUSE, LA SURPÊCHE, QUI DIMINUE D’AUTANT LE NOMBRE DE LEURS PRÉDATEURS, MAIS ÉGALEMENT LA POLLUTION, DONT ELLES SE RÉGALENT, ET LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

QUI FAIT LEUR BONHEUR. DE L’ATTAQUE DE FERMES AQUACOLES AU BLOCAGE DE CENTRALES NUCLÉAIRES, ON NE COMPTE PLUS LEURS EXPLOITS.

ET DES SPÉCIALISTES DE PRÉVOIR POUR DEMAIN DES MERS OÙ POISSONS ET CRUSTACÉS DISPARAÎTRONT, ÉTOUFFÉS PAR CETTE MONSTRUEUSE MASSE GÉLATINEUSE.

LE « LAC DES MÉDUSES » DE PALAU, EN MICRONÉSIE.

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CHRYSAORA MELANASTER

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LES KOGIS PEUVENT NOUS APPRENDRE À VIVRE MIEUX

Antoine Lannuzel

Photos : Éric Julien

EN COLOMBIE, UNE COMMUNAUTÉ DE 12 000 HOMMES ET FEMMES ÉVOLUE AUX ANTIPODES

DU MONDE MODERNE, EN HARMONIE AVEC LA NATURE ET AVEC EUX-MÊMES. LEUR BOUSSOLE :

« LES LIENS DU VIVANT ». CETTE NOTION, OUBLIÉE PAR NOS SOCIÉTÉS, INSPIRE AUJOURD’HUI DES

SOCIOLOGUES, DES MÉDECINS, DES FORMATEURS ET DES CHEFS D’ENTREPRISE, QUI NOUS INVITENT À DÉCOUVRIR CE « PEUPLE-RACINE » POUR BÂTIR UNE SOCIÉTÉ PLUS HUMAINE ET RESPONSABLE.

C’est l’histoire d’une rencontre. Celle d’un jeune Français, guide de haute montagne, géographe de formation, et d’un peuple héri-tier d’une civilisation quatre fois millénaire. Nous sommes en 1985, dans le massif de la Sierra Nevada de Santa Marta, en Colombie. Victime d’un œdème pulmonaire sur les hauts sommets, Éric Julien ne se doute pas que ceux qui vont le recueillir, le soigner – lui « sau-ver la vie », expliquera-t-il plus tard – l’inspireront à ce point. Le jeune homme découvre alors une société coupée du monde, quasi dépourvue de biens matériels, qui diffère en tout point de son Europe engouffrée dans la course effrénée au progrès et à la mondialisation. Sans monnaie, sans papiers d’identité, sans écriture, les Kogis pra-tiquent une langue vernaculaire – le koguïam – et passent le plus clair de leur temps dans la nature, à cultiver, tisser, méditer, pratiquer des rituels chamaniques. Le plus subjuguant, c’est que cette commu-nauté respire l’harmonie et même… le bonheur.

Descendants directs des Tayronas, qui bâtirent il y a quatre mille ans l’une des plus grandes sociétés précolombiennes d’Amérique du Sud, les Kogis partagent pourtant l’histoire tragique des com-munautés indiennes de Colombie. Depuis l’arrivée sanglante des conquistadors au XVIe siècle, leurs ancêtres n’ont cessé de voir leur territoire fondre. Aujourd’hui en proie à la déforestation, au narco-trafic, à la guérilla ou encore au pompage des sources d’eau en alti-tude, la communauté – environ 12 000 individus – s’est repliée sur les hautes vallées, où elle a développé une culture singulière. « Ils ont choisi de posséder le minimum indispensable de biens matériels, afin d’éviter la convoitise des êtres dits “civilisés” », explique l’an-thropologue colombienne Alicia Dussan de Reichel(1). Les matières précieuses de leurs ancêtres se sont trouvées délaissées au profit d’objets rituels en bois, en pierre. « Cet héritage conceptuel se révéla plus précieux que leurs objets en or, garantissant d’une autre manière la force de leur culture », poursuit la chercheuse. Une force qui trouve son accomplissement dans un rapport étroit à la nature, au cœur d’un massif montagneux culminant à 5 800 m, à seulement

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DÉCOUVRIR

KYLEIGH, ALUMITYPE 16,5 X 21,5 CM, DE QUINN JACOBSON, 2011.

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5 août 2012, 22 h 50. Il ne faut que 9 secondes 63 à Hussein Bolt pour parcourir le 100 m des JO de Londres, et il ne faudra à l’AFP qu’une minute pour transmettre la photo de l’arrivée à l’ensemble des médias abonnés à leur fi l actualité. Avec l’arrivée du numérique, le monde de la photographie a plus évolué en quinze années qu’au cours des cent précédentes. Qu’il semble lointain, le début du XXe siècle, lorsque ce nouveau média, opposé à la peinture, essayait de trouver sa place dans le monde de l’art. Au XXIe siècle, l’image photographique est vite produite, vite consommée, souvent vite oubliée.

