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290 .SUR UN NOUVEL EUDIOMETRE. qui peuvent y être dissoutes ou suspendues, pour découvrir les moyens de leur ôter leur qualité malfaisante (1). (s) Le Cit. Guyton a rapporté un grand nombre de faits à l'appui de ces importantes vérités , dans ses Recherches sur les causes de l'insalubrité de l'air, et sur les moyens de la corriger. Voyez le Traité de ce Savant, sur les moyens de désin- fecter l'air, de prévenir la contagion , et d'en arrêter les progrès. 291 ESSAI POTAMOGRAPHIQUE (1) SUR LA MEUSE, Ou observations sur sa source, sa disparition sous terre ' sa nouvelle sortie et son cours. Par le Cit. IlkarcAnr un THURY , élève des mines. LE département de la Haute Marne est la contrée calcaire la plus élevée de France. La montagne de Langres, de 456,37m au- dessus du niveau de la mer, forme le point de partage des eaux qui vont se jeter dans les deux mers : la partie septentrionale versant ses eaux dans la Meuse, la Marne l'Aube et la Seine, les épanche dans l'Océan; et la partie méridionale les versant dans la Saône l'Amance, le Saul- non ,- la Vingeanne , et autres rivières qui se jettent dans la Saône, les envoie par le Rhône à la Méditerranée. Cette montagne forme une chaîne assez continue, depuis la source de la Seine jusqu'à celle de la Saône, dans un espace de plus de 20 m-yriamkres, sur la direction cmu sud-ouest au- nord-est. Elle est entièrement (i) Essai potamographique , Essai descriptif d'un fleuve ou d'une rivière de fleuve ou rivière , et de r.v.» Description, racine 7g.îeo , peindre , écrire , etc. Ce M- moire est extrait d'un ouvrage que j'ai entrepris sous le nom de Potamographie Française, ou la France décrite par ses fleuves et rivières. Montagne deLangres. 'el

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290 .SUR UN NOUVEL EUDIOMETRE.

qui peuvent y être dissoutes ou suspendues,pour découvrir les moyens de leur ôter leurqualité malfaisante (1).

(s) Le Cit. Guyton a rapporté un grand nombre de faitsà l'appui de ces importantes vérités , dans ses Recherchessur les causes de l'insalubrité de l'air, et sur les moyensde la corriger.

Voyez le Traité de ce Savant, sur les moyens de désin-fecter l'air, de prévenir la contagion , et d'en arrêter lesprogrès.

291

ESSAI POTAMOGRAPHIQUE (1)

SUR LA MEUSE,

Ou observations sur sa source, sa disparitionsous terre ' sa nouvelle sortie et son cours.

Par le Cit. IlkarcAnr un THURY , élève des mines.

LE département de la Haute Marne est lacontrée calcaire la plus élevée de France. Lamontagne de Langres, de 456,37m au- dessusdu niveau de la mer, forme le point de partagedes eaux qui vont se jeter dans les deux mers :la partie septentrionale versant ses eaux dansla Meuse, la Marne l'Aube et la Seine, lesépanche dans l'Océan; et la partie méridionaleles versant dans la Saône l'Amance, le Saul-non ,- la Vingeanne , et autres rivières qui sejettent dans la Saône, les envoie par le Rhôneà la Méditerranée. Cette montagne forme unechaîne assez continue, depuis la source de laSeine jusqu'à celle de la Saône, dans un espacede plus de 20 m-yriamkres, sur la direction cmusud-ouest au- nord-est. Elle est entièrement

(i) Essai potamographique , Essai descriptif d'un fleuveou d'une rivière de fleuve ou rivière , et de r.v.»Description, racine 7g.îeo , peindre , écrire , etc. Ce M-moire est extrait d'un ouvrage que j'ai entrepris sous lenom de Potamographie Française, ou la France décritepar ses fleuves et rivières.

MontagnedeLangres.

'el

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Source dela Mense.

Meuse.

292 ESSAI POTAMOGRAPHIQUEcalcaire dans toute son étendue. Elle nousprésente -un sujet assez ample et assez intéres-sant pour donner lieu à un Mémoire particuliersur la Lythologie de ce pays, en traitant la Po-tamographie de la Marne.

La Meuse, qui doit être le sujet de ce Mé-moire, est une des rivières qui sortent de lapartie septentrionale de cette chaîne calcaire.Elle a ses sources dans deux petites vallées ,celles de Recourt et d'Avrécourt , à deux my-riamètres nord-nord-est de Langres , et 1,5onord-ouest de Bourbontie-les-Bains.- Cette rivière, dont les eaux, dans la plus

grande partie de leurs cours, coulent sur ducalcaire, traverse le nord- est de la partie dela France, et une grande partie des Pays-Bas.

La source de Recourt est assez abondante :celle d'Avrécourt l'est davantage ; elle suffitmême, un peu au-dessous de sa sortie de laterre, pour faire tourner la roue d'un moulin.Ces deux sources sortent l'une et l'autre d'unemasse d'argile entremêlée de couches calcaires.La première a un bassin assez large, fait demains d'hommes, dans des siècles reculés, demême qu'un château situé un peu au-dessus,mais aujourd'hui si ruiné' qu'on a peine à en;reconnaître les vestiges : le bassin n'est guèremieux conservé.

Ces deux ruisseaux se réunissent près duFort - Fillières , traversent ensuite la granderoute de Langres à Bourbonne-les-Bams , el:

ne commencent à porter le nom de Meuse quequand ils ont coulé autour des ruines du châ-teau de Meuse. C'est une petite commune à 97 ni

'le la grande route. Ici la Meuse coule sur desbancs

SUR LA MEUSE, etc. 293bancs de pierre calcaire inclinés vers le nord,et dont le grain semble indiquer un commen-cement de cristallisation.

