Eduard Hrkal - Grammaire historique du patois picard de Démuin (Revue de philologie française,...

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REVUE DE PHILOLOGIE FRANÇAISE ET DE LITTÉRATURE RECUEIL TRIMESTRIEL PUBLIÉ l'AR LÉON CLÉDAT PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE LYON 24£ ANNÉE. 1910 PARIS (6e) LIBRAIRIE H. CHAMPION, ÉDITEUR 5, QUAI MALAOJJAIS, 5 (Tous droits réserves) CONDITIONS D'ABONNEMENT Paris: 15 fr. Départements et Union postale : 16 fr. N. B. Toute demande d'abonnement doit être accompagnée du montant en mandat-poste ou en chèque, au nom de M'. Hoimé CHAMPION,' .. s, quai Malaquais. .

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REVUE

DE

PHILOLOGIE FRANÇAISE

ET DE LITTÉRATURE

RECUEIL TRIMESTRIEL

PUBLIÉl'AR

LÉON CLÉDAT

PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE LYON

24£ ANNÉE. — 1910

PARIS (6e)

LIBRAIRIE H. CHAMPION, ÉDITEUR

5, QUAI MALAOJJAIS,5

(Tous droits réserves)

CONDITIONS D'ABONNEMENT

Paris: 15 fr. — Départements et Union postale : 16 fr.N. B. — Toute demande d'abonnement doit être accompagnéedu montant en

mandat-poste ou en chèque,au nom de M'. Hoimé CHAMPION,'.. s, quai Malaquais. .

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Adresser ce qui concerne la rédaction,à M. CLÉDAT,

29, rue Molière, à Lyoli.

SYSTÈME ORTHOGRAPHIQUE

DE I.A REVUE DE PHILOLOGIE FRANÇAISE

a) Remplacer pari l'.v valants, sauf dans les noms propres./;) Ne jamais redoubler 1'/ ni le t dans les verbes en eler et en eter.

c) Terminer toujours par un t la 3epersonne du singulier à l'indicatif pré-sent des verbes en air et en re, et supprimer la consonne muette devant ce /et devant Ys des deux premières personnes :je m'assiés, il s'assiet; je.pi eus, il

firent,etc.

A partir du prochain fascicule, notre sistème ortografique sera complétécomme suit :

d. Remplacer, dans les mots d'origine grecque, y par i, ch non chuintant

par c devant a; 0, u ou une consonne et par À-devant, e, i ; remplacer rh parr, 1bpar /, ph par/, — sauf dans les noms propres, ce.qui exclut, provisoire-ment, du moins, le titre même de la Revue.

e. Rectifier les grafies des mots suivants, contraires à la logique, à l'histoirede la langue, souvent même à l'ethnologie : usine(au lieu de asthme'),baiadère

(comme aïeul), baleineet baliser, chetel,coulerde l'argent comme conter une

histoire (c'est le même mot), le corshumain (ainsi écrit Descartes; dérivés :

corset, corsage), un doit, douter et douleur, faisscau (comme vaisseau),1111fis

(comme un lis; ainsi écrit Montaigne), forsené (hors du sens),des las de soie,niaïonnaise(comme baïonnette),morseaitet morseler(comme morsure), un poislourd (comme peser"),tâtêr le pous (comme pousser), pront et pronlemeul(ortografe de Racine et de Mmede Sévigné), un puis (comme puiser), un,remors (comme un mors de cheval), seul1er et de même les dérivés de ce

verbe, segond(comme aigu), seller une pièce, y apposer un seau (latin sigil-hmi), sel, nom de nombre, et sciieme, sercueil (doublet de sarcofage),une sic

pour sier du bois, le sousi, nom de fleur (qui suil le soleil), le tens, de Yuih

(latin olea), un uissier (latin ôsliarium), vil, nom de nombre (latin oclo),uitre (latin oslrca),vint, nom de nombre (sans g comme trente).

Pour l'alphabet. phonétique de MM. Gilliér.on et Rousselot,.

dont se servent plusieurs de nos collaborateurs, voir la notice

qui accompagne YAtlas linguistique.

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'.':".;'S ••;.; SYSTÈME ORTHOGRAPHIQUE

: DÉ LA REVUE DE PHILOLOGIE FRANÇAISE

I a) Remplacer par s Yxvalant s, sauf dans les noms piopres. i'

b). Ne jamais îedoubler 17 ni le l dans les verbes en eiei et en etet./! c) Terminer toujours par un t la 3e personne-du singulier àil'indicatif pré-sent des verbes en oir et en re, et supprimer la consonne muette devant ce /et devant Ys des deus premières personnes : je m'assiés, il s'assiel ; je prens, il

--firent, etc..-".

;; Ce programme vise non à simpline'r l'orthographe, mais à larendre plus correcte. Il a été discuté dans la Revue, t. III,p. 270 ; t. IV, pp. 85,'-i53, 161, 235 ; -t. V, pp. 81 et 308.V. aussi, plus récemment, le t. XIX, pp. 75 ct229; t.XX, p. 307.

' Les premiers adhérents ont été MM. Michel Bréal, Edouard

Hervé, Francisque Sarcey, Paul Passy, Camille Chabaneau,Louis Havet, Charles Lebaigue, Ferdinand, Brunot, EugèneMonseur^ etc.

Le programme comportait auFsi, pour l'accord des participes,des indications qui n'ont plus de raison d'être depuis l'arrêté-ministériel relatif à la simplification de la syntaxe. -'. .'•

ALPHABET PHONÉTIQUE DE MM. GILLIÉRON ET ROUSSELOT

Plusieurs de nos collaborateurs utilisant, pour la figurationde la prononciation, l'alphabet phonétique de MM. Gilliéron

et Rousselot, nous donnons ci-après la liste des signes spéciaus

employés dans cet alphabet :

Les lettres ont la même valeur que dans l'orthographe française, sauf que

g et 5 sont toujours durs. Vu semi-voyelle est représenté par Û>,Ye féminin

par ê, Y ou français par u, le ch français par -e.Un demi-cercle au-dessous d'une consonne indique que cette consonne est

mouillée. Le tilde indique les voyelles nasaies, l'accent aigu les sons fermés,l'accent grave les sons ouverts.

Les petits caractères représentent des sons incomplets. Les signes de la

quantité sont les mêmes qu'en latin.

Nous ne donnons ci-dessus que les indications indispensables

pour la « lecture » de l'orthographe phonétique. Pour plus dé

détails, nous renvoyons à l'Atlas Linguistique et à la notice qui

l'accompagne.

MÀCÔN,PRÔTAT;ERERËS,-rMPMMEDRS'

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GRAMMAIRE HISTORIQUE

DU

PATOIS PICARD DE DEMUIN

PREFACE-

Lvessai de grammaire historique du patois de Démuin

que je présente au lecteur bienveillant fut écrit en 1895, et

fut imprimé en partie (§§ 1-54), larnême année, dans lé

« Programme » de l'École réale supérieure de Krems sur le.

Danube (Basse-Autriche). ;

Le Petit Glossaire du, patois \. de Démuin, publié par

M. Aldus Ledieu deus ans auparavant, fut l'unique source

de mon étude.'

I .

Je "ne me suis plus occupé du picard moderne depuis ce

temps-là. Ce.'n'est que sur l'invitation de M. Ledieu que

je me suis remis à l'oeuvre et j'ai remanié un travail'de

jeunesse presque oublié. Les textes picards publiés par

M. Ledieu 1, sa grammaire manuscrite et ses communica-

tions personnelles me mirent à même de corriger quelques

fautes de détail et de compléter la morphologie, .qui,

en 1895, rie consistait que dans quelques remarques

détachéésV

On me reprochera sans doute de n'avoir pas donné les

formés patoises dans une transcription phonétique. Il a

1. Ede quoi rire à se teurde.Ham, 1905 (t. Ier). In-8°; —Joyeusetès

.picardes;Jean l'Ahuri. Cayeux-sur-Mer,1903; —Piècesrécréativesou le'.patoispicard. Paris, 1904. ''-. - i:

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PATOIS PICARDDE DEMUIN "9

fallu y renoncer, puisque mon ouvrage doit être le com-

plément historique de la Grammaire de M. Aldus Ledieu,dont il faut, par conséquent, garder l'orthographe. Mais

j'espère que les linguistes n'en perdront rien; la graphie

;?adoptée par M. Ledieu se comprent facilement par celui

qui sait lire le français; il faut seulement prendre garde à

*l'm, qui se prononce toujours comme in, ain, an, jamaiscomme an. Il n'y a que cinq sons qui ne sauraient être

exprimés par l'alphabet français ; c'est la voyelle nasale

en en position entravée (é fermé nasalisé), les sons de qu et

gu palataus, et les voyelles i et u nasalisées en fin dé

•mots; j'ai remédié à l'insuffisance de l'orthographe de ma

source en employant des italiques pour avertir le lecteur de

la prononciation idiomatique de ces sons; par ce;moyen

simple, j'ai pu conserver l'orthographe de M. Ledieu tout

en satisfaisant à l'exactitude scientifique. C'est très; rare-

ment que j'ai\ modifié' un peu l'orthographe, soit pour ne

pas laisser déboute sur la vraie prononciation, soit par des

raisons d'étymologie.

Je n'ai pas pris en considération les patois voisins. La

grammaire comparative des patois picards restera à faire.

Je me contente d'avoir collaboré à la monographie d'un

bourg picard..

Vienne, je 6 avril 1907.

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I20 REVUEDÉ PHILOLOGIE RANÇÀISE

I. PHONÉTIQUE

. ' Î -

.'.'-' .i " - -

VOYELLESTONIOJOES ,

Pour expliquer les formes patoises, il faut remonter non

pas au .latin classique, mais au latin vulgaire, c'est-à-dire à

la langue parlée par les colons romains, qui a peu à peu

supplanté les langues indigènes, et qui s'est développée""

d'une manière différente dans les divers pays romans. La

prindpale différence entre le latin classique et le latin vul-

gaire des premiers siècles de notre ère consiste en ce que

le latin vulgaire ne connaît plus de voyelles longues et de

voyelles brèves, que la différence de quantité a été rempla-

cée par la différence de qualité; l'-É-long et l'j'bref de la

langue classique se sont changés en e fermé ; Ye bref est

devenu è ouvert ; Yô long et Yu bref sont Revenus o fermé;

Yo bref est devenu o ouvert; Ya,'Yi long et Yu long sont

restés intacts.' '

.

Ces sons de la langue vulgaire se sont développés d'une

manière différente selon qu'ils étaient en position libre ou

en position entravée; en outre, ils ont subi l'influence des

consonnes dont ils étaient entourés. • --.

Nous nous proposons donc d'étudier le sort que les.

voyelles du latin vulgaire ont eu dans le patois-de Démuin.

§ i. a latin libre devient è : ...'-'' '

\. assë, assez. •

, -atus >> -è. - .,

-tatem > -té, p. e. :

dîné (dîné), été (été), rentré (rentré), resté (resté)

et,beaucoup d'autres.- •'-

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PATOISPICARD DE DÉMUIN ". Î-2I.

Certaines consonnes, p. e. IV, montrent une tendance à .

modifier-.en è fermé tous les e qui lès précèdent, quelle.-

qu'en soit l'origine. Nous en parlerons plus tard.

-anu,-anë'sonttraités de la même manière qu'en fran-

çais central, c'est-à-dire qu'ils deviennent ain (e nasalisé) :

sanus >' sain ; "-'...;'.";

-ana devient -aine, mais la voyelle garde le son nâsai

qu'elle avait autrefois dans tous les dialectes français et

qu'elle a gardé dans beaucoup de patois (comp. Meyer-

Lûbke, Grammaire des langues romanes, I, § 391) :

lana >> linne (prononcez lin-ne). \\

- '- '§ 2. Le développemeat d'un i secondaire modifie en ai

l'a latin;cet ai devient oè *(que nous rendrons! toujours

par oi' en conservant l'orthographe de notre source), quandil est précédé d'une consonne labiale : '

foire, fairej

affoire. ; -.

se: défoire (se suicider).

méfoire.

refoire (duper).

foiseu, faiseur,

moi, mai... ,

moîte, maître.

moie, maie.

Le même changement a lieu avant l'accent :

boisier, baiser,

boisieu, baiseur.

boisiure, endroit du pain

qui n'a pas de croûte,

boissier, baisser. ;

moison, maison 1,

moisonnée, famille,

poy'er, payer.

poys., pays (à prononcer :

poué-i).'poyéle (patella >'paële >''

. payele > poyéle). .':

poissier, paître. """;—--, :.

wolgner, crier (se dit des

roues, =allem. wèinen);

t. Les gens âgés disent ouè.

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122 REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE

:'LV semble produire le :mêmeeffei: dans M "''."'

rois in (raisin),- '

tandis que dans braie, braire, braise, l'a i s'est con-

servé. V -....' i .'"'' -;

Quand l'ai ancien a été suivi d'une MOU /, la labiale

initiale n'a pas eu d'influence :

: : bain. \

• '"':'" baile, bail-.

§ 3. a après une palatale devient ie ; cette diphtongue—s'est 'conservée dans notre patois, tandis qu'en français

moderne elle s'est réduite dans la plupart des cas à e simple:

aidier, aider,

aisiè, aisé,

agûisier,. aiguiser,

s'anuitier, s'attarder de

nuit,

boisier, baiser,

boissier, baisser.

• fl.airier, flairer,

plaidier, plaider,

rempirier, devenir pire,

widier, vider, ~~;

ratisier, attiser,

mal-baptisiè.

il en est de même après la formule -is- :

avisier, aviser. ..

ravisier, regarder attentivement.'

Cet i s'est introduit dans les dérivés :

aisiutè, aisance. ."usage du tabac en poudre

ratisioir, tisonnier. (prisier).—1.-

priszeu, -oire qui fait

-ata après une palatale a donné -iée; cette triphtongue

s'est simplifiée en -ie, avec l'accent tonique surl'i, puis en

'; i long : ,.\ --'

cbeuchie, chaussée,

cuïgnie, cognée,

pingnie, poignée/

ïengu'xe, rangée,

peuçhie, pincée (*polhce

-j—ata).'

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PATOIS PICARD DE DEMUIN £23

ca-, ga- latins (ou germaniques, celtiques) ne deviennent ,

pas ch et ; en picard,; mais au lieu desjtnciehs k et g(u)y'

nous-trouvons dans notre patois t èlà mouillés. La «,pala-talisation » paraît;"encore plus avancée dans quelques autres

patois picards,,-.p. e. dans celui d'Amiens, où la jeune

génération prononce p. e. pétcher (pêcher)j tchien

(chien), cotchette (coquette), chatchein (chacun).

(Comparez Koschwitz, Ueber einen Volksdichter und die

Mundart von Amiens; Halle a. S., 1899; le vieillard.qui. a

récité ses chansons à 'M. Koschwitz a encore prononcé

péquier, quien, cotiette, chatiein.) Nous layons res-

pecté l'orthographe de notre source en conservant les lettres

q u et gu pour représenter ces sons pàlataus ;] mais nous

les imprimerons m italiques pour indiquer qu'ils sont.à ,

prononcer comme/ et d' mouillés :

q u e r r e, tomber (cadere),

quer, cher,

feu^wer, faucher.

quien, chien.

zq u i é n é, qui travaille

comme un chien,

r eng u ie, rangée.

pourç'Mer, porcher.

goenguer'

(*gàllicarius,

arbre qui produit des nois•' « gallicas », .en. pic.

« gceuguè.»).' '

.

gaquére, jachère (gascaria).

Vi de l'ariçienne diphtongue ie a été absorbé,, dans là'

plupart des cas, parla consonne palatale .précédente".-

--. § 4. -avu latin (ou germanique) devint d'abord ,*au

(diphtongue); l'a'de cette diphtongue se changea en è en :

même temps que'tous lès autres à en position libre, de

sorte qu'il en résulta une diphtongue *èu; les deu's élé- 1

ments de cette diphtongue se fondirent plus tard et don-:

1nèrent eu monophtongue :

.-. i. Les deux gu de ce' mot se prononcent .donc différemment: le.

premier comme en français,; le second comme dï mouillé. ;''

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124 REVUEDÉ;PHILOLOGIE:FRANÇAISE; :

Tt'l-e-u.,i-çlQUil v.

c1eutè, clouté. -

bleu, bleu.

.''. é bleu k, éblouir;, -

cailleu, caillou,

trett, trou.

§ S-aquadonne ieu."

; -

Ce mot donne ici comme ailleurs le même "produit que

lé suffixe -ellù's ; aqua est d'abord devenu èwe, puis Yè

est devenu te. \ -

•§., 6. -arius -.est traité comme en français: masc. -ié,

fém. -iére :

.'.• prummier, premier.- -

'. osiêre, osier (osaria). .

Des mots comme porquer,, goeuguer (voir § 3), de

même que seuler (soulier), ne sont pas des exceptions;

dans les deus premiers, la chute de Yi s'explique par la .

.nature de la consonne précédente ;_seuler est probable-^"

ment *solare ou*seul-\-.lé suffixe -ettum.

; ---abilis donne toujours -ap, mais tous ces mots sont

d'origine savante (sinon, la consonne finale devrait être-/)»

§ 7, a entravé.demeuré :

ache, âge.

ape, arbre.,

h r ache, brasse,

cape, voûte.

lâche, lacs,

larque, large,

rate, vite (rapide).

; .- • .-ft.

§8.. al devant une consonne donne le même produit

. que la formule -avu ; le développement a été .':.-al >:au

(diphtongue) > eu (diphtongue) i> eu (monophtongue) :;

beude, ânesse.

beudèt. \ :

. beu.delèe, ce que peut-

"• ;porter un baudet. /

cceuche, çhaùx.

ccéut, -te, chaud.

f&U,'feusse, faus (adj.).

épeule, épaule.

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'-;;.;• PATOIS PICARD DE DÉMUIN "125

euche,. auge.::

décoe ux, déchaus.

i feut, il faut. --',

feute, fauté...-——-",-:-.

gceugue,. nois très grosse

(gallica).- -/-:

heut, haut,

meu, malva silvestris.

s eue, saule.'

Comme eu correspont dans tant de mots';à un au fran-

çais, on a modifié des mots de la" langue littéraire :

coeusse, cause. .

Gleute, Claude. •'

§9. Influence palatale, -aneum, -alium \(-aclum)donnaient d'abord -agn-, -aill-, puis-eign-J, -eïll-; à

la fin des mots, l'élément palatal s'est perdu, étjnous'trou-

vous :' ,, ': "';-..'.

-ein (au fém.-inné),-aile :

.bain.. V.'

'.'

çàmpinne 11,campagne '. "

compinne, compagne,

montmne, montagne.. baile, bail 2,

bétaile, bétail.

cailé, caille. ,

taile, taille. •

écaile, écaille. 'V\.':

'., tenaile, tenailles,

sanctus > saint (comme"

en français). < .' •

sanguis >• sain.

§10. an suivi d'une consonne demeure, comme: ;en

français : tant, an, grand, anfarit, les -participes du. pré-sent'en -ant, etc. Dans quelques mots,, comme rubfen

(ruban), b a t a c 1e n (bataclan), fax e n - d e- v in (brandevin),•

cabénê (cabane),, sutënè (soutane), où an-français est

remplacé par e a 3, il s'agit assurément de mots empruntés^

, ..-i.. Prononcez : .camp in-ne; .- .; '.:'.':..[.';'.''.' 2. Prononcez :. belle ou'bêle; :

,3. Quisé prononcé, d'ans l'orthographe de notre source; comme, aïnou in, jamais comme an.•• .. "_.'-; " ;...,^; :;:\;;.:;;.;

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Ï2& .REVUËvDE PHILOLOGIE FRANÇAISE

àla langueJittéraire; comme en correspont dàliis. beaui; -

icoup de cas à an. français, on l'y; a substitùév 3;j;' on = an dans -.-'haIon ch.ê . (balance), par analogie dé

ealongé, etc. -'-'i

sènmedi (samedi) sera « septima dies » et nq'n '&sab-

b'ati (sambati) dies ».

