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a mondialisation politique, écono- mique et culturelle de la dernière décennie après la chute du Mur de Berlin et celle des Tours de New York ont fait de la période actuelle une période de profondes mutations qui représentent des menaces mais aussi des opportunités. Malgré la défaite des projets de grande envergure ( le développe- ment du tiers-monde et la démocratisation des régimes politiques de la planète ) et même si la mondialisation néolibérale représente indiscutablement une tendance forte et durable, le rapport des forces en présence n'est pas à sens unique pour autant. La conjoncture internationale est en effet incer- taine et instable et un mouvement citoyen international a ouvert une brèche, notam- ment à partir du Forum social mondial et l'émergence de nouveaux réseaux internatio- naux d'économie sociale et de développement local. Prochain rendez-vous : Dakar au Sénégal en novembre prochain où près de 1 000 personnes en provenance des centaines d'organisations de quelques 75 pays sont attendues. Le Québec y sera bien représenté car « l'in- ternationalisation de l'économie sociale est une des réponses nécessaires à la mondialisa- tion néolibérale » de dire Gérald Larose à l'ou- verture de l'Université d'été du GESQ les 9 et 10 juin dernier à l'UQAM, laquelle accueillait quelques 200 personnes venues de tous les coins du Québec pour deux jours de réflexion et de préparation pour Dakar. Ce cahier spécial de RÉSEAUX veut rendre compte de ce qui bouge autour de cette 3 e grande rencontre internationale de globalisa- tion des solidarités ( initiée par des Péruviens en 1997 et relayée par des Québecois en 2001 ). Ce cahier a été rendu possible grâce au soutien d'une douzaine de partenaires. Produit sous la coordination de la CRDC en collaboration avec le GESQ, il veut faire connaître les avan- cées de l'économie sociale et solidaire québé- coise en matière de solidarité internationale. Il servira non seulement de référence pour le lectorat québécois de RÉSEAUX mais aussi de carte de visite puisqu'il sera distribué aux par- ticipants de la rencontre de Dakar. L'économie sociale québécoise dans le développement d'une mondialisa- tion équitable Le Québec des mouvements sociaux est très engagé dans ces nouvelles dynamiques inter- nationales, non seulement dans la contesta- tion mais aussi dans la proposition d'alterna- tives issues de la Marche mondiale des femmes, des mouvements syndical et coopé- ratif, de l'économie sociale et de la coopéra- tion au développement. Par exemple, l'Union des producteurs agricoles ( UPA ) est particu- lièrement active dans le soutien à des projets de gestion collective de l'offre de produits agricoles et artisanaux dans une douzaine de pays d'Amérique latine et d'Afrique ; la CSN et la FTQ font de la formation sociale et syndica- le dans de nombreux pays francophones du Sud ; le Conseil de la coopération du Québec ( CCQ ) et son « relais » international, SOCO- DEVI, sont engagés dans des dizaines de pro- jets en Afrique et en Amérique latine sans oublier le Mouvement Desjardins qui travaille à l'émergence de caisses populaires autant en Asie qu'en Afrique ou en Amérique latine ; le Chantier de l'économie sociale partage sa démarche de reconnaissance par les pou- voirs publics et certaines de ces expertises sec- torielles avec des collègues argentins ou brésiliens ; la Caisse d'économie solidaire Desjardins soutient des projets de fonds de travailleurs et des reprises d'entreprise en Amérique latine ; le Fonds de solidarité de la FTQ soutient au Sénégal et en Algérie leur alter ego tandis qu'une cinquantaine d'organisa- tions de coopération internationale ( OCI ) québécoises -regroupées au sein de l'AQOCI-, travaillent, bon an mal an, avec l'apport de centaines de coopérants, sur place et ici, dans l'animation de projets de développement. La liste est longue et loin d'être exhaustive. Ce sont cependant des exemples marquants de l'expérience québécoise en la matière. Près d'une centaine de personnes en prove- nance d'entreprises d'économie sociale ( coopératives et OSBL ), des mouvements sociaux ( organisations syndicales, groupes de femmes, réseaux de jeunes… ), d'organisa- tions de coopération internationale affiliées à l'AQOCI, d'universités et de collèges ( cher- cheurs et enseignants ), des regroupements nationaux d'économie sociale, le Conseil de la coopération ( CCQ ) et le Chantier de l’écono- mie sociale de même que des réseaux de sou- tien à l'économie sociale ( CDÉC, CLD, SADC… ) s'organisent présentement. Il y aurait même quelques élus de gouvern- ( Voir « Le Québec à Dakar » en page 2 ) L Louis Favreau Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités [email protected] AOÛT - SEPTEMBRE 2005 DAKAR 2005 Cahier réalisé pour le Groupe d'économie soli- daire du Québec ( GESQ ) avec la collaboration de la Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités ( CRDC ) de l'Université du Québec en Outaouais ( UQO ) Coordination du cahier : Louis Favreau, CRDC Rédaction : Marie-Ève Duperré ( CRDC ), Louis Favreau ( CRDC ), Yvon Leclerc, Nathalie Proulx ( CRDC ) Collaboration : André Beaudoin ( UPA-DI ), Sylvie Brassard ( Cegep de Jonquière ), Trevor Cook ( Développement et Paix ), Alfonso Cotera ( GRESP ), Éthel Côté ( RDÉEO ), Louise Duquet ( UMQ ), Jean- Bernard Fournier ( DID ), Corinne Gendron ( UQAM ), Roch Harvey ( CECI ), René Lachapelle (GESQ & RQIIAC ), Jean Lapointe ( Métallos, FTQ ), Gérald Larose ( GESQ&UQAM ), Jacques Létourneau ( CSN ), Sylvain Matte ( CECI ), Sylvie Tardif ( conseillère municipale à Trois-Rivières ), Pierre Véronneau ( OXFAM-Québec ) En plus du soutien de nos partenaires habituels, ce cahier a été rendu possible grâce à l’appui du Centre de recherches en développement international ( CRDI ) Le Québec de l’économie sociale et solidaire à Dakar en novembre prochain Dakar DES RÉPONSES INÉDITES À LA MONDIALISATION NÉO-LIBÉRALE RENDEZ-VOUS DE L'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE À

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a mondialisation politique, écono-mique et culturelle de la dernièredécennie après la chute du Mur de

Berlin et celle des Tours de New York ont fait dela période actuelle une période de profondesmutations qui représentent des menaces maisaussi des opportunités. Malgré la défaite desprojets de grande envergure ( le développe-ment du tiers-monde et la démocratisationdes régimes politiques de la planète ) et mêmesi la mondialisation néolibérale représenteindiscutablement une tendance forte etdurable, le rapport des forces en présencen'est pas à sens unique pour autant. Laconjoncture internationale est en effet incer-taine et instable et un mouvement citoyeninternational a ouvert une brèche, notam-ment à partir du Forum social mondial etl'émergence de nouveaux réseaux internatio-naux d'économie sociale et de développementlocal. Prochain rendez-vous : Dakar auSénégal en novembre prochain où près de1 000 personnes en provenance des centainesd'organisations de quelques 75 pays sontattendues.

Le Québec y sera bien représenté car « l'in-ternationalisation de l'économie sociale estune des réponses nécessaires à la mondialisa-tion néolibérale » de dire Gérald Larose à l'ou-verture de l'Université d'été du GESQ les 9 et10 juin dernier à l'UQAM, laquelle accueillaitquelques 200 personnes venues de tous les

coins du Québec pour deux jours de réflexionet de préparation pour Dakar.

Ce cahier spécial de RÉSEAUX veut rendrecompte de ce qui bouge autour de cette 3e

grande rencontre internationale de globalisa-tion des solidarités ( initiée par des Péruviensen 1997 et relayée par des Québecois en 2001 ).Ce cahier a été rendu possible grâce au soutiend'une douzaine de partenaires. Produit sous lacoordination de la CRDC en collaborationavec le GESQ, il veut faire connaître les avan-cées de l'économie sociale et solidaire québé-coise en matière de solidarité internationale. Ilservira non seulement de référence pour lelectorat québécois de RÉSEAUX mais aussi decarte de visite puisqu'il sera distribué aux par-ticipants de la rencontre de Dakar.

L'économie sociale québécoise dansle développement d'une mondialisa-tion équitable

Le Québec des mouvements sociaux est trèsengagé dans ces nouvelles dynamiques inter-nationales, non seulement dans la contesta-tion mais aussi dans la proposition d'alterna-tives issues de la Marche mondiale desfemmes, des mouvements syndical et coopé-ratif, de l'économie sociale et de la coopéra-tion au développement. Par exemple, l'Uniondes producteurs agricoles ( UPA ) est particu-lièrement active dans le soutien à des projetsde gestion collective de l'offre de produitsagricoles et artisanaux dans une douzaine depays d'Amérique latine et d'Afrique ; la CSN etla FTQ font de la formation sociale et syndica-le dans de nombreux pays francophones duSud ; le Conseil de la coopération du Québec( CCQ ) et son « relais » international, SOCO-

DEVI, sont engagés dans des dizaines de pro-jets en Afrique et en Amérique latine sansoublier le Mouvement Desjardins qui travailleà l'émergence de caisses populaires autant enAsie qu'en Afrique ou en Amérique latine ; leChantier de l'économie sociale partage sa démarche de reconnaissance par les pou-voirs publics et certaines de ces expertises sec-torielles avec des collègues argentins ou brésiliens ; la Caisse d'économie solidaireDesjardins soutient des projets de fonds detravailleurs et des reprises d'entreprise enAmérique latine ; le Fonds de solidarité de laFTQ soutient au Sénégal et en Algérie leur alterego tandis qu'une cinquantaine d'organisa-tions de coopération internationale ( OCI )québécoises -regroupées au sein de l'AQOCI-,travaillent, bon an mal an, avec l'apport decentaines de coopérants, sur place et ici, dansl'animation de projets de développement. Laliste est longue et loin d'être exhaustive. Cesont cependant des exemples marquants del'expérience québécoise en la matière.

Près d'une centaine de personnes en prove-nance d'entreprises d'économie sociale( coopératives et OSBL ), des mouvementssociaux ( organisations syndicales, groupes defemmes, réseaux de jeunes… ), d'organisa-tions de coopération internationale affiliées àl'AQOCI, d'universités et de collèges ( cher-cheurs et enseignants ), des regroupementsnationaux d'économie sociale, le Conseil de lacoopération ( CCQ ) et le Chantier de l’écono-mie sociale de même que des réseaux de sou-tien à l'économie sociale ( CDÉC, CLD,SADC… ) s'organisent présentement. Il yaurait même quelques élus de gouvern-

( Voir « Le Québec à Dakar » en page 2 )

L

Louis FavreauChaire de recherche du Canada en

développement des collectivité[email protected]

AOÛT -SEPTEMBRE 2005DAKAR 2005

Cahier réalisé pour leGroupe d'économie soli-daire du Québec (GESQ)avec la collaboration de laChaire de recherche duCanada en développement

des collectivités (CRDC) de l'Université du Québecen Outaouais (UQO)

Coordination du cahier : Louis Favreau, CRDCRédaction : Marie-Ève Duperré ( CRDC ), LouisFavreau (CRDC), Yvon Leclerc, Nathalie Proulx(CRDC)

Collaboration: André Beaudoin (UPA-DI), SylvieBrassard ( Cegep de Jonquière ), Trevor Cook(Développement et Paix), Alfonso Cotera (GRESP),Éthel Côté (RDÉEO), Louise Duquet (UMQ), Jean-Bernard Fournier ( DID ), Corinne Gendron(UQAM), Roch Harvey (CECI), René Lachapelle(GESQ & RQIIAC), Jean Lapointe (Métallos, FTQ),Gérald Larose ( GESQ&UQAM ), JacquesLétourneau (CSN), Sylvain Matte (CECI), SylvieTardif (conseillère municipale à Trois-Rivières),Pierre Véronneau (OXFAM-Québec)

En plus du soutien de nos partenaires habituels, cecahier a été rendu possible grâce à l’appui du Centrede recherches en développement international(CRDI)

Le Québec de l’économie socialeet solidaire à Dakar en novembre prochain

DakarDES RÉPONSES INÉDITES À LAMONDIALISATION NÉO-LIBÉRALE

RENDEZ-VOUS DE L'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE À

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ue peut-on retenir de ces différentespratiques d'internationalisation del'économie sociale québécoise pré-

sentées dans ce cahier ? Une perspective histo-rique et internationale s'impose ici à notre avis.D'abord une proposition : il existe un lienétroit entre l'économie sociale québécoise etson histoire internationale. Parce que leQuébec, bien que disposant de certaines origi-nalités, n'est pas un cas à part. Ensuite parceque le renouvellement de l'économie socialequébécoise s'inscrit comme dans beaucoupd'autres pays dans une mouvance, celle d'unmouvement citoyen international né en cedébut de 21e siècle et dont l'expression la plusvisible est le Forum social mondial ( FSM ).

Des plus récents travaux de recherche ( voir larubrique Pour en savoir plus à la page 16 ), onpeut dégager les lignes de force suivantes :

1 ) Cela fait 150 ans qu'un pan entier del'économie s'est écarté - à des degrésdivers- des lois du marché et de larégulation publique. Cette économie aété périodiquement éclipsée par la visionétatiste des gouvernements. Mais la crise del'emploi, puis celle de l'État providence ontfavorisé sa sortie de l'éclipse de la périodedes « trentes glorieuses » ( 1945-1975 ).

2 ) L'économie sociale, tant coopérativequ'associative, est un héritage desclasses populaires et des classesmoyennes au même titre que le syn-dicalisme. L'histoire des Pionniers deRochdale traduit fort bien ce point de vue.Cette première coopérative, fondée en1844, en banlieue de Manchester, ville parexcellence de l'industrie textile du 19e

siècle, a produit les principes de base de

l'entreprise collective qui inspirent encoreaujourd'hui le mouvement internationalde l'économie sociale.

3 ) On assiste dans les 30 dernières années àun renouvellement de l'économiesociale un peu partout dans le monde.

4 ) Partout dans le monde tout comme auQuébec, l'économie sociale est plu-rielle ( coopératives, mutuelles et associa-tions ) y compris dans ses formes natio-nales de regroupement.

5 ) L'économie sociale qui évolue sur le mar-ché est confrontée historiquement aurisque de la banalisation c'est-à-dire deve-nir des entreprises comme les autres. Maiselle fait aussi la preuve que la démo-cratie ne s'arrête pas aux portes desentreprises.

6 ) L'économie sociale qui évolue dans desmissions de service public est de son côtéconfrontée historiquement au risque de lasous-traitance. Mais elle fait aussi lapreuve qu'il est possible de renouvelerl'État social au moins au niveau descommunautés locales et des régions.

7 ) Au plan international, malgré qu'il soit aucœur de l'Amérique du Nord et donc aucœur du néolibéralisme, le Québec faitfigure d'exemple d'une société qui n'estpas complètement happée par ce der-nier, parce que le Québec a réussi depuis40 ans à faire cohabiter activement écono-mie publique et économie sociale, ce quidonne beaucoup moins de prise à la seulelogique marchande et favorise la démo-cratisation de l'économie.

