ENTREE DANS L’ECRIT

À l’école maternelle

Isabelle Geourjon PEMF DEA Valence

Les programmes: objectifs visés et éléments de progressivité

Il appartient à l’école maternelle de donner à tous une culture commune de l’écrit. Les enfants y sont amenés à comprendre de mieux en mieux des écrits à leur portée, à découvrir la nature et la fonction langagière de ces tracés réalisés par quelqu’un pour quelqu’un, à commencer à participer à la production de textes écrits dont ils explorent les particularités. En fin de cycle, les enfants peuvent montrer tous ces acquis dans leurs premières écritures autonomes. Ce seront des tracés tâtonnants sur lesquels s’appuieront les enseignants de cycle 2.

Les objectifs

Travailler dès la PS pour parvenir en MS et GS à une conscience métalinguistique:

Etre apte à réfléchir sur les traits structuraux de la langue et à les manipuler…

et « passer le mur du son »

Car:

Attendus de fin de cycle, programmes maternelle

Premier domaine: Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions,

2 sous pôles: l’oral et l’écrit

5 attendus de fin de cycle pour le langage écrit :

- écouter de l'écrit et comprendre- Découvrir la fonction de l’écrit - Commencer à produire des écrits et en découvrir le fonctionnement- Découvrir le principe alphabétique - Commencer à écrire tout seul

Attendus langage fin de maternelle oral/écrit

• Communiquer avec les adultes et avec les autres enfants par le langage, en se faisant comprendre.

• S’exprimer dans un langage syntaxiquement correct et précis. Reformuler pour se faire mieux comprendre.

• Pratiquer divers usages du langage oral : raconter, décrire, évoquer, expliquer, questionner, proposer des solutions, discuter un point de vue.

• Dire de mémoire et de manière expressive plusieurs comptines et poésies.

• Comprendre des textes écrits sans autre aide que le langage entendu.

• Manifester de la curiosité par rapport à l’écrit. Pouvoir redire les mots d’une phrase écrite après sa lecture par l’adulte, les mots du titre connu d’un livre ou d’un texte.

• Participer verbalement à la production d’un écrit. Savoir qu’on n’écrit pas comme on parle.

• Repérer des régularités dans la langue à l’oral en français (éventuellement dans une autre langue).

• Manipuler des syllabes.

• Discriminer des sons (syllabes, sons-voyelles ; quelques sons-consonnes hors des consonnes occlusives).

• Reconnaître les lettres de l’alphabet et connaître les correspondances entre les trois manières de les écrire : cursive, script, capitales d’imprimerie.

• Copier à l’aide d’un clavier.

• Écrire son prénom en écriture cursive, sans modèle.

• Écrire seul un mot en utilisant des lettres ou groupes de lettres empruntés aux mots connus.

Entrer dans l’écrit

Les entrées…

Par quelles activités

1 Par des activités de réception active- Écouter des histoires - Écouter des textes - mémoriser des textes pour les dire, redire, chanter…- Chercher des histoires , des titres, des mots en fonction d’un objectif, trier des écrits…

2 Par des activités de production d’écrits- Dicter à l’adulte: maîtriser le verrou qui permet de passer de l’oral à l’écrit

4 Par des activités métalinguistiques- écriture spontanée, provisoire ou approchée…- phonologie

3 Par l’acquisition de gestes graphiques efficaces- Écrire mais aussi…

Objectif 1: écouter de l’écrit et comprendre…

Se familiariser avec un autre langage, écouter, comprendre, répéter, apprendre… par l’intermédiaire:

- Des « lectures plaisir » - Des lectures en réseaux- Des poèmes, comptines et jeux de doigts, des chansons.

pour construire la permanence de l’écrit,pour construire les bases d’une acculturation

1 Activités de réception

BIBLIOGRAPHIEobjectif 1

Pour jouer avec le langage : • Jeux de parole, A Colin-Bourrelier 1972, Paulette

LEQUEUX ,des pistes intéressantes pour travailler la langue

• Jeux de mots et difficultés de prononciation, Flammarion, Philippe Dumas

• Direlire casterman, P. CORAN– Comptines pour ne pas zozoter,

– Comptines pour ne pas chuinter

– Comptines pour que les voyelles s’entremêlent,

– Comptines pour que les consonnes sonnent .

