N°34_JUILLET 2017

“LE DIGITAL, C’EST UNE FORMIDABLE OPPORTUNITÉ DE TRANSFORMER NOS SERVICES ET NOS MÉTIERS.” P.03BERTRAND MINARY,directeur Innovation & Digital (Fret SNCF)

PERSPECTIVES

Le magazine des acteurs du fret WWW.FRET.SNCF.COM

P.07

DOSSIER

LE TRAIN FRET SE DIGITALISE

N° 3

4_

juill

et 2

017

02

- 0

3P

ER

SPE

CT

IVE

S F

RE

TL

E M

AG

AZ

INE

DE

S A

CT

EU

RS

DU

FR

ET

Fer de lance du digital chez Fret SNCF, le Train fret

digital créé avec l’entreprise TRAX NS sera industrialisé à partir de septembre 2017. Un projet emblématique qui a l’ambition d’améliorer la performance du fret ferroviaire. De son côté, l’Union Internationale des chemins de fer (UIC), « la maison mondiale du ferroviaire » rassemblant près de 200 entreprises, veille sur l’interopérabilité des différents services digitaux qui voient le jour, aussi bien du côté des transporteurs que des gestionnaires d’infrastructure.

Qu’apporte le digital au fret ferroviaire ?Bertrand MINARY : Pour Fret SNCF, le digital représente un levier de performance et de nouveaux services agissant comme un véritable catalyseur pour réinventer notre métier. Les collaborateurs de Fret SNCF, conducteurs et opérateurs au sol, sont déjà équipés de tablettes

ZOOM QUAND LE TRAIN FRET DEVIENT COMMUNICANT P.10

DOSSIER TRAIN DIGITAL : LE FRET FERROVIAIRE À L’AUBE D’UNE ÈRE NOUVELLE P.07

360°TENDANCES DU MARCHÉ EN UN COUP D’ŒIL P.04

dernière génération pour fluidifier la communication et la transmission d’informations en temps réel dans nos circuits internes. Pour aller plus loin dans la productivité et l’efficacité des services aux clients, nous avons fait le choix d’aller chercher des ressources hors du ferroviaire, dans des entreprises capables d’adapter leur savoir-faire technologique à nos besoins et ce, dans un temps très court.

En quoi le partenariat avec TRAX NS illustre-t-il cette nouvelle donne ?B. M. : TRAX NS a inventé les smart containers pour le fret maritime, capables de transmettre au sol de nombreuses données de traçabilité à partir de réseaux de boîtiers émetteurs placés sur les containers. Fin 2015, à notre demande, cette PME marseillaise a adapté sa technologie aux wagons de fret, et en avril 2016, un test de concept était réalisé d’abord sur quatre wagons équipés de capteurs pour l’automatisation de l’essai de freins, puis sur une cinquantaine de wagons six mois plus tard pour un test en conditions réelles. Aujourd’hui, nous lançons le Train fret digital avec la volonté

d’équiper rapidement plusieurs milliers de wagons (lire le dossier p.07 à 09, NDLR).

Pourquoi l’UIC s’intéresse-t-elle aux services digitaux dans le fret ? Francis BEDEL : Le fret ferroviaire trouve toute sa pertinence dans les transports longue distance. En matière de corridors fret européens, par exemple, le digital peut aider à rendre plus fluide l'information entre les entreprises ferroviaires et les gestionnaires d’infrastructure. Par ailleurs, le digital permet un saut qualitatif important en apportant plus de fiabilité à la relation client et aux relations entre partenaires. Notre projet phare du moment, c’est l’e-Wag, que l’UIC conduit et auquel Fret SNCF participe. Il est voué à assurer l’interopérabilité - mission historique de l’UIC plus que jamais d’actualité – de wagons communicants avec des boîtiers différents dans un même train. Nous pilotons également le projet e-RailFreight de dématérialisation des documents de transport ferroviaire. Mené conjointement avec Fret SNCF et d’autres membres de l’UIC désireux d’œuvrer pour davantage de

« transport sans couture », il vise à s’affranchir des contraintes papier (notamment pour la lettre de voiture, disponible en ligne et actualisable, si nécessaire, pendant le transport), qui constituent un frein à l'interopérabilité.