§ II. ;ar suivi d'une consonne se modifie quelquefoisen er (merque marque, c'a if que'.charge); mais ce chan-

gement n'est dû qu'à l'analogie.des syllabes atones (fner-

quer, cairquer),dont nous parlerons § 43.

. § 12. Quand a est le son final d'un-mot français, il

devient 0 ouvert en picard :

arméno, almanach.

bos, bas (fém. basse),

il o, il a.

bros, bras. ."

cagueiio, cadenas,

eot, chat (mais cat-want,

chàt-huant, otf"'~Ya n'est

pas accentué),

cafnavo, carnaval,

cos'so.^ colza. -'

'"d'ëjô.j déjà.

lô, là (mais lâ-bo, là-bas),

embarros, embarras,

maricho, maréchal,

mo, mal. j

vo, valI.-..'- - :|

' '"1pos,-pas. ',

-j-rot, rat. ''•! ':•''..

rot d'ieu, râle d'eau.;

ylo, voilà. .

verot, -verrat.

§ 13. au latin devient 0, mais qui se prononce comme 0;

ouvert :. . -,

. posse, pause.. ...,., .

''/-'[ _ ; ; ;pofe, pauvre.: -\ V

§ 14. è latin ouvert et en position libre donne ié; mais

.le son fermé de l'e semble, être toujours dû: à l'influence

i. Dans: ces trois derniers .mots,-:1'/' est tombé ; on ferait -erreur

d'écrire mau; van.:. ;"

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PATOISPICARDDE DEMUIN . I27

des consonnes, suivantes, qu'elles soient conservées -ou

tombées, car le résultat spontané d'un è ouvert libre devrait

être iè; mais je, n'en ai pu trouver aucun exemple

(comp. §25). .^-- -;:-- -:-""" - ..

arrière, arrière. v 1

tlrière, derrière. i. \" . '.'

en donne de même ien :

:ier, fiére, dur, brutal,

nié, miel 1.

bien.

fien, fumier (bas-latin fëmus).'"'

'. _

1 '.''! - -'• "-\§15. è latin entravé demeure : perte, etc., sept,, etc.

Sous l'influence des consonnes suivantes^ il devient é :j 1

tête, tête (par l'influence

de Ys tombé).

bêle, belle. . ; '

tére, terre (cf. § 16). ;

L'è ouvert français se rent aussi par é dans des mots qui

ne sont pas indigènes, comme : ,'

néque (nègre),',excés, abcès, préfé, su je, broché.

en latin suivi d'une consonne devient en, c'est-à-dire,

ain, in (et non pasan. comme en français) ; -,'

chent, cent 2,

gens, parents,

gent, personne. .

-ment (suffixe,— latin

. -mentum et -mente),

vent, haleine.

trempe;, pluie abondante,

venn.e, vendre',

tenne, tendre (verbe),,

ayinne (= bas-latin : ab- '•

emere).

en que, ..encre (s-j-xauirrov).

.:;. 1.. Le seul mot où Ton attendrait iè se présenterait dans pied, mais";

,quise prononce comme en français (pié) et qui s'expliquepar l'analo-

gie des autres mots où. ië est.déveriuiè.< .

1 . 2. Prononcez ; chein .. ..'3. Prononcez : vin-né, ,. :

Exceptions: tan s,,temps(seretrouve dansbeaucoupde patoispicards,

quelquefois à côté~de .timps,"p. e. à Amiens. Notre: patois offre lé

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128 REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE

§ 16. Nous avons déjà vu que la pronoriciation de Te'

est tantôt ouverte, tantôt fermée; la pronondation ouverte

est le développement spontané d'à latin libre et d'e latin

entravé ; la prononciation fermée est due à l'influence des

consonnes suivantes. Les consonnes qui produisent cet effet

sont : r, /, s (même quand elles ne se prononcent plus),

n, m. L'influence . de ces consonnes s'étent à tous les e,

quelle qu'en soit l'origine :

e suivi d'r :;

-er (de l'infinitif de la pre-

mière conjugaison).

•-ier, fém; iére (-arius).

ariére.

driére, derrière,

fier, fiére, dur.

os iére, osier (osaria).

înére, père.,'frère. .

tére, terre.

éteuillére, champ d'éteule

(*stupilaria).

e suivi à'I :

se, sel.

bêle, belle; pèle, pelle,

hérondélë,- hirondelle,

né le, nielle (nigella).

•télé, jatte (tegella).-

fichêle, ficelle. \\

fumméle, femelle.' : ir '

bertéle, bretelle.'

poyéle, poêle.

développementrégulier dans un mot intéressant, l'adverbe tonpe, de

bonne heure, = temporé). .'•'""

example (mot savant).' " . famine, femme. ':--""

La voyellenasaleen (in, a in) se prononce comme en français(bien,vin, main); mais en position entravée, c'est-à-direquand elle est suivie

d'une consonneparlante;dansla même syllabe, elle a un son étranger,aufrançais; elle se prononce alors comme un e fermé nasalisé. Cette diffé-

rence ne se marque pas\dans les textes; nous l'indiquerons par des

italiques;elle s'applique à tous les en toniques, quelle:qu'en soit l'ori-

.gine (an, en.et in latins ou germaniques).Comparezencore la:fm.du paragraphequi suit.

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- PATOISPICARDDE DÉMUIN. .-.;• —129' ' . - - .T-' ,• e'suivi à's : ; .•.-'••;•'r.".'--'.

fête, fête. "'_.'•-;

tête, tête (mais tète, mamelle),

béte,' bête.'

. e suivi à'n et à'm : . .

amène, amende,

gène, gêne. -

U gène, Eugène.

. gré ne ; graine,

pléne, plane,

baptême, baptême.

Quant.au traitement de l'e devant les nasales,-nous': pou-vons observer deus tendances diverses : Tune est dpi con-

server le son nasal, qui ne peut être qu'ouvert (linrte,

laine; veri né'vendre), l'autre est de rendre fermé l'e ayant

n et m (gréne, graine; amène, amende; rêne, rendre).

(Comparez Meyer-Lùbke. I, § 88.). ;

§ 17. Si l'è ouvert bas-latin. est suivi d'un u (né d'un w,

d'un qu, d'un .v ou d'un i latin); il devient Âe. Cet ie se

combinant avec Yu suivant, il en résulte une triphtongûe,

ieu, laquelle est devenue tu en picard, en élidant l'élément

moyen :

Diw, Dieu. \

vi«, vieus.

ciu, ciel, cieus. -

iue, lieue. . ..."..:.-

miw, mieus. ." ";'

(suire, suivre, présente la mênie métathèse qu'en

français';: 'siure ~> suif e). v - ;

:§"i8. Le même phénomène s'observe quand -ie (né: d'un

e, ouvert latin) se combine avec.une. palatale suivante,; la

triphtongûe iei élide son élément moyen et devient i.

.Dans ce derniérxas, -il n'y a pas de'différence entrele fran-

çais et-le picard : lit,,; pire, Tire, etc.'

•-; ,•';,;

REVUEDEPHILOLOGIE,XXIV.:' '.-'-."'- . 9 .

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130 '-;.... REVUEDE PHILOLOGIEFRANGÀISE ";-':."', . . .

§ 19. -ellus i> ieu : -;;

bieu, beau,

pieu, peau,

dépieuter.

Le suffixe diminutif

-éllum > -i'eu.

Comme en français, la formule -ellus donne le même

résultat que aqua (en picard ieu).

Lé premier développement a probablement-été-commun

au picard et au francien : bélsO> bèus > beaus >

biaus; c'est à cette étape que la divergence commence :•

IV picard était plus palatal que l'a francien, v. § 8 : faute .

..> feute comriié biaus > bieus.

Exemples du. suffixe- -ellum : boyeu, aignieu,

càpieu, carieu, catîèu, coutieu, cerisi.eu (== ci-

seaux), coïeu .(— codellum), drapieu, ésieu (oiseau),:

dizi-eùy;. écamieu, étiëu -(poteàa, == /j *statellum),

étorgnieù,.. forgnieu, gruïeu, 'houbriéùy 'hey'eu

(hoyaù), morcieri, ormieu, nasieu, navieu (navet),

ridieu, renouvieù, sieu, vieù (vitellus).Dans bourseu et îiaacreu, Yi a été absorbé par les

deus consonnes précédentes; càvieu-(cheveu) a remplacéle suffixe -illus par -ellus; berchou (berceau) offre le

suffixe -ot, et monché (monceau) le suffixe -et. -

; § 20. é fermé latin en position libre devient toujours oe 1

(que nous écrirons oi en adoptant l'orthographe -de notre

source) ; le français moderne a souvent réduit cette diph-

tongue à ai (== e), le picard la garde partout :

:.',.1',' Les-personnagesâgées"surtout prononcent plutôt pué, ; avant ^ l,r,- n,;l'e devient fermé (oé). ..,;.— ;''

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-'

PATOIS-PICARDDE DÉMUIN; — r 131

-oir, des infinitifs de la

4e conjugaison,

soir,

poil.

poire. '-;

c\oi.

-ois, -oit des imparfaits.

roite, raide.

roie, raie. -,

toie, taie,

soile, seigle,

voire, verre. -

soi; soif,

cloie, .claie.

§' 21. Dans" quelques mots; 01 picard correspont à i

français (la formule -ica-, -eca-) : ,

loyer, lier.'lôyen, lien. ,.

ploie, pli.

ployure."

, \

sçdie,scie. . \'

sçoyer, sçoyache;] :. - ' ; i - -

L'analogie a donc eu en picard une tendance opposée à

celle qu'elle a eue en français.' r : . :

§ 22. en basJlatin suivi d'une voyelle donne è nasal 1:

quinne, chaîne. '--/

---avinne, avoine'. ' '.•','

fein, foin:

.','• Exception : moins (minus); le. même mot protonique :

man que, \ma que = seulement que.

§ 23.. é bas-latin après une palatale a subi le même trai-

tement qu'en français (i -j- ei se fondent en i) :

poys, pays 2,

chire, cire,

roisin, raisin.

musir, moisir (inueere).

plaisir.

1. Ou àvèn_e,_comp. § 16.2. Comp. § 2 (prononcez pouè-i). .;

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132 :•' REVUE'DE PHILOLOGIEFRANÇAISE -

§24. e latin entravé devient è ouvert!:

veffe, veuf, veuve (viduus méra 1eresse, ,sage-femme

>> *vévvus)."

(mater *alatrissa).:

sèque, sèche. chercler, battre violera- .

meile, nèfle (méspilus. > ment (circulare).mèsle > merle > mél).

La seule exception, c'est al = elle ; mot proclitique.

en bas-latin suivi d'une consonne devient aussi è nasal

(et non pas a nasal, comme en français central) :.

s en, saris,

den, dans,

en-, entre-.

senfe, sanve.

dimewche, dimanche,

reng, rang.

chéreng.

benne, bande (germ. bin-

dâ).en c h e, espèce, race (*en t i a,

part. prés, de esse, au

pluriel, comme fo r t i a,

etc.).

§ 25. Il y a enfin un petit nombre de mots où Ye (= a,

é et è latins ou germaniques) est devenu éuil: .,

è!latin : ieuf,,lièvre ; lève. '.'

ayieuf, élève 2,

gnieuche^ nièce,

mieufe, mièvre,

queure, chercher (quae-

rere).

glaise (germanique; sur

-/ = th germanique ; voir

Meyer-Lûbke, I, § 557).

dégeu, dégel.,.,""

Gènevieufe. ' ~ J'

bieufe, terre argileuse,

e'latin::gairzeule, groseille..

dfteu, orteil.

freu, frayeur."

, • -

1. N'oubliezpasquedansl'ortographe de M.Ledieu en se prononcetoujours comme ein, in, jamaiscomme an.

2. A côté dé éléf'e, qui est emprunté aù"françàls.

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PATOIS-PÏCARDDE DEMUIN. _--

133

a latin : seufe, sève (à côté de séfe).

feufe, fève.. -

Dans la plupart des exemples cités, le changement semble

être dû à l'influence labiale. (Comp. aussi mumme =

même.)

§26. i long'latin se maintient :

dire.

-ir, -i des infinitifs et des

participes de la 2e con-

jugaison.

berbz's, brebis.

chique, gros morceau

- (cieça). y

chitè, cidre. \

fniler, mirer. ; \

pertns, perdris. ! 1 . -

L'Î final est toujours fortement nasalisé, dans notre dia-

lecte; dans abri, pertns, profit, etc., Yi se prononceà peu près comme im portugais ou comme iY nasal que l'on

entent dans quelques patois: allemands (p. e. lé sou'abe).

Puisque la voyelle ne change pas de qualité (ne devient

point-è nasal), nous ne tenons pas à indiquer \e timbre

nasal par quelque signe diacritique ; l'emploi des italiques y

suffira.

§ 27. in latin donne un è'nasal':'

fin, fin (latin).

fin; très (germanique ; fin).6

-ina devient naturellement -ihne 1 :.

bohinne, bobine. >

breuhinne, *brugina.

couenne, *çutina.

ratif),(mais à l'infinitif':

adeyiner).

. cousinne..

adevinne, devine (impê- faminne.

1. Prononcez : ein-ner

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134 * REVUEDE PHILOLOGIE3-R^NÇAISE .

fin fie, fouine,

frinne, farine,

glinne', poule (gallina).-

rasinne, résine.

i ... .ruinne,

é.pinnë.

méquinne, fille.

l ...

-ima devient de même -imme :

au primme, après l'heure. .

\ -

§ 28. il%uivi d'une consonne 1 et iou donnent iu 2.

il : sorciw, sourcil.

outitt, outil.

fi», fils,

ivu : naï#, naïf.

pensiw, pensif.

enfantiw, enfantin-,

maladie, maladif.

poussiM, poussif,

craintiw, craintif.

(Le féminin de ces adjectifs est en -iuss'e.)

- § 29. 0 ouvert latin en position libre est devenujueen ~

ancien picard, eu (monophtongue en picard moderne) :

boeu, boeuf,

aveu, avec,

reue, roue.,

tr.eufe, trouvaille.

pi eu le, pluie (comp. l'ita-

lien pioya).

feurre, paillé (0 germa-

nique = 0 ouvert latin).

. L 0 ouvert avant une. / mouillée est traite comme un 0

. libre :

deul, deuil. ;

. heule, huile. . .

feule, feuille-/*".-' . . <£

i cueulle, il cueille.

^30.0 ouvert entravé_se maintient : Y- . * - \. -: - - ..'-.'

;-' -'

- \mort (subst.), et il mort, -

à forche (= tellement); : ;

et beaucoup d'autres.

. ,1. Voir la morphologie. ."2. L'accent est sur Vu, qui est légèrementnasalisé,v. § 39.

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PATOIS PICARDDE DEMUIN .'-' ; -: 135;

: La seule exceptiou inexplicable, c'est V

teurde, tordre, /Y -

avec ses dérivés (d et eu r se, entorse, etc.).;

; On trouve déjà en ancien français tuerst,, etc. .

\ § 31. 0 ouvert avant une labiale secondaire donne lu;

\o est devenu ue, la labiale est devenue u, de sorte-quenous avons lé développement : '/

- ueu ^> ieu > iu...-//

'.-•:

': \ '-'•' ' ' ..-','

Quelquefois Yi a été absorbé par la consonne préçé-.dente : -

.!1

"ô'cu : iu, feu.

)u, jeu/' ,;''

liu, lieu.,

ôclu :. yu, yeus.

avulé, aveugle.|-\.:-'ôl.-: aïu, aïeus. •

\'

rouvi» (m.), rougeole.

; glajw, glaïeul (gladiolus).

. Quant à là^différence qu'il y a. entre liu lieu, 'et iwe

lieue, comparez §56. /.'.'._,

' "'§ 32. ôl avant une consonne donne eu ; 61, est devenu

d'abord ou, diphtongue, où Yà se prononçait si ouverte-

ment,qu'elle a coïncidé de bonne heure avec la diphtongue;: au née de al suivi d'une consonne (comp. §*8); cet au-

• est devenu eu (diphtongue), .dont, les deus éléments;:se

sont fondus en eu (fnonophtongue) : . , ".

biécceup, beaucoup,

coeùp, cbup.

meute, mouture... :,

'peucher, serrer avec.le

pouce.. .'.-<

rammeure, ëmoudre. Y"""

peu, pouce, Y -.'Y'-' -.'','' vermeù, , vermou; ;: : :,.

§ 33.0 fermé: bas-latin en position libre devient eu ::

ameuf, amour (se dit sur-

tout dêlFanimaus).

Ieu, loup. "'".: '.';. ;•:::-.

: au-deseuï,,supra/

Page 22: Eduard Hrkal - Grammaire historique du patois picard de Démuin (Revue de philologie française, T.24, 1910)(gallica)

I;3-6;:.-.;..; REVUEDE PHILOLOGIE-FRANÇAISE

-eu ==-orem,-osum..

b e u e, boue .(en lombard ;

boga, avec o fermé),

queute, coudre ; coude.

peupe, peuplier."; :; V

éteule,; éteule (*stupila);.

J éteui 1ère, *stupilaria.

1 :-"'".'...'''.' -

§ 34- P fermé bas-latin en position entravée devient ou:

court. :\

tourte (tur'tuf)',-

tout. '..' V YY"-. .'

poule.

fourquè, fourche. -

boule, tête,

bourre (hurrà).

bouquë, bouche. '-

.Si cet où était précédé d'un ë en anden picard, les

deus voyelles se sont fondues en eu : .''-.' "7

"seu, seule (soûl, à.-fr. sëoul).

eût, août (a.-fr. : ëoust).

§ 35- ol (o ferrné) suivi d'une consonne donne ojù :

coûte, coutrë, . Y : '

douche, douce (dans la

phrase : à le douche,

doucement). ...

ppùre, poudré/ -

poulenèe,:fiente dé poule.

pousse, pouls (le ss rnontre

l'influencé du verbe po-Us-

ser). : .

§ 36. on et om latins. suivis d'une consonne donnent'

o-nasal, que l'o soit ouvert ou fermé ; mais o n latin suivi

d'une voyelle ne donne o nasal que quand Yoest fermé :

-on==-onem.

:,7 Onsse, onze. 7 7 '•

monne, moride.--

onme, ombre/Y: Y;

Exception/: pumme, pomme.; ;. : ,. V

.on bref.suîvi d'une voyelle à donné ôin (à prononcer:

comme ;enffânçàis).v.-'.' ,' :. ./;-::.

bdiri-, bon, fém.boinnë, avec quelques ;dérivés (b.oi-

-/ nfeté, aboinir, ;etc,).7 777. Y '-.- : : ';:.;'7; .

Page 23: Eduard Hrkal - Grammaire historique du patois picard de Démuin (Revue de philologie française, T.24, 1910)(gallica)

PATOISPICARD'-DE' DEMUIN 137:

~. joine, jeune (en ancien français; .juefne;YiV de

« juvenis «est devenu ouvert par dissimilatibn). ; '..-.:.'.

Ces formes se trouvent déjà daris des textes anciens du

centre et du nord (Suchier, Âltfranzpsische Gi-amm., § 46).".'On écrivait bu'ën, juefne, juene ; le développement

moderne dé cette diphtongue nasalisée, qui est devenue

oin et non uin,semble indiquer que les anciens Picards

la prononçaient ou è. . ,,

§ 37. Influence palatale : -uneu et -ugnu deviennent

uingn, qui pert son élément palatal à la'fin des; mots et

devient -uin :. ' \

cuin, coin,

racuin, recoin,

cuignie, cognée,

cuignet, coin.

cuignetté, petite 1cognée.

p.uing, poing,

puingne, poigne..

L'influencé palatale .ne-se. fait pas sentir dans

bou, bois. '-/ 7. 7

'Quant.à la voyelle dans

cu-itz, coutil (culc(i)tile),

nous en parlerons § 47.

-*oria7> -ôire.; •' '".-.•'.''

-oire; fém. *|-eu = -ofem.

cachoire, fouet (*captiatoria).

