editot " La SMT répétitive : thérapeutique d’avenir dans les pathologies cérébrales ? "
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7/29/2019 editot " La SMT rptitive : thrapeutique davenir dans les pathologies crbrales ? "
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Rev Med Liege 2007; 62 : 4 : 1
Int roductIon
Ces dernires annes ont vu fleurir un nom-
bre impressionnant de publications scientifi-
ques consacres au potentiel thrapeutique de
la stimulation magntique transcrnienne rp-
titive (SMTr) dans des pathologies allant de la
dpendance la cocane laccident vasculairecrbral, en passant par la dpression. Som-
mes-nous les tmoins de lmergence dun trai-
tement miracle universel ou tout cela nest-il
plutt quune tempte dans un verre deau? Il
existe certes des arguments solides attestant de
la prsence deffets crbraux persistants (after-
effects) aprs une session de SMTr; par ailleurs
,ces effets peuvent se traduire sur des comporte-
ments simples selon le paradigme exprimental
utilis; cependant lheure actuelle, les bases
scientifiques permettant dappliquer la SMTr
pour traiter diverses pathologies crbrales res-
tent nbuleuses.
Dans cet article, nous reverrons brivement
les donnes connues quant aux mcanismes de
la stimulation magntique impulsion unique
(SMT) et rptitive (SMTr). Ce sujet a dj t
trait dans un numro spcial prcdent de la
Revue Mdicale de Lige en 2004 (1), et nous
renvoyons donc le lecteur cet article pour des
informations complmentaires. Par la suite, nous
rsumerons les diffrentes pathologies neurolo-
giques et psychiatriques ayant fait lobjet des-
sais thrapeutiques avec la SMTr. Demble,
nous tenons signaler que, seule, une meilleure
comprhension des mcanismes daction de la
SMT pourra asseoir le potentiel thrapeutique
de la SMT.
PrinciPes de la stimulationmagntiquetranscrnienne (smt)
En 1980, Merton et Morton (2) ont surpris le
monde des neurosciences en prsentant un sti-
mulateur lectrique transcrnien (TES) capable
de stimuler les aires motrices du cerveau humain
travers le scalp. Ils ont ainsi utilis un choc
lectrique bref, de haut voltage et ont obtenuune rponse musculaire relativement synchroni-
se appele potentiel voqu moteur (PEM). Il a
t immdiatement vident que cette technique
pouvait tre trs utile, avec toutefois le problme
majeur de laspect douloureux de ce type de sti-
mulation. Cinq ans plus tard, Barker et al. (3).
ont mis au point un nouveau type de stimulateur
qui allait rvolutionner la technique de stimula-
tion corticale. Ainsi, la stimulation magntique
transcrnienne permet une activation indolore et
atraumatique des structures crbrales excitables
superficielles. Il sagit dune puissante batterie
de condensateurs que lon dcharge instantan-
ment au travers dun bobinage de fils de cuivre,
induisant au passage de lanneau de stimulation,
A. FumAl (1), J. Schoenen (2), A. mAertenSde noordhout (3), W. Pitchot (4)
RSUM : La stimulation magntique transcrnienne (SMT),une technique non invasive permettant de stimuler lectrique-ment les neurones au sein du cortex crbral humain, est capa-ble de modifier lactivit neuronale localement et distance dusite de stimulation quand elle est dlivre de faon rpte (sti-mulation magntique rptitive). La recherche dapplicationscliniques de la SMT est trs active et a fourni nombre din-formations physiopathologiques importantes mais, ce jour,les rsultats des tudes menes en double aveugle et contrlescontre placebo nont pas apport de preuve nette defficacit decette technique. Dans cette revue, nous discuterons les bases cli-niques et scientifiques de lutilisation thrapeutique de la SMTet nous passerons en revue les rsultats des tudes menes enneurologie et en psychiatrie.Mots-cls : Stimulation magntique transcrnienne rptitive -Thrapeutique - Neurologie - Psychiatrie
title
SUMMARY : Transcranial magnetic stimulation (TMS), anon-invasive means of electrically stimulating neurons in thehuman cerebral cortex, is able to modify neuronal activitylocally and at distant sites when delivered in series or trains ofpulses (repetitive TMS). Research into clinical applications forTMS is very active and has the potential to provide useful data,but, to date, the results of blinded, sham-controlled trials donot provide clear evidence of beneficial effects that replace oreven match the effectiveness of conventional treatments in any
disorder. In this review, we discuss the clinical and scientificbases for the therapeutic use of TMS, and review the results oftrials in psychiatric and neurological disorders to date.Keywords :Repetitive transcranial magnetic stimulation - The-rapeutics - Neurology - Psychiatry
La stimuLation magntiquetranscrnienne rptitive :
h d d l hlbl ?