Objectif 2 : Découvrir la fonction de l’écrit

Se construire des représentations des supports de l’écrit:

- prendre le temps de consulter des livres (coin bibliothèque, BCD, travail en relation avec la médiathèque ou la bibliothèque du village…)

- retour des cahiers de vie

- tri d’écrits

- recherches en bibliothèque à partir d’un objectif…

1 Activités de réception

2 Activités de production: la dictée à l’adulte

Attendus de fin de cycle, programmes maternelles:

Objectif 2: Découvrir la fonction de l'écrit.- Vouloir utiliser l'écrit pour dire quelque chose à quelqu'un.- Utiliser l'écrit pour garder trace.- Savoir qu'eux-mêmes ont commencé à apprendre à écrire-lire et qu'ils continueront au CP.

Objectif 3 : Commencer à produire des écrits et en découvrir le fonctionnement.- Participer verbalement à la production d'un écrit en commençant à dicter.- Savoir qu'on n'écrit pas comme on parle.- Savoir qu'il faut améliorer un écrit pour que ceux qui vont lire

comprennent mieux.

Objectifs 4 et 5 : Découvrir le principe alphabétique et commencer à écrire tout seul.

- Regarder ce que fait l'enseignant quand il écrit et chercher à comprendre ses explications.

La dictée à l’adulte

Ecrire comment ?En groupe classe, en petit groupe et individuellement.Sous les yeux des élèves.En dictant à l’adulte au rythme de l’écriture: prise de conscience des différences de segmentation de l’oral et de l’écrit: le mot que l’on montre, les syllabes.L’élève ou l’adulte relit la phrase écrite en montrant les mots.Un écrit se retouche, il est perfectible: On barre, on corrige, donc écrire aéré, ne pas effacer, il faut garder la trace de la correction.Le texte est relu ultérieurement (pérennité de l’écrit).En MS quand ça va bien et en GS on peut aller plus loin:A la fin, quand on relit tout, on travaille sur les répétitions, la logique.

On peut demander aux élèves d’épeler des mots référés ou connus, ou de trouver les sons à transcrire.Faire des essais d’écriture par analogie, analyse phonétique.

Ecrire pourquoi ?Pour communiquer, avec un absent, correspondant, autre enseignant…)Pour raconter, une histoire ou une partie d’histoire (autre fin, étape…)Pour se rappeler: mémoriser ou se référer (mots de la classe: les prénoms, les jours, les tâches prescrites, les règles, un évènement, une liste…)

Quels types de productions ?

Une histoire imaginée, mais aussi…

La fin, l’après ou l’avant d’une véritable histoire

Une histoire dans l’histoire qu’on lit, des portraits,

Des questions, des descriptions,

Un mot sur le tableau pour l’autre maître(sse)

Une liste, un mode d’emploi, une recette,

Une lettre, une affiche, une invitation,

Un article de journal, des titres

Un légendage de photos de la vie de la classe

Un compte rendu d'expérience

Une correspondance avec un élève parti, absent, pour une autre classe…

D’un album, d’une phrase dans un album,d’une série d’albums,

D’une image suscitant une émotion, suggérant une histoire passée ou à venir…D’une série d’images sélectionnées,

D’une chanson ou d’un poème,

D’une série d’objets, de mots: définitions de mots valises créés en phonologie, mots classés (classeurs de contes, bocaux)…

D’un évènement dans la classe (vécu commun),

D’une œuvre d’art (toiles où il y a de nombreux personnages et où chacun a une histoire … ex: Bruegel: « Jeux d’enfants » …

dicter à l’adulte à partir de quoi ?

Sélectionner le ou les supports de base

Susciter ou apporter un questionnement, proposer un problème à résoudre

Faire émerger les représentations afin de faire choisir le support d’écrit et la présentation adéquats (recette, portrait, album, lettre, message, mode d’emploi, invitation, article de journal… nécessitent des supports, une mise en page, une mise en mots, des outils différents.)