Mais il n'est pas toujours convenable de supposéf/l'in-fluence d'un i; ce; changement-pourrait: quelquefois être

dû à Yr, car nous trouvons :

':..'-- ; toirie; taureau. Y -.-.-

;,—"""" c oire;. encore; 7 ;.-. ^;';7:--r'

Page 24: Eduard Hrkal - Grammaire historique du patois picard de Démuin (Revue de philologie française, T.24, 1910)(gallica)

I38 REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE!

., -"

/ --- 11 ;.' ,et-en syllabe protone ::'' ';'.! ,

doir.er, dorer,

soiret, sauret.

moirir, mourir. '.";'

moirile, morille.-

§ 38. -0 final devient-ou : | ..

berchou (-ot au lieu de

. -ellum). 1

billou. . - \

boulou. *

bpursicou.

brulou. I

cachou,

cahou.

chou, ce (ancien français

ço).

C h e r 1o u (Chariot).

chirôu, sirop.

compou.'

cou, coq.

duriou, durillon (-ot).

dou, dos.

étou, étau.

flou, mare..

farou, -otte, faraud.

gairlou, grelot.

gairzillou, grésil

galou, galop.

gasiou, gosier (-ot).

grou (fém. grosse).

'hou, ost (troupeau).

jou, je (quand il est accen-

tué : peus-jpu, peus-je?

ancien français jo).

maléclou, marliclou (=""

masle éclos).

marlou, jeune mâle.

muloù.

bu, os.

palou, pelle. .. ;

percou,""perche (poisson).

salou, -opè.

trip.ou.

bientou. ; Yi

trou, trop; trot.

v è 1ou, petit veau (vitellus

+ Ot). ; :

ri où, ruisseau (rï(v)us +

ot). .'"'-;:

quiout (petiot) (au fém.

quiote).

'." § 39--u. long latin'devient u (à la prononciation fran-

:çaise) : -V . \

-u =-utus (au fém. -usse!)

-ure-=:-ura-.

bure, beurre.

'.. .babure. .'

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PATOIS PICARD DE DEMUIN".* • .'- '139

bacul, aculer (culus).

pws, plus.

aguïle; aiguille (cf. Meyer-

Lùbke, § 67)/"

sansure, sangsue, (on a

introduit le suffixe -ura).

esstt,. e'ssui :

ressuèr, essuyer de nou-

veau.

lu, lumière (lucem).

fruit.

Tous les u .finaus sont nasalisés, mais ils gardent leur

qualité (comparez § 26); nous n'avons marqué la nasali-

sation que par l'emploi des italiques. (Dans divers villages

voisins, 1ces u finaus nasalisés se développent en eun, de

même que les i finaus nasalisés deviennent ei.ni dans lès

mêmes villages.) il- - '

iu long: entravé devient quelquefois ou comme en fran-

çais (Meyér-Lûbke, I,§ 50) : '

goût, saveur.

§ 40. Influence nasale, -una, -uma donnent runne,

-umme (àiprononcer eun-né, eun-me) :

lurine, lune,

plumme, plume.

Avant l'accent :

en;glummei enclume.,

légumme, légume.

fummier, fumier. -

hummer, ; humer. Y

Exception : ..

pronne, prune..

prpngnier, prunier. , -^,.;

pfongnieu, pruneau.

Il semble qu'il y avait en bas-latin une forme prôna à

côté de p ru n a (voir l'ancien vénitien p r p n a).

-unù,"-ùne donnent -in': ^

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T40 -REVUE DE PHILOLOGIEFRANÇAISE

ill7 Ull.

chaquin, chacun. .

commin, commun.

alin,. alun;

à jin, à jeun.:

lindi, lundi..i

(L'adjectif numéral un a donne un ne quand il se

trouve à la fin d'une proposition, enne dans le corps

d'une phfase ; voir § 43.)\

'

§41. Quand u était précédé d'un e en ancien français,

les deus voyelles se sont fondues en eu:

meur, mur.

se.uf, sûr. . -

percheute, perception

(*perciputa).

queu (cadutus).

équeu, échu,

seu, su (saputus)..

peu, pu (potutus).

Ed. HRKAL.

{A suivre.*)

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"GRAMMAIRE HISTORIQUE^

DU

PATOIS PICARD DE DÉMULN

'•Y- , VOYELLESATONES j;,-; -,-.'

Y ..'/"

.. 'S.1

§ 42. Tes voyelles atones sont tombées ou affaiblies plus

spùvent qu'elles ne le sont dans la langue littéraire. L'o a

résisté le mieus. L'e muet, quoique nous l'écrivions parfois

pour ne pas trop défigurer les: mots, est toujours; absolu-

ment et rigoureusement mu'et/'/de sorte que, p. ex,, les.

monosyllabes me, que, etc.", se prononcent toujours m',- k',

sans jamais faire entendre Ye rnuetv (Pour quelques cas

particuliers où Ton entent mé, que, etc., voir la phonétique

syntaxique.) : - 7

Les phénomènes que nous observons dans les syllabes

atones sont : la.chute complète- des voyelles; l'affaiblisse-

ment des voyelles, la déhasalisation, l'influence des con- ;

sonnes labiales et palatales ;7le soft de l'o protone mérité,

un chapitre particulier. YY/Y '••. :'

; Les voyelles.- prôtonés ont, en général, subi le même

7 sort qu'en français ;;mais lepatois est allé unpeu- plus loin,,,

n'étant pas empêché dans son progrès par la tyrannie dé la

lettré -écrite ou imprimée. -Nous nous contenterons donc

dé comparer le;/pàtois;au français littéraire sur ce ppint-ci,

/sans remonter jusqu'au bas^latin. . 7-.-":7 . _ : Y 7 7

Page 28: Eduard Hrkal - Grammaire historique du patois picard de Démuin (Revue de philologie française, T.24, 1910)(gallica)

176 REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE: '''-''' . ' • / Y' "

.." — ,' 7 7 -7 " ""'- •-—L'élision. —- L'élision d'un e a parfois causé, des chan-

gements dans les consonnes environnantes.' -

7 : grimeu,-venimeus.:;Y; '-.'

. envrimeu, envenimeus.

Y psér, fesser. . ' - 7:

• Quand, par.la rencontre d'une s avec une cpnsonne

explosive, il résulte une. s impure secondaire, on met

devant un e prosthétique, p7 e.. :

escouer, secouer,

escoudèe, secousse,

escpuette, panier qui

sert, à secouer la salade.

escourir, secourir,

escret, secret. /

es g onde r, seconder."'

'.

.. Cet ë prosthétique se trouve aussi dans des niPts

.empruntés à la langue littéraire qui commencent par Une

7r impure :'

. , ......—"- Y,

.-: .....;': escandale. .':;." 7; . 7 . •'./-'.' Y

7 7./;: - / . estafue/. Y;j. ...

7 . > ': .escrupule. : . :;'77

C'est un phénomène analogue à celui qui a eu lieu dans

le latin vulgaire (p. e. status Y estatus7> 7>est.et>>

été),. ,7 ; 7 Y

Un phénomène;sémblable,. mais;pâs, identique, s'pbsérve

dans le préfixé re-, qui se change, en er- :"

.7 4,

ermuerT= remuer. : ..", . \'.~'-"

Y...7. ' *7 - 7 . ert orner =^ retourner. 7 ':.•..'.'.. ;:;..;

v''Cette 'interversion se'trouve -aussi 'dans lé corps 7des

';:mbts.': ';',- 7, ''; 7.7' 7 '7-'-:"'..•,-" .7 --7 '"'-7'*

: berbis.,;. • ,-'/"'" -"-.;... ,

berloqùe. Y _

; 7. cairyufe, crevasse (crepaY

/•'•';-."

tùra)> 7- 7;v7

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7- .; .PATOIS/PICARD:DE:-DEMUIN'... ... Y. -'-. .17777

'..

'' . - . -.','" "'/-; '7. : ' '/''' •"''

cairnache,':'fente (crepana-: //pôveft'è,/pauvreté^ 7/77,

. ticumj/ : -, /.....-. -/.: Y. - 77

gairgnief, -grenier., '.. :_..

gairnu, -usse,;grenu.' .

gairnoule, grenouille. .,..-

gairlou,' grelot. 7.

gairzillou, grésil.1'

7.*•

:pérzure,, présure. / ., ;,,.<-: "',.•

'enperzurer, délayer de;

la présure dans le hit7.-.'•.

erchon, leçon :(lechon7>"

elchoii > ercb°ù; sut l-

:-:,:> r, cp'.;|è2).;; :"-./YY: -

Il ne s'agit pas d'unesimplemétathèse.-1

Nous trouvons. : ,'. ; Y ."..-'.,

erfrummer; refermer, 7 \

à-côté de. prummier, premier, : -\\ ",-'

c'est-à-dire que les syllabes protones er et re se sont égale^"

ment changées en r voyelle :: / . : i':

frmé, prmié, brbi, etc.

Cette r voyelle est plus tard devenue ér; dans'lecâs de

prummier et erfrummer, la nasale aernpêché ce déve-

loppement secondaire,~

;/':'

".;'"

(Des formes comme : ;':".., ;

équeviller, cheviller, 7

; ep.sêr = pser (fesser), 7 77

s'expliqueront niieùs dans la phonétique syntactique.) >7

: Parmi les autres voyelles, 1'^ est lèplussûj.et.à la chute;:,- ;

-.' m'; f','l' = ma, ta, la, 7 ""'-•': ,,,-7

(me, te, le7= nia, ta, la,;se trouvent déjà dans les vieus

textes picards). 7 -:/.; i Y 7-7 7 77 '7'.'..-.'-7-..;," 7

7 : Y/ brigader,. barricader. 7 /",:./ ,.:::.

frinne, farine. ..'"-; .7/. -,'; .7 - ..

Y'.—~

; glinne, poule (gallina)7 7 •"'.•77-.. Y 7 .7

REVUEDE PHILOLOGIE7XXIV : «7; ;7

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VJ& 7-": . REVUEDÉ.PHILOLOGIE:FRANÇAISE7 7.7"','

Y Un 7èfrançais est élidé:dâns; ;• //. 7-7 Y'7 7:7 %}/YYYYYY

after, arrêter. ."

7

Brouté è, brouettée.- 7 ''-.'-'.

d ri ère:, derrière. '-',

'"cfs-,'d-'s = ces, dès .(avant

... des voyelles). 7 '>'/"•'/77"-'

7 (Dans les 'verbes'en r'eter, c'est l'analogie qui aTfait

tomber' l'd au-singulier du présent, cp.7§ 9.3).''*

-77 7'

;/Un ê germanique est tombé dans ".''.'"""'"

'".''"'77''''

;'.'*•.- gron, giron.' ; Y. . . - . . ::

Dans lès mots : Y ; Y Y.-Y/Y/Y Y/

';'.'.> ,7 ételê, étoilé7 7 ;Y •/ ,

•'7Y 7-ylô;'-vbil-àî'-.:'.•: .;..:-..ir .v/:-/. . Y/ Y .::

ce /n'èstpas. :oi. qui. est tombé,: niais un :aneieh'e .'orgab

. nique. (En -français, la voyelle ia été- influehçée Ipar.:les

formes accentuées sur le radical, comme .étoile, vois.)

7 -,ô est élidé dans : ... Y .;—:

:7';qtieinent, comment1',- 7-, .•'"77

7 -quémander, commander. 7 7;l | , . :.7, 7

qùemenchement, commencemend 7.

7 7uTn, 't'tii s'n devant des voyelles^ ==7rne'n,

7 teir, sen:(moh>'tori, spn)77v / 7 '"..'..

. § 43 . Affaiblissement à é dès voyelles atones...

C'est' surtout l'a àtône;7qui incline à s'affaiblir à é : 7

sérlette, : sarriette ; (satu-

Y^- ':'Y7Y'YY':777.77:hréquer,f. braquer. .';' Y

"

7,t éf é'I'é,;: tàriêf e. 7;7 7-7/-"7' 7

7. ér êg'we, arête.7 ; . ; 7•"

bêhir^: bannir; /./ 7Y7 .1"'

; ënèe,' -.année,

ténef, tanner. 7

7afrnèhof; àlmânachv777 .'..i

épènir, epariÔùifïr7;7î .7

L'a protonique devient;donc é'àvantrêt «. 7

77 ?.. Ou seràit-cë peut-être ïelreflet:d'unariéien'qud-yicnie}';:' 'Y/ 7

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- 'PATOIS PICARD DE DÉMUIN I79

:7'':On/entend: encore ehnèe. à côté de /éhèé; /niais, le

timbre: nasal tenta s'évaporer. .: . .-/.7 _:./,: *./

Dansgléner (glaner),il ne-.s'agit.pas d'un a, mais d'un

e primitif; la différence'qu'il y a entre. .- .. .

; 7'fenare (faner) 7> fener, 7 /

et glenare,(glaner) >-gléner, ; ; .-

s'explique par les deus consonnes initiales de ce dernier

mot.

ar entravé devient er :

jairgoh, jargon,

cairquer, charger 1.

câifqùe.

merquer.

cairbon, charbon 1.. : .

" 1 •cairier, çharrief/

cairpeifter.' '."}'.

cairpent, bruit.'

Mais il y a aussi bien des mots qui conservent ar

entravé : 7.

c.arnache.

carfieri. :

cardon.'

V

. cartelèf, cartàyèr, etc.

/ . ' -- Ces mots sont peut-être des emprunts faits., à la; langue

littéraire.

L'a protonique n'est pas devenu e dans al -ji cpn-

spnne et devant une 1 palatale :

. sover.

é co ffè,7 échauffé,

-travailler./: ... :

ferrailler.

éeaillon, échelon (*seàlio-

;' nem)/ , -.' Y-'-' Y-.

Dans quelques mots, un 0 français s'est affaibli à é :'"'

êreile, oreille.7

ériller, oreiller."

ésieù, oiseau.

é rai, aurai.'" 7 ~ -

serai, saurai.- : •:/:./':/ .;

(séris, souris).

i.'Lëso'u initial" prouvé qtfil y a un pHeriomène très moderne, caril est guttural, et n'est pas. devenut mouillé. ;'.-..

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à 8.0. REVUE DE PHILOLOGIEFRANÇAISEY

: A Texçeption de. ce dernier;. il y a/un7ancien- au?;7l'é

pourrait donc-très bien être l'allégement d'unreu,-comme 7:

dans lès exemples suivants': .' ; > 7: -

jédi-jédiou, jeudi. '."''

biécoeup, beaucoup/:

'.pété té, peut-être. 7

lévaroù, 16up!-gàroû.'" "" /'

f' ' i ' • . *--:

',- pereux, peureùs. *- ...

malhéreux. -

Dans 7 ."' \'

'.

"'yélo-Uj petit veau." - ,

créance, crpyânce.••: •" ; hérie, hpifie,

il n'y a pas d'affaiblissement; ce spnt des formes prga-

niques. . r• Des voyelles nasales atones deviennent en :

Entoine, Antoine,

men, ten, s'en = mon, ton, son.

ënne, une(mais" à la fin d'une phrase pn dit

'•unne).

• .. _ \ ;|,

"7 (Sur lindi, etc. voyez § 40.) , Y:

-'.' §44' Influence labiale'.7Y

'.y tend à changer en u la voyelle précédente: Y

.t ru voir, trouver. .......

plu voir, pleuvoir,

erchuvoirv recevoir.

bruvage, breuvage. -

ermentuvoir,.. rappeler

(mente habére)., : 7

apërchuvoif, apercevoir.

Formes isolées :;: \ 7 /;

èndovèr, endêver.-

toubaç,^tabac(comp. l'allem. tobak).

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"Y 7 7^ÀTOIS; PieARD7D# DEMUIN 7'"/' ;"'"-7:. ,l8ï 7

7:nî;change;en.un-lavoyellé:précé^ -7 ?

fumméle, femelle. - ;

è nf rum me r, : enfermer. : 7

frummion, fourmiY7 7

/.alummêle, ; làrrïéT:

\ p r u m mi e r, premier.

prumme, premier:' '/ -

Y mUmmoire,:mémpire,,-Y7

.mumme,; même .(forme '->.

_.-/proclitique)/:*Y, .7-7

V L'influence d'une labiale précédente se fait sentir dans •:

voloir, valoir.; "-" -.-"--7 ., /.7_,

. follUjYfallu;'-/ .,,.•;;;,/,,,;._ .;;,;7;7;

'mutieu, mélafige de son et de pommeslde terre 7

. cuites et de petit-lait que l'on donne aus porcs

(mixtellum").-'

".-*':'"i"\ "7'-. . - - !''-.'.•>/;.''

Peut-être aussi dans 7 -. ; : .7 ..'

é p eu.tè, épouvanté, .. 7Y ,

: ,.§ 45. Influence palatale... : 7'

, .... • .,/;;.;•

Y a ~~>e :. . 7 - ', ; -/.'''

.:7/7.

:.7gaigner. •'."77:,-:-;•;.

:-âignieù,7 agneau,

-pèngnier, panier-

e 7> i :

maricho, maréchal.

ingigneu,.ingénieus.

consillcu, conseiller,

s'assomiller, s'endormir,

ériller, oreiller,

p ignée, peignée,

catignier, châtaignier

(anc. fr. chasteîgnc,Meyer-

Lùbke, I, § 273).

malnnier, manier.''-,.7Y7-/ . , . : ''!•-.'

mai uni ère, .manière (à

côté de nSangniére)/

fleuri son, floraison.

tfiner, tramer.

aviner (se dit de la pluie

que reçoivent les avoines

coupées).

assie7-vous, asseyez-vous.

1. or est d'abord devenu r voyelle, cp. § 42.

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l82 REVUE DE PHILOLOGIE FRANÇAISE

§ 46. Allégement des diphtongues atonesv~ 7 .-';/; 7 7

ui>i-i-. ,: -::: . ;''

/. "/:;''; i, 's 7;. Y'7 -

bis son, buisson,

pingnèe, poignée (en pi-

card d'abord *p u i g né e,

cp- §37)-

pi, de ni, puis, depuis1..

iu > u :

gliant, glissant,; ohètueùs

(à côté de glùi, gommede quelques -afbres frui-

tiers).

églier, préparer le glùi.'

affu 1er, coiffer (affibulare, ibu7> iu.)

_..'•'bê.^> e : , ,

un nivergoutte, un « n'y voit goutte », c.-à-d. un

myope.

§ 47. 0 protonique.

L'o avant l'accent demeure en général :

bofichè, bouffi.

coper.•

borée. -

éfofgneu, étourneau.

forgneu, fourneau. .

j ornée. 7

obHer. .

norrir, nourrir,

norriçhe, 'nourrice.

m'orrai, mourrai.

por-, pour- (porsuire,

porlèque.r, etc., etc.).

porcheu, pourceau.

pbmon, poumon (paraîtun mot7 emprunté ] à la

langue littéraire, où l'on a'

substitué Y<J à Y'ou par

analogie; car ol- atone

donne ou, coutieu).

sorciu, sourcil. ,"

t orner, h...

topiche, toupie. 7|i

mofsieu, morceauJi

ormieu, orme.

dégomir,'vomir.

Mais il y a un petit nombre de mpts PU nous trouvons

. ou cpmme en français : \

1. A côté de pusqùe,pus équepuisque.' -

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PATOIS PICARD DE DEMUIN 183

fouir, outiu (outil), npuvieu, couver, d'uvrache,

aouir (ouir), mouquer (moucher), doutance (doute,

mot savant).

Il y a même quelques mots où le patois présente o a au

lieu d'un o français :

mouquer (moquer),

houbrieu (hobereau),devourer (dévorer),

flourir.

(mou net, moineau, est

d'origine douteuse).

Dans deus cas, il y a o u à côté de o :

porcheu,' pourceau.

nourquer, porcher,

forsin, frai.

fourser (se dit de la ponte

chez les grenouilles).1

Quelquefois, nous trouvons u au lieu de ou français.

truver, truvoir (à côté de trouvoir, trouver), voyez

§44).-

Dans duchement (doucement), fûiller (fouiller),

cuiti (coutil, — *culcitile, *culctile), il y a influence

palatale.

