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Que savons-nous réellement sur le lait ? P. 22 LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS Octobre 2008 - N° 28 Comment font nos voisins ? Contexte laitier

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Que savons-nous réellement sur le lait ?P. 22

LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS Octobre 2008 - N° 28

Comment font nos voisins ?Contexte laitier

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éditorial

Partenaires associés au Pôle Herbivores :

Les travaux du Pôle Herbivores sont conduits avec le soutien financier de :

Dans le cadre d’un Contrat d’Objectif

Les références des éleveurs bretons

Revue éditée par la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne

(Pôle Herbivores)Rond Point Maurice Le LannouCS 74223, 35042 Rennes cedex

Cap Elevage est la continuité des revues départementales créées en Bretagne par

les Maisons de l’Elevage, les EDE et les Chambres d’agriculture :

Elevage Rentabilité (Côtes d’Armor, en 1967), A La Pointe de l’Elevage (Finistère, en 1968),

Morbihan Elevage (Morbihan, en 1997) et Elevage Avenir (Ille et Vilaine, en 2001)

Directeur de la publication : Jean Luc Fossé

Directeur de la rédaction : Rémi Espinasse

Rédacteur en chef : Roger Hérisset

Comité de rédaction : Roger Hérisset, Rémi Espinasse, Gérard Losq, Jacques Charlery,

Jean-Yves Porhiel, Benoît Rubin, Olivier Schricke

Assistante de rédaction : Madeleine Lefaucheur

Responsable promotion et diffusion : Jacques Charlery

PAO : Service communication de la Chambre

d’agriculture des Côtes d’Armor

Crédit photographique : Chambres d’agriculture de Bretagne,

Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres, Contrôle Laitier et Musée gallo-romain

de Jublains (53). Dessins : Malo Louarn

Imprimerie : Agri Graphic, Laval

ISSN : 1779 - 5303 Dépôt légal : Octobre 2008

Abonnement : 10 numéros : 49 TTC

Vente au numéro : 7 TTC

✆ 02-96-79-21-63 [email protected]

www.capelevage.synagri.com

Pour se préparer à l’avenir, s’informer

Notre agriculture, notre élevage se sont beaucoup développés en pratiquant la vulgarisation dite « par-dessus la haie » pour imager le partage d’expérience entre agriculteurs. La recherche tant fondamentale qu’appliquée est venue nourrir ces échanges.Le fait européen, la mondialisation des échanges nous amènent cette fois à regar-der par-delà les frontières. En effet, nous sommes sur les mêmes marchés. Ceux-ci orientent le prix de nos produits et il est important de connaître la vision de l’avenir de nos voisins européens, leurs pistes de recherche, les solutions mises en œuvre ou en prévision. Pas tant dans l’idée de copier ce qui se fait ici ou ailleurs, mais bien avec la ferme intention de dessiner notre propre voie, d’imaginer nos propres solutions, en croisant nos expériences, notre stratégie avec toutes ces informations venues d’ailleurs. La Bretagne et plus largement le Grand Ouest, ont beaucoup d’atouts pour relever les défis de demain : une région, un climat favo-rable, une vraie dynamique d’élevage avec des hommes et des femmes motivés pour relever les challenges qui se présentent à nous.L’appareil de recherche et de développement restera indispensable pour innover et éprouver les pistes nouvelles. C’est en même temps une œuvre collective et la nécessité d’un engagement individuel pour se donner les moyens d’évoluer.L’avenir est toujours aussi incertain à pronostiquer, mais s’informer en perma-nence permet de l’aborder avec moins d’inquiétude.C’est l’ambition de ce numéro de Cap Elevage comme de tous ceux parus ou à paraître. Bien sûr, nous vous encourageons à croiser cette lecture avec d’autres sources d’information.

Bonne lecture à tous

Joseph LANGLAISAdministrateur Institut de l’Elevage

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N° 28 - Octobre 2008

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sommaire Cap Elevageimprimé sur

papier recyclé

Avec le lait, une santé de fer

La production lai-tière hollandaise Un challenge pour l’après 2015

DOSSIER •COntExtE laItIER

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Qualité du laitDeux avis d’experts 26

COntROlE laItIER

Pour piloter l’alimentationNoter l’état d’engraissement 18

Journées CEREL 2008Que savons-nous réellement sur le lait ? 22

Lait et Agrobiologie en BretagneUn nouveau réseau d’élevages en 2008 20

REChERChE applIquéE

L’herbe d’automne : un fourrage à valoriser ! 16

alImEntatIOn COnDuItE

A Plounéour-Menez dans le FinistèreLa contention individuelle des vaches laitières en bâtiment13

BâtIEmEntS EquIpEmEntS

Produire du lait en Poitou-CharentesLes défis de la restructuration laitière en région intermédiaire

10

Directive nitrates et contraintes d’environnementSituation des bassins laitiers européens8

Station expérimentale laitRajeunissement à Trévarez 28

VIE DES StatIOnS

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4 OctObre 2008 - N° 28

LA PRoDuCtion LAitièRE hoLLAnDAiSE

Un challenge pour l’après 2015La Hollande a longtemps été le fer de lance du développement de la production laitière en Europe. Les quotas ont freiné son développement. A l’aube d’une libéralisation vraisemblable, où en sont-ils ? Innovation technique, dynamisme commercial, mais aussi écoute de la société, la filière hollandaise prépare l’avenir et affiche sans complexe une volonté de développement. Une chose est sûre, au pays des polders, le vent n’est pas au pessimisme. Mais le challenge est de taille.

Avec 7 % de la production lai-tière de l’UE, mais 25 % des exportations vers les pays tiers, les Pays-Bas sont un acteur incontournable de la produc-tion laitière en Europe. Dans le contexte actuel, il est intéressant de regarder comment ils appré-hendent l’avenir et quelles sont leurs stratégies. Pour cela la mis-sion économique de l’ambassade de France à La Haye a organisé un séminaire d’études au mois de mai 2008.L’agriculture et l’industrie agro-alimentaire sont stratégiques pour l’économie hollandaise, puisqu’ils génèrent 9,3 % du PIB et 10,1 % des emplois contre 3,4 % et 4 % en France. La production laitière représente le quart de la valeur ajoutée agri-cole, derrière l’horticulture qui s’est beaucoup développée (40 % de la valeur ajoutée agricole). Petit pays très dense, les activi-tés agricoles sont confrontées à une compétitivité sur l’accès au foncier, d’où une augmentation régulière du prix des terres agri-coles, qui atteint en moyenne 36 000 €/ha fin 2007. Mais, comme en Bretagne, l’intensi-fication des productions ani-males entraîne des contraintes environnementales fortes. Deux plans de réduction des pollu-tions d’origine animale en 2000 et 2001 ont conduit à une baisse de 25 % du cheptel porcin par rapport à 1997 et à la cessation d’acti-vité de plus de 4 000 éleveurs de porcs. Par ailleurs, la Hollande a obtenu une dérogation à la direc-

tive nitrates qui permet d’épan-dre 250 unités d’N organique par hectare, à condition d’avoir 70 % de la SAU en herbe (voir encart), mais cette dérogation arrive à échéance en 2009.

Un objectif : développer la production laitière de 15 à 20 %Malgré ces contraintes, la filière hollandaise affiche un volonta-risme certain pour l’après 2015, la question de la suppression des quotas ne se pose même pas, la seule question est : quand ? Selon une enquête menée par le principal syndicat agricole, le

LTO, 75 % des éle-veurs laitiers interro-gés sont favorables à une suppression des quotas en 2015, et une partie d’entre eux à une libéralisation dès 2009. Responsables

professionnels, transformateurs, banquiers, chercheurs, fonction-naires, ont tous le même messa-ge : « Nous avons un potentiel de

développement de la production laitière de 15 à 20 % à l’échéance 2015 ». Comment expliquer cette vision stratégique ? Plusieurs raisons convergent pour obtenir ce consensus. A l’échelle du pro-ducteur, l’achat de quotas freine ceux qui veulent développer leur exploitation. Avec un prix du kg de matière grasse à 22,5 € en mai 2008 au marché officiel des quo-tas (environ 1 € le litre), alors que début 2007, les cours s’élevaient à 36 €/kg de MG, cela représente en moyenne une charge annuelle de 5 à 7 € pour 100 kg de lait. Les transformateurs quant à eux craignent qu’un accord à l’OMC favorise des pays émergents, qui auraient la possibilité de déve-lopper leur production et pren-dre des parts de marchés avant 2015. Christophe Asselberghs de la coopérative Friesland Foods, cite l’exemple du pétrole en 1973. Les pays producteurs, ayant freiné leur production, ont incité d’autres pays à prospecter, ce qui a entraîné une augmen-tation de l’offre et une baisse

Contexte laitier

DOSSIER

Filière lait

La Hollande doit faire cohabiter une agriculture compétitive, une population très dense et un milieu fragile.

7 % du lait européen, 25 % des exportations

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5OctObre 2008 - N° 28

Contexte laitier

DOSSIER

Rémi Espinasse – Chambres d’agriculture de [email protected];fr

des cours. Pour les politiques, comment faire comprendre au consommateur en quête de pou-voir d’achat que la production est contingentée alors que les prix à la consommation augmentent du fait d’une demande mondiale soutenue. L’économie hollandai-se repose aussi sur l’exportation, dont 6 % du solde positif de la balance commerciale sont assu-rés par le secteur laitier, ce qui motive gouvernement et indus-triels à développer la production.Une étude conduite par l’Insti-tut de recherche en économie agricole (LEI) de l’Université de Wageningen vient conforter cette vision. Cette simulation montre qu’une hypothèse de suppression des quotas dès 2009 permettrait, malgré une baisse du prix du lait de 15 %, une augmentation de la production nationale de 21 % en 2015. Cette augmentation serait le fait d’un développement des grandes exploitations, qui pro-duiraient environ 30 % de lait en plus, alors que le lait produit dans les petites exploitations pro-gresserait de 8 % à la condition qu’elles maîtrisent leurs coûts. Mais cette étude montre aussi que le scénario de suppression des quotas en 2009 n’apporterait pas de gains économiques au niveau des exploitations, qui de toutes façons seraient pénalisées par la baisse du prix du lait

Une restructuration à marche forcéeMalgré une restructuration déjà importante, les Pays-Bas ont, pour le moment, réussi à conser-ver un type d’exploitation assez familiale : 66 vaches pour une production moyenne par exploi-tation de 522 000 kg. Certes, ces chiffres sont bien supérieurs à la situation bretonne, mais il s’agit d’exploitations très spécialisées (41 ha en moyenne) et sans com-mune mesure avec la situation danoise où l’exploitation moyen-ne produit près d’un million de litres avec 110 vaches. Mais c’est cette voie que semble suivre les Hollandais. Aujourd’hui, 17,3 % des exploitations livrent plus de 800 000 kg de lait contre 5 % il

y a cinq ans. Ces exploitations produisent plus du tiers du quota national. A ce rythme là, en 2015, 13 500 exploitations avec 80 à 100 vaches produiront un peu plus de 11 millions de tonnes de lait du quota national.Pour Wim Thus de la Rabobank, principale banque agricole, mal-gré la perspective de suppression des quotas, les transactions de quotas continuent et avec le prix du lait élevé en 2008 : «Il faut freiner les producteurs, il n’est pas rare d’avoir des projets de doublement de taille, de 500 000 à 1 million de litres par exemple». « Avec de tels projets, la maîtrise des coûts de production est pri-mordiale, notamment les char-ges fixes avec les coûts de main d’œuvre et de mécanisation, mais aussi les charges d’évacuation du lisier et d’alimentation. »

Low cost ou High tech ?Cette orientation entraîne sou-vent des investissements élevés

et un développement important d’équipement sophistiqué. Le développement des robots de traite notamment est exponen-tiel (plus de 1 100 installations, soit 5,3 % des installations de traite aujourd’hui), mais aussi le développement de la robotique pour nettoyer les aires de circu-lation des animaux ou avancer le fil de clôture dans les prairies. Pourtant, un essai mené à la sta-tion expérimentale de Lelystad a montré une moins bonne effi-cacité pour ces systèmes. Deux troupeaux dimensionnés pour être conduits avec 50 heures de travail hebdomadaire chacun ont été comparés pendant neuf ans. L’un «High tech» avait un objectif de production de 800 000 litres avec 75 vaches. Equipé d’un robot de traite, les vaches ne sortaient pas et étaient affourra-gées toute l’année. Le deuxième « Low cost » (450 000 litres de lait, 60 vaches, vaches pâturant) a montré une meilleure efficacité économique.

