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Campagne publique d'information et de sensibilisation « Colombie : une coopération solidaire pour la construction de la paix » du 21 mai au 2 juin 2015 Dossier de Presse

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Campagne publique d'information et de sensibilisation

« Colombie : une coopération solidaire pour la construction de la paix »

du 21 mai au 2 juin 2015

Dossier de Presse

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Campagne publique d'information et de sensibilisation

« Colombie : une coopération solidaire pour la construction de la paix » Tournée en Suisse du 21 mai au 2 juin 2015

L’année 2015 sera importante quant aux résultats du processus de paix en cours entre le gouvernement colombien et les FARC, principale organisation de la guérilla. C’est pourquoi E-CHANGER/COMUNDO a choisi, pour sa campagne publique 2015, ce thème ouvrant la possibilité d’aborder la question de la paix sous de nombreux aspects qui toucheront le public suisse.

E-CHANGER est une ONG suisse de coopération solidaire Nord-Sud. Elle travaille depuis 55 ans en Amérique du Sud et en Afrique, en partenariat étroit avec des organisations et mouvements sociaux.

LES PARTICIPANTS À LA CAMPAGNE

Angela Ospina : la directrice du Centre d'Accompagnement Psychosocial (CAPS) est une personnalité de premier niveau dans la défense et la promotion des droits humains en Colombie.

Samuel et Lauranne Bouille : coopér-acteur/actrice d’E-CHANGER/COMUNDO engagés pour trois ans en Colombie auprès de notre partenaire CAPS.

La Corporación Centro de Atención Psicosocial (CAPS) : partenaire de longue date d’E-CHANGER/COMUNDO. S’adressant aux victimes du conflit sociopolitique colombien, CAPS est un centre de récupération psycho-sociale. Il offre ses services aux victimes directes et indirectes des conflits, enfants, jeunes, adultes, femmes et familles.

OBJECTIFS DE LA CAMPAGNE

- Présenter une autre image de la Colombie dans un moment très particulier de son histoire politique ;

- Rendre visible l’action des partenaires colombiens d’E-CHANGER/COMUNDO en faveur de la paix et des victimes du conflit ;

- Montrer/exemplifier le rôle que peut jouer dans ce contexte la coopération solidaire suisse par l’échange de personnes.

ACTIVITÉS

Forte d’une vingtaine de partenaires suisses à nos côtés, E-CHANGER/COMUNDO organise 11 événements publics dans tous les cantons romands, le Tessin et à Lucerne. En plus de nos intervenants de Colombie, ces tables rondes peuvent compter sur la participation de personnalités pointues telles que Jean-Pierre Gontard, Mathias Reynard et Maurice Lemoine (ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique). Un soin a été porté à des modérations de haute qualité, telle que celle de Samuel Jordan (journaliste ancien délégué CICR en Colombie). Des invités d’organisations aussi crédibles qu’Amnesty International et Médecins du Monde sont également mobilisés.

Parallèlement, écoles, collèges, universités, cycle de formation et ateliers accueilleront une vingtaine de riches interactions entre Angela/Samuel et un public majoritairement jeune ou en formation. Finalement, nombre d’interventions auront également lieu dans les médias.

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Globalizando la Solidaridad

Médecins du monde - Identité visuelle FRANCE

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08/07/2009

Partenaires

Organisation

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En SuiSSE, du 21 mai au 2 juin Avec :

angela Ospina, experte dans la défense des droits humains  et directrice du Centre d’Accompagnement Psychosocial en Colombie

Samuel Bouille et Lauranne Zellweger, coopér-acteurs engagés en Colombie

ParticiPEZ !

unE cOOPératiOn SOLidairE POur La cOnStructiOn dE La PaixCampagne de sensibilisation  d’E-CHANGER / COMUNDO

Contact et informations

E-CHANGER/COMUNDO : rue St-Pierre 10, 1700 Fribourg, tél. 058 854 12 40Adeline Aubry : [email protected]

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jeudi 21 mai - FriBOurG18.00, Université de Fribourg - IIEDH, auditoire A230 à Pérolles II, chemin du Musée 14

Table ronde avec Angela Ospina, Jean-Pierre Gontard, Danièle Gosteli Hauser et Samuel Bouille 