Au contraire, u devient ou quand il est suivi d'un a

ou d'un 0 :

nouache, nuage,

pouanteur, puanteur,

i rouoit, à côté de ruer.

os trouvons, à côté de

tuer, i tue.

C'est à l'analogie de ces verbes qu'est dû l'infinitif juer;

la première personne du pluriel os jouons est parfaite--

ment régulière.

Dans jueu, joueur, il y a encore l'influence de ju, jeu,

laquelle a été peut-être secondée par l'assimilation (queu (

> ueu).

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184- v. 7REV30E'DËPHILOLOGIETFRANÇÂISEY ; : Y

';.: 'Quant/'à', 77Y7///• 7//7/VP; -YYY? Y7'V Y;Y<Y. 7;

*".."""77;'- '

;7: "sùf^''"

':'7'7 -':

churchin7= *suricinum, 7 Y'

77"

on pourrait supposer que Yu -pfdtonique correspont "-'-à.un

eu tonique (comp.séris, "souris, §.43 ;êtj§ 30);-car .en

devient quelquefois * avant l'accent : 7 Y /":

77: erluréf,-trbmpér,7\' ' 7 -''-..

;;"bef Jurer, leurrer, attraper,

de leurre ; lès noms propres Ustache, Ugéhe;-

/Que: dire/enfin des formes. : ébrusse-r, ébrussier,

ébroùssèr (éclabousser)? -. 777 --. 7,

; Elles se rattachent sans doute à bf disse, (brosse), mot

qui est irrégulièf dans la voyelle et dans là consonne finale,,

et qui remonte à une base.7*brustia (comp. lombard;

brustia);Corblet7 donné en effet la forme régulière

brouche. :" .7 •-'/'. Y —-

;j .7;

.7 G am bien .(combien) est ..plutôt ==qu an turn .bene;

que qudmodo bene, de même que quëmehtçdmment,sera — qua/mente, et non pas quomodd -\- mente.

L'adverbe comme s'est introduit dans les formes fran- .

çaises, tandis que lèYpatois a mieùs conservé les formes

,•. bàsJatînés. .- :. 7 - ;"

«Dans dâm m ache (dommage), l'a étymologique s'est

conservé (dâmnaticum), gasiout (gosier)' -ë.sjÉd'origine'

-peu claire. ; Y";::'/ ;-..,,/ :.<], :;:;;':.. ';..

7?7 J/48 .Denasalisationî-. .7;7 ;.•/,/::,,; 7:;77Y7 li-';-:•;""".:./: '-

* "gfafàrm.; 7. 7 7'

l)d.S:ôir7 bojovrr. 7 7 7:*

; zbp'pere; ébmpëfèY ,Y;7:';

i ta^séuleméntj seuleirient

7 ; ;(== tant seulénient)//77

d à, dans (préppsitipri ; mais

../•.dins; adverbe). ; /

màquéet:man q;ùe,:;sèu-

; ;lement que:(minus).

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77 .PATOIS PICARD/DE DEMUIN 7: 185

Ariette, Henriette.,(mais

'Héri, Henri).-;' v Y

var'sLi}-.viendrai. ; /'} 7

-.m a r a i, mènerai. ... --.

trou v'aràij; trouverai. ')-: ,;:

i ventairèyi éverïtaire ,

inventaire/.' -,;.;.Y'--:.

Dans les verbes. : :. ,7..;':

Y: ; Y Y 7

abradier (embrasser),~ -

.Y •';'./'..-'-:- - ar âge r (enrager), 7 777

agamef (enjamber),-

et d'autres, il n'y a pas un fait phonétique,; mais-Tmorpho--"-

logique;. le .-préfixé: en- a-été remplacé par le..p:réfixe fl-v

qui est d'un usage très fréquent en picard; .,-,\ 77,Y

- : ;--.- "j -': -'

,7 CONSONNES.

§ 49. c(a)- initial ou se maintient ou devient T

:. mouillé; 7 r 7. , - 7 Y

ï) la gutturale se maintient quand elle était suivie-d'un

a tonique entravé où d'un- a protonique-; 7

2) elle :dévient f mouillé 1, quand elle était suivie; d'un a

tonique libre. -, ' -,[. ..77

Exemples:" : -: •' 7: '77 ;:VY7.;;;: . :/-Y7

'

1) cot, chat,. 7

coeud, châud.7:: 7

coeuche, chaus. Y"-''.//

camp, champ,

.carmej carne, charme, :

q u em i n, chemin/7 '7; ''"-

qûemisse, chemise; 7

é e àiilorî,7;éeheion/(î sealio-

/7;:nem),./7.:;77 "7-7

canchon;. chançon, . -,

calit, boisde lit; (katarle.c-

tum).:; 77 "'-"7

cancheler/chahcelér.

-càvieuj /cheveu: (*capel-lùsau Heu de capillusj)

;eâirçwer7xharger//7 :Y:::

Y déeangèr, annuler •7un

'•-..: -;;échange.- 7: / 7 .,,.; /..*,•7"77

/; .1.. QueAous.;màrqùerohs.p cOmp.§-3,:, "- ; 77Y-

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7186 : REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE

acanrter, insulter (*ad-

, "câhàre, de. canis).. YY7

quinne, chaîné.

2) quer, cher.

'quièxi, chiê/nY''

'..:'7;:/7-7-

quëne, ché|ne7 ,':'- 77

qu e ir, tomber (cadere).. î;

ca- latin = Ici germanique : 77 '-' ! : 7

équimie, échine.'-."

ca- postonique après unerconsonne se maintient tou-

jours":'' -, :7J'' -' Y'

"Y*

7 Mots latins;:'

7 "".-'. <'-.-

"vaque, vache,

torque, torche'.

Mots germaniques :

taque, tache.

• rèque, âpre, dur (moyen

haut-allemand risch, =-

germanique *riscaz).-; /

Mots celtiques :

roque, roçhé.

ruque, ruche.7

branque, branche. 7

bouque, bouche.'

se que, sèche.' 77

planque, planche,

fraîque, fraîche. - ,

blanque, blanche.' '.:; -

'.. :.-/7"/ -.,'• .....:'-..-'!..'.-.'.'7'/.7

(dimenclie,. dimanche, est

un mot derËglise);

7 ,§ 50. ga-. se maintient pu.devient d- mouillé aus mêmes

conditions que ca-.

'.:'". . '.."' "" : ' .. '"'. '"-i "77'"" / '' "•'Mots latins : 7.7 ....

'-goeugue r, noyer (*gàllica-

\i . rius). / "./'' ;'; ://'

gatelèe, contenu .d'une

p" jatte.' :.-.:-': /. 7

Mots germaniques 7: 7 .

gardin.

renguie, rangée.

gatelo.u,'

gatelétte,

petite 'jatte/ Y7

1arque, large. ..-..:/;•ga.quère (*gascaria).- 7/: :'

gairbèe, gerbée, 7Y

gron, giron.

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. PATOIS PICARD 7DE: DÉMUIN 187

• Mots celtiques : • >.'. 7'

:. ,77, ,. ; XY/YYY; 7;

gante. Y Y; ; '- 7" - ; 7"\'.;-,

garetier.

gavéle. '-. ---.-..--;- Y ; 7"

; 7 engaveler.'. .-; 77. 77

gamme^jambe, 7 7 ;" ?

Mot obscur :-g"âi, geai.- 7-7 : -'.T-7' '

§ 51. g correspont quelquefois au c français j au; com-

mencement et dans le corps des -mots ; la- plupart dé-ces

mots ne sont pas indigènes : / •'.-> ./ -7 :77,

garder/carder.'

,*

goeuloif, cueilloir.

Gl eu té, Claude,

gribe, crible,

gorette,; collerette,

enclumme, enclume,

dringuer, arroser.*

dringuatte, jet-d'eaù."

'vagances.-'

*:':;' -'• / ": :

diffigultè..'... 7^7::/ 7

brigader, barricader.

ligueur, liqueur] 7 •

greuter. et. çreùter, crèu-

7 ser."' " " '

7

dégatouiller (ga-=cha-).

gùevo, cliéval. ,7

§ 52'*.' ce, ci latins donnent en' général ch';'

c h ire,'ciré. *

ichi, ici.

d'échente, descente.'"'

encheper (cippus).

échendrille,: cendres lë-

.':'. : gères- :. 7 .. . \7 '..,v7écherveler, assommer.

perçheute, perception.er chiner .(ré-cqenate).

balonche, :balançe.7. /

monchet, monceau.

"7 porcheu, pourceau.

Yeuehiié, faucille.: 7

pânche:(pantiçèm).: Y ,., 7

panchart.;

pànchétte.' - ' '

.panchie. . ;/'"' :

panchu. '"-. y ..7 ":"'7/

rachinne. 7 ;7; 7-. .-: ;'/ 7

fichél'e-. ;.;,, 7'

.7- 77'p eu c he r (pollicem -j-.are). ;

7 peuçhët. .,:"' 7. . '';7

7 péuçhië. '.-..,. 7~

chercher,7 herser 7 (erpi-

cem). 77.7 : ://;.

77, raçhinne ^radiçina). 7 .,,•

; 1. gé-,gi-, j- latins sont traités comme énfrançàis (gens, j 6 in.e,:etç.)

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488 Y REVUE;DE PHILOLOGIEFRANÇAISE Y

§ 53.. Mais if y adeùs exceptions Y/7 Y 7;7 ';'7.;"' 7

r) Quand -ce- est immédiatement/''précédé/dune

Voyelle latine*> il donné"^ : 7 • '

dizieù) dizeau(*decellum)."

plaisir (placere).

.mus.ir, moisir (mûcere). : '-:

ésie.u, oiseau (aucellus).

roisin, raisin (racemus).

d i's ois, fjoi s oi s (dicéam,

.facéam). ;. 7 - 7

-c/palatal entre deus voyelles est donc devenu dz, puis

*-*;,tandis que c palatal initial" ou après une consonne a

donné d'abord tch, puis ch. .'-.'. 7. ^

2) -ce final tombé après des voyelles (même secon-

daires) : -

lu, lumière (lucem).-' .':.'.,'

,.;. peu, ;pouce (pollicem ]> pouce). -'Y. -

seu, saule (salicem7> sauce). ;

(Notre patois.se sépare sur ce point de lajjplupartjxlesautres .patois picards qui conservent -ce Y Irche, p. e.

peuché= pouce).'- ;

';., ;-

coeuche, chaus, est probablement *calceurri,7 et non

calcem, 7-7 : ... : .. 7- ...""

Exception : puche, puce (pulicem). ':

§54. ci et ti suivi dé voyelles donnent, également ch:

dans toutes les positions : 'Y f* •'-"'-

, ci : b fâche, brasse.

lâche, lacs (*laceus, de

laqueus). 7 ,,.

glachon, glaçon- ~7

hérichon^hérissôn, '7

lépaichpn, limâçpn. ;

1. Il';va;-.sansdire qù\Qnne parle pas desproparoxytones,.commep.è. panticerii, •radicin.â, etc.,; où.la voyellemédiane est tombée 'de

bonne heure. ; .Y-: "' : ' Y; 7

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-'..'. y./ 7 I^OIS P1GARD7DE DÉMUIN/ "7 ; 7 IS9

fi : ërchon^ léçon/Y/Y

q.uêmenchement,

7 commençementY 7.

heucher, hausser.

adevanchér, devancer.,

r a c a c h e r,'rabattre (cap-

tiare),

malfachon.

forche, force. v

. f o r ç h i r, devenir fort. .-

7gnieÂiché^rnièée7 ; -./

b oie h on; boisson/7 p--:'

,ptiçhèr,7/puiser. ,7,,,\

puchoirj, ; puch&Uj.'.. épucher.7

7 pi a ç hé, 'place.;;

ma 1ad r è.c h e. mala-

dresse,

(poison, venin, n'est

:; pas-picard).

§ 54. Mots d'origine peu claire^ qui offrent; c h picard ==

ss, c français. Y Y;•.**•'-•'*

'„.'-; '''" '

Y.| \ -. •'•-.'.--Initial : r...--' 1 \- .:'"''

r a c h a f e t e r, raccommoder à

la façon des savetiers,

choque, souche.

Médian et final : .--

<7;Meriche, queussé.'

'-'

boche, bosse (basrlatui

bdcia);

bochu,

berchou, berceau (verti-- cellum ?•)''' \ 7 •

agache, pie. 7 7

gairchon, garçon. 7

épinche, pincettes de foyer.

7 pinchie, pincée. 7"

cherinne, serèneJ 7

ehabout, sabot. 7 ;; 7

pi ne h ou, pinçon; :

b ëtae h e, bécasse.'

JY

rinchette, verre d'eau-dé-

yiè qu'on verse apfès le

.'. café'pour « riheëf 7 la

tasse ». "- Y. ;

lie h e rj lisser ; boire bèau-

7' coup.'""

..77'/' .''' h ai r c lié 1er, harceler. ;;

'

;77 § 55. w germanique (w bilabial) s'est conservé :7: ; 7

wère, guère. ,

7 lé'7yv;a-roû;. lpup-garou.:

Ywâtieù, gâteau,

warderrgarder.

: wàter,, gâter. ,. Y.7;Y'.7;-Y

wbi ng n;er, pleurnicher. ;7

'cat-want,;ehat-huant7;7 ',

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I9Q ;, 7REVUEYDEPHILOLOGIEFRANÇAISE

(veupe,; guêpe, n'a pas subi l'influence du motgerma-

niquç).. 77 ,7 / .7 7 .Y 7I../Y7/7.

Le même son peut être lé produit de v latin -f- U ::

wîte, vide (a. fr. vùide),

éwidier, 7

surwidier, mais aussi* " '" ' Y déwuidier.

.,..Av- ^>ruy,^> w : ]. .

.77 : nrawais, mauvais'

(à côté de mauyaissété, qui ne paraît pas indigène).

§ 56. h germanique s'est conservée; cette consonne est

encore fortement aspirée, surtout par les vieillards; mais la

jeune génération tent à la faire 'disparaître et est arrivée à

faire la liaison avec les articles et les adjectifs.

'haircheler, agacer (ancien

haut allemand hazjan).

'haillon, sorte de tente (a.

h. a. hadil).

'b.^i.nquex,. s'efforcer de

faire une chose (bas allem.

..- hanke). ,

'hai^#er, hacher (haut ail.

hacke). .-....-

'hardiment, beaucoup (h.a. h art). ....,;

' h as èe, portée d'une fe-

melle de lapin ou dé

lièvre (h. ail. "11à se). :

'haser,:mettre bas (en par-

lant- de 7la femelle du la-

"pin)/;": = -:-""'

'hasteu, -eusse, qui se

lance dans, des entreprises

hasardeuses (h- ail. hast).

'ha.veron, folle avoine (al-

lem. hafer, ha.ber).

'héreng, hareng,

'Héri, Henri, ;

'heyure, haie. (haga-f- le

suffixe latin-uf a).

'heyeu, hdyau (a. h. a.

houwa •-=|—.- le suffixe

-elluni). ;i 'Y..

.'hoingner, grogner (a. h.

a. h ô h jan, moyen haut

afl. hoenen).

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7 7;PAT0iS. PlÇAJRp/DE ;DiMUÎS7 Y 7 7/7 7 Igf";7

:•Thùingnatrdipleùrmçheur^ 7

'honféùy77-êùsse, timide. ;-

/-c77:.'-%.Qïbtaj? e ; 7: ' honteus

'•/. (gptique h au nithà). .^7, -

'houbrieù, hpberèau (a.,7fr. hobe, de l'a. h. a.

hopho).'

^K^pùUI;^^ 7

7::^rayail7 ,(allêm.;;^d;eln^ 7

7:;7 l'ail, -dfc est traite ëomme

Y: le latin -cl^eompr'liail- ..'

Y:1O^:'.Y.7^^YY--!;5-:''

houppe, partie supérieure

d'une gerbe de blé' (àll..

liopf). -* " '"": 7;7;/

Le germanique a livré au picard plus de mots qu'il n'a

donné au français central; car, outre les : mots, cités (avecleurs ndmbreus dérivés), il y à un grand nombre de mots,

commençant par h aspirée, dont je n'ai pu trouver une é'ty-

mologiè satisfaisante. '-77:

-

'h s'est introduite dans quelques mots-d'origine latine ;

dans la plupart des cas, un mot latin a été influencé -parun mot germanique qui signifiait la même chose : -

;,'halet, qui, ne fait que haleter (alitare -f- #auchen).

'hanser, haleter (ansareY:fcaùchen).'""' h e ut-, haut; (ajtus ..-|-' jbçh).

"i; 'hou, tfdupéâù, 7ost (hdstis ^fefi)/77/^Y 7 : 7

'hairler, brûler, flétrir (ancien français hàsler).et 'hâleu, sec(dansla locution temps hâleu : assu-

lare -\- heiss).

Dans quelques mots d'origine latine, p. e. :

rlier cher, herser,

'hé rie h on, hérisson,

'hape, apte,

1. Quant à la signification, je me rappelé que, dans mon patois natal

(celui de la Bohême occidentale), le verbe m. h. a. h ce nen (en patois'hein a), qui signifiait «railler fièrement», signifie aujourd'hui « pleur-nicher », comme en picard.

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192 Y -REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE

la consonne'initiale 1n'est pas éncpre7suffisammëiït èxpli^

quée.; (Sur 'harnos, voyez-Tliurrieysén,: Kèltofoma-

nisches; dans notre patois, il signifie « jcharrùe'ou-chariotàvée! leur attelage », tandis que

- herinaehure. signifie« harnais x>ou « vêtements »).. 7 | 7*/

7 § 57-7/- initiale'se'fônt devant les diphtongues, commen-

çant par i :

iue, lieue..

('*'"- lard, liard." ..:-..'

iêufe, lièvre; lève.

. TDans liu, lieu (= locus), i provient d'un ancien u, et

ce son n'a pas eu la même force mouillante que l'i de la

diphtongue ie = è bas-latin du mot iue lieue (= légua).

§ 58. Prosthèse de l : .-'- * -

loc, ocre (rrr l'pc). _/ larder (verbe: impersonnel),- brûler

7 (3e pefs. il ardè). .- i|

Chuté dp/(que l'on a prise.pour l'article) : :

•.'.'- uzerme,- uzèrne, luzerne.

7 : 7 :efforchè, ciséaus'(=les7forches).

:

épinche, pincettes (= les p.). .

§ 59. VI mouillée a les mêmes origines ;qu'en;français

(-li- et -cl- bas-latins), et se prononce comme en français

dans le corps des mots; mais Uni secondaire (français) pro-

duit le même.'effet sur une ^précédente':•

çouiller, collier,

ratier,, râtelier. 7.'..,

âtier, atelier.7 7 Y,

çavailier, cavalier.7

bpurrier, bourrelier. ;

7 musiéfe, muselière..' .7."

"/.ay eu f, élève (voir §57). -7

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PATOIS PICARD DE DEMUIN I93

Le mot *colobra (= colubra du latin classique) s'est

développé d'une manière intéressante •.quïeuîe (*colobra'

> *coluevre 7> *colievrc 7> *coyève; sur oi >> ui, voyez

§ 37, sur e >eu § 25). .

A la fin des mots, VI mouillée pert son élément palatalet devient -/ :

peile, paille,

caile, caille,

tenaile, tenailles.

deul, deuil (de là : se dédeuler), moi ri le, morille,

oseile, file, aguïle, gairnoule, feule, boute,ile, oeul

(oeil), heule (huile), gairzeuîe (groseille), éreile-

(oreille), airnile, araignée (*araneiculum): i >

à l'an d ouïe, mal fait,

ortile, ortie (orticula),. i goeule, il cueille;

de là :

gceuloir, cueilloir,

cueulu, cueilli (part.).

§ 60. / 7> r avant et après une consonne ; phénomène

qui se répète sporadiquement dans tous les idiomes

romans;:

arméno, almanach.

ormieu, orme (*ulmellus),

erchon, leçon.

'houbron, houblon,

sabré, sablé,

sabreu, sablonneus.

l>> nse trouve dans un seul mot étranger :

cainneçon, caleçon.

