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YAGO Jean-Claude Abonneau

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YAGO

YAGO

Jean-Claude Abonneau

17.4 655106

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 208 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 16.56 ----------------------------------------------------------------------------

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vais bientöt mourir

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Chapitre 1 De la classe de seconde

C3 mathématiques physique en 1974 a l’année 1979

Et oui, quelques uns d’entre nous n’avaient pu suivre les meilleurs dans cette classe de seconde C3 où il y avait les meilleurs élèves du lycée Henri IV, lycée réputé à l’époque comme étant le meilleur avec le lycée Victor Hugo, les autres moins doués avaient été relégués dans des secondes littéraires menant au bac A ou bien des bacs linguistiques et littéraires menant au bac AB et enfin ceux qui avaient été dirigés vers le bac B purement linguistique. Nous étions trente cinq élèves parmi les meilleurs des six classes de seconde que possédait le Lycée Henri IV cette année là, ce lycée n’étant qu’un lycée de garçons par ailleurs, nous découvrîmes avec quelque appréhension à cet âge si délicat qu’est l’adolescence le Lycée Victor Hugo pour y continuer notre chemin vers le bac D, le deuxième baccalauréat le plus important après le bac C qui était réservé aux meilleurs élèves. Cette année là, nous devions passer le BAC DE FRANCAIS à la fin de l’année avec un coefficient de 2 pour l’écrit et de un pour l’oral : j’avais été très moyen en français les deux années précédentes, il fallait que cette année là soit meilleure et je me devais de bosser le français aussi

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bien que les mathématiques, les sciences de la nature et la physique qui avaient des coefficients de quatre pour le BAC, l’anglais, la géo et l’ histoire, la philosophie étaient des matières ayant des coefficients de 2, l’espagnol, l’éducation physique et le dessin des coefficients de un.

Nous étions quatre bons copains relégués de la seconde C3 mathématiques physique vers la section 1ère. D4 du lycée Victor Hugo qui comprenait quatre classes de catégorie D. Et nous nous retrouvions tous les quatre en classe de 1ère D4. Il y avait Jean-Claude mon copain du Lycée Henri IV qui jouera largement sur ma destinée bien plus tard, Philippe moins bon dans l’ensemble que Jean-Claude qui était lui le meilleur de nous quatre et Maurice, seulement brillant en mathématiques mais faible en sciences et en physique. Donc nous étions quatre bons copains et pendant deux années consécutives jusqu’à l’issue finale du baccalauréat en fin de terminales, nous ne nous quittâmes jamais, nous étions collés les uns aux autres, toujours assis les uns à côté des autres sur les bancs des classes. Victor Hugo pour ma part me faisait impression et sensation, car il y avait plus de filles que de garçons et cela était vrai aussi pur notre classe qui comprenait environ douze garçons pour le double de jeunes filles : je découvrais le monde des filles et déjà des pulsions solitaires naissaient en moi le soir après avoir fait ma prière avant de m’endormir.

L’année commença assez difficilement car nous

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devions être sur tous les fronts pour prétendre à ne pas redoubler : nous partions tous les quatre avec de nouveaux professeurs que nous ne connaissions pas, alors que les filles les connaissent car pour la majorité d’entre elles, elles étaient là depuis la sixième. Pour ma part je me donnais entièrement aux matières à haut coefficient et je m’accrochais donc aux mathématiques où mes premiers contrôles étaient assez bons avec des notes de 12 et 13, pour les sciences naturelles je m’octroyais la moyenne avec 11 et 12, pour la physique je peinais davantage en ayant juste la moyenne avec deux notes 9 et 11. Je délaissais l’histoire géo, mais j’avais quand même 14 de moyenne, je délaissais l’anglais en 1ère langue mais j’avais quand même 13 de moyenne, et l’espagnol lui m’était cher et j’avais depuis la quatrième toujours eu la meilleure note dans toutes les classes où j’étais passé, et là en 1ère je survolais tout le monde avec 18 de moyenne : du reste j’avais déjà préparé mon coup : je prendrais l’espagnol pour 1ère langue pour le baccalauréat qui m’apporterait un coefficient 2 et l’anglais en deuxième langue avec un coefficient 1, ainsi avec 18 je gagnais 12 points, alors qu’avec l’anglais je n’aurais gagné que deux points : c’était un capital non négligeable et qui pouvait pallier à une faiblesse dans une matière principale.

