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« Huile végétale pure carburant » en Isère Mémento pour les projets Septembre 2006

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« Huile végétalepure carburant »

en Isère

Mémento pour les projets

Septembre 2006

Sommaire

J Editorial

J Une démarche écologique, économiqueet citoyenne .................................................................................. Fiche 1

J H.V.P. = huile végétale pure .......................................................... Fiche 2

J Les consommations d’énergies à la ferme et le projet H.V.P. ....... Fiche 3

J De la mise en culture à la récolte .................................................................... Fiche 4

J L’huile végétale carburant : la nécessité d’une qualité contrôlable : ....... Fiche 5

J Stockage et séchage des graines

J Organisation de la transformation

J Utilisation dans les moteurs ..................................................................... Fiche 6

J La valorisation des tourteaux .................................................... Fiche 7

Avec l'augmentation des cours des pro-

duits pétroliers, les agriculteurs doivent faire

face à un double défi : contenir leurs propres char-

ges de production et contribuer à la fourniture de bio-carburants.

Le cadre législatif permet dorénavant l’autoconsommation par les agricul-

teurs du carburant qu'ils produisent. Cette nouvelle situation ouvre de réelles

perspectives.

Ce mémento est consacré exclusivement à la production d'huiles végétales pures à

partir de colza et tournesol.

Des expériences existent dans ce domaine en plein développement. Les initiatives

locales constituent un véritable levier pour adopter des comportements plus écono-

mes tout en répondant aux questions environnementales, sociétales et économi-

ques.

En Isère, une dizaine de groupes associant agriculteurs, collectivités, conces-

sionnaires… s'organisent pour développer ces filières.

Je tiens à saluer l'ensemble des partenaires qui s'associent à notre

démarche pour donner toutes les chances de réussite techniques

et économiques à vos projets collectifs.

Le Président de la Chambre d’Agriculturede l’Isère

Edito

Une démarche écologique,économique et citoyenne

Une démarche écologique :Le réchauffement climatique est lié aux émissions de gaz à effet de serre.

Extrait de l’introduction du plan Climat du gouvernement (2004)

« La température moyenne de la planète s’est élevée de 0,6°C au XXème siècle - de 0,9°C pour la France. Au cours du

siècle à venir, elle devrait s’accroître au moins de 1,4°C, et jusqu’à 5,8°C si nous ne faisons rien. Cette évolution,

considérable, est d’une ampleur sans précédent depuis des dizaines de milliers d’années.

Il est établi aujourd’hui avec certitude que ce phénomène tient à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre

liées aux activités humaines, à commencer par le dioxyde de carbone (CO2).

Nous émettons aujourd’hui au niveau mondial près de 25 milliards de tonnes de CO2. Sur notre lancée, nous en émet-

trions plus de 50 milliards en 2050. La consommation d‘énergie des premières décennies du XXIème siècle équivau-

drait alors à l’énergie consommée jusqu’ici pendant toute l’histoire de l’humanité.

Chacun d’entre nous, comme l’ensemble des secteurs de l’économie, est concerné puisque nous contribuons tous,

sans exception, à ces émissions de gaz à effet de serre. »

Complémentaire des filières industrielles, les huiles végétales pures sont, à leur échelle, une alter-

native aux énergies fossiles.

M. Jacques Nivon,président de la Communauté de laéconomique de Communes du Sud

Grenoblois

“ La communauté de communes s'intéresse aux ques-

tions du développement durable. A la demande des agricul-

teurs du territoire, elle a impulsé et soutient le projet de substi-

tuer l'HVP à l'énergie fossile. En ce sens un comité de pilotage

composé d'agriculteurs* est constitué, il travaille sur la mise en

oeuvre de la production d'huile de colza en examinant les

aspects économiques, environnementaux et techniques. Cette

volonté nous la soutenons parce qu'elle révèle un change-

ment important dans les comportements et les habitu-

des de consommation d'énergie. C'est un exemple

de prise de conscience encourageant pour

d'autres initiatives.”

. . .

Fiche 1

* animé par l’ADAYG

Jean-Paul Prudhomme,

agriculteur à Saint Quentin Fallavier

“ Autrefois, les fermes consacraient 10 à 15 %

de leur surface pour nourrir les animaux de traction

(boeufs, chevaux). Après avoir « délocalisé » la production

d’énergie en l’achetant sous forme de pétrole, il nous est

possible aujourd’hui, d’introduire des cultures énergétiques

dans nos assolements.

