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Mesdames et messieurs... expressions est une publication gratuite et bimestrielle n o 9 Avril / Mai 2009 www.magazine-expressions.com GRATUIT Mesdames et messieurs... Dossier | Les cirques

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Mesdames et messieurs...

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no9 Avril / Mai 2009

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i m p r i m e u ri m a g i n a t i f

LeS SpÉcIALISteSdu lundi au vendredi

9h10 - 9h40au 05 46 50 67 68

France BleuLa Rochelle répond à

toutes vos questions de la vie quotidienne.

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EDITO

SOMMAIRESOMMAIRE

Les cirques

Galaxie Enfants de la Zique

La saga de Cristal (1/2)

OpUS : la compagnie qui déménage

Faire bouger des lignes

spectacle vivant

musique

musique

audiovisuel

arts plastiques

audiovisuel

littérature

internet + design

jeune public

portrait

portrait

Agenda

Shopping

Passe ton bac après

Le court-métrage version débrouille

Un bonobo dans la brume du marais

Le Cinochelle

La bande à ADER

Présage funèbre

L’autre histoire de L’autre fois

Mais ça m’a vite gonfl é

Bernard Mounier, la vie d’un homme disponible

Depuis que le marketing et la communication ont gagné le champ artistique, assimilant le livre à une boîte de petits pois, les arts plastiques ou la danse à un discours, la musique à un fi chier téléchargé, comprendre ce qui fait la valeur d’une œuvre d’art ne s’est guère simplifi é. Qu’une pièce de théâtre attire vingt personnes renseigne-t-il sur sa qualité, que les ventes d’un disque dépassent le million a-t-il plus de sens ?

Par ailleurs, la connaissance que l’école, l’université et les mé-dias nous transmettent repose sur des choix dont nous sommes souvent incapables d’expliquer le fondement. Quel tamis sert à trier les artistes, élevant certains au rang d’icône, reléguant les autres dans l’oubli ? On sait que les clas-siques ne l’ont pas toujours été. Pourquoi Proust a-t-il été refusé par Gallimard et publié à compte d’auteur, pourquoi les archives de Guy Debord viennent-elles d’être classées « trésor national » par la France alors qu’il se félicitait de « mériter la haine de la société de son temps », pourquoi Van Gogh est-il mort incompris ? Que restera-t-il des œuvres du temps présent ?

Pour essayer d’y voir plus clair, chaque personne ou école de pen-sée choisit des critères politiques, esthétiques ou moraux, voire sociaux. Mais réfl échir à tout cela suppose qu’on puisse échapper au temps de la propagation ins-tantanée des avis, des images, à la « télé-objectivité » comme dit Paul Virilio, et recouvrer la vue sur ce qui nous entoure.

Nicolas Giacometti ¬

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Archéologie intime

Le cirque, maman, le cirque est là !Le mégaphone de la voiture-parade se fait rare. Heureusement qu’il y a les manifs pour empêcher que cet appareil ne tombe dans l’oubli.

Expressions – 36, rue Beltrémieux, BP 32046 – La Rochelle – Tél. 05 46 43 19 20 – Fax. 05 46 00 08 12email : [email protected] / Site : www.magazine-expressions.com

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Directeur de la publication : Pierrick Zelenay / Responsable de la rédaction : Nicolas Giacometti / Ont collaboré à ce numéro : Gilles Diment, Jacky Flenoir, Catherine Fourmental-Lam, Fred 4 nier, João Garcia, Marilyne Gautronneau, Xavier Guerrin, Philippe Guerry, Dany Huc, Olivier Jaricot, Jess, Pierre Labardant, Philippe Thieyre / Date de parution : Avril 2009ISSN : 1960-1050 / Photographe : Julien Chauvet / Maquette : Antichambre Communication / Mise en page : Cyril PerusImpression : IRO - ZI rue Pasteur - Périgny / Service commercial : François Fottorino 05 46 43 19 20Expressions est une publication gratuite et bimestrielle de Performances Sports / Tirage : 10 000 exemplaires

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Sous l’appellation cirque, se croisent désormais toutes les problématiques du spectacle, aussi bien artistiques qu’économiques, bien au-delà d’une simple opposition formelle entre la tradition et la modernité.

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Enceinte et itinéranceGrüss (Alexis et Arlette), Zavatta, Amar,

Bouglione, Pinder, Medrano… Autant de noms qui fleurent bon les chapiteaux, les parades, la caravane de camions, l’odeur des fauves, les places de village et les aires de stationnement désaffectées. Archaos, Zingaro, Plume, Baroque et du Soleil, ces appellations évoquent, elles, ce nouveau cirque, initié il y a plus de trente ans déjà, fonctionnant sur des thématiques et des canevas théâtralisés. Le cirque, originelle-ment, c’est d’abord une enceinte circulaire puis, par extension, un manège équestre et enfin le spectacle complet lui-même. Les premiers numéros, apparus à Londres au xviiie siècle, sont équestres. Des artistes comme Zingaro renouent ainsi avec les origines. Au milieu du siècle suivant, les chapiteaux succèdent peu à peu aux constructions en dur et les spectacles eux-mêmes s’enrichissent de disciplines nou-velles. Les ménageries et les dompteurs rejoignent les circassiens qui se transfor-ment en artistes itinérants. Chaque année, clowns, jongleurs, voltigeurs, dresseurs et animaux sont attendus avec impatience. Mais les temps changent, les difficultés fi-nancières et les faillites s’amoncellent au début des années 70. S’ensuivent des réo-rientations : en 1974, l’actrice et directrice de théâtre Silvia Monfort s’associe à Alexis Grüss qui revendique le terme de cirque à l’ancienne. À la même époque apparaît le nouveau cirque qui, sous les influences conjuguées du théâtre, du mime et de la liberté artistique post 1968, réinvente les numéros traditionnels. Parallèlement

naissent des écoles du cirque (voir en-cadré) sous l’impulsion d’Alexis Grüss et du couple Annie Fratellini et Pierre Etaix.

Les grands GrüssArlette Grüss avait l’habitude de

démarrer ses tournées par des repré-sentations à La Rochelle. Ce n’est plus le cas, mais la caravane revient réguliè-rement planter son chapiteau au port des Minimes après le baptême du feu à Bordeaux sur la place des Quinconces, un des très rares emplacements forains en centre ville. Avec son armada de ca-mions, son énorme chapiteau de 1 600 places assises, sa ménagerie (vilipen-dée par les défenseurs inconditionnels des animaux), le cirque Arlette Grüss parcourt la France. La tournée compte plus de vingt-cinq arrêts, en général de grandes agglomérations, et se termine par Paris. Autre figure emblématique, le cousin Alexis a adopté une autre stra-tégie, moins itinérante. Avec nombre de numéros basés sur l’art équestre, il a investi un château provençal, à Piolenc, a transformé le lieu en parc des arts du cirque proposant des spectacles, mais aussi des répétitions et des formations. Ces Grüss y passent une bonne partie de l’été avant de transhumer vers Paris et le bois de Boulogne en plusieurs étapes. Ces énormes cirques emploient

Les difficultés financières des années 70 ont contraint les grands cirques à réorienter leur travail.

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Un théâtre qui fait le cirqueSi le cirque a su se moderniser en lorgnant vers le texte, qu’en est-il du théâtre ? Initiative qui a déjà fait ses preuves en Poitou-Charentes, la compagnie rochelaise Avis de Tempête récidive en préparant un Ubu roi itinérant et acrobate. Immersion à dix jours de la première.

À Échillais, le chapiteau a poussé à côté d’une rangée

de pavillons tranquilles. Le texte vient du répertoire. Jean-Jacques Faure, le Monsieur Loyal de cette aventure, y tient. Mais le lieu est celui du cirque, sans concession. Dès 9 heures, quelques pieds foulent l’herbe et sortent des ca-ravanes pour rejoindre le point de rassemblement, au centre de la piste. Premiers gestes, premières étreintes chorégraphiées. « T’es chaude ? » lance Mika Dubois, Ubu au réveil, avant d’emporter Véronique Chabarot, Bordure en jogging. La troupe est resserrée et, comme souvent dans le cirque traditionnel, familiale : le père y a convié sa fille, chacun est plus ou moins ami. Quatre jeunes circas-siens bousculent l’expérience des deux acteurs confirmés. Chacun doit aller vers ce qu’il n’est pas. Même la pianiste devra dire un texte. Échauffements pour tous : le spectaculaire est en première ligne, c’est d’abord le corps qui requiert toute l’attention.

Habiles dosagesLes ateliers se succèdent, se

jouxtent. Véronique part peaufi-ner un numéro de marionnettes dans le foyer rural, leur créatrice rectifie un masque au cutter, ra-joute dans l’urgence de la patine. Le metteur en scène passe par là, donne de nouvelles indications de jeu. En s’ouvrant au cirque, la pièce verse même dans la foire : aucun rôle n’est figé, la farce d’Ubu s’y prête ; Véronique tient quatre rôles, la mère Ubu se dédouble en deux jeunes filles. Mais les libertés qu’offre le cirque doivent apporter de la force au texte, non de l’esbroufe, d’où les

réglages anxieux. À midi, steak-purée à la cantine de l’école : dans le brouhaha, curieusement, ce sont les animateurs du centre de loisirs qui sont grimés et les acteurs plus sages. Le filage de 15 heures réclame déjà leur concen-tration.

Les artistes découvrent, fébriles, des costumes qui devront incar-ner les rôles autant qu’autoriser les voltiges. Quelques plaisante-ries fusent. Silence. Musique. Les scènes s’enchaînent presque sans anicroches, le rythme est péta-radant. La farce grinçante sur la bêtise et le pouvoir, aidée par la circularité de la piste, s’avance en un spectacle total : les oscillations du mât chinois imposent un trône menaçant, le tissu aérien permet une apparition étourdissante de la mère Ubu. Jeux du cirque et jeux de rôles ne se superposent pas, mais se mêlent.

Une scène à faire partager« Je suis content… » : soulagés et

épuisés, les artistes écoutent le metteur en scène les rassurer. Le double travail commence à payer. Une visite d’habitants d’Échillais plus tard, le chapiteau a réussi à créer une proximité inédite à laquelle la troupe ne cesse de répondre comme à une de ses missions. Enfin, retour à la cara-vane pour le dernier week-end de vacance avant les représenta-tions. « Merdre » à tous.

Catherine Fourmental-Lam ¬

Saint-Jean d’Angely, lycée Louis-Audouin-Dubreuil, 9 et 10 avril.Rochefort, La Coupe d’Or, 14, 15, 16 et 17 avril.www.cieavisdetempete.com

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des dizaines d’intermittents polyvalents pour plus de 200 représentations par an, des semaines de mise au point et sept jours sur sept de travail. Le prix des places oscille entre 15 et 50 euros pour des spectacles qui s’adres-sent à tous les publics, les plus jeunes enfants ayant souvent des après-midi réservés.

Le petit Gamin de Tonnay-CharenteÀ l’autre bout de la chaîne, le cirque du

Gamin1 possède un chapiteau pouvant ac-cueillir 200 personnes, trois caravanes, une remorque et une ménagerie comprenant le fameux Gamin, un baudet du Poitou, Auguste, un âne de Sardaigne, trois chiens, une furète, un coq, une poule de Pékin et trois pigeons. Établie depuis 2006 sur un terrain du centre social de Tonnay-Charente, cette troupe s’appuie sur un trio hétéroclite : Arnaud Sarezza est plasticien ; Cécile Gerbier était prof de philosophie et organisait des résidences de cirque en Berry avant de sauter sur la piste ; quant à Frank Joly, il a acquis les techniques circassiennes après quelques pé-régrinations. D’abord photographe de mode parisien fréquentant les groupes de rock al-ternatif, il bifurque un jour vers l’Ardèche et les spectacles de rue puis, à 30 ans, il rejoint le cirque d’Alexis Grüss comme palefrenier et, pendant trois ans, apprend sur le tas l’indispensable polyvalence de ce métier, de

les cirques

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la piste à la régie. Par la suite, en Poitou-Charentes, il forme Nemo, puis le Gamin.