Quelles sont vos prochaines échéances respectives ?F. B. : L’action de l’UIC, et donc de sa plateforme digitale, s’articule autour des notions d’ouverture. Un des thèmes majeurs poursuivi cette année est la cybersécurité, thème recensé comme devant être l’une des priorités lorsque l’on parle de digital. Le rôle de l'UIC est d'anticiper les impacts organisationnels, les business models, les aspects sécurité et sûreté, etc. des nouvelles possibilités offertes par le digital, en proposant des méthodes, des approches, pour « gérer » cette révolution. C’est dans cet esprit que nous avons rédigé les guidelines Cybersecurity à destination des entreprises de chemin de fer. B. M. : La priorité est donnée au Train fret digital, avec l’objectif d’enrichir l’offre de nouvelles fonctionnalités, et de déployer des solutions attendues par le marché.

DÉCRYPTAGEFOWARDNET, L’OFFRE FRANCO-ALLEMANDE POUR WAGONS ISOLÉS P.06

PLEIN CADRELE STREET ART HABILLE LE FRET P.12

SNCF LogisticsTransports Ferroviaire et Multimodal de MarchandisesDirection de la communicationcommunication.fret.sncf@sncf.frDirectrice de la publication : Sylvie Charles Directeur délégué de la publication : Philippe Moritz Rédactrice en chef : Nafi Mbaye Tél. : +33(0)1 80 46 22 67ISSN : 1961-4349Conception et réalisation :

Crédits photo : Loulou&Tummie (couverture) ; S. Cambon (p.2-3) ; La Suite Illustration / Le Duo (p.10-11) ; Œuvre Street Art de Brok (p.12-13).Rédacteurs : Y. Deguilhem, N. Mbaye, M. Perotin, C. Thiéry.

RE

GA

RD

S C

RO

ISÉ

S

FR ANCIS BEDEL DIREC TEUR D IGITAL DE L’UNION INTERNATIONALE DES CHEMINS DE FER (U IC )

LES ENJEUX DE LA TRANSFORMATION DIGITALE DU FRET FERROVIAIRE

BERTRAND MINARY DIRECTEUR INNOVATION & DIGITAL DE FRET SNCF

GESTIONNAIRESDE PARC

HUB

• Serveur sécurisé collectant les données des TRAX NS BOX, qui les traitent et les redistribuent par une interface web de façon personnalisée aux différents acteurs (entreprises ferroviaires, gestionnaires de parc wagons, clients-chargeurs).

E

HUB

CLIENTS-CHARGEURS

TABLETTE DU CONDUCTEUR

• Accélération des phases de préparation du train (automatisation de certains processus de production – composition du train, essais frein, bulletins de freinage, etc.).

• Localisation précise de leurs wagons en temps réel, à tout moment et partout en Europe. • Alertes lors de l’arrivée à certains endroits stratégiques prédéfinis partout en Europe. • Enregistrement des mouvements, des arrêts et des temps de stationnement.

• Optimise sa maintenance wagons (suivi kilométrique précis, information sur des chocs anormaux ou encore surveillance de l’état des essieux).

ENTREPRISES FERROVIAIRES

Pouvant aussi êtregestionnaires de parcpour certains clients.• Suit ses wagons et les

oriente pour rechargement.

CAPTEURS

• Détection des mouvements, vibrations, chocs. • Détection en cas d’ouverture des portes. • Mesure de la température.• Vérification des freins à distance.

TRAX NS BOXE

• Boîtier communicant les informationscollectées par les capteurs.