Faire respecter le rythme de l’écriture (« attendez ! »)

Faire améliorer les formulations ou reformuler en expliquantRecentrer l’activité, remobiliser

Organiser la production (en live) et/ou réorganiser les propos (souvent nécessaire à posteriori)

Rôle de l’adulte:

Autre type de production d’écrit à observer en live: la prise de note de l’enseignant… pour écrire vite !

Que retenir ?On n’écrit que quand les propositions sont recevables donc on attend que les élèves produisent quelque chose « qui puisse être écrit », on peut faire corriger par l’auteur lui-même, par les pairs, ou soi-même en expliquant pourquoi on modifie : « réécrire » pour mieux se faire comprendre.

Pour améliorer l’énoncé: poser des questions, demander des explications, des précisions, des éclaircissements, s’étonner, douter, répéter en partie et avoir oublié la suite, répéter sans écrire et manifester son embarras devant la forme de l’énonciation, proposer une amélioration, une précision (pour aller au-delà du descriptif des premières productions)…

Quel enjeu ?Réfléchir à l’avenir du texte dont on sera l’auteur puis le dicter c’est: construire un rapport personnel à l’écritdévelopper un regard réflexif sur son activité langagières’approprier des genres avec leurs contraintes

Attendus de fin de cycle, programmes maternelles:

Objectif 2: Découvrir la fonction de l'écrit.

- Savoir qu'eux-mêmes ont commencé à apprendre à écrire-lire et qu'ils continueront au CP.

Objectifs 4 et 5 : Découvrir le principe alphabétique et commencer à écrire tout seul.

- Ecrire son prénom et son nom en écriture cursive.

- Essayer d'écrire tout seul un ou des mot(s) en utilisant des lettres ou groupes de lettres …

- Savoir que l'écriture d'un mot est réussie lorsque le mot est complet, que les lettres sont dans l'ordre et reconnaissables.

3 Acquisition de gestes graphiques efficaces

Acquérir le sens de l’écriture: de haut en bas, de gauche à droite,Passer du plan vertical au plan horizontalEcrire de plus en plus petit, dans un cadre, sur une ligne, entre deux lignes

Colorier, reproduire, inventer des graphismes décoratifs, frises, mandalas…Reproduire des formes de baseÉcrire des lettres Copier des mots (d’abord son prénom)Puis des phrases En majuscules script, puis en cursive

En adoptant une position correcteEn tenant correctement l’outil scripteur: en adaptant la tenue à l’outil…Avec toujours dans un premier temps la possibilité de « gommer », effacer: feutre velleda, crayon à papier.

Acquérir des gestes graphiques efficaces c’est…

BIBLIOGRAPHIE graphisme et écriture :

- Ateliers graphiques en PS, MS, GS, Retz, coll c’est à voir

- Outils graphiques (3 niveaux) Retz, coll c’est à voir

- Ressources liées aux programmes sur eduscol, rubrique « graphisme et écriture », dont voici le lien :http://eduscol.education.fr/pid33040/programme-et-ressources-pour-le-cycle-1.html

- L’activité graphique à l’école maternelle, ESF, 1979, Liliane LURCAT

- « L’écriture avant la lettre » in La production de notationschez le jeune enfant, PUF, 1988, Emilia FERREIRO

- Le geste d’écriture, méthode d’apprentissage cycle 1, cycle 2 – Hatier 2000, Danièle DUMONT

GRAPHISME en PETITE SECTION

• L’acte graphique met en jeu - la motricité globale de l’enfant: contrôle du corps, posture, latéralité- sa motricité fine: réglage des gestes, tenue des outils- le contrôle visuel des traces produites: coordination oculo-motrice- une activité symbolique: attribution d’une signification à une forme

• Le répertoire graphique spontané sera d’abord social- le bonhomme, l’arbre, la maison… deviennent reconnaissables

On peut programmer les « bonhomme du mois » en PS et MS particulièrement intéressants pour mesurer

les progrès.