À partir d’un schéma narratif laissant une grande part à l’improvisation et à l’adaptation, les créations sont conçues et testées à Tonnay-Charente, décors et costumes, style Tati (celui de Jacques, le réalisateur), étant fabriqués sur place. Dans un deuxième temps, le spectacle est vendu (entre 3 000 et 3 500 euros à la journée avec tarifs dégressifs, transport et installation inclus) à une association, des municipalités ou des organismes publics, les écoles n’ayant souvent même plus le budget nécessaire. À Tonnay-Charente, le prix d’entrée est fixé entre 4 et 8 euros alors que le coût réel serait de 35 euros. Selon les années, le budget global se situe dans une large fourchette entre 20 000 et 50 000 euros, dont une bonne partie est affectée à l’entretien du chapiteau et à la sécurité dont les contraintes administra-tives ne cessent de se démultiplier. Cela équivaut à deux ou cinq jours d’entretien des ménageries et des installations pour Grüss ou Medrano.

Arts de la piste et subventionsToutefois, sans subventions, il leur est

difficile de se développer, le corollaire étant une précarité omniprésente. D’autre part, malgré ou peut-être à cause d’un âpre combat pour la reconnaissance de ses droits face à des Assedic qui n’aiment guère les intermittents revendicatifs et pugnaces, Frank Joly et sa polyvalence ont été exclus des bénéficiaires. Il doit se contenter provisoirement d’un contrat CAE de 800 euros mensuels. Au-delà de cet exemple, il en va de la survie de ces cirques de proximité, accessibles à tous, qui ouvrent les portes vers des spectacles plus grandioses, d’abord ceux des troupes intermédiaires, souvent familiales, com-me les Moralès, les Rasposo ou le cirque Ronaldo, puis ceux des grands chapiteaux, qu’ils soient traditionnels ou nouveaux. Parallèlement, les arts circassiens peu-vent aussi être découverts par le biais du théâtre. Fondée à La Rochelle en 1992 par le metteur en scène et acteur Jean-Jacques Faure, Avis de Tempête est une compagnie théâtrale qui, depuis 2001 et l’acquisition d’un chapiteau, se présente comme un théâtre forain ou itinérant (voir encadré). Les créations sont, là aussi, vendues à des communes, des scènes nationales (La Coursive) ou conventionnées (La Coupe

d’Or). En revanche, probablement en raison de ce statut de compagnie théâtrale, Avis de Tempête reçoit les indispensables subventions sur une base triennale de création et d’action culturelle par la région et le départe-ment, et annuellement par La Rochelle et la Drac pour le fonctionnement et la redistribution artistique.

Philippe Thieyre ¬

1. Site : www.cirquedugamin.com Frank Joly s’est blessé au genou : les représen-tations du Commis sont interrompues jusqu’à début juillet. Un autre excellent cirque, basé en Charente : les Arrosés à Rouillac.

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Les petits cirques de proximité sont en danger, ceux qui ouvrent les portes vers les spectacles plus grandioses.

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p5dossier

Les écoles de cirqueInscrire un enfant dans une école de cirque, c’est arracher une victime à un cours de danse ou à un entraînement de foot. S’inscrire en tant qu’adulte, c’est échapper aux contorsions du yoga et ne jamais commencer le bridge. Ça va jongler dans les chaumières !

Avec le développement des arts dits « de rue », les ateliers péda-

gogiques ou les troupes diffusant leur savoir en matière de cirque sont de plus en plus nombreux. Mais encore faut-il se repérer dans ce nouvel univers de la corde raide. La première précaution, si aucune bonne adresse ne vous a été re-commandée, est de s’informer auprès de la Fédération française des écoles de cirque (FFEC1). Cet organisme offi-ciel fournit la liste des écoles agréées regroupées au sein des 13 fédérations régionales des écoles de cirque (FREC2). Au niveau régional, deux écoles béné-ficient de ce « label » qui garantit l’ap-plication de la charte de qualité signée entre le ministère de la Culture, le mi-nistère de la Jeunesse et des Sports et la fédération : les Bateleurs qui officient à La Rochelle et Cirque en Scène à Niort3.

Leurs cours s’adressent aux enfants et aux grands qui veulent goûter, à titre de loisir, aux premières sensations de l’acrobatie, aux joies de l’équilibre et à la satisfaction du savoir-jongler dans le cadre de cours hebdomadaires et de sta-ges. Des programmes équivalents sont également proposés dans des petites structures de quartier par des troupes comme Aire de Cirque à Ferrières ou Hors Piste à La Rochelle4.

Faire de la piste son métierPassé le temps de l’initiation aux disci-

plines du cirque, certains seront tentés d’en faire leur vie. Pour se préparer à ces métiers, des cursus sont dispensés par des établissements « officiels5 » aux éléments les plus motivés. C’est en particulier le cas de l’École nationale du cirque installée à Châtellerault, qui en-seigne depuis 1995 les ficelles du cirque avec une option « arts du cirque » réser-vée aux élèves des sections littéraires (série L) du lycée Marcelin-Berthelot. En 2000, l’école est devenue Pôle national de ressources arts du cirque et elle a complété depuis son offre en accueillant des adultes pour des programmes de formation professionnelle (formation professionnelle complémentaire d’inser-tion et formation continue). Le processus d’apprentissage s’appuie sur le dévelop-pement des spécialités (classées en cinq familles : acrobatie, aérien, équilibre, manipulation et clown), des disciplines de base et de la connaissance culturelle et historique du cirque. Il repose égale-ment sur l’organisation de spectacles qui viennent ponctuer le cursus des étudiants. Le choix est donc vaste pour revêtir son justaucorps le plus serré et se gesticuler sous les hourras de la foule.

Pierre Labardant ¬

1. www.ffec.asso.fr2. Notre représentation régionale est la FREC

Atlantique : Éric Ledru – 6, bd Winston-Churchill - 72100 Le Mans - e-mail : [email protected]

3. http://cirque.les.bateleurs.free.fr/ www.cirque-en-scene.fr

4. www.festivalbazarts.com/03_compagnies/airedecirque.htm / www.ecole-cirque.com

5. Il existe quatre écoles nationales sur le territoire : l’École nationale de cirque de Châtellerault (www.ecoledecirque.org), le Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne (www.cnac.fr), l’École nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois (www.enacr.com) et l’Académie Fratellini (www.academie-fratellini.com) à Saint-Denis.

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p6 musique

Galaxie Enfants de la ZiqueDe nombreux enfants ont la chance de côtoyer, dans leur école, les paroles et musiques de chanteurs francophones talentueux et inspirés, grâce à un réseau toujours en expansion. Décryptage d’une nébuleuse.

Un dimanche matin, alors que vous préparez les tartines du petit-déjeu-

ner, vous entendez soudain, venant de la salle de bains où il barbote, la voix de votre Lulu, 7 ans, psalmodiant avec quelques libertés de rythme et d’interprétation : « Je lui dirai les mots bleus-eu-eu ceux qu’on dit avec les yeux-eu-eu… » La tartine en arrêt, vous vous perdez un instant en conjec - tures et cherchez à comprendre…

EssaimageTout a commencé avec les Francofolies,

nées en 1985 à La Rochelle. Au fil des ans, le festival prend de la force, et en 1992-1993 ses organisateurs mettent en place « Les semaines de la chanson » : des artistes vont à la rencontre des enfants dans les écoles. Le lien avec les enseignants est noué. Un lien qui, au fil du temps, va se diversifier, se décliner en plusieurs dispositifs dans une logique d’expansion et de propositions.

En 1995 naissent les très légitimes Enfants de la Zique avec un séduisant support pédagogique, un kit livret/CD éla-boré sous la direction de Gérard Authelain, écrivain et musicien intervenant en milieu scolaire.

En 2001 l’opération devient nationale, avec la collaboration du Centre national et du Centre régional de documentation pédagogique, et fusionne avec la Fête de la musique en 2007 ; 40 000 exemplaires du kit seront diffusés, à la demande des enseignants.

L’objectif est en la découverte de la chan-son en classe, par l’écoute et les résonnan-ces artistiques qui la prolongent. Chaque année une douzaine de chansons sur un thème choisi nourrissent cette approche.

Les Francofolies et l’Éducation nationale mènent ensemble de nombreuses actions auprès des enfants, avec la musique pour fil rouge.

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p7musique

Le thème du kit pédagogique de cette année 2009, De toutes les couleurs, pro-pose, entre autres, des chansons de Christophe, Bashung, Nougaro, Souchon, Sansévérino…

Pour mener cette approche avec les en-fants, les enseignants ont souhaité une formation : le Chantier des profs réunit cette année quelque 35 professeurs de toute la France ; où l’on retrouve le terme

« Chantier » donné aux sessions d’accom-pagnement de groupes et chanteurs

professionnels qui viennent à La Rochelle peaufiner leur travail

(cf. l’article sur le Chantier des Francos dans notre no 3). Le champ va alors s’élargir

encore.L’attribution en 2005 de la

salle du Chantier sur l’espla-nade Saint-Jean-d’Acre ren-force l’ouverture des Francos

et de ses satellites sur la ville.En 2006, en collaboration

avec la Ville de La Rochelle, est créé le dispositif « Le Chantier prend ses quar-

tiers ». 50 jeunes des quar-tiers, les animateurs, les centres

sociaux et de loisirs portent un large projet de sensibilisation : un

stage chanson, des concerts-découvertes des artistes du Chantier, une approche « reportage » des Francofolies seront fina-lisés dans des actions de communication (flyers etc.) conçus par les jeunes totale-ment investis dans l’histoire. Des concerts sont également programmés dans les quartiers pendant les Francos.

En 2009, arrivée d’un nouveau satellite, « Ma classe Chanson », en collaboration

avec les affaires culturelles de la ville, l’inspection académique et l’Éduca-

tion nationale. Dans ce cadre, deux classes de CM2 (écoles Louis-Guillet à Mireuil et Lavoisier à Villeneuve-les-Salines) aborderont, avec leurs professeurs, le chant, le sample, le slam, les percussions corporelles, du 8 au 12 juin.

Famille nombreuse, famille heureuse !

À cette arborescence féconde il faut ajouter les « Classes découvertes

de la chanson » – action locale dans les écoles primaires, les collèges, les ly-

cées, avec des propositions à la carte quand c’est possible –, la 4e édition des Francos Juniors (un concert par jour durant le fes-

tival) et les images produites par les jeunes spectateurs et exposées durant les Francos. Ajouter aussi des collaborations ponc-tuelles : les concerts de fin de résidence du Chantier des Francos à La Coursive, et, cette année, une collaboration avec l’université de La Rochelle et le Centre départemental de documentation pédagogique pour la 15e édition de « 50 classes à la page », une approche des médias et du travail journa-listique par des jeunes, du CE1 à la termi-nale. Le 13 mai, pour la clôture de cette édition, le parrain de l’opération, Arthur H, rencontrera les élèves et les enseignants à la maison de la Charente-Maritime, puis le grand public et les étudiants, autour de son livre Onirique Attaque, à l’université.

Les Enfants de la Zique, en live !École du Prieuré, le 10 mars, 14 heures ;

une vingtaine d’enfants de 7 à 10 ans et leur « maîtresse », Gaëlle, formée au Chantier des profs.