De Meuse, cette rivière coule dans une bellevallée, en traversant deux chaussées anciennesattribuées aux Romains,

Elle vient à Saint-Thiébaut (1), près Bour-mont. Saint - Thiébaut fut autrefois fameuxdans les guerres; mais aujourd'hui ce n'est plusqu'une faible commune. Bournion.t est une pe-tite ville vis-à-vis Saint-Thiébaut , sur la rive

(1) La Meuse , près Saint -Thiébant , traverse deuxçllausséesanciennes , et attribuées aux. Romains. je ne saispourquoi on attribue ainsi aux Romains tous le travauxanciens qui sont en France. Lors de l'entrée de ces vain-queurs dans les Gaules , les habitans n'étaient plus bar-bares. Ils pouvaient avoir quelques connaissances et quel-qu'expérience dans les arts. Ces chemins , ces chausséesou forteresses si abondamment répandus dans les contréesvoisines des sources de la Meuse , ne devraient être ré-putés ouvrages des Romains que lorsqu'il y a des preuvesconvaincantes , des inscriptions , ou quelques citationsauthentiques dans -l'histoire. Beaucoup de ces forteressesne datent que depuis la décadence de l'Empire ou des pre-miers siècles de la Monarchie. Nombre de petits Poten-tats habitaient des châteaux élevés , d'où ils allaient fairedes incursions et lever des contributions sur ceux qui nepouvaient résister à la force de leurs armes. Les campsattribués aux Romains sont très-communs en ce pays ,on en voit sur toutes les hauteurs un peu élevées ou do-minantes une grande étendue de pays. Aux environs deLangres , ils sont très-multipliés. Il est encore aisé d'enreconnaître la forme , quoique le soc ait passé dessus.Les champs de bataille ne sont pas moins communs. Lelaboureur trouve fréquemment des ferrures , des piquesdes fragmens d'armes, et quelquefois,en remuant les terres,il découvre des ossemens abondai/5.

rolume 12,

Bourmont;

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294 ESSAI POTAMOGRAEHIQUdroite de la Meuse. Elle est sur un terrain fortresserré et de difficile accès. Il n'y a de puitsque dans la partie basse de la ville : la partiehaute a des citernes. La montagne est compo-sée de couches calcaires qui alternent, quantà_ leur épaisseur et leur plus ou moins de ten-dance , a la cristallisation. Dans les couchesles plus épaisses, on voit quelques cavités ta-pissées de cristaux de chaux carbonatée métas-tatique. Rarement ces cristaux excèdent uncentimetre. Ils sont légèrement colorés d'uneteinte jaunâtre. Les couches les moins épaisseslaissent voir des aiguilles enlacées avec le restede la. masse, et prennent souvent une contex-ture grenue, demi-transparente et cristalline.Ces. couches sont entremêlées d'un banc deterre argileuse rougeâtre , chargée plus oumoins d'oxyde de fer, et contenant même quel-quefois de la mine de fer, dite linzonezise.

A un myriamètre est de Bourmont, on aper-çoit, après avoir traversé le Mouzon au pontSt.-Paire, un.e montagne couverte de buissons.Cette montagne qui n'est aujourdhui fréquen-tée que par les dievriers , était autrefois habitéeet même assez peuplée : on y voyoit une petite

Ruines de ville appelée Lamothe , sur un pic élevé, hé-Lamothe. risse de rochers escarpés. C'était une place

importante , par sa .situation et par ses forti-fications, qui la faisaient regarder comme uneplace de difficile accès. Elle a soutenu plusieurssièges mémorables. C'est à celui qu'elle soutinten 1634, que la France employa des bombespour la première fois.

Reprise peu de tems après par le duc de Lor-raine, elle tomba de nouveau entre les mains

SUR LA MEUSE, etc. 295des Français, commandés par le prince de Con-dé, en 1645. Elle fut alors rasée, et les habi-tans transférés à Bourmont, parce que le ducde Lorraine se servait de cette place pour rava-ger une partie de la Champagne. Aujourd'huiou voit encore des rues, des vestiges de maisons.Les épines et les ronces y croissent de toutesparts, et Cette montagne n'est plus fréquentéeque par les chevriers et les voyageurs curieux,qui, s'écartant de la route, viennent gémir etverser des larmes sur les malheurs de la guerre.Sa situation était à droite de la petite rivièredu Monzon. à cinq kilomètres ou à une lieueenviron de la Meuse et de Bourmont.

De Saint -Thiébaut, en suivant toujours laprairie, on arrive à Bazoilles. C'est la premièreusine considérable que nous trouvons depuisla source de la Meuse. Cette usine consiste dansun haut fourneau, et deux feux de forge. Lamine de fer n'en est éloignée que de cinq kilo-mètres.- C'est une mine globuleuse disséminéedans une terre argileuse rougeâtre. Elle rap-porte cinq à six kilogrammes par myriagram-mes. Les feux sont alimentés par le produit dediverses forêts, veisines. Il y a cinq lavoirs pourla mine. Les trois roues du haut fourneau etdes deux feux tournent neuf mois de l'année;les trois autres mois, ceux de la sécheresse,il n'y a qu'un feu de forge en activité : rare-ment le haut fourneau est allumé à cette épo-que. La cuve et les étalages de ce fourneau,comme dans tous ceux de ce pays, est de brique. Haut four-,

neau.Ils ont la forme de deux pyramides tétraèdresjointes par leur base. Les étalages ont leursangles intérieurs remplis : ils représentent alors

V 2

Bazoilles.

L'Usine.

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96 ESSAI POTAMO GRAPHIQUÉà-peu-près une pyramide à huit faces, d'Asuit que le gueulard est de même octogone.Le creuset est construit en grandes briques déon', 4i de long, sur on', 32 de large, et de otm, oad'épaisseur. La terre qui sert à faire ces briquesvient de deux myriamètres. Les gueuses pèsentenviron de 75 à ioo myriagrammes. On couledans cette fonderie des plaques de cheminéeet des chenets, dont on a un très-grand débit.,Cette usine est la seule de cette contrée ; lesplus voisines sont à six, à sept myriamètres surla Marne.

Nature du La nature du terrain commence sensiblementterrain deBazoilles.

à changer à Bazoilles. Depuis Haréville , com-mune et poste sur la Meuse, entre St.-Thiébautet Bazoilles , les pierres sont totalement diffé-rentes de celles observées ci-dessus. Ce ne sontplus ces bancs alternans par leur plus ou moinsd'épaisseur, et portant l'empreinte d'un com-mencement de cristallisation, comme les cou-ches calcaires de Bourmont et de Mense, oude Langres ; ce n'est plus qu'une couche desept, huit et neuf mètres, de pierrailles - argilo-calcaires déposées sans ordre les unes auprèsdes autres, et jointes entre elles par une terreargileuse ronge, onctueuse, qui se délaie faci-lement. Quelques-unes de ces pierres sont ar-rondies; les plus grosses n'excèdent pas un vo-lume d'un décimètre cube. C'est un calcaireargileux n'ayant aucune apparence de cristal-lisation, et renfermant à peine des débris decoquilles. C'est sur ce dépôt que la Meuse s'estcreusé un lit depuis Haréville jusques près de'Neufchâteau. Les eaux de la Meuse, souventtroublées en hiver, et retenues par les digues

