Edith PIAF 50 succès essentiels

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1. MON LEGIONNAIRE (Raymond Asso – Marguerite Monnot) 3’3378t. Polydor 524.299 (3892 1 / 2 HPP) – 12 novembre 1937

2. JE N’EN CONNAIS PAS LA FIN (Raymond Asso – Marguerite Monnot) 3’1778t. Polydor 524.594 (5124 HPP) – 31 mai 1939

3. LES DEUX RENGAINES (Henri Contet – Henri Bourtayre) 3’3578t. Polydor 590.151 (6400-2 SPP) – 4 juillet 1944

4. Y’A PAS D’PRINTEMPS (Henri Contet – Marguerite Monnot) 2’4378t. Polydor 590.155 (6401-2 SPP) – 4 juillet 1944

5. DE L’AUTRE COTE DE LA RUE (Michel Emer) 3’1878t. Polydor 590.155 (6430-2 SPP) – 26 juin 1945

6. C’EST MERVEILLEUX (Henri Contet – Marguerite Monnot) 3’01Du ilm "Etoile sans lumière"78t. Columbia DF 3170 (CL 8150) – 23 avril 1946

7. MARIAGE (Henri Contet – Marguerite Monnot) 4’24Du ilm "Etoile sans lumière"78t. Columbia DFX 246 (CLX 2466) – 9 octobre 1946

8. LES TROIS CLOCHES (Jean Villard, arrgt Marc Herrand) 4’07Avec les Compagnons de la Chanson78t. Columbia DFX 242 (CLX 2465) – 10 juillet 1946

9. J’M’EN FOUS PAS MAL (Michel Emer) 4’1678t. Columbia DFX 244 (CLX 2468-3) – 9 octobre 1946

10. LA VIE EN ROSE (Edith Piaf – Louiguy) 3’0478t. Columbia DF 3152 (CL 8287) – 4 janvier 1947

11. LES AMANTS DE PARIS (Eddy Marnay – Léo Ferré) 3’10Avec les Chœurs Raymond Saint-Paul78t. Columbia DF 3244 (CL 8559) – 11 juin 1948

12. LE PRISONNIER DE LA TOUR (Francis Blanche – Francis Blanche et Gérard Calvi) 3’11Avec les Chœurs Raymond Saint-Paul78t. Columbia BF 128 (CL 8640-2) – 9 février 1949

13. POUR MOI TOUTE SEULE (Flavien Monod – Guy Lafarge et M. Philippe-Gérard) 3’20Avec les Chœurs Raymond Saint-Paul78t. Columbia BF 133 (CL 8641) – 9 février 1949

14. BAL DANS MA RUE (Michel Emer) 3’0278t. Columbia BF 128 (CL 8642-3) – 1er mars 1949

15. L’ORGUE DES AMOUREUX (Francis Carco – Varel et Bailly) 3’2378t. Columbia BF 265 (CL 8706-2) – 21 juillet 1949

16. HYMNE A L’AMOUR (Edith Piaf – Marguerite Monnot) 3’23Avec les Chœurs Raymond Saint-Paul78t. Columbia BF 306 (CL 8789) – 2 mai 1950

Titres N°1, 2 : Orch. Jacques MétéhenTitres N°3, 4, 5, 6, 7, 9, 10 : Orch. Guy LuypaertsTitres N°11 à 16 : Orch. Robert Chauvigny

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1. LA P’TITE MARIE (Edith Piaf – Marguerite Monnot) 3’2478t. Columbia BF 306 (CL 8798) – 11 mai 1950

2. LE CHEVALIER DE PARIS (Angèle Vannier – M. Philippe-Gérard) 3’03Grand Prix du Disque de l’Académie Charles-Cros 1951Avec les Chœurs Raymond Saint-Paul78t. Columbia BF 338 (CL 8836) – 20 juin 1950

3. LA FETE CONTINUE (Michel Emer) 3’05Plus belle chanson réaliste française (Hors Concours) / Deauville 195078t. Columbia BF 319 (CL 8837) – 20 juin 1950