Aujourd’hui on écoute Clarika chantant Les Patineurs. C’est une belle mélodie, sen-sible, les mots glissent et s’envolent… et ces visages d’enfants, attentifs, concentrés et leurs yeux embarqués, au loin…

Il y aura une première écoute, une deuxiè-me… et puis les commentaires des enfants : « C’est une musique de Noël » dit l’un, « une chanson douce, classique » dit un autre, « ils font des arabesques », « des courbes »… « Est-ce que c’est fluide ? » demande la maîtresse. « Oui c’est fluide, c’est pour glisser le mieux sur la glace » répondent les enfants. Ces pe-tites voix qui cherchent les mots pour dire sont très émouvantes. Ils dessineront aussi, pour dire… des arabesques et des courbes sans fin, librement.

Après on osera discuter un peu avec eux… Camille, 7 ans, dit que la chanson lui plaît, avec plein de points de suspension… Pierre, 9 ans, qui ne veut pas nous contra-rier dit qu’il aime aussi le jazz manouche ; Louis, 8 ans, aime bien la chanson et aussi Téléphone. Ondine, 8 ans, aime beaucoup, de toute façon elle adore la musique, joue du tambour et de la trompette, peu à peu elle cafte toute sa famille qui joue de la flûte, du saxo…

Rien que pour ça, avec tout le respect pour l’ouverture et les objectifs pédagogiques attachés à toutes ces actions autour de la chanson, c’est magnifique de voir la magie de la musique et des mots à l’œuvre ; et on se prend à demander, en silence, à la vie de ne pas abîmer cette immense capacité des enfants à rêver et à aimer.

Dany Huc ¬

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musique p9

ConcertsLa RochelleAprès la belle soirée Azyl/Daniel Darc, malgré quelques longueurs, et le punk rock jouissif, acrobatique et rigolard des Wampas, XLR termine sa saison avec Mademoiselle K le 22 mai, toujours à la maison Georges-Brassens à Aytré.

RochefortLa Poudrière continue le combat de la diversité musicale en invitant : le 12 avril, Peps ; le 13 mai, Arman Méliès, le concert à ne pas manquer pour découvrir un univers vraiment singulier et original ; le 26 mai, la rencontre de Gabriela Arnon avec Thierry Bouyer et l’excellent musicien sud-africain Nibs van der Spuy.

La saga de Cristal1 / La Rochelle : de Cristal Production à Cristal Records

I l est parfois difficile de s’y retrouver dans les méandres des activités de

Cristal. Une association d’artistes, Cristal Production, domiciliée à La Rochelle et dont Éric Debègue est président. Cristal Publishing et Cristal Records, deux struc-tures commerciales, l’une enregistrant de la musique, l’autre la produisant, sont installées à Rochefort. Quant à Cristal Shop, le problème est réglé puisque, deux ans après son ouverture, grâce à des aides aux indépendants, le magasin de disques a fermé récemment. Finalement, le plus simple est de suivre le parcours d’Éric Debègue, l’homme à l’origine de cette architecture complexe.

Venu de Niort, ce dernier monte une compagnie de danse à La Rochelle en 1990. Sa rencontre avec le musicien et régisseur général Pascal Ducourtioux est déterminante : ensemble ils créent Cristal Production en 1992, une associa-tion permettant la mutualisation des moyens (communication, costumes, etc.), l’accompagnement des artistes régionaux (facturations des prestations, déclarations administratives), la production et la vente de spectacles, et l’aide aux organisateurs occasionnels. À noter qu’un intermittent ne peut pas adhérer à une association pour être rémunéré.

Danse, théâtre, musique, maison de pro-duction, studio d’enregistrement…Aujourd’hui l’association, dorénavant

dénommée « Cristal Production le quai des artistes », dont le centre de ressources et d’accueil est installé au Gabut*, regroupe 562 adhérents, essentiellement des artistes régionaux œuvrant dans tous les domaines, mais avec une prédilection pour la musi-que, la danse et la magie. Elle organise un millier de spectacles par an et compte huit salariés pour un budget d’à peu près un million d’euros. Elle se finance par les ven-tes de spectacles et un pourcentage (5 %) sur les contrats obtenus, auxquels s’ajoute une subvention de l’ordre de 45 000 euros. En septembre, elle organise une journée de spectacles pluridisciplinaires dans les rues de La Rochelle, le Festiv’art.

En 1994, Pascal Ducourtioux et son groupe, Café Noir, membre de l’associa-tion, cherchent à enregistrer des maquet-tes, puis un disque. Avec Éric Debègue, ils travaillent alors avec l’ingénieur du son François Gaucher, propriétaire d’un home studio (studio d’enregistrement construit chez soi) à Lagord. La réussite artistique du projet et sa prolongation commerciale, même modeste, font naître de nombreuses demandes de réalisation et de commer-cialisation discographiques de la part de musiciens locaux. La structure associa-tive n’étant absolument pas adaptée pour concrétiser ces projets, une société (SARL) voit le jour : Cristal Publishing pour l’enre-gistrement, la production et l’édition mu-sicale. Devant les difficultés rencontrées pour vendre le produit aux maisons de disques et à le diffuser, Éric met sur pied le troisième étage de la fusée : une maison de disques, Cristal Records, qui sera distribuée par Harmonia Mundi.

La suite au prochain numéro. Dans lequel on suivra l’installation à Rochefort et la création du studio Alhambra-Colbert.

Philippe Thieyre ¬

* Place de la Petite-Sirène, 05 46 44 96 48.

Du 4 avril au 2 mai, exposition photo « Rock et patrimoine » au carré Manbô dans les locaux du studio (79, rue Jean-Jaurès, 17300 Rochefort, 05 46 87 28 87).

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p10 spectacle vivant

Faire du théâtre autrement. Proche du public, les conventions élitistes tenues

à distance. Le fil rouge tiré par Pascal Rome depuis 1992 a décroché le succès. Assister à une représentation de son spectacle La Crèche à moteur suffit pour s’en convain-cre. Applaudissements redoublés d’un couple à la fin, le même qui remarquait quelques heures plus tôt : « Ça sent l’ama-teurisme. » Le directeur artistique ne lâche rien de son idéal, seize ans après avoir abandonné son métier d’instituteur pour monter sa compagnie de théâtre de rue. OpUS, l’Office des phabricants d’univers singuliers, mêle le travail de plasticiens, bricoleurs, comédiens… s’est produit en Syrie, au Mexique, en Grèce, en Afrique… Et c’est à Niort que devrait bientôt battre le cœur de la compagnie.

« Cela fait quatre ans que j’habite dans le Marais poitevin. Ça devenait compliqué et frustrant d’être partagé entre Dijon et le foyer », résume Pascal Rome, un homme dans « la force de l’âge » comme il se défi-nit lui-même, tout jeune papa.

Des performances au festival Au Village de Brioux-sur-Boutonne, comme au Nom-bril du Monde à Pougne-Hérisson, une col-laboration « affective et professionnelle » avec la compagnie de danse Volubilis, un spectacle Chez Cocotte avec la compagnie Carabosse… OpUS s’est déjà acoquiné avec nombre d’acteurs culturels locaux. « On veut un endroit assez spacieux pour que les plasticiens aient un atelier à eux, car tout part de l’objet. Notre répertoire de specta-cles tient des poètes bruts, dans l’esprit de Dubuffet et de Chaissac. Je m’attache à ces bricoleurs retraités qui perdent du temps à des choses inutiles. En défendant une cer-taine idée du patrimoine. »

Grâce à des univers oniriques portés par des engrenages mécaniques, la compagnie OpUS pourvoit spiritualité et émotions. « On avance par couches, on modifie, on cor-rige en fonction des réactions du public. »

Faisant fi d’une reconnaissance bien établie et de subventions facilement re-nouvelées par la région Bourgogne, OpUS ne prend pas de risques immesurés en s’implantant à l’Ouest. La compagnie jouit de points d’ancrage dans toute la région : à La Rochelle et son théâtre Verdière qu’Opus a inauguré en décembre 2007, au festival Coup de chauffe à Cognac, au théâtre d’Angoulême…

Sur son absence de programmation à la scène nationale du Moulin du Roc à Niort, l’artiste ironise : « Il paraît qu’il y a une scè-ne nationale à Niort… il paraît… » Toujours à l’écart de l’élitisme. Deux événements lui laissent espérer un changement. « Ça faisait longtemps que Niort ne s’était pas dotée d’un attaché aux affaires culturelles ; on sent que la nouvelle municipalité est attentive à la création artistique. On espère que l’implantation du Centre national des arts de la rue se fera à Niort. »

La reprise du spectacle Le Musée de Bonbana de Kokologo est programmée pour avril à Coulon. Au cœur du Marais poitevin, le public pourra assister aux représentations publiques de cette créa-tion réalisée avec la compagnie du Fil au Burkina Faso. Un avant-goût des « phabri-cations » à venir.

Marilyne Gautronneau ¬

Les représentations d’OpUS : www.curiosites.net

OpUS : la compagnie qui déménageNée en Bourgogne en 1992, la compagnie de théâtre de rue tourne aujourd’hui en France et à l’étranger. Son directeur artistique prospecte à Niort pour y installer le centre névralgique d’OpUS.

« Dans l’esprit de Dubuffet et de Chaissac… Je m’attache à ces bricoleurs retraités qui perdent du temps à des choses inutiles. En défendant une certaine idée du patrimoine. »

Niort

© Reynaud de Lage

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p11littérature

Un jour de 1924, à Paris, mon grand- père a eu un accident de moto. Une

blessure récalcitrante à la jambe et les conseils avisés d’un médecin les ont pous-sés, lui, ses béquilles et son épouse à venir respirer l’air marin. L’arrière-grand-père possédant une maison à Châtelaillon, ils s’y sont installés. En 1928, mon grand-père, mécanicien de métier, ouvre un garage au 126 bis, avenue Jean-Guiton à La Rochelle, près de l’église de La Genette. Il est le pre-mier spécialiste poids lourds à moteur die-sel de la ville. L’exiguïté des lieux l’oblige rapidement à construire un nouveau garage au 269 de la même avenue, un peu plus bas, dans le quartier de Port-neuf.

C’est au début des années 1970 que mon père reprend l’affaire, clefs en main, main de la fille, de son beau-père : entreprise « La Rochelle-Diesel ».

Quelques dizaines de kilomètres au nord de La Rochelle, route droite qui s’enfonce

dans le marais, la Vendée, Saint-Michel-en-l’Herm, place de l’église. En face, l’emplacement choisi par le grand-père de François Bon pour y installer son garage, en 1929. Imbriquée au garage, sa maison d’habitation « avec pour entrée une porte vitrée à bec-de-cane entre les deux pompes à essence » ; à côté, la petite maison du fils avec son jardin, où l’écrivain a passé sa plus tendre enfance. Son père reprend l’affaire familiale, la revend plus tard à un mécanicien rochelais, puis mène femme et enfants à Civray, dans la Vienne, et devient concessionnaire de la marque aux deux chevrons.

Mécanique du souvenirNul besoin d’avoir eu un parent garagiste

pour apprécier le récit de François Bon si vous n’avez rien contre les voitures et la mémoire ; simplement, si un jour vous avez eu un père, une enfance, ce livre ne

Bibliographie sélectiveSortie d’usine, Minuit, 1982Un fait divers, Minuit, 1984Temps machine, Verdier, 1992Paysage fer, Verdier, 2000Rolling Stones, une biographie, Fayard, 2002…et l’excellent blog de l’auteur : tierslivre.net

Archéologie intime

peut que vous émouvoir. La madeleine est le piston de la mémoire.

C’est dimanche, jour de fermeture. Le garage appartient aux gosses, les voici qui slaloment à bicyclette entre les véhicules, odeur de cambouis, d’huile de vidange et de graisse. Et hop ! On se hisse sur le siège conducteur d’un Berliet ou d’un Mercedes, volant énorme, bras écartés au maximum, c’est parti, voyage immobile et silencieux mais ô combien vertigineux, ultime frisson lors de l’intrigant « Pschiiiii » émis quand on actionne la pédale de frein. Autoradio maintenant allumé, tâtonnement vers la boîte à gants… premières Gauloises crapo-tées, un œil vissé sur l’image mensuelle du calendrier accroché derrière le siège.