SUR LA 1VIEUSE, etc: 297des usines de Bazoilles , peuvent avoir déposéune suffisante couche de limon pour empêcher.de se délayer, la terre rouge qui se trouve entrechacune de ces pierres. Lors de l'établissementde l'usine de Bazoilles, il fallut se procurer unecl,fite d'eau, et même plusieurs autres, pourles différentes roues : par de fortes digues, onfit donc des retenues d'eau. Lorsque l'usine acommencé à être en activité, les eaux de chaqueroue , en se précipitant sur le dépôt de pier-railles, en ont successivement détrempé la terrequi les .unissait ensemble , et qui remplissaitles interstices elles l'ont délayée et emportéede la même manière que les eaux emportentles terres, lorsqu'on lave le minerai : à mesureque le vide a augmenté, les eaux, tombant deplushaut et acquérant plus de fbrce, ont con-tinué ce travail avec plus de facilité, et se sontformé un filtre au-dessous de leur chiite , par le-quel elles s'écoulent aujourd'hui, laissant leurpremier lit à sec, et même tellement à sec, que,durant l'été, il est cultivé, et que quelquefoisles habitans y ont des légumes d'hiver. Ce n'estque quand la saison est très-pluvieuse, que les.eauxs'épanchent dans leur ancien lit; leur vî-,tesse n'est jamais proportionnée à celle qu'ellesont entre Bourmont et Bazoilles. Telles sont,ce me semble , les causes. de la disparution,subite de la Mense; car si la perte de cetterivière n'est pas dile à ses chûtes au bas des,diverses écluses, pourquoi ne s'est-elle pas.perdueà FIaréville , lorsqu'elle arrive sur ceterrairi de pierraille, où elle aurait trouvé un.filtre pareil à celui qu'elle s'est formée à Ba-willes? Cette perte ne paraît pas très-ancienne,

3.

Aperçu descauses de ladisparutionde la Meg-,se.

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Nouvellesortie de laMeuse àUoneourt.

293 ESSAI POTAMOGRAPHIQTJEpuisque Son lit est encore creusé, et que lestravaux de culture ou le labour n'ont pu le dé-figurer d'une manière sensible.

Après avoir suivi cet ancien lit marécageuxen. plusieurs endroits, durant 1,5 myriamètreon arrive à un village appelé Noncourt, à deuxkilomètres de Neuf-Château. On est surpris detrouver ici une source qui s'est elle-même forméun vaste bassin ou étang capable de faire tour-.ner plusieurs roues de moulin. Cette abondantequantité d'eau qu'ou voit sortir de terre, l'an-cien lit de la Meuse à sec au - dessus de cettesource, sa perte ou disparition sous terre àBazoilles , le nom même de Meuse donné parles habitans du pays à cette rivière, tout porteà croire que ce sont les eaux de la Meuse quise sont ouvert un passage sous terre, et quireparaissent en cet endroit. La Meuse, à cettenouvelle sortie de terre, n'est pas aussi forteque quand elle se perd à Bazoilles ; mais laquantité d'eau- qu'elle fournit ici, est toujoursen raison .chu plus ou du moins d'eau qui setrouve dans la Meuse supérieure : d'ailleursen hiver, lorsque la Mense, au-dessus de saperte, est troublée par la terre qu'elle a délayéeet qu'elle charie , les eaux de Noncourt sonttroublées aussi, et en même teins d'autant plusrapides qu'elles l'étaient à Bazoilles.

Il serait difficile aujourd'hui de rendrecompte de la manière dont elle sortait de terreautrefois ; car on lui a formé ( en l'an 4, ou1796) une sortie en maçonnerie. C'est unedigue de 7,84 mètres de long avec deux côtés.ou retours à angle droit sur le premier côté,qui porte huit ouvertures de o,32m. de largeur

SUR LA MEUSE, etc. 299sur o,64 de hauteur; les deux côtés ne portentque deux orifices chacun. Nous ne pûmes ju-ger de l'effet de cette nouvelle sortie, parcequ'elle n'étoit pas encore terminée, et nousne pûmes examiner le terrain , d'après les.coupesqu'on avait faites, parce que déjà lestravaux les recouvroient ; mais , autant qu'ilfut possible d'en juger, nous crûmes voir des.indices d'une nature de terrain peu différentede celle de Bazoilles. Cette nouvelle sortie, plusgréable que l'ancienne, et susceptible d'êtredirigée d'une manière plus utile, laissera tou-jours des regrets à l'observateur curieux d'étu-dier et d'approfondir les mystères de la Naturesur la Nature même.

La Meuse nouvellement sortie de terre semblen'avoir point de cours réglé, elle couvre unegrande surface de terrain sur lequel ses eauxparaissent à peine s'écouler. On la traverseprès de Neuf-Château sur un pont très-ancienet très - étroit. Après avoir reçu les eaux duMonzon, qui baignent les murs de Neuf-Châ-teau, elle met en jeu les roues de plusieursmoulins, et même d'un ourdou de martinet àRousseux. Près de la chûte de cet ourdou,est facile de reconnaître la même nature deterrain qu'à Bazoilles. Les eaux diminuent sen-siblement au-dessus de la vanne, filtrent à tra-vers les terres, et vont reparaître à quelquedistance, près du grand bras de la Meuse.

Neuf-Château est une petite ville à mi-côtesur la rivière du Monzon, qui se jette dans laMeuse à une très-petite distance au-dessous..de sa nouvelle sortie de terre. La populationde cette ville est de 2,830 individus;, elle. est

4

Perte d'unbras de laMeuse et sa.sortie.

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300 ESSAI. POTAMOGRAPHIQUEassez commerçante, sur-tout pour les drap-ries : ses vins sont de banne qualité. Cette villeest fort ancienne, et connue dans l'Itinéraired'Antonin sous le nom de Neomagus, changé -depuis en celui de Neocastrum, et enfin encelui de Neuf-Château..

coins de En suivant la Meuse dans une large prairie bienMeuse à cultivée, on aperçoit Bourlemont, Domremy ou

lems. Damremy, et Vaucouleurs. Ici, on quitte ces ter-rains de pierrailles, on trouve des bancs. calcai-res très-épais; les coquilles n'y sont jamais bienconservées : la masse paraît composée d'unematière qui, en prenant un commencement decristallisation, a agglutiné_ les débris de co-quilles. C'est dans ces différens endroits qu'on.remarque les bernes de Robert. Ce sont desgrandes masses informes de pierre calcaire,cristalline et coquillière, du volume de plu-sieurs mètres cubes. On serait tenté , en lesvoyant sur les places qu'elles occupent, d'attri-buer leur déplacement à quelque grande révo-lution qu'aurait pu éprouver ce pays, si on nesavait (lue, pour éviter toute espèce de diffé-rent , l'empereur Henri II, et Robert, roi deFrance, vers la fin ,du dixième siècle, les firentplacer sur les limites de leurs Etats.