Pour M. Heiboer, qui exploite un troupeau de 100 VL pour un quota de 750 000 litres, la priorité est d’avoir des vaches en bonne santé, ce n’est pas la production par vache, il préfère avoir plus de vaches. C’est vrai que la surface n’est pas un problème pour lui (68 ha + 20 ha en zone naturelle). Un bâtiment amorti (150 logettes), une salle de traite de deux ans, peu de matériel mais une ration distribuée toute l’année malgré 15 ha de pâturage conduisent à un coût de production de 240 € par 1 000 litres. Un projet d’installation d’une de ses filles pourrait faire passer le troupeau à 140 vaches en ache-tant du quota.

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6 OctObre 2008 - N° 28

Le challenge est relevéComme dans tous les bassins laitiers de l’Europe de l’Ouest, le vieillissement des producteurs et la baisse des installations (60 % des chefs d’exploitations néerlan-dais ont plus de 50 ans) génèrent une restructuration de la produc-tion. C’est vrai qu’avec des coûts d’installation pouvant monter à près de 5 millions d’euros, cela rend le challenge encore plus dif-ficile à relever pour le candidat à l’installation, même si la sup-pression des quotas allégera le montant des reprises.L’objectif de développer de 15 à 20 % la production laitière se heurte à la difficile question de l’environnement. Le transfert de quotas que l’on observe vers les provinces du nord où petit à petit, les grandes cultures tradi-tionnelles font place à l’exploita-tion laitière (contrairement à ce que l’on peut voir dans certaines

Filière lait

La station de Lelystad s’est dotée d’un nouveau bâtiment expérimental en 2004 : 480 vaches produisant 4,4 millions de litres sont regroupées dans un bâtiment avec 5 robots de traite et 1 salle de traite. 240 vaches sont consacrées à une comparaison de 4 types de sol. Les autres sont le support d’essais sur différentes thématiques, notam-ment sur l’alimentation et la traite. La ration standard se compose de 60 % d’ensilage d’herbe et 40 % d’ensilage de maïs, avec éventuellement des sous-produits. Compte-tenu du prix des céréales l’objectif est d’augmenter la part de fourrages grossiers, ce n’est plus d’augmenter la production par vache. L’amélioration de la longévité des animaux est aussi un objectif important

Pour Frédéric Chausson, directeur de la FNPL qui est intervenu lors d’une journée lait organisée par la FDSEA et JA des Côtes d’Armor, la situation actuelle est due à une conjonction de trois facteurs : la croissance de la demande mondiale, la baisse de production au niveau mondial, l’assèchement du marché mondial et la baisse de la collecte en Europe. Les perspectives de consommation sont au vert, boustées par la croissance de la population, en particulier urbaine, et par celle du PIB, notamment dans certains pays émergents : « Les Pizza Hut et MacDonald’s se développent dans toutes les capita-les et une pizza c’est 150 g de fromage : l’équivalent d’un demi-camembert. Pour lui : « Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir si les marchés sont en expansion, c’est de savoir si les producteurs dans le monde vont être capables de fournir la demande ». Les pays émergents ont-ils la capacité de dévelop-per leur production ? La Russie est historiquement importateur, mais pour Marcel Griffon, elle pourrait tirer parti du réchauffement climatique. L’Ukraine doit avant tout remettre en ordre de marche ses outils de production, ses infrastructures et aussi nourrir sa population. L’Amérique latine, quant à elle, a des potentialités, mais doit améliorer sa logistique et doit prendre en compte l’impact écologique du déve-loppement de son agriculture d’exportation. Pour Narayan G. Hegde, Président de la fondation BAIF en Inde, intervenant à un colloque organisé par l’Institut de l’Elevage et la CNE, l’Inde a un énorme potentiel de développement de sa production laitière. Premier

cheptel bovin au monde, une utilisation raisonnée de la génétique par croise-ment avec les races locales pourrait augmenter la production laitière de 80 % à l’horizon 2021. Reste la Chine, le grand inconnu, où la production en plein développement suffira-t-elle à nourrir une population dont une partie aspire à une consommation à l’occi-dentale ? Si l’analyse du marché semble cohérente avec l’analyse néerlandaise, l’idée de libéraliser le marché pour développer la production ne fait pas recette en France : « Une baisse du prix du lait aurait comme conséquence directe de réduire la production, cela n’intéresse pas les producteurs de produire du lait à un faible prix, alors qu’il y a des opportunités en productions végétales ». C’est là toute la différence avec la Hollande où le foncier est convoité et où les conditions pédo-climatiques laissent moins de pos-sibilités. La production laitière y est incontournable. En France, les zones difficiles sont plus nombreuses. Elles auront du mal à s’adapter au marché mondial et devront développer des produits identifiés. La majo-rité des intervenants à la journée «Défis et opportu-nité pour l’élevage ruminant en Europe» militait pour le maintien d’une politique agricole européenne garantissant une indépendance alimentaire à l’instar du Farm Bill des USA, mais en reconnaissant la spé-cificité de l’élevage des ruminants et ses atouts en terme d’aménagement du territoire et de préservation de l’environnement.

Regards croisésLes acteurs de la filière hollandaise semblent optimistes pour l’avenir, mais craignent la concur-rence d’autres pays. Celà les incite à libéraliser la production, quitte à tirer les prix vers le bas. Ils estiment, en effet, pouvoir rivaliser et prendre des parts de marchés notamment dans le domaine des ingrédients, porteurs en terme de volumes et de marges. Qu’en pense-t-on en France ?

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7OctObre 2008 - N° 28

Contexte laitier

DOSSIER

régions françaises : voir article page 10), permet de « donner de l’air » dans des zones où les pers-pectives de développement sont limitées pour des questions d’en-vironnement. Mais cela risque de ne pas suffire, une reconduction de la dérogation à la directive nitrates semble capitale, ce qui techniquement serait logique compte tenu des normes de rejet utilisées (voir encart). L’équilibre entre les productions sera aussi déterminant. L’échange laitier a des atouts.Pour la Socitété hollandaise, l’éle-vage laitier est considéré comme un élevage plus respectueux de l’environnement et de l’animal, jouant un rôle dans l’entretien du paysage mais cette situation n’est pas immuable. En effet, si la production laitière a une très bonne image, les Hollandais sont très attachés à la présence de vaches dans un paysage ouvert de prairies, qu’il faudra rendre compatible avec le développe-ment de gros élevages ou de tech-niques telle que la robotisation de la traite. Le bien-être animal est aussi une préoccupation de la Société hollandaise (un «parti des animaux» est représenté au parle-ment). La présence au pâturage, la longévité des animaux ou le nombre de traitements vétérinai-

res, sont des critères de bien-être pris en compte dans les stratégies de développement.Compte-tenu de leur organisa-tion, les Hollandais sont convain-cus de pouvoir rivaliser sur le marché mondial dans le cadre d’une libéralisation des échanges et tablent sur un prix du lait de 330 € la tonne pour les 10 ans à venir. En attendant la suppression des quotas, ils proposent notam-ment une mesure transitoire per-

mettant une compensation ou une vente de quotas entre états membres, comptant bien béné-ficier de sous-réalisations dans d’autres pays (graphique). Il res-sort une forte convergence de vue entre les différents acteurs de la filière. Mais au vu des quelques repères économiques disponibles cette course au développement ne va-t-elle pas déséquilibrer un système qui a fait, jusque là, preuve d’efficacité ?

La Hollande a obtenu une dérogation à l’application de la Directive nitrates en 2005, suite au refus de l’UE de prendre en compte le bilan des miné-raux comme moyen de mise en œuvre de la Directive. Cette dérogation arrive à échéance en 2009, ce qui inquiète les producteurs en cas de non- reconduction. Argumentée sur des bases techniques solides, elle permet d’utiliser jusqu’à 250 unités d’N organique par ha de prairie (au lieu des 170) dans les élevages ayant plus de 70 % d’herbe. Elle concerne environ la moitié de la SAU néerlandaise et bénéficie à une grande partie des pro-ducteurs de lait.Par rapport à la réglementation appliquée en France, l’ensemble des terres sont épandables à condition d’utiliser des pratiques adéquates (enfouis-seur…). Par ailleurs, les normes de production d’azote par vache sont cal-culées selon le niveau de production et le taux d’urée dans le lait qui reflète l’équilibre azoté de la ration. Pour un troupeau à 8 500 kg de lait avec un taux d’urée dans le lait de 26 mg/100 g, la norme est de 123 unités d’N par vache, soit un chargement potentiel de 1,87 vache à l’hectare si l’exploita-tion comporte 75 % de prairies dans son assolement. Une suppression de la dérogation, tout en conservant les normes de production d’azote par vache pourrait pénaliser la capacité de production néerlandaise de 20 à 30 %.

Une dérogation à la Directive nitrates jusqu’en 2009

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2006/072007/08 (provisoire)

Dépassement et sous-utilisation des quotas dans l’UE-25

Remerciements à l’équipe de la mission économique de La Haye et notamment à Françoise Divanach, orga-nisatrice de ce séminaire et qui est toujours disponible pour favoriser les échanges entre la Bretagne et les Pays-Bas.

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8 OctObre 2008 - N° 28

Environnement

DiRECtivE nitRAtES Et ContRAintES D’EnviRonnEMEnt

Situation des bassins laitiers européens

Tous les bassins laitiers productifs européens sont confrontés aux problèmes de qualité de l’eau. Néanmoins, la directive nitrates est diversement appliquée.

es principaux bassins laitiers européens sont confrontés à la directive

nitrates, depuis son adoption par le conseil des ministres de l’Union Européenne, fin 1991. Cette directive visait à recon-quérir la qualité des eaux super-ficielles, souterraines mais aussi littorales, en limitant le transfert d’azote mais aussi de phosphore. Après désignation de zones vul-nérables sur la base de détection des eaux polluées ou menacées, chaque état membre devait éla-borer un programme d’actions, intégrant notamment un plafond de 170 kg d’azote organique par ha. De fait, tous les producteurs de lait des bassins laitiers pro-ductifs, où les problèmes de qua-lité de l’eau étaient avérés, sont soumis aux contraintes de cette directive nitrates. Néanmoins, son application est variable d’un pays à l’autre. Les convergen-ces portent sur l’obligation de cahiers d’épandage et de plans de fumure (tableau). En revan-che, il existe des différences sur le plafond d’azote organique, la définition de la surface épanda-ble (en rapport avec les distances d’épandage) et le rejet azoté des vaches laitières. Petit tour d’Europe.

Au Danemark, une dérogation mais un plan de fumure verrouillé par l’administration

Au Danemark, la qualité des eaux de surface est assez médiocre car le milieu est très sensible au lessivage des nitrates, du fait de sols très sableux et d’une faible part de prairies sur le territoire. Inversement, l’eau des nappes plus profondes qui représente plus de 80 % de l’eau de consom-mation reste de bonne qualité. Ce pays a obtenu une première

dérogation au plafond d’azote organique de la directive nitrates en 2002. Ainsi, les élevages com-portant une part de prairies supé-rieure à 70 % de la SAU peuvent atteindre une pression de 230 kg d’azote organique par ha. Moins de 5 % des exploitations bovines sont concernées par cette mesure. Inversement, la pression d’azote organique dans les exploitations porcines doit être inférieure à 140 kg par ha de SAU. La contre-partie de cette dérogation est un contrôle très strict du plan de fumure prévisionnel et réalisé par l’administration. Cette déro-gation, accordée en 2002, a été renouvelée en 2005, en raison d’une évolution positive de la qualité des eaux de surface.