Le jardin, « notre terrain de jeu préféré : une Aronde Simca noire aux sièges de skaï rouge, restée là des années et qui ne servait qu’à nous les gosses ».

Dans celui de mon enfance, séparant le garage de la maison : une Simca 1000 orange, sièges en skaï noir…

Mécanique de précisionMécanique1 est né de la mort du père.

François Bon a puisé dans la mémoire intime et familiale, cartes postales, liste de marques – « Rien que le mot Panhard, par la succession des modèles depuis la Dyna Z jusqu’à l’élégante PL 17, enfin la Panhard 24 pour le surbaissement de l’habitacle, l’intérieur cuir grain fin et l’odeur… » –, liste de noms, de lieux, souvenirs déclenchés par des photos prises par le père défunt – « L’appareil était notre Kodak à soufflet, à pellicule de format 6x9 […] Il a toujours eu ce goût pour les mécaniques optiques. » Récit précis et précieux, le plus bel hommage que puisse rendre un fils à son père.

« Lamento : temps que s’ébauchent les rêves, pas de voix encore mais sa présence, là-bas de l’autre côté d’une rive et qu’il nous faudrait rejoindre, on ne peut pas, par ces paysages plats avec ruines, paysages désolés qui sont le cadre monochrome de l’enfance, ainsi convoqués, écrasés, dénudés et simplifiés. »

Jacky Flenoir ¬

1. Mécanique, éditions Verdier, 2001.

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p12 littérature

On ne va pas reconstituer ici l’histoire de la « vallée des images ». Les prin-

cipaux acteurs institutionnels se sont progressivement installés dans le sillage du festival créé en 1974 : la Cité internatio-nale de la bande dessinée et de l’image – et en son sein la Maison des auteurs – puis l’École européenne supérieure de l’image. L’ensemble est couvé depuis 1997 par un syndicat mixte, le Pôle image – Magelis, où sont représentées collectivités locales et chambres consulaires. Allons vite, c’est Magelis qui subventionne : les stands dans certains salons, les publications, les frais de fonctionnement… Cela se glisse parfois comme un secret de famille à ne pas ébrui-ter, mais personne ne nie l’importance de ces subventions dans le soutien local à l’édition. Nulle raison d’en rougir pour-tant : jusqu’à une époque récente, la bande dessinée était littéralement snobée par l’Office régional du livre.

Lignes budgétairesÉditer de la bande dessinée est onéreux :

plein d’images partout, de couleurs parfois et, depuis la montée en puissance des éditeurs indépendants il y a une quinzaine d’années, les auteurs n’ont plus de limites quant au format, la pagination et la qua-lité du papier. Tant mieux. « On a fait à une certaine époque le boulot que ne faisaient pas les grands éditeurs », confirme Loïc Néhou, fondateur et cheville ouvrière des éditions « ego comme x », créées en 1994 et qui ont participé à cette affirmation des indépendants aux côtés de l’Associa-tion ou de Cornélius. La reconnaissance critique et l’audience de certains titres (le Journal de Fabrice Neaud avoisine les

Faire bouger des lignes« Capitale mondiale de la bande dessinée » a un côté bonimenteur. Angoulême a surtout des allures de Quartier latin. Les 150 auteurs que la ville se targue d’abriter ne sont pas tous « auteurs de bande dessinée », certains officient dans l’animation ou le jeu vidéo, mais cette densité singulière compose un écosystème foisonnant que les institutions observent d’un œil attentif et soutiennent parfois d’une main généreuse.

Bande dessinée

De gauche à droite et de haut en bas :La Tente sur le toit, éd. Warum

Une croisière au hasard, éd. ScutellaTournesols, éd. Scutella

Clumsy, éd. Ego comme Xaeiou, éd. Ego comme X

L’écume d’écume des jours, éd. WarumChoco Creed, éd. Café Creed

Ginkgo, éd. Café Creed

10 000 exemplaires vendus) ne peuvent cependant toujours pas garantir la péren-nité de la maison d’édition. Loïc Néhou le reconnaît sans peine, « ego comme x » vit de subventions. « Nul n’est prophète en son pays. À Tokyo, nous sommes exposés aux Beaux-Arts ; ici il faut régulièrement se rap-peler au bon souvenir des gens. » Un brin de lassitude, donc, pour cet éditeur qui vient toutefois de recevoir le Prix de l’édition Poitou-Charentes.

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p13littérature

Faire bouger des lignesSi elle ne suffit pas, la reconnaissance

locale peut aussi faire défaut. Thierry Groensteen, historien et critique de la bande dessinée installé en Charente, en a fait l’expérience en créant en 2002 les éditions de l’An 2. Positionnement édito-rial précurseur : une collection patrimo-niale, une autre féminine, une troisième proposant des ouvrages de réflexion sur la bande dessinée. Thierry Groensteen analyse avec lucidité l’enchaînement de faits qui l’ont amené à céder au bout de trois ans sa société aux éditions Actes Sud. « Je partais avec deux a priori favorables : d’une part la proximité géographique des auteurs, d’autre part l’absence d’une struc-ture éditoriale relayant le travail des entre-prises de l’image présentes localement. » Il avait par exemple fallu attendre deux ans pour que Kirikou, produit à Angoulême, sorte en livre, chez Milan. « Finalement, la proximité importe peu aux auteurs et il n’y a pas eu de réel intérêt de la part des entreprises. Je n’avais pas de statut asso-ciatif et les seules aides concrètes que j’ai pu obtenir ont été une présence au festival et la mise à disposition d’un entrepôt de stockage. Enfin, je n’ai pas eu la chance de publier de best-seller, comme Persepolis à l’Association, qui met n’importe quel édi-teur à l’abri pour dix ans. » Ce regard sans concession, Thierry Groensteen le porte aussi sur la nébuleuse éditoriale locale. « Ces initiatives, qui relèvent quand même pour la plupart de la micro-édition, sont une bonne chose… si ce n’est pas éternel. Les auteurs doivent veiller à ce que ne s’en-dorme pas leur capacité à se confronter un jour à un véritable album. »

Lignes éditorialesCafé Creed, la Maison qui pue (qui s’est

expatriée à Toulouse), Bonobo, l’atelier du Marquis, l’atelier du Gratin… Angoulême aligne en effet une densité remarquable de collectifs d’auteurs ou d’ateliers qu’il est difficile de recenser avec précision. Certains éditent des livres, d’autres ne publient qu’en ligne, comme Coconico, d’autres partagent juste un espace de tra-

vail, certains débordent très largement la seule bande dessinée. Café Creed, créé en 1998, est un des plus visibles dans le pay-sage éditorial. Cette association a publié une cinquantaine de livres, dont le dernier numéro de leur « prozine » Choco Creed, tiré à 1 500 exemplaires. « Pour les auteurs, il s’agit d’une carte de visite de luxe, admet David Benito qui a coordonné ce dernier numéro. Nous ne sommes pas à propre-ment parler une maison d’édition, nous n’avons pas de “ligne éditoriale”. Mais une cinquantaine d’auteurs gravitent autour du collectif, ce qui en fait quelque chose d’enrichissant pour tous. »

Il existe une porosité bienvenue entre tous ces groupes. Récemment, les éditions Warum, initialement parisiennes, sont ve-nues poser leurs cartons dans la cité. « C’est plus facile ici, reconnaît Benoît Preteseille. Je savais que je retrouverai des auteurs que je connaissais. Et le soutien de Magelis per-met des conditions de travail confortables. J’ai pu quitter mon job alimentaire et je peux m’occuper pleinement de Warum sans me coucher à 3 heures du mat’ comme à Paris. » Et Warum d’abriter dans la foulée le dernier-né des ateliers angoumoisins, l’atelier du Gratin.

Parmi les plus récentes candidates à l’aventure éditoriale, Soline Scutella té-moigne elle aussi de cet effet d’aubaine que permet Angoulême : « Je souhaite faire appel aux savoir-faire locaux, de la créa-tion à la fabrication. » Les trois premiers luxueux albums du catalogue plaident pour l’instant pour elle. Et l’éditrice affiche une ambitieuse détermination. « J’ai une position déontologique forte : on fait tout ici dans une démarche écologique. Et je ne sollicite pas de subventions : je suis chef d’entreprise, je fais du business. » Un mot qui accroche immédiatement l’oreille tant il est peu usité ici. Soline s’occupe elle-même du placement en librairie de chacun des 2 000 exemplaires de chaque titre – ce qui est le tirage moyen de la plupart de ces éditeurs.

Reste en effet à repérer la production angoumoisine parmi les 3 600 nouveautés annuelles (en 2008) qui inondent le secteur. Angoulême a créé les conditions d’une re-connaissance institutionnelle qui déborde largement le pays. En témoigne la nationa-lité des artistes hébergés à la Maison des auteurs : Corée du Sud, Inde, Italie, Canada, Espagne, Japon… le monde se bouscule au portillon. C’est pour l’instant tout ce que peut promettre l’alchimie en œuvre dans la capitale mondiale de la vallée des images (allons-y !). Mais c’est l’essentiel.

Philippe Guerry ¬

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Br igit te THOMAS RUFFIN83, avenue du 11 novembre1 7 0 0 0 L a R o c h e l l eT é l . : 0 6 1 4 8 1 4 8 8 [email protected]

ART ESPACE

LEs éTUDIANTs À L’AFFICHE Festival Université de LR 05 46 34 15 22

D. GerhArDt Exposition Clos des Cimaises – Saint-Georges-du-Bois 05 46 43 23 08

MUsIqUE INDIENNE Duo musique classique d’Inde Hôtel Hèbre – Rochefort 20h30 – 05 46 82 91 60

CArAvAN PALACE + BEAT TOrrENT Concert Espace culturel Leclerc – Niort 05 49 17 39 17

rAIO X Hip hop - Cie Membros Moulin du Roc – Niort 20h30 – 05 49 77 32 30

LE PArADIs sUr TErrE Puce à l’Oreille Salle polyvalente – Lagord 20h30 – 05 46 52 24 64

DUrOOTs/DUrOOTs Swing Bar BCG – Rue E. Dor - LR 19h – 05 46 43 27 27

GrAIN DE FOLIE Show transformiste Théâtre St Martin – LR 05 46 07 08 92

LE PAssé qUI NE PAssE PAs Théâtre – Art des sons

Centre intermonde – LR 18h30 – 05 46 51 79 16

rENCONTrE G. GUérAUD Littérature enfance

Médiathèque – Niort 05 49 78 70 77

AU BONHEUr DEs POULEs Cie Rouge Crinoline

La passerelle – Mauléon 18h – 05 46 28 33 06

OrCHEsTrE PELLéAs Direction B. Lévy

Moulin du Roc – Niort 20h30 – 05 49 77 32 30

ENsEMBLE BArOqUE LIMOGEs C. Coin – G. Laurens

La Coursive – LR 20h30 - 05 46 51 54 00

v. DELErM Concert Moulin du Roc 05 49 77 32 30

L’HIvEr, 4 CHIENs MOrDENT MEs PIEDs ET MEs MAINs Texte P. Dorin – Mise en scène S. Fortuny Théâtre Verdière – LR 19h30 – 05 46 51 54 00

MALTED MILk Blues & jazzile

L’Azile – LR 05 46 00 19 19

LA LETTrE De P-Y Chapalain Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15

ALONZO kING’s LINEs BALLET Danse Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 00