Domremy ou Damremy, n'est qu'une petiteDamremy. commune qui -a été illustrée par la naissance

d'une fille connue dans notre histoire sous lenom de Jeanne d'Arc. Naguères, on voyait lamaison de cette héroïne, et sur sa porte safigure et ses armes. La Meuse coule encoresur le même calcaire à Domremy ; mais on re-marque déjà quelque changement dans l'épais-.

la contexture, le grain et la, nature descouches.,

sun LA MEUSE, etc. So

Ici est naturellement terminée la tâche quenous nous étions proposée, celle de faire con-naître la perte et la nouvelle source de la Meu-se; mais, pour achever l'histoire d'une rivièrequi nous a présenté un objet d'étude rare etintéressant, quoique d'une manière rapide,nous suivrons ,son cours jusqu'à la mer, don-nant toutefois quelques remarques sur la na-ture du pays, et une idée des villes par où ellepasse.

On traverse la Meuse à Pagny sur un beaupont. La vallée est très-large ; et, pour éviterles dégradations qu'auraient pu occasionnerune rivière suiète à de fi-équens débordemens,on a construit dans cette belle vallée, avantd'arriver au pont, une levée de près d'un my-riamètre de longueur. Pagny est une bourgadeassez peuplée; la culture y est suivie avec soin,et fait honneur à l'industrie des habitans , quicultivent particulièrement-les bleds, les seigles,les pommes de terres et les pavots, dont lesgraines sont précieusement cueillies, pour enretirer l'huile connue dans le commerce sousle nom d'huile d'oeillet.

Après avoir baigné les murs du château deVoid , sur des couches calcaires (1), souventrecouvertes par des sables argileux, la Meusearrive à Commercy.

Commercy, est remarquable par un très-beauchâteau que fit bâtir Stanislas, roi de Pologne.On y voit des eaux magnifiques fournies par la

(I) Monnet , Description minéralogique , quatrième-voyage, page 186.

Pagny;

Nature clubpays qu'ellearrose àCommercy.

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3o2, ESSAI POTAMOGRAPHIQUEMeuse. Cette demeure du dernier duc de Lor-raine fut élevée avec beaucoup de goût et d.emagnificence. La vue s'étend très-loin, et pré-sente des jardins, des côteaux chargés de vignes,des villages, des hameaux très-peuplés, een-flu, pour terminer ce superbe coup-d'il , laMeuse , serpente dans cette belle prairie enplusieurs plis et replis tortueux. Commercy estl'une des plus jolies villes qui soient arroséespar la Meuse. Quoique petite, elle compte en-core plus de 3,68o ames. Le commerce de cette-ville consiste dans sa. papeterie, ses forgesmais plus particulièrement dans ses manufac-tures de boucles de ceinture, et de fil-de-fer,,fabriqués dans les forges de Sampigny et Bon-court , près de cette ville. La mine de fer estde l'espèce dite mine limoneuse.

Le terrain est composé de bancs calcairesplus ou moins épais, ayant un commencementde contexture spathique : quelques-uns de ces.bancs contiennent beaucoup de corps marins.La pierre calcaire de ce pays est en généralformée de plus ou moins de débris de coquilles,,indépendamment des coquilles entières qu'ellecontient (1).

Sint-Mihiel, sur le ruisseau de Marsoupequi se jette dans la Mense, à sa rive gaucheet sous les murs de la ville ; elle est dans unvallon environne de montagnes. Cette ville aquelques manufactures : son commerce consisteen dentelles communes et en linge de table

) Description minéralogique , par Monnet, qua,*trièrne vo y age page

SUR LA MEUSE , etc. 3o3Sa population est environ de 4,5oo individus.On y remarque entre autres monumens l'Hos-pice de l'Humanité. On voit à Saint-Mihiel descarrières d'une pierre calcaire blanche d'ungrain très-fin : on n'y trouve aucune appa-rence spathique, et peu de débris de coquilles,ou elles sont réduites en fragmens très - petits.Cette pierre est dure et compacte ; elle estmême susceptible d'être travaillée au ciseau.Elle a été employée avec succès par les frèresLigier - Rictierssculpteurs de cette ville, etélèves de Michel-Ange.- A près de 200 mètres de la porte par laquelle

on va de cette ville à Verdun, on voit cinq grosrochers escarpés, rangés en ligne droite et àdistance presqu'égale. Ce sont des masses cal-caires qui paraissent avoir fourni les pierresnécessaires à la construction de la ville. Lescouches sont très-épaisses et séparées par quel-ques bancs d'argile. Ces cinq collines sont ap-pelées Flaises; elles ont une pente douce ducôté du levant, et il en sort plusieurs ruisseauxassez considérables, qui vont se jeter dans laMoselle, entre Pont-à-Mousson et Thionville,dans une étendue de pays de sept myriamètres.

Les bancs calcaires plus élevés des carrièresvoisines offrent beaucoup de coquilles; ils sontpeu épais. Ceux inférieurs ont une plus grandeépaisseur, et peu de coquilles : leur contextureest grenue et spathique. La couleur est jau-nâtre. Elles sont susceptibles de poli (1).

Verdun, cette ville grande, riche et an- Verdun.cienne, dont il est fait mention dans l'Itinéraire

) Monnet, Descrzption minéralogique, page 190.

Plaise,ce que c'est.

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3°4 ESSAI VOTAMOGRAEHIQUÈd'Antonin , compte plus de / o,000 habitonselle était un des trois évêchés de la ci-devantLorraine. Elle est située sur la Mense, qui lacoupe en deux parties : ses fortifications sontdu maréchal de Vauban. En 1727, le moulinà poudre contruit en cette ville sauta, par lafaute d'un ouvrier qui faisait sécher la poudredans un poêle ; les effets en furent affreuxla terre s'enfonça en cet endroit de 4,35 mètres ;l'atmosphère parut tout en feu et la terretrembla à plus d'un myriamètre. Il y eut dixmillions de poudre de consumé, et il échappafort heureusement 'à l'incendie un magasinvoisin contenant quelques centaines de tonnesde poudre fine. Le grand magasin contenaitcent vingt milliers de poudre ; mais il était sé-paré du moulin de plus de 1.75 mètres; les portesen furent seulement forcées., et le toit brisépar la secousse du tremblement de terre. Ona construit plusieurs tanneries sur la Meusec'est un des principaux objets de commerce,comme les sucreries, les liqueurs et la pape7terie.