Accueil par Patrice Meyer-Bisch et modération de Samuel Jordan

samedi 23 mai - BurE18.00, Eglise de Bure

Témoignage d’Angela Ospina et Samuel Bouille  lors de la célébration de la Pentecôte en solidarité avec la Colombie

mEYrin (GEnÈVE) - samedi 30 mai dès 14.00, salle Antoine-Verchère, route de Meyrin 297

16.00-18.00 : débat avec Angela Ospina, Jean-Pierre Gontard, Maurice Lemoine et Samuel Bouille

parallèlement dès 14.00 : animations pour les enfants dont un atelier de danse

18.00-19.00 : film et chants de la plaine par Soraya Orduz

19.00-20.00 : repas convivial

20.00-23.30 : fête colombienne avec le groupe Palenque la Papayera

dimanche 24 mai - damVant10.00, Eglise de Damvant, par beau temps à la grotte mariale pour la fête des Narcisses

Témoignage d’Angela Ospina et Samuel Bouille  lors de la célébration de la Pentecôte en solidarité avec la Colombie

mercredi 27 mai - BErnEapéritif à 18.00, débat à 19.00 et concert à 20.30, AKI, Alpeneggstrasse 5

Table ronde avec Angela Ospina, Enrique Cabezas et Samuel Bouille  suivie du concert du groupe Tres Mundos

avec Arbeitsgruppe Schweiz-Kolumbien et Peace Brigades International

mannO - lundi 1er juin17.00-18.30, Aula 106 della Supsi, Dipartimento sanità Supsi-Sala sud, Stabile Piazzetta, Via Violino informazioni : www.interagire.org, 058 854 12 10

Conferenza «Pace e Medicina Orientale in Colombia» : Angela Ospina,  Antonella Borsari, Samuel Bouille

jeudi 28 mai - martiGnY19.30, salle du Vampire, rue des Petits-Epineys 7

Table ronde avec Angela Ospina, Christian Michellod, Eliecer Jimenez et Samuel Bouille organisée avec Amnesty International

mardi 26 mai - LauSannE18.30, CPO - Centre Pluriculturel et social d’Ouchy, Beau-Rivage 2

Table ronde «Coopération solidaire pour la construction de la paix en zone de conflits : effets sur la santé mentale, particulièrement des adolescents»

avec Angela Ospina, Yago Boter, Enrique Cabezas et Yina Avella

organisée avec le Conseil des Jeunes de Lausanne, Médecins du Monde, Vivere, Peace Brigades International, le CODAP et la FEDEVACO  

LucErnE - samedi 20 juinab 14.30, RomeroHaus Sommerfest 2015, Kreuzbuchstrasse 44

15.30  : Film und Gespräch «Casa de la memoria» mit Carlos Erazo und Bruno Rütsche

17.00  : Lesung und Gespräch mit Jann Duri Bantli, «Bodenschätze : Landvertreibung»

18.50  : Lateinamerikanishes Buffet

20.00 : Konzert mit Los Ramos, mit Aufspiel zum Tanz ab 21.00 

vendredi 29 mai - jura19.00, renseignements complémentaires : [email protected]

Table ronde avec Angela Ospina, Diego Gómez, Joaquin Salazar et Samuel Bouille modération de Paola Piñeda, journaliste colombienne

LOcarnO - mardi 2 juin10.00-11.00, Aula Magna della SPAI, informazioni : www.interagire.org, 058 854 12 10

Conferenza «Gioventù e Pace in Colombia» : Angela Ospina, Antonella Borsari, Samuel Bouille

Tables rondes : entrée libre !

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ANGELA OSPINA RINCON Directrice du Centre d’Accompagne- ment Psychosocial (CAPS) Sociologue Bogota, Colombie

EXPÉRIENCES DE TRAVAIL Directrice du Centre d’Accompagnement Psychosocial (CAPS)

- Gestion de projets - Travail de sensibilisation

- Direction du personnel - Responsable administrative

- Suivi de projets

2008-2015 Coordinatrice du projet « Prévention et réhabilitation intégrale de personnes et familles victimes de torture en Colombie » financé par l’Union européenne, ligne « Démocratie et Droits de l’Homme »

2010-2015 Coordinatrice du projet « Accueil et réhabilitation psychosociale d’enfants, de jeunes et de leurs familles victimes de torture en Colombie » financé par l’Union européenne, ligne « Démocratie et Droits de l’Homme »

2002-2009 Représentante en Colombie des agences non-gouvernementales italiennes de coopération : Cooperazione Internazionale (COOPI) et Terre des Hommes Italie à Bogota

1999-2008 Coordinatrice du projet « Service à la population interne déplacée en Colombie » financé par le programme ECHO de l’Union européenne.