Sommaire

PE

RSP

EC

TIV

ES

FR

ET

LE

MA

GA

ZIN

E D

ES

AC

TE

UR

S D

U F

RE

TN

° 34

_ ju

illet

201

70

4 -

05

360°

BAROMÈTRE CHARGEURS 2017La 5e édition du baromètre de perception des chargeurs sur le transport ferroviaire réalisé par le cabinet Eurogroup Consulting révèle que seuls 36 % d’entre eux sont très satisfaits ou satisfaits du transport ferroviaire conventionnel. Le transport combiné rail/route tire son épingle du jeu puisqu’il atteint 83 % de taux de satisfaction. Autre bonne nouvelle, 93 % du panel se déclarent

prêts à transporter davantage de marchandises par voie ferroviaire si les critères suivants s’améliorent : coût, respect des délais, qualité du suivi, souplesse et flexibilité.

TRAFIC EUROPÉEN À TEMPÉRATURE DIRIGÉE Fin avril, VIIA, opérateur multimodal de SNCF Logistics a organisé la circulation test d’un train de containers frigorifiques contenant des produits agroalimentaires entre Moerdijk, aux Pays-Bas, et Valencia, en Espagne. Il s’agissait d’un essai grandeur nature pour le compte du client Frigo Breda associant quatre entreprises ferroviaires de SNCF Logistics : Captrain Netherlands, Captrain Belgium, Fret SNCF et COMSA Rail Transport. Ce flux pourrait être lancé de façon régulière à l’automne. www.fret.sncf.com

+ D’INFOS

Comme de nombreux secteurs de l’économie, le transport de marchandises va évoluer rapidement grâce aux nouvelles solutions digitales. Pour le fret ferroviaire, le digital représente une formidable opportunité de se positionner en solution d’avenir performante dans les chaînes logistiques des chargeurs. On pense d’abord aux services de géolocalisation et d’information sur le suivi des acheminements, qui sont très attendus en domestique et à l’international. Mais les leviers d’amélioration du service vont bien au-delà. Chez SNCF Logistics, nous souhaitons utiliser le digital comme catalyseur de progrès pour l’ensemble des acteurs de l’écosystème du fret. Le choix de la technologie développée par TRAX NS repose sur sa capacité à accueillir des capteurs variés dans un système ouvert pouvant s’adapter à des besoins spécifiques et proposer autant de fonctionnalités que nécessaire. Fruit de la collaboration entre nos équipes et celles de TRAX NS, le Train fret digital propose dès à présent de nouveaux services apportant de la valeur, d’abord aux chargeurs mais aussi aux entreprises ferroviaires chargées de la traction des convois comme aux gestionnaires de wagons. Tous ces atouts le placent d’ores et déjà en bonne position parmi les solutions en émergence qui devront nécessairement se retrouver autour d’un standard européen d’interconnexion.

LE FRET FERROVIAIRE SE RÉINVENTE GRÂCE AU DIGITAL

SYLVIE CHARLES DIRECTRICE GÉNÉRALE DU PÔLE

TRANSPORTS FERROVIAIRE ET MULTIMODAL DE MARCHANDISES DE SNCF LOGISTICSVIIA BRITANICA,

C’EST PARTI ! L’autoroute ferroviaire VIIA Britanica entre le port de Calais et Le Boulou (près de Perpignan) a rouvert le 7 février. Lancé en mars 2016, le service avait été suspendu trois mois plus tard suite aux problèmes de sécurité et de sûreté en approche du port de Calais. La « plus longue autoroute ferroviaire » d’Europe transporte jusqu’à 40 semi-remorques par train, qui évitent ainsi un parcours routier de 1 200 km avec un temps de parcours réduit. Relancée avec un aller-retour quotidien 5 j/7, l’offre devrait progressivement monter en puissance. 

OPTIFRETJusqu’ici appelée le « coupon » de wagons, cette offre de Fret SNCF, qui permet d'offrir à d'autres clients à des dates et heures déterminées, la capacité résiduelle d’un train de marchandises déjà affrété, porte désormais le nom d’Optifret. La prestation est particulièrement attractive pour les clients ayant habituellement recours au transport fluvial ou routier. Après un test sur l’axe Hauts-de-France/Grand Est, Optifret doit être étendue en 2017 à toute la France et aux principaux axes internationaux.