Cette ville est pavée avec du silex roulé etavec de la pierre coquillière très-dure, recueillisl'un et l'autre sur les hauteurs voisines. Cettepierre calcaire est en grandes couches hori-zontales ; elles sont très-nombreuses, elles nesont pas parfaitement régulières entre elles ;et, quoique très-souvent séparées par des fen-tes en différens sens , elles ne laissent pas defournir de bonnes pierres à bâtir. Ces bancsont depuis om, 15 jusqu'à i mètre. La pierreen est très-coquillière.: on y trouve fréquem-ment des coquilles entières tels que des

SUR LA MEUSE, etc. 3o5des Cames , des. Buccins. Cette pierre, qui estfort blanche et très - pure , fait d'excellentechaux. On trouve dans les vignes au-dessus deVerdun, du côté de Clermont, un marbre lu-machelle (1), en. couches, minces, plates, etsusceptibles d'un certain poli. Cette pierre cal-caire, connue dans ce pays sous le nom demarbre des A rennes, est d'un gris de fer ta-cheté de gris-blanc. On y distingue très-bien.les coquilles qui la composent. On en taille despièces, des tables, des plaques, et autres objetsqui reçoivent un assez beau poli. Cette pierre setrouve le plus communément en bancs mincesde i à 2 métres de longueur, dans une terrerougeâtre, argileuse et sablonneuse, dont toutesles hauteurs voisines sont couvertes à près d'unmètre en terre. On voit encore aux environsde Verdun. quelques carrières en exploitation.Dans l'une d'elles entre autres, à. la côte deSaint- Martin, il est une particularité remar-quable; c'est une couche de silex de sept ouhuit centimètres d'épaisseur, qui traverse cettecarrière obliquement, et produit l'effet d'unepaille. On trouve encore à Verdun. du sable etde la terre à four qui serait susceptible d'êtreemployée à la confection de la poterie et de lafïience,.après quelques légères opérations pré-liminaires.

joindre la

On a proposé, pour le transport des objets ',rôlet. dede consommation des matières employées dans .".1 pource pays, de faire un canal qui joindrait la Mo- =lutaselle à la Meuse, par le moyen du ruisseau deLingressin, qui tombe à Toul dans la Moselle,

(i) Monnet; , Description nzinéralogique , page 190.

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Stenay.

Sédan.

3o6 ESSAI POEAMOGRAEHIQUEet d'un autre qui se perd à Pagny dans la Meuse.Les sources de ces deux ruisseaux n'étant qu'àtrois kilomètres l'une de l'autre, et le terrainétant d'ailleurs favorable, il serait aisé de lesunir et d'en faire un canal. Le maréchal deVauban, qui en avait eu le projet, le croyoitégalement utile et facile à exécuter.

Après avoir passé. sous les murs fortifiés deStenay, la Meuse coule 'dans une vaste prairiejusqu'à Sedan. La pierre des environs de Stenayest ferrugineuse, jaune et ocracée. Elle alterneavec des couches calcaires bleuâtres, ou d'ungris - bleu , à grain fin et susceptible de poli.On voit des mines de fer exploitées près decette ville, à Sig,ny, Ecurey et. Montigny. Lelit de la Meuse à Stenay est sur des masses cal-caires très-épaisses, et souvent sur des couchesd'argile ferrugineuse.

Sedan, sur la rive droite de la Mense, estune ville très-forte, quoique irriégulière, à causedes rochers qui en rendent le terrain inégal,et qui la divisent en deux parties. Elle a denombreuses manufactures. Son commerce .con-siste en draperies, boutons et -acieries , plati-neries , .boucles et faïenceries. Sa fabrique laplus importante était celle de drap fin, qui étaitenvoyé et recherché dans toute l'Europe. Sesdraps noirs étaient l'objet le plus renommé deces fabriques, et .n'en sortoient que quand lacouleur et la qualité étaient scrupuleusementobservées. Outre ces divers objets, Sedan avaitencore des manufactures de bonneterie, jarre-tière, poëlerie, batterie de cuisine, fer-blanc,clin , ftisils de chasse, et sur-tout desforceps à tondre les draps, qui sont encore les

SIIR LA mEusE, etc. 307plus renommées et les . plus recherchées danstoutes les fabriques françaises, à cause de labonté de leur trempe et 'de la façon dont ellessont montées.

Les rochers de cette ville et ceux de tous lesenvirons sont des masses calcaires colorées parl'oxyde de fer, des couches coquillières alter-nant entre elles par la 'plus ou moins grandequantité de coquilles qu'elles renferment, oupar leurs couleurs grises, jaunes et rougeâtres :on y voit même un banc calcaire bleu très-dur,qu'on emploie pour le pavé de cette ville. Lesommet des hauteurs voisines est couvert decailloux roulés , mêlés dans du sable, souventdes fragmens de quartz et de roches schisteuses.La partie sur laquelle le Château est bâti, estcomposée de couches peu épaisses, superposéeset alternant entre elles au nombre de 25 ou 3o;les unes sont coquillières et les autres Spathiques:quelques-uns de ces bancs sont sableux,.

Sedan est assez bien fortifié ; la ville basseest en partie sur le roc. Sa population est éva-luée à 12,000 habitans. Elle a un beau pont surla Meuse. La pierre qui servit à le construire,fut prise dans la ville même et à ses portes.

Ici, nous remarquerons combien la Meuse est Projet drapprochée de l'Aisne. Le voisinage des deux ri-

1, ienat. àl

canal poure

vières avait frappé M. de Louvois, qui conçut le 1;e aprojet de les réunir par un canal : a cet effet, il l'Aisne.fit lever et dresser les plans nécessaires, pen-sant qu'outre l'avantage que la province pou-vait en retirer pour son commerce, ce canalétait encore plus favorable aux transports desmunitions de guerre dans les places de laMeuse. Mais ce projet 's'est évanouit à la mort

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3o8 ESSAI POTAMOGRAPHIQUEdu ministre qui l'avait conçu. Ce canal devaitprendre la Meuse au-dessus de Stenay, traver-ser la rivière de Bar, par le Chêne, et se jeterdans l'Aisne au-dessus de Vouziers.

Après avoir quitté Sédan, la Meuse a son litdans une belle vallée, dont les deux rives douceset fertiles sont bien cultivées, et s'étendentainsi jusques près de Mézières. Cette ville, si-tuée dans la partie la plus étroite d'une pres-qu'île formée par la Mense, et chef-lieu dudépartement des Ardennes, est petite , maisbien fortifiée. Sa population est de plus de3,600 habitans. Son principal commerce con-siste dans ses tanneries et corroyeries. Elle estencore située dans le calcaire, en bancs peuépais blancs, remplis de coquilles, parmi les-quelles on distingue beaucoup de Nautiles mê-lées aux Astroïtes et Madrépores fossiles. Lasurface du terrain (1) est couverte de fragmens.de quartz blanc et d'ardoises, avec quelquescoquilles pétrifiées et des morceaux de pierrecalcaire.