(1) Chef de Clinique Adjoint, (3) Professeur, Chef deService, Service Universitaire de Neurologie, CHR Cita-delle, Lige.(2) Professeur Ordinaire de Neuroanatomie Fonction-nelle, Unit de Recherches sur les Cphales. Centre
de Neurobiologie, CHU Sart Tilman, et Service Univer-sitaire de Neurologie, CHCitadelle, Lige.(4) Professeur, Chef de Service Associ en Psychiatrieet Psychologie Mdicale, CHU Sart Tilman, Lige.
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un champ magntique intense et bref. Ce dernier
induit lui-mme un courant transitoire dans les
tissus avoisinants, dont le sens de circulation est
inverse de celui de lanneau de stimulation. Ce
courant transitoire est capable de dpolariser les
structures nerveuses excitables (neurones, mus-
cles).
La SMT a t dveloppe dans le but premier
dtudier le fonctionnement des voies corticos-
pinales conduction rapide (4, 5). Cette tech-
nique fait maintenant partie des techniques de
neurophysiologie clinique de routine et permet
dtudier les voies motrices de faon utile dans
nombre de pathologies neurologiques (sclrose
en plaques, atteintes mdullaires compressives
ou dgnratives, ).
La SMT est galement une technique pr-
cieuse en neurophysiologie exprimentale. Son
champ dtude dpasse largement le cortex
moteur (ce dernier reste toutefois le plus tudi
car il permet dobtenir une rponse objective, le
PEM). Ainsi, des phosphnes peuvent tre pro-
duits lors de la stimulation de la rgion occipi-
tale (6), et plus rarement des paresthsies lors
de la stimulation des rgions paritales (7), mais
ces rponses la SMT sont alors du domaine
subjectif et, donc ,moins quantifiables. A lheure
actuelle, la SMT est utilise dans de nombreux
paradigmes exprimentaux diffrents permet-
tant, notamment, dtudier la cartographie cor-ticale du cortex moteur, mais aussi visuel, les
mcanismes dinhibition et de facilitation intra-
corticales, etc. La technique de cartographie
corticale pourrait savrer utile dans des patho-
logies telles que laccident vasculaire crbral
(AVC) afin dtablir de faon prcoce un pro-
nostic de rcupration motrice (8), ou encore
chez les aveugles, avec lobjectif de dvelopper
des prothses visuelles (9). Les proprits de la
SMT font quelle est particulirement adapte
pour tudier lexcitabilit du cortex crbral. De
nombreuses pathologies neurologiques peuventcomprendre (ou tre causes par) des anomalies
de lexcitabilit corticale, ou des interactions
tronques entre les structures corticales et sous-
corticales, ce qui peut tre dcel par la SMT. Il
persiste cependant de nombreuses interrogations
quant aux effets cellulaires de la SMT et des tu-
des animales complmentaires sont ncessaires
afin dlucider les mcanismes daction prcis.
PrinciPes dela stimulationmagntiquetranscrnienne rPtitive (smtr)
Un train de stimuli de SMT appliqus la mme intensit sur une zone crbrale et
une frquence donne (allant de 1 stimulus par
seconde jusque 50, voire plus) est appel la sti-
mulation magntique transcrnienne rptitive.