GRAPHISME En PETITE SECTION

• Activités structurées à mettre en place :acquisition de gestes graphiques efficaces et justes

- coloriages (remplir, ne pas dépasser…)

- reproduction de formes de base:Le geste sera d’abord travaillé avec l’épaule, puis le coude (grands

formats), pas de pointillés.On travaillera principalement des formes élémentaires: verticales,

horizontales, obliques, vagues, ponts, ronds (ligne fermée)avec du matériel incitant au geste juste: carton ondulé, bandes de papier

de grande longueur, obstacles à contourner (objets posés, gommettes collées…)lettres à reproduire par-dessus (velléda)

Les contraintes du travail sur papier seront progressives: plan vertical, plan horizontal grand format (traces dans le sable par exemple, puis

A3),éventuellement petit format (A4): en commençant à côté d’un point situé à gauche de la feuille format chemin, dans un cadre puis sur une

ligne, toujours pour des lettres en majuscules script (on n’écrit pas en minuscules script qui sont les lettres de la lecture).

- premières écritures: les lettres du prénom en commençant par l’initiale en majuscules script

GRAPHISMEEn MOYENNE SECTION

Toutes les activités de graphisme se déroulent de manière très dirigée: l’enseignant indique les gestes corrects de l’acte

graphique.

Les contraintes de moyenne section seront aussi progressives: plan vertical, plan horizontal grand format (A3), puis petit

format (A4): sur une ligne, entre deux lignes toujours pour des lettres en majuscules script.

On abordera pour ceux qui sont prêts en fin d’année le prénom en cursive, sur modèle grand format.

On essaiera de constituer dans la classe un répertoire de formes graphiques.

GRAPHISMEEn GRANDE SECTION

Toutes les activités de graphisme se déroulent de manière très dirigée: l’enseignant indique les gestes corrects de l’acte graphique.

Les contraintes de grande section sont encore progressives: sur un plan horizontal petit format (A4) on passera de l’écriture sur une ligne, à l’écriture entre deux lignes pour aller vers la mise en place du rail

utilisé dans le cahier de graphisme dès janvier.

L’apprentissage portera principalement sur l’écriture des lettres cursives progressivement groupées pour former des mots puis des phrases.L’introduction d’un cahier d’écriture est opportun dès le début de l’année, indispensable à partir de janvier, il évoluera d’ici la fin de

l’année (lignes larges puis plus serrées).

4 Activités métalinguistiques

Attendus de fin de cycle, projet de programmes maternelles:

Objectifs 4 et 5 : Découvrir le principe alphabétique et commencer à écrire tout seul.

- Regarder ce que fait l'enseignant quand il écrit et chercher à comprendre ses explications.

- Essayer d'écrire tout seul un mot en utilisant des lettres ou groupes de lettres qui, en étant lus, reproduisent au moins partiellement la sonorité du mot.

- Savoir que l'écriture d'un mot est réussie lorsque le mot est complet, que les lettres sont dans l'ordre et reconnaissables.

- Essayer d'écrire, seul ou à deux, un "texte" (une ou plusieurs phrases) en utilisant divers procédés.

Mais aussi objectif 2: Découvrir la fonction de l'écrit.

- Vouloir utiliser l'écrit pour dire quelque chose à quelqu'un.

- - - Utiliser l'écrit pour garder trace.

- Savoir qu'eux-mêmes ont commencé à apprendre à écrire-lire et

qu'ils continueront au CP.

Pour des activités métalinguistiques

a- l’écriture spontanée, (approchée, tâtonnée, provisoire ou inventée…)

A lire et à utiliser : « Regarde comme j’écris » J.M.Besse, Les guides Magnard

b- La phonologie

A utiliser: « entrer dans les codes de l’écrit », collection à l’école des albums , GS, guide pédagogique et mallette, Retz

A lire et à utiliser s’il existe dans l’école : « Phono » de R Goigoux et S Cèbe, J.M.Besse, Les guides Magnard. Restriction par rapport

au précédent: les activités individuelles sont à construire…

Faire évoluer ses représentations du langage par deux types de pratiques complémentaires :

l’écriture spontanée

Activité conceptualisatrice qui permet de:- Comprendre comment « marche » notre système écrit- Essayer d’écrire même si « on ne sait pas » pour constater qu’on parvient à déchiffrer quelques-uns des mystères de notre écriture… Cela grâce à de réels échanges sur l’écrit, des interactions entre pairs ou avec l’adulte … qui portent sur :- des comparaisons de formes écrites,- des commentaires et analyses de productions, - la verbalisation des choix,- des remarques sur le code graphique, les supports,- la reconnaissance des formes stables,- des prises de repères (longueur des mots, initiales, jambages) …

Elle permet aussi à l’enseignant de repérer où en est l’élève producteur dans son rapport à l’écrit, Références : E. Ferreiro, J.Fijalkow, J.M. Besse.