D'un point de vue plus général et plus poli-tique, l'économie sociale fait donc partie del'histoire de gens qui s'associent pourentreprendre autrement, très souvent desdirigeants de mouvements sociaux qui s'aven-

turent sur le terrain économique qu'ilsconnaissent sans doute peu ou mal au départmais qu’ils investissent comme militants quiaspirent à une économie plus équitable en dis-posant déjà de qualités indispensables à saconstruction : une vision du développementéconomique et un sens de l'organisation, de la délibération et de la négociation. Néesdans le sillage de mouvements sociaux ( pay-san, ouvrier, associatif, des femmes, écolo-gique… ), ces entreprises ont des fondementséthiques de grande qualité : association de per-sonnes ( et non d'actionnaires ) ; propriété col-lective et partage des surplus avec l'ensemblede leurs membres; fonctionnement démocra-tique. Telles sont les assises qui garantissentleur intégration dans le patrimoine collectif denos sociétés.

2 AOÛT -SEPTEMBRE 2005DAKAR 2005

ements locaux ( Gatineau, Montréal, Trois-Rivières… ) et probablement l'Union desmunicipalités du Québec, très liée depuisquelques années à l'Union des associationsdes élus du Sénégal. Mais on ignore encore sile gouvernement du Québec par l'intermé-diaire du MRI y enverra une délégation.

Le tout à partir de l'effort de coordination duGroupe d'économie solidaire du Québec( GESQ ), dont le président est Gérald Larose,effort découlant de la tenue du forum annuelde cette organisation de solidarité internatio-nale en février dernier, de son Université d'étéà l'UQAM en juin et de la tenue d'une journéeintensive de préparation directe prévue pourle premier octobre prochain à Montréal.

La présence importante de Québécois àcette grande rencontre ne découle pas seule-ment de l'effort du GESQ pour animer cettedémarche, elle découle pour beaucoup del'engagement international de l'économiesociale québécoise depuis plusieurs annéesvoire quelques décennies, engagement insuf-fisamment connu. Très peu, trop peu. Voilàpourquoi il convient de préciser les diffé-rentes formes que cet engagement a pris au fildes ans.

En premier lieu, il y a une économie socialequi cherche à créer des filières à l'étranger.C'est le cas par exemple du mouvementDesjardins qui, hors Québec, travaille à fédé-rer les caisses d'épargne et de crédit existantau Canada tout en prenant simultanémentracine dans le sud des Etats-Unis. Ici c'est sur-tout la logique économique d'affronter lemarché international qui incite à prendre lesdevants en tant qu'entreprises collectives faceà la concurrence des firmes privées.

Il y a aussi une internationalisation de l'éco-nomie sociale qui passe par l'établissementde relations internationales ( bilatérales oumultilatérales ) entre organisations similairesdans le monde. C'est le cas du Conseil de lacoopération du Québec ( CCQ ) et de sa parti-cipation à l'Alliance coopérative internationa-le ( ACI ) ou du Chantier de l'économie socia-le avec des réseaux latinoaméricains ( Brésil,Argentine ) ou européens ( France ) d'écono-mie sociale et solidaire. Ici c'est surtout lalogique de la complicité sociopolitiqueentre organisations sœurs à l'échelleinternationale qui prévaut.

Mais, dans le cas qui nous occupe, c'est sur-tout l'économie sociale qui s'investit dans ledéveloppement international pourrépondre à des besoins sociaux à partir de laperspective coopérative, mutualiste ou asso-ciative de développement de communautéslocales, de régions ou de pays du Sud délais-sés par le développement économique domi-nant. Ici c'est la logique sociale de la soli-darité internationale Nord-Sud et Sud-Sud qui prévaut davantage que la logique éco-nomique d'affronter le marché internationalou celle des relations internationales. Ces troislogiques ne sont pas mutuellement exclu-sives. Au contraire, elles se complètent bien.Ce cahier en fait la démonstration. Bonne lec-ture…et bonne diffusion !

Suite de la Une

Le Québec à Dakar Point de vue

L'internationalisation de l'économiesociale : une longue histoire, descontinuités et des ruptures

Q

Le Service d'assistance canadienne auxorganismes ( SACO ) est un organisme devolontariat canadien sans but lucratif fondéen 1967. Il offre l'expertise en développe-ment économique dans les communautésautochtones et les communautés cana-diennes non autochtones, et dans 9 pays enAfrique, en Asie, aux Caraïbes, auxAmériques Centrale et du Sud ainsi quedans 6 pays émergents du Centre et de l'Estde l'Europe.

La filiale Services internationaux de SACOexerce ses activités dans 10 pays en Afrique,en Asie, dans les Amériques et les Caraïbesainsi que dans 6 pays émergents de l'an-cienne Union soviétique. Depuis sa fonda-tion en 1967, SACO a réalisé plus de 40 000affectations à l'échelle mondiale.

L'objectif de SACO est d'améliorer lescapacités des peuples des pays en dévelop-pement et des nouvelles économies demarché à gérer et produire des biens et ser-vices tant dans le secteur public que privé.

La mission de SACO consiste donc à par-tager l'expertise canadienne avec desentreprises et des organismes de pays peudéveloppés afin de les appuyer pour la réa-lisation de leurs objectifs d'autonomie éco-nomique et technique. SACO disposed'une extraordinaire ressource, soit les ser-vices d'environ 3 400 conseillers volon-taires possédant de nombreuses annéesd'expérience pratique dans divers secteursd'activités professionnelles et industrielles.

Pour toute information :http://www.ceso-saco.com

LE SERVICE D’ASSISTANCE CANADIENNE AUX ORGANISMES

Marche populaire à Porto Alegre 2005Source : René Lachapelle

Louis FavreauChaire de recherche du Canada en

développement des collectivité[email protected]

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AOÛT -SEPTEMBRE 2005 3DAKAR 2005

RÉSEAUX : Comment en êtes-vous arrivé àvous engager dans le développement interna-tional ?

René Lachapelle : D'aussi loin que je mesouvienne, je pense que j'ai toujours été unmilitant dans l'âme : d'abord dans le mouve-ment étudiant, puis dans les syndicats et main-tenant dans un réseau local d'entreprisesd'économie sociale dans ma région de Sorel-Tracy. Mon travail d'organisateur communau-taire en CLSC au Centre de santé et de servicessociaux de Sorel-Tracy m'amène tous les joursà rechercher des moyens d'améliorer le sortdes démunis de ma région ; mais j'ai toujoursété engagé, en plus de mon travail, dans descauses qui me tiennent à cœur.

RÉSEAUX : Et la scène internationale ?

R.L. : En fait, j'ai commencé dans les milieuxd'action catholique où le Québec a joué un rôleimportant dans l'internationalisation de l'ac-tion communautaire. Je considérais que l'ac-tion internationale faisait partie de mon travail.

Plus formellement, au tournant des années1980, nous travaillions à développer des com-munautés de base et à ce titre, l'Amérique lati-ne, par les innovations qu'on y comptait,constituait un foyer d'action inspirant pour leschrétiens politisés. J'ai fait un premier voyageavec Développement et Paix en 1982, ensuiteune tournée au Mexique, dans les villagesautochtones du Chiapas, puis dans un campde réfugiés du au Guatemala, pays qui subissaitune répression très sévère et enfin auNicaragua qui vivait alors un changement derégime. C'était ma première expérience de cegenre. Je suis retourné au Nicaragua aumoment des élections de 1984 commemembre du groupe d'observateurs organisépar le Centre international de solidarité ouvriè-re ( CISO ).

J'ai ensuite contribué à l'organisation de mis-sions dans des pays d'Amérique latine commele Chili, et en Asie, aux Philippines, etc.

Mais c'est vraiment en juillet 1997 que monengagement international a pris de l'ampleuravec la rencontre de Lima où je me suis rendu,avec une quinzaine de québécois, commereprésentant de la CSN et président du conseilcentral de la Montérégie. Cette rencontre por-tait sur l'économie sociale et solidaire et sur la

mise en réseaux de ces entreprises. Noussommes revenus du Pérou avec le sentimentque quelque chose de nouveau était en train des'inventer sur le terrain de l'économie socialedans la perspective politique qui nous animaiten ces années qui suivaient la Marche desfemmes.

Après quelques mois de discussions, nousavons formé le Groupe d'économie solidaire( GESQ ), dont on m'a élu secrétaire. C'est leGESQ qui a organisé la deuxième rencontre surla mondialisation des solidarités qui se tenait àQuébec, en octobre 2001. À cette rencontre, lesparticipants ont créé une commission de liai-son qui a donné naissance au Réseau intercon-tinental de promotion de l'économie sociale etsolidaire ( RIPESS ). C'est le RIPESS qui a la res-ponsabilité du programme de la rencontre deDakar, en novembre prochain. Depuis l'an-nonce de cette conférence de Dakar, le mouve-ment prend de l'ampleur, de nouveaux réseauxse joignent au GESQ et au RIPESS.

RÉSEAUX : Où mène tout ce travail ?

R.L. : Ce qui me fascine, et qui est vraimentau cœur de mon engagement, c'est le transfertdu savoir. Nous avons, au Québec une experti-se en économie sociale et en organisationcommunautaire qui est fort intéressante. Cetteexpertise vise à donner du pouvoir aux genspour faire en sorte qu'ils puissent ensuiteprendre leur développement en main. C'est cetype de démarches très locales que je retrouvedans les groupes qui sont attendus à la ren-contre de Dakar.

Nous constatons que la perspective alternati-ve d'initiatives de développement démocra-tiques rejoint des attentes immenses enAfrique comme en Amérique latine. Le Québeca expérimenté des savoir faire qui peuvent ins-pirer d'autres pays de par le monde, toutcomme il profite d'innovations venuesd'Amérique latine, comme les cuisines collec-tives et les budgets participatifs ou d'Asie,comme le micro-crédit.

RÉSEAUX : Qu'est-ce qui vous fait courirdans la mission internationale ?

R.L. : Deux choses.

D'abord, je pense que la mondialisation nousrejoint dans notre quotidien, qu'on le veuilleou non ; on ne peut plus vivre en autarcie. ÀSorel-Tracy, c'est la grande entreprise quistructure notre mode de vie depuis des décen-nies. Or, il faut bien reconnaître que les

grandes entreprises qui obéissent aux impéra-tifs du marché mondial, cannibalisent les éco-nomies locales, autant dans les pays du Nordque du Sud. Et si la conjoncture internationalechange, l'économie locale fondée sur la grandeentreprise devient très fragile. ( On l'a vu àChandler, on le voit maintenant à New-Richmond ). Je vis quotidiennement avec cesgéants aux pieds de verre, ce qui me rend d'au-tant plus enclin à chercher des solutions alter-natives où les personnes et les communautésdeviennent autre chose qu'un « facteur de pro-duction », jetable après usage.

Ensuite, tout le travail que le Québec a réalisé, depuis la fin des années soixante, dans la solidarité internationale. Je pense àDéveloppement et Paix et autres ONGI, au tra-vail des organismes communautaires québé-cois dans les réseaux internationaux de solida-rité, au travail que nous faisons depuis 1997autour de l'internationalisation de l'économiesociale et solidaire, etc. Nous sommes en trainde bâtir une alternative au modèle de dévelop-pement qui ne respecte pas les personnes.Nous proposons un développement écono-mique qui soit en même temps social et quidonne du pouvoir à ceux et celles qu'on laisseen marge des décisions.

Il s'agit aussi d'un engagement pour ladémocratie car il permet aux gens de participerau développement de leur milieu. La démocra-tie n'existe que si on la bâtit dans la vie de tousles jours.

Donc, quant on vit des expériences de solida-rité au plan local, il est logique de porter cetteaction au niveau international puisque lalogique implacable du néo-libéralisme nousrejoint dans nos vies quotidiennes et modifieles conditions de vie de tous les habitants de laplanète.

Il faut donc que la mondialisation des solida-rités fasse contrepoids à la mondialisation de l'entreprise néolibérale. Même si noussommes petits dans cet immense processus,nos initiatives ont une portée d'innovationdont nous devons être conscients.

J'ai la conviction qu'à Dakar la mondialisa-tion des solidarités fera un autre grand pas,entre autres, parce que l'Afrique aura l'initiati-ve, et aussi parce que les perspectives sontbonnes pour que nous puissions y créer desmoyens d'action concrets afin de soutenir lesalternatives d'économie sociale dans le Sud etdans le Nord.

Dakar 2005 innovera par rapport aux ren-contres antérieures. Il y aura une journée desgouvernements locaux et nationaux intéres-sés par l'économie sociale. Mais commentfaire un interface entre les gouvernementsprésents et des initiateurs d'entreprises col-lectives sans tomber dans les travers habi-tuels ? Le choix s'est porté sur le Québec etson mouvement coopératif. Et DID serachargé de présenter l'expérience québécoise.Pourquoi le mouvement des coopérativesd'ici ?

La première raison qui militait en sa faveurréside dans le fait qu'il est fortement engagédans les pays du Sud : soutien à la mise surpied de réseaux de caisses d'épargne et decrédit ( DID ), soutien à la capitalisation d'en-treprises sociales ( Caisse d'économie soli-daire Desjardins ), organisation des coopéra-tives agricoles ( UPA-DI ), soutien à descoopératives engagées dans le développe-ment de leurs communautés notamment parle commerce équitable ( SOCODEVI ).

La contribution de ces organisations estimpressionnante et surtout très méconnue.Mais de ces expériences, il convient de diredeux choses importantes que les gens du Sudne manquent pas de relever lorsqu'ils enviennent à reconstituer l'origine de celles-ci… et du Québec à travers elles: à l'originede ces initiatives, il y a l'insécurité des classespopulaires du Canada français, les inégalitéssociales fortes vécues par ce groupe nationalau sein du Canada, les retards de l'agricultu-re et l'émigration vers le Nord-Est américain.À l'origine de ces initiatives, il y a l'apparte-nance à un groupe, l'identité, la volonté d'unvivre ensemble d'une communauté particu-lière. À l'origine de ces initiatives, il y a le rêved'une société socialement juste et équitable.Telles sont les trois moteurs d'action collecti-ve qui ont fait émerger l'économie socialechez nous et qui sont très souvent aujour-d'hui des moteurs de développement au Sud.

Les gens du Sud y reconnaissent donc, dansle temps, une similitude de diagnostic : unmonde populaire acculé à la précarité ouencore asservi par les conditions qu'impo-sent des intermédiaires à la circulation desproduits locaux. Ils y voient également unesimilitude de perspective : la lutte contre lesinégalités qui est une lutte contre la dépen-dance laquelle doit impérativement passerpar un développement de l'intérieur et nonpas, comme le prétendent libéraux et néo-libéraux, par un processus de capitalisationextravertie complétée subsidiairement pardes dispositifs de gestion sociale qui ciblentles populations les plus pauvres à partird'une aide publique internationale.

Pourquoi je m'engage sur lascène internationale…

Rencontre avec René Lachapelle,organisateur communautaire

Yvon [email protected]

René Lachapelle est le prototype parfait du militant. C'est avant tout la justesse de la cause qui le mobilise, qui le pousse à l'action. Privilégiantles actions concrètes mais ne dédaignant pas les réflexions qui en découlent, il a souvent fui les feux de la rampe. Il a cependant accepté laprésidence du conseil central de la CSN de Montérégie de 1988 à 1998 et, plus récemment, la présidence du Regroupement québécois des inter-venants et intervenantes en action communautaire en CLSC. Portrait d'un militant.

L'économie sociale québécoise, pur produitdu Nord, peut-il inspirerconfiance dans le Sud?