4. C’EST UN GARS (Charles Aznavour – Pierre Roche) 3’1878t. Columbia BF 330 (CL 8848) – 7 juillet 1950

5. C’EST D’LA FAUTE A TES YEUX (Edith Piaf – Robert Chauvigny) 3’17Avec les Chœurs Raymond Saint-Paul78t. Columbia BF 319 (CL 8849) – 7 juillet 1950

6. C’EST TOI (Marcel Achard et Edith Piaf – Marguerite Monnot) 4’16En duo avec Eddie ConstantineDe la comédie musicale "La P’tit Lili"78t. Columbia BFX 34 (CLX 2841) – 5 mai 1951

7. PLUS BLEU QUE TES YEUX (Charles Aznavour) 3’1078t. Columbia BF 411 (CL 9035) – 15 octobre 1951

8. JE HAIS LES DIMANCHES (Charles Aznavour – Florence Véran) 3’191er Prix ex-æquo "Edith Piaf" / Prix de la Société des Auteurs Dramatiques pour les meilleures paroles / Deauville 195178t. Columbia BF 411 (CL 9036) – 15 octobre 1951

9. PADAM… PADAM… (Henri Contet – Norbert Glanzberg) 3’11Grand Prix de l’Académie du Disque Français 195278t. Columbia BF 429 (CL 9037) – 15 octobre 1951

10. LA CHANSON DE CATHERINE (Jean-Claude Youri et André Joumiaux – Pierre Damine) 3’251er Prix ex-æquo "Edith Piaf" / Deauville 195178t. Columbia BF 429 (CL 9064) – 8 novembre 1951

11. JEZEBEL (Charles Aznavour – Wayne Shanklin) 3’06Avec les Chœurs Raymond Saint-Paul78t. Columbia BF 419 (CL 9065) – 8 novembre 1951

12. A L’ENSEIGNE DE LA FILLE SANS CŒUR (Jean Villard) 3’24Avec les Chœurs Raymond Saint-Paul78t. Columbia BF 436 (CL 9086) – 23 novembre 1951

13. JE T’AI DANS LA PEAU (Jacques Pills – Gilbert Bécaud) 2’4678t. Columbia BF 491 (CL 9240) – 28 juin 1952

14. BRAVO POUR LE CLOWN (Henri Contet – Louiguy) 3’04Avec les Chœurs Raymond Saint-Paul78t. Columbia BF 567 (CL 9450) – 18 mai 1953

15. LES CROIX (Louis Amade – Gilbert Bécaud) 3’31Avec les Chœurs Raymond Saint-Paul78t. Columbia BF 589 (CL 9514) – 15 juillet 1953

16. POUR QU’ELLE SOIT JOLIE MA CHANSON (Edith Piaf – Louiguy) 3’29En duo avec Jacques PillsDu ilm "Boum sur Paris"78t. Columbia BF 589 (CL 9516) – 15 juillet 1953

17. L’EFFET QU’ TU M’ FAIS (Edith Piaf – Marc Heyral) 3’1233t. Columbia FS 1037 (CL 9611) – 14 décembre 1953

Edith Piaf est accompagnée par Robert Chauvigny et son Orchestre

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1. JOHNNY TU N’ES PAS UN ANGE (Francis Lemarque – Les Paul) 2’1078t. Columbia BF 596 (CL 9619) – 24 décembre 1953

2. LA GOUALANTE DU PAUVRE JEAN (René Rouzaud – Marguerite Monnot) 2’00Avec les Chœurs Marguerite Murcier78t. Columbia BF 599 (CL 9686) – 16 février 1954

3. SOUS LE CIEL DE PARIS (Jean Dréjac – Hubert Giraud) 3’23Avec les Chœurs Marguerite Murcier78t. Columbia BF 678 (CL 9884-22) – 23 novembre 1954

4. L’ACCORDEONISTE (Michel Emer) 3’3645t. Columbia ESRF 1051 (7 XCL 5229) – 27 janvier 1955

5. C’EST A HAMBOURG (Claude Delécluse et Michèle Senlis – Marguerite Monnot) 3’01Avec les Chœurs Marguerite Murcier78t. Columbia BF 702 (CL 10027) – 28 février 1955

6. L’HOMME A LA MOTO (Jean Dréjac – Mike Stoller et Jerry Leiber) 2’0345t. Columbia ESRF 1070 (7 XCL 5329) – 27 décembre 1955

