Des céphalées chez l’enfant : apport de médicaments d’origine végétale

5
Des céphalées chez l'enfant : apport de médicaments d'origine végétale Using plant-based medication to relieve headaches in children 38, cours des Girondins, 33500 Libourne, France Disponible en ligne sur ScienceDirect le xxx P uisque, comme le dit D. Annequin, « la prise en charge de la douleur est une obligation éthique intégrée dans un cadre législatif », tous les moyens thérapeu- tiques sont utiles pour soulager au mieux nos patients. Pour les céphalées ou les migraines, aux trai- tements médicamenteux sont actuellement associées des thérapeutiques comportemen- tales, dont font partie la relaxation et l'hyp- nose, pour permettre ainsi une efcacité sur les diverses composantes de la douleur et soulager ces patients. Les traitements sont donc pluriels et l'homéopathie trouve ici sa place, soit dans le traitement de la crise, soit comme un remède de fond de l'individu. À partir de quatre observations, nous verrons comment des médicaments homéopathiques d'origine végétale peuvent calmer ces patients, les apaiser et leur laisser entrevoir une possibilité de guérison. Qu'il s'agisse de céphalées, mot venant du grec kephalê « tête », ou de névralgie mot venant de la racine indo-européenne « ler » et du grec « neuron »« bre », ou de migrai- nes passant à la chronicité « hemikrania » ou « douleur dans la moitié de la tête », l'inter- rogatoire homéopathique s'attache à ce que va dire le patient. C'est à partir de ses « mots » pour nous décrire ses « maux », de certaines sensations particulières, de cer- taines modalités (horaire, localisation...) que le remède apparaît, en prenant soin à chaque consultation de reprendre cet interrogatoire, de le compléter et d'ajouter tous les signes cliniques observables. REVHOM 150 No. of Pages 5 Catherine Voineau (pédiatre homéopathe) Mots clés Céphalées Cyclamen europaeum Gelsemium sempervirens Helleborus nigra Homéopathie Iris versicolor Névralgies faciales Paris quadrifolia Prunus spinosa Spigelia anthelmia Keywords Cyclamen europaeum Gelsemium sempervirens Headaches Helleborus nigra Homeopathy Iris versicolor Paris quadrifolia Prunus spinosa Spigelia anthelmia Trigeminal neuralgia Adresse e-mail : catherine.voineau@club- internet.fr RÉSUMÉ Les remèdes homéopathiques végétaux pourraient-ils mieux soulager les patients céphalalgi- ques ? Auraient-ils en commun cette hypersensibilité à tous les stimuli nociceptifs ? À partir de quelques observations, nous verrons comment quelques simples plantes parfois très discrètes sont capables d'améliorer nos patients et de leur permettre d'envisager sinon la guérison, au moins un apaisement, une accalmie. Ces remèdes peuvent s'avérer utiles à la fois lors des accès aigus ou pour améliorer le terrain anxieux sous-jacent. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. SUMMARY Could plant-based homeopathic remedies offer better relief for patients with headaches? Do they have in common this hypersensitivity to all nociceptive stimuli? Based on some observations, we will see how some simple, often little-known, plants are able to improve our patients' condition and enable them to envisage, if not a cure, at least some soothing relief. These remedies can prove benecial both with acute bouts and in improving the underlying anxiety. © 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. La Revue d'Homéopathie 2014;xx:15 Pratiques Pour citer cet article : Voineau C. Des céphalées chez l'enfant : apport de médicaments d'origine végétale. La Revue d'Homéopathie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.revhom.2014.04.004 http://dx.doi.org/10.1016/j.revhom.2014.04.004 © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. 1

Transcript of Des céphalées chez l’enfant : apport de médicaments d’origine végétale

Page 1: Des céphalées chez l’enfant : apport de médicaments d’origine végétale

REVHOM 150 No. of Pages 5

La Revue d'Homéopathie 2014;xx:1–5 Pratiques

Des céphalées chez l'enfant : apportde médicaments d'origine végétale

Using plant-based medication to relieve headaches inchildren

Catherine Voineau

38, cours des Girondins, 33500 Libourne, France (pédiatre homéopathe)

Disponible en ligne sur ScienceDirect le xxx

Mots clésCéphaléesCyclamen europaeumGelsemium sempervirensHelleborus nigraHoméopathieIris versicolorNévralgies facialesParis quadrifoliaPrunus spinosaSpigelia anthelmia