RETOUR SUR MUNICH SNCF Logistics était représenté en force au salon du transport et de la logistique qui est organisé en mai, tous les deux ans, à Munich. Toutes les activités du Groupe étaient réunies au sein d’un stand de plus de 200 m2. Parmi les temps forts, à noter la première présentation du Train fret digital par les équipes de SNCF Logistics et de TRAX NS (lire p.07 à 09). Les représentants des entreprises de transport ferroviaire et multimodal ont initié ou conclu des projets de prestation ou de collaboration avec les nombreux clients et partenaires présents à ce rendez-vous incontournable.

93 %

N° 3

4_

juill

et 2

017

PE

RSP

EC

TIV

ES

FR

ET

N° 3

4_

juill

et 2

017

LE

MA

GA

ZIN

E D

ES

AC

TE

UR

S D

U F

RE

T0

6 -

07

www.fret.sncf.com+ D’INFOS

Traçabilité et mise à disposition d'une information fiable sur les conditions d'acheminement : tels sont les deux principaux critères d'appréciation de la qualité d'une

prestation de transport de marchandises. Deux critères sur lesquels les acteurs du fret ferroviaire rencontrent souvent des difficultés.Ici réside l'intérêt du Train fret digital, présenté pour la première fois à Munich(1)

le 10 mai par SNCF Logistics et TRAX NS. Créée en 2012, cette start-up marseillaise a conçu le « conteneur connecté » pour le transport maritime, qui délivre en temps réel les principales informations (localisation, température, statut administratif, etc.). À partir de ce développement, les deux partenaires ont réalisé différents travaux et essais, avec l’ambition de renforcer la performance du mode ferroviaire. Le résultat prend aujourd'hui

Moderniser le modèle économique du fret ferroviaire, intégrer de nouveaux processus de production et d'ingénierie de maintenance, faire progresser le contrôle de la sécurité des convois... La mise en service, au second semestre 2017, du Train fret digital va permettre de mieux intégrer le transport ferroviaire dans la chaîne logistique des chargeurs. Le projet leur a été dévoilé à Munich, le 10 mai, au salon international du transport et de la logistique.

TRAIN DIGITAL : LE FRET FERROVIAIRE À L’AUBE D’UNE ÈRE NOUVELLE

FowardNet, l’offre franco-allemande de SNCF Logistics pour wagons isolés

DES HUBS MULTIFONCTIONS Les chargeurs profitent de six rotations hebdomadaires entre le hub MLMC de Fret SNCF à Woippy et ceux de Forwardis à Duisburg-Wedau et Cologne-Eifeltor. Depuis ces hubs sont assurés le tri, les dessertes des gares dans la Ruhr et l’acheminement vers les régions allemandes plus éloignées, la Scandinavie, la Pologne et les PECO Sud par des trains directs.

DES ALTERNATIVES GAGNANTES Des plans de transport en porte à porte sont élaborés pour répondre de manière adaptée aux besoins des clients. Forwardis a noué des partenariats avec plusieurs opérateurs ferroviaires ayant déjà développé des services alternatifs de lotissement et des opérateurs combinés prêts à ouvrir leur train afin d’augmenter la fréquence. Il peut aussi s’appuyer sur des trains massifs circulant régulièrement sur un corridor afin de bâtir des solutions alternatives.

ALLER PLUS LOIN

Le réseau ForwardNet a été lancé en décembre 2016 par Forwardis, le commissionnaire de transport spécialiste du ferroviaire de SNCF Logistics. Réseau alternatif de wagons isolés, il connecte les gares françaises desservies par l’offre Multilots Multiclients (MLMC) aux principaux centres industriels allemands. Les chargeurs de wagons isolés des secteurs de la chimie et de la sidérurgie passent ainsi plus aisément les frontières pour atteindre le Ruhr, la Scandinavie, les pays d’Europe centrale et orientale (PECO), et même la Chine.