AMIs DEs ArTs Conférences « année parisienne de Calder » Groupama – Niort 20h30 – 05 49 73 30 48

rENCONTrE AvEC MArINA sALLEs Autour de J-M-G Le Clézio Librairie des Halles – Niort 18h30 – 05 49 04 05 03

rEsTITUTIONs D’ATELIErs Réalisation audiovisuelle Carré Amelot – LR 18h30 – 05 46 51 14 70

sPECTACLE DE DANsE Conservatoire musique et danse CDA Maison Georges-Brassens – Aytré 20h30 – 05 46 30 19 41

BAPTIsTE TrOTIGNON Trio piano – batterie – basse Moulin du Roc – Niort 20h30

ABD AL MALIk + EDI Slam Parc des Expos – Niort 20h30 – 05 49 78 73 82

As DE TrèFLE Rock & chanson française Espace culturel Leclerc – Niort 20h30 – 05 49 73 66 16

DäLEk + ODDATEEE Soirée Hip hop CAMJI – Niort 05 49 17 50 45

BIG Or NO Rock Bar BCG – Rue E. Dor - LR A partir de 19h – 05 46 43 27 27

PEP’s Concert La Poudrière – Roch. 21h – 05 46 87 24 96

DAvID GrEILsAMMEr Piano Théâtre Verdière – LR 05 46 51 54 00

INTErvAL Festival du court-métrage Méga CGR – LR 20h à 23h – 06 84 59 79 06

LEs MAINs DANs LA FArINE Cie Ramodal Carré Amelot – LR 05 46 51 14 70

TOUs LEs ALGérIENs sONT DEs MéCANICIENs Fellag/M. Epin La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 00

sTANIsLAs ET DAGUErrE Concert Espace culturel Leclerc – Niort 20h30

EN ATTENDANT GODOT De S. Beckett Moulin du rock – Niort 20h30 

PULCINELLA Apéro concert Astrolabe – LR 05 46 67 47 67

LA PArUrE LANGAGE sANs PArOLE Inauguration de l’exposition Musée des Tumulus – Bougon 18h – 05 49 05 12 13

sOIréE « NO GOD, NO MAsTEr » Avec O’Tok Town CAMJI – Niort 05 49 17 50 45

WALLy - 2E DéMArqUE Comique L’Azile – LR 21h09 – 05 46 00 19 19

ErrOL HINsTON Rock français Bar BCG – Rue E. Dor - LR A partir de 19h – 05 46 43 27 27

yOUNGBLOOD BrAss BAND Concert CAMJI – Niort 05 49 17 50 45

AU BONHEUr DEs POULEs Cie Rouge Crinoline Salons du Parc - Fouras 17h – 05 46 28 33 06

JAvA Concert Espace culturel Leclerc – Niort 20h30 – 05 49 73 66 16

FEsTIvAL INTErNATIONAL DEs Très COUrTs Vidéo Cinéma Carré Amelot – LR 05 46 51 14 70

sEXy sUsHI Soirée électro CAMJI – Niort 05 49 17 50 45

TALENTs CACHés réGIONAUX 2e 1/2 finale Théâtre St Martin – LR 15h – 05 46 07 08 92

LEs DOIGTs DANs LA PrIsE Cie Le p’tit piano sans bretelles Maison Georges-Brassens – Aytré 15h – 05 46 30 19 41

PETIT DéJEUNEr COMPrIs Cie Les Préglissants Salle des fêtes – Saint-Martin-de-Ré 21 h – 05 46 44 96 48

PILLAC Blues rock Bar BCG – Rue E. Dor - LR A partir de 19h – 05 46 43 27 27

U-rOy + PABLO MOsEs Soirée reggae CAMJI – Niort 05 49 17 50 45

LA 317 Cie Mots d’Images Salle des fêtes - Taugon 20h30 – 05 46 01 82 04

AU BONHEUr DEs POULEs Cie Rouge Crinoline Salle des fêtes - Luzay 21h – 05 46 28 33 06

CINé-MôMEs Dès 5 ans Médiathèque M. Crépeau – LR 16h – 05 46 45 71 71

BOUD’CIrqUE Cabaret Cirque Petit théâtre J. Richard – Niort 20h30 – 05 49 28 50 08

sCèNE DE vIE Troupe Vocame

Th. Richard – Niort 05 49 28 50 08

kAZEMy Compos rock français Bar BCG – Rue E. Dor - LR A partir de 19h – 05 46 43 27 27

EL HADJ N’DIAyE + TOMA sIDIBE Musique du monde Parc des Expos – Niort 20h30 – 05 49 78 73 82

GUsTAvE PArkING Humoriste Théâtre St Martin – LR 05 46 07 08 92

FEsTIvAL AH ? Thématique : le voyage Parthenay 05 49 94 32 19

FLOrIN NICULEsCU Hommage à S. Grappelli

Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 00

#IM3 Toufic Oudrhiri Idrissi

Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 00

kIkO rUIZ Apéro-concert

Hall de l’Astrolabe – LR 19h – 05 46 67 47 67

WHAT A MEss Metal rock

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ImpreSSIonS De voyAGe Sculptures de D. Ray et tapisseries de P. Schüke à la Tonnellerie de Brouage  05 46 85 77 77

L. mILLet Photos/Arts plastiques Médiathèque Michel Crépeau LR – 05 46 45 71 71

huGo terrAcoL Exposition peinture Galerie Matière Première – Surgères 05 46 44 91 84

un tourISte à LA rocheLLe en 1898 Photos de P. Suzanne Médiathèque Michel Crépeau – LR 05 46 45 71 71

e. portAL & c. prot Exposition peinture Galerie Royale – Rochefort 05 46 99 07 71

LA pArure, LAnGAGe SAnS pAroLe Exposition Musée des Tumulus – Bougon 05 49 05 12 13

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ABD AL MALIk + EDI Slam Parc des Expos – Niort 20h30 – 05 49 78 73 82

CINé-MôMEs Dès 5 ans Médiathèque M. Crépeau – LR 16h – 05 46 45 71 71

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EL HADJ N’DIAyE + TOMA sIDIBE Musique du monde Parc des Expos – Niort 20h30 – 05 49 78 73 82

GUsTAvE PArkING Humoriste Théâtre St Martin – LR 05 46 07 08 92

FEsTIvAL AH ? Thématique : le voyage Parthenay 05 49 94 32 19

FLOrIN NICULEsCU Hommage à S. Grappelli

Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 00

#IM3 Toufic Oudrhiri Idrissi

Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 00

BLED De D. Danis Salle des Fourriers – Rochefort 19h30 – 05 46 82 15 15

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Olivier Suire Verley & Etienne6 au 27 juin - Xin Art galerie à la RochelleC’est un évenement pour La Rochelle d’accueillir les œuvres d’OlivierSuire Verley : la dernière exposition remonte à 1982, et c’est la pre-mière fois qu’Etienne expose dans notre villePlace de la Fourche quartier St NIcolas. Tél. 06 78 70 52 66

Festivals Eurochestries en Deux SèvresDu 18 au 23 août 200916 concerts, 120 musiciens, dans les communes de Niort,Moncoutant, La Crèche, Le Vanneau, Beauvoir/Niort, St Symphorien,Chevreux, Lezay, La Richénard, Usseau, Chizé, St-Marc-la-Landes, La Rochenard, St Marc la Lande,CherveuxOrganisation OVNI. 06 11 79 21 38. www.eurochestries.org

Jurgen Lingl - Rebetez3 au 25 juillet - Xin Art galerie à la RochelleD'une extraordinaire énergie, le sculpteur du réel travaille le bois à latronconneuse : il donne ainsi vie et chair à ces sujets.Place de la Fourche quartier St NIcolas. Tél. 06 78 70 52 66

Résonances 200924, 25 et 26/07 - RochefortRendez vous Place Colbert en fin d’après midi pour les «Priz d’Arts»(spectacles de rue) qui répondront aux «Nuits» de musiques dumonde festives sur la scène de la Corderie Royale. Au programme : LaFamille Goldini, Les Apostrophés, La Cie L’Adret, Les Musiques à Ouïr,Ba Cissoko, Toure Kunda, Mounira Mitchala, Mariana Ramos, Kali !Rens. : 05 46 82 15 15 - www.theatre-coupedor.com

Dédicace-CrisseMercredi 01/07 de 14h à 19h - librairie Mille SabordsA l'occasion de la sortie du tome 4 d'Atalante, Crisse dédicacera sesalbums le mercredi 1er juillet de 14h à 19 h à la librairie MilleSabords. Prolifique dessinateur de BD, Crisse a également signé desoeuvres telles que Luuna, Kookaburra ou L'Epée de Cristal.22 rue du Palais. LR. 05 46 41 73 73 - 1000-sabords.com/tintin

Sous les pavés… La Rue20/06 de 14h à la nuit - Niort15 ans que la Fanfare LE SNOB existe ! Pour célébrer cet anniversiares :pas moins de 23 Cies, plus de 26 spectacles… Ces artistes sont pour laplupart des préxurseurs dans leurs domaines, des personnalités quiont fait évoluer le paysage international des arts de la rue.Gratuit - tout le programme sur : www.fanfarelesnob.com

Page 19: expressions 09

p17arts plastiques

I l a fallu quelques années pour que Christian Baron, alias Chris Bonobo,

revienne au pays. Sa première échappée fut Poitiers, où, bachelier, il va « perdre son temps » aux Beaux-Arts, peu à sa place dans la théorisation, lui qui avant tout veut peindre un peu, fabriquer beaucoup, bidouiller énormément. Il y rencontre Karotte, comme lui rochelaise et virée de l’école : direction les Beaux-Arts de Nantes, d’où ils sortiront diplômés mais guère plus avancés. Sauf qu’ils ont des envies : « On voulait fabriquer les objets qu’on aurait aimé avoir. » Un passage par une école d’art appliquée parisienne le convainc davantage. Mais c’est un atelier de sculpture lapidaire à Montreuil qui va définitivement « décrotter » les deux jeu-nes gens. Ils y apprennent les techniques,

il y a toujours un os : les filles sourient alors que leurs têtes sont tranchées, la jambe est belle mais sanglante, les pin-up plantureu-ses n’agitent plus que leur squelette. « Ce que j’aime, c’est l’alliance entre le mignon et le vicieux. » L’humour est grinçant sous la fine moustache, la danse joyeusement macabre. Le couperet tombe vite.

Pour abriter une telle prolixité, le retour en Charente a donc eu lieu. La grange-mai-son-atelier de Taugon relève du laboratoire géant. Les adeptes sont nombreux, glanés sur MySpace, dans les conventions de ta-touage, dans des expos à droite à gauche. Le couple a bien manifesté lors de la bien-nale Arts Atlantic, « déguisés en débilus », aux cris de « Moins de Sissi, plus de dada ! », histoire de secouer le petit cercle rochelais ronronnant, mais le mouvement n’a pas eu de suite. En cette après-midi de février, ils préfèrent fêter l’arrivée de 100 kg de terre, jubilants à l’idée des expérimentations à venir… Vous reprendrez bien un peu de fleur de revolver ou de dentelle de crâne ?

Catherine Fourmental-Lam ¬

* Pinstrip : longs tracés décoratifs venus de la prati-que custom américaine, à main levée et avec une peinture spéciale « one shot ».

Un bonobo dans la brume du maraisÀ « 30 minutes de Boboland », juste avant les barques et les lentilles, se dresse un grand tiki de bois sculpté. Là se niche la tanière du Bonobo et de sa compagne Karotte, artistes polymorphes, amoureux de l’objet et pourfendeurs du bon goût.

voire à en inventer. Hervé Obligi, maître du lieu, leur fait vite confiance, et la première commande confiée à Chris Bonobo est celle d’un stylo-plume érotique : sur un joli phallus, il fait s’étendre un escargot lascif. Bingo.