KeywordsCyclamen europaeumGelsemium sempervirensHeadachesHelleborus nigraHomeopathyIris versicolorParis quadrifoliaPrunus spinosa

RÉSUMÉLes remèdes homéopathiques végétaux pourraient-ils mieux soulager les patients céphalalgi-ques ? Auraient-ils en commun cette hypersensibilité à tous les stimuli nociceptifs ? À partir dequelques observations, nous verrons comment quelques simples plantes parfois très discrètessont capables d'améliorer nos patients et de leur permettre d'envisager sinon la guérison, aumoins un apaisement, une accalmie. Ces remèdes peuvent s'avérer utiles à la fois lors des accèsaigus ou pour améliorer le terrain anxieux sous-jacent.© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

SUMMARYCould plant-based homeopathic remedies offer better relief for patients with headaches? Do theyhave in common this hypersensitivity to all nociceptive stimuli? Based on some observations, wewill see how some simple, often little-known, plants are able to improve our patients' conditionand enable them to envisage, if not a cure, at least some soothing relief. These remedies canprove beneficial both with acute bouts and in improving the underlying anxiety.© 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

uisque, comme le dit D. Annequin, « la d'origine végétale peuvent calmer ces Spigelia anthelmia

Trigeminal neuralgia

Adresse e-mail :[email protected]

P prise en charge de la douleur est uneobligation éthique intégrée dans un

cadre législatif », tous les moyens thérapeu-tiques sont utiles pour soulager au mieux nospatients.Pour les céphalées ou les migraines, aux trai-tements médicamenteux sont actuellementassociées des thérapeutiques comportemen-tales, dont font partie la relaxation et l'hyp-nose, pour permettre ainsi une efficacité surles diverses composantes de la douleur etsoulager ces patients. Les traitements sontdonc pluriels et l'homéopathie trouve ici saplace, soit dans le traitement de la crise, soitcomme un remède de fond de l'individu. Àpartir de quatre observations, nous verronscomment des médicaments homéopathiques

Pour citer cet article : Voineau C. Des cépRevue d'Homéopathie (2014), http://dx.do

http://dx.doi.org/10.1016/j.revhom.2014.04.004© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

patients, les apaiser et leur laisser entrevoirune possibilité de guérison.Qu'il s'agisse de céphalées, mot venant dugrec kephalê « tête », ou de névralgie motvenant de la racine indo-européenne « filer »et du grec « neuron » « fibre », ou de migrai-nes passant à la chronicité « hemikrania » ou« douleur dans la moitié de la tête », l'inter-rogatoire homéopathique s'attache à ce queva dire le patient. C'est à partir de ses« mots » pour nous décrire ses « maux »,de certaines sensations particulières, de cer-taines modalités (horaire, localisation. . .) quele remède apparaît, en prenant soin à chaqueconsultation de reprendre cet interrogatoire,de le compléter et d'ajouter tous les signescliniques observables.

halées chez l'enfant : apport de médicaments d'origine végétale. Lai.org/10.1016/j.revhom.2014.04.004

1

Page 2: Des céphalées chez l’enfant : apport de médicaments d’origine végétale

REVHOM 150 No. of Pages 5

Figure 1. Iris versicolor ou glaieul bleu.© Danielle Langlois

Figure 2. Cyclamen purpurascens ou europaeum.© BerndH

C. VoineauPratiques

QUATRE OBSERVATIONS CLINIQUES

Après ces quatre observations, nous donnerons pour chaqueremède les symptômes principaux (3e et 4e degrés du réper-toire de Kent).