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4 AOÛT -SEPTEMBRE 2005DAKAR 2005

e Groupe d'économie solidaire duQuébec ( GESQ ) est une association àbut non lucratif ( OBNL ) qui regroupe

des personnes provenant de divers secteurs etdes organisations engagées dans le développe-ment de l'économie sociale au Québec, notam-ment celles regroupées à l'initiative du Conseilde la coopération du Québec ( CCQ ) et duChantier de l'économie sociale. Organisme-parapluie de l'économie sociale québécoiseinvestie dans la solidarité internationale, samission est de promouvoir et de supporter ladynamique de globalisation des solidarités por-tée par les rencontres de Lima ( 1997 ) et deQuébec ( 2001 ) et de Dakar en novembre pro-chain.

Initiateur de la 2e rencontre internationale surla globalisation de la solidarité en 2001, le GESQs'est donné comme première priorité de sou-tenir l'organisation de la 3e rencontreinternationale de Dakar en mettant àcontribution tous les réseaux québécois d'éco-nomie sociale engagés dans la solidarité inter-nationale. La rencontre de Dakar, comme lesdeux qui l'ont précédée, est conçue et vécuecomme un indispensable espace de dia-logue interculturel. Ces rencontres sontaussi des leviers -avant, pendant et après- favo-risant la formation et la consolidation deréseaux internationaux ( bilatéraux ou multila-téraux ) des organisations et des entreprisesd'économie sociale et plus largement de déve-loppement local. Elles ont donné naissance fin2002 à la création d'un nouveau réseau interna-tional, le Réseau intercontinental de promotionde l'économie sociale et solidaire ( RIPESS )

dont Gérald Larose est le vice-président.

En second lieu, le GESQ se veut un facilitateurdu développement de nouvelles pra-tiques de solidarité internationale del'économie sociale québécoise. Pour réa-liser sa mission, le GESQ développe son inter-vention autour de trois axes complémentairesqui permettent de travailler sur la scène québé-coise et sur la scène internationale tout en sedonnant les outils d'analyse nécessaires pourprendre les décisions les plus appropriées :

1 ) la mobilisation des réseaux, des organisa-tions et des entreprises d'économie socialedu Québec;

2 ) la construction du RIPESS et le développe-ment de partenariats Nord-Sud;

3 ) le développement d'outils de connaissan-ce, d'information et de diffusion d'analyseset de débats en matière de solidarité inter-nationale et plus spécifiquement d'interna-tionalisation de l'économie sociale québé-coise.

Ce faisant, le GESQ, qui a maintenant cinqans, aura permis de décloisonner quelquepeu la solidarité internationale en créantun espace de délibération entre les différentescomposantes de l'économie sociale et leurspartenaires « naturels », les organisations decoopération internationale ( OCI ), les groupesde femmes, les organisations communautaireset les organisations syndicales qui sont enga-gées dans des initiatives de caractère écono-mique de même que les réseaux de chercheurset d'étudiants mobilisés sur ces questions.

Parmi les initiatives du GESQ, mentionnonsune importante conférence internationale à

l'UQO à l'automne 2003, une Université d'étésur l'internationalisation de l'économie socialeà l'UQAM en juin dernier, la collaboration avecla CRDC pour la création d'un site en économiesociale et en développement international :www.uqo.ca/ries2001 et un début d'organisa-tion en région ( Saguenay, Québec, Outaouais,Bas-Richelieu )

Le Groupe d'économie solidaire du Québec :innovation de la solidarité internationale québécoise

Forum Social Mondial, Porto Alegre 2005Source : René Lachapelle

Humberto Ortiz Roca, Groupe d’économie solidaire du PérouSource : René Lachapelle

L

Louis [email protected]

Agence canadienne dedéveloppement international

Canadian InternationalDevelopment Agency

Pour plus d’information, visitez: www.uniterra.org

CONSTRUIRE UN MONDE SOLIDAIRE

Des citoyens et des organisationsqui agissent ensemble pour réduirela pauvreté dans le monde

Une contribution canadienne à laréalisation des Objectifs duMillénaire pour le développement.

Uniterra mobilise des personnes et des organisa-tions autour de projets d'économie sociale et soli-daire.

Uniterra est un programme de coopération inter-nationale volontaire innovateur.

Il favorise l'établissement d'alliances ente organi-sations partenaires du Nord et du Sud afin de par-tager connaissances, expertises et savoir-fairedans plusieurs secteurs clés du développementhumain

Pour Uniterra, l'économie sociale et solidaire est

l'outil par excellence de la participation commu-nautaire à la création de richesses au bénéfice dumieux-être des collectivités.

Pays d'intervention : ( Afrique ) Botswana, BurkinaFaso, Ghana, Malawi, Mali, Niger, République deGuinée et Sénégal ; ( Asie ) Népal, Sri Lanka etVietnam ; ( Amériques ) Bolivie, Canada etGuatemala.

Secteurs d'intervention : agriculture et développe-ment rural, lutte au VIH / SIDA, développement dusecteur privé, éducation de base, santé et nutri-tion, projets pour la jeunesse.

Uniterra est une initiative conjointe du Centre canadien d'étude et de coopération internationale

( CECI ) et de l'Entraide universitaire mondiale du Canada ( EUMC )

En collaboration avec :

Page 5: DAKAR 2005 AOÛT-SEPTEMBRE 2005 RENDEZ …w4.uqo.ca/gesq/fichiers/activites_archives/Reseaux Dakar 2005.pdfCe cahier spécial de RÉSEAUX veut rendre ... FTQ soutient au Sénégal

AOÛT -SEPTEMBRE 2005 5DAKAR 2005

es organisations de coopé-ration internationale qué-bécoises et canadiennes

seront des participants de premierordre à la Troisième rencontre sur la globalisation de la solidaritéqui aura lieu du 22 au 26 novembre 2005 à Dakar. Qu'ils'agisse du CECI-UNITERRA, deSOCODEVI, d'OXFAM-Québec, deDéveloppement et Paix ou de leurregroupement à l'échelle duQuébec, l'AQOCI, elles ont touteschoisi de prendre part au mouve-ment initié par le Groupe d'écono-mie solidaire du Québec ( GESQ ).

Plusieurs raisons ont poussé lesorganisations à se joindre à la mouvance inspirée par la rencontrede Dakar. Sans hésiter, PierreVéronneau d'OXFAM-Québecnous dit que les enjeux liés à l'éco-nomie sociale qui seront au centre des débats de la rencontre deDakar ont incité l'organisme à vouloir s'y impliquer activement.« L'économie sociale est une desperspectives les plus intéressantesdu développement internationalactuellement » dit-il « Elle est straté-gique car elle offre des possibilitésde prise en charge réelles des com-munautés ».

Développement et Paix a été unbailleur de fonds important de larencontre de Dakar, de celle deLima en 1997 et de celle de Québecen 2001. Pour Trevor Cook, chargéde programme à Développement etPaix, l'intérêt de cet événementrepose sur sa capacité à faireconnaître et à renforcer des initia-tives qui offrent une alternativeconcrète à la mondialisation néo-

libérale qu'on sait en grande partieresponsable de l'exclusion et de lapauvreté de centaines de milliers depersonnes de tous les continents.

Quant au CECI, l'attrait de laRencontre de Dakar repose avanttout sur l'importance donnée à lacréation de réseaux de solidarité.« Dans les dernières années, auCECI, nous avons pris conscienceque la coopération individualisée,de personne à personne, avait desretombées mitigées. Nous avonsalors pensé : pourquoi ne pas favo-riser la coopération d'organisationà organisation ? En plus, le CECI etson partenaire canadien, l'Entraideuniversitaire mondiale du Canada( EUMC ) sont à l'origine d'un nou-veau programme, UNITERRA.Notre action repose donc mainte-nant non seulement sur des parte-nariats Nord-Sud mais aussi sur unpartenariat entre deux organisa-tions du Nord » de dire SylvainMatte du CECI.

D'ailleurs, presque tout le mondeconsidère que la création deréseaux de partenaires au planinternational constitue une notionincontournable pour le développe-ment car il permet des échangesd'expertise de même que la diffu-sion des savoirs. À cet effet la pré-sence de nombreuses ONG, de diri-geants d'entreprises collectives, deprofessionnels d'organisations dedéveloppement local, de têtes deréseaux en économie sociale et deproducteurs ou de commerçantsinsérés dans des réseaux de com-merce équitable se fera fortementsentir. Elle rendra possible unemeilleure connaissance des projetsqui ont du succès afin de tenter dedégager une approche communequi tient compte des réalitéslocales. Pour Sylvain Matte du

CECI, la rencontre de Dakar estd'autant plus stimulante qu'ellesera une occasion privilégiée dedonner la parole aux représentantsdes pays du Sud et tout particulière-ment au continent africain. « Nouspourrions par le fait même assisterà des avancées inédites au plan desdébats et des stratégies de dévelop-pement pour l'avenir » ajoute-t-il.

Or, il faut comprendre que la ren-contre de Dakar ne sera pas la find'un processus. Bien au contraire.Elle sera une occasion pour les OCId'accompagner le renforcement departenariats conclus dans le cadrede la rencontre de Dakar. Elle pour-rait aussi être à l'origine de nou-veaux projets au Québec, commepar exemple la mise sur pied d'en-treprises collectives ( coopérativesou OSBL ) reposant sur la commer-

cialisation de produits équitables.Ce n'est pas tout, la mise en com-mun des expériences et les débatssoutenus autour des enjeux princi-paux liés à l'économie sociale pour-raient faciliter la tenue d'activitésde plaidoyer en faveur d'une mon-dialisation plus équitable auprèsdes institutions internationales( FMI, OMC, Banque mondiale,etc. ) et en arriver ainsi à donnerune place plus importante à cetteforme d'économie dans les agendaspolitiques de gouvernementslocaux ou même de gouvernementsnationaux. Cela est sans compterque les travaux exécutés dans lecadre de la rencontre de Dakarpourraient mener à une reformula-tion et à des modifications dans lespratiques de développement etdans les programmes d'appui àl’économie sociale et solidaire.

Rappelons que la rencontre deDakar est organisée par le RéseauIntercontinental pour la promotionde l'économie sociale et solidaire( RIPESS ). Au Québec, le processusd'animation et de mobilisation versDakar est assuré par le GESQ. Larencontre de Dakar est un rendez-vous pour toutes les personnes pré-occupées par l'économie sociale, ledéveloppement local ou la solidari-té internationale. Environ 750 à1 000 personnes des quatre coins dumonde y sont attendues.

Pour en savoir plus :

Favreau, L., G.Larose et A.SalamFall ( 2004 ), Altermondialisation,économie et coopération interna-tionale, Presses de l'Université duQuébec/Karthala, Québec/Paris.

Des organisations de coopération internationale québécoises etcanadiennes au coeur de Dakar 2005

L

Éducation primaireSource : Nathalie Proulx

Marie-Ève Duperré[email protected]

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LE FONDS HUMANITAIRE,un outil pour le développement en construisant des partenariats

mondiaux

a réponse est un oui fermechez les dirigeants que nous avons rencontrés. La

CSN tout comme la FTQ seront aurendez-vous. « Les syndicats tra-vaillent traditionnellement avec desemployés des secteurs public etprivé. Mais à la CSN nous compre-nons l'importance de mieuxconnaître le secteur de l'économiesociale et d'étudier le rôle que lessyndicats peuvent jouer auprès de ce tiers-secteur » explique JacquesLétourneau, secrétaire du Conseilcentral ( CSN ) du Montréal métro-politain. Dakar sera l'occasion d'yarriver.

Même son de cloche du côté de laFTQ où on y voit des opportunitésd'innovation dans les pratiques. Parexemple « en Amérique latine, lesmouvements sociaux en général etles ONG en particulier sont beau-coup plus liés aux syndicats que celase fait au Québec. À Dakar, on iradonc chercher d'autres modèlesd'organisations, d'autres modèlessyndicaux » déclare Jean Lapointe,responsable du Fonds Humanitaireet de la solidarité internationale auSyndicat des Métallos, affilié à laFTQ.

Il ajoute : « Pour nous, Dakarconstitue une suite logique au travailréalisé en coopération internationalejusqu'à maintenant. En fait, il fautcomprendre que maintenant les pro-

blèmes sont plus globaux à cause dela mondialisation. On ne peut pass'en sortir seuls et on s'en renddavantage compte aujourd'hui ».

La mondialisation néo-libérale,notamment les grandes multinatio-nales font en sorte que les travailleursdu Nord et du Sud vivent de plus enplus les mêmes problèmes : précari-sation de l'emploi, délocalisation desentreprises, flexibilisation du travail,dommages à l'environnemment, etc.Ils sont nombreux à revendiquer deschangements faisant fi des frontières.L'action doit se faire simultanémentau Nord comme au Sud. C'est pour-quoi des Conseils syndicaux mon-diaux ont été créés. Ces derniersregroupent les syndicats d'unemême multinationale et négocientdes accords-cadres afin de favoriserl'application des mêmes normes detravail au sein d'une même entrepri-se, qu'elle soit située à Montréal, àSantiago au Chili ou à Tijuana auMexique. « Lorsque nous faisons desmissions à l'étranger, ce qui frappenos délégués, c'est de constater quenos collègues du Sud ont la mêmeexpertise que nous et sensiblementle même type de travail. Ce qui diffè-re, ce sont les conditions de travail.On comprend tout de suite que notrefutur est lié, que leur développement est lié au nôtre » reconnaît JeanLapointe.

S'il est vrai que les syndicats n'ensont pas à leurs premières armes enmatière de solidarité internationale,l'ampleur des problèmes liés à lamondialisation néolibérale a suscité

un intérêt certain pour participerplus activement aux grandes organi-sations syndicales internationales.Dans le cas qui nous occupe, CSN etFTQ, c'est à la Confédération inter-nationale des syndicats libres ( CISL )que les choses se passent. À partird'elle, ils arrivent à faire entendreleurs voix chez des acteurs interna-tionaux qui ont un impact direct surl'économie et les conditions de tra-vail : FMI, OCDE, Banque mondiale.Les syndicats s'impliquent égale-ment dans un travail de longue halei-ne au sein de tables de concertation,de groupes de travail afin d'en arriverà une amélioration des conditionsdes travailleurs, notamment par l'in-termédiaire de l'Organisation inter-nationale du travail et de son secréta-riat ( le BIT ).

Si on se réfère au niveau plus local,dans la plupart des cas, des échangesbilatéraux se font directement entredes organisations syndicales du Nordet du Sud. À titre d'exemple, la CSNoffre déjà depuis quelques années unappui à des confrères brésiliens de laCUT en matière de création d'unfonds de retraite géré par les tra-vailleurs et inspiré de l'expériencequébécoise de Bâtirente. Elle a égale-ment mis sur pied une ONG qui meten commun tous les services inter-nationaux disponibles à la CSN.

La FTQ fait de même. Son Fonds desolidarité a inspiré des collèguessénégalais et algériens. Elle offre desformations syndicales à des homo-logues originaires de pays du Sud,particulièrement en Afrique franco-phone. À cet effet, la FTQ a été man-datée par le Congrès du Travail duCanada ( CTC ) pour assurer le parte-nariat avec les organisations syndi-cales d'Afrique francophone etd'Haïti.