On fit des élections de chef de classe, nous fûmes quatre à nous présenter dont mon copain Jean-Claude qui était aussi plus beau garçon que moi : nous

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voulions tester notre charme auprès de nos demoiselles beaucoup plus nombreuses : et je fus élu sans qu’elles ne sachent rien de moi, mais à cet instant là je leur plaisais, mais la suite, à cause de mon blocage que je narrerai un peu plus tard, fut moins bonne, car lorsque j’assistais à un conseil de classe, à la sortie les élèves me posaient des tas de questions au quelles je ne pouvais pas leur répondre… et pour cause : je passais donc pour une nullité, comme cela sera toute ma vie entière.

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Chapitre 2 Un contrôle

de physique qui tourne mal

Ce matin là c’était du sérieux : nous avions un contrôle de physique, le troisième après mes notes de 9 et de 11, il me fallait m’améliorer pour avoir 12 de moyenne, la moyenne où l’on a du premier coup le baccalauréat. J’étais assis entre Maurice et Philippe, nous commençâmes à faire nos exercices, j’étais assez bien parti me semblait il, mais au bout d’une petite demi-heure, Philippe me souffla : « Tu peux pas ne pas parler ne pas parler comme les autres, (et en effet je me concentrais en parlant très bas, mais je faisais cela car j’y arrivais mieux), il me dit alors : « Tu sens mauvais de la bouche, tu pourrais te laver les dents le matin au moins ». Ce fut un coup de tonnerre qui me foudroya l’âme et le cerveau, je me lavais bien les dents pourtant, ça ne pouvait pas venir de là, je demeurais inactif pendant quelques minutes, incapable de poursuivre ce contrôle, tellement cette réflexion m’avait blessée dans sa cruelle vérité.

Pourquoi je sentais mauvais ainsi de la bouche, j’allais dans les heures suivantes pouvoir me rappeler de certains souvenirs assez lointains et plus lointains encore dans mon enfance…

En tout cas, je ne pus me concentrer sur ce contrôle pendant les quatre heures qu’il dura et je

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remis ma copie en sachant par avance que je n’aurai pas la note escomptée car j’avais été traumatisé.

Une semaine après le professeur nous rendit les copies : j’eus une note de 5 sur 20, mais je n’attendais pas mieux de ce contrôle qui pourtant me paraissait à ma portée si je l’avais fait dans des conditions normales.

Mais il allait commencer pour moi un calvaire, un enfer qui me poursuit encore à 56 ans, car cette première blessure est le point de départ d’une longue lutte que je devrais mener avec moi-même contre les autres. Ce présumé handicap allait me complexer à outrance toute mon existence, me poursuivre ensuite dans toutes les étapes de ma vie : et c’est la raison pour laquelle je fais transparence aujourd’hui que je n’ai plus rien à attendre de la vie et d’autrui, je veux me révéler dans ma vérité la plus complète jusqu’à maintenant où je ne peux encore parler convenablement, sans butter à chaque mot et en ayant des problèmes d’élocution majeurs, oui ce contrôle représente le Mont Gerbier Des Joncs ou la Loire prend sa source pour mille kilomètres que je devrais parcourir jusqu à son estuaire qui sera la mort.

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Chapitre 3 Des antécédants

Dans les jours qui suivirent je fus littéralement bouleversé, je n’écoutais plus les cours, je ne prenais plus de notes, je pensais toujours à mon problème. Mes trois copains s’aperçurent de mon comportement lointain et ils me dirent : « Mais qu’as-tu donc, tu ne parles plus ? ». Je leur répondis : « Ce n’est rien ça va passer, j’ai des soucis », e t puis après je continuais à me comporter comme tel.