DÉVELOPPER LE SERVICEReste à présent à renforcer la fréquence des rotations et à étendre les itinéraires du réseau qui pourraient, au-delà des industries chimiques et sidérurgiques, intéresser aussi bien les opérateurs de transport combiné que des secteurs comme l’automobile, les produits agricoles, le BTP, les produits de grande consommation, etc.

UN ENGAGEMENT DE BOUT EN BOUT

En s’appuyant sur ForwardNet et les structures opérationnelles de Forwardis, Fret SNCF bénéficie d’une expertise pointue sur les marchés européens et peut s’engager sur un plan de transport maîtrisé de bout en bout, et sur des délais plus fiables. Les processus de commande et de planification sont gérés par les gestionnaires d’axes MLMC de Fret SNCF, qui a intégré le réseau ForwardNet dans ses systèmes d’information. Les clients bénéficient d’un suivi unique pour l’ensemble de leur trafic circulant sur le réseau ForwardNet. Un service d’autant plus important pour le trafic de matières sensibles.

Décryptage

Dossier

PE

RSP

EC

TIV

ES

FR

ET

N° 3

4_

juill

et 2

017

LE

MA

GA

ZIN

E D

ES

AC

TE

UR

S D

U F

RE

T0

8 -

09

la forme d'une nouvelle solution de boîtiers connectés capables de communiquer entre eux grâce à un réseau informatique sans fil.

ACCESSIBILITÉ, SIMPLICITÉ, ÉVOLUTIVITÉJusqu'à présent, les déploiements du fret ferroviaire connecté se faisaient à l'échelle des wagons pris séparément et non du train tout entier. Grâce à l'innovation de SNCF Logistics et de TRAX NS, il est possible, par le biais de l’intelligence embarquée, de gérer des opérations au niveau du train et de mutualiser les consommations énergétiques des box entre

de nombreux agents : chargeur, société logistique, transitaire, commissionnaire de transports, douanier, client final, etc. Pour que chacun de ces acteurs puisse utiliser le container au mieux de ses intérêts et de ses responsabilités, il a besoin de se voir délivrer des informations pertinentes au moment adéquat. Grâce à notre solution, il est possible d'assurer la bonne distribution de ces données et de les monétiser auprès de leurs destinataires. Cette répartition des coûts est un élément clé pour rendre le service accessible. J'ajoute que nous avons d'emblée prévu de le déployer sur un très grand

digitalisation, en nous assurant le soutien de l'ensemble des acteurs du transport, nous donnerait l'opportunité de créer un standard mondial. Autre élément de réflexion : nous pensions tenir la solution technique pour améliorer la visibilité et la sécurité des circulations de marchandises dans le cadre d'un service de qualité proposé à un coût accessible.

En quoi consiste le modèle d'affaires associé à votre solution pour le maritime ?Tout au long de son parcours, un container maritime – c'est aussi vrai d'un wagon – passe entre les mains

nombre d'actifs : l'effet de volume est central, dans notre équation économique.

Quel regard portez-vous sur votre collaboration avec Fret SNCF ?Là où beaucoup d'entreprises se contentent d'acheter des technologies, Fret SNCF a opté pour un véritable partenariat d'innovation avec TRAX NS. Le résultat se concrétise à la fois

elles, ce qui permet notamment d'embarquer des batteries plus légères et, ainsi, réduit les coûts de fonctionnement. « L'une des grandes forces de la solution réside dans sa simplicité de mise en œuvre et dans son évolutivité », précise Luc Débant, chef de projet Train fret digital à la direction de l'innovation de Fret SNCF. Quels sont les cas d'application du Train fret digital ? Tout d'abord, la géolocalisation des wagons et le suivi précis du kilométrage effectué à vide ou à charge. Le client-chargeur, pour sa part, peut disposer de données instantanées et continues sur

l'état des marchandises transportées et sur les aléas susceptibles de les impacter (choc, fuite, arrêt du convoi). Le détenteur de wagons, lui, accède ainsi aux informations nécessaires en vue d'optimiser son ingénierie de maintenance : d'un côté, renforcer la sécurité, de l'autre, éviter la « surmaintenance ».