A ct des effets immdiats de la SMTr (durant
lapplication du train de stimuli et juste aprs),
elle est galement mme de moduler lexci-
tabilit corticale, ceci perdurant aprs la stimu-
lation. Cet effet peut aller de linhibition la
facilitation selon les paramtres de stimulation
utiliss (principalement la frquence et linten-
sit de stimulation). Ceci a t dmontr pour la
premire fois dans le systme moteur. La SMTr
haute frquence de stimulation (> 5Hz) peut
transitoirement augmenter lexcitabilit corticale
alors que la SMTr basse frquence (< 1Hz)
va plutt diminuer temporairement lexcitabilit
corticale. Les mcanismes de ces changements
ne sont pas connus, mais des analogies avec les
phnomnes de potentiation long terme (LTP)et de dpression long terme (LTD) de synap-
ses individuelles dans le systme nerveux cen-
tral sont videntes10. Sachant que les effets de
la SMTr ne sont pas limits au cortex stimul
,mais peuvent galement sobserver distance
dans les aires corticales interconnectes (comme
lattestent les donnes lectrophysiologiques et
dimagerie, voir Siebner & Rothwell11 pour une
revue exhaustive), la SMTr semble donc tre un
outil fort utile afin dinvestiguer la plasticit au
sein dun rseau fonctionnel donn, et cet effet
distance lui apporte galement un potentiel th-rapeutique supplmentaire.
utilisationdela smtrcomme thra-Peutique en neurologie
Comme rappel ci-dessus, il est bien dmon-
tr que la SMTr a des effets persistant aprs la
stimulation magntique (after-effects), et que
certains de ceux-ci pourraient dpendre de chan-
gements similaires la LTD/LTP au sein des
connections synaptiques de neurones corticaux.
Partant de ce constat, on peut poser lhypothse
que la SMTr pourrait amliorer des fonctionscrbrales dficitaires aprs un traumatisme au
sens large au lors de pathologies chroniques,
ou au contraire, rduire la fonction de zones
crbrales hyperactives. Les premiers essais
thrapeutiques ont eu lieu au dbut des annes
nonante dans la dpression et seront dtaills ci-
dessous dans la partie de ce manuscrit consacre
la psychiatrie. En neurologie, si la plupart des
tudes dans diverses pathologies sont anecdoti-
ques, les essais dans lAVC et dans la douleur
sont mieux documents.
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Utilisationdela sMtrdanslaVC
Dans les AVC, il existe clairement une rorga-
nisation de la fonction dans les semaines et mois
suivant le dommage initial; elle est corrle la
rcupration clinique. Ceci a t dmontr parexemple en imagerie fonctionnelle (12). Lten-
due et le type de rorganisation dpend de la
taille et ventuellement de la localisation de la
lsion ischmique. Cest sur cette base thorique
que la SMTr a t teste dans lAVC afin de pro-
mouvoir ou daugmenter la vitesse de la rcu-
pration de fonction par le biais dun processus
naturel de rorganisation neuronale. Lutilisation
de la SMTr dans cette pathologie est ainsi base
sur un concept de modle de linteraction, dans
lequel la SMTr interagit avec la proprit intrin-
sque du cerveau de restaurer ou de compenser
la fonction perdue.
Des tudes pralables chez le rat et le primate
ont montr que ce modle semblait fond. Par
exemple, Plautz et al. (13) ont ainsi dmontr
chez des singes avec une lsion au sein du cortex
moteur, une meilleure rcupration de fonction
lorsquest ajoute au traitement kinsithra-
peutique une stimulation lectrique continue de
lhmisphre ls. Anatomiquement, cette sti-
mulation semble promouvoir plus rapidement
une rorganisation des connections au sein du
cortex moteur, vraisemblablement responsable
de ce gain de fonction. Des essais similaires sonten cours chez des patients humains avec des sti-
mulateurs corticaux implants (14). Des tudes
non-invasives, utilisant la SMTr, ont galement
t effectues chez des patients ayant prsent
un AVC. Khedr et al. (15) ont ajout la SMTr (3
Hz, 10 jours de traitement, stimulation de lh-
misphre ls) au traitement classique de lAVC
dans les 2 4 semaines aprs lvnement isch-
mique et ont montr une rcupration clinique
plus rapide.