Cela doit s’envisager comme une nouvelle activité à part

entière. Il faut donc estimer la rentabilité économique, les

investissements, acquérir le savoir-faire, valoriser les

tourteaux, adapter le matériel…

Seul un projet collectif de taille suffisante per-

met d’apporter toutes les garanties de

réussite. “

. . .La problématique énergétique est mondiale et une partie des solutions est locale.

Le modèle énergétique actuel de développement du monde occidental n’est ni transmissible aux pays en

voie de développement, ni aux générations futures. Il est de la responsabilité de chacun de montrer d’au-

tres voies possibles.

Par exemple, les huiles végétales pures et les bio-carburants dans leur ensemble ne représentent qu’une

alternative partielle au problème des transports.

Aussi, après la prise de conscience du problème, et pour donner toute sa dimension au projet, il est

important que la réflexion s’inscrive dans une stratégie énergétique globale :

J Réduire la consommation des énergies fossiles (pétrole, charbon…) pour retarder l’épuisement des

ressources et maîtriser les émissions de gaz à effet de serre.

J Développer les biocarburants car ils constituent une alternative. Toutefois, les surfaces disponibles

pour la production de masse représentent la principale limite actuelle (1 % d’incorporation de bio-

carburant industriel = 300 000 hectares).

J Développer la recherche pour optimiser la production d’énergie issue de la biomasse. Le modèle

occidental de consommation énergétique doit être réorienté vers la diversification des sources, la

performance, l’efficacité et la sobriété de son utilisation.

Une démarcheéconomique :En ce qui concerne les transports, les huiles végétales pures

représentent surtout un atout pour le secteur agricole :

J réduction des achats,

J amélioration de l’autonomie énergétique et alimen-

taire,

J diversification des revenus quand la commercialisa-

tion de l’huile sera ouverte.

Une démarche citoyenne :

H.V.P. = Huile Végétale PureDéfinition des HVPC’est une « huile produite à partir de plantes oléagineuses par pression, extraction ou procédés comparables, brute

ou raffinée, mais sans modification chimique, dans les cas où son utilisation est compatible avec le type de moteur

concerné et les exigences correspondantes en matière d’émissions » (Directive 2003/30/CE du parlement européen

et du conseil du 8 mai 2003 visant à promouvoir l'utilisation de biocarburants).

Le cadre légalEn Europe, c’est acquis.En référence au protocole de Kyoto, l’Union Européenne s’est engagée, dans sa directive du 8 mai 2003, à pro-

mouvoir l’utilisation de biocarburants ou autres carburants renouvelables dans les transports. Les HVP font ainsi

partie de la liste des produits considérés comme biocarburants.

La France en retardLa France, qui s’est engagée à tripler la quantité de biocarburants produits d’ici 2007, ne reconnaît les H.V.P. que

comme carburant agricole (loi d’orientation agricole votée en décembre 2005, décrets en attente de publication).

En bref, que pourront faire les agriculteurs ? J Produire de l’huile issue de leurs propres graines

J Livrer leurs graines à un prestataire (CUMA, coopérative, privé) et reprendre la quantité d’huile correspondante

J Les tourteaux ne seront pas obligatoirement valorisés par le producteur et peuvent être cédés.

J Utiliser l’huile comme carburant agricole en substitution du gazole détaxé réservé à l’agriculture.

La Loi d’Orientation Agricole envisage la commercialisation de l’huile comme carburant limité à l’usage agricole

début 2007. Contrairement au droit européen, le droit français ne reconnaît pas les huiles carburants pour d’au-

tres usages.

Rhône Alpes Energie Environnement :

l’exemple de la filière courte des HVP dans le district

de Fürstenfeldbruck en Allemagne

L’Allemagne investit massivement dans les énergies renouvelables et a créé

plus de 150000 emplois dans ce secteur. En choisissant de détaxer les HVP pour

tous et en soutenant un programme d’expérimentation sur plus de 100 tracteurs, l’Etat

a ouvert la porte à des initiatives locales organisées avec le concours essentiel du milieu

agricole. Ainsi, dans ce district à l’ouest de Munich qui vise une utilisation à 100% d’éner-

gies renouvelables, des agriculteurs et coopératives ont investi dans des outils de produc-

tion. Actuellement, des «moulins à l’huile» fonctionnent essentiellement sur la culture

de colza et alimentent des pompes de distribution ouvertes à tous. Des centaines de

voitures et tracteurs de proximité transformés ou adaptés contribuent ainsi à

une valorisation des produits locaux et à une économie en circuit court

très efficace. Ce système fonctionne actuellement sans subven-

tion et les investissements sont amortis par la

détaxation des carburants.