Stade 1: figuratif dessin = signification

Stade 2: présyllabiqueÉcritures mimographiques:

essais de traces ressemblant à de l’écriture: pseudo-lettres, lettres, chiffres, boucles, ronds, traits… avec une attention portée à la disposition sur la feuille. L’enfant a alors acquis un premier niveau de conceptualisation: l’écriture est un système de signes arbitraires, à la différence du dessin qui représente le réel de manière figurative.Mais écriture non reproductible…

Écritures sémiographique:-logographiques, avec des assemblages de lettres symboliques pour l’élève (train = mot long car proportionnel à la taille de l’objet) et différents les uns des autres, permettant de dire qu’il a atteint le 2°niveau de conceptualisation: la même écriture (succession de marques graphiques) ne peut pas représenter des référents distincts.- idéographiques, association de séries graphiques à une idée, une catégorie sémantique (ex pour maman et Nicole, même série si maman

s’appelle Nicole), les mêmes lettres utilisées dans un ordre différent signifiant autre chose.

MS janvier

janvier GS

GS

Stade 3: syllabiquePremière analyse de la parole: Passage du « mur du son » ou comprendre que ce qu’on écrit… c’est ce qu’on entend, objectif de moyenne section…

L’élève a le souci d’ajuster son écriture à la longueur de la chaîne sonore, d’abord dans l’interprétation, puis dans la production.Ajustement syllabique: une syllabe = une marque graphique, dans l’ordre d’apparition dans le mot (ex: OI = 2 syllabes = pari) sans souci de la valeur sonore des graphies: il utilise celles dont il dispose, celles de son prénom par exemple.

L’élève a ici atteint un 3° niveau de conceptualisation:Il existe un rapport, qui se traduit sur l’espace graphique, entre une «écriture» et la durée de la chaîne sonore qu’elle transcrit.

Wendy GS

janvier

L’étape suivante est celle de l’analyse de la chaîne sonore jusqu’au phonème, il essaie de coder les unités sonores et l’on voit apparaître:

La bonne lettre pour l’initiale du mot, puis les « bonnes voyelles » ou les « bonnes consonnes ».

Puis il se donne à entendre ce qu’il veut écrire et cherche à identifier les sons présents. Il commence à dire qu’il ne peut pas car il ne sait pas écrire le son qu’il entend…

Puis il code sur sa feuille les seules valeurs sonores identifiées dont il connaît un équivalent graphique et oublie alors de respecter l’ordre des marques disposées ex: KJ ou JK pour cage.

Il utilise ce qu’E. Ferreiro appelle l’écriture « syllabo-alphabétique: ex PAI pour Paris.Ces différents essais permettent de dire que l’élève a atteint le 4° niveau de conceptualisation de l’écrit: Notre système d’écriture s’appuie principalement sur une correspondance grapho-phonétique.

GS janvier

« La tempête s’est calmée, il est arrivé sur une plage .»

« Benjamin était prisonnier, les Boulougoulous arrivent, Benjamin est fait prisonnier ! »

GS

janvier

GS

« Après avoir été sur un radeau,il est arrivé sur une petite île. Il va rencontrer les Boulougoulous. »

MS janvier

GS

« Benjamin est entre les barreaux »

GS

Il va ensuite passer par l’acquisition d’un certain nombre de sous-principes:

Tous les phonèmes sont à transcrire ex: taxi = TA.I, le point signifiant qu’on entend mais ne connaît pas le phonogrammme,

L’ordre des phonogrammes est le même que celui des phonèmes,

Les sons élémentaires (phonèmes) se combinent en sons plus complexes (O+I = OI)

La relation entre les phonèmes et les phonogrammes n’est pas régulière.

