Expressions 22

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Supplément gratuit au journal SUD OUEST du 2 novembre 2011 disponible sur les lieux de ventes des communes référencées en page 3. novembre+décembre 2011 un magazine à l’ouest nº22 EXPRESSIONS GRATUIT FANZINE DOSSIER PASSION p. 6 et 7

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Magazine culturel Poitou-Charentes

Transcript of Expressions 22

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Supplément gratuit au journal SUD OUEST du 2 novembre 2011 disponible sur les lieux de ventes des communes référencées en page 3.

novembre+décembre2011

un magazine à l’ouestnº22

expressions

gratuit

fanzinedossier

Passionp. 6 et 7

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expressions un magazine à l’ouest 3

orange va gérer notre droit de lecture*

nicolas giacometti

i nvitée de l’émission Soft Power sur France Culture le 9 octobre 2011, l’ancienne ministre de la Culture Christine Albanel, désormais

directrice exécutive d’Orange pour la commu-nication, le mécénat et la stratégie dans les contenus, a développé une nouvelle idée (après avoir été le fer de lance de loi Hadopi) : à l’heure du numérique, lire est un droit… qui s’achète. En répondant ainsi au journaliste qui lui de-mandait si un opérateur télécom a vocation à fournir des contenus, avec le risque de tarir la diversité culturelle numérique si le « fournis-seur de tuyaux » favorise ses propres contenus, madame Albanel a précisé les désirs de son employeur. France Télécom Orange étant l’opé-rateur « historique » en France, il est aussi à ses yeux « un petit peu l’opérateur citoyen ». Face à Amazon et Apple (ou avec, si l’on songe à l’opé-ration menée en direction des étudiants avec les tablettes iPad à un euro par jour), Orange va donc sauver la librairie française (et sûre-ment l’édition par la même occasion, peut-être même certains auteurs) de l’appétit des géants américains. Ainsi il est fort probable qu’Orange prenne des participations dans certaines mai-sons d’édition en ligne, comme cette entreprise l’a fait avec Dailymotion ou à la manière des accords qu’elle a conclus avec Deezer.

Orange est-il en mesure de garantir la neu-tralité du web, en donnant les mêmes moyens de diffusion à une œuvre d’où qu’elle vienne, et où qu’elle aille ? Il serait déloyal et bas de prétendre prédire l’avenir que nous réserve cette nouvelle initiative numérique au regard des condamnations qu’Orange a reçues aux motifs de « prix prédateurs » ou d’« entente anticoncurrentielle » ces dernières années. On préférera plus modestement se poser quelques questions annexes : dans le modèle écono-mique visé par cette entreprise, la rémunéra-tion des auteurs a-t-elle un sens (la politique de prix des forfaits avec Deezer laisse songeur) ? ; madame Albanel étant passée du ministère de la Culture à Orange, est-il stupide de pen-ser que la réglementation Hadopi n’a pas été adoptée dans l’impartialité la plus totale ?

Pour savoir ce que nous donnera à lire – à quel prix et avec quelle possibilité de le faire partager à notre entourage – le nouveau sau-veur (détenu encore à 27 % par l’État) de la littérature française, tenons-nous informés, la « transparence » habituelle et le souci de la culture pour tous devraient régner, n’en dou-tons pas.

* À retrouver in extenso sur http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4324669

04 opinion Philippe Guerry + Brèves

05 intervieW Perec perce le crêpe

06 dossier Fans, fanzines, fanzineux :

une passion 09 peinture Vincent Ruffin

+ photographie Christophe Duchesnay

10 carte blanche Roland Topor 13 graffiti

El Péon + danse Odile Azagury 14 agenda

16 festival Bar-Bars + la rochelle Ulrika V.

+ design Arrêt de jeu 17 bd « Portugal », à

tous les migrants du monde 18 internet +

exhausteurs

éditonº22 / novembre + décembre 2011

Magazine Expressions – 254, avenue Carnot — BP 32046 – La Rochelle – Tél. 05 46 43 19 20 www.performances-pub.fr Site : www.magazine-expressions.com / email : [email protected] Directeur de la publication : Pierrick Zelenay Responsable de la rédaction : Nicolas GiacomettiDirection artistique : João Garcia Ont collaboré à ce numéro : Gilles Diment, Catherine Fourmental-Lam, João Garcia, Philippe Guerry, Dany Huc, Pierre Labardant, Élian Monteiro, Philippe Thieyre

Carte blanche à Roland ToporIllustration du dossier et couverture : Fanzines de la collection privée de Philippe Thieyre Photographe : Marie Monteiro Maquette et mise en pages : Antichambre Communication Impression : Sapeso Service commercial : Performances 05 46 43 19 20 Expressions est une publication gratuite et bimestrielle de Performances Sports / Tirage : 31 000 exemplairesDate de parution : Novembre 2011 / ISSN : 1960-1050

parution du prochain numéro mercredi 4 janvier

DPt 17 Aigrefeuille-d'Aunis / Andilly / Angoulins / Arces / Archiac / Archingeay / Ardillières / Ars-en-Ré / Arvert / Asnières-la-Giraud / Aulnay / Aumagne / Authon-Ébéon / Aytré / Balanzac / Ballans / Ballon / Beaugeay / Beauvais-sur-Matha / Bernay St-Martin / Berneuil / Beurlay / Bignay / Blanzac-les-Matha / Bords / Bougneau / Bouhet / Bourcefranc-le-Chapus / Bourgneuf / Boutenac-Touvent / Breuil-Magné / Breuillet / Brie-sous-Mortagne / Brizambourg / Burie / Bussac-sur-Charente / Cabariot / Chaillevette / Champagne / Champagnolles / Chaniers / Charron / Châtelaillon-Plage / Chérac / Chermignac / Chives / Ciré-d’Aunis / Clavette / Clion / Consac / Corme-Écluse / Corme-Royal / Courçon / Cozes / Cram-Chaban / Crazannes / Cresse / Croix-Chapeau / Dampierre-sur-Boutonne / Damvix / Dœuil-sur-le-Mignon / Dolus-d’Oléron / Dompierre-sur-Charente / Dompierre-sur-Mer / Échillais / Écoyeux / Épargnes / Esnandes / Étaules / Ferrières / Fontaine-Chalendray / Fontaines-d’Ozillac / Fontcouverte / Fouras / Geay / Gémozac / Germignac / Grézac / Guitinières / Haimps / Hiers-Brouage / Île-d’Aix / Jarnac-Champagne / Jonzac / L’Éguille / L’Houmeau / La Brée-les-Bains / La Brousse / La Chapelle-des-Pots / La Couarde-sur-Mer / La Flotte / La Grève-sur-Mignon / La Jard / La Jarne / La Jarrie / La Laigne / La Rochelle / La Ronde / La Tremblade / La Vallée / Lagord / Landes / Landrais / Le Bois-Plage-en-Ré / Le Château-d’Oléron / Le Chay / Le Douhet / Le Grand-Village-Plage / Le Gua / Le Thou / Léoville / Les Églises-d’Argenteuil / Les Gonds / Les Nouillers / Les Portes-en-Ré / Les Touches-de-Périgny / Loire-les-Marais / Loire-sur-Nie / Loix / Longèves / Lonzac / Lorignac / Loulay / Lussant / Macqueville / Marans / Marennes / Marignac / Marsais / Marsilly / Matha / Mazeray / Médis / Meschers-sur-Gironde / Meursac / Meux / Migron / Mirambeau / Moëze / Montils / Mornac-sur-Seudre / Mortagne-sur-Gironde / Muron / Nancras / Néré / Nieul-le-Virouil / Nieul-lès-Saintes / Nieul-sur-Mer / Nieulle-sur-Seudre / Nuaillé-d’Aunis / Ozillac / Paillé / Pérignac / Périgny / Pisany / Plassac / Pons / Pont-l’Abbé-d’Arnoult / Port-d’Envaux / Port-des-Barques / Préguillac / Prignac / Puilboreau / Rétaud / Rioux / Rivedoux-Plage / Rochefort / Rouffiac / Royan / Sablonceaux / Saintes / Salignac-sur-Charente / Salles-sur-Mer / Saujon / Semoussac / Semussac / Siecq / Sonnac / Soubise / Soubran / St-Agnant / St-André-de-Lidon / St-Augustin / St-Bonnet-sur-Gironde / St-Bris-des-Bois / St-Césaire / St-Christophe / St-Ciers-Champagne / St-Ciers-du-Taillon / St-Clément-des-Baleines / St-Denis-d’Oléron / St-Denis-du-Pin / St-Dizant-du-Gua / St-Félix / St-Fort-sur-Gironde / St-Genis-de-Saintonge / St-Georges-Antignac / St-Georges-d’Oléron / St-Georges-de-Didonne / St-Georges-des-Côteaux / St-Georges-du-Bois / St-Germain-de-Lusignan / St-Germain-de-Marencennes / St-Hilaire-de-Villefranche / St-Hilaire-la-Palud / St-Hippolyte / St-Jean-d’Angély / St-Jean-d’Angle / St-Jean-de-Liversay / St-Julien-de-l’Escap / St-Just-Luzac / St-Laurent-de-la-Prée / St-Léger / St-Loup / St-Maigrin / St-Mard / St-Martin-de-Ré / St-Médard-d’Aunis / St-Nazaire-sur-Charente / St-Ouen-d’Aunis / St-Palais-sur-Mer / St-Pardoult / St-Pierre-d’Oléron / St-Pierre-de-Juillers / St-Porchaire / St-Rogatien / St-Romain-de-Benet / St-Sauvant / St-Sauveur-d’Aunis / St-Savinien / St-Seurin-de-Palenne / St-Sever-de-Saintonge / St-Simon-de-Bordes / St-Simon-de-Pellouaille / St-Sulpice-de-Royan / St-Thomas-de-Conac / St-Trojan-les-Bains / St-Vivien / St-Xandre / Ste-Gemme / Ste-Lheurine / Ste-Marie-de-dRé / Ste-Même / Ste-Soulle / Surgères / Taillebourg / Taugon / Tesson / Thaims / Thairé / Thénac / Thors / Tonnay-Boutonne / Tonnay-Charente / Trizay / Tugeras-St-Maurice / Vandré / Varaize / Vaux-sur-Mer / Vergne / Vérines / Villedoux / Villeneuve-la-Comtesse / Vouhé / DPt 16 Agris / Aigre / Ambleville / Anais / Angoulême / Ars / Asnières-sur-Nouère / Aubeterre-sur-Dronne / Baignes-Ste-Radegonde / Balzac / Barbezieux St-Hilaire / Bardenac / Blanzac-Porcheresse / Bourg-Charente / Boutiers-St-Trojan / Bréville / Brie / Brossac / Chabanais / Chalais / Champagne-Mouton / Champniers / Charras / Chasseneuil-sur-Bonnieure / Chateaubernard / Chateauneuf-sur-Charente / Chazelles / Cherves-Châtelars / Cherves-Richemont / Cognac / Condéon / Confolens / Deviat / Dignac / Douzat / Étagnac / Exideuil / Fléac / Fontclaireau / Garat / Genac / Gensac-la-Pallue / Genté / Gondeville / Gond-Pontouvre / Gourville / Guimps / Hiersac / Houlette / Jarnac / Juillac-le-Coq / L’Isle-d’Espagnac / La Couronne / La Rochefoucauld / Les Métairies / Lesterps / Lignières-Sonneville / Linars / Louzac-St-André / Magnac-sur-Touvre / Mansle / Marcillac-Lanville / Marthon / Massignac / Mérignac / Montbron / Montembœuf / Montignac-Charente / Montmoreau-St-Cybard / Mornac / Mouthiers-sur-Boëme / Nanteuil-en-Vallée / Nercillac / Nersac / Pranzac / Puymoyen / Rouillac / Roullet-St-Estèphe / Roumazieres-Loubert / Ruelle-sur-Touvre / Ruffec / Salles-d’Angles / Segonzac / Sers / Sigogne / Sireuil / Soyaux / St-Amant-de-Boixe / St-Amant-de-Graves / St-Angeau / St-Bonnet / St-Claud / St-Cybardeaux / St-Fort-sur-le-Né / St-Genis-d’Hiersac / St-Laurent-de-Céris / St-Laurent-de-Cognac / St-Léger / St-Même-les-Carrières / St-Michel / St-Romain / St-Saturnin / St-Sornin / St-Sulpice-de-Cognac / St-Yrieix-sur-Charente / Ste-Sévère / Vars / Verrières / Verteuil-sur-Charente / Villebois-Lavalette / Villefagnan / Villognon / Vœuil-et-Giget / Xambes / DPt 79 Mauzé-sur-le-Mignon / Niort (distribution commerces) / DPt 85 Damvix / L’Île-d’Elle... et dans des lieux de culture de Charente, Charente-Maritime et deux-sèvres.