(Sur tremulare ]> tranner, galbinus 7> ganne, yoyez

§7i)-

Rr.vuu DE-P-HILOI.OGIH,XXIV 13

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194' REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE

§ 61. -/ finale tombe presque toujours (mais en lais-

sant un souvenir dans la prononciation qe IV, § 16) :

mié, miel.

Noé, Noël,

se, sel.

que, .quel.

queque, quelque.

filleu, filleul,

tilleu, tilleul,

écureu, écureuil,

guevo, cheval,

'heut-mo, haut-mal.

Elle s'est conservée dans poil.

La voyelle" dans les mots :

dégeu, dégel,

et orteu, orteil,

est difficile à expliquer.

fleyet, fléau,

ratet, râteau.

Il est possible que ces deus mots rustiques aient con-

servé l'ancien cas oblique-fleël, rastel; mais il est plus

probable que le suffixe -ellum a été remplacé par le suf-

fixe -et.

§ 62. La syllabe finale -le tombe toujours :

] flèpe, petite quantité (fle-

bilis). \

flépette.

-ape = -abilis.

sape, sable,

onque, oncle, ongle.

miraque, miracle (qui a

pris la signification de

« mariage »).

meupe, meuble.

discipe, disciple.

chentupe, centuple.

Tous ces mots appartiennent à une couche de mots

« savants » très ancienne.

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.'7. YY PATOIS ::PIGÀRD7DE. DEMUIN.7 7 19,5;

"7* S 7^3> -i"' devient quelquefois// par dissimilatidn ::/Y ",.

miler, mirer;1.7 - - 7 - 7

niiioir, miroir, -7

reculer, écurer. .,

carteler, conduire une voi-

7 tùre « à quartier »; ;e;u>7

7tayêrs, 7. :.7;7::"- 7

, téréle, tarière7 7:

: Dans : 7 .;.;,./. ,/Y ;;..,: -" 7.77:"-Y ;:'..::.:--.

caïéle, chaise (cathedra), 7

-. prangéle, heure de midi (*prandiaria),

c'est probablement le suffixe -ella qui s'est introduit.

LV produit quelquefois une autre rparasitique dans la ;

syllabe précédente : : ..-;'

X 7 .;..'.

usurfrult. - .'"

jl: ,

insUrpoftape. , '"'| t ; ':

..': -pertrir, pétrir. 7'','" -

éparde, épandre (-ndr > -rdr; phénomène tirés ancien,

parce qu'il doit avoir eu lieu à une époque où; Yn était

encore consonne; de là'lé subjonctif éparché). ';''

(forbou; faubourg,'n'a-pas une r parasitique causée par .

IV finale tombée, mais il a gardé une r étymologique :

allemand « Vorburg »).

§ 64. LV finale tombe en quelques mots où elle est con-

servée en français :î

à rebou, à rebours,

sus, sur.

ieu, leur.

forbou, faubourg,

pl'aisi, plaisir (subst.).'

loisi, loisir.

r§ 65. La syllabe finale -re tombe toujours :

fieufe, fièvre,

ieufe, lièvre.

moite, maître.

. a le n conte, contre, auprès.

]. La dissimilation a eu lieu quand IV finale se prononçait encore.

Page 48: Eduard Hrkal - Grammaire historique du patois picard de Démuin (Revue de philologie française, T.24, 1910)(gallica)

I96 REVUE;DÉ PHILOLOGIEFRANÇAISE

ape, arbre. >'' "' ''< ./; \

qu a té, quatre. ; --'-,

cliite, cidre.

pof, paqvré.: '; ;•'-.

note, notre. 77 ., :

Tous les Infinitifs de la 4e conjugaison.

(Mais on dit : enne poVére faille, in povre'

homme, noter Dame; voir la phonétique/syntaxique.)

tempe, de bonne heure enque, encre.

.(tempore).'

\.-.'_ emplâte, emplâtre,

loc, oçre.^ v,7; .7 7 .. - .7-

-Enfin touslès-infinitifs en -re.'

(canfe> chanvre, n'a probablement jamais eu .cette syl-

labe, qui, en français, est une syllabe parasitique). ;

§ 66. s latine avant une. consonne est tombée comme

en français ; notre patois l'a fait disparaître dans quelques

mots PU le français l'a conservée :

Saint. •Çt.é.pin.

hoquet, bosquet; pom-

mier sauvage.:.

méquinne, servante (mes-

quine).

, pré.b y t ère,/presbytère. ,;

écamieu =;escabeau. ;•- *' ' " Y

,.. § 67..-si- >*777rlfest un-trait caractéristique de tous les

patois picards; à Démuin, ce ri secondaire est devenu

a quelquefois /par assimilation, de.'même .que', r.l primitif,comme 7 Y 7 7*7

palet, parler1...-.:''-.,

p eu -pa 1e, qui parle peu).

va.rl.et,- valet (a7fr7 vaslet).

•:.'---.m'èfl;er/7.mêle'r'7^aj;ff;-:ïnes^7 ,-7ler).Y7Y7/7.7'7.Y-7'77:YV

71.'Mais7au,-fùt'ur-.:_jeparrai,,

m ar 1où (masculus .-^7 ot).

maiiiclou, imalécTou ;

Y (màsle éclos). / , /

hairlér,:hâlèr(assùlâte)> 77

im.eil'e (mespilus).

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. .••. : PATOIS/PICARD/DE DEMUIN -I97

.mellief, néflier. (Cette ./;//.

77 qùdiqùé suivie d'un i,;ne ;

se mouille pas comme / /

77dans ; les mots cités: §.;5:9, 7'

: ,'parce 7-qu'elle remphte/à

;7;rl,;sl)./7; 7.Y.;;; :,"

§ 68.'

Ex" du "préfixe ex- se simplifie toujours en .i : ,

estrémiser,"""estérmihër, escùsse, etc..

Entre deus voyelles, il y a métathèse : 7 77 7

- •fisq.ue. -; 7,

ses'que. '.'.-"

Il n'est guère nécessaire de dire que ces deus modifica-.

tions, qui se retrouvent dans tousles patois, rie concernent

que des « mots savants ». / •' i '-...-.

v 7' "" ''' .'11.'--.

. -§ 69.; Sur. /'n palatale. . \.,.'..

Les sources de ce son sont les mêmes qu'en français,

c'est-à-dire n latin suivi d'un i consonne (-aneum, etc.),

gn latin, et ng, ne protoniques; mais en ;picard, la

voyelle précédente, garde à l'ordinaire son timbre nasal :

. b ai n g ne f, prendre; un bain

"Y!; (balneare).

faingnant, fainéant'.(fin-Y

gentem)/è tr o n gn eiy casser, rompre

le tronc (ëx-truncàre).

pingnie, poignée 1,

improvigner, infecter, '

7(prôpaginare), //

/.-.[fn-én.gnier, manger (mail-

•ducare);à côté de7men-

: *ger ; ce dernier: est; pro-

bablement dû à7.une fu-

; 7.7 siph; des 7formes; picarde:

7 • 7 et française.] 7; Y-7 7; .,

sogner, soigner.": , -.-

ognon, oignon,

empogner.iempoignerv-

;

• L'élément palatal du gn a donc influencé lés voyelles

7préçédentes" (à;Y è,: e 7> l)y excepté- l'o-atone ;: ping nie,-

s s'explique par la forme tpniquè-(§377)/ 77 -r

77 : 1:-Quant à la voyelle, voyez § 46 (ui> i)..- .7 , - "// /

Page 50: Eduard Hrkal - Grammaire historique du patois picard de Démuin (Revue de philologie française, T.24, 1910)(gallica)

I^SY' REVUEDE'PHILOLOGIEFRANÇAISE;;' ; Y -,

7;7A;la; fin des mots, l'élément-/ palatal se 7pert tpujoùfs, ".

Taussiquand gn estsuivi d'un e mUet; -dans ce cas, il:devient

n et la voyelle est nasalisée : -Y ';' 7 Y.7 *

bain. : .-';..' ;

cuin,, coin.

puing,7poing.

mPntinne, montagne.- •"'''-. :

'"'1

çam pin ne, Champagne,' •i . - '. -" - '

vinne, yigne. ,..;./

ronne, rogné...y

,Lë •gn de quelques hiots apparemment « savants »

dévient de même n à la fin Y -,

sinné, signe.

7 7 7 ensinne.' '•' . -

indinne, indigne. 7

Il n'y a qu'une n simple (qui ne nasalise pas même la

voyelle) dans les verbes : v 7

siner, signer, et

- assiner. —" ". ;| -. ...'• •.'/ '. ..•';" ""'• ,:--/' 7 '.'; W. "' 7

Comparez sur ces verbes Meyer-Lubke I,.'§ 466.Les verbes sai n n e f (saigner) et s'es,s ain n è'r ne viennent

pas directement de sanguinare, mais du substantif sain"

(sang), qui lui-même/fait voir l'influence palatale dans sa

.' voyelle. .'•'x

Y;- 7. 7.7Y Y

Un l"secondaire.(français) mouille Yn précédente; le,

timbre nasal de la voyelle précédente, est quelquefois con-

servé: y-'

.- : :"Y7 '-.?- "'''•/'. 7"'/7 .;'*' *

dergnier. 7-

77gnieuçThe, nièce,

;jfor g neu> fourneau,

, étdrgneu, étpùrneau.

; .aingnieu,;àgneàu. -

g.niais,'gniâite,.niais. 7-

7 éregnièr, rétiier. 7; v"

ingigneu.. / 7

-..•. commugnipn. ,<.-7777777'

7 7 véfgne, aune, fait supposer une fese celtique 7*Ver rite

'./à côté de v.erna. 7 77 ';•' 7 :7- '7Y 77.Y "-:7''77-.,,,7-"'. 77'-"

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PATOIS PICARD DE DEMUIN :l£9

' Il y a même deùS cas où gn /semble s'êtrel fpridu7en77J

cpnspriné 1: /, '7!':7":-/7 7 /.''-':-; ..;77::"

lummion, lumignon. -",.:- 7

"7—: -;- teupiëre, taupinière;

dans celui-là"!!"y a peut-être dissimilation; celui-ci" est

probablement = *talparia. . . ',:,.- .

§ 70, m b et "nd deviennent mm et n 11.(c'est-à-dire; m

et n avec nasalisation de la voyelle précédente)

gamme, jambe. /

agamer, enjamber,

o mm e, ombre,

mon ne, monde,

éronne (queue d'è) =

... hirundp.

p r p v é n e, prpvende Y

amène, amende,

ealéiie, calandre.

tpnne, tpndre;

1e n n e ni ai n, leiidemain.

.'.gratine,' grande':,

véne, vendre.ji

té ne, tendre (verbe),

préne, prendre.

Saune, Alexandre,

•féiie, fendre. .. ;

nt latin a eu le même soft dàn'/les adjectifs nùmérâus : ;

7 viniie, trenne, quaranne, etc., mais seulement

quand ils sont suivis d'un autre nom de nombre commen-

çant par une consonne ;; quand ils sont seuls où suivis

d'une voyelle, le t se prononce (vinte, frinte,^^ qua-

rante,: etc.).: ' \ :';-'" •:' '•'•' 7y .;'"'

Quant à l'adverbe latin in de, voir la/morpliologiê..:

Avant l'accent, nd reste intact :

hérondéle.

, prendez.

pendant.r

marcander, mais : i' marcanne.

demander, mais ilédemanne.

1. Le timbre nasal de l'e tent à s'évaporer, comp. § 16.

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20O REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE

§ 71. Lesproparoxyions.

n-r> r :

tère, tendre (fém. terte).

atérir, attendrir,

verdi, vendredi.

1-r > r :

,.doreu; dduloureus.

barai, baillerais 7 /

parrai, parlerai.'7

.'-• v^r'>/r;:7. : :'.'-- -*. .

1I111

*marai, mènerai,

varai, viendrai.

1 ,. - .Igpf et te, collerette./'

- vorai, vpudrai. : -'77

pdur'é, poudrë7 ."..' -.""''-;;"''

m-17>nn (assimilation réciproque);,

- tranner, trembler. Y7;7:77/7Y

; sanner, sembler. .....;.:

: ensanne, ensemble. .—~Y: .:.

ng-17> nn : '- '"7,

, /:• "7' étranner, étrangler.''-•- 7 77"'

; lb-n 7> nni 7 ''".'" Y*' jv! '7'.

'

.g.anne, jaune, ..'

.7'' ?....gann.ir,'"' l>-,.;' .-*.J*:

, 7 , .s;s7^r7>'str.7>.tf, .', 7,,.'.'

7 s-r7> sdr 7>dr, 7 •

qui tous les deus deviennent -ta la fin des rnpts,: -.-^7:,

- .'.'.:•/'':• 7'.;; êté;:être7 . ,: . 7 7 Y'-" 7 7/; 7,

7 pétê.tè. 7 ..-; ".,- ::---':'

queute, coudre(pluriel: os çceu dons)

'f-': d-n7> nn :;' ,\ .,';. %.77.-.7'

''Y' Y -:'.'•. 7.'y"77-

bonne, borné (si rétymologie de *bodijia est justifiée)

Y'-:•' c-a-1 > l:7;/7

•'.'7/7 YY ;V -,Yj X,, \..'77;7 77 '.'. ;

7..;-/ '".;: \ v-.... .spiie, seigle. ". 7:7;- 7

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PATOIS PICARD DE DEMUIN 201

La voyelle a semble s'être maintenue un.peu plus long-

temps que les autres ; aussi dans

coine,,poltron, lâche,

(rester coine, rester interdit), qui vient de *quiéta-

nus, la voyelle n'est pas nasale.

mb-t > nd :

ander, mesurer en comptant les pas que l'on fait

(ambitaie).

* andèe, enjambée.

andain, enjambée (*ambitamen).

Comme tenerum donne tcre, on attendrait ponere>

*por; mais nous trouvons :

ponne, pondre,

peinnc, peindre,

te in ne, teindre.

plainne, plaindre,

aveinne (*ab-emere).

Ces formes sont dues à l'analogie de prendre, vendre,

tondre, répondre, etc. .

(Vpir la mprphplogie).

§ 72, Toutes les consonnes sonores deviennent sourdes

à la fin des mots :

troupe, tourbe,

roite, raide.

rate, vite (rapide),

feufe, fève,

treufe, trouvaille,

pleufe, pluie (comp. ital.

piova à côté de piog-

senfe,- sanve.

chite, cidre,

ieufe-té, lève-toi.

rosse, rose,

-eusse == ^osa.

onsse, 11.

à tout usse.

frenche, frange,

é t r a n c h e, étrange.

café, cave.

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Y 202 Y REVUËDÈ PHILOLOGIEFRANÇAISEY

§7.73. TDansdes 7iliots7pas ihdigèries, lés epiïsônnesfiiialés

se remplacent quelquefois Tune l'autre; Y 7*7 '77-"

-7 7

écharpe, écharde.

co.lipe, colique,

cran que, crampe.

car'mé, carne, charme.-.

germe, gejrne, germe..^7

uzerne, uzerme, luzerne.,;

Quand un mot étrangef est terminé par deus consonnes

sourdes, il pert la deusième'*,: Y

-srrie; Yste 7>-sse ; .v""--:

archétèque;

aque, acte ;-Y ' Ailsel..... ..

Les finales de quelques mots d'un usage très fréquent,

qui sont: devenues muettes en français, se prononcent

encore en picard : .'

. ;

toute, tout (pronom indéfini).-

q'uante, quand. ;

1 alorse, alors. 7

;§ 74.' Accidents gêneraus i h'élision des; conspiines a lieu,

tantôt pour alléger le mot, comme dans : pus, putout,

astenir, psc.ur, X7

ostaclé, ostiner,; -

"a broquin (brodequin),

tantôt par dissimiiation :

réquir, requérir.

7 "Magrite.

7 apé, arbre.-/- 7/.7/. •

gaircul, jupon (« garde-

cul »), 7 7/

écaroter = *écardô/ef7Y

parai, prendrai,""

;

• Les for mes^ p ad es p u s, p a de ssu s, p a cë q ue7 son t plu-

tôt du « français provincial » que du « patois.»/ Y

'-,-: .Apocope : :, :; .77...-V;Y-.7Y-''' - "",'Y."Y' .7:

7,7 .--": Y 'G'P'ire,; encore...; .'-'-. -,7"'7'7 -7'7'7

,:; .77/.. 7 té, 7été;(part.)/ '7'7:7/.--7';/ •;.

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Y" 7 . PATOIS PICARD DE DEMUIN 7"

2G3

->'-.-".';/(La;pr^sthèse:fréquènte;des7syllabes re; a;t'a n^eit pasun fait,phonétique.) '.,- 7

"Y'"7—Sons intermédiaires. :

. y i.eyoù, id'u où (hic ubi).

\- : beyet, 'regarder (bâdare). ,,..,/

7 toutéyoute, tout outre (aussi ; toutéoute).

poyéle 7= patella.

v : tir eu ver, trouer. \ '''.

freuvéle, treuéle,. truelle. :*

Quand lés consonnes protoniques qui étaient autrefois '.

séparées par une voyellèse rapprochent par la chute de cette

voyejje l'une (pour la plupart la première) peut subir une

altération : .--'•; _ !

gue^o, cheval.

cossp, colza. : 7 - 7

agiieviner,; deviner.

ep§er, fesser. '.-.''"

begile, vigile.

beseu, -Vire,7 faiseur, ..-

;'

'-euse. \ \

1 besoit, 11 misait,

grimeu, -eusse, veni-'

meus.

cagueno, cadenas;

acpufeter, couvrir, ense-

velir.' '::'

Assimilation et dissimilation:

a) Desvoyelles de syllabes différentes : 7..,7

assiïn. : ormicùre, armoire. 7

do long, auprès, contré, à côté.; 7

7:7 dissim.-.: DérPthèe. "''.'7; 7;7-; .7 déligence. 7

"::.•' 77; /-;,;/

-'". '..-rr—-résipère, êrysipèlë.

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204'

REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE

b) Des consonnes de syllabes "différentes :

assim. : libambéie, ribambelle. ;

résipère, érysipèle.'

sance, chance ->. r . mots français corrompus,

censire, gencive j'

chu cher, cucer.

(L'assimilation de s-ch à ch-ch a été facilitée par

l'onomatopée.)

déchorcheler, désensorceler,

churchin, résidu de blé;où de paille qu'ont1

produit les souris en rongeant,(*surici-

7 num).'

'(Le, ch initiais'est introduit dans: :

chur^wette, piège à-souris)., ;'

chartutier. - . ; ,

Y chemenches, semences.-—7 7

/, sofciu, "sourcil./7: '7

dissim. : calori.griief,7canonnier7(artilIeur).

colidor,Yeorridpr,

assasineu, assassin. , ,

sérusse, serrure.-; .,,•

..':. c ar eu 1.7calcul, ;,; -.7;7, .-Y-

7 piluf e, pilfule (influence reculer, récurer.' 7..,,.,.7

7 7 du suffixe ru'rà). .';'' '"" 7 -."."',=-;

'"..-. '''' :.:<:...*7;.7-.7:7:..,vEd;"HRKAL .

77,',''• (A suivre.)['.,77 ,7:7.;. .77Y/7;.7;'YY7 '<7.7Y;

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GRAMMAIRE _HIST0RIQ7UÉ

DU

PATOIS PICARD. DE DEMUIN

II. — PHONÉTIQUE SYNTAXIQUE

§75. Quand un mot commence par plusieurs jcpn-

sonnes et que' le mot/' précédent ne finit pas par ; une

voyelle sur laquelle ces consonnes puissent s'appuyefyoïi

introduit un é d'épenthèse : , :'

Y7- 7

émener 7 se vaqué 7pa .lé cordé, mener sa

,77 - vache par la corde.'

. .;•'.

élever se! main, lever sa main.' '

;

:tù n'édemannes point, tu ne demandés pas.

édepuis, depuis. 7' '' à'ch a que. « station.