1995-2002 Gestion, exécution et conseil en projets d’urgence dans les domaines communautaires et éducatifs. Programme d’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) - El Salvador et Honduras.

1989-1991 PUBLICATIONS

- « Approches et méthodologies de prise en charge psychosociale dans le contexte socio-politique colombien », 2004 - « Santé et autres voies », 2013 (premières éditions en 2005 et 2009) - « Les communautés face au traumatisme de la violence politique, outils d’appui psychosocial », 2009 - « Implications de la torture psychologique dans les contextes de violence politique », 2005

ÉTUDES

- Université “Cooperativa de Colombia” Titre de sociologue Bogota, 1984 – 1988

- Diplôme en cadre logique pour la formulation de projets de développement Institut latino-américain de planification économique et sociale (Ilpes)

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COOPÉR-ACTEUR

Enseignant primaire Ingénieur en gestion de la nature

SAMUEL BOUILLE

Né le 01.10.1979 (35 ans) Marié, deux enfants Suisse [email protected]

Tel: 079 406 45 14

Coopér-acteur avec E-CHANGER/COMUNDO Centre d’Accompagnement Psychosocial (CAPS), Bogota Renforcement de l’institution, responsable de l’appui pédagogique Ateliers de groupes, visites familiales, cours de soutien individuels avec des enfants et adolescents victimes du conflit sociopolitique.

2012-2015

Enseignant classes primaires, secondaires et de soutien Écoles de Porrentruy et Delémont

2007-2012

Diplôme d’enseignement degré primaire 2004-2007

Bachelor HES Ingénieur en gestion de la nature 1999-2003

Séjour en Amérique du Sud (Colombie, Pérou, Bolivie, Equateur)

- Enseignant bénévole au « Proyecto mi casa » El Alto, Bolivie: soutien scolaire pour des enfants défavorisés

- Apprentissage de l’espagnol

- Trekkings et tourisme

2008 FORMATIO

NS

ACTIV ITÉS

BÉNÉV OLES

Maîtrise du français et de l’espagnol, compréhension de l’anglais et de l’allemand

Bureautique, réseaux sociaux, montage vidéo

Comité d’Inter-agir Jura, association solidaire dans le financement de projets dans le Sud 2009-2012

Accordéoniste

Moniteur de camps pour enfants handicapés (2 semaines par an 2006-2007

EXPERIENC

ES

Moniteur de ski et snowboard 2000-2011

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Colombie, les défis des négociations de paix

« LA PAIX DOIT S’ACCOMPAGNER DE LA VÉRITÉ » Sergio Ferrari et Pauline Garcia

Interview avec Ángela Ospina Rincón, Directrice de la Corporación Centro de Atención Psicosocial (Centre d’Accompagnement Psychosocial) – CAPS, à Bogota, et militante pour la défense des droits humains en Colombie.

Comment définiriez-vous la guerre qui dure dans votre pays depuis presque un demi-siècle : comme un mal « endémique » ou une « épidémie socio-culturo-psychologique » ?

Ángela Ospina (AO) : La guerre en Colombie est un conflit sociopolitique dont les causes sont structurelles. Elle a dramatiquement impacté tout le pays (les victimes se comptent par millions), car derrière chaque victime, il y a un être humain, une famille, une communauté qui souffre.

Il s’agit d’une guerre qui a directement touché la population civile, avec 50 années de violences, d’accaparement des terres, d’assassinats collectifs et massifs, d’élimination des mouvements d’opposition.

Quel est la priorité pour vous dans la prise en charge des victimes ? Eviter la destruction de leur conscience civile citoyenne ? Atténuer la souffrance ?