On remarque le même terrain un peu an-dessus de Charleville, placée sur la rive gauchede la Meuse, dans une grande demi-lune for-mée par cette rivière. Cette ville peu ancienne(elle est de 1609) n'est. séparée de Mézièresque par un pont sur la Meuse et par une chaus-sée bordée d'arbres : les rues en sont tirées aucordeau ; les maisons sont bien bâties et cou-vertes d'ardoises. Cette ville compte 7,200 ha-bitans ; son commerce est très- considérable

Mézières.

(1) Monnet , voyage déjà cité , et Cavillier , ingénieurdes mines.

les

SUR LA METISt -etc. 3àlés manufactures y sont nombreuses ; ce sontparticulièrement des manufactures d'armesde bombes et boulets, de clouterie, de verre-rie, de draps, de toiles de chanvre et de coton,de bas de laine. Il y a aussi des tanneries, desfaïenceries , des amidonneries, des brasseriesdes fouleries, etc,

Ici la Meuse quitte le terrain tertiaire et sabelle vallée si évasée, pour couler dans unegorge profonde jusqu'à Givet, entre deux côtesfort liantes de rochers schisteux et d'ardoisesces dernières varient parleur couleur. Elles sontrouges, vertes ou bleues, entre-mêlées de grès '-quartzeux très-durs. Monnet pense que si onrecherchait les bancs inférieurs, on trouveraitde très-bonne ardoise. Les deux côtés de lavallée de la Meuse sont souvent à pic, et pré,sentent un aspect nu , dépouillé de. terre vé-gétale, et un site des plus sauvages. Près deRevin et Fumay, ils ont plus de cent quarantemètres de hauteur perpen.diculaire. Monnet,Baillet, et tous ceux qui ont suivi la Meuse oud'autres rivières dont le long cours est alterna-tivement sur des terrains tertiaires et des terrainssecondaires , Ont été à portée d'observer unfait vraiment remarquable , et qui consiste ence que le lit d.e la Meuse , ou celui de touteautre rivière, tant qu'elle coule dans les ardoi-ses et les schistes, ou en général dans les ter-rains secondaires, est borilé de Côtes escarpéesfort liantes et fort resserrées, tandis que, dansles pays calcaires, les bassins et les vallées deces mêmes rivières sont au contraire très-éva-sés , et ne présentent sur l'une et l'autre riveque des pentes douces ou peu escarpées.

. .

rolume 12.

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310 ESSAI POTAMOGRAPHIQUEDe Revin à Fumay, , on trouve encore du

quartz et des schistes alternant entre eux eten quelques endroits, on remarque des coupesde terrain dans lesquelles ces bancs sont de-venus perpendiculaires. Fumay est une petiteville dans la forêt des Ardennes, connue par lesardoisières qui se trouvent dans les environs.

Les ardoises sont exploitées dans ces derniersendroits avec un grand succès ; les habitansuniquement appliqués à ce travail, ont acquisbeaucoup d'expérience. L'exploitation de ces.ardoisières a été décrite d'une manière si in-téressante par l'inspecteur Monnet, que nouscroyons devoir renvoyer à l'instruction qu'il ena donnée dans sa Description minéralogiquede la France, page io3 et suivantes. Parmi lesdifférentes ardoises exploitées à Fumay, on en.trouve qui peuvent être préférées à celles d'An-gers : quelquefois elles sont très-micacées, sou-vent grises ou vertes, et rarement bleues, niaisen général plus sonores, plus cassantes et moinspyrite-uses que celles d'Angers.

Givet. De Furnay à Givet, la Meuse est toujourssur des schistes à ardoises entremêlés de quartzplus ou moins blanc, quelquefois très-abon-dant : les couches des terrains voisins sont plusou moins inclinées à l'horizon, et quelquefoiselles lui sont perpendiculaires.

Givet est une place des pl-u.s fortes de nosanciennes frontières ; elle est divisée en deuxparties par la Meuse. Sa population est environde 4,000 individus. Cette ville, oui tout a étéconverti et mis en usage pour la guerre, nereprésente rien de remarquable. On trouve,avant d'y arriver, des schistes qui n'ont point

Revin etFumay.

SUR LA MEUSE, etc.de, disposition fissile, et n'affectent aucunerègle déterminée dans leur cassure ; plus loin;on voit d'autres schistes tendres qui ,:'ayantpris des retraits, ont reçu dans leurs fissuresune eau surchargée d'un suc lapidifique quart-zeux qui s'y est consolidé. Le schiste s'est dé-truit, et ces infiltrations quartzeuses étant res-tées, elles' offrent des assemblages de prismescreux ou de cellules semblables aux Ludas Hel-,montii. La présence de tous ces schistes , sou-vent micacés; avoit fait penser qu'ils receloientde la houille ;- mais: toutes les recherches n'ontencore été suivies d'a-tic-uni succès.

A deus.' kilomètres de Givet les. ardoises etles schistes disparaissent entièrement. La Mensecommence alors à couler sur lès marbres. Cechangement est sur-tout très- sensible au piedd'une petite colline d'ardoises - et de schistesrougeâtres, dont les couches Sontobliques; eton commencent réellement les marbres sir les-quels sont adosséls les schistes.

Le lit de la Meuse à Dinant estnereusé dansdes marbres noirs et blancs', qui sonamezconnus :pour la densité de l'eux ..couleur-etbeauté de leur poli. Près de cette ville:,-onvoitdes mines de fer en exploitation les usines deses environs en font le principatcommerce.:population est: de 2,900 individus environ. Ensuivant la Meuse, on Voit de droite et de gaucheau- dessus de Dinant sieurs ruisseaux'viennent s'y réunir; après avoir, dans leur courà;alimenté plusieurs fores et fourneaux. EntreDinant et Namur, -on trouve-le-terrain Se-0011---daire, les schistes micacés et lés .grès des-hoUil-lères ; niais il paraît que s'il y a de lahetrille

X2

Dinant.

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312, ÉSSAI POTAM 0 RAPHIQUEelle est à de ,9-,randes profondeurs, car lés re-cherches faites jusqu'à ce jour ont été infruc-tueuses.