' "'"' ' -'">-' "

::' .-:-,!'"" \' *' -7

''>.' "7 Y

C'est surtout le cas quand un mot commence par le pré-fixe -re- (dont;IV est toujours absolument muet) : : :

j'éreviens, je reviens. . .-'Y'";.;'

: pour élè foire /éretiref,: pouf la fairefetirer.

Y: :77iléretp;rne,7ilretourné. /7;/

7 Au commencement d'une phfase : 7 77'-'•".7.".

' 'Éretirez vou cîtpleuy retirez votre ch^peàiu7.7

. --,, REVUE'DÉPHiLpLôôiis/XXIV;',,' "'; ''': : -7\":: -.'7 :'7i6/

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242' REVUE DE PHILOLOGIE FRANÇAISE

TLT du7 mot rien est traité comme une consonne :

i né se rappeloit pu d'érien, il ne se rap-

pelait plus de rien, j

Au commencement d'une phrase : j'

érien du tout.

Mais après des voyelles : 7

Y i' revient, (à prononcer : ir-vient).

il o retoriîè (à prononcer ilor-tornè).

i' ne voit rien.

Le même phénomène a lieu si IV appartient au mot

précédent : .

me povére file, ma pauvre fille; .

l'un confère l'eufe, l'un contre l'autre,

et dans le corps des mots :

bouguerment, bougrement. ,

auterment (comp. §42)7" i

Les monosyllabes c lie, de, le, je, me, te, se, que,

ne, dont Yé est toujours absolument muet, et qui s'unissent

7au mot suivant, deviennent ainsi éche, éde, éle, éje,

é me, été, ése, éque, éne, toutesles fois qu'elles arrivent

au commencement d'une phrase principale, d'un,membre

de phrase détaché, ou après un mot terminé par une: con-

sonne parlante : - '.-.--" -

Éle semaine passée^ la semaine passée.;

';.." il-..6 l'habitute éde venir, il a l'habitude de'

venir. .' ', -- ',7 .-'.. 77...

éle servante éde nou moîtë, la servante de

; notre maître. 7&- ..;. 7. ...;.• 7

éde puis, che t ans-lo, depuis ce tenîps-là. .;'..

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Y- 7 PATOIS PICARD DE DEMUIN 7 243

; éle caleur d'éche.fu, la chaleur du; feu; 7 7

l;;... j'érëtorne érrie langue, je retourne ma langue. 7,

o voit qu'éme suténe al brûle, :on voit que.. .nia soutane- brûléT... 7.. •''-." :': ...,-":, -''.

il o toujours é'se'

laague7à che treu, il a

toujours sa langue au trou (c.-à-d. à sa place, 7

': prompte)./

fois vire été puissance, fais voir ta puissance,ch'est les tiénes éque tu canches éde plache, '.'

ce sont les tiens que tu changes de place. 7

1 se sert toujours ede grands moûts eque

personne éne comprent point. '-|i

Quand deus de ces'monosyllabes se rencontrent, on

ajoute un è prosthétique au premier, si le mot suivant com-

mence par une voyelle, au second si le mot suivant com-

mence par une consonne':

éque t'est béte! que tu es bête!

éje n'ai rien wafdè,;je n'ai rien gardé.

7 '-.' pour qù'éje ybiche, pour que\je voie. 7 f-7 .

Oui, men bfafe, qu'éje li dis," Qui, mon

brave, lui dis-je. 7 : ',

Dans les textes picards, on préfère écrire .:'•'-•'

que j e vbiche, dé che moîte (au Heu de d'éc-hè

moite)-;' on peut tolérer cette façon d'écrire parce 7

'''.;----• qu'elle facilité la lecture. ..Y.'.- /'Y

7 enne aventure que je vos vous raconter, une

7--'' . aventure, queje vais vous raconter. 77 ,777/

,.-: je rtie siit/lëyè, je me,suis lève. Y' 7

c-: Voici un exemple:delà rencontre:de;trois7de ces mono- ;

:vsyllabes*;,7 7: 7 :"'. 77 ;7;:-7,-, 7 . 7 77- 7.7

éje né me7sut point foit/prier, jë/nè më/;suis7 777

77:pasfait prier.,7 /;,7. '-. 7:"''.-.-.. 7

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'244 REVUE/DE PHILOLOGIEFRANÇAISE/

"--On écrirait mieus : Y •"., Y

7 éje n'éme sut, etc.; me prent un ^'prosthétique quisert d'appui aus deus consonnes m s; je prent un è pros-

thétique pour servir d'appui aus deus consonnes jn.

Rencontre de quatre monosyllabes : Y r

I feut qu'éje t'éle diche. Il faut que je te le

/ -'"dise.

Les conjonctions parce que et -puisque sonnent

pasque,:pusque devant des voyelles, et pacéque, pus-

séque devant des consonnes. ...

La finale -t de la 3e personne du pluriel du.présent

(laquelle se prononce toujours, v. § 91) reçoit de même un

è d'épenthèse devant des consonnes :

Tous ches cochons i ne se ressanneté point,

Tous les cochons ne se ressemblent pas.

I n'en veuté point. Ils n'en veulent pas.

La même horreur de l'accumulation des consonnes se

peut observer dans le corps des mots; on dit p;. e. juste-

ment =-- justement.

Après des voyelles, Ye de ces monosyllabes est toujoursa absolument muet :

da che v i 11a che, dans le village.'

—. .

i' feut retorner se lanque sept fois da seN4

bouque, il faut retourner sa knguesept fois /

dans sa bouche (à prononcer : i feutre t.p'r-,

7 néss.e lanque se foue dasse bouque).

§'76. La désinence -es du pluriel des adjectifs féminins

s'est conservée dans notre, dialecte quand l'adjectif précède

le substantif : -Y .

bellés-fanies, belles femmes. 7

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7 PATOIS PICARD DE DEMUIN7 7 245

courtés-bottes, homme de petite taille. Y

à grannés lampées, à grandes-lampées. .-' 7/*..'

La syllabe .finale -es est donc traitée de la même manière

que la syllabe initiale es-, p. e. dans estoife : estoile .'>'

étoile, belles^iemmes7> belle femmes.

Si le substantif commence par une voyelle, Y'edévient '

muet et Ys se. lie au substantif comme en français :

des béles^actions, .7.

des vieiles^habitutes.- 7 . : V '

- Mais on peut aussi faire sonner Te, par analogie :

des bélés^actions.•

'•{{ :

Si deusi adjectifs qui se suivent sont placés devant'le

nom, il faudrait que la finale -es se fût conservée (sous la

forme de -é) dans tous les deus :

desbélés quiotés files, de belles petites filles.

On dit ainsi en effet ; mais 71'usage n'est pas fixé sur ce

point; on entent aussi : - Y

des bêles quiotés files, ,7.

des b é 1é s quiotés files,

des bêles quiot.es files^

Cette incertitude\de l'usage s'explique ..parce que -deus

. adjectifs coordinés ne sont pas liés entre eus aussi intime-

ment que l'adjectif se lie, au substantif qu'il'7 détermine ; il*

y ar entre eus une petite pause, de sorte que

;-''' f--,- des bêles quiotés -file s - -.-.7 7 7

/correspont âussiaus lois phonétiques Y ':-';"

7 Lés-d'eus, autres manières de dire; ne sont pas ,justifiées7

phonétiquement, niais dues à l'incertitude que la cbeiis-7

tencè des deus;premières a créée. 7;

Page 62: Eduard Hrkal - Grammaire historique du patois picard de Démuin (Revue de philologie française, T.24, 1910)(gallica)

,246 REVUEDE PHILOLOGIE/FRANÇAISE

La même loi vaut pour les adjectifs dêljerminatifcmono-

syllabiqueis (l'article défini, lés démonstratifs, les possessifs) :

les, des, ches (qui remplit souvent le rôle d'article), mes, .

tes, ses se prononcent le, ché, nié, té, se devant un

noin commençant par une consonne, tandis que Yedevient

"muet et Tisonne comme *>;devant une voyelle :.

, % 'v'" u-"

"'-\ >"• '• ' '": mes berbis, mais m s amis;

chés. rues, mais, chus amis;

tous l's ans;.

aveu d'S: épinq ires, avec des épingles.

Mais quelquefois l'e se prononce, par.analogie; on dit

ch' salouettes et chés alouettes; çh's devient quel-

quefois s'z par assimilation :-':

s'z a'veine, les avoines.

On dira çhés alouettes: surtout au~~comrnencement

de la phrase'; car, d'après § 75, une phrase ne peut com-

mencer par deus'; consonnes, ou il; faudrait .dés faire pré-

céder d'un ;^ prosthétique, ce qui arrivé en effet :7

éd's amis,"dés.amis;

éd's apes, dès arbres. 7 7

Dans le cas de ches, il y a en même temps assimilation ;-- on dit*':' .' '-,'

"-..-.

' ''" "

.;>... ....... : .. . ,: -

éz-aveines, les avoines- -7 7

éz-aiouettes. . .*:

(Les assimilations qui ont lieu en français dans le; corpsdes mots où. dans la liaison et que l'ôfthographe néglige,

se retrouvent en patois; si je tape, se prononcé donc si;

; ch' tape; aVant uneYf, ce ch s'assimile tout a fait7 si

sâvois, si: je. savais; serai lo, je. serai là). 77 7 7/

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- /-.PATOIS PICARD DE DEMUIN . . . .. 247

§ 77. On sait qu'en français, les consonnes finales deve-

nues muettes ressuscitent dans la liaison,_c.-à-d. quand un .

mot proclitique (article, adjectif, pronom, adverbe, verbe)

s'unit intimement à un mot tonique.Dans la langue littéraire,. la liaison est plus fréquente

que dans le langage de tous les jours, sous l'influence de :

l'écriture;-' Dans le patois, la liaison est d'un emploi très

restreint. .

La liaison se borne dans notre patois aus cas suivants :

iMes'-j des articles, des adjectifs, (qualificatifs, posses-

sifs et démonstratifs) ; '!

2° l's du pronom-régime les ; /;';

3° Yl du pronom i"(== il et ils); :\

40 Yn des adjectifs, possessifs men, ten, s .en, et de l'ad-

verbe nen (inde) (l'e de ces mots s'élide alors, voir la

Morphologie);-

5° le / des personnes de l'indicatif présent du verbe

« être » :" ' ~ '-' - "

éje sut, t'est,' ,;

il est; i sont

(le t de la ^personne s'est introduit dans la ire et la 2%

voir la Morphologie) ;'

6° IV des prépositions pa(par),, pou (pour)'et su (sur).Des pataqUès,7 tel7que7àvant-z-hier,

- se- trouvent - ici

comme ailleurs.

--7§ 7-8/.Toute syllabe qui commence par les nasales met w

ala propriété de nasaliser la.voyelle précédente:

"dônhéz-mê'së prononce donc : donninmé;

à moins comme ah moins, /"7"'

'• ''"''.'

à mesure comme an-mesure.' /;

:/7 c:. :"W lie vient: mie comme an'ne. vient mie.

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248 HEVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE

'"'-§ 79. Faits divers. -

,\;

7 a) al (elle) devient a' devant tous les pronoms-régimes

et les.ne de négation : j.''"' ' .]

- ' ":'"

' ' '-'-. --

a' n'iro point, elle n'ira point. ( /."''

a' se voit rédùi à rien, elle se voit réduite à rien,

a' me- sanne in molet malate, elle me semble'

un peu malade V

. b) La préposition à disparaît devant un nom commen-

çant par une voyelle :

éje m'en vo Amiens. / .7.

éje m'en vo Ignaucourt..

c) La préposition de disparaît devant un. d.::

édevant dire quête cosse, avant dé dife .

quelque chose.~~~"

(mais : édevant de-parler).

(L'omission de la préposition deavant les noms propres

de personnes est un fait morphologique.)

venir signifie « venir » et « devenir». -,

III. — MORPHOLOGIE Y~. ' '

-.-. -,...' *

§ 80. Le genre des substantifs du patois de Démuin diffère

parfois de celui de leurs correspondants français ; ainsi

bouxrique, couloir e, cravaté, dent, dragée, faim,

gafr.etief (jarretière), glu, gourme, loùte (loutre),

passoire, -poute (poutre), prison, réque (règle), rin-

golisse (réglissé); soi (soif), tombé sont du masculin.

Par contre, ache, (âgé), air, .carbonate, centime,

chimetiére (ou chirnentiére), éclair, emplate,

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PATOIS PICARD DE DEMUIN 249

exampè, évangile, froid, honneur, légu'mme,

manche (d'outil), or ache, osière (osier), ouvrache, .-

fhumme sont du féminin.

La cause dé cette différence est à chercher dans l'article

le, qui s'employait dès l'ancien temps pour les deus genres.-

§ 81. Dans le vieus français, le génitif n'avait pas encore

besoin delà préposition de; on disait:

la maison le roi = la maison du roi.

Cet ancien usage s'est conservé dans notre patois avant

des noms propres de personnes : .71

éche fiu Tintin Pierrout, le fils 'de Tintini .

'

Pierrot. !'•"

éle sùténe M. le curé, la soutane de M. le curé.

éle famme Gusse, la femme de G. :

Après la préposition mon (chez), qui régit le génitif:

mon Roger, chezR.7

§ 82. L'article. ''''

L'article défini le est masculin et féminin en ancien

picard ; la nécessité de distinguer les genres a amené le

remplacement deTarticle masculin/par l'adjectif démonstra-

tif che: (= ce français); au pluriel, on dit ches pour les

deus genres.

^ La déclinaison régulière est donc au singulier: _

masculin :

éche moîte, le maître,

/. d'éche moite, dp -^ ,/ 7

."'..'':7.~' à che moîte, au ^— '-/',

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250 REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE

Y féminin.-':: .* Y:7 ::'. '; <':,:;'.

éle famé, la femme. '''':". '-

d'éle famé, de la -':'

à le famé; à là —j

Au pluriel :

ches moîtqs, '.-".-'

7

;~

^ ches famés.

Au datif.du pluriel, nous trouvons régulièrement:

/• 77 àchesmoîtésj

à ches famés.'

7 . .

7.Mais,au génitif et au datif du pluriel, les anciennes

formes des et as se sont conservées:

des moites,

-des fâm.es,—

- .-•; as moites, .. 7

as.fames. -... .

Devant une voyelle, des pert son e (voir la Phonétique

syntaxique):.'

d's étoiles. 7 :

d's apes (des arbres).

En effet, l'ancien article masculin le n'est" pas tout à fajt

disparu. Nous le rétrouvons dans beaucoup dejocutions :

édevant le mois d'eût;

fiche éle camp; • .7 ; ;'Y''

,l'e..\soir ; . '-.. :. /.'

.'". sous les formés du et au :

•os o offert du dur à ches capieus et pi du

dous/à ches blancs bonnets. 7'

<

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Y .'-.7-7 7 PATCMSiPICARD ;DE; CEMUIN/ 7- ...7 7: .25*1/7

au pu laids (àussikids^e;possible)î 7 7 7 :

/. au pu. vite. -' :_:'' ':'- :': ;'Y 7;:-;7/7"7 - ;7,.7..-Y

... On; peut dirèLque l'article che Individualise; mais, dans

des locutions adverbiales ou quand on ne .parle pas d'un"-

objet déterminé; on a encore l'ancien articléleY

L'article che; s'assimile à une s suivante :

s'saint, le saint. 7 7 - \

L'article éle (= le), ; qui, d'après les lois phonétiques

ne devrait s'employer que devant des consonnes, is'emploie

par analogie aussi devant des voyelles : "/" '-%

éle école,.l'école.- Y) 1-7

L'article ches devient éch'z-, éss-z-, éz-devant des

7voyelles (voir § 76) :

éz'z-aveines, les avoines.

Au. commencement d'une phrase, Yé peùttomber :

s'z-aveines isont-ti b'oines àcopef?

Les formes françaises de l'article 7: au,: l'a, s'emploient

« comme marque de respect », ç.-à-d. quand celui qui parle

cherche à se rapprocher de la langue littéraire :

au bon Diu,

parler au roi,

i s'érequemanne à la Sainne Vierche.

(Voyez plus loin les adjectifs possessifs.)

§ 83. Les adjectifs qualificatifs.

Formation du féminin :

a) féminins en -sse :

bleu —bleusse,

nu —nusse,

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25:2 • REVUEDE PHILOLOGIE..FRANÇAISE

dr u — drus se, .' , .'.--'

dossu(bossu)— dossusise,

corrompu (qui se comporte mal)— eorrom- ^

pusse, \- ..!-'

-.

gairnu (grenu)—'

gaimUsse,

maladiù — maladiusse.

La « spinta analog'ica » se trouve dans des adjectifs

comme^èu (faus)— feusse, épais

—épaisse, et.sur-

tout dans les nombreus adjectifs en -eu = -osus (mal-

héreus—-malhéreusse, etc.). •_• -'Ti - ~ -

. . \ . , "'

. b) féminins en-te : --'"'"'

a) sur (aigre)—sur te,

dur — durte,

noir—: noirte,• — meur (mûr)

— meurté •. .

ter (tendre)—terte.

: Ces féminins sont, formés sur le modèle de :

\ court—-courte,

,';vert —verte,

fort-—forte, etc. — ; ;'

(5) nain — nainte, ' '

avant (proforid)-savante, !

gniais (niais) — gniaite. '-1 ..".—

Tous les participes de la 2e conjugaison : ..--

fini— finite. .''..;.- .. 'V --\/."

Ce sont les participes du présent et ceus du"passé en -f

(comme dit; foit) qui; ont fait naître ces formes fémi-

.-.• nines : '. \ . '•' .;';".'-"

heure;irîduite (indue) :

:'• analogie de conduit,;etc. V: ..,''; v

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:: ; PATOIS PICARDDE DÈMUIN': 253

c) Tous les adjectifs (et substantifs) en .-;eu,— ^-orem

forment le féminin en -oire == -oria ; cette forme s'étent

quelquefois, par analogie, aus adjectifs _èn.-eu ==-osum.

Les autres irrégularités apparentes s'expliquent par les

lois phonétiques-:

dous— douche, ..-.

fin —finne,

çoeud (chaud)—cceute,

bieu (beau)— bêle

(mais :ibel et boin). i ,

gros—grasse, ;! , . ;

grous—

grosse, -\-\

, quiout (petitJ—-quiote, ;

viu (vieus)— vieile, !

grand—-

granne.

Au pluriel du féminin, la terminaison -es est traitée

comme l'ancien.-es initiai:, i

: : : des bélés^files.'

; ; . ;

Devant une voyelle, Ys sonne (—ç), Yé peut tomber ou

se maintenir,: . '7

es béles^açtiohs .-...:•-".'..•

ou; des bélés actions.

-(Voyez la Phonétique syntaxique.) ...

L'adjectif ne prent.pas la marque du pluriel ;, s'il forme

avec son substantif mne sorte de nom composé : \l :~ —...

:,,.."- ;;des.joine; hommes,:: ''..-.;:'

;:

•'..': "';§ 84. Les adjectifs et les pronoms possessifs: y .",.' '—'—1..

: ;; Les formes des adjectifs possessifs sont : ; \> : / -1

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254 '. REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE

men, me 1; ; ! '-''(;";.' </ ;.' ; "'•.;'

'•;'' ten," té;: ;'--':'-" :-;T- ,'-.''' :.••'.

sen, se ; .' '

v'". ..(

nouj vôu, léuy "'• ';"

Selon les lois de la phonétique syntaxique, les formes

men, ten-, sen deviennent m'n, ;t'n, s'n devant une

voyelle (ils s'emploient! au féminin comme en français) :

''-.'"'. —m'n homme, -

s'n herpe.

Généralement, et surtout au début d'une phrase, ils sont

précédés d'un e prosthétiqùe : .".

ém'n homme,

és'n herpe. .......

La même règle vaut pour les formes-féminines devant-

. une consonne :—

, ; été soeur (ta soeur),' . :

mes, tes, ses perdent leur vdyélie devant une voyelle :

m's^amis, mes amis,

nou — notre et nos, .

vou = votre et vos.

1eu = leur et leurs;

la différence ne se sent que devant une voyelle, où Ys'de$

nou, vou, leu ressuscite :

:rious^âmi, ^

lëus^ami.

