DEBOUTCIV N°13 (Page 10)

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politique 10 LIBéRATION DE L’AFRIQUE : PERMETTEZ-NOUS D’EN DECOUDRE ! Cet Article 45ème de la Révolution Permanente s’est senti interpellé par les vieillards qui ne se gênent pas d’être candidats aux élections prési- dentielles en Afrique. Il amorce donc l’ouverture du Front panafricaniste de notre engagement révolutionnaire commun. Pour la libération de la Côte d’Ivoire, vous le comprendrez sous peu, « Tout est accompli ». Engageons-nous donc sur les autres fronts tenus par nos vaillants combat- tants du Cameroun, du Sénégal, du Togo, de la République Démocratique du Congo, pour ne citer que ceux-là. Chacun de ces fronts a sa réal- ité locale. Mais aujourd’hui, je m’adresse aux “pépés” candidats, ces arrières-grands-pères qui ne comprennent pas les enjeux qui se déroulent sous leurs yeux. Alors, mes chers pépés, qu’avez-vous oublié de faire pour votre pays depuis toutes ces années au pouvoir et qui vous oblige à vous présenter de nouveau ? Ou bien pensez-vous qu’il n’y a plus de bras valides dans le pays au point de vous sentir obligé de continuer à présider aux destinées de votre beau pays ? Votre attitude me surprend. Elle me déconcerte même. Parce que je ne vous comprends pas. Et personne ne peut vous comprendre. C’est vous qui nous l’avez appris : avec l’âge, l’homme perd la plupart de ses capacités. Les femmes cessent d’être fécondes. Les hommes perdent leur virilité. La prostate tombe irrémédiable- ment en panne et finit à la fourrière, je dirai au cimetière. La mémoire reste parfois intacte. Mais la capacité d’appréhender les choses du quotidien, le monde moderne et les efforts d’adaptation qu’il implique peuvent faire grandement défaut avec le poids de l’âge. On dit même que vieillard, on redevient enfant. Or vous savez que les enfants ont besoin d’assis- tance. C’est pourquoi on ne confie aucune re- sponsabilité importante à aucun enfant. On ne prend même pas le risque de laisser un enfant traverser seul la route. Parce qu’il n’a pas les bons réflexes. Vous savez tout ça. Et pourtant, vous décidez de représenter les intérêts du pays en vous portant candidat. Qu’est-ce qui ne va pas pépés ? Croyez-vous que vos petits fils et enfants que nous sommes, n’avons pas encore atteint la ma- turité nécessaire ? Ou bien quand une amie me dit que les pépés sont têtus, c’est la vérité qu’elle dit ? Eh oui, je m’en rends bien compte. Comme des enfants “déséduqués”, certains pépés sont très têtus. Ils n’en font qu’à leur tête. Mais vous rendez-vous compte que cette forme de délinquance gérontocratique pause problème à l’Afrique ? Des défis nouveaux s’im- posent à notre beau Continent. Berceau des richesses du monde, l’homme blanc qui lui avait imposé le trafic d’êtres humains, l’esclavage, les travaux forcés, la colonisation, les coups d’É- tat, veut de nouveau le recoloniser. Cette fois- ci, il y va avec des gros moyens parce que la pauvreté qui le menace lui a fait perdre tout son bon sens. Il est devenu fou. Et il tue sans état d’âme les bébés, femmes enceintes, enfants, je- unes, adultes, pour pouvoir prendre le contrôle des richesses du sous-sol. Mais pépés, ce genre de défis, il faut des bras valides pour les relever ! Je sais que vous avez été de la lutte pour les in- dépendances. Mais à cette époque, vous étiez dans la fleur de l’âge, je veux dire vous étiez des jeunes gens forts à l’esprit fort et à l’engage- ment sans limite. Et à cette époque, l’homme blanc utilisait des carabines pour