Alors que la technologie numérique se perfectionne un peu plus chaque jour, certains photographes ont fait le choix d’un retour vers le passé pour mieux construire leur avenir. Ils sont de plus en plus nombreux, depuis cinq ans, à se former aux procédés anciens qui ont fait l’histoire de la photographie au XIXe siècle. Ils achètent de vieilles chambres en bois qui étaient, encore récemment, presque invendables. Ils échangent sur des sites spécialisés, des forums de discussion et les propositions de stages sont nombreuses. La disparition récente des grands formats Polaroid, avec ses images uniques et oniriques, pousse des photographes aussi célèbres que Sarah Moon à dépoussiérer ces pratiques anciennes : sténopé, héliographie, daguerréotype, ferrotype, cyanotype, calotype sténopé… Et la plus réemployée, le collodion humide sur couche mince.

Inventée en 1851 par le photographe anglais Frederick Scott Archer, cette technique fut une avancée majeure dans l’histoire de la photographie. Le collodion est l’émulsion préparée en laboratoire et

étalée sur une plaque de verre juste avant la séance photo. Humide, car la gélatine l’est encore au moment de la prise de vue. En quelques minutes, le collodion humide permet d’obtenir une image unique – l’ambrotype – ou un négatif, afi n de réaliser des tirages. La simplicité du procédé, l’utilisation de produits chimiques nettement moins dangereux qu’avec le daguerréotype et la possibilité d’effectuer des tirages rendaient la photographie accessible au grand public, malgré la lourdeur du matériel requis. L’ancêtre du fi lm argentique était né.

Comme la majorité des jeunes photographes, Isa Marcelli a débuté avec le numérique. « C’est pratique, une fois achetés l’appareil et l’ordinateur, on peut faire autant de photos qu’on le désire pour un tout petit budget », reconnaît-elle. Pour autant, l’artiste ne parvenait pas à se satisfaire du rendu digital, trop plat, sans nuances. Effrayée par la surabondance d’images qui remplissent ses disques durs, Isa se tourne alors vers l’argentique. Son boîtier de moyen format est un Rolleifl ex, un bel objet dont la manipulation suscite un plaisir nouveau. Le fi lm, qu’il faut insérer dans l’appareil, et l’univers magique du laboratoire sont pour elle une révélation. Quelques années auparavant, la photographe avait déjà décidé de quitter la grande ville, où il faut sans cesse courir après le temps, pour la campagne, où elle pourra enfi n le prendre. Le temps de regarder, de sentir, de s’approcher, de vivre avec la nature. « C’est un choix que de réduire son train de vie, d’avoir moins d’exigences fi nancières, de travailler à la maison en étant proche de ses enfants, d’avancer à un rythme qui est le sien en profi tant de chaque instant. À une époque, j’aurais pensé que nous étions des marginaux, mais vu le nombre de gens que nous

rencontrons et qui aspirent à la même chose, je pense que nous entrons dans une nouvelle ère », affi rme l’artiste, qui laisse plus aisément libre cours à ses émotions, à sa sensibilité.

Bientôt, Isa découvre que Sally Mann et Mark Sink, deux artistes dont elle admire le travail photographique, utilisent tous deux le collodion humide. Elle entre en contact avec le second, qui lui apprend que de nombreux photographes ont déjà fait le choix de revenir aux procédés anciens. Mark partage son savoir sans retenue et lui offre sa toute première chambre photo. Avec le collodion, Isa évolue dans le concret, le palpable. « On peut assimiler cette pratique à la conception d’un bon repas, résume-t-elle. On cuisine, on mange et on partage, alors qu’avec le numérique on a un peu l’impression de donner à manger des pilules à ses invités. »

La découverte du travail d’Isa peut se comparer à la lecture d’une poésie. La fébrilité et l’émotion de l’artiste s’expriment dans un style pictorialiste où le classicisme de la forme s’oppose à un regard moderne. Pour elle qui aime partager, faire découvrir son intimité, le collodion n’est pas seulement le support, mais aussi le catalyseur d’un ressenti qui amène à découvrir qui est Isa Marcelli. Comme de nombreux adeptes des procédés anciens, elle ne veut surtout pas copier la réalité, elle désire quelque chose qui appelle au rêve. Plus que le sujet de la photo, c’est l’émotion qui s’en dégage qui importe. Le collodion sur plaque de verre, avec ses taches et ses aléas, surprend autant le photographe que le spectateur. « J’aime la part de hasard, que ce soit quelque chose que je ne maîtrise pas », ajoute la photographe. C’est une manuelle, et elle le revendique. « J’aime énormément l’idée de ne plus dépendre de l’industrie, mais uniquement de moi. Je coupe mon verre, je fais préparer le collodion par

OBJECTIF LENTEURPhilippe Serieys

C’EST L’UN DES EFFETS DE LA CRISE : DE PLUS EN PLUS D’AMOUREUX DE LA PHOTOGRAPHIE, LAS DE LA FULGURANCE NUMÉRIQUE, ONT FAIT LE CHOIX D’UN RETOUR À DES PROCÉDÉS QUI,

COMME LE COLLODION HUMIDE, REMONTENT AU MILIEU DU XIXE SIÈCLE.