Une approche diffrente, mais tout aussi effi-
cace, est base sur lhypothse que la rcup-ration aprs un AVC est inhibe chez certains
patients par des affrences provenant de lh-
misphre non atteint hyperactif. Des essais
thrapeutiques ont t tents pour diminuer lex-
citabilit de cet hmisphre non atteint par une
SMTr de basse frquence (inhibitrice). Fregni et
al. (16) ont ainsi dmontr que 5 sances quo-
tidiennes de SMTr 1 Hz peuvent amliorer la
fonction perdue, mme distance de lAVC (1
an). Mansur et al. (17), Takeuchi et al. (18) et
Talelli et al. (19) ont galement montr quune
seule sance de SMTr peut trs transitoirement(quelques minutes) amliorer la fonction chez
des patients, distance de leur AVC.
Le problme majeur des essais thrapeutiques
de la SMTr dans lAVC, comme dans toute autre
pathologie, est la dure relativement faible de
lamlioration clinique (maximum 2 semaines
dans ltude de Fregni et al. (16)). Une alterna-
tive pourrait tre la theta-burst stimulation qui
est une SMTr par trains de 3 6 sec compo-
ss dune srie de stimuli trs haute frquence
interne (100-200 Hz) dont les effets persistants
(excitateurs ou inhibiteurs selon les paramtres
utiliss) sont nettement plus importants quavec
la SMTr classique. A ce jour cependant, aucune
tude dans lAVC na utilis la theta-burst sti-
mulation comme essai thrapeutique.
Utilisationdela sMtrdanslaMaladiedeParkinsonetlesdystoniesfoCales
Lutilisation de la SMTr dans la maladie de
Parkinson peut tre rsume comme suit. La
SMTr haute frquence (excitatrice) du cor-
tex moteur pourrait amliorer les performances
motrices dans la maladie de Parkinson du ct
contralatral la stimulation (20). Le mcanisme
daction de la SMTr dans la maladie de Parkin-
son reste inconnu. Il a cependant t montr que
la SMTr haute frquence du cortex moteur pro-
voque une libration accrue de dopamine dans
le noyau caud et le putamen ipsilatraux (21)
ainsi quune augmentation des taux sriques de
dopamine (22), ce qui pourrait modifier transi-
toirement le statut moteur de tels patients. Une
nouvelle fois, la faible dure daction de leffet
bnfique reste un cueil important, mme sil
a t rcemment dmontr quune modification
des paramtres utiliss peut entraner des effets
qui persistent plusieurs semaines (23).
Les tudes consacres aux dystonies focales
sont uniquement anecdotiques et utilisent la
SMTr basse frquence. La dystonie focale la
plus tudie est la crampe de lcrivain avec une
stimulation du cortex prmoteur (24).
Utilisationdela sMtrdanslesCPhales
La SMTr a galement t envisage comme
traitement dans la migraine, mais avec trs peu
dessais cliniques et aucune dmonstration def-
ficacit lheure actuelle (25). Cette technique
pourrait potentiellement aussi bien tre utili-
se comme traitement prventif des crises de
migraine que comme traitement pour stopper la
crise de migraine.
Une seule tude (26) a test la SMTr en tant
que traitement prophylactique. Cette tude a
enrl 11 sujets prsentant une migraine chroni-
que (dont 6 ont reu une stimulation placebo)
et a utilis une SMTr haute frquence sur le
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cortex prfrontal dorsolatral gauche (20 Hz,
12 sances conscutives). Les rsultats de cette
tude semblent prometteurs, mais sont videm-
ment interprter avec prudence vu le protocole
exprimental. Une tude neurophysiologique
(27) a tudi les effets dune SMTr haute fr-
quence (10 Hz, sur le cortex occipital, 5 sances
conscutives) chez 8 migraineux sur lhabi-
tuation des potentiels voqus visuels. Durant
cette tude, aucune amlioration clinique na t
observe chez les sujets migraineux et ce, mal-
gr un suivi de plusieurs mois.