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mon opinion vous intéresse ? partagez votre expérience

opinion bref...

J’ai toujours su que mon grand-père maternel avait été prisonnier de

guerre. Et je n’étais jamais allé au-delà de cette seule affirmation. Il avait été emprisonné en Allemagne vers 1940, il en était revenu ma mère avait déjà 4 ans et elle appelait « Monsieur » cet inconnu qui débarquait dans sa vie. Je n’avais jamais rien mis de concret sur cet emprisonnement. Le livre de Florent Silloray a fait ressurgir cette part enfouie de mon histoire familiale. Il a retranscrit dans un très bel album de bande dessinée les carnets de route de son grand-père, Roger, qui y consigna une somme de faits détaillés sur ces années sombres : la mobilisation fleur au fusil, les combats, la capture, les marches forcées jusqu’en Allemagne… Aux côtés de Roger, j’ai cru voir mon grand-père et j’ai soudain mis des images sur ce qui n’était même pas un souvenir. On pense immanquablement à La Guerre d’Alan d’Emmanuel Guibert, dans des couleurs plus locales. Méfiance cependant : elles vous pètent à la gueule. • P.G.

Florent Silloray, Les Carnets de Roger, Sarbacane.

Ce n’est pas tout d’avoir des livres, CD, DVD plein ses rayons, encore

faut-il donner envie de les lire, écouter, voir. Cela passe par le cœur. Celui des bibliothécaires et agents du réseau de la bibliothèque départementale des Deux-Sèvres qui, battant pour certaines œuvres écrites (romans, BD) et enregistrées (rock, jazz, classique et ciné), en ont réalisé une sélection ouvertement subjective mais argumentée. Mise en ligne sur le site http://bdds.deux-sèvres.com/bdds, cette sélection, doublée d’une envie de partager, fait aussi l’objet d’une publication papier disponible dans les bibliothèques et sites du département. « Sur la lune » est réactualisé chaque année et peut donner des idées… • E.M.

http://youngrapturechoir.com/

bd deux-sèvres

Une guerre un carnet

Coups de cœur sur la lune

philippe guerry

a u village planétaire, « Le Forum », café du commerce mondial, un comptoir interminable. D’un côté

une rangée infinie de clients accoudés, de l’autre les serveurs, distants. Tout le monde parle. Certains pérorent, certains murmurent, certains prêchent, certains glosent, certains raillent, certains mordent. Sale ambiance, habituelle. Les serveurs, occupés, attisent négligemment les conversations : « Le monde risque de manquer d’aéroports », « Votre enfant déjeune à la cantine ? », « La fin des journaux est prévue pour 2040 », « Un chauffard a renversé une fillette », « On a trouvé une dent dans une saucisse », « La ville est plus saine que la campagne », « Il a neigé dans les Alpes »… Les clients se jettent immédiatement sur les nouveaux os : « Ça ne m’étonne pas ! », « Quand on voit comment on est dirigés ! », « Évidemment, personne ne veut plus travailler », « Moi, je préfère me taire, j’en dirais trop autrement », « De toute façon, ça en arrange bien certains », « On veut nous faire taire », « Tout à fait d’accord », « Pathétique »… Et les débats de repartir de plus belle. Les caquets s’ouvrent et se ferment et postillonnent une dialectique industrielle, que les serveurs épongent pour alimenter leurs tireuses. Derrière eux, sur de petites ardoises numériques, défilent des slogans : « Votre opinion nous intéresse », « Partagez votre expérience », « Laissez votre commentaire », « Soyez le premier à réagir », « Donnez votre avis »…

Anonyme et gratuitAu Forum, café du commerce mondial,

les traits sont indistincts. On ne sait jamais qui parle. Plus d’identité, plus de contraintes. La parole est anonyme, les propos gratuits. Une microsociété de libre-échange, violence incluse. Chacun s’improvise tour à tour journaliste, en-quêteur, délateur ; victime, témoin, flic ; avocat, procureur, inquisiteur ; médecin, philosophe, astrologue ; spécialiste en généralités, enfileur de perles, arpenteur de lieux communs ; représentant en idées toutes faites, vendeur de prêt-à-penser, singe-hurleur…

« Toi qui pénètres dans ce Forum, abandonne tout espoir d’être entendu. » Ton opinion n’intéresse que toi et son expression ne sera jamais audible. Elle se noiera dans le flot saumâtre de bile outrancière. Regarde autour de toi, tu es bien seul à cliqueter sur le comptoir. À consommer sans modération. Tant de cerveau disponible, largué dans les volutes chimériques. Reprends-toi, reste sourd aux échos virtuels, muet devant ces fantômes braillards et veules. Tourne les talons, sans commentaire. •

Les artistes, guides touristiques ? Pour la troisième année, le

Carré Amelot propose une formule inédite de 5 visites de La Rochelle concoctées et menées par des artistes de tous bords : auteurs, plasticiens, chorégraphes, natifs d’ici ou d’ailleurs, connus ou moins connus. Leur point commun : avoir vu leur travail influencé par cette ville. La règle : partir deux heures, dans l’intimité d’un petit groupe, pour un parcours où l’on ne sait pas qui est le plus mis à nu de la ville ou de l’artiste. Lectures transversales, parti pris à rebrousse-poil, recoins oubliés… Oui, la belle peut attirer des regards rebelles. • C.F.L.

www.carre-amelot.net

la rochelle

Suivez l’artiste !

La plupart des disquaires ont disparu engloutis par l’appétit

sans fin des grandes surfaces, balayés par les informels et intangibles téléchargements sur Internet et sapés par la gloutonnerie inextinguible de radins inutilement boulimiques et peu sensibles à la beauté incandescente des objets. Alors fêtons dignement l’installation dans une ville désertifiée du One One One au 111 boulevard Delmas à La Pallice à l’intérieur de la Sirène. Les Rochelais pourront à nouveau s’approvisionner en vinyles de tous styles, d’occasion, mais aussi avec quelques galettes neuves choisies parmi les rééditions et les productions indépendantes actuelles, sans oublier deux ou trois petits bacs de CD. Une visite qui s’impose d’autant que Fifi, le disquaire, s’est acoquiné avec Élian qui, dans le même local, présente un large choix de bandes dessinées d’occasion ainsi que des publications d’éditeurs indépendants de la région. Dans un futur proche, le duo envisage également de proposer des signatures et des expositions accompagnées par des interventions musicales. Une aubaine. Horaires d’ouverture : tous les soirs de concerts ainsi que le mercredi, jeudi et vendredi de 15 à 19 heures. • P.T.

copinage

One One One

Pierrick Sorin, pour la rentrée, à Paris, s’est trouvé plein de

copains de jeux ; ils ont joué à René l’Énervé*, au Rond Point, un chouette carrefour** ! Et puis il a prêté ses jouets préférés, ses images perchées et qui bougent, pour accompagner un rassemblement*** des jouets des petits d’hommes depuis le temps des cavernes jusqu’à maintenant… Il y a même l’Aston Martin de James Bond, en petit, pour un enfant, et des tas de robots… c’est chouette ! • D.H.

* Créé par Jean-Michel Ribes /scénographie-vidéos de P. Sorin.** Où P. Sorin avait créé 22 h13 (cf. Expressions no 20).*** Exposition « Des jouets et des hommes » au Grand Palais/scénographie de P. Sorin(jusqu’au 23 janvier 2012).

Bruno de Beaufort. C’est le nom qui accompagnera désormais le

titre de directeur du Centre national des arts de la rue, resté dix mois sans tête. La Ville a pris son temps pour trouver l’homme à la hauteur des lignes tracées dans la préfiguration. Bruno de Beaufort a une expérience en reconversion artistique de friches industrielles. Il a rejoint celles de Boinot en septembre après avoir redonné une âme aux halles verrières de Meisenthal en Lorraine. « La première mission du CNAR est d’offrir un lieu et un état d’esprit aux compagnies en résidence », rappelle son directeur, qui voit bien cette friche relevée en culture devenir (peut-être) « un nouveau cœur de ville ». • E.M.

www.usines-boinot.fr

sorinades

niort

Il ne pense qu’à jouer !

À la tête du CNAR…

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intervieW georges perec

Trente ans que la littérature française s’écrit en se passant de ses lettres. Piètre

prouesse. Il est temps de s’ouvrir à un Perec

potentiel…

propos cueillis par philippe guerry

Vous aviez ce projet de ne jamais écrire deux livres semblables. Pourtant, depuis trente ans, on ne lit de vous que des textes posthumes, c’est assez frustrant…

« Moi, je suis toujours frappé à quel point les activités humaines aboutissent presque toujours à une production écrite. Un de mes fantasmes concerne des sociétés sans histoire : à la limite, elles n’auraient pas besoin de langage parce qu’elles n’ont pas besoin de conserver. Nous vivons dans un monde qui est hanté par sa propre disparition, qui passe donc son temps à accumuler les preuves de notre existence. Pensons aux systèmes d’archives, aux biblio-thèques, qui sont toute la mémoire du monde, comme a dit Resnais. Pour gagner ma vie, j’ai travaillé un peu dans la documentation scientifique : tout ce qu’on accumule pour accumuler ! Il existe une sorte de bu-reaucratie de la conserve, de la mise en conserve des événements. C’est d’une inutilité colossale. Avec cette idée que derrière tout ça se cache le mode d’emploi ! Moi, je pense qu’on ne l’a pas, le mode d’emploi. Mais c’est assez difficile, par contre, de penser longtemps à un type de société qui ne garderait pas de traces, qui n’aurait donc pas d’archives, pas de mémoire, pas d’écriture. C’est en même temps avec cette frayeur de ne pas laisser de traces qu’on écrit !

Pour vos lecteurs, il ne s’agit pas tant d’accumuler vos textes que de pouvoir enfin compléter votre œuvre. On a ce sentiment d’être face à un puzzle et de constater qu’il nous manque des pièces…

(rires) « J’ai acheté un puzzle de plus de mille pièces, que nous avons mis, à plusieurs, des mois à recomposer. Il représentait le port de La Rochelle. J’ai dit à un ami : « On pourrait passer sa vie à faire des puzzles… »

Et de ce puzzle, vous avez tiré La Vie mode d’emploi… Vous comprendrez d’autant mieux que l’on puisse regretter cette vacance, ce travail inachevé…

« Je travaille quand je veux et en fait je travaille beaucoup. Je n’ai pas besoin de vacances. Je comprends très bien que les gens aient besoin de vacances, mais pourquoi leur donner un mois par an ? ça me semble peu logique. Je trouve curieux ce partage ;

le reste, tout le reste, où est-il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, l’habituel, comment en rendre compte, comment l’interroger, comment le décrire ? Interroger l’habituel. Mais justement, nous y sommes habitués. Nous ne l’interro-geons pas, il ne nous interroge pas, il semble ne pas faire problème, nous le vivons sans y penser, comme s’il ne véhiculait ni question ni réponse, comme s’il n’était porteur d’aucune information. Ce n’est même plus du conditionnement, c’est de l’anesthé-sie. Nous dormons notre vie d’un sommeil sans rêves. Mais où est-elle, notre vie ? Où est notre corps ? Où est notre espace ?

Il devient surtout nécessaire d’inventer des solutions pour trouver du sens dans cet excès d’informations. Cet entretien, par exemple, est un collage de déclarations faites dans d’autres contextes. Vous-même, vous avez toujours usé de l’intertextualité comme procédé d’écriture, et, en termes d’invention, vous auriez eu beaucoup à nous dire…

« Je ne sais pas très bien, mais il me semble que depuis un certain temps déjà, depuis les surréalistes en fait, on s’achemine vers un art qu’on pourrait dire « citationnel », et qui permet un certain progrès puisqu’on prend comme point de départ ce qui était un aboutissement chez les prédécesseurs. C’est un procédé qui me séduit beaucoup, avec lequel j’ai envie de jouer. En tout cas, cela m’a beaucoup aidé ; à un certain mo-ment, j’étais complètement perdu et le fait de choisir un modèle de cette sorte, d’introduire dans mon sujet comme des greffons, m’a permis de m’en sortir. Le collage, pour moi, c’est comme un schème, une promesse et une condition de la découverte.

Cette part d’expérimentation et de découverte, n’est-ce pas précisément ce qui doit nous rester de vous ?