Aux Pays Bas, abandon du système basé sur le bilan des minéraux

Aux Pays Bas, la situation envi-ronnementale est plus critique, car la pression d’azote organique est supérieure à 200 kg d’azote par ha de SAU sur la quasi- totalité du pays. Les teneurs en nitrates sont souvent supérieures au seuil de 50 mg/litre, notam-ment dans les zones sableuses du sud du pays. Pendant plusieurs années, les Hollandais ont résisté au principe du plafond d’azote organique de la directive nitra-tes, en adoptant la méthode du bilan de l’azote à l’exploitation. Les kilos d’azote excédentaires, au delà de 180 kg par ha de prairies et 150 kg par ha de cultu-res, étaient fortement taxés (2,5 € par kg d’azote en excédent). Ce système laissait à l’éleveur la liberté d’améliorer la gestion de l’azote au niveau de ses trou-peaux et de ses surfaces. Il a été très efficace puisque l’excédent d’azote des exploitations laitiè-res a été presque divisé par deux entre 1995 et 2007, de 360 à 195

kg d’excédent par ha de SAU, cela sans diminuer la production laitière par ha ! Pourtant, ce sys-tème n’a pas été jugé conforme par la commission européenne qui a demandé aux Pays Bas de se conformer au principe du plafond d’azote organique. Dans ce contexte, les Néerlandais ont obtenu une dérogation de cette limite à 250 kg d’azote organique par ha de SAU, là aussi à condi-tion d’avoir 70 % de prairies dans la SAU.

L’Irlande du Sud, classée en zone vulnérable malgré une bonne qualité des eaux

Ce pays est très herbager avec près de 90 % de la SAU en prai-ries pérennes. De plus, le milieu est peu sensible au lessivage des nitrates car les sols sont limo-no-argileux et la pluviométrie annuelle est abondante et bien répartie. Les teneurs en nitrates moyennes des eaux de surfaces sont faibles, le plus souvent infé-rieures à la valeur guide de 25 mg par litre, sauf dans les régions les plus laitières du Sud de l’Irlande. En effet, quelques points dépas-sent les 25 mg de nitrates par litre avec quelques problèmes d’algues vertes dans les estuaires. Malgré ces teneurs très correc-tes, les autorités irlandaises ont décidé de classer l’ensemble du pays en zone vulnérable, afin de préserver l’image de campagnes, de rivières et côtes propres, pro-pices au tourisme. Dans le cadre de l’application de la directive nitrate, les pouvoirs publics et la profession agricole ont obtenu une dérogation du plafond d’azo-te organique à 250 kg/ha pour les systèmes herbagers à plus de 80 % de prairies dans la SAU. Cela autorise des chargements encore importants de près de 3 UGB/ha. Les éleveurs doivent créer des capacités de stockage

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9OctObre 2008 - N° 28

Contexte laitier

DOSSIER

André Le Gall – André Pflimlin – Institut de l’[email protected];[email protected]

d’une durée de 4 à 5 mois, dans un délai assez court, ce qui a entraîné plusieurs cessations lai-tières en 2006, avant l’embellie du prix du lait.

L’Italie du Nord découvre la directive nitrates

L’Italie du Nord, région dont la production laitière est proche de celle de l’ouest de la France, découvre la directive nitrates, 15 ans après ! La fertile plaine du Pô concentre la majorité des porcs, vaches laitières et jeunes bovins du pays. La pression d’azote organique est ainsi voisine de 200 kg par ha, notamment en Lombardie. La qualité de l’eau est assez dégradée, même si la proximité des Alpes a longtemps permis de masquer la réalité. La plaine du Pô vient d’être classée en zone vulnérable par les auto-rités italiennes, sur injonction de Bruxelles. Les éleveurs doivent donc se conformer aux exigences de la directive et respecter le pla-fond de 170 kg N organique par ha, ce qui limite le chargement à 2 UGB/ha dans les fermes lai-tières alors qu’il est actuellement compris entre 3 et 4 UGB/ha. Mais, compte tenu des expor-tations d’azote permises par les maïs à 20 t MS par ha, il est probable que l’Italie fasse aussi une demande de dérogation au plafond d’azote organique, une fois enclenchée la mise en œuvre de la directive nitrate.

En Bretagne, les éleveurs se sont mis en conformité et la qualité de l’eau s’améliore

En Bretagne, la pression d’azote

organique sur l’ensemble de la région était de 140 kg par ha mais les réductions d’effectifs et le traitement de lisier devraient permettre de la réduire. Notons aussi que la France a adopté le système le plus contraignant pour les surfaces épandables, qui représentent environ 85 % de la SAU dans les fermes laitières. Inversement, dans tous les autres pays d’Europe, la totalité de la SAU est considérée comme épan-dable ! La très grande majorité des élevages bretons s’est engagée dans le PMPOA II. Les éleveurs ont créé ou sont en train de créer des capacités de stockage, per-mettant d’apporter les engrais de ferme aux périodes recomman-dées. Les programmes d’actions de la directive nitrates produisent leurs effets car les consomma-tions d’azote minéral ont baissé de 30 à 40 % entre 1995 et 2005. Dans ce contexte, les teneurs en nitrates de l’eau sont à la baisse depuis une dizaine d’années. A l’exception de quelques zones, comme les bassins versants en contentieux nitrate, la situation devient acceptable et les efforts réalisés dans le cadre du PMPOA et de l’application de la directive nitrates devraient produire leurs effets sur l’eau dans les années à venir.

Ces différentes expériences européennes appellent quelques commentaires, afin que la régle-mentation environnementale soit plus efficace. Il semble ainsi qu’il vaut mieux privilégier les objectifs de résultats en fonc-

tion de la diversité des milieux aquatiques plutôt qu’une obli-gation de moyens sectoriels et normés tel que le plafond de 170 kg d’azote organique par ha. A l’échelle de l’Europe, il appa-raît aberrant d’imposer le même plafond à tous les élevages, qu’ils soient localisés en Finlande où la production des prairies atteint 5 t MS par ha ou au Portugal où la double culture maïs/ray grass d’Italie dépasse 25 t MS par ha !D’autre part, la focalisation sur le seul azote organique apparaît excessive et il est indispensable d’intégrer aussi l’azote minéral. En ce sens et sans être régle-mentaire, le bilan des entrées et sorties d’azote à l’exploitation apparaît plus pertinent pour inté-grer les différentes formes d’azo-te, limiter les différentes pertes, vers l’eau ou l’air et stimuler un raisonnement plus global de l’azote à l’échelle de l’exploi-tation. Ce système fait aussi davantage confiance aux capa-cités de gestion de l’éleveur, sur son exploitation, avec ses atouts et ses contraintes. Il faudra aussi développer des approches plus intégrées des différents impacts environnementaux à la ferme, portant sur les nitrates, le phos-phore, les pesticides, l’ammoniac et les gaz à effet de serre

Les normes de rejets azotés des vaches laitières varient de 83 à 131 kg par vache. Les différences s’expliquent essentiellement par l’écart de production laitière et la composition des régimes, avec davantage de maïs fourrage en France et d’herbe en Europe du Nord.

Eléments d’application de la Directive Nitrates dans quelques pays laitiers européens

(1) : Surface épandable : environ 70 % de la surface en cultures et 95 % de la surface en prairies ; 2 : Italie du Nord : 3 mois de stockage pour le fumier et 4 mois pour le lisier

(2) : Rejet variable selon la production par vache et le système d’alimentation

Dans tous ces pays le cahier d’épandage et le plan de fumure sont obligatoires. Ils sont entièrement en zone vulnérable.

Bretagne Danemark Pays-Bas Irlande Nord Italie

Plafond d'azote organique (kg/ha) Cultures Prairies

170140 230

170250

170250

170

% prairies/SAU exigé pour dérogation - 70 70 80 -% surface épandable/SAU 85 (1) 100 100 100 100Rejet N des vaches laitières (kg/VL) 85 127 de 99 à 131(2) 85 83Durée de stockage des effluents (mois) 4-6 7 6 4-5 3-4(2)

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10 OctObre 2008 - N° 28

Filière lait

a filière lait ne manque pas d’atouts en Poitou-Charentes. Le beurre

AOC Charentes-Poitou, dont le bassin de collecte s’étend jusqu’en Vendée, est un produit phare de la région. 17 entreprises, réparties sur 31 sites de production dans toute la région, transforment 695 millions de litre de lait, soit 3 % de la production française. La plupart sont des coopératives, qui transforment également du lait de chèvre, très développé dans la région. En moyenne sur 2007, le prix de base pour un lait de référence se situait, selon les laiteries, entre 284 et 300 €/1 000 litres, hors primes et complé-ments de prix. Les 2 500 exploitations laitières de Poitou-Charentes sont iné-galement réparties sur le terri-toire : encore nombreuses dans les zones herbagères du nord des Deux-Sèvres et de la Charente limousine, elles sont minoritaires et de plus grandes tailles dans les zones céréalières de la Vienne, du sud des Deux-Sèvres, et des deux Charentes. En 2007, le quota moyen dans la région était de 390 000 litres pour une moyenne française de 253 000 litres. Près de la moitié des exploita-tions laitières sont des sociétés. 35 % sont spécialisées en lait, 45 % ont un atelier cultures de vente associé au lait, les 20 % restants se partageant entre des systèmes «lait et viande» (Deux-Sèvres, Charente limousine) et des systèmes «lait et vigne» (Charente et Charente-Maritime)

qui ont tendance à disparaître. Dans les zones herbagères, le système «maïs-herbe» est majo-ritaire : les vaches pâturent au printemps mais les silos restent ouverts toute l’année. Dans les

zones de plaine, le sys-tème «maxi-stocks» est dominant, basé sur l’ensilage de maïs et d’herbe. L’irrigation du maïs, quand elle est possible, sécurise les systèmes fourragers,

mais elle est de plus en plus remise en cause par le manque de réserves l’été et la concur-rence avec les besoins en eau potable. De plus, elle accuse une mauvaise image auprès du grand public.Dans les zones céréalières et viti-coles, la production laitière recu-le. Ce ne sont plus seulement les «petites» exploitations de moins

de 200 000 litres qui cessent la production laitière, mais aussi, et de plus en plus, des troupeaux de plus de 400 000 litres de quota. Les raisons en sont multiples : abandon du lait au profit des cultures moins contraignantes en terme de travail, absence de succession, problèmes de qualité du lait, etc… Dans de nombreux GAEC père-fils, quand la surface est suffisante pour assurer un revenu avec des céréales, le fils préfère laisser les vaches plutôt que de chercher un associé pour remplacer son père qui part à la retraite.

Les exploitations qui restent...Les exploitations qui restent ont tendance à se regrouper, prin-cipalement pour des motifs d’organisation du travail et d’in-

PRoDuiRE Du LAit En Poitou-ChAREntES

Les défis de la restructuration laitière en région intermédiaireEn Poitou-Charentes, les zones à dominante céréalière et viticole couvrent une large part du territoire. L’élevage laitier y est traditionnellement présent mais connaît une restructuration rapide. Les éleveurs de la région s’interrogent sur leur avenir et se trouvent confrontés à de nouveaux défis.

Grands troupeaux : une bonne productivité de la main d’œuvre mais l’efficacité économique n’est pas toujours au rendez-vous.

3 % du lait français

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11OctObre 2008 - N° 28

Contexte laitier

DOSSIER

Anne-Laure Gomas – Chambre d’Agriculture des Deux-Sè[email protected]

vestissement commun dans les bâtiments. Les volumes libérés par les cessations d’activités per-mettent d’installer des jeunes (150 000 litres de quota attri-bués pour une installation dans la Vienne) et de conforter les struc-tures existantes. Mais l’agrandis-sement rapide des exploitations et leur dispersion sur le terri-toire finissent par avoir des effets négatifs.La déprise laitière pose des pro-blèmes à l’échelle du territoire. Dans certaines zones, le «tissu laitier» est en danger : les dis-tances entre exploitations ren-dent les services (vétérinaire, Contrôle Laitier, insémination, approvisionnement) plus coû-teux et moins efficaces, l’entraide devient compliquée, les éleveurs laitiers parfois seuls sur leur com-mune peinent à se motiver pour leur production. Moins d’exploi-tations laitières, c’est aussi moins d’emplois sur un secteur et une diminution du revenu agricole par hectare. Enfin, la disparition des élevages a un impact envi-ronnemental : baisse des surfaces en prairies (entre 1989 et 2007, 10% de la SAU régionale est passée de la prairie aux cultures), simplification des assolements, augmentation de la fertilisation minérale et disparition d’espèces animales et végétales.