La valse des matériaux etla danse des pin-upLe couple a maintenant assez d’armes :

Karotte se dirige vers la sculpture et des portraits monumentaux, Chris Bonobo s’encanaille de tous formats, tous maté-riaux. À l’image des « Ricains », explorant les imageries 40-50, tattoo et custom, il crée des broches, des poings américains, décore des bars avec sa compagne, des surfs, sculpte même un tiki directement sur scène à Bourges, alterne le bois, l’alu-minium, la résine, s’enthousiasme pour des perles venues de Chine – « Elles nais-sent dans des moules, c’est incroyable ! » –, est ravi par le polystyrène, veut se lancer dans des bijoux en argent. Avec une touche qui n’appartient qu’à lui : ses qualités de « pinstriper* » sont reconnues et son des-sin omniprésent distille une atmosphère vintage volontiers fleurie et colorée. Sauf que le trait est noir et que dans l’ornement

Exposition de Chris Bonobo, de Karotte, successivement juin et juillet 2009, restaurant La Caisse à jus, 18 rue Gambetta, La Rochelle.www.myspace.com/chrisbonobowww.myspace.com/katacumbalips

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Qu’est-ce qui pousse Vincent Martin à écrire sur le cinéma rochelais ? Sans doute son goût du détail et son amour du « temps des cerises ». Balade cinématographique de Verdun à La Pallice…

s ’il n’y avait pas eu les forains, les bonimen-

teurs et les voleurs de poules place de Verdun, véritable foutoir qui ferait hurler nos comités de quartiers et petits commerçants, il n’y aurait pas eu de cinéma populaire à La Rochelle. 1896 : entre le stand de la femme à barbe et celui du lion qui dévore un enfant pour de faux, le stand de la lanterne magique. On y passe L’Arrivée du train en gare de la Ciotat, Les Pelouses d’Auteuil et, surtout, La Sortie des notables de la cathédrale Saint-Louis. Les Rochelais reconnaissent le gratin et pissent de rire.

Vincent Martin raconte aussi le président de la République Félix Faure et son voyage officiel à La Rochelle en août 1897, filmé sous toutes les coutures : « Ce gars savait déjà utiliser les

médias comme qui on sait. Et il a eu une belle mort, dans les bras d’une pute comme qui on sait aussi1. » Vincent Martin aime le populo et la gouaille. Qui se souvient encore de Mitraillette et de la Grosse Zizi ? Gabin, sûrement, mi-charmé, mi-terrorisé par nos emblématiques poisson-nières, l’une aussi large que l’autre était enflée comme une pibale et qui jouèrent les figurantes dans Le Sang à la tête, Le Bateau d’Émile ou encore Un été de glace de Bernard Giraudeau. La Grosse Zizi, plantée devant Gabin, lui demanda : « Beau gosse, t’as pas cinq minutes pour me faire un enfant ? » À quoi il répondit : « J’ai pas le temps aujourd’hui, je bosse »… Et Mitraillette, qui vendait ses sardines sous la Grosse Horloge, de balancer à Gabin qui devait refaire une scène :

« Ben dis donc, tu sais pas retirer ton cha-peau pour saluer ? Moi, je sais faire, et je suis même pas payée pour ! » Du Audiard tout craché !

Vincent poursuit jusqu’à la gare et ra-conte cette secousse lors du tournage du Train avec Romy Schneider et Jean-Louis Trintignant. Au début, chacun a cru que c’était l’énorme loco vapeur qui avait fait trembler la gare. Mais il s’agissait d’un tremblement de terre, et Romy, secouée, dut annuler les prises. Deux scènes aussi, belles et tendres, l’une rue sur les Murs, l’autre dans un wagon, avec Régine qui observe… Vincent aime quand ça sent bon le muguet, le pinard, le merle moqueur, et se rebiffe : « Le cinéma a perdu tout ça, il devient aseptisé. Quand je pense qu’ils te virent la respiration de l’acteur quand il parle… »

Vincent continue sa balade jusqu’à la base sous-marine de La Pallice : « Les Rochelais n’ont rien capté quand Spielberg et Harrison Ford ont déboulé pour le tour-nage des Aventuriers de l’arche perdue. Personne ne les connaissait, à part les initiés. » Puis, place du Marché, où une déjà diva de 14 ans, l’effrontée Adjani qui tournait une scène du Petit Bougnat, a exigé qu’on mette des poissons frais et pas « des-qui-puent ». Encore elle, en plage de Ré, qui demanda avant la scène du bain : « Vous pouvez pas chauffer l’eau ? » Des anecdotes comme celles-là, le prochain ouvrage de Vincent Martin et Anne-Sophie Defêchereux sur le cinéma rochelais devrait en contenir beaucoup, avec la chronologie des événements de 1834 à nos jours, sans oublier de mentionner toutes les BD qui ont pour décor la cité huguenote, de Pif-Gadget à Tintin. À paraître en novembre, autour des Escales du film documentaire.

Xavier Guerrin ¬

1. Wagner, retrouvé raide dans le plumard avec une camériste.

revival

Dans les locaux I

du FAR (Fonds audiovisuel de recherche) de La Rochelle, Vincent Martin collectionne le matériel cinématographique.

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p21audiovisuel

Structure unique à La Rochelle, l’association M’as-tu vu ? s’applique à sortir le court-métrage de l’anonymat en organisant des soirées découvertes gratuites.

E t, soudain, un cri puissant dans la salle des profs : « Tous des jean-

foutre ! » Puis des bruits et des heurts. Une pile de classeurs vient de voler, basculée du revers rageur d’une main. L’enseignant crache sa bile sur ces élèves amorphes, encore embrumés après une nuit à traîner sur le web. La mauvaise humeur l’emporte : « À leur âge, je buvais des bières dans les parcs. Le lendemain, je savais pourquoi j’avais mal à la tête. Ça existe pas une cuite au Facebook ! » Générique. La salle est hilare. Les lycéens, montrés du doigt dans cette tranche de vie, commentent le film réalisé par un de leurs camarades, cinéaste amateur qui a les honneurs d’Interval, le fes-tival du court-métrage. Installée au Méga CGR de La Rochelle, la deuxième édition de l’événement diffuse le 15 avril la production de ces jeunes talents de la région. Une quinzaine de courts-métrages sélectionnés dans les établissements secondaires sont proposés au rude public et à l’in-transigeant jury : des professionnels comme Maxime Rebière, célèbre story-boarder français et Sébastien Duclocher, directeur du Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand. En 2008, pour la première, le « pa-tron » du jury était Benoît Delépine, réalisateur et acteur de la bande à Groland. Certains prétendent qu’il se serait exclamé, devant un parterre consentant de jeunes et des rangs incrédules d’adultes, un fameux : « À vos caméras, jean-foutre ! »

Pierre Labardant ¬

Interval - Festival du court-métrage lycéen de Poitou-Charentes - 2e éditionMercredi 15 avril au Méga CGR - 20 à 23 heures - Entrée libre et gratuite Nouvelles animations : studio « sur fond vert » pour découvrir la création d’un film d’animation et exposition de planches de story-board au lycée hôtelier.Contacts : 06 84 59 79 06 / 06 84 37 76 [email protected] / [email protected]

« Courts du soir » : le 16 avril au centre social de Villeneuve-les-Salines, le 17 avril et le 15 mai, salle de l’Europe à Angoulins, et le 5 mai à Lagord.Deux projections pendant le festival Les étudiants à l’affiche : le 6 avril à 20 h au centre Intermonde et le 7 avril à 16 h au muséum d’histoire naturelle. Dans le cadre de la Lutte contre le cancer, une Nuit de courts-métrages aura lieu du 16 au 17 mai à Périgny.Site : www.mastuvu.org

passe ton bac après

Le court-métrage version débrouille

Ces films de qualité – doc, fiction, expérimental ou animation – sont projetés lors de leurs « Courts du soir », des sélections itinérantes qui chan-gent tous les deux mois, mais aussi à l’occasion de leur festival automnal : Les Rencontres vidéo. Sortir le court de l’anonymat, servir de tremplin à de jeunes réalisateurs (qui sont parfois présents) mais aussi participer à l’édu-cation populaire en amenant le court-métrage au plus près des gens, M’as-tu vu ?, c’est tout ça et plus encore. Mais 1 500 caractères pour parler d’eux, là aussi, c’est trop court…

Jess ¬

quelques chaises, un projo acheté à plusieurs, au mur un écran emprunté

au cousin d’un pote… L’asso M’as-tu vu ? n’a pas besoin de plus pour guider son pu-blic vers d’autres univers. Ici, ce n’est donc pas l’ambiance champagne-petits fours dans un ciné art & essai branchouille mais plutôt bière-cacahuètes dans un bar, un resto U ou un centre social de l’agglomé-ration. « Pour sortir des cadres institution-nels de la culture. » Petits moyens, donc, mais avec l’ambition de faire découvrir à monsieur Tout-le-monde une forme d’expression méconnue : le court-métrage. Depuis 2003, les membres de M’as-tu vu ?, 25 ans en moyenne et cinéphiles passion-nés, dénichent, au milieu d’un fouillis de créations hétéroclites, des perles rares qui ne laissent pas indifférent. Car n’est pas Spielberg qui veut et, si aujourd’hui l’accès à la vidéo s’est démocratisé, le talent, lui, n’est pas toujours au rendez-vous.

© D

.R.

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p22 internet+design

P robablement pour sur-monter un moment diffi-

cile de sa vie, il y a quelques mois, le journal Le Monde a décidé de faire un petit. En mars naquit donc le premier numéro d’un beau supplé-ment… à la vie tragiquement raccourcie. Dénommé M1, il était « dédié à l’art de vivre ». Et cela « parce que […] les beaux objets […] sont les té-moins silencieux des civilisa-tions2 ». Et mériteraient donc l’attention des lecteurs… Paix à son âme.

Ceux qui l’ont connu sont unanimes, M était beau. Oh oui, il l’était ! Bien imprimé, sur un papier journal de qua-lité, un traitement typogra-phique exemplaire, un choix (et une production) de photos au-dessus de la moyenne, une sélection de sujets internatio-naux et urbains, une panoplie d’annonceurs de luxe. Il avait du style. Malheureusement il n’avait que ça et se trouvait dépourvu des armes néces-saires à sa survie. Le style, pour reprendre les mots de S. Sagmeister, ce n’est qu’un pet. Ça fait plaisir à qui l’a lâché,

mais ça dérange les autres et ne dure qu’un bref moment… Pardonnez-nous nos offenses.

Nos esprits sont avec le père Le Monde, qui a pensé que M pourrait l’aider à sortir de ses crises alors que la concur-rence était féroce, son propos vide de sens et le contexte dé-favorable. Nos condoléances les plus sincères aux parents pour le décès prématuré de leur enfant. Mais espérons que cette histoire tragique servira d’exemple pour l’ave-nir. Arrêtons-nous un instant, réfléchissons et souvenons-nous que le design ne fait pas le moine. Amen.

João Garcia ¬

1. Écrit avec la lettre gothique du Monde, ce qui n’est qu’une copie facile du supplément du New York Times : T.