. . .“

Fiche 2

. . .

L’étude de référence est celle conduite par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de

l’Energie) et réalisée par écobilan en 2002.

Ces bilans prennent en compte les consommations d’intrants, la mécanisation, les impacts des apports

d’engrais et la valorisation énergétique des co-produits.

Une autre étude (même méthode incluant la distribution), conduite en Rhône Alpes en 2004 (Rhône

Alpes Energie Environnement, Chambre d’Agriculture de la Drôme et de l’Ain) affiche des écarts encore

plus spectaculaires en faveur des huiles végétales pures comparées aux bio-carburants industriels.

Selon cette étude, le diester est pénalisé par les process de fabrication et de trituration qui consomme à

eux seuls 30% d’énergie non renouvelable.

Pour les huiles végétales pures, les consommations d’énergies non renouvelables proviennent à 90% des

ressources mobilisées pour la culture.

Les bons ratios énergétiques peuvent encore être améliorés par des itinéraires techniques économes.

Le bilan énergétique :

Bilan Energétique

Energie restituée/Energie non renouvelable mobilisée

Ain (Etude Rhône AlpesEnergie/ CDA01/CDA 26)

Drôme (Etude RhôneAlpes Energie/

CDA01/CDA 26)

Etude nationale(ADEME/écobilan 2002)

Gazole 0,917

HVP colza 7,79 7,88 4,68

HVP tournesol 10,90 13,33 5,48

Diester colza 3,45 3,46 2,99

Diester tournesol 3,84 4,09 3,16

Les consommations d’énergiesà la ferme et le projet H.V.P.

La maîtrise des consommations : un préalable àaborder collectivement pour des économies indivi-duelles.La production d’HVP vise à réduire les charges liées à la consomma-tion d’énergies sur l’exploitation. Pourtant, l’objectif ne peut se limiter à la substitution d’un car-burant « fossile » par un carburant « renouvelable » alors quela maîtrise des consommations est sans aucun doute lasource principale d’économies.Le diagnostic énergétique d’exploitation est donc unpréalable pour mesurer les marges de progrès possibles.Les partenaires proposent que les diagnostics soient réa-lisés avec la méthode Planète (Solagro / INRA Dijon). Leréseau départemental agriculture durable a en charge lacompilation, l’analyse et la valorisation de ces données.D’ores et déjà plusieurs territoires proposent la réalisationde diagnostics énergétiques pour les agriculteurs.

. . .

Guillaume Coicadan,conseiller à la Chambre

d’Agriculture – projet Agriculture Durable

Il faut seulement 1/2 journée avec l’agriculteur pourétablir ce diagnostic. Ses résultats s’organisent en 3 éta-

pes : le bilan des consommations énergétiques, la mesurede l’efficacité énergétique (entrées/sorties) et la contributionde l’exploitation à l’émission des gaz à effet de serre.Comparés à une base nationale et départementale, les résul-tats, de manière générale, démontrent que le fioul et lesengrais restent les 2 postes les plus consommateurs en éner-gie. C’est pourquoi, le développement des techniques de

cultures simplifiées, le raisonnement des intrants et unbon réglage du tracteur apparaissent comme des

premiers pas vers une amélioration de l’effi-cacité énergétique des exploitations.

Projets individuels ou collectifs ?La substitution d’huile végétale pure au gazole n’est pas sans risque. Les problèmes ren-contrés sont souvent liés à la qualité de l’huile et aux caractéristiques des moteurs. Il fautdonc faire preuve d’humilité dans ce domaine car nous manquons de recul pour établirdes références avec certitude.A côté des grandes filières nationales (diester, éthanol), la stratégie départementale consis-tera à accompagner des filières courtes cohérentes et organisées, en s’inscrivant dans deslogiques de projets collectifs.