S’agrandir pour le meilleur et pour le pireA l’échelle de l’exploitation, l’agrandissement parfois rapide a des conséquences pas toujours bien maîtrisées. Le surpeuple-ment des bâtiments entraîne sou-vent une augmentation des taux cellulaires. La charge de travail des éleveurs est de plus en plus importante, le suivi du troupeau peut s’en ressentir. Le temps dis-ponible pour s’informer diminue et la qualité de vie se dégrade. Pour pallier à la pénurie de main d’œuvre, de nombreux éleveurs se tournent vers l’embauche de salariés, mais les candidats ne sont pas assez nombreux. Le robot de traite connaît un succès croissant, avec des résultats par-fois décevants quand l’objectif

est de passer le minimum de temps sur le troupeau pour se consacrer à un autre atelier. Economiquement, le revenu par actif augmente, mais pas toujours proportionnellement à la taille de l’exploitation. L’efficacité écono-mique de l’atelier lait a tendance à diminuer quand la taille du troupeau augmente. En effet, qui dit agrandissement du troupeau dit souvent système fourrager gourmand en intrants, mécanisa-tion accrue, investissement dans les bâtiments. Le risque est grand

d’entrer dans un cercle vicieux du type : «mon revenu est trop fai-ble, donc je m’agrandis. La char-ge de travail augmente, je suis moins efficace, mon revenu aug-mente peu, donc je m’agrandis encore, etc…» L’agrandissement des exploitations pose également des problèmes de transmission lorsque le montant du capital à reprendre devient trop élevé pour un jeune sans apport personnel, notamment dans le cas d’une ins-tallation hors cadre familial.Malgré les défis à relever, des

Répartition et évolution de la production laitière en Poitou-Charentes par canton

Le lait se concentre vers le nord de la région. Source : Ministère de l’Agriculture - Recensement agricole 2000

Des systèmes fourragers maxi-stocks gourmands en concentré

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12 OctObre 2008 - N° 28

Contexte laitier

DOSSIER

Filière lait

jeunes ont foi dans l’avenir de la production laitière en Poitou-Charentes. Encouragés par des éleveurs convaincus de l’intérêt de leur métier et par des orga-nismes agricoles qui cherchent à maintenir une dynamique laitière dans les départements, ils mettent tout en œuvre pour bien vivre de cette production. La région attire également des éleveurs de France ou d’Europe qui viennent s’ins-taller en Poitou-Charentes pour bénéficier des opportunités de la filière

Silos fermés

Maïs-herbe

Maxi-stocks

UMO 1,6 2,5 2,9

Quota (litres) 303 618 438 000 603 000

Cultures de vente (ha) 10 50 91

Chargement (UGB/ha) 1 1 2

% de maïs dans la SFP 10 29 43

Ares d'herbe/UGB 79 53 31

Fourrages stockés/UGB (tMS) 3 4 6

Lait vendu et autoconsommé (l) 7 121 7 642 8 067

Concentré/VL/an (kg) 1 646 1 924 2 354

Concentré/litre (g) 225 251 292

Produit de l'atelier lait (€/1000 l) 352 345 341

dont prix du lait 293 297 291

Charges op. lait (€/1000 l) 109 113 124

dont coût de concentré VL+G 44 54 62

Marge brute/1 000 l 240 232 217

Marge brute/produit (%) 68 67 64

Marge brute/ha SFP lait 1 400 1 539 2 351

Produit brut global (€) 145 945 252 000 332 000

Produit brut global/UMOF 93 430 112 000 138 300

% de primes 19 21 21

Charges opérationnelles/PB 29 28 29

Charges de structure/PB 32 34 33

Mécanisation/ha SAU 401 384 481

EBE/PB 39 38 39

Disponible/PB 28 25 25

Disponible/UMOF 24 879 27 000 33 900

Le comité professionnel breton très attentif aux expli-cations du directeur de la coopérative sur la méthode de

fabrication traditionnelle du beurre AOC.

Fin mars, le comité professionnel du pôle herbivores des Chambres d’Agriculture de Bretagne a effec-tué un voyage de deux jours en Poitou-Charentes. L’objectif était de toucher du doigt les questions qui se posent dans cette région particulièrement concernée par la concurrence entre la production laitière et les productions végéta-les. Les deux exploitations visitées sont caractéristiques de la restruc-turation en cours : 500 000 litres et 100 ha pour l’une et 524 000 litres et 190 ha pour l’autre. Les éleveurs-agriculteurs ont exprimé leurs difficultés d’être producteurs de lait dans un contexte de « végé-talisation » du territoire : difficulté de trouver de la main d’œuvre motivée pour la production laitière, difficulté pour l’accès aux servi-ces (vétérinaire en particulier), dif-ficulté pour l’entraide lorsque le premier producteur de lait est à 15 km. Mais l’environnement est aussi une préoccupation majeure, non pas à cause des nitrates, mais dans un contexte de pression sur les irrigants pour l’utilisation de l’eau. Dans ce contexte, certains tentent de remplacer le maïs par de l’herbe et du sorgho, car l’ob-jectif à terme c’est de baisser de 30 à 50 % les volumes d’irrigation. Le groupe a aussi pu mesurer que la tradition du beurre de qua-lité est toujours vivace. Créée en 1905 par quelques producteurs, la laiterie coopérative de Pamplie regroupe aujourd’hui 74 produc-teurs et collecte 32 millions de litres de lait par an sur un rayon de 30 km. Située au cœur du département des Deux-Sèvres et de la région Poitou-Charentes, elle produit 1 500 tonnes de beurre d’excellente qualité, grâce à un processus de fabrication spécifi-que avec barattage des crèmes en baratte traditionnelle en inox. Sa renommée avec sa valorisation en AOC sur les marchés industriels et de consommation directe par les ménages, assure la rentabilité de l’entreprise et une meilleure rému-nération des producteurs.

Quand il n’y a plus de voisin, c’est difficile

Résultats des exploitations du Réseau Bovins Lait de Poitou-Charentes pour la campagne 2006

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13OctObre 2008 - N° 28

Témoignage

A PLounéouR-MEnEz DAnS LE FiniStèRE

La contention individuelle des vaches laitières en bâtimentJean-Yves Dantec vient de terminer ses travaux de mise aux normes. Ce fut l’occasion pour lui d’améliorer ses conditions de travail et de repenser la contention des vaches laitières en bâtiment.

ean-Yves Dantec est producteur laitier finistérien, installé à

Plounéour-Ménez. Son bâtiment d’élevage n’étant pas aux normes et obsolète, il a engagé d’impor-tants travaux de rénovation et de construction. Il a décidé de profiter des travaux pour revoir le logement et repenser entière-ment la contention des vaches laitières. En effet, seul un box peu fonctionnel était présent pour un troupeau de 50 vaches environ. La sélection des animaux et les interventions y étaient difficiles.Durant la phase de conception du projet et avec l’appui du conseiller bâtiment de la Chambre d’agri-culture, les grands principes de la contention ont été repris :- Intégrer l’espace d’intervention dans la stabulation (le main-tien d’un contact visuel avec les autres animaux rassure et calme l’animal isolé).- Utiliser les circuits habituels des animaux (ce qui permet de diminuer le stress de l’animal/la sortie de salle de traite utilisée quotidiennement permet un tri aisé des animaux).- Prévoir des accès pour les inter-venants extérieurs.- Assurer un éclairement efficace et une bonne ventilation.- Ne pas oublier des passages d’homme pour la sécurité et les déplacements des intervenants.Ainsi, il est décidé de créer un box de contention en sortie de salle de traite avec accès à la table d’alimentation équipée d’une travée de cornadis auto-bloquants (photo). De plus, 2 boxes de contention de 4x5 m en lien direct avec l’aire d’exercice et situés à proximité des loget-

tes seront réalisés. Aujourd’hui, ces équipements sont installés et utilisés depuis plus d’un an. Jean-Yves apprécie quotidiennement cette installation. Durant la traite, il dirige facile-ment au moyen d’une barrière, des vaches vers le premier box. Cet espace constitué d’une aire paillée et d’une zone raclée dans la conti-nuité de l’aire d’exer-cice permet de bloquer jusqu’à 5 vaches aux cornadis et de réaliser les inséminations, les échographies, les bou-clages et les soins. « Il est très pratique de pouvoir sélectionner une ou plusieurs bêtes en sortie des quais de traite, par un simple jeu de barrière ». L’intervenant a accès au box depuis la cour d’ex-ploitation au moyen d’une porte coulissante et par un décalage de barrière qui fait office de pas-sage d’homme. Pour Jean-Yves

«lorsqu’une bête attend l’insémi-nation et que le troupeau sort en pâture, celle-ci n’est jamais blo-quée seule, afin de la rassurer».

Un système pour les animaux laitiersDepuis l’aire d’exercice Jean-Yves

peut également retenir les vaches dans les 2 autres boxes paillés. Ceux-ci sont utilisés pour les vêlages prin-cipalement, mais ser-vent parfois pour des interventions de type

retournement de caillette, césa-rienne et divers autres soins. Les vaches isolées sont au contact direct du troupeau pour plus de tranquillité. L’accès aux boxes peut se faire par l’arrière. Il est même possible d’accéder en trac-teur pour éventuellement relever une bête. Cet espace est équipé d’une barrière centrale avec un

Sans risque pour l’animal et pour

l’éleveur

Les laitières sont bloquées au cornadis dans un box depuis la sortie de salle de traite.

BâtimentsEquipements

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BâtimentsEquipements

OctObre 2008 - N° 2814

panneau cornadis et une petite barrière mobile (photo ci-con-tre). Ainsi, depuis chaque box, une vache peut être bloquée au cornadis et maintenue par la bar-rière mobile. Lors du déblocage, l’animal fait marche arrière pour se libérer. Ce système permet l’immobilisation de la bête sans risque pour elle, tout en assurant la sécurité de l’intervenant. De conception simple, il présente l’avantage d’être escamotable et facilite le guidage de la bête vers le cornadis. Une barrière pivo-tante de 1,70 m de long environ est fixée à 30 cm du sol et vient

bloquer l’animal à l’arrière au moyen d’une chaîne. Attention cependant, compte-tenu de sa conception et de sa manipula-tion, ce système est à réserver aux animaux laitiers qui sont généralement plus calmes que les bovins viande. Il faut veiller à ce que la chaîne associée à la bar-rière mobile soit suffisamment résistante et correctement fixée pour éviter les accidents (risques pour les doigts et risque de pro-jection de la barrière).Dans le cas où cet équipement est utilisé pour des insémina-tions, une lisse sera placée contre le mur ou la barrière fixe pour écarter l’animal et intervenir en droitier ou en gaucher. Cette lisse de 50 à 60 cm de long sera pleine pour éviter le blocage de pattes lors d’un chevauchement et sera fixée à 1 m du sol et 1,20 m du cornadis. Lors de la conception d’un espa-ce de contention, il faudra éviter de placer cet équipement face à un mur, ce qui facilitera l’avan-cée et le blocage de la bête en exploitant son instinct de fuite. Dans tous les cas, il faut penser à installer un abreuvoir, un éclai-rage suffisant et des passages d’homme pour circuler aisément dans le bâtiment sans escalader les barrières et éventuellement sortir rapidement du box en cas de besoin. De nombreux modè-les de barrières présentent des passages d’homme intégrés. Certaines sont même équipées de protection pour éviter que de jeunes animaux ne se blo-

Un système de blocage simple mais efficace (adapté pour des animaux calmes)

Un exemple d’aménagement en bâtiment laitier

Un exemple d’espace contention-intervention fonctionnel installé en lien directe avec le bloc traite et le couchage. Cette disposition n’a pas pu être retenue chez Jean-Yves Dantec compte-tenu des bâtiments existants. La traite et le couchage étant séparés, 2 équipements de contention se sont avérés nécessaires.