Le Syndicat des métallos a quant à lui mis sur pied le FondsHumanitaire qui consiste à prélever0,01 $ par heure travaillée afin d'in-vestir dans des projets de développe-ment dans le Sud. Perçus sur unebase volontaire, le fonds disposed'une importante somme de$ 900 000 à $ 1 million de dollars parannée, laquelle est destinée à soute-nir ou à renforcer l'action syndicale

de leurs partenaires du Sud, qu'ils'agisse d'activités d'information, dela création d'une nouvelle organisa-tion syndicale ou d'actions faitesavec l'objectif de faciliter desalliances syndicales.

Pour en savoir plus

Caron, N ( 2004 ), « Un fonds desolidarité au Sénégal : une nouvelleinstitution au service du développe-ment », dans Favreau, Larose et Fall,

Altermondialisation, économie etcoopération internationale, Pressesde l'Université du Québec/Karthala,Québec/Paris, p.243-250.

Lamarche, F ( 2004 ), « Mutationssur travail, innovations syndicales etnouvelles solidarités Nord-Sud, »dans Favreau, Larose et Fall,Altermondialisation, économie etcoopération internationale, Pressesde l'Université du Québec/Karthala,Québec/Paris, p. 235-242.

6 AOÛT -SEPTEMBRE 2005DAKAR 2005

DAKAR 2005 : les syndicats québécois seront-ils de la partie ?

L

LA CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DES SYNDICATS LIBRES (CISL)

La Confédération internationale des syndicats libres ( CISL ) regroupe233 centrales syndicales réparties dans 154 pays. Les syndicats membresde la CISL doivent avoir adopté un fonctionnement démocratique etêtre indépendants politiquement. En tout, cela représente 145 millionsde membres potentiellement disposés à s'inscrire dans des actions col-lectives qui débordent le cadre national. À cet effet, la CISL organisepériodiquement des campagnes de sensibilisation sur des thèmes liésaux droits du travail : droits syndicaux, droits des travailleuses, environ-nement. Elle a aussi pour fonction d'agir à titre consultatif auprès desagences internationales de l'ONU. Elle œuvre au sein de l'Organisationinternationale du Travail ( OIT ) et de son secrétariat le BIT et fait valoirl'importance de travailler à développer une régulation sociale interna-tionale auprès des autres instances et agences de l'ONU. Elle est égale-ment présente dans les grands réseaux internationaux émergentscomme le Forum social mondial.

Pour en savoir plusLaïdi, Z. ( 2004 ), « L'altermondialisme est-il un syndicalisme ? » dans

La grande perturbation. Flammarion, Paris, p. 303 à 342.

L'ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL ET L'ÉCONOMIE SOCIALE

L'Organisation internationale du travail ( OIT ) est la plus ancienne desorganisations sous l'égide des Nations Unies. À partir de son secrétariat,le BIT, dont les bureaux sont situés à Genève, elle entend promouvoir àtravers le monde les droits du travail. Le BIT est doté d'une politique enfaveur de l'économie sociale depuis les années 1990. Le BIT travailleainsi à l'identification et à la promotion d'activités économiques innova-trices en plus de consacrer une grande partie de ses actions au lobbyingen faveur de la modification des cadres législatifs qui paralysent le déve-loppement des entreprises collectives et qui en compromettent le rayon-nement. Le BIT choisit de faire la promotion des petites et micro-entre-prises, des coopératives et du micro-crédit qu'il identifie comme étantdes composantes importantes dans toute stratégie pour en arriver à undéveloppement économique et social durable.

Pour en savoir plusMcSween, N. ( 2004 ), L'Organisation internationale du travail, l'éco-

nomie sociale et la mondialisation : L'OIT, une « alliée de choix » de lamouvance altermondialiste ? CRDC, Université du Québec enOutaouais, 49 p.

Marie-Ève Duperré[email protected]

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AOÛT -SEPTEMBRE 2005 7DAKAR 2005

ui n'a pas, dans les der-nières années, entendu par-ler de commerce équitable ?

Au Québec, les ventes qui y sont liéessont en croissance constante. Il y aquelques années, les produits équi-tables étaient distribués presque

exclusivement dans des boutiquesspécialisées ou au sein de réseaux demilitants. On les retrouve aujour-d'hui dans la plupart des commercesde détail, les supermarchés et lesépiceries.

La plus grande disponibilité et lahausse de popularité des produitséquitables peuvent effectivements'avérer de bonne augure. On peut

penser que les consommateurs duNord sont de plus en plus sensibles àl'éthique dans le domaine du com-merce. Corinne Gendron de laChaire de recherche Responsabilitésociale et développement durable del'UQAM explique que le commerceéquitable vit présentement uneétape cruciale de son histoire : « Ilfaut être extrêmement vigilants pourque le commerce équitable ne perde

pas sa raison d'être ». Le risque ?Que le commerce équitable distri-bue des produits à plus grandeéchelle mais cesse de remettre enquestion le système économiqueactuel en se bornant à tenter d'insé-rer les petits producteurs dans lemodèle économique capitaliste. Lecommerce équitable perdrait alorsde vue son objectif de départ quiconsiste à proposer une alternative

viable au commerce internationalexercé dans le cadre de normes néo-libérales. Ainsi, l'importance ducommerce équitable se situe moinsdans la place qu'il occupe sur lemarché que dans sa capacité àapporter des changements profondsdes règles qui régissent le commerceet les échanges économiques entrele Nord et le Sud.

Pour l'heure, la majorité des petitsproducteurs prenant part à la filièreéquitable sont situés en Amériquelatine. Malgré cela, le commerceéquitable fait doucement son entréeen Afrique où un nombre grandis-sant d'organisations s'y intéressent.Les réseaux qui le portent sont enpleine structuration.

D'ici quelques années, plusieursdenrées portant le label équitableseront exportées du continent afri-cain: arachide, coton, mangue, kari-té, cacao, etc. Déjà, des ONG decoopération internationale ( CECI,OXFAM-Québec, SOCODEVI, UPA-DI… ) en place sur le terrain ontmisé sur les pratiques du commerceéthique afin de favoriser le dévelop-pement. Leur rôle consiste surtout àoffrir un appui organisationnel auxassociations et groupes qui souhai-tent se lancer dans la commerciali-sation de produits équitables. Ellessont aussi appelées à organiser desactivités de formation et d'éducationaux principes du commerce équi-table.

Cependant, pour les producteurs,les défis sont de taille. Puisque l'or-ganisation des réseaux est à ses pre-miers balbutiements, on assiste par-fois à des dédoublements de servicesou à des manques de ressources. Deplus, les prix liés à la certificationsont souvent trop élevés pour depetits producteurs qui n'ont pasbeaucoup de ressources écono-miques. Cela est sans compter la

( Voir la suite en page 8 )

Le commerce équitable, une nouvelle génération de développement local et d'économie sociale

Q

Poissonnerie à CoquimboSource : Marie-Ève Brassard-Duperré

Marie-Ève Duperré[email protected]

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8 AOÛT -SEPTEMBRE 2005DAKAR 2005

Deux ONG, le Centre canadiend'étude et de coopération interna-tionale (CECI) et l'Entraide universi-taire mondiale du Canada (EUMC),ont récemment uni leurs efforts etleur expertise de la coopérationvolontaire pour mettre en œuvre unprogramme innovateur, Uniterra,une initiative qui contribue à laréduction de la pauvreté dans lemonde et à la réalisation desObjectifs du Millénaire pour le déve-loppement.

Soutenu par le gouvernementcanadien via l'ACDI, Uniterra inter-vient dans plus d'une douzaine depays d'Afrique, d'Asie et desAmériques en soutenant des projetsdont plusieurs se rattachent au sec-teur de l'économie sociale et solidai-re. Uniterra est un dispositif originalde mobilisation de volontaires duCanada et de volontaires des pays en

développement. Il s'agit de renouve-ler la coopération internationalevolontaire par le biais de liens multi-directionnels entre les organisationsde la société civile du Canada etcelles des pays en développement.Les partenariats Nord-Sud et Sud-Sud se concrétisent à travers deséchanges de volontaires et de savoir-faire entre organisations. Les volon-taires mobilisés représentent lesorganisations dont ils proviennent etleurs mandats sont déterminéesdans le cadre d'un plan de coopéra-tion conjoint entre partenaires.

L'approche d'Uniterra est caracté-risée par la promotion de relationségalitaires entre partenaires fondéessur le partage des savoirs et le renfor-cement mutuel. Le programme viseà faire évoluer la coopération volon-taire d'une relation d'aide vers unerelation de réciprocité. Uniterracomprend également un importantvolet d'engagement du public cana-dien dont l'objectif est de susciter laparticipation citoyenne aux enjeuxdu développement international.

Roch HarveyCharg de programme, Uniterra

[email protected] commerce équitable,l’économie sociale et lacoopération internationale

( celle des ONG de développement )ne se croisaient pas jusqu’à récem-ment au Québec. Ces trois dyna-miques évoluaient même plutôt enrangs dispersés. Aujourd’hui desconvergences ont émergé. Sur quois’appuient-elles ?

Le commerce équitable : uneinnovation dans la coopérationentre le Nord et le Sud

Le commerce équitable est sansdoute l'une des pratiques les plusinnovatrices sur le terrain de la soli-darité internationale entre le Nord etle Sud aujourd’hui. Comme le disaitle leader africain d'une ONG : « Avecl'argent gagné grâce au commerce,vous pouvez acheter ce que vousvoulez. Mais lorsqu’il s’agit de per-sonnes qui vous aident, c’est plus dif-ficile de poser vos exigences ». Lecommerce équitable serait donc dif-férent qualitativement des formestraditionnelles de la coopérationinternationale. C’est qu’il capitalisefort bien sur la triple dimension dudéveloppement et des échangesNord-Sud tels que nous les définis-sons aujourd'hui : économique,social et environnemental.

1 ) La dimension économique : depetits producteurs de matièrespremières du Sud vendent leursproduits à des pays du Nord à unprix équitable. Ils sont aujour-

d'hui 800 000 producteurs à vivrede ces échanges équitables.

2 ) La dimension sociale : les entre-prises de ces petits producteursdu Sud ( généralement descoopératives ) respectent parentente avec leurs partenaires du Sud les conventions del'Organisation Internationale duTravail ( OIT ) en matière denormes de travail et de normesenvironnementales.

3 ) La dimension environnementa-le : cultures mixtes, utilisation ducompost naturel et orientationvers une certification « orga-nique » constituent des coordon-nées de base provenant à l'origi-ne des associations écologiquesdu Nord qui ont initié dans lesannées 60 ce type de commerce.

Mais les initiatives de commerceéquitable ne sont pas seules, ni dansle temps ni dans l’espace. Elles ontune filiation historique et elles fontpartie d’un ensemble beaucoup plusvaste. Dans le temps comme dansl’espace, elles sont partie prenante del’économie sociale.

Commerce équitable et éco-nomie sociale : une convergen-ce historique et actuelle

Les Pionniers de Rochdale, fonda-teurs du mouvement coopératif bri-tannique, avaient pour nom LesÉquitables Pionniers de Rochdale.Ce n’est pas un hasard. Or, 50 ansplus tard, au début du 20e siècle, le syndicalisme agricole québécois s’eninspire de cette politique pour mettre

en œuvre une gestion collective de l’offre par des coopératives. Et aujourd’hui, avec UPA Développement interna-tional ( UPA DI ), il fournit son exper-tise aux organisations paysannesd’Amérique latine et d’Afrique pourfavoriser des formes collectives decommercialisation. Ce n’est là qu’unexemple. Aujourd’hui c’est Équiterreet d’autres OCI qui s’avancent dansses sentiers trop longtemps oubliésou ignorés.

Commerce équitable,économiesociale et altermondialisation

La mondialisation telle que propo-sée par le néolibéralisme n’est pas laseule possible. En fait, la crise a libé-ré, à l’échelle internationale, unespace inédit pour l’innovation et latransformation sociales, notammentdans la zone où le « social » et l’« éco-nomique » se superposent, ce qui estle cas du commerce équitable, del’ensemble de l'économie socialecomme des initiatives de développe-ment local.

Face à l'offensive néolibérale, ilexiste une autre perspective de tra-vail mise en oeuvre par un certainnombre d'acteurs de la société civiledont le défi est de multiplier leséchelles d'intervention ( locale,régionale et fédérative, nationale etinternationale ) tout en cherchant àpasser d’un travail d'organisationplus micro, à un travail plus macropermettant d'agir sur les pouvoirspublics à l'échelle nationale et inter-nationale.

( Suite de la page 7 ) mise en marché, de même que le contrôle de la qualité qui sont des éléments qui demandent une certaine professionnalisation àlaquelle les producteurs ne peuventéchapper.

Dans ce contexte, la rencontre deDakar est importante car elle jouera un rôle primordial dans tout ce quitouche la diffusion des pratiques de commerce équitable en Afrique.Elle aura également pour fonction de mettre en réseau des producteurs latino-américains avecleurs homologues africains afin que ces derniers puissent bénéficier de leurexpertise.

Si, pour certains, le commerce équi-table se limite au café, nous savonsmaintenant que de plus en plus de pro-duits sont vendus dans la filière équi-table: que ce soit le thé, le sucre, les

bananes, le coton ou le miel, tous sontdistribués de façon à respecter certainsprincipes de base qui permettent deséchanges économiques plus justes et ledéveloppement durable des commu-nautés.

En effet, en diminuant les intermé-diaires et en payant aux petits produc-teurs un prix qui tienne compte descoûts de production, on favorise l'au-tonomie économique des commu-nautés du Sud. De la même façon, lecommerce équitable repose égale-ment sur des partenariats à long termeavec les producteurs du Sud. Cela leurpermet de planifier la production etd'envisager la mise sur pied de projetsde développement. Le commerceéquitable exige des producteurs unegestion transparente et démocratiquequi se réalise au sein de coopérativesqui ont pour credo le respect des droitsdu travail. De plus, une partie de la ris-

tourne sert à financer des projets dedéveloppement local. Cela a pour effetde permettre à la communauté touteentière de bénéficier des bienfaits deséchanges équitables.

Pour en savoir plus

Gendron, C. (2004), «Un nouveaumouvement socioéconomique aucœur d'une autre mondialisation: lecommerce équitable», dans Favreau,Larose et Fall Altermondialisation,économie et coopération internationa-le, Presses de l'Université duQuébec/Karthala, Québec/Paris, p.158-183.

Lemay, J-F. (2004), Rapport explora-toire de recherche sur les pratiqueséconomiques de commerce équitableau Burkina Faso et Sénégal, CRDC,Université du Québec en Outaouais,113p.

Uniterra construit un monde solidaire

Une initiative conjointedu CECI et de l'EUMC

LA PERSPECTIVE D'UN NEW DEALÉCOLOGIQUE POUR LE 21E SIÈCLE

Le 20è siècle a en partie résolu la sévère crise du libéralisme en adoptantun « New Deal » entre le capitalisme et le mouvement ouvrier. Cela a permisune série de régulations sociales qui ont transformé la condition ouvrièreen condition salariale permettant à tous les travailleurs de disposer d'unecitoyenneté avec les pleins droits que cela induit et d'une protection socia-le de base universelle. Il n'est pas interdit de penser à l'émergence au 21è

siècle d'« une nouvelle utopie, une sorte de New Deal écologique, d'uneentente générale entre les États visant un développement durable maiscette fois-ci à l'échelle mondiale ».