DE NOUVEAUX SERVICES À HAUTE VALEUR AJOUTÉELa promesse du Train fret digital, c'est aussi l'optimisation de certaines étapes de la gestion des trains. « L'automatisation des essais de frein constitue une petite révolution. En plus de sécuriser les circulations, elle apporte de la robustesse aux plans de transport et ouvre la voie à un meilleur emploi du temps de travail des opérateurs au sol », souligne Luc Débant. D'autres fonctions, comme la digitalisation des bulletins de freinage et de composition ou l'arrêt d'urgence, sont également susceptibles d'être automatisées. Quant aux usages à développer, la liste est quasiment sans fin. La solution mise au point se veut ouverte à tous – un choix d'évidence quand on sait que des wagons provenant de toute l'Europe et appartenant à différents acteurs avec des capteurs différents peuvent être réunis dans les mêmes trains. D'où la nécessité d'assurer l'interopérabilité du système avec les développements alternatifs éventuels. SNCF Logistics et TRAX NS sont déjà engagés dans cette démarche.

(1) À l’occasion du salon international du transport et de la logistique, du 9 au 12 mai 2017.

Quelle vision vous a conduit à créer TRAX NS ? L'objectif, au départ, était d'aider la chaîne d'approvisionnement à franchir une étape en matière de digitalisation de ses processus. Parce qu'il constitue le point de passage de la presque totalité de la supply chain dans le monde, le container de fret maritime s'est imposé comme la porte d'entrée de notre projet. Avec cette idée que sa

“NOTRE ENJEU : FAIRE VIVRE LA SOLUTION À LA PLUS GRANDE ÉCHELLE POSSIBLE.”

« En quête permanente de plus de performance, Fret SNCF est confronté à la lente évolution et à la pénibilité des tâches incombant aux opérateurs de

production au sol. À titre d'exemple, l'accrochage des wagons et la vérification

des performances de freinage mobilisent, aujourd'hui encore, deux intervenants pendant

45 minutes. L'aventure du Train fret digital a commencé en posant cette question : la réalisation, par un agent unique, d'un essai de frein automatisé serait-elle un vecteur d'amélioration ? Les essais que nous avons menés ont apporté une réponse positive. Et cela non seulement au plan technique mais aussi économique, puisque le gain de productivité permet d'amortir

la mise en place du réseau informatique sans fil du train de fret. Ce que le train digital va apporter aux acteurs du fret, c'est d'abord de la rapidité, en améliorant la sécurité. De 45 minutes, le temps consacré à la vérification des convois va tomber à environ 15 minutes, tout en améliorant le processus de vérification des freins.

C'est aussi de la modernité. Outre la suppression de cette tâche pénible qu’est la vérification au pied du fonctionnement des freins d’un train de fret (dont la longueur peut atteindre 750 m), on aura, dans un avenir proche, des wagons équipés de trappes ou de vannes intégralement automatisées. L’apport du train digital se mesure aussi en termes de sécurité du personnel et de réduction de la pénibilité des tâches. Toutes ces perspectives vont contribuer à renforcer la compétitivité du rail face aux autres modes de transport, et notamment face à la route. »

PAUL SESSEGO, DIRECTEUR FRET CHARBON ACIER

ET « DIGITAL CHAMPION » DE FRET SNCF

POINT DE VUE

LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ DU TRAIN DIGITAL

RENDENT POSSIBLE LA MODERNISATION

DU FRET FERROVIAIRE.

dans la qualité de l'adaptation du produit existant au monde du ferroviaire, dans la dynamique de qualification des prototypes et dans le rapport de grande confiance qui lie les deux sociétés. Notre enjeu commun est désormais de faire en sorte que les wagons des différents détenteurs collaborent, via leurs différents capteurs, pour faire vivre la solution à la plus grande échelle possible.