6 raisons de s’organiser en projets collectifs pour augmenter les chances de réussite :

J La complémentarité des compétences entre les acteurs du projet : agriculteurs, mécani-

ciens, fabricants de matériels, transformateurs, éleveurs pour les tourteaux…

J Le partage des investissements,

J La répartition du travail et des responsabilités,

J Le regroupement d’un volume suffisant pour amortir un équipement performant et obte-

nir un carburant à qualité constante et mesurable,

J Multiplier les perspectives pour la valorisation des tourteaux gras voire de l’huile pour

d’autres usages,

J L’implication dans un réseau réunissant d’autres projets semblables.

Fiche 3

L’expérience d’Agrinergie dans lesChambaran - Frédéric Bret, membre

d’Agrinergie :La CUMA a acquis un tracteur à huile brute en 1995.Les jeunes agriculteurs à l’origine de ce projet ont vouluconfirmer leur engagement dans la préservation des res-sources environnementales sans négliger les impacts économi-

ques. En 2006, nous avons acheté une unité de pressage, deuxièmeétape dans l’essor de notre projet et l’achat d’un nouveau tracteur

modifié pour rouler à l’huile est à l’ordre du jour.En 13 ans, notre association a pu recueillir des éléments technico-économi-

ques. Ils font apparaître que les coûts de production de l’huile et des tourteaux sontessentiellement la matière première, l’amortissement du matériel et la main d’oeuvre.

En matière de stockage, il est difficile de tirer une règle car le coût est différent si un prestataire/stockeur intervient ousi vous avez une structure qui est adaptée ou bien si vous devez construire un local.Pour la main d’oeuvre, nous l’avons estimé arbitrairement à 15 % du temps de pressage mais nous vérifierons ces prévi-

sions avec quelques mois d’expérience.Aujourd’hui, il faut reconnaître que l’intérêt d’un tel investis-

sement ne réside pas dans le gain financier puisque lecoût d’un litre de gazole détaxé est proche de celui

d’un litre d’huile végétale pure 0,60 à0,70 cts/litre).

Notre démarche est économique, pouratteindre une plus grande autonomievis-à-vis des augmentations du gazoleet permettre aux éleveurs de tra-vailler avec des tourteaux decolza tracés, un atout certainen terme de qualité et d’in-formation auprès desconsommateurs.

. . .

Olivier Beaup, membre duComité de Territoire du Sud Isère

Avec S.I.T.A.D.E.L., notre comité territorial, nousorganisons des réunions d’information et de démonstration.

Nous allons probablement nous engager dans la productiond’huile végétale. Plus nous avançons dans le projet et plus nous en

saisissons la complexité. Effectivement, on peut faire de l’huile avec desmoyens rudimentaires et la brûler dans des vieux tracteurs, mais le gain

économique sera faible en demandant malgré tout, du temps et une prise derisque.Aujourd’hui, nous pensons qu’il y a plus à gagner en ayant du matériel adaptéet fiable, aussi bien pour la production d’huile que pour les tracteurs. Lesinvestissements sont forcément plus coûteux et contrairement à ce que l’ona pu entendre en 2005, les expériences connues manquent de recul.Alors,nous faisons le choix de nous rapprocher des compétences (FDCUMA,

concessionnaires, réseaux d’expériences…) pour nous guider dansnos choix. A noter que dans notre région de polyculture éle-

vage, la production de tourteaux gras promet d’être parti-culièrement bien valorisée et peut même être la

motivation principale pour le projet avantmême la production d’huile.

Les éléments technico-économiques d’un projet collectif

De la mise en culture à la récolteLes cultures énergétiques dans l’assolementJ En jachère industrielle : une déclaration de culture engage l’agriculteur auprès de l’ONIOL (Office National

Interprofessionnel des Oléagineux, protéagineux et cultures textiles).

Une garantie de 250 €/ha (caution bancaire possible) doit être déposée auprès de l’ONIOL si la dénaturation (re-

trait de la valeur alimentaire) est réalisée au stade de l’huile.

Cette démarche administrative permet à l’agriculteur de prétendre aux aides jachères tout en cultivant sur ses ter-

res gelées.

J Sur la sole alimentaire (surfaces céréalières, oléo-protéagineux) en ayant droit à la partie couplée de l’indem-

nité PAC correspondante, plus une Aide aux Cultures Energétiques (ACE) ou « crédit carbone » de 45 €/ha.