Tels sont les propos que tenait récemment Alain Lipietz, député au parle-ment européen et figure bien connu du Parti vert en France . Il ne suffit pasen effet d'agir localement et de penser globalement. Il faut aussi agir globa-lement. Ce qui implique beaucoup de choses, telle l'annulation de la dettedes pays les plus pauvres, le développement sans précédent d'un commer-ce international de produits écologiquement sains dont le commerce équi-table est une amorce, la protection internationale de la biodiversité par unorganisme international doté de pouvoirs afférents, etc. Il s'agit donc biend'une action collective de longue haleine. Le changement ne peut venird'un seul coup. C'est là le défi du siècle qui commence.

Louis Favreau

Commerce équitable, économie sociale et coopération internationale

Les nouveaux croisements

L

Louis [email protected]

Page 9: DAKAR 2005 AOÛT-SEPTEMBRE 2005 RENDEZ …w4.uqo.ca/gesq/fichiers/activites_archives/Reseaux Dakar 2005.pdfCe cahier spécial de RÉSEAUX veut rendre ... FTQ soutient au Sénégal

AOÛT -SEPTEMBRE 2005 9DAKAR 2005

epuis la rencontre interna-tionale de Québec en 2001,le GESQ a ponctué d'événe-

ments le désir de ses organisationsmembres de mieux comprendreles enjeux liés à la mondialisationnéo-libérale en vue d'identifier desprojets socio-économiques nova-teurs capables d'impulser un déve-loppement durable.

D'abord, en septembre 2003, uneconférence internationale Le Sud et le Nord dans la mondialisation.Quelles alternatives? s'est dérouléeà l'Université du Québec enOutaouais. Les principaux organisa-teurs de la rencontre étaient AbdouSalam Fall, de Dakar au Sénégal, duRéseau intercontinental d'économiesociale et solidaire ( RIPESS ) ; LouisFavreau, titulaire de la CRDC à l'UQOainsi que Gérald Larose, président duGESQ et professeur en travail social àl'UQAM. La conférence a été uneoccasion de débats à propos desalternatives possibles à la mondiali-sation. Au programme, une panoplied'ateliers portant par exemple sur lesnouvelles formes de coopérationinternationale, les mutations dans lemonde du travail, les finances soli-daires, les nouveaux réseaux interna-tionaux, etc.

Une des réussites de la conférenceinternationale a été son impression-nante capacité de mobilisation. Eneffet, elle a réuni plus de 425 partici-pants de tout le Québec et des confé-renciers en provenance de 15 pays,principalement du Sud, ce qui a révé-lé un très grand intérêt pour lesthèmes abordés. Les travaux menésdans le cadre de cette rencontre ontdonné lieu à la publication de deuxouvrages « Altermondialisation, éco-nomie et coopération internationale »et « Le Sud… et le Nord dans la mon-dialisation, quelles alternatives ? »publiés l'an dernier aux Presses de

l'Université du Québec et à Karthala à Paris.

À peu près simultanément, LouisFavreau et Abdou Salam Fall ont étéles instigateurs d'un programme derecherche international sur lethème de la Création de richessesen contexte de précarité. Ce pro-gramme repose sur le travail d'unedizaine d'équipes de recherched'Afrique ( Burkina Faso, Mali etSénégal ), d'Europe ( Belgique,France, Suisse ), d'Amérique latine( Brésil, Chili, Pérou ) et d'Amériquedu Nord ( Québec ). Les travaux por-tent sur les initiatives d'économiepopulaire et solidaire innovantesdans chacun de ces pays dans uneperspective de comparaison Nord-Sud et Sud-Sud et sur leur contribu-tion au développement et à ladémocratie.

En juin, l'Université d'été duGESQ sur l'Internationalisation del'économie sociale a réuni quelques200 personnes : promoteurs d'en-treprises d'économie solidaire, pro-fessionnels d'ONG de développe-ment local, militants d'organisa-tions communautaires, dirigeantsde syndicats, étudiants, chercheurset même des élus locaux. Tout cebeau monde répondait à l'invitationdu GESQ conjointement avec leLAREPPS et la CRDC à réfléchir col-lectivement sur les thèmes recon-nus comme étant des enjeux clés dela rencontre de Dakar : financessolidaires, commerce équitable,alternatives populaires à la mondia-lisation et promotion de l'économiesociale et solidaire. L'Universitéd'été aura non seulement été utile àla préparation politique des partici-pants, elle aura aussi été une occa-sion de faire le point sur les activitésen cours en Afrique ( rencontre deBamako ) et en Amérique latine( conférence de Cochabamba ) envue de Dakar 2005.

Le 9 juin dernier, Roch Denis,recteur de l'UQAM, a ouvertl'Université d'été sur l'internatio-nalisation de l'économie sociale. Lerecteur de l'UQAM a accepté avecempressement suite à une ren-contre avec la direction du GESQ etdu LAREPPS d'appuyer trèsconcrètement la démarche deDakar. Il s'y rendra pour l'ouvertu-re à titre de représentant del'UQAM et, indirectement, dereprésentant du réseau des univer-sités du Québec en région.

La rencontre de Dakar sera précé-dée d'un colloque du réseauCréation de richesses en contextede précarité. L'événement se réali-

sera à l'Île de Gorée, les 17 et 18novembre prochain, tout justeavant la 3e rencontre internationale( du 22 au 26 ). Cette fois, les cher-cheurs membres du réseau échan-geront sur le renouvellement de l'É-tat social au Nord et sur sa construc-tion au Sud. Dossier à suivre…

Pour en savoir plus :

Fall, A.S., et Favreau, L., ( 2002 ),Création de richesses en contexte deprécarité : une comparaison Sud-Sud( Afrique et Amérique latine ) et Nord-Sud ( Canada, Afrique et Amériquelatine ), Économie et Solidarités, vol.34, numéro 1, p.168-178.

Favreau, L, R.lachapelle, G. Laroseet Y.Vaillancourt ( 2005 ),

L'internationalisation de l'écono-mie sociale à l'heure de Dakar 2005.Université d'été du GESQ, GESQ/LAREPPS/CRDC, Montréal etGatineau, 21 pages ( disponible sur lesite www.uqo.ca/ries2001 )

Dakar 2005, les universités du réseau UQ sont dans le coup

D

Roch Denis, recteur de l’UQAMSource : UQAM

DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL ET ÉCONOMIE SOCIALE : DES CÉGEPS S'EN MÊLENT

C'était il y a 4 ans lorsque le Ministère de l'Action sociale et de la famille duTchad demande à l'ACDI un appui afin de mettre sur pied des garderies com-munautaires. Des professeurs et des professionnels des CÉGEPS de Saint-Hyacinthe et de Jonquière se montrent immédiatement intéressés par le projet.

Bien vite ces derniers se rendent sur le terrain afin de faciliter la formation etla prise en charge du milieu en vue de soutenir la mise en place des garderies.Sylvie Brassard, professeure en travail social au CEGEP de Jonquière, animerala démarche générale sur place. Les services de garde mis sur pied dans lecadre de ce projet regroupent des enfants âgés entre 3 et 5 ans. Aux dires deSylvie Brassard, l'objectif principal du projet est d'améliorer la qualité de viedes femmes. En effet, plusieurs d'entre elles survivent grâce à de petits com-merces informels. L'accès à un service de garde leur facilite la tâche pourmieux faire leur travail car elles n'ont pas à s'occuper de leurs jeunes enfantspendant la journée. De la même façon, le projet permet à des jeunes filles de10 ou 11 ans de retourner sur les bancs d'école : sans les garderies, elles auraientà s'acquitter de la tâche de prendre en charge les plus jeunes. À ce jour, 20 gar-deries communautaires ont été implantées dans cinq régions du pays. Cesdernières reçoivent environ 60 enfants chacune et sont gérées par les parents.Le projet a jusqu'ici réussi à créer 40 emplois.

Pour en savoir plus :www.cegepsth.qc.ca/international/projets_coop.html

Louis [email protected]

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10 AOÛT -SEPTEMBRE 2005DAKAR 2005

En 1985, des entreprises coopératives etmutualistes québécoises s'unissaient pourfonder une organisation qui leur permettraitde partager leur expérience et leur expertiseavec des organisations des pays du Sud. C'estainsi que prend forme SOCODEVI, la Sociétéde coopération pour le développement inter-national, une société canadienne privée sansbut lucratif.

Aujourd'hui, SOCODEVI entame sa vingtiè-me année d'activités comptant sur la force deson réseau de membres : 17 entreprises coopé-ratives et mutualistes, 1 800 000 membres auCanada, 25 000 employés et 8 milliards de dol-lars canadiens en chiffre d'affaires.

L'intercoopération : une approchesolidaire du développement.

Avec l'engagement de son réseau, et par lamise en valeur de la formule coopérative,mutualiste ou d'autres formes associatives,SOCODEVI contribue au développementdurable des pays où elle intervient en ayantpour objectif que les populations se prennenten charge. Les champs d'action de l'organisa-tion : l'agroalimentaire, les assurances, la fores-terie, la microfinance, la santé, les servicesfunéraires et les services en milieu scolaire.

Après deux décennies, SOCODEVI dresse unbilan très impressionnant : 27 pays touchés sur3 continents, plus de 300 projets réalisés,125 000 000 $ CA investis, 458 organisationspartenaires accompagnées et 1 500 000 per-sonnes bénéficiaires directes. De plus, 200missions d'assistance technique ont été réali-sées par nos institutions membres. Voilà le fruitde 20 ans d'intercoopération pour un dévelop-pement durable !

SOCODEVI et la microfinance : desactions innovatrices auprès des femmes

L'offre de services financiers de qualité à desprix adaptés est essentielle à la croissance d'ac-tivités économiques porteuses de développe-ment. La vaste majorité de la population despays où SOCODEVI intervient n'a pas accès àdes services financiers répondant à ces cri-tères.

SOCODEVI est active dans le secteur de lamicrofinance depuis plus de 15 ans et sonaction auprès des femmes de la Côte d'Ivoire,de la République démocratique du Congo etdu Togo s'est révélée innovatrice. La mise surpied de mutuelles d'épargne et de crédit pourdes femmes commerçantes porte aujourd'huises fruits au sein des populations de ces pays.

En Côte d'Ivoire, par exemple, SOCODEVI acontribué à la création, dans la régiond'Aboisso, de la MUCREFAB, en 1994. Unemutuelle mise sur pied pour faciliter l'accèsdes femmes au crédit et pour favoriser le déve-loppement de leurs petites entreprises et amé-liorer leurs revenus. Un an plus tard, laMUCREFAB comptait près de 800 femmesmembres et un encours de prêts de 400 000 $CAN.

Aujourd'hui, la MUCREFAB constitue unréseau de 6 mutuelles et 6 600 femmesmembres. L'encours de prêts atteint plus2,5 M $ CA pour un total 12 200 prêts et près de20 M $ CA de crédit ont été déboursés depuissa création en 1994. L'organisation poursuit sacroissance depuis 10 ans et a généré en moyen-ne 125 000 $ CA d'excédents au cours des 3 der-nières années.

Un modèle de développement fores-tier coopératif ou associatif durable etrentable

Pour les communautés du Sud, participer à lagestion des forêts est essentiel pour garantir ladurabilité des ressources, pour conserver labiodiversité et, bien sûr, pour développer uneactivité économique rentable. La forêt offre un

potentiel immense de création de richesse, devaleur ajoutée et d'emplois. Établir un équi-libre entre les aspects économique, environne-mental et social de la forêt représente un défide taille.

Pour relever ce défi, SOCODEVI propose unmodèle adapté de développement forestiercoopératif ou associatif durable et rentablepour tous. L'application de cette formule s'ap-puie sur l'expertise de la Conférence descoopératives forestières du Québec ( CCFQ ),une des institutions membres de SOCODEVI.

Pour favoriser la mobilisation des popula-tions envers la gestion des ressources fores-tières, la formule coopérative ou associativeoffre des avantages considérables: des entre-prises régies par un fonctionnement démocra-tique, une participation active des commu-nautés dans le développement de leurs forêtset l'implantation d'une culture agroforestière.

Pour connaître davantage les résultats del'application de ce modèle de développementforestier ainsi que toutes les actions menéespar SOCODEVI à travers le monde, visitezwww.socodevi.org

La Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI)

20 ans d'intercoopération pour un développement durable !

Publi-reportage

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Un panel des gouvernements à DakarC'est une première dans le cadre des ren-

contres internationales depuis Lima en 1997 :un espace est réservé à Dakar pour la tenued'un panel des gouvernements et élus locaux.Un espace qui devrait permettre aux instanceslocales de partager des expériences, approcheset programmes en matière de développementet de coopération. La tenue du panel s'impo-sait d'emblée aux organisateurs pour marquerl'évolution et l'importance grandissante durôle des gouvernements locaux dans nossociétés, au Nord comme au Sud tant du pointde vue du développement que de l'évolutionde la démocratie sur la planète.

Si le milieu municipal est encore perçu parplus d'un comme plutôt réactif, relativementconservateur et souvent confiné à un mandatde gestion d'infrastructures et de servicespublics entretenant à l'occasion avec l'étran-ger des relations relevant davantage de la cour-toisie et du partage des cultures que d'un réelcontenu utile, cela est en train de changer.

Le monde municipal a en effet été bousculéau cours de la dernière décennie. Il a été appe-lé à se responsabiliser davantage pourrépondre aux nouveaux enjeux et défis tantnationaux que mondiaux, ce qui a donné lieu àdes initiatives variées sur tous les fronts dumonde municipal.

Ainsi il devient de plus en plus impraticableaujourd'hui pour les municipalités de s'entenir à un simple mandat de gestion d'infra-structures et de services publics. Avec la mon-dialisation, l'effritement du pouvoir de l'Étatcentral en matière de développement et lerehaussement de celui des collectivités; lesmunicipalités plus que jamais dans leur histoi-re sont appelées à être visionnaires, proactiveset innovatrices. Une nouvelle donne qui faitdire à Jacques Jobin, ancien secrétaire généralde l'Union internationale des villes et pouvoirslocaux ( IULA ) que « Le monde municipal doitapprendre à penser mondialement tout encontinuant à agir localement si nous voulonsréussir à atteindre un développementdurable. »

L'Union des municipalités du Québec( UMQ ) et l'international Nord-Sud

L'Union des municipalités du Québec

( UMQ ) semble embrasser cette vision dudéveloppement des municipalités. En plus deses activités nationales, l'Union a commencé àdévelopper il y a un peu plus de 10 ans un voletinternational dédié à la coopération Nord-Sudqu'elle a depuis intégré à sa planification stra-tégique. Sur financement de l'ACDI, à l'inté-rieur d'un programme d'appui aux élus locauxet dans le cadre du processus de démocratisa-tion et de décentralisation des activités desÉtats au Sud, l'UMQ s'est impliquée à ce jourdans deux partenariats : l'un au Chili entre1995 et 2002; l'autre au Sénégal depuis 2003pour un mandat de 5 ans renouvelable.

