DEBOUTCIV N°9 - COTE D IVOIRE LE PAYS OU LE SILENCE FAIT LOI 2

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politique 7 la rue ou d’abattre I.B. pour l’empêcher de parler? Ils sèment la terreur, ont pillé toutes les administrations, les villas cos- sues. C’est d’ailleurs au passage la preuve que le vote dans le Nord était un vol man- ifeste; qui aurait osé exprimer un avis contraire à ces hommes ivres de violence et d’alcool? On ne parlera même pas ici des meurtres perpétrés un temps sur les ethnies qui seraient proches de Laurent Gbagbo… On a créé des monstres; comment s’en débarrasser? Les principaux généraux de Gbagbo ont fait allégeance —par néces- sité ou par choix— mais leurs troupes ne veulent pas spécialement travailler à côté de leurs fossoyeurs. Il est encore trop tôt. Réconciliation: quelle légitimité? L’administration est en panne, en dépit des appels à la reprise du travail. Et l’ar- mée française s’est vue contrainte de sécuriser des banques le jour de la paie pour éviter de voir ses alliés piquer dans les caisses… Quelle marge de manœuvre possède Alassane Ouattara, ce président imposé par la France? Ses appels au calme, à la paix sont nécessaires, mais pas suffisants. Il sera jugé sur des actes, pas sur des paroles. L’enfermement de Gbagbo est une erreur stratégique à l’heure de la réconciliation : son ennemi est devenu son allié le plus puissant, le plus sûr. Peut-être le seul Le choix de Charles Konan Banny, membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) anti-Gbagbo, comme président d’une Commission vérité et réconciliation participe de ces décisions iniques : on ne prend pas un homme aussi marqué poli- tiquement pour apaiser les tensions. En Afrique du Sud, Desmond Tutu avait une immense légitimité en prenant la tête de cette même commission, dont les travaux ont duré trois ans. Il faut d’ailleurs absol- ument lire le texte de Thabo Mbeki, l’an- cien président de la «nation arc-en-ciel». Il a travaillé sur la crise pendant des an- nées, en connaît les ressorts et les hommes. Je n’ai pas évoqué Nicolas Sarkozy, le président français, celui qui a amené et orchestré le chaos. Sa femme laissait échapper des larmes sur la mort de Français dans un attentat à Marrakech. Sait-elle seulement que des centaines de patriotes ivoiriens sont tombés sous le feu de leurs soldats? Cela vaut peut-être aussi quelques larmes… François Leclerc Journaliste: Notre Voie Rejoignez DEBOUTCIV sur facebook

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7 Je n’ai pas évoqué Nicolas Sarkozy, le président français, celui qui a amené et orchestré le chaos. Sa femme laissait échapper des larmes sur la mort de Français dans un attentat à Marrakech. Sait-elle seulement que des centaines de patriotes ivoiriens sont tombés sous le feu de leurs soldats? Cela vaut peut-être aussi quelques larmes… L’administration est en panne, en dépit █François Leclerc Journaliste: Notre Voie

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politique 7

la rue ou d’abattre I.B. pour l’empêcherde parler? Ils sèment la terreur, ont pillétoutes les administrations, les villas cos-sues. C’est d’ailleurs au passage la preuveque le vote dans le Nord était un vol man-ifeste; qui aurait osé exprimer un aviscontraire à ces hommes ivres de violenceet d’alcool?

On ne parlera même pas ici des meurtresperpétrés un temps sur les ethnies quiseraient proches de Laurent Gbagbo… Ona créé des monstres; comment s’endébarrasser? Les principaux généraux deGbagbo ont fait allégeance —par néces-sité ou par choix— mais leurs troupes neveulent pas spécialement travailler à côtéde leurs fossoyeurs. Il est encore trop tôt.

Réconciliation: quellelégitimité?

L’administration est en panne, en dépit

des appels à la reprise du travail. Et l’ar-mée française s’est vue contrainte desécuriser des banques le jour de la paiepour éviter de voir ses alliés piquer dansles caisses… Quelle marge de manœuvrepossède Alassane Ouattara, ce présidentimposé par la France? Ses appels aucalme, à la paix sont nécessaires, maispas suffisants. Il sera jugé sur des actes,pas sur des paroles. L’enfermement deGbagbo est une erreur stratégique àl’heure de la réconciliation : son ennemiest devenu son allié le plus puissant,

le plus sûr. Peut-être leseul

Le choix de Charles Konan Banny, membredu Parti démocratique de Côte d’Ivoire(PDCI) anti-Gbagbo, comme présidentd’une Commission vérité et réconciliationparticipe de ces décisions iniques : on neprend pas un homme aussi marqué poli-

tiquement pour apaiser les tensions. EnAfrique du Sud, Desmond Tutu avait uneimmense légitimité en prenant la tête decette même commission, dont les travauxont duré trois ans. Il faut d’ailleurs absol-ument lire le texte de Thabo Mbeki, l’an-cien président de la «nation arc-en-ciel».Il a travaillé sur la crise pendant des an-nées, en connaît les ressorts et leshommes.

Je n’ai pas évoqué Nicolas Sarkozy, leprésident français, celui qui a amené etorchestré le chaos. Sa femme laissaitéchapper des larmes sur la mort deFrançais dans un attentat à Marrakech.Sait-elle seulement que des centaines depatriotes ivoiriens sont tombés sous le feude leurs soldats? Cela vaut peut-être aussiquelques larmes…

█ François Leclerc Journaliste: Notre Voie

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