« Je suis un écrivain heureux. Ce plaisir m’a été donné après un travail de vingt ans. Tout écrivain, un jour ou l’autre, doit parvenir à ne faire qu’écrire et organiser sa vie pour en faire une activité principale. Je fais vivre des gens avec mes livres : des grossistes, des imprimeurs, des diffuseurs, des libraires ; je n’ai donc aucune raison de me sentir exclu de la société de production. Je suis un marchand d’images verbales, de rêves, et je resterai naturellement et pour toujours un marginal, un être différent par rapport aux types de productions bureaucratiques. » •

Les réponses de Georges Perec sont extraites de : Perec, entretiens et conférences, 1 & 2, édition critique établie par D. Bertelli et M. Ribière, éditions Joseph K., 2003. Et « Approches de quoi ? », de Georges Perec, publié dans Cause commune no 5, février 1973.

il y a onze mois pour le travail et un mois pour les vacances, c’est stupide ! Pourquoi ne s’arrête-t-on pas dix jours tous les deux mois ? C’est tellement plus simple d’arrêter tous en même temps, mais enfin on aboutit au fait que les vacances ne sont pas des vacances. Moi, j’adore l’île d’Oléron, l’île de Ré, mais on ne peut pas y aller au mois d’août, ce n’est pas possible ! Et pourquoi ? C’est vraiment une des questions que je me pose, pourquoi ? D’où vient cette malignité qui fait que l’homme a transformé en supplice ce qui devrait être une source de bonheur ?

Paul Virilio, avec lequel vous avez fondé la revue Cause commune, a décrit cette contraction du temps et de l’espace de nos sociétés. On espérerait forcément le contrepoint facétieux de votre regard sur ces analyses…

« Les raz-de-marée, les éruptions volcaniques, les tours qui s’écroulent, les incendies de forêts, les tunnels qui s’effondrent, Publicis qui brûle et Aranda qui parle ! Horrible ! Terrible ! Monstrueux ! Scandaleux ! Mais où est le scandale ? Le vrai scandale ? Le journal nous a-t-il dit autre chose que : soyez rassurés, vous voyez bien que la vie existe, avec ses hauts et ses bas, vous voyez bien qu’il se passe des choses. Les journaux parlent de tout, sauf du journalier. Les journaux m’ennuient, ils ne m’apprennent rien ; ce qu’ils racontent ne me concerne pas, ne m’interroge pas et ne répond pas davantage aux questions que je pose ou que je voudrais poser. Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons,

Perec perce le crêpe

le collage, pour moi, c’est comme un schème, une promesse et une condition de la découverte.

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philippe Thieyre & pierre labardant

Petit rappel historique : qu’est-ce qu’un fanzine ?

Venu des États-Unis, le terme fan-zine associe la notion de fanatique, fan d’un style, d’un artiste, d’un genre, à celle de magazine. Il désigne une revue, une brochure, souvent de simples feuillets agrafés, de cinq ou de cent pages, bariolée de couleurs ou sobrement ronéotée en noir & blanc, gratuite ou payante, à la parution ré-gulière ou aléatoire. La revue politique occupant une place à part, il peut être consacré à la BD, aux polars, au ciné-ma, à la science-fiction et autres, mais, depuis les années 60 et 70, sa floraison est surtout associée à la musique et en particulier au rock. Le fanzine, en général lié à l’émergence d’un mouve-ment musical, est imaginé, conçu, réa-lisé par des amateurs qui prennent le risque de le publier et de le distribuer par leurs propres moyens, hors des circuits commerciaux traditionnels afin de raconter, de chroniquer, d’in-terviewer, de critiquer ou d’encenser à leur guise. Cet exercice permet aussi à certains d’entre eux de démarrer une carrière de journaliste. Ainsi, à San Francisco au milieu des années 60, Mojo Navigator, initié par Greg Shaw, futur créateur du label Bomp !, accom-pagne l’effervescence psychédélique et applique le slogan de Jerry Rubin, « Do It » (Fais-le), qui deviendra « Do It Yourself » (Fais-le toi-même) dans la décennie suivante où, en Angleterre, en Australie et aux États-Unis, se mul-tiplient des fanzines tels que Maxi-mum rock’n’roll, Research, Sniffin’Glue ou Bucketfull of Brain.

En France, au milieu des années 80, le nombre de fanzines explose à la suite de ce qu’on a appelé le mouve-ment alternatif, avec les Bérurier Noir et le label Bondage comme emblèmes.

dossier

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Si la plupart des fanzines disparais-sent après quelques numéros, d’autres s’accrochent toujours en conservant une édition papier, en se repliant sur le web (les webzines) ou en combi-nant les deux, notamment dans le Sud-Ouest, région plutôt prolifique.

À Bordeaux, deux fanzines historiques : Sur la même longueur

d’ondes et Abus dangereux« Sur la même longueur d’ondes (in-

titulé d’un album de Diane Dufresne) n’est plus un fanzine. C’en était un lors de sa création en 1982. Constitué d’une dizaine de pages photocopiées sur les artistes québécois, que j’écrivais inté-gralement, il était gratuit et donné de façon aléatoire à l’entrée des concerts. C’est grâce à Hubert-Félix Thiéfaine que Sur la même longueur d’ondes s’est développé. À la fin des années 80, son soutien m’avait permis de passer à l’offset avec un imprimeur et de sortir tous les trimestres, puis, sur la lancée, pendant six ans, d’être distribué par les NMPP*. Les recettes publicitaires étant alors trop maigres, cette formule n’était pas viable à long terme ; même si nous avions gagné des abonnés, les

pertes devenaient trop importantes. Pendant deux, trois ans, nous avons alors abandonné la formule papier pour se concentrer sur un site Internet avant d’y revenir en 1999 pour une formule à nouveau gratuite, tout en gardant le site qui permet aux lecteurs de télécharger le journal et de mettre à jour les infos. Aujourd’hui, Sur la même longueur d’ondes est ouvert à tout l’espace musical francophone, aussi bien rock que chansons. Depuis 1999, c’est un beau magazine, entre 40 et 50 pages, tiré à 100 000 exem-plaires et proposant cinq numéros par an. Un réseau de distribution a été mis en place auprès des salles de concerts, des disquaires, des festivals et des médiathèques avec des accords de partenariat. Plusieurs collaborateurs

fansfanzines

fanzineuxune passiOn

Bientôt, ces deux publications bordelaises fêteront respectivement

leur 25e et 30e anniversaire. Fanzines au départ, elles ont

suivi des voies différentes.

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expressions un magazine à l’ouest 7

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Dans tous les styles, de partout en France

Fanzonline

Le fanzine sera-t-il sauvé par Internet ? Moins tributaire de financements, plus réactif à l’information et développant de nouvelles solutions multimédias, le site consacré à l’actualité musicale, en particulier dans sa déclinaison interactive du blog, est désormais la solution privilégiée par les fans pour partager leur passion du son. La chaleur de la fibre s’en est allée mais la ferveur de la chronique est perpétuée.Depuis quelques mois, des rédacteurs amateurs distillent leurs « humeurs musicales » en ligne sur le Blog Zik créé à La Rochelle. Ce diffuseur de contenus sur Internet reprend les grands fondements des fanzines « papier » tout en utilisant les dernières techniques de communication. Une rédaction libre qui invite chaque contributeur à proposer un sujet, diffusé sans aucune censure. Cet allant rédactionnel a débouché à ce jour sur la publication de 200 articles consacrés à tous les courants musicaux, à l’histoire des principaux mouvements, aux artistes majeurs ou aux groupes en devenir. La diversité représente la grande force de ce type de site. Elle s’affirme également sur la page Facebook du Blog Zik qui dévoile chaque jour une chanson préférée. Le blog favorise une large et immédiate interactivité avec les internautes. Le courrier des lecteurs n’a désormais plus à souffrir des affres postales et affiche les commentaires en direct sur le site. La mise en branle des réseaux sociaux (Facebook et Twitter) permet aux internautes de réagir instantanément aux sujets publiés et crée un lien privilégié. Mais le vrai atout de cette formule de « propagande » musicale, face à la mono-dimension du fanzine imprimé, c’est le recours systématique à l’image et au son. Tous les articles publiés sont accompagnés de vidéos qui donnent du relief au contenu. Selon le sujet abordé et son actualité, le site diffuse un clip, un live ou une interview. En plus de la reprise de vidéos issues de Youtube, le Blog Zik assure sa propre production audiovisuelle et réalise des interviews filmées (New Bomb Turks, Saul Williams…). Cette nouvelle démarche journalistique est facilitée par la recrudescence des concerts organisés à la Sirène, la salle de musiques actuelles de La Rochelle, qui développe un partenariat avec le jeune Blog Zik. Cet échange de visibilité permet au site d’asseoir sa présence sur Internet (le Blog Zik apparaît systématiquement dans les dix premiers choix lors de la recherche « blog musique » sur Google) et compte chaque mois près de 4 500 visites. Un chiffre de diffusion qui ferait rêver nombre de fanzines old school. • P.L.

www.blog-zik.com

sont rémunérés grâce aux revenus publicitaires (uniquement maisons de disques, concerts et organismes professionnels). » Ainsi s’exprime son fondateur, Serge Beyer, depuis son bureau de Villenave-d’Ornon, ville où il a toujours habité. Longtemps chef cuisinier, il ne vit pas vraiment de son œuvre, percevant seulement quelques défraiements. Le rédacteur en chef adjoint, Cédric Manusset, est le seul salarié à temps plein. Mais le magazine lui permet de vivre sa pas-sion, d’être invité au Canada, d’écrire et de côtoyer les artistes qu’il apprécie même si « nous sommes constamment sur la corde raide, sans aide publique, surtout pas de la ville de Bordeaux ». Depuis quatre ans, Sur la même lon-gueur d’ondes organise également des concerts rassemblant plusieurs ar-tistes aux Trois Baudets et au Nouveau Casino, deux salles parisiennes en at-tendant une première à Bordeaux.

« Abus dangereux est apparu en 1987 à Toulouse, car nous étions plu-sieurs à trouver que trop de musiciens ne bénéficiaient pas de l’écho qu’ils au-raient mérité, y compris dans les fan-zines. Nous nous étions fixé un rythme de cinq numéros par an que nous es-sayons encore de tenir. Pour moi, un fanzine est un magazine fait par des fans sans tenir compte des contraintes commerciales. Abus dangereux restera toujours un fanzine. Le numéro 1 était vendu 5 francs, le 119 est à 5 euros pour un tirage autour de 1 000/1 500 exem-plaires vendus chez les disquaires et par abonnements (400). À partir du no 13, nous avons pris l’habitude d’ajouter un disque vinyle, puis un CD, afin d’asso-cier la musique au texte. Nous conser-vons une ligne éditoriale privilégiant le rock indépendant. Les articles, les inter-views et les chroniques sont rédigés par des bénévoles. Toulouse étant devenue une ville musicalement ennuyeuse, en 1991, je me suis installé à Bordeaux où ça bougeait plus. Deux ans plus tard, avec les mêmes personnes, nous avons créé une autre association et lancé un label de disques, Vicious Circle, pour sortir un disque des Straw Dogs. En 1997, nous avons ouvert, à Toulouse, un magasin de disques portant le même nom que le label, puis, en 2004, avons investi dans le disquaire Ground Zero à Paris. » Philippe Couderc, actif fondateur historique, se consacre en priorité au label, dont il est le directeur artistique et un des sept salariés, tout en gardant sa passion et des convic-tions : « Si on regarde les chiffres, il serait raisonnable d’arrêter Abus Dan-gereux. D’autre part, depuis trois ans, Vicious Circle perd de l’argent. Tout peut s’arrêter du jour au lendemain, mais je crois en l’objet. Sur Internet, où nous avons un site bien sûr, il est difficile de s’y retrouver, d’avoir une visibilité au milieu du grand n’importe quoi quand finalement tout est bana-lisé, nivelé. Je reste persuadé que nous avons besoin de vivre entourés d’objets, de livres, de journaux, de revues, d’un autre son que celui du MP3. D’ailleurs, nous avons recommencé la production de vinyles, même si elle est plus oné-reuse que celle du CD. »

Le fanzine résiste, survit et per-siste. • P.T.

Voici une courte sélection des plus marquants, parmi des centaines, avec parfois des titres en anglais, mais des textes en français : Rock News et Atem (deux pionniers des années 70), I wanna be your dog (fan-club d’Iggy Pop et les Stooges), Fun, Losers, Nineteen et Dig It, Tant qu’il y aura du rock, Combo, Larsen, Les héros du peuple sont immortels, Tuez-les tous, On a faim, Stones News (fan-club des Rolling Stones), Crazy Legs, Big Beat, Out of Nowhere, Androzine,

New Wave, Rock Hardi, Spliff, Hello Happy Taxpayers, Gloria et l’Équerre, Notes, Hyacinth et Octopus, Prémonition, Revue et corrigée, Harmonie, Big Bang, Highlands, Koid 9, Traverses… Autrement dit : garage rock, progressif, new wave, punk, hardcore et rock’n’roll. Bon nombre de ces publications sont agrémentées d’un 45-tours, puis d’un CD, afin de faire découvrir les groupes dont elles parlent. Elles peuvent parfois se révéler des placements inattendus comme, en 1980, ce numéro « Licht und Blindheit » de Sordide Sentimental avec deux titres du mythique Joy Division (voir la photo ci-dessus).