Au Sénégal, l'homologue de l'UMQ, l'Uniondes associations d'élus locaux ( UAEL ) , est unregroupement récent de trois associationssénégalaises d'élus locaux. L'UMQ accom-pagne l'Union sénégalaise dans le développe-ment et le fonctionnement de sa structure demême que dans des réformes devant êtreapportées à la fiscalité ou à la desserte de ser-vices publics et autres enjeux. L'UMQ espèreaussi contribuer à renforcer l'argumentaire dumonde municipal pour développer davantagele pouvoir de lobbying de l'Union sénégalaise.L'UMQ et l'UAEL ont récemment signé unpartenariat institutionnel qui favorisera leséchanges entre les élus et la mise en lien descommissions politiques. En ce momentl'UMQ réflechit pour savoir si elle ne devraitpas étendre ses activités à d'autres pays del'Afrique de l'Ouest.

Bien que les partenariats se situent au niveaudes regroupements nationaux, ils impliquentpour le Sénégal et le Québec la participationde plusieurs entités municipales et régionales.Grâce à ces partenariats, des municipalités,conseillers municipaux et fonctionnaires ontl'occasion de développer une expertise et uneperspective internationale leur permettantd'enrichir leurs pratiques. Louise Duquet faitremarquer que « les liens d'échanges entrepays peuvent se poursuivre bien au-delà de lafin du financement institutionnel comme entémoigne le cas du Chili ».

Parallèlement à ses activités de partenariats,depuis le début de ses implications Nord-Suden 1995, l'UMQ accueille un nombre appré-ciable de délégations en provenance del'Europe, de l'Afrique, de l'Amérique centraleet de l'Amérique du Sud. Un seul regret : lesmunicipalités à la base disposent de peu deressources pour développer des activités etpartenariats Nord-Sud. Consciente que l'utili-sation des fonds publics pour développer cegenre d'activités est souvent mal perçue parles citoyens, l'UMQ défend auprès des gouver-nements centraux, l'idée de débloquer davan-tage de ressources financières pour que lesmunicipalités puissent s'investir à l'internatio-nal que ce soit pour développer des relationsEst-Ouest ou Nord-Sud. Par ailleurs, dans lamême optique d'appui aux municipalités,l'UMQ en collaboration avec la Fédérationquébécoise des municipalités effectue actuel-lement une enquête en vue de dresser un por-trait des initiatives de relations internationalesdes municipalités.

Si Dakar 2005 sera l'occasion de grands

débats, l'événement sera aussi pour les muni-cipalités une occasion de se mettre à jour surles pratiques d'économie sociale et de déve-loppement local. Il est bien connu qu'auQuébec, plusieurs activités florissantes de cesecteur se sont inspirées à l'origine d'échangesde bons procédés avec des pays du Sudcomme au Nord. Sylvie Tardif qui œuvredepuis 1992 en économie sociale tout en étantdepuis deux ans conseillère municipale àTrois-Rivières témoigne de ce fait pour les pra-tiques trifluviennes.

Économie sociale et municipalités :des convergences à développer

Il est un autre fait aussi reconnu par lesobservateurs : la faible connaissance de l'éco-nomie sociale au sein des municipalités qué-bécoises. À Trois-Rivières, la conseillère Tardifconsacre une partie de son temps pour militeren faveur d'une économie plurielle. Depuisqu'elle a intégré le monde municipal, elle se dittoutefois agréablement surprise du degréd'ouverture et d'écoute de ses collègues etconstate que les préjugés nourris à l'égard del'économie sociale s'estompent rapidementpour faire place à l'enthousiasme étant donnéson côté professionnel et surtout tellementomniprésent dans la vie de chacun. En juin,Trois-Rivières était la première ville du Québecà adopter une politique de développement

social avec la mise sur pied d'un comité per-manent et la création d'un fonds de dévelop-pement.

Plusieurs autres villes se montrent désireusesd'explorer davantage la question des enjeux de l'économie sociale. Montréal, Gatineau,Québec, Mont-Laurier pour n'en nommer quequelques-unes sont d'autres municipalités oùl'on retrouve un souci grandissant de prendreen compte toutes les dimensions de la réalitédu terrain pour une juste vision du devenir desvilles.

DE PLUS EN PLUS. PARTOUT. POUR TOUS.

CHANTIER DE L’ÉCONOMIE SOCIALE www.chantier.qc.ca

AOÛT -SEPTEMBRE 2005 11DAKAR 2005

Des municipalités du Québec tentées de dire oui à l'appel de Dakar

Louise Duquette, Responsable des relations internationalesUnion des municipalités du Québec

Nathalie [email protected]

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est Hélène Simard, direc-trice général du Conseilde la coopération du

Québec ( CCQ ), Jacques Lemieux,président de la Fédération descoopératives de développementrégional ( CDR ) de même queRéjean Lantagne, directeur deSOCODEVI qui représenteront leCCQ à Dakar en novembre prochain.La directrice générale du CCQ disaitrécemment lors d'un colloque inter-national à l'Université du Québec enOutaouais que « la coopérative, c'estplus qu'une entreprise, c'est une for-mule de développement à visage

humain ». À l'appui de son affirma-tion 170 ans d'histoire et une organi-sation à l'échelle internationale avecl'Alliance coopérative internationale.

Pas étonnant que le mouvementcoopératif québécois ait depuis long-temps ses lettres de créances tant iciqu'à l'étranger. Ici, le mouvementcoopératif a fait ses preuves. En effet,depuis les toutes premièresmutuelles et coopératives au 19e

siècle jusqu'à aujourd'hui, les coopé-ratives participent au développe-ment socio-économique du Québec.Au total, ce sont 80 000 emplois quisont générés par les coopératives.Cela représente un chiffre d'affairesde près de 16 milliards de dollars. Enfait, non seulement les coopératives

prônent-elles la participation, l'équi-té et une juste répartition desrichesses, elles sont aussi généra-trices de revenus et souvent très per-formantes. Les coopératives duQuébec ont un taux de survie supé-rieur à celui des entreprises tradi-tionnelles.

Quoiqu'on en dise, les coopérativesont un fort potentiel de développe-ment et d'innovation. Dans lemonde, les coopératives offrent 20 %plus d'emplois que ne le font les mul-tinationales. De plus et peut-être sur-tout, elles réussissent souvent àdéfendre les économies localescontre la prise de contrôle d'entre-prises étrangères, permettent la pré-servation des emplois dans les com-munautés en plus d'avoir la capacitéde sauvegarder ou de faire émergerdes services de proximité ( servicesfunéraires, épicerie et essence,coopératives de santé, équipementagricole et quincaillerie… ).

Le Conseil de la coopération duQuébec a compris depuis longtempsqu'une action globale au plan inter-national s'imposait. Le CCQ a dansses rangs des organisations dont le travail est directement orienté vers la coopération internationalecomme c'est le cas de SOCODEVI et

de Développement internationalDesjardins. De plus, le CCQ estmembre de l'Alliance coopérativeinternationale et du Réseau intercon-tinental de promotion de l'économiesociale et solidaire ( RIPESS ) par l'in-termédiaire du GESQ.

Le Chantier de l'économie socia-le: avec le RIPESS depuis 2001

La solidarité internationale a aussisa place au Chantier de l'économiesociale. En 2002, avec des représen-tants de la CSN, le Chantier a mis lecap sur le Brésil. La mission au Brésilavait été précédée d'un séjour auQuébec de représentants brésiliens.But des échanges ? Faire connaîtreaux collègues de l'Agence de déve-loppement solidaire et de la Centraleunique des travailleurs ( CUT ) brési-liens les organisations québécoises etle modèle d'économie sociale déve-loppé au Québec. Les homologuesbrésiliens ont quant à eux faitconnaître à la délégation québécoisel'état des lieux de ce secteur dans leurpays. Les échanges ont aussi donnélieu à un partage de savoir-faire surdes thèmes comme le financementou l'appui technique et ont permisde faire de la sensibilisation desjeunes sur l'économie sociale ainsique de préparer le Forum socialmondial. Ces expériences à l'interna-

tional donneront naissance àquelques initiatives dans les années àvenir : échanges concernant les poli-tiques publiques ou encore au sujetde la formation des initiateurs d'en-treprises d'économie sociale.

Il faut aussi souligner la participa-tion du Chantier au Forum socialmondial depuis plusieurs années etsa présence dans plusieurs rassem-blements, notamment au Mexique eten Argentine, où le Chantier a prispart à des débats sur le rôle de l'éco-nomie sociale. Ces événements ontaussi contribué à tisser des liens avecdes organisations locales. En fait, depar ces actions à l'international, leChantier souhaite mettre à profittout le potentiel et l'influence dont ildispose afin de contribuer à la misesur pied d'un véritable réseau inter-national d'économie sociale et solidaire. Depuis Québec 2001, le RIPESS, organisateur avec leGroupe d'économie solidaire duSénégal de la rencontre de Dakar,constitue le port d'attache duChantier au plan international par saparticipation au GESQ.

12 AOÛT -SEPTEMBRE 2005DAKAR 2005

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Le Conseil de la coopération du Québec ( CCQ )délègue des représentants à Dakar

C’

Le Centre de recherche sur les innovations socialesUne organisation interuniversitaire et pluridisciplinaire qui étudie et analyse les innovations et les transformationssociales

Objectifs :

Centre de recherche sur les innovations socialesw w w. c r i s e s . u q a m . c a

• Offrir un lieu de concertation et de coordination pour lesactivités de recherche

• Favoriser l'émergence de nouvelles pistes de recherche fondamentale et appliquée

• Développer de nouveaux partenariats • Organiser des activités scientifiques et de transferts vers

la communauté• Former de jeunes chercheurs

Renseignements :

[email protected](514) 987-3000, poste 4458

Marche des jeunes à Porto Alegre 2005Source : René Lachapelle

Enfants dans un quartier populaireSource : Christine Brière

L'ALLIANCE COOPÉRATIVE INTERNATIONALE

Le mouvement coopératif a usé de stratégie et s'est doté d'une voix qui le représente auprès des instancesinternationales : l'Alliance coopérative internationale ( ACI ). Ses activités ont débuté à Londres en 1895.Cependant, il aura fallu attendre jusqu'en 1946 pour que l'ONU lui accorde le statut d'organe consultatif.

L'ACI repose sur le concours de 230 organisations membres en provenance d'une centaine de pays. Cetteorganisation se trouve ainsi à représenter plus de 730 millions de membres individuels et est présenté danspratiquement tous les secteurs de l'activité économique au Sud comme au Nord.

Pour en arriver à faire la promotion des valeurs coopératives et pour assurer le développement socio-éco-nomique des populations par le biais de la formule coopérative, l'ACI a adopté plusieurs façons de faire.L'ACI recueille et systématise l'information et les statistiques sur le mouvement coopératif à travers le monde.L'ACI gère aussi un important centre de documentation en plus de publier deux périodiques, le Review ofInternational Co-operation et l'Ica News. En termes plus organisationnels, l'ACI offre un soutien techniquefavorisant l'essor du mouvement coopératif dans les pays en développement ou en transition ( Afrique, Asie,Europe de l'Est, Amérique latine… ). Elle joue aussi un rôle important au chapitre du plaidoyer internationalen faveur du mouvement coopératif. La principale revendication de l'ACI s'adresse aux gouvernementsauprès desquels elle fait des pressions pour que ces derniers mettent en place des cadres législatifs favorablesà l'émergence et à la consolidation des coopératives sur leur territoire.

Les entreprises collectives au Québec: emplois, nombre entreprises, chiffre d'affairesÉconomie coopérative et mutualiste Économie associative

3201 coopératives et mutuelles(dont 2561 non-financières )

3941 ASBL

79,222 emplois(dont 40,000 dans les non-financières )

45,080 emplois

$15.9 milliards(dont $6,6 milliards dans les non-financières)

$1,3 milliard

Marie-Ève Duperré[email protected]

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AOÛT -SEPTEMBRE 2005 13DAKAR 2005

Développement international Desjardins:de nouveaux projets en Afrique de l'Ouest

« Les coopératives sont les pivots du dévelop-pement local et du développement écono-mique. Même si les flux financiers générés res-tent marginaux, elles réussissent à rejoindre desgens qui autrement n'auraient pas accès auxservices financiers » annonce d'entrée de jeuJean-Bernard Fournier, directeur principal ensystématisation et instrumentation chezDéveloppement international Desjardins( DID ). Il ajoute que les petits commerçants quireçoivent des prêts des mutuelles et des coopé-ratives d'épargne et de crédit peuvent ainsigénérer des revenus qui réussissent à faire vivredes familles entières. De plus, lorsque ces fondssont prêtés à des femmes, on remarque desimpacts directs sur les conditions de vie desfamilles. Cela s'expliquerait par la propensionqu'ont les femmes à mettre sur pied des initia-tives qui reposent non seulement sur leurspropres besoins mais aussi sur ceux de leursproches. Quant à elle, la formule de la micro-finance est particulièrement bien adaptée auxréalités du secteur informel. Cela est éminem-ment avantageux dans des pays où celui-cireprésente plus de 60 % de la population activecomme c'est le cas en Afrique de l'Ouest. Enoutre, les fonds déposés dans les caisses, parfoisde petites sommes, demeurent essentiels car ilsconstituent un filet de sécurité contre les impré-vus. Par exemple, l'épargne peut être utiliséepour défrayer les coûts liés à une maladie, à undécès ou encore pour payer les études d'unenfant. Dans certains milieux, les ristournessont retournées à la collectivité sous forme deprojets communautaires.

Dans la mouvance de Dakar 2005, DID arécemment entrepris avec ses partenaires deformuler de nouveaux projets en Afrique del'Ouest. C'est ainsi que DID a offert son experti-se en appui technique au Centre d'innovationfinancière ( CIF ) qui regroupe 6 réseaux coopé-ratifs de cinq pays d'Afrique de l'Ouest ( Bénin,Burkina Faso, Mali, Sénégal et Togo ). Commel'explique Jean-Bernard Fournier, le CIF per-

mettra aux partenaires de partager les servicesd'experts en innovation financière ( actuaires,analystes financiers ) afin d'élargir la gammedes produits offerts et professionnaliser ceuxdéjà existants.

Les nouveaux services financiers serontd'abord réalisés sous forme de projets pilotedans une des organisations participantes. Lesautres partenaires peuvent ensuite bénéficierde l'expérience développée chez leur vis-à-viset ainsi améliorer les services offerts dans leurpropre institution. Cela est sans compter leseffets bénéfiques au plan du développementlocal. Pour DID, c'est « parce que le CIF favori-se la concertation et l'interaction entre les par-tenaires qu'il peut agir comme levier de déve-loppement important en Afrique de l'Ouest ».

Plus globalement, DID est engagé dans 25pays dont 12 pays d'Afrique francophone.D'ailleurs, l'organisation a des assises solidessur le continent puisqu'elle y est présentedepuis 35 ans, tout particulièrement auBurkina-Faso. DID agit à titre d'expert conseilauprès de coopératives et de mutuellesd'épargne et de crédit locales. On a souvent dela difficulté à associer le concept de finance àcelui de la solidarité. Or, des organisations tellesque DID ou encore la Caisse d'économie soli-daire Desjardins ont prouvé le contraire en sou-tenant et en prenant part depuis des années àdes initiatives de finances solidaires qui ontpour objectif de mettre la personne au centredu développement économique et de donneraccès au crédit et au système bancaire à des col-lectivités vivant en contexte de précarité.