Observation de Léon

Léon est un adolescent de 13 ans que je suis depuis l'enfanceet chez lequel il existe desantécédents d'allergies, de pousséesd'urticaire sans étiologie précise. Timide, réservé, émotif avecune surcharge pondérale qui le déstabilise un peu, il n'a jamaisété très à l'aise en collectivité, source de stress et de difficultésd'endormissement. C'est pourtant un bon élève, qui pratique durugby,maisqui nepeut s'exprimeroralement ; sa timiditéenversles adultes empêche toute communication.Avec l'arrivée au collège, ont commencé des céphalées deplus en plus fréquentes associées à des douleurs diffusesobligeant sa maman à venir le chercher fréquemment à l'infir-merie. Il se sent perdu dans cet établissement et donc bienuniquement à la maison.Un matin, sa maman m'appelle, car il ne peut partir, présentantdepuis le lever des nausées et surtout une vision floue de l'œildroit ; il se cache l'œil en permanence et est très inquiet demême que sa famille.Un examen ophtalmologique est demandé en urgence demême qu'une IRM cérébrale ; les examens reviennent nor-maux, ce qui rassure un peu, mais ne résout en rien lesdifficultés de Léon. De première intention et en urgence, j'aiprescris Iris versicolor 7 CH sur la notion de vision floue,associée à Gelsemium 30 CH sans grande efficacité.Voyant ensuite Léon plus longuement en consultation, je pre-scrisCyclamen en dose échelles de la 9 à la 30 CH : ce qui val'améliorer et lui permettre de reprendre une vie scolaire nor-male. Je n'ai pas eu d'appels de la maman jusqu'à la sortie desclasses.� Iris versicolor (Fig. 1). Ce médicament est préparé à partird'une plante de la famille des iridacées, le glaïeul bleu.Remède de migraine des intellectuels, tous les huit joursaprès un effort intellectuel soutenu ; le fait le plus remar-quable est sa survenue non pas lors de l'effort, mais aprèsque le sujet se soit détendu :� avec une vue obscurcie, en 3e degré en remède unique(RU) avant et pendant la céphalée ;

� vision trouble du côté droit avant la crise (3e degé en RU) ;� des pulsations du front (3e degré en RU) ;� des douleurs aveuglantes avec une note digestive (éruc-tations, renvois aigres, nausées constantes, vomisse-ments occasionnels) et parfois une diarrhée nocturne.

� Cyclamen europaeum (Fig. 2). Cemédicament est préparéà partir du cyclamen, aussi appelé pain de pourceau, et il faitpartie de la famille des primulacées. C'est un remèded'enfant secret, proche de Pulsatilla, mais plus frileux (aver-sion pour le grand air), avec une grande fatigabilité, unetendance anémique, qui se plaint de multiples maux, Cycla-men « ne veut pas guérir ». Les symptômes mentaux au 2e

degré retrouvent :� sentiment d'abandon ; de chagrin silencieux ; l'illusiond'être abandonné, persécuté ; une tristesse, une moro-sité, une irritabilité pour des futilités au réveil ; des pleursfaciles, il est aggravé par les pleurs (Natrum muriaticum)et amélioré en étant seul ; de l'aversion pour sortir de chezlui (Sepia au 3e degré) ; une tendance à l'hypochondrie ;

2

Pour citer cet article : Voineau C. Des céphalées chez l'eRevue d'Homéopathie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j

� pour les symptômes locaux, nous trouvons des vertigesavec vision obscurcie ; un vertige rotatoire, tout sembletourner en cercle ; la sensation d'avoir une calotte sur lecrâne ; une douleur le matin au lever, douleur des tem-pes ; une vue obscurcie pendant la céphalée, pendant levertige et au réveil.

Observation d'Anna

Il s'agit d'une fille envoyée pour la prise en charge de névral-gies typiques d'Arnold. Elle parle spontanément de son