A ce stade, l’élève a atteint le 5° niveau de conceptualisation : Pour que l’écriture soit lisible par un autre lecteur, il faut faire correspondre dans le même ordre, des éléments graphiques codant des éléments sonores (phonèmes).

Stade 4: alphabétique ou phonologique

Le dernier stade préparé par les précédents et qui concerne surtout le cycle 2 à partir du CP est le

Stade 5: orthographique

En résumé:

1- Stade figuratif: dessins

2- Stade présyllabique: signes imitatifs d’écrits

- écritures mimographiques

- écritures sémiographiques

.logographiques

.idéographiques

3- Stade syllabique: premières analyses de la parole:

on passe « le mur du son »

- ajustement écrit / longueur chaîne sonore

- analyse chaîne sonore jusqu’au phonème (aléatoire)

4- Stade alphabétique ou phonologique: transcription de phonèmes

5- Stade orthographique: écriture prenant en compte ce qu’on n’entend pas, lettres muettes, accords…

écrire spontanément à partir de quoi ?

Un support identifiable utilisé régulièrement

Dans le cadre du projet langages: écrire une liste, la suite de l’histoire, la réponse à une question…

Librement le matin sur un « cahier de dessin » pour écrire des légendes, une histoire…

De façon ponctuelle, lors d’un travail en petit groupe encadré par l’enseignant

En autonomie dans le cadre d’un atelier en petit groupe (si habitude) avec exploitation ensuite avec l’enseignant dans le cadre du même groupe (importance de l’interprétation et des échanges et comparaisons entre pairs),

Dans le cadre d’un jeu concours lecture avec d’autres classes…

Écrire comment ?Seul, mais à côté des autres… ou à plusieurs,

Comme on pense que ça s’écrit, « ce qu’on entend »,

En utilisant les référents de la classe, des modèles, par copie et des écritures mémorisées et spontanées…

Rôle de l’adulte :Sélectionner le ou les supports de base pour mettre les

élèves dans une situation mobilisatrice: enjeu, sens …Donner confiance en expliquant que ce qui nous intéresse

c’est leur idée à eux, que quand ils auront fini, on leur montrera s’ils le souhaitent comment nous, qui savons déjà écrire, nous faisons pour marquer ce qu’ils voulaient dire.

Après production, prendre le temps de l’interprétation ou chacun dit ce qu’il a voulu marquer en accompagnant ce travail d’un geste du doigt, explique ses choix. Ce moment est très important, il permet de développer une attitude métacognitive.

L’enseignant doit différencier l’écriture mémorisée, l’écriture copiée et l’écriture « inventée ». Il doit prendre en compte les savoirs de chacun, les confronter, favoriser les échanges, en exploitant les productions: montrer ce qu’on reconnaît, s’appuyer sur les premières réussites…

L’interprétation de l’adulte permet à l’élève de mettredu sens sur ce qu’il a sans doute écrit par hasard…Car entrer dans l’écrit se fait par codage : « tu as écrit

un O car tu as entendu O dans bateau ! », comme entrer dans l’oral au berceau : « mam mam… » « il a dit maman ! » (c’est maman qui code le son produit par hasard).

Protocoles instaurés par l’équipe de Besse

En situations:- Individuelle

- duo

1) Situation individuelleMatériel: feuille blanche A4 et feutre à pointe large

Taches prescrites: « est-ce que tu peux marquer sur cette feuille comment tu t’appelles, pour qu’on se rappelle bien que c’est ton travail à toi. » si l’élève demande s’il doit écrire en script ou en cursive, lui proposer s’il en est capable de faire les deux.

Après qu’il a terminé, lui montrer l’écriture en lettres séparées et dire: « maintenant, si tu veux bien, j’aimerais que tu marques comme ça, en lettres séparées. » (faire la même demande s’il n’a fait qu’une écriture cursive).