7. LES AMANTS D’UN JOUR (Claude Delécluse et Michèle Senlis – Marguerite Monnot) 3’1145t. Columbia ESRF 1070 (7 XCL 5331) – 27 décembre 1955

8. SALLE D’ATTENTE (Michel Rivgauche – Marguerite Monnot) 3’3545t. Columbia ESRF 1136 (7 XCL 5975) – 25 novembre 1957

9. LA FOULE (Michel Rivgauche – Angel Cabral) 2’5545t. Columbia ESRF 1136 (7 XCL 5976) – 25 novembre 1957

10. MON MANEGE A MOI (Jean Constantin – Norbert Glanzberg) 2’5945t. Columbia ESRF 1174 (7 XCL 6351) – 3 juillet 1958

11. MILORD (Georges Moustaki – Marguerite Monnot) 4’2745t. Columbia ESRF 1245 (7 XCL 6728) – 5 août 1959

12. T’ES BEAU TU SAIS (Henri Contet – Georges Moustaki) 4’0433t. Columbia FS 1083 (7 XCL 6729) – 5 août 1959

13. NON, JE NE REGRETTE RIEN (Michel Vaucaire – Charles Dumont) 2’2045t. Columbia ESRF 1303 (7 XCL 7343) – 10 novembre 1960

14. LES MOTS D’AMOUR (Michel Rivgauche – Charles Dumont) 3’2645t. Columbia ESRF 1312 (7 XCL 7373) – 24 novembre 1960

15. MON DIEU (Michel Vaucaire – Charles Dumont) 3’2345t. Columbia ESRF 1305 (7 XCL 7402) – 12 décembre 1960

16. LES AMANTS (Edith Piaf – Charles Dumont) 3’53En duo avec Charles Dumont45t. Columbia ESRF 1319 (7 XCL 7610) – 5 mai 1961

17. A QUOI CA SERT L’AMOUR ? (Michel Emer) 2’25En duo avec Théo Sarapo45t. Columbia ESRF 1361 (7 XCL 7975-22) – 3 septembre 1962

Edith Piaf est accompagnée par Robert Chauvigny et son Orchestre, sauf titre N°17 : Orch. Jean Leccia

Titre bonus : Mick MICHEYL et Michel MONACO chantent18. ON N’EST PAS PRETS D’OUBLIER SON NOM (Mick Micheyl) 2’09Chanson écrite à la mort d’Edith Piaf en 1963W2003 Marianne Mélodie Productions

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Desonenfanceàsagloire,desesvictoiresàsesblessures,deBellevilleàNewYork,EdithPIAFajouid’unparcoursexceptionnel.Atraversundestinplusincroyablequ’unroman,onparleencoreet toujoursdel’âmedecetteartisteetducœurdecettefemme.Intime, intense,fragileetindestructible,dévouéeàsonartjusqu’ausacriice,elledemeurelaplusimmortelledeschanteuses. Née dans lamisère, elle est devenue la personnalité la plus emblématique de la chansonfrançaiseetl'unedesplusgrandesvedettesmondiales.Créatricedechansons,elleaaussilancébiendesmodes,elleaaussilancébiendescarrières,révélantdesartistesquiallaientatteindreunenotoriétésouventégaleàlasienne. Singulière existence que celle d'Edith Piaf, marquée à la fois par une extraordinairerenommée,unesuccessiondedramesetparuneimpulsionpermanentequil'auraaniméesansrépit. Disparuedepuisprèsdecinquanteans,lagrandeEdithcontinueànousgratiierdel'émotionmiraculeuse qu'elle a su, par un instinct rarissime, apprivoiser à la perfection. Imposant uneferveurpresqueimpossibleàébranler,laMômevenuedelarueaéblouiunmondequi,aujourd'huiencore,s'inclineavecrespectdevantsonart. D'unejeunessemisérableàunecarrièreuniverselle,elleamenéuneviemouvementée,pourlemoinspassionnée,dominée jusqu'auboutparun talent lumineux.Le tempss'écoule, jamaisEdithPiafnepassedemode.