« L’agriculteur/transformateur » doit faire une déclaration de culture auprès de l’ONIOL. Il doit en outre stocker

les matières premières et les produits obtenus sur l’exploitation. Si la transformation est assurée par un tiers, le

contrat intervient entre l’agriculteur et le transformateur. Coordonnées de l’ONIOL : Standard : 01 44 18 20 00 - ONIC : 21, avenue Bosquet/Paris

Dois-je dénaturer les graines ?Pour bénéficier des aides aux cultures énergétiques ou déclarées en jachère industrielle, la dénaturation des grai-

nes est obligatoire. Toutefois, si les tourteaux sont destinés à l’alimentation animale, la dénaturation peut intervenir

sur l’huile (se renseigner sur les modalités auprès de l’ONIOL).

Itinéraire technique, Colza et TournesolLa démarche s’inscrit dans une logique de réduction des consommations d’énergie fossile et de gaz à effets de serre.

Par conséquent, les itinéraires techniques doivent veiller à leur bilan énergétique global. Il faut préserver l’avantage

dans ce domaine des H.V.P.

Yves François, agriculteur à Creys-MépieuSelon les principes de l'Agriculture Raisonnée, nous effectuons des

observations tout au long du cycle du colza. Nous commençons par réaliser un se-mis dans de bonnes conditions, ce qui permet de limiter les quantités de semences. Nous ob-

servons les insectes et les adventices dès le début du cycle, afin de pouvoir traiter au meilleur stadeavec la dose la plus faible possible. Nous recyclons la matière organique en épandant du lisier de porc en

suivant un plan de fumure depuis 12 ans. Par ailleurs, nous notons toutes les opérations effectuées ; c’est unexcellent outil de gestion, qui nous permet notamment d'adapter très finement tous nos apports.

Des outils nous orientent également dans la prise de décision : les analyses de sol nous permettent de prendre encompte la teneur en matière organique du sol, nous adaptons la dose d'azote à apporter en utilisant la régletteAzote Colza (CETIOM) ; à ce propos il nous parait important de rappeler que la synthèse d'une tonne d'azote

nécessite 3 tonnes de pétrole ! D'où l'importance de l'économiser ! Enfin, le diagnostic PLANETE (qui per-met d’avoir un écobilan de l’exploitation) nous a conduit à avoir un raisonnement global de notre ex-

ploitation, notamment par rapport à l'ensemble de nos intrants.L'ensemble des économies réalisées sur la fertilisation, la dose de semis, ou les traite-

ments nous permet d'augmenter notre marge brute à l'hectare, notre objec-tif étant de rentrer dans un bilan à la fois financier et environ-

nemental positif.

. . .“

Fiche 4

. . .

Comparons deux variétés :

Colza Tournesol

Place dans l’assolement

Semis dès fin août début septembre Cyclelong : fin août début juillet. Retour tous les4 ans (réduire le risque de maladies).Effet améliorant pour le blé suivant (rende-ment, état sanitaire, structure du sol).

Semis en avril, récolte fin d’été. Bonne têted’assolement, libère tôt le sol.

Environnement Sol couvert en hiver (lutte contre l’érosion)et enracinement profond (piège à nitrate).

Assure une rupture du cycle des maladies descéréales.Peut être conduite en agriculture biologique.Faibles besoins en intrants (engrais et phytosa-nitaires) comme en eau. Amélioration du tauxde matières organiques au sol et stockage ducarbone par l’enfouissement des pailles.

Travail Périodes de travail décalées par rapportaux céréales.

Dates de semis souples et itinéraires tech-niques limités, complémentaire de celuides céréales d’hiver.

Freins

Difficultés à envisager en culturebiologique pour la lutte phytosanitaire.Lutte raisonnée : délicate du fait de lasensibilité de la culture aux maladieset ravageurs.

Culture associée au développement del’ambroisie.

Perspectives et pistesd’amélioration.

Désherbage mécanique. Les recherchesvariétales sont prometteuses.

Le tournesol oléïque apporte un meilleurrendement en huile.

Céline Torelli,Coopérative Dauphinoise

Au sein de la coopérative, les variétés de

colza ne sont pas référencées en fonction

du seul critère « rendement en quintaux par

hectare », mais également en fonction de leur

teneur en huile. Ainsi, on peut préférer une va-

riété dont le rendement en q/ha est un peu

moins élevé mais qui présente une très

forte teneur en huile, l’objectif étant

d’obtenir un rendement en

huile / ha important.