Les formes françaises mon, ma ne s'emploient qu'en

parlant de proches parents ; c'est une sorte de forme respec-tueuse : •—~;-:-"':— :—• '' -.-..•"- ::'

'"'-'.ï.':A prononcerm',?, s':'!-,';

- :

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- PATOIS PICARD DE DÉMUIN~

255

mon père, '.:'':

man mère. , ._:.:-

mon^onque.ma tante:

Les: pronoms, possessifs ont les mêmes formes pour le.sin-?'

gulier et le pluriel des deus genres :

miéne, tiéne, siéne,

note, vote,'leut.e.

La forme féminine a donc été généralisée ; l'intéressante

forme leute doit son -ta l'analogie de note et\ vote.

On fait précéder ces pronoms de l'article le, 'les (pas de

che; ches). II.1 •. ......

§ 85. Les adjectifs et les pronoms démonstratifs. .

L'adjectif démonstratif coïncide avec l'article .défini :

che (c h et) au masculin, le au féminin 1, ches au pluriel.

éche quiout-lo,; ce petit-là;

-:; éle fois-chi, cette fois-ci; :_

d'échet-hômme, de cethomme.'

Les pronoms démonstratifs sont :

cheti, celui (== ancien fran-

çais cestui). \

cheti-chi2.'

çheti-lo. '.•

chet'i-lol.

Le féminin correspont au français :

. , chéle^';. - ~; ---

chéle-chi,

-;.;]. chélé-lol',; -_'.'; . .;':. — .

1. chet au férn. dans quelques locutions : chet heure.

'%.'Au-côtomèricernent d'ùrie phrasé : écheti-chi, etc., d'après § 75-

3. Aussi chélé-lol, pour séparer lés deus parties du pronorn. ;

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256 "-'*>. REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE

Au pluriel, on ne distingue pas les genres •:..-. ;

cheu, ceus. - . - "''.'

chéte-lo, ceus-là, celles-ià. : '|

çhétes-lol; I

ce dernier est le pluriel du féminin (vieus français ces tes),

employé pour les deus genres indistinctement.

Le pronom neutre «ce» a. trois équivalents en patois :

1) che s'emploie comme en français : ch'est, prens

chèque tu veus;

2) chou correspont au vieus français ço : trouves-tu

chou que tu cherches?

3) chan; cette forme est difficile à expliquer; Corblet

donne can que = ce que (quantum ?) ; le vieus langage

connaît un pronom chen, qui est peut-être une modifica- ,

tidn de che, moulée sur des doublets comme ne et nen,

me et men, -~~

Probablement, il y a quantum, dont la consonne ini-

tiale a été changée par analogie, des .autres j pronoms

démonstratifs;..

Le pronom neutre «.-cela » a deus équivalents : _

r. 1) lo, après une consonne élo (= illud hac). ;

2) a (= illud protonique ?)

Ce dernier se prononce souvent avec unie aspiration

. forte, ha, de même qu'on dit aussi : -

h'est vrai == ch'ëst yrai. ••"..

§86, Les pronoms.relatifs.

On ne.peut parler \de pronom relatif que quand il est

régime direct :;ques qui correspont au français.

•:./Dans tous lesjautres^easiilyj^Vradvefhe relatif quey:s\mi

d'un prononr personnel.• v - :

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"PATOIS PICARD DE DÉMUlN'.;" .'. T.'y] -

;, mi qu'éje sut vius,,moi qùksuis-yieus. :' ':.;

ti'que t'est j.oine, toi qui es jeune. . ;

liqu'i brait, lui qui pleure..

elle qu'ai rit, elle qui rit.

Vlo Tevmoutarte qu'ai monte, à. che nez

de Bébert, qui monte, ':.— ' -

se commère qu'ai rioit de l'aventure,quiriait.

Le sujet delà proposition relative peut être la troisième

personne, même si elle dépent d'une première ou deusième

personne*.: V

Ch'est mi qu'i se berlure. },\

Ch'est ti qu'i se passero de mengea

Ah nominatif, le pronom personnel est quelquefois sup-

primé, surtout devant le verbe être :

Vlo le famé qu'étoit da che train àveuc

nous, qui était.,v

«Dont» s'exprime donc par-.que suivi de l'adjectif

possessif: '.'.'.- ;{- :..>••'•-.

Toinout, qu'ése moison al. verioit d'ête brû-

lé e. T.y-.dont la- maison, ;.:.'. . : /

ou bien par qu\e suivi du pronom personnel absolu avec

..'de—, \ V. . ''"v'-':^s_.:,-*-.;.":'"-::- 'KVV'

Che labourèuquè nou ;vaque al vient de IL

LelaboureUr dont-vient;ndtre vache.

'.'..'D-une manière semblable se traduisent p ar quL/ave c

'".qui, etc.. :'.;"•'. '."</

;.":: Che miarehândc éque: j-;ai ,.' tè/ refoit par li, le

Marchand par qui j'ai^êté: trompé. \ v\

v ;::':Quand le.pronom relatif précédé:;d'une préposition se

rapporte à 5ne chose; il faut employer eh^français le pro-

. .ÙÊVÔEDEPHILOLOGIE,XXIV-,-.. '•'-.'i:.' •"17 ::

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258 .. REVUE"DE PHILOLOGIEF;RÀiNÇAlSE . . :

nom lequel; ce pronom se supprime tout à fait dans notre :.;

patois* de manière que la, préposition se change en

adverbe : -

Eche pic qu'éje travaile aveu; le pic avec

lequel je travaille. ' ;

Ele voiture qu'éje sut venu dedëns, la voi-

"> . ture dans laquelle je suis venu. .

C'est, donc la même construction qu'en anglais.

à qui,, auquel se traduisent par que suivi du pronom

personnerconjoint : '-'.

vlo le famé qu'éje li fois la charité tous

les lindis, à qui, à laquelle.

§ 87. Pronoms interrogatifs.

Le pronom masculin est remplacé par quèche, suivi•

ordinairement d'une proposition relative :

Q_uëche qu'i te pale?'Qui te parle?-

Pour quèché? pour qui? .-'.'

Que cire est une forme pétrifiée (==;«qu'est-che »,

peut-être « qui est-che ») qui; .a remplacé le pronom « qui »

. même après les prépositions. '..._.; ;

Le pronom neutre quoi est de même suivi-d'Une pro-

position relative, qu'il soit sujet ou régime : j _'.." ;

Quoi que tu veus foire .?;:

A quô;i qu'ha sert? ,

,; Ce pronom s';£mploieau discours.indirect pour ce que-:

Il o demandé :à'Joséphine quoi qu'i n'avoit

,.':". -.de nouvieu.il ademàndé àj.,,cequi!y avait/de

'}:'•.'':'..- -nouveau, ...,'''• "-.';:—' --:;-^':^';

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i ' PATOIS PICARD DE DÉMUIN-- 259

§ 88. Les pronoms personnels. '

Les pronoms personnels absolus sont :

mi,-ti, li ;"

'""'. '•'

noU,,vou, eus.

mi et ti sont les formes anciennes picardes; li est l'an-

cien féminin, qui a supplanté le masculin, aidé; de l'analo-

gie de mi et ti; nou a un ou nasalisé (tandis que dans

n ou = notre, forme protonique, la nasale initiale n'a pas

eu tant de force). / ,

li s'emploie pour lui et pour soi; la forme féminine

elle est rarement employée. ';!.../

Après l'impératif, on n'emploie pas les pronoms absolus,

mais les, pronoms conjoints; il est à noter que Ye muet de

me, te, le se change en é :

dis-mé! dis-moi.1.

, , . . tais-té! tais-toi! '•;

dis-lé! dis-le! . :

Quand deus formes toniques se rencontrent après un

impératif, le régime indirect précède le régime direct :

rendez-mé-lé!

Les pronoms personnels conjoints.

*• sg- ie\ .'

-,2. sg. tu, ayant une voyelle t'.

'.

' '

'3. sg. i, —; .-;'' il. ."".;'

fém. a,, al, —- ..'

al.

1. et 2. pl| os. ' ~"'"/~'

3. pi. i/ avant une voyelle.

il (pouf les deus genres).

Lés pronomsrrégimes.sont : ';'.-.

"Sgri. me, 2. te;:,°. ' '..'.." '" j; se.pi. 1. nous, 2. vous;

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2<5o REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAISE..

.3. régime indirect : sg. li,'pi. i.éus./:

— direct: sg. le, pi. zé, z.. ."'—

Pour la prononciation de je, me, te, le et se, voiries

règles de la phonétique syntaxique (§75) :

éje vous .salue,

i n' élë .voyoit point.

j'éme truvois dà che bous, je me trouvais

.dans le bois. . - . .'

Au pluriel, os s'emploie pour la 2e et là 3e personne

](Ys se prononce 'avant une voyelle); os est une forme

abrégée de nos et de vos, née par aphérèse; puisque la

personne du verbe est assez reconnaissable à là terminaison

du verbe (-ons, -ez), on a pu négliger le pronom.

A la 3e personne du pluriel, le masculin i, il s'emploie

pour les deus genres, ce qui se trouvejiéjà en ancien fran-'çais (== latin illï); on dit i devant une consonne, il devant

une voyelle :

il iront;

mais on introduit une s devant y : —

Feut-ti qu'is y voiche-te? Faut-il qu'ils y

aillent?

Cette s n'est pas organique, mais due à l'analogie de

nous y, vous y, os-y.

li paraît l'ancien datif du féminin (illaee >. *liei >

li); mais lui protonique pourrait aussi devenir li(§ 46).'

l'eu' prent une s devant une voyelle,, par analogie de

nous et vous.

Quand deus pronoms-régimes :de la 3e pers. se ren-

contrent,, ils se fondent, de sorteque li —le li, leu =le

leù; c'est un phénomène phonétique, et non pas syn-

taxique.'

.-"';'

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.,"''

;-PATOIS PICARD DE DÉMUIN"

: 2.6l-'

1 Le régime direct les devient '%,par assimilation' :

tu 'z ainies, tu les aimes.-

Devant une consonne, on ajoute un é analogique: zé

vlo, les voilà,-J- •_ .

tu zé fois souffrir.

C'est la coexistence de m' et mé, s' et se, etc., qui a

fait maître la forme zé a côté de £.

Ajoutons ici le pronom indéfini o, qui, lui aussi, prentune s devant une voyelle, et qui correspont, au pronom

français on, avec lequel il est sans doute identique; la

dénasalisation s'observe dans divers mots i protoniques

d'usage fréquent, Ys s'explique par l'analogie dû pronom o

= nous, vous :

O foit comme o dit.

Qu'os est béte quant os est seu !•Qu'on est

bête quand on .est soûl !

-'- Après un verbe en interrogation, notre patois emploie-ti aus trois personnes. La syllabe -ti n'est autre chose

que le pronom de la 3e pers. précédé de la terminaison -/

du verbe qui s'est maintenue dans la forme interrogative :

aime-t-il? Cette syllabe s'est introduite dans toutes les

. personnes de la forme interrogative : -''

Eje.dirai-ti oui?'Dirai-je oui1?. .'"•.'.

ïfeut-ti que j'éle diche? Faut-il que je le dise?

Que malheur équej'ai-ti! Quel malheurai^je!

Ce phénomène se,retrouve, d'ailleurs dans presque tous

les patois français,. Mais notre dialecte offre un autre phé-

i.llé-prpnom-sujet précède donc le verbe; l'interrogation n'est mar-". quée que parla particule -ti. V

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2Ô2", ,.' REVUEDE PHILOLOGIEFRANÇAÏSE

nomène de la même nature, c'est l'embloi dû pronom per- - "

sonnerjou (= jp en vieus français) dans toutes lès per-sonnes de la forme interrogative.

L'ancien jo, forme tonique du pronom j e, doit devenir

jou (d'après §38) : '" ,- '.

peux-j ou?- • M' '. !

Cette forme étant d'un usage rare, on l'a prise pour Une

sorte de' particule interrogative, et on l'a introduite dans

toutes les personnes : «

T'iros-jou? Iras-tu?

Is y sont-jou ? Y sont-ils ?

Mais cette particularité du patois de Démuin tent à dis-

paraître; -jou n'est plus guère employé comme, particule

interrogative par la jeune génération.

Règle syntactique : Les pronoms, personnels doivent s'ex-

primer devant tous les verbes, même lorsque le substantif

sujet est lui-même exprimé :'

Eche berger i dit, le berger dit. > •

El bêle- dame al appelé' ém'n aignëu, la

belle .dame appelé mon agneau. .-.'..

Oui, qu'i reprent l'eute clerc'notaire.

Oui, reprent l'autre clerc. \\.-'U^

§89. Les adverbes pronominaus. ; , .'~~" ".~

'/

L'adverbe hic est devenu ^ comme. en français ; mais

dans la locution il y a (ancien, français aussi il a, sans

adverbe)yle picard a introduit in de au lieu .de hic; on

. -dit:- .:,'." V '' '.':''-'.""'_ :-':: —'—'':-'"•'—

'"'

i n |p — il y a.

ï n'avoit — ii y avait.

i n'.éro == il; y aurait.,

i n'o ieu :==il y a, eu.

Page 79: Eduard Hrkal - Grammaire historique du patois picard de Démuin (Revue de philologie française, T.24, 1910)(gallica)

PATOIS PICARD.^DEDEMUIN 2^3

;:..La négation- rie- (qui,; au rester n?est:/pas-obligatoire en •;

picard) se font avec cette h •."'''-',-. : :— •,:; ,;:;—.\v-/;--

i n'o mie moyen^de 'manière que là même'locution .,

picarde « i nen o7» correspont;aus 'locutions- françaises« il y en a » "et « il n'y.en ,a » ::"'.•:: '- ^ ;:•;'

: i nèn avoit coire; ily en;avàit ehcdire." ".-"'

i nen o point, il n'y en a pas. '-.-•.'.-•'.

- L'adverbe indë a donné dans notre patois quatre

formes;:--. ;. .. ?..,.. • .':=

i) en, 2) n', 3) né, 4) nen. ..-.;;:! .;,."-;"

'; .': -.'. .;

- '':"'''. ':.% :: — .--'

, 1) La forme en 1représente le déyeloppemént régulier

de in de. ; mais, elle ne se trouve, qu'après desjçpns'qnnesl,:

••-'•----j'en a v-Pis- sorti, 'j'en étaissorti. -

-';-.' —-'J' -

os povez m'en apporter erine m-à;rine. -'--'

tout le monne en 6 ri ne m'en parlez

point :

2) Après une voyelle, la voyelle de en est absorbée, il ne

reste que n, qui a pourtant la force de donner à la

voyelle précédente un timbre nasal : ,(

i n'est resté enne goutte, il en est resté

une goutte,

i n'est venu à bout, il en est venu à bout,

qu'i n'o bien ri,'qui en a bien ri.

i n'o bu, il en a bu.

-3) Après un impératif, n''devient né (de même que -le,

ou plutôt 1', devient lé) qui nasalise la voyelle précédente :

.foi-né, fais-en !

demandons-né, demandons-en !

prendé-né, prenez-en!

1. N'oubliez pas que en se prononce toujours comme in.

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264 REVUEDE-PHILOLOGIEFRANÇAISE;;

4) La. forme nen se trouve au,commencement et dans-

le corps d'une phrase :: •/ :':....'.. : - - . 0';

Nen. vlo un! en voila-un!' ]

éj e nen retiens, j'en retiens. --.-""'

i nen savoi assè, il en savait assez.

i nen sont venus à bout, ils en sont venus à

v .'.- bout!'

-1'

' ' / , - '".. \. . .' ,, -.., -.-',"' . .-:'à,ne point nen vir ele bout, à ne point en voir

la fin.'.'

sans nen demander pu long, sans en demander—'

davantage. : ; .

Dans ces deus dernières phrases, on pourrait supposer

que la nasale du ihot précédent s'est liée à en.: ;

Nen est.un composé de ne (négation) et en dans les ;

exemples suivants :

o n'en voit point de parëlle.'

ses pratiques, i n'en veute-té;: point, ses-pra-

tiques nen veulent pas, ., : ';i J

"

Mais comme la négation ne n'est pas obligatoire en

picard, nen peut être pris pour en.

N en résulte enfin de la rencontre de ne (== y français)de la locution i n'o (il y a)et de en :

i n'en o ieu un, il y en a eu un. ...

1 n en a voit coire, il y en avait encore.

"'..; C'est ainsi que ...nëii a pu être pris 'pour; un .adverbe

simpleéqûivalèrit à en, que l'on emploie ;ari commence-

ment de là'phrase et partout où l'on tent à là claité: de

l'expression, pu la forme né paraît trop Jàib'le ou ambiguë.

Quand l'adverbe en est précédé du pronom-régime

"indirect li, ce dernier ^assimilé, :dë manière; que;gny en

correspont -à lui' en.;:; la:voyelle précédènteëst nasalisée -:;;

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;';..-.".; PATOIShPICARD^DE:DEMUIN— C : 2^

os : në: gny en; donnerons,." noùs^lur eh donne-

rons. ;.-. '.;-.' ;;-,-_. .:- •'•''..-

i ne gny en-portero, .illui enportera.

LE VERBE

§ 90. Les terminaisons.

Les terminaisons du présent sont les mêmes qu'en fran-

çais, excepté à la je personne du pluriel, où. le -X final s'est

conservé et se prononce encore : '.":, [ ".'

i donne-te, ils donnent,

i finite,.ils finissent,

i tierite, ils tiennent,

i rechute, ils reçoivent,

i saite, ils savent.

i peutë, ils peuvent,

i rente, ils rendent,

il écrite, ils écrivent,

i doite, ils doivent.

Onyoit que cette terminaison s'ajoute à la forme du

singulier (qui est, icomme en'français, la même; pour les

trois personnes), tandis qu'à la première ;et à la deusième

personne du pluriel, le radical a souvent une; autre

voyelle et conserve sa finale (os finissons, os écrivons,

os tenons»; os\ povons, etc.).

Le t. final ne \se prononce pas dans les quatre-verbes

i sont, il ont, i vont, i font.

Le subjonctif a la désirience caractéristique che, .qui

. sr'ajoute au singulier de l'indicatif, si"celui-ci est terminé

par une voyelle, ou par une r :

qu'i doiche,-qu'il doive.' qu'i dorche, qu'il dorme,

qu'i finiche, qu'il finisse, qu'i meurche, qu'il

qu'i renche, qu'il rende. meure,

qu'il écriche, qu'il écrive, qû'i juche, qu'il joue.

Page 82: Eduard Hrkal - Grammaire historique du patois picard de Démuin (Revue de philologie française, T.24, 1910)(gallica)

266 REVTJE^vDEiPHILOLOGIE-FRANÇAISE:'

: Aus autres verbes1,, oh'"dit comme-en français :}.::, :

qu'i donne., ...'

. J

Ce ch est intercalé devant le i dé la troisième personne

du pluriel : .' ! r:

,

qu?i doiche-te,"

qu'i finiche-te,

•'*'"'qu'i dorche-te, qu' juche-te, etc.:' -

(A la première conjugaison, cette personne, est en géné^

rai identique à l'indicatif : qu'i donnè-te.)Le ch du subjonctif s'ajoute aus terminaisons -ons,

-ez dé tous les verbes : - !, -:'

qu'os donnonche,•— . donnéche.

de von che.

qu'os dévéche;

—r fiiiissonchë.

'_-— 'i finiss é.ch e,

L'origine de cette forme est à chercher dans le subjonc-

tif de quelques verbes très. frèquerits|rcomme facïam,

sapiàmV': ' !: " ':' ' (; 'l '

'. i; ;'".;,

Les terminaisons dé Yimparfait sont : . ;

; Sg, i. -ois. ,,

2. -ois. j

,3. -oit. ;

plur. r. -pimes.