C'est en passant sur des schistes et des grèssecondaires que la Meuse arrive à Namur. Cetteville est an confluent de la Sambre et de laMeuse. Elle est grande riche, cOmmereante ,et située entre deux Montagnes, chef-lieu dudépartement de Sambre-et-Meuse. Cette villecompte plus de,15,400 aines. Ses marbres sontassez estanés.:-Sow,commerce consiste clans leproduit de ses tanneries verreries faïenceries,colle-forte, mais particulièrement dans ses fon-deries de laiton ses forges. Au-dessous duchâteau de Namur, .du côté de la Meuse,tire de la l'Un:tille de moyenne qualité par quel-ques petits puits'.

Un:peu au-desseuSde Namur, à 7 kilomètresForge de

Msrehe-sur- environ, est la forge de Marche - sur-Meuse ,Meuse. danslaquelle.ont é:té:faits les premiers soufflets

cylindriques de fonte. Ces soufflets, imaginéset: donstruiÉs-par .10 Cit. Jaumène, ont été dé-crits ,dune manière auSsi .détaillée .qeinteres-stinte,i.par le Cit. Baillet, ingénieur en chef desmines (1).

En descendant de Namur à Huy, la MeuseAudenne. passe sur des manbres et du calcaire compacte.

On trouve à Anderme avant d'arriver à Huy,de Parg,ille blanche., qui est exploitéei pour lafifience , la poterie et les pipes. De AndenneHuy, la Meuse traverse de nouveau un payssecondaire, unlerrain à houille (2).

() Journal des Mines ,volume 3 ,n°.16Cavillier.

Sun LA mtust; étc. 313

A Huy, il y a 6,400 aines environ. Cette petiteville a un très-beau pont sur la Meuse, qui activebeaucoup son commerce. La Meuse coule en-core sur les schistes argileux alternant avec lapierre calcaire compacte.DeLoyable àFleumet,son lit est creusé dans le calcaire ; mais à. 200

mètres de chaque rive sont des schistes alumi-neux exploités, sur une longueur de 3 myria-mètres , parallèlement au cours de la Meuse.Loyable et Fleumel sont deux bourgs de peu deconséquence, dont le commerce est vivifié parla Meuse et les usines des environs (1).

A Flône , au midi de ces schistes, est un filonde calamine et de plomb, tandis qu'au nord deces mêmes schistes, on trouve plusieurs houil-lères exploitées près de Sevain , pour les fa-briques d'alun. Ces diverses mines et fabriquessont un objet très-important pour cette petiteville, dans laquelle tout est destiné à cette bran-che de Pindustrie commerciale.

En coulant ainsi sur des schistes de grès etdes houillères, la Meuse arrive à Liège, eten recevant l'Ourthe , elle divise cette ville enplusieurs .parties. Liège est riche par son com-merce , ses manufactures de fer , d'acier,,.d'armes,, d'ouvrages de cuivre, de laiton, delainage , de mégisserie. Cette ville est dans unpays montagneux, et en partie couvert de ro-chers. Elle produit des grains et du vin en abon-dance. Elle possède des mines de charbon deterre, de cuivre, de plomb , de fer, de cala-.mine, de soufre de l'alun-, et des eaux mi-nérales,, qui, avec les draperies- et les cotons

(,) Voyez Journal des .iVlines , volume, 2 , OiÇ3

Huy,

Flône.

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EssA.r POTAMOGR.APHII,QUEforment une branche de commerce et d'expor-tation très - considérable. Liège,

. chef-lieu dudépartement de l'Ourthe , a 5o,000 habitans.Ce département, ,qui réunit le pays de Lim-bourg, partie de celui de Liège , -et les prin-cipautés de Stavelo et Malmédi , sur 42 my-riamètres carrés de surface, a une populationd'environ 150,700 individus.

De Liège à Maestricht , par Wise ( Wich. ),nous côtoyons des bancs calcaires coquilliersalternant avec des lits de silex. Cette ville, qui,sur la rive droite de la Meuse, n'a, dans sa sta-tistique', rien de remarquable que ses fortifica-tions', est au passage du terrain secondaire auterrain tertiaire ; le passage est plus sensible,parce que les couches calcaires, abondammentrépandues dans tout le pays, y recouvrent en-tierement le terrain secondaire.

c s tria t. La Meuse coule sur le même calcaire coquil-lier à Ma.estricht. C'est une ancienne, grande etforte ville sur la rive gauche de la Meuse, quila sépare de Wise, avec laquelle elle commu-nique par un beau pont. Cette ville, peupléede 17,960 habitans, est le chef-lieu du départe-meut de la Meuse inférieure : située sur la rivemême de la Mense, elle est dominée par la mon-taabne et le fort Saint-Pierre, qui en est le Cle-teau , et n'en est qu'à 5 kilomètres. Au côté droitde cette montagne, celui opposé à l'ouest est unescarpement rapide, découpé en plusieurs par,tics, et formant des sinuosités analogues à cellesque produirait un. courant qui rencontrerait surses bords des obstacles qui s'opposeraient à samarche. Ce courant soit de mer, soit d'eaudouce, a existé autrefois dans cette ligne, et

Wisé.

SUR LA MEUSE, etc. 315

a excavé la -vallée profonde qui est à droite, etqui est arrosée par le Jaar.

La partie gauche de cette montagne, ou lecôté qui regarde le levant, offre un escarpe-ment élevé sur la rive gauche de la Mense, quien baigne le pied. Cet escarpement est taillé àpic, et composé de couches horizontales d'unsable fin, blanc et un peu crayeux, qui alter-nent avec des couches également horizontalesde silex noirs mamelonés et comme branchus,dont quelques-uns ont appartenu autrefois àdes madrépores passés à l'état siliceux, maisdont l'extérieur offre encore quelques tracesd'organisation régulière. On y trouve égale-ment du bois et des coquilles à l'état siliceux.

Cette circonstance est d'autant plus digned'attention, que l'autre face de la montagnerenferme en général des madrépores et des co-quilles entièrement calcaires et de la plus par-faite conservation, au point qu'on en trouvequelques-unes qui ont encore. leurs couleursnaturelles.