Le choix d’une variété se fera donc au cas par cas, en fonction desobjectifs de l’agriculteur et du compromis souhaité entre rendementet teneur en huile.

Rendement(q /ha)

Teneur en huile(%)

Rendementhuile (L/ha)

Variété 1 39 44 1716

Variété 2 43 40 1720

L’huile végétalecarburant : la nécessitéd’une qualité contrôlable

D’une manière générale, le dispositif de pressage et de filtration devra permettre d’obtenir une huile de bonne qua-

lité et reproductible.

Dans l’objectif de faire adhérer les constructeurs au développement de la filière H.V.P., les partenaires allemands ont

développé une « pré-norme » avec 15 critères. L’analyse totale de la qualité de l’huile selon ce standard coûte cher

(1000 €), mais la mesure de seulement 3 indicateurs s’avère suffisante pour l’utilisation de l’H.V.P. dans les moteurs :

il s’agit du taux de phosphore, de la quantité d’eau et de la contamination.

L’un des enseignements de l’étude allemande dite des « 100 tracteurs » est que, sur l’ensemble des échantillons

d’huile, 50% ne répondaient pas au standard qualitatif pré-établi. Il s’en est suivi de nombreuses pannes.

Si les variétés ne semblent pas intervenir sur la qualité des huiles produites, de nombreux facteurs vont l’influencer

à commencer par la qualité des graines.

Stockage et séchage des grainesLe séchage d’un lot de graines propres (norme allemande <1%) doit intervenir rapidement après la récolte et à une

température inférieure à 50°C pour éviter d’augmenter le taux d’acidité.

Les Allemands préconisent des taux d’humidité de 7 ou 8% avec des températures de stockage inférieures ou éga-

les à 12°C.

Dans le cas où le séchage et le stockage sont réalisés par un organisme stockeur, les normes suivantes seront de fait

appliquées en France.

. . .

Dans le cas d’un stockage à la fermeil est recommandé de se rapprocherde ces normes.Au-delà de ces critères, il faut savoirque :J Le taux de phosphore, responsa-ble de la formation de gomme etd’encrassage des moteurs diminueavec le taux d’humidité des grainesJ La teneur en eau trop élevéedans l’huile provoque la casse demoteurs à injection.

Paramètres Normes Expression

Humidité 9 % % sur brut

Impuretés 2 % % sur brut

Teneur en huile 40 % % sur poids aux normes

Teneur en acide érudique 2 % % huile

Teneur en glucosinolates 25 µmoles/g de graines

Acidité oléique 2 % % sur poids aux normes

(Normes de base pour la commercialisation du colza)

J Dans le cas du tournesol, le décorticage des graines avant pressage limite l’usure de la presse et réduit le contenuen cire dans l’huile obtenue.J Les bonnes conditions de stockage (stabilisation des graines) sont déterminantes pour étaler dans le temps lesopérations de pressage en fonction des besoins tout en garantissant une qualité régulière de l’huile obtenue.

Il est préférable de presser des graines dont l’activité biologique est stoppée, c’est-à-dire deux mois après la récolte.A défaut, la phase de filtration et de décantation peut se compliquer.

Fiche 5

. . .

Organisation de latransformationL’objectif à atteindre est un compromis entre la quantité

d’huile extraite et la qualité souhaitée.

Le taux d’extraction se situe généralement entre 33 et

37 %. Ce taux peut être augmenté en chauffant les grai-

nes ou en utilisant des solvants d’extraction ; on augmente

alors la proportion de cires et de phospholipides. Ces der-

niers ne sont pas recommandés dans les moteurs.

Des précautions doivent être prises pour la trituration en

hiver. Les graines demandent à être réchauffer progressi-

vement pour éviter la condensation de l’eau sur les grai-

nes dans une atmosphère chaude et humide.

La filtrationSous ce terme générique, on regroupe les opérations de pu-

rification de l’huile brute. L’objectif est d’éliminer les com-

posés indésirables pour éviter tout problème de colma-

tage et d’encrassage dans les moteurs.

Plusieurs procédés parfois complémentaires existent :

J Décantation + filtration : technique simple et peu coû-

teuse nécessitant un espace et un temps de séjour en

cuve important.