rudoyer l’Africain colonisé. Mais aujourd’hui, il utilise des missiles sol-sol, sol-air, des avions de guerre, des bateaux de guerre ; il bombarde tout : les hôpitaux, les marchés, les résidences, … Je vous dis qu’il est devenu fou ! S’il vous plaît pépés, si vous vous retirez main- tenant, vos petits fils et enfants que nous sommes auront le temps de réagir à temps. Sinon, il sera trop tard après. Nous reconnais- sons tout ce que vous avez fait pour nous, pour nos pays. C’est vrai, vous avez confondu parfois vos comptes bancaires familiaux avec les caisses de l’État. Ce n’est pas bien grave ! Houphouët Boigny, le premier Président de la Côte d’Ivoire, a dit qu’on ne regarde pas dans la bouche de celui qui grille les arachides. Alors sérénité pépés ! Personne ne vous inquiétera. Ce que nous essayons de vous dire, c’est que notre Continent est agressé de nouveau et nous voulons nous battre pour éloigner l’agresseur. Et pour gagner ce combat sans merci que nous voulons livrer, nous avons besoin de bras valides. Or ce critère vous fait défaut. Le blanc est manipulateur. Il divise pour régner. Il vous fait croire que vous êtes le garant de stabilité du pays et que si vous vous retirez, les appétits affichés par les opposants à votre régime ainsi que l’arrivisme de ceux qui vous entourent pour faire le sale boulot, provoqueront une conflagra- tion sociale. C’est faux ! Le pays ne tombera pas dans la guerre civile si vous partez vivant du pouvoir et encadrez en toute objectivité, l’ardeur des jeunes que nous sommes. Mais je vous supplie à genoux : ne vous obstinez pas à rester au pouvoir, à être de nouveau candidat, fragilisant ainsi notre capacité de faire front et de faire face. Aujourd’hui, je vous parle avec circonspection. Je vous dorlote comme un enfant récalcitrant que je veux dompter. Et pourtant je sais que vous avez perdu votre fougue. Mais à l’impossi- ble, nul n’est tenu. Si vous ne voulez pas enten- dre raison, sachez que nous ne vous laisserons pas sacrifier notre liberté à vos prestiges de vieillards assoiffés d’honneur et égoïstes. Qu’est-ce que vous croyez !? Que vous allez mourir tranquillement au pouvoir pendant que l’Afrique se fait recoloniser ? Votre posture méchante et égoïste nous oblige à adopter une posture révolutionnaire contre votre comporte- ment d’empêcheurs de Révolution. Pour vous, ce combat n’a aucun intérêt. Cela fait quelques décennies déjà, que vous avez dépassé l’e- spérance de vie. Et vous êtes convaincus qu’avec la tension artérielle instable, la prostate en panne, les problèmes cardiaques, le diabète incurable, vos chances sont grandes de ne pas vivre la recolonisation de l’Afrique. Mais pépés, ce n’est bien de penser ainsi ! Ce n’est pas bien de nous laisser dans l’humiliation de la domina- tion de l’homme blanc avant de vous en aller ! Je pense, mes chers pépés, que l’heure est venue pour vous de rendre un ultime service à vos petits fils et enfants que nous sommes. Vous n’avez rien oublié depuis que vous êtes au pouvoir. Je dirai que vous avez tout fait en mal comme en bien. Cependant, l’héritage que nous attendons de vous, celui-là qui nous permettra de connaître le vrai bonheur : c’est votre déci- sion de vous retirer afin de nous laisser nous battre contre l’envahisseur et le pillard blanc. Si vous ne le faites pas pour nous, nous allons vous l’imposer. Et advienne que pourra. Parce que l’Afrique libre, c’est notre défi, c’est le sens de notre combat, c’est l’aboutissement attendu de notre Révolution ! A très bientôt. ▉Hassane Magued