C'est ce qui s'est passé avec le projet porté parl'Union des mutuelles de partenariat pour lamobilisation de l'épargne et du crédit duSénégal ( PAMECAS ) soutenu par DID. Sur les700 000 $ en trop-perçu, 250 000 $ ont été pla-cés dans une fondation qui offre des boursesd'études destinées aux enfants de familles défa-vorisées. Le PAMECAS qui a un chiffre d'af-faires de plus de 40 millions de dollars compte125 000 membres dans la région de Dakar etrejoindrait ainsi environ un million de per-sonnes.

( Voir la suite en page 14 )

Finance communautaire et solidaire

Des actions qui en disent long

Réunion d’un groupement féminin de crédit rotatifSource : Nathalie Proulx

Marie-Ève Duperré et Louis [email protected]

Page 14: DAKAR 2005 AOÛT-SEPTEMBRE 2005 RENDEZ …w4.uqo.ca/gesq/fichiers/activites_archives/Reseaux Dakar 2005.pdfCe cahier spécial de RÉSEAUX veut rendre ... FTQ soutient au Sénégal

14 AOÛT -SEPTEMBRE 2005DAKAR 2005

La Caisse d'économie solidaireDesjardins : un mariage du syndicalismeet de la finance sociale

De son côté, la Caisse d'économie solidaireDesjardins joue également un rôle de premierplan dans l'appui à des initiatives de financesolidaire dans le Sud. Depuis sa mise sur pieden 1971, son engagement au sein des commu-nautés au Québec même ne se dément pas.Mais elle s'est donnée au fil des ans une poli-tique internationale, notamment en offrant un appui financier à des coopératives duMexique, du Brésil et de l'Argentine en y jouantun rôle prépondérant en ce qui a trait à l'offred'expertise financière. À titre d'exemple, auBrésil, la Caisse d'économie s'est alliée à laCSN et à la Centrale unique des travailleurs( CUT ) afin de consolider Écosol, un réseau decoopératives d'épargne et de crédit associé aumouvement syndical.

D'ailleurs, en vue de coordonner les actionsinternationales de la Caisse d'économie soli-daire avec celles de Fondaction, de Filaction,Bâtirente et de MCE Conseils, une ONG a étémise sur pied. C 'est ainsi que la nouvelle ONGDéveloppement solidaire international offredes conseils financiers à des partenaires duSud, participe à la création de fonds de tra-vailleurs ou soutient l'émergence de réseauxde micro-crédit. Parce que ces organisations

liées à la CSN possèdent chacune leur experti-se propre, il est désormais possible de formerdes équipes multidisciplinaires et du coupaméliorer la portée structurante des interven-tions réalisées.

En fait, si DID et la Caisse d'économie soli-daire Desjardins semblent souvent procéder àl'inverse de leurs collègues des institutionsfinancières traditionnelles, c'est simplementparce qu'elles ont choisi de placer l'économieau service du projet de société qu'elles mettentde l'avant.

Pour en savoir plus :

Caron, P. ( 2004 ), L'engagement internatio-nal de la Caisse d'économie Desjardins destravailleuses et des travailleurs ( Québec ), dansFavreau, Larose, Fall ( 2004 )Altermondialisation, économie et coopérationinternationale, Presses de l'Université duQuébec/Karthala, Québec/Paris, p. 254-258.

Gaboury, A. ( 2004 ), Développement inter-national Desjardins ( DID ) : l'enjeu de la finan-ce communautaire, dans les pays du Sud dansFavreau, Larose et Fall, Altermondialisation,économie et coopération internationale,Presses de l'Université du Québec/Karthala,Québec/Paris, p. 41-51.

( Suite de la page 13 )

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AOÛT -SEPTEMBRE 2005 15DAKAR 2005

L'Union des producteursagricoles du Québec plongedans l'international

C'est au début des années 90 quel'UPA commence à s'intéresser plusfortement à la solidarité internatio-nale. « Nous étions alors en pleinesnégociations des accords du GATT etnous arrivions très nettement à laconclusion que l'agriculture familia-le était menacée par la grande pro-duction » nous dit André Beaudoin,directeur d'UPA-DI qui naît en 1993.« Le travail en partenariat avec desorganisations du Sud s'impose alorsà nous avec force », non seulementpour avoir une plus grande influencesur les débats en cours, mais aussipour comprendre les enjeux liés auxaccords de libre-échange.

Douze ans plus tard, les choses

n'ont pas beaucoup changé. L'UPA-DI est tout autant préoccupéeaujourd'hui par les négociations del'OMC ( qui a remplacé le GATT ) etses impacts sur les petits paysans.En effet, dans une économie mon-dialisée, le marché agricole estdominé par les grands producteursqui peuvent se permettre d'inonderle marché de produits à faibles coûtset ce au détriment des petits pay-sans.

Or, pour en arriver à avoir un cer-tain contrôle, l'UPA-DI a constatéque la porte d'entrée se trouvait ducôté d'une politique systématiquede gestion collective de l'offre. Celase traduit par le contrôle des impor-tations, par le contrôle des prix à laproduction de même que par unemise en marché collective. Parexemple, les producteurs laitiersquébécois supportent collective-ment les frais de transport, ce quipermet d'offrir un prix communpour le lait. Ainsi, le petit produc-

teur situé en région éloignée peutvendre ses produits au même prixqu'un collègue habitant près d'ungrand centre. Cela permet la surviede l'agriculture laitière en région.

André Beaudoin insiste sur le faitque « les mécanismes de mise enmarché collectifs permettent uneappropriation par les acteurs, lespaysans, d'une économie danslaquelle les retombées sont appré-ciables pour eux et pour toute lasociété ».

L'UPA à l'origine d'un mouve-ment international d'agricul-ture équitable : le MAÉ-MAÉ

L'UPA-DI voit un intérêt certain às'impliquer avec des partenaires auSud. Elle travaille à ce que ses parte-naires puissent profiter de son expé-rience de plus de 80 ans en matièrede syndicalisme agricole. En mêmetemps, « les organisations du Sud, explique André Beaudoin, nousfont prendre conscience de la nature même du monde paysan.L'économie occupe une grandeplace en agriculture mais le Sudnous fait prendre consciencequ'outre cette fonction économique,l'agriculture est aussi nourricière etjoue un rôle de protection des res-sources naturelles. Au Nord, on perdvite cela de vue ».

Pour faire avancer les projets,l'UPA-DI est en mesure de partagerson expérience en appui techniqueet organisationnel ou encore decontribuer à la mise en marché des

produits agricoles. D'ailleurs,comme le souligne le directeurd'UPA-DI, la présence d'organisa-tion paysannes fortes est nécessairepour s'insérer dans un processusinternational. « C'est pourquoi nousavons récemment soutenu, avec lemaximum de moyens, la constitu-tion d'un mouvement internationald'agriculture équitable, le mouve-ment MAÉ-MAÉ ( [email protected] ). »

Pour l'UPA-DI, Dakar 2005 servirade phare qui rassemblera les per-sonnes désireuses de se joindre audébat sur l'importance de l'écono-mie sociale vue comme un moyenessentiel pour en arriver à un certainéquilibre au plan économique. Deplus, les organisations paysannes nesont pas suffisamment présentesdans les rassemblements d'écono-mie sociale. L'UPA-DI veut profiterde cette occasion pour faireconnaître ses projets et partager sonsavoir-faire. André Beaudoin faitd'ailleurs remarquer que si au Nord,les producteurs agricoles représente2 % de la population active, dans le

Sud, la proportion peut monter à 50ou 60 % comme c'est le cas del'Afrique francophone. Cependant,en termes économiques, leur apportreste marginal, d'où l'importancedes rencontres comme celles deDakar et de projets développés encommun avec des organisations quitravaillent au sein du secteur agrico-le dans une perspective de dévelop-pement durable.

De l'inédit : une alliance agri-cole internationale de l'UPA-DI, de SOCODEVI et du CECI

De plus, l'UPA s'est jointe à SOCO-DEVI et au CECI afin de créer la pre-mière Alliance agricole québécoiseinternationale destinée à l'Afriquefrancophone. Cette dernière consis-te en une mise en commun des expertises liées au secteur del'agriculture afin d'offrir des servicesplus efficients. Rappelons que le développement durable lié àl'agriculture est essentiel dans cetterégion du monde car ce secteurd'activité regroupe plus de 70 % desemplois.

Le syndicalisme agricole québécois plongédans l'organisation internationale des paysans

Projet agricoleSource : René Lachapelle

Union paysanneSource : René Lachapelle

Marie-Ève Duperréet Louis Favreau

[email protected]

Ces droits forment un tout cohérentpermettant à la souveraineté alimen-taire de devenir une réalité, tant pourles peuples que pour les États.

Pour manifester votre appui, il suffit designer le passeport MAÉ-MAÉ, lequelauthentifiera votre support à ce vastemouvement international.

LES ACTIVITÉS GÉNÉRÉES PAR L'AGRICULTURE ÉQUITABLE S'INSCRIVENT DANS UNE PERS-PECTIVE D'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE ET CE, À L'ÉCHELLE PLANÉTAIRE…

…Pendant que les négociations commerciales concernant l'agriculture battent leur plein à l'Organisationmondiale du commerce ( OMC ), l'intensification de certaines inconduites et pratiques commercialesdéloyales assombrissent l'avenir de l'agriculture et la compromettent comme jamais auparavant…

Le Mouvement pour une agriculture équitable ( MAÉ-MAÉ ) propose une vision qui se précise à travers six droitsfondamentaux à la base d'une agriculture équitable. Le MAÉ-MAÉ vise la reconnaissance d'une agriculturedurable, qui est économiquement équitable, socialement juste, culturellement adaptée et respectueuse de l'envi-ronnement. Le MAÉ-MAÉ s'articule autour de six droits fondamentaux et indivisibles :

• Le DROIT à un prix équitable pour les produits de la ferme

• Le DROIT à la protection de l'agriculture familiale

• Le DROIT à l'intégralité du territoire national

• Le DROIT à la gestion du marché intérieur

• Le DROIT à l'intégrité du territoire agricole

• Le DROIT à la sécurité alimentaire

Courriel : [email protected]

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16 AOÛT -SEPTEMBRE 2005DAKAR 2005

Des ouvrages du Québec sur l'économie sociale et

la solidarité internationale

FALL, A.S., L. FAVREAU et G.LAROSE ( dir. ) ( 2004 ), Le Sud… et le Nord dans la mondialisation :quelles alternatives ? Mondialisa-tion, société civile, États, démocra-tie et développement, Presses del'Université du Québec.

FAVREAU, L., G. LAROSE et A.S.FALL ( 2004 ), Altermondialisation,économie et coopération interna-tionale. Presses de l'Université duQuébec, Sainte-Foy et Karthala,Paris.

FAVREAU, L., R. LACHAPELLE etG. LAROSE ( 2003 ), Économiesociale et solidaire. Une perspectiveNord-Sud. Numéro hors série de larevue Économie et Solidarités,PUQ, Québec..

FAVREAU, L. et L. FRÉCHETTE( 2002 ), Mondialisation, économiesociale, développement local et soli-darité internationale, PUQ, Sillery.

Des ouvrages internatio-naux de référence en écono-

mie sociale au Nord et au Sud

BARTOLI, H. ( 1999 ), Repenser ledéveloppement, en finir avec la pau-vreté, UNESCO/Économica, Paris.

CASTEL, O.( 2002 ), Le Sud dans lamondialisation. Quelles alterna-tives? La Découverte, Paris.

DEMOUSTIER, D. ( 2001 ),L'économie sociale et solidaire.S'associer pour entreprendre autre-ment, Alternatives économiques/Syros, Paris.

DEFOURNY, J., P.DEVELTERE etB.FONTENEAU ( 1999 ), L'écono-mie sociale au Nord et au Sud, Éd.De Boeck, Bruxelles et Paris.

DEVELTERE, P. (1998), Economiesociale et développement: lescoopératives, mutuelles et associa-tions dans les pays en développe-ment, De Boeck Université,Paris/Bruxelles.

Les institutions du Carrefour financier solidaire ont en commun detracer de nouvelles voies dans les domaines de la finance et dudéveloppement économique. Diversifiées et complémentairesentre elles, ces institutions tiennent compte dans la réalisationd'objectifs financiers des impacts d'ordre économique, social etenvironnemental.

Fonds de formationprofessionnelle

Le Carrefour financier solidaire 2175, boul. De Maisonneuve Est, Montréal

www.uqo.ca/observerUn site de recherche, en économie sociale et en développe-

ment régional au Québec produit par la Chaire de recherche duCanada en développement des collectivités ( CRDC ) de l'UQO.

www.unites.uqam.ca/essbe/Site du Laboratoire de recherche sur les pratiques et les poli-

tiques sociales ( LAREPPS ) à l'UQAM. De nombreux travaux surles rapports entre l'économie sociale et les politiques publiques( cahiers de recherche, monographies d'expériences… ).

www.aruc-es.uqam.ca/Site d'une Alliance de recherche Universités-Communautés

spécialisée en économie sociale dont le siège social est àl'UQAM. De nombreux cahiers de recherche, des monographiesd'expériences, des informations sur des activités de toute sorteen économie sociale au Québec ( séminaires, colloques… ).

Un site majeur en économie sociale et en développement international

www.uqo.ca/ries2001Site en économie sociale et en développement international de

la Chaire de recherche du Canada en développement des collec-tivités ( CRDC ) de l'Université du Québec en Outaouais.Multiples liens avec des sites dans ce champ d'étude et derecherche. Nombreux cahiers de recherche, ouvrages recom-mandés, monographies d'expériences, information sur des acti-vités ( séminaires, colloques, rencontres internationales… ) auQuébec et ailleurs dans le monde, principalement dans uneperspective Nord-Sud.

Des sites traitant d'économie sociale etde développement régional au Québec

LES RÉSEAUX LATINO-AMÉRICAINSSE PRÉPARENT POUR DAKAR

Rencontre à Cochabamba en BolivieLes réseaux latino-américains oeuvrant

en économie solidaire de même que ceuxqui sont engagés dans les activités écono-miques du commerce éthique et équitablese sont donnés rendez-vous àCochabamba, en Bolivie, du 13 au 15 sep-tembre 2005. Cette rencontre est organiséeconjointement par la Table de concertationlatino-américaine de commerce équitable,le Réseau intercontinental de promotion del'économie sociale (RIPESS), ainsi que leRéseau national de commercialisationcommunautaire de Bolivie (RENACC).L'événement constitue «un carrefour deréflexion, d'échanges d'idées et d'élabora-tion d'une stratégie commune de dévelop-pement en prévision du quatrième sommetdes Amériques de Mar del Plata prévu audébut de novembre prochain» de direAlfonso Cotera du réseau péruvien d'éco-nomie solidaire, le GRESP et organisateurde l'événement. Les participants profiterontde l'occasion pour construire des instru-ments facilitant les échanges économiqueset commerciaux au sein du secteur de l'éco-nomie solidaire latino-américain, pouradopter une stratégie de développementdes marchés Sud-Sud et des alliances stra-tégiques autant avec les pays de la régionqu'avec les pays du Nord tout en se prépa-rant à la rencontre internationale de Dakar.Le menu est très chargé… comme tous lesagendas de ce genre en Amérique latine.

POUR EN SAVOIR PLUS...

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RETOUR DE MISSION AU MALID'UNE REPRÉSENTANTE DU

QUÉBEC ET DU CANADA

AOÛT -SEPTEMBRE 2005 17DAKAR 2005

n lançant sa campagne contre la vio-lence faite aux femmes au début de

2004, Amnistie Internationale n'hési-tait pas à qualifier la situation des femmesdans le monde de « plus grand scandale denotre époque en matière de droits humains ».