J Filtration en sortie de presse (exemple filtres à plaque).

Influence de la proportionde graines mûres sur l’acidité

Principes généraux de latrituration à froid

Il n’existe à ce jour aucune étude scientifique comparative des

différents types de presse.

Graines oléagineuses

Triage/séchage/

stockage

Trituration

Tourteau gras

Huile Brute

Décantation/filtrage

Huile Végétale Pure

Le stockage de l’huileAfin de garantir la qualité de l’huile son stockage se fera dans une cuve bien hermétique (éviter la pénétration d’eau),

opaque et facilement nettoyable (l’oxydation de l’huile favorise le développement microbien et donc une dégrada-

tion de l’huile).

La température optimum se situe entre 5 et 10 °C ce qui peut rendre opportun des citernes enterrées.

Ne pas utiliser le fond de cuve.

Utilisation dans les moteurs

ConstatAucun moteur n’est actuellement conçu et garanti pour fonctionner à l’huile végétale.

De par ses caractéristiques, l’huile est difficilement utilisable en l’état comme carburant :

J Son indice de cétane est très faible par rapport à celui du fioul ; la combus-

tion est tellement ralentie qu’elle peut entraîner des casses moteurs.

J Sa teneur en eau est trois fois supérieure à la norme pour un

carburant industriel.

J Sa densité est plus élevée que celle du fioul : les deux

carburants se mélangent difficilement.

J Sa viscosité est élevée et l’huile fige rapidement

quand la température diminue.

J Son taux élevé de phosphore est à l’origine du phé-

nomène de gommage (encrassement des soupapes et

de la chambre de combustion).

RecommandationsSe pose en premier lieu la question de la qualité de l’huile

utilisée comme combustible (voir chapitres précédents) et ensuite l’ap-

titude du moteur à rouler à l’huile.

Une note ADEME Pays de la Loire d’octobre 2004 précise que l’huile peut être mélangée à 30 %

à du fioul sans modification du moteur (tracteurs à injection directe basse pression).

Moteurs modifiés ou non, l’intervalle entre deux vidanges doit être réduit de deux à trois fois

car on décèle systématiquement la présence HVP dans l’huile moteur.

D’un point de vue économique, les objectifs peuvent viser un taux d’incorporation plus

important. Toutefois le peu de recul dont nous disposons sur les effets et les risques de l’utili-

sation d’HVP dans les moteurs invitent à la plus grande prudence.

Dans l’étude allemande, malgré la compétence des mécaniciens pour les modifications, cer-

tains moteurs se sont révélés inaptes à la carburation à l’huile.

Aussi nous recommandons de se rapprocher des réseaux de spécialistes (CUMA, concession-

naires, groupes) qui ont vocation à multiplier les références.

Les pistes explorées actuellement :

J Modifications moteur

J Kit de bicarburation

J Additifs…

Fiche 6

La rentabilité d’une installation destinée à produire de l’HVP repose en grande partie sur la valorisation du

tourteau. Il n’y a aucune restriction législative à utiliser du tourteau de colza gras dans l’alimentation ani-

male. Les références issues de l’institut de recherche confirment la bonne valeur nutritionnelle des tour-

teaux et la possibilité de substituer les tourteaux secs par des tourteaux gras. En outre, ils présentent l’avan-

tage d’être un produit local et tracé.

Dans le cas d’une valorisation à la fermeLe taux de matière grasse plus élevé dans le tourteau fermier n’est pas un obstacle en soi, il suffit de respec-

ter l’équilibre global de la ration.

La multiplication des projets HVP ont encouragé les instituts de recherche et les formulateurs d’alimenta-

tion du bétail à travailler sur ce thème. Des résultats sont aujourd’hui publiés notamment par l’institut de l’éle-

vage.

Des essais en alimentation caprine sont programmés dans le Pôle Expérimentation et de Progrès en Région

Rhône-Alpes.

La valorisation des tourteaux

Deux tourteaux fermiers gras testés aux Trinottières

Témoin Reinartz Täby

Tourteaux Soja industriel Colza fermier Colza fermier

MG/kg MS 3 % 11,3 % 22,5 %

Kg de tourteau/kg de graines - 0,6 0,69

PDIE/kg MS 229 g 127 g 112 g

Tourteau fermier/VL45/jour 2,8 kg 5,5 kg + 0,5 kg T soja 3,3 kg + 1,6 kg T soja

Taux de MG de la ration 2,9 % 4,3 % 5,6 %

Tableau 34 : Caractérisitques de tourteaux de soja et de colza fermier (Institut de l’Elevage - 2005)

. . .