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15OctObre 2008 - N° 28

Témoignage

quent. En général, ces systèmes ne permettent pas une sortie très rapide. L’installation de poteaux décalés permet de réaliser des passages d’homme simples et très fonctionnels. Dans ce cas, un espace de 35 cm maximum sera laissé pour le passage (attention cependant car à 35 cm, les génis-ses peuvent engager les épaules,

ce qui fut le cas chez Jean-Yves et a nécessité la découpe de la bar-rière). Une autre solution consiste à prévoir une porte pour l’accès au box, ce qui permet de passer des objets plus encombrants sans ouvrir les barrières (seau d’eau chaude, panier d’ensilage…)

La barre anti-recul avec crémaillère vient bloquer et immobiliser l’animal.

Sébastien Guiocheau – Chambre d’agriculture du Finistè[email protected]

D’autres solutions existent pour bloquer un animal. Parmi cel-les-ci le couloir de contention avec porte auto-bloquante pré-sente des avantages. Ce système réservé aux animaux écornés est composé de 2 barrières parallè-les fixes qui constituent le couloir. En bout, une porte de blocage automatique est installée (photo à gauche). C’est l’animal qui en poussant, se bloque seul. Une fois fermement maintenue à l’en-colure, une barre anti-recul est poussée sous la fesse de l’animal (photo ci-dessous). Ainsi, l’inter-venant peut accéder à l’arrière ou sur les flancs de la bête en toute sécurité (des options sont prévues pour ôter la partie haute ou basse des barrières latérales afin d’améliorer l’accès). Après l’intervention, l’animal libéré res-sort par l’avant. Dans ce sys-tème, les coups de pattes et les ruptures de chaîne ne sont plus à craindre. Cependant, pour que l’animal se bloque correc-tement, il faut qu’il pousse suf-fisamment sur les éléments de la porte. Certaines laitières étant très nonchalantes, le réglage et la fermeture de la porte sont plus difficiles. Des modèles de portes sont également proposés avec un blocage manuel.

Couloir de contention avec porte auto-bloquante

Le couloir de contention fixe avec porte de blocage automatique est un système plus coûteux mais sécurisant.

Pour aller plus loin :

Réalisation d’un espace d’intervention en bâtiment d’élevage bovin (12 pages)Les interventions individuelles (insémination, vêlage, soin… ) doivent pouvoir être réalisées en toute sécurité dans les bâtiments d’élevage, tout en respectant le confort et l’hygiène des animaux. Ce guide présente les éléments essentiels à prendre en compte pour aménager un espace d’in-tervention en bâtiment bovin lait et bovin viande.

Disponible auprès du GIE Lait-Viande de Bretagne (Catherine Thomassin – 02.23.48.29.00 – [email protected]) au prix de 7,50 € TTC

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16 OctObre 2008 - N° 28

L’hERBE D’AutoMnE :

un fourrage à valoriser !En automne, le pâturage est très souvent négligé. Pourtant à cette période, après le retour des pluies, l’herbe continue de pousser et reste de qualité tout à fait satisfaisante.

Fourrages

’herbe d’automne a mau-vaise réputation : sa valeur ali-mentaire est souvent considérée comme insuffisante. Pourtant, en dehors des cas particuliers liés au refus et au développement des rouilles, c’est un fourrage de qualité. Des analyses réalisées par la Chambre d’agriculture et le Contrôle Laitier du Morbihan montrent que les prairies d’as-sociation ray-grass anglais-trèfle blanc atteignent en moyenne 0,96 UFL, 162 g de PDIN et 114 g de PDIE sur les mois d’octo-bre et novembre (tableau). Ces valeurs liées à la reprise de la minéralisation des sols sont très proches de celles du printemps. A l’automne, c’est plutôt la quan-tité d’herbe ingérée par les ani-maux qui peut faire défaut. Tout d’abord, l’appétence peut être dégradée en raison d’une accumu-lation depuis la mise à l’herbe des bouses et des pissats sur la prairie. Cette situa-tion concerne essen-

tiellement les exploitations avec une surface en herbe limitée, sur laquelle les cycles de pâturage sont très fréquents. Enfin, les conditions de pâturage ne sont pas toujours idéales : salisse-

ment de l’herbe lié au pâturage en conditions humides, allongement de la période nocturne pendant laquelle les vaches consomment moins d’herbe, et forte concurrence d’appé-

tence en faveur de l’ensilage de maïs.Le redémarrage des vêlages et les besoins élevés des vaches en début de lactation sont aussi des arguments avançés pour privi-légier l’ensilage de maïs, ce qui aboutit à une mauvaise valorisa-tion de l’herbe.

L’herbe continue de pousser !La pousse d’automne est loin d’être négligeable : en Bretagne, elle varie entre 30 kg MS/ha/jour en septembre et 20 kg MS/ha/jour en octobre. Puis, elle décroît progressivement jusqu’à 10 kg de MS/ha/jour en novembre. L’herbe d’automne se caractérise par des feuilles courtes car les jours sont décroissants et la pousse durera tant que les températures seront supérieures à 0°C. Dans une exploitation disposant de 35 ares d’herbe/VL, avec une pousse de 30 kg de MS/ha/jour, l’offre four-ragère atteint les 10 kg de MS par vache (0,35 ares/VL x 30 kg MS/ha/jour = 10,5 kg MS/VL/jour). La bonne valorisation de l’herbe n’est donc possible que si les fourrages distribués, en par-ticulier le maïs, sont fortement

Une herbe de qualité, en quantité…

Dans de bonnes conditions, l’herbe d’automne a une valeur alimentaire proche de celle du printemps

Selon les systèmes fourragers, les vaches ingèrent de 6 à 13 kg MS d’herbe pâturée en automne

Répartition moyenne de la part de pâture et de stocks, en septembre-octobre, en fonction de la surface d’herbe pâturée par vache (d’après 6 menus pour vaches laitières)

6 79

12

10 97

3

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20 - 35 ares/VL 35 - 40 ares/VL 40-50 ares/VL 50-60 ares/VL

Kg

de

MS

/VL/

jour

Pâture Stocks

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17OctObre 2008 - N° 28

Françoise Guillois – Chambres d’agriculture de [email protected]

rationnés. Dans beaucoup d’éle-vages, la distribution a redémarré durant l’été et les quantités ne sont pas réajustées par rapport à l’herbe disponible. Dès que l’her-be commence à s’accumuler dans les parcelles, il faut donc contrô-ler les quantités distribuées. Le temps de présence à l’auge est un bon moyen : en une demie-heure, une vache ingère 4 kg de MS de maïs. Il est indispensable d’adapter la conduite au système fourra-ger. Avec 20-30 ares d’herbe par vache, la quantité d’herbe dis-ponible à l’automne est moins importante. Sur les mois de septembre et octobre, le maïs sera rationné autour de 10 kg de MS pour que les vaches puis-sent consommer en moyenne 5 à 6 kg de MS d’herbe. Dans les systèmes plus herbagers, au-delà de 45 ares d’herbe par vache, les stocks seront fortement limités à 7 kg de MS. Ces apports pour-ront même être arrêtés si les niveaux de pousse sont élevés. Dans tous les cas, les vaches laitières ne consomment bien de l’herbe que si elles ont faim en arrivant au pâturage. L’idéal est de les sortir rapidement après la traite du matin, moment ou l’appétit est stimulé. On réali-sera donc les apports de maïs en priorité le soir. Dans le cas de conditions à risques vis à vis de la météorisation (parcelles riches en trèfle, humidité, gelée matinale), on apportera un peu de foin ou d’enrubannage le matin.Pour faciliter la gestion du pâtu-rage, il est important d’avoir une conduite adaptée aux conditions

climatiques. En cas de pluie, le pâturage se fera sur les parcel-les les plus portantes et les plus abritées. La priorité sera donnée au pâturage des parcelles hydro-morphes les jours de beau temps On pourra également utiliser le fil avant pour éviter le salisse-ment et maintenir l’appétence en offrant une herbe nouvelle aux vaches chaque jour.

La mise à l’herbe se prépare à l’automneL’objectif du pâturage d’automne est aussi de bien nettoyer les pâtures avant la rentrée des ani-maux à l’étable. L’automne-hiver est la période de tallage des gra-minées qui permet à la prairie de se renouveler. Mais pour qu’il y ait tallage, il faut que la lumière arrive à la base des tiges où se trouvent les bourgeons. C’est pour cette raison qu’il est néces-saire de bien raser les prairies. Il faut viser des hauteurs sortie autour de 4 cm en RGA-TB et 5 cm en RGA pur. Le nettoyage des parcelles est aussi favora-

ble au trèfle qui a besoin de lumière pour résister. En-dessous de 6°C, il stoppe sa croissance alors que les graminées conti-nuent à pousser et prennent le dessus. En dernier recours, l’aide des taries et des grandes génisses peut s’avérer nécessaire pour ter-miner le nettoyage de quelques parcelles. En respectant un repos hivernal de 2 à 3 mois, toutes les conditions seront réunies pour assurer la future production de la prairie

Valeurs d’associations RGA-TB en automne – Chambre d’agriculture et Contrôle laitier du Morbihan.

La valeur de l’herbe varie en moyenne de 0,93 à 0,99 UFL sur les mois d’octobre et novembre.

UFL(/kg de MS)

PDIN(g/kg de MS)

PDIE(g/kg de MS)

Nombre analyses Moyenne Min Max Moyenne Min Max Moyenne Min Max

oct-02 8 0,96 0,93 0,97 172 162 184 115 110 120

oct-03 19 0,99 0,96 1,04 159 140 176 115 110 120

nov-03 11 0,93 0,89 0,95 163 138 185 113 106 121

oct-04 15 0,97 0,91 1,01 154 135 174 112 107 119

La distribution de maïs est à raisonner pour optimiser l’ingestion d’herbe en automne.

Et la complémentation ?

La part d’herbe pâturée dans la ration per-met aussi de réaliser des économies sur le correcteur azoté, ce qui n’est pas négligea-ble dans le contexte actuel de forte hausse des cours du soja. Compte-tenu des valeurs de l’herbe d’automne, il n’est nécessaire de corriger la ration que lorsque l’ensilage de maïs représente plus d’une demi ration. Au delà, on apportera l’équivalent de 100 g de soja par kg de MS d’ensilage de maïs dans la ration.

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18 OctObre 2008 - N° 28

Du côté des Eleveurs pilotes qualité

PouR PiLotER L’ALiMEntAtion

Noter l’état d’engraissement L’état d’engraissement est un bon indicateur pour juger de l’alimentation et notamment de l’équilibre énergie-azote de la ration. Plusieurs éleveurs pilotes de la qualité l’ont utilisé, soit en acquérant la méthode pour avoir un œil objectif sur leur propre troupeau, soit en travaillant systématiquement de concert avec le technicien de contrôle laitier.

a notation d’état d’en-graissement des vaches a été réalisée systémati-

quement lors du diagnostic initial chez les éleveurs laitiers pilo-tes de la qualité. L’objectif était d’avoir moins de 10 % des débuts de lactation à note inférieure à 2. En-deçà de cette note le déficit énergétique est impor-tant, avec des impacts sur le TP et éventuelle-ment sur la fertilité.Trois éleveurs avaient retenu dans leur plan d’action de noter régu-lièrement l’état dans le souci d’améliorer la fécondité du troupeau. Les deux éleveurs qui témoignent ici l’ont fait tous les mois à certaines périodes de l’année le premier tout seul, le second avec le technicien de contrôle laitier.