Je me souvenais cependant que mon frère Patrice m’avait fait une réflexion un peu identique un soir en regardant un match de football, assis côte à côte sur le canapé. Ä un moment il me dit : « Tu peux pas respirer par le nez et non pas par la bouche, tu sens mauvais », voilà où j’étais remonté dans mes souvenirs à peine plus vieux d’une ou deux années : j’avais obtenu la première preuve qui me laissait penser que mon camarade et copain de lycée avait dit vrai lors du contrôle de physique.

Mais je dus encore chercher dans mes souvenirs et plus lointainement encore, cela me revint une nuit où je n’arrivais à dormir : bien souvent ma mamie quand j’allais la voir après déjeuner et avant de partir à l’école primaire, m’avait souvent dit alors que je lui parlais : « Mais t’as la goûle empoisonnée mon pauvre drôle » dans son patois poitevin à elle, mais cela à

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l’époque ne m’avait pas choqué outre mesure et puis c’était ma grand-mère que j’aimais beaucoup : et elle continuait toujours par ceci : « Qu’est-ce qu’ils t’ont donc donné à manger encore, pour que tu sois empoisonné comme celà ? » Je répondais ce que j’avais mangé et elle se taisait alors, non ça ne pouvait pas venir des repas de maman. Ma grand mère me donnait alors quatre carrés de chocolat au lait et puis 50 centimes pour m’acheter des bonbons, elle avait toujours été généreuse avec moi, et cela fait partie de mes souvenirs très anciens partagés avec mon aïeule qui n’était pas une mauvaise femme en aucun point, du moins avec moi : elle finissait par dire ne me donnant la pièce : « Ça te fera bonne bouche les bonbons », et je partais tout joyeux vers mon école primaire en m’arrêtant à l’épicerie qui était sur le chemin : avec 50 centimes à l’époque on pouvait avoir 10 carambars, aujourd’hui ils coûtent sans doute 3 francs les dix soit 50 centimes d’euros.

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Chapitre 4 Un nouveau comportement

Dès alors, je fus tellement traumatisé, que je testais à maintes fois mon haleine dans la journée, je me cachais dans un couloir et je soufflais sur mes mains qui me redonnaient mon haleine : je pus constater par moi-même que les réflexions de Philippe et de mon frère Patrice étaient malheureusement justifiées : je sentais mauvais de la bouche et ça ne provenait pas de dents infectées ou cariées, mais je perçus une odeur forte et repoussante pour moi-même aussi d’une odeur de foi et conjuguée à une odeur d’estomac puissantes : j’en étais très malheureux et le pire allait advenir… pour une existence entière…

J’avais acheté un foulard tout blanc que je me mis autour du cou très serré et je le portais sans arrêt pendant mes deux années qui m’amenèrent au baccalauréat. Mes copains me demandaient si c’était pour mon look, pour me donner un genre, pour me personnaliser, mais je leur répondais par des « hum » en n’ouvrant plus la bouche. Seulement une fois, la seule je mentis en écrivant sur une feuille de papier juste ces mots que mes trois copains purent lire : « Je suis malade, c’est pour cela que je porte un foulard. Ils se regardèrent tous les trois d’un air interrogateur, puis me respectèrent sans jamais me demander ce que

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j’avais eu comme maladie » : et cet enfer que je m’imposais allait durer longtemps encore, très longtemps, beaucoup trop longtemps jusqu’à un jour beaucoup plus lointain où je dus passer devant un psychiatre lors de mes trois jours du service militaire, mais cela je le narrerai quand l’heure sera venue.

Donc pendant deux années, je ne parlais plus jamais, je portais toujours mon foulard blanc, je restais quand même avec mon groupe de copains très unis, moi un peu à l’écart car je leur répondais toujours par des « hum » en gardant la bouche fermée.

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Chapitre 5 Quand Maurice

me fait connaïtre Neil Young

Quelques semaines après, je semblais mieux, j’avais légèrement occulté mon problème, et je me mis à écouter les cours et à prendre des notes, il fallait absolument que je me ressaisisse si je voulais avoir mon baccalauréat mais cependant quelque chose s’était brisé au fond de moi-même, je ne me sentais plus comme les autres, je me sentais bafoué, sali, humilié, en moi-même.