* NMPP : Nouvelles messageries de la presse parisienne (Presstalis depuis 2009), organisme de distribution des journaux, périodiques, magazines dans les maisons de la presse et les kiosques de toute la France.

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L’académie rochelaise de la cuisine italienne et méditerranéenne

Envie d’Italie ?

A PARTIR DU 26 NOV. 11

PARKING DE LA BRÈCHE

À l ’occasion de l ’ouverturedu nouveau parking de la Brèche,découvrez l ’histoire d’un chantierracontée en photos.

Une exposition créée par la Mairie de Niortet l’Agence Capsule.

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expressions un magazine à l’ouest 9

peinture vincent ruffin

rochefort-sur-mer christophe duchesnay

Le peintre de l’homme moderne

Photographe de musique

de scène

Vincent Ruffin, après avoir revisité avec succès

l’histoire rochelaise lors des journées du

Patrimoine, s’apprête à monter à Paris : une galerie parisienne et la Fiac l’attendent.

Parcours d’un jeune homme à suivre.

regarde inexorablement le spectateur. Les paysages courent dans les traînées de leur pâte vers un horizon vide, glacé. Chaque tableau déploie la nu-dité de l’être, le punctum d’une figure. Chair et peinture se renvoient l’une à l’autre, avec au centre la vérité d’un sujet : « Je travaille sur l’humain. »

Le conceptEn préalable à cette représentation

quasi photographique, Vincent Ruffin tient à shooter lui-même ses modèles, choisir l’angle dès le début et attaquer avec précision. Il interprète aussi de plus en plus : l’exposition des jour-nées du Patrimoine l’a confronté à l’histoire locale et lui a permis par un travail de recherche et d’archives de se positionner, valorisant les oubliés et les sans-grade. Avec l’ouverture vers

caTherine fourmental-lam

La figureEn premier, l’artiste évoque la

rencontre de Simone, à 7-8 ans : « Je voulais à tout prix peindre. On m’a em-mené voir une mamie du village qui faisait de la peinture chez elle, et c’est comme cela que j’ai appris à mélan-ger les couleurs, utiliser les pinceaux. J’ai commencé par des fleurs et je vendais ensuite mes toiles à toute ma famille… » Amusant début fondateur pour celui qui préférait – aux Beaux-Arts de Cambrai et à la City & Guilds of London Art School – les cours de nu, de crayonné et de perspective aux embardées avant-gardistes des étu-diants d’alors. Il continuait à briguer la peinture représentative, peu courue. Jusqu’à s’engouffrer en « fanatique » dans sa matière même : des mélanges d’huile et de gouache lui permirent de s’inventer une épaisseur sensuelle et colorée, écrasée en aplats volumineux. Ses tableaux devinrent donc abstraits, célébrant leur propre matière.

La figuration revint pourtant à la fin des années 2000 : de classiques portraits et paysages mais cernés dé-sormais de cette matière nouvelle. Le personnage – brossé à la perfection –, souvent seul, se voit pétrifié au som-met de vagues de peinture. Son visage pâle, flirtant avec le gris des photos passées, est pris dans ses pensées ou

chair et peinture se renvoient l’une à l’autre, avec au centre la vérité d’un sujet

philippe Thieyre

n é à Versailles en 1986, Chris-tophe Duchesnay a suivi des parents militaires et ama-

teurs de rock lors de leur installation à Rochefort-sur-Mer en 1996. Initié à la photo argentique par un oncle spé-cialiste du paysage, il se prend très vite au jeu. Réussissant à associer son amour du rock, du blues et de la photo lors de la première édition du festival Rochefort-en-Accords en 2005, il est remarqué par Christophe Pineau de la Poudrière. Il délaisse dorénavant l’ar-gentique, trop long et trop coûteux à faire développer, au profit exclusif du numérique, n’hésitant pas à investir dans du matériel de qualité. « Chris-tophe Pineau cherchait quelqu’un pour

(IUT Commerce), puis de garder un poste de personnel d’éducation. « Il y a un an, j’étais très pessimiste sur l’avenir de la photographie de presse et de scène. Les journaux tels que Sud Ouest non seulement ne recrutent plus de photographes, mais encore ne rem-placent pas ceux qui partent, reportant cette fonction sur des journalistes pas toujours qualifiés pour cet exercice ou éventuellement sur des free-lances. Toutefois, récemment, un virage en-courageant semble s’amorcer. Lassés par le trop grand nombre de photos médiocres, les lecteurs demandent à nouveau une qualité de travail et influencent ainsi la politique des pé-riodiques. Cela dit, je pense que, dans la région, pour moi, il est impossible de vivre des photographies d’actua-lité et de scène. Dans mon cas, il faut soit s’installer dans une grande ville comme Paris ou au minimum Bor-deaux, soit, comme aujourd’hui, avoir un emploi fixe et se rendre disponible pour continuer à offrir des photogra-phies de qualité professionnelle. » •

en savoir plusChris-d.com (en cours de remise à jour) et lapoudriere-rochefort.net

conserver un témoignage des concerts et des résidences qui serait aussi ca-pable d’animer et de gérer le site Inter-net. Bien sûr, les rémunérations sont plus qu’aléatoires, voire inexistantes, mais, à partir de 2007, cette implica-tion avec la Poudrière m’a ouvert des perspectives et une visibilité que je n’aurais pas eues autrement. Tout cela a débouché sur des expositions, des reportages, des pochettes de disque, des accréditations pour des festivals, notamment Blues Passion, les Franco-folies, Festivaux à Vaux-sur-Mer et Hel-lowen Fest à Saintes, sans oublier des publications de mes photos dans Sud Ouest, L’Hebdo et même Le Monde (le seul à payer correctement). Je suis aussi correspondant pour Dalle, une agence spécialisée en musique basée à Paris. »

Vivre de la photo en Charente-Maritime ?

Les photographes sont nombreux dans le département, attirés par les lumières de La Rochelle. Il est difficile pour un jeune débutant de se faire une place dans un milieu en mutation où la concurrence est acharnée et l’en-traide faible. Christophe Duchesnay a donc décidé de poursuivre ses études

de nouveaux horizons, sa peinture de-viendrait-elle humaniste, voire pour-fendeuse ? Une autre facette de ses tableaux récents surgit, dérangeante et sur le fil, dans les scènes de ses der-nières séries : Miss Botox fait voyager la peinture de la splendeur d’une poi-trine offerte à la détresse d’un visage déformé, Adam montre un homme ca-pote à la main, et, autre renversement, dans Régression une femme urine sur un pot d’enfant. Les visages grincent, la sexualité dérape et le monde d’au-jourd’hui, rendu à son grotesque et son énigme, exhibe ses masques. « Je vais vers le concept, je veux être un peintre de notre époque », annonce-t-il. •

en savoir plusvincentruffin.com

les lecteurs demandent de nouveau des

photographies de qualité dans

les journaux.

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expressions10 un magazine à l’ouest

carte blanche à topor

Hier soir,je suis resté chez moi…

Aujourd’hui, je suis sorti…

Je n’ai pastrouvé de différence.

Demain, j’essayeraiautre chose.

MATONwww.editions-wombat.fr

TOPOR

BiCI_marque-page_OO1_Mise en page 1 03/08/11 14:46

Il y a des fois,comme ça…

en lisant lapresse…France-Soir…Le Monde…Le Figaro…L’Aurore…

J’ai une deces enviesde vomir…

Quel talentces journalistes !

MATONwww.editions-wombat.fr

TOPOR

L’artiste multiplePourquoi peignez-vous ?

Pour ressembler à un peintre. C’est si beau, un peintre !

Le peintre : un homme dévoré par la passion de son art. Le regard fiévreux, juste ce qu’il faut de barbe, les joues creuses, l’oreille coupée, le pinceau impatient, et, devant lui, le chef-d’œuvre qui s’ébauche, se parfait pour aboutir au Louvre. Plus tard, les promenades en forêt, le verre de rouge, et la compagnie des autres peintres, l’odieuse compagnie des peintres. C’est si triste un peintre ! D’ailleurs, on le sait, il faut que les peintres soient bêtes.

Pourquoi écrivez-vous ?

Pour ressembler à un écrivain. C’est si beau, un écrivain !

L’écrivain : le col de la chemise dénoué, la cravate défaite, la machine à écrire crépitante, la bouteille de bourbon dans le tiroir. Un mégot éteint pendu aux lèvres, le regard dégoulinant d’humanité, et en route pour le Goncourt ! Plus tard, l’écrivain pleure, car c’est si triste la littérature !

Pourquoi faites-vous des films ?

Pour ressembler à un cinéaste. C’est si beau un cinéaste !

Le cinéaste : des lunettes noires, une foule de gens autour de lui, des starlettes, le festival de Cannes, Hollywood… Mais avant… Elle n’est pas brillante la situation du court métrage en France. Tours n’est pas Cannes. Comme c’est triste de faire des courts métrages.

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11expressionsun magazine à l’ouest

Il y atellementlongtempsque j’attendsce moment…

Tellementlongtemps…

Tellementlongtemps…

Que je peuxattendre encoreun peu…

MATONwww.editions-wombat.fr

TOPOR

L’histoirede ma vie ?Au début,j’étais grandcomme ça…

Ensuite,j’ai été grandcomme ça…

Et puis grandcomme ça…

Maintenant,je suis grandcomme ça…

MATONwww.editions-wombat.fr

TOPOR

L’artiste multiplepar Topor

Pourquoi ne faites-vous rien ?

Pour ressembler à un héros. C’est si beau, c’est si triste un héros !

Et vous avez le temps de faire tout ça ?

Oui, je dors beaucoup.

Vous n’êtes ni peintre, ni écrivain, ni cinéaste, ni héros, vous êtes humoriste.

C’est si drôle d’être un humoriste !

Texte, photos et dessins de Roland Topor © Nicolas Topor / Atelier Clot-Bramsen, avec l’aimable autorisation des éditions Wombat.

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Page 13: Expressions 22

expressions un magazine à l’ouest 13

Depuis le début des années 70 Odile

Azagury danse et fait danser des

professionnels mais aussi des

amateurs, sur des scènes, dans des lieux publics ou

privés, sur des thèmes croisés,

riches de fougue et de sensualité,

parfois jusqu’à l’extrême.

dany huc

t out a commencé aux Ballets de la Cité, à Paris ; deux ans plus tard elle rejoint le Groupe de re-

cherches théâtrales de l’Opéra de Paris « habité » par Carolyn Carlson ; elle fonde ensuite le Four Solaire avec An-ne-Marie Reynaud, et l’atelier Anna Weill pour une danse hors des lieux traditionnels. Nous voici au cœur d’un choix qui persiste et signe : ouvrir la danse, la faire circuler, dans des pro-jets, des créations, comme autant de manifestes, mêlant professionnels et amateurs : « Danseurs tous en Seine »,

La danse à bras le cœurpoitiers odile azagury

graffiti el péon

cinq cents danseurs occupant sept km de quais ; « Parlez-moi d’amour », cho-régraphes et amateurs développant le leitmotiv de hordes traversant le plateau ; « Les Noces », six noces entre danseurs et musiciens, les amateurs offrant chacun un cadeau : un chant ou une danse…

Depuis deux décennies Odile Aza-gury et sa compagnie Les Clandestins sont à Poitiers, travaillant main dans la main avec le TAP*, les maisons de quartier, l’université, semant avec une généreuse détermination, une éner-gie, un amour de la danse et des gens à toute épreuve.

One shot

Propulsé star locale en 2009 au salon Arts Atlantic de La Rochelle, El péon, graffeur devant l’éternel, a connu sa traversée du désert. Alors que les passants s’arrêtent toujours devant ses portraits géants ornant les murs du Gabut, promis à la démolition, il compte sur la nouvelle édition de cette biennale pour redorer son blason. Et durer.

et d’aujourd’hui, concentrées en un élément emblématique, le sourire de mère Teresa, la cigarette de Gains-bourg, le cri de Bruce Lee. Les visages sont découpés à coups secs – « je fais juste un sketch rapide au stylo Bic pour trouver les axes, jamais de crayon, je préfère refaire que gommer » –, pas d’arrondi ni de nuances pour celui qui dit « ne pas savoir dessiner », mais une maîtrise totale de ses effets en direct, larges coups de rouleau, jets de pein-ture et de bombe qui taillent les reliefs et les plantent dans le noir.

Sortir du bouclier En 2009, grâce aux conseils d’un

ami collectionneur, El Péon tente de décliner son énergie rageuse sur toile : « Avec un mur, les limites sont infinies, là il m’a fallu composer beaucoup plus. » Au vu du nombre de tableaux qui ont été vendus en un soir à la ga-lerie Glineur de l’île de Ré, l’examen de passage est une réussite. Mais reste que sa condition de magasinier le matin et graffeur l’après-midi n’a pas changé. Par-delà le découragement, aujourd’hui l’énergie se poursuit : des battles avec des tatoueurs, de nou-velles toiles plus revendicatives, où il veut sortir de la seule admiration pour les grands hommes qu’il a si bien peints. Et le graff toujours. « Je veux accepter ma sensibilité, me mettre à poil sans rien lâcher. » D’ores et déjà, respect. •

murs en vandal, goûter l’adrénaline de l’interdit, de la réalisation en un one shot, avec le défi de traits et de let-trages parfaits.