Philippe Charlotin (éleveur laitier de Moréac – 56)« La décision de noter régulière-ment l’état d’engraissement et de s’en servir pour piloter la condui-te alimentaire a été prise en octo-bre 2006 grâce à la conjonction

de deux événements : le constat lors du «dia-gnostic éleveurs pilote de la qualité» qu’il y avait quelques vaches maigres et ma partici-pation à une journée de formation sur la

fécondité des vaches laitières, au cours de laquelle nous avons noté un troupeau que j’ai effec-tivement trouvé plus en état que le mien. Pour le faire correctement, je prends la grille de notation d’état

en Prim’Holstein, une fiche de notation vierge et un crayon. Et j’évalue mes vaches à partir de la grille, indépendamment de leurs stades de lactation. Je prends les vaches une par une et je m’arrête à 20. Puis, je saisis les notes et les dates de vêlage sur informatique et je mesure les écarts par rapport à des notes «objectif», grâce à une feuille de calcul qui m’a été fournie dans le cadre du suivi «Eleveur Pilote Qualité».Cela m’a servi à ajuster la com-plémentation azotée : comme je recherche la maîtrise du coût alimentaire, je montais en azote, mais ne suivais pas en énergie, au détriment de la reproduction et du TP en début de lactation. Puis quand les vaches étaient pleines, je passais à 0,5 kg d’azote, ce qui ne permettait plus de valoriser correctement le fourrage. Le suivi d’état est un élément de plus pour ajuster. Le troupeau était à - 0,4 point de l’état théorique. L’enjeu était de réduire cet écart sans bouleverser la conduite. J’ai travaillé sur les différents stades. Les pics sont moins exprimés, mais c’est peut-être plus prudent par rapport aux risques d’acido-se, notamment avec le maïs très riche en amidon de cette année. Ca m’a appris à regarder mes vaches différemment. »

Au Gaec Ninez Izella, la situation était sensiblement la mêmePerte importante d’état en début de lactation et pas de reprise en fin. Il avait été décidé de mettre en place un suivi régulier. Après s’y être essayé plusieurs mois, Patrice a préféré avoir l’œil du contrôleur laitier : « Ce n’est

Un œil objectif sur son troupeau

Pour noter ses propres vaches, Philippe Charlotin prend systématiquement la grille de notation pour rester objectif.

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Marylise Le Guénic – Chambres d’agriculture de [email protected]

OctObre 2008 - N° 28

pas si facile à faire. Je préfère avoir un œil extérieur, même si je détecte mieux aujourd’hui les vaches maigres.». Suite aux pre-mières notations, il a été décidé de modifier deux points.Un plan de complémentation de début de lactation a été pro-posé et mis en œuvre dans l’ob-jectif d’obtenir plus rapidement un équilibre après vêlage, sur le principe de plus de un kilo de concentrés tous les trois jours en ajustant d’abord l’azote.

Comme chez Philippe Charlotin, en hiver, la ration n’était plus équi-librée en azote à partir du milieu de lactation. Les ajustements décidés furent mis en œuvre immédiatement et la notation fut réalisée mensuellement avec le contrôleur laitier. L’arrivée d’une mélangeuse au printemps 2007 a aussi modifié la donne : la ration de base est maintenant équilibrée pour toutes les vaches. Sur l’hi-ver dernier, l’état s’est amélioré notamment en fin de lactation.

Patrice est impressionné par le niveau d’ingestion des vaches : 21 kg de matière sèche d’inges-tion moyenne de maïs plus foin : « elles étaient sans doute ration-nées avant. ». Philippe exprime la même sensation : équilibrer la ration a stimulé l’ingestion. Comme pour leur donner raison, les TP moyens annuels Contrôle Laitier, se sont améliorés de 1 gramme et de 0,6 gramme, pas-sant la barre des 32

Les notes sont valorisées par l’informatique

La note 2 : un repère important à avoir à l’œil. Il faut éviter de descendre en-deçà.

Ligament bien isolé et légèrement couvert

La ligne des apophyses transverses fait un angle vif. Elles commencent à s’individualiser

La ligne des apophyses épineuses est marquée et peu couverte.

Cap Elevage vous proposera tout au long de l’année 2009, les solutions mises en œuvre par les 15 éleveurs pilotes qua-lité pour répondre aux exigen-ces des cahiers des charges ou de la réglementation, mais également pour sécuriser son exploitation, s’organiser, se faciliter la tâche.

Dans le cadre d’une action du GIE Lait-Viande de Bretagne, ces éleveurs sont accompa-gnés par le Pôle Herbivores des Chambres d’agriculture de Bretagne (financement initié par la charte de développe-ment pérenne pour l’agricul-ture et poursuivi par l’Office de l’Elevage dans le cadre du CPER).

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20 OctObre 2008 - N° 28

LAit Et AgRoBioLogiE En BREtAgnE

Un nouveau réseau d’élevages en 2008Dans le cadre de la Recherche Appliquée menée par les Chambres d’agriculture de Bretagne et en complément du nouveau réseau de 40 fermes en systèmes conventionnels (démarré fin 2007), un nouveau suivi de 13 élevages laitiers bio s’est mis en place en 2008.

Réseaux d’élevages

e suivi des exploitations des réseaux d’élevage a pour objectif d’écou-

ter, d’observer, d’enregistrer des pratiques d’éleveurs dans leur contexte d’exploitation pour analyser et formaliser ces savoir-faire. Il s’agit aussi de rechercher des indicateurs ou des méthodes d’appui technique accompagnés de références appropriées, pour répondre aux demandes de for-mation et d’information des agri-culteurs, des conseillers et des étudiants. C’est dans ce cadre que 13 élevages laitiers en agro-biologie sont suivis sur toute la Bretagne. Les données techniques, éco-nomiques et environnemen-tales sont collectées lors de ce suivi dans un but de diffusion des repères des systèmes et du savoir-faire des éleveurs. Le suivi sur plusieurs années donne aussi la possibilité d’étudier leur adaptation aux modifications du contexte de production ou du climat.

13 élevages, des structures diversesLe recrutement de ces 13 éle-vages s’est fait en recherchant une répartition représentative des zones pédoclimatiques d’été. Les élevages ont aussi été sélec-tionnés suivant leur système fourrager, et notamment sur les fourrages constituant la ration hivernale. Enfin, tous les éle-vages retenus sont certifiés bio depuis au moins deux ans. En moyenne dans les 13 élevages la main d’œuvre est de 2,15 UTH. Elle varie d’une personne seule à une forme sociétaire de 4 asso-

ciés. La SAU des élevages est en moyenne de 100 ha, variant de 58 à 180 ha. La plupart de ces élevages s’est agrandie ces dernières années pour gagner en autonomie alimentaire : la prio-rité est en effet de produire tous les fourrages et les concentrés sur l’exploitation compte-tenu du caractère prohibitif de leur prix d’achat en agrobiologie. La référence laitière est en moyenne de 375 000 litres, s’éta-lant de 205 000 à 716 000 litres. Le volume de lait à produire par ha de SAU varie de 3 070 à 5 625 litres, et est en moyenne de 3 735 litres par ha de SAU. On peut comparer ces chiffres à la moyenne de 72 élevages laitiers bio adhérents aux CER de Bretagne : la main d’œuvre est constituée de 1,8 UTH, la SAU est de 72 ha et la quantité de lait vendue est de 262 000 litres. La race Prim’Holstein est largement

dominante dans les élevages du réseau : 5 élevages n’ont que des vaches Holstein, 3 ont un troupeau en race Normande, 3 ont un troupeau mixte Holstein – Normande, 1 élevage a un trou-peau Kiwi (Prim’HolsteinxJersey), et 1 seul troupeau est en race Montbéliarde.

Des systèmes fourragers variésLes systèmes fourragers de ces 13 élevages sont variés. Il faut souligner que ces choix ne sont pas figés, mais au contraire qu’ils sont adaptables et adaptés aux conditions climatiques. Le choix du système fourrager en bio doit satisfaire à la fois des exigences zootechniques, agronomiques de rotations cohérentes et réglemen-taires. L’autonomie alimentaire en agrobiologie est à rechercher tant sur le plan de l’énergie que

Localisation des élevages du réseau lait bio

Carte de la pousse de l’herbe « zonage d’été » - source Pôle Herbivores – Météo France

zone très humidezone humide zone intermédiaire zone sèche zone très sèche

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21OctObre 2008 - N° 28

de l’azote. La diversité des four-rages utilisés et des systèmes fourragers rencontrés va dans ce sens : l’herbe est à la base de tous les systèmes car elle permet l’autonomie et est très écono-mique, mais l’hiver les rations sont diverses suivant les objectifs de production et les assolements mis en place.Dans le nouveau réseau, le maïs est présent dans 6 élevages sous forme d’ensilage et 1 sous forme déshydratée. La betterave est pré-sente dans 4 élevages : le maïs ou la betterave sont ainsi présents dans 9 élevages. Ces deux four-rages énergétiques par excellence permettent d’obtenir de bonnes performances animales en hiver. La betterave est un fourrage très bien ingéré qui a une influence positive sur les taux. Elle permet de bien relever le niveau énergé-tique (1,12 UFL/kg de MS) mais a une limite nutritionnelle (4 kg de MS/vache/jour). L’utilisation du maïs ou de la betterave nécessite d’équilibrer la ration en protéines grâce à des correcteurs azotés. Par ailleurs, les mélan-ges céréaliers ensi-lés sont présents dans 4 élevages du réseau. Adaptés aux sols froids, ces céréales immatures sont moins sensibles aux séche-resses estivales. Le déshydraté est présent dans 2 élevages.On peut ainsi classer les 13 éleva-ges en 5 menus :- menu «ensilage de maïs» : 6

élevages dont un avec betterave et un avec betterave et déshy-draté

- menu «betterave» : 2 élevages- menu «mélanges céréaliers ensi-

lés» : 2 élevages- menu «déshydraté» : 1 élevage- menu «herbe récoltée seule» : 2

élevagesC’est donc la ration hivernale qui distingue les différents systèmes rencontrés. Celle-ci sera d’autant plus importante que la majorité des vêlages aura lieu à l’automne. Lorsque le quota par ha est peu important, les rations hiverna-les peuvent rester basées sur les stocks d’herbe : foin, enruban-

nage, foin + ensilage d’herbe. Par contre, lorsque le lait à produire à l’hectare est important, la ration hivernale doit être composée de fourrages énergétiques. D’autres fourrages riches en azote per-mettront de corriger en partie la ration. Cependant l’herbe récol-tée et notamment le foin consti-tue dans tous les cas la part principale de la ration en hiver de ces élevages agrobiologiques.

Un réseau utile pour les nouvelles perspectives de la bioCe nouveau réseau se met en place alors que le contexte de la filière lait bio est plus favo-rable en France et en Bretagne. Une part importante des élevages convertis à l’agrobiologie dans les années 2000 – 2001 dans le cadre de CTE n’ont pas ou peu bénéfi-cié de plus-values sur le prix du lait en bio pendant les premières années qui ont suivi la conver-sion. Désormais, depuis environ

un an, tous les éle-vages en Bretagne reçoivent une plus-value sur le prix du lait de l’ordre de 85 €/1 000 litres en moyenne sur l’an-née.

De plus, des engagements ont été pris dans le cadre du Grenelle de l’Environnement fin 2007 : l’ob-jectif est d’atteindre au niveau national 6 % de la SAU en bio d’ici 2010 et 20 % en 2020… alors qu’au niveau national on est aujourd’hui autour de 2 % de la SAU en bio. Ces engagements devraient être traduits par des mesures concrètes dès l’autom-ne 2008. Cet objectif ambitieux nécessitera un accompagnement technique des éleveurs en conver-sion vers l’agrobiologie, et donc le besoin de références techni-ques et économiques issues de fermes bio.L’objectif de ce nouveau réseau d’élevages lait bio en Bretagne est d’abord de réaliser un suivi global des exploitations, complé-té éventuellement d’études thé-matiques souvent en lien avec les attentes de la filière exprimées au

sein de la recherche appliquée et d’Interbio Bretagne. Ce suivi per-mettra aussi d’identifier les prati-ques novatrices mises en œuvre en élevage. La diffusion se fera au travers d’articles, de fiches et de Portes Ouvertes. Nous remer-cions déjà tous les éleveurs du réseau pour leur disponibilité et leur contribution à l’acquisition de références

Jean-Marc Seuret - Chambres d’agriculture de [email protected]

Répondre au Grenelle de

l’Environnement…

Pour aller plus loin :

Trois documents valorisent les résultats des précé-dents réseaux bretons dont le réseau bio :

Bilans des suivis en Bretagne - 28 pages - 6 € TTC

« 13 cas concrets » : 13 fiches descriptives dont 5 en bio – 15 € TTC

Commande auprès du Pôle Herbivores des Chambres d’agriculture de Bretagne

Madeleine Lefaucheur 02.96.79.21.63

Brochure IBB : « Résultats d’expérimentations et de suivis techniques en éle-vage laitier biologique » : édition 2008 – Commande auprès d’IBB

Contact : [email protected]

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22 OctObre 2008 - N° 28

JouRnéES CEREL 2008

Que savons-nous réellement sur le lait ?En Juillet 2008 à Rennes, les troisièmes journées du CEREL tentaient de répondre à la question : «Que savons-nous réellement sur le lait ?» Ce colloque était surtout l’occasion de faire le point sur les dernières avancées scientifiques en ce qui concerne la qualité nutritionnelle des produits laitiers. Voici des extraits de quelques-unes des nombreuses interventions…

Recherche appliquée

n 10 ans, le taux d’obési-té des Français est passé de 8 à 13 %. Tous les

âges et toutes les régions sont concernés. Si la génétique est res-ponsable de 20 à 40 % de ces cas d’obésité, le manque d’activité physique a sa part. L’évolution du comportement alimentaire joue aussi un rôle important (45 % de lipides dans notre alimentation en 1990, contre 18 % en 1900).