2. Anne-Line Roccati, rédactrice en chef de M.

DesignL’Internet pour découvrir le monde depuis son fauteuil ? Le monde oui, mais aussi le coin de sa rue ! Découvrons ensemble ce qui se passe sur notre écran près d’chez nous. Présage funèbre

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Nous sommes ici aujourd’hui pour célé-

brer la fusion du béton et de l’eau bénite. Et communier avec l’ADER1. Il n’est pas ques-tion de bondieuseries mais de web. Le site notre-dame-royan.com porte en effet la bonne parole. Il s’est lancé en quête de fonds pour remplir le tronc de l’association bien-faitrice et sauver un édifice emblématique. Car l’église de Royan, bloc gris barrant l’ho-rizon de la station balnéaire, est en danger. Agressé par les assauts peu vertueux de l’océan, ce vestige de la re-construction d’après-guerre, âgé de 50 ans, s’effrite inexo-rablement et laisse entrevoir son squelette de ferraille. Guillaume Gillet, le maître des lieux, s’en retournerait dans sa tombe. Ou dans sa cellule2. Certains de ses pans, faute de crédits à l’époque et aujourd’hui, ne sont même pas achevés. Il faut redorer les enluminures, faire briller les vitraux et laisser entrer de l’air frais dans la nef. Sacré pari ! Le site exhorte les pèlerins à soutenir de leurs chastes dons un clocher se dressant à plus de 50 mètres

et 24 piliers en V plantés par l’ingénieur Laffaille. Que serait le port de Royan s’il n’était pas chevauché par Notre-Dame3 ? Que serait la quiétude du badaud si elle n’était pas perturbée par un grand orgue résonnant de ses 3 600 tuyaux ? Que de-viendraient les 2 000 fidèles qui se pressent à la messe si on les congédiait pour cause de ruine ? Ils seraient sans doute effondrés. Alors si vous voulez que le son de l’orgue continue de résonner à pleins tubes à chaque connexion sur le site, aboulez l’obole ! Je vous en supplie.

Pierre Labardant ¬

www.notre-dame-royan.com

1. Association de défense de l’église de Royan.

2. Guillaume Gillet a été inhumé à sa demande, et de manière exceptionnelle, dans l’église Notre-Dame de Royan dont il a été l’architecte. Il a par ailleurs fait une bonne partie de sa carrière dans le domaine pénitentiaire en concevant en particulier les centres de déten-tion de Gradignan, de Muret ou de Fresnes ainsi que la prison de Fleury-Mérogis.

3. Rappelons que sa couverture en paraboloïde hyperbolique est dite « en selle ».

Internet

La bande à ADER

« Le luxe est une forme de triomphe permanent sur tous ceux qui sont pauvres. »

F. Nietzsche

© D.R.

Page 25: expressions 09

p23jeune public

Deux-sèvres

«P rincesse Sonia, que pourrais-je of-frir à mon petit garçon qui lit beau-

coup mais pas de gros livres, une histoire originale, avec des animaux, illustrée mais plutôt dessinée que peinte ?

– Oh ben fastoche ! » répondait la prin-cesse Sonia. Et pof ! elle sortait de der-rière les fagots Le Peuple des sardines de Delphine Perret.

« Princesse Sonia, que pourrais-je offrir à mes filles qui jouent des heures à la plés-técheune, se contrefichent de la lecture et veulent devenir cosmonautes ?

– Oh ben fastoche ! » répondait la prin-cesse Sonia. Et pof ! elle sortait de derrière les fagots Plic et Ploc de José Parrondo.

La princesse Sonia avait un secret pour contenter tout le monde. Elle n’écoutait jamais ce qu’on lui demandait et refour-guait essentiellement ce qu’elle aimait. Et c’était très bien ainsi, tout le monde dans

« Promouvoir la littérature de jeunesse et la tradition orale. »

le royaume appréciait la princesse pour ses si bons conseils et elle se faisait comme ça plein plein plein d’amis.

Mais la princesse Sonia s’ennuyait ferme dans sa librairie. Elle décida un jour de larguer le prince marchand, de quitter son donjon et de devenir… raconteuse d’histoi-res ambulante, « dans le but de promouvoir la littérature de jeunesse et la tradition orale » ajouta-t-elle pour faire son intéres-sante. Avec tous les livres qu’elle connais-sait – au moins dix mille ! – c’était fastoche pour elle. Et comme en plus la princesse Sonia s’était fait plein plein plein d’amis dans tout le royaume pour colporter ces belles histoires, ils décidèrent de monter tous ensemble une asso, ça faciliterait pas mal le business.

Ainsi naquit l’association. Comme elle était « blanche comme la neige, rouge comme le sang et aussi noire de cheveux que l’ébène », on l’appela L’autre fois, pour pas confondre avec Blanche-Neige.

Depuis, dans tout le royaume, l’asso-ciation L’autre fois raconte des histoires : « Nous proposons, à toute structure publi-que ou privée – association, bibliothèque, librairie, école, IUFM, inspection acadé-mique, entreprise – qui souhaite créer un projet autour du livre et de la lecture, des rencontres, des salons voire des forma-tions thématiques, de bénéficier de notre expérience pour créer du sur-mesure, du cousu main. Avec la princesse Léopoldine (les princesses sont souvent libraires), nous sommes récemment allées faire une animation autour de la lecture dans une crèche du royaume, la Crèche-de-l’endroit- dont-on-ne-peut-parler-dans-la-presse-sans-autorisation-écrite-du-directeur. Les enfants étaient ravis, nous tout autant. »

Pour changer un peu, une fois par mois, la princesse Sonia et tous ses amis se réunis-sent en comité de lecture autour d’ouvra-ges destinés à la jeunesse, afin de partager, d’échanger, de manger des gâteaux et d’embrasser des crapauds. Qu’ils vivent heureux et aient beaucoup d’enfants.

Philippe Guerry ¬

L’autre fois, 3 rue Saint Antoine, 79220 Champdeniers – 06 32 88 60 87

L’autre histoire de L’autre fois

Il était une fois une princesse. Elle s’appelait Sonia et elle était libraire. Elle avait de looongs cheveux blonds et deux jolis yeux verts. Elle connaissait plein de livres – au moins mille ! – et tout le monde dans le royaume venait lui demander conseil.

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p25portrait

Denis Martin vient de Royan. De Royan, Denis Martin part. Dans les années 70.

« Je me suis embrouillé avec mes vieux et j’ai tracé ma route. » Il parcourt d’abord l’Eu-rope, sa guitare en bandoulière. « Après, je suis devenu chanteur de baloche, mais ça m’a vite gonfl é. » Au cours des eighties, le jeune déjà échevelé se jette sur la scène musicale alternative. Il joue du rock garage et fait résonner le son des Ramones dans la région d’Angoulême où il écume les squats. « Mais la mentalité de merde des groupes, ça m’a vite gonfl é. » Il quitte la région et se pose en Afrique où il joue ses premiers spectacles de cabaret. « J’ai un peu trop ouvert ma grande gueule. » Départ préci-pité. De retour en Gaule, il sévit dans un « village western » à La Palmyre et attaque des diligences. « Mais ça m’a vite gonfl é. » Vient le temps des bandes désorganisées et du Paulo Gang, groupe théâtro-rock déjan-té composé de musiciens et de comédiens. Ensemble, ils enchaînent les festivals, sal-les de concerts et bars-PMU. De ce collectif naît le S.N.O.B.1 (Service de nettoyage des

oreilles bouchées), fanfare de rue de Niort, à laquelle il prend part jusqu’en 1998. « Depuis, je roule tout seul. » Paulo Anarkao est né. « J’ai choisi le nom pour la pub sur les affi ches. Les gens confondaient avec Archaos et venaient aux spectacles. » Après quelques collaborations avec Royal de Luxe ou la Compagnie Cacahuète, il fonde Créton’Art2 dans la région de Saint-Savinien. La troupe sillonne la France avec ses créations de théâtre de rue. À ces projets collectifs, Paulo ajoute la chanson solo : des reprises des années 60 à 1991, « d’Elvis à Nirvana en passant par les Pistols », interprétées au son d’un orgue de barbarie amplifi é sur lequel « on peut même monter des pédales d’effet ». Le rock dégouline toujours de ses roufl aquettes et de ses cheveux longs. Il se revendique des groupes de terroir : Pigalle3, dont il a fait récemment la première par-tie, les Ramoneurs de Menhirs4 (le groupe de Loran, ancien des Bérurier Noir) ou les Violon Profond5 (ensemble « hard-cordes » reprenant des classiques métal) sont autant de formations que Paulo soutient. Car ça ne l’a pas encore gonfl é.

Pierre Labardant ¬

Paulo Anarkao, le fi lmPaulo Anarkao est le titre du long-métrage que Gérald Touillon a consacré à Denis Martin, son père dans le civil. 1 heure et 27 minutes de documentaire consacrées à la vie quotidienne d’un homme libre qui crache sur le système, les factures et l’écologie. Le condensé de 10 jours de tournage et de 9 heures de rushes dans la droite lignée des documentaires Strip-Tease. Un succès tel, que le fi lm a reçu les honneurs du Zapping de Canal + et de l’émission Tracks. Il a également obtenu des récompenses comme le prix Michael Kael au Festival de Quend du fi lm grolandais

et le Brutal d’Or au festival du Cinémabrut en 2008. L’œuvre est librement téléchargeable sur un site dédié* ou peut être commandée en DVD auprès de son jeune réalisateur** pour la somme de cinq euros. Cette première expérience familiale réussie pourrait déboucher sur de nouveaux projets. Paulo parle ainsi d’une idée de western-spaghetti, que pourrait réaliser son fi ls, et de discussions engagées avec Gustave Kervern, acolyte citoyen de Groland, auteur du récent succès au cinéma Louise Michel.

* paulo.anarkao.free.fr** www.gerald-t.com

mais ça m’a vite gonfl é

Paulo Anarkao est un intermittent notoire. Anarchiste convaincu. Installé près de Saint-Savinien, il fait l’objet depuis quelques mois d’un véritable buzz sur le web suite à la diffusion du fi lm éponyme que lui consacre son fi ls.

1. www.fanfarelesnob.com2. http://cretonart-la-compagnie.blogspot.com3. www.myspace.com/pigalleoffi ciel4. www.ramoneursdemenhirs.fr5. http://violon.profond.free.fr

« J’ai choisi le nom pour la pub sur les affi ches. Les gens confondaient avec Archaos et venaient aux spectacles. »

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« La politique extérieure de la France doit trouver dans la culture plus qu’un moyen d’influence. [À l’Alliance française] vous êtes des ardents défenseurs de la pluralité des cultures dans un monde malade d’uni-formité1. »

En 1964, suite à un voyage d’étude en Afrique pour le ministère de la Coopération, Bernard Mounier « provoque sa nomination » à la direction du centre Albert-Camus de Tananarive alors en projet. Plutôt qu’une vitrine de la culture hexagonale, il conçoit ce centre « comme un lieu d’échanges, de dialogues entre les cultures pour favoriser l’émergence autonome des particularités locales ». Les moyens sont importants et le laisser-faire

Bernard Mounier

La vie d’un homme disponibleIl fut un temps où, portées par des hommes différents, les idées nouvelles étaient le moteur culturel et économique d’une nation qui espérait. Bernard Mounier fut l’un de ses rouages. Le temps a passé. Mais des idées d’autrefois, que pouvons-nous sauver ? Entre le témoignage d’une époque d’utopies réelles et les discours débordant de « vérités » des politiques actuels, où regarder ? Devant nous ou vers des chimères merveilleuses que certains, comme Bernard Mounier, ont pu tutoyer durant leur passage terrestre ?

aussi, une formule qui permet une grande souplesse de gestion autant qu’un réel ancrage local.

En favorisant, avec l’accord de l’am-bassade, l’introduction progressive de la langue malgache dans de nombreuses activités, il permet aux artisans et aux artistes de déployer leur culture dans leur langue : une petite révolution. La fréquen-tation du centre par la population locale s’en ressent considérablement et les acti-vités en langue française bénéficient de cet intérêt populaire. La troupe nationale malgache monte des spectacles d’auteurs locaux et joue avec succès Molière ou Becket traduits en malgache.

Trois ans plus tard, le changement d’ambassadeur de France à Madagascar va précipiter son départ d’un continent qu’il ne quittera jamais vraiment.