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Alors, mes chers pépés, qu’avez-vous oublié de faire pour votre pays depuis toutes ces années au pouvoir et qui vous oblige à vous présenter de nouveau ? Ou bien pensez-vous qu’il n’y a plus de bras valides dans le pays au point de vous sentir obligé de continuer à présider aux destinées de votre beau pays ? ▉Hassane Magued A très bientôt.

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LIBéRATION DE L’AFRIQUE :

PERMETTEZ-NOUS D’EN DECOUDRE !

Cet Article 45ème de la Révolution Permanentes’est senti interpellé par les vieillards qui ne segênent pas d’être candidats aux élections prési-dentielles en Afrique. Il amorce donc l’ouverturedu Front panafricaniste de notre engagementrévolutionnaire commun. Pour la libération de laCôte d’Ivoire, vous le comprendrez sous peu, «Tout est accompli ». Engageons-nous donc surles autres fronts tenus par nos vaillants combat-tants du Cameroun, du Sénégal, du Togo, de laRépublique Démocratique du Congo, pour neciter que ceux-là. Chacun de ces fronts a sa réal-ité locale. Mais aujourd’hui, je m’adresse aux“pépés” candidats, ces arrières-grands-pèresqui ne comprennent pas les enjeux qui sedéroulent sous leurs yeux.

Alors, mes chers pépés, qu’avez-vous oublié defaire pour votre pays depuis toutes ces annéesau pouvoir et qui vous oblige à vous présenterde nouveau ? Ou bien pensez-vous qu’il n’y aplus de bras valides dans le pays au point devous sentir obligé de continuer à présider auxdestinées de votre beau pays ?

Votre attitude me surprend. Elle me déconcertemême. Parce que je ne vous comprends pas. Etpersonne ne peut vous comprendre. C’est vousqui nous l’avez appris : avec l’âge, l’hommeperd la plupart de ses capacités. Les femmescessent d’être fécondes. Les hommes perdentleur virilité. La prostate tombe irrémédiable-ment en panne et finit à la fourrière, je dirai aucimetière. La mémoire reste parfois intacte.Mais la capacité d’appréhender les choses duquotidien, le monde moderne et les effortsd’adaptation qu’il implique peuvent fairegrandement défaut avec le poids de l’âge. Ondit même que vieillard, on redevient enfant. Orvous savez que les enfants ont besoin d’assis-tance. C’est pourquoi on ne confie aucune re-

sponsabilité importante à aucun enfant. On neprend même pas le risque de laisser un enfanttraverser seul la route. Parce qu’il n’a pas lesbons réflexes. Vous savez tout ça. Et pourtant,vous décidez de représenter les intérêts du paysen vous portant candidat. Qu’est-ce qui ne vapas pépés ?

Croyez-vous que vos petits fils et enfants quenous sommes, n’avons pas encore atteint la ma-turité nécessaire ? Ou bien quand une amie medit que les pépés sont têtus, c’est la véritéqu’elle dit ? Eh oui, je m’en rends bien compte.Comme des enfants “déséduqués”, certainspépés sont très têtus. Ils n’en font qu’à leurtête. Mais vous rendez-vous compte que cetteforme de délinquance gérontocratique pauseproblème à l’Afrique ? Des défis nouveaux s’im-posent à notre beau Continent. Berceau desrichesses du monde, l’homme blanc qui lui avaitimposé le trafic d’êtres humains, l’esclavage,les travaux forcés, la colonisation, les coups d’É-tat, veut de nouveau le recoloniser. Cette fois-ci, il y va avec des gros moyens parce que lapauvreté qui le menace lui a fait perdre tout sonbon sens. Il est devenu fou. Et il tue sans étatd’âme les bébés, femmes enceintes, enfants, je-unes, adultes, pour pouvoir prendre le contrôledes richesses du sous-sol. Mais pépés, ce genrede défis, il faut des bras valides pour les relever!