Après chaque production d’écrit, demander: « peux-tu me dire ce que tu as marqué et me le montrer en même tempsavec ton doigt » (oralisation et geste du doigt).Puis, « je voudrais maintenant savoir comment tu vas faire pour marquer des choses que je vais te dire, les marquer sur cette feuille

de papier. Dans ce travail, tu fais comme tu sais, tu essaies de faire comme les grands, quand on aura fini tout ce travail, je te montrerai si tu veux,

comment moi je le marque, mais maintenant, c’est ton idée à toi qui m’intéresse.»

• Mot 1: papillonIntroduire ce mot dans la conversationet s’assurer que l’enfant en connaît la signification. Le dicter sans

découper en syllabes en le prononçant «normalement ». Demander de le répéter avant de commencer à le marquer.

Oralisation et geste du doigt.• Mot 2: pantalon

Oralisation et geste du doigt.• Mot 3: Peter Pan

Oralisation et geste du doigt.• Phrase 1: la souris a mis un pantalon

Oralisation et geste du doigt.Demander: « tu peux me dire en me montrant avec le doigt où tu as

marqué le mot « pantalon », où tu as marqué « mis », puis « souris»?Puis: « tu peux me dire ce que tu as marqué là ? » Montrer « pantalon »

ou le 2° segment de 3 lettres écrit, puis « souris » ou le dernier segment écrit.

Verbalisation: « Tu peux m’expliquer comment tu as fait pour y arriver ?»A la fin, montrer la production écrite correspondant à la demande

«papillon » et demander: « qu’est-ce que tu as marqué là ? » (verbalisation terminale)

Faire de même avec la production correspondant à la phrase.Puis: « merci, on a fini, est-ce que tu veux que je te montre comment j’écris tout ça, moi ? »

2) Situation DuoL’objectif est d’étudier en direct les démarches de l’enfant face à un problème de production écrite. Pour le résoudre il est amené, à un moment donné de la situation, à expliciter ses choix d’écriture face à un camarade. L’enseignant n’intervient que pour aider à mieux comprendre ces choix: il n’apporte pas d’informations.

Chaque enfant passe alternativement de la position de scripteur à celle de lecteur.

Le problème à résoudre est ainsi présenté:

« Nous allons faire un jeu. Il s’appelle « un bon message, c’est gagné ». On joue par équipes de deux. Il y en a un qui marque quelque chose et l’autre, qui est caché pendant ce temps là, va essayer de trouver ce qui est marqué. Les autre équipes feront pareil. Il ne faudra rien leur dire de ce que vous ferez ici, sinon ce sera plus facile pour eux et ils vont gagner. »

Premier temps (X est scripteur)

« On va faire un jeu de devinettes. Tu vas essayer de faire deviner un animal à ton copain. Comment pourrais-tu faire pour qu’il le devine, sans lui parler et sans lui montrer, simplement en le marquant ici (montrer le papier), par exemple en le dessinant où en l’écrivant ? Si tu dessines et qu’il trouve, vous avez 1 point. Si tu écris et qu’il trouve, vous avez 3 points.

Moi, je ne vais pas t’aider, mais j’aimerais que tu m’expliques à chaque fois comment tu fais. Quand tu auras fini, on appellera Y, on lui montrera ce que tu as fais et l’on verra s’il trouve tout seul. »

Deuxième temps (Y est lecteur)

« Tu vois, c’est X qui a marqué ça, tu dois essayer de trouver ce qu’il a marqué ».

Troisième temps (échanges entre X et Y)

« Maintenant, on va chercher à voir si ton message allait bien. Vous allez discuter tous les deux, pour voir ce qui aurait pu être mieux fait. Puis

ensemble, si vous voulez faire un nouveau message, un encore mieux, vous pouvez »

Puis on inversera les rôles.

Exemples de mots pouvant servir pour les duos:

Noms d’animaux

CANARD, CHEVAL, CROCODILE, ELEPHANT, GIRAFE, HIPPOPOTAME, KANGOUROU, LEZARD, POUSSIN, ROSSIGNOL, SOURIS, VACHE.