Mais écrire son nouveau nom par-tout ne suffit pas. Une contrainte économique l’aide à se singulariser : « Avec les bombes, on ne mélange pas les couleurs, la facture est énorme.

J’ai trouvé une solution pour peindre tous les jours : des bombes noires et blanches pour les détails, de l’acrylique bas de gamme en fond. » Le choix de ses sujets va aussi trancher : des fi-gures, en gros plan, resserrées sur un regard et une posture qui défie le pas-sant. La force de frappe est relayée par la stature de ces icônes du xxe siècle

caTherine fourmental-lam

Peindre en spartiateLe parcours est en règle : un ado qui

s’ennuie, écoute du rap, traîne dans les rues de Niort et de Poitiers, avant d’avoir une révélation en 1995 devant un graffiti militant singeant le Chirac des essais nucléaires en Obélix por-tant une bombe. Vite, il s’octroie un blaze, « El Péon » – le paysan provin-cial qui laboure en aveugle –, le tagge dès qu’il peut. Ensuite, commence le travail « qui fait peur » : exploser les

Perspectives et projetsTout d’abord un projet triennal dé-

marré en 2011 à l’initiative des choré-graphes Francis Plisson, David Rolland et elle-même : inviter quatre autres chorégraphes en partage, les univers poétiques de chacun s’interpénétrant. En 2012 sera créée une pièce au titre non encore arrêté, une invitation par-ticulière, avec toutes les maisons de quartier, à « amener le public vers des perceptions sensorielles fortes, embar-qué par cinq danseurs, puis convié à un déjeuner exhausteur, lui aussi, de sen-sations ». En 2012 toujours, « Dansons Jardins » fera évoluer dix duos (un dan-seur, un musicien) dans des jardins privés de Poitiers, ouverts au public.

Enfin, « Femmes de Sang », deux danseuses, Delphine Pluvinage et Alexandra Naudet, re-questionnant la robe rouge de cinq mètres de dia-mètre conçue pour « Anna » en 2007 ; « réexplorer cette robe, chercher ce qu’elle dit, au fond, l’importance du rouge, et du blanc ; la vie, la mort, énergie rouge et blanc létal et aussi la question de l’apparence, qui on est ?, le visible, l’invisible, la complexité… » Dans un même temps, Odile Azagury dansera à Chaillot dans « La Jeune fille et la Mort » chorégraphié par Thomas Lebrun**, minimaliste orfèvre de la danse. « Je ne suis pas la jeune fille », ironise-t-elle !

De tout cela, qui n’est pourtant qu’un « digest », se lève une évidence : l’énergie est le mot que l’on associe immédiatement à Odile Azagury, une énergie positive de bâtisseuse, de combattante, politique, et poétique. •

* TAP : Théâtre Auditorium de Poitiers, scène nationale.** Thomas Lebrun : directeur du CCN Tours.

vox écho

La minute citoyenne

pierre labardant

v ox Écho est une « voix sans maître ». Un site qui donne la parole. Cette

association née à Toulouse offre une tribune Internet aux repré-sentants des courants alternatifs. Se posant en garant de la lutte et du respect des libertés, il diffuse des émissions consacrées à des thèmes de notre société actuelle (comme la désobéissance civile et la non-violence), des lectures des textes fondateurs de la Révolu-tion française et des témoignages d’activistes du quotidien (tels les « Robin des Bois de l’énergie » ré-tablissant l’accès à l’énergie des foyers défavorisés ayant subi une coupure). Un objectif unique et ambitieux : proposer des solu-tions réalistes pour que le citoyen ne souffre plus d’une crise dont il n’est pas responsable. Et conserve sa dignité. « Mais aujourd’hui la banqueroute, la hideuse banque-route, est là. Elle menace de consu-mer vous, vos propriétés, votre honneur. Et vous délibérez*. » • * Conclusion du discours prononcé par Mirabeau le 26 septembre 1789 devant l’Assemblée.

en savoir pluswww.vox-echo.org

larges coups de rouleau, jets de peinture et de bombe

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expressions un magazine à l’ouest14

Du 16 Au 20 nOVEmbRE■ FESTIVAL OFnI #9Organisé par Nyktalop Mélodie à Poitiers, OFNI propose films, concerts, performances audiovisuelles et expérimentations visuelles, ateliers, expositions et salon OFNI d'éditeurs indépendants... Dont un focus Britain's got... other talent dans la programmation 2011 avec une soirée Hammer Films en parallèle de l'exposition sur les fanzines et cinéma de genre à la Médiathèque. Entièrement dédié à la création visuelle le festival s'étoffe (depuis 2010) d'un Salon d'éditeurs indépendants & Sets AV DJ/VJ. Tél. : 05 49 45 85 82 – www.ofni.biz

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mERCREDI 02■ FLOREnCE GOuRIERGalerie Eva Doublet st Georges-du-Bois 05 46 27 50 70 jusqu’au 06 novembre■ DELPhInE DE LuPPé : PLAn LIbRE ET AnnA huRTIG : nIGhTVISIOnS Galerie V La rochelle 06 71 12 97 35 jusqu’au 11 novembre■ mAChIn’Spar Sylvie Curtie L ’ Azile – La rochelle 05 46 00 19 19 jusqu’au 30 novembre■ ALAIn DESVERGnESPaysage de portraits, portraits de paysages Le Carré Amelot – La rochelle 05 46 51 14 70 jusqu’au 15 décembre■ EnTRETEmPSBernard Calet espace Art Contemporain – Lr 05 46 51 50 65 jusqu’au 23 décembre■ En TêTE à TêTE. PARuRES DE TêTE à TRAVERS LE mOnDE Musée d’Angoulême Angoulême 05 45 95 79 88 jusqu’au 31 decembre■ InSTALLATIOn DE SyLVIE TubIAnAMusée d’Angoulême Angoulême 05 45 95 79 88 jusqu’au 31 décembre■ LE bInômEYann Werdefroy & Alain Donnat La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53 jusqu’au 01 anvier■ PEInTuRE ET SCuLPTuREDaniel Doutre Musée du donjon – Niort 05 49 28 14 28 jusqu’en février■ DE LA PRéhISTOIRE Aux ROmAInS, 100 000 AnS D’ARmES ET D’OuTILS Musée du Donjon – Niort 05 49 28 14 28 jusqu’au 20 mai■ ThIERRy SAmITIER En Ré-éDuCATIOn L ’ Azile – La Rochelle 05 46 00 19 19 jusqu’au 06 novembre■ mOOVAnCECie Chriki'Z Fabrique du Vélodrome – La rochelle 05 46 27 12 12jusqu’au 04 novembrejEuDI 03■ LA GOnFLEThéâtre regional des Pays de la Loire Abbaye royale – st-Jean-d’Angely 05 46 59 40 40■ jImmy buRnS+ Xavier Pillac Le Camji – Niort 05 49 17 50 45■ hOT PEPPER, AIR COnDITIOnER, AnD ThE FAREwELL SPEECh Mise en scène par Toshiki Okada Théâtre national – Bordeaux 05 56 33 36 84 jusqu'au 05 novembreVEnDREDI 04■ hILIGhT TRIbEEspace Culturel Leclerc Niort 05 49 17 39 17■ Dub InC+ 1re partieLa sirène – La rochelle 05 46 56 46 62■ LA GOnFLEThéâtre regional des Pays de la Loire La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53■ COnCERT ROTARyEspace Encan La rochelle 05 46 45 90 90■ ORChESTRE nATIOnAL DE bORDEAux AquITAInE Le Gallia Théâtre – Saintes 05 46 92 20 82■ TuCSOn LA nOChELive au bar du TAP TAP – Poitiers 05 49 39 29 29■ TARTuFFE D’APRèS TARTuFFEMise en scène de Gwenaëk Morin Théâtre des Fourriers – rochefort 05 46 82 15 15 jusqu'au 05 novembre■ LA bOTTE SECRèTEOpéra bouffe La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00 jusqu'au 05 novembreSAmEDI 05■ CAFé LIVRESMédiathèque – Aytré 05 46 30 19 03■ LA CALLIGRAPhIE jAPOnAISEFrédéric Kuhnapfel Larochelllivre – La rochelle 05 46 34 11 63■ jACky bénéTEAuDSéance de dédicaces du livre « Pages intérieures » Librairie Mille sabords – La rochelle 05 46 51 74 06■ CAbARET nEw buRLESquETAP – Poitiers 05 49 39 29 29

Envo

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s

nov

■ ESCALES DOCumEnTAIRES11e festival international du documentaire de création La rochelle 05 46 42 34 16 jusqu’au 13 novembre■ COnCERT mEnSA SOnORAà la mémoire de Jean-Robert Béjuge Chapelle ste Marie – Niort 05 46 00 13 33■ DOm juAnVersion pour 5 comédiens Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30 jusqu'au 09 novembre■ LA RéPéTITIOnMolière, Jouvet, Bergman Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30 jusqu'au 09 novembre■ InSTALLATIOn GInETTE SARAzInLe Pilori Niort 05 49 78 73 82 jusqu’au 26 novembremERCREDI 09■ ChOkEbORE + ThE PATRIOTIC SunDAy Le Confort Moderne Poitiers 05 49 46 08 08■ méTéOmARInESArt électroacoustique Carré Amelot – La rochelle 05 46 51 14 70■ SELAh SuE + 1RE PARTIELa Sirène – La Rochelle 05 46 56 46 62■ EL VIEnTO En un VIOLInMise en scène de Claudio Tolcachir Théâtre national – Bordeaux 05 56 33 36 84 jusqu’au 12 novembrejEuDI 10■ LAïkA“Le métissage naturel du jazz” Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30■ hOmmAGE à ChARLIE PARkER Théâtre des Fourriers – Rochefort 05 46 82 15 15■ bOxE bOxEDanse Hip-Hop Mourad Merzouki La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00

■ mARIAnA / EL CAnTO DE DESPEDIDA Danse Le Gallia Théâtre – saintes 05 46 92 20 82■ ThEy wE SLEEP’+ Nyktalop Mélodie Le Camji – Niort 05 49 17 50 45■ uLTRACOïT + wELLDOnE DumbOyz Le Confort Moderne Poitiers 05 49 46 08 08DImAnChE 06■ VARIATIOnS GOLDbERGBach – Zhu Xiao Mei TAP – Poitiers 05 49 39 29 29■ TuRzI éLECTROnIquE ExPéRIEnCE + k-x-P Le Confort Moderne Poitiers 05 49 46 08 08LunDI 07■ RuE DES COnTES PROVEnçAuxChanson La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53 jusqu'au 08 novembre■ TARTuFFEMise en scène par Gwenael Morin Le Gallia Théâtre – saintes 05 46 92 20 82 jusqu'au 08 novembre■ un SOIR, unE VILLEDaniel Keene, Didier Bezace La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00 jusqu'au 09 novembremARDI 08■ hAïkuS SuITEBlue Yeti Carré Amelot – La rochelle 05 46 51 14 70 jusqu’au 12 novembre■ LA LOI Du mARChEuRde Nicolas Bouchaud et Éric Didry TAP – Poitiers 05 49 39 29 29

VEnDREDI 11■ yukSEk + mC LuVInLa Sirène La rochelle 05 46 56 46 62■ L’AFFAIRE DuSSAERTDe et par Jacques Mougenot La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53SAmEDI 12■ TuCSOn LA nOChE :Brian Lopez + Gabriel Sullivan + French Tourist La sirène – La rochelle 05 46 56 46 62■ jEAn GEnET, LE COnTRE-ExEmPLAIREUn film de Gilles Blanchard Médiathèque – La rochelle 05 46 45 71 71DImAnChE 13■ COnTACTun film de B. Dean et Martin Butler Musée d’Angoulême – Angoulême 05 45 95 07 69■ PhOEbE kILLDER + mESPARROw + SLIm wILD bOAR Le Camji Niort 05 49 17 50 45mARDI 15■ RumbA SuR LA LunEPoème visuel La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53■ AS yOu LIkE ITde William Shakespeare Complexe municipal – Tonnay-Charente 05 46 82 15 15■ LA GRAnDE éPOPéE DE PETIT bOnhOmmE Groupe Démons et Merveilles Maison Georges Brassens – Aytré 05 46 30 19 03■ ROméO ET juLIETTEMise en scène Olivier Py La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00 jusqu'au 17 novembre