Je sais que vous avez été de la lutte pour les in-dépendances. Mais à cette époque, vous étiezdans la fleur de l’âge, je veux dire vous étiez desjeunes gens forts à l’esprit fort et à l’engage-ment sans limite. Et à cette époque, l’hommeblanc utilisait des carabines pour rudoyerl’Africain colonisé. Mais aujourd’hui, il utilise desmissiles sol-sol, sol-air, des avions de guerre,des bateaux de guerre ; il bombarde tout : les

hôpitaux, les marchés, les résidences, … Je vousdis qu’il est devenu fou !

S’il vous plaît pépés, si vous vous retirez main-tenant, vos petits fils et enfants que noussommes auront le temps de réagir à temps.Sinon, il sera trop tard après. Nous reconnais-sons tout ce que vous avez fait pour nous, pournos pays. C’est vrai, vous avez confondu parfoisvos comptes bancaires familiaux avec lescaisses de l’État. Ce n’est pas bien grave !Houphouët Boigny, le premier Président de laCôte d’Ivoire, a dit qu’on ne regarde pas dans labouche de celui qui grille les arachides. Alorssérénité pépés ! Personne ne vous inquiétera.Ce que nous essayons de vous dire, c’est quenotre Continent est agressé de nouveau et nousvoulons nous battre pour éloigner l’agresseur.Et pour gagner ce combat sans merci que nousvoulons livrer, nous avons besoin de brasvalides. Or ce critère vous fait défaut. Le blancest manipulateur. Il divise pour régner. Il vousfait croire que vous êtes le garant de stabilitédu pays et que si vous vous retirez, les appétitsaffichés par les opposants à votre régime ainsique l’arrivisme de ceux qui vous entourent pourfaire le sale boulot, provoqueront une conflagra-tion sociale. C’est faux ! Le pays ne tombera pasdans la guerre civile si vous partez vivant dupouvoir et encadrez en toute objectivité,l’ardeur des jeunes que nous sommes. Mais jevous supplie à genoux : ne vous obstinez pas àrester au pouvoir, à être de nouveau candidat,fragilisant ainsi notre capacité de faire front etde faire face.

Aujourd’hui, je vous parle avec circonspection.Je vous dorlote comme un enfant récalcitrantque je veux dompter. Et pourtant je sais quevous avez perdu votre fougue. Mais à l’impossi-ble, nul n’est tenu. Si vous ne voulez pas enten-dre raison, sachez que nous ne vous laisseronspas sacrifier notre liberté à vos prestiges devieillards assoiffés d’honneur et égoïstes.Qu’est-ce que vous croyez !? Que vous allezmourir tranquillement au pouvoir pendant quel’Afrique se fait recoloniser ? Votre postureméchante et égoïste nous oblige à adopter uneposture révolutionnaire contre votre comporte-ment d’empêcheurs de Révolution. Pour vous,ce combat n’a aucun intérêt. Cela fait quelquesdécennies déjà, que vous avez dépassé l’e-spérance de vie. Et vous êtes convaincusqu’avec la tension artérielle instable, la prostateen panne, les problèmes cardiaques, le diabèteincurable, vos chances sont grandes de ne pasvivre la recolonisation de l’Afrique. Mais pépés,ce n’est bien de penser ainsi ! Ce n’est pas biende nous laisser dans l’humiliation de la domina-tion de l’homme blanc avant de vous en aller !

Je pense, mes chers pépés, que l’heure estvenue pour vous de rendre un ultime service àvos petits fils et enfants que nous sommes.Vous n’avez rien oublié depuis que vous êtes aupouvoir. Je dirai que vous avez tout fait en malcomme en bien. Cependant, l’héritage que nousattendons de vous, celui-là qui nous permettrade connaître le vrai bonheur : c’est votre déci-sion de vous retirer afin de nous laisser nousbattre contre l’envahisseur et le pillard blanc. Sivous ne le faites pas pour nous, nous allonsvous l’imposer. Et advienne que pourra. Parceque l’Afrique libre, c’est notre défi, c’est le sensde notre combat, c’est l’aboutissement attendude notre Révolution !

A très bientôt.

▉Hassane Magued