3 QUESTIONS ÀMICHEL FALLAH, Président-fondateur de TRAX NS

Lors de la conférence de Munich (de gauche à droite : D. Zindo, DG d’Ermewa, M. Fallah, Président de TRAX NS, S. Charles, Directrice générale du pôle TFMM, B. Mazur, Directrice commerciale de Captrain Deutschland, G. Perrot, Head of Land Logistics Purchasing (Europe) chez ArcelorMittal et D. Frohriep, modérateur).

Dossier

PE

RSP

EC

TIV

ES

FR

ET

LE

MA

GA

ZIN

E D

ES

AC

TE

UR

S D

U F

RE

TN

° 34

_ ju

illet

201

710

- 11

GESTIONNAIRESDE PARC

HUB

• Serveur sécurisé collectant les données des TRAX NS BOX, qui les traitent et les redistribuent par une interface web de façon personnalisée aux différents acteurs (entreprises ferroviaires, gestionnaires de parc wagons, clients-chargeurs).

E

HUB

CLIENTS-CHARGEURS

TABLETTE DU CONDUCTEUR

• Accélération des phases de préparation du train (automatisation de certains processus de production – composition du train, essais frein, bulletins de freinage, etc.).

• Localisation précise de leurs wagons en temps réel, à tout moment et partout en Europe. • Alertes lors de l’arrivée à certains endroits stratégiques prédéfinis partout en Europe. • Enregistrement des mouvements, des arrêts et des temps de stationnement.

• Optimise sa maintenance wagons (suivi kilométrique précis, information sur des chocs anormaux ou encore surveillance de l’état des essieux).

ENTREPRISES FERROVIAIRES

Pouvant aussi êtregestionnaires de parcpour certains clients.• Suit ses wagons et les

oriente pour rechargement.

CAPTEURS

• Détection des mouvements, vibrations, chocs. • Détection en cas d’ouverture des portes. • Mesure de la température.• Vérification des freins à distance.

TRAX NS BOXE

• Boîtier communicant les informationscollectées par les capteurs.

UN SYSTÈME OUVERT ET ADAPTABLE

• Fonctionne par GPS indépendamment des distances et frontières nationales.

• Compatible avec le transport de matières dangereuses.

• Compatible avec tous les types de wagons et tous types de capteurs.

• Interopérabilité de la plateforme TRAX NS (TRAX NS Hub) avec les systèmes informatiques des opérateurs ferroviaires.

• Installation facile et rapide.

QUAND LE TRAIN FRET DEVIENT COMMUNICANT Pour proposer de nouveaux services aux acteurs de l’écosystème du fret ferroviaire (entreprises ferroviaires, gestionnaires de parc wagons et clients-chargeurs),le Train fret digital s’appuie sur une technologie basée sur les objets connectésqui crée un réseau informatique sans fil sur un train entier connecté au Cloud.Voici comment le train fret se connecte.

Zoom

Le s

tree

t art

hab

ille

le fr

et Plein cadre

Close-up

22 H

EUR

ES C

HR

ON

O P

OU

R

TRA

NSF

OR

MER

UN

TR

AIN

EN

U

NE

ŒU

VR

E D

’ART

RO

ULA

NTE

. C

’est

l’ex

ploi

t réa

lisé

par d

ix a

rtis

tes

fin

2016

. À l’

orig

ine

de c

ette

opé

ratio

n,

une

idée

de

Wilf

ried

Dem

aret

, co

nduc

teur

Fre

t : «

Elle

a g

erm

é en

vo

yant

au

tria

ge d

e To

ulou

se n

os

wag

ons

fonc

tionn

els,

mai

s po

ussi

éreu

x.