■ LE mAîTRE DES mARIOnETTESMise en scène par Dominique Pitoiset Théâtre national – Bordeaux 05 56 33 36 84 jusqu’au 19 novembremERCREDI 16■ mOnGOLThéâtre du Rivage Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30■ FESTIVAL O.F.n.I. #9Nyktalop Mélodie Poitiers 05 49 45 85 82 jusqu’au 20 novembrejEuDI 17■ LES FOLIES D’OFFEnbAChMise en scène par Jean Lacornerie Le Gallia Théâtre – saintes 05 46 92 20 82■ bLITz ThE AmbASSADOR + mICROnOLOGIE Le Confort Moderne Poitiers 05 49 46 08 08■ zOnE LIbRE VS CASEy & b. jAmES + L’EnFAnCE ROuGE + PnEu La Sirène La rochelle 05 46 56 46 62■ yAëL nAImavec David Donatien Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30■ FESTIVAL Du FILm D’AVEnTuREEspace Encan La rochelle 05 46 45 90 90 jusqu'au 19 novembre■ LES PASSAGERSLa Rue sur les murs Le Carré Amelot – La rochelle 05 46 51 14 70 jusqu’au 15 décembreVEnDREDI 18■ PROjECTIOn D’un mAnGA ET kAmIShIbAï Salle Jean Vilar – Aytré 05 46 30 19 03■ RESISTAnCE 5Joseph 1960 Astrolabe – La rochelle 05 46 67 47 67■ LES TêTES RAIDESEspace Culturel Leclerc Niort 05 49 17 39 17

Page 15: Expressions 22

expressions un magazine à l’ouest 15

5 rue des Géraniums - LA ROCHELLETél. : 05 46 56 80 50

BERNARD CALET

Exposition

du 29 octobre au 23 décembre 2011

Espace Art Contemporain28, rue Gargoulleau - La RochelleTél. : 05 46 34 76 55www.larochelle.fr

toute la programmation sur www.carre-amelot.net

espace culturel

de la ville de

la rochelle

installation multimédia interactive de Blue YetiPrésentée par le Carré Amelot

la rochelle escale multimédia

entrée libre

0812

novembre

mardi

samedi

haÏkussuite

■ ROkIA TRAORé“Roots” La sirène – La rochelle 05 46 56 46 62■ SOPhIE ALOuR quInTETJazz La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00■ DAnS LE COLLImATEuR DE FAnTAzIO TAP Poitiers 05 49 39 29 29■ OFnI / mESSER ChuPS + DOubLE nELSOn + bRITAIn’S GOT… OThER TALEnT Le Confort Moderne Poitiers 05 49 46 08 08 jusqu'au 19 novembre■ ARTS ATLAnTICEspace Encan La rochelle 05 46 45 90 90 jusqu'au 20 novembre■ juPES COuRTES ET COnSéquEnCESL ’ Azile La rochelle 05 46 00 19 19 jusqu'au 20 novembre■ ALInE ET COmPAGnIEThéâtre – Musique – Danse – Cinéma Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30 jusqu'au 20 novembreSAmEDI 19■ LA FAbRIquE Du PèRE nOELLe Carré Amelot – La Rochelle 05 46 51 14 70 jusqu’au 03 décembre■ mIRkA LuGOSILe Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08 jusqu’au 13 janvier■ mTEnDEnI mAuLIDMusique du monde La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00DImAnChE 20■ ChœuR & LuThEnsemble Héloïse Abbaye – Celles-sur-Belle 06 30 80 97 86■ ATTEnDRE n’EST PAS mOuRIR mAIS çA y RESSEmbLE Compagnie L’œil de PénélopeLa Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53■ PETIT nOOFCompagnie des Uns et des Autres Maison Georges Brassens – Aytré 05 46 30 19 03mARDI 22■ Au LuSTRE DE LA PEuRThéâtre des Fourriers – Rochefort 05 46 82 15 15■ LE mARDI à mOnOPRIxavec Jean-Claude Dreyfus Le Gallia Théâtre – saintes 05 46 92 20 82■ bILIA bAh, DRAmATuRGE GuInéEnRencontre lecture Centre intermondes – La rochelle 05 46 34 11 63■ bAROuFSMise en scène par Frédéric Maragnani Théâtre national – Bordeaux 05 56 33 36 84 jusqu’au 26 novembremERCREDI 23■ FILLS mOnkEyConcert jeune public Le Camji – Niort 05 49 17 50 45■ LOuPIOTES DE nOTESCompagnie des Dix Doigts salle Jean Vilar – Aytré 05 46 30 19 03■ jOEy STARR + 1RE PARTIELa Sirène – La Rochelle 05 46 56 46 62■ GRAnD EnSEmbLE SOuFI DE zAnzIbAR Mtendeni Maulid TAP – Poitiers 05 49 39 29 29■ LES FLAmES DE PARIS 1789Espace Encan – La Rochelle 05 46 45 90 90■ AïDAOpéra de Giuseppe Verdi Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30■ ALExAnDRE ThARAuD & LES VIOLOnS Du ROy La Coursive – La Rochelle 05 46 51 54 00■ unE RACLETTEChiens de Navarre TAP – Poitiers 05 49 39 29 29 jusqu'au 25 novembre■ CRAIG jOhnSOnRencontre avec l'écrivain américain Librairie Calligrammes La Rochelle 05 46 41 21 65jEuDI 24■ GREG zLAPAir Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30■ TEmPS D’InFO muSICALE SuR LA DISTRIbuTIOn Animé par Sidilarsen Le Camji – Niort 05 49 17 50 45■ AuCAn + PICORELe Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08■ unE hISTOIRE DE LA muSIquE AuTOuR Du mOnDE en partenariat avec les Jeunesses Musicales de France Carré Amelot – La rochelle 05 46 51 14 70 jusqu'au 25 novembre

■ LE CARRé CuRIEuxCirque vivant Le Gallia Théâtre – saintes 05 46 92 20 82 jusqu'au 25 novembreVEnDREDI 25■ LES bébéS LISEnT AuSSIMédiathèque Aytré 05 46 30 19 03■ SIDILARSEn + jIGSAwLe Camji Niort 05 49 17 50 45■ LA ESCuChA InTERIORCompagnie Train de nuit La Maline – La Couarde sur Mer 05 46 29 93 53■ FESTIVAL D’AuTOmnEMaison Georges Brassens Aytré 05 46 30 19 03■ DIDIER wAmPAS + 1E PARTIELa Sirène La rochelle 05 46 56 46 62■ COnCERT PROkOFIEV DEbuSSyOrchestre Poitou-Charentes et Daniel Mesguich Gymnase de la vieille Forme – rochefort 05 46 82 15 15■ juLIETTE“The No Parano Show” La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00 jusqu'au 26 novembre■ jE SuIS LE PèRE DE TOuT LE mOnDEL ’ Azile La rochelle 05 46 00 19 19 jusqu'au 27 novembreSAmEDI 26■ SyD mATTERS + TAhITI 80 + kID bOmbARDOS La Sirène La rochelle 05 46 56 46 62■ bRéSIL, un jARDIn POuR LA PLAnèTEFilm de Mario Introia La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53LunDI 28■ ThE PACk ADLe Barbarella La rochelle 05 46 56 46 62mARDI 29■ ERIC FOTTORInORencontre avec l’écrivain à propos de son nouveau roman, « Dos crawlé » Librairie Calligrammes – La rochelle 05 46 41 52 48■ LA CuISInE DE PAnCompagnie Chute Libre L’eldorado – st-Pierre-d’oléron 05 46 82 15 15■ …ET PuIS j’AI DEmAnDé à ChRISTIAn DE jOuER L’InTRO DE zIGGy STARDuST de Renaud Cojo Théâtre National – Bordeaux 05 56 33 36 84 jusqu’au 10 décembre■ buEnOS AIRES, VILLE ImAGInAIREGabriel Sivak – Ars Nova ensemble instrumental TAP – Poitiers 05 49 39 29 29■ LE mAîTRE DES mARIOnnETTESDominique Pitoiset La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00 jusqu'au 30 novembremERCREDI 30■ LA bROuILLEThéâtre des Tarabates Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30

jEuDI 01■ GIéDRé + nICOLAS juLESLe Confort Moderne Poitiers 05 49 46 08 08■ xAVIER PILLACBlues and Jazzile L ’ Azile – La rochelle 05 46 00 19 19■ SnAkES AnD LADDERSThéâtre des Fourriers rochefort 05 46 82 15 15■ LE mAîTRE DES mARIOnnETTESDominique Pitoiset La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00■ FAIT(S) DIVERS à LA REChERChE DE jACquES b. de et par Nicolas Bonneau Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30 jusqu'au 2 décembre■ PIOnnERS à InGOLSTADTMarieluise Fleisser – Y. Beaunesne La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00 juqu'au 2 novembreVEnDREDI 02■ RIChARD bOhRInGERTraîne pas trop sous la pluie… La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53■ ThE TOASTERS + 65 mInES STREETLe Camji Niort 05 49 17 50 45■ SLAm ET RéCITS DE VOyAGE+ atelier de Slamalamer et Jamel Balhi Astrocafé – La rochelle 05 46 67 47 67

■ LES muSICIEnS Du LOuVRE GREnObLE Marc Minkowski La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00■ AnnE bERnEx DAnS L’AIR Du TEmPS L ’ Azile – La Rochelle 05 46 00 19 19 jusqu'au 4 novembreSAmEDI 03■ DAnAkIL + bROuSSAïLa Sirène La rochelle 05 46 56 46 62■ ERIC LEGnInI & ThE AFRO jAzz bEAT Jazz La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00DImAnChE 04■ hERmAn DunE + 1RE PARTIELa Sirène La rochelle 05 46 56 46 62mARDI 06■ OLIVIER LE nAnEspace Jean Burguet Niort 05 49 78 29 09 jusqu’au 16 décembre■ IVAnOVPar Jean Bellorini Cognac – L ’ Avant scène 05 45 82 32 78mERCREDI 07■ DAVID muRRAyrend hommage à Nat King Cole Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30■ TERRES !Lise Martin – Nino d’Introna La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00■ GARDEnIAAlain Platel – Frank Van Laecke La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00jEuDI 08■ ALFIE RynERAstrocafé La rochelle 05 46 67 47 67■ PuGGyEspace Culturel Leclerc Niort 05 49 17 39 17■ FAITES EnTRER FAbRICE ébOuéEspace Encan – La Rochelle 05 46 45 90 90■ SALVESde Maguy Marin Théâtre National – Bordeaux 05 56 33 36 84 jusqu'au 10 novembre

VEnDREDI 09■ mARIA DOLORES y hAbIbI STARLIGhT Cabaret La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53■ FRAnçOIS & ThE ATLAS mOunTAInS + 4 GuyS FROm ThE FuTuRE Le Camji Niort 05 49 17 50 45■ LuISA FuTORAnSkyRencontre avec la poète Centre intermondes – La rochelle 05 46 34 11 63■ POuR LE mEILLEuR ET POuR LE PIRE Cirque Aïtal Chapiteau stade rouge rochefort 05 46 82 15 15 jusqu’au 15 décembre■ TROIS POèTES LIbERTAIRES : PRéVERT, VIAn, DESnOS Gabor Rassov La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00 jusqu'au 10 décembre■ L’InVITATIOn à LA VALSEd’Alexandre Dumas L ’ Azile – La rochelle 05 46 00 19 19 jusqu'au 11 décembre

SAmEDI 10■ ThE TOxIC AVEnGER + TEEnAGE bAD GIRL + nASSER La Sirène La rochelle 05 46 56 46 62■ kIEmSA + AnDREAS & nICOLAS + jOhk Le Camji Niort 05 49 17 50 45■ SVART CROwn + bLIS OF FLEShLe Confort Moderne Poitiers 05 49 46 08 08■ PAnCie Irina Brook Cognac – L'avant scène 05 45 82 32 78mARDI 13■ unE nuIT ARAbE ET LE DRAGOn D’ORde Roland Schimmelpfennig Théâtre National – Bordeaux 05 56 33 36 84mERCREDI 14■ IDCirque Eloize La Coursive – La rochelle 05 46 51 54 00 jusqu’au 18 decembre■ mInI-mInOCompagnie Le chat perplexe Carré Amelot – La rochelle 05 46 51 14 70■ OPéRA DE PékInAcadémie nationale de Tianjin, Chine Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30jEuDI 15■ bubbLE bOumLe Confort Moderne Poitiers 05 49 46 08 08■ my hAnD In yOuR FACELe Camji – Niort 05 49 17 50 45■ IbRAhIm mAALOuF“Électrique” La sirène – La rochelle 05 46 56 46 62VEnDREDI 16■ FRéDéRIC uRTO, GuILLAumE GOuTAL, œuVRES RéCEnTES Orbe Studio – La Rochelle 06 33 66 87 51■ LITTLE bALOuF“Ouf, c’est un bal” Le Moulin du roc – Niort 05 49 77 32 30■ LA SAnTé En PRISOn m. LE mInISTRE L ’ Azile La rochelle 05 46 00 19 19 jusqu'au 18 décembre