Les deux premiers trimestres furent corrects quant à mes notations, mais très justes cependant en sciences naturelles et physique-chimie avec une moyenne tout juste de 10, et en mathématiques j’avais une bonne moyenne de 13, j’avais de bons restes du bon enseignement de mon professeur de seconde Monsieur Coupry (qui avait été le plus jeune professeur de mathématiques agrégé de France à seulement vingt ans), et qui avait été un très bon professeur, quand au français j’étais très juste aussi, j’avais aussi beaucoup de mal avec une moyenne de 11. Nous avions pourtant une très bonne enseignante Madame Lafille qui me fit découvrir Baudelaire et les « Fleurs du mal », Zola avec « l’Asommoir », « les Caractères » de La Bruyère, « Candide » et « Zadig »

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de Voltaire, « Les confessions » de Jean-Jacques Rousseau et encore « Les pensées » de Blaise Pascal, « Iphigénie » de Racine « Don Juan » et « Tartuffe » de Molière, « Le cid » de Corneille, « Les essais » de Montaigne, « Les misèrables de Victor Hugo, Rabelais avec Gargantua » et « Pantagruel », Ronsard et Du Bellay aussi, et pour auteurs récents « L’étranger » de Camus, « La condition humaine » de André Malraux et pour terminer « Thérèse Desqueyroux » de François Mauriac : c’étaient beaucoup de livres à étudier et il me fallut beaucoup de travail sur ces romans et essais qui seraient les livres d’une liste choisie pour le baccalauréat. Je m’acharnais le soir très tard jusqu’à minuit en faisant des fiches, et je bossais dur dans la compréhension de ces grands auteurs classiques, et il me semblait que je progressais beaucoup dans mes connaissances en français, avec des cours très clairs et explicites, mais aussi par mon travail personnel : le baccalauréat de français était à la fin de la classe de français de l’année en juin de l’année en cours et il n’y avait pas une minute à perdre : je crois que cette année là en français j’ai du apprendre davantage en cumulé davantage que ce que j’avais appris dans les trois années précédentes des classes de la quatrième à la seconde.

Ainsi passa l’année scolaire et les deux premiers trimestres assez rapidement, en m’accrochant comme je le pouvais dans deux matières qui m’étaient très difficiles : les sciences naturelles avec seulement 11 de

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moyenne et la physique-chimie avec 10 de moyenne, ce qui n’était pas suffisant pour avoir le bac du premier coup, celui-ci nécessitant la moyenne de 12.

Aux vacances de février l’agriculteur qui m’avait employé pendant mon enfance pour les travaux des champs de l’âge de dix ans à celui de quinze ans vint me demander de l’aide pour tailler les vignes et enlever les bourras de ses vignes, donc je ne pus travailler mes cours et je travaillais dans le froid une semaine dure où je gagnais trois francs de l’heure, ce qui me fit cent cinquante francs en six journées de travail : je me suis dit cette fois-ci que je ne le referai plus les années suivantes, car j’étais littéralement surexploité : mon oncle peintre en bâtiment qui m’avait employé durant les étés de mes seize ans et de mes dix-sept ans me donnait lui quatre francs de l’heure, c’était plus et je m’amusais bien avec lui, on passait des journées rigolotes. Mais je n’oubliais pas non plus que dans les classes beaucoup d’élèves allaient aux sports d’hiver en décembre et février et parfois à Pâques aussi, et l’été en vacances un mois au moins, moi je n’ai jamais connu celà, j étais quelque peu frustré, mais n’en gardais aucune amertume.

Mais il y eut une leçon de sciences naturelles qui resta gravée dans ma mémoire, où moi et mon copain Jean-claude furent ridiculisés, ou du moins nous nous ridiculisâmes nous-mêmes, quand madame Fournilleau, notre professeur aborda le sujet de la sexualité et principalement le fonctionnement de