nfant : apport de médicaments d'origine végétale. La.revhom.2014.04.004

Page 3: Des céphalées chez l’enfant : apport de médicaments d’origine végétale

REVHOM 150 No. of Pages 5

Figure 3. Prunus spinosa ou prunellier.© Opiola Jerzy

Figure 4. Paris Quadrifolia ou parisette à quatre feuilles.© George Chernilevsky

La Revue d'Homéopathie 2014;xx:1–5 Pratiques

enfance difficile, de la séparation de ses parents et des diffi-cultés relationnelles persistantes avec son père. Elle resteaussi marquée par une chute de cheval vers 8 ans dont elleconserve encore de temps en temps des douleurs cervicales.Une hémicrânie droite est apparue trois jours après le décèsde son grand-père avec une douleur unilatérale de la têteà droite et surtout de l'œil droit « comme s'il allait être arra-ché ». Devant l'intensité de la douleur, elle est amenée par samère aux urgences. Elle est revue plusieurs fois par un spé-cialiste qui porte le diagnostic de migraine accompagnée et untraitement par tramadol est mis en place. Il va atténuer lescrises, mais ne fait pas disparaître la symptomatologie.Lors de notre première rencontre, très algique, elle a desdifficultés à préciser ce qu'elle ressent : une douleur traversantle cerveau du front vers l'arrière et surtout une sensationdésagréable de l'œil droit. Une prescription de Prunus spinosan'apporte aucune amélioration nette, mais en raison des antal-giques allopathiques pris, il n'est pas aisé d'être objectif.À la consultation suivante, Anna revient sur sa description,nous prenons tout le temps nécessaire et je remarquecombien elle est bavarde et a besoin qu'on l'écoute : « Enpermanence, dit-elle, elle ressent des douleurs du dos essen-tiellement cervicales avec l'impression d'avoir un poids dans lanuque, dans les épaules. D'ailleurs depuis peu un médecin luia demandé de porter une minerve. »Elle me dit également qu'elle a l'impression que son cerveauest trop gros comme s'il voulait sortir du crâne et que parmoment lors d'accès aigus, cette douleur de l'œil lui donnel'impression d'avoir un fil ou une corde qui tire les yeux versl'arrière. Elle ressent aussi comme des picotements, des four-millements dans les doigts et le poignet surtout à droite.La prescription de Paris quadrifolia va lui permettre un soula-gement rapide ; elle le reprendra lors d'accès aigus et il luipermettra l'arrêt d'autres médicaments. Le remède a été pre-scrit en basse dilution de 7 puis en 9 CH, à raison de troisgranules, deux à trois fois par jour, et arrêté dès l'amélioration.Les dilutions auraient certainement pu être augmentées enraison des manifestations psychiques que nous allons préci-ser présentes chez cette patiente. Il est à regretter actuelle-ment l'absence de Paris quadrifolia sur le dernier listing desenregistrements homéopathiques, ce qui compliquera certai-nement sa prescription. Un suivi psychologique est alors pro-posé et encore poursuivi actuellement.Quelques symptômes pour ces deux remèdes :� Prunus spinosa (Fig. 3). Ce médicament est préparé à par-tir du prunellier qui est, dit le dicton, le messager du prin-temps : « Lorsque le prunellier qui a passé tout l'hiver aussisec qu'un squelette, se met à étinceler de mille et unefleurettes blanches, chacun sait que la résurrection pascalede la terre n'est pas loin. »Ce remède est indiqué en cas de :� douleur du front du côté droit s'étendant vers l'occiputà travers la tête (rubrique de deux remèdes avec Phos-phorus au 1er degré) ;

� élancements lancinants du front par-dessus les yeuxs'étendant vers l'occiput droit (3e degré en RU) ;

� douleur de l'œil au mouvement des yeux périodique,sensation d'éclatement, d'écrasement, piquante, lanci-nante dirigée en dedans.

� Paris quadrifolia (Fig. 4). Ce médicament est préparéà partir de la parisette à quatre feuilles, ou herbe à Paris,ou encore raisin de renard, fait partie de la famille dessmilacées. Ce remède est indiqué en cas de :

Pour citer cet article : Voineau C. Des céphalées chez l'eRevue d'Homéopathie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j

� sensation de tête augmentée de volume avec lacéphalée ;

� douleur tiraillante du front au-dessus des yeux exorbités ;� sensation d'avoir les yeux exorbités comme tirés par un filtendu à travers le globe oculaire avec vision faible(3e degré en RU) ; d'augmentation de volume de l'œil,de difficulté à fermer les yeux, de protrusion de l'œil, decontusion ;

� sensation de meurtrissure cervicale, de poids sur lanuque, de pesanteur cervicale.

Les symptômes mentaux retrouvés chez cette patiente sontessentiellement une grande loquacité. Pour Dufilho [3], cetteloquacité est différente de celle de Lachesis et d'Actea race-mosa ; une loquacité brusque par accès, même si elle estseule, et non une loquacité perpétuelle pour les deux autresremèdes.S'y ajoute le dédain : traite de façon suffisante et dédaigneuseceux qui l'entourent, mais nous retrouvons aussi : impression

3

nfant : apport de médicaments d'origine végétale. La.revhom.2014.04.004

Page 4: Des céphalées chez l’enfant : apport de médicaments d’origine végétale

REVHOM 150 No. of Pages 5

C. VoineauPratiques

d'être trop gros, sent des odeurs imaginaires, aversion pour letravail intellectuel et trouble du toucher et du tact.