La SMTr est actuellement teste comme trai-
tement de crise dans une tude de phase III (28)
chez des migraineux avec aura afin de prvenir
laura migraineuse et la cphale conscutive. La
SMTr est administre en occipital au tout dbut
de la survenue de laura migraineuse (paramtres
de stimulation non communiqus). Des rsultats
prliminaires ont t prsents oralement (29)
et semblent encourageants. Daprs les auteurs,
la SMTr pourrait prvenir la crise de migraine
en bloquant la dpression corticale propage, le
mcanisme suppos de laura.
Utilisationdela sMtrdanslPilePsie
La SMTr a t utilise pour la prvention de
crises pileptiques dans quelques tudes, suite
ltude pilote encourageante de Wedegaer-
tner et al.30, avec insuffisamment de donnes
malheureusement pour attester dune efficacit
relle actuellement (31). Une tude rcente (32),
contrle contre placebo, a dailleurs montr
labsence dutilit de cette technique chez 43
patients avec pilepsie rfractaire. Cependant
plusieurs publications semblent attester dun
intrt de la SMTr dans certaines formes dpi-
lepsie, notamment avec malformations cortica-
les (33-35).
Utilisationdela sMtrdansladoUleUrChroniqUe
Diffrentes tudes ont montr que la SMTr
du cortex moteur peut avoir un effet antalgique
chez des patients avec syndrome de douleur
focale chronique comme, par exemple, une dou-
leur neuropathique ou dorigine centrale (36-38).
Dailleurs, la SMTr haute frquence sur les
rgions motrices primaires a t propose pour
slectionner les patients avec douleur neuropa-
thique ayant les meilleures chances de rpondre
limplantation dun neurostimulateur pidural
sur le cortex moteur (39). Les mcanismes dac-
tion de cet effet antalgique sont mconnus. Les
modifications dactivit neuronale induites parla SMTr peuvent se situer aussi bien au niveau
de la zone corticale stimule que dans des struc-
tures distance suivant certaines connections
fonctionnelles. Compare la neurostimulation
corticale, la principale limite de lapplication
thrapeutique de la SMTr rside dans la courte
dure de ses effets. Cependant, des sances quo-
tidiennes rptes de SMTr pourraient induire un
soulagement durable de la douleur, compatible
avec une application clinique. En fait, les para-
mtres de stimulation optimaux restent trou-
ver, et de toute faon lefficacit clinique devra
tre confirme par des tudes contrles mul-
ticentriques. Rcemment, la SMTr a t teste
avec succs contre placebo dans la fibromyalgie
(cortex moteur primaire gauche, 10 Hz, 10 san-
ces) dans une tude chez 30 patients (40), avec
un effet bnfique persistant jusqu 3 semaines
aprs la stimulation magntique.
Utilisationdela sMtrdanslesaCoUPhnes
Des modles physiopathologiques rcents
pointent le rle essentiel des voies auditives
et non auditives centrales dans la gense de
lacouphne subjectif et dans la persistance de la
gne induite (41). Ainsi, lexistence dacouph-
nes chroniques pourrait rsulter dune hyperex-
citabilit du cortex auditif sur laquelle serait
susceptible dagir la SMTr des aires auditives.
Une dizaine dtudes, la plupart contrles
contre placebo et avec des frquences de stimu-
lation trs varies, ont tudi la SMTr dans lesacouphnes avec des rsultats trs encourageants
(42), avec maintenant des essais dimplantation
de stimulateur piduraux au niveau du cortex
auditif43.
Utilisationdela sMtrCoMMethraPeUtiqUeenPsyChiatrie
La dpression reste une maladie frquente et
extrmement invalidante, mais heureusement
curable. Cependant, en dpit de lexistence de
stratgies thrapeutiques efficaces comme les
traitement pharmacologique et les psychoth-
rapies, une proportion trs leve de patients
continue rsister aux thrapeutiques classi-
ques. Lapproche thrapeutique de la dpres-
sion rsistante ncessite denvisager des options
pharmacologiques parfois lourdes et associes
des effets secondaires significatifs, ou la rali-
sation dune lectroconvulsivothrapie (ECT).