« 40 ans après et malgré les propos de Kouchner, le désengagement de l’État dans ce secteur m’attriste à la fois pour le rayonnement de la culture française et pour celle de ces pays. C’est surtout catastrophique pour les artistes créateurs avec lesquels les centres entretiennent des relations riches d’expressions nouvelles et contemporaines, permettant de faire connaître ces dernières dans et hors de leur continent. »

« Je voudrais profondément réinventer le principe même des maisons de la culture. […] Ne faut-il pas ensemble penser des maisons de la culture d’un genre nouveau ? [ouvertes] à toutes les disciplines et tous les publics, des lieux de partage2 ? »

En 1967, Bernard Mounier est nommé di-recteur de la maison de la culture du Havre sur proposition d’André Malraux, qui se plaît à le décrire comme « quelqu’un qui a fait un bon boulot avec les Africains et qui fera un bon boulot avec les Normands ». Malraux prône des lieux vivants avec comme « unique » consigne le contenu de ses discours propres. L’invention est permanente et les moyens importants : les collectivités locales votent un budget qui est doublé par l’État !

À l’époque le public des théâtres est majoritairement issu de la bourgeoisie locale. Les maisons de la culture s’ouvrant à tous, il est indispensable de tisser de nouvelles relations avec les syndicats, les comités d’entreprise et le public en marge. « Naturellement, en mai 68, la maison de la culture du Havre devient un des appuis de la revendication ouvrière. Je revois Léo Ferré chantant aux chantiers navals dans la coque immense d’un cargo en construc-

« Il est grotesque de parler de l’échec des maisons de la culture. Elles ont permis l’arrivée d’une nouvelle population au spectacle vivant, d’un nouveau public. »

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tion. Il s’interrompt pour écrire des poèmes à la craie sur cette coque, accompagné bientôt par le public ouvrier venu en nom-bre l’écouter chanter, chacun traçant sa prose dans une fièvre générale et unique. »

En 1972, le maire du Havre souhaite confier à l’architecte brésilien Oscar Niemeyer la construction d’un théâtre (le « Volcan » sera inauguré en 1982). « Je rencontre Niemeyer pour imaginer le futur bâtiment ; il commence à crayonner sur des calques des projets plus fous les uns que les autres, qu’il jette au fur et à mesure. Mon regret aujourd’hui est de ne pas avoir sauvegardé ces dessins sauf un qui m’ac-compagne encore ! »

L’année 1975 marque le retour de Bernard Mounier à La Rochelle, sa ville de « naissance », un passage par le point de départ de sa vie, symbolisé par l’ouverture du port vers l’aventure, une image qu’il re-trouvera en mai 2008 quand le trois-mâts Belem, sur son initiative, passera entre les deux tours.

En 1979 démarre la construction au cloî-tre des Carmes de la nouvelle maison de la culture, achevée en 1982. Pendant les trois années de chantier, les représentations continuèrent dans le théâtre municipal (rue Chef-de-Ville) devenu obsolète et investirent aussi de nouveaux sites en banlieue : Mireuil, Aytré, Villeneuve. Une délocalisation momentanée pour un travail hors les murs qui nourrira culturel-lement toute une agglomération !

« Aujourd’hui, on a souvent tendance à minimiser l’action culturelle, à la sim-plifier, alors qu’elle me semble la seule voie permettant de transformer le “petit cercle des spectateurs en grand cercle des connaisseurs” selon les mots de Bertold Brecht. Antoine Vitez disait : “Il faut être élitaire pour tous.” Pour cela, il est néces-saire d’aller “au charbon”, vers le public, là où il se trouve, sans attendre le renou-vellement spontané des spectateurs ou des adhérents. »

Selon lui, tout établissement culturel est à l’image de ceux qui le dirigent, de leur capacité à inventer avec les populations locales et les créateurs locaux. Mais sa voix se fait plus forte face à de mauvais procès : « Il est grotesque de parler de l’échec des maisons de la culture. Elles ont permis l’arrivée d’une nouvelle population au spectacle vivant, d’un nouveau public. Cette réussite a largement contribué à la création et à l’essor des scènes nationales. »

« quand je vois le plébiscite des nouveaux horaires de la télévision, de la suppression de la publicité sur le service public… Cela

restera comme une grande réforme de mon quinquennat : [lui] avoir rendu les moyens de son identité, sa spécificité, son ambition3. »

En 1982, Bernard Mounier accepte la proposition de Serge Moati de prendre la direction de FR3 Limousin Poitou-Charentes, qui diffuse alors quatre heures de programmes par jour.

À partir de 1983, la prise d’antenne commence à 8 heures pour s’achever à minuit, avec une liberté totale quant au contenu et des moyens importants pour innover. Il pousse à la production filmée, à la création d’antennes locales et à la diffusion de nombreux directs en région, une orientation qui le conduit en 1985 à la direction nationale des programmes de FR3. Il y défend sans concession l’émis-sion Thalassa et impose un changement d’horaire grâce auquel elle trouvera enfin son public.

Mais l’éloignement de la création et l’omniprésence des producteurs le confrontent à une ambiance détestable : il laisse son poste sans regret en 1986 et rejoint la direction de France 3 Sud, qu’il quitte en 1994 pour devenir producteur et réalisateur indépendant.

« Aujourd’hui, l’État réglemente les ho-raires de diffusion de la publicité pour la télévision publique. Je n’y vois qu’un déli-cat nuage de fumée pour masquer l’essen-tiel : la mainmise sur l’audiovisuel public du pouvoir en place et la nomination par la Présidence des responsables des chaînes de radio et de télévision en une pratique antidémocratique qui nous ramène à l’époque de l’ORTF. On ne pourrait se félici-ter de la suppression de la publicité que si les moyens financiers équivalents étaient donnés à un service public de l’audiovisuel libre de toute attache avec la majorité poli-tique, quelle qu’elle soit. »

Maintenant moins attentif aux varia-tions culturelles et aux girouettes du pou-voir, Bernard Mounier vit entre l’Afrique, le Québec et sa Charente-Maritime, dans l’action et le partage, l’audiovisuel et le spectacle vivant, moteurs indispensables à la respiration de cet homme à l’agitation si disponible.

Olivier Jaricot ¬

1. Discours de Bernard Kouchner au XXXIe col-loque international de l’Alliance française (janvier 2009).

2. Discours du président de la République pour l’installation du Conseil pour la création artis-tique (février 2009).

3. Vœux aux acteurs de la Culture du président de la République (janvier 2009).

« La mainmise sur l’audiovisuel public du pouvoir en place […] nous ramène à l’époque de l’ORTF. »

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Nothing but the NightGB – 1972 – Couleur – de Peter SasdyAction & CommunicationInédit en France, ce formidable suspense, traité comme un polar, s’offre un casting du tonnerre avec les deux spécialistes P. Cushing et C. Lee.S’inspirant d’une nouvelle de J. Blackburn, le réalisateur fi lme l’enfance vénéneuse comme peu de

Cinéma japonaisDeux nouvelles sorties de deux grands réalisateurs nippons. Comme toujours chez Carlotta, un travail de remastérisation incroyable et des bonus intéressants. 7 fi lms de Kijû Yoshida et 4 de Nagisa Oshima viennent compléter une vidéographie déjà riche de la Nouvelle Vague japonaise. / G.D.

The strangersUSA – 2008 – Couleur – de B. BertinoM6À la manière de ILS, The Strangers s’inspire de faits réels. Un couple se voit menacé petit à petit par quelques personnes masquées et silencieuses. Rien ne nous est précisé quant à leurs desseins. Au fur et à mesure, de manière diffuse, ce qui n’était que trouble se transforme peu à peu en véritable cauchemar. La réalisation, très habile, laisse le spectateur envisager les hypothèses les plus folles, mais la fi n tombe tel un couperet avec cette fatalité atroce et pour le moins gratuite que l’on n’osait envisager. / G.D.

cinéastes avaient osé l’aborder. Le mystère s’épaissit en crescendo jusqu’au fi nal faisant intervenir le fantastique pur, impressionnant de cruauté et d’amoralité. / G.D.

John Martyn est mort. C’était le plus grand, le plus fou, le plus imbibé, le plus désagréable et le plus innovant chanteur et guitariste du folk rock blues anglais. À partir de Bless The Weather en 1971, il enchaîne une série de chefs-d’œuvre à l’infl uence énorme comme Solid Air, Inside Out, Sunday’s Child, Live At Leeds, One World, Grace and Danger, Piece by Piece. Tous sortis et réédités par Island. Sans oublier des productions plus récentes : And (Go ! Discs), The Church With One Bell, Glasgow Walker, On The Cobbles (ces trois-là sur Independiente), plus un double live à la BBC et un coffret compilation de 4 CD, Ain’t No Saint

Category IIIBien plus que le cinéma de genre, la « category III » regroupe le cinéma underground, érotique, déjanté… bref, tout ce que la censure interdit aux moins de 18 ans à Hong Kong. Magnifi quement illustré, le livre de Julien Sévéon nécessite de la part de ses lecteurs un minimum de connaissance sur le sujet.L’éditeur Bazaar & Co prouve une fois encore son goût pour le cinéma que l’intelligentsia a toujours tendance à délaisser. / G.D.

Une brève histoire… du roman noirJean-Bernard PouyEd. L’œil NeufCertes un petit peu fouillis, quelques facilités d’écriture et des avis souvent péremptoires, mais, au fi nal, quand même un bel essai sur le roman noir. Remontant aux sources du genre, Pouy met en exergue dans un même élan admiratif les thématiques, les résonnances sociales, la

richesse de la langue ainsi que les auteurs les plus emblématiques, qu’ils aient une œuvre considérable à leur actif ou qu’ils n’aient écrit qu’une seule perle./ P.T.

L’Underground musical en FranceEric Deshayes & Dominique GrimaudLe Mot et le ResteÀ la manœuvre un archiviste de la musique « progressive » et « expérimentale » associé à Dominique Grimaud, musicien talentueux dont le parcours épouse les contours de ces expériences musicales françaises qui démarrent vraiment après et grâce aux événements de Mai 68. L’ouvrage est complet et touffu à l’image de ces aventures sonores marginalisées par le commerce, mais dont l’effervescence continuelle sert de creuset à l’émergence des artistes les plus originaux du rock français. À lire absolument. / P.T.

Jazz CoversJoaquim PauloEd. TaschenÀ l’opposé de l’éditeur précédent, Taschen, publiant en plusieurs langues, est un

mastodonte de l’édition d’art, avec nombre de collections à petits prix et aussi des ouvrages magnifi ques. Celui-ci, regroupant plus de 650 pochettes de vinyles (33-tours) jazz, appartient à cette dernière catégorie. Des reproductions à la mise en pages, tout est parfait et à un prix accessible. Un superbe objet de poids (500 p.) à offrir à tout amateur de jazz pour lui tirer des larmes de plaisir. / P.T.

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DVDS

LIVRES

NOTULES DISCOGRAPHIQUES

(Island/Universal). Tous ces disques sont des achats obligatoires pour toute personne possédant deux oreilles. / P.T.

Actuellement le label SPV réédite beaucoup de bonnes choses, notamment en blues, rock sudiste, et groupes allemands des années 70. Parmi ceux-ci, il est conseillé en priorité de se procurer les disques d’Agitation Free, précurseur du mélange rock, world et électronique tout en conservant de superbes envolées de guitares et des atmosphères détendues : Malesch, 2nd, Last et Live 74. La double compilation Over The Top du groupe Mountain, avec le guitariste Leslie West, ravira les fans de hard rock.Quant aux amateurs de blues ou aux rockers en quête de leurs origines, ils se délecteront en (re)découvrant deux albums de Willie Dixon, bassiste et un des compositeurs les plus prolifi ques de Chicago, The Big Three Trio et I Am The Blues ; un beau Taj Mahal, The Natch’L Blues et la guitare enfl ammée de Johnny Winter, Scorchin’ Blues. / P.T.

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