Tout le plateau de la montagne est couvertd'une couche de galets arrondis ou ovales, de8 mètres 5 déc. d'épaisseur. Ces caillous , detoute grosseur, sont d'un quartz grenu, opaque,tantôt grisâtre, tantôt d'un blanc plus ou moinsterne, et quelquefois couvert d'oxyde de fer.On y trouve aussi quelques jaspes grossiers,rougeâtres, ou d'un violet obscur : sous cettecouche en est une de 7 mètres, d'un sable quart-zeux, friable, d'un jaune ocreux très-vif, posésur un autre banc de sable quartzeux de 3

mètres, mais verdâtre. Ce banc est directementporté par la partie solide et pierreuse de la

X4V

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316 SSA/ POTA1VIOGRAPIIIQITEmontagne, formée d'un grès quartzeux, à grainfin, faiblement lié par un glutertx calcaire peudur, mais assez solide néanmoins pour formerde la pierre de taille, qu'on coupe avec une sigrande facilité, qu'une exploitation active, du-rant une longue suite de siècles, a fait de cettemontagne un labyrinthe si inextricable, si com-pliqué, et tellement étendu, qu'il est probablequ'il n'en existe nulle part aucun qui puisse luiêtre comparé; d'où on est forcé de croire quel'extraction de la pierre n'a pas seulement servià Maestricht et aux villes voisines , mais qu'ilen a été fait autrefois d'immenses transportspar la Mense, dans le Brabant, la Hollande,et ailleurs. Il est vrai de dire qu'on fait aussiusage de cette pierre sablonneuse, susceptibled'être réduite en poudre comme d'un engraisprécieux très - propre à fertiliser les terrainsgras.

Dans les guerres, et notamment dans la der-nière, les habitans des campagnes voisines seretirent dans l'intérieur de cette montagne ; là,ces malheureux Troglodites viennent Cherchertout vivons, dans l'horreur de ce vaste tom-beau, une tranquillité -qui n'existe plus sur laterre.

Dans les bancs de sable et dans la masse con-tinue de pierre calcaire qui forme la Montagne,on trouve des dépouilles nombreuses du règneanimal dans un état de conservation plus oumoins parfait. Ce sont des bélemnites.isoléesdes coquilles fossiles. de tout genre, des ver-tèbres, des dents de poissons et d'amphibies,des os et des grandes portions de Carapaces de--tortues, dont la description sera exposée de. 4

SUR LA mrusr, etc. 317

manière la plus satisfaisante, dans le superbeouvrage que Faujas de Saint-Fond .a entreprissur cette montagne.

Parmi les nombreux fossiles trouvés dansces vastes souterrains, on distingue particuliè-rement deux têtes de crocodiles, dont l'une,fruit des victoires de l'armée du Rhin, en 170,est aujourd'hui déposée dans la galerie du Muséed'Histoire naturelle, avec une belle collectionde ces fossiles (1). Enfin, la température priseen terme moyen sur un grand nombre d'expé-riences, est de 8 degrés dans les parties de cescavernes, qui n'ont aucun accès de l'air exté,rieur.

Après être sorti de -Maestricht , la Meuse, en R...uremon-*coulant sur des débris calcaires et des sables, de.arrive à Ruremonde , y reçoit la Roër. Cetteville bâtie au confluent de deux rivières , aenviron 4,2.00 d'hahitans- Elle est grande, belle,riche , marchande et bien fortifiée. Elle a denombreuses usines sur ces deux rivières, quicontribuent beaucoup à activer son commerce.La Merise continue son. cours sur des sables. Lavallée s'élargit ; elle n'offre que des landes peufertiles et peu cultivées.

La Meuse coule sur le même calcaire, à quel- wen/oo,que distance de Wenloo, qui a 3,890 habitansdans ses murs , au-dessous desquels le lit denotre rivière est siir une tourbe mousseuse très-

(i) On vient de trouver, en vendémiaire an 9, le reste dusquelette de l'un de ces crocodiles , dans de nouvelles fouil-les entreprises dans la montagne. Le professeur d'Histoirenaturelle de Maestricht l'a payé Go francs pour la col,lection de son école centrale..

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Projet decanal pourjoindre laMeuse auHum , ditcanal Eugé-nie:a.

:Embou-chure de laMebse alto-terdam.

318 ESSAI POTA.MOGRAEHIQUElégère qui sert au chauffage. Cette ville, autre- -

fois commerçante , reprendrait bientôt son an-cienne splendeur, si on exécutait le projet du.canal Eugénien , qui .avait été commencé parles ordres d'Albert et d'Isabelle. Ce canal de-vait réunir la Meuse au Rhin, en passant par'Gueldren , et en aboutissant àWenlo sur Meuseet à Rimberg sur le Rhin.

De Wenloo , la Merise traverse les Provinces-Unies à Grave et à Ravestin, sur un fond ar-gileux déposé par la mer ; et enfin, en coulantsur des atterrissemens nouveaux, elle va prèsde Roterdam se jeter dans la mer, en recevantle Wahal près de Pile Borne'.

RÉSUMÉ.Le cours de la Meuse est d'environ 65 à 70

myriamètres, et même plus. Elle arrose durantson cours des plaines fertiles; en plusieurs en-droits, elle traverse alternativeàlent des ter-rains secondaires e,t des terrains tertiaires.. Ellemet en jeu un très-grand nombre d'usines dediverses 'natures ; elle vivifie plusieurs pays ,elle facilite leur commerce : sa navigation estdouce, nullement périlleuse; elle Commenceprès de Neuf-Château et -Vaucouleurs : enfin,son cours, déjà si favorable à la navigation,pourrait être amélioré avec un avantage pré-cieux pour les pays qu'elle arrose, par Pexé-tion des trois projets de canaux que nous ve-nons de citer. Le premier joindrait la Meuse

la Moselle, de Pagny à Toul ; le second join-drait la Meuse à la rivière d'Aisne au-dessusde Sedan ; enfin, le troisième la joindrait au

SUR LA MEUSE, etc. 319

Rhin, de Wenloo à Rimberg, par Gueldren.. Iln'y a que très-peu de ponts sur la partie infé-rieure de la Meuse. On trouve des ponts depierres à Dinant, Namur , HuY Liég,e et Maes-tricht ; Givet n'a qu'un pont de bateaux , etWenloo un pont volant.

La Meuse reçoit dans son cours un grandnombre de rivières. Les plus remarquables sont:la Sambre, l'Ourthe et la Roër : ces deux der-nières sont dans la Belgique ; et enfin les eauxde Watial, près de l'île Bornel.

En France, la Meuse donne son nom àtrois départemens. Avant de porter ses eaux àl'Océan, elle traverse la partie nord-est de laFrance, ou les départemens : 1°. de la Hante-Marne; 2. des Vosges; 3.. de la Meuse; 4.. desArdennes; 5.. de Sambre - et - Meuse ; 6.. del'Ourthe ; 70. de la Meuse inférieure, où ellequitte le territoire français pour arroser celuiide la République Batave. Enfin elle va se jeterdans l'Océan à Roterdam, conjointement avecle Wahal ou Rhin occidental, comme nous l'a-vons dit plus haut.