Observation de Claire

Lorsque je la vois la première fois, Claire a 9 ans. Elle est suiviedepuis trois ans par un centre de la douleur pour migraines.De nombreux traitements ont été proposés dont des bêta-bloquants, du tramadol, tous plus ou moins efficaces, maissurtout responsables d'effets secondaires : c'est pourquoiClaire et sa maman s'orientent vers une autre approche.Il s'agit d'une enfant précoce qui, comme souvent, a bénéficiéde séances d'orthophonie pour dyslexie. Ses difficultés sco-laires sont majorées par une forte myopie. Fille unique, sonpère, très dépressif, a dû être hospitalisé à plusieurs reprisespour tentative de suicide. Actuellement, il suit une cure dedétoxication pour éthylisme et les crises algiques se manifes-tent souvent lors d'épisodes de violence paternelle.Ses crises sont toujours précédées de douleur dans la nuquecomme un poids qui remonte ensuite vers le crâne. Les dou-leurs se localisent ensuite dans tout le côté gauche de la face,surtout l'œil et la pommette gauche. S'y associent une pho-nophotophobie classique des migraines, une envie de vomiravec le besoin d'être dans le noir, sans bruit, isolée de tout, aumieux dans son lit ce qui explique un absentéisme scolaire quiinquiète la maman avec l'approche du collège.À deux reprises, le malaise a été plus intense avec une pâleur,des sueurs froides, des palpitations et de la faiblesse.Cette adolescente a vu ses crises se limiter grâce à l'utilisationde l'autohypnoseavecuneprescriptiondeSpigeliaen7 CHdèslespremiers signesdegêneetun traitement renouvelédeux foislors de moments familiaux conflictuels deGelsemium en doseshebdomadaires en 30 CH.Nous retiendrons juste quelques symptômes clés de ces deuxremèdes :� Spigelia anthelmia (Fig. 5). Ce médicament est préparéà partir de la spigélie ou herbe à La Brinvilliers qui fait partiede la famille des loganiacées. C'est avec elle que la mar-quise de Brinvilliers a empoisonné son père et ses frèresvers 1666. Ce remède est bien connu et utilisé chez lesenfants pâles, minces aux cheveux clairs, ayant peur desobjets pointus et atteints de vermiose ou de verrues desextrémités des orteils.C'est aussi un remède d'hémicrânie associée à des verti-ges, des palpitations et dont les modalités d'aggravationsont typiques des migraineux (mouvement, bruit..). Spigelia

Figure 5. Spigelia anthelmia ou spigélie.© Alex Popovkin

4

Pour citer cet article : Voineau C. Des céphalées chez l'eRevue d'Homéopathie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j

a été prescrit dans cette indication par Samuel Hahnemannet nous pouvons lire dans l'ouvrage deMax Tétau : « Mal detête siégeant à gauche, montant de la nuque vers la tempe,se déclenchant le matin pour s'atténuer le soir. »Nous le retrouvons à :� vertige en regardant vers le bas, en regardant fixement,en tournant les yeux ;

� douleur unilatérale, du côté gauche, le matin, en mar-chant, au mouvement, aggravée par les ébranlements,par le faux pas, en piétinant (3e degré en RU), pendant laselle (3e degré en RU) ;

� douleur déchirante aggravée par le bruit ; du front sousl'éminence frontale gauche s'étendant aux yeux ;

� sensation d'augmentation de volume de l'œil ;� douleur de l'œil et orbite à gauche ;� algie faciale, de l'œil gauche ; déchirante des mâchoiress'étendant vers l'oreille ;

� palpitations cardiaques avec anxiété.� Gelsemium sempervirens (Fig. 6). Ce médicament pré-paré à partir du jasmin jaune qui fait partie de la mêmefamille que Spigelia peut certainement être souvent associéchez ces sujets sensibles à tous stimuli violents, aux émo-tions soudaines, avec peur et angoisse.Ses symptômes psychiques retrouvent bien les principauxfacteurs déclenchants des migraines :� des troubles à la suite d'une frayeur, d'épreuve inhabi-tuelle, de mauvaises nouvelles (4e degré), d'anticipation(4e degré) ;

� caractère timoré, peur de paraître en public (4e degré) ;� trac avec anticipation ;� envie de calme (4e degré) ;� aversion pour la compagnie.