Actions

Il aboie, il bêle, il galope, il hurle, elle picore, elle pique, il miaule, il nage, il rampe, il ronge, il rugit, il vole…

La phonologie

Travail à partir d’images en PS: premier outil de représentation du réelDès la moyenne section, utiliser les mots de référence de la classe, les prénoms d’abord…En moyenne et grande section deux plages hebdomadaires peuvent être dégagées pour un travail systématique…Le travail de phonologie sera préparé dès la petite section par un travail lui aussi systématique de catégorisation…

Outils: - Entrer dans les codes de l’écrit,

collection « à l’école des albums GS », guide pédagogique et mallette, Retz pour MS et GS

- Catégo + son imagierS. Cèbe, J.L. Paour et R. Goigoux, Hatier pour les PS et MS

Catégoriser pourquoi ?

- comprendre ce qu’on sait faire (comment j’ai classé…)- abstraire grâce au langage (pourquoi je classe comme ceci: cotelette + croissant), anticiper en identifiant plusieurs propriétés et s’y tenir…- acquérir une flexibilité mentale: changer de catégorisation ou être capable de contextualiser, décontextualiser, recontextualiser car il existe plusieurs bonnes réponses (la ferme, les animaux…)- savoir se justifier, argumenter (je le mets avec car…)

PS: Catégoriser (en MS aussi)Segmenter (parler comme un robot)Frapper les syllabes des prénoms (appel),

d’un énoncé (comptines)

Exemples d’activités à mettre en place :

MS: • Travail sur la notion de syllabe:

frapper les syllabes, les compter, les découper à l’écrit, les mélanger pour former de nouveaux mots… classer des mots,Ex de travail à partir des syllabes: grimoire de formules magiques, mots valises à partir de créations d’animaux bizarres (cf le syllabozoo d’Ouzoulias), de monstres…

• Jeux d’écoute, de transformations… • Commencer à travailler la notion de phonème:Produire des rimes dans une comptine comme « la coccinelle joue du violoncelle », chercher l’intrus, domino des sons…Travailler sur les sons voyelles, l’attaque des mots.• Jeux d’écoute, de transformations… • Travail sur la notion de phrase, puis de mot: segmenter

une phrase simple en mots, montrer, repérer un mot donné dans une phrase …

ANIMOTS VALISES

1

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6

GS: reprise du travail de MS à partir de la syllabe:

Comparer des syllabes orales, les manipuler, inverser, trouver, ajouter ou enlever les syllabes finales ou initiales de mots…

Et travail plus poussé en direction des phonèmes:

Extraire, localiser des sons voyelles, consonnes,dans un mot

trouver et changer le phonème d’attaque, de fin d’un mot,

Apprendre à supprimer ou ajouter un phonème (attaque, rime)

trier des mots

Détecter des intrus phonologiques et proposer de nouveaux mots conformes à la règle

Fusionner des phonèmes pour former un mot monosyllabique

Inverser des phonèmes dans un mot…

Pour permettre aux élèves d’entrer dans l’écrit en allant vers l’autonomie intellectuelle:

La pédagogie de projets…qui permet par le « fil rouge » de donner du sens…

objectifs pour les élèves :ApprendreApprendre à apprendreAimer apprendre

Et pour atteindre ces objectifs :

pédagogie du « c’est pour… », pédagogie du « c’est comme… »

Exemples de projets (voir productions sur site école maternelle Condorcet et preps sur tribu DSDEN ressources maternelle):

- les boulougoulous (écrire des textes, les enregistrer et réaliser un CD)

, - mots valises (inventer une histoire à partir d’un documentaire animaux valises constitué dans la classe)- contes (salades de contes)…Biblio : Entrer dans la littérature, collection « à l’école

des albums GS », guide pédagogique et CD rom, Retz- syllabozoo d’Ouzoulias, Retz

« L’enfant s’apprend à lire en s’appropriant l’objet écriture, c’est-à-dire en cherchant à reconstruire cet objet à partir des relations qu’il établit entre l’écrit et son expérience des écrits, des scripteurs et des lecteurs.

Dans le contexte de l’école, ce travail d’appropriation se poursuit: la responsabilité de l’enseignant est bien de le susciter, de le permettre, de le favoriser… »

« Regarde comme j’écris » Besse, p 185