Classiquement, les lectrochocs ont toujours
t considrs comme une alternative thrapeu-
tique particulirement efficace dans la dpres-
sion majeure. Cependant, bien que relativement
sres, les ECT nen sont pas moins peruescomme un traitement barbare, ncessitant
une anesthsie gnrale, une curarisation et
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linduction dune crise dpilepsie. Les effets
secondaires notamment sur la mmoire sont
assez importants et mal accepts par le patient.
Depuis le dbut des annes nonante, la SMTr est
propose comme une alternative peu invasive
aux ECT (44). Le substrat thorique de lutili-
sation de la SMTr dans la dpression repose sur
le fait que plusieurs tudes ont mis en vidence
des perturbations dans le mtabolisme du cor-
tex prfrontal de patients souffrant de dpres-
sion majeure, et que cette rgion crbrale est
aisment accessible la SMTr qui pourrait ainsi
influencer lactivit crbrale au niveau de dif-
frentes structures impliques dans le contrle
des motions.
Plusieurs tudes contrles contre placebo ont
dmontr lefficacit court terme de la SMTr
chez les patients dprims majeurs. Une revue
rcente de 7 mta-analyses publies a montr
que la SMTr est significativement suprieure
la stimulation placebo (45). Cependant, le
niveau de lamlioration clinique apparaissait
plutt faible. La plupart des tudes incluses dans
ces mta-analyses portaient sur une priode de
traitement de 2 semaines. Des donnes rcentes
tendent suggrer lintrt dvaluer la SMTr
sur des priodes de stimulation plus longues (de
4 6 semaines) (46). Cependant, la comparaison
de toutes ces tudes entre elles est particulire-
ment difficile de par la trs grande diversit dansla mthodologie utilise (44). La plupart des tu-
des ont choisi la stimulation de laire prfrontale
gauche, mais certains investigateurs ont tent une
stimulation du ct droit, voire une stimulation
bilatrale, avec des rsultats encourageants. Des
diffrences notables existent galement concer-
nant les paramtres de stimulation, les chel-
les dvaluation utilises ou le type de patients
dprims inclus dans ces tudes. En outre, peu
dtudes sont disponibles sur le traitement den-
tretien de la dpression majeure avec la SMTr
(47). Dans les tudes chez les patients dprims,
la SMTr est gnralement considre comme un
traitement dpourvu deffets secondaires signi-
ficatifs. Dans une tude rcente incluant 325
patients, les effets secondaires taient lgers
modrs en intensit, les cphales transitoires
constituant la plainte principale (48). Aucun
cas de crise dpilepsie ou de troubles cognitifs
nont t rapports dans cette tude, mais plu-
sieurs cas de crises dpilepsie (au moins 8) ont
t rapports lors dun traitement par SMTr chez
des dpressifs (44).
La SMTr a t value dans dautres indi-
cations psychiatriques, mais avec des rsultats
assez peu convaincants. Trs peu de donnes
sont disponibles sur lintrt de la SMTr dans
le trouble bipolaire. Lefficacit de la SMTr a
t value la fois dans la manie et dans la
dpression bipolaire, mais sur de trs petits
chantillons de patients bipolaires. Si lintrt
reste actuellement limit, la SMTr ne semble pas
favoriser lmergence dun virage maniaque ou
hypomaniaque (49). Dans les troubles anxieux,
la SMTr na pas dmontr son efficacit dans le
trouble obsessionnel-compulsif mme en asso-
ciation avec un traitement antidpresseur (50).
Dans le stress post-traumatique (ESPT), dans une
tude en double-aveugle contre placebo dans un
chantillon de 24 patients, la SMTr sest mon-
tre efficace sur les principaux symptmes du
ESPT51. La SMTr a galement t teste dans
la schizophrnie mais avec des rsultats assez
controverss (52, 53).