DImAnChE 18■ LES PRInCESSES Du GuIzhOuun film de Patrick Bernard Musée d’Angoulême – Angoulême 05 45 95 07 69■ ChAPEAuxun film de Claude Chuzel Musée d’Angoulême – Angoulême 05 45 95 07 69mARDI 20■ InSTALLATIOnS DE DIDIER SERPLET Musée d’Angoulême – Angoulême 05 45 95 79 88jEuDI 22■ LE mOnDE DE FéLIxprésente par Ciné Passion 17 La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53■ AnybODy CAn bE A Dj’Le Camji – Niort 05 49 17 50 45mARDI 27■ DuELSpectacle musicale La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53VEnDREDI 30■ LOVE CIRCuSPour le nouvel an L ’ Azile – La rochelle 05 46 00 19 19

déc9 Au 15 DéCEmbRE■ POuR LE mEILLEuR ET POuR LE PIRE - CIRquE AïTAL 09/12 et 10/12 à 20h30 - 11/12 à 17h - 13/12 à 20h30 14/12 et 15/12 à 19h30 sous chapiteau au stade rouge - rochefort « Un grand brun costaud et une petite blonde impressionnants dans leurs acrobaties et leurs portés de main à main. À deux, ils inventent tout un cirque ! » Renseignements : 05 46 82 15 15 - www.theatre-coupedor.com www.facebook.com/coupedor

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expressions un magazine à l’ouest16

Hélène et Stéphane du Café au Soleil

métier designer

Arrêt de jeu

Noces Bar-Bars

collectif

pierre labardant

«p aris, la nuit c’est fini. Paris va crever d’ennui. » Nous sommes en 1988, en pleine explosion

du mouvement alternatif. Le groupe Mano Negra entonne un hymne à la nuit. Ronde de nuit est un titre de l’album « Patchan-ka » qui va propulser Manu Chao au rang de porte-parole de la jeunesse. Dans cette complainte nerveuse, le leader de la fan-fare rock fustige les mesures prises par la mairie de Paris, tenue par Jacques Chirac, pour entraver les bars dans leur animation de la vie nocturne. Près de vingt-cinq ans après, le débat est toujours d’actualité, à Paris et partout ailleurs en France. Mais la résistance s’organise.

CollectifCréé il y a dix ans

dans la région nan-taise, Culture Bar-Bars répand peu à peu la bonne parole. Ce col-lectif regroupe des bars adhérents qui refusent la fatalité, qui veulent soutenir le lien social et assu-mer un rôle culturel de premier ordre. Car les statistiques jouent en leur défa-veur : 500 000 au début du xxe siècle, les bars ne comptent plus que 35 000 repré-sentants aujourd’hui. 2 500 ont encore fermé en 2008. Les décrets, les arrêtés mu-nicipaux et préfectoraux, les normes natio-nales et européennes rendent chaque jour leur travail plus difficile. Dans le même temps, le nombre d’artistes (en particulier les musiciens interprètes professionnels) augmente et la consommation de mu-sique des Français s’accroît. Le problème de la diffusion se pose donc en perma-nence. Par force de loi, le concert devient l’apanage de lieux identifiés, eux-mêmes réglementés (par exemple les salles de musiques actuelles), qui vident les cafés de leurs clients et de leur substance.

Le collectif Culture Bar-Bars a décidé de lutter sur plusieurs fronts. Mouvement ré-solument citoyen, il s’efforce tout d’abord de créer un cadre légal à l’existence de « cafés cultures », lieux de vie dont la visée est non seulement culturelle mais sur-tout sociale (« le bien vivre ensemble »). Bar-Bars s’est constitué en collectif pour donner un écho plus large à son projet, organiser la représentation des cafés dans les organisations professionnelles et syn-dicales, et créer une entité de poids pré-sente dans le débat avec les collectivités et l’État. Et la meilleure défense étant l’at-taque (conviviale), chaque année depuis dix ans, il associe tous les cafés adhérents pour un Festival Culture Bar-Bars (les 24, 25 et 26 novembre cette année) et met en évidence le rôle fondamental de ces petits lieux de diffusion à l’occasion de concerts dans toute la France. Des bars comme le Café au Soleil à La Rochelle, la Chaloupe à Rivedoux-Plage ou l’Entr’acte à Niort, militants infatigables de la cause, compte-ront parmi les plus féroces Bar-Bars de la région le temps d’un week-end festif. •

en savoir pluswww.bar-bars.com

joão garcia

i l n’y a pas longtemps, j’ai eu l’oc-casion d’aller découvrir ce que la biennale de design de Lisbonne1

présentait cette année. C’était non seulement l’opportunité de voir des expositions et de discuter avec des créateurs, mais aussi de prendre le pouls d’un pays qui traverse des temps difficiles. Les métiers de la création sont, eux aussi, directement touchés par le ralentissement de l’économie et, par conséquent, par le manque de tra-vail. Mais, mélangées au sentiment de lassitude, d’indignation et d’injustice, j’y ai aussi trouvé une irrévérence et une inventivité remarquables, que ce soit dans les graffitis et affiches dans la rue, les objets de Fernando Brízio2 ou dans les prises de parole au cours de discussions animées.

la rochelle

Ulrika V., agente d’artistes

élian monteiro

r osa-Maria est éclose au prin-temps. Le talent de Rosa-Maria Unda Souki était bien là, mais

il n’avait encore pas éclaté aux yeux du monde.

Repérée par Ulrika Verger, agente (merci de respecter ce mot en genre), elle s’est élevée en quelques mois de quasi inconnue au rang d’artiste émergente. Saluée par le Prix spécial du jury au salon d’art contemporain de Montrouge, elle a pu présenter ses toiles au Palais de Tokyo… via La Ro-chelle où Ulrika V. tient aussi galerie* : « Ma fenêtre d’agente ». Voici donc un métier, dont on évoque plus souvent les raisons que le cœur. Pourtant, ce-

ser la bonne question. Comme si elle avait voulu se joindre aux doutes des créateurs et en même temps donner une vitrine à leurs questionnements. Pour beaucoup de ceux que j’ai ren-contrés, il était justement question de (re)trouver une utilité à leur métier, qui souvent se confond avec leur vie. L’arrivée de la crise a mis à nu leurs faiblesses, leurs insuffisances profes-sionnelles, la platitude du travail pro-duit parfois. Comment peut-on vivre avec l’idée que l’on fabrique du vent ? que l’on produit des idées, des images, des objets ou des espaces de vie qui, à peine nés, exhibent déjà une banalité sans intérêt ? Pourquoi continuer à produire pour un système en faillite ?

Quand une certaine manière tiède de travailler ne paie plus, l’agitation incertaine d’une crise générale paraît être le bon antidote à l’ennui malsain. Un ami m’a dit : « Maintenant je n’ai plus le choix. Il ne me reste qu’à donner du crédit à mes propres crises, pour me révolter et m’en débarrasser. »

1. Experimenta design, à Lisbonne, jusqu’au 27 novembre 2011.2. www.fernandobrizio.com

qui je travaille me disent : “j’ai besoin de créer, sinon je ne peux pas vivre”. » L’autre critère déterminant est pu-rement subjectif : « Si je ressens que quelqu’un peut mûrir avec moi et avec le temps… »

Cinq ont à ce jour adhéré à ce sens de la relation… et au contrat qui l’en-cadre précisément – diplômée en com-munication, Ulrika l’est aussi en Droit. Ça sécurise.

Ouvrons là une parenthèse-genèse.(Mlle Ulrika Persson est suédoise.

Très jeune elle a quitté ses skis, sa mon-tagne. Après quinze ans dans la pub, trop à l’étroit à Stockholm, elle a épou-sé la France, Paris, Nantes, Niort, par amour – cœur toujours. Ulrika Verger est passionnée d’art depuis l’adoles-cence – « une démarche personnelle » – et toute sa vie a fréquenté expos et ateliers. « J’avais beaucoup d’artistes autour de moi ; j’ai décidé d’ouvrir une galerie et de devenir agente. »)

Fin de genèseÀ l’appui d’un carnet d’adresses

touffu, d’un regard bleu baltique qui voit clair devant, Ulrika V. développe un réseau d’échanges avec d’autres galeries internationales pour amener des artistes d’ailleurs (Europe, Amé-rique) à La Rochelle – c’est fait – et offrir à ses protégés de nouveaux hori-zons – c’est en cours. Pas n’importe où, pas à n’importe quel prix. Elle propose, l’artiste dispose. Il peut refuser un lieu. « Le dialogue est très ouvert. » L’agente est présence, douceur et discrétion aux côtés de ceux dont elle porte l’œuvre. « Je demande juste qu’ils travaillent fort. Je respecte le cocon de chacun, je n’interviens pas dans sa créativité pour ne pas risquer de la couper. Mais si l’un perd l’inspiration, je suis là pour l’aider à se retrouver. »

On a vu, autour d’Ulrika V., des ar-tistes heureux. •

* Galerie V., 5 rue Saint-Michel à La Rochelle, expose actuellement Anna Hurtig, photographe et Delphine de Luppé, peintre. www.galerie-v.com

lui d’Ulrika est ouvert en V : un cœur à l’ouvrage, gonflé, battant, palpitant pour ces (ses) peintres, photographes, sculpteurs qu’elle a choisi de révéler. « Il ne suffit pas de mettre ses toiles au mur mais d’aider l’artiste à se dévelop-per à prendre sa valeur. Certains ont déjà un parcours, d’autres pas. Je dois les faire progresser dans leur carrière. »

La faim !Si Ulrika V. se tient très au fait de

l’actualité artistique, c’est moins pour surfer sur la vague que pour anticiper la prochaine. Au-delà de tout oppor-tunisme qu’il y aurait à découvrir une perle (Rosa-Maria), ses choix dépen-dent, dit-elle, « du talent et de la faim ».

La faim ? « Oui ! Tous les artistes avec

Une situation difficile, quelle qu’elle soit, a souvent le mérite de remettre les certitudes en question. Et c’est dans cet esprit que je me suis trouvé confronté à des gens, des amis, qui ont partagé avec moi leurs inquiétudes sur l’utilité de leur métier ou la façon de l’exercer. Ces discussions trouvaient un écho dans le thème (judicieux) que la biennale avait choisi pour cette édition : useless (inutile). Vis-à-vis du métier de designer/graphiste, souvent défini par sa fonction utilitaire (en opposition aux métiers artistiques), la biennale de Lisbonne a choisi de po-

« La galerie, c’est ma fenêtre d’agente. Tous les artistes que j’expose ont un lien avec la géométrie, l’architecture, les lignes. »

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expressions un magazine à l’ouest 17

cyril pedrosa la bd comme un roman

« Portugal », à tous les migrants du monde

élian monteiro

l e trait. Il est comme une écriture, tracé d’une fine pointe de stylo ; très sensible, un peu tremblé. Une

photo qui bouge.La couleur. Elle est diluée au lavis.

Diluée la vie. Celle de Simon, en panne d’inspiration dans sa carrière d’auteur de BD ; de passion dans sa vie amou-reuse ; de crédit puisque Claire veut une maison – il est en panne d’envie d’avoir, autant que d’envie d’être. À la piscine, Simon aurait même un peu tendance à se laisser couler.

Un jour de hasard qui vous tourne bien les choses, il est invité à un festi-val de banda desenhada. À Lisbonne, Simon Muchat – avec cet étrange « t », étranger à son nom d’origine portu-gaise – est saisi au cœur, submergé. C’est la vague. Cette langue solaire, sa musique ; la saveur d’un marché ; la plage, un retour de pêche, des poissons d’argent ; ces badauds, ces pêcheurs, « Mes amis… mes frères. Dans mes bras ! Je vous aime ! » Simon n’avait pas souri depuis longtemps.

Permettez, Simon, que je vous ap-pelle Cyril ? Cyril Pedrosa ?

Oui, mais seulement à 70 %…« Ce n’est pas tout à fait autobiogra-

phique. Ce n’est pas le récit de ma vie. Plutôt du matériel personnel que j’ai utilisé. »

L’amour et la honteCyril Pedrosa n’est pas Simon : en

couple, papa de deux ados musiciens, il ne sombre pas dans la piscine de Nantes où il vit (il est né picto-charen-tais, mais pas plus), dessine ses huit heures par jour et livre ses planches en liberté chez Dupuis – avant cela Del-court ; Fluide Glacial. En revanche, le nom de Pedrosa (sans t) vient bien d’un grand-père portugais qui n’a pas pris le temps de se raconter ni dire pourquoi il a quitté le pays. L’aïeule n’en a pas soufflé plus dans ce français chuinté en saudade – blues lusophone. Langue de chantier et de paradis perdu, finissent par ruminer les descendants d’immi-grés. « L’amour et la honte, cela pourrait être la devise des familles de migrants. » Cela vaut une BD plantée comme un grand livre. Le terme de roman gra-phique prend certainement en ces 250 pages-là son sens le plus évident.