Les produits laitiers chutent dans notre alimentationDes enquêtes individuelles sur la consommation alimentaire ont été réalisées en 1999 et en 2007. Elles montrent une baisse de la consommation des produits laitiers (notamment du lait). La baisse la plus forte est obser-vée auprès des femmes de 18 à 34 ans (un tiers en moins), avec une chute de la consommation de lait et de fromage. Elles se tournent alors vers des produits à base de fruits. Cette désaffec-tion pour les produits laitiers concerne les deux sexes, et toutes les tranches d’âges.Si avant 1980 c’est surtout la consommation du beurre qui baisse (aujourd’hui stabilisée), ce sont maintenant le lait et le fro-mage qui chutent le plus. Seuls les produits ultra-frais et les desserts échappent à cette dégringolade (grâce notamment à la consom-mation soutenue des hommes). Le Français reste un consomma-teur de produits laitiers impor-

tant en Europe. Malgré tout, la mortalité cardio-vasculaire fran-

çaise est la plus faible d’Europe et la Bretagne grande consomma-trice de beurre, est l’une des régions ou le «surpoids» des popula-tions est le plus faible avec la Provence (carte

ci-contre). Aujourd’hui, la pro-gression des lipides dans notre alimentation se fait plutôt sur les graisses végétales, notamment les plats préparés. D’après, Lafay AFSSA et Cholédoc – Mars-Avril 2008.

Le type d’acides gras a un impact sur la santé humaineUne étude de l’impact de l’alimen-tation humaine sur le surpoids

Le lait meilleur pour notre santé

que nous le croyons

Le lait, un produit sain, nécessaire tout au long de notre vie.

Le CEREL est le Centre Européen de Recherche et d’Enseignement sur le Lait. C’est un pôle de compétence qui regroupe l’en-semble des acteurs de la filière lait de l’Ouest de la France. Il a pour mission de renforcer la recherche laitière pour construire la qualité à tous les stades de la filière, de générer des connais-sances et des outils pour répon-dre aux questions de demain et de les transférer par la formation et le partenariat avec les acteurs du développement et les pro-fessionnels laitiers, producteurs industriels.Renseignements : www.cerel.org

Le CEREL

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23OctObre 2008 - N° 28

ZOOm sur

Lait et santé humaine

Roger Hérisset – Chambres d’agriculture de [email protected]

vient d’être menée en Bretagne. Deux groupes de personnes ont reçu durant 90 jours, d’une part une alimentation à base de pro-duits animaux riche en oméga 3, d’autre part une alimentation plus classique. Le rapport acide gras oméga 6 sur oméga 3 pour l’homme doit être inférieur à 5 : ce rapport pour le premier grou-pe était de 1,56 et pour le second groupe de 3,6. En final les deux groupes rece-vant des conseils de nutrition-niste ont perdu chacun 3-4 kg. 120 jours plus tard, sans aucun régime spécifique, le premier groupe perd encore un peu de poids, alors que les autres en ont repris. Un résultat qui interroge sur les arrière-effets possibles, mais qui ne nous permet pas de conclusion (un seul essai) au vu des connaissances actuelles. D’après B. Schmitt – Hôpital de Lorient.

Le lait assure la bonne santé de l’osL’ostéoporose est une maladie fréquente et grave qui touche les tranches les plus âgées de notre population. Des études récentes ont démontré la grande bio-dis-ponibilité pour l’os du calcium du lait. D’autres études ont éga-lement montré l’intérêt d’une consommation suffisante de lait

tout au long de sa vie (et dès le plus jeune âge) : celle-ci a un effet sur la prévention de l’ostéo-porose. D’après P. Fourdelonne – CHU d’Amiens et D. Tome AgroParistech.

Le lait améliore notre défense immunitaireL’ensemble des micro-organis-mes qui colonisent notre tube digestif est appelé par les spécia-listes « microbiote intestinal ». La proportion des différents micro-bes est propre à chaque individu et est le résultat de nombreux facteurs dont l’alimentation. Ce microbiote a une influence sur notre santé (rôle immunitaire), et aussi sur notre capacité à prendre du poids.La plupart des bactéries que nous ingérons proviennent des yaourts et des laits fermentés. L’industrie laitière y introduit des probioti-ques (c’est à dire des micro-orga-nismes vivants) pour modifier le goût ou la texture, mais aussi et surtout, pour leurs effets suppo-sés bénéfiques sur la santé.En Europe, il faut maintenant un dossier scientifique convain-cant pour mettre en avant ces probiotiques. Seuls cinq produits sont actuellement reconnus pour leur effet, par exemple la souche Bifidobacterium bidfidum BB12

dont l’effet est bénéfique sur le transit intestinal. Tous les bifi-dobacterium bifidus de tous les produits ne présentent pas ces effets. Pour avoir un effet, un probiotique doit être consommé régulièrement. D’après B. Pot, Institut Pasteur et G. Gonthier, INRA.

Le lait et le développement du nourrissonLe lait de vache et les laits indus-triels 1er âge (maternisés) sont plus riches en protéines que le lait des femmes. Ainsi, le lait 1er âge est très efficace pour faire prendre du poids au nourrisson. Il semble cependant que le déve-

Surpoids (%) chez les femmes (20-75 ans)

Beurre ou huile d’olive ? En Bretagne, pas plus de surpoids qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur.Source : Atlas de la santé en France

Surpoids (%) chez les hommes (20-75 ans)

A Trévarez

Les laits issus des différentes rations pratiquées à la Station de Trévarez (29) font l’objet d’ana-lyses des profils en acides gras. Petit à petit, nous obtenons ainsi des repères en condition bretonne sur l’évolution des profils d’aci-des gras sur une année. Nous y reviendrons dans un prochain numéro de Cap élevage.

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24 OctObre 2008 - N° 28

Recherche appliquée

loppement des enfants nourris au sein, souvent moins lourds, soit tout de même équivalent (corps aussi grand, cerveau aussi déve-loppé). De nombreuses études montrent un plus grand risque pathologique (diabète, surpoids plus précoce) sur les enfants nourris au lait 1er âge (notam-ment les prématurés). Ces étu-des, qui montrent pour l’instant l’intérêt supérieur de l’allaitement maternel, visent à améliorer dans l’avenir la formulation des laits 1er age. D’après D. Darmavin – CHU Nantes.

Des idées à revoir sur la matière grasse du laitOn reproche souvent à la matière grasse du lait sa teneur élevée en acides gras saturés (AGS). Au regard des recherches actuelles cette réputation semble exagé-rée. Il faut savoir que nous produi-sons nous aussi des AGS dans notre organisme. Tous ne sont pas utilisés pour la constitution de réserve. Ils entrent dans la composition des cellules de notre corps et participent au bon fonc-

tionnement de celui-ci, notam-ment énergétique.Les AGS sont très variés dans le lait (plus que dans les huiles végétales) et répondent ainsi à un grand nombre de missions. Il est donc temps d’arrêter de les considérer en bloc, d’autant plus que les acides gras saturés à chaînes courtes (utile ou neutre) sont plus représentés dans le lait que dans l’huile qui contient les AGS à chaînes longues.Notre alimentation est par ailleurs déficitaire en acides gras poly-insaturés dont le lait est une source intéressante. C’est dans cette famille d’acides gras que l’on rencontre les oméga 3 et aussi les CLA dont l’acide ruménique (propre au ruminant) qui pourrait avoir un rôle dans la prévention des maladies cardio-vasculaires et peut-être un effet protecteur contre le cancer.D’après P. Legrand – Agrocampus Rennes.

Le rôle de l’éleveur : l’alimentation animale joue un rôle prépondérant sur la qualité des produitsLa ration des animaux d’élevage joue sur la qualité nutritionnelle des œufs, de la viande et du lait. La filière de valorisation la plus avancée concerne les produits animaux naturellement riches en oméga 3. Des éleveurs ont déjà des contrats comportant l’obliga-tion d’ajouter des aliments à base de lin (huile, grain, tourteaux). La matière grasse animale contient d’autres acides gras aux intérêts bénéfiques (tant qu’il n’y a pas d’abus) comme les acides linoléï-ques conjugués (CLA). En ce qui concerne l’élevage laitier, l’ap-port de luzerne ou de tourteau de colza a aussi une influence béné-fique sur le profil en acide gras du lait. Notons que l’affouragement en vert et notamment le pâtu-rage, est de tout premier plan pour obtenir du lait de grande qualité nutritionnelle et bon pour la santé humaine (voir encart ci-contre) D’après J. Morot et J.L. Peyraud INRA.

Des laits de haute qualité nutritionnelle sont déjà présents dans de nom-breux élevages. Les séquences fourragères de l’année font fortement varier cette qualité. Pour obtenir un lait optimisé sur le plan nutritionnel, deux objectifs doivent être poursuivis. Le premier est de produire des laits moins riches en acides gras saturés (C16), en veillant à augmenter la part d’acides gras saturés courts (C4 à C10). Ceux-ci diminuent le cholestérol et entraînent moins de prise de poids que les saturés à chaîne longue.Le second objectif est de produire un lait plus riche en acides gras poly-insaturés et en acide ruménique (CLA du lait, et ses précurseurs trans 11, l’acide trans-vaccénique) sans accroître les oméga 6 et certains trans, notamment les trans 10 qui sont athérogènes (se dit d’une substance qui favorise l’athérome, c’est-à-dire le dépôt de corps gras dans les vaisseaux sanguins).Cette optimisation peut se faire par l’alimentation. L’herbe jeune quelle que soit l’espèce est très bénéfique et l’effet s’accroît avec la proportion d’herbe. Cet effet positif se maintient avec l’herbe d’automne.Côté concentré, au tourteau de soja il faut préférer le lin ou le tourteau de colza. Les effets de ces concentrés s’additionnent à ceux de l’herbe. Attention tout de même à un taux de concentré élevé dans la ration. L’acidose provoquée augmenterait la proportion de trans 10 au détriment des trans 11 (donc un outil de diagnostic de l’acidose possible, quoique onéreux).Concernant la génétique, il existe une grande hétérogénéité entre les vaches d’un même troupeau, plus importante que l’effet race. Des recher-ches sont en cours à l’INRA du Pin pour identifier les gênes impliqués (D’après J.L. Peyraud – INRA)

Quelle ration, quelle génétique pour jouer sur la qualité nutritionnelle du lait

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Lait et santé humaine

ZOOm sur

Guide pratique « Gagner plus par mes produits »Ce guide de 76 pages, propose des solutions concrètes pour améliorer le revenu par une meilleure maîtrise des produits de l’exploitation. Deux types d’actions sont proposées : - optimiser les produits lait, viande et cultures pour assurer de meilleures

marges - mieux combiner les productions lait, viande et cultures en valorisant

pleinement les atouts de chaque exploitation.Dans un contexte de demande plus forte, ce guide est un outil précieux pour y répondre.

Contact : [email protected] bretons, votre technicien de Contrôle Laitier vous l’a déjà remis.Les techniciens et conseillers des Organismes agricoles peuvent commander ces documents auprès du Pôle Herbivores des Chambres d’agriculture de Bretagne.