Cinquanteansaprèssatragiquedisparition,EdithPiafesttoujoursunanimementconsidéréecomme la plus grande chanteuse réaliste de toute l'histoire de la chanson. Sans retenue nimodération,livrantl’âmeetlecorpsjusqu'àl'extrême,aupointquelquefoisd'ylaisserlederniersoufle,elles’estentièrementdonnéeàsonArt. EllerestedanslamémoirecollectivecommelavoixlapluspopulairedeFrance,voixparlaquellelepeupletoutentiers’estidentiié,voixautimbreunique,puissant,vibrant,déchirant,quitraduitl'espoiretladétresse,égrenantlescoupletsquirelètenteniligranesavie-roman,descoupletsbanalsquideviennentchezelleépopéetragique.«Ses chansons, Edith Piaf couche avec. Elle les chauffe, elle les étreint, elle les regarde dormir. C'est une possession»,diral'undesesparoliers,HenriContet.Etenchansons,Edithestrestéeidèle.Fidèleàtoussescompositeursetàtoussesparoliers,desfemmesetdeshommesconnusouinconnusdugrandpublicetdontlagloireetlafortuneneseferontqueparlaseuleinterprétationdePiaf,parcequ'elle"sentait"avanttoutlemondeletalentdechacund'entreeux,grâceàsonmystérieuxinstinct,unsensartistiquedignedesplusgrandsprofessionnels.Cetteextraordinaireintuitionluiafaitchoisirsesauteurs,capablesdeluiapporteràchaquemomentdesavie"la"chansonquiferaitunnouveautriomphe.Sonsuccèsest aussi là : ce qu'elle vivait dans l'intimité de la presse, ses échecs amoureux et ses dramespassionnels,Edithleslivraitentièrementàsonpublicparlebiaisdecoupletsetderefrains.Réalitéetictionnes'étantjamaisaussibienconjuguées,lachansondevenaittriompheabsolu,parcequelàencorelepeuplesereconnaissait,retrouvaitdansquelquesphraseschantéesaveclesmotsde

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touslesjoursunesituationvécue,unmomentprécisdevieétrangementsemblable. Detouslestalentueuxauteurs-compositeursdontelles'estentouréedepuissesdébuts,ilendemeuretrèspeuquiaientsuladécrired'unemanièreauthentique,quiaientdéchiffrésesétatsd'âmedanssesjoiesetdanssespeines.MargueriteMonnot,HenriContetouencoreMichelEmer,devenusauildesannéesdesmaîtresen lamatière,demeurent les talentsneufsdontelleaeubesoin.Ilsontapportéàlachanteusedescouleursmusicalesetdestextesdéjàtrèsenavancesurleurtemps;descollaborationsextrêmementlonguesquinecesserontqu'àlamortd'EdithPiafen1963.Pourtant,malgréleurssublimesœuvrestoutesdestinéesàl'uniqueinterprètequ'estPiaf,quid'autreinalementquel'intéresséeelle-mêmeapulemieuxexprimersesbonheursetseschagrinspersonnels?Enregardantdeplusprès,forceestdeconstaterqu'EdithPiafaelle-mêmesignébonnombredetextesentre1940et1963(80chansonsdontelleaécritlesparoles,parfoislamusique,souventlesdeux),dontquelques-unssontdevenusdesstandardsincontournablesdelachansonfrançaiseetmondiale.Unseulexemplesufitàleprouver:La vie en rose et Hymne à l'amour qu'elle a un jour écrites, ne sont-elles pas les deuxplus célèbres chansonsde son répertoire ?Lesplusgrandesvedettesduglobevontleschanteret lesenregistreràleurtouretdepuisplusdesoixanteans,cesdeuxchefs-d’œuvreigurentparmilesdixplusbelleschansonsdumonde.EdithPiaffutunetrèsgrandeparolière.Elleserendrad'ailleurscompteasseztôtdesestalentsd'écriture, en 1945, précisément pour La vie en rose destinée à une autre chanteuse qu'elle.Elleaura l'intimeconvictionquedesmotsd'amour, sibanals soient-ils,peuvent s'assembleretformerdesphrasestoutàfaittouchantesetréelles.Ainsifait-ellenaîtreunechanson,inspiréeàlafoisdesonimaginationetdesonexistenced'amoureusedéçueenperpétuellerecherchedelaprotec-tiond'unhomme.Desmotssimplesmaispénétrants,parcequeseschansonssontlereletdesaviedetourments,desolitude,desempiternelleinsatisfaction.Sesémotionsamoureusesnesupportentpasl'usure.Illuifautduneuf,encoreettoujours.Chaquehommedesavieseraprogressivementsublimé.Touthommemoinsaimé,moinsadmiré,laporteraàinvestirailleurssescapacitésdesublimation.Ilsufitdedresserlalistedesvocablesquireviennentleplussouventdansseschansonspours'enrendredéinitivementcompte:amour,amant,adieu,bleu,blessé,cœur,cri,ciel,caresse,chagrin,chaîne, désespoir, destin, enfer, éperdu, ini, garçon, homme, honte, heureuse, ivresse, larmes,lumière, mourir, merveilleux, marin, noir, perdu, pleurer… Des mots élémentaires et facilesmagniiésparlaferveurdesoninterprétation.Satechniquevocalerappelleleschanteusesdebluesetdejazz,deparcettemanièrecaptivantequiconsisteànepastenirlanote,àchanter"degueulando",àenroulersensuellementlalignemélodique.Etmêmejouerde"l'apparentefausseté"commed'unatoutsupplémentairepourmettreentransedessallesentières. Amour, amant, adieu.Commentmieux évoquer ceque lepublic retient du répertoirede lachanteuse, et ce sur quoi celle-ci s'est bâti. Chez Piaf, la banalité tant de fois ressassée (on serencontre,ons'éprend,onsequitte)devientampleépopée,clameurtragique.«De ces cucuteries pour illes d'usine, elle faisait des hymnes, des triomphes, des liturgies.»(Cavanna)