Je m

e su

is d

it “i

l y a

que

lque

cho

se

à fa

ire”.

» Il

pos

te a

lors

son

idée

sur

Tw

itter

et p

lus

de 1

00 li

kes

plus

tard

, en

par

le à

sa

hiér

arch

ie, q

ui le

met

en

cont

act a

vec

Enla

rge

your

Par

is (u

n m

édia

en

ligne

qui

cou

vre

l’act

ualit

é cu

lture

lle d

u G

rand

Par

is).

Le

cha

ntie

r se

déro

ule

à Pa

ris A

uste

rlitz

, où

les

artis

tes,

apr

ès a

voir

été

form

és

à la

séc

urité

ferr

ovia

ire, t

rava

illen

t sur

ci

nq w

agon

s du

trai

n de

légu

mes

Pe

rpig

nan-

Rung

is, s

oit 1

10 m

de

long

à

graf

fer !

Un

pur b

onhe

ur, d

iront

-ils.

Le

résu

ltat a

été

exp

osé

une

jour

née

au p

ublic

, ven

u no

mbr

eux

(plu

s de

3

000

pers

onne

s) a

dmire

r les

œuv

res.

A

ujou

rd’h

ui, l

es w

agon

s dé

sorm

ais

sépa

rés

circ

ulen

t tou

jour

s. «

Il n

’est

pas

ra

re q

ue j’

en v

oie

pass

er u

n. J

e pr

ends

al

ors

une

phot

o qu

e j’e

nvoi

e au

x ar

tiste

s. Il

s so

nt te

llem

ent fi

ers

de

leur

pro

uess

e. »

IN L

ATE

201

6, IT

TO

OK

TEN

ART

ISTS

22

HO

UR

S TO

TR

AN

SFO

RM

A

TRA

IN IN

TO A

RO

LLIN

G W

OR

K O

F A

RT. T

he p

roje

ct w

as th

e br

ainc

hild

of

Wilf

ried

Dem

aret

, a F

ret S

NC

F dr

iver

at

the

time,

who

exp

lain

ed th

at “

The

idea

cam

e to

me

whe

n w

e w

ere

sort

ing

w

agon

s in

Tou

lous

e. T

he w

agon

s w

ere

func

tiona

l but

dus

ty. I

thou

ght,

‘We

can

do s

omet

hing

abo

ut th

at.’”

He

post

ed

his

idea

on

Twitt

er, a

nd 1

00 li

kes

late

r, he

talk

ed to

his

sup

ervi

sors

abo

ut it

. Th

ey p

ut h

im in

touc

h w

ith E

nlar

ge

Your

Par

is, a

n on

line

med

ia c

ompa

ny

that

cov

ers

cultu

ral n

ews

in G

rand

Pa

ris. P

aint

ing

took

pla

ce a

t the

Par

is

Aus

terli

tz s

tatio

n, w

here

art

ists

trai

ned

in

rail

safe

ty w

orke

d on

five

wag

ons

of a

tr

ain

tran

spor

ting

vege

tabl

es b

etw

een

Perp

igna

n an

d Ru

ngis

– to

talin

g 11

0 m

eter

s of

can

vas!

The

y w

ere

on c

loud

ni

ne. T

heir

hand

iwor

k w

as e

xhib

ited

to

the

publ

ic fo

r a d

ay, a

nd o

ver t

hree

th

ousa

nd p

eopl

e ca

me

to a

dmire

. The

w

agon

s ha

ve s

ince

bee

n se

para

ted,

bu

t the

y ar

e st

ill in

circ

ulat

ion.

“It’

s no

t un

com

mon

for m

e to

spo

t one

goi

ng

by,”

Dem

aret

say

s. “

I alw

ays

take

a

pict

ure

of it

and

sen

d it

to th

e ar

tists

. Th

ey a

re v

ery

prou

d of

thei

r wor

k.”

Stre

et A

rt

ador

ns F

reig

ht