« J’ai d’abord réalisé un vrai travail d’écriture. Chez Dupuis, José-Louis Boc-quet m’a laissé libre de faire comme je l’entendais. Tout a été possible grâce à lui. J’ai écrit cette histoire avec beau-coup de rigueur et de sincérité – sans sincérité, ce genre de chose ne fonc-tionne pas – et j’ai adoré ça. Je lui ai re-mis un manuscrit fini. Puis j’ai dessiné à partir de ce texte, en retravaillant les dialogues au fur et à mesure que j’avan-çais, en resserrant les boulons, en adap-tant. Un peu comme au cinéma. »

Pedrosa a passé deux ans à ciseler la partie française de l’album : celle de Simon à Paris, en rupture, filant en province marier la cousine, retrouvant la famille. Les histoires de famille.

Irrépressible envie de Portugal chez Simon. Impérieuse nécessité de s’y rendre chez Cyril. Cette fois pour un voyage voulu, une traversée de soi, un séjour à dess(e)in où fouiller l’histoire, ouvrir un carnet, croquer la tiédeur d’une nuit, noter les mots du matin. Trois mois à Lisbonne et au village des origines. Un cousin, un jardin, le bon-heur à portée d’orange.

La couleur qui racontePedrosa a ainsi composé la dernière

partie de son livre. La langue – par-delà la méthode Assimil ! – y est une douce présence, un fond sonore en bulles qui chantent, jaune-orangé, leur V.O. colorée. Le lavis c’était pour Paris. Ici la lumière est chaude, trempée d’aqua-relle ; le trait est plus sensible encore, prêt à rompre. « J’ai travaillé en direct,

en utilisant les accidents. Je me suis laissé surprendre et porter par ces acci-dents, comme le personnage de Simon. C’était une forme d’impro, comme un jazzman qui se plante mais qui va utiliser ça pour rebondir. J’ai trouvé les solutions en progressant. Quant à la couleur, je ne l’utilise pas pour faire beau mais de la même manière que la lumière au cinéma. »

C’est la couleur qui raconte, une histoire profonde et légère, parce qu’un livre de Pedrosa, lu à la clarté du Portugal, c’est tendre et âpre parfois, drôle toujours, à fleur de peau, pu-dique et nu jusqu’à l’os. Croit-on qu’il ne s’y passe pas grand-chose… et tout y est dit du voyage vers qui l’on est en cherchant d’où l’on vient. Il en surgit une œuvre intime et universelle, ma-gnifique lettre adressée à tous les mi-grants du monde.

Bom dia chamo-me Simon. Simon Mucha. •

Vous dites ?...

Vous dites ne pas aimer Tintin…Je reconnais l’habileté

d’Hergé, mais depuis que je suis petit Tintin m’ennuie. C’est chiant, froid, sans humour. Astérix m’a donné envie de faire de la BD. Aujourd’hui, j’aime Blutch, son exigence, son ambition, sa virtuosité. Il n’est pas là pour faire du beau.

Vous dites (Simon), dans Portugal, « J’avais passé de longues années à consciencieusement rater mes livres »…Je me suis un peu

réconcilié avec mes précédents livres. Mais Les Cœurs solitaires, mon premier album seul, est un album que je n’ai pas réussi. Cela dit, si tu ne te trompes pas, tu ne peux pas réussir quelque chose par la suite. Jusqu’à Portugal, je ne savais pas très bien pourquoi je faisais des livres. À présent, je sais un peu plus où je suis.

Vous dites que si vous n’aviez pas rencontré David Chauvel*, vous n’auriez jamais fait de BD…Je n’étais pas assez fort

à l’époque dans mes convictions et mes désirs. Je retrouve David à présent pour un nouvel album. Je vais me remettre au service de son histoire : deux frères qui vivent dans un pays en guerre ; ça parle de leur relation sur fond d’aventure avec un côté fantasy. Ce sera une parenthèse avant de rependre un travail personnel.

* Sur des scénarios de Chauvel, Cyril Pedrosa a dessiné Ring Circus (4 tomes de 1998 à 2004), Brigade fantôme (2 t.), Shaolin Moussaka (3 t.). Et en solo Auto-bio (2 t., prix Tournesol 2009) et trois one shot : Les Cœurs solitaires, Trois ombres (Prix Essentiel et Prix Public, Angoulême 2008), Portugal.

En haut à gauche : couverture de l'album Portugal ;Les autres images sont issues du carnet de croquis de Cyril Pedrosa.

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livres, disques, films...

internet exhausteurspierre labardant

http://lab.andre-michelle.com/pulsate

Faire mumuse avec les bubullesAndré Michelle est un autodidacte qui a repoussé l’application Flash dans ses derniers retranchements pour créer des outils de travail du son. Il a hissé ses expériences à un tel niveau qu’il a réussi à convaincre Adobe de déve-lopper ses fonctionnalités et diffuse depuis quelques mois une interface révolutionnaire de home studio baptisée AudioTool. Le chercheur n’en reste pas moins poète. Il propose sur son site laboratoire une expérience réjouissante, Pulsate, qui mêle l’image au son. En créant des cercles qui grossissent et s’entrechoquent, vous libérez des tonalités et composez une partition dont vous perdez le contrôle.

www.drawastickman.com

dessine-moi un siteVoilà encore un bel exemple de ce qu’un élan participatif peut produire de plus frais sur Internet. drawastickman.com est un site qui vous invite à dessiner un motif pour commencer une aventure en ligne. Ce personnage, cet objet ou cette forme indéterminée prend vie et vous entraîne dans une suite de saynètes. Vous êtes l’internaute-héros. Vous devez voler au secours de votre protégé en dessinant les solutions à ses problèmes. Peu importe la qualité de votre dessin. Seule compte votre ferme volonté de sortir l’acteur principal d’un mauvais pas.

http://stockingisthenewplanking.com

Tout le monde il est beau. Tout le monde il est gentilLes sites de banque d’images s’apparen-tent au monde des Teletubbies. Les gens sont souriants, gesticulants et de toutes les couleurs. Ils prennent des poses insensées, se munissent d’accessoires improbables et garnissent la mise en scène d’animaux de compagnie. Stockingisthenewplanking.com vous propose de rejoindre cette famille d’iStockphotographiés. Choisissez une photo originale et recréez un univers à la mode de chez vous. Souriez bêtement, emparez-vous d’une perceuse ou enlacez un enfant. Vous êtes iFormidable.

BAXTER DURY

happy soupRegal / eMI

Baxter est le fils de Ian. L’enfant du sexe, de la drogue et du rock’n’roll. Assurément.

Pourtant, le retour de l’héritier Dury ne doit rien à la déviance. Le cockney railleur

dit avoir retrouvé le goût de l’effort mu-sical en courant le marathon de Londres. Effrontément. L’inspiration est revenue

après sa rencontre avec Madelaine Hart, l’envoûtante voix féminine de ce nouvel

album. Passionnément. « Happy Soup » est un jet de rocailles et une infinie caresse. Le goudron volant dans les plumes. Brillam-

ment !. • P.L.

BLOOD ORANGE

coastal groovesDoMIno RecoRDs

Devonte Hynes aime multiplier les noms de scène et les identités musicales. Après avoir sévi en 2008 sous le pseudonyme de

Lightspeed Champion pour une production folk, le grand dadais revient cette année avec une breloque au scintillement 80’s.

Un album mancunien dont les rythmes se marquent à la boîte à rythmes et s’embal-lent au son des guitares. Le gamin améri-

cain n’a pas connu l’époque dont il veut se faire l’écho musical, mais il vole la vedette à la plupart des héros britanniques du siècle

passé. Sa Big mouth strikes again. • P.L.

PHOSPHO

time hitscRèMe bRûlée / la baleIne

Et les Deux-Sèvres bordel ! Tel est le cri légitime qu’adresse l’amateur de pop souf-

frant de voir les chroniqueurs mondains musicaux se gargariser uniquement de la scène anglo-saxonne. Car Niort ne laisse pas aux Chamois l’exclusivité du bond et

rebond. Les rythmes des Phospho indigènes provoquent des spasmes et poussent aux sautillements. La post-punk outrageuse du premier album a mûri en electro-pop

rageuse dans le second. Sans renier la voix habitée d’un chanteur aux confins du grave

et de l’énergie. It’s time for the hits.• P.L.

PHIL SUTCLIFFE

ac/dc high-voltage rock ’n’ roll

l’ultime biographie illustrée

chêne e/P/a

Je dois avouer que j’ai un faible pour les beaux livres sur le rock qui racontent des histoires à grands renforts de photos et de reproductions d’objets, de pochettes et d’affiches plus belles les unes que les

autres. C’est le cas avec cette magnifique bio-discographie d’AC/DC, le groupe qui

joue plus fort et plus vite que son ombre. En 220 pages très fournies, c’est trente- huit ans de l’histoire du rock et du hard rock qui défilent dans ce foisonnement

bien dans l’esprit de cette formation adepte des excès en tout genre. À noter : la couver-

ture est ornée d’un joli gimmick. • P.T.

JOHN MARTYN

heaven and earThhole In the RaIn/V2

Bien qu’il faille, en général, se méfier des disques posthumes, ce « Heaven and Earth », élaboré et pré-assemblé par John Martyn peu de temps avant sa mort, en

janvier 2009, est, au contraire, remarquable et cohérent de bout en bout. Le premier morceau, Heel of The Hunt, donne le ton avec ce mélange de douceur, de noirceur,

de virtuosité, de force et de violence carac-téristique du talent protéiforme de celui

qui fut un immense chanteur et guitariste, un des très influents maîtres du folk rock et

du rock anglais pendant plusieurs décen-nies. Une acquisition indispensable pour

les fans et pour les autres. • P.T.

THE KOOKS

junk of The heartVIRgIn/eMI

Après Miles Kane, poursuivons l’explo-ration de la nouvelle génération de pop

rockers britanniques, jeunes, chic, décon-tractés mais classieux dans leurs partis pris

musicaux. Ce troisième album contient tous les ingrédients pour les faire accéder

à la gloire : des mélodies accrocheuses, des guitares implacables et allègres, de l’éner-

gie à revendre et des voix bien en place entre celles de leurs parents, les Beatles, et

celles de leurs grands frères d’Oasis. Le qua-tuor de Brighton n’a peut-être rien inventé, mais il le fait tellement bien. Chaudement

recommandé pour prendre un bain de jouvence rock pop au cordeau. • P.T.

JIM MICKLE

stake lande one

Road movie proche, par son nihilisme, du film La Route, Stake Land propose une ap-proche du film de vampires assez nouvelle

tout en en conservant les bases princi-pales. L’histoire n’est pas d’une grande

originalité – le thème est récurrent depuis quelques années – mais les personnages, en revanche, sont suffisamment fouillés

pour donner envie de suivre cette aventure hors norme. Le réalisateur en profite pour exprimer quelques inquiétudes quant au pouvoir des politiques, sans oublier pour

autant les conséquences du fanatisme reli-gieux et des bassesses humaines. • G.D.

LI WEN QI

la légende du dragon

oPenIng

Trois heures de film sur le personnage de Bruce Lee. On pensait que tout avait déjà été dit, et effectivement ce film n’apporte

rien de nouveau sur la question. D’ailleurs, le scénariste insiste principalement sur la passion des arts martiaux au détriment de la carrière cinématographique de B. Lee. Un choix que l’on aurait pu comprendre, mais le tout respire le parti pris et accumule les erreurs. Heureusement, le DVD est sauvé

par les bonus qui, eux, apportent des éclair-cissements intéressants sur divers aspects

de la vie et de la personnalité de cette icône des arts martiaux au cinéma. • G.D.

PLUSIEURS RÉALISATEURS*

coffret destination mars

aRtus fIlMs

Ne vous attendez pas à visionner les grands films fondateurs de la science-fiction, mais vous prendrez plaisir à vous laisser porter par le charme naïf de ces petites séries B

surannées qui sévissaient durant la guerre froide des années 50. Ne voulant pas

officiellement attaquer le communisme soviétique (la méchante bête « rouge » amé-

ricaine), les réalisateurs redoublaient de malice pour contrer les scripts reflétant les peurs paranoïaques d’invasion et d’asser-

vissements. Ainsi, « les méchants » envahis-seurs venaient de l’espace (principalement

de l’Est) pour conquérir « le monde-des- libertés » qu’était l’Amérique. • G.D.

* Les Envahisseurs de la planète rouge (1953) de W. C. Menzies / 24 H chez les martiens (1950)

de K. Neumann / Flight to Mars (1951) de L. Selander / Red planet Mars (1952) de H. Horner

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cdcdcd

cdlivre

dvddvd dvd

un peu de légèreté dans ce monde d’internet

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