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l’érection du pénis, gonflé par le sang sous l’excitation et le désir, et elle dessina au tableau, un pénis en érection. Alors, conjointement nous deux seuls, les deux copains Jean-Claude, celui au foulard blanc et qui ne faisait que des « hum » quand on lui parlait et Jean-Claude le futur ingènieur, se mirent à rire et puis encore à avoir une crise de fou rire. Madame Fournilleau dût interrompre le cours et faire silence au moins deux bonnes minutes, elle ne nous dit rien, car peut-être qu’au fond d’elle même elle nous comprenait un peu, mais sur les trente cinq élèves, il n’y avait que nous deux à avoir ce malaise détourné en crise de fou rire : Jean-Claude sachant que je ne m’exprimais pas dit assez haut pour que les autres entendent : « arrêtes tes conneries », et pourtant ce ne furent pas mes fous rire qui spécialement avaient été les premiers, je crois que cela avait été communicatif au même moment : mais ce fut moi qui fut ainsi dénoncé aux autres élèves de la classe envers ce sujet sérieux qui nous avait mis dans cet état : je considère aujourd’hui que ce n’était qu’un incident de « l’âge bête » de l’adolescence, plus prédominant pour nous deux que pour les autres, entre deux copains qui naguère en classes de quatrième, troisième et seconde parlaient beaucoup de sexualité tous les deux et regardaient beaucoup les filles qu’ils convoitaient dans leurs promenades dans les rues fréquentées de Poitiers, et ils avaient déjà les ardeurs de l’adolescence, mais n’étaient encore que de simples

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puceaux attendant et espèrant leur heure advenir. Enfin le cours reprit et plus jamais après il n’y eut de côtés comiques dans les cours, sinon en philosophie où tout le monde s’en foutait et le professeur, un jeune métissé au côté drôle et comique, faisait son cours dans un brouhahas des élèves qui ne comprenaient d’abord rien du tout et ensuite qui prenaient les cours de philosophie pour une récréation, jugeant de son peu d’importance pour le bac en n’apportant qu’un coefficient 2.

A la fin du troisième trimestre j’avais la moyenne partout, sauf en philosophie ou j’avais huit et en sciences naturelles où j’avais 9 : en français j’avais progressé avec 14 de moyenne, le bac approchait d’ici quelques semaines et ma note m’encourageait à mieux faire encore.

Maurice un jour me demanda quels étaient mes goûts musicaux et je ne pus répondre à sa question car j’en étais resté encore aux grands chanteurs de l’époque, Johnny Hallyday, Sardou, Lenormand, Nino ferrer, et quand même Brel, Ferré, Maxime Le Forestier et Piaf pour faire monter la moyenne. Il me donna un jour un album d’un auteur-compositeur-chanteur que je connaissais pas du tout en me disant ceci : « Ëcoutes bien cet abum, il te plaira peut-être » : il s’appelait « HARVEST » et l’auteur était un certain NEIL YOUNG. Du reste sur la pochette il y avait d’inscrit « GP DE L’ACADËMIE CHARLES CROS » : lorsque j’arrivais chez moi ce soir là je l’écoutais, le

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premier morceau était « Out on the week-end » et je fus subjugué par cette chanson bien rythmée et avec une introduction et un final à l’harmonica époustoufflant, mélée de mélancolie et de nostalgie : une histoire d’amour était en train de naître et je ne savais pas encore à l’âge de seize ans que cet artiste allait s’infiltrer dans ma vie pendant quarante années. Ä ce jour je n’avais jamais écouté quelque chose d’aussi beau, d’aussi étrange, chargé d’émotion avec une voix haut perchée et dégageant une émotion très forte, dans la musique aux accords de guitare tellement géniaux et aux textes que je comprenais un peu qui parlaient de l’amour et des chansons parlant du sujet délicat de la drogue et des junkies.

Je remerciais Maurice de m’avoir fait connaître ce chanteur canadien mais qui s’était installé en Californie, qui était le fils d’un célèbre reporter sportif Scott Young, et sa maman était issue d’une tribue indienne iroquoise : il était déjà une légende dans la musique contemporaine depuis les années 1965 et 1966, pourtant je n’en n’avais jamais entendu parlé jusqu’alors. Maurice arriva un autre jour en m’apportant un second album de Neil Young qui précédait chronologiquement « harvest » car il datait de 1969 et qui s’intitulait « After the goldrush » : ce fut alors le coup de foudre : il était encore un bien meilleur album que harvest, l’album de 1970 pourtant qui deviendra le best-seller, et je m’en imprégnais tous les soirs devant toutes les belles mélodies que