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L'anciennechanteusedesrues,longtempsignorantedelabellegrammaire,estdéjà,àlainde l'année1941, l'auteurdequatorzechansonscréées lesunespar elle-mêmeet les autresparlesartistesdesonépoque.Ainsicontribue-t-elleaurenouvellementdesonproprerépertoire,lefaisantévoluerd'unemanièreeficaceetrapide,alorsqu'ellen'aque25ans.«Mon vrai métier, c'est de chanter »,disait-elleaprèsavoirjouélapiècedeCocteau"LeBelIndifférent",uneexpé-riencequ'ellequaliiaitalorsd'essai"biscornu".Cetteluciditénel'empêchecependantpasl'annéesuivante de s'essayer à un nouvel art, le cinéma. "Montmartre-sur-Seine". Sans être un chefd'œuvre, le ilm remporte un certain succès auprès du public, ému de l'histoire d'une petiteParisiennedevenue,commePiaf,chanteuseaprèsmaintespéripéties.UnpremiergrandrôlepourlachanteusequiferadireàPaulMeurisse:«On ne peut pas être la première dans tout. Piaf, qui allait devenir la plus grande parmi les grandes, n'était pas une comédienne. »Leilmachevé,Edithrepartpourunelonguetournéeenzonelibre,retrouvantsonclimatidéal,lefeudelascèneetlachaleurdupublic.Sesdiversspectaclesnelacoupentpastotalementdesonauditoireparisienetparcorrespondancesuivie,ellegardelecontactavecMargueriteMonnotetdorénavantavecMarcelLouiguy-rencontréunsoirde l'été1940-quivientdecomposer lesmusiquesdedeuxnouveauxtextesdePiaf-parolière,admiseàlaSACEMen1944. Fin juillet, un jeune homme entre en chantant dans la vie professionnelle (et dans la vieprivée)dePiaf;ilsenommeYvesMontandetvapartagerlamêmeafichequ'elleparunheureuxconcours de circonstances. En quelques chansons, elle l'a impressionné, médusé, bouleversé.Etellederépondre,ièredesadécouverte:«Tout de suite j'ai été conquise. Une personnalité du tonnerre, une impression de force et de solidité…»Leurpremierspectaclecommundatedu5aoûtettrèsvite,Piafvas'attaqueraurépertoiretrès"cow-boy"deMontandqu'ellejugemauvaisetdontleprésentsuccèsva,selonelle,s'avéreréphémère.«Il vous manque de bonnes chansons vraiment françaises. Mais ne vous inquiétez pas. On vous les écrira »,luilance-t-elleavecsonincroyableclairvoyance.EtdèslelendemaindelaLibérationdeParis,elles'emploieàfavorisercettenouvelleprédiction. C'estdansl'intervalleprintemps-été1945quenaîtLa vie en rose.Lelieuetlescirconstancesdecettenaissanceontmaintesfoisétéévoqués.Unaprès-midi,EdithPiafetMarianneMichelprennentunverreàuneterrassedesChamps-Élysées.MarianneMichelseplaintd'êtreenpannedechansonsnouvelles.« Pourquoi ne m'en faites-vous pas une ? »demande-t-elle.Pourquoipas,eneffet.Surlanappedepapier,lavoicidéjààl'ouvrage:«Quand il me prend dans ses bras – Qu'il me parle tout bas – Je vois les choses en rose…»Ici,Mariannel'arrête.La vie,ceneseraitpasmieuxqueles choses?Toutjuste,ceseradoncLa vie en rose.«J'ai écrit paroles et musique »,afirmeraPiaf.L'ennui, lorsqu'ils'agitdeladéposerà laSACEM,estquesasignaturenevautrienaubasde lamusique.Endroit,elleestauteur-parolièremaispascompositeur,pasencoredumoins. Il lui fautdoncchercherunprête-nom.MargueriteMonnot refusecatégoriquement,prétextantquece texteestniais.D'autresdéclinentà leur tour, jusqu'àLouiguyquiacceptede