AO: Le CAPS est une organisation qui s’est spécialisée dans l’action psychosociale à l’attention des victimes du conflit. Notre centre a pour objectif de renforcer les projets de vie individuels, familiaux et collectifs des victimes. Nous partons du principe que les personnes ont été affectées, brisées, détruites, tant au niveau physique qu’émotionnel, culturel et spirituel. Par le soutien psychosocial, nous essayons de travailler sur toutes ces dimensions. Pour ce faire, nous proposons des consultations médicales et psychologiques individuelles, des thérapies de famille, de groupe, des rencontres communautaires, ou par groupe d’âge… Nous ne ménageons pas nos efforts pour offrir un accompagnement psychosocial complet. « Les victimes sont des sujets de droit » Pour que les victimes récupèrent leur estime de soi en tant qu’êtres humains ? AO : Absolument. Ce processus de soins psychosociaux a aussi l’ambition de faire reconnaître les victimes comme sujets de droit, des droits qu’elles ont perdus et qu’elles doivent récupérer. L’accompagnement psychosocial permet de renforcer les capacités des victimes afin qu’elles retrouvent leur esprit d’initiative, leur pouvoir et leur voix. Avec le processus de négociation en cours, la Colombie attire l’attention des médias. Sentez-vous déjà un impact positif de ce processus sur les aspirations et le moral des victimes que vous aidez ?

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AO : La société civile colombienne et les victimes de la guerre ont toujours été en faveur d’une résolution pacifique du conflit. Sans aucun doute, le dialogue de paix en cours à La Havane suscite l’espoir. Mais les victimes souhaitent aussi que cette paix s’accompagne de la vérité. L’apaisement de leurs souffrances et de leur état émotionnel ne peut se faire sans la vérité. Quand les victimes auront des réponses claires sur ce qui s’est passé, sur qui sont les responsables et pourquoi, le processus de réconciliation pourra alors commencer. Il ne s’agit pas forcément de pardonner, mais de réconcilier un pays qui a vécu 50 années d’agression, de violation des droits humains, de concentration de la richesse. Les victimes souhaitent une paix qui aille de pair avec la justice sociale.

« Un ardent désir de paix » Y a-t-il un véritable espoir de la part de la population colombienne quant aux résultats du processus de négociation en cours ? Jusqu’à présent, la population n’est pas vraiment confiante, car dans l’état actuel des choses, sans respect des droits humains et avec un Etat qui continue à agresser les communautés, les leaders sociaux, la population elle-même, on peut se poser de sérieuses questions : où est la paix ? de quelle paix parle-t-on ? Si on ne change pas ce modèle économique qui ne produit que de la pauvreté (la Colombie est un des pays les plus inégalitaires en Amérique Latine), s’il n’y a pas un minimum de réformes structurelles, si le pays continue d’encourager une politique de développement basée sur l’exploitation des ressources minières, le discours de paix perd tout son sens. Cependant, cela ne veut pas dire que la population colombienne, les victimes en particulier, ne souhaitent pas la paix, notamment dans les territoires et les régions meurtris par la guerre au quotidien.

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COOPÉRATION SOLIDAIRE EN COLOMBIE Yoan Veya, journaliste

Interview avec Samuel Bouille, coopér-acteur jurassien parti en famille pour renforcer l’équipe pédagogique de la Corporación Centro de Atención Psicosocial (CAPS) pendant trois ans (2012-2015).

Vous avez accompagné de nombreuses personnes. Combien de temps en moyenne celles-ci restent-elles au CAPS ?

Samuel Bouille (SB) : Chaque processus d'accompagnement est différent : cela peut aller de quelques semaines à plusieurs années, avec des fréquences différentes selon les personnes. Un bénéficiaire qui vient de se faire menacer de mort, par exemple, viendra peut-être plusieurs fois pendant un ou deux mois, puis le processus sera terminé. D’autres ne sont que de passage à Bogota avant de devoir s'exiler, alors que certains ne viennent qu’une fois par année pour une consultation médicale.

Quelles sont vos méthodes pour discuter avec les enfants, ou plutôt pour gagner leur confiance afin de parler de ce qu'ils ont vécu ? SB : Nous ne cherchons jamais, de prime abord, à remuer leur passé, sauf s’ils le souhaitent. Dans la prise en charge psychosociale, notre but principal est que le bénéficiaire puisse continuer dans son projet de vie, en le renforçant au niveau physique, émotionnel, psychique et spirituel. La durée et la fréquence des accompagnements sont fondamentales pour obtenir de bons résultats. Les groupes d’enfants, par exemple, se retrouvent une journée tous les mois. Si nous décelons des troubles qui peuvent les mettre en danger, tels qu’une tristesse profonde, une colère incontrôlée, des troubles de l’apprentissage… nous leur proposons un processus additionnel d’accompagnement individuel.