Nous retrouvons les principaux symptômes de ces douleursaccompagnées, avec :

� vertige accompagné de vue obscurcie, de titubation,aggravé couché sur le côté droit, amélioré en fermantles yeux ;

� vertige occipital, en tournant la tête, aux mouvementsrapides de la tête ;

Figure 6. Gelsemium sempervirens ou jasmin jaune.© H Zell

nfant : apport de médicaments d'origine végétale. La.revhom.2014.04.004

Page 5: Des céphalées chez l’enfant : apport de médicaments d’origine végétale

REVHOM 150 No. of Pages 5

Figure 7. Helleborus niger ou rose de Noël.© Archenzo Moggio

La Revue d'Homéopathie 2014;xx:1–5 Pratiques

� hyperémie de la tête, congestion comme serrée par unecorde ;

� douleur de la tête à devenir fou ; accompagnée de dou-leurs du cou ;

� impossibilité de tenir sa tête droite ; lourdeur amélioréepar la miction.

Observation (brève) de Gabin

Il est 17 heures 30 lorsque la maman de Gabin me téléphone,car son fils, âgé de 13 ans, présente depuis une heure unviolent mal à la tête. C'est un enfant brillant, très bon élève,mais aussi anxieux, rêveur avec des difficultés à se concen-trer. Il existe des antécédents migraineux et Gabin a déjà eudes céphalées avec précédemment un bilan clinique et desexamens ophtalmologiques normaux.Elle me demande un conseil rapide pour le soulager : commeje connais l'enfant et ses bilans antérieurs négatifs, je peux mepermettre de lui répondre et proposer une consultation rapidesuivant l'évolution.Gabin est pâle, nauséeux, fatigué avec un mal à la tête essen-tiellement du côté droit et il se plaint de mal y voir : « C'estcomme si j'avais un clou dans l'œil », dit-il.Une répertorisation rapideme donneHelleborus niger (Fig. 7)qui, prescrit en basse dilution, va rapidement le soulager.

CONCLUSION

Ce bref exposé a eu pour but de reprendre quelques symp-tômes-clés de remèdes utiles pour soulager les céphalées en

Pour citer cet article : Voineau C. Des céphalées chez l'eRevue d'Homéopathie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j

sachant que de nombreux autres auraient pu trouver leur placeici.Ces observations ont encore montré combien l'interrogatoire,répété à chaque consultation, et la recherche des signes lesplus spécifiques permettent de trouver le remède le plusadapté aux maux du patient.Pourquoi des remèdes seulement végétaux ? Ces plantesaussi belles que fragiles, soumises aux conditions climatiques,aux caprices de la nature et de l'homme, sont à l'image de cespatients hypersensibles aux émotions, à la lumière, aux bruits,à tous les stimuli nociceptifs.Cette relation entre sensibilité et remède végétal peut certai-nement permettre une première orientation dans la recherchedu remède susceptible d'aider au mieux un patient algique quidemande rapidement un soulagement.

Déclaration d'intérêtsL'auteur déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cetarticle.

POUR EN SAVOIR PLUS

Annequin D. T'as pas raison d'avoir mal! Le combat d'un médecincontre la douleur. Paris: Éditions La Martinière; 2002. p. 42

Boericke W. Matière médicale. 9e édition. Paris: Similia; 1997.Dufilho R. Les symptômes mentaux en homéopathie. Pau: Librairie

Marrimpouey; 1998.Grandgeorge Didier. L'homéopathie exactement: remède et connais-

sance. Tome 3. Paris: Edicomm: 1996; p. 102–110.

Kent JT. Répertoire de matière médicale homéopathique. 4e édition.Paris: Similia; 2004.

Kersten J. Ma pratique homéopathique au quotidien: 101 cas cliniques

commentés. Esneux: Éditions liégeoises d'homéopathie; 2002.Lathoud JA. Études de matière médicale homéopathique. Sainte-Foy-

les-Lyon: Boiron; 1998.Mora M. L'homéopathie exactement : clef pour le Kent. Paris: Edi-

comm; 1996. p. 175–177.Roberts HA. Les sensations « comme si ». Paris: Similia; 1990.TétauM. Hahnemann aux confins du génie. Paris: Similia; 1997. p. 90–

91.Vannier L. Précis de thérapeutique homéopathique. Sainte-Foy-les-

Lyon: Boiron; 1990. p. 464–472.

Von Lippe A. Symptômes-clés et traits principaux de la matière médi-cale. Esneux: Éditions liégeoises d'homéopathie; 2000. p. 295–297, 331–334, 565–567, 706–710.

5

nfant : apport de médicaments d'origine végétale. La.revhom.2014.04.004