Cap Elevage n°17 - Septembre 2007«L’odyssée qualité»Un dossier de 22 pages qui a servi de support à la Plate-forme Recherche et Développement du Space 2007.6 euros

Pour en savoir plus

Contact : Madeleine Lefaucheur

Pôle Herbivores 02.96.79.21.63

« Certes, les Acides Gras Trans (AGT) consommés en quantité excessive constituent un facteur de risque cardiovasculaire. Le taux de 2 % de l’apport éner-gétique total en AGT est le seuil au-delà duquel est observée une augmentation significative de ce risque, selon un rapport de l’Afssa sur les effets biologiques des AGT publié en 2005. Cependant, la distinction entre origines «animale» et «technologique» des AGT n’est pas toujours faite ni faisable dans les études épi-démiologiques. Or, cette distinction est primordiale. En effet, contrairement à ce qui est observé avec les AGT « d’origine technologique » issus notamment de l’hydrogénation partielle des huiles et des corps gras végétaux, aucune association entre la consommation d’AGT d’origine animale (ruminants) et le risque car-diovasculaire n’a été mise en évidence. Une étude

épidémiologique danoise menée sur 18 ans auprès d’environ 3 600 personnes et publiée en 2008 corro-bore cette observation. Même dans le quintile supé-rieur de consommation, soit 3,4 g/j chez les hommes et 2,7 g/j chez les femmes – ce qui représente quand même 1 litre de lait demi-écrémé + 100 g de camembert + 50 g de beurre –, les AGT d’origine animale sont sans effet sur le risque cardiovasculaire. Consommés en quantité encore supérieure – 4,2 g/j (quantités atteignables seulement avec des produits expérimentaux élaborés dans ce but) – ces AGT n’ont pas montré davantage de risque cardiovasculaire dans une étude sur volontaires sains.»

Source : Nutri-doc - N° 74 - Août 2008 - D’après Institut française pour la nutrition.

L’origine des acides gras trans est d’importance

EntEnDu, Vu, lu

25OctObre 2008 - N° 28

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26 OctObre 2008 - N° 28

Contrôle laitier

QuALité Du LAit

Deux avis d’expertsLa qualité du lait a tendance à se dégrader ces derniers mois, en raison de l’augmentation des effectifs (maintien des incurables, augmentation de la densité des animaux dans les bâtiments) et d’un relâchement dans les bonnes pratiques de traite principalement. Nous avons rencontré deux conseillers traite chargés au Contrôle Laitier des interventions « mammites-leucocytes ». Jean-Yves Roquinarc’h et Jo Quéré nous font part de leur expérience.

Les situations les plus fréquentes pour lesquel-les nous intervenons sont

celles où l’éleveur rencontre des problèmes de cellules avec peu de mammites cliniques. Elles repré-sentent près de 3 cas sur quatre.» « A l’opposé, les cas de flambée de mammites sans cellules sont beaucoup moins nombreux, 1 cas sur 10. Enfin dans 2 cas sur 10, nous sommes en présence à la fois de cellules et de mammites cliniques. »« Dans 20 % des cas la demande d’intervention fait suite à une dégradation soudaine de la situa-tion. Pour les autres, la situation dure depuis un moment et les éleveurs souhaitent faire le point pour la faire évoluer favorable-ment. »

Trayons abîmés = réservoir de microbesJean-Yves et Jo nous livrent les principaux facteurs de ris-que qu’ils observent lors de leur intervention Une évidence : Les trayons abîmés, blessés, com-portant des gerçu-res, sont les premiers réservoirs à bactéries, prêtes à entrer dans la mamelle. C’est le résultat de l’utilisation de produits agressifs, de lavettes trop dures, d’une ambiance à courants d’air, de l’absence de trempage des trayons avec un produit grais-sant...La deuxième cause est le relâ-chement dans les bonnes pra-tiques de traite et d’hygiène et le confort du troupeau. « Petit

à petit, comme il n’y a pas de problème, l’éleveur est moins rigoureux et oublie, ou délaisse, les règles de la prévention des mammites.»En troisième lieu, arrivent les évolutions touchant l’atelier lait qui entraînent des modifications des pratiques. Ce sont l’augmen-tation du nombre de postes de traite, le changement de trayeur, l’évolution du nombre de vaches, les conditions des logements des animaux, le paillage, ...Enfin, les « bonnes » pratiques mal appliquées, comme les faus-ses économies, peuvent s’avérer

désastreuses pour les mammites. Ce sont les lavettes mal nettoyées, le prétrempage sur trayons sales, ... jusqu’à l’arrêt du trempage, l’économie de produits de tarissement.

Et la machine à traire ? « En fait, d’une façon générale, le fonction-nement de la machine à traire est correct, la plupart du temps, du fait du contrôle annuel. Le parc s’est amélioré. En 1992, 8 % des CMAT Certitraite n’avait pas la conformité du CROCIT, contre

pratiquement 0 % aujourd’hui avec les normes plus contrai-gnantes. Au début des années 90, 50 % du parc avait un contrôle Optitraite contre 75 % aujourd’hui. C’est plus la façon de l’utiliser qui entraîne des pro-blèmes avec la surtraite voire la soustraite. »

Une accumulation de petites erreursJean-Yves Roquinarc’h relate une intervention réalisée en décem-bre dernier. Elle faisait suite à une dégradation des comptages cellulaires démarrée durant l’été. Le taux de comptages inférieurs à 300 était arrivé tout près des 70 % pour un objectif de 85 % et bien-sûr l’éleveur était pénalisé. Au cours de sa visite, Jean-Yves n’a pas noté de gros problème de conduite mais une accumu-lation de petites erreurs qui, au final, coûtent cher à l’éleveur. Ce sont : • le nettoyage des lavettes qui ne

passaient plus dans la machine à laver

• des trayons abimés, d’où la préconisation d’un changement du produit de trempage avec un agent adoucissant

• les vaches qui se couchent dès la fin de la traite. La remise en place du fil dans la stabulation éliminera ce facteur de risque

• la désinfection du faisceau trayeur au peroxyde d’hydro-gène peu efficace du fait d’une mauvaise manipulation

Ainsi, on pense tout bien faire mais on dévie petit à petit sans s’en rendre compte.

Les mammites ne sont pas une

fatalité

Des trayons abîmés sont des réservoirs de bactéries pathogènes

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27OctObre 2008 - N° 28

André Coat - Bretagne Contrôle [email protected]

Quand tout va malJo Quéré nous raconte son inter-vention dans un élevage en situation très délicate, dépassant largement les 400 000 cellules depuis quelques mois. Dans cet élevage, la situation s’est aggra-vée avec l’augmentation des effectifs sur la dernière campa-gne. «Le premier coup d’œil sur les bâtiments est significatif : les vaches ne peuvent pas se coucher dans de telles logettes». L’assistance traite donne les fac-teurs de risque suivants:• les trayons sont abimés, gercés,

crevassés,• on utilise une lavette par

bande,• les 1ers jets sont tirés sur le

quai,• la surtraite est importante :

plus de 8 minutes pour moins de 10 kg de lait (on compte 5 minutes pour 10 kg et 6 minu-tes pour 15),

• la fin de traite est stressante du fait de l’arrachage du faisceau trayeur,

• et il n’y a pas de trempage.Il faudra du temps pour améliorer la situation, ici, car plus de 10 % des vaches sont incurables.

Une flambée de mammitesJean-Yves a connu un cas dif-

férent. Il s’agissait d’un élevage sans problème qui, en novembre dernier, a subi une flambée de mammites : 10 mammites en 15 jours pour 45 vaches. L’assistance traite montre une technique et une hygiène de traite bien rodées (15 kg de lait en moins de 6 minutes). Les trayons sont nic-kels. Le tour du bâtiment permet d’observer que le silo en libre service est plein, ce qui laisse une aire d’exercice très restreinte pour les vaches. Tout à côté se trouve le DAC autour duquel se pressent les vaches qui restent la nuit à l’étable. Conclusion, les mammites proviennent d’un salissement des aires de vie de

par le manque de place. D’où les préconisations de Jean-Yves :• passer à 2 raclages par jour.• faire du courant d’air dans la

stabulation pendant la journée (les vaches pâturent le jour) pour assécher le milieu.

• tailler les queues pour assurer la propreté de la mamelle dans des conditions de vie un peu limites.

Suite aux corrections apportées pour assurer une hygiène cor-recte dans des conditions diffici-les, la situation est rentrée dans l’ordre

Les différentes étapes :- l’analyse des comptages cellulaires et des mammites enregistrées pour connaître l’origine du problème et évaluer le degré de transmission d’une vache à l’autre : mammites à réservoir mammaire ou/et mammites d’envi-ronnement- le tour du bâtiment pour observer les conditions de confort et d’hygiène des animaux- l’assistance traite pour s’assurer d’une traite non traumatisante pour la mamelle et apprécier les mesures de prévention- l’enquête sur les pratiques lors de la mise en œuvre des traitements en lactation et au tarissement- la gestion des réformes

En cas de besoin, n’hésitez pas à en parler à votre technicien pour faire intervenir un de nos spécialistes.

Une intervention mammites-leucocytes, c’est un regard extérieur

La clôture électrique, à proximité de la salle de traite, peut générer des effets néfastes sur la traite et présenter un risque de mammite.

Sur les 64 diagnostics «Protection Electrique du Bloc Traite» réalisés par le CROCIT en 2007 : 86 % avait un défaut de liaison équi-potentielle et 45 % un défaut de prise de terre

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la vie des stations

OctObre 2008 - N° 28

StAtion ExPéRiMEntALE LAit

Rajeunissement à TrévarezLa station de Trévarez a vécu des évolutions importantes en cette année 2008, sur le plan du personnel et sur l’aménagement du site.

a ferme expérimentale de Trévarez a débuté ses activités de recherche en 1970. A l’épo-que, les 2 stations (lait et porcs) étaient sur

le même site. Cet outil est aujourd’hui connu au-delà de la Bretagne, et reconnu pour les nombreux travaux qui y sont menés. Une partie des salariés embau-

chés alors, arrive main-tenant en fin de carrière. G e o r g e s Nicolas a travaillé à la station durant toute sa carrière, y habitant même. Il en a vu des évolutions, des chan-gements de présidents, d’ingénieurs suivant les travaux, de programmes expérimentaux… « La particularité de la station, est que l’on teste toujours des techniques « bizarres », des choses qui ne se font pas chez nos voisins » a rappelé Georges, « et constamment nous devons expliquer, rassurer,

nous sommes là pour mettre au point les méthodes et les techniques de demain ».Nous souhaitons une bonne retraite à Georges, qui va rejoindre son pays natal dans les Côtes d’Armor.Georges a été remplacé par un jeune costarmoricain : Guillaume Le Gall qui travaillait précédemment à la station de Crécom (Côtes d’Armor) qui vient d’arrêter l’activité laitière.Guillaume et sa famille vont habiter Trévarez et nous leur souhaitons la bienvenue !

Jean-Yves Porhiel – Chambres d’agriculture de [email protected]

Le mot du Président de la Station Alain

Hindré lors du pot de départ de

Georges Nicolas, ici en compagnie de

son épouse.

Guillaume Le Gall dans la salle de traite de Trévarez

Le programme de rénovation des installations

Le bâtiment des vaches laitières actuel a été réalisé en 1983, ainsi que les silos. Le bâtiment des génisses date de 1991 et la salle de traite (2 fois 10 TPA) de 1996. Depuis 25 ans que les principaux travaux ont été réalisés, évidemment la station a vieilli et avait besoin d’être réaména-gée. Le comité professionnel du pôle Herbivores des Chambres d’agri-culture de Bretagne, a réalisé un état des lieux en 2006 et a décidé d’un programme de travaux. La première priorité était de rénover les circuits d’eaux usées, car au fil du temps les dalles de béton se sont fissurées, affaissées, brisant des drains et des canalisations.

2007 • Consolidation de l’étable à génisses (après affaissement du remblais sur lequel repose une partie de l’étable)

2008 • Reprise des circuits d’eaux usées • Drainage sous les dalles et fonds de silos • Remplacement du pont bascule (datant des années 70 et plus adapté à la taille des remorques) • Remise à niveau de l’ensemble des dallages (silos, auge, aires de circulation)

Prévisions 2009 • Rénovation de la chaîne de raclage dans l’éta-ble des vaches • Rénovation du DAC (1991) • Aménagement des locaux de soins et de circulation des animaux dans l’éta-ble. Reprise des canalisations

et drain devant les silos

Le nouveau pont bascule