C'est sans aucun doute le constat qu'ont faitun grand nombre d'organisations puisque lesquestions de genre pour le développementoccupent une place de plus en plus impor-tante dans les débats. Qu'il s'agisse de projetsen vue d'appuyer des initiatives génératricesde revenus, de programmes d'alphabétisa-tion, de campagnes en faveur de leurs droitsau travail ou portant sur leur participation àdivers centres de décision, ils ont tous pourobjectif d'améliorer leur qualité de vie etcontrer les inégalités entre les hommes et lesfemmes.

C'est pour arriver à améliorer la qualité de viedes femmes au Québec et à l'échelle de la pla-nète que la Marche des femmes contre la pau-vreté s'est mise en branle dès 1995. Car à cetteoccasion, la présence de consoeurs originairesde pays du Sud a mis immédiatement enlumière l'importance de se solidariser à cetteéchelle. D'où l'idée de la Marche mondiale desfemmes de l’an 2000 qui réunira des représen-tantes des cinq continents et qui sera impulséepar des femmes du Québec. Il faut dire que desinitiatives locales avaient déjà balisé le terrain.C'est le cas des cuisines collectives.

En effet, en 1990, des dirigeantes de la Cuisine collective de Hochelaga-Maisonneuve, accompagnées par une coopé-rante du CECI ayant séjourné plusieurs annéeslà-bas et ayant une bonne expérience d'orga-nisation communautaire dans ce même quar-

tier avec l'ACEF, se rendent au Pérou pourbénéficier de l'expertise de leurs consoeurspéruviennes. Cette rencontre donnera uneforte impulsion à un mouvement de cuisinescollectives organisé à l'échelle du Québec.

C'est que les organisations de femmes péru-viennes ont une riche expérience en matièred'implantation et de gestion de cuisines col-lectives, probablement la plus importante detoute l'Amérique latine d'ailleurs.

Les cuisines collectives se sont multipliéesdepuis la naissance de la Cuisine collective deHochelaga-Maisonneuve, première en songenre au Québec. Rapidement, l'idée a faitboule de neige et s'est répandue dans nombrede quartiers et de villes du Québec.Aujourd'hui, la plupart des cuisines collectivesquébécoises sont fédérées au sein duRegroupement des cuisines collectives duQuébec ( RCCQ ). En 2004, le RCCQ recensaitplus de 1330 cuisines collectives dans l'en-semble du Québec. La coopération Nord-Sudet Sud-Nord a bien meilleur goût.

Voilà pourquoi le GESQ recherche la partici-pation active du mouvement des femmes.Danièle Fournier, membre du conseil d'admi-nistration du GESQ et représentante desgroupes de femmes investies en économiesociale, souhaite tant que la délégation québé-coise soit constituée d'une grande proportionde femmes, mais aussi qu'une place de choixsoit réservée aux préoccupations des femmeslors des débats eux-mêmes et ce pour les cinqthèmes au programme. Elles y veilleront deprès

Pour en savoir plus :

Fréchette L., ( 1997 ). Les cuisines collectivesdu Pérou : un itinéraire de 20 ans. Centred'études et de recherches en Intervention socia-le, Université du Québec en Outaouais, 25 p.

Les réseaux canadiens et québécoisd'économie sociale étaient dûmentreprésentés à la rencontre continentaleafricaine de préparation de Dakar 2005à Bamako au Mali laquelle se réalisaitdu 23 au 25 juin 2005. Éthel Côté, pré-sente au nom du Groupe d'économiesolidaire du Québec ( GESQ ) et duRéseau canadien de développementéconomique communautaire ( RDÉC )a participé aux trois jours de travaux dequelques 500 participants originairesd'une vingtaine de pays africains.

« L'Afrique est prête pour la rencontrede Dakar » de dire Éthel Côté. La quali-té des débats, la présence dynamiquede dirigeants des groupes de femmes etde jeunes, la volonté de rassembler ungrand nombre de praticiens, de mêmeque les efforts continus de mobilisationen ont été la preuve. En fait le but d'unetelle participation était de renforcer lesliens entre les réseaux africains eux-mêmes tout en faisant sentir l'appuisans réserve que les réseaux canadienset québécois d'économie sociale et dedéveloppement local accordent à cette3e grande rencontre internationale deglobalisation des solidarités initiée àLima au Pérou et poursuivie à Québecen 2001.

Les participants de l'événement ontété invités à réfléchir sur tout un éven-tail de thèmes allant des finances communautaires, aux questions degenre en passant par le développementlocal, le commerce équitable et l'envi-ronnement. La rencontre de Bamako asu capitaliser sur l'expérience desacteurs de l'économie sociale afind'élaborer une vision globale africainede l'économie solidaire, dans la pers-pective de la rencontre de Dakar denovembre prochain.

Des Québécoises en Afrique cet automne

E

Étal au marché de ThièsSource : Sophie Morin

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18 AOÛT -SEPTEMBRE 2005DAKAR 2005

RÉSEAUX : M.Larose, en tant queprésident du GESQ, organisationanimatrice de la 2e grande rencontreinternationale d'économie socialeen 2001 à Québec et en tant que vice-président du RIPESS, réseau inter-national au cœur de la tenue de la 3erencontre internationale à Dakar,vous avez vu depuis un an ou deuxse profiler quelques projets d'enver-gure pour la suite des choses aprèsnovembre prochain. Pouvez-vousnous dégager quelques lignes deforce de la trajectoire anticipée pourles années qui vont suivre ce rendez-vous intercontinental ?

Gérald Larose : La premièrecontribution espérée de Dakarconcerne le développement dumouvement international de l'éco-nomie sociale et solidaire animéepar le RIPESS. Quel mode de « gou-vernance » allons-nous nous donnerpour l'avenir, mode de gouvernancequi nous permettrait d'éviter deuxtravers, le fonctionnement tropinformel et le fonctionnementbureaucratique.

Mais ce mode de « gouvernance »est lié aux projets opérationels quiémergent présentement. Le premierde ces projets est celui d'une fonc-tion Conseil international en appui

aux entreprises d'économie sociale àmettre en œuvre un peu partoutdans le monde mais d'abord au Sudqui subit de plein fouet les politiquesnéolibérales des grandes institutionsfinancières internationales commele FMI et la Banque mondiale. Çàmarche assez rondement. Le groupesénégalais a recruté deux expertspour explorer le projet. En juillet,une délégation de MCE Conseil duQuébec ( avec son fondateurNormand Caron ), organisationayant développé cette expertise dansle cadre de la CSN depuis de trèsnombreuses années, s'est jointe àcette équipe de Dakar pour appro-fondir la proposition. Ils fournirontprochainement un document d'ap-proche de cette question à laCommission internationale de liai-son ( CIL ) du RIPESS pour fins dediscussion.

Le second projet a trait à la misesur pied d'un fonds international dedéveloppement évoluant dans lamouvance même du RIPESS. Là,c'est un peu plus compliqué d'atta-cher une proposition précise à cestade-ci puisqu'on ne sait pas suffi-samment bien la pertinence qu'ilaurait par rapport à certains autresfonds, notamment en Europe, du

( Voir la suite en page 19 )

L'Après Dakar 2005 : être plus offensif dansla promotion de l'économie sociale à

l'échelle internationaleL'internationalisation de l'économie sociale progresse parfois par sautsqualitatifs. Hier, les rencontres internationales servaient surtout à échan-ger, se repérer, voir si entre le Nord et le Sud, dans les communautés locales,nous étions sur des longueurs d'onde communes. Cette perspective, tou-jours présente, n'est plus aujourd'hui l'unique horizon. Une meilleureorganisation à l'échelle internationale s'est imposée peu à peu.Voilà pour-quoi, quelques projets internationaux ambitieux émergent progressive-ment. Gérald Larose est au cœur de ces délibérations et projets qui nais-sent. Il nous en fait part.

Les collectivités locales sont désormais au coeur du développement des nations. Cescollectivités doivent être bien outillées pour assumer leurs responsabilités de plusen plus exigeantes.

Depuis plus de dix ans, l’Union des municipalités du Québec apporte son expertiseassociative et développe, avec des regroupements de municipalités de divers pays,des projets leur permettant de consolider leurs structures et de les rendre plusperformantes dans le soutien à leurs membres et la prestation de leurs services.

L’UMQ a participé à des missions ou reçu des délégations d’élus municipaux de laFrance, du Chili, du Panama, de la Corée du Sud, du Vietnam, des Philippines, dela Bolivie, du Maroc, de l’Afrique du Sud et de plusieurs pays de l’Afrique del’Ouest, dont le Sénégal. L’objectif de cette ouverture sur le monde est toujours lemême : un partage de connaissances entre des élus municipaux du Québec et ceuxde collectivités locales et régionales d’autres peuples, au bénéfice des citoyens.

L’UMQ, OUVERTE SUR LE MONDE

www.umq.qc.ca

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AOÛT -SEPTEMBRE 2005 19DAKAR 2005

( Suite de la page 13 )

côté des réseaux de finance solidaireregroupés par INAISE, lesquelspourraient avoir des missions simi-laires. Bref, comment éviter à un telprojet de recouper ce que d'autrescherchent peut-être à faire ( c'est enexamen ) et en même temps faire unconsensus assez solide sur quel typed'instrument ou quel modèle defonds bâtir ? La démarche est doncen cours mais pour l'opérationnali-ser à la satisfaction des principauxacteurs concernés et ce à l'échelleinternationale, Il faudra sans douteêtre plus patient que prévu. Maisc'est dans l'air du temps. Onn'échappe pas à ce vide que les insti-tutions financières traditionnellesont créé. Ils ne financent pas ou sipeu les coopératives et les OSBLqu'il faut mettre en œuvre nospropres dispositifs.

Par ailleurs, il est manifeste que leRIPESS devra stimuler le développe-ment des principaux secteurs del'économie sociale qui se manifeste-ront dans les différents ateliers àDakar en développement local, encommerce éthique et équitable, enfinances communautaires, en servi-ce aux personnes ( santé, habi-tat… ). Sans compter qu'il nous fau-dra être plus offensif dans la promo-tion de l'économie sociale et solidai-re, ce qui passe par des discussions à ouvrir avec de grandes institu-

tions internationales comme leProgramme des Nations-Unies pourle développement ( PNUD ), leBureau international du travail( BIT ) et son programme d'écono-mie sociale, l'UNESCO et ses préoc-cupations éthiques en économie…Car souvent nous avons desréponses à ce qu'ils cherchent eux-mêmes à faire particulièrement dansles pays du Sud. Et pour favoriser cesdélibérations avec elles, il nous fau-dra à coup sûr inscrire le RIPESSdans le concert des organisationsnon gouvernementales internatio-nales ( ONGI ) qui ont le statut et lacrédibilité nécessaires pour initier cetype d'intervention.

RÉSEAUX : Un dernier mot sur leGESQ après Dakar 2005. Quellesorte de projets peut-on anticiperqui mettraient dans le coup toutautant le Conseil de la coopérationdu Québec ( CCQ ) que le Chantierde l'économie sociale, les organisa-tions syndicales, les groupes defemmes, des réseaux de chercheursque l'Association québécoise desorganisations de coopération inter-nationale ( AQOCI ) et les ONG parti-cipantes activiment du GESQcomme le CECI, Développement etPaix ou SOCODEVI et même avec les pouvoirs locaux telle que l'Union des municipalités duQuébec qui maintenant s'intéresse

aux initiatives du GESQ ?

G.L. : La tenue de l'Universitéd'été du GESQ en juin dernier a étérévélatrice d'une grande capacité demobilisation du GESQ dans nombred'organisations mais aussi d'uneouverture nouvelle en directiond'organisations pour lesquellesl'économie sociale n'est pas une évi-dence.

Prendre le temps de redéfinir nospriorités à la lumière de ce qui sedessinera au sortir des échanges etdélibérations de novembre prochainsera sûrement à l'ordre du jour. Ilnous faudra également revoir notremode de fonctionnement et nosfinancements toujours bien fragiles.Et peut-être, qui sait, je réfléchis touthaut, se donner avec nos partenairesde toujours et nos nouveaux parte-naires une forme quelconque d'É-tats généraux de la coopéra-tion avec les pays du Sud, unnouveau manifeste de la solidaritéinternationale… Cela reste à voirmais nous ne sommes pas près dechômer, surtout lorsqu'on anticipeles retombées de Dakar 2005 et lesdemandes fortes que l'Afrique etl'Amérique latine ont à notre égard.Car Lima en 1997, Québec en 2001 etDakar en 2005 sont des événementsqui suscitent beaucoup d'espoir làoù c'est moins évident d'en avoir.

RÉSEAU INTERCONTINENTAL POUR LA PROMOTION DEL'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE ( RIPESS )

Le Réseau intercontinental pourla promotion de l'économie socialeet solidaire ( RIPESS ) a été fondéfin 2002. Il a pour mandat de favo-riser la mise en réseau internatio-nale de tous les acteurs et promo-teurs de l'économie sociale et defavoriser la réflexion sur le potentielde ce secteur en regard du dévelop-pement. Le RIPESS se charge doncd'animer des débats sur ce thèmeen plus de favoriser la diffusiond'expériences d'économie socialeou de développement local qui ontfait leurs preuves. Il s'oriente aussivers le soutien aux initiatives dansles pays où il est présent ( forma-tion, appui-conseil, etc. ).

Élément important s'il en est un :le RIPESS est le dispositif qui sup-porte le processus des rencontresinternationales initié à Lima en1997, poursuivi à Québec en 2001 etqui sera à son troisième grand ras-semblement du 22 au 26 novembre2005 à Dakar.

D'ailleurs, cette rencontre inter-nationale sur la globalisation de lasolidarité de Dakar sera un lieud'échanges où de nombreux ate-liers et séminaires se tiendront,réalisés en lien avec les cinq grandsenjeux identifiés par les organisa-

teurs, soit les finances solidaires, lecommerce éthique et équitable, lesalternatives populaires à la privati-sation, le développement localainsi que la promotion de l'écono-mie sociale.

La rencontre de Dakar donneraaussi lieu à un panel des gouverne-ments où des élus oeuvrant au seinde départements ou de projetsd'économie sociale seront appelésà témoigner de leur expérience.

Outre les séminaires et les confé-rences, un village intercontinentalde commerce équitable sera mis enplace où des producteurs pourrontvendre leurs produits en plus derencontrer des collègues origi-naires de plusieurs dizaines depays.

Finalement, pour couronner letout, les participants seront appelésà se joindre à une grande marchepopulaire dans les rues de Dakarafin de faire connaître au plusgrand nombre les enjeux débattuslors de la rencontre et pour sensibi-liser la population aux alternativespossibles à la mondialisation.

www.ripess.net

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d’introduire de la solidarité dans

l’économie par une participation au

développement des communautés, en

misant sur leur capacité d’innover et

d’entreprendre ensemble. Au critère

de la viabilité économique, nous ajoutons

la rentabilité sociale et le dynamisme

de ces communautés.

Notre caisse constitue aujourd’hui un large

carrefour où se rencontrent tous ceux

et celles qui, à travers les réseaux

coopératif, syndical, communautaire

ou associatif et culturel, travaillent

à construire une économie socialement

équitable, écologiquement consciente...

Une économie solidaire des générations

présentes et à venir.