touslesjoursunesituationvécue,unmomentprécisdevieétrangementsemblable. Detouslestalentueuxauteurs-compositeursdontelles'estentouréedepuissesdébuts,ilendemeuretrèspeuquiaientsuladécrired'unemanièreauthentique,quiaientdéchiffrésesétatsd'âmedanssesjoiesetdanssespeines.MargueriteMonnot,HenriContetouencoreMichelEmer,devenusauildesannéesdesmaîtresen lamatière,demeurent les talentsneufsdontelleaeubesoin.Ilsontapportéàlachanteusedescouleursmusicalesetdestextesdéjàtrèsenavancesurleurtemps;descollaborationsextrêmementlonguesquinecesserontqu'àlamortd'EdithPiafen1963.Pourtant,malgréleurssublimesœuvrestoutesdestinéesàl'uniqueinterprètequ'estPiaf,quid'autreinalementquel'intéresséeelle-mêmeapulemieuxexprimersesbonheursetseschagrinspersonnels?Enregardantdeplusprès,forceestdeconstaterqu'EdithPiafaelle-mêmesignébonnombredetextesentre1940et1963(80chansonsdontelleaécritlesparoles,parfoislamusique,souventlesdeux),dontquelques-unssontdevenusdesstandardsincontournablesdelachansonfrançaiseetmondiale.Unseulexemplesufitàleprouver:La vie en rose et Hymne à l'amour qu'elle a un jour écrites, ne sont-elles pas les deuxplus célèbres chansonsde son répertoire ?Lesplusgrandesvedettesduglobevontleschanteretlesenregistreràleurtouretdepuisplusdesoixanteans,cesdeuxchefs-d’œuvreigurentparmilesdixplusbelleschansonsdumonde.EdithPiaffutunetrèsgrandeparolière.Elleserendrad'ailleurscompteasseztôtdesestalentsd'écriture, en 1945, précisément pour La vie en rose destinée à une autre chanteuse qu'elle.Elleaura l'intimeconvictionquedesmotsd'amour, sibanals soient-ils,peuvent s'assembleretformerdesphrasestoutàfaittouchantesetréelles.Ainsifait-ellenaîtreunechanson,inspiréeàlafoisdesonimaginationetdesonexistenced'amoureusedéçueenperpétuellerecherchedelaprotec-tiond'unhomme.Desmotssimplesmaispénétrants,parcequeseschansonssontlereletdesaviedetourments,desolitude,desempiternelleinsatisfaction.Sesémotionsamoureusesnesupportentpasl'usure.Illuifautduneuf,encoreettoujours.Chaquehommedesavieseraprogressivementsublimé.Touthommemoinsaimé,moinsadmiré,laporteraàinvestirailleurssescapacitésdesublimation.Ilsufitdedresserlalistedesvocablesquireviennentleplussouventdansseschansonspours'enrendredéinitivementcompte:amour,amant,adieu,bleu,blessé,cœur,cri,ciel,caresse,chagrin,chaîne, désespoir, destin, enfer, éperdu, ini, garçon, homme, honte, heureuse, ivresse, larmes,lumière, mourir, merveilleux, marin, noir, perdu, pleurer… Des mots élémentaires et facilesmagniiésparlaferveurdesoninterprétation.Satechniquevocalerappelleleschanteusesdebluesetdejazz,deparcettemanièrecaptivantequiconsisteànepastenirlanote,àchanter"degueulando",àenroulersensuellementlalignemélodique.Etmêmejouerde"l'apparentefausseté"commed'unatoutsupplémentairepourmettreentransedessallesentières. Amour, amant, adieu.Commentmieux évoquer ceque lepublic retient du répertoirede lachanteuse, et ce sur quoi celle-ci s'est bâti. Chez Piaf, la banalité tant de fois ressassée (on serencontre,ons'éprend,onsequitte)devientampleépopée,clameurtragique.«De ces cucuteries pour illes d'usine, elle faisait des hymnes, des triomphes, des liturgies.»(Cavanna)