-. 2, -oites,

'..' 3, -àint.. ... ;;;

(Les s et les t des finales riè sonnent' jamais 'sûf* la

voyelle initiale du mot qui suit,' ils sont toujours, absolu-

ment muets;)'

'/- :;'::"-' '.'•'".''' .-':'•:';'-;- ';/:"r'-:.;:-

- Le singulier offre les mêmes.tërminaisohs que le fran-

çais (où elles ne sont réduites, à -ais, -ait que depuis, deus

siècles); la;première et là. deusième personne du pluriel

sont des formes du passé défini (qui n'existe plus. dans

;. -1.'.G.-à-d.la-plupartdes-verbesdelà première,conjùgàisofr;> •'':V:

Page 83: Eduard Hrkal - Grammaire historique du patois picard de Démuin (Revue de philologie française, T.24, 1910)(gallica)

PATOIS PICARD DE';DÉMUIN 2%-

nôtre patois) avec la voyelle caractéristique -de l'imparfait ;

la troisième personne du pluriel s'explique par l'absorption';,:..de Va de la désinence bas-latine : *-éarit > *-ént p> -.ain

<sw>\ y-yy^'^-yy'yyyy^y'yye-Mais la voyelle'oi offre quelques difficultés, car elle se

prononce de deus manières :..-..."

.

oè à la i" pers. du sing. et à la 2e du pluriel ;.

oé à là 2e et 3e pers.'du sing, et à la ire du pluriel 1. -'.;'.

oè à la ire pers.T du sing. est sans doute le développe-ment sppntané de -éâm; oé à la.deusième du sing. pour-rait s'expliquer par l'influence de Ys, à la première du plu-riel par l'influence de la nasale; oé à la 3e du sing, serait

dû à l'analogie de la deusième ; mais n'attendrait-on plutôt

l'inverse, la 3e de l'imparfait étant infiniment plus fréquente

que la deusième ?

A la deusième du pluriel, on attendrait oé, à cause de

Ys de l'ancienne terminaison -astes, -istes; 'on peut :

supposer que la fusion dès formes de l'imparfait et du passédéfini n'a eu lieu qu'à, une époque où Ys'dévastés,

-istes était déjà disparue.

Le futur a les mêmes terminaisons qu'en français (à la

2e et 3e du sing. -0 au lieu de; a d'après § 12); le condition-

nel a les désinence de l'imparfait. '--;' ;

§91. Les temps.•

. Le patois de Démuin a perdu le passé défini (dont les

restes se sont fondus dans; le pluriel de l'imparfait), et le

subjonctif de l'imparfait. En revanche j il a créé deus temps--•

composés: ;, :.-..'

J. je) j'ai ieu cantè, «j'ai eu chanté »,c'est'à-dire j'eus. chanté. ....

1. Les gens âgés.prononcent ouè, ou é;,

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.268 REVUEDE PHILOLOGIE;FRANÇAISE

Ce temps, qui est d?un usage très fréquèntj remplace" le

. passé antérieur du français. - ...- .. . i' . -.' . - '

2) j'avoi ieu caritè, « j'avais eu chanté »; c'est une.

sorte de plus-que-parfait antérieur, pour indiquer une

action qui eut lieu avant celle que l'on raconte.

(Ajoutons ici, pour éviter des erreurs de prononciation,

que les finales muettes des verbes auxiliaires—: si l'on

veut bien les écrire—ne doivent jamais sonner sur la voyelle

initiale du participe suivant; donc, si l'on trouve quelque- ,

fois dans les textes modernes : t'os ieu, os avons ieu,

os avez ieu, il avoit ieu, il avaint ieu, n'oubliez

pas que ces s, t, ç sont toujours muets.")'

LE RADICALDU PRÉSENT

-'

§ 92. Première conjugaison.

Nous nous contenterons de citer les premières personnesdu singulier et du pluriel.

' "' * --•'•

a) les verbes en -eler :

j'appéle— os appelons.

éje canchéle — os cancheïons.

De même jeter : '. -

; . <h' '

éje jéte —os jetons.

L'analogie de ces verbes a entraîné les verbes en -blër,

; --gler, -çler, -pler ;

éje, doubéle—os doublons,

éje 'ch.erquéle— os cherclons.

• , éje jenguéle—- os jenglons.

éje peupéle —, os peuplons. :;

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PATOIS PICARD DE DÉMUIN 265;'

Lever et ses dérivés (alever, élever, relever, spii-.

lever) présentent dans ïa forme tonique du radical une .

voyelle qui vient d'un ancien ië (cp.§ 14 et 25).

je ieuf—os levons.

j'aïeuf.—os alevons. . *

Les verbes avec un é au radical se conjuguent comme

en français, conformément aus lois phonétiques :

éje pèque— os péquons (pécher),

éjebèque-—os bé^wons (béguer, == bégayer).

b) Les verbes en -eter; dans ces verbes, la fourme atone

du radical a supplanté la forme tonique : jî

éje feulte — os feultons (feuilleter),

j'épouste— os époussetons. , ' .

c) Les verbes en.-ier; la diphtongue ie est née d'un a

après une palatale; elle ne se trouve donc qu'à l'infinitif et .

à la deusième pers. du pluriel ; à la première du pluriel,

l'ancien-iens a été remplacé par -dons :

éje w.ite — os widions (vider),

éje laisse—os-laissions.

d) Les verbes en -iner, -imer, -ignér. .

Là voyelle est \nasalisée quand elle est accentuée ; gn

pert son élément palatal à la fin-des mots (§ 69).

j'envrimme— os'enyrimons (envenimer).

'

' h . j'a-devinne.— os adeyinons.(deviner).

éje rensinrie—os rensignons. ;""/""~^--.'

§93- Deusième, troisième et quatrième conjugaisons. ..."

-

a) Verbes inchoatifs : leur conjugaison est analogue à la

conjugaison, française :.

": éje finis ^- os; finissons' (3e- pL i finite).

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27O REVUE:DE PHILOLOGIEFRANÇAISE: .'"''.-

;: On- s'attendrait à, eh" au lieu de Uss ;' il faut donc- suppo-

serUne base*finisso, *finissis, au lieu de *finisco; *firiiscis.

b) Les quatre verbes partir, seutir(.= sauter); sor-

tir et vêtir se conjuguent sur la première conjugaison :

éje parte"— os partons (3e pi. 1' parte).

Nous grouperons les autres verbes par rapport au fran-

çais : ; .:"'.-. \

.;';, a) Le radical présente les -mêmes différences qu'entre la

forme tonique et là forme atone du français ; nous ajoute-

rons, en parenthèse, la 3e personne du pluriel, pour mon-

trer que la terminaison -te s'ajoute au singulier tel qu'on

le prononce aujourd'hui, sans aucun égard à la finale pri-

mitive du radical :7

éje dors —- os dormons (i dorte).

». mens; — » mentons_(i m««te). ;

; » sers '—--» servons (i serjte). ,;i-'-'' - .

'. ..''' - -.

',•

'il \

'» tiens- — » .: tenons (1 tienjt-e);

. » viens — » venons (i va.en.te).» vois — » voyons (i voite)i;» sais —• » savons (i sàite);» peus '.:':-,;— » povons (i peùte).

'"'.».' dois . — » devons (i doite).» écris —- » écrivons (il écrite).

, » suis. — » suivons (i suite).: ,

». parois --r—. » paroissons (i paroitë).» bois — » buvons (i boite).» veu.s- — » "volons (i veute). .

*.Ce verbe signifie vouloir et valoir; volet et;vaïet

donnent dans notrè'vpatois le même résultat, veut (ep; § 8

et 29); c'est pourquoi valons a été remplacé par volons ;

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PATOIS,PICARD-DE DEMUIN- 27I

lé remplaeêment;;dë"rà par -Vo-a été?vfacihté:;^pàr^lâ labiale

initiale ^.x^ -:'-- •.;.-'>'-; '--.,;':.-• --';";- ''/-';v-.';v.v; ,

•''-';éje{fois—"- osfpispns (i. font).

-~ -

,j(k.besons). -;"

La forme fpisons correspont parfaitement aus lois

phonétiques (§2 et 53); l'usage si fréquent de ce verbe a.

amené la forme raccourcie :

; besons (bzon).

. éje meurs — os moirons (imeurte),

(Quant à Foi de m'oirir, voir là phonétique § 37).

b) Les verbes bouillir et prendre ont gardé leurs

radicaus plutôt qu'en français : ." ;!. v1. '-'-..- . ' '.

éje bous —os boulons (i boute); i

éje prens— os prendons (i prente)J ;

c) La voyelle du pluriel s'est introduite dans Je singu-

lier :

j'érechus— os rechuvons (i rechute) (rece-

voir).

Celle du sing. s'est introduite dans le pluriel' :'

éje moeus — os moeulons (i moeute)

(moudre),

éje cueus' — os cueudons (i cueute)

(coudre).

d) Le radical des verbes plaindre, craindre, joindre,

etc., a subi l'influence de l'infinitif (qui est aujourd'hui

plainne, etc., mais qui avait autrefois la même forme

qu'en français, § 70); en outre, il y a l'analogie des verbes

prendre, rendre, pendre, etc. :

éje plains —os plaindons (i plainte).—» joins

—- » joindons (i jointe)."

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;272- : REVUE;,DEPHILOLOGIEFRANÇAISE"\.'::(-'/;

éje peins; r-- ps peindons (i pëinte^y -.,:'

. V" »;; crains — » ;crâirtdôns(icrainte), ;;:;, ;

L'influence de l'infinitif se fait encore sentir dans :

éje cceùs— os coeudons- (i'.cceute) (coudre). ;

e) L'influence du verbe foire a Changé le radjical du >

verbe quére (choir) : -"'.'-; "'..'.;-•

",-'. '"'"'•„. i .'. , ' >..'• , s; ; ...eje ques—

osvquésons (i quête).

-Pour'expliquer cette analogie, il faut se rappeler quefoire et quére,, fois, et que s sont des rimes suffisantes

~

dans la'\prononciation picarde.

. §94. Dufutur. •-..' ; <".;-...~;:-.

menare habeo iï> marai. ,.-"'..'.'-'

tenire habeo > tarai. :... ; - '/

venire habeo > varai. ^

. : bajulare habeo ^ bar ai., "";; | ;| :

'••'"''. volere habeo '|~

"'...''''-- . •v" -\';r-. ij - .-;-

:-'; valerè habeo ) ": -' X •""•.-:!"",':;

Ces futurs se caractérisent par l'absence du '^intercalé ;

en français .entrée et n du radical et.?-; sur la dénasalïsation

et la; voyelle irrégùl.ière dés trois premiers, v. § .48. Ces

formes picardes sont plus vieilles que lès fouines françaises ;'-';'

, menare habépj volere habeo. étaient .déjà- devenus

des formes verbales simples en picard à une époque oui'on «

distinguait encore les dèus parties en français. Les ;fOrmes; :

. .mènerai, tiendrai, :Vôdrài,..q^

notre patpis, sont;dues1 à l'influence delà langue littéraire.

. Les formes Àparai (à côté de -prendrai),; appàrai: ,

(apprendrai) sorît; d'autant plus remarquables; /que p ren - '-.

dère apôhservè son radical prend- au présent et à l'im-"'>'.

parfait;;il^st donc plus; probable: que prendr;ai est; la;

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PATOIS PICARD DE DEMUIN 273

forme organique et que parai (*prarai >. parai, par dissi-

milation) est dû à l'analogie de tarai.

Le verbe fol loir (falloir, par analogie de voloir) fait

au futur i feudro et i fpro; il semble que le premier

soit influencé par le français.

Dans quelques verbes, la forme atone du radical du pré-

sent s'est introduite :

éje moeulerai (je moudrai),

à côté de m ce u rai.

éje paraisserai, connaisserai,

à côté de paraîtrai, connaîtrai. j'

éje bu vrai,

à côté de boivrai.

La forme trouverai (trouverai) est peut-être moins due

à l'analogie qu'à la difficulté de prononcer tr et vr dans la

même syllabe.

Signalons encore les formes érai (aurai)-et serai (sau-

rai), dont IV vient probablement d'un ancien eu (§ 43),

voirai (verrai), et envoierai qui ont conservé la voyelle

de l'infinitif, su irai (suivrai) formé de l'infinitif suire

(v. § ^6), et mori--ai (mourrai), qui présente un 0 au lieu

de l'oi de l'infinitif (moirir).Les verbes de la première conjugaison en -eler, -bler,'

-gler, -pler forment leur futur d'une façon analogue au

-présent : j'appélerai, éje doubélerai, etc.; les verbes

en -fier, p. e. souffler,qui font-au présent éje souffle,

font de même au futur éje souffélerai.

Les verbes en -brer, -trer, -vrer forment le futur en

-errai :

REVUEDEPHILOLOGIE,XXIV ]8

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274: .REVUEDE PHILOLOGIE,FRANÇAISE

.•"-r.'-;:':"'--.'-;.T:é!"je-d;é.mémb:èrrài,; „,„.-';p ,;,;. ;- -5y:;;--;. r:'-'i[

j' enterrai (j'entrerai),? ; : : ;,:--;.! ;..-;-':'-; '"' ';

;> •'éjë'v déli verrai..,:' v;:';;- ' 'C-'^; V-'"'.'-."-:-

§95: L'infinitifet le-partïcipe•passé.. >.'

Les anciens infinitifs, en- ier, se jsont conservés..-: widier

(vider), laissier, pissier, etc. ; quelques-uns ont été

remplacés par des infinitifs en ir : -ennuir (ennuyer).par'

l'influence du substantif ennui et le singulier j'en nui,

se qui r.,(sécher) par j'influence des autres verbes en -ir

dérives d'adjectifs (rougir, etc,).

- > toussir (tousser) à conservé la forme latine,

s'assiiv(s'asseoir)vYiènt du latin assiderë, , ;

vir (voir) erses dérivés (enterviï, etc.) ont

peut-être subi l'influence de aouir (entendre) et

sentir,' ".,

sentir (sauter) celle de bondir (mais il se conjugue

sur la .première conjugaison-: éj e sente) ; osoir, prou-

voir, 'et tr(o)uyoi;r (qui se conjuguèïit aussi sur la pre-

mière conjugaison) s'expliquent par l'analogie de povoir; ;

qùérè-(cheoir, tomber) vient du latin câ;dère, tandis que

le; français cheoir vient dé eadëre,' .su ire (suivre) est

parfaitement régulier, tandis'quë le français y a introduit

la finale du ràdicaLato'ne ;: queurré (== làtiri quaerére)

qui né s'emploie qu'à l'infinitif, est: irrégùlier' dans sa

voyelle ; p p i s s i e r (paître); est-une formé récente forgée sur

lé radical atone, .refroidiër correspont au latin refrigi-

dàrê. '';;:'v;;>;:':.';-;;:;-v;-.:;:''v.',-.'; -..// ;:'-.'": '.-';'",/. -:r-'v;-;'\

; 'Encore; Un nïotsurï les.infinitifs en j-nrië (piainriè'

plaindre; pèinnë peindre, pônne pondre, avèïri'ne =

; *ab-emere, etc.)^ Ces /formés: remontent âvd;anciens"infini--,

.tifs en xndre ;Mâ;; dêsihehee -re' est;torhbéëi;et.-rid final

est devenu nnv^v. §7o).:Dàns.les verbes latins; eri-ng-érre^

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;;. PATOIS PICARD DE DEMUIN . '275 '..: -';

(plàngère; .fingere,;pingere, jurigére)yrl'ànalôgië. a fait sub-

stituer; un radical en -nd àl'aheien /radical .en -gri :,os

plaindons. .;" '-.'-. r,, '. -:-'. V-;;/: -.'V.,,;:V: .'.''

.',' Les-participés:--:-"~7r"

\'-• -'...-•.-...

^.

devè, dû ;/cette forme, très récente sans doute, a sup-

planté *d eu, parce, que cette dernière forme était isolée ; ;-'.-

seu (saputus), peu (potutus), queu (cadutus) corres-

pondent aus lois phonétiques (§41); su» (suivi) est forgésur l'infinitif; , > . / ;

Le participe du verbe avoir présente un ? énigmatique:ieu. . \ . .

Les participés en -t (comme conduit, dit) ont influencé

tous les participes de la 2e conjugaison (fini, flinite).Le participe de prendre a adopté la voyelle du pré-

sent :prëns; la nasale se trouve aussi dans les dérivés:

surprinse,-la surprise:; .

le substantif prisse (de tabac) n'est pas indigène.

./Les verbes en -ir qui ne-..forment pas le radical du pré-sent en-iss, se conjuguent comme les verbes de: là qua-trième conjugaison, ce qui a causé dés participes en w :

: boulw,, vçuëulw. (cueilli) ; ;-. ,..;.',

on dit aussi ègniu (sauté), qui: se retrouvé dans beaucoupd'autres patois (p. ë. en champenois).

' '-•'••' : . '''- '.-.

.§'96. Faits divers."'

.N. ..'"

, -

vêtre "fait au présent: ;X •.-.'.'

.-. éje sutv/t'est, il est ;.'.-...• - ..'..'

le /muet sonne sur la voyelle du mot suivant dans les

; trois:: personnes ;.: la; troisième ,;personne à influencé les

autres,-/étant là plus:fréquente. ;- ;i ';

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276" REVUE;DE PHILOLOGIEFRANÇAISE / :/ '/',

>l/aybir /.fait ; au: -présent 3'ai,vt''p;k: ; il ;/p, selon, les-:lois:

phonétiques ; àla première /personne du pluriel, il y .a/une

forme raccourcie' ps bris à côté de os avons.' c ; "/ h-

Les deus auxiliaires et le verbe savoir, sont les' seuls,

verbes qui aient.conservé un resté de lancien subjohçtif dé

l'imparfait dans:leur sub}bnçtif dûprësent';,"".'-

rqué-je fuçhé^ ^';-;- --/r/--..;;['.y;--;--,.;.'/;/;"•/>

/:; •-;-.': qu'Os fussioriche, :':-; : ; / ; ; '..-..

.; î"qùe j'euche, que je seuche, .-;;:,:; :; •;"

: ; :. : i,qU'os"eussionchej; qu'os seussipn-che:'. •,'•: __

',. Le'subjonctif.de ces verbes fait office d'impératif : .'

/ ;fùche, fussions,/fussiez, / V. L: : , / :; .

.'-rëuçhëjv eussions^ eussiez, -,-j.:••.„;",.-;• •-..",.,.;:

: ;se/uehe, maisseuchons,: seuchez^. ;''.;:

/./. LV du participe été s'êlideaprèsjune voyelle,:,/;

;r ••',..'.'.il '0-^:tèvila.^tèv <'.v:;'': ;,-/ :p'l;'.-';./:;--^'-'-- - ':V

. aller fait au présent "éje."'.y ps, tûlyps, i vo; mais

l'anciehne forme de la première, personne (vos) s'est con-

servée; an sûbjpnctif qu'éje voiche. f .-.-y-;,'vV

-Les yverbes eû-uer (juer,' .prier» J^iër,' sûer,^ tuer)

changent M en pw dëvantun :o (c,-à-d. à la "première per-sonne du pluriel et a l'inipàrfait):/: ::; , /^ :':.-',

ps rouons, éje rouois. /" ï^/:';;

La -2e personne dû pluriel de fptee 'estyps/fp/ites pu

:foise%, çelle^dëdire estps dis^z, '.-;./:;/. ..X.;/;;...;..;.

Les subjonctifs organiques duffànçàis; (tels que puisse,

'a. Èùslbh d-uri/anciëii:subjonctif:dutprésent:;(Jsapiates *^chezj-et-de celui'•de-,l'imparfait (sapuissetis^,*;s'eu'ssiéz])'.;;.;/J''--:.;;;/'-;,;/-:./h;/;/- ;; :

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/ PATOIS PICARD DE/DEteUIN;'

, 277

veuille,-fàsse)-' sont remplacés par

- /des '-.-,formations

récentes :. ''.Xr:'v- -, -''•.'.'' '• '','.' '-'. ':.\

peuche—

ppvonclré,

;.:: /; ;' /yèucn:e;-^:y:o;ip-H-c^ev .Oj!-.'.''....':.^ '//'. "!.'.''"

; foiçh/e-— foisorichë ou bësonçhe.

''"'. Éd. HRKAL.'