Les mcanismes pathophysiologiques expli-
quant leffet antidpresseur de la SMTr sont mal
connus (54). La SMTr pourrait moduler lactivit
de rgions spcifiques du cerveau impliques
dans lapparition des symptmes dpressifs ou
agir en facilitant la neurotransmission monoa-
minergique.
discussion
Le problme majeur de la SMTr rside dans
linsuffisance de nos connaissances quant aux
mcanismes cellulaires et molculaires sous-tendant ses effets. De ce fait, les bases thori-
ques de lutilisation de la SMTr dans nombre
de pathologies restent prcaires, principalement
dans les pathologies psychiatriques. Les pre-
miers essais thrapeutiques de la SMTr furent
dailleurs dans la depression en 1995 (55) et en
sont un exemple frappant. Une meilleure com-
prhension des mcanismes physiopathologi-
ques des pathologies crbrales est galement
requise avant denvisager un traitement par la
SMTr. Les modles physiopathologiques qui
se prtent thoriquement le mieux des essais
thrapeutiques avec la SMTr sont lAVC (vide
supra) et la migraine (en raison de la modifica-
tion intercritique de lexcitabilit corticale).
Une autre faiblesse de la SMTr est sa faible
dure daction. Aprs une sance de SMTr, des
effets persistants (after-effects) peuvent tre
observs pendant quelques minutes, avec un
retour la situation normale en maximum 1
heure le plus souvent. Partant de ce constat, la
plupart des essais thrapeutiques utilisent actuel-
lement des sessions quotidiennes de SMTr avec
alors des effets plus durables, mais ne dpassant
pas quelques jours, parfois quelques semaines.
Cela oblige le patient se prsenter rgulire-
ment lhpital afin de bnficier de sessions de
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SMTr. Une socit amricaine (Neuralieve) est
en train de tester un stimulateur magntique por-
table que le patient peut utiliser domicile. Elle
utilise ces stimulateurs dans une tude testant les
proprits de la SMTr en tant que traitement de
la crise de migraine. A lheure actuelle, aucun
rsultat nest disponible avec ces appareils. La
plus grande prudence est de mise, car il sagit
certainement dun march trs porteur (15 % de
la population gnrale est migraineuse) et poten-
tiellement trs lucratif.
Les effets secondaires de la SMTr sont peu
nombreux. Le seul point proccupant est la
possible survenue de crises dpilepsie durant
la stimulation. Des recommandations interna-
tionales ont t rdiges; elles dfinissent les
paramtres dutilisation (frquence, intensit, et
dure de stimulation) de scurit. Cependant, il
faut retenir que dans certaines pathologies, telles
que la dpression ou certaines cphales, lutili-
sation de mdications potentiellement pilepto-
gnes comme les tricycliques, peut augmenter
le risque dinduire une crise dpilepsie avec la
SMTr. Par ailleurs, il peut y avoir co-morbidit
de lpilepsie avec certaines affections, comme
les migraines (56).
conclusion
Pour le neurologue, la SMTr possde pro-bablement des proprits thrapeutiques dans
diverses affections neurologiques, mais les para-
mtres optimaux de stimulation dans ces affec-
tions restent mal dfinis. A ce jour, il manque
encore de larges tudes randomises multicen-
triques utilisant des critres de slection et de
stimulation reproductibles et rigoureux, avant
dintgrer cette technique dans larsenal thra-
peutique.
Pour le psychiatre, les donnes concernant
lefficacit de la SMTr dans le traitement de la
dpression majeure unipolaire sont relativementconvaincantes, surtout dans les tudes portant
sur une priode de stimulation de 4 6 semaines.
Cependant, dans les pays o elle est reconnue
dans lindication dpression unipolaire, la SMTr
reste une thrapeutique de la phase aigu de la
dpression. Des tudes plus long terme sont
indispensables avant denvisager un rel intrt
de la SMTr en pratique clinique et notamment
ambulatoire.
BiBliograPhie
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Les demandes de tirs part sont adresser auDr Arnaud Fumal, Hpital de la Citadelle, Bvld du12 me de Ligne 1, 4000 Lige, Belgique.E-mail : [email protected]