Fiche 7

. . .

Fabrice

Baille (contrô-

leur laitier Sud Isère)

à propos de l’expérience

de François Garnier (EARL

du Chenavier), éleveur à

Nantes en Rattier

En 2005,sur les 4 à 5 ha de colza cul-

tivés sur des terres mises en jachère et

vendus à la Coopérative Dauphinoise,

François Garnier (EARL du Chenavier) a dé-

cidé de garder une partie de la récolte. Il vou-

lait essayer de produire du carburant et du tour-

teau fermier pour améliorer l’autonomie de son

système en aliments azotés et en carburant.

Lors de cette tentative, 4,4 tonnes de graines de colza

ont été pressées, résultat : 1 300 litres d’huile et 3 100 kg

de tourteaux (soit un rendement de 30 % d’huile).

L’huile mélangée avec du gazole (de 20 à 30 % du mélange) a été

utilisée,dans un tracteur de 100 CV à injection directe (marque Valtra) lors

des travaux de labour et de semis d’automne. Aucun problème technique n’a été constaté et le reste de sa production

d’huile sera utilisé en été lors de la récolte des fourrages. Stockée en containers plastiques, l’huile n’a pas figé l’hiver

mais elle est, cependant, moins fluide qu’à l’automne.

Le tourteau consommé par les vaches laitières (1,5 kg par jour et par vache en mélange à 50% avec un tourteau

du commerce pendant deux mois), n’a provoqué aucun problème d’appétence ni de conservation. Le condi-

tionnement en big bag et le faible taux de matière grasse pour un tourteau fermier (16% de MG) ont per-

mis à la production laitière de rester stable.

Ces premiers résultats incitent François Garnier à rééditer son expérience même si le fait de

devoir mélanger l’huile au fioul comporte des contraintes techniques.

D’autres perspectives s’ouvrent pour la valorisation des tourteaux comme combustible (chauffage) mais

dans un département d’élevage comme l’Isère, il semble logique de donner la priorité à l’alimentation ani-

male en substitution des oléo-protéagineux de provenances diverses et incertaines notamment vis-à-vis des

OGM.

Conception : Pôle communication - Chambre d’Agriculture de l’Isère - Crédit photos : FDCUMA Maine et Loire CDA 38- Sept. 2006

J ISARA : Emmanuel Guiral et Christophe

Saint Cyr : “ Les biocarburants en Rhône-Alpes, potentialités des

oléagineux et opportunités de l’Huile Végétale Pure “- Mémoire de fin d’études

ISARA Lyon 2005

J Réseau Trame / FNCUMA / FDCUMA

J ADEME : antenne régionale - 10, rue des Emeraudes 69006 Lyon & 04 72 83 46 00

J La Dauphinoise : Virginie Forot - 42 rue du 11 novembre - 38200 Vienne & 04 74 78 82 00

J CETIOM : 42 rue du 11 novembre - 38200 Vienne & 04 74 78 82 00

J ONIOL : Office National des Oléagineux - 21 avenue Borquet - 75341 Paris Cedex 07 & 01 44 18 20 00

J Directive Européenne : (203/30/C E du parlement européen et du conseil du 8 mars 2003)

J LOA : Loi d’Orientation Agricole du 2 décembre 2005 (articles 48 et 49)

J Solagro / Diagnostic Planète : 75 voie du Toec 31076 Toulouse cedex & 05 67 69 69 69

J AGEDEN : Energie Renouvelable en Isère : Le Trident Bâtiment A - 34 avenue de l’Europe

38100 Grenoble & 04 76 23 53 50

J Rhône-Alpes Energie Environnement : 10 rue des Archers - 69002

Lyon & 04 78 37 29 14

Ont contribué à la rédaction de ce mémento :J Jean-Paul Sauzet – Chambre d’Agriculture de l’Isère & 04 76 30 90 07

J Virginie Forot – La Dauphinoise & 04 74 78 82 00

Sourceset bibliographie

Chambre d’Agriculture de l’Isère40,avenue Marcelin Berthelot - BP 2608

38036 Grenoble Cedex 2