Un lieu sûr et agréable est également une composante importante dans l'accompagnement des victimes. Le Centre du CAPS est très lumineux, avec de grands espaces où les enfants peuvent courir et se défouler. Il possède aussi des pièces plus intimes pour que les victimes puissent pleurer ou nous raconter quelque chose de personnel... Pour mettre en confiance les bénéficiaires du Centre et qu’ils puissent ensuite se décharger, nous recourons à des activités musicales, mais aussi aux jeux sportifs, à la peinture, au théâtre, à la danse, le tout dans un esprit ludique. Ces activités ont toujours un but, au-delà de l’apprentissage ou du jeu. L’activité de mandalas tissés, par exemple, sert aux enfants à se recentrer sur eux-mêmes et à les faire penser à ce qui les affecte. « Les thérapies et remèdes que nous offrons aux bénéficiaires, nous nous les appliquons aussi… » Vous êtes-vous parfois retrouvés face à des cas qui vous ont dépassés ? Bien-sûr. Il y a de telles blessures et de telles souffrances qu’il est impossible que cela ne nous dépasse pas. Les thérapies et remèdes que nous offrons aux

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bénéficiaires, nous les appliquons aussi à nous-mêmes. Une personne seule n'arrive parfois pas à faire face à la complexité des troubles. Heureusement, nous sommes une équipe pluridisciplinaire et nous prenons le temps de socialiser les cas les plus difficiles. En outre, chaque nouvelle personne est d’abord vue par mon collègue psychologue et mon collègue médecin pour déterminer ses besoins. Comment votre travail est-il perçu en Colombie, où la guerre civile a fait naître de forts clivages ? SB : Quand je parle de mon travail au CAPS à des Colombiens, ils sont souvent admiratifs. Nous travaillons surtout avec des victimes des paramilitaires, de l'armée nationale et de la brutalité policière, avec des leaders de mouvements sociaux, des défenseurs des droits humains, des syndicalistes et des victimes apolitiques directes. Par contre, nous rencontrons très peu de victimes de la guérilla, car l'Etat a lui-même un programme de prise en charge psychosociale pour elles. Une des règles du Centre consiste à ne jamais prendre en charge une personne qui a pris les armes. L'aide aux victimes s'est-elle améliorée sous la présidence Santos ? SB : Des restitutions de terres ont eu lieu sous Juan Manuel Santos, mais trop peu de victimes ont pu profiter, depuis 2011, de la loi intitulée Victimes et restitutions foncières. Nous remarquons une recrudescence de la violence, particulièrement dans les régions rurales, depuis le début des négociations de paix entre le gouvernement et la guérilla des FARC. La priorité du président Santos est d'appliquer son modèle économique néolibéral, notamment dans des régions dominées par les insurgés. Cette ambition rejoint l'intérêt des grandes multinationales. Nestlé, bien implantée, est soupçonnée d’avoir des liens avec les paramilitaires. Cette entreprise ne va donc jamais permettre qu’il y ait une commission de vérité en Colombie, mesure essentielle pour les réparations aux victimes. Les ONG comme E-CHANGER sont importantes car elles permettent de faire des liens entre les pays du Nord et ceux du Sud. Elles rendent visibles les injustices et appuient la lutte menée contre elles. Comment les Colombiens perçoivent les pourparlers engagés à La Havane ? SB : Beaucoup de gens en ville pensent que tout ira mieux quand les deux guérillas encore en activité seront démobilisées. Ils vivent en dehors du conflit politique. En revanche, les habitants des campagnes, qui représentent environ 25% de la population, vivent au cœur du conflit. Ceux-là sont beaucoup plus sceptiques : même si la guérilla ne contrôlera plus certains territoires, il n’y a aucune garantie que la paix soit rétablie, au contraire. Les enjeux géostratégiques et les immenses ressources de la Colombie vont, en effet, susciter la convoitise d’autres groupes armés illégaux, de multinationales, des grands propriétaires terriens, de l’oligarchie au pouvoir, des narcotrafiquants... Les causes du conflit sociopolitique étaient et restent principalement un problème de lutte pour l’accès à la terre et au territoire.