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signer,nonsansavoirrappeléàEdithquecetairqu'elleauraittrouvéseule,ilsl'avaientcomposéensemble sept mois plus tôt. Résultat, la musique est aussi belle que les paroles et malgrél'enregistrementdelacréatriceMarianneMichelendécembre1946,c'estparPiafquelachansonvadevenirlesuccèsquel'onsait.Àl'étranger,notammentauxEtats-Unis,cetitreestlepremierquivientàl'espritquandestprononcélenomdePiaf.Edith etMarcel. Lemétier, la passion de la chanson conservent tous leurs droits et la liaisonentreelleetCerdan,suivieduscandaleorchestréparlapresse,n'altèreenrienlerayonnementgrandissantdelachanteuse.PourtantMarcelCerdanneserajamaistoutàfaitàellecarilestmariéetpourrienaumondeilnevoudraitabandonnerfemmeetenfants.Le12septembre,onretrouveEdithauxEtats-Unis,enrépétitionsauVersailles.Lesoirdesapremière,le14,ils'agitenréalitéd'une"doublepremière"puisqu'elleestcelledelacréationdesonfameuxetprémonitoireHymne à l'amour.ParolesdePiaf,musiquedeMargueriteMonnot,çachanteauderniercoupletcommebientôtdanssatête.Seulementçan'estpasdanslaviecommedanslachanson.Surscène,"Dieuréunitceuxquis'aiment",maisdanslaréalitéilyauralamortd'uncôtéetladificultédesurvivrede l'autre.Dans lanuitdu27octobre1949, l'aviontransportantMarcelCerdans'écrasesur lesAçores.Ilnepouvaitarriverpire.L'imprésariodePiaf,LouisBarrier,réussitàfaireannulersonrécital du soirmais dans le lou qui embrumait son esprit, Piaf décide qu'elle chantera quandmême.Personnenelaforçait,bienaucontraire,maiselleavouluchanter.Lepremiergestequ'elleaeusurscèneafaittairelesapplaudissementsetellearépétéaupubliccequ'elleavaitditàsesamis:«Ce soir, je chante pour Marcel Cerdan, à sa mémoire, rien que pour lui. Sur une musique de Marguerite Monnot, voiciHymne à l'amour. » S'ils évoquaient aujourd'hui cet instant, lesprochesdePiafnepourraientpasallerplusloin.Ilsenpleureraientencore.Edith,elle,atenulecoupplusieurschansonsmaispasjusqu'aubout.Enrouléedanslerideaudescènependantl'uned'elles,elles'évanouit.Ellenereprendrasontourdechantquele3novembre,toujoursouvertparsonHymne.C'estàpartirdecettedatequ’estdéclenchéeladescenteauxenfers, la"métamor-phose"delachanteuse,lecommencementdelain.EllerentreàParisdébutfévrier1950,épuisée.Partieradieuseetcomblée,elleestrevenueméconnaissable.«Elle a laissé là-bas son rire et son bonheur, sa joie de vivre et d'être une grande artiste. Elle a laissé là-bas son espérance et tant de larmes versées, pour nous revenir toute pâle, amaigrie, dolente, ininiment triste et désolée»,peut-onliredanslapresse.Maisellereparlebientôtchanson,etévoquesesprochainescréations. Le10mars1951,EdithPiafrenoueaveclacomédieetlethéâtreencréant"LaP'titeLili"àl'ABC.CeprojetentreMarcelAchardet lachanteuseassocieégalementMargueriteMonnot,RobertLamoureuxetunnouveauvenu,EddieConstantine,quiprovoque sa rencontreavec lachanteuseenluiprétextantunetraductionenanglaisdesonHymne à l'amour.Jouéejusqu'au20mars,puisreprisedu4avrilau10juillet,cettecomédiemusicale,dont toutes leschansonssont signéesdu tandemPiaf-Monnot, auraun succèsassezmitigémaisd'excellentescritiques.