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Il était une fois une tomate. Une toute petite tomate de la taille d’une groseille. Caché dans une végétation dense sur l’adret d’un sommet enneigé, le minuscule fruit ne peut échapper aux yeux d’aigle d’un Indien arpentant la jungle en quête de baies et de piments. L’homme cueille délicatement le fruit charnu. Mélangé à des plantes et à des herbes médicinales, ce grain d’un brun rosé va permettre au chamane de concocter un breuvage à la fois sacré et sucré qu’il avalera à la gloire d’Inti, le dieu Soleil qui, là-haut dans les nuées, ressemble étrangement à une gigantesque tomate. Nous sommes dans le nord-ouest des Andes au début du XVe siècle. Christophe Colomb n’a pas encore découvert l’Amérique et Pizarro n’a pas encore exterminé les Incas. Les Européens, eux, ignorent tout des centaines de variétés de fruits et légumes poussant en abondance de l’autre côté de cet océan inconnu que le navigateur génois va bientôt traverser. Un exploit qui va changer la face du monde. Mais pas comme on le raconte dans les livres. En effet, ce sont plutôt les étranges végétaux découverts par les conquistadors aux royaumes des Aztèques et des Incas, recensés et sélectionnés par les jésuites, qui se révéleront au fil des ans plus précieux et

lucratifs que l’or pillé par les soudards de Pizarro. Pommes de terre, maïs, poivrons, tabac, patates douces, citrouilles, manioc, courges, cacao, avocats, goyaves, cacahuètes, coton, piments et... tomates ! La vraie découverte des Amériques et sa vraie conquête, ce fut en vérité cette manne quasi biblique, d’une biodiversité extraordinaire. Une manne qui va conquérir inexorablement au fil des siècles les terres et les tables de l’Ancien Monde, puis de toute la planète. Un jardin d’Éden puissance mille dont on oublierait presque la genèse tant on s’y est habitué. Bref, un don de la Création ayant permis à des fruits et à des légumes aussi exotiques qu’endémiques de devenir des denrées de grande consommation aujourd’hui à la portée de tous, produits à grande échelle et consommés dans le monde entier. Comment la petite tomate aigre-douce de notre chamane andin, issue d’écosystèmes différents, pas particulièrement séduisante par son aspect, sa couleur, sa texture, son odeur, a-t-elle fait pour trouver sa place dans la folle course à la production et à la consommation engagée il y a moins d’un siècle ? Comment, entre cent autres concurrents tout aussi séduisants, a-t-elle

pu conquérir le monde ? Cette histoire pleine de fruits et de saveur, nous allons ici vous la conter.

PLANTE D’ORNEMENT

En vérité, les premiers pas de notre belle rougissante lorsqu’elle a débarqué dans l’Ancien Monde ne furent pas convaincants. C’est simple, personne, ou presque, ne la remarqua. Sinon pour la stigmatiser. Hâtivement classée par les herboristes dans la famille de la belladone, une plante connue pour sa toxicité surnommée « cerise du diable », la tomate fut d’emblée interdite de potager. On lui consentit quand même une petite place parmi les remèdes de bonne femme sur les étagères des apothicaires où, réduite en poudre, elle était censée traiter des affections bénignes ou honteuses. Tout juste si on en trouve quelques mentions dans les grimoires de l’époque. En 1544, un médecin italien l’évoque dans un chapitre consacré aux mandragores, une plante hallucinogène prisée par les sorcières. Un peu plus tard, en 1590, un chirurgien anglais confirme doctement qu’elle est vénéneuse. Une mise en garde qui prévaudra durant deux siècles en Grande-Bretagne et dans ses colonies, qui

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EN LIVRANT SES SECRETS,LA TOMATE VA RETROUVER

SA SAVEURJean-François Mongibeaux

Photos : Marc Dantan

LE GÉNOME DE LA TOMATE ENTIÈREMENT SÉQUENCÉ ! IL AURA FALLU DOUZE ANNÉES DE TRAVAIL À QUELQUE 300 CHERCHEURS, DONT LES FRANÇAIS DE L’INRA, POUR PERCER LES SECRETS INTIMES DU

FRUIT-LÉGUME LE PLUS CONSOMMÉ AU MONDE. ET ENVISAGER AINSI DE PRODUIRE DES SPÉCIMENS PLUS NATURELS ET PLUS GOÛTEUX. BONNE NOUVELLE POUR TOUS CEUX QUI EN ONT ASSEZ D’ÊTRE CONTRAINTS

DE MANGER CES ERSATZ DONT LA BELLE ROUGEUR VISE À FAIRE OUBLIER LA FADEUR. HISTOIRE DE LA « CERISE DU DIABLE », QUI A LONGTEMPS ATTENDU SON HEURE AVANT DE DEVENIR « POMME D’AMOUR ».

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