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ElleychanteC'est toienduoavecEddieConstantine.Parallèlement,ellecontinuesestoursdechant,écritdenouveauxtextesetlesenregistre.Letempsd’untournagedeilm,"Parischantetoujours",réaliséàl'occasiondubimillénairedeParis,ellechantesonéternelHymne à l'amourdevantNotre-Dame. Voici bientôt Jacques Pills. La vie de Piaf est ainsi faite, des rencontres opportunes quijalonnent sondestin,qui lui apportentdeschansons spécialementécritespourelle.On lui faitentendreJe t'ai dans la peau.Elleestemballée,etparletextedePillsetparlamusiqued'unjeunedébutantencoretotalementinconnu,GilbertBécaud,etcommeàsonhabitude,ellesemetàlatravaillerjusqu'àcequ'elleseconsidèreprêteàlaprésenteraupublic.Grandenouveautépourl'époque, la chanson est créée à la télévision dans l'émission "Plaques tournantes" du 22mai.Elleestégalementincorporéedansunautreilmmusical,"BoumsurParis",tournéàlaKermesseauxÉtoilesenjuin1953.S'ajoutel'enregistrementsurdisqueet,l'ons'endoute,aprèsunetelleprisedecontact,denouvelleschansonsquinaissentcommedeschampignons,notammentEt ça gueule, ça Madame,écriteparEdithpourJacques.DésormaisiancéàEdith,ill'ychantecommeellesedépeint,râleuse,coléreuse.Lachansonestenregistréele3septembre1952,toutcommeTous mes rêves passésquePiafaégalementécritemaisquePillsenregistreseul.IlschanterontànouveauenduodansPour qu'elle soit jolie ma chanson,émouvanttexteettendremélodie. Àpartirde1955etcejusqu'en1959,EdithPiafn'écrirapas.Elleretrouverasestalentsdeparolièreen1960avecC'est l'amour, Troïka, Les amants…Soitplusd'unetrentainedetextesnouveauxjusqu'en1963,quechanterontCharlesDumont,NitaRaya,ClaudeFigusetbiensûrThéoSarapo, sonderniergrandamour.Elle laissera laplumeàquelquesnouveaux talentsquicontribueront, tous, à la légende Piaf : Jean Dréjac, Hubert Giraud, Michelle Senlis, ClaudeDelécluse,MichelRivgauche,GeorgesMoustaki,MichelVaucaire,CharlesDumont… Maisonfaittairelepublic.Lerideauvas'ouvrir…Unefrêlesilhouettenoirevaapparaître,lesmainsposéessurleshanches.Etchanterpournousquelques-unesdesplusbelleschansonsdusiècle.

Matthieu MOULINSources:"Piaf"parP.DuclosetG.Martin

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La mémoire de la chanson française - Catalogue disponible gratuitement sans obligationsMarianne Mélodie - 59687 ROUBAIX CEDEX 2 - Tel: 0892